Nick van Dyk - ROCK`N`BALLS

Transcription

Nick van Dyk - ROCK`N`BALLS
L’Art délicat de la musique progressive
Si le nouvel opus de Redemption, Snowfall on Judgment Day, a
manqué d’emballer cette rédaction, la formation progressive
américaine n’en demeure pas moins une des plus brillantes de
sa génération. Combinant art de la mélodie, complexité
technique et sens de l’écriture, le groupe s’est depuis ses débuts
posé à la croisée des chemins entre Dream Theater et
Symphony X. Nick van Dyk, guitariste et compositeur principal
de la bande, défend son dernier bébé, son amour ambivalent
pour le progressif et le metal tout court, et sa volonté de sans
cesse évoluer. Il se penche également avec nous sur ce qu’est le
progressif et ses représentants anciens et futurs : bref, tout un
programme !
Interview, traduction et édition par Mastema
Entretien avec Nick van Dyk (guitare, clavier, composition)
Mastema (Rock ‘n Balls) : Bonjour Nick ! Snowfall on Judgment Day est sorti il y
a quelques mois déjà. Es-tu parvenu à déjà prendre suffisamment de distance par
rapport à ce disque afin de le comparer à ses prédécesseurs ?
Nick van Dyk : C’est marrant…en fait, la façon dont cela fonctionne généralement,
c’est que je suis tellement immergée dans la musique lors de son enregistrement, et
encore davantage lors de son mixage, que j’ai une très bonne idée de la manière dont
le disque se positionnera par rapport à ses prédécesseurs. Bien sûr, il faut alors attendre
les réactions après que le CD soit sorti. Ce matin encore, par exemple, j’ai lu une
chronique qui affirmait que la voix de Ray [note : Ray Alder] était plus mise en avant
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sur cet album que par le passé, et une autre qui affirmait qu’elle n’était pas très audible
dans le mix [note : ce dernier est également notre avis, nous y revenons juste après].
J’imagine que c’est un peu comme mon autre amour dans la vie, le vin : deux
personnes peuvent boire au même verre de vin, et avoir des jugements divergents. Je
pense toutefois qu’il y a quelques évidences. C’est un album qui bénéficie d’une
production plus lourde que par le passé, ce qui nous a permis de développer davantage
la combinaison de gros riffs et des mélodies solides que nous aimons. Je trouve que les
chansons sont très organiques et ne sonnent pas comme un « collage », si tu vois ce
que je veux dire. Et je pense aussi que les morceaux sont un peu plus variés que sur
l’album précédent [note : The Origins of Ruin, 2007]. Je pense que la plupart des gens
seront d’accord sur au moins ces points-là.
M : Tu l’as évoqué : je trouve personnellement que Ray est mixé assez bas sur ce
disque, ce qui a pour effet d’atténuer son impact émotionnel. N’as-tu pas cette
fois cherché à atteindre un résultat plus direct et brutal, et moins « chaud » ?
Nick : Pas vraiment. Comme je te l’ai dit, c’est marrant car les gens ont des avis très
différents concernant le chant. Je ne pense pas que nous ayons la production parfaite –
je la recherche encore. J’entends des choses que j’aimerais changer. Mais je trouve que
le chant sonne assez chaudement. J’aime un chant assez aéré, même si ce n’est pas
trop à la mode ces jours-ci. La voix sonnerait beaucoup plus froidement sans cette
aération, et un de nos mixes initiaux était bien plus froid que le résultat final.
M : Le style de Redemption a toujours été caractérisé par une grosse technique
instrumentale, d’excellentes mélodies et des morceaux complexes. Lorsque tu t’es
mis à l’écriture de ce nouvel opus, t’es-tu imposé un challenge, une nouvelle limite
à franchir ?
Nick : Rien en particulier, même si l’objectif était d’aller encore plus loin en termes de
combinaison entre brutalité et bonnes mélodies. Mais en fait, sur chaque album je
cherche avant tout à mettre la barre plus haut au niveau de la composition et de la
performance. Chaque artiste aime dire « ceci est notre meilleur album » à chaque
nouvelle sortie. Dans le cas de Redemption, je veux que ce soit la stricte vérité.
« Chaque artiste aime dire « ceci est notre meilleur album » à
chaque nouvelle sortie. Dans le cas de Redemption, je veux que ce
soit la stricte vérité. » (Nick van Dyk)
M : Quelle a été l’implication des autres membres du groupe dans la
composition ?
Nick : J’écris toutes les chansons, mais on incorpore des idées de chacun.
Habituellement, après avoir terminé l’écriture du disque, j’envoie une pré-production
grossièrement mixée aux autres, qui auront alors parfois des commentaires ou un désir
de changer certaines choses. Ensuite, lorsque nous enregistrons, Chris [note : Chris
Quirarte, batterie], Sean [note : Sean Andrews, basse] et Greg [note : Greg
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Hosharian, claviers] ont tous des idées qu’ils ajouteront en studio, ou des choses
qu’ils modifieront. Généralement j’ai une idée basique de ce à quoi doivent ressembler
les parties de batterie ou de basse, et les autres partent de cette idée afin de créer leurs
propres parties, que nous continuerons à bosser en studio. Auparavant, j’écrivais
parfois tout aux claviers, mais j’ai essayé de laisser plus d’espace pour les idées de
Greg, afin qu’il marque la musique de son empreinte. Bernie écrit aussi de temps en
temps des parties de morceaux, et il composé évidemment ses propres soli, qui sont je
crois un élément-clé de notre son. Et Ray, lui aussi, partira de mes lignes vocales pour
faire des arrangements qui conviennent davantage à sa voix, et il fait évidemment des
choses que je ne peux pas faire avec ma voix ! Les morceaux finaux reflètent donc
l’apport de chacun.
M : James LaBrie, de Dream Theater, apparaît sur « Another Day Dies » en tant
qu’invité. Comment as-tu pensé à lui ? Lors de votre tournée en première partie
de DT en 2007 ?
Nick : Absolument. Lors de cette tournée, James était très sympa avec nous, et nous a
confié qu’il aimait beaucoup Redemption. Je lui ai demandé s’il serait intéressé
d’apparaître en tant qu’invité sur notre album, et il était très emballé par cette idée. Je
n’ai pas écrit cette chanson en pensant à lui, je n’avais même pas d’idée précise du
type d’invité qui conviendrait. Mais lorsque tous les morceaux furent achevés, j’ai su
que les couplets de « Another Day Dies » sonneraient d’enfer avec la voix de James.
J’ai également pensé à ce duo lors du refrain. Je lui ai alors envoyé la démo préproduite et lui ai demandé son avis. Il adorait l’idée, et nous sommes partis là-dessus.
M : Depuis 2004, Fates Warning (le groupe de Ray Alder) n’est plus très actif.
Redemption, par contre, a depuis sorti 3 albums. Cela indiquerait-il que
Redemption est devenu la priorité de Ray ?
Nick : Redemption est un vrai groupe aux yeux de Ray, pas juste un side project. Mais
Fates Warning reste son groupe principal. Lorsque Ray nous a rejoints, j’ai été très
clair sur mon exigence qu’il soit à même de se dédier à fond à nous, tout en respectant
la priorité accordée à Fates. Nous avons fait attention à cette dynamique, de sorte qu’il
n’y ait que peu ou pas de conflits entre les deux groupes. C’est pratique, aussi, que
Fates et Redemption ont tendance à être actifs à des moments différents. Par exemple,
Ray est en train d’écrire un nouvel album de Fates en ce moment [note : et hop, une
petite info intéressante captée au passage], tandis que Redemption fait une pause de
quelques mois avant de partir défendre cet album en concert.
M : Lorsque votre album éponyme est sorti, et encore davantage à la sortie de
The Fullness of Time, vous avez rapidement été très respectés dans la
communauté prog. Ce succès initial a-t-il mis beaucoup de pression sur vos
épaules pour l’avenir ?
Nick : Tout à fait. Lorsque Fullness… est sorti, j’ai su que c’était quelque chose de
spécial, un grand pas en avant par rapport à l’album éponyme. Depuis cette époque-là,
j’ai toujours ressenti un réel besoin de faire en sorte que chaque nouvelle sortie soit du
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même niveau que notre passé, et qu’une partie de nos fans au moins pense que c’est la
meilleure chose que nous ayons faite. Nous continuons à mettre la barre plus haut, et
cela devient de plus en plus difficile. Mais c’est ainsi que ça doit être.
« Lorsque Ray [Alder] nous a rejoints, j’ai été très clair sur mon
exigence qu’il soit à même de se dédier à fond à nous, tout en
respectant la priorité accordée à Fates [Warning]. » (Nick van
Dyk)
M : Que se cache-t-il derrière le titre de l’album, Snowfall on Judgment Day ?
Nick : Etonnamment, pas autant qu’on pourrait le croire. Pour les deux précédents
albums, j’avais un lien évident entre le titre et les paroles. Pour ce disque, il n’y aucun
lien. J’aimais la manière dont le titre sonnait, le son des mots et leur assemblage, la
connotation mystérieuse qui s’en dégage. Et ça colle à notre thème général de mélange
entre les ténèbres et la lumière. Nos paroles sont mélancoliques mais il y a de l’espoir
sous-jacent.
M : Justement, tu es connu pour tes paroles assez profondes avec Redemption. Y
a-t-il un fil rouge, un thème général qui parcoure l’album ?
Nick : Rien de particulier, non. Au plus haut niveau d’abstraction, nos paroles traitent
de relations humaines : les relations avec nous-mêmes, avec les autres et avec le
monde qui nous entoure. Sur cet album, par exemple, « Peel » évoque le fait de se
comprendre soi-même, « Walls » parle de la relation avec les autres, et « Leviathan
Rising » traite de la société dans laquelle nous évoluons.
M : Peux-tu extraire une chanson de Snowfall… et nous parler de ses paroles plus
en détails ?
Nick : Pour continuer sur ce morceau, « Leviathan Rising » parle du rôle du
gouvernement dans la société. Ce titre provient du livre Leviathan par Thomas
Hobbes, un des livres de philosophie politique les plus célèbres [note : publié en 1651,
cet ouvrage est un des piliers de la théorie du contrat social, qui s’intéresse aux
façons dont les êtres humains se sont organisés en états afin de bâtir un ordre social].
Dans ce livre, il est dit qu’une vie sans gouvernement serait dangereuse car les pires
instincts de l’Homme amèneraient à beaucoup de violence, et que nous devrions par
conséquent être heureux d’abandonner une grande part de notre liberté à l’état, car
c’est dans l’intérêt du maintien de l’ordre. Comme tu peux le déduire des samples
qu’on entend dans le morceau – et qui proviennent du film V For Vendetta [note :
James McTeigue, 2006] ainsi que des images d’archives du massacre de la Place
Tiananmen [note : En avril 1989, environ 1 million de Chinois, principalement des
étudiants et des intellectuels, se réunirent sur cette place de Pékin afin de protester
contre le régime autoritaire du pays. Après sept semaines de protestations, l’armée
populaire envahit la place et cassa le mouvement, ce qui symbolisa le fin des espoirs
démocratiques en Chine. Le nombre de morts causés par l’intervention de l’armée
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n’est pas connu précisément, mais on évoque aujourd’hui entre 400 et 800 victimes] –
je ne rejoins pas cette point de vue. Le gouvernement a outrepassé ses droits aussi bien
sociaux qu’économiques, et aux Etats-Unis nous jouissons aujourd’hui de moins de
libertés que jamais auparavant. L’ensemble des réformes économiques qui nous ont été
imposées ces dernières années sont financièrement désastreuses et n’ont aucun sens.
Entre-temps, les libertés civiles qui furent balayées par l’administration précédente ont
orienté le pays dans une mauvaise direction. Ce qui est triste, c’est que peu de gens
font le lien entre ces deux événements. Le problème n’est pas les objectifs du
président. Le problème, c’est la nature même du gouvernement : la bureaucratie
n’existe que pour étendre ses pouvoirs encore et encore, et la Baie de Guantanamo et
la proposition de législation des soins de santé aux Etats-Unis sont en réalité deux
faces du même problème.
« Le problème n’est pas les objectifs du président. Le problème,
c’est la nature même du gouvernement : la bureaucratie n’existe
que pour étendre ses pouvoirs encore et encore, et la Baie de
Guantanamo et la proposition de législation des soins de santé aux
Etats-Unis sont en réalité deux faces du même problème. » (Nick
van Dyk)
M : En tant que parolier qui traite de sujets assez profonds, que penses-tu de
cette tendance assez commune dans le metal à écrire sur des démons, la fête ou
encore les thèmes d’heroic-fantasy ?
Nick : Vu ma dernière réponse, écrire des histoires de trolls est assez bidon, tu ne
trouves pas ? . Plus sérieusement, je ne suis pas là pour dire aux gens sur quoi ils
doivent écrire, mais beaucoup de paroles dans le metal sont assez juvéniles et reflètent
une évolution limitée des compositeurs. Beaucoup de gens commencent à s’intéresser
au metal dans leurs jeunes années parce qu’ils ne se retrouvent pas dans les goûts
populaires – du moins, c’est mon cas et celui de la plupart des autres aux Etats-Unis.
Et on observe alors une tendance commune au sein de ces gens-là à vouloir se
retrancher dans un monde imaginaire, ou devenir des gens sombres et effrayants qui
adorent le diable, et cela afin de se sentir plus importants par rapport aux gens
populaires. Selon moi, les paroles traitant d’alcool et de fêtes sont les moins
embarrassantes parmi les trois catégories, elles sont juste un peu creuses, ce qui n’est
pas un problème, je suppose. Parfois, c’est sympa de « rock and roll all nite, party
every day » [note : évidemment une référence à l’hymne de Kiss de 1975] au lieu de se
soucier du rôle du gouvernement .
M : Plus tôt cette année, Redemption a sorti son premier album/DVD live. Que
peux-tu nous en dire ?
Nick : Nous avions achevé la tournée avec Dream Theater un peu plus d’un mois avant
le festival ProgPower [note : festival tenu aux Pays-Bas depuis 1999, et décliné
aujourd’hui en versions américaine, britannique et scandinave], et nous devions y
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jouer devant un large public avec un tournage avec plusieurs caméras qui déjà planifié
quoi qu’il en soit, donc il était logique d’en profiter pour réaliser ce DVD. Le groupe
était bien en place et nous avons fait en sorte que le résultat reste très authentique, de
sorte que ça ne devienne pas une performance stérile. Nous y avons inclus beaucoup
d’images bonus tirées de la tournée avec Dream Theater, et elles sont vachement
marrantes. Je pense que c’est une excellente photographie du groupe à un moment
important dans sa jeune carrière.
M : Parlons de musique progressive au sens large. Pendant longtemps, le style a
été sous-estimé, voire snobé et étiqueté comme « pas cool ». Mais il est revenu en
force ces dernières années, au point qu’il existe aujourd’hui un festival
exclusivement dédié au genre (le « Progressive Nation » lancé par Mike Portnoy
de Dream Theater), qui remporte un beau succès. Que penses-tu de l’évolution
récente du style et de son regain de popularité ?
Nick : En Europe, j’entends ce genre d’avis de la part de bon nombre de journalistes,
ce qui est évidemment génial, mais je ne constate pas de réelle augmentation de
popularité aux Etats-Unis. Même s’il y a quand même des signes qui ne trompent pas –
le dernier album de Dream Theater s’est, par exemple, très bien vendu. Ce que je
pense, c’est que même dans la branche la plus « populaire » du metal, nous sommes au
moins revenus à des soli de guitare et à une attention aux instruments, ce qui est une
très bonne chose. Et naturellement, cela rend la musique progressive plus cool qu’à
l’époque où le grunge était à la mode, par exemple.
« Beaucoup de gens commencent à s’intéresser au metal dans
leurs jeunes années parce qu’ils ne se retrouvent pas dans les
goûts populaires […] On observe alors une tendance commune au
sein de ces gens-là à vouloir se retrancher dans un monde
imaginaire, ou devenir des gens sombres et effrayants qui adorent
le diable, et cela afin de se sentir plus importants par rapport aux
gens populaires. » (Nick van Dyk)
M : Dans son histoire, Redemption a été proche de deux figures de proues du
prog, Symphony X [note : Jason Rullo de SymX joue sur le premier album
éponyme du groupe, et Michael Romeo s’y charge des arrangements orchestraux]
et Dream Theater [note : cf. la tournée et la présence de James LaBrie sur le
dernier album]. Que penses-tu de l’évolution de ces deux formations ?
Nick : Je ne tarirai jamais d’éloges à leur égard. Dream Theater ont défini un genre
musical et ils sont toujours énormes. Je pense qu’ils sont critiqués par pas mal de gens
simplement parce qu’ils ont du succès. Et ces mêmes jeunes rebelles qui aiment se
sentir importants en soutenant un groupe que les gens cool ne connaissent pas, sont
déçus lorsque ce groupe en question devient suffisamment gros pour se faire connaître
en-dehors de leur cercle . Mais les faits sont là : personne n’est capable de faire ce
que ces gars font. Quant à Symphony X, ce qui me fascine chez eux, outre la voix
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phénoménale de Russell [note : Russell Allen], c’est le soin que Michael Romeo
apporte à ses compositions. Cela ne se remarque pas sur chaque morceau, mais lorsque
tout s’emboîte bien, nous sommes plus proches d’une composition classique
incroyablement perfectionnée que d’une musique populaire. Des morceaux comme
« The Accolade » [note : sur The Divine Wings of Tragedy, 1997] sont, à mon sens,
une démonstration de composition parfaite.
M : Comment es-tu entré pour la première fois en contact avec la musique
progressive ?
Nick : En ne considérant pas la musique classique, qui occupe une grande partie de
mon éducation, je pense que ça doit être Signals de Rush [note : 1982], même si je ne
l’identifiais pas nécessairement comme de la « musique progressive ». Je trouvais que
« Subdivisions » [note : titre d’ouverture de l’album] était le truc le plus cool que
j’avais jamais entendu. Une fois que je pris conscience de ce qu’était la musique
progressive, je dirais que j’ai découvert plus ou moins simultanément le thrash
technique (les débuts de Megadeth, par exemple) et le prog rock (Kansas par
exemple).
M : Plus globalement, quel est ton passé musical ? Quels sont les premiers
groupes que tu aies découverts ?
Nick : J’ai grandi en écoutant du NWOBHM et des groupes associés à ce style, comme
Maiden, Priest, Sabbath, Ozzy etc. Je vivais dans une banlieue de San Francisco, donc
j’étais là lorsque la scène thrash est née. J’ai vu Megadeth jouer devant 50 personnes
avant la sortie de Peace Sells…, par exemple, ce genre de choses-là… En considérant
cela et mon éducation à la musique classique, cela explique sûrement mon amour pour
la complexité musicale. Cela explique aussi pourquoi nous sommes un peu plus heavy
que la plupart des groupes prog. J’ai commencé comme metalhead et c’est seulement
par après que j’ai commencé à apprécier le rock progressif, non l’inverse.
« Il y a beaucoup de clones de Dream Theater. Etre un musicien
de metal progressif nécessite un certain niveau de connaissance
musicale et certaines aptitudes techniques, mais cela ne requiert
pas d’être un compositeur particulièrement créatif. » (Nick van
Dyk)
M : Une question assez ouverte, maintenant : à ton avis, qu’est-ce qui définit
avant tout un musicien typé « progressif » ?
Nick : Il y a deux façons de voir la chose, et elles sont liées à ce qu’on entend par le
mot « progressif ». D’une part, il y a ce style musical qu’on nomme « Metal
Progressif » avec un « P » majuscule. Celui-ci s’applique à des groupes qui composent
en utilisant des signatures rythmiques non-classiques ou changeantes, qui ne suivent
pas nécessairement la structure couplet/refrain/couplet/refrain/bridge/refrain d’une
chanson, qui ont des parties techniques dans leur musique, etc. D’autre part, il y a cette
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notion d’une musique « progressive » avec un « p » minuscule, qui s’appuie sur la
notion de changement. Dans ce cas-là, il n’est pas question de correspondre aux codes
du metal progressif, mais de repousser les limites et d’évoluer constamment. Il est
clairement possible d’être un musicien de metal progressif sans être progressif. Par
exemple, il y a beaucoup de clones de Dream Theater. Etre un musicien de metal
progressif nécessite un certain niveau de connaissance musicale et certaines aptitudes
techniques, mais cela ne requiert pas d’être un compositeur particulièrement créatif,
par exemple. D’autres peuvent faire du progressif juste pour le plaisir de faire du
progressif, et en laissant leurs fans sur la touche. Je pense à un groupe jadis considéré
comme majeur dans la scène metal progressif, et qui a évolué tellement loin des
préceptes du genre que bon nombre de leurs fans n’y comprennent plus rien. Pour moi,
un exemple de quelqu’un qui correspond aux deux définitions que je viens de donner,
et qui est un des musiciens les plus brillants au monde, c’est Devin Townsend.
M : Nous allons achever cette interview par la question traditionnelle de Rock ‘n
Balls : quel est ton top-3 des albums de tous les temps ?
Nick : Black Sabbath, Heaven and Hell. Des compositions qui n’ont pas vieilli et le
plus grand chanteur de l’histoire de la musique heavy.
Rush, Moving Pictures. Encore des compositions qui n’ont pas pris une ride, et
l’album qui a prouvé que la musique progressive pouvait être synonyme de morceaux
accrocheurs et non de longs exercices stériles.
Dream Theater, Images and Words. Un album qui a défini un genre et qui a poussé les
qualités instrumentales dans la musique heavy à un niveau jamais atteint auparavant.
M : Nick, un grand merci pour cette interview très intéressante. Je te laisse les
derniers mots pour clore les débats… A bientôt et bonne chance !
Nick : Ce fut une excellente interview avec beaucoup de questions intéressantes !
Merci à toi et à vos lecteurs pour l’intérêt que vous nous portez !
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The Art of crafting progressive music
Redemption’s newest ofefring, Snowfall on Judgment Day,
hasn’t fully convinced our team, but that doesn’t mean the
American prog band is no longer one of the best of its
generation. Combining art of melody, technical proficiency and
composing skills, Redemption has since its birth placed itself at
the crossroads between Dream Theater and Symphony X.
Guitarist and main writer Nick van Dyk defends his new baby,
has ambivalent love for progressive and metal as a whole, and
his will to keep pushing the boundaries further and further. He
also reflects with us on what progressive music is and who its
past and current representatives are. We’ve got a lot to do, so
let’s get on with it!
Conversation with Nick van Dyk (guitar, keyboard, composing)
Interview & editing by Mastema
Mastema (Rock ‘n Balls): Hi Nick how are you? Snowfall on Judgment Day has
been out for a few months now: did you manage to take enough distance to judge
this record and compare it to its predecessors?
Nick van Dyk: It’s funny…the way this usually works is I am so immersed in the
music as it is being recorded and, particularly, as it is being mixed that I have a very
good idea of where I think it falls relative to its predecessors. Then it is a matter,
though, of watching the reaction to the CD once it has been released. Just this
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morning, for example, I read a review that said Ray’s vocals are more out in front on
this CD than in the past, and another review that said they are not as audible in the
mix. To some degree, I suppose it is like another love of mine – wine. Two people can
drink the same glass of wine and have very different impressions. I do think there is
consistency around a few things, though. This is a record with heavier production than
we’ve had in the past, which enabled us to push the envelope a bit further in terms of
combining heavy riffing with the strong melodies that we go for. I think the songs are
very organic and don’t sound “assembled”, if that makes sense. And I think the
material is a bit more varied than the previous release. Most folks, I think, would agree
with these assertions.
M: You just mentioned it: I was quite surprised to hear Ray being mixed quite
discretely, which results in less moving sections on the album. Did you want the
album to sound more in-your-face, maybe a bit colder?
Nick: Not particularly. It’s funny, as I said, different people hear different things in the
vocals. I don’t think we have the perfect production – I’m still searching for it. I hear
things that I would change. But I think the vocals are warm enough. I like room on the
vocals, even though that’s not stylistically where things are headed these days. The
vocals would be a lot colder without the room, and one of the mixes we had was
considerably colder than the finished product.
M: Redemption’s style has always been defined by strong musicianship, great
melodies and complex songs. When starting to write the new record, was there a
challenge you wanted to meet, an artistic aim, a new limit you wanted to explore?
Nick: Nothing specific, although continuing to push the envelope in combining the
heaviness and the strong melodies was a goal. Mostly, though, I’m trying to raise the
bar compositionally and performance-wise with each record. Every artist wants to say
“this is our best CD” with each new release. I want that to be the absolute truth in
Redemption’s case.
“Every artist wants to say “this is our best CD” with each new
release. I want that to be the absolute truth in Redemption’s
case.” (Nick van Dyk)
M: What are the other members’ inputs on the songwriting?
Nick: I write all the songs, but then we incorporate ideas from everybody. Typically I
will finish writing the record and send the pre-production rough mixes out to the rest
of the guys, who sometimes have comments or changes. Then when we record, Chris
and Sean and Greg will all have ideas that they will add or change in studio. Usually I
have a very rudimentary idea of what I’m hearing on drums or bass, and the guys will
take those ideas and go from there and make their own parts, which we work on
further in the studio. With keys, usually I could write everything but I tried to leave it
open a bit more so that Greg could make his mark on things. Bernie occasionally
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writes parts for songs but of course also always does his own soloing which I think is a
key part of our sound. And Ray will take my vocal lines and make changes that suit his
voice, and of course do things with his voice that I cannot do! In this way, the finished
songs reflect everybody’s input.
M: How did James LaBrie get invited to perform on “Another Day Dies”? Did
you think of it during the tour you did in 2007 in support of Dream Theater?
Nick: Yes. When we were touring, James was particularly gracious and told me he
really liked what Redemption was doing. I asked him if he’d be interested in doing a
guest appearance and he was totally fired up about it. I didn’t write that song for him,
and I didn’t really even know what type of guest appearance would work, but when the
songs were all finished, I knew the verses in “Another Day Dies” would sound great
with James’ delivery, and the idea for the duet during the chorus came to me as well,
and I sent him the pre-production demo and asked him what he thought. He loved the
idea, and here we are.
M: Since 2004, Fates warning isn’t very active. Redemption, on the other hand,
has released 3 albums since then. Did Redemption become Ray Alder’s musical
priority?
Nick: Redemption is a band to Ray, not just a side project. However Fates Warning is
his first band. When Ray joined Redemption, I was very clear that I wanted him to be
able to commit himself fully to us, while still respecting the priority of Fates. We have
been careful to manage this dynamic so that there is minimal, if any, conflict. It also
helps that Fates and Redemption have tended to be active at different times. For
example, Ray is writing a new Fates record now, while Redemption is taking a break
for a couple of months before we start playing out live in support of this record.
M: When your self-titled album came out, and even more when The Fullness of
Time was released, Redemption gained a huge respect from the prog community.
Did this put any particular pressure on your shoulders for the next records?
Nick: Absolutely. When Fullness came out, I knew it was something special and a
major step forward from the self-titled. Since that moment, I’ve felt a real need to
make sure each record stands up to our catalog and has its share of fans, at the very
least, who feel it is the best thing we have done. We continue to raise the bar, and it
does get more and more difficult. Which is as it should be.
“When Ray joined Redemption, I was very clear that I wanted
him to be able to commit himself fully to us, while still respecting
the priority of Fates.” (Nick van Dyk)
M: What’s behind the album title?
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Nick: Interestingly, not as much as you would think. For the previous two CDs, I had a
definite connection between the title and the lyrics. For this CD, there’s no connection
at all. The title was something that I liked the cadence of – just the sound of the words
and how they flowed together, and it has a kind of mysterious connotation. And it’s
consistent with our overall theme of combining darkness and light; our lyrics are
melancholy but there is underlying hope.
M: You’re well-known for writing in-depth lyrics. Is there a common theme to
this album, lyrically speaking?
Nick: Not particularly. At the highest level of abstraction, our lyrics are about human
relationships: our relationships with ourselves, with others, and with the world around
us. On this CD, for example, “Peel” is about understanding oneself, “Walls” is about
relating to another person, and “Leviathan Rising” is about society around us.
M: Could you take just one song off Snowfall... and give us an insight on the its
lyrics?
Nick: Continuing on that particular track, “Leviathan Rising” is about the role of
government in society. The title comes from the book Leviathan, by Thomas Hobbes,
which is one of the most famous books in political philosophy. It asserts that life
without government would be a dangerous place where people’s worst instincts
resulted in a great deal of enmity, and as a result we should be glad to surrender a large
amount of our freedom to the state in the interest of maintaining order. As you can
imagine from the sound bites in the song – which come from the movie V for Vendetta
and from news footage of the Tienanmen Square massacre – I don’t agree with this
point of view. Government has overstepped its bounds both socially and economically
and we are operating, in the US, with fewer freedoms than we have ever had. The
package of economic reforms that has been pushed through over the past couple of
years is financially disastrous and wrong-headed. Meanwhile the civil liberties that
were wiped out with the prior administration moved the country in the wrong
direction. What’s saddening is that very few people draw the connection between the
two. The problem isn’t the agenda of a President. The problem is the nature of
government: the bureaucracy exists to grow, and Guantanamo Bay and the proposed
healthcare legislation in the US are just two sides of the same problem.
“The problem isn’t the agenda of a President. The problem is the
nature of government: the bureaucracy exists to grow, and
Guantanamo Bay and the proposed healthcare legislation in the
US are just two sides of the same problem.” (Nick van Dyk)
M: What do you think of all the demonic, partying or heroic-fantasy lyrics that
are so common on today’s metal?
Nick: Having just written that last answer, singing about trolls is pretty lame, don’t
you think?  Joking aside, I’m not here to tell people what they should write about,
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but a lot of lyrics in metal are pretty juvenile and they reflect arrested development on
the part of the songwriters. A lot of people get into heavy metal in their teen years
because they aren’t in the popular crowd – at least that’s how it happened with me and
with most others in the States. And there are commonalities with these people wanting
to retreat into fantasy worlds, or becoming dark and scary devil worshipping types as a
way of making themselves feel more important than the popular kids. I suppose the
party lyrics are the least embarrassing of the three categories to me, but they’re just a
little on the shallow side. Which is fine, I guess. Sometimes it’s okay to “rock and roll
all nite, party every day” instead of worrying about the role of government. 
M: Earlier this year, Redemption also released their first live album & DVD.
What can you tell us about that?
Nick: We had come off tour with Dream Theater a little more than a month before the
Progpower festival, and we were going to play a strong set there in front of a great
crowd with a multicamera shoot all ready to go, so it was a logical thing to do to
capture it on DVD. The band is very tight, and we left it very true-to-life so it’s not a
sterile performance. We included a lot of bonus footage from the tour with Dream
Theater which is pretty damn funny if I say so myself. I think it’s a great snapshot of
the band at an important point in its early history.
M: Let’s talk about progressive music as a whole now. For a long time, it has
been underrated and labelled “uncool”, but it has come back strong these last
years, and now there’s even a big prog metal festival, “Progressive Nation”,
created by Mike Portnoy. What do you of this genre’s current evolution, its
regaining popularity?
Nick: I hear about this from a lot of journalists in Europe, which is certainly great, but
I don’t see a big change in popularity in the states. Although I suppose there is
evidence – the most recent Dream Theater record sold very well. I do think that even
in the “popular” branch of heavy music, we have at least returned to a place where
there are guitar solos and some emphasis is placed on musicianship, which is a very
good thing, and that naturally makes progressive music cooler than it was when grunge
was popular, for example.
“A lot of people get into heavy metal in their teen years because
they aren’t in the popular crowd […] And there are
commonalities with these people wanting to retreat into fantasy
worlds, or becoming dark and scary devil worshipping types as a
way of making themselves feel more important than the popular
kids.” (Nick van Dyk)
M: In its history, Redemption has been close to two other prominent bands,
Symphony X and Dream Theater. What do you think of both bands’ evolution?
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Nick: I really can’t say enough about either of these bands. Dream Theater defined a
genre of music and continues to be larger than life. I think they come under fire from a
lot of people simply because they have achieved success. And the same group of misfit
teenagers that like to feel important because they have their own band that the cool
people don’t know about feel let down when the band becomes large enough to be
known outside their circle.  But the reality is, nobody performs like these guys. As
for Symphony X, what blows me away about them, other than Russell’s voice which is
phenomenal, is the care which Michael Romeo puts into composition. It’s not seen in
every song, but when something comes together it is closer to the incredibly perfected
composition of classical music than it is to popular music. Something like “The
Accolade” is basically an exercise in perfect composition as far as I’m concerned.
M: What was your first personal contact with progressive music?
Nick: If you exclude classical music, which is what I was raised on in large degree, it
would probably have been Signals by Rush, although I didn’t even necessarily
recognize it was “progressive music” as such. I just knew “Subdivisions” was the
coolest thing I’d ever heard. Once I became cognizant of what progressive music was,
I would say that I was exposed at roughly the same time to technical thrash (e.g. early
Megadeth) and prog rock (e.g. Kansas).
M: What is your musical background? What were some of your first favourite
bands/records?
Nick: I grew up on the NWOBHM and associated bands. Maiden, Priest, Sabbath,
Ozzy, etc. I lived in a suburb of San Francisco, so when the thrash movement was born
I was lucky to be there as well. Seeing Megadeth play in front of 50 people before
Peace Sells got released, that sort of thing. Between these things, and the classical
training I had, that probably explains where my appreciation for complexity came
from. But it also explains why we are a bit heavier than some other prog bands. I
started out as a metalhead and later came to really enjoy progressive rock, rather than
the other way around.
“There are many Dream Theater clones out there. Being a
Progressive Metal music requires a certain degree of musical
knowledge and a certain amount of technical proficiency, but it
doesn’t require that one be a particularly creative songwriter.”
(Nick van Dyk)
M: A very open question now: in your opinion, what defines a “progressive”
rock/metal musician above all things?
Nick: There are two ways to look at this, I think, and it comes down to what one thinks
of in terms of the word “progressive.” On the one hand, there is a genre of music
called “Progressive Metal” with a capital “P”. This specifically refers to bands that
write in non-standard and/or changing time signatures, don’t necessarily follow the
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typical verse / chorus / verse / chorus / bridge / chorus structure of a song, have
technical parts in their music, etc. On the other hand, there is the notion of music being
“progressive” with a small “p”, meaning change. Here, it’s not about fitting into the
Progressive Metal genre, but it’s about pushing boundaries and constant evolution. It’s
definitely possible to be a Progressive Metal musician without being progressive.
There are many Dream Theater clones out there, for example. Being a Progressive
Metal music requires a certain degree of musical knowledge and a certain amount of
technical proficiency, but it doesn’t require that one be a particularly creative
songwriter, for example. Meanwhile, one can be progressive for the sake of being
progressive and really leave the fans behind. There’s a prominent band that used to be
considered Progressive Metal that I’m thinking of, and they have moved so far afield
from what one thinks of in that genre of music that a lot of their fans just scratch their
heads. For what it’s worth, an example of somebody who fits both descriptions, and
who is one of the most brilliant musicians in the world, is Devin Townsend.
M: I’ll end with a traditional Rock ‘n Balls question: what is your personal top-3
albums of all time list, and why?
Nick: Black Sabbath – Heaven and Hell. Songwriting that stands the test of time and
the greatest vocalist in the history of heavy music.
Rush – Moving Pictures. More songwriting that stands the test of time and the album
that proved progressive music could be about songs with hooks rather than just long,
meandering exercises.
Dream Theater – Images and Words. Defined a genre and advanced the state of
musicianship in heavy music in a way that had never been done before.
M: All right Nick, thanks a lot for your time man! The last words for our readers
are all yours… Take care, cheers!
Nick: This has been a great interview with a lot of interesting questions! Thanks
to you, and to your readers for their interest!
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