Concours d`écriture Pierre Bottero Rageot Editeur Pseudonyme
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Concours d`écriture Pierre Bottero Rageot Editeur Pseudonyme
Concours d’écriture Pierre Bottero Rageot Editeur Pseudonyme: Evangeline Wolf [email protected] Âge: 25 ans Melle Myriam YOUSSFI La Marine Bleue Bat D3 119 chemin de Sainte Marthe 13014 Marseille Titre: Eryn et la sphère graphe Je tenais à remercier les Éditions Rageot pour avoir organisé ce concours d’écriture. J’ai pris beaucoup de plaisir à me replonger dans les univers de Pierre Bottero. Le choix du personnage d’Eryn était d’ailleurs motivé par le fait que son histoire se trouve à la croisée des chemins, à la fois dans l’Autre et dans les cycles de Gwendalavir. J’espère que vous aurez plaisir à le lire. Bonne réception. P.S: Je souhaiterais que mon pseudonyme soit utilisé pour toute opération promotionnelle liée au présent concours. 1 L’ARCHE Arche de cristal, Flots sans bride, Liberté. Ellundril Chariakin, chevaucheuse de brume. L e soleil inonda de lumière la vallée d’émeraude. L’Arche de cristal s’embrasa de mille feux. Oeuvre intemporelle du dessinateur Merwyn Ril’Avalon. Courbe de pureté absolue. Il n’existait pareille merveille dans aucun monde. À ses pieds, les eaux du Pollimage s’écoulaient de façon fougueuse et libre. Une petite silhouette se tenait au milieu de l’Arche. Eryn ouvrit grand les bras comme pour étreindre la brise qui faisait voleter ses longues boucles d’or. Ses grands yeux violets semblaient deux améthystes scintillantes. La caresse du vent la fit frissonner, elle serra sa cape de siffleur autour de ses épaules et sentit une douce chaleur l’envahir. C’était l’Arche qui l’avait appelée ici. Elle avait quelque chose à lui dire. Elle voulait qu’elle contemple sa beauté. Mais Eryn était trop jeune pour pouvoir embrasser la magnificence du dessin de Merwyn dans son ensemble. Elle n’avait que cinq ans. Une 2 C o n c o u r s R a g e o t - E v a n g e l i n e W o l f larme cristalline roula sur sa joue, elle vint la cueillir du bout de son doigt pour l’observer à la lumière du jour. – Merci, dit simplement la fillette en s’adressant à l’Arche. À son cou, au bout d’une longue chaîne, pendait une étrange pierre bleue qui émit une lumière radieuse. La sphère graphe avait réagi au plus grand dessin de tous les temps. Eryn serra la pierre dans sa main. Sa mère lui avait offert ce bijou pour son cinquième anniversaire, il y a quelques mois, et elle ne s’en était jamais séparé depuis. Bien qu’elle ignorait ce qui avait autant réjoui Ewilan en voyant sa fille serrer dans ses petits doigts la mystérieuse pierre, comme si elle était quelqu’un d’exceptionnel. Eryn avait vu le jour dans la mer verdoyante des plaines Souffle, libre comme la brise qui caresse l’âme des Fils du Vent. Son père, Salim, ému aux larmes, avait pris dans ses bras ce petit être aussi léger que la brume. Il avait souri à son épouse en disant que leur enfant choisira certainement la voie des marchombres car elle avait goûté, comme les Haïnouks, à la véritable liberté. Ewilan dont le visage était à la fois pâle et radieux, lui avait répondu qu’Eryn dessinera la vie qui lui plaira avec le pinceau qui lui plaira. «Donc, tu penses qu’elle sera versé dans l’Art du Dessin, comme sa mère», avait plaisanté Salim. – Eryn ! appela tout à coup une voix qui se rependit en écho dans la tête de la fillette. 3 Eryn se sentit aspirée. Appelée. Cela arrivait à chaque fois que quelqu’un semblait avoir besoin d’elle. C’était comme cela qu’elle était arrivée ici. L’Arche l’avait appelée aussi et elle n’avait pu rien faire d’autre que de répondre à cet appel. Elle ferma les paupières un instant et disparut soudain. Quand elle rouvrit les yeux, elle se retrouva dans sa chambre, celle qu’elle avait quitté un instant plus tôt. – Eryn, appela à nouveau sa mère. – J’arrive ! répondit la fillette en courant vers le salon. Eryn traversa la demeure silencieuse qui se trouvait au sommet de la tour la plus élevée d’Al-Jeit. C’était une maison extraordinaire. Il y avait partout des couleurs et des formes enchanteresses. Des vasques d’argent où se reflétaient la lumière des étoiles comme à la surface de l’Oeil d’Otolep. Des tables de verre aussi limpides que les eaux claires du Pollimage. Tous des dessins fabuleux nés dans l’esprit de sa mère. Des souvenirs de sa quête. Ewilan se tenait prés de la table du salon, sous une immense dôme de cristal. La lumière tombait en cascade sur elle, sublimant ses cheveux dorés. La femme avait les yeux fermés. Eryn savait ce qu’elle faisait. Elle dessinait. Elle dessinait le repas de ce soir. Elle avait recours au dessin dans tous les aspects de leur vie. Les spires étaient sans danger, voilà des années que le verrou Ts’lich avait sauté. Les dessinateurs alaviriens étaients libres de s’excercer à leur noble art. Bien qu’Ewilan, meuilleure des Sentinelles au service de l’empereur, les surpassait tous dans ce domaine. 4 C o n c o u r s R a g e o t - E v a n g e l i n e W o l f Ce soir là, aprés le dîner, Eryn partit se coucher avec un baiser de sa mère. Mais au moment où elle avait enfilé sa robe de nuit, elle se sentit encore une fois aspirée vers autre monde. En un battement de cil, elle avait troqué sa chambre confortable alavirienne contre une maison immense et étrange. Un petit garçon était assis là, recroquevillé par terre et triste. Il semblait à peine plus grand qu’elle. Elle l’observa avec curiosité. – C’est toi qui m’as appelée ? s’enquit-elle. 5 2 LA SPHÈRE GRAPHE Mon premier dessin était un présent pour Viviane. Je lui ai offert le bois de Brocéliande. Merwyn Ril’Avalon L orsqu’elle se sentit à nouveau appelée, Eryn se retrouva dans sa chambre. Mais elle fut surprise quand elle vit son père installé dans un fauteuil près de la fenêtre. Ses longs cheveux sombres, coiffés en maintes tresses plaquées sur son crâne, formaient des motifs compliqués. Il ne s’était pas changé, il portait encore son uniforme en cuir de marchombre et ses nombreux couteaux sanglés sur ses cuisses. Il lui arrivait de partir, le soir, sous les étoiles, avec son apprenti pour lui enseigner la voie des marchombres. – Eryn Gil’ Sayan, dit-il comme un doux reproche, où étiez-vous jeune fille ? La fillette sourit de toutes ses petites dents en prenant un air innocent. Elle décida d’user d’un artifice qu’Ellana Caldin lui avait appris depuis qu’elle était toute petite. – Il y a deux réponses à ta question, papa. Comme à 6 C o n c o u r s R a g e o t - E v a n g e l i n e W o l f toutes les questions. Laquelle veux-tu entendre en premier ? Celle du savant ou celle du poète ? Salim sourit d’un air attendri. Eryn s’en réjouit et elle bondit dans son lit aussi agilement qu’un ours élastique. – Celle du savant, répondit-il alors qu’il rabattait la couverture sur sa fille qui s’était recouchée. – Je crois que je suis comme maman et oncle Akiro. Je marche sur le côté. Salim rit de sa naîveté. Marcher sur le côté, on aurait dit un croisement incertain entre un marchombre et « un pas sur le coté ». Eryn en avait entendu parler lors des soirées prés du feu quand elle écoutait des histoires épiques où sa mère et son père sauvaient Gwendalavir de terrifiants dangers. – Et celle du poète ? – Je suis une fée. Et les fées se moquent bien des distances qui séparent les Hommes. Elles connaissent des chemins secrets au delà du temps et des kilomètres. Un battement d’aile féerique équivaut à mille pas humains. Je vais là où le vent m’appelle. – Je crois que je préfère la réponse du poète, dit son père en l’embrassant sur le front. Tu restes ma petite fée. Alors ne t’eloignes pas trop de ton père, d’accord ? La fillette sourit en acquiesçant. Son père lui souhaita bonne nuit et ouvrit la porte de sa chambre qu’il referma derrière lui. II disparut comme la brise, sans un bruit, comme le font les marchombres. Eryn attendit pour s’assurer que son père soit vraiment parti et se redressa dans son lit. Elle tira de sous 7 sa chemise de nuit la chaîne de la sphère graphe. Elle ne pouvait resister à l’envie de dessiner. C’était quelque chose qu’elle avait toujours fait, bien qu’elle n’en avait parlé à personne. À deux ans déjà, elle dessinait des chuchoteurs pour compagnons de jeu qui finissaient par disparaître. La fillette serra la sphère entre ses doigts et se concentra. Une onde de chaleur qui partait de la pierre se deversa dans son corps. Un monde de possibilités infinies s’ouvrit dans son esprit. Elle parcourait les spires avec une aisance incroyable, elle n’avait qu’à emprunter le chemin qui lui plaisait. La pierre se mit soudain à briller d’une lueur bleutée, signe qu’elle était en train de croquer une scène dans son esprit. Quelque chose d’extraordinaire se produisit alors. Des fleurs naquirent en une seconde sur les tapis épais qui recouvraient le sol. Des arbres fleurirent rapidement en projetant des ombres en arabesques sur les murs baignés par le clair de lune. Un ruisseau se creusa au pied de son lit. Eryn sourit en trempant le bout de ses orteils dans l’eau fraîche. Elle frissonna. Une forêt féerique était née de façon fugace dans sa chambre, identique à celle qu’elle avait peint dans son esprit avec les pinceaux de son imaginaire. Elle tendit le bras vers une luciole qui voleta jusqu’à elle pour venir se poser sur la paume de sa main. Un sourire se dessina sur les lèvres d’Eryn. Son visage était baigné d’une douce lumière bleue. Sa mère ignorait encore qu’elle avait le don de dessiner. C’était son petit secret... 8