Introduction à la Météo Synoptique
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Introduction à la Météo Synoptique
CHAPITRE 1 L'ÉCHELLE SYNOPTIQUE 1.1 Notions d'échelle et observations météorologiques On peut considérer l'atmosphère comme un continuum constitué de particules gazeuses. Des phénomènes et des forces y agissent et interagissent dans toute une gamme d'échelle de temps et d'espace. Quand on veut étudier un phénomène météorologique précis il faut d'abord cerner à quelle échelle il se situe et quelles sont les forces importantes en présence. On peut classer les phénomènes atmosphériques selon différentes échelles basées sur leurs dimensions spatiales et temporelles. Par exemple, les panaches de chaleur qu'on observe au-dessus de l'asphalte des routes pendant une journée chaude et ensoleillée, lesquels mesurent un mètre et ne durent que quelques secondes, sont classés dans la micro-échelle. Par ailleurs, les grands tourbillons de nuages qu'on observe à partir de l'espace (figure 1.1), persistant plusieurs jours et ayant une dimension horizontale de l'ordre de mille à quelques milliers de kilomètres, appartiennent à l'échelle synoptique ou planétaire. Il existe plusieurs classifications d'échelle pour les phénomènes météorologiques (tableau 1.1). Nous développerons une définition de l'échelle synoptique basée sur les équilibres des forces en jeu. Nous compterons alors parmi les phénomènes de l'échelle synoptique (et meso-alpha) ceux qui sont caractérisés par une dimension spatiale parallèle à la surface de la Terre de l'ordre de grandeur de 1000 km (de 500 à 5000 km). 1-1 Les réseaux actuels de stations d'observation de surface et en altitude (figure 1.2) ont été développés pour identifier et suivre les phénomènes météorologiques à l'échelle synoptique. Cependant, comme le montre le tableau 1.2, leur espacement ne permet pas généralement une résolution parfaite des phénomènes qui se trouvent dans la partie inférieure de l'échelle synoptique. En effet l'identification de phénomènes qui ne s'étendent que sur 500 km exige un réseau de sites d'observations espacés en moyenne de 100 km dont les relevés se font à intervalle de quelques heures. FIGURE 1.1: Photo satellites. 1-2 TABLEAU 1.1 Échelles horizontales de phénomènes atmosphériques ORLANSKI 1975 TCU 10 1 MACRO Synoptique 2000km α β MESO Méso-échelle γ Micro-échelle tornades anticyclone anticyclone meso- 100 fronts,ouragans lignes de grain tropicales dépressions extraMCC km 10,000 1,000 LIGDA 1951 longues ondes PHENOMENES ATMOSPHERIQUES 2km α m 100 10 tourbillons de sable β γ 1 1-3 MICRO FIGURE 1.2: Carte de la couverture globale pour le 3 mars 1993 à 00 UTC +/- 3 heures. Les stations terrestres sont relativement nombreuses dans les pays industrialisés (il y en a près de 300 au Canada) mais elles le sont beaucoup moins ailleurs. Sur les océans il n'y a que quelques 1-4 bateaux et bouées météorologiques. Sur les continents, les observations horaires de surface se font majoritairement aux aérodromes. Elles permettent l'identification des phénomènes météorologiques à l'échelle synoptique sur certaines parties de la Terre. Les stations synoptiques (figure 1.1), par contre, ne permettent pas une résolution parfaite de la partie inférieure de cette échelle (tableau 1.2). Ceci est d'autant plus vrai pour les stations aérologiques (tableau 1.2). On n'en compte en Amérique du Nord qu'un peu plus d'une centaine. Les sondages verticaux de l'atmosphère, vu leur coût, sont limités à 2 par jour (00Z et 12Z). Ils sont réalisés à l'aide de ballons gonflés à l'hydrogène* qui sont équipés de radiosondes. Les avions commerciaux rapportent aussi la vitesse et la direction du vent et la température. Cependant ces informations sont souvent confinées dans des couloirs correspondant aux routes et niveaux de vol les plus utilisés. Les stations de surface, les stations aérologiques et les avions nous donnent des mesures directes de divers paramètres météorologiques. Ils existent cependant d'autres sources de données d'observations faisant des mesures indirectes de plusieurs de ces paramètres. Certains appareils (Profilers) peuvent, du sol, faire un relevé vertical de la température et de l'humidité à l'aide de radiomètre, et aussi faire un profil du vent à l'aide d'un radar Doppler. Cependant ils sont encore expérimentaux à l'heure actuelle et utilisés surtout en recherche. Il existe aussi un réseau de satellites météorologiques qui donnent à la fois une vue globale et détaillée de la structure des nuages et de la température du sommet des nuages. On peut aussi en déduire les vents où les nuages sont identifiables. Le profil vertical de la température et de l'humidité peut également être estimé à partir des satellites si le ciel est clair. Cependant bien que les satellites permettent d'observer des phénomènes reliés aux mouvements de l'air à l'échelle synoptique, ils ne permettent pas partout une mesure directe des paramètres de base. * Au Canada 1-5 Le réseau des radars météorologiques complète les observations par télédétection et la mesure des quantités de gouttelettes d'eau et flocons de neige contenue dans l'atmosphère. Les radars permettent d'observer des phénomènes à une échelle inférieure à l'échelle synoptique mais ne permettent pas d'effectuer, si on exclut les radars Doppler, des mesures de paramètres de base tels que le vent, la température et l'humidité. À partir des observations disponibles il est donc possible de trouver les ordres de grandeur des paramètres météorologiques applicables à l'échelle synoptique (tableau 1.3). On remarque dans ce tableau qu'il existe un rapport entre la dimension caractéristique de certains paramètres. Par exemple, le temps nécessaire à une particule d'air pour parcourir, à la vitesse de 10 ms-1, la distance de 1000 km correspond à une période d'une journée sur l'échelle (105s). Mathématiquement, ce rapport est donné par la relation suivante: τ = L U où τ est l'échelle de temps caractéristique, L la longueur caractéristique et U la vitesse caractéristique. D'autres relations moins évidentes apparaîtront dans les chapitres qui suivent. 1.2 Principes physiques L'étude des phénomènes à l'échelle synoptique est fondée sur les principes classiques de la physique. Dans cette section, ces principes seront présentés, accompagnés de leurs équations sous forme générale. 1-6 TABLEAU 1.2 Observations à l'échelle synoptique disponibles dans l'exploitation TYPE ESPACEMENT MOYEN (KM) FRÉQ. MOYENNE (H) COMPOSANTES AU SOL STATION HORAIRE 100 1 STATION SYNOPTIQUE 200 6 STATION RADIOSONDE 400 12 Température, humidité, précipitation, tendance de pression, vent, visibilité, pression au niveau de la mer Même que ci-dessus: précipitation accumulée, maximum et minimum température, temps passé Température, humidité et pression horizontale TYPE COMPOSANTES EN ALTITUDE Étendue et hauteur des nuages Types, étendue et hauteur des nuages Les mêmes plus le vent DÉFINITION SPACIALE DÉFINITION TEMPOREL (minutes) COMPOSANTES DIRECTES COMPOSANTES DÉRIVÉES SATELLITE ≈ 1 km 15-30 RADAR ≈ 1 km ≈5 RADAR DOPPLER ≈ 1 km ≈5 AVION Variable Variable Structure, température, mouvement et évolution des nuages et température de l’atmosphère Intensité, structure et évolution des précipitations Intensité, structure et évolution des précipitations et du vent Turbulence ≈ 30 à 50 m ≈ 1-5 Rayonnement du soleil réfléchi par le sol, rayonnement infrarouge émis par les nuages, la Terre et certaines couches atmosphériques et du sol Micro-ondes diffusés par les gouttelettes de pluie et les flocons de neige Micro-onde diffusées (shift doppler) par les gouttelettes de pluie et les flocons de neiges Température, vent, humidité Micro-ondes diffusées (shift doppler) par les variations d’indice de réfraction PROFILER (DOPPLER) 1-7 Température, vent horizontal, vitesse verticale (> 50 cm/s-1) Les lois de Newton La deuxième loi de Newton stipule que l'accélération d'un objet (une particule d'air, par exemple) mesurée dans un système de coordonnées fixes (c.-à-d. un système absolu) est due et est égale à la somme des forces (par unité de masse) qui agissent sur l'objet, soit: (1.1) a = ΣF m Équation d'Euler ou a est l'accélération, ΣF la somme des forces et m la masse de l'objet. En météorologie, l'accélération est calculée par rapport à la Terre qui constitue, non pas un système fixe, mais un système de coordonnées en rotation. Donc, l'accélération absolue est la somme de l'accélération par rapport à la Terre et de l'accélération du point de référence à la Terre. (1.2) aabsolue = amesurée par rapport à la terre + aterre = ΣF m réelles L'accélération des points dans le système de coordonnées de la Terre peut être subdivisée en deux composantes: une accélération centripète et une accélération connue sous le nom de Coriolis. (1.3) aabsolue = amesurée par rapport à la terre + acoriolis + acentripète = ΣF m réelles Parce que ces accélérations de la Terre ne sont pas de conception facile pour l'homme, on les traite comme des forces par unité de masse en les plaçant du côté droit de l'équation et elles deviennent deux forces fictives: (1.4) amesurée par rapport à la terre = ΣF m réelles + ccoriolis + ccentrifuge 1-8 Les forces réelles en présence sont la force de pression, la force de gravité et la force de frottement. L'équation de la deuxième loi de Newton (dite équation du mouvement ou de la quantité de mouvement) devient: (1.5) amesurée par rapport à la terre = ppression + rfrottement + grgravité + ccoriolis + ccentrifuge Les forces sont exprimées par unité de masse. La force de gravité de la Terre par unité de masse est définie par la loi gravitationnelle de Newton sous la forme mathématique: (1.6) gr = -GmT t 3 t où G est la constante de gravité, mT la masse de la Terre et t est le vecteur de position par rapport au centre de la Terre. Cette force de gravité combinée à la force centrifuge produit une gravité apparente que l'on peut mesurer, soit: (1.7) g = gr + ccentrifuge La force de gradient de pression par unité de masse, due aux différences (gradient) de pressions (p), s'écrit sous la forme mathématique suivante: (1.8) p = - 1 ∇p ρ où ρ est la masse volumique (densité) de l'air. La force de Coriolis par unité de masse, due à la rotation de la Terre, autour d'un axe vertical est exprimée par: (1.9) c = 2ΩT xV 1-9 où ΩT est la vitesse angulaire de la Terre et V est la vitesse mesurée par rapport à la Terre. La forme de la force de frottement par unité de masse r sera formulée plus tard. Cependant, cette force ne doit être considérée que dans la couche limite planétaire (qui a une épaisseur très variable: en moyenne 1 km d’épaisseur). L'atmosphère au-dessus de cette couche, appelée atmosphère libre, n'est pas beaucoup influencée directement (en première approximation) par la topographie et la force de frottement est minime. Donc l'équation de Newton devient: (1.10) a = - 1 ∇p - 2ΩT xV + g + r ρ Équation du mouvement Loi de la conservation de la masse Une autre loi, celle de la conservation de la masse qui s'applique à l'atmosphère, indique que la masse de l'air ne peut être ni perdue ni créée. Par conséquent la masse volumique (densité) de l'air est reliée à la convergence ou à divergence de la masse de l'air: (1.11) dρ = -ρ ∇ ⋅V dt Équation de continuité Cette équation de la divergence sera importante pour décrire la dynamique de l'atmosphère. Nous en parlons dans les chapitre 2, 3, et 4. Les lois thermodynamiques L'atmosphère peut être considérée comme un gaz parfait lorsqu'on étudie la physique des phénomènes à l'échelle synoptique. L'équation d'état (loi des gaz parfaits) de l'atmosphère est: (1.12) p = ρRT 1 - 10 où R est la constante spécifique de l'air sec et T la température virtuelle. La première loi de la thermodynamique, qui traite de l'énergie d'un système en divisant l'énergie reçue par masse unitaire entre le travail fourni et le changement de l'énergie interne, peut s'écrire: (1.13) dq = du + dw changement travail énergie par fourni d'énergie interne masse unitaire Dans un système adiabatique, il n'y a pas d'échange de chaleur entre le système et son environnement, donc: (1.14) dq = 0 Le taux auquel se font les échanges d'énergie dans l'atmosphère (processus diabatiques) est généralement plus petit que le taux de changement d'énergie interne et le travail accompli sauf près du sol et dans le cas de la précipitation. Ainsi les processus atmosphériques secs peuvent être souvent considérés comme étant adiabatiques, en première approximation. Nous utiliserons cette approximation ultérieurement. Le taux de variation de l'énergie interne est relié aux changements de température par une constante, propre à chaque gaz et appelée la capacité calorifique à volume constant cv. (1.15) du = cv dT Le travail fait par un gaz dépend du changement de volume occupé par le gaz et de la pression exercée contre le gaz pendant le changement de volume, soit: 1 - 11 (1.16) dw = pdα où α est le volume spécifique 1/ρ. Donc l'équation de la première loi de la thermodynamique devient: (1.17) dq = cv dT + pdα La capacité calorifique à volume constante est reliée à la capacité calorifique à pression constante cp par la constante spécifique du gaz (R) par la relation suivante (la loi de Carnot): cp = c v + R de sorte que (1.17) peut s'écrire: (1.18) dq = cp dT - RdT + pdα or, par l'équation (1.12) (loi des gaz parfaits) (1.19) RdT = pdα + αdp Donc l'équation de la première loi de la thermodynamique (avec les loi de gaz parfaits et de Carnot) peut se réécrire: (1.20) dq = cp dT - αdp qui en est une forme utile en météorologie puisque la température et la pression sont des paramètres mesurées directement. 1 - 12 1.3 Équations et coordonnées locales L'équation du mouvement a été présentée dans la section précédente sous forme vectorielle. Cependant, pour fins de calcul, il est important de la présenter dans un système de coordonnées à trois dimensions. Comme la Terre est pratiquement une sphère, les coordonnées sphériques seraient appropriées. Cependant, le système cartésien avec des axes définis localement sur le globe s'avère suffisamment précis pour les calculs à l'échelle synoptique. Dans ce système (figure 1.3a) l'axe des x est tangent à la surface de la Terre et dirigé vers l'est. L'axe des y est aussi tangent à la surface de la Terre et dirigé vers le nord alors que l'axe des z est perpendiculaire à la Terre et dirigé vers le haut dans la direction contraire à celle de la gravité locale. Comme ce système de coordonnées varie d'un point du globe à un autre, les calculs des accélérations par rapport à ces axes sont faussés. Un exemple est présenté à la figure 1.3b. Une particule d'air partant du point A vers l'est (x positif), se retrouve avec une composante de vitesse dirigée vers le sud lorsqu'elle arrive au point B. Donc il semble que la particule ait développé une vitesse vers le sud (y négatif). Comme pour les forces centrifuge et de Coriolis, ces effets dus au fait que la Terre est une sphère et que les coordonnées x,y,z changent peuvent être considérés comme des forces fictives. L'équation du mouvement dans ce système de coordonnées local devient: (1.21) uv tan ϕ uw (a)x: du = - r + px + cx + rx rT dt T (b)y: dv = dt -u2 tan ϕ vw - r + py + cy + ry rT T 2 2 (c)z: dw = u r+ v + pz + cz + rz - g dt T 1 - 13 a)Coordonnées locales z Pôle Nord z y y z x y y z z z x y z y y x x y Equateur x b)Développement de l'accélération fictive due à la courbure de la Terre. A y x y B Vh = ui v=0 x du et dv ≠ 0 dt dt ui déplacement en ligne droite sans accélération réelle z Vh = ui + vj vj FIGURE 1.3 1 - 14 y z où u, v et w sont les vitesses dans la direction x, y, z respectivement, ϕ est la latitude alors que rT est le rayon de la Terre. On remarque qu'il n'y a pas de composantes de la gravité dans les directions x et y. Les composantes de la force de Coriolis -2ΩT xV peuvent être calculées à partir des composantes du vecteur de la vitesse angulaire de la Terre. c = -2 (1.22) i j k 0 ΩT cos ϕ ΩT sin ϕ u v w c = 2ΩT v sin ϕ - 2ΩT w cos ϕ i - 2ΩT u sin ϕ j + 2ΩT u cos ϕ k Les composantes de la force de pression sont: ∂p ∂p ∂p i- 1 j- 1 k (1.23) p = - 1 ∇p = - 1 ρ ρ ∂x ρ ∂y ρ ∂z L'effet de la surface terrestre, c.-à-d. la force de frottement r sera traitée ultérieurement dans le chapitre 3. En substituant les composantes des forces de pression et de Coriolis dans le système d'équation (1.21), l'équation du mouvement selon les composantes locales devient: uv tan ϕ uw 1 ∂p - r + 2ΩT v sin ϕ - 2ΩT w cos ϕ + rx (1.24) (a)x: du = rT dt T ρ ∂x -u2 tan ϕ vw 1 ∂p (b)y: dv = - r - 2ΩT u sin ϕ + ry rT dt T ρ ∂y ∂p 2 2 (c)z: dw = u r+ v - 1 + 2ΩT u cos ϕ -g + rz dt T ρ ∂z Si on introduit les dimensions caractéristiques des divers paramètres à l'échelle synoptique présentées au tableau 1.3, on peut calculer les grandeurs caractéristiques des termes de l'équation 1 - 15 (1.24). Le seul terme encore inconnu à l'échelle synoptique, le frottement, peut être négligé dans l'atmosphère libre mais non dans la couche limite planétaire. Au tableau 1.4 on indique les grandeurs caractéristiques des différents termes de l'équation (1.24). En négligeant les termes plus petit par deux ordres de grandeur (facteur 100) aux termes les plus importants, les équations du mouvement horizontal (1.24 a et b) prennent la forme plus simple suivante: (a) x : (1.25) (b) y: Dimensions caracteristiques du 1 ∂p = 2ΩT vsin ϕ − + (rx )* dt ρ ∂x dv 1 ∂p = −2Ω T usin ϕ − + (ry )* dt ρ ∂y 10-4 10-3 10 -3 (m s-2 ) 1 - 16 10-3 TABLEAU 1.3 Grandeurs caractéristiques des paramètres à l'échelle synoptique aux latitudes moyennes PARAMÈTRES DIMENSIONNEL Vent horizontal Vitesse verticale Température Pression au sol Pression dans la moyenne troposphère Masse volumique au sol Masse volumique dans la moyenne troposphère Dimension horizontale Dimension verticale Durée de vie Gradient horizontal: de température: de pression: de vent: de hauteur géopotentiel: Gadient vertical: de température: de température: de pression: du vent horizontal: du vent horizontal: Divergence: dans la couche limite dans l’atmosphère libre Tourbillon horizontal Coefficient de frottement Tendance locale: de pression au sol: de hauteur: de température: de température au sol: Paramètre de Coriolis Stabilité statique SYMBOLES UNITÉ ORDRE DE GRANDEUR VARIABILITÉ ERREUR DE CALCUL OU D’OBSERVATION W T Ps p m s -1 m s -1 ˚K Pa Pa 101 10-2 2.5 x 102 105 5 x 10 4 0.5 à 5 x 101 -5 à 5 x 10-2 2.2 à 3.1 x 102 0.95 à 1.05 x 105 4.95 à 5.05 x 105 10% ≈ 100% 0.5% 0.01% 0.1% ρs kg m -3 1.25 1.1 à 1.6 0.01% ρ kg m -3 0.7 L m 106 0.5 à 5 x 106 H τ m s 104 105 0.5 à 5 x 104 0.5 à 5 x 105 ∆T = (∆T)h/L ∆ p r= (∆p)h/L ∆ p Vh = ∆U/L K m -1 Pa m -1 s-1 5 x 10 -6 10-3 10-5 2.5 à 25 x 10-6 0.5 à 5 x 10-3 0.5 à 5 x 10-5 10% 10% 10% 10-4 0.5 à 5 x 10-4 10% K m -1 K Pa-1 Pa m -1 s-1 m s -1 Pa -1 -0.2 x 10-2 0.2 x 10-4 10 2 x 10 -3 2 x 10 -4 0 à -1 x 10-2 0 à 1 x 10-4 1 à 10 x 10-3 1 à 10 x 10-4 10% 10% 0.5% 10% 10% s-1 10-5 0.5 à 5 x 10-5 10% ζh CF s-1 s-1 s-1 10-6 10-5 10-4 0.5 à 5 x 10-6 0.5 à 5 x 10-5 0 à 10 x 10-4 10% 10% 10% ∂ps/∂t ∂z/∂t ∂T/∂t ∂Ts/∂t f β=∂f/∂y S Pa s -1 m s -1 K s -1 K s -1 s-1 -1 s m -1 K Pa-1 10-2 10-4 5 x 10 -5 10-4 10-4 10-11 2 x 10 -4 0.5 à 5 x 10-2 0.5 à 5 x 10-4 2.5 à 25 x 10-5 0.1 à 1.5 x 10-4 0.1 à 1.5 x 10-4 0 à 2 x 10-4 0 à 10 x 10-4 1 à 10% r Vh ,U,V ∆ pz = ∆zp/L ∂T/∂z ∂T/∂p ∂p/∂z r ∂Vh / ∂z r ∂Vh / ∂p r ∆ p • Vh 0.5% TABLEAU 1.4 Analyse des grandeurs à l'échelle synoptique des termes des équations du mouvement 1 - 17 10% 1% 10% Équations horizontales: x: du = dt y: dv = dt uv tanϕ rT − u 2 tanϕ rT − uw rT − 1 ∂p ρ ∂x +2Ω T vsinϕ − uv rT − 1 ∂p ρ ∂y −2Ω Tu sinϕ −2Ω T wcosϕ +(rx )* +(ry )* U U2 ≡ τ L U2 rT UW rT (∆p) H ρL f 0U f 0W (rn ) x 10-4 10-5 10-8 10-3 10-3 10-6 (10-3) Dimensions caractéristiques (m s -2) Équation verticale: z: 1 ∂p ρ ∂z dw = dt u2 + v 2 rT W WU ≡ τ L U2 a (∆p)z ρH 10-7 10-5 101 − -g +(rz )* f 0U g WU * L 10-3 101 (10-7) +2Ω Tu cosϕ Dimensions caractéristiques -2 (m s ) * Grandeur dans la couche limite planétaire ou encore dV h 1 = fkxV h − ∇ h p + (r h )* dt ρ ah ch ph rh 1 - 18 où f = 2ΩT sin ϕ est le paramètre de Coriolis, l'indice h indique le plan horizontal seulement et * indique que ce terme n'agit que dans la couche limite planétaire. L'équation du mouvement vertical (1.24c) devient: 0 = −g − z: (1.26) Dimensions caractéristiques 1 ∂p ρ ∂z 101 101 (m s −2 ) TABLEAU 1.5 Liste des constantes NOM SYMBOLE UNITÉ VALEUR Gravitationnelle G m3 kg-1 s-2 6.668 x 104 Accélération de gravité g m s-2 9.8 Constante de gaz pour l’air sec R m2 s-2 K-1 2.87 x 102 Taux de rotation de la Terre ΩT s-1 7.27 x 10-5 Rayon de la Terre rT m 6.37 x 106 Masse de la Terre mT kg 5.988 x 1024 à: cp m2 s-2 K-1 9.96 x 102 pression constante cv m2 s-2 K-1 7.09 x 102 Capacité calorifique pour l’air volume constant Avec les grandeurs calculées dans l'horizontal, la force de Coriolis due au mouvement vertical ainsi que toutes les forces fictives introduites par le système de coordonnées locales peuvent être négligées. Dans la verticale, la simplification est encore plus grande: seulement la force de pression verticale et de la gravité demeurent. Même l'effet du frottement près de la surface terrestre rz est négligeable (voir tableau 1.4). 1 - 19 On note ici que dans le plan horizontal, on peut calculer un des termes dominants à partir des autres termes conservés avec une précision de 10% même si les termes de deuxième ordre ont été négligés. Dans l'équation verticale du mouvement, on ne néglige que les termes 4 ordres de grandeur plus petits, ou davantage, que les termes dominants. On peut donc calculer la force verticale de pression à partir de la gravité avec une précision de 0,01%. Cette quasi-égalité entre la gravité et la force verticale de pression implique que l'atmosphère est très près d'un état équilibré appelé équilibre hydrostatique. 1.4 Précision sur l'échelle synoptique Sur le plan horizontal, l'atmosphère libre est aussi près d'un quasi-équilibre puisque l'accélération est d'un ordre de grandeur plus petit que les deux forces individuelles, par unité de masse, qui la causent (voir le tableau 1.4). Pour que cet état de quasi-équilibre existe, il faut que les forces soient dans des directions presque contraires et aient des grandeurs presque égales (comme dans la figure 1.4), engendrant une accélération d'un ordre de grandeur plus petit que les forces par unité de masse. Le quasi-équilibre sur le plan horizontal, dit géostrophique, ainsi que l'équilibre sur le plan vertical, dit hydrostatique, renvoie au principe selon lequel les systèmes physiques tendent à être dans un état d'équilibre* . Il semble donc que l'atmosphère à l'échelle synoptique ait le temps de s'ajuster afin de se trouver près de son état d'équilibre. Autrement dit, les forces à l'échelle synoptique ne varient pas trop rapidement, de sorte que les particules d'air qui cherchent l'équilibre ne se trouvent jamais loin de cet état. On peut maintenant définir ce qu'est l'échelle synoptique quantitativement c.-à-d. l'échelle dans laquelle l'accélération horizontale est d'au moins d'un ordre de grandeur (facteur 10) plus petit que les forces horizontales. Autrement dit, par exemple, le rapport entre la grandeur de l'accélération et de la force de Coriolis horizontale est de l'ordre de 0.1. Ce rapport s'appelle nombre de Rossby. * Sinon, ils n'existent pas longtemps. 1 - 20 dVh dt (1.27) Ro ≡ ah = ≈ 0.1 ch f Vh P0 P1 P2 FIGURE 1.4 Somme de deux forces Y ph X ah ch ph + ch ayant presque la même grandeur mais de directions opposées. Selon le tableau 1.4 la grandeur caractéristique de l'accélération est égale à U2/L et celle de la force de Coriolis à foU. Le nombre de Rossby devient donc: (1.28) 2 Ro ≡ U /L = U ≈ 0.1 fo U Lfo Il est maintenant clair que la longueur typique choisie pour l'échelle synoptique (1000 km), correspond à une dimension qui rend le nombre de Rossby de l'ordre de 0.1. On note aussi que U/L a la dimension s-1, et donc que l'inverse représente la durée caractéristique. fo a aussi la dimension s-1 et est proportionnel à l'inverse de la période locale de rotation de la Terre. Le nombre de Rossby peut donc s'écrire par le rapport suivant: (1.29) Ro α taux de rotation locale de la terre durée caractéristique On peut donc rajouter que lorsque la durée caractéristique d'un phénomène est de l'ordre de dix fois plus grand que l'inverse du paramètre de Coriolis, ce phénomène se trouve dans l'échelle synoptique. L'inverse du paramètre de Coriolis varie avec la latitude. Il est ≈ 2h près du pôle, 3h à 45o de latitude, 4h à 30 oN, 7h à 15 o, 22h à 5o. Donc la durée des phénomènes de l'échelle 1 - 21 synoptique est de l'ordre de 1 journée dans les régions extra-tropicales. Ro = 0.1 suggère aussi que la durée de vie des phénomènes en quasi-équilibre géostrophique dans les zones équatoriales serait plus longue, soit d'environ 5 jours. Parmi les phénomènes clairement exclus de l'échelle synoptique par leur durée de vie trop courte, on compte les tornades, les orages et la turbulence entre autres. Dans l'échelle synoptique, aux latitudes moyennes, on retrouve évidemment les dépressions, les anticyclones et les fronts (qui sont tous des ondes synoptiques baroclines). Ce sont ces phénomènes qui ont des dimensions spatiales et temporelles assez grandes sur le plan horizontal pour que l'atmosphère se trouve proche de sont état d'équilibre. Dans ce premier chapitre, nous avons établi à quels phénomènes météorologiques et à quelle échelle nous nous intéressons. Nous avons élaborés les équations qui sont utilisées pour décrire l'évolution de l'atmosphère à l'échelle synoptique. Nous avons défini l'échelle synoptique et l'existence du quasi-équilibre horizontal qui y règne, appelé aussi équilibre quasi-géostrophique. Ce quasi-équilibre est due à ce que, en général, les accélérations (somme des forces de pression et de Coriolis) agissent de façon à ramener les vitesses vers un état d'équilibre entre la force horizontale de pression et celle de Coriolis. Dans le chapitre 2 nous discuterons du quasi-équilibre vertical dans l'atmosphère, soit de l'équilibre hydrostatique. Subséquemment dans les chapitres qui suivront, nous élaborerons les comportements et propriétés de l'atmosphère qui découlent de ces quasi-équilibres de l'atmosphère. 1 - 22