« Je t`aime un peu. Beaucoup. Passionnément. À la folie. » Nul

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« Je t`aime un peu. Beaucoup. Passionnément. À la folie. » Nul
DNA Le 6 février 2012 •
ECONOMIE
par Stéphane Freund, publié le 06/02/2012 à 05:00
préparatifs de mariageUne union réussie
La mise en scène gagne du terrain. Efficace, elle peut mettre en valeur le travail des artisans. Photo archives
DNA- Julien Kauffmann
« Je t’aime un peu. Beaucoup. Passionnément. À la
folie. » Nul besoin de torturer des marguerites pour
se rendre compte que notre région aime les
manifestations consacrées aux préparatifs de
mariage. La main de Cupidon, l’esprit de l’ami Fritz
ou des tourtereaux du Frankenthal ? Plutôt l’énergie
des artisans commerçants et la force des sociétés
d’événementiels…
Oui ». « Un week-end pour se dire oui ». « Une vie à deux ». « Si tu m’aimes ». En
découvrant le choix des manifestations consacrées aux préparatifs du mariage, du
remariage, de l’officialisation d’une union libre, on se dit que l’Amour ne doit plus
savoir où donner de la tête. Perdu, arc à la main, flèches dilapidées. On a tort. Dans
l’ensemble, ces manifestations rencontrent un succès grandissant. Toutes sont
animées des mêmes intentions : mettre en contact des couples avec des
professionnels du mariage ou, au moins, leur « apporter une part de rêve ».
Pas de robe, pas de salon…
Ce serait la ville de Sélestat qui comptabiliserait le plus grand nombre d’éditions. Une
vingtaine même si son organisatrice semble surprise de cette annonce. « C’est
possible, mais elles se sont tenues dans différents lieux », nuance la Sélestadienne
Béatrice Weichel, qui s’occupe avec énergie du salon ayant déroulé sa traîne aux
Tanzmatten. « Cela fait quelques années que ce salon est adossé à celui de
l’Habitat. C’est vrai qu’il existe depuis au moins une quinzaine d’années. Du moins
son concept », conclut-elle. Derrière elle, on s’active. On est justement en train de
préparer la vaste salle qui accueillera l’édition du « Salon du mariage de Sélestat 2
012 ».
« Elle avait été organisée à l’époque par une association de commerçants. Elle a
connu un passage à vide lorsque la boutique historique de robes de mariées a fermé
ses portes », reprend notre interlocutrice. Il faudra attendre l’arrivée de « Céleste
mariage », pour que la manifestation retrouve un rythme de croisière. Il n’était
cependant pas question de faire appel à des intervenants extérieurs. « C’est un
salon de proximité, centré sur Sélestat et ses environs », rappelle Béatrice Weichel.
« Nous ne souhaitions pas réunir plus de 25-27 corps de métiers. Nous voulons
éviter de multiplier le nombre de prestataires proposant les mêmes services s’ils ne
sont pas par ailleurs complémentaires. »
La formule a séduit puisqu’elle compte désormais « un noyau dur », même si « nous
avons décidé de recentrer l’événement au seul dimanche. Il était en effet compliqué
pour les commerçants de monter leurs stands dès le vendredi pour assurer une
présence le samedi. On a également vu apparaître de nouveaux prestataires, des
sociétés de mariage, des DJ, des spécialistes de l’éclairage et de l’animation, des
décorateurs de salles. » Le salon s’est cependant imposé des limites. S’il a, à un
moment, hésité à accueillir « des agences matrimoniales », il s’est toujours refusé à
l’exposition d’accessoires plus « salés ».
« Certains exposants proposent du strip-tease masculin pour les soirées
d’enterrement de vie de jeune fille, d’autres des cours d’effeuillage. Nous avons
effectivement eu des demandes plus « ciblées » mais nous souhaitons nous tenir
aux limites du respectable », confirme Eric Bens, responsable de la société fédinoise
Global Expo France, organisatrice des plus grands salons de la région. « Sur le
principe, on peut tout trouver, sauf Monsieur ou Madame ».
Eric Bens s’est engagé dans l’organisation de salons il y a une dizaine d’années.
« C’est venu tout naturellement », explique-t-il. « Notre société, Cast + production,
proposait des mariages clés en main. Beaucoup de futurs mariés nous posaient des
questions très précises sur le déroulement de leur mariage. Et se rendaient compte
qu’ils oubliaient des détails. Les salons étant alors plus anecdotiques, nous nous
sommes dit que nous devions réunir toutes les personnes susceptibles d’apporter
des réponses dans un même lieu. Et s’adressant aussi bien aux petites bourses
qu’aux couples plus fortunés. »
C’est un grand hôtel strasbourgeois qui a fourni le cadre pour ce coup d’essai. Puis
la société a décidé de réunir bijoutiers, stylistes, traiteurs et photographes dans des
structures plus importantes, les parcs d’exposition. C’était un risque parce qu’il fallait
investir beaucoup d’argent, que ce soit dans la location de salle ou dans la
communication. »
« Ce sont souvent des anxieux »
La suite est connue. En 2010, le Wacken a vu passer près de 11 000 visiteurs.
« Dans une ville comme Strasbourg, la formule est arrivée à maturité. Et il n’y a
qu’une minorité d’exposants venus de l’extérieur », assure Eric Bens. « Nous avons
cherché à compléter l’offre au fil des années. On s’est rendu compte, par exemple,
que la ville de Reims ne disposait ni de voituriers de luxe ni d’artificiers. Nous avons
également été démarchés par des chausseurs. Pourtant, ils ne voyaient jusqu’alors
pas l’intérêt de participer à de tels rendez-vous. »
Si la société a créé un second rendez-vous strasbourgeois, automnal, ce n’est pas
pour attirer plus de monde. « Nous savons que 7 000 mariages ont été célébrés
dans le Bas-Rhin, l’an passé. Nous avions accueilli près de 3 000 couples sur deux
jours et demi. Nous connaissions les limites », poursuit le Strasbourgeois. « Cette
seconde manifestation a été motivée par la volonté d’aider les futurs mariés. Vous
savez, ce sont souvent des anxieux. Ils sont soulagés de pouvoir rencontrer les
commerçants à l’avance. » Cette volonté de faciliter « la part de rêve » des couples
est encore plus forte à l’approche de la Saint-Valentin. « Toutes les entrées seront
gratuites pour les amoureux, donc pour tout le monde, aux « Rencontres du mariage
et du pacs », qui se tiendront ce week-end à Mulhouse », affirme Eric Bens.
« Gérer une telle organisation, c’est un métier », confirme Emmanuelle Schellenberg,
responsable du « Festival du Mariage d’Haguenau et de l’Alsace du Nord » depuis
plus de quatre ans. « De plus en plus de villages s’y essaient, parfois sans
expérience. C’est pour cela qu’il est important de donner une réelle identité à son
salon, notamment à travers son site internet. » La manifestation haguenovienne, elle,
ne pourra pas être accusée d’avoir suivi un effet de mode régional puisqu’elle « a été
lancée il y a une quinzaine d’années par le magazine régional Tonic. Puis il n’a plus
été en mesure de s’en occuper. Je me suis dit qu’il n’était pas possible d’abandonner
un tel salon. Même si cela nécessite un suivi annuel et trois mois de travail. Ce type
de salon a une vraie importance pour les artisans parce qu’il permet généralement
de remplir les carnets de commande, d’assurer une partie du chiffre d’affaires. Et
nous mettons un point d’honneur à prendre des artisans d’Alsace du Nord. » N’allez
cependant pas croire qu’Emmanuelle Schellenberg s’y soit lancée tête baissée. « J’y
avais exposé il y a six ans », précise notre interlocutrice, styliste modéliste de métier
en cours de brevet de maîtrise. « Je rappelle souvent aux jeunes femmes que
création ne rime pas avec prix exorbitant. Et s’il est possible de réaliser un salon
sans défilé, dans un mode confidentiel, on ne peut absolument pas se passer des
robes. Les boutiques spécialisées savent qu’elles doivent avoir du répondant même
si nous les épaulons. Pour moi, il est primordial de maintenir une cohérence d’équipe
au travers de réunions préparatoires avec les coiffeurs et les esthéticiennes. Parce
que le défilé doit être un spectacle. »
Un « microdéfilé de lingerie »
Cette année, pour la première fois, le festival a accueilli « un microdéfilé de lingerie,
plutôt confidentiel parce qu’on ne savait pas comment le public réagirait. Il est encore
très traditionnel à Haguenau. Ici, on voit effectivement des couples assurer euxmêmes leur mariage ou leur remariage, mais nombreuses sont encore les jeunes
filles qui viennent avec leurs grands-mères ». Et de conclure, dans un éclat de rire :
« Vous savez, on vient en famille, classeurs sous le bras. Se marier devient une
vraie entreprise. Alors, la spontanéité...» On ne saurait mieux dire.
« Rencontres du mariage et du pacs », samedi 11 et dimanche 12 février, au parc expo de Mulhouse.
Entrées gratuites téléchargeables sur www.mariage-salon.com