9. Étancher la soif de Jésus
Transcription
9. Étancher la soif de Jésus
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus — Dix attitudes intérieures 9. Étancher la soif de Jésus Il y a chez Thérèse une attitude qu’on n’évoque pas souvent et qui découle directement de sa vie de 1 prière : étancher la soif de Jésus . Le cri de Jésus, « J’ai soif » (Jean 19, 28), retentit dans son âme, ainsi que la demande à la Samaritaine : « Donne-‐moi à boire » (Jean 4, 7). Pour étancher cette soif, Thérèse se laisse aimer par Jésus avec toute sa pauvreté, elle s’ouvre aux flots de sa miséricorde et le console de l’indifférence de ses amis. Jésus a soif de nous. Il espère en retour réveiller notre soif de lui. Lorsque ces deux soifs se rencontrent, commence alors le travail de conversion, de transformation, de divinisation. « Jésus a soif, sa demande vient des profondeurs de Dieu qui nous désire. La prière, que nous le sachions ou non, est la rencontre de la soif de Dieu et de la nôtre. Dieu a soif que nous ayons soif de lui » (Catéchisme de l’église catholique, n° 2560). La soif des âmes On parle aujourd’hui très peu de cette expression qui semble d’un autre âge : « la soif des âmes ». Qui a le souci aujourd’hui de s’assurer qu’aucune âme ne se perde ? Ce salut des âmes préoccupait beaucoup Thérèse. La grâce de libération qu’elle a reçue à Noël 1886 lui fait expérimenter le salut que le Christ est venu apporter à tous et à toutes, spécialement aux plus petits. Sa guérison sera progressive, tant les blessures de l’enfance sont profondes. Cet événement, grandement souligné par les spécialistes thérésiens, peut escamoter une autre expérience intérieure de Thérèse qui aura une répercussion immense dans sa vie : la découverte de la soif de Jésus et des âmes. La sainte relate ce moment capital qui survient quelques mois après la grâce de Noël. « Un Dimanche en regardant une photographie de Notre Seigneur en Croix, je fus frappée par le sang qui tombait d’une de ses mains Divines. J’éprouvai une grande peine en pensant que ce sang tombait à terre sans que personne [ne] s’empresse de le recueillir, et je résolus de me tenir en esprit au pied de [la] Croix pour recevoir la Divine rosée qui en découlait, comprenant qu’il me faudrait ensuite la répandre sur les âmes… Le cri de Jésus sur la Croix retentissait aussi continuellement dans mon cœur : « J’ai soif ! » Ces paroles allumaient en moi une ardeur inconnue et très vive… Je voulais donner à boire à mon Bien-‐Aimé et je me sentais moi-‐même dévorée de la soif des âmes… Ce n’était pas encore les âmes de prêtres qui m’attiraient, mais celles des grands pécheurs ; je brûlais du désir de les arracher aux flammes éternelles… » (Ms A, OC, 143) 1 Voir mon livre J'ai soif. De la petite Thérèse à Mère Teresa, Paris, Parole et Silence, 2003 (traduit en huit langues). 1 À la suite de cette expérience de la soif de Jésus, Thérèse est embrasée d’amour pour lui et va se « tenir en esprit au pied de la Croix », ce qui sera un fondement de sa mission ecclésiale. Désormais, elle s’engage sur le chemin de la prière pour les pécheurs, trouvant par là le moyen de consoler Jésus qui a soif des âmes. Le signe qu’elle reçoit à propos de Pranzini, un condamné à mort qui avait égorgé deux femmes et une fillette, et pour lequel elle a ardemment prié, la confirme sur ce chemin. « Pranzini ne s’était pas confessé, il était monté sur l’échafaud et s’apprêtait à passer la tête dans le lugubre trou, quand tout à coup, saisi d’une inspiration subite, il se retourne, saisit un crucifix que lui présentait le prêtre et baise par trois fois ses plaies sacrées !… Puis son âme alla recevoir la sentence miséricordieuse de Celui qui déclare qu’au Ciel il y aura plus de joie pour un seul pécheur qui fait pénitence que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de pénitence !… J’avais obtenu « le signe » demandé et ce signe était la reproduction fidèle de grâces que Jésus m’avait faites pour m’attirer à prier pour les pécheurs. N’était-‐ce pas devant les plaies [de] Jésus, en voyant couler son sang Divin que la soif des âmes était entrée dans mon cœur ? Je voulais leur donner à boire ce sang immaculé qui devait les purifier de leurs souillures, et les lèvres de « mon premier enfant » allèrent se coller sur les plaies sacrées !!!… Quelle réponse ineffablement douce !… Ah ! depuis cette grâce unique, mon désir de sauver les âmes grandit chaque jour. Il me semblait entendre Jésus me dire comme à la samaritaine : « Donne-‐moi à boire ! » C’était un véritable échange d’amour ; aux âmes je donnais le sang de Jésus, à Jésus j’offrais ces mêmes âmes rafraîchies par sa rosée Divine ; ainsi il me semblait le désaltérer et plus je lui donnais à boire, plus la soif de ma pauvre petite âme augmentait et c’était cette soif ardente qu’Il me donnait comme le plus délicieux breuvage de son amour » (Ms A, OC, 144-‐145). « J'ai soif » « L’Amour n’est pas aimé », s’exclamait François d’Assise. Thérèse comprend que le cri de Jésus en croix est beaucoup plus que celui d’un simple mourant, même si nous pouvons le retrouver dans la gorge des agonisants déshydratés. « Je m’épuise à crier, j’ai le gosier en feu […] quand j’ai soif, ils me font boire du vinaigre » (Psaume 69, 4.22). Thérèse écrit : « J’ai reçu la grâce de comprendre plus que jamais combien Jésus désire être aimé » (Ms A, OC, 212). Ainsi, « il n’a pas besoin de nos œuvres, mais uniquement de notre amour » (Ms B, OC, 220). Par son cri, Jésus accomplit les Écritures et s’identifie à la soif d’amour de l’homme des douleurs, du serviteur souffrant. Il attend notre réponse de foi. L’amour est don de Dieu et réponse de foi à ce Dieu qui vient à notre rencontre. L’amour exige cette réciprocité. Dieu aime et veut être aimé. Telle est sa joie et la nôtre. « La Source a soif d’être bue », écrivait Grégoire de Nysse. « J’ai soif », criait jésus sur la croix. Dieu a soif de notre amour, puisque c’est dans la nature même de l’amour que d’aimer et d’être aimé, de vouloir le bonheur de l’autre. Thérèse accueille cette soif et communie au dénuement de Jésus sur la croix. « Le cri de Jésus sur la Croix retentissait aussi continuellement dans mon cœur : J’ai soif ! » (Ms A, OC, 143). Elle passera le reste de sa vie à répondre au cri d’amour de Jésus en enfantant les âmes à la foi, comme il l’a fait pour la Samaritaine, Zachée et tant d’autres. Elle veut consoler ce Jésus qui meurt pauvrement après avoir donné sa soif. « Dès qu’il eut pris le vinaigre, Jésus dit : "Tout est achevé" et, inclinant la tête, il remit l’esprit » (Jean 19, 30). Et c’est Pranzini qui va étancher la soif de Jésus, un peu comme le bon larron. Avec Pranzini, Thérèse commence à être patronne des missions. Jésus meurt en aimant jusqu’à la fin, comme il l’avait désiré : « Lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême » (Jean 13, 1). Son obéissance filiale au Père fut sa vraie soif, comme elle le sera aussi pour Thérèse : « La coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-‐je pas ? » (Jean 18, 11). Le 26 décembre 1896, Thérèse écrit à l’abbé Bellière : « Il est bien consolant de penser que Jésus, le Dieu Fort, a connu nos faiblesses, qu’il a tremblé à la vue du calice amer, ce calice qu’autrefois il avait si ardemment désiré de boire » (LT 213, OC, 569). « Donne-‐moi à boire » Nous connaissons bien le cri de Jésus sur la croix, mais il y a aussi sa soif lors de sa rencontre avec une femme de Samarie. Jean est le seul à rapporter cette rencontre : « Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C’était environ la sixième heure. Arrive une femme de Samarie pour puiser de l’eau. Jésus lui dit : "Donne-‐moi à boire" » (Jean 4, 6-‐7). Ce récit est l’histoire d’une rencontre de deux désirs et de deux regards : celui de Jésus et celui de la Samaritaine. Il y a ici un contact qui va toucher le cœur des deux personnages, symbole de ce puits intérieur où nous sommes appelés à boire l’eau vive. Malgré les interdits, Jésus révèle à cette femme la vérité profonde qui l’habite. Sa parole la fait passer de la surface des idées à la profondeur des émotions. Son regard sur elle-‐même change ; elle se voit dorénavant comme Jésus la voit. Cette révélation est sa métamorphose. Thérèse évoque la rencontre de Jésus avec la Samaritaine dans le long poème incantatoire Jésus mon Bien-‐Aimé, rappelle-‐toi ! 2 « Rappelle-‐toi qu’au bord de la fontaine Un Voyageur fatigué du chemin Fit déborder sur la Samaritaine Les flots d’amour que renfermait son sein Ah ! je connais Celui qui demandait à boire Il est Le Don de Dieu, la source de la gloire, C’est Lui, l’Eau qui jaillit C’est Lui qui nous a dit : Venez à moi ». (PN 24, OC, 694-‐695) Thérèse communie à la soif de Jésus qui ne nous demande pas de grandes actions, mais seulement l’abandon et la reconnaissance. Elle saisit qu’il est assoiffé de notre amour et qu’il veut éveiller en nous le don de la foi en nous donnant son eau vive, comme il l’a fait pour la Samaritaine : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : "Donne-‐moi à boire", c’est toi qui aurais demandé et il t’aurait donné de l’eau vive » (Jean 4, 10). « Immolez à Dieu des sacrifices de louanges et d’actions de grâces ». Voilà donc tout ce que Jésus réclame de nous, il n’a point besoin de nos œuvres, mais seulement de notre amour, car ce même Dieu qui déclare n’avoir pas besoin de nous dire s’il a faim n’a pas craint de mendier un peu d’eau à la Samaritaine. Il avait soif… Mais en disant : « Donne-‐moi à boire » c’était l’amour de sa pauvre créature que le Créateur de l’univers réclamait. Il avait soif d’amour… Ah ! je le sens plus que jamais Jésus est altéré, Il ne rencontre que des ingrats et des indifférents parmi les disciples du monde et parmi ses disciples à lui, il trouve, hélas ! peu de cœurs qui se livrent à lui sans réserve, qui comprennent toute la tendresse de son Amour infini » (Ms B, OC, 220-‐221). Le mendiant d’amour Jésus est ce mendiant d’amour qui nous demande, comme à la Samaritaine : « Donne-‐moi à boire ». Thérèse approfondit sans cesse cette intuition centrale de la petite voie : Jésus a soif de notre amour, et les petits peuvent le désaltérer. Aussi s’offre-‐t-‐elle à l’Amour miséricordieux pour recevoir les flots de tendresse qui sont réprimés dans le cœur de Dieu, parce que trop peu d’âmes se laissent aimer comme. Dieu veut aimer. Thérèse prononce son acte d’offrande le 11 juin 1895, agenouillée avec Céline devant la statue de la Vierge du sourire. Elle portera ce texte sur son cœur avec son évangile. Il témoigne du désir immense qui doit brûler tout croyant : s’ouvrir pleinement à la miséricorde divine et étancher ainsi sa soif de nous aimer. L’amour est méconnu, avait-‐elle écrit quelques mois auparavant, le 25 décembre 1894, dans une récréation pieuse Les anges à la crèche : « Ô Jésus ! faudra-‐t-‐il que tant d’amour soit méconnu » (RP 2, OC, 806). C’est ce sentiment troublant de l’amour méconnu qui va provoquer cette prière d’offrande à la miséricorde. Elle fait dire à Jésus, lors de cette même récréation : « Je les ai faites [les âmes] pour moi-‐même J’ai fait leurs désirs infinis La plus petite âme qui m’aime Devient pour moi le Paradis ! » (RP 2, OC, 813) S’il fait son ciel dans la plus petite âme qui l’aime, qu’en est-‐il de celle qui souffre, qui est abandonnée des autres, qui vit le désespoir et la tentation du suicide ? Jésus est présent dans l’homme qui est dépouillé, roué de coups, et qui attend un bon samaritain. Qui va le soulager ? Thérèse de Lisieux voit Dieu comme un mendiant qui a soif, qui demande notre « oui », se met à notre merci, comme il l’a fait avec Marie, celle qui répond à toutes les annonciations. Dieu mendie notre amour et notre liberté. Il a besoin de nous. « Jésus se fait pauvre afin que nous puissions lui faire la charité ; Il nous tend la main comme un mendiant afin qu’au jour radieux du jugement, alors qu’il paraîtra dans sa gloire Il puisse nous faire entendre ces douces paroles : « Venez, les bénis de mon Père, car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire… » C’est Lui qui veut notre amour, qui le mendie… Il se met pour ainsi dire à notre merci, Il ne veut rien prendre sans que nous le lui donnions » (LT 145, OC, 470). Thérèse écrit à sa sœur Céline avec toute sa sensibilité de femme éprise de Jésus : « Jésus veut que le salut des âmes dépende de nos sacrifices, de notre amour, il nous mendie des âmes… ah ! comprenons son regard ! si peu savent le comprendre… Faisons de notre vie un sacrifice continuel, un martyre d’amour, pour consoler Jésus, il ne veut qu’un regard, un soupir, mais un regard et soupir qui soient pour lui seul » (LT 96, OC, 399). Elle reprend l’année suivante : « Il a tant besoin d’amour et il est si altéré qu’il attend de nous la goutte d’eau qui doit le rafraîchir » (LT 107, OC 411). Dieu ne s’impose pas, il s’offre librement ; on ne le possède pas, il se donne gratuitement. « Celui qui vous mendie/C’est le Verbe éternel » (RP 5, OC, 873). Thérèse se présente devant lui les mains vides et le cœur ouvert. Pas besoin d’épater la galerie, de prouver qu’on est le meilleur, l’important est d’aimer avec ce que l’on est, sans se décourager. Cette attitude est très libératrice pour ceux et celles qui sont tentés par le perfectionnisme et la performance à tout prix. Thérèse nous redit qu’il suffit de faire notre possible en s’appuyant avec confiance sur la miséricorde divine, dans les petites choses du quotidien. 3 Le plus petit d’entre les miens Dieu se cherche des amis pour que son cœur brûlant d’amour continue à se donner, à se répandre. Il se complaît en ses enfants, surtout les plus faibles, parce qu’ils ont le plus besoin de son amour. Thérèse de Lisieux désaltère Jésus en soulageant les plus démunis à sa manière. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25, 40). Cette phrase, qui revient souvent dans ses écrits, sera centrale dans la vie et l’œuvre de Mère Teresa. Pour Thérèse, qui vit au carmel, ce désir d’aimer et de soulager les plus démunis se vit dans l’apostolat de la prière. Mais ce désir se concrétise aussi dans la recherche des « âmes imparfaites » de sa communauté, celles dont les infirmités morales sont chroniques, comme elle l’écrit à sa prieure, alors qu’il ne lui reste que quatre mois à vivre. C’est dans ce dernier manuscrit qu’elle illustrera son désir d’aimer ses sœurs « les moins agréables » par des exemples concrets de charité fraternelle, pour « réjouir Jésus ». « En disant les âmes imparfaites, je ne veux pas seulement parler des imperfections spirituelles, puisque les plus saintes ne seront parfaites qu’au Ciel, je veux parler du manque de jugement, d’éducation, de la susceptibilité de certains caractères, toutes choses qui ne rendent pas la vie très agréable. Je sais bien que ces infirmités morales sont chroniques, il n’y a pas d’espoir de guérison, mais je sais bien aussi que ma Mère ne cesserait pas de me soigner, d’essayer de me soulager si je restais malade toute ma vie. Voici la conclusion que j’en tire : je dois rechercher en récréation, en licence, la compagnie des sœurs qui me sont le moins agréables, remplir près de ces âmes blessées l’office du bon Samaritain. Une parole, un sourire aimable suffisent souvent pour épanouir une âme triste ; mais ce n’est pas absolument pour atteindre ce but que je veux pratiquer la charité, car je sais que bientôt je serais découragée : un mot que j’aurai dit avec la meilleure intention sera peut-‐être interprété tout de travers. Aussi pour ne pas perdre mon temps, je veux être aimable avec tout le monde (et particulièrement avec les sœurs les moins aimables) pour réjouir Jésus » (Ms C, OC, 272-‐273). Plus on se laisse aimer par Dieu, mieux on peut étancher sa soif d’amour chez les autres. Thérèse parle de donner un festin à ses sœurs en pratiquant une « charité aimable et joyeuse » (Ms C, OC, 273). Elle insiste pour que ses larmes se changent en joie, « puisque le Seigneur aime ceux qui donnent avec joie » (Ms C, OC, 273). Elle veut aider Jésus, son « Divin petit frère », à faire de chaque âme son paradis, pour sa joie, pour le réjouir. « Ma joie, c’est de lutter sans cesse Afin d’enfanter des élus C’est le cœur brûlant de tendresse De souvent redire à Jésus : « Pour toi, mon Divin petit Frère Je suis heureuse de souffrir Ma seule joie sur cette terre C’est de pouvoir te réjouir » (PN 45, OC, 734). Du fond de sa détresse, Thérèse accepte avec joie que son chant soit perdu dans le grand silence du Samedi saint. Sa foi est, comme celle de bien des gens, un combat de tous les jours. Elle ne se fie qu’à Jésus seul qui peut changer le désert en source, l’absence en présence, les ténèbres humaines en lueurs pascales. Cette confiance absolue puise à ce qu’il y a d’essentiel dans l’Évangile : la gratuité du salut. Thérèse nous redit que la soif d’amour présente en nos cœurs est sans remède. Seul Jésus, le bon berger, peut combler notre carence d’être. Ne lui ravissons pas la joie de nous aimer, puisque nous étanchons sa soif de Sauveur en nous laissant aimer par lui. En son amour nous ne cherchons plus à posséder Dieu, mais à le recevoir dans l’action de grâces et le partage. La gratitude ouvre notre cœur à Dieu et aux autres. Thérèse montre qu’il est possible aujourd’hui de vivre heureux en nous faisant, comme Jésus, le prochain des autres qui sont nos frères et nos sœurs. Mais pour cela, il faut s’unir à lui dans la souffrance, dans son abaissement, ce qu’elle fera surtout les dix-‐huit derniers mois de sa vie, en vivant les terribles douleurs de la tuberculose et les tentations de la « nuit du néant ». Prière de Thérèse Cantique de sœur Marie de la Trinité et de la Sainte Face Toi le Grand Dieu, que tout le Ciel adore Tu vis en moi, Prisonnier nuit et jour Ta douce voix à toute heure m’implore Tu me redis : « J’ai soif… j’ai soif d’Amour !… » Je suis aussi ta prisonnière Et je veux redire à mon tour Ta tendre et divine prière : « Mon Bien-‐Aimé, mon Frère J’ai soif d’Amour !… » J’ai soif d’Amour, comble mon espérance Augmente en moi, Seigneur, ton Divin Feu J’ai soif d’Amour, bien grande est ma souffrance Ah ! je voudrais voler vers toi, mon Dieu !… 4 Ton Amour est mon seul martyre Plus je le sens brûler en moi Et plus mon âme te désire… Jésus, fais que j’expire D’Amour pour Toi !!! (PN 31, OC 713-‐714) Jacques Gauthier, Dix attitudes intérieures. La spiritualité de Thérèse de Lisieux, Novalis/Cerf, 2013, 143-‐156.