ENSCB - retrospective promo Tantale
Transcription
ENSCB - retrospective promo Tantale
LA PROMOTION TANTALE : “C'EST LA MEILLEURE !” Le pin’s de l’ENSCB Un insigne devenu rare aujourd’hui. (Photo fournie par Fifi) Introduction La rédaction de cet article, 45 ans après la sortie de notre École, a nécessité un effort de recherche mais aucun(e) Tantalien(ne) ne détient la mémoire complète de notre promotion. Quoique très soudée, elle était scindée en petits groupes de copains, “plus copains que les autres” et il y avait également les clans des Bordelais, des Bretons, des Parisiens, etc... Chaque groupe a donc eu ses propres expériences. Pancrace ajoute que nous n'avions pas toujours les mêmes loisirs. En outre, le temps a effacé une partie de nos souvenirs (la culture, dit-on, est ce qui reste lorsqu’on a tout oublié) et nombre d'anecdotes ne concernent que quelques-uns d’entre nous et n'ont pas leur place dans ce texte. Les chapitres 1 et 2 rappellent les faits marquants des années d’école et du voyage de fin d’études. Le chapitre 3 résume ce qu’a été la vie de la promotion après l’école. Le tableau de l’Annexe 1 tente de situer chacun des Tantaliens et donne leurs diminutifs, lesquels étaient bien plus utilisés en pratique que les prénoms ou les patronymes. Pour tenir compte du fait que nous sommes maintenant à un âge où l’on dit trop souvent : “Tu sais, ce type … ah zut, quel était son nom déjà ? Chemchem et Rara ont fouillé leurs archives pour retrouver les noms de nos courageux professeurs dont vous trouverez la liste à l’annexe 2. p 1 / 45 Enfin, le trombinoscope de l’annexe 3 est idéal pour un petit coup de nostalgie car, comme le dit Juju en consultant nos vieilles photos : “J'ai du mal à me souvenir qu'on a eu l'air aussi jeune ! En tous cas je suis bluffée par les sourires et les douceurs des regards.” Ce document, très riche en souvenirs et mis en forme avec l’aide de Fifi, ne demande qu’à grossir et à s’améliorer grâce à vos remarques, correctifs et suggestions. Merci à tous les contributeurs. p 2 / 45 1- Les années “studieuses” 1.1- Notre arrivée à l'ENSCB et le bizutage Nous sommes arrivés à l’École le 1er octobre 1964, il y a bientôt un demi-siècle comme le souligne Lagraule et, selon la tradition, en qualité de bizuths, nous arborions un nœud papillon rose et les jeunes filles, un nœud rose dans les cheveux, si ma mémoire est bonne. Notre promotion comptait quatre jeunes filles sur un effectif de 48, soit 8%. Ce rapport a bien changé de nos jours. En ville, nous ne passions pas inaperçus et les Bordelais savaient immédiatement de quelle école nous étions. Le bizutage était une étape pratiquement incontournable, bien que Chemchem et Fifi aient refusé de le subir. La marraine de notre promotion était Mireille, une superbe blonde recrutée au restaurant universitaire par Gérard Dorthe et Claude Restat. Elle est devenue Madame Jean-Pierre Doumerc un peu plus tard. Les promotions bien antérieures à la nôtre avaient instauré une tradition qui s’était perdue au fil des ans et qui voulait que les bizuths se rendent, Place de la Victoire, à la pharmacie Collignon où ils entraient par une porte et d’où ils ressortaient par l’autre munis d’un sac de talc pour livrer bataille à “l’arme blanche”. Chaz rappelle que nous étions également allés faire des photos “tête à cul nu” dans un photomaton en ville. Les bizuths, regroupés par équipes, avaient une nuit pour ramener une liste d'objets insolites et Claude Restat s’était distingué en rapportant un petit distributeur, mais nous ne savons plus de quoi. Chaz avait eu une main colorée au vert malachite (“qui ne profite jamais” précise Rara) qui était synthétisé par les élèves de deuxième année en travaux pratiques. En revanche, il avait échappé à la décoloration d'une mèche de cheveux à l'eau oxygénée. Il y a aussi eu, comme le rappelle notre G.O., ce bain Place Gambetta qui était amusant. En revanche, faire faire des pompes au-dessus d'une source d’hydrogène sulfuré (qu’on appelle aujourd’hui sulfure d’hydrogène) était complètement stupide et dangereux. Le baptême fut un temps fort accompagné par les boogie-woogies endiablés joués par JeanPierre Desmazes. Chacha, qui aime la musique et est un passionné de jazz, avait beaucoup apprécié la prestation de Jean-Pierre. Certains se souviennent que Chacha jouait de la clarinette comme l’atteste la photo ci-dessous. p 3 / 45 Chacha à la clarinette (Photo fournie par Fifi) Il en joue de nouveau, plusieurs fois par semaine, dans le cadre de cours et d’une petite formation de jazz. Le baptême consistait à faire boire aux bizuths deux béchers de 250 ml de punch préparé par un Antillais, Claude Sylvie (Promotion Hafnium), comme Claude Mancel, le Président de notre Association jusqu’en 2012, et Michel Lebedeff l’ont précisé à Chemchem. L’un devait être bu cul-sec, l’autre en trinquant avec son parrain. Fifi, qui disposait d'une Ami 6 et qui y avait échappé, a dû ramener quelques bizuths malades comme des chiens. Chacha raconte que Lagraule, était complètement “cuit” et, comme il le dit lui-même, il y a un trou de plus de 10 heures dans son emploi du temps après cette intronisation. Pancrace signale que, pour sa part, il s’est réveillé le lendemain vers midi dans sa chambre de location, tout habillé dans son lit, sans avoir la moindre idée de la façon dont il y était arrivé ! Par la volonté d’un parrain bien intentionné (Jean-Paul Pometan), il avait dû ingurgiter entre 0,75 et 1 litre de punch. Il a donc un trou de 16 heures environ dans sa vie et il est resté plus de 10 ans sans pouvoir supporter l’odeur même de rhum ! Et le dimanche soir, au restaurant universitaire, il était encore incapable de se servir correctement. Ce sont de terribles témoignages et certains n’ont pas regretté de s’être défilés. Chemchem a vu, ce soir-là, revenir au Bâtiment C de la Cité universitaire de Talence, les Tantaliens ivres-morts qui étaient ramenés, notamment, par un Commissaire de Police qui n’était autre que le Père de Jean-Pierre Desmazes. Chaz était parvenu à regagner la Cité Universitaire avec sa bicyclette car il avait réussi à ne boire qu'un seul bécher de 250 ml de punch, mais Alain Catherine, l’un de nos Bretons, en avait sûrement bu plusieurs vu son état. Les bizutés, comme chaque année, avaient payé leurs repas pour le banquet mais ils étaient bien incapables d'y participer ! p 4 / 45 1.2- Nos belles années à l’école Avant d’aborder ce thème, Rara nous rappelle un épisode cocasse de notre arrivée le 1er octobre 1964 dans le laboratoire de 1ère année. “Trois personnes se trouvaient devant nous : deux femmes, dont l’une jeune et très agréable à regarder, et l’autre nettement plus âgée et un homme assez jeune. La dame âgée prit la parole, c’était de toute évidence la responsable en chef de ce groupe de travaux pratiques. Elle cita les noms des trois personnages sans les présenter explicitement. L’homme correspondait au nom de monsieur Claude Filliatre qui venait d’être cité. Les deux femmes s’appelaient : mademoiselle Huguette François et madame Évelyne Montaudon. Nous espérions tous que le nom de mademoiselle François se rapportât à la jeune femme. Quelques temps s’écoulèrent baignés d’espoir. Mais malheureusement, nous apprîmes plus tard que la dame était la jeune Montaudon, mariée en bonne et due forme (surtout à cette époque-là). La demoiselle était Huguette François qui au demeurant s’avéra être tout à fait charmante et très conciliante avec les étudiants. Elle n’est malheureusement plus de ce monde, mais a laissé de très bons souvenirs à toute la communauté des chimistes bordelais.” Ceux qui ont vécu à la Cité universitaire qui, à cette époque, était éloignée de tout se souviennent que les garçons étaient logés au bâtiment C (les premières années au premier étage, les deuxièmes années au second et les troisièmes années au troisième) et les filles étaient au bâtiment F. Alors que les garçons étaient totalement libres de leurs mouvements, les jeunes filles étaient étroitement surveillées. L'accès au bâtiment F était interdit aux garçons et les portes étaient fermées après 22 heures. Qu’à cela ne tienne, elles trouvaient toujours une âme hospitalière au bâtiment C si elles rentraient trop tard. A noter que l'un des premiers actes forts de mai 68 aura été la libération du bâtiment F ! Cette “ségrégation” était conforme à l’éthique de cette époque : rien d’étonnant à ce qu’Adolphe Pacault ait déclaré en cours, comme Chemchem l’avait soigneusement noté : “Quand les gens sont trop différents, il faut les séparer.” Nous pouvons penser que la situation a bien évolué depuis et les mœurs aussi ! Au bâtiment C, chacun avait personnalisé sa chambre. Il devait en être de même au bâtiment F mais l'auteur de ces lignes n'a pu le vérifier pour les raisons ci-dessus. Par exemple, Michel Bayard avait placé un cache-sexe devant le trou de sa serrure pour ne pas être vu. Fifi se rappelle que Bernard Schell (Promotion Hafnium) avait tapissé les murs de sa chambre avec des photos très explicites. Elles étaient extraites de Playboy et de la revue Lui, du même acabit, qui venait d’être lancée par Daniel Filipacchi, le créateur de Saluts les Copains. Chaque photo avait été recouverte d'une feuille de papier pour deux raisons : la première était que les femmes de ménage arrachaient ces photos, la seconde était que Schell en tirait une source de revenus. En effet, il fallait payer pour voir les photos et bénéficier des commentaires du guide. Et ne demandez pas à Alain ce qu'il y avait vraiment à voir et ce qu'il racontait car, s'il a vu la chambre et sa décoration, les feuilles protectrices sont restées baissées, le guide estimant avoir bien gagné sa journée, "assez pour aller prendre un cuite" (sic !) Chemchem rapporte la légende selon laquelle Bernard Schell connaissait le “12”, cette maison pleine de charme de la rue Judaïque, dont l’entrée était signalée par une lanterne rouge. Qui n’en avait pas entendu parler ? p 5 / 45 Une autre anecdote concerne Doudou l’Hellène. Nous avions tapissé le sol de sa chambre avec de l’herbe fraîchement coupée sur laquelle nous avions ensuite disposé son campinggaz avec sa guitare. Un décor champêtre que Doudou, d’un naturel pacifique, avait su malgré tout apprécier. La vie à la Cité Universitaire était studieuse, surtout pendant les week-ends car elle était alors désertée et les alentours n'offraient guère de possibilités pour ceux qui restaient. Le dimanche, certains d’entre nous allaient manger à l'AG, d’autres au Budos. Ce repas était suivi par une séance de billard(s) (à 3 boules et électrique) en guise de digestif, au café le George V, au coin du Cours du même nom, à la barrière de Pessac. Le restaurant universitaire était un haut lieu de gastronomie estudiantine. Fifi se souvient de salade à l'huile de sardine, de steaks in-mâchables et in-coupables, etc... Tous les mardis soirs, nous avions droit à l’omelette préparée avec de la poudre d’œufs, de sorte que tous les mercredis matins, Chemchem avait des problèmes gastriques ! Il y avait également ces frites bien grasses dont Lacolle remplissait copieusement les poches de sa veste. Lacolle ne sortait jamais son paquet de cigarettes des poches de sa veste. Il n’extirpait de sa poche qu’une cigarette à la fois, celle qu’il allait fumer, partant du principe qu’il valait mieux montrer son derrière… que son paquet de cigarettes ! La cafétéria était le point de convergence des étudiants et des étudiantes, toutes disciplines confondues. C’était même le seul lieu de rencontre sur le campus. Nicole Prost la fréquentait assidûment. La cafétéria du restaurant de la Cité universitaire On y reconnait Momo (Photo de Jean-Claude Rayez) Le reste de la semaine, vers 22 heures au premier étage du bâtiment C sonnait l’heure du ralliement pour aller soit chez la “Patroune”, un bistrot de Talence aujourd’hui transformé en restaurant asiatique comme le précise notre G.O., soit faire une virée à Bordeaux. Souvent, nous terminions au café Le Soleil Levant pour jouer au bowling en dégustant un “hot dog” fortement moutardé. p 6 / 45 Chez la “Patroune”, c’est Jean-Pierre Mary qui était à la manœuvre. Il lui demandait le prix d’une prune à l’eau de vie, puis le prix unitaire par dix et, en fin de compte, il n’y avait que deux ou trois d’entre nous qui en prenaient, mais au prix unitaire par dix ! Fifi rappelle qu’il y avait aussi cet infâme bâtiment préfabriqué (cabane de chantier recyclée ?), en plein milieu du chantier du campus. Ce bar-restaurant bondé, bruyant et enfumé devenait soudain silencieux comme une église lorsque le serveur allumait la télé pour Les Shadocks. Il éteignait aussitôt après ! Ce local a été détruit avant la fin de nos trois ans à l'école. Aller à Bordeaux était toute une expédition car les moyens de transport, à part le bus G, étaient inexistants. Rara précise que le G partait à 21 heures de la cité universitaire et revenait vers minuit. De ce fait, il était impossible d’aller boire une bière dans un café à la sortie du cinéma et de prendre le bus. Il fallait choisir. Combien de fois, sommes-nous revenus à pied depuis le Cours de l’Intendance jusqu’à la cité universitaire. Cela prenait environ une bonne heure trente, mais comme on se racontait des histoires désopilantes tout le long du chemin, on ne voyait pas le temps passer. Heureusement, certains d’entre nous avaient un cyclomoteur ou même mieux une voiture, un luxe à cette époque. Chaz, lors d'un emprunt du Solex de Bernard Fadin, s’était fait arrêter par la police qui lui avait demandé l'assurance du Solex. Il avait dû aller la produire au commissariat le lendemain. Claude Restat était un as du volant. Il arrivait à rouler sur 2 roues avec sa Deudeuche ! A noter que, vu l'heure du dernier bus, il était impossible aux jeunes filles d'aller au cinéma et de rentrer avant l'heure de la fermeture du bâtiment F. On peut pourtant douter que le but des promoteurs de ce système fût de pousser les filles à dormir chez les garçons. À cette époque, pas d’antiradar, pas d’éthylotest, pas de coussin de sécurité gonflable, pas de ceinture de sécurité, pas de système de freinage antiblocage. En revanche, les platanes, le long des routes, constituaient de redoutables “correcteurs de trajectoire”. Le campus a été inauguré le 15 avril 1961 par le Général de Gaulle en présence de Jacques Chaban-Delmas, du doyen Brus et du recteur Babin, précise Rara. p 7 / 45 Inauguration de la nouvelle Faculté des Sciences de Bordeaux à Talence, le 15 avril 1961 par le Général de Gaulle, Président de la République Française. Le Général fait son allocution à l'entrée de l'amphithéâtre Kastler (à notre époque, on l'appelait "Grand Amphithéâtre de Physique") avec à sa droite le Recteur Jean Babin et à sa gauche le Doyen Georges Brus qui était aussi le directeur de l'ENSCB à l'époque, jusqu'en mai 68. Jacques ChabanDelmas est à la gauche du Doyen Brus ceint de son écharpe de Maire de Bordeaux. (Photo fournie par Jean-Claude Rayez) En 1967, nous avons assisté à la visite soudainement annoncée du ministre Alain Peyrefitte et du Président de l’Assemblée Nationale et de Jacques Chaban-Delmas, maire de Bordeaux. Le campus était encore largement inachevé, un vrai chantier (mais quasi inactif) sans aucun éclairage public, avec de la boue partout et des baraquements disgracieux. Une foule d'ouvriers est soudain apparue et s'est agitée en tous sens. En une semaine, on a vu fleurir les éclairages publics, des hectares de sols ont été nivelés et ensemencés et le gazon a poussé en 3-4 jours. Le lendemain du jour de passage des ministres, plus un ouvrier et pour longtemps, les réverbères non installés sont restés un an ou plus, couchés par terre, là où ils avaient été déposés, et les terrains non engazonnés sont restés en l'état. La majorité d’entre nous avaient un surnom ou diminutif. Ainsi, nous avions deux Doudou et, pour les distinguer, nous leur avions attribué un qualificatif : - l’un “Doudou l’Hellène” du fait qu’il apprenait le grec, - l’autre s’appelait “Doudou le nitré” car il avait été victime d’une nitration qui avait mal tourné. Volontairement ou involontairement, nous “cotisions” à la MNEF dans la mesure où nous étions bien obligés d’acheter au Père Gaurier les polycopiés des cours de nos professeurs. Chaz et Fifi ont retrouvé dans leurs archives quelques polycopiés : p 8 / 45 Des polycopiés exhumés du fin fond d’armoires poussiéreuses. Cours de Chimie Générale I, Les Atomes, Jean Hoarau et Jacques Joussot-Dubien, 1964-1965. Méthodes Physiques de la Chimie : Spectroscopie moléculaire, Jean Bothorel, 1965-1966. Méthodes Physiques de la Chimie : Rayons X – Radiocristallographie, André Marchand, 19651966. Electrotechnique (Tome 1/3), un jeune prof. fraichement nommé, 1966-1967. Cinétique chimique, notes prises au cours de Michel Destriau : 1965-1966. (Photo par Fifi + Chaz) 1.2.1- Face aux produits chimiques Nous ne consommions pas de drogues, ce qui n’empêcha pas certains d’accéder à des paradis artificiels. Ainsi, Lagraule avait goutté quelques gouttes d’éthanol à 96% (l’azéotrope) et avait déclaré que cela brûlait la gorge. Plus explicite, Bibi nous raconta : “cela n’a même pas le temps de descendre, que cela monte au cerveau !” Ça c’est du vécu ! Nous avons été exposés à un certain nombre de produits dangereux : - des acides tels que : o l’acide fluorhydrique, composé extrêmement toxique et corrosif, manipulé presque sans précaution. o le sulfure d’hydrogène que nous respirions à pleins poumons au point que certains d'entre nous sortaient comme saouls du laboratoire où il était produit pour les besoins de l'analyse élémentaire (précipitation de certains métaux sous forme de sulfures). Le sulfure d'hydrogène est considéré maintenant comme un poison à large spectre. - des bases corrosives. - d’autres substances chimiques, tout aussi sympathiques et puissamment allergisantes : le benzène, la pyridine, le pentachlorure de phosphore, etc. - le mercure : souvenez-vous, nous mesurions le point de fusion, non seulement sur le bloc Köffler, mais aussi sur le bain de mercure dont la température ne devait pas p 9 / 45 excéder 120 °C car sa pression de vapeur devenait alors suffisamment élevée pour présenter un danger évident, même à cette époque ! Or le mercure est dangereux même à froid car c’est une substance toxique qui peut causer des dommages au système nerveux central, aux reins et au foie. - il y avait aussi le sodium métallique, violemment inflammable au contact de l'eau, et Lagraule se plait à rappeler combien il adorait l’utiliser pour déclencher le feu. Le travail du verre, effectué sans protection ni surveillance, causait tous les ans un certain nombre de blessures. La plus grave fut celle de Jean-Pierre Stéphan (promotion Hafnium) qui perdit un œil en soufflant du verre sans porter de lunettes de protection. Bref, nous avons brillamment bravé tous ces dangers. 1.2.2- Les travaux pratiques Fifi a identifié trois catalyseurs qui ont permis notre transformation de taupin en chimiste. Nous devions acheter : - une boîte de poids, - un thermomètre de précision, encore à mercure à cette époque, - un fil de platine (non représenté sur la photo ci-dessous), - et des spatules. Ces accessoires constituent le nécessaire du petit chimiste ENSCB. (Photo fournie par A. Filhol) Nous travaillions en binômes. Lagraule avec Rara, Chaz avec Pancrace et Doudou le nitré, Gérard Mollat avec Chemchem, etc... Fifi raconte les anecdotes suivantes : “En deuxième année, en travaux pratiques avec Michel Cazaux (maître assistant). Pour donner une explication à l'un d'entre nous, Cazaux saisit un bécher abandonné de longue date sur une paillasse et contenant un peu de liquide sale. Il l'incline pour inspecter le contenu et... paf !... ça lui saute à la figure et douche ses lunettes. Heureux homme d'avoir eu des lunettes de vue (hé oui, on portait trop rarement nos lunettes de sécurité) car il venait p 10 / 45 de se faire asperger de nitrate d'argent ammoniacal (réactif de Tollens). Pourquoi ? Il me l'a dit le lendemain après quelques recherches. Avec le temps, il se forme des petits cristaux de peroxyde en bordure du liquide mais, à la mise en contact avec le liquide, ça explose ! J'ai trouvé une explication un peu différente sur Internet : Le produit obtenu est du nitrure d'argent, celui-là même qui forme un dépôt noir au fond des flacons de réactif de Tollens au nitrate d'argent ammoniacal. Le nitrure d'argent est un composé très instable détonant au moindre choc aussi bien en milieu aqueux qu'à l'état sec (Leleu J., Triolet J. - Réactions chimiques dangereuses. Paris, INRS, 2004, 2e éd. mise à jour, p. 40). Mais c'est peut-être ma mémoire qui me joue des tours. Pourtant, je crois bien que c'est ce jour-là que, dans ma petite tête, s'est inscrit définitivement "peroxyde = danger". En tous cas, cela prouve une fois de plus que les notions de sécurité étaient plus que vagues à l'ENSCB... inexistantes en fait.” “Nous distillions des solutions dans l'éther à la flamme nue du bec Bunsen (réaction de Grignard). Le mélange était dans un ballon bouché par un bouchon de liège (mal) percé par nous pour laisser passer deux tubes de verre, plus le thermomètre dans sa goutte de mercure. Je passe sur les vapeurs de mercure déjà évoquées plus haut, pour en venir aux fuites d'éther car il n'est pas né celui qui peut forcer un bouchon en liège à rester en place. A deux reprises au moins, 1 ou 2 mètres de paillasses se sont retrouvés en flamme jusqu'au plafond. Dans ces cas-là on entendait immédiatement "tougoudom tougoudom pfuissssssshhhhh ! L'un d'entre nous, était Francis Castelli. Ces capacités avaient le plus de chances de s'exprimer pendant les TP de Chimie Organique sous la férule de Colette Castinel. Rapide comme l'éclair, il bondissait sur l'extincteur avant même que quiconque d'autre ait pu bouger et aspergeait tout. Là encore, l'école ne pratiquait, ni n'enseignait, la sécurité. Pas de formation à l'utilisation des extincteurs comme cela se fait maintenant en entreprise, pas d'exercice d'évacuation. Je me trompe ? ” “Un autre jour, c'est l'évier au centre du labo qui a flambé jusqu'au plafond, avec toujours la même réaction instantanée du pompier performant ! Cela se passait à côté de moi. L'un d'entre nous cherchait un bécher disponible. Il en trouve un contenant seulement un peu d'un liquide indéterminé. Conforme aux us et coutumes de l'époque, il balance tout dans l'évier (hé oui, on faisait ça sans état d'âme !) mais, mais, mais... c'était du benzène dans lequel avait été conservé du sodium métallique. Et même pas une étiquette pour le signaler ! Evidemment, il restait quelques minuscules rognures de sodium au fond du bécher, il y avait un peu d'eau au fond de l'évier et du benzène dans le siphon.... Bref, je ne fais pas un dessin à de vieux chimistes comme vous. On a pu brièvement admirer un magnifique geyser de feu sortant de la bonde et pschhhhhhhhiiiiiittttt, le pompier agile avait agi. Encore un bel exemple du laisser-aller de l'école. C'est à cela, et à d'autres anecdotes du même tonneau (notamment en stage), que je dois d'avoir trouvé le nucléaire scientifique infiniment plus sûr que la chimie !” Pancrace approuve. p 11 / 45 2ème année – TP de chimie organique. Notez que trois mauvais sujets ne portent pas de lunettes de sécurité ! De gauche à droite : Carmelo Nicotra, Chemchem, Jean-Pierre Desmazes, Bernard Maillard et Michel Cazaux. (Photo fournie par Chemchem) “Une vendeuse d'un magasin de Talence m'avait avoué un jour : "Vous, les chimistes, on vous reconnait à l'odeur... et de loin !" Il est vrai que, les jours de TP d'analyse élémentaire, on baignait dans une atmosphère saturée de vapeurs d'acide chlorhydrique (ébullition sur la paillasse, pas sous la hotte !), d'acide sulfurique, d'éther, de sulfure d’hydrogène, etc…, qui imprégnaient durablement les vêtements. Selon ma logeuse, l'odeur résistait même aux douches les plus vigoureuses. Heureusement que cela n'a duré que trois ans et qu'on était jeunes ! Là encore, l'école était bien légère et ne se préoccupait guère de la santé de ses étudiants. Okay, la sécurité, l'écologie, la santé n'étaient pas encore à la mode mais les chimistes à qui j'ai raconté cela étaient quand même surpris.” “Qui, des Tantaliens, a assisté à l'incroyable prestation que "mobile-bide" (Paul Hagenmüller) a donné un jour où l'amphithéâtre était assez vide ? Suite à une rivalité avec le doyen, il s'est mis en tête de vouloir y faire des expériences devant les étudiants. Pontifiant comme à son habitude et baladant son gros ventre de gauche à droite, il déclamait qu'on avait de magnifiques amphithéâtres dotés de paillasses, et même de salles de chimie derrière les tableaux noirs escamotables et que c'était un scandale de ne pas les utiliser sous prétexte que les appariteurs et autre "petit personnel", refusaient de mettre la main à la pâte. Cette fois, il était donc venu avec du matériel de chimie et accompagné d'un ou deux esclaves... heu... étudiants. Il a commencé à faire... heu... à faire faire des expériences sur les alcalins et alcalino-terreux, tout en continuant de pontifier. Cela a bien commencé mais au lieu de faire les manipulations (sauf une) dans la salle de chimie protégée par une vitre, Hagenmüller a fait réaliser les démonstrations sur la paillasse à deux mètres des premiers rangs. Les étudiants ont vite noté que les quantités de produits mises en jeu étaient largement excessives et, prudents, ils ont progressivement déserté les trois premiers rangs sous les sarcasmes appuyés d’Hagenmüller. Et pourtant ! Cela a chauffé dur dès le départ, mais ça s'est vraiment gâté avec le calcium. Pour amorcer la réaction, l'étudiant ajoutait de la poudre de magnésium qu'il tentait d'enflammer au bec Bunsen. Trois fois il a rajouté de la poudre... Rapide exode du troisième rang vers le fond. p 12 / 45 Hagenmüller hilare, mais tension palpable dans la salle... soudain cela a commencé à brûler fort, et tout de suite une véritable explosion a suivi avec des projections sur plusieurs mètres à la ronde. Une boule de calcium enflammé est partie comme une fusée et est tombée sur le pupitre d’un rang qui venait juste d'être déserté. On l’avait échappé belle, mais rien n'avait vraiment été prévu pour éteindre un feu de calcium (hé oui, l'eau, la semelle des chaussures, un chiffon... pas bon, pas bon !). Panique ! Hagenmüller, pas découragé mais quand même un peu moins flamboyant, s'est rabattu sur une manipulation moins risquée, qui faisait les beaux jours du Palais de la Découverte à Paris. Donc, bouteilles d'hydrogène et d'oxygène, bulles de savon à l'hydrogène, chalumeau pour enflammer... okay... bulles de savon à l'hydrogène, chalumeau sur-dosé en oxygène pour enflammer... ha zut, raté... ha zut encore raté... ha zut de zut de zut... ça m'énerve !... flamme plus longue... BAOUM ! Oui mais la bulle avait déjà atteint le plafond : le plâtre n'a pas aimé et a fait une chute remarquée avec dispersion accélérée des étudiants déjà peu nombreux après l'épisode précédent. Bref, Hagenmüller, piteux, a remballé son cirque bien mal préparé. Bilan : linoléum du sol massacré, plâtre du plafond tombé, pupitre du premier rang brûlé, mais pas de blessés excepté l'amour-propre d’Hagenmüller. Pas si facile d'assumer son rôle de professeur star ! Par ailleurs, les cours d’Hagenmüller étaient excellents, même si sa personnalité atypique et son comportement étonnant lors des examens oraux ont fortement déstabilisé certains d'entre nous.” Une anecdote revient à l’esprit de Rara au sujet du comportement mandarinal d’Hagenmüller. “Nous étions en 2ème année, en décembre 1965, lors du dernier cours d’Hagenmüller, juste avant Noël. Hagenmüller avait coutume d’arriver avec 5 à 10 minutes de retard et commençait son propos en nous racontant qu’il arrivait des États-Unis ou d’Asie et qu’il devait repartir bientôt pour un autre pays étranger. Ce jour là, Hagenmüller commence à nous dire qu’il va passer les fêtes de fin d’année en Russie (URSS à l’époque) car il est invité par l’Académie des Sciences de Moscou. A ce moment-là, quelqu’un dans l’amphithéâtre (Rara ne se souvient plus de qui – ce n’était pas nécessairement quelqu’un de l’École) se lève et lance : "Moi, je vais chez ma grand-mère en Bretagne." Rigolade de tout l’amphithéâtre qui a coupé net l’emphase d’Hagenmüller.” Pancrace se souvient aussi des feux d’artifice avec des sels de baryum (verts) et de strontium (rouge), le tout avec beaucoup de fumée. Parmi les professeurs les plus remarquables, Pancrace retient aussi Jacques Valade qui se faisait accompagner d’un appariteur qu’il commandait par geste, comme à un chien, pour lui demander de monter ou descendre le tableau, ou encore pour l’effacer. Ce comportement nous scandalisait d’autant plus qu’il était tout jeune professeur (35 ans). Et cela ne l’a pas empêché de faire une brillante carrière comme universitaire en devenant doyen, et comme homme politique en devenant député, sénateur, ministre… Seule la mairie de Bordeaux lui a échappé au profit d’Alain Juppé, préféré par Chaban-Delmas. Chemchem, ajoute que Raymond Calas, un de nos professeurs de Chimie organique, en faisait tout autant mais, comme le fait remarquer Pancrace, ce dernier n’avait plus 35 ans et il était, à cette époque, Doyen de la Faculté des Sciences de Bordeaux. p 13 / 45 Rara précise ceci : “Le cours de Calas était par ailleurs assez remarquable. Il nous présentait un ensemble très bien structuré en chimie organique, sans la moindre note devant lui. J’ai le souvenir de son cours sur une bonne trentaine de préparations des cétones qu’il énumérait de façon impressionnante. Parfois, il sortait un petit carton de la poche de son veston pour soi-disant se rappeler la température d’ébullition de tel ou tel composé. Je suis convaincu que rien n’était écrit sur le carton, mais cela faisait partie du spectacle, de la "com’ " comme on dirait maintenant. Il faut rappeler que tout le cours était une scène de théâtre, même son arrivée dans l’amphithéâtre. On était avant 68. Un appariteur, en tenue cravatée et muni d’une canne pour frapper les trois coups sur le sol, entrait par une porte débouchant sur l’estrade et annonçait la venue de "Monsieur le Professeur Calas" en frappant les trois coups sur le sol. Quelques secondes s’écoulaient, puis le garçon de laboratoire, Mr Sarrebayroux (que j’ai bien connu par la suite) entrait, muni du chiffon et de la craie, et venait se positionner à côté d’une chaise située près du tableau. Là encore quelques secondes s’écoulaient avant que le doyen en personne n’entre dans l’amphithéâtre avec une majesté très gaullienne (c’était le style de l’époque). Dans l’amphithéâtre plein, comme toujours à cette époque, tout le monde était debout sans bruit depuis l’arrivée de l’appariteur. Ce dernier frappait à nouveau le sol avec sa canne et tout le monde s’asseyait. Le spectacle pouvait alors commencer. Le garçon de laboratoire qui connaissait "par cœur" le cours de Calas (ou tout au moins la musique mais pas les paroles, selon l’expression de cet humoriste des années 60, Jacques Baudouin par la bouche de son personnage Philibert), finissait par s'endormir, de sorte que Calas devait le réveiller pour qu'il s'exécute.” Avec les évènements de mai 1968, compte-tenu de la tournure de la situation, Raymond Calas démissionna et Jacques Valade lui succéda et devint ainsi le plus jeune doyen de faculté (avec Alice Saulnier Seité). Fifi considère que Calas était un vrai chimiste qui, quoique doyen, mettait toujours la main à la pâte. Alors que Fifi était en thèse au laboratoire de cristallographie de Robert Gay, un autre thésard lui a raconté être allé le voir dans son laboratoire. Il l'avait trouvé en train de distiller une sauce du plus loin qu'il pouvait, en tenant le Bunsen d'une main et avec deux morceaux de sucre dans la bouche. Le produit risquait d'émettre de l’acide cyanhydrique et, s'il en avait détecté l'odeur d’amande amère, il aurait avalé le sucre supposé être un antidote ! Alain de conclure : “Avec de tels comportements à risque au sommet de la Fac, on comprend l'absence totale de culture sur la sécurité de notre école.” 1.2.2.1- La casse Contrairement à d’autres écoles, comme l’ENSCIL (devenue École Supérieure de Chimie Physique Électronique de Lyon), nous n’avions pas à payer la casse du matériel de laboratoire. En première année, nous avions institué un concours officieux de la casse. Des points étaient attribués en fonction de la valeur de l’article cassé, allant du simple tube à essais (1 point) jusqu’au creuset en céramique de la thermo-balance (30 points), en passant par le cristallisoir en verre. Nous faisions des dosages par gravimétrie. Les creusets en porcelaine étaient manipulés au bout de longues pinces et nous étions munis de gants en amiante (à cette époque, nous p 14 / 45 vivions dangereusement en toute innocence). En introduisant et en sortant du four ces creusets nous en renversions certains, ou bien ils se trouvaient plus ou moins vidés de leur contenu par inadvertance suite à quelque manœuvre maladroite, mais aussi en raison de l’encombrement stérique qui régnait dans le four. Inutile de dire que la note s’en ressentait. Nous placions le creuset brulant sorti du four dans le cristallisoir dont l’étanchéité était assurée par de la vaseline sur le pourtour de son couvercle. Avec la chaleur, la vaseline devenait très fluide et, si le cristallisoir n’était pas tenu bien horizontalement, c’était la chute assurée de l’épais couvercle en verre. La maître-assistante Huguette François (promotion 1947), et les assistants de travaux pratiques Évelyne Montaudon (ex Miss Cuba, promotion 1962) et Jean-Jacques Villenave (promotion 1963), ne comprenaient pas pourquoi nous pouvions rire lorsque l’un d’entre nous cassait quelque chose : ils pensaient que nous n’avions pas un esprit de bonne camaraderie. Ce n’est qu’au retour de Pâques qu’ils comprirent enfin l’existence d’un tel concours. Le champion fut Lagraule qui cassa, entre autres, deux cristallisoirs. Dès qu’il y avait de la casse, Marie-France s’exclamait : “C’est encore Lagraulet !” Il a confirmé son talent en dehors des TP car Pilou se souvient de lui avoir prêté une pipe en écume de mer que, fidèle à sa réputation, il lui avait rendue cassée. Une autre anecdote concernant Lagraule : la veille de passer l’écrit du certificat de chimie organique, Lagraule avait demandé à Chemchem de le réveiller le lendemain matin, ce que ce dernier fit. Lagraule eut beaucoup de mal à décoller mais finit tout de même par s’asseoir sur son lit et Chemchem le quitta avec le sentiment du devoir accompli. Apparemment, Lagraule se rendormit peu après car il arriva à la salle d’examen avec une bonne demi-heure de retard. Jacques Valade, qui surveillait l’épreuve, accepta néanmoins qu’il passe l’écrit et finalement Lagraule décrocha le certificat. Cela prouve qu’il avait eu bien raison de consacrer moins de temps que nous à une épreuve qui ne nécessitait donc pas toute la durée prévue. 1.2.2.2- Les analyses et les dosages Chaz rappelle que nous pratiquions la “pêche aux ions dans des sauces”, exercice qui consistait en l’identification des ions en solutions aqueuses et nous avions à notre disposition le Précis d'Analyse Minérale Qualitative de René Bousset . Nous ne faisions pas tous les mêmes travaux pratiques en même temps. C’est ainsi que nous nous sommes rapidement aperçus qu’il n’y avait qu’un nombre limité de sauces ou de mélanges, de sorte que nous nous communiquions les résultats et nous les comparions à ceux de nos collègues qui avaient obtenu les meilleures notes pour les mêmes analyses ou dosages. Cette “optimisation des résultats” nous permettait, en fin d’année, d’obtenir des notes égales ou supérieures à 18/20. Gérard Mollat se souvient qu’à la fin de la première année, notre souci était de revendre notre boîte de poids aux nouveaux de la première année, car nos balances étaient encore à plateaux avec l’utilisation de poids calibrés. Cela paraît archaïque aujourd’hui ! p 15 / 45 Le précis d'Analyse Minérale Qualitative que nous utilisions pour la “pêche” aux ions. Cet exemplaire a bien souffert d’avoir côtoyé de trop près acides et bases corrosives. (Photo par Fifi) 1.2.2.3- La synthèse organique En fin de troisième année, nous avions tous tiré au sort la substance organique que nous devions synthétiser. Il fallait d’abord rechercher la méthode de synthèse. Pour cela, nous avions à notre disposition à la bibliothèque universitaire, le Beilstein et le Chemical abstracts. Quand le résultat de notre recherche paraissait farfelu, nos assistants nous disaient : C’est fabriquer du sucre à partir de chocolat ! comme nous le rappelle Gérard Mollat. Cette synthèse nécessitait plusieurs réactions chimiques intermédiaires dont les rendements, mentionnés dans les ouvrages précités, étaient purement théoriques. Il fallait en tenir compte dès le départ. Par ailleurs, la purification des produits de réaction nécessitait des mises en solution et des recristallisations qui faisaient chuter les rendements. Le point de fusion du produit final était déterminant car, plus le produit final est pur, plus son point de fusion est élevé et meilleure était la note. Certains d’entre nous ne purent remettre aux assistants qu’une pincée de produit, voire même quelques cristaux seulement. Ce fut le cas de Fifi qui eut une très bonne note néanmoins car le rendement annoncé dans les publications n’était que de 1 ou 2% au mieux ! 1.2.3- Les cours annexes Il y avait le dessin industriel avec comme professeur monsieur Perron. Ceux qui avaient suivi une filière technique étaient abondamment copiés par les autres et il y avait donc bien peu de dessins originaux. Le professeur, plutôt sympathique, nous signalait régulièrement qu’il constatait que plusieurs d’entre nous avaient commis les mêmes erreurs, sans pour autant préciser le fond de sa pensée. La technique de copiage, consistait à placer une plaque de verre au-dessus d’une lampe électrique d’intensité suffisante, de mettre le dessin à copier sur la plaque et de placer par-dessus la feuille de dessin pour copier par transparence. Un p 16 / 45 jour, un incident arriva à l’un d’entre nous : la plaque de verre se rompit et endommagea à la fois la copie et l'original, à la grande fureur de l’auteur de ce dernier. Mais il y a une morale : le jour de l’épreuve, ce fut l’enfer pour tous ces copieurs ! Connaître un peu l'allemand était indispensable à cause du Beilstein, l'une des bibles des chimistes. Jean Guignaudeau, qui venait en vélo depuis la Faculté des Lettres sur le Cours Pasteur, avait la lourde tâche d'inculquer des rudiments d'allemand à ceux qui n'en avaient jamais fait, et cela en quelques semaines. Evidemment, cela ne faisait pas des miracles mais je crois que chacun garde en mémoire quelques bouts de phrase disparates. Par exemple, notre G.O. se souvient de : Um nach Berlin zu fahren. Quant à Gérard Mollat, il a bien retenu les particules (ou préverbes) inséparables : be, empt, ent, er, ge, miß, ver, zer. Chaz a conservé les "Notes de grammaire allemande" de Jean Guinaudeau. Le Guinaudeau sans peine (ou presque !) (Photo par Chaz) De son cours, retenons : - La qualificative : Ein auf den Sieg stolzer General (littéralement : “un de la victoire fier général”, c’est-à-dire “un général fier de la victoire”. - Guignaudeau n’avait pas su traduire “Apfelsäure”. Il finit par trouver grâce à notre aide sachant que “pomme” se traduit en latin par “malum”. En conséquence, “Apfelsäure” se traduit en français par “acide malique”. Il y eut également les cours de mathématiques qui portaient sur les probabilités et les statistiques et, en particulier sur le fameux test du !2. p 17 / 45 1.2.4- La promotion Tantale et le cinéma Nous avons été plusieurs fois au cinéma en première année. Nous avions surnommé Jean-Claude Cazaux “Jean-Luc”, car il était devenu un grand admirateur de Jean-Luc Godard dont il eut la révélation en allant voir avec nous, sur le Cours de l’Intendance, Pierrot le fou dans lequel Anna Karina répétait sans cesse à JeanPaul Belmondo comme un leitmotiv : - “Qu’est-ce que j’peux faire, ché pas quoi faire.” - “Qu’est-ce que j’peux dire ? J’sais pas quoi dire.” Si Fabrice Luchini avait été avec nous, il aurait déclaré : “C’est du lourd !” Dans les années 75/80, alors que nous n’avions plus aucune nouvelle de “Jean-Luc”, Chacha l’a revu à Suresnes (92) en partant déjeuner en dehors de sa Société avec quelques-uns de ses collègues de Degrémont. Ils n'ont pas pu bavarder longtemps car Chacha était de passage. Il lui a laissé ses coordonnées en lui demandant de le contacter, ce qu’il ne fit jamais. Il faut dire que c’est nous qui allions vers lui, mais rarement lui vers nous. Il y avait les partisans d’Alain Resnais, rappelle Lagraule, et en particulier Jeannot, ce qui donnait lieu à des joutes avec Jean-Luc. Les films James Bond 007 contre Dr. No et Bons baisers de Russie ne laissèrent pas indifférents un certain nombre d’entre nous, de même que Les Tonton flingueurs avec les célèbres dialogues de Michel Audiard : <http://www.michelaudiard.com/dialogues/dialoguesLestontons.htm> - “Tiens vous avez sorti le vitriol ! Pourquoi vous dites ça ? Ça a l'air honnête ! Sans être franchement malhonnête, au premier abord, comme ça il a l'air assez curieux Y date du mexicain, du temps des grandes heures, seulement on a dû arrêter la fabrication, y a des clients qui devenaient aveugles, alors ça faisait des histoires ! Faut reconnaître, c'est du brutal ! Vous avez raison c'est du curieux ! J'ai connu une Polonaise (déclarait Lino Ventura) qu'en prenait au petit déjeuner..., faut quand même admettre, c'est plutôt une boisson d'homme ! Tu sais pas ce qu'il me rappelle, cet espèce de drôlerie qu'on buvait dans une petite tôle de Biên Hoa pas très loin de Saigon,... les volets rouges,... et la taulière, une blonde comme çà,... comment qu'elle s'appelait déjà ? Lulu la Nantaise ! T'as connu ? J'y trouve un goût de pomme. Y en a ! Et c'est devant chez elle que Lucien le Cheval s'est fait dessouder Et par qui ? Bah v’la que j'ai plus ma tête ! Par Teddy de Montréal, un fondu qui travaillait qu'à la dynamite. Toute une époque... !” p 18 / 45 Chemchem se souvient qu’en hiver, de retour du cinéma avec entre autres Baba et Doudou le nitré, nous avions été interpellés sur le Cours de l’Intendance par une conductrice qui n’arrivait pas à faire partir sa voiture. Nous avons donc poussé sa voiture qui a finalement redémarré. Il s’agissait en fait d’une femme qui vivait de ses charmes et, en guise de remerciement pour service rendu, elle nous a proposé de nous faire une remise (ce n’était pourtant pas la période des soldes !) Nous avons tous refusé sa proposition, pourtant alléchante, et nous avons regagné nos pénates. 1.2.5- La promotion Tantale et le sport Un grand nombre d’entre nous pratiquait un sport : saut en hauteur, le dimanche matin sur un petit stade à Talence où se jouaient aussi nos matchs de rugby (pour Jacques Marçais qui ne s’en souvient plus et Chemchem qui s'en souvient bien). Basket-ball pour Chemchem, tennis pour Nono et Lagraule G.O., etc… 1.2.5.1- La promotion Tantale et le rugby Mac Lauilh de l’US Dax, Jean-Pierre du PUC, Bizuth Béziers, Bibi, Jojo, entre autres, tracèrent par leur talent le chemin que Thierry Dusautoir (Promotion 2005) ne fit qu’emprunter pour atteindre la gloire. À ce propos, Pancrace mentionne quelques déplacements de l’équipe de rugby de l’École et se souvient personnellement d’un déplacement à Paris pour un match contre l’équipe de l’ESPCI (École Supérieure de Physique et de Chimie Industrielles de Paris), puis d’avoir assisté à la rencontre “France – Galles” à Colombes (Hauts-de-Seine) dans le cadre du tournoi des 5 nations. ChemChem, de son côté se souvient d’un “classico” entre ENSCB et Chimie de Toulouse sur le Site du Ramier à Toulouse. 1.2.5.2- La promotion Tantale et le ski Fifi se souvient que de bons groupes de Tantaliens sont allés au ski dans les Pyrénées à plusieurs reprises. Selon Trinque : - Noël 65 : ski à Gourette avec hébergement dans un chalet loué à Béost, au dessus de Laruns. - Noël 66 : quelques jours dans un chalet perdu en Andorre au sud du “Port d'Envalira” donc côté andorran. On devait sans doute avoir accès aux deux côtés de la station du “Pas de la Case”. Selon Pancrace et Rara - Saint Lary en janvier 1967. Ces deux Noëls au ski auront été de jolies expériences très conviviales mais spartiates et il y aurait beaucoup à raconter. p 19 / 45 Saint-Lary (Hautes-Pyrénées), janvier 1967 De gauche à droite : Claude Restat, Baba, Pilou, Fifi, Claire et Michel, Rara, Fournier, Galinier. (Photo fournie par Pancrace, retouchée par Fifi). Par exemple, pour l’Andorre, Fifi se souvient du poêle à sciure qui faisait un feu d'enfer, quasi sans protection, au milieu d'un chalet en bois... non, c’est trop classe, disons plutôt en contreplaqué ! Il avait apporté son énorme et pesant magnétophone à lampe (un Fidélité 58, Magnétic France d’au moins 25 kg) et la journée démarrait au son d’un instrumental à l'orgue électrique (un hit de l’époque mais dont il ne retrouve pas le nom), de Ray Charles, etc... Comme le chalet était loin de tout, il fallait occuper les soirées et on pratiquait des activités communes comme les tournois de blagues. Pour le Noël à Gourette, Fifi et Michel se souviennent que le groupe avait décidé que chacun apporterait deux cadeaux avec tirage au sort des récipiendaires. Les parents de Fifi, pharmaciens, lui avaient en plus donné une quantité de petits échantillons (parfums, bonbons, babioles). Bref, quand les participants sont entrés dans la salle ils ont découvert, à la lumière des bougies, une table scintillante noyée de cadeaux. Même Fifi, qui avait participé à l'organisation, n'en revenait pas. Michel précise : “J'ai encore en soute une superbe paire de chaussettes de ski ROUGE”. Qui étaient les autres convives ? Contrairement à Trinque, Fifi place plutôt le Noël à cadeaux (Gourette) après celui en Andorre car il a gardé le sentiment que c'est le succès du Pas de la Case qui avait donné l'idée de cette fête avec cadeaux. Qui pourra les départager ? 1.2.6- La promotion Tantale et le bridge Nos Gérard (Chacha et Lagraule) et Rara maîtrisaient du bout des doigts l’ouvrage Comment gagner au bridge de Pierre Albarran. C’était surtout Rara le champion (ah ! La cinquième majeure), qui allait souvent faire des tournois au club de Bordeaux. Chacha avait eu le plaisir d’être quelquefois son partenaire, sans être ridicule malgré le niveau assez élevé. p 20 / 45 Quant à Chemchem, il était loin de maîtriser l’impasse à la dame et excellait au bridge surtout lorsqu’il était le mort ! Chacha adorait aussi car il considérait que c’était la place la plus reposante. Et il y avait aussi les échecs et les dames ! Momo et Rara en plein effort aux dames ! (Photo fournie par Rara, retouchée par Fifi) 1.2.7- La promotion tantale et les escapades En octobre 65, donc peu après notre intégration, une petite quinzaine de Tantaliens sont allés passer la nuit dans une maison vide à Béliet (maintenant Belin-Béliet) dans les Landes. C'est Lagraule qui avait repéré cette maison isolée lors d'une visite à une tante. Fifi raconte et Lagraule confirme : “On avait apporté des sacs de couchage, de quoi manger, de quoi boire et deux guitares. De la guitare, je ne connais encore que deux accords (mi, la mineur) et je tentais d'accompagner Michel qui jouait un solo. Quel plaisir pour moi quand ça a marché, mais pour les autres je ne sais pas ! En tout cas, ça buvait sec et l'un d'entre nous (Pilou ?) avait le vin super joyeux et drôle et, dans l'obscurité qui gagnait, on était morts de rire à l'écouter délirer... jusqu'à ce qu'il ait un peu dépassé la dose. Comme en octobre il faisait déjà froid, nous avions fait du feu et cela a failli très mal finir car nous avons évité de peu de mettre le feu à la maison et donc à la forêt. ” Lagraule a bien balisé sur le moment et s'est fait une jolie réputation dans le coin car, trois jours après, sa famille et les voisins, tout le monde était au courant de l'aventure. Un petit mot de Juju à ce propos : “[...] Et les sorties dans les Landes, le parfum des pins, les dunes. De bons souvenirs épars dans une mémoire à trous.” Liste non garantie des participants : Lagraule, Marie-France, Juju, Claire, Michel, Annie Maillet, Pilou, Rara, Fifi, ... Talence n'était pas bien loin de la plage (Arcachon, Lacanau, Cap Ferret, ... il y avait le choix) et, à cette époque, il n'y avait pas les embouteillages de maintenant. Il se raconte donc p 21 / 45 - mais peut-on vraiment le croire ? - que, les jours d’été chauds et ensoleillés, certains allaient réviser (?) à la plage. L'auteur de ce texte pense néanmoins qu'il s'agit là de pures calomnies visant à discréditer l'incontestable sérieux de notre promotion. Pour sa part il n'a jamais participé à ce type de comportement déviant ... mais reconnait être parfois allé au bassin d'Arcachon, avec Dougier, Bayard et autres. Ils y mangaient du pain avec des plaques de chocolat et buvaient du cognac que sa sœur jumelle achetait au duty free. Elle travaillait chez Lucas, New Bond Street à Londres qui fabriquait les chapeaux de la Reine d’Angleterre. 1.2.8- La promotion Tantale et la chanson Pancrace nous rappelle les visites d’usines, notamment la Cellulose du Pin à Facture (vous souvenez-vous de l’odeur suave de liqueur bisulfitique qui atteignait Bordeaux lorsque le vent était orienté Ouest-Est, ce qui arrive souvent sur la côte Atlantique) ou celles des engrais Pierrefitte-Auby à Pierrefite-Nestelas (Hautes-Pyrénées) et des batteries SAFT à Bordeaux. Chemchem se souvient qu’un des ingénieurs qui nous avait fait visiter les ateliers de la SAFT nous avait précisé, en toute simplicité, qu’ils mettaient des impuretés dans les batteries nickel-cadmium de manière à écourter leur durée de vie. Si l’un des dirigeants de la SAFT était passé par là, nul doute que cet ingénieur aurait eu quelques problèmes avec sa Direction. Les voyages s’effectuaient en car et Chemchem se souvient que, lors de la visite d’une usine qui, soit fabriquait, soit utilisait de l’acétylène, il fumait paisiblement la pipe. Il fut sermonné par un Agent de la Sécurité, à une époque où les comités hygiène sécurité environnement (HSE) n’existaient pas encore. Ces voyages étaient l’occasion de chanter des chansons paillardes, comme Ma Tante Amélie, etc… Il y eut également une parodie de la chanson d’Antoine intitulée Cannelle, dédiée à Colette Castinel (Promotion 53), dont les paroles étaient : Je l'appelle Castinel Parce que son corps est bronzé Je l'appelle Castinel Parce que ses cheveux sont dorés Je l'appelle Castinel Parce que sa peau est sucrée Si vous voulez savoir Comment je le sais C'est parce que je l'ai goûtée. 1.2.9- La promotion Tantale et les agapes 1.2.9.1- Les restaurants et les sorties nocturnes Trouver un restaurant à Bordeaux était devenu un véritable problème, malgré leur grand nombre. En effet, les promotions antérieures à la nôtre avaient acquis une sérieuse réputation de “casseurs de vaisselle”. Les rares restaurateurs qui nous accueillaient malgré cela p 22 / 45 prenaient la précaution d'enlever les verres à pied. Nous étions en fait une promotion plutôt calme. Chacha signale qu’en petit comité, pour certains de la cité universitaire, nous allions le dimanche midi dans un restaurant près de la caserne Nansouty où il fallait traverser la cuisine (regards intéressés aux entrecôtes qui étaient sous nos yeux) avant d’être en salle. Certains profitaient alors de la voiture de notre Annie d’adoption (Annie Maillet) et/ou de celle de Claude Épaud-Perbost. Et quand nous revenions de notre virée à Lacanau, nous allions dîner (souvent pieds nus) dans un restaurant espagnol sur les quais, avec riz, piquette, flamenco à volonté, mais pas cher : 4 francs croit se souvenir Chacha. Fifi se souvient de deux (?) sorties nocturnes à "La Grille des Goûts", une boîte de nuit tenue par Maryse, située au 135 Quai des Chartrons à Bordeaux. On était assez nombreux et Juliana était incontestablement la reine de ces nuits-là, en robe noire très chic. Alain n’est plus sûr de qui y était présent mais sans doute Marie-France, Claire, Anne Moïse, etc... Juju a dit à Fifi qu'elle s'en souvient très bien. On y dansait jusqu'à l'aube et Fifi souligne que cela ne lui est pas arrivé souvent ensuite ! 1.2.9.2- Intronisation taste-vin à Cadillac La tradition voulait que les anciens invitent la promotion sortante et nous ne pouvons que regretter la disparition de cette tradition. Nous nous sommes donc retrouvés pour une soirée dans les caves du Château des Ducs d’Épernon à Cadillac, accueillis par les Membres de la confrérie du taste-vin qui, pour beaucoup, présentaient de la couperose. Ce fut l’occasion de l’intronisation d’un certain nombre de célébrités. S’il est difficile d’imaginer que l’austère Émile Frainnet, qui, disait-on, en pinçait pour Miss Cuba, se prête à ce genre de prestation, il aurait été bien surprenant que Jacques VALADE n’en fasse pas partie. Jacques Valade en plein effort (Photo fournie par Chemchem). Le président de séance déclara : “Je n’avais pas pu juger avant des qualités de taste-vin de Jacques Valade, mais je l’ai bien regardé et je peux vous rassurer, il a une bonne descente !” p 23 / 45 Le lieu et le moment étaient trop solennels et personne n’osa entonner : - “Et glou, et glou, et glou - Il est des nôtres, il a bu son verre comme tous les autres.” Le dîner suivit : Au premier plan de gauche à droite : Miss Cuba et son époux Au deuxième plan : Juju. Au troisième plan : Lagraule, Marie-France, Nono. (Photo fournie par Chemchem, retouchée par Fifi). 1.2.10- La promotion Tantale et les festivités 1.2.10.1- La nuit de la chimie Pancrace rappelle que chaque année, vers le mois de février, avait lieu la Nuit de la Chimie, le gala de notre École organisé par l’association des anciens élèves, événement incontournable de la communauté étudiante bordelaise et même largement au-delà. L’événement était précédé par une intense campagne de publicité que nous menions avec l’enthousiasme de nos 20 ans dans les rues de Bordeaux, avec collage d’affiches et défilé de véhicules. Fifi ajoute que les campagnes d'affichage étaient sauvages, une sorte de concours de l'affichage le plus imaginatif sans aucun respect pour les pauvres encollés. Cela s'est sérieusement gâté la deuxième ou troisième année car les policiers attendaient les colleurs d'affiches, nos excès coûtant cher en nettoyage aux municipalités. Un bon nombre de fautifs furent convoqués devant le juge et c'est l’association qui a dû payer la facture. La nuit de la Chimie avait lieu au théâtre de l’Alhambra, rue d’Alzon, se souviennent Lagraule et Rara. Il fut démoli par décision de la municipalité, le 27 juillet 1987, car il menaçait de s’effondrer. Madame Tichadel (directrice du théâtre) et le scénariste Patrick Duval s'opposèrent à cette décision. De nombreuses personnalités (Claude Nougaro, Michel Jonasz) avaient signé une lettre pour exprimer leur mécontentement. Seule la façade a été gardée car elle est classée à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Une année, le bal fut animé par Stéphane Grappelli, le célèbre violoniste de jazz du vingtième siècle qui créa le Quintette du Hot Club de France avec Django Reinhardt. Comme le précise Rara, Lagraule et lui étaient allés chercher Stéphane Grappelli à la gare Saint-Jean avec la voiture de Jacques Valade, une Simca 1300, qu’il leur avait prêtée. A cette époque, Rara n’avait qu’une 4CV Renault et il voyait difficilement comment transporter Stéphane Grappelli, son musicien et leurs instruments, Lagraule et lui-même, dans sa guimbarde de 1953. p 24 / 45 Photo de la caravane publicitaire pour un gala de l'École, Cours de Verdun à Bordeaux. On y voit la Deudeuche de Pancarce, suivie de la 203 de Jean-Pierre Desmazes (au volant) avec Lacolle. Cette année-là, comme vous pouvez le lire, le clarinettiste de jazz Maxime Saury en était la vedette. (Photo fournie par Pancrace) La première année, Chemchem se risqua à ce bal et se ramassa de belles “casquettes” auprès des jeunes bourgeoises promises à de beaux partis. C’est ainsi qu’il renonça définitivement au “charme discret de la bourgeoisie” bordelaise pour se consacrer, corps et âme, à sa nouvelle maîtresse : la chimie qui lui ouvrit grand les bras, mais le fit un peu souffrir, comme on le verra plus loin. Dans un tout autre domaine, il y avait les bals populaires du dimanche après-midi fréquentés majoritairement par les Conchitas, Dolores, etc... Gérard Mollat et Chemchem y firent une courte incursion en première année et y renoncèrent bien vite. 1.2.10.2- Les galas de l’école Ils avaient lieu au cinéma Le Français (devenu Cinéma Méga CGR Le Français) qui se trouve 9 Rue Montesquieu à Bordeaux. Il y eut au moins deux galas auxquels nous avons assisté : - L’un avec Roger Pierre et Jean-Marc Thibault. - L’autre avec Jacques Brel, en 1965 ou 1966, et Pancrace dit qu’il se souviendra toujours de sa prestation, notamment de ‘‘Dans le port d'Amsterdam’’. Jacques Brel était au sommet de son art, inoubliable ! 1.2.10.3- Les rallyes automobiles Les rallyes automobiles étaient organisés par Blédine car, bien joufflu et rose, il évoquait "le plus beau bébé du monde" cher à cette marque de bouillie. Ceci nous a amenés à visiter le Château de Michel de Montaigne. Chemchem faisait équipe, entre autres, avec Jojo. p 25 / 45 Nous devions chanter de vieilles chansons, ce fut Au lycée Papillon de Georgius (1936) pour Chemchem et Jojo. Nous devions également écrire des poèmes en utilisant tous les mots d’une liste qui nous avait été remise. Chemchem se souvient qu’il y avait le mot “portugaise” à faire rimer avec le mot “bordelaise”, le mot “ravalement” à faire rimer avec le mot avec “oligo-éléments”, etc... Le poème en vers libres fut dédié aux charmes des Bordelaises, ce qui donna : As-tu déjà contemplé de jolies portugaises ? Les plus belles, dit-on sont celles des Bordelaises. Sous leurs grands chapeaux se cachent tant de bonnes idées, […] La quarantaine aidant s’impose un ravalement Pour cela, elles usent d’oligo-éléments. Il y avait aussi des énigmes du type : C’est un Père qui parle à son Fils et qui lui dit : “J’ai trois fois l’âge que tu avais quand j’avais l’âge que tu as.” L’âge du Père plus l’âge du Fils est égal à 120. Quel est l’âge du père et du Fils ? (Réponse : 48 ans et 72 ans) 1.2.11- L’absent de l’annuaire AICBP En feuilletant l’Annuaire 2010, vous noterez l’absence, pour une raison mystérieuse, de Galinier, l’inséparable binôme de Carmelo Nicotra. p 26 / 45 2- Le voyage de promotion Le financement du voyage de promotion était une préoccupation majeure dès le début de la troisième année. Le but de l’opération était de recueillir le maximum de fonds afin de réduire au maximum notre apport personnel. Lagraule se souvient que nous faisions appel à René Marcard (décédé, promotion 1904) qui fut un des anciens Présidents de notre Association de 1908 à 1955. René Marcart était doyen du Conseil Municipal de Bordeaux et il intervenait chaque année auprès de Chaban-Delmas pour recueillir une subvention pour notre voyage. Chacun de nous avait sa liste des sociétés de la région bordelaise qu’il devait rencontrer afin de recueillir des fonds. Chemchem se souvient d’avoir reçu 50 Frs de la société L’Électrolyse à 33360-Latresne, dont le Directeur était un ancien de l’École. Le voyage de promotion s’effectua en train avec Pierre Grange (Promotion 45), comme accompagnateur. Il nous avait été recommandé par les promotions précédentes car il avait la réputation bien établie d’être très cool. Cela s’est avéré vrai car il nous a vite fait comprendre qu’il ne souhaitait pas se lever trop tôt le matin pour aller visiter des usines. En revanche, les dîners et soirées étaient, pour lui comme pour nous, des moments privilégiés. Nous ne pouvons que l’en remercier. La première étape fut Stuttgart. Nos avons visité l’usine et le musée Mercedes-Benz et avions été hébergés dans une auberge de jeunesse dirigée par Papa Schultz avec des corvées à la clé (mettre et débarrasser la table, faire la vaisselle, etc...), extinction des feux et fermeture du portail à 22 heures. Ensuite, ce fut Nuremberg avec la visite de la maison du peintre et graveur Albrecht Dürer. Puis nous sommes entrés en Tchécoslovaquie avec obligation d’acheter à la frontière, dans le train, des Krones au tarif officiel très supérieur à la valeur réelle de cette monnaie. Nous avons d’abord séjourné à Pilsen, célèbre pour sa bière à 12 °C et nous avons visité une brasserie où, nous avons constaté que la machine d’embouteillage était mal réglée compte tenu du nombre de bouteilles en verre qu’elle cassait, mais cela ne semblait pas émouvoir le personnel. L’étape suivante fut Prague, la capitale du baroque, avec la place Venceslas (en tchèque Václavské nám!stí) où, moins d’un an après notre visite, éclata le “Printemps de Prague”. Jan Palach s’y immola par le feu en janvier 1969 pour protester contre l’invasion de Prague par les chars soviétiques. Nous ne pouvons passer sous silence nos démarches pour échanger de l’argent dans la rue à des changeurs à la sauvette et les risques pris, surtout par Chemchem avec son polo bleu, blanc, rouge bien en vue. Le change sauvage était en effet interdit et les changeurs à la sauvette jouaient à cache-cache avec les policiers en civil. Ceux d'entre nous qui ne le savaient pas ont pris des risques bien inutiles puisque, en définitive, il n'y avait rien à acheter p 27 / 45 (sauf des livres, des timbres et accessoirement des cristaux de Bohême) et pas d'endroit accueillant où dépenser la fortune que représentait l'équivalent de quelques francs. Nous avions été surpris de voir des femmes d’un certain âge qui balayaient les caniveaux. Les larges avenues étaient presque vides de voitures mais il y avait des trams partout et qui se suivaient de près. On avait donc peu à marcher, on attendait très peu et les correspondances étaient presque immédiates. Maintenant qu’on essaye de chasser la voiture des centres-ville, il faudrait peut-être s’inspirer de cela. Rara était allé à la piscine avec Marie-France, Juju, Lagraule, Pierre Grange et peut-être d'autres copains. Il se souvient très bien d’une réflexion cocasse qu’il y avait échangée avec Pierre Grange. Ils étaient dans l’eau, mais accoudés côte à côte sur le rebord de la piscine. Rara fait remarquer à Pierre Grange qu’un nageur est en train de passer sous eux entre deux eaux et lui dit : “Vous avez vu ce type au fond de la piscine”. Pierre Grange répond, très pince sans rire comme à son habitude : “Oui, je l’ai remarqué, il y était déjà tout à l’heure !”. Nous devions aller à Bratislavia, mais faute de temps, ce fut à Brno. Pour cela, nous nous sommes rendus à la gare de Prague et pour y parvenir, aucun besoin de géolocalisation ni de navigation par un système de satellites, il suffisait de lever les yeux au ciel pour distinguer un nuage brun résultant de la combustion du lignite. En effet, les locomotives à vapeur étaient alimentées en ce mauvais combustible et crachaient une épaisse fumée grasse et brun foncé. Dans le train, tout était sale, il faisait chaud mais impossible d’ouvrir les fenêtres quasi opaques de crasse au risque de récolter poussière et escarbille. Brno fut la ville la plus triste que nous ayons visitée et son côté glauque est ce qui a le plus frappé Fifi. “Cette impression a commencé dès l'arrivée en gare de Brno où tout était noir. D’énormes matrones lavaient les vitres avec des balais qui trempaient dans des seaux à l'eau tellement noire que, après lavage, elles étaient aussi opaques qu'avant.” “Nous étions dans un grand hôtel assez beau mais délabré. Dans chaque chambre, il y avait un poste de radio, en fait un boitier vide avec seulement un haut-parleur diffusant une chaine unique. Nous avons cherché les micros espions mais aucun d’entre nous, semble-t-il, n’en a trouvé !” “Sortis de l'hôtel, nous marchions au milieu d'avenues grises et tristes, aussi larges que totalement vides (ni voitures, ni passants, pas de feux tricolores, pas de pompes à essence, pas de magasins, rien), seulement suivis à distance par des policiers en civil... évidemment aisément repérables alors que leurs équivalents de Prague pouvaient se fondre la foule.” Fifi se souvient d'une auberge de jeunesse, à Brno précise Marie-France, où se trouvait déjà une bande de jeunes (russes ?). Une partie des filles avait réussi à échapper à la surveillance très militaire de leur encadrement et s’est littéralement jetée sur ceux qui étaient là et, comme elles ne parlaient ni le français, ni l'anglais... Lagraule, après avoir terminé un stage, nous rejoignit en Hongrie, à Budapest. Nous y avons bu un excellent Tokay sur de la musique tzigane accompagnée au cymbalon. Nous avons visité le bastion des Pêcheurs et nous sommes allés à la gigantesque piscine populaire municipale, située sur l'Île Sainte-Marguerite au milieu du Danube. Fait remarquable, il y avait un système mécanique qui, toutes les heures, pendant une dizaine de minutes, p 28 / 45 produisait des vagues déferlantes. Quelle extase, à cette époque, pour les Hongrois qui, ne pouvant pas aller à la mer, se laissaient emporter par les vagues artificielles. Tout autre ambiance au Bois des Îles, ancienne réserve de chasse où se trouvent les très réputés bains thermaux Széchenyl. Fifi et Lagraule se souviennent que, dans la gigantesque piscine en plein air, les Hongrois, le corps immergé, jouaient aux échecs sur de petits matelas pneumatiques ou écoutaient leur radio flottante. Du coup, nous nous sommes bien fait engueuler lorsque nous avons eu l’idée saugrenue de vouloir nager. Hé oui, nous faisions des vagues ! En croisière sur le Danube, nous avons essuyé un violent orage avec aucune possibilité de se mettre à l’abri. Ensuite nous sommes allés à Vienne visiter le Château impérial, le Musée des Carrosses puis, le soir, le théâtre du Château de Schönbrunn où nous avons assisté à une représentation. En ville, le nombre de magasins de Delikatessen était réellement impressionnant. Pierre Grange, raconte Lagraule, avait l’habitude d’inviter Juju et MarieFrance pour aller déguster des gâteaux dans ces pâtisseries. Nous avons également fait un tour sur les montagnes russes au Parc d’attraction du Prater. Mais le “clou” de notre séjour à Vienne aura été notre virée à Grinsing, le quartier des guinguettes où résonnait la musique du Troisième Homme joué à la cithare. Soirée bien arrosée d'un petit vin blanc excellent et dont l’ambiance nous a laissé un souvenir impérissable. Nous chantions sur les tables entre autres : “Ah Léon, Léon, Léon, roi de Bayonne”. Notre guide, Gerhard, dut raccompagner à l’hôtel un certain nombre d’entre nous complètement égarés. Puis, ce fut un retour en Allemagne, à Munich où nous avons dégusté du cochon de lait et surtout fait une virée à la Hofbräuhaus am Platzl, qui existe depuis 1589 et qui est la plus grande brasserie de la ville. Elle peut accueillir jusqu'à 5 000 personnes et Pancrace précise que la consommation minimum était de 1 litre, mais pour les assoiffés, il était possible de commander des chopes de 5 litres. Le spectacle était étonnant avec ces solides serveuses qui portaient plusieurs énormes chopes dans chaque main, les musiciens ventripotents, gorgés de bière, et les pissotières colossales pour éliminer les torrents de liquides alcoolisés qui s'y consommaient à haute dose. Munich, la brasserie Hofbräuhaus am Platzl. http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:2361_-_M%C3%BCnchen_-_Hofbr%C3%A4uhaus.JPG p 29 / 45 À la sortie de la brasserie, il y avait une fouille physique systématique pour vérifier qu’on n’emportait pas l’une de ces magnifiques chopes en grès décorées et gravées “HB”. Puis, ce furent nos adieux, en réalité, comme le précise notre G.O., ce n’était qu’un au revoir avec émotion. Fin septembre 1967, Chemchem revint à Bordeaux pour repasser, pour la cinquième fois (qui fut la bonne), le certificat de chimie organique, obligatoire pour obtenir le diplôme de l’École. Chemchen se souvient avoir passé le réveillon de la Saint-Sylvestre, le 31 décembre 1968, copieusement arrosé de champagne, avec un certain nombre de Tantaliens de la section parisienne : Juju, Marie-France, Chacha, Nono, etc…, juste avant de faire son service militaire à Tübingen (RFA). p 30 / 45 3- La promo après l’école Après l’École, le diplôme en poche - que Hagenmüller appelait “le parchemin” comme le précise Gérard Mollat - ce fut pour la majorité d'entre nous soit le départ pour l’armée, soit pour la coopération du contingent. Pouspous, qui n’est plus des nôtres, organisa des réunions "Tantale" à Paris quand Lagraule était à Madagascar, et créa ainsi ce lien fort entre nous. Ces réunions tantaliennes avaient lieu à L'Atrium (devenu aujourd’hui un restaurant Léon de Bruxelles), Boulevard SaintGermain à Paris. Des réunions des anciens de la section parisienne de l’ENSCB eurent lieu, de temps en temps, à la Brasserie La Pépinière, Place Saint-Augustin à Paris, une occasion de faire la connaissance de promotions bien antérieures à la nôtre. Notre G.O. organisa des dîners de promotion dans la cave du restaurant le Trumilou, bien connue de Marie-France, situé sur le Quai de l’Hôtel-de-Ville à Paris. Enfin, grâce à Lagraule, ce furent les rencontres anniversaires, d'excellentes occasions de se revoir et de célébrer notre sortie de notre École. Elles prouvent que de la Promo Tantale est la meilleure, car c'est de loin celle qui s’est réunie le plus souvent. Lagraule se souvient de la chronologie de nos rencontres : 1972 1977 1982 1987 1992 - la Grille au bois à Cadillac (33), pour célébrer nos 5 ans. domaine de Seillac (Loir-et-Cher), pour célébrer nos 10 ans. domaine de Seillac (Loir-et-Cher), pour célébrer nos 15 ans. domaine de Seillac (Loir-et-Cher), pour célébrer nos 20 ans. domaine de Seillac (Loir-et-Cher), pour célébrer nos 25 ans. Nous y étions hébergés dans des bungalows et dinions au Château. Il ne faisait pas suffisamment chaud pour plonger dans la piscine, mais certains d’entre nous pratiquèrent le tennis et le pingpong. Le Château de Seillac http://www.hotel-seillac.com/ p 31 / 45 Bungalow du Domaine de Seillac http://www.renouveau-vacances.fr/vacances_fr/41/village-vacances/vallee-de-la-loire/seillac.html 1997 - à Cadillac (Gironde), pour célébrer nos 30 ans. Nous avions invité Henry Gasparoux (Promotion 1960), ancien Directeur de L’ENSCPB et Gérant de la Société Civile d’Exploitation du Château Ferrand à Libourne (Gironde). 2000 - à Salaunes (Gironde) sur la route de Lacanau, pour célébrer nos 33 ans, car 33 est l’indicatif du département de la Gironde et l’année 2000 était un symbole. Les années passèrent et, comme tout bon Bordeaux s’améliore avec l’âge, les célébrations devinrent de plus en plus prestigieuses. 2007 - à Arcachon (Gironde), pour célébrer nos 40 ans. Les festivités, du samedi 2 et dimanche 3 juin, comprenaient un dîner de gala au restaurant l’Hippocampe, un embarquement sur un bateau de l’Union des Bateliers Arcachonnais pour un tour de l’île aux Oiseaux avec escale au Canon pour une dégustation d’huîtres. Les minihuîtres sont réputées pour avoir un petit goût de noisette. Lagraule, l’organisateur. 2010 - à Anglet (Côte Basque) pour célébrer nos 43 ans. Ce séjour au Pays basque, du 13 au 16 juin, avait été organisé par Jean-Pierre Mary avec un plan A et un plan B en cas de pluie et c’est le plan B qui aura beaucoup p 32 / 45 servi ! A et B avaient été validés par notre G.O. venu 2 fois en reconnaissance et Jean-Paul était venu avec notre G.O. lors de la première reconnaissance. Nous avions pris le petit train à crémaillère de la Rhune qui nous conduisit à 905 mètres d’altitude. Malheureusement, le brouillard nous empêcha de contempler de la vue attendue : cimes de la chaîne pyrénéenne, côte Basque et océan Atlantique de Saint-Sébastien à Biarritz jusqu’aux plages des Landes. Nous avons traversé le village d’Aihona en voiture entre Dancharia et Espelette, visité d’Ezpeleta (Espelette), puis atteint Cambo-les-Bains où nous avons visité la villa Arnaga qui abrite le musée Edmond Rostand. Ensuite, nous nous sommes rendus à Itxassou pour notre superbe Dîner de Gala typiquement Basque. En fin de repas, Jean-Pierre intronisa notre G.O. “Basque d’honneur” en lui remettant le traditionnel béret basque. Le Basque d’honneur Jean-Pierre, l’organisateur 2012 - dans le Sud-est, pour célébrer nos 45 ans. Ghislaine et Pilou nous y ont accueillis pour visiter leur splendide château de la Barben <http://www.chateaudelabarben.fr/> et visiter leur magnifique région. Cette dixième rencontre (wouahou !) fait l’objet d’un compte-rendu séparé. p 33 / 45 Bertrand, l’organisateur Le château la Barben tel que nous l’avons découvert par grand beau-temps. Pas mal, non ? Mais nous avons été encore plus éblouis par l’intérieur et l’accueil des châtelains. Grandiose ! p 34 / 45 Notre histoire ne s’arrête pas là et nos belles années ne sont pas prêtes de s’achever. Mais reconnaissons que Pilou a placé la barre très haut ! Tout ceci montre combien notre promotion est restée solidaire, à la fois par les rencontres régulières résumées ci-dessus et aussi par l’entraide. Par exemple, lors de nos deuxième (1977) et troisième (1982) rencontres au Domaine de Seillac, Lagraule organisa des quêtes pour venir en aide à Lacolle qui était au chômage. Fifi apporta une contribution substantielle car Lacolle avait été son binôme de travaux pratiques. En route maintenant vers 2014 pour célébrer nos 47 ans à Saumur en Anjou et par la suite, pourquoi pas en Alsace pour y célébrer nos 50 ans ! Toutes les options restent ouvertes. À bientôt donc. !"#$% p 35 / 45 Texte élaboré par Chemchem avec les contributions de Chacha, Chaz, Fifi, notre G.O., Gérard Mollat, Pancrace, Rara et Trinque. Composition, mise en forme et corrections par Fifi. Relecture : Marie-Claude Filhol et Valérie Chemin. 2 novembre 2012 p 36 / 45 Annexe 1- Les Tantaliens Noms, prénoms Bayard Michel Bédouin Besnier Claire Binot Gérard Boiteux Jean-Pierre Bramaud–Grattau Bernard Braud Georges Castelli Francis Catherine Alain Cazaux Jean-Claude Chadaigne Gérard Chaudeyrac François Chazard Georges Chemin Pierre Collignon Alain De Pous Olivier Surnoms Nous quitta à la fin de la 1ère année Bibi Jojo Rugbyman Jean-Luc Cinéphile, admirateur inconditionnel de Jean-Luc Godard Le roi de la clarinette Chacha Chaz Chemchem, Pierrot, Peter Lacolle Pouspous Desmazes Jean-Pierre Dorthe Gérard Dougier Patrick Doumerc Jean-Pierre Doudou le nitré Doudou l’Hellène Fadin Bernard Filhol Alain Fournier Galinier Gaurier Fadinovski Fifi Guliani Juliana Juju Hou alain Kissel Alain Lagraulet Gérard Lauihlé Jean-Paul Laveix Lequoy Claude Brèves annotations Baba Kiki Lagraule, Kaiser, notre G.O. Mac Lauil JP Blédine Sous-major Chroniqueur Animateur de chants Amateur de frites Organisa les réunions "Tantale" à Paris quand Lagraule était à Madagascar Pianiste de jazz. L’homme à la 203 Beau-frère de Chemchem Guitariste A épousé Mireille, la marraine de la promo (décédée) Étalon de référence pour le zéro des éthylotests Nous quitta en fin de 3ème année sans le diplôme ? L’homme à la 4 CV Vendeur de carte d’adhésion à la MNEF Pourvoyeur de polycopiés Nous quitta à la fin de la 1ère année Avec sa Lancia Apia, faisait la pige à Paul Hagenmüller avec sa Lancia Fulvia Grand organisateur des manifestations tantaliennes Délégué de promotion Roi de la casse Rugbyman US Dax Co-organisateur de Tantale 43 Organisateur de rallyes automobiles Joueur de crapette Nous quitta en fin de 2ème année Major de promotion. A épousé une demoiselle Chemin (aucun lien de parenté avec Chemchem) Létoile Daniel Annexes : p 37 / 45 Maillard Bernard Malzac Claude Marçais Jacques Mary Jean-Pierre Michaut Christian Moïse Gérard Mollat Gérard Nicotra Carmelo Odic Yvon Perbost Jean Pham Van Chuong Paul Pillivuyt Bertrand Pralong Jean-Paul Prost Nicole Rayez Jean-Claude Raymond Alain Restat Claude Sougnez Michel Steinbrecher Norbert Thérond Gérard Trinquecoste Michel Vignal Marie- France Villaneau Vandermeeren Georges Bizuth Béziers JP Momo Rugbyman Devenu le roi de la samba Rugbyman PUC Organisateur de Tantale 43 Organisateur des virées chez la Patroune Le roi de la crapette Très fidèle à notre promotion bien qu’il ne nous accompagnât pas en 2ème année Abandonna le gros-plant pour le Coca-Cola Jeannot Pampam Pilou Rara, James Organisateur de Tantale 45 Nous quitta à la fin de la 2ème année Grand maître de bridge et d’échecs Cinéphile et admirateur inconditionnel de James Bond Pancrace Cascadeur (roulait sur 2 roues en deudeuche) Sousou Nono Trinque Guitariste Possédait un Dauphine équipée d’une sonnette de vélo Photographe officiel de la promotion Tantale Nous quitta à la fin de la 1ère année. Décédé. Vander Annexes : p 38 / 45 ANNEXE 2 : Quelques uns de nos professeurs de 1964 à 1967 LICENCE Années 1964-1965 Certificats de licence Chimie organique Physique expérimentale Chimie générale I 1965-1966 Chimie générale II Méthodes physiques de la chimie Chimie minérale Chimie industrielle organique 1966-1967 Chimie minérale industrielle Chimie physique Physique appliquée Années Professeurs Émile Frainnet - alias "Milou" Jacques Valade Raymond Calas Mademoiselle Laffitte Pierre Loudette Jean Hoarau (Chimie quantique, 36h) – alias "le quantique des quantiques", "John John" comme le précise Rara, sans doute en raison de sa faible maîtrise de l’anglais Jean Clastre (Cristallographie, 12h) Jacques Valade (Stéréochimie, 24h) Adophe Pacault (Thermodynamique statistique) Michel Destriau (Cinétique chimique), alias Tonton Pierre Bothorel (Spectrométrie Moléculaire, Absorption de la lumière dans l'UV et le visible), alias "Botho" André Marchand (Déterminations des structures moléculaires, RX, RPE, RMN) Jean Lascombe (Spectroscopie infrarouge), alias "Chaussettes blanches" Paul Hagenmüller, alias "La baleine", "Mobile bide" Michel Rault, alias "Fil de fer" Jacques Valade (Pétrochimie) Robert Lalande (Grandes méthodes de la CIO), alias "Papa gaz" Robert Lalande (Sels et acides) Paul Hagenmüller (Alliages) Patty (Industrie du S, P, N) Hardy (Liaison métallique) Jean Hoarau (Mécanique quantique) Jean Clastre (Techniques de diffraction des RX) Jean Salardenne (Thermique) Pierre Loudette (Résistance des matériaux) Électrotechnique (??? + Gibeau qui s'occupait de la salle des machines électriques tournantes dans le bâtiment de Physique TRAVAUX PRATIQUES à la faculté des sciences Certificats de licence Maîtres-assistants Assistants Annexes : p 39 / 45 1964-1965 1965-1966 1966-1967 Années 1964-1965 1964-1965 1964-1965 1964-1965 1966-1967 1966-1967 1966-1967 1966-1967 1966-1967 1966-1967 Années 1964-1965 1965-1966 1966-1967 Chimie organique Chimie minérale Chimie physique Franck Metras ? Henri Bouas-Laurent Claude Clément Henri Gasparoux Michel Casalot COURS PROPRES À L’ÉCOLE Matières Professeurs Anglais Vergninjal (ou consonance similaire) Allemand Jean Guinaudeau, alias "Herr Guinaudeau" Probabilités/statistiques Peyrou Dessin industriel Perron Chimie Nucléaire Gabriel Simonoff Combustion et les Robert Lalande propergols Balistique Michel Destriau (satellites artificiels) Génie chimique Robert Lalande Radiochimie Gabriel Simonoff Corps gras Jacques Valade TRAVAUX PRATIQUES à l’école Maîtres assistants Assistants Huguette François (Chargée de cours) Évelyne Montaudon, alias "Miss Cuba", Jean-Jacques Villenave Claude Filliatre, alias "Fifi" Pierre Grange, Alain Ducasse Michel Cazaux Colette Castinel, Jean Moulines, Michel Casalot Gibeau (TP d’électrotechnique) Annexes : p 40 / 45 Annexe 3 : Trombinoscope Annexes : p 41 / 45 Annexes : p 42 / 45 Annexes : p 43 / 45 Annexes : p 44 / 45 Photos en provenance de l’album de Trinque. Elles ont été prises par PHOTO I.S.O., 4 Rue du Château Trompette, Bordeaux. !"#"! Annexes : p 45 / 45