Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
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▲ ROYAUME DU MAROC CONSEIL NATIONAL DE LA JEUNESSE ET DE L'AVENIR Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? Programme d'action pour une meilleure articulation entre l'Education, la Formation et l'Emploi Troisième Session du Conseil Rabat, 16, 17 & 18 février 1993 ▲ CONSEIL NATIONAL DE LA JEUNESSE ET DE L'AVENIR Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? Programme d'action pour une meilleure articulation entre l'Education, la Formation et l'Emploi Troisième Session du Conseil Rabat, 16, 17 & 18 février 1993 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? Programme d'action pour une meilleure articulation entre l'Education, la Formation et l'Emploi Troisième Session du Conseil Rabat, 16, 17 & 18 février 1993 ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 SOMMAIRE Préface Introduction générale 11 Première partie L’emploi : diagnostic, tendances et perspectives 17 Chapitre I : Analyse rétrospective des tendances de l’économie et de l’emploi 18 I. Les tendances de l’activité économique II. Les tendances de l’emploi 19 26 Chapitre II : Perspectives de l’emploi à l’horizon 2005 47 I. Sources statistiques et méthodes de projection II. Perspectives de l’emploi par secteur et par catégorie de diplômes III. Perspectives de l’emploi par famille de profession en milieu urbain IV. Diffusion des technologies dans les secteurs d’activité et leur impact sur les structures des emplois Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 48 60 71 98 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? Deuxième partie Le système éducatif : diagnostic, tendances et perspectives 103 Chapitre I : Le système de l’enseignement fondamental et secondaire (EFS) 107 I. La réforme du système éducatif II. Diagnostic et tendances du système de l’Enseignement Fondamental et Secondaire 109 Chapitre II : Le système de la Formation Professionnelle (SFP) 119 I. L’organisation du SFP II. Les orientations du système de formation 1993-2000 III. Ajustement du système de formation professionnelle Chapitre III : Le système de l’enseignement supérieur (SES) I. La mission du système de l’enseignement supérieur II. La dynamique organisationnelle du système d’enseignement supérieur 108 120 121 133 140 140 141 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 III. Les grandes tendances du système d’enseignement supérieur IV. Les outputs du système d’enseignement supérieur à l’horizon 2000 V. Les dysfonctionnements du système de l’enseignement supérieur 148 154 158 Troisième Partie Programme d'action pour une meilleure articulation entre l'Education, la Formation et l'Emploi 167 Chapitre I : Objectifs et Philosophie du Programme d’action 167 Chapitre II : Rapprochement entre offre et demande de formation 175 Chapitre III : Actions pour une meilleure articulation entre l’éducation, la formation et l’emploi 180 1. Education de base et préparation à la vie active (Mesures n° 1, 2, 3 & 4) 2. Formation concertée et insertion professionnelle (Mesures n° 5, 6, 7 & 8) 3. Conditions d’un renforcement du partenariat entre le système éducatif et le monde du travail (Mesures n° 9, 10, 11 & 12) Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 181 191 199 ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 INTRODUCTION GENERALE I. OBJECTIFS DE L’ÉTUDE L a politique de l’emploi est, désormais, une variante stratégique de la politique économique. Les mécanismes de relance de la croissance économique ne sont pas, nécessairement, porteurs de plein emploi. L’évolution positive de la croissance économique est, aujourd’hui, accompagnée d’une évolution régressive de l’emploi. Une des raisons en est que l’emploi - catégorie quantitative - est également un phénomène qualitatif. La relation formation-emploi montre que la création d’emploi - facteur économique - est aussi fonction de la disponibilité d’un profil de formation correspondant, fait qualitatif. Une relation dont la maîtrise interpelle le Système Educatif et le Système Productif : 1 - Quelles sont les capacités d’adaptation du Système Educatif à un environnement économique et social qui connaît des transformations profondes ? Comment les améliorer ? 2 - La croissance de l’emploi permettra-t-elle de faire face à la pression galopante des jeunes diplômés sur le marché du travail ? Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 11 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? 3 - Les entreprises et les administrations trouveront-elles les profils de formation qu’elles recherchent? Ces quelques interrogations permettent d’alimenter la réflexion sur la relation formation-emploi, l’objectif étant de contribuer à un rapprochement entre les besoins de l’économie et les sortants du Système Educatif, pour cerner les inadaptations et les insuffisances et de l’appareil de formation et du Système Productif, afin de concevoir les mesures et les correctifs nécessaires. Dans cette perspective, il convient de préciser que la recherche des mesures et actions à entreprendre ne doit nullement procéder d’une approche instrumentale et réductrice de l’articulation visée entre Système Educatif (entendu au sens large) et Système Productif. L’articulation recherchée ne peut être que relative en raison des particularités des durées et des cycles d’évolution propres aux deux systèmes. Le système d’enseignement est soumis à des cycles de transformation relativement longs, alors que le Système Productif peut varier brutalement au fil des contingences économiques, en particulier au niveau de la dynamique de création d’emploi. Il en découle que l’imprévisibilité relative de ces évolutions montre que la définition de l’articulation comme une notion stratégique est difficile à cerner dans toutes ses dimensions. Il est évident que le système éducatif marocain ne répond pas uniquement aux besoins exprimés par le marché de l’emploi. Sa fonction est beaucoup plus large, car à la “ demande économique” exprimée directement par l’offre d’emplois, s’ajoute également la demande socio-culturelle tout aussi fondamentale à satisfaire. Dès lors il devient délicat de mesurer les performances du système éducatif uniquement à travers le degré de déséquilibre entre l’offre et la demande d’emplois. Ceci est d’autant plus vrai que l’équilibre sur le marché de l’emploi ne dépend pas uniquement de la dynamique du Système Educatif, mais également et surtout du dynamisme présent et futur du système productif. Néanmoins, en dépit de toutes ces difficultés, la recherche d’une articulation relative entre Système Educatif et Système Productif est, aujourd’hui, un enjeu national fondamental tant sur le plan économique que socio-politique. Dans le prolongement des réflexions et analyses menées par le Conseil National de la Jeunesse et de l’Avenir, cette étude repose sur une démarche systémique prospective dont l’objectif majeur consiste : à cerner, au double niveau quantitatif et qualitatif, les performances et dysfonctionnements présents et prévisibles entre Système Educatif et Système Productif par référence à leur efficacité externe au sein du marché du travail. 12 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 II. PRÉSENTATION DES PRINCIPAUX RÉSULTATS QUANTITATIFS DE L’ÉTUDE Avec une croissance réelle moyenne de 3,7% pour la période 1980-1990, la situation globale de l’économie marocaine est relativement performante. Les efforts financiers consentis dans le domaine de l’éducation sont importants et dépassent 7% du PNB contre 6% dans l’ensemble des pays arabes et 4,5% seulement dans le cas des pays dont le PNB par tête est comparable à celui du Maroc. Ces indicateurs contrastent, cependant, avec l’évolution de l’emploi et des performances quantitatives du Système Educatif. 1 - Sur une population active totale estimée à près de 9.933.000 personnes en 1990-1991, en progression de 2,8% depuis 1987 en moyenne annuelle, la partie en chômage s’élève à 1.094.000 personnes, soit un taux de chômage de 20,6% en milieu urbain et de 5,6% en milieu rural. Ces données traduisent une dégradation de la situation de l’emploi au Maroc : de 8,8% qu’il était en 1971, le taux de chômage en milieu urbain est passé à 10,7% en 1982 avant d’atteindre 14,7% en 1987 et grimper à 20,6% en 1991. 2 - Les performances quantitatives modestes du Système Educatif sont perceptibles au niveau du taux de scolarisation net dans le premier cycle de l’enseignement de base qui représente 57,7% en 1990-91. Cette situation est largement imputable à une faible scolarisation en milieu rural où le taux net de scolarisation dans le premier cycle de l’enseignement de base ne dépasse pas en moyenne les 36,7%. 3 - Ces performances sont d’autant plus modestes quand on relève que 15,1% seulement des enfants d’une génération parviennent en fin de secondaire. Faiblesse de l’accès et importance des déperditions en cours d’étude (58% des sorties du Système) constituent les empreintes majeures du Système Educatif. 4 - L’examen de la structure par sexe, par âge et par diplôme de la population active en chômage montre une prédominance du sexe masculin (65,1%), des jeunes (52,4%), des diplômés (46,4%). Plus de 54% des jeunes en quête d’emploi ont soit le certificat d’études primaires (22,4%) soit le certificat d’études secondaires (32,4%). Près de 44% de la population active en chômage ont soit un baccalauréat et plus (22,5%) soit un diplôme de formation professionnelle (21,4%). Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 13 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? En effet, l’analyse des flux des “sortants” du Système Educatif semble confirmer ces tendances et traduire une forte pression des jeunes tant déscolarisés que diplômés sur le marché de l’emploi. En 1989, plus de 348.000 élèves sont rejetés de l’enseignement fondamental. Or la capacité d’accueil actuelle et prévisionnelle dans la Formation Professionnelle n’est pas en mesure d’absorber les “sortants” de l’Enseignement Fondamental et Secondaire. De plus de 50.000 en 1990, le nombre des bacheliers s’élèvera à près de 100.000 lauréats en l’an 2000 ; presque la moitié de ces effectifs serait exclue par le Système d’enseignement supérieur et se présenterait sur le marché du travail. Les lauréats de la Formation Professionnelle passeront de 44.000 en 1991 à plus de 70.000 en l’an 2000. Durant la décennie 1990, 37.000 lauréats de l’enseignement supérieur se présenteraient en moyenne annuelle sur le marché de l’emploi. 5 - Dans le financement du Système Educatif, l’Etat intervient à raison de 86%, ce qui correspond à 13,3 Milliards de Dirhams en 1990-91, soit 6,5% du PIB. Le budget du Ministère de l’Education Nationale est demeuré constant durant la décennie 80 sans priorité entre les différents niveaux d’enseignement, ce qui explique, en grande partie, le retard accusé par la scolarisation primaire. III. ENSEIGNEMENTS QUALITATIFS DE L’ÉTUDE 1 - La rationalisation et la réallocation des ressources publiques consacrées à l’éducation devrait être favorable à l’enseignement de base, notamment en milieu rural où l’analphabétisation demeure importante. Cette option permet d’élargir l’accès à l’éducation de base et de réduire ainsi les inégalités spatiales et sociales. Le rôle de l’école doit être revu en faveur d’une attention accrue à la formation professionnelle particulièrement dans les secteurs de l’agriculture et de l’informel. Il est, donc, important de ne pas minimiser la fonction culturelle de l’éducation. La richesse de l’environnement culturel du Système Educatif et l’initiation précoce et concrète aux principes de la science et de la technologie dès les premières années de l’enseignement sont l’une des bases les plus importantes de l’ajustement et de l’articulation entre le Système Educatif et le Système Productif, dans la perspective d’une adéquation toujours relative entre les produits du premier et les besoins du marché de l’emploi. La prise en compte de cette dimension culturelle permet de développer l’aptitude 14 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 à la polyvalence (en termes de formation potentielle) chez les sujets en formation et de revaloriser socialement et culturellement l’image de l’enseignement technique et professionnel. La formation spécialisée (technique et professionnelle) doit s’inscrire dans le prolongement de ces acquisitions préalables en tenant compte des orientations de l’offre d’emploi au sein du marché du travail. 2 - L’amélioration de l’efficacité interne du système Educatif passe également par la lutte contre les déperditions en cours d’études au moyen d’un accroissement de la capacité d’insertion des jeunes diplômés sur le marché du travail. La réalisation de ces objectifs implique la mise en place d’un enseignement de formation professionnelle différencié et plus souple susceptible d’absorber tous les sortants aux différents paliers éducatifs. 3 - La régulation de l’accès des jeunes à l’enseignement supérieur doit s’opérer principalement à travers la mise en place des formations courtes (Bac + 1 et Bac + 2) à finalité plus professionnelle, tout en adaptant les filières classiques d’excellence à l’évolution scientifique et technique d’une économie appelée à s’ouvrir davantage sur l’environnement mondial. Cela signifie qu’il devient nécessaire de donner au système d’éducation une plus grande capacité de réponse quantitative et qualitative à l’évolution des besoins de l’économie. 4 - La décentralisation des prises de décision et de la gestion dans le domaine de l’éducation confère au Système Educatif la souplesse nécessaire à ses adaptations nombreuses et continues. 5 - Développer une meilleure intégration entre le Système Educatif et les milieux socio-professionnels à travers plusieurs mécanismes : - pour le secteur formel, il est nécessaire, déjà au niveau de l’enseignement secondaire technique mais surtout de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur, de développer des systèmes de formation alternés et d’impliquer de la sorte l’entreprise au cours de la formation initiale ; - pour le secteur informel, urbain en particulier où se crée l’essentiel de l’offre d’emploi, il s’agit pour les formateurs d’être plus imaginatifs et d’apporter leur appui par la formation des petits producteurs et des travailleurs dans les services (indépendant ou salariés) et de favoriser l’insertion des sortants du système d’éducation ; - institutionnaliser les relations entre les établissements de formation et les milieux socio-professionnels par : • la participation de l’entreprise aux activités de formation; Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 15 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? • le développement des stages des étudiants dans l’entreprise ; • la mise en place de projets conjoints dans le domaine de la formation continue ; ce qui exige de mieux articuler la formation initiale et la formation continue afin de permettre aux jeunes et moins jeunes qui interrompent leur scolarité de reprendre leur formation à tout moment de leur vie professionnelle. Il serait utile dans cette perspective que les départements formateurs concernés engagent une réflexion avec les milieux professionnels sur les modalités concrètes de cette articulation. • la promotion de la recherche dans des domaines répondant aux préoccupations du système productif ; • le conseil et les services divers à l’entreprise . 16 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 PREMIERE PARTIE L’EMPLOI : DIAGNOSTIC, TENDANCES ET PERSPECTIVES Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 17 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? CHAPITRE I ANALYSE RETROSPECTIVE DES TENDANCES DE L’ECONOMIE ET DE L’EMPLOI L ’analyse entreprise dans ce document part du fait que la planification stratégique des ressources humaines est nécessaire et devrait se baser sur une connaissance aussi précise que possible des besoins actuels et futurs en main-d’oeuvre par secteur, profession et niveau de qualification. Même si la prévision des besoins dans ce domaine est des plus aléatoires à moyen et long terme dans un contexte économique et technologique caractérisé par l’incertitude, elle demeure néanmoins un outil indispensable pour la construction de l’avenir. Dans ce cadre, il est légitime de s’interroger sur la pertinence par rapport à l’emploi des rythmes et contenus de la croissance économique passée et future. La démarche adoptée dans cette partie du rapport est à la fois rétrospective et prospective. Dans un premier temps, une analyse approfondie des tendances passées de la croissance économique et de l’emploi est menée dans le but de sérier les problèmes du présent et qui ont des implications pour l’avenir . Dans un deuxième temps, on présente les principaux résultats des projections de l’emploi par secteur d’activité ainsi que leur décomposition par catégorie de diplômes et par famille de professions. Il convient cependant de préciser dès à présent que le travail de projec- 18 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 tion entrepris ne revêt pas un caractère mécaniste qui reviendrait à considérer comme figées les contraintes des structures de la production, de l’emploi et de la formation. IL s’agit plutôt de l’examiner avec souplesse et intelligence pour permettre au volontarisme des politiques de croissance, de l’emploi et de l’éducation-formation de se manifester. D’où l’importance de le considérer, non comme un futur fatal mais comme une référence facilitant la prise de conscience et de décision pour relever les défis qui se posent à la nation en cette fin de millénaire. I - LES TENDANCES DE L’ACTIVITE ECONOMIQUE La dynamique globale de l’emploi est déterminée dans une large mesure par le niveau et la structure de la croissance économique. L’examen rétrospectif de l’évolution de la croissance économique globalement et par secteur d’activité permettra d’une part de dégager les potentialités et les déterminants fondamentaux de la croissance de l’économie nationale et d’autre part d’apprécier l’impact que cette croissance a pu exercer sur le niveau et les caractéristiques structurelles de l’emploi. I-1 - LES TENDANCES MACRO-ÉCONOMIQUES Les tendances globales de l’économie marocaine, appréhendées à travers l’évolution du PIB, dégagent un taux de croissance réel de 4,6% en moyenne annuelle sur la période 1970-90. Sous l’effet des fluctuations de la croissance à la fois interne et externe et surtout des orientations imprimées à la politique économique, le rythme de croissance a été tout au long de cette période assez irrégulier avec de fréquentes alternances entre les phases d’accélération et de décélération. Après une période de croissance relativement lente qui a caractérisé les années soixante, l’économie marocaine devait connaître une forte relance au début des années soixante-dix favorisée par un important surplus financier à la suite de la hausse des prix des phosphates. Le taux de croissance a ainsi culminé à 6,7% par an au cours des années 1973-77 grâce à l’effort exceptionnel en Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 19 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? matière d’investissement public, orienté principalement vers les infrastructures de base, le secteur agricole et le secteur industriel. Le budget d’investissement public a en effet atteint en 1977 son niveau le plus élevé et a constitué plus de 60% de l’investissement total et près de 20% du PIB. La croissance vigoureuse qui s’en est suivie devait cependant buter rapidement sur la contrainte de financement après le retournement de la conjoncture avec la baisse des prix des phosphates doublée de l’effet du deuxième choc pétrolier. Devant cette situation, les pouvoirs publics ont été amenés à entreprendre une politique de stabilisation au cours des années 1978-80 qui a eu comme conséquence directe une décélération marquée du rythme de croissance. D’une moyenne de 6,7% qu’il était au cours du quinquennat 1973-77, celui-ci a baissé à 3,4% entre 197880. Au total, la décennie soixante-dix s’est achevée sur une croissance moyenne de 5,3% par an. La décennie quatre-vingt devrait être amorcée dans un contexte particulièrement difficile pour l’économie marocaine: aux effets de la sécheresse sévère des années 1981 et 1983 se sont ajoutés le poids de la dette extérieure, la baisse des cours des phosphates et le ralentissement important du rythme de croissance. La période 1981-83 s’est ainsi distinguée par une forte détérioration des équilibres financiers internes et externes qui a conduit les pouvoirs publics à engager l’économie nationale dans un vaste programme d’ajustement et de restructuration. Ce programme qui concrétise la nouvelle orientation de la politique économique dans le sens d’une plus grande libéralisation et d’une ouverture accrue sur l’extérieur s’est fixé comme objectif principal le rétablissement des conditions favorables à une croissance soutenue. La première moitié des années quatre-vingt a ainsi connu l’initiation et la mise en oeuvre d’une série de mesures visant l’assainissement des finances publiques, le redressement des comptes extérieurs et l’instauration d’une nouvelle dynamique du système productif. Ces mesures qui ont revêtu à la fois des aspects globaux et sectoriels ont permis une amélioration progressive de la situation des équilibres économiques et financiers ainsi qu’une relance du processus de croissance, soutenue par des conditions climatiques nettement plus favorables qu’au cours de la première moitié des années quatre-vingt. Entre 1986 et 1990, le PIB s’est en effet accru au taux moyen de 4,2% alors que pour l’ensemble de la décennie, le taux de croissance moyen a été de 3,8%. 20 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 I.2. LES TENDANCES PAR SECTEUR D’ACTIVITÉ Le processus de croissance de l’économie marocaine au cours des vingt dernières années s’est caractérisé par des transformations significatives dans la structure de la production. Appréhendés à travers les valeurs ajoutées des principales activités sectorielles, les aspects saillants de ces transformations sont, d’une part, la faible évolution de l’agriculture dont la contribution au PIB nominal s’est sensiblement réduite en passant de 19,9% en 1970 à 15,7% en 1990 et, d’autre part, le renforcement de la part des activités de l’industrie, des mines et de l’énergie qui ont totalisé près de 28% du PIB en 1990 contre 23% en 1970. En revanche, les activités du commerce et de services ont maintenu leur contribution au PIB autour de 40%. Pour le secteur du bâtiment et travaux publics, la valeur ajoutée correspondante a subi d’importantes fluctuations entre 1970 et 1990 ; elle constitue actuellement près de 6% du PIB total. Enfin, la valeur ajoutée des administrations publiques s’est établie en moyenne entre 10 et 12% du PIB tout au long de la période 1970-90. Les transformations qui se sont opérées au cours des deux dernières décennies dans le système productif résultent des rythmes de croissance différenciés au niveau des différentes branches et sous-branches de l’activité économique. On examinera dans ce qui suit les rythmes de croissance réalisés par les principales branches afin d’en dégager les traits les plus significatifs pour le développement en cours et les perspectives d’avenir. A. Agriculture Le rythme de croissance de la valeur ajoutée agricole dans son ensemble a été de 3,8% en moyenne annuelle sur la période 1970-90. On notera que ce rythme a connu un net fléchissement au cours de la décennie soixante -dix où il n’a pas dépassé 1,8% par an alors que la croissance de l’ensemble de l’économie nationale a atteint 5,3%. Cependant, la croissance de l’agriculture s’est améliorée de manière significative au cours de la décennie quatre-vingt, où l’accroissement de la valeur ajoutée agricole s’est situé à une moyenne de 5,8%. En ce qui concerne l’évolution de la production par groupe de produits, les estimations effectuées pour la période 1970-88 font apparaître une croissance annuelle moyenne de 7,8% pour les activités de culture, 7% pour les activités forestières, 2,6% pour l’élevage et 12,4% pour la pêche. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 21 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? B. Les mines Fortement tributaires de la demande extérieure et de l’évolution des cours sur les marchés internationaux, les activités minières ont connu d’importantes fluctuations pendant les deux dernières décennies. L’expansion assez forte, enregistrée au cours des années soixante-dix où la valeur ajoutée a progressé au rythme annuel moyen de 5%, a été suivie par un net fléchissement pendant la décennie quatre-vingt. Le taux moyen de croissance de la valeur ajoutée sur l’ensemble de la période 1970-90 a été de l’ordre de 2,7%. L’évolution des quantités produites saisie à travers l’indice de la production minière fait apparaître une progression de l’ordre de 5% par an au cours de la période 1970-88 pour les phosphates et de 3,6% pour les autres produits miniers. L’indice de l’ensemble de la production minière aura ainsi augmenté au rythme de 4,2% par an. C. L’énergie Le secteur de l’énergie a réalisé une progression relativement élevée au cours de la période 1970-90 qui a atteint une moyenne de 5,4% en termes de valeur ajoutée. Il faut noter toutefois que cette progression a subi un certain ralentissement au cours de la décennie 1980-90 pour s’établir autour de 4,5% en rythme annuel. D. L’industrie manufacturière Le secteur industriel a connu un développement appréciable au cours de la décennie soixante-dix à la suite des efforts consentis par les pouvoirs publics en vue de promouvoir les activités de valorisation des ressources agricoles et minières, les activités de substitution à l’importation ainsi que les activités d’exportation. La valeur ajoutée de l’industrie manufacturière a pu ainsi augmenter au taux annuel de 5,6% entre 1970 et 1980. Les difficultés éprouvées à la fin de la décennie soixante-dix et au début des années quatre-vingt ont réduit les possibilités d’intervention des pouvoirs publics en faveur des activités industrielles dont le rythme de croissance s’est sensiblement ralenti entre 1980 et 1990 pour s’établir à une moyenne de 3,9% par an. Pour l’ensemble des deux dernières décennies, le taux moyen d’accroissement de la valeur ajoutée du secteur industriel a été de 4,8% par an. Variable d’une branche à l’autre, cet accroissement a été relativement élevé pour la chimie et para-chimie (+10%), les industries agro-alimentaires (+6%), et les industries électriques et électroniques (+5,5%). En revanche, les activités du textile qui représentent 22 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 une part importante de la production industrielle ont progressé au rythme annuel de 3,7%, légèrement inférieur à la moyenne de l’ensemble du secteur. Il en est de même des autres branches industrielles dont le poids est relativement plus réduit telles que celles du bois et articles en bois (+ 2,2%), du cuir et articles en cuir (+1,6%), des ouvrages en métaux (+ 0,6%) et du matériel de transport (-0,7%). E. Le bâtiment et les travaux publics Le secteur du bâtiment et travaux publics a réalisé la plus forte croissance au cours de la décennie soixante-dix avec un taux moyen de 11,3% par an. Cette performance résulte de l’effort exceptionnel en matière d’investissement public qui a caractérisé le plan quinquennal 1973-77. La décennie quatrevingt a été cependant marquée par un net ralentissement des activités de ce secteur: entre 1980 et 1990, la valeur ajoutée du bâtiment et travaux publics s’est accrue au rythme annuel de 1,7% seulement. La croissance moyenne des deux dernières décennies s’est établie à 6,5 % par an. F. Transports, communications et autres services L’évolution des activités de transport, communications et services est conditionnée par celle des autres branches productives, principalement l’agriculture, l’industrie et le bâtiment et travaux publics en plus du tourisme. Sur la période 1970-90, la valeur ajoutée de la branche des transports et communications a connu une croissance relativement élevée avec 5,4 % en moyenne annuelle alors que pour les activités de commerce et des autres services, l’accroissement de la valeur ajoutée s’est établie à 4,1 % seulement. G. Les administrations publiques L’évolution de la valeur ajoutée des administrations publiques au cours des deux dernières décennies reflète les changements intervenus dans les orientations de la politique économique. Le caractère fortement expansionniste des interventions de l’Etat pendant le décennie soixante-dix a été à l’origine d’une croissance élevée de la valeur ajoutée des administrations publiques ; celle-ci a en effet progressé de 9,1 % en rythme annuel entre 1970 et 1980. Pour la période 1980-90, le taux de progression s’est réduit à une moyenne de 6,5 % à la suite des nouvelles options de la politique économique caractérisées, entre autres, par un rôle plus réduit de l’Etat et où le redressement de la situation des finances publiques est particulièrement privilégié. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 23 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 1 CROISSANCE REELLE DU PIB ET DES VALEURS AJOUTEES PAR GRANDES BRANCHES (en %) (1970-1990) période 1970-80 période période 1980-90 1970-90 Agriculture 1,8 Mines 5,0 Energie 6,2 Industries manufacturières 5,8 0,3 4,5 5,6 3,8 2,7 5,4 3,9 B.T.P. Transports et communications Commerce et services Administration PIB 11,3 1,7 6,5 6,7 4,8 9,1 5,3 4,0 3,4 6,5 3,8 5,4 4,1 7,8 4,6 4,8 Source : Taux calculés à partir des données de la comptabilité nationale, Direction de la Statistique I.3- LES PRINCIPAUX DÉTERMINANTS DU PROCESSUS DE CROISSANCE L’analyse de l’évolution de l’activité économique au cours des deux dernières décennies permet de dégager quelques enseignements relatifs au processus de croissance et les éléments qui le caractérisent. Au plan interne, les conditions climatiques constituent l’un des facteurs déterminants dont l’impact dépasse largement le secteur agricole pour atteindre une bonne partie des activités des autres secteurs. On notera en effet que toutes les années où le PIB réel a enregistré une baisse ont coincidé avec une forte régression de la 24 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 production agricole, conséquence de conditions climatiques particulièrement défavorables (années 1981, 1983 et 1987 pour la dernière décennie). Le deuxième élément que l’on peut évoquer comme facteur déterminant de la croissance a trait au comportement de la demande intérieure. Mais, contrairement à l’aléa climatique, la demande intérieure aussi bien de consommation finale que d’investissement, reste une variable endogène au système économique dans la mesure où elle est conditionnée par le niveau de revenus et de l’activité productive en général. Elle joue le rôle de soutien au processus de croissance comme elle en tire sa propre dynamique à travers les revenus générés par cette même croissance. Elle ne peut, de ce fait, représenter une véritable limite dans le processus d’accumulation à moyen et long terme. Au niveau externe, l’économie marocaine fait apparaître une sensibilité de plus en plus importante à l’environnement international et aux fluctuations qui le caractérisent. Cette sensibilité est devenue d’autant plus marquée que l’économie nationale s’oriente vers une plus grande ouverture sur l’extérieur. Empruntant plusieurs canaux, l’influence des facteurs externes est transmise par de multiples variables dont on citera en particulier : le prix du pétrole, des matières premières et biens d’équipement au niveau des importations, le taux d’intérêt et les parités monétaires au niveau des flux financiers et enfin le volume de la demande extérieure au niveau des exportations. A cela, il faut ajouter le poids de la dette extérieure qui continuera à peser lourdement sur le processus de croissance économique au cours de la présente décennie. Au delà de ces constats établis sur une période s’étalant sur plus de deux décennies, on peut dire que le processus de croissance de l’économie marocaine demeure conditionné essentiellement par deux contraintes fondamentales à travers lesquelles interfèrent les influences des facteurs internes et externes. Il s’agit de la contrainte d’épargne et de la contrainte de la balance des paiements (ou contrainte devises). Les variables et éléments évoqués précédemment exercent leur influence à travers l’une ou l’autre de ces deux contraintes. Plus précisément, l’évolution de l’activité économique considérée dans une perspective de moyenne ou longue période est conditionnée par celle des deux contraintes la plus limitative. Pour des taux de croissance relativement modérés (3 à 3,5 %), la contrainte qui apparait généralement en premier lieu est celle de l’épargne nationale. Lorsqu’on cherche à accéder à un palier de croissance plus élevé, même en développant les ressources en épargne intérieure de façon conséquente, la contrainte balance des paiements (ou devises) devient limitative. L’apport de l’épargne étrangère est alors nécessaire. On se trouve ainsi devant une situation d’interaction entre d’une part, les ressources en épargne intérieure, et d’autre part le flux de ressources en devises. Ces dernières peu- Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 25 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? vent résulter d’un flux de capital étranger et/ou d’une expansion des exportations. L’interaction entre les ressources nationales et ressources étrangères est clairement illustrée par la période de forte expansion de l’économie nationale s’étalant de 1973 à 1977 et qui a été pour une large part, à l’origine de la détérioration des équilibres financiers internes et externes. L’important surplus financier résultant de la hausse des prix des phosphates au début de cette période s’est traduit par une augmentation considérable de l’épargne nationale qui a permis de réaliser une forte expansion des investissements ; ceux-ci ont représenté près de 29 % du PIB entre 1975 et 1977 contre 15 % seulement entre 1970-1973. Ces développements ont fait apparaître en même temps un besoin en devises beaucoup plus accentué qu’auparavant ; la poursuite du programme d’investissement initialement établi n’a été possible que grâce à un recours à l’épargne étrangère. Il ressort de ce qui précède que le processus de croissance à moyen et long terme est déterminé principalement par les capacités d’allégement des contraintes de l’épargne et des devises compte tenu de l’effort d’investissement envisagé. Les scénarios d’évolution à retenir pour l’activité économique en vue d’en déduire les implications quant à la création d’emplois doivent se baser en conséquence sur les paramètres qui correspondent à ces contraintes, à savoir le taux d’épargne intérieure et le taux de financement extérieur du déficit en devises. Avant d’aborder les aspects spécifiques aux projections, il convient d’analyser la dynamique de l’emploi au cours des deux dernières décennies. II. LES TENDANCES DE L’EMPLOI La mise en place d’une politique cohérente de l’emploi et de la formation est une tâche prioritaire pour préparer le Maroc aux défis de cette fin de siècle. L’élaboration de cette politique suppose, toutefois, l’étude préalable des tendances observées de l’emploi afin de cerner les particularités de son évolution et de mieux identifier ses déterminants. Il s’agit, donc d’analyser : • L’évolution quantitative de l’emploi pour dégager les tendances lourdes et identifier les caractéristiques des structures de l’emploi ; • Les aspects qualitatifs de l’emploi en vue d’une approche de l’impact du système éducatif au sein du marché du travail. 26 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 II.1- LES TENDANCES QUANTITATIVES DE LA POPULATION ACTIVE La détermination de l’emploi (actifs occupés) est basée essentiellement sur deux indicateurs : le taux de l’activité brut et la population active occupée et en chômage. Partant de là, les caractéristiques de l’emploi durant les trois dernières décennies sont examinées à un triple niveau, il s’agit en l’occurrence: A - de l’activité de la population, B - de la population active occupée et sa répartition sectorielle et professionnelle. C - et du décalage croissant entre l’offre et la demande d’emploi. A. L’évolution d’activité de la population Selon les données des divers recensements de la population (1960, 1971, 1982), le taux d’activité brut1 a évolué parallèlement à l’augmentation de la population en âge de travailler. Il est en effet passé de 29% en 1960 à 29,6% en 1982. L’estimation de l’Enquête sur les niveaux de vie des ménages dont la méthodologie, les concepts et la période de référence diffèrent de ceux des recensements situe ce taux à 38,8 % en 1990-1991. En termes absolus, la population active est passée de 4 millions de personnes en 1971, à 6 millions en 1982 et 9,9 environ en 1990-91, ce qui établit le taux d’accroissement moyen annuel à 3,6%, soit un taux largement supérieur à celui de la croissance démographique (de 2,6% environ). Les taux d’activité bruts du Maroc sont inférieurs aux taux standards internationaux. Cette situation est principalement imputable à la faiblesse du taux d’activité des femmes, qui a par ailleurs augmenté de façon régulière passant de 8% 1960 à 25,5% en 1991. Ainsi, la part de la population féminine dans la population active totale est passée de 15% en 1971 à 20% en 1982 et à 34% en 1990-91. La structure par âge fait apparaître que le groupe d’âge 15 à 34 ans représente 60 % de la population active tandis que le groupe d’âge 1544 ans en regroupe 70 % environ. Par milieu de résidence, il y a lieu de constater un accroissement relatif 1Selon la définition du Recensement, le taux d’activité brut est égal au rapport population active à la population totale. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 27 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? continu au profit du milieu urbain, valable pour les deux sexes. La part de la population active rurale est à l’inverse en baisse passant de 70% en 1960 à 56% en 1982. Entre 1985 et 1989, la population active urbaine au sens large est passée de 3.004.679 personnes à 3.732.458 personnes, soit une augmentation moyenne annuelle de 182.000 personnes. La population active rurale au sens large s’est élevée en 1986-87 à 5,6 millions de personnes parmi lesquelles 57% sont les femmes et 41% ont moins de 25 ans. TABLEAU 2 EVOLUTION DES TAUX D’ACTIVITE 1960 -1991 Année Taux d’activité brut Hommes Femmes Total 1960 (1) 51,8 6,2 29,0 1971 (1) 44,9 8,1 26,6 1982 (1) 47,9 11,6 29,6 1987 (urbain) (2) 47,9 11,6 29,6 1986-87 (3) (rural) 50,9 36,5 43,5 1990-91 (4) (Urbain et Rural) 53 26 39 Sources : (1) Recensements de la Population, 1960, 1971, 1982 (2) ENPAU, 1987 (3) ENPAR, 1986-87 (4) Enquête : Niveau de vie des ménages, 1990-91 Notes : Les chiffres correspondant aux années 1987 et 1990-91 sont à prendre à titre indicatif seulement car les méthodes d’estimation ne sont pas les mêmes que celles des recensements. B - L’évolution de la population active occupée et sa répartition sectorielle Globalement, la population active occupée est passée de 2,95 millions en 1960 à 3,63 millions en 1971 et à 5,3 millions en 1982 et se situerait à 6,1 millions en 1990 (estimation des enquêtes) . Elle se répartit à concurrence de 65% en milieu rural et 35% en milieu urbain. Le taux de croissance moyen 28 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 annuel s’est situé à environ 1,9% par an entre 1960 et 1971 et 4,3% pour la période 1971-1982. Par secteur d’activité, il y a lieu de faire les constats suivants : 1 - Une tendance décroissante de la part du secteur primaire au profit du secteur secondaire et surtout du secteur tertiaire Ainsi, les effectifs employés dans le secteur primaire (y compris les mines) représentent 43% de l’emploi total en 1982 contre 55% en 1971 et 63% en 1960. Le secteur dit secondaire a triplé ses effectifs entre 1960 et 1982. Sa contribution en pourcentage est passée de 12% à 24% environ de l’emploi total. Le secteur tertiaire (y compris l’administration) a vu sa part évoluer de 25% à 33% de 1960 à 1982. 2 - L’emploi reste avant tout marqué par la prédominance de l’agriculture. En plus de sa tendance à la baisse en termes relatifs, l’emploi agricole présente une structure fragile avec le tiers (1/3) des actifs qui sont des aidesfamiliales et les deux tiers (2/3) des salariés ayant un statut de saisonnier. 3 - Parmi les activités non agricoles, la part de l’emploi industriel, en dépit de son augmentation, demeure encore faible. Par contre, les activités commerciales, des services et de l’administration présentent un profil assez pléthorique . 4 - De manière générale, le système productif marocain est caractérisé par une grande hétérogénéité. En Effet, à côté des emplois du secteur structuré (formel), il existe de nombreux segments du marché du travail qui relèvent du secteur non-structuré depuis les emplois de l’artisanat des services divers en passant par les petits métiers marginaux des rues jusqu’aux emplois du secteur agricole. L’étude EFE2 avait déjà démontré l’ampleur de la contribution du secteur non structuré à l’emploi. Selon les données de cette étude, la proportion d’actifs employés hors du secteur moderne représentait 76% de l’ensemble des actifs occupés dans les différentes activités nationales. Cette donnée est de nature à interpeller le système d’éducation-formation sur les modèles de formation élaborés qui ignorent, dans une large mesure, la 2Etude Education-Formation-Emploi, Ministère du Plan, 1985 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 29 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? logique, les contraintes et les besoins du secteur non-structuré. C. L’évolution de l’emploi par Profession et Statut Les variations de l’emploi selon la profession et le statut donnent une information complémentaire pour interpréter l’évolution globale de l’emploi. La décomposition de l’emploi selon le statut dans la progression fait apparaître d’un côté une baisse de la part des catégories des “employeurs”, et des salariés et, de l’autre, une forte progression de celle des aides familiales. Entre 1982 et 1991, la part de cette dernière catégorie est en effet passée de 19,7% à 36,1%. L’emploi par profession indique plusieurs évolutions : - une baisse importante de la part de la catégorie “Agriculteurs, éleveurs, forestiers, pêcheurs, chasseurs et assimilés”. - une progression -bien que toute relative - du personnel des “professions scientifiques, techniques , libérales et assimilées” et des “ouvriers spécialisés dans les services”, fruit des progrès de l’enseignement secondaire et supérieur durant la période post-coloniale. - une augmentation significative de la part des “ouvriers et manoeuvres non agricoles”. TABLEAU 3 EVOLUTION DE L’EMPLOI SELON LE STATUT PROFESSIONNEL (ACTIFS OCCUPES) (En pourcentage) Année 1982 Catégorie (1) Employeurs 2,2 Travailleurs indépendants 1990 - 91 (2) 1,3 28,1 25,6 Salariés 45,46 33,4 Aides - Familiales 19,7 36,1 Autres 5,6 2,6 Ensemble 100 100 Sources : (1) Recensement 1982 (2) Enquête sur le niveau de vie des ménages 1990-91 30 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 TABLEAU 4 EVOLUTION DE L’EMPLOI SELON LA PROFESSION (1960 - 1990-91) (En pourcentage) 1960 (1) 0/1 Personnel des professions scientifiques et libérales 2,0 2 - Personnel Commercial2,5 3 - Personnel Administratif 4,1 4 - Travailleurs Spécialisés dans les services 2,6 5/6 Agriculteurs éleveurs forestiers pêcheurs, chasseurs 79,9 7/8/9 Ouvriers etmanoeuvres non agricoles 21,2 N.C.A 6,2 1971 (1) 1982 (1) 1990-91 (2) 2,3 2,5 0,3 5,4 7,6 0,6 4,9 9,7 4,2 3,1 7,1 7,2 76,9 39,7 52,9 6,5 10,7 28,5 3,9 7,5 - Total 100,00 100,00 100 100,00 Note : NCA : Non classés ailleurs Sources : (1) Recensements 1960, 1971 et 1982 (2) Enquête sur le niveau de vie des ménages 1990-91 (les estimations de cette enquête sont données à titre indicatif et ne sont pas comparables aux statistiques fournies par les recensements). D - Un décalage croissant entre les offres et les demandes d’emplois Quand on examine les données relatives à la population active occupée et en chômage, on ne peut que relever le décalage quantitatif croissant entre la demande et l’offre de main-d’oeuvre qui s’explique par le fait que les rythmes de croissance de la population active sont supérieurs aux rythmes de croissance de l’emploi et de l’économie. Ce qui se traduit, d’une part, par une insuffisance des créations d’emplois et, d’autre part, par la persistance du chômage et du Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 31 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? sous-emploi. 1- Les tendances des créations d’emplois 3 ont été marquées par l’ampleur et la nature de la croissance économique. Notons qu’il est difficile de quantifier avec la précision voulue l’impact de la croissance économique sur la dynamique de l’emploi du fait de l’absence de séries régulières et homogènes sur les emplois effectivement créés. Néanmoins, en se référant aux résultats des trois recensements (1960, 1971 et 1982) et de l’Enquête Nationale sur la Population Active Urbaine (1985 - 1991), on peut faire les remarques suivantes : • Sur la base d’une moyenne annuelle,on pourrait estimer le nombre d’emplois créés à 62.000 postes entre 1960 et 1971 et à 157.000 postes pour la période décennale 1971-82 pour l’ensemble du Maroc (Promotion Nationale non comprise). Pour la période 1985-90, les créations annuelles d’emplois en milieu urbain ont connu d’importantes variations : entre 292.000 en 1985 (maximum) et 113.000 en 1989 (minimum). Ainsi, en comparant l’évolution des créations annuelles d’emplois à l’accroissement annuel de la population active, on peut trouver ici les premiers signes avant-coureurs de l’aggravation du phénomène du chômage qui allait prendre des proportions plus significatives tout au long de la décennie 1980. • Pour le milieu urbain, le nombre de chômeurs par an rapporté à la création d’emplois pour la même année a été en moyenne supérieur à 3. Cela veut dire que pour chaque emploi créé, il y a trois chômeurs. TABLEAU 5 CREATIONS D’EMPLOIS EN MILIEU URBAIN (1985-1991) Actifs occupés 1985 1986 1987 1988 1989 1990 Créations d’emplois (1)291 800 113 300 175 892 139 168 113 175153 187 267 Effectifs Chômeurs (2)405 000500 000 481 610 476 123 591 692601 161 480 Rapport (2)/(1)1,39 4,42 2,73 3,42 5,2 3,92 1991 200 695 3,50 3 Le terme de “créations” utilisé ici ne correspond pas exactement au nombre d’emplois créés mais au solde entre les créations et les sorties de l’activité (licenciements, retraite, ....) 32 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 Sources : Enquête Nationale sur la Population active urbaine, données relatives aux années 1985 à 1991. 2 - La persistance du chômage Cette évolution défavorable de la situation de l’emploi se reflète au niveau des taux de chômage. Le taux est passé de 8,8 en 1971 à 10,7% en 1982 pour atteindre 20,6% en 1990-91. TABLEAU 6 EVOLUTION DU CHOMAGE (1971 - 1990-91) Années Effectif en milliers TOTAL URBAIN 1971 (1) 1982 (1) 1990-91 (2) 349 216 642 322 1100 802 Taux en % TOTAL 8,8 10,7 12,1 URBAIN 15,0 12,3 20,6 Sources : (1) Chiffres des Recensements de 1971 et 1982 (2) Estimation de l’Enquête sur les niveaux de vie des ménages, estimation donnée à titre indicatif car non comparable avec les résultats de l’ENPAU, ni avec le RGPH. Le chômage est devenu un phénomène général durant les années 80 suite à la régression de l’emploi public et semi-public, régression liée aux mesures d’ajustement structurel, sans que le secteur privé puisse prendre le relais. Cependant, le chômage frappe les différents groupes sociaux de façon inégale. L’examen approfondi des données disponibles permet de faire les constations suivantes : • La réussite scolaire n’est pas toujours synonyme d’emploi. Au contraire, en 1991, le taux de chômage des individus ayant un niveau scolaire (y compris le supérieur et la formation professionnelle) est de loin supérieur à celui des individus n’ayant pas de niveau scolaire. Ainsi, en milieu Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 33 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? urbain, les taux de chômage sont respectivement de 10,7 % pour les individus “sans niveau scolaire”, de 24 % pour ceux du niveau supérieur, de 25 % pour ceux du niveau primaire et de 27 % pour ceux du niveau secondaire. • Le chômage est plus important en milieu urbain qu’en milieu rural. Mais si les taux de chômage urbain ont largement excédé 10% au cours des trois dernières décennies (ce taux a dépassé pour la première fois la barre des 20% en milieu urbain pour 1991), le chômage visible en milieu rural est resté relativement stable (entre 5 et 6%). L’exode rural a contribué à cet état de fait. De plus, dans les zones rurales, le chômage bien que de plus en plus important, est partiellement masqué par le sousemploi. • Contrairement à la situation qui prévaut en milieu rural, où le chômage des femmes est moins important que celui des hommes, le chômage frappe plus gravement les femmes que les hommes en milieu urbain. En 1986, le taux de chômage des femmes en milieu rural atteignait 1,5% contre 8,4% pour les hommes ; pour la même année, ces taux atteignaient 20,4% pour les femmes et 13,9% pour les hommes en milieu urbain. En 1990-91, les résultats de l’enquête sur les niveaux de vie ont confirmé cette tendance. En effet, le taux de chômage féminin a été de 31,8% en milieu urbain et seulement de 3,2% en milieu rural tandis que le chômage masculin a été de 16,7% en milieu urbain et de 7,1% en milieu rural. • Confirmant les tendances des années 60 et 70, le chômage des jeunes personnes âgées de 15 et 24 ans est le plus grave. Il touche sans distinction le milieu urbain et le milieu rural et les deux sexes. Cependant, la situation des jeunes en milieu urbain est la plus alarmante. Ainsi, en 1990/91, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans était deux fois supérieur aux taux de chômage de l’ensemble de la population active en milieu urbain. En milieu rural, le taux pour cette catégorie et pour la même année n’était supérieur que de 77%. Mais si dans les zones urbaines, la part des jeunes de 15 à 24 ans dans le total des chômeurs était de 52% environ, dans les zones rurales, cette proportion atteint 55%. 34 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 I.2 - LES NIVEAUX D’EDUCATION ET DE FORMATION DE LA POPULATION ACTIVE Il s’agit à présent d’étudier l’impact du système éducatif et de formation sur les caractéristiques culturelles de la population en âge d’activité ou déjà active au sein du système productif. Cela revient en fait à examiner la qualité de la force de travail, son rapport à des occupations professionnelles et activités économiques données et l’ampleur des besoins réels de l’économie en compétences et en travailleurs ayant une formation générale ou professionnelle. Les principaux indicateurs retenus à cette fin sont : A- Le niveau d’instruction de la population ; B- Le niveau d’instruction de la population active respectivement en milieu urbain et rural ; C- Le niveau d’éducation-formation et l’occupation sectorielle et professionnelle de la population active occupée ; D- Le niveau d’éducation-formation et le chômage en milieu urbain et rural. A - L’évolution du niveau d’instruction de la population en général Le niveau d’instruction peut être appréhendé à travers trois indicateurs les plus couramment utilisés : - le niveau d’alphabétisation ; - la connaissance des langues vivantes ; - et le niveau de scolarisation Sur un plan général, il y a lieu de faire un constat positif, à savoir que sur trente années, si l’on observe les progrès enregistrés en matière d’instruction, les indicateurs sont à la hausse quelle que soit la catégorie de la population considérée. • Le constat négatif est que les progrès réalisés sont lents et que le niveau général d’instruction de la population demeure encore très bas, eu égard au progrès culturel de la population, mais aussi à son aptitude à l’exercice normal des activités économiques et sociales. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 35 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? • L’analphabétisme : Une baisse relative mais le phénomène reste important : La définition retenue dans les recensements de la population considère comme analphabète toute personne âgée de 10 ans et plus ne sachant ni lire ni écrire. Selon les résultats des trois recensements, le taux d’analphabétisme aurait baissé de 27 % en 22 ans, avec une diminution plus importante pour les hommes que pour les femmes (38,2 % contre 19,7 %). Malgré cela, la mesure de l’analphabétisme montre qu’environ 65 % de la population âgée de 10 ans et plus demeure analphabète. Ce taux s’élève à 78 % pour les femmes et 81,7 pour les ruraux (il se situe à 95% parmi les femmes rurales). La structure par âge de la population analphabète montre que celle-ci représente 43 % du groupe d’âges de 10 ans à 14 ans, 56 % du groupe 15 ans à 24 ans et 63 % du groupe 25 ans à 34 ans. Les estimations de l’Enquête sur “les niveaux de vie des ménages” de 1990-91 ont mis en évidence une tendance à l’amélioration de la situation, mais elle reste néanmoins insuffisante. • La connaissance des langues vivantes est un signe d’ouverture sur d’autres civilisations qui revêt beaucoup d’importance dans un contexte de libéralisation économique extérieure. Parmi la population alphabétisée, le recensement de 1982 relève que 30% sait lire et écrire l’arabe seulement, 58 % l’arabe et le français seulement, 10% l’arabe, le français et d’autres langues et 2 % l’arabe et d’autres langues. Le développement des langues internationales autres que le français mérite d’être étudié de plus près. • Le niveau scolaire demeure très bas : Par l’examen de ce niveau, on cherche à évaluer l’état de la scolarisation de la population âgée de 5 ans et plus et non scolarisée au moment du recensement. Les résultats font ressortir la part très élevée de la population non scolarisée (78 %), avec un taux de 87 % pour les femmes. B. L’évolution du niveau d’instruction de la population active Le niveau intellectuel de la population active est fortement lié à la productivité et à la qualité des biens et services produits. On l’étudie successivement au niveau de la population active totale, de la population active urbaine et de la population active rurale. 36 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 • L’alphabétisation de la population active totale : des niveaux toujours insuffisants Ce niveau insuffisant est perceptible que l’on s’intéresse à la population active totale (35 %) ou à la seule population active occupée (34 %). L’analphabétisme est plus élevé chez les femmes actives occupées dont le taux (74,4 %) est plus élevé que la moyenne nationale. Parmi la population active en chômage, l’alphabétisation ne parait pas être un facteur discriminant fondamental ; 43,5 % savent lire et écrire. Il est évident qu’au-delà de l’alphabétisation, un individu instruit est généralement mieux préparé à s’insérer dans la vie active qu’un individu qui ne l’est pas. • Les actifs urbains : le niveau d’instruction s’améliore mais très lentement L’enquête nationale sur la population active urbaine permet d’étudier les caractéristiques éducatives des actifs urbains vues à travers : - le niveau scolaire atteint - et le diplôme le plus élevé obtenu 1) Le niveau scolaire des actifs urbains La population urbaine en âge d’activité (15 ans et plus) est passée d’environ 6 millions en 1984 à 7,7 millions en 1990, soit un taux d’accroissement moyen annuel de 4 %. Par rapport à l’évolution du niveau scolaire, plusieurs remarques se dégagent de l’observation des données relatives à la période de 1984-1988 : - Bien qu’en baisse, (45 % à 41 % de 1984 à 1988), la population active urbaine sans niveau scolaire ou ayant le niveau préscolaire reste largement prédominante. - La part des personnes en âge d’activité du niveau primaire reste la plus importante et celle qui s’accroît le plus. Sur les quatre années d’observation, cette part est passée de 20 % à 29 % environ. - Le niveau scolaire du secondaire représente 28,4 % en 1988, en progression de deux points par rapport à 1984. - Le niveau “supérieur”, avec 5,7% en 1988 n’a augmenté que d’un point en pourcentage. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 37 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? 2)- L’évolution de la “certification” de la population urbaine en âge d’activité Les chiffres relatifs à l’évolution de la “certification” confirment les tendances observées de la scolarité. En effet, - La part des “sans diplômes” est en légère baisse (66 % à 63 %) mais demeure largement prédominante ; - Les parts des CEP (primaire) et du CES (secondaire premier cycle) stagnent en termes relatifs avec respectivement 15 % et 10 % ; - Les parts des autres types de diplômes (Baccalauréat, diplômes supérieurs, diplômes de cadres moyens et de la formation professionnelle) sont en hausse mais elles demeurent globalement très faibles (environ 12 % par rapport à l’ensemble). - Si la structure est préoccupante en général, elle l’est encore plus parmi les femmes, où la part des “sans diplômes” s’est établie à 71 % en 1988. 3)- Les tendances du taux d’activité urbaine par type de diplôme Le constat principal à faire à ce niveau est que le taux d’activité est fortement correlé aux diplômes supérieurs et de la formation professionnelle. Les taux d’activité sont les plus élevés pour ces deux cas. On remarque cependant une baisse du taux d’activité pour les diplômés du “supérieur”, baisse enregistrée depuis 1987. Ce qui s’est traduit par une accentuation du chômage des diplômés de l’enseignement supérieur à partir de cette date. Les actifs en milieu rural : faiblesse marquée du niveau d’instruction Les données disponibles les plus récentes traitant de la question sont celles fournies par l’enquête sur l’emploi en milieu rural de 1986-1987. Bien qu’on ne puisse pas les examiner en termes de tendances, les chiffres sont plus que significatifs. Pour la population rurale en âge d’activité (15 ans et plus), on constate que : - 95 % n’ont aucun diplôme (98,3 % pour les femmes d’âge actif) 38 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 - la part du diplôme le plus élémentaire ne représente que 3 % (1 % pour les femmes) - la part revenant à tous les diplômes pris ensemble ne dépasse pas 1,2 % (0,3 % pour les femmes). L’enseignement secondaire et supérieur et la formation professionnelle sont donc loin d’affecter de façon significative l’activité en milieu rural. C - Le niveau d’éducation-formation et l’occupation sectorielle et professionnelle de la population active Il s’agit à ce stade de déterminer l’impact de l’éducation-formation sur les actifs occupés selon les secteurs d’activité et les occupations professionnelles à la lumière des éléments d’informations fournies par les enquêtes ENPAU et ENPAR (1986)4. Le choix de l’année 1986 est justifié par la possibilité de comparaison qu’elle offre entre milieu urbain et milieu rural. 1. Le niveau d’éducation-formation par branches d’activité économiques Ce niveau est variable selon le milieu, on distinguera par conséquent le milieu urbain du milieu rural. a - En milieu urbain A partir de la situation relative à l’année 1986, on peut faire ressortir les résultats suivants : - La part des “sans diplômes” représente environ 65 % de la population active ; les branches d’activités les plus utilisatrices d’actifs sans diplômes sont dans l’ordre décroissant : • Le commerce de gros et de détail : 19,0 % • Le textile-habillement-bonneterie : 17,8 % • Les services personnels et domestiques : 10,5 % • Le Bâtiment et les travaux publics (BTP) : 9,8 % 4 ENPAU : Enquête Nationale sur la Population Active Urbaine. ENPAR : L’enquête Nationale sur la Population Active Rurale n’a été réalisée que pour la seule campagne agricole 1986-87. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 39 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? - Au niveau du diplôme d’études primaires, les actifs urbains se retrouvent à concurrence de 17,6 % dans l’administration générale, de 14,4 % dans le commerce et de 10,3 % dans les industries du textile-bonneteriehabillement, chaussures et cuir... - Parmi la population active diplômée de l’enseignement supérieur (part globale de 3,6 %), on remarque une concentration dans les services sociaux collectifs (enseignement, santé, défense...) et dans l’Administration générale avec une proportion de 90 % environ du total. Le reste se répartit principalement dans les services modernes (banques, assurances,...), les transports et communications, l’agriculture, l’énergie et le commerce. Les diplômés cadres moyens, avec une part globale de 2,7 % des actifs urbains, se concentrent eux aussi dans les secteurs cités ci-haut. - Les diplômés de la formation professionnelle, avec une part globale de 5,7 % environ de la population active urbaine, se répartissent successivement au sein de l’Administration générale (17 %), des industries textilehabillement-bonneterie du chaussures et cuir (16,5 %), les services sociaux (7%), les banques et assurances et services aux entreprises (6,0%), le commerce (6 %) etc,... Cette structure s’explique par la prédominance (jusqu’à la fin de la décennie 1970) du secteur public en tant que principal employeur des diplômés du système d’éducation. Il faudrait donc s’attendre à une certaine modification de cette structure dans les années qui viennent devant le désengagement du secteur public au niveau économique et de l’emploi. b - En milieu rural On peut l’étudier à travers la répartition de la population active par niveau scolaire selon les activités principales en milieu rural, pour les années 1986-1987 (Données ENPAR). Parmi les actifs ruraux 84 % n’ont pas de niveau scolaire, 10 % sont du niveau primaire, 2 % du niveau secondaire et seulement 0,35 sont du niveau supérieur. Remarquons que les activités non agricoles en croissance emploient des actifs ayant des niveaux d’instruction de plus en plus élevés. A titre d’exemple, les actifs ayant un niveau universitaire se retrouvent principalement dans les activités non agricoles (pour 85 % d’entre eux). Dans l’agriculture, 87 % des actifs occupés n’ont aucun niveau d’instruction et 98 % d’entre eux n’ont aucun diplôme. De même, le taux de qualifica- 40 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 tion (personnels qualifiés sur total des personnels) ne dépasse pas 10 %. Parmi les qualifiés, la part des lauréats de la formation professionnelle ne dépasserait pas 5 à 6 %. Les lauréats de la formation professionnelle sont pour la moitié d’entre eux du niveau le plus bas (spécialisation). Ce qui dénote une ouverture encore très timide, même au niveau des grandes exploitations, au recrutement de personnel qualifié ayant un bon niveau de technicité. 2. Diplômes et occupation professionnelle L’occupation professionnelle est une caractéristique importante qui indique le potentiel réel d’un contenu de savoir, de qualification et/ou de savoir-faire liés à l’exercice d’une profession donnée. Le but recherché ici est d’entreprendre une comparaison entre statut éducatif et statut professionnel. a) - En milieu urbain Par rapport aux actifs occupés, si l’on exclut les professions agricoles, les principaux groupes de professions sont par ordre d’importance décroissante : - Les ouvriers et manoeuvres non agricoles : 45,3 % - Le personnel commercial : 15,2 % - Les travailleurs des services : 14,5 % - Le personnel scientifique et technique : 10,6 % - Le personnel administratif : 9,5 % L’analyse de la répartition de la population active urbaine (âgée de 15 ans et plus) selon le groupe de professions et le diplôme le plus élevé obtenu permet de faire les constats qui suivent : - Les niveaux les plus élevés, en terme de diplômes obtenus, se situent au sein de deux groupes : le groupe des professions scientifiques, techniques et libérales et le groupe du personnel administratif. En effet, on peut relever d’une part que 32,5 % des personnels du 1er groupe sont diplômés de l’enseignement supérieur et, d’autre part, 21,8 % des personnels du deuxième groupe sont des diplômés cadres moyens. Par ailleurs, 88,3 % des diplômés des grandes écoles et facultés de médecine, 57,6 % des diplômés cadres moyens occupent des professions scientifiques, techniques et libérales, professions pour la plupart exercées dans les secteurs public et para-public. - Les niveaux les plus bas se retrouvent au sein de trois groupes de profes- Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 41 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? sions urbaines : • le groupe du personnel commercial (81,6 % sont sans diplômes) • le groupe d’ouvriers et manoeuvres non agricoles (80,7 % de sans diplômes) • le groupe des travailleurs spécialisés dans les services (74 % de sans diplômes) Au sein de ces groupes, la part des actifs non diplômés dépasse la moyenne nationale de 65 %. b) - Education et occupation professionnelle en milieu rural Il convient de faire deux constatations concernant la population active occupée rurale : TABLEAU 7 STRUCTURE DE L’EMPLOI SELON L’OCCUPATION SOCIO-PROFESSIONNELLE (ACTIFS OCCUPES), 1986 (en Pourcentage) CODE Groupe Milieu Milieu de professions Urbain Rural 0/1 Personnel des professions scientifiques et libérales 10,6 1,8 2 Personnel commercial 15,2 3,5 3 Personnel administratif 9,5 1,0 4 Travailleurs spécialisés dans les services 14,5 20,3 5.6 Agriculteurs, éleveurs, fores. pêch. chas. et travailleurs assimilés 4,2 59,1 7.8.9 Ouvriers et manoeuvres non agricoles 45,3 14,2 x Autres personnes ne pouvant être classées dans les autres catégories 0,7 0,9 TOTAL 100,00 100,00 Source : ENPAU et ENPAR - Pour tous les groupes de professions, les personnes sans niveau d’instruction représentent 84 % du total, avec une concentration marquée de cette catégorie au sein du groupe des travailleurs agricoles,suivi du grou- 42 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 pe des exploitants agricoles et des ouvriers non agricoles. - Le niveau supérieur (intervenant pour 0,35 % du total) concerne principalement, bien que non exclusivement,les professions libérales scientifiques, techniques et personnel administratif. D - Niveau d’éducation-formation et le chômage Le phénomène du chômage des diplômés présente une physionomie différente selon que l’on soit en milieu urbain ou en milieu rural. 1) - Le chômage urbain selon le diplôme Le chômage des diplômés est un phénomène essentiellement urbain. En effet, les chômeurs urbains tous diplômes confondus représentent 57% du total. Deux remarques découlent de l’examen de l’évolution de la période de 1985-1991 : - Bien qu’en accroissement, c’est parmi la population urbaine diplômée de l’enseignement supérieur (tout particulièrement des grandes écoles et instituts) que le taux de chômage est le plus faible. Il est aussi en accroissement de 3,9 % en 1985, à 8,9% en 1990 et à 10,9 % en 1991. - Les taux de chômage les plus élevés concernent par ordre d’importance décroissante, les diplômés du baccalauréat (le taux est passé de 15 % en 1985 à 38,8 % en 1991), les diplômés de la formation professionnelle (34,6 % en 1991), les diplômés du Certificat d’Enseignement Secondaire (30,1 % en 1991 contre 18 % en 1985), les diplômés du primaire (22,7 % en 1991) et les diplômés de cadres moyens (21,6 % en 1991). 2) - Le chômage des diplômés en milieu rural L’analyse de la structure du chômage rural montre que les chômeurs sans niveau scolaire représentent 63 % du total, ceux du niveau coranique et primaire 26 % et ceux du niveau secondaire, supérieur et de la formation professionnelle 11 % . Cependant, si l’on se réfère aux tendances observées, on relève que le taux de chômage augmente avec le niveau du diplôme : plus celui-ci est élevé, plus le diplômé est sujet au chômage : le taux est de 20 % pour les diplômés de Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 43 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? l’enseignement primaire mais de 28 % pour les diplômés de l’enseignement secondaire, supérieur et de la formation professionnelle. Il ne faudrait donc pas s’étonner de la désaffection croissante du monde rural pour l’institution scolaire. 3) - Les diplômés du niveau Baccalauréat et plus La structure de la population en chômage (les diplômés) recensée par le CNJA en 1991 fait apparaître la prédominance de trois catégories de diplômés : - Les bacheliers ou ayant un diplôme équivalent, constituant près de la moitié de l’effectif total, soit 49,6 %. - Les lauréats de la formation professionnelle qui représente 20,8 % de l’ensemble - Les titulaires d’une licence de faculté qui constituent 21,6 % de l’effectif recensé. Précisons que ce groupement est assez hétérogène. Par conséquent, à l’intérieur d’une même catégorie, les niveaux de chômage sont très variables d’une filière de formation à une autre. CONCLUSIONS Malgré les imperfections découlant des insuffisances des données, on peut relever les grands problèmes de l’emploi vus sous l’angle qualitatif. - Un premier problème de taille est l’importance que revêt l’analphabétisme dans notre pays en dépit des investissements éducatifs réalisés depuis l’indépendance. Le fléau touche l’homme mais surtout la femme et les ruraux. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’elle concerne de vastes catégories d’actifs occupés. Le Maroc de cette fin de millénaire devrait faire face en premier lieu à la question de l’analphabétisme et de l’élargissement de l’accès à l’enseignement de base. Les inégalités en matière de niveaux scolaires sont telles qu’il faut qu’il y ait un engagement volontariste étalé dans le temps pour les résoudre. - Un second problème est relatif au niveau scolaire et de certification de la population active (diplômes généraux ou professionnels) qui demeu- 44 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 re très insuffisant en milieu urbain mais tout particulièrement en milieu rural où la part des sans diplômes représente respectivement 63 % et 95 % du total de la population en âge d’activité (15 ans et plus). La part des diplômés de la formation professionnelle au sein de la population active ne représente que 6 % du total de la population en âge d’activité. Les besoins de formation de la population en activité sont énormes. Il convient de souligner que le système d’éducation et de formation n’a pas montré sa pertinence par rapport aux besoins de l’emploi des secteurs employeurs non publics, en particulier au sein des activités dites traditionnelles et informelles où la majorité de la population travaille et survit. D’un autre point de vue, le niveau d’encadrement de l’entreprise demeure insuffisant ; son amélioration est devenue actuellement un impératif. En somme, la majorité de la force de travail est faiblement instruite et formée. Le niveau actuel d’éducation-formation n’est pas suffisant et la conclusion qui en découle pour l’avenir est préoccupante : la majorité de la force de travail d’aujourd’hui n’est pas préparée pour l’environnement de travail de demain. En effet, la majorité des emplois qui seront créés par les technologies nouvelles demandent généralement de plus en plus de qualification. Le rythme même du changement exige l’emploi de travailleurs plus adaptables qui soient capables d’améliorer constamment leurs compétences. D’où l’importance de la formation initiale et continue dans ce processus d’adaptation. Ce qui devrait interpeller à la fois les opérateurs économiques et les formateurs. Ce qui veut dire qu’il existe des “relations imparfaites” entre l’éducation et le marché de travail. Il devient urgent de développer une meilleure intégration entre les systèmes d’éducation-formation et les secteurs socio-professionnels employeurs (Etat, collectivités locales, entreprises, associations professionnelles et organisations des travailleurs,....). - Un troisième problème concerne la question du chômage des diplômés. Ce phénomène revêt une double signification. D’une part, à la base, la question de l’insuffisance de la capacité d’absorption, en termes d’emploi de l’économie nationale est fondamentale. D’autre part, le système d’enseignement et de formation doit mieux articuler ses formations avec les besoins du pays et de son économie. Dans ce cadre, tous les jeunes doivent pouvoir acquérir et améliorer leurs qualifications, la formation professionnelle initiale et continue doit devenir une priorité nationale. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 45 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? 46 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 CHAPITRE II PERSPECTIVES DE L’EMPLOI A L’HORIZON 2005 L ’analyse rétrospective de l’évolution de l’emploi au cours des deux dernières décennies en liaison avec le rythme de croissance économique ouvre la voie à l’établissement de projections à moyen et long terme. L’objectif de ces projections est de préfigurer les tendances futures en matière d’emploi à la fois globalement, par secteur d’activité et selon les qualifications. Les résultats qui en découlent serviront comme cadre de référence pour élucider les multiples questions relatives à l’emploi et en particulier celles concernant les possibilités d’insertion des jeunes diplômés dans la vie active, l’adéquation des profils de formation aux besoins futurs des entreprises et des administrations et, enfin, les capacités d’adaptation du système d’éducation et de formation à un environnement économique et social en pleine mutation. Après une présentation de l’approche méthodologique et les hypothèses adoptées pour l’établissement des projections, l’analyse des perspectives de l’emploi est effectuée au niveau global, par grands secteurs de l’économie et selon les différentes catégories de diplômés ainsi que les groupes de professions. Ces évaluations sont accompagnées d’une esquisse de l’évolution des techniques, des modalités de leur diffusion dans les principaux secteurs d’activité, ainsi que des indications qu’exerceront ces techniques sur les structures des emplois. Etant donné les limites qu’imposent à la démarche méthodologique, aussi bien l’insuffisance que les incertitudes liées à l’information statistique, les Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 47 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? résultats qui se dégagent d’une telle analyse ne peuvent prétendre apporter des réponses définitives aux questions, aussi complexes les unes que les autres, que soulève toute approche prévisionnelle de l’emploi. Ces résultats permettent néanmoins d’esquisser les configurations les plus probables du marché du travail sur la base d’un rapprochement entre les besoins d’expansion de l’économie et les sortants du système d’éducation et de formation afin de mieux asseoir les ajustements et correctifs nécessaires. I - SOURCES STATISTIQUES ET MÉTHODE DE PROJECTION Les travaux de prévision dans le domaine de l’emploi nécessitent de nombreuses statistiques sur la population active, l’emploi et les activités économiques. Bien que des efforts importants aient été déployés en matière de collecte de données sur le marché du travail, force est de constater que les informations produites ne se prêtent pas toujours à l’analyse et aux besoins de la prévision de l’emploi. Une présentation des différentes sources d’information statistique et des nomenclatures retenues s’avère nécessaire avant d’aborder les aspects méthodologiques du travail de projection. I.1- SOURCES D’INFORMATION STATISTIQUES A - Données sur l’activité économique Paramètre central dans toute approche prévisionnelle de l’emploi, le rythme d’évolution de l’activité économique à la fois globalement et par grandes branches a été obtenu en se référant aux données sur les valeurs ajoutées. Les séries des valeurs ajoutées actuellement disponibles (base 1969 et base 1980) établies selon les grandes branches d’activité économique restent cependant relativement agrégées, en comparaison avec le niveau de détail retenu dans le travail de projection. Pour déterminer les rythmes de croissance au niveau des branches et sous-branches, les données sur les valeurs ajoutées ont été complétées par celles portant sur les indices de production dans les secteurs des mines, de l’énergie et des industries manufacturières. 48 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 B - Données sur l’emploi Les informations sur l’emploi utilisées proviennent principalement des deux derniers recensements de la population, des enquêtes sur la population active urbaine, des études sectorielles et des sources administratives sur l’emploi. Toutefois, eu égard à la diversité des objectifs et des approches méthodologiques, l’exploitation de ces sources d’information n’est pas sans poser de difficultés quant à leur comparabilité dans le temps et dans l’espace. C’est pourquoi on a essayé d’articuler, dans la mesure où la couverture statistique et les nomenclatures le permettent, ces sources d’informations pour constituer une base d’estimation acceptable. Les données des recensements de la population de 1971 et de 1982 ont, à cet effet, servi de cadrage des évolutions globales pour les projections par secteurs et par professions. Les observations de l’enquête annuelle sur la population active urbaine pendant les années 80 ont été utilisées dans les projections des évolutions tendancielles de l’emploi au cours des années 90. Toutefois, les informations fournies par cette enquête n’ont pas permis d’affiner davantage ces projections pour des catégories plus désagrégées des branches d’activité et des catégories de professions et de diplômés. I.2- LES NOMENCLATURES Les nomenclatures font partie des outils méthodologiques nécessaires à l’élaboration des projections. L’analyse des informations et l’établissement de ces projections ont été effectués suivant quatre types de nomenclatures : - Nomenclature des activités économiques ; - Nomenclature des professions ; - Nomenclature des diplômes ; - Nomenclature des niveaux de qualification. A - Secteurs d’activité économique La nomenclature marocaine des activités économiques (NMAE) a été adoptée comme nomenclature de référence, en distinguant leurs subdivisions Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 49 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? en grands secteurs, secteurs, branches et sous-branches. Un travail d’harmonisation des autres classifications a été entrepris entre elles et par rapport à la NMAE, pour les rendre aussi comparables que possible dans le temps et dans l’espace. B- Groupes de professions Les besoins d’emplois par profession ont été évalués selon la nomenclature analytique des professions du Ministère du Plan, qui a servi à l’exploitation du recensement de la population de 1982. Etant donné que cette nomenclature découle de celle de 1971 révisée, plusieurs postes professionnels (à trois chiffres) ont été modifiés et les codes changés. Il a fallu donc rapprocher les deux nomenclatures pour assurer une correspondance des postes professionnels. Cette nomenclature présente deux avantages par rapport aux classifications sectorielles. Etant la plus exhaustive, elle a permis d’effectuer des décontractions des groupes professionnels qualifiés et hautement qualifiés. D’autre part, du fait qu’elle s’inspire largement de la classification internationale type des professions (CITP), elle a facilité le rapprochement des données nationales à celles des autres pays, permettant ainsi de situer dans le temps et dans l’espace l’évolution des coefficients professionnels et du profil de formation de certaines professions pour lesquelles on ne dispose pas d’informations. La nomenclature des professions comporte les six grands groupes suivants : 0/1. 2. 3. 4. 5/6. 7/8/9. Professions scientifiques techniques et libérales ; Personnel commercial et vendeur ; Directeurs et cadres administratifs ; Travailleurs spécialisés dans les services ; Agriculteurs, forestiers et pêcheurs ; Ouvriers et manoeuvres non agricoles ; Ces six grands groupes sont subdivisés en cent groupes. L’analyse des données et les projections de base ont été effectuées suivant la nomenclature à 450 groupes professionnels. Pour la présentation de ces résultats, on prévoit d’utiliser une nomenclature dépassant les 250 professions aux fins de rapprochement avec les profils des sortants de la formation. Par ailleurs, on a rapproché cette nomenclature de celle des emploistypes, qui caractérise principalement l’emploi occupé dans les entreprises du secteur structuré. Au stade actuel de sa construction, il s’est avéré encore pré- 50 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 maturé de l’adopter comme outil de travail, d’autant plus que sa correspondance avec la nomenclature analytique des professions ne peut être systématique. C - Catégories de diplômes Pour faciliter la conversion des prévisions d’emploi en besoins de formation, il est nécessaire de disposer d’une classification des emplois et des professions par niveau d’instruction ou de formation. On a utilisé le critère de diplôme le plus élevé, critère permettant de rapprocher jusqu’à un certain point les perspectives d’emploi à l’offre de formation. On a adopté à cet effet la nomenclature des diplômes utilisée dans l’enquête sur l’emploi, qui distingue les sept principales catégories suivantes : E.F.1 : E.F.2 : BAC: FAC: G.E.: C.M: C.Q.P.: Certificat des études primaires et diplômes assimilés Certificat des études secondaires et diplômes équivalents Baccalauréat et diplômes équivalents Diplômes supérieurs délivrés par les facultés Diplômes supérieurs délivrés par les grandes écoles (y compris la faculté de médecine) Diplômes de cadres moyens (diplômes et certificats de techniciens et adjoints techniques) Diplômes et certificats d’aptitude ou de qualification professionnelle. Pour prendre en compte la mise en place de la réforme de l’enseignement, les deux premiers niveaux ont été remplacés respectivement par le premier cycle (E.F.1) et le second cycle de l’enseignement fondamental (E.F.2). Il faudrait noter que du fait que nombre d’entreprises recourent au marché interne pour la promotion de travailleurs qui acquièrent une expérience qualifiante, la classification par diplôme ne permet pas de cerner la totalité des besoins d’emploi par niveau de formation. D- Niveaux de qualification Etant donné que le diplôme est considéré en général comme un critère nécessaire mais suffisant pour l’accès à l’emploi, il a fallu adopter une classification par niveau de qualification pour affiner davantage l’évaluation des besoins de l’économie. Bien que des investigations aient été menées auprès des secteurs pour connaître la structure des emplois-types, on ne dispose pas encore de données statistiques sur le niveau de qualification de l’ensemble des emplois et des professions. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 51 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? Les niveaux de qualification utilisés dans cette étude sont ceux généralement adoptées dans les travaux d’évaluation des besoins d’emplois. L’échelle de qualifications retenus comporte les quatre niveaux suivants : • Les professions hautement qualifiées • Les professions intermédiaires • Les professions qualifiées • Les professions non qualifiées • Professions qualifiées : Ce groupe comprend l’ensemble des professions et métiers manuels qui exigent une connaissance précise des procédés mis en oeuvre et une grande habileté manuelle. Les personnes exerçant ces professions acquièrent généralement leurs qualifications par voie de formation (initiale et continue) ou d’apprentissage sur le tas. • Métiers non qualifiés : cette catégorie de métiers regroupe ceux qui impliquent l’exécution de tâches simples mais qui exigent un effort physique plus ou moins important. Il faudrait admettre que même en adoptant une définition relativement précise des niveaux de qualification nécessaires à l’exercice des diverses professions, il s’est avéré difficile d’attribuer, pour nombre de professions, le même degré de qualification à toutes les personnes qui les exercent. Pour contourner cette difficulté on a utilisé le niveau de qualification dominant ou celui vers lequel évoluerait la profession; Enfin, pour pouvoir rapprocher les sorties du système d’éducation et de formation aux besoins de recrutement, on a adopté la classification par niveaux de formation, définis comme suit : • SANS QUALIFICATION :SANS DIPLOMES • SPECIALISATION :ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL 1er CYCLE • QUALIFICATION :CQP, ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL 2° CYCLE, BAC • CADRES INTERMEDIAIRES:DIPLOMES DE CADRES MOYENS • CADRES SUPERIEURS :LICENCE, ENSEIGNEMENTS, DIPLOMES DE GRANDES ECOLES. 52 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 I.3. APPROCHE METHODOLOGIQUE A - Période de référence et de projection Considérant l’horizon de projection retenu pour l’établissement des perspectives d’emploi, les décennies 70 et 80 ont été choisies comme période de référence. Celle-ci est suffisamment longue pour déceler les tendances lourdes de la croissance sectorielle et de la progression de l’emploi et éliminer ainsi les effets sur ces variables des fluctuations conjoncturelles et des cycles de productivité. Les projections de l’emploi ont été effectuées par année de 1992 à 1996 et globalement pour la période 1996-2000, les évolutions moyennes ayant été prolongées de manière linéaire sur la période 2001-2005. B - Projection de l’emploi par secteur Les projections de l’emploi par secteur sont basées sur les prévisions à long terme effectuées par le Ministère du Plan. Ces prévisions intègrent les facteurs susceptibles d’affecter à la fois la production et la productivité dans chaque secteur. La méthode d’approche5 de projection adoptée dans ces travaux a consisté d’abord à distinguer d’une part le secteur agricole et les secteurs non-agricoles, et de l’autre, les milieux urbain et rural. Comme les variations de l’emploi dans le secteur agricole semblent relativement autonomes et régulières, l’évolution tendancielle a été extrapolée sur la période couverte par la projection. En ce qui concerne les secteurs non-agricoles, l’évolution de l’emploi a été obtenue par différence entre la croissance de la production et la croissance de la productivité apparente du travail. Cette méthode suppose une liaison linéaire entre la croissance de ces trois variables, hypothèse qui se vérifie assez bien dans le long terme. En raison des spécificités du marché du travail en milieu urbain, les perspectives de l’emploi par secteur ont été déterminées en appliquant aux projections nationales la part du milieu urbain dans l’emploi total projeté, le volume de l’emploi en milieu rural étant ainsi déterminé par solde. 5 Le modèle de base s’inspire largement de celui décrit in Ahmed BENRIDA, James C.KNOWLES, A GENELIZED EMPLOYMENT PLANNING MODEL, Ministère du Plan, 1986. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 53 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? C - Projection des catégories de diplômés On a procédé d’abord aux projections des coefficients de l’emploi par catégories de diplômés par secteur sur la base des variations moyennes observées entre 1987/1988 et 1989/1990. Etant donné la brièveté de la période de base, les coefficients dont le sens de variation n’était pas net ou peu plausible ont été redressés pour refléter l’évolution tendancielle probable à long terme. Ensuite, les effectifs par secteur ont été multipliés par le vecteur des coefficients correspondants ; le volume net des créations d’emploi par catégories de diplômés a été obtenu en faisant la différence des effectifs de deux années successives. D - Projection des catégories professionnelles Relativement plus élaborée, la méthode de projection de l’emploi par professions en milieu urbain a comporté trois séries d’opérations. La première a consisté à analyser l’évolution de la structure et les variations (1971/1982) de l’emploi par grands groupes et par groupes de professions. La deuxième série de calculs a consisté à projeter les variations des coefficients professionnels des recensements et des enquêtes emploi, et à les rapprocher pour déterminer le sens de variation et le rythme des évolutions au cours des années 90. Bien que les différences entre les deux tendances ne soient pas significatives, les coefficients de l’enquête ont été calculés sur la base du recensement 1982, ce qui a permis de reconstruire une série statistique pour la période 1971-1989 et d’effectuer des projections sur la période 1991-2005. Enfin, les créations d’emplois par profession ont été obtenus en multipliant ces coefficients par le nombre des créations d’emploi projetées. E - Interprétations des résultats des projections Les projections effectuées pour la période s’étalant de 1993 à 2005 se basent sur un scénario de croissance de 4,5% par an qui se situe dans le prolongement de l’évolution tendancielle constatée au cours des deux dernières décennies. Pour une interprétation correcte des résultats des projections, il importe donc de noter qu’il s’agit (i) de projections reflétant l’évolution tendancielle des structures de production, d’emploi et des qualifications correspondant à la période de référence ; (ii) de besoins d’expansion pour les secteurs économiques compte non tenu des besoins de renouvellement qui résulteraient des départs à la retraite, des décès et de la mobilité professionnelle. Ces besoins de renouvellement, qui peuvent représenter un effectif important pour nombre de profes- 54 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 sions et métiers, n’ont pu être évalués par manque d’information ; et (iii) de besoins de recrutement par le secteur de l’administration conformément aux tendances observées par le passé. Ceci étant, les résultats de ces projections sont présentés à la fois globalement, par secteur d’activité et par groupes de professions et catégories de diplômes appelées tout court catégories SPD. F - Evolution des tendances globales L’évaluation des tendances globales des créations d’emploi selon les SPD est très utile pour identifier les niveaux du système d’éducation et de formation qui devraient faire l’objet de régulation et de restructuration. Par référence au scénario de croissance retenu, les créations d’emplois pour l’ensemble des secteurs d’activité, s’éléveront à une moyenne de 228.000 par an entre 1992 et 1995, à 272.000 entre 1996 et 2000 et à 293.000 entre 2001 et 2005. Ces créations d’emplois s’effectueront en grande partie dans les zones urbaines où elles atteindraient en moyenne annuelle près de 160.000 emplois au cours de la première période et de 195.000 emplois au cours de la seconde. Malgré la baisse relative de la part du milieu rural dans le total des créations d’emplois, les activités économiques dans ce milieu pourraient occuper annuellement environ de 70.000 à 77.000 travailleurs pendant les périodes considérées. La structure sectorielle de l’emploi connaîtra des changements significatifs. La part des activités primaires dans l’emploi total enregistrera une nette diminution accompagnée d’une augmentation corrélative de celles des activités secondaires et tertiaires. En effet, entre 1990 et l’an 2000, la part dans l’emploi total des secteurs secondaires passera de 24% à 27% et celle des secteurs tertiaires de 36 à 45% . Comme il ressort du tableau ci-après, ces modifications seront encore plus perceptibles au niveau des créations d’emplois, lesquelles seraient assurées pour 52% par le secteur tertiaire, 36% par le secteur secondaire et 12% seulement par le secteur primaire. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 55 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 8 CREATIONS ANNUELLES D’EMPLOIS SELON LES GRANDS SECTEURS D’ACTIVITE 1991-1995 1996-2000 2001-2005 PRIMAIRE 31 400 32 500 23 430 SECONDAIRE 80 200 98 400 106 860 TERTIAIRE 116 400 141 100 151 760 TOTAL 228 000 272 000 293 050 Résultats des projections effectuées par le CNJA Comme on le verra plus loin, ces modifications influeront sur le contenu et la composition professionnelle de l’emploi, notamment dans l’industrie manufacturière et les services rendus aux entreprises. Par ailleurs, l’évolution socio-professionnelle de la main-d’oeuvre connaîtra également des changements sensibles, caractérisés par un accroissement non négligeable des travailleurs indépendants, des employeurs et des aides familiaux. Bien que la part des salariés dans les créations d’emplois resterait stable, leur proportion dans l’emploi total s’éleverait à 54% en l’an 2000 contre 49% en 1990. Ces changements s’accompagneront d’une baisse sensible de la part des emplois créés pour la main-d’oeuvre sans niveau d’instruction ; cette part passerait en effet d’une moyenne de 45% sur la période 1991-95 à 37% à l’horizon 2000. Si la progression d’emploi s’avérerait insuffisante face à l’augmentation des ressources de main-d’oeuvre et à la persistance de l’exode rural vers les villes et son accentuation pendant les années de sécheresse, une partie de celleci s’orientera vers les activités informelles, lesquelles généreront des emplois précaires et sous-qualifiés. 56 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 TABLEAU 9 CREATIONS ANNUELLES MOYENNES D’EMPLOIS PAR SECTEURS, MILIEU URBAIN BRANCHES D’ACTIVITE 1991-95 % 1996-2000% 2001-2005 % Mines, Energie et Ind. Manufact.46 11528,7 55 580 28,4 61 775 27,9 BTP 18 378 11,5 22 590 11,6 26 540 12,0 Commerce 28 280 17,6 31 930 16,3 35 655 16,1 Transports et Communications4 570 2,8 Services 5 733 2,6 32 835 20,5 40 920 21,0 46 307 20,9 Pêche et autres activités4 585 2,9 5 270 2,7 6 630 3,1 Administration25 728 16,0 33 260 17,0 38 460 17,4 TOTAL 5 860 3,0 160 490 100 195 410 100 221 100 100 Résultats des projections effectuées par le CNJA La structure des créations d’emploi par niveau de qualification connaîtra des changements sensibles. Les besoins d’expansion correspondant à la catégorie de main-d’oeuvre sans qualification précise continuent à croître en dépit de la baisse relative de leur part dans le total des créations d’emploi. En revanche, les besoins correspondant au niveau de la spécialisation croîtraient à un rythme important, puisque leur part dans le total des créations d’emplois passera de 16,1 % à 19,1 % entre les périodes 1991-95 et 2001-2005. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 57 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 10 CREATIONS ANNUELLES D’EMPLOIS PAR NIVEAUX DE QUALIFICATION NIVEAU DE FORMATION 1991-95 %1996-2000% 2001-2005 % . SANS QUALIFICATION72 200 45,0 79 800 40,8 81 580 36,9 . SPECIALISATION 25 830 16,1 34 500 17,7 42 220 19,1 . QUALIFICATION dont CQP 22 930 14,3 30 680 15,7 36 250 16,4 8 330 5,2 11 020 5,6 13 200 6,0 . CADRES INTERMEDIAIRES 11 800 7,4 16 820 8,6 . CADRES SUPERIEURS dont - Licencié - Grandes écoles 19 800 9,0 17 420 10,9 20 450 10,5 22 880 10,3 3 560 2,2 4 740 2,4 4 150 2,6 5 620 2,9 5 700 6 730 2,6 3,0 - Enseignants 9 710 6,1 10 090 5,2 10 450 4,7 . AUTRES 10 310 6,4 13 160 6,7 18 370 8,3 TOTAL 160 490 100 195 410 100 221 100 100 Résultats des projections effectuées par le CNJA Le niveau “qualification” connaîtra également une augmentation importante, mais les besoins en diplômés des CQP resteront cependant limités en volume, malgré l’augmentation de leur part dans les besoins globaux. Les besoins en cadres intermédiaires sont relativement élevés, et connaîtraient un accroissement plus important que celui des cadres supérieurs dont la 58 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 part dans les besoins globaux pourrait enregistrer une baisse légère. TABLEAU 11 CREATIONS ANNUELLES MOYENNES D’EMPLOIS PAR GRANDS GROUPES DE PROFESSIONS, MILIEU URBAIN PROFESSION1991-95 % 1996-2000 % 2001-2005% 0/1 27 523 17,1 35 376 18,1 40 261 18,2 2 23 444 14,6 28 553 14,6 32 316 14,6 3 21 752 13,6 27 700 14,2 31 492 14,2 4 9 474 5,9 8 850 4,5 9 662 4,4 5/6 3 115 1,9 3 144 1,6 3 481 1,6 7/8/9 75 183 46,8 91 789 47,0 103 88947,0 TOTAL 160 490 100 195 410 100 221 100 100 Résultats des projections effectuées par le CNJA 0/1 Professions scientifiques, techniques et libérales 2Personnel commercial et vendeurs 3Directeurs et cadres administratifs 4Travailleurs spécialisés dans les services 5/6 Agriculteurs, forestiers et pêcheurs 7/8/9 Ouvriers et manoeuvres non agricoles Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 59 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? II. PERSPECTIVES DE L’EMPLOI PAR SECTEUR ET PAR CATEGORIE DE DIPLOMES A. LE SECTEUR INDUSTRIEL La part de l’industrie manufacturière dans le PIB a été relativement stable autour de 17%. Les légères baisses qu’elle connaît de temps à autres s’expliquent par l’augmentation de la part de l’agriculture sous l’effet de conditions climatiques particulièrement favorables. Le secteur de l’industrie reste largement tributaire de la dynamique des branches de la chimie, des produits alimentaires, du textile et des produits issus de la transformation des minéraux de carrière. Du point de vue de la concentration de la production et de l’emploi, les données relatives à l’année 1988 montrent que 76% des unités industrielles organisées ont un effectif inférieur à 50 emplois permanents et leur participation à la production est de 16%. Les établissements qui emploient plus de 200 travailleurs réalisent 53% de la production et occupent 47% du total des emplois permanents. En ce qui concerne les perspectives d’avenir, le secteur industriel s’oriente vers une plus grande valorisation des ressources locales, notamment dans les branches des phosphates, des matériaux de construction et des produits agroalimentaires. Il s’oriente également vers le développement de la sous-traitance en vue d’attirer les investissements extérieurs et assurer ainsi un transfert technologique. Compte tenu de ces possibilités de développement, le secteur industriel incluant les activités minières et énergétiques pourrait, d’après les projections effectuées à l’horizon 2000, contribuer à la création de 46.000 emplois par an durant la période 1991-95. Ce nombre pourrait même atteindre une moyenne de 62.000 emplois par an à la fin de la décennie 90, ce qui correspondrait à près à 28% du total des créations d’emplois. La capacité de génération d’emplois se présente de façon différenciée selon les principales branches des industries manufacturières. 1) Les industries agro-alimentaires : La branche des industries alimentaires et celle des autres produits alimentaires (boissons et tabacs compris) ont enregistré au cours de la période de référence des taux de croissance supérieurs à la moyenne (respectivement 6% et 60 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 5,7%). Au cours des années 80, quelques industries agro-alimentaires ayant souffert d’un manque d’approvisionnement, ont toutefois connu une croissance irrégulière due notamment aux fluctuations de la production agricole. Il s’agit, en particulier, des industries de la conserve de légumes et de jus de fruits. Dans une telle situation, les entreprises recourent de plus en plus à la maind’oeuvre temporaire, dont les effectifs ont crû aux taux de 30% entre 1985 et 1989. Mais la majeure partie des industries agro-alimentaires continuera à connaître une croissance relativement élevée, notamment les industries, les sucreries, les laiteries, les huileries, les industries de l’aliment de bétail et des boissons gazeuses. Globalement, les industries agro-alimentaires créeraient annuellement près de 12.100 emplois entre 1992 et l’an 2000 et 15.800 emplois entre 2001 et 2005 dont 70% seront assurés dans les industries de conserve de fruits et légumes, de viandes et de poissons, des produits laitiers et des aliments pour bétail. 2) Les industries du textile et cuir L’industrie des textiles et de la confection est devenue un facteur d’expansion des industries légères, en substituant sa production aux articles importés. En 1991, ce sous-secteur fournissait 33 % de l’emploi total de l’industrie. Mais en dépit de sa mécanisation, ce sous-secteur demeure une industrie de faible technologie, où le travail manuel reste encore prédominant car le processus de production requiert beaucoup de dextérité. Les effectifs sont en majorité constitués d’ouvriers qui ont acquis leur qualification sur le tas. L’industrie du textile et cuir continuera à être l’une des branches les plus dynamiques de l’industrie marocaine, en créant 16.000 emplois annuellement au cours de la décennie 90, représentant le tiers du total des créations d’emplois du secteur. Considérant l’évolution de la demande du consommateur en matière d’habillement et les exigences de concurrence dans ce domaine, on peut raisonnablement prévoir une amélioration de la structure de qualification de l’emploi dans ce secteur. 3) Les industries mécaniques, métallurgiques et électroniques Au niveau des sous-secteurs des industries mécaniques, métallurgiques et électroniques (IMME), les branches de chaudronnerie, de menuiserie et de l’emballage métallique occupent la première place dans l’emploi (39%), suivie par les branches du matériel de transport (19%), la branche de Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 61 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? construction de machines et de matériels de transport (14%), les produits de l’industrie métallique de base et la branche du matériel de bureau et des instruments de précisions (7%). Bien que leur production soit fondée sur une utilisation intensive de capital, ces industries contribueraient à raison de 14% du total des créations d’emploi dans le secteur industriel. En ce qui concerne les tendances d’embauches selon les niveaux de qualification, on ne dispose que d’indications partielles relatives à l’industrie de transformation pour les exercices 1987 et 1988. Sur un total de 30.000 recrutements au cours de ces deux années, on a dénombré 1920 cadres techniciens et administratifs supérieurs, 3.800 cadres intermédiaires, 24.600 ouvriers qualifiés. TABLEAU 12 EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS PAR CATEGORIES DE DIPLOMES DANS L’INDUSTRIE MILIEU URBAIN * Type de Diplôme 1993 1995 2000 2005 Sans Diplôme 21 160 21 240 920 Enseignement Fondamental15 25017 070 200 Qualification 3 930 4 220 Cadres intermédiaires 2 900 3 270 Enseignement Supérieur 2 160 2 470 22 390 20 21 090 26 5 040 3 930 3 130 5 770 4 860 4 020 TOTAL 45 400 48 270 770 Résultats des projections effectuées par le CNJA 55 580 61 Les changements de structure de la qualification apparaissaient plus nettement lorsqu’on examine avec un peu plus de détails l’évolution des besoins d’emploi par catégorie de diplômés. En effet, le changement le plus important à prévoir est l’augmentation du nombre des cadres intermédiaires et des cadres * y compris mines et énergie. 62 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 administratifs et techniques de formation supérieure. Suivant les hypothèses adoptées, leur part dans l’emploi industriel devrait globalement passer entre 1991 et l’an 2005 de 4,5 à 8,7 %. En revanche, la proportion des travailleurs non diplômés diminuera de 70,5 à 57,4% par la suite de l’élévation du niveau d’instruction de la maind’oeuvre et de modernisation des équipements. Toutefois, malgré les progrès escomptés, la proportion des travailleurs sans formation professionnelle restera encore considérable (84%). B- LE BATIMENT ET LES TRAVAUX PUBLICS L’expansion rapide de l’urbanisation implique la mise en oeuvre de programmes importants pour satisfaire les besoins croissants en matière d’infrastructure économique et sociale de base. Le développement des agglomérations urbaines se poursuivra conformément aux schémas directeurs pour les villes importantes et aux plans d’amélioration pour les centres urbains. Aussi prévoit-on une augmentation importante de la production du secteur des BTP, fondée en grande partie sur la construction de bâtiments à usage industriel, administratif et de logement, et sur la relance des travaux publics. Dans le domaine de l’habitat social en particulier, les pouvoirs publics poursuivront la politique de restructuration des bidonvilles consistant à réaliser des équipements collectifs sommaires (eau, électricité, voirie, assainissement) et des projets intégrés créateurs d’emplois. La mise en place de cette infrastructure générerait annuellement 18.000 emplois entre 1991 et 1995 et 23.000 postes entre 1996 et l’an 2000. On estime que 46% seulement de ces emplois seraient créés par le secteur organisé, 15% par le secteur non organisé localisé, et 39% par le secteur informel. Grâce à sa forte intensité en main-d’oeuvre et à son impact immédiat sur la relance de l’emploi, ce secteur pourrait ainsi être utilisé comme moyen de lutte contre le chômage. Sa contribution au total des créations d’emplois pourrait dans ce cas dépasser largement la proportion de 14 %. La pyramide des qualifications du secteur des BTP demeure caractérisée par la faiblesse des effectifs issus de la formation. On estime que sur 100 travailleurs du secteur, 82 sont sans diplôme, 8,7 possèdent le Certificat d’Etudes Primaires, 2,5 le Certificat d’Etudes Secondaires, et 2,2 le diplôme de cadre moyen, et moins de 1% ont le niveau de l’enseignement supérieur. La réglementation progressive du secteur de la construction, l’introduc- Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 63 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? tion d’équipements économisant la main-d’oeuvre, et le développement de la formation professionnelle sont autant de facteurs qui contribueront à améliorer la structure des qualifications et la productivité de la main-d’oeuvre. Le personnel qualifié augmentera en importance relative, accompagnée d’une diminution correspondante de la proportion de manoeuvres non-qualifiés. TABLEAU 13 EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS PAR CATEGORIE DE DIPLOMES DANS LE BTP, MILIEU URBAIN Type de Diplôme 1993 1995 2000 2005 Sans Diplôme 11 830 12 600 Enseignement Fondamental 2 380 3 960 Qualification 1 620 1 950 Cadres intermédiaires 1 650 2 030 Enseignement Supérieur 430 510 13 350 14 100 2 690 3 200 TOTAL 17 910 19 780 Résultats des projections effectuées par le CNJA 22 590 26 430 2 580 2 780 680 3 560 3 960 850 Ainsi, la part des emplois qui seront créés au profit des cadres intermédiaires, augmentera de 4,2 à 15%, et celle des diplômés de niveau qualifié évoluera au même rythme. En revanche, la proportion des créations d’emplois qui seront destinées aux travailleurs non diplômés baissera de 66 à 53%. C - LE COMMERCE Le commerce est du point de vue de sa valeur ajoutée, le secteur le plus important de l’activité productive marocaine. En effet, entre 1969 et 1990, sa contribution au PIB a varié entre 20 et 25%. Son importance se manifeste également par le nombre d’emplois qu’il engendre. Evoluant en fonction du rythme d’activité des autres secteurs, le commerce est appelé à jouer un rôle accru dans l’expansion de l’emploi en assurant 18% du total des créations d’opportunités de travail au cours de la décennie 90 64 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 avec une moyenne de 30.000 nouveaux emplois par an. En raison de la diversité des activités composant ce secteur, l’analyse de la structure de l’emploi a été affinée par sous-branches. Ainsi, on estime que 55,5% des créations d’emplois du secteur reviendraient au commerce des produits agricoles et alimentaires, 14,7 % au commerce des produits textiles, de l’habillement et du cuir, 8,5% au commerce des autres produits industriels, le reste étant réparti entre les commerces multiples non sédentaires et de récupération. Certains commerces, notamment les “grandes surfaces” sont susceptibles de se développer, et de modifier la dimension moyenne des établissements commerciaux. Pour qu’il puisse jouer son rôle dans l’économie et exercer une action d’impulsion de la production, le secteur devrait s’appuyer sur une meilleure organisation des structures et des professions commerciales. En particulier, il devra disposer d’agents initiés aux techniques modernes de gestion, capables d’y intervenir d’une façon efficace. Dans une optique de modernisation du secteur, il conviendrait d’entreprendre des actions visant à améliorer la qualification professionnelle des commerçants. Considérant les exigences de compétitivité qu’impliquent la libéralisation de l’économie et l’ouverture du pays sur l’extérieur, certaines entreprises industrielles intégreront les fonctions commerciales et de management, ce qui entraînera la création d’emplois qualifiés dans ces domaines. Au niveau du commerce extérieur, le développement des exportations est conditionné par la mise en place de capacités de production compétitives, s’appuyant sur la compétence des dirigeants, l’efficacité des cadres et la qualification des travailleurs. Cela exige également le renforcement de notre présence sur les marchés extérieurs, par une meilleure utilisation des réseaux publics et privés. Concernant la composition de l’emploi dans le secteur du commerce par niveau de qualification, les projections à l’horizon 2000 ne permettent pas de dégager des modifications significatives. Les travailleurs n’ayant aucun diplôme continueront de représenter près de 63% de l’ensemble des emplois créés à la fin de la décennie. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 65 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 14 EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS PAR CATEGORIE DE DIPLOMES DANS LE COMMERCE EN MILIEU URBAIN Type de Diplôme 1993 1995 2000 2005 Sans Diplôme 18 200 20 660 20 130 21 600 Enseignement Fondamental5 520 6 320 6 890 7 950 Qualification 1 170 1 350 1 540 1 820 Cadres intermédiaires 1 810 2 120 2 560 3 250 Enseignement Supérieur 610 710 840 1 050 TOTAL 27310 31160 Résultats des projections effectuées par le CNJA 31960 35670 D - LES SERVICES Les services qui ont connu durant la période de référence une évolution positive contribuent pour environ 12,5% dans la réalisation du PIB. Bien qu’elle ait connue un ralentissement au cours des années 80, la valeur ajoutée du secteur s’est accrue au taux annuel moyen de 5,5 %. La gamme d’activités économiques que compte ce secteur étant assez hétérogène, l’évolution prévisible de l’emploi dans certaines activités de service est souvent infléchie par les tendances opposées dans d’autres. Certains soussecteurs emploient une proportion relativement élevée de personnel qualifié tels que la santé, les banques, les services fournis aux entreprises, alors que d’autres comme les services personnels et domestiques, recourent à une maind’oeuvre peu qualifiée. En contribuant à 21% du total des créations d’emplois en milieu urbain, prévues pour la décennie 90, le secteur des services jouera un rôle dynamique dans la promotion de l’emploi, avec une moyenne de l’ordre de 40.000 emplois nouveaux par an. 66 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 TABLEAU 15 EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS PAR CATEGORIE DE DIPLOMES DANS LES SERVICES, MILIEU URBAIN Type de Diplôme 1993 1995 2000 Sans Diplôme 13 860 14 680 16 250 Enseignement Fondamental9 26010 470 13 000 Qualification 2 850 3 140 3 860 Cadres intermédiaires 1 660 1 780 1 920 Enseignement Supérieur 3 510 3 850 4 530 Enseignants 950 1 080 1 360 2005 16 670 16 190 4 530 2 030 5 160 1 720 TOTAL 32 110 35 000 40 920 46 300 Résultats des projections effectuées par le CNJA Ainsi, on estime qu’en moyenne sur cent postes d’emplois qui seront créés dans les services, 11 iront aux diplômés de l’enseignement supérieur, 5 aux cadres de niveau intermédiaire, 9 aux lauréats de niveau “qualification” de la formation professionnelle, 30 aux diplômés de l’enseignement fondamental et 42 aux non diplômés et 3 aux enseignants. L’augmentation de l’emploi dans le secteur tertiaire est un phénomène universel, les rythmes de croissance et la composition professionnelle étant en fonction du niveau de développement de chaque pays. Concernant les perspectives d’avenir, la diffusion technologique dans les fonctions de services et l’augmentation du nombre d’emplois de services dans les autres secteurs, et plus particulièrement dans l’industrie, préfigurent un changement en profondeur de la composition professionnelle de l’offre d’emploi à long terme. E - L’AGRICULTURE ET LA PECHE 1- L’Agriculture En raison du caractère saisonnier et des fluctuations d’activité, dues Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 67 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? essentiellement aux aléas climatiques, il est difficile d’aboutir à une évaluation précise des créations d’emplois agricoles. Dans ce contexte, une augmentation (diminution) de la production agricole se traduit généralement par une amélioration (baisse) de l’occupation des actifs, et donc par une réduction (augmentation) du sous-emploi. Ce qui conduit donc à retenir comme base d’analyse un volume d’emplois minimal reflétant l’évolution tendancielle à long terme de la population active. En se limitant au milieu rural6, les créations d’emplois attendues dans le secteur agricole proprement dit s’éleveraient en moyenne annuelle à près de 24.000 entre 1992 et l’an 2000. Ce sont les cultures des céréales et légumineuses qui fourniraient le plus grand nombre d’emplois (53%), suivies de l’élevage (18%), des activités de maraîchage (6%), des cultures industrielles et oléagineuses (5%), de la sylviculture (6%) et de l’arboriculture (4%), le reste étant réparti entre les services connexes. 2- La pêche Avec ses 3500 km de façades maritimes, le Maroc dispose d’atouts naturels exceptionnels dans le domaine de la pêche. S’agissant de l’activité de ce secteur, la production halieutique est passée de 223.000 tonnes en 1969 à 553.000 tonnes en 1991 soit un taux d’accroissement annuel moyen de 6,7 %. La valeur des exportations des produits de la mer a progressé au taux annuel moyen de 12% entre 1988 et 1991. Concernant les investissements, 544 unités de pêche côtière ont été mises en service, et 223 navires pour la flotte de pêche hauturière ont été immatriculées. En se limitant au secteur organisé des pêches, on estime que la pêche côtière et la pêche hauturière regroupent respectivement 84 et 16% des travailleurs du secteur, et qu’environ 32% des effectifs de la pêche hauturière occupent des emplois qualifiés en “pont et machines”, les effectifs de la pêche côtière étant constitués de 21% de cadres navigants et de 75% d’agents qualifiés. 6 Certaines activités à caractère agricole sont localisées également dans les zones urbaines (élevage de poulets, pépinières, cultures sous-serre,...) 68 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 TABLEAU 16 EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS DANS LA PECHE Catégorie de Pêche 1993 1995 2000 2005 Pêche côtière Pêche hauturière Pêche par canots 1 400 1 120 1 000 1 480 2 000 1 080 1 490 2 750 1 090 1 500 3 500 1 100 TOTAL 3 520 4 560 Résultats des projections effectuées par le CNJA 5 230 6 100 Le secteur de la pêche permettra la création d’un effectif élevé d’emplois et la promotion sociale du maître-pêcheur, et pourra mobiliser un nombre important de chercheurs scientifiques dans le domaine de la masse biologique. Selon les prévisions, on estime que les effectifs d’embarquement en milieu urbain augmenteront en moyenne annuelle, entre 1993 et l’an 2005, à raison de 1500 marins sur les navires de la pêche côtière, de 2300 marins sur les navires de la pêche hauturière, et de 1100 marins sur les canots. F - L’ADMINISTRATION Les contraintes budgétaires ont pesé lourdement sur les recrutements dans l’Administration ; la part du secteur dans l’emploi total ayant été maintenue au seuil de 9 % (dans les pays développés, cette proportion varie entre 12 et 18%). La contribution de l’Administration à la création d’emplois n’a pas encore atteint un niveau élevé au point de considérer la stabilisation des recrutements comme un objectif viable. Comme l’a souligné la Commission interministérielle sur le service civil, la stabilisation des créations d’emplois risque de nuire à la capacité d’action de l’Administration en matière d’offre de service public. La structure des qualifications dans l’Administration reste caractérisée par une stagnation de la proportion des cadres techniques, (le pourcentage de diplômés recrutés dans cette catégorie étant fiable) et par une proportion relativement élevée d’agents sans formation précise, constitués principalement Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 69 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? d’employés subalternes. L’étude des liaisons Education-Formation-Emploi a d’ailleurs montré qu’environ 30% des effectifs de l’Administration ont un niveau de formation ne dépassant pas l’enseignement primaire. Au delà de ces contraintes, le secteur public devra reprendre la place qui lui revient dans la régulation du marché de travail en agissant tant sur le niveau que sur la composition professionnelle des recrutements. Une participation accrue de l’administration à l’effort de développement et à l’expansion des services publics, nécessiterait la création de 32.000 emplois par an entre 1992 et 1996. La progression de l’emploi concernera principalement l’enseignement, la santé et les collectivités locales. TABLEAU 17 EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS PAR TYPE DE DIPLOME DANS L’ADMINISTRATION Type de diplôme 1993 1995 2000 2005 Sans diplôme 640 570 1 030 1 033 Enseignement Fondamental 2 940 Qualification 820 1 650 1 620 2 940 9 100 1460 1 458 Cadres intermédiaires 2 930 2 890 5220 5 222 Enseignement Supérieur15 106 15 106 20091 9 437 Autres 10 274 10 717 13169 18 370 TOTAL 25 380 25 820 Résultats des projections effectuées par le CNJA 33260 38 460 Les possibilités d’action pour obtenir une progression maximale de l’emploi varient d’un secteur à l’autre. De ce qui précède, on peut tirer les remarques suivantes : 70 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 • Les finances publiques doivent être réorientées de manière à assurer un rythme de croissance élevé, et les dépenses publiques restructurées pour favoriser les secteurs fortement créateurs d’emplois et moins coÛteux en importations. • Dans un contexte de croissance soutenue, l’industrie manufacturière pourra jouer un rôle essentiel dans la création des emplois qualifiés, en l’occurrence pour les professions scientifiques et techniques. Les facteurs déterminants de cette croissance sont (i) l’investissement dans les créneaux à rentabilité élevée, (ii) la maîtrise des processus industriels, (iii) l’élévation du niveau de qualification et d’encadrement de la main-d’oeuvre, et (iv) l’amélioration de la qualité. • Dans les secteurs soumis à la concurrence internationale et interne, l’objectif fondamental de la promotion de l’emploi ne pourra être atteint que par le renforcement de la compétitivité et l’accroissement de la productivité des facteurs de production. • Les investissements publics d’infrastructure pourraient offrir des possibilités importantes de création d’emplois dans des domaines tels que le logement social, la construction de bâtiment et l’équipement dans les secteurs sociaux. • L’expansion de l’emploi dans les branches commerciales a été particulièrement remarquable par le passé et se poursuivra à un rythme plus rapide durant les années à venir. Toutefois, pour qu’il contribue substantiellement à l’emploi des diplômés, des actions de modernisation et l’organisation des structures et des professions commerciales devraient être entreprises. III. PERSPECTIVES DE L’EMPLOI PAR FAMILLE DE PROFESSIONS EN MILIEU URBAIN Comme on l’a signalé dans la partie méthodologique, les projections de l’emploi par type de qualifications et catégories de diplômés permettent de cerner les insuffisances prévisibles du système de formation et de concevoir les correctifs nécessaires. Avant d’aborder les prévisions de l’emploi par profession, il est utile de récapituler les perspectives d’emploi par catégories de diplômés. Le tableau ciaprès présente une vue d’ensemble de l’évolution des créations d’emplois. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 71 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? Comme on vient de l’examiner dans le chapitre précédent, la répartition des futures créations d’emplois varie considérablement d’un secteur à l’autre. TABLEAU 18 EVOLUTION GLOBALE DES CREATIONS D’EMPLOIS PAR CATEGORIES DE DIPLOMES, MILIEU URBAIN Type de diplôme 1993 1995 71 280 75 740 79 800 81 584 Enseignement Fondamental 60 381 Qualification 11 080 36 250 40 540 49 860 12 180 15 310 18 086 Cadres intermédiaires 11 340 12 470 16 820 19 800 Enseignement Supérieur7 470 8 320 10 350 12 432 Enseignants 9 670 9 910 10 090 10 447 Autres 10 270 10 710 13 170 18 370 Sans diplômes 2000 2005 TOTAL 157 360 169 870 195 400 221 100 Résultats des projections effectuées par le CNJA Globalement, on estime que sur 100 emplois qui seront créés en l’an 2000 en milieu urbain, 41 pourraient être occupés par les travailleurs non diplômés, 26 par les diplômés de l’enseignement fondamental, 8 par ceux du niveau qualification, 9 par les diplômés ayant des profils de cadres intermédiaires, 5 par les diplômés de l’enseignement supérieur, et 5 par les enseignants et les formateurs. A - LES PROFESSIONS HAUTEMENT QUALIFIEES Les professions hautement qualifiées regroupent une grande partie de ce qu’on appelle les professions libérales, scientifiques et techniques, notamment les ingénieurs, les enseignants, les médecins, les avocats, les économistes, les 72 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 biologistes et chimistes, les cadres dirigeants, et cadres occupant des emplois supérieurs. Comme le révèle l’analyse du profil scolaire des emplois, la pénétration de cette catégorie de professions n’est pas encore élevée, bien que leurs effectifs aient connu une progression remarquable. En effet, entre les deux derniers recensements, leurs effectifs ont cru au taux annuel moyen de 15 pour cent et leur proportion dans la population active est passée de 6,4 à 8,9 pour cent. On présentera ici les perspectives d’emploi dans les principales catégories de professions et de fonctions pouvant constituer des débouchés ou un champ de carrière pour les diplômés de l’enseignement supérieur. Seront examinés successivement les postes professionnels suivants : 1 - Les directeurs et cadres administratifs supérieurs 2 - Les ingénieurs 3 - Les médecins 4 - Les professions juridiques 5 - Le personnel enseignant et formateur 6 - Les professionnels de l’information 1) - Directeurs et cadres administratifs supérieurs Ce grand groupe comprend les dirigeants et cadres supérieurs salariés 7 de l’Administration publique, des établissements semi-publics, et des entreprises privées. C’est un groupe hétérogène à la fois par des différences dans les professions, les emplois exercés, les profils de formation et le statut. Dans le secteur privé, les directeurs et les cadres administratifs supérieurs sont à l’évidence concentrés dans les grandes entreprises industrielles, commerciales et de service. Toutefois on relève des différences marquées entre ces secteurs, dues essentiellement à la diversité de structure et d’organisation des entreprises. De par l’importance des responsabilités assumées, cette catégorie de personnel doit posséder un niveau élevé de compétence, ses fonctions consistant principalement à préparer et à mettre en oeuvre les décisions dans les administrations et les entreprises publiques ou privées. Entre 1971 et 1982, leurs effectifs ont enregistré une progression 7 Les propriétaires gérants ne font pas partie de ce groupe. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 73 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? notable, à un rythme annuel moyen de 6,6%. Toutefois, au cours des années quatre-vingt, cette progression a été infléchie, notamment dans l’administration publique, suite aux restrictions budgétaires, qui ont ralenti le rythme des recrutements des cadres scientifiques techniques. L’augmentation des postes d’emploi intéressant cette catégorie de personnel résulte en général de la réorganisation des administrations, de l’extension des entreprises existantes (créations d’établissements) et de la création de nouvelles sociétés appartenant au secteur moderne. On ne dispose pas d’informations fiables ou d’études pour évaluer de façon précise les besoins futurs en cadres dirigeants par fonction et par domaine. On estime cependant que, globalement, les emplois pour les cadres supérieurs croîtraient de 3600 par an entre 1993 et l’an 2000, moyenne qui dépasserait vraisemblablement 4200 en 2005. TABLEAU 19 CREATION D’EMPLOIS DANS LES EMPLOIS DES CADRES SUPERIEURS CATEGORIES DE DIRECTEURS ET DE CADRES 1993 1995 2000 DIRECTEURS ET CADRES SUPERIEURS 360 400 470 DIRECTEURS ET CADRES DIRIGEANTS 2 590 2850 3 380 DIRECTEURS DE COMMERCE 320 370 300 ENSEMBLE 3 250 3 570 Résultats des projections effectuées par le CNJA 4 220 En l’état actuel d’information, il est difficile d’affiner davantage cette 74 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 évaluation. Mais il est intéressant de signaler à titre indicatif les fonctions susceptibles de constituer un goulet d’étranglement pour bon nombre d’entreprises, et qui devraient y être renforcées et structurées en départements. Pour les petites entreprises (moins de 20 salariés), dont le patron est souvent le principal dirigeant et s’occupe de la préparation du produit et même de sa vente, les fonctions critiques sont celles de la comptabilité et de la commercialisation. Au fur et à mesure que ces petites entreprises grandissent (20 à 500), elles sont appelées à s’organiser pour répondre à la demande de leur clientèle, d’autres fonctions s’imposent, dès lors notamment celles relatives à la production, la gestion du personnel, et l’organisation du travail. Pour les grandes entreprises (plus de 500 salariés), les fonctions les plus critiques sont celles d’études/recherche/essai et de contrôle. 2) - Les ingénieurs Tous les secteurs économiques, qu’ils soient des secteurs menacés ou de pointe, auront besoin à des degrés divers d’ingénieurs pour qu’ils puissent s’adapter à l’évolution technologique et introduire les innovations nécessaires. Les effectifs d’ingénieurs ont cru, entre 1971 et 1982, à un taux annuel moyen de 6,7 pour cent, accroissement qui a concerné principalement les ingénieurs des travaux publics et de bâtiment, les architectes, les ingénieurs électriciens et les ingénieurs agronomes. Malgré les contraintes budgétaires, près de trois cents ingénieurs ont été recrutés annuellement par des départements ministériels au cours de la décennie 80. La composition professionnelle des emplois auxquels peuvent accéder les ingénieurs, varie selon le type d’activité, le degré de spécialisation et de technicité des entreprises. Pour donner une vue d’ensemble sur les besoins, on a regroupé les différentes spécialités en dix catégories : ingénieurs civils, ingénieurs, électriciens, ingénieurs électroniciens, ingénieurs mécaniciens, ingénieurs métallurgistes, ingénieurs chimistes, ingénieurs des mines, ingénieurs agronomes, et ingénieurs conseils. Les spécialités qui connaîtraient une croissance non négligeable concerneront les ingénieurs civils, les ingénieurs mécaniciens, les ingénieurs-conseils et les ingénieurs électriciens et électroniciens. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 75 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 20 CREATION D’EMPLOIS D’INGENIEURS MILIEU URBAIN SPECIALITE 1993 1995 2000 2005 Ingénieurs Civils Ingénieurs Mécaniciens Ingénieurs Electriciens et électroniciens Ingénieurs-Conseils Ingénieurs Chimistes Ingénieurs Mines Ingénieurs Agronomes Autres 180 160 200 180 230 210 260 230 170 110 90 40 50 60 190 120 100 45 60 45 220 140 110 50 70 80 240 160 130 60 80 70 Ensemble 860 940 Résultats des projections effectuées par le CNJA 1110 1230 Il convient de noter que les débouchés de l’ingénierie traditionnelle ou conventionnelle resteront très limités, tant qu’on aura pas jeté des bases de l’ingénierie de pointe pour maîtriser le développement technologique et promouvoir les grandes unités industrielles. Pour des raisons évidentes, ce type d’ingénierie ne créera pas de besoins élevés avant longtemps. Néanmoins certains créneaux sont très demandeurs d’ingénieurs actuellement, comme l’informatique et l’électronique. Aussi est-il hautement recommandé de se pencher sur l’étude des possibilités de développement de l’ingénierie de l’électronique, télécommande et télécommunication, de l’ingénierie informatique, de l’ingénierie nucléaire, l’ingénierie des énergies renouvelables et de la bio-ingénierie, de l’ingénierie navale et maritime. 3)- Les professions médicales Globalement, les effectifs du personnel médical ont connu une progression rapide, au taux annuel moyen de 13,5% au cours de la période. En 1991, le nombre de médecins a atteint près de 6000, soit un accroissement annuel 76 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 moyen de 11,7%. Toutefois, malgré cette croissance relativement importante, la part du personnel médical dans les professions scientifiques et techniques est restée stable au niveau de 14%. Le rythme d’accroissement que connaîtra à l’avenir l’effectif des cadres médicaux est lié à l’évolution des besoins de la population, aux revenus des ménages et aux moyens financiers qui seront consentis au secteur de la santé. Selon les approches normatives, les besoins potentiels évalués sur la base d’un encadrement minimal d’un médecin pour 3000 habitants (la moyenne nationale est actuellement de 4200 habitants par médecin), s’établiraient à 3880 médecins entre 1990 et l’an 2000, soit une augmentation annuelle de 390 médecins. Mais pour assurer une densité médicale compatible avec l’évolution des besoins de la population, celle correspondant à la moyenne des pays à revenus intermédiaires, soit 2500 habitants par médecin, il faudrait environ 900 médecins supplémentaires par an. Toutefois, considérant la nécessité d’une répartition régionale plus équilibrée des équipements et du personnel médical et paramédical, il nous a semblé raisonnable de réviser à la hausse les évaluations des besoins futurs auxquelles ont abouti d’autres études 8 . Le taux de spécialisation retenu comme base de projection est de 57%, taux qui pourrait baisser à long terme, avec la diversification des spécialités médicales et la prise de conscience accrue de la population concernant les problèmes de santé. 8 Il s’agit notamment de l’étude sur le “Financement du secteur de la santé” réalisée par le Ministère de la Santé Publique et de celle du Ministère du Plan, portant sur l’offre d’emploi par profession. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 77 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 21 EVOLUTION DU NOMBRE DE MEDECINS SUPPLEMENTAIRES PAR SPECIALITE SPECIALITE 1993 1995 2000 2005 MÉDECINE GÉNÉRALE 380 CHIRURGIE 45 NEURO-PSYCHIATRIE 10 RHUMATOLOGIE 5 O.R.L. 20 PEDIATRIE 28 OPHTALMOLOGIE 22 DERMATOLOGIE 5 CARDIOLOGIE 15 ANESTHESIOLOGIE 11 ELECTRO -RADIOLOGIE 14 BIOLOGIE 18 STOMATOLOGIE 4 GYNECOLOGIE 30 PNEUMO-PHTISIOLOGIE 18 ENDOCRINOLOGIE 2 GASTROLOGIE 7 TRAUMATO-ORTHOPEDIE5 GYNECO-OBSTETRIQUE 19 GASTRO-ENTEROLOGIE 6 DERMATO -VENEROLOGIE6 AUTRES SPECIALITES 10 420 50 11 5 22 30 24 5 16 12 15 20 4 33 20 2 8 5 20 7 7 14 475 58 13 6 26 36 28 6 19 14 18 23 5 38 23 3 9 6 23 8 8 15 540 64 14 9 28 39 30 7 21 15 19 25 6 41 25 3 10 7 26 9 9 17 TOTAL 680 740 Résultats des projections effectuées par le CNJA 860 940 En se basant sur les tendances observées au cours de la décennie 80, les spécialités qui prédomineraient sont la chirurgie, la gynécologie, la pédiatrie, l’ophtalmologie, l’O.R.L., la cardiologie et la biologie. L’évolution quantitative que connaîtra le secteur de la santé devra se faire également vers une amélioration qualitative des prestations. Parmi les exigences de cette amélioration, il faut insister sur l’adaptation du profil de for- 78 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 mation aux objectifs des diverses formations hospitalières. Pour ce faire, il convient de développer la formation continue et de mettre en place des programmes de recherche médicale multidisciplinaire, en associant notamment les ingénieurs bio-médicaux. 4) - Les personnels enseignants et formateurs Cette catégorie de cadres regroupe l’ensemble des corps enseignants des universités, des établissements d’enseignement supérieur, des établissements secondaires et des établissements de formation professionnelle. Pour faire face à l’expansion des effectifs d’élèves, il a fallu former et recruter un grand nombre de personnel enseignant. Entre 1970 et 1980, la progression moyenne d’enseignants a été très importante : de 23% par an pour les enseignants du secondaire et de 8,8% pour ceux du primaire. Au niveau de l’enseignement supérieur universitaire, on a enregistré au cours de cette période une augmentation relativement importante du nombre d’enseignants portant l’effectif global à 5.865, soit un taux d’accroissement de 4,1%. Au niveau de la formation professionnelle, le développement et le perfectionnement du corps des formateurs a constitué l’un des principaux objectifs de la réforme de 1984 visant à améliorer la qualité de la formation. Concernant les perspectives d’avenir, l’évolution des besoins des diverses catégories d’enseignants dépendra principalement des objectifs quantitatifs et qualitatifs qui seront assignés au secteur de l’éducation, notamment pour ce qui est de la croissance future des effectifs d’élèves et d’étudiants, de l’amélioration du niveau d’encadrement, et des moyens financiers qui seront consentis à ce secteur. En particulier, le développement rapide de l’enseignement fondamental entraînera un accroissement corrélatif des besoins en enseignants et formateurs. En se situant dans la perspective d’une évolution tendancielle du système éducatif, les créations de postes d’emploi pour les enseignants qui exercaient dans les secteurs publics et privé en milieu urbain se chiffraient en moyenne annuelle à près de 8.700 entre 1993 et l’an 2000. Avec la promulgation de la loi sur l’encouragement de l’investissement de l’enseignement et de la formation, les besoins de recrutement des enseignants pourraient croître davantage, et ce à tous les niveaux d’enseignement. En se basant sur les recrutements des cadres enseignants durant la décennie 80, des projections tendancielles ont été effectuées, à titre purement indicatif, pour avoir une idée sur l’évolution et la structure des spécialisations par Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 79 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? matière des effectifs des corps enseignant du 2° cycle fondamental et secondaire public. Selon cette hypothèse, le nombre d’enseignants supplémentaires croîtrait en moyenne annuelle de 3.700 en 1995 à 4.200 en l’an 2005. TABLEAU 22 EVOLUTION DU NOMBRE D’ENSEIGNANTS SUPPLEMENTAIRES PAR DISCIPLINE 2° CYCLE DE L’ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL ET SECONDAIRE PUBLIC EN MILIEU URBAIN DISCIPLINE 1995 2000 2005 ARABE HISTOIRE GEOGRAPHIE PHILOSOPHIE FRANCAIS ANGLAIS ESPAGNOL ALLEMAND INSTITUTIONS ISLAMIQUES MATHEMATIQUES PHYSIQUE-CHIMIE SCIENCES NATURELLES ECONOMIE TECHNIQUE INDUSTRIELLE TECHNIQUE COMMERCIALE DESSIN MUSIQUE TECHNOLOGIE CULTURE FEMININE EDUCATION PHYSIQUE INFORMATIQUE AUTRES 590 350 60 610 135 30 5 222 630 278 330 7 33 15 34 50 20 278 12 610 370 60 650 143 40 5 234 660 292 350 8 35 20 38 60 22 292 14 - 670 400 69 700 154 50 5 252 720 315 380 9 38 25 40 70 24 315 20 - 3900 4200 TOTAL 3700 Résultats des projections effectuées par le CNJA (*) Concernant le personnel enseignant de l’enseignement secondaire, on a fourni à titre indicatif, les projections des effectifs additionnels par matières. 80 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 5) - Les professions juridiques Les professions juridiques sont composées des avocats, des procureurs, des juges, des conseillers juridiques, des notaires, des avoués, des conseillers fiscaux, des greffiers, des huissiers, et cadres des services du contentieux. Ces professions s’exercent soit dans le cadre de la fonction publique, soit à titre individuel ou en groupes, les débouchés étant différents selon le domaine de spécialisation et la branche d’activité. En général, les avocats, les notaires, les avoués et les conseillers juridiques et fiscaux exercent dans les services, les autres professions sont concentrées dans l’Administration. Entre 1971 et 1982, les effectifs de ces professions ont crû au taux annuel moyen de 11,3%. Conformément à ces tendances, les effectifs augmenteraient en moyenne de 1240 emplois par an entre 1993 et 2005. Cette augmentation concernera aussi bien les emplois traditionnels (avocats, notaires, magistrats) que les nouvelles professions de conseil juridique et de contentieux auprès des particuliers ou dans les entreprises. 6) - Les professions de l’information et de la communication Cette catégorie de cadres regroupe tous ceux qui interviennent dans l’élaboration et la diffusion de l’information, tels que les journalistes rédacteurs, les reporters photographes, les attachés de presse, les journalistes spécialisés, les secrétaires de rédaction et d’édition, et les spécialistes de la publicité. Les professionnels du journalisme sont concentrés dans la presse, et ceux de la publicité dans les services. Les perspectives d’emploi, qui apparaissent relativement limitées à moyen terme, évolueront favorablement à long terme en fonction du développement des activités d’édition et des mass-médias et de l’élévation du niveau culturel de la population. B - LES CADRES INTERMEDIAIRES Le rôle que joue cette catégorie de cadres dans le développement économique et social a pris une telle importance qu’elle figure désormais en bonne place dans les nomenclatures des professions9 de la plupart des pays développés. Remarquons que l’appellation de “cadres moyens” adoptée dans la nomenclature nationale ne traduit pas tout à fait le contenu réel des emplois occupés 9 La classification internationale type des professions vient de lui consacrer dans l’édition de 1988, révisée, une subdivision comportant 73 groupes de base. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 81 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? par cette catégorie de travailleurs. Ce sont plutôt des cadres intermédiaires, dont la position hiérarchique est située entre le personnel hautement qualifié et les ouvriers et les employés qualifiés, assurant ainsi la liaison entre la conception et l’exécution. Deux questions se posent alors concernant leur place dans les systèmes d’emploi et de formation : - Occupent-ils des fonctions spécifiques ? - Les emplois auxquels ils accèdent peuvent-ils être alimentés par les filières de formation ? Les analyses de postes d’emploi montrent qu’il s’agit d’une catégorie plutôt fonctionnelle que professionnellement spécialisée, dont les responsabilités et les fonctions dépendent bien entendu de la situation propre aux diverses entreprises. La classification des emplois de l’étude EFE a distingué au sein de cette catégorie les techniciens supérieurs et les techniciens moyens, qui représentaient en 1984-85, respectivement 3,8% et 8,1% des effectifs permanents (hors dirigeants) du secteur moderne, soit un taux d’encadrement de 2,5 techniciens moyens pur un technicien supérieur et de 4 ouvriers qualifiés pour un technicien. La part des cadres intermédiaires varie d’un secteur à l’autre, les proportions 10 les plus élevées ayant été observées dans les services (23,8 %), les mines (16,5 %) et l’industrie (8,3 %). Les cadres intermédiaires constituent une catégorie d’actifs hétérogène du point de vue des niveaux de formation et des itinéraires professionnels. En effet, l’analyse de l’origine scolaire des travailleurs révèle que la moitié de ces cadres avaient en 1989 le niveau du second cycle. Une partie d’entre eux serait d’anciens diplômés des lycées techniques et des centres de formation professionnelle. Les cadres diplômés dont la formation correspond à celle des cadres intermédiaires représentent actuellement 3,6% de l’emploi, proportion qui pourrait plus que doubler en l’an 2005. Les prévisions tablent sur un volume de création d’emplois en milieu urbain de l’ordre de 12.000 postes entre 1992 et 1995 et de 18.300 postes entre 1996 et l’an 2005. Considérant l’évolution des besoins potentiels de l’économie durant les années à venir, l’effectif des cadres intermédiaires devrait progresser plus rapidement que par le passé. Le tableau ci-après présente la répartition, par secteur d’activité, des créations d’emplois réservés aux cadres intermédiaires. Notons tout d’abord que le nombre des créations d’emplois augmentera sensiblement 10 A noter que le niveau élevé de ces pourcentages s’explique en partie par l’inclusion des enseignants du 2ème cycle dans cette catégorie. 82 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 d’une année à l’autre. Les accroissements les plus élevés s’effectueront dans l’Administration et l’industrie, qui, ensemble, représenteront plus de la moitié du total des créations d’emplois projetées, suivis du BTP, du commerce (environ 17 % chacun) et des services ; le reste étant réparti entre les pêches, les transports et les autres secteurs. TABLEAU 23 EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS POUR LES CADRES INTERMEDIAIRES SECTEUR D’ACTIVITE1993 1995 2000 2005 INDUSTRIE 2 930 BTP 1 650 COMMERCE 1 810 TRANSPORT 150 SERVICES 1 660 ADMINISTRATION 2 930 PECHES ET AUTRES 210 3 280 1 770 2 120 160 1 780 2 880 240 3 930 2 350 2 550 170 1 920 4 330 280 4 860 3 250 3 250 200 2 030 5 220 530 ENSEMBLE 11 340 12 230 Résultats des projections effectuées par le CNJA 15 530 19 340 Eu égard à l’importance de la progression des effectifs et de la place qu’occuperont les cadres intermédiaires dans l’économie, il est recommandé d’initier des formations intermédiaires professionnalisées avec des cycles de courte durée. Ces formations permettraient, à brève échéance, de “récupérer” les étudiants qui abandonnent leurs études et de leur assurer une formation qualifiante, et, à long terme, de mieux réguler la production des diplômés de l’enseignement supérieur en fonction des besoins de l’économie. Les besoins globaux étant évalués par secteur d’activité, il convient maintenant de les affiner selon les principales catégories professionnelles suivantes: • Les cadres paramédicaux • Les professions des services sociaux • Les techniciens des sciences physiques et technologiques • Les techniciens de l’art Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 83 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? 1) - Les cadres paramédicaux Les professions intermédiaires de la santé comprennent les assistants médicaux, les spécialistes de la nutrition, les assistants pharmaciens les préparateurs en pharmacie, et les techniciens de radiologie. Comme pour le personnel médical, les perspectives d’emploi dans ces professions sont liées à l’évolution des besoins de la population, à l’amélioration des revenus des ménages et aux possibilités de recrutement dans le secteur de la santé publique. Selon les prévisions tendancielles, les possibilités d’emploi se présentent comme ci-après : TABLEAU 24 CREATION D’EMPLOIS DANS LES PROFESSIONS PARAMEDICALES CATEGORIE DE PERSONNELS1993 1995 2000 2005 Personnel paramédical . Adjoints de santé brevetés1 410 1 520 . Infirmiers diplômés d’Etat 550 590 . Techniciens de radiologie 47 50 . Anesthésistes 38 41 . Techniciens de laboratoire 40 43 . Préparateurs de pharmacie25 27 . Obstétrique 17 20 . Techniciens en hygiène du milieu 18 28 . Autres 75 76 1 760 1 870 680 730 60 62 47 51 50 53 28 34 25 30 20 24 76 47 40 30 20 50 45 30 Professionnels de l’appareillage . Prothésistes dentaires . Opticiens lunetiers . Autres spécialistes 30 20 10 35 24 14 ENSEMBLE 2 280 2 460 Résultats des projections effectuées par le CNJA 2 840 3 030 Les professionnels de l’appareillage comprennent principalement des 84 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 opticiens lunetiers, des prothésistes (dentaires et orthésistes) et des podo-orthésistes. En dépit de leur faiblesse numérique, ces professionnels constituent des auxiliaires indispensables des médecins, leurs possibilités d’emploi étant généralement liées à l’évolution de la demande médicale. 2) - Les professions des services sociaux Les cadres des services sociaux organisent et surveillent les activités sociales, récréative et éducative, dans des centres socio-éducatifs, et aident les personnes handicapées ou en difficulté à améliorer leur faculté d’intégration sociale. Ce groupe rassemble des professions diversifiées, notamment les assistants sociaux et les conseillers du travail, les animateurs socio-culturels, les moniteurs éducateurs, les conseillers scolaires. Les informations disponibles ne permettent pas d’individualiser ces métiers pour donner des indications chiffrées sur les possibilités d’emploi. Toutefois, en prévision de l’élévation du niveau culturel de la population, on s’attend à ce que ces professions connaissent une évolution favorable. 3) - Les techniciens des sciences physiques et techniques Ce groupe de techniciens accomplit des travaux de caractère technique, liés à la recherche et à la mise au point des applications industrielles, notamment dans les domaines de la physique, de la chimie, de la géologie, de la géophysique, et du génie civil. Font partie de cette catégorie de personnel les techniciens du génie civil, les techniciens électriciens et électroniciens, les techniciens en construction mécanique, les techniciens en chimie industrielle, les techniciens de métallurgie, et les dessinateurs industriels. L’analyse du niveau scolaire des effectifs dans les différentes branches des Industries Mécaniques, Métallurgiques et Electroniques, a permis d’identifier les emplois types auxquels accèdent les techniciens. On trouve ainsi des techniciens en fabrication métallique ou mécanique, des techniciens de chaudronnerie, des techniciens en topographie, des techniciens d’ordonnancement, des techniciens de méthodes industrielles, d’étude, d’essais et de contrôle mécaniques. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 85 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 25 CREATION D’EMPLOIS POUR LES TECHNICIENS DES SCIENCES PHYSIQUES ET TECHNIQUES CATEGORIE DE TECHNICIENS 1993 1995 2000 Dessinateurs industriels 790 880 1 150 1 320 Techniciens électriciens et électroniciens 490 550 725 830 Techniciens en construction mécanique 130 150 190 220 Techniciens en chimie industrielle 80 100 120 Techniciens métallurgistes80 90 100 140 Techniciens topographes et géomètres 350 380 250 290 Techniciens de génie civil230 250 350 370 ENSEMBLE 70 2 140 2 380 2005 2 860 3 290 Résultats des projections effectuées par le CNJA Le développement de l’agriculture nécessitera des techniciens dans les domaines les plus variés : gestion de l’exploitation technique de culture et d’élevage, commercialisation, et transformation des produits agricoles. Il est difficile d’évaluer les besoins dans ce domaine, mais il est utile de mentionner certaines spécialités qui pourraient faire l’objet de plus amples investigations: techniciens en production de semences, en laboratoire agricole, en arboriculture fruitière et en viticulture, en horticulture, en production forestière, en protection des cultures, en protection de la nature, en laiterie, en commercialisation des produits agricoles, en machinisme agricole. 86 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 4) - Les techniciens de l’art Cette catégorie de cadres rassemble les dessinateurs d’arts appliqués à la production et à la publicité, les peintres et les portraitistes, les dessinateurs caricaturistes et de dessins animés, les dessinateurs publicitaires, les maquettistes d’affiches, les dessinateurs en tissus, les modélistes en vêtement (de costumes de théâtre), les décorateurs, les photographes portraitistes. Entre 1971 et 1982, le nombre des techniciens de l’art a enregistré une forte augmentation de près de 161,7% soit un taux annuel moyen de 14,7%. Les créations d’emplois s’éleveraient en moyenne à 600 par an entre 1993 et 2000 et à 700 par an entre 2000 et 2005. C - LES EMPLOIS QUALIFIES (DIPLOMÉS CQP ET CAP) Malgré leur faiblesse numérique par rapport à l’emploi total en milieu urbain, les métiers correspondant aux emplois qualifiés jouent un rôle important dans les différentes activités économiques. En dépit des efforts déployés pour la diversification des filières de formation correspondant à cette catégorie de diplômés, la pénétration de celle-ci dans les secteurs reste encore très limitée. Cette situation a été mise en évidence par l’étude EFE qui a révélé que la proportion des salariés du secteur moderne ayant reçu une formation de niveau CAP et CQP, ne dépassait guère 5%. Elle a relevé également l’existence d’une “sous-qualification” des voies d’accès aux emplois correspondant au niveau “qualification”, puisque 47% des salariés classés dans ce niveau n’avaient reçu aucune formation, alors que la proportion de ceux possédant ces deux types de diplômes ne dépassait guère 6%. Ces indications donnent à penser que les qualifications professionnelles et techniques correspondant à ce niveau de formation avaient été principalement acquises sur le tas et, dans une moindre mesure, par des cours de perfectionnement (formation non “diplômante”). L’amélioration du niveau de qualification des travailleurs est certes reconnue comme l’un des facteurs déterminant de l’accroissement de la productivité. Mais les pratiques d’embauche et le faible niveau de renouvellement de la main-d’oeuvre semblent peser lourdement sur les possibilités d’emploi des métiers correspondant au niveau qualifié de la formation professionnelle. Le volume de créations d’emplois qui intéresseront les diplômés de for- Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 87 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? mation CQP et CAP, atteindrait en moyenne annuelle 8.500 postes entre 1993 et 2000 et 11.600 postes entre 2000 et l’an 2005, dont une large proportion (45%) seront générées par les secteurs industriel et artisanal, suivi du BTP (23 %), des services (23%), du commerce (4 %) ; la contribution des autres secteurs étant relativement faible. TABLEAU 26 CREATIONS D’EMPLOIS POUR LES DIPLOMES CQP ET CAP EN MILIEU URBAIN SECTEUR 1993 1995 2000 2005 INDUSTRIE BTP COMMERCE TRANSPORT ET COMMUNICATION SERVICES ADMINISTRATION PECHES ET AUTRES 3 500 1 470 850 3 760 1 770 980 4 490 5 140 2 350 3 250 1 170 1 410 290 1 800 120 80 320 1 960 120 90 410 480 2 290 2 600 210 370 100 110 TOTAL 8 110 9 000 Résultats des projections effectuées par le CNJA 9 920 13 360 Les métiers correspondant au niveau qualification ont été classés suivant les douze grandes catégories professionnelles suivantes : - les métiers des mines et des carrières - les métiers du bâtiment - les métiers du travail des métaux - les métiers d’électricien et d’électronicien - les métiers du travail du verre et de la céramique - les métiers de la chimie - les métiers du bois - les métiers de l’alimentation - les métiers de l’hôtellerie et de la restauration - les métiers du bureau et de secrétariat - les métiers des transports. Ces catégories professionnelles ont été subdivisées et différenciées selon la 88 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 spécialisation dans le poste d’emploi et par rapport à la nature du travail accompli. 1) - Les métiers des mines et des carrières Cette catégorie de métiers regroupe les mineurs, les boutefeux, les terrassiers, les carriers, les ouvriers du traitement des minerais et des pierres, les paveurs, les ardoisiers, marbriers, les tailleurs graveurs de pierres, les sondeurs et foreurs de puits. Entre 1971 et 1982, les effectifs de ce groupe de métiers ont connu globalement un accroissement inférieur à la moyenne nationale, de près de 6% ; leur part dans les effectifs d’ouvriers et manoeuvres non agricoles a diminué, passant de 1,8 à 1,3%. Au niveau des sous-groupes professionnels, l’évolution de l’emploi se caractérise par un accroissement des mineurs (8,2%) et carriers (8,2). On prévoit une augmentation annuelle moyenne de leurs effectifs de près de 2000 entre 1992 et 2005. TABLEAU 27 CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS DES MINES ET DES CARRIERES CATEGORIES 1993 1995 2000 2005 . Mineurs . Carriers . Traiteurs de minerais et de pierres . Foreurs de puits 1 200 160 1 320 180 1 560 1 840 210 250 170 180 190 190 TOTAL 1 710 1 880 Résultats des projections effectuées par le CNJA 220 240 260 280 2 230 2 630 2) - Les métiers du bâtiment Dans les métiers du BTP, on distingue en général les métiers du grosoeuvre et ceux du second oeuvre. Les premiers regroupent essentiellement les maçons, les coffreurs, les briquetiers, les carreleurs, les monteurs de préfabriqué,les plâtriers, et les poseurs de revêtements de sol. Le second groupe de métiers réunit d’une part, les plombiers, les installateurs du sanitaire, de l’eau, Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 89 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? du chauffage, de la climatisation et des ascenseurs, et de l’autre, les peintres, les laqueurs, les vernisseurs, les modeleurs et les mouleurs. En 1982, les métiers du bâtiment en milieu urbain représentaient 165.000 personnes, soit 7,3% de la population active. Entre 1971 et 1982, l’effectif de ces métiers s’est accru au taux annuel moyen de 12,6%. Les métiers du gros oeuvre prédominent puisqu’ils représentent 81,4% et sont constitués en majorité de maçons (88,6 %). Concernant les métiers du second oeuvre, les ouvriers de la couverture et de la plomberie et assimilés, sont plus nombreux que ceux de la peinture et de la décoration. Les métiers du bâtiment sont concentrés dans la branche du BTP ; le reste étant dispersé entre les autres secteurs. Parmi les emplois du gros-oeuvre, on estime que le tiers des métiers du travail des pierres sont exercés dans le secteur du bâtiment, les deux tiers dans la branche des matériaux de construction. TABLEAU 28 CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS DU BTP CATEGORIE DE METIERS 1993 1995 2000 2005 1. Métiers du gros oeuvre8000 . Maçons et assimilés 6000 . Ouvriers du travail du béton armé 630 . Briqueteurs, carreleurs 760 . Plâtriers et assimilés 610 2. Métiers du second oeuvre 2700 . Poseurs de revêtements de sol 750 . Couvreurs 760 . Peintres en bâtiment 750 . Autres 440 8810 6600 9950 7400 11220 8300 700 850 660 840 960 750 100 1100 820 2910 3290 3530 830 850 760 470 930 960 810 590 1030 1000 860 640 TOTAL 10700 11720 Résultats des projections effectuées par le CNJA 90 13240 14750 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 Le nombre des créations d’emplois dans les métiers du bâtiment et des travaux publics croîtrait de près de 12000 entre 1993 et l’an 2000 et de 14.000 entre 2000 et 2005. Les métiers du gros-oeuvre représenteraient 75% de ces créations d’emplois, les maçons 56%, les autres métiers connaîtraient des augmentations moyennes variant entre 600 et 1000 emplois par an de 1993 à l’an 2005. 3) - Les métiers du travail des métaux a. Les métiers du façonnage des métaux Les métiers du façonnage et de l’usinage des métaux regroupent les forgerons, les outilleurs, les conducteurs de machines à outils, les conducteurs d’appareils à surfacer, les serruriers, les conducteurs de presse mécanique. L’ensemble des ouvriers exerçant ces métiers en milieu urbain représentait en 1982 près de 2% des métiers industriels, et avait cru à un taux annuel moyen de 10% par rapport à 1971. Malgré la baisse enregistrée entre 1971 et 1982, les emplois de la forge restent prédominants, leur part dans l’effectif des métiers du façonnage des métaux ayant passé de 65 à 59%. En revanche, les emplois qualifiés des outilleurs, des régleurs-conducteurs de machines-outils et les affûteurs et polisseurs, ont connu un accroissement moyen de 55% par an pendant cette période . Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 91 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 29 CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS DU TRAVAIL DES METAUX CATEGORIE DE METIERS 1993 1995 . Fondeurs et lamineurs 90 100 . Couleurs et mouleurs de sables 40 50 . Tréfileurs et galvaniseurs80 90 . Dresseurs, décapeurs 80 90 . Forgerons 170 180 . Outilleurs, conducteurs de machines-outils 290 300 . Serruriers, conducteurs de presse mécanique. 330 350 TOTAL 1 080 1 160 Résultats des projections effectuées par le CNJA 2000 110 2005 130 60 100 100 190 70 120 120 200 310 330 390 1 260 420 1 390 b. Les métiers de la soudure et de la plomberie Font partie de ces métiers, les soudeurs et oxycoupeurs, les tôliers-chaudronniers, tôliers en carrosserie, les monteurs de charpentes et de structures métalliques, et les plombiers et tuyauteurs. Les effectifs de ce groupe de métiers ont enregistré un taux d’accroissement des plus élevés, de près de 20% par an entre 1971 et 1982. Le groupe des plombiers, soudeurs et tôliers-chaudronniers ont fortement augmenté. TABLEAU 30 CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS DE PLOMBERIE ET DE CHAUDRONNERIE CATEGORIE DE METIERS 1993 . Plombiers et tuyauteurs 770 . Soudeurs 930 . Tôliers-chaudronniers, monteurs de charpentiers 430 TOTAL 2 130 Résultats des projections effectuées par le CNJA 92 1995 820 980 2000 910 1070 2005 990 1100 460 2 260 510 2 490 540 2 630 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 4) - Les métiers de l’imprimerie Concentrés dans la branche des industries polygraphiques et de la presseédition, les métiers de l’imprimerie réunissent les ouvriers qualifiés de la photographie, de la photogravure, de la typographie, des conducteurs de machines à imprimer, et des ouvriers de la reliure. Pour bien situer ces métiers, il est utile de rappeler le processus de fabrication d’un imprimé qui comporte les phases suivantes : • conception de la maquette et préparation de la copie • composition des textes • reproduction des illustrations • mise en page et composition • préparation de la forme imprimante • impression • façonnage Bien que le poids de ces métiers dans les emplois de type industriel soit faible, l’évolution fait apparaître une croissance remarquable des effectifs au taux annuel moyen de 13 %. Exercés en général dans les mêmes ateliers, les emplois de la photographie et de la photogravure représentent une faible proportion (3 % au niveau national, comparé au tiers dans les pays développés). Les métiers de la photographie qui comprennent notamment les civilistes, les chromistes, et les essayeurs, ont le pourcentage le plus faible, (environ 17 % dans les pays développés). En ce qui concerne les métiers de la photogravure, ils regroupent les copistes graveurs, les assistants graveurs qui, par expérience, deviennent graveurs seconds, puis graveurs, et des retoucheurs sur cylindre. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 93 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 31 CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS DE L’IMPRIMERIE TYPE DE METIERS 1993 1995 2000 . Typographes . Conducteurs de machines à imprimer . Photograveurs . Relieurs et autres 100 110 120 190 50 30 200 60 30 230 70 30 400 450 ENSEMBLE 370 Résultats des projections effectuées par le CNJA Au niveau des métiers de la typographie, qui représentent un pourcentage élevé (25 %) des emplois de la composition et de l’impression, la photocomposition dans l’impression à grands tirages est appelée à prendre une importance grandissante. Des métiers nouveaux s’imposeront, comme les clavistes monotypes et les lumitypes (composition machine). Les effectifs des compositeurs typographiques et des conducteurs de machine à imprimer (conducteurs de machine typo, conducteurs de machine offset, et conducteur de machine hélio) connaîtront également une progression importante. Ainsi, avec l’application de l’informatique à la pré-presse, on assistera au développement de la publication assistée par ordinateur. En revanche, les métiers de la reliure et de la brochure, qui sont relativement peu nombreux 11 ne connaîtraient pas une évolution significative. 5) - Les métiers de l’alimentation Font partie de ce groupe des métiers, ceux qui concourent à la préparation et à la transformation des produits agricoles et alimentaires. Ils regroupent notamment les conducteurs de machines pour la préparation des viandes et du poisson, la fabrication des produits laitiers, du pain et des pâtisseries, le traitement des fruits et légumes, la production du sucre, du thé et du café (les cuisiniers sont classés dans les métiers de la restauration). 11 Ils sont cependant diversifiés, réunissant brocheurs, endosseurs, massicotiers, rogneurs et conducteurs de machine à plier ou encarter. 94 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 Les métiers de l’alimentation et des boissons, qui représentaient en 1982, 9% de l’effectif des ouvriers de l’industrie, ont cru à un taux annuel moyen de 8%. La répartition selon les branches d’activité fait apparaître une concentration assez marquée de ces métiers dans les industries agro-alimentaires et, dans une moindre mesure, dans le commerce et les services. L’emploi dans ce groupe de métiers est lié en grande partie à la croissance du niveau de consommation de la population et des exportations des produits agro-industriels. Conformément à l’évolution tendancielle de l’emploi dans ce secteur, les effectifs connaîtraient une augmentation importante, de l’ordre de 11.500 travailleurs en moyenne annuelle au cours de la décennie. TABLEAU 32 CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS DE L’ALIMENTATION GROUPES DE METIERS 1993 . Meuniers 600 . Cuiseurs et ouvriers de la conserve 1 860 . Bouchers, poissonniers 2 450 .Boulangers,pâtissiers, confiseurs 5 270 . Travailleurs des produits laitiers 1 090 . Ouvriers préparateurs des boissons 540 Autres métiers 1 800 1995 2000 2005 660 790 940 1 250 1 330 1 570 2 650 3 140 3 720 3 420 3 760 4 450 200 550 920 350 380 450 1730 1 670 2 080 ENSEMBLE 10 070 11 06013 09015 500 Résultats des projections effectuées par le CNJA On ne prévoit pas de changements significatifs de la composition professionnelle des emplois de l’alimentation. Les métiers pour lesquels on prévoit un nombre élevé de créations d’emplois sont les boulangers et pâtissiers (35%), les bouchers (24 %) suivis des cuiseurs et ouvriers de la conserve (12 %), des travailleurs des produits laitiers (7 %) et des meuniers (3,4 %). Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 95 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? 6) - Les métiers du tissu On distingue trois groupes de spécialités professionnelles qui interviennent dans la production et la transformation des tissus : les métiers du textile,les métiers de l’habillement, et les métiers de la tapisserie. Les métiers du textile, qui sont nombreux et diversifiés, se retrouvent à différents niveaux du processus de préparation des fibres et de tissage. Font partie de cette catégorie de métiers les banbrocheurs, les étireurs et peigneurs, les conducteurs de machines de peignage et de fibres textiles, les fileurs, les bobineurs, les régleurs de métiers à tisser et à tricoter, les tisserands, et les tricoteurs. TABLEAU 33 CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS DU TEXTILE METIERS DU TEXTILE 1993 1995 . Préparateurs de fibres 170 . Fileurs et bobineurs 2 450 . Régleurs de machines à tisser670 . Tisserands 4 010 . Tricoteurs 550 . Blanchisseurs 410 . Passementiers 390 2000 2005 190 220 260 2 700 3 180 3 750 740 870 1 030 4 400 5 210 6 140 600 710 840 450 530 630 420 520 600 ENSEMBLE 8 650 9 500 11 240 13 250 Résultats des projections effectuées par le CNJA Le nombre de travailleurs qui exercaient ces métiers en 1982 représentait 3,5% de la population active ; par rapport à 1971, il a cru à un taux annuel moyen de 9,6%. Concernant les perspectives d’avenir, le nombre de créations d’emplois s’éleverait environ 10.000 en moyenne annuelle entre 1992 et l’an 2000. Ces besoins d’emploi se répartissent entre 46% pour les tisserands, 28 % pour les fileurs et bobineurs, 7,7% les régleurs de métiers à tisser et à tricoter, 6,4% pour les tricoteurs et ouvriers de la bonneterie. Les métiers de l’habillement sont constitués des patronniers et coupeurs 96 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 de textile, des tailleurs, des couturiers, des couseurs et brodeurs et de tapissiers. Ils sont concentrés dans l’industrie de l’habillement, et du textile, et se retrouvent également dans le commerce (magasins de prêt-à-porter) et dans les services (ouvriers de repassage). L’évolution intercensitaire fait apparaître une croissance très importante des métiers de l’habillement, au taux annuel moyen de 30 pour cent, portant leur part par rapport à la population active de 4,8 pour cent en 1971 à 10 pour cent en 1982. TABLEAU 34 CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS DE L’HABILLEMENT METIERS DE L’HABILLEMENT 1993 1995 2000 2005 . Tailleurs modernes pour hommes 1 740 1 910 2 670 . Tailleurs modernes pour femmes1 5701 730 2 050 . Couturiers traditionnels pour hommes1 1101 220 1 700 . Couturiers traditionnels pour femmes4 360 4 760 6 980 . Couseurs et brodeurs 4 250 4 640 5 780 . Tapissiers 1 280 1 400 1 660 . Autres 2 610 2 870 3 400 2 260 2 410 1 440 5 230 6 800 1 960 4 000 ENSEMBLE 16 920 18 53021 820 26490 Résultats des projections effectuées par le CNJA Les métiers de l’habillement connaîtraient un accroissement élevé, de près de 18.000 par an pendant la décennie 90 à 23.000 entre 2000 et 2005. Les métiers qui prédomineront sont les couseurs, les brodeurs et les couturiers traditionnels pour femmes, suivis des tailleurs pour hommes, des tailleurs pour femmes et des tapissiers. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 97 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? E - LES EMPLOIS NON QUALIFIES Les emplois non qualifiés comportent des tâches simples et routinières, et exigent pour la plupart un effort physique considérable. Ils sont exercés par les manoeuvres de l’agriculture, de la pêche, des mines, du bâtiment et des travaux publics, des transports, de certaines industries manufacturières, et par les employés non qualifiés des services et de la vente. Ces emplois sont occupés en grande partie par les personnes n’ayant pas pu achever leurs études primaires. Le niveau de qualification de ces emplois pourrait s’améliorer avec l’institution de l’enseignement fondamental et la réduction de l’analphabétisme. Toutefois cette amélioration s’effectuera lentement en raison de la proportion encore élevée des actifs n’ayant suivi ni enseignement ni formation. IV - DIFFUSION DES TECHNOLOGIES DANS LES SECTEURS D’ACTIVITE ET LEURS IMPACTS SUR LES STRUCTURES DES EMPLOIS L’évaluation des besoins futurs de l’économie en main-d’oeuvre resterait incomplète si elle n’est pas accompagnée d’une appréciation globale de la diffusion du progrès technique dans les secteurs d’activité, et de son impact sur les structures des emplois. Pour satisfaire à cette perspective ambitieuse, il est indispensable de disposer de données et d’analyses, tant quantitatives que qualitatives, à la fois détaillées et précises. Toutefois, en l’absence de ces études, on s’est efforcé de donner des indications sommaires sur les principales évolutions de la diffusion des techniques dans les certains secteurs de l’économie nationale. Avant de présenter le schéma d’ensemble de la diffusion du progrès technique, il convient de rappeler brièvement la définition des concepts de “technologie” et de “technique”. Une “technologie” correspond aux connaissances de base utilisées dans la mise au point d’un matériel donné, alors qu’une “technique” se réfère à une façon particulière de résoudre un problème spécifique. Ainsi, le changement technologique est plus fondamental et plus lent, et implique en général des modifications techniques. 98 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 Très schématiquement, les technologies susceptibles d’entraîner des modifications profondes, peuvent être regroupées en trois grandes catégories : . Les automatismes . Les processus chimiques . L’organisation Le tableau ci-après met en évidence le schéma de diffusion à long terme de ces technologies dans les secteurs d’activité, étant entendu que les indications qu’y sont présentées sont purement qualitatives. On peut constater que les technologies des automatismes, qui relèvent notamment de l’électronique, de la mécanique, de l’hydraulique, se développeront dans les branches fabriquant des produits en série. Le degré de pénétration de l’automatisation s’élèvera avec l’augmentation de la taille de la série. Les technologies de la chimie engendreront des percées considérables dans les branches des produits de consommation, courante telle que l’agroindustrie, l’industrie pharmaceutique, les équipements ménagers, les textiles, et la cosmétique. Les technologies de l’informatique sont en train de pénétrer la plupart des secteurs d’activité et leur diffusion s’élargira davantage, dans la sphère de la production de la gestion , et dans les services. Comme on l’a signalé dans un souci de rentabilité et d’efficacité, les techniques d’organisation des entreprises et de la société se développeront davantage comme outils de management et d’administration. Pour mieux illustrer l’impact de ces technologies, il est utile de les examiner pour certains secteurs d’activité. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 99 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? SCHEMA : DIFFUSION DES TECHNOLOGIES DANS CERTAINS SECTEURS D’ACTIVITE TECHNOLOGIES AUTOMATISMES SECTEURS Hydr. Elect. Méca. Inform. Chim. Phys. Organis. Pneum. Electr. METALLURGIE • • ••• CONSTRUCTION MECANIQUE ET MONTAGE •• •• • •• CHIMIE ET PARA-CHIMIE •• •• ••• AGRO-INDUSTRIE •• •• PAPIERS, IMPRESSION •• BORS, AMEUBLEMENT • TEXTILES • ••• •• CONFECTION •• •• •• CUIRS, ARTICLES EN CUIRS •• •• • B.T.P. • • • AGRICULTURE SERVICES •• • : DIFFUSION LENTE •• : DIFFUSION SIGNIFICATIVE ••• : DIFFUSION IMPORTANTE • • ••• • • •• •• • • •• • •• • •• ••• •• • • • Les innovations techniques qui présentent de l’intérêt pour l’industrie chimique sont celles qui touchent la plupart des domaines d’activité. L’industrie chimique fera davantage appel aux dispositifs électroniques pour la sélection et la combinaison des molécules, à la robotique industrielle pour la manipulation des agents nocifs, et à la biotechnologie pour le chômage et la reproduction sélective. 100 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 Si le niveau actuel des techniques de transformation du bois est plutôt faible, elles évolueront à long terme, dans la mesure où elles intégreront les progrès considérables de la mécanique et de l’électronique, notamment dans les procédés de fabrication des sciages, et panneaux, (de fibres et de particules) et du mobilier. Au niveau des industries du cuir, les nouvelles technologies se propagent en général lentement, mais pour mieux soutenir la concurrence, certaines entreprises seront amenées à introduire les changements techniques. Deux éléments majeurs auront des incidences importantes sur le processus de fabrication, à savoir l’utilisation des matières synthétiques améliorées, et l’introduction progressive des systèmes assistés par ordinateur (découpage automatisé) pour améliorer la productivité, les modèles, l’esthétique et le confort. CONCLUSION L’analyse des tendances de l’économie et de l’emploi a permis de mettre en relief les contraintes et les pesanteurs qui confèrent à leur évolution son rythme et son profil. Plusieurs enseignements majeurs peuvent être dégagés : - Au niveau quantitatif, la croissance de l’emploi est soumise à une rigidité structurelle relative liée à la problématique globale de la promotion de la croissance économique (évolution du taux de croissance, répartition sectorielle de la croissance, maîtrise des déterminants de la croissance etc... - Au niveau qualitatif, les emplois créés par l’économie présentent un profil et une structure qui traduit une faible valorisation des ressources humaines. (faiblesse de l’emploi qualifié dans les emplois créés annuellement, degré de sous-encadrement de l’entreprise etc...). De ce fait, il semble que le défi de l’économie marocaine réside dans la double maîtrise de son rythme de croissance et de sa politique des ressources humaines qui passent principalement par la recherche conjointe d’une meilleure articulation entre le système productif et le système éducatif. La nécessité pour ce dernier de s’ouvrir et de s’adapter est une composante majeure de ce scénario visant l’atténuation des distorsions au niveau du marché du travail entre les besoins en emplois de l’économie et les sortants du système éducatif. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 101 ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 DEUXIEME PARTIE LE SYSTEME EDUCATIF : DIAGNOSTIC, TENDANCES ET PERSPECTIVES Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 103 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? A ujourd’hui, plus que par le passé, toute politique active de l’emploi est fortement tributaire de l’articulation entre l’éducation et l’emploi. La maîtrise relative de cette articulation s’avère donc une condition essentielle en matière d’équilibres socio-économiques. Pour pouvoir appréhender correctement l’articulation entre le Système Educatif et le Système Productif, il est nécessaire d’effectuer un diagnostic prospectif de chaque système. Cette partie sera consacrée au diagnostic du Système Educatif dans ses principales composantes. Quelle est l’hypothèse globale qui sous-tend ce diagnostic du système éducatif ? Quels sont les objectifs essentiels d’une telle réflexion ? Quelles sont les sources documentaires utilisées ? Ce sont là les questions méthodologiques importantes auxquelles il est nécessaire de répondre préalablement. 1- HYPOTHESE GLOBALE Les travaux de réflexion et de concertation menés au sein du Conseil National de la Jeunesse et de l’Avenir ont à chaque fois débouché implicitement ou explicitement sur la nécessaire maîtrise de l’articulation entre Système Educatif et Système Productif. Certes, la progression démographique, l’évolution technologique extrêmement rapide, l’influence d’une multitude de variables externes au niveau du Système Productif sont autant de facteurs explicatifs de la complexité de cette articulation. Néanmoins, malgré cette complexité, la maîtrise de l’articulation entre Système Educatif et Système Productif est un enjeu fondamental tant sur le plan économique que socio-politique. Si le système éducatif doit continuellement tenter de s’adapter aux transformations du paysage économique et social, le système productif ne saurait, à son tour, évoluer vers un véritable management performant s’il n’intègre point les progrès de la réflexion et de la science sécrétés par le système éducatif. 104 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 Aussi une bonne articulation entre les deux systèmes suppose un dispositif permanent de concertation et de feed-back positif à différents niveaux. Partant de cette hypothèse, la présente étude, tout en constituant le prolongement des réflexions et analyses menées au sein du CNJA, adoptera une démarche systémique prospective afin de dégager quantitativement et qualitativement les performances et les dysfonctionnements prévisibles au niveau de cette articulation Système Educatif/Système Productif. Dans ce cadre il s’agit tout d’abord de présenter un diagnostic fonctionnel et prospectif du système éducatif, compte tenu de ses différentes composantes. 2 - DELIMITATION DES OBJECTIFS Les objectifs poursuivis dans cette étape, eu égard à la problématique générale, sont les suivants : • Cerner quantitativement et qualitativement le système éducatif dans ses principales composantes. Ce diagnostic est mené par rapport à la préoccupation principale, celle de l’emploi et donc de l’articulation entre les deux systèmes. • Mener une approche prospective des différents sous-systèmes de l’ensemble éducatif. Cette approche a consisté en l’élaboration de scénarios d’évolution à partir de certaines hypothèses. • Dégager les dysfonctionnements internes propres à chaque soussystème et envisager les voies d’une meilleure cohérence entre les différents sous-systèmes et formation ainsi que les bases d’une articulation plus performante entre le Système Educatif et le Système Productif. 3 - METHODOLOGIE D’APPROCHE DU SYSTEME EDUCATIF Il s’agit de présenter l’approche des sous-systèmes qui composent le système éducatif. Cette première étape vise à décrire l’organisation actuelle et projetée du système éducatif, en vue d’identifier les liens entre les sous-systèmes qui le composent et les changements qui y seront introduits durant les années à venir. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 105 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? A - LES COMPOSANTES DU SYSTEME EDUCATIF L’ensemble éducatif a été considéré comme un système autonome, caractérisé par des intrants (écoliers, élèves, étudiants, moyens humains, infrastructurels et financiers, programmes de formation etc...) et des extrants ou outputs ( diplômés, abandons et exclus). Le Système Educatif est lui-même composé de trois sous-systèmes autonomes et inter-dépendants entre eux : - Le sous-système d’Enseignement Fondamental et Secondaire (EFS). - Le sous-système d’Enseignement Supérieur (SES) - Le sous-système d’Enseignement Professionnel ( S.E.P) B - TENDANCES PASSÉES ET HORIZON DES PROJECTIONS L’analyse quantitative des tendances passées et récentes des différents paramètres des effectifs des flux des entrées et sorties du système éducatif sera réalisée selon les différents niveaux, cycles, types ou filières d’enseignement et de formation. Pour faire cette analyse, un cadre d’évolution a été établi pour chaque sous-système, définissant notamment la classification des sorties, la nomenclature des filières d’enseignement et de formation, les méthodes de calculs de taux d’écoulement, des taux de transition, des taux de sorties. En se basant sur l’évolution tendancielle dégagée précédemment, des projections ont été effectuées à l’horizon 2000, compte tenu des changements prévisibles. 106 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 CHAPITRE I LE SYSTEME DE L’ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL ET SECONDAIRE L e sous-système de l’Enseignement Fondamental et Secondaire (EFS) constitue la base de la pyramide du système éducatif. Au plan des effectifs, il regroupe le nombre le plus important de la population scolaire. Au plan pédagogique et des apprentissages, il représente la période la plus cruciale : celle où les élèves reçoivent la scolarisation et la formation fondamentales qui structurent les acquisitions de base, le savoir-faire et les modes d’être initiaux. C’est dire l’importance que revêt l’EFS dans la perspective d’une meilleure articulation avec le système productif, et dans la préparation des apprenants à une meilleure insertion socio-professionnelle. On peut donc se demander dans quelle mesure la politique scolaire de l’enseignement fondamental et secondaire prend en compte cette dimension ? A quel moment elle anticipe sur la trajectoire scolaire des jeunes pour l’orientation dans ce sens ? Et enfin dans quelle mesure le système dote-t-il les clientèles des élèves et des parents de l’information nécessaire pour élaborer les stratégies de formation et d’insertion adéquates ?. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 107 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? I. LA REFORME DU SYSTEME EDUCATIF L’enseignement de base institué en 1985 a été l’aboutissement de nombreuses études effectuées par des experts nationaux. Les objectifs principaux de cette réforme peuvent être résumés ainsi : La structure de l’enseignement de base se compose de deux cycles : • Un cycle élémentaire de six années d’études qui débouche soit sur la formation professionnelle soit sur le cycle moyen d’enseignement général. • Un cycle moyen de trois années d’études avec un deuxième palier d’orientation menant à la formation professionnelle ou au cycle secondaire littéraire, scientifique ou technique. Par conséquent, cette réforme vise à créer des passerelles entre l’enseignement général et la formation professionnelle à la fin de chaque cycle, c’està-dire la 6ème année de l’enseignement de base, la 3ème année de l’enseignement secondaire et la 9ème année de l’enseignement fondamental. Parallèlement, cette réforme tente de diversifier les branches littéraires, scientifiques et techniques dès la première année de l’enseignement secondaire, pour aboutir à des baccalauréats spécialisés qui permettent des études spécifiques et de durées variables au niveau de l’enseignement supérieur. La finalité de cette orientation est de donner la priorité à l’enseignement technique et à la formation professionnelle. Au niveau de l’efficacité interne, la réforme tente d’améliorer le taux d’écoulement des effectifs au sein du système de l’enseignement fondamental et secondaire, en réduisant le taux de doublement et le taux d’exclusion et par conséquent, de déperditions. C’est ainsi que la réforme prévoit d’amener les taux de transition au second cycle de l’enseignement de base à 80 % en 92-93. Sur le plan pédagogique, la réforme se fixe comme objectif d’améliorer la qualité de l’enseignement, grâce notamment aux mesures d’accompagnement suivantes : • Refonte des programmes d’enseignement et révision des manuels ; • Révision des méthodes et moyens d’enseignement ; • Recyclage des enseignants en service et révision des programmes de formation des 108 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 cadres du système éducatif ; • Accroissement et diversification des moyens et du matériel didactique mis à la disposition des élèves et des enseignants ; • Allégement de l’effectif moyen par classe (30 élèves en moyenne par classe) ; • Institution d’une pédagogie de soutien pour les élèves en difficulté scolaire afin de diminuer les déperditions à un tiers de leurs taux à partir de 1985-86. II. DIAGNOSTIC ET TENDANCES DU SYSTEME DE L’ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL ET SECONDAIRE Les projections des effectifs de l’Enseignement Fondamental et Secondaire de 1989 à l’an 2000 présentent les taux de scolarisation, les taux d’écoulement, de redoublement et d’abandon selon le milieu, les niveaux et les filières. Ces projections sont établies sur la base d’une hypothèse haute qui semble relativement optimiste, notamment en ce qui concerne l’évolution du taux de scolarisation et des taux d’écoulement au plan national. C’est cette option qui est retenue au plan des orientations. II.1- DIAGNOSTIC QUANTITATIF DE LA SITUATION ACTUELLE Le diagnostic quantitatif sera réalisé sur la base des statistiques de 1989 qui ont servi à l’élaboration des projections fournies par le Ministère de l’Education Nationale. La cohérence statistique d’ensemble pourra ainsi être préservée. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 109 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 1 STRUCTURE DE L’ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL ET SECONDAIRE (1989) (*) TYPE D’ENSEIGNEMENT EFFECTIF % E.F. 1er cycle E.F. 2ème cycle SOUS TOTAL 2 085 105 1 042 152 3 127 257 61 % 30 % 91 % 294 847 9% 3 422 104 100 % E.S. TOTAL GENERAL Sources : Tableau établi à partir du “Bilan et perspectives de réforme de l’enseignement secondaire” (*) l’année de référence considérée ne coincide pas avec l’année d’achèvement de l’enseignement fondamental Une telle structure est certes le corollaire de la structure démographique du pays, marquée par une extrême jeunesse de la population. Elle traduit aussi l’importante “sélectivité” dont la conséquence est le fort taux d’abandon. Elle est enfin annonciatrice des pressions extrêmement fortes qui s’exprimeront dans les prochaines années sur les différents niveaux de formation fondamentale et secondaire. Malgré cette structure large à la base, la généralisation de la scolarisation des enfants de 7 ans est loin d’être réalisée. Au terme du plan d’orientation 8892, il était prévu d’amener le taux de scolarisation à 78%, cette échéance est renvoyée à l’an 2000. La généralisation est de ce fait repoussée à plus tard. Bien plus inquiétant, les années quatre vingt ont enregistré une baisse du taux de scolarisation. 110 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 TABLEAU 2 TAUX DE SCOLARISATION DES ENFANTS DE 7 ANS Année Scolaire 92 1984-85 1988-891989-901990-91 1991- Taux de scolarisation73 62 66,5 69 71,4 Sources : “Le mouvement éducatif” - Ministère de l’Education Nationale (MEN) Comme le montre le Tableau 2, ce taux a régressé de 11 points entre 1984-85 et 1988-89, en passant de 73% à 62%. Au niveau spatial, le déséquilibre de la scolarisation entre le milieu urbain et le milieu rural demeure à cette date, très marqué au détriment du milieu rural. En effet, seuls 49% des jeunes ruraux de 7 ans sont scolarisés contre 88% dans le milieu urbain. Plus de sept enfants scolarisés sur dix dans l’Enseignement Fondamental appartiennent aux Centres Urbains. Ce déséquilibre est encore plus accentué au niveau du second cycle de l’EF puisque 92,6% des scolarisés le sont dans le milieu urbain. Les taux d’écoulement qui se composent de trois variables à savoir : le taux de promotion, le taux de redoublement et le taux d’abandon, nous renseignent sur le rendement interne du système. Au niveau du 1er cycle de l’EF le taux de redoublement a atteint en 1989 15,5%, tandis qu’au niveau du deuxième cycle du même enseignement, le taux de redoublement le plus faible a été de 10,4%, alors qu’au niveau de la 9ème année on a enregistré un taux de redoublement de près de 44%. A cet égard, un constat s’impose : les taux de redoublement et d’abandon à la fin de chaque cycle, apparaissent très élevés; ce qui exprime des difficultés accumulées par les élèves et donc une déficience pédagogique interne du système éducatif fondamental et secondaire. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 111 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 3 EVALUATION DES ABANDONS PAR CYCLE DE FORMATION (1989) Niveau Taux Effectifs (1)% des abandons d’Enseignementd’abandon par cycle 1er Année 2ème Année 3ème Année 4ème Année 5ème Année 5,7 4,9 6,7 8,9 14 1er Cycle de l’EF 6ème Année 9,75 7ème Année 7,8 8ème Année 7,5 9ème Année 20,86 28 380 21 473 28 398 34 144 47 806 160 201 26 916 (2) 18 844 17 312 61 260 45,9 2ème Cycle de l’EF 124 332 35,6 Total EF 1er Année Secondaire 2ème Année Secondaire 14,3 3ème Année Secondaire 25,6 284 533 15,3 81,5 26 393 Enseignement Secondaire 64 259 18,5 Total (EF+ES) 348 792 100 12 441 25 425 Sources : Bilan et perspectives de Réforme de l’Enseignement Secondaire: (1)- Le taux d’abandon fourni est calculé par rapport à l’effectif global. (2)- La 2ème année figure encore en 1989 dans le second cycle de l’Enseignement Fondamental car la réforme n’avait pas encore touché cette classe. En 1989, le Système Educatif fondamental et secondaire a enregistré 112 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 348.792 abandons dont 45,9% proviennent du 1er cycle de l’EF, 35,6% du second cycle de l’EF et 18,5% de l’ES. Ces chiffres, sont à eux seuls révélateurs des pressions qui s’exercent sur le système de l’Enseignement Professionnel, conçu jusqu’à présent comme un système de récupération. Ils dénotent aussi d’une situation problématique, à savoir l’extension de l’analphabétisme, car aux effectifs non scolarisés, s’ajoutent les effectifs des “insuffisamment scolarisés” c’est à dire des exclus du 1er cycle de l’EF. Enfin, il faut relever que le taux d’écoulement du secondaire au supérieur demeure faible, puisque sur 99.318 inscrits en 3ème Année Secondaire en 1989, seuls 50.428 ont été déclarés bacheliers, soit un taux de réussite de 56%. Le type d’orientation en 9ème année et la répartition des bacheliers selon la nature de formation constituent un indicateur essentiel des performances du système de l’enseignement secondaire. Sur les 293.667 inscrits en 9ème Année, près de 96% le sont dans l’enseignement général avec respectivement 45,4 % en Lettres et 50,6 % en Sciences. Cette forte concentration dans des formations générales ne laissent qu’une place symbolique à l’Enseignement Technique, sous ses différentes composantes (Techniques Industrielles, Techniques Agricoles et Techniques Commerciales). La forte concentration n’est que légèrement atténuée au niveau de la structure des bacheliers puisque plus de 85% des diplômés ont obtenu leur baccalauréat en 1989, soit en Lettres, soit en Sciences Expérimentales, contre à peine 5,8% en Mathématiques, 2,9% en Economie, 2% en Techniques Commerciales, 3,7% en Techniques Industrielles et moins de 1% en Techniques agricoles. Une telle structure des bacheliers, exprime en partie la pression qui s’exerce sur des Facultés de formation générale, telles que les Facultés de Droit. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 113 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 4 RÉPARTITION DES BACHELIERS PAR NATURE DE FORMATION 1989-2000 Formations1989 Effectifs % 1995 Effectifs Lettres 20 177 SC Eco 1 471 SC. Exp 22 911 SC. Maths 2 944 Tech. Indus1 864 Tech. Ag 92 Tech. Com 969 40 2,9 45,4 5,8 3,7 0,2 2 Total 100 50 428 % 2000 Effectifs % 32 910 2 340 31 120 6 080 1 510 220 2 060 43,2 3 40,8 8 2 0,3 2,7 41 510 14 400 49 030 18 120 2 310 340 3 610 32 11 38 14 1,8 0,4 2,8 76 240 100 129 320 100 Résultats des projections effectuées par le CNJA Ce bref diagnostic ne saurait être clos sans se pencher sur les capacités d’encadrement et d’infrastructure. En 1989/90 le rapport nombre de classes/locaux a varié selon les milieux, rural et urbain, et les cycles, premier et second, entre 1,5 et 1,6, tandis que le nombre d’élèves moyen par classe a oscillé entre 26 et 34 élèves. II.2 - LES PROJECTIONS Les projections sont faites sur la base d’une hypothèse haute ; aussi est-il nécessaire d’en relativiser les résultats. L’analyse de ces projections peut être menée tant au niveau des effectifs scolarisés, des déperditions que de la nature des formations. Selon les prévisions du Ministère de l’Education Nationale, le taux de scolarisation passera progressivement de 67 à 90 % en l’an 2000, soit près de 721.000 enfants à scolariser en 2001, dont 57 % en milieu rural. Outre l’amélioration des taux de scolarisation, les prévisions pour la décennie quatre vingt tablent sur une nette amélioration de la répartition géographique des taux de scolarisation. 114 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 Néanmoins, la non-scolarisation demeurera élevée, puisque entre 1990 et 2000, les effectifs non scolarisés atteindront 1.710.000 . Concernant les déperditions, la réforme envisage une nette amélioration des taux d’écoulement, grâce à des taux de promotion beaucoup plus élevés. Au niveau du 1er cycle, les taux de promotion atteindraient 86% en l’an 2000, contre 80% environ en 1990 et 70% au primaire en 1980 (au CM2, ce taux n’est que de 33%). Les taux de redoublement seraient également réduits en l’an 2000 d’environ trois points, tandis que les abandons régresseraient sensiblement pour se situer à approximativement 10% au début du siècle prochain. La même tendance d’amélioration des performances internes est prévue au cours de la décennie quatre vingt dix pour le deuxième cycle de l’enseignement fondamental. Les prévisions relatives au secondaire tablent sur une réduction de moitié des taux de redoublement et d’abandon. Cette amélioration des performances internes, accompagnée d’une stratégie d’orientation, pourra engendrer une catégorie de diplômés plus adaptés au marché de l’emploi, à condition toutefois que l’articulation entre l’enseignement fondamental et secondaire et l’enseignement professionnel soit suffisamment maîtrisée. Néanmoins, le problème de l’insertion des exclus du système éducatif demeurera posé : entre 1989 et l’an 2000, le nombre des exclus du premier cycle de l’enseignement fondamental dépassera 1.750.000 jeunes, soit en moyenne, 159.000 élèves qui quitteront cet enseignement chaque année. Pendant la même période, l’enseignement secondaire ( 1ère, 2ème et 3ème année secondaire) enregistrera à son tour, 666.800 abandons, soit un effectif annuel d’abandons de 55.567 personnes. Selon les projections du Ministère de l’Education Nationale, la prédominance relative des formations générales s’atténuerait mais ne disparaîtrait guère. • Sur l’ensemble des jeunes orientés vers l’enseignement secondaire, 81% iront en l’an 2000 vers les formations générales (Lettres, Sciences, Mathématiques) contre 19% pour les formations spécialisées (Economie) et Techniques (Techniques industrielles, techniques agricoles et techniques commerciales). Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 115 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? • La structure des bacheliers par type de baccalauréat en l’an 2000 confirmera cette tendance. Sur les 129.320 bacheliers prévus, 84% le seront dans des formations générales (Lettres, Sciences Expérimentales, Sciences Mathématiques). II.3 - DYSFONCTIONNEMENTS DU SYSTEME DE L’ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL ET SECONDAIRE Il ne s’agit nullement ici d’analyser en détail les insuffisances de l’enseignement fondamental et secondaire, mais conformément à la démarche adoptée, d’en dégager les principaux dysfonctionnements que révèle le diagnostic présenté précédemment. Ces dysfonctionnements apparaissent essentiellement à cinq niveaux relatifs à l’analphabétisme, aux performances de l’enseignement pré-scolaire, aux relations entre l’enseignement fondamental et l’enseignement professionnel, aux liens entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur. Enfin l’attention sera attirée sur les dysfonctionnements dûs au contexte socio-administratif. A - Maintien d’un niveau élevé d’analphabétisme et d’exclusion La généralisation de la scolarisation est loin d’être atteinte. De ce fait, la non-généralisation de la scolarisation tend à renforcer l’exclusion d’une partie de la jeunesse marocaine du système éducatif. Les déperditions dans l’enseignement fondamental demeurent importantes comme l’ont révélées les statistiques précédentes. Une telle situation engendrent deux entraves essentielles : • elle constitue un frein à l’amélioration progressive de la production sociale et handicape ainsi le système productif ; • elle constitue un gaspillage de ressources humaines et financières, tout en aiguisant l’insatisfaction de la jeunesse, avec comme corollaire une propagation inquiétante du désoeuvrement. B - Dysfonctionnement pré-scolaire L’enseignement pré-scolaire doit revêtir une double vocation, celle d’être un lieu de socialisation et d’épanouissement personnel de l’enfant, et celle d’être un lieu de première structuration des tous premiers “savoirs”. En d’autres termes, l’enseignement pré-scolaire conditionne la réussite et les per- 116 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 formances de l’Enseignement Fondamental, en développant chez l’enfant des relations autres que familiales et en développant ses multiples capacités de parler, de réfléchir, d’imaginer grâce à diverses activités. Cependant, les moyens très faibles mis en oeuvre et l’absence de formation du personnel dénaturent souvent la fonction de l’enseignement pré-scolaire. Une telle situation se répercute négativement sur le niveau de l’enseignement fondamental. C - Les relations entre l’enseignement fondamental et secondaire et l’enseignement professionnel L’objectif de l’actuelle réforme est d’orienter vers la formation professionnelle, 20% des effectifs à l’issue de la 6ème année, 40% à l’issue de la 9ème année et 40% après l’obtention du baccalauréat. Certes une telle procédure permettra de réduire les engorgements au niveau de l’Enseignement Général, néanmoins elle risque de faire pression sur le système de l’Enseignement Professionnel qui ne pourrait absorber toutes les promotions annuelles “d’orientés”. D’un autre côté, une telle réforme suppose une étroite collaboration entre les autorités de tutelle de l’enseignement général et de l’enseignement professionnel. Cette collaboration, si nécessaire pour le pilotage des différents systèmes éducatifs, semble encore limitée. Cette stratégie éducative, basée sur une orientation progressive, ne peut véritablement atteindre ces objectifs que si : • la formation professionnelle est réhabilitée sociologiquement et économiquement ; • un système de passerelles et d’équivalences de diplômes est mis en place ; D - La faiblesse du niveau et ses répercussions sur l’enseignement supérieur Les critères d’appréciation du niveau des élèves peuvent varier selon l’optique dans laquelle on se place. Cependant, professionnels et formateurs s’accordent de plus en plus pour reconnaître la diminution du niveau de formation, tant au primaire qu’au secondaire. Une telle dépréciation constitue un Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 117 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? goulet d’étranglement et un handicap énorme parfois des nouveaux bacheliers lors de leurs études supérieurs. Les performances d’un système ne peuvent être évaluées que par rapport à la nature des entrées; à cet égard un dysfonctionnement apparaît entre les enjeux de l’enseignement supérieur et technique et le niveau des élèves formés. E - Les dysfonctionnements d’ordre général Les dysfonctionnements d’ordre général sont relatifs au contexte socioadministratif et économique du pays. En effet, ce n’est pas le secteur de l’enseignement seul qui souffre de l’inefficacité. Au Maroc comme dans la plupart des pays en développement, la faible efficience frappe à des degrés divers les différentes composantes du système économico-administratif, tant au niveau des décisions, des actes et des institutions. Ce n’est pas nécessairement la faiblesse des moyens qui fait la particularité de l’environnement socio-économique marocain, mais aussi et surtout l’inefficacité des structures déjà en place et des actions entreprises. Comme le révèlent les statistiques disponibles, sur le plan des équipements, de grands efforts sont déployés. Ces derniers sont peut-être faibles par rapport aux besoins, mais ils sont importants par rapport aux moyens disponibles. Le plus grand problème apparemment ne réside pas dans l’insuffisance des moyens, mais plutôt dans la rationalisation de leur gestion qui s’avère de plus en plus imprécise. Cette observation est également valable pour la gestion du système éducatif dans son ensemble. Tout en étant complexes, ces dysfonctionnements ne sont guère insolubles. Quelques orientations susceptibles d’en réduire l’intensité peuvent être suggérées. 118 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 CHAPITRE II LE SYSTEME DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE (SFP) L e Système de Formation Professionnelle (SFP) connaît ces dernières années une expansion quantitative et un effort de promotion qualitative et d’organisation extrêmement importants. Toutefois, le degré d’articulation entre les formations dispensées et les exigences du marché du travail demeure faible. Les termes du débat qu’un tel constat permet de susciter peuvent être stylisés dans les deux approches contrastées suivantes : • Face à des changements techniques de plus en plus rapides, le système de formation initiale demeure largement construit sur des filières irréversibles et sur des contenus de formation trop rigides. • La formation initiale est fondamentalement insuffisante. Le processus d’adéquation entre formation et emploi requiert logiquement une action en termes de formation complémentaire à la formation technique initiale. Une telle action implique une nouvelle organisation des entreprises fondée sur une articulation plus étroite entre la gestion de l’emploi et la gestion de la production. Ce qui, chemin faisant, devrait conduire à développer, de façon durable, des activités de formation au sein des entreprises (concept d’organisation qualifiante). Prises séparément, les deux approches sont trop univoques, et par conséquent, insuffisantes. Une démarche plus objective et plus pertinente semble s’inscrire plutôt dans une perspective de type systémique, privilégiant les Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 119 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? modes d’articulation entre système de formation et structures de l’entreprise. C’est cette perspective qui est adoptée dans ce diagnostic propositionnel, relatif au SFP. I. L’ORGANISATION DU SFP Globalement le Système de Formation Professionnelle apparaît comme un système souple, relativement ouvert et en pleine mutation. Plusieurs indicateurs témoignent de ce processus de mutation et d’extension positive du SFP, dont notamment : • La carte des établissements de Formation Professionnelle tend à couvrir l’ensemble du territoire marocain ; • La formation professionnelle continue tend à recevoir autant d’intérêt que les formations initiales longtemps privilégiées. • L’entreprise est de plus en plus invitée à devenir progressivement un acteur de formation autant que les unités formatrices habituelles ; • Les associations professionnelles apparaissent de plus en plus en tant que partenaires à part entière du système de Formation Professionnelle. Des expériences pilotes réussies ont été réalisées ces dernières années. • Le secteur privé de formation prend une place non négligeable aux côtés des opérateurs classiques, publics et para-publics ; • Les appareils de concertation et d’administration s’enrichissent et se ramifient au niveau central, provincial et local ; • La dimension “formation” s’étend de façon constructive et englobe progressivement “l’insertion”. I.1 LA MULTIPLICITÉ DES INTERVENANTS DANS LE SFP Sur le plan organisationnel, le SFP actuel se caractérise par la multiplicité des intervenants. Outre l’OFPPT, le SFP est marqué par la participation de plusieurs organismes publics, para-publics et privés à cette action de formation : 120 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 • Les grands Offices (OCP, ONE etc....) et Régies (RAD etc...) ont mis en place, depuis fort longtemps des centres de formation adaptés à leurs besoins propres ; • Les établissements privés de formation professionnelle, notamment dans les services, se sont multipliés ces dernières années, à une cadence vertigineuse. Cette multiplicité s’explique certes par la diversité des secteurs techniques de formation ; elle exprime également un enrichissement progressif du SFP. Néanmoins, le risque est grand, notamment au niveau du secteur public de la Formation Professionnelle, de voir se multiplier les “double-formation” et la non maîtrise de l’allocation des ressources dans un domaine aussi complexe à piloter. Aussi, une coordination continue s’impose ; elle suppose la contribution de tous, pour une forme d’orientation collective et interactive, afin d’éviter que chaque opérateur ne tende à s’ériger en source unique de ses propres normes et en maître unique de ses propres ressources techniques, pédagogiques et financières, mettant en cause l’existence d’un système intégré de formation professionnelle à l’échelle nationale. I.2 LA PRÉDOMINANCE DE L’OFPPT Créé en 1974, l’OFPPT est un établissement public chargé, en relation avec les milieux professionnels concernés, de la promotion du travail, de développement et de l’adaptation de la formation professionnelle dans les différentes branches de l’économie nationale. Depuis la réforme de 1984, les activités de l’Office ont connu une évolution quantitative et une diversification qualitative très rapides. II. LES ORIENTATIONS DU SYSTEME DE FORMATION: 1993-2000 II.1 EVOLUTION DES EFFECTIFS : LA MONTÉE DES DÉSCOLARISÉS La formation professionnelle a connu une croissance importante de ses effectifs. En 1983-84, à la veille de la réforme, les effectifs s’élevaient à 49.500. En 1990-91, ils sont passés à 105.000. Ces chiffres ne tiennent pas Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 121 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? compte des effectifs du niveau “initiation” qui ne relève plus des niveaux de la Formation professionnelle. L’accroissement des effectifs concerne tous les niveaux. En 1990-91, les effectifs sont répartis de la manière suivante : - 33.700 pour le niveau spécialisation ; - 38.000 pour le niveau qualification ; - 34.000 pour les techniciens. Le taux d’accroissement moyen des effectifs est de 11,4 % sur la période 1983-91. Toutefois, malgré un tel accroissement, relativement important, le problème des déscolarisés et de l’arrivée sur le marché du travail demeure largement posé. Les effectifs déscolarisés globaux des sorties du système éducatif ont atteint 128.000 élèves/an entre 1987 et 1990, ce qui se traduit par l’arrivée sur le marché d’importants flux de jeunes non qualifiés. TABLEAU 5 EVOLUTION DES EFFECTIFS GLOBAUX DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE (PUBLIC ET PRIVÉ) en milliers NIVEAUX 83/84 87/88 88/89 89/90 90/91 Tx. ac an. moy. SPECIALISATION 15 QUALIFICATION 18 TECHNICIEN 16,5 29 37 35,6 31,5 38,2 36,4 29,7 40,6 38 32,7 38 34,4 11,8 11,4 11,0 TOTAL 49,4 101,4 106,2 108,2 105,3 11,4 Source : Ministère de l’Education Nationale, Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres. Rapport sur les perspectives de développement des systèmes d’enseignement et de formation professionnelle, janvier 1992, p.9. C’est ce que fait clairement ressortir l’indicateur du taux de couverture mesurant la part des effectifs admis en formation professionnelle par rapport aux effectifs déscolarisés : celui-ci semble culminer en 1990-91 à 72 % (contre 42,5 % en 1987-88). 122 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 Un tel résultat témoigne ainsi des limites de la réforme de 1984 en termes d’objectif de donner une formation aux déscolarisés du système d’enseignement général. TABLEAU 6 TAUX DE COUVERTURE DES SORTANTS DE FIN DE CYCLES Niveau 1987/88 1988/891989/901990/91Moyen A Sorties de 6° A. (E.F.) fins 9° A. (E.F) de cycles 3° A.S du M.E.N. TOTAL 73.405 44.481 34.355 152.241 72.770 40.497 26.807* 53.696 45.350 47.574 31.475 21.475 20.304 157.508107.322 94.685 128.000 Taux de Spécialisation 25,67 30,0 52,16 85,18 couverture %Qualification47,94 51,20 53,58 51,74 Entrées Technicien 61,98 71,77 98,34 103,51 1° A. (F.P.) TOTAL 42,6 45,47 62,0 72,31 Source : Ministère de l’Education Nationale, Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres, Rapport sur les perspectives de développement des systèmes d’enseignement et de formation professionnelle, janvier 1992, p.9. * La mise en place de la 6ème année de l’enseignement fondamental en 1990/91 a entraîné une baisse des effectifs des sortants de la 5ème année. En effet, l’application de la réforme de l’enseignement fondamental se traduit par une évolution des effectifs en entonnoir. Les effectifs sont importants et en croissance régulière au niveau du premier cycle de l’enseignement fondamental. Ils sont passés de 2.149.400 en 1986-87 à 2.394.600 en 199091. En revanche, au niveau du deuxième cycle du secondaire, l’effectif, réduit, est en baisse sensible : de 888.500 il passe à 805.900 sur la même période, soit -2,4% en moyenne par an. Les effectifs du secondaire sont eux stabilisés autour de 315.000. Plusieurs tendances ont été engendrées par la structure actuelle de l’enseignement général. Deux peuvent être mises en évidence : Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 123 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? • Une forte tendance à la réduction des effectifs de l’enseignement supérieur entraînant à terme une baisse du niveau de la formation initiale, des connaissances, du savoir théorique, des capacités d’abstraction etc.. • Une tendance concomitante à la “sortie” sans qualification du système éducatif. La poursuite de telles tendances est d’autant plus vraisemblable que comme on l’a souligné plus haut- les possibilités d’absorption par le système de formation professionnelle semblent pour le moins problématiques,et ce quel que soit le scénario envisagé par les départements concernés (M.E.N., M.T.P.F.P.F.C) en matière de “perspectives de développement des systèmes d’enseignement et de formation professionnelle”. (rapport d’étude réalisé par le M.E.N. et le M.T.P.F.P.F.C). II.2 DES SCÉNARIOS PRÉVISIONNELS Trois scénarios sont envisagés dans la perspective de coordination entre l’évolution de l’enseignement fondamental et celle de la formation professionnelle. La méthode utilisée dans le rapport précité se fonde sur les hypothèses suivantes : • La projection des effectifs des élèves de l’enseignement général et de la formation professionnelle est faite “sur la base des effectifs recensés en 1990-91 auxquels on a appliqué les taux d’écoulement moyens constatés lors de la période précédente”. • Une prise en compte des “prévisions de la carte de la formation professionnelle pour les années scolaires 1991-92, 1992-93 et 1993-94 pour lesquelles les projets sont arrêtés et partiellement entamés”. • Enfin, l’hypothèse de la stabilisation du niveau spécialisation pour lequel la capacité d’accueil existante n’est pas encore pleinement utilisée. A. Poursuite des mêmes tendances Les principales composantes du scénario 1 sont : • La formation professionnelle continue à recruter les élèves exclus du système d’enseignement général à différents niveaux. • Les taux d’écoulement (promotion, redoublement, abandon) sont améliorés à tous les niveaux à l’exception de la 9ème année où ils sont mainte- 124 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 nus constants. .Taux de promotion : .Taux de redoublement : .Taux d’abandon : 40 % 40 % 20 % • Les systèmes d’enseignement et de formation restent centrés sur euxmêmes et continuent de fonctionner de façon autonome par rapport aux besoins du système productif et à la demande sociale. • Le développement de la formation professionnelle se fera à un rythme modéré et les effectifs globaux connaîtront, en moyenne, une croissance limitée de l’ordre de 4 % par an. Parallèlement, les sorties de fin de cycles de l’enseignement général évolueront, en moyenne par an, à un taux d’accroissement de 3,5 %. • Le taux d’orientation global des effectifs de fin de cycles de l’enseignement général en direction de la formation professionnelle restera stable, (soit 10 %), sur la période 1993-2000. B. La recherche d’une adéquation formationemploi au niveau national Cette recherche passe par une impulsion des capacités d’accueil des établissements de formation professionnelle, associée à une prise en compte de la contrainte du marché de l’emploi. Par ailleurs, le taux d’orientation global des effectifs de fins de cycles de l’enseignement général en direction de la formation professionnelle est poussé à plus de 14 % en 1999-2000, soit une augmentation de 4 points par rapport au premier scénario. L’hypothèse de base du second scénario est l’estimation des besoins annuels en main-d’oeuvre qualifiée : 110.000 emplois dont 55.000 sont affectés aux catégories de la Formation Professionnelle. Il y a lieu de noter qu’une mise en parallèle de ces chiffres avec d’autres indicateurs, en particulier le taux de chômage des diplômés de la Formation, ne peut que relativiser cette hypothèse. C. Des tendances infléchies par la réforme Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 125 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? pédagogique La réforme pédagogique du Ministère de l’Education Nationale (1985) établit les projections suivantes relatives aux taux d’orientation appliqués à partir de 1995/1996 : Spécialisation : Qualification : Technicien : 15 % 30 % 30 % Les taux d’écoulement prévus sont les mêmes que dans le premier scénario, à l’exception toutefois des fins de cycles (9ème année de l’enseignement fondamental) où les taux de redoublement sont révisés à la baisse afin de rejoindre les taux d’orientation généralisée des sortants vers la formation professionnelle. Ce scénario vise des objectifs plus amples : • Un taux de croissance des effectifs de la formation professionnelle au voisinage de 15 % par an réalisé grâce notamment à une expansion du secteur privé. • Un taux d’orientation global des effectifs de fins de cycles de l’enseignement général en direction de la formation professionnelle de l’ordre de 22 % en 1999-2000 (12 points de plus que dans le premier scénario et 8 points de plus par rapport au second). Trois mesures sont préconisées : • L’établissement d’une carte éducative intégrant une carte scolaire et une carte professionnelle. • L’institutionnalisation de l’orientation directe des élèves vers les filières de la Formation Professionnelle avec une prise en compte de critères psycho-pédagogiques. • L’adaptation des contenus et des filières de formation aux besoins d’emploi. TABLEAU 7 126 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 RÉSULTATS COMPARÉS DES ALTERNATIVES DE DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR ÉDUCATIF Coût en millions de DH Effectifs en milliers SCENARIO SCENARIO 1SCENARIO 2SCENARIO3 TENDANCESATISFACTIONREFORME DES BESOINS DU MEN DU MARCHE DE L’EMPLOI Coût moyen annuel MEN + FP 13.915 EFFECTIFS GLOBAL 1993/1994 3.923 MEN 1991/2000 5.017 SORTIES FIN DE CYCLE 1993/1994 152 MEN 1999/2000 216 EFFECTIFS GLOBAL 1993/1994 134 F.P 1999/2000 307 EFFECTIFS 1° A. F.P. 1993/1994 79 1999/2000 183 LAUREATS (moyenne annuelle) 82.164 Taux de Couverture à partir de 1996/1997 en % 70 13.661 14.173 3.942 3.923 5.178 5.017 119 152 146 216 134 134 170 191 79 79 102 112 56.817 59.805 51 84 Source : ibid, page 31. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 127 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? II.3 LE PROBLEME DES DÉSCOLARISÉS NON ABSORBÉS Quelque soit le scénario retenu, une masse importante de jeunes seront déscolarisés et se trouveront sans perspective de formation. A titre d’exemple, dans le cas du scénario 2, selon les prévisions, les effectifs déscolarisés en 1993-94 sont estimés à 152.257. Ils augmenteront pour atteindre presque 200.000 en 1997/1998. Durant cette période, le taux de couverture ne dépassera pas 51 %. Ainsi, pour un nombre important de jeunes (75.000 à 100.000), rien ne semble avoir été prévu. Le cas de la sixième année de l’enseignement fondamental est particulièrement préoccupant. En 1996-97, on prévoit des effectifs de déscolarisés de l’ordre de 66.240, alors que les prévisions de recrutement au niveau spécialisation atteignent à peine les 18.059. Le seul niveau pour lequel le taux de couverture est proche de 100 % est le niveau Technicien. Le problème des déscolarisés non absorbés par le système de la formation professionnelle demeure également posé, dans une moindre mesure, dans le scénario 3 (plus ambitieux). Le taux de couverture augmente progressivement de 51,66 % en 1993-94 pour atteindre 56,08 % en 1995-96. Dans cette perspective, ce sont plus de 83.200 jeunes qui ne seront probablement pas absorbés par le système de la formation professionnelle. Il importe de noter que le problème des déscolarisés mérite d’être posé dans un cadre global impliquant une articulation plus étroite entre les soussystèmes d’éducation et de formation d’une part et entre ces derniers et le système productif de l’autre. Bien entendu la solution à un tel problème dépasse la simple difficulté ayant trait à la couverture par l’appareil de formation. II.4 LES SORTIES DU SYSTEME DE FORMATION : UNE STRUCTURE MARQUÉE PAR DES RIGIDITÉS En 1991-92, les effectifs des lauréats de la formation professionnelle se montent à environ 44.500 (30.128 du secteur public et 14.362 du secteur privé). Marquée par des fluctuations annuelles amples (notamment pour ce qui est du niveau qualification), l’évolution des lauréats -construite sur la période 1988-1997- fait apparaître une croissance cumulée non négligeable de l’ordre 128 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 de 39%, le nombre passant de 42.474 en 1988 à 59.086 en 1997. La structure sectorielle des lauréats enregistre une déformation durable en faveur des secteurs considérés comme problématiques, en terme d’emploi. TABLEAU 8 PROJECTIONS DES LAURÉATS DE LA F.P. 1991-2000 (PUBLIC ET PRIVÉ, TOUS LES NIVEAUX) 91/92 92/93 93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 98/99 2000 AdministrationGestion 12052 12844 13995 14680 15680 16747 17888 19106 20407 Administration Publique 302 294 223 283 283 283 283 283 284 Commerce 138 50 36 36 25 17 12 8 6 Agriculture 652 683 834 941 1066 1206 1366 1547 1752 Eau-Electricité Energie 137 151 151 151 156 161 167 173 179 Mines 14 0 0 0 Agro-industrie 53 58 83 75 86 98 112 128 146 Textile confection-cuir2914 3133 3209 3083 3145 3208 3272 3338 3405 IMME 6387 6155 6561 6286 6260 6235 6209 6184 6158 Chimie, Para-chimie 84 94 121 94 100 106 112 119 126 B.T.P. 5150 5985 6135 6096 6463 6853 7266 7704 8169 Transport Communication124 69 63 54 42 32 25 20 15 Pêches Maritimes 247 265 349 373 430 496 572 659 760 Artisanat de production 7226 8255 10247 10327 11675 13198 14921 16868 19069 Artisanat de services 6823 7319 8120 7922 8339 8777 9239 9724 10236 Hôtellerie Tourisme 1510 1527 1619 1965 2152 2356 2580 2826 3094 Santé 683 581 0 338 TOTAL 44491 46995 52151 52701 55802 59086 62563 66245 70143 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 129 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? * La tendance a été prolongée, dans ce rapport, à partir de 1997. Source : Données brutes de la Direction de la Planification de la Formation professionnelle. Découlant des résultats d’études menées par le MTPFPFC dans le cadre de la recherche continue de l’adaptation de l’appareil de formation à l’emploi, une telle structure est appelée à évoluer en fonction des résultats des études envisagées. A l’analyse des trois scénarios précédemment examinés, il y a lieu d’opérer un arbitrage entre deux hypothèses : • L’hypothèse basse “se base sur les besoins quantitatifs en maind’oeuvre qualifiée mis en évidence par les études prospectives régionales et sectorielles”: Besoins annuels : 110.000 emplois qualifiés dont 55.000 satisfaits par les lauréats de la Formation Professionnelle (voir supra scénario 2). Taux de croissance de l’offre globale d’emplois qualifiés : 5 % par an. Cette hypothèse permet d’estimer l’effectif cumulé à quelque 283.000 lauréats sur la période 1993-2000, soit 56.000 lauréats en moyenne par an dont 46 % en qualification. Dans une telle perspective, la capacité d’accueil à créer par le secteur public correspond à 30.000 places, soit environ une centaine de Centres de Formation. TABLEAU 9 PROJECTION DES LAURÉATS, 1993-1998 (PAR NIVEAU) 93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 TOTAL SPECIALISATION18 16918 55911 46612 03912 64172 874 QUALIFICATION17 88118 05229 95231 45033 022130 358 TECHNICIEN 14 904 15 322 15 725 16 51117 337 79 799 TOTAL 50 954 51 933 57 143 60 00063 000283 030 DONT PUBLIC 31 941 37 356 39 223 41 18543 244192 949 130 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 Source : Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres, Direction de la Planification et de la Formation Professionnelle, Perspectives de développement du système de formation professionnelle, document de travail, Mars 1992, P 16 TABLEAU 10 PROJECTION DE LA CAPACITÉ D’ACCUEIL À CRÉER, 1993-1998 (SECTEUR PUBLIC) 93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 TOTAL QUALIFICATION 11 663 12 347 2 814 2 955 29 779 TECHNICIEN TOTAL 112 112 11 663 12 347 2 814 3 067 29 891 Source : Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres, Direction de la Planification et de la Formation Professionnelle, Perspectives de développement du système de formation professionnelle, document de travail, Mars 1992, P 16 • L’hypothèse haute, inscrite “dans le cadre de la réforme de l’ensemble du système éducatif et de la Formation professionnelle” de 1985, autorise sur la période sous- revue, les données prévisionnelles suivantes : • Effectifs cumulés : 344.603 lauréats • Effectifs des lauréats par niveau : - S : 33,1 % - Q : 39,6 % - T : 27,3 % • Effectifs par an : 69.000 lauréats dont 25.000 formés par le secteur public • Capacité d’accueil à créer (secteur public) : 15.000 places par an dont 82 % en qualification. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 131 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 11 PROJECTION DES LAURÉATS, 1993-1998 (PAR NIVEAU) 93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 TOTAL SPECIALISATION18 16918 55919 98322 55034 776114 037 QUALIFICATION17 88118 05222 75226 96050 925 136 570 TECHNICIEN 14 904 15 322 18 383 20 316 25 071 93 996 TOTAL 50 954 51 933 61 117 69 826110 772344 603 DONT PUBLIC 31 941 39 646 45 275 71 517 73 288 261 667 Source : Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres, Direction de la Planification et de la Formation Professionnelle, Perspectives de développement du système de formation professionnelle, document de travail, Mars 1992, P 21 TABLEAU 12 PROJECTION DE LA CAPACITÉ D’ACCUEIL À CRÉER, 1993- 1998 (SECTEUR PUBLIC) 93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 TOTAL QUALIFICATION TECHNICIEN - 4 350 9 250 2 7759 19 637 60 996 3 338 6 893 3 361 13 592 TOTAL 4 350 12 588 34 652 22 998 74 588 - Source: Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres, Direction de la Planification et de la Formation Professionnelle, Perspectives de développement du système de formation professionnelle, document de travail, Mars 1992, P 21 Ces différentes données traduisent, en dépit des efforts consentis, l’ampleur des distorsions entre d’une part la pression croissante sur la formation (importance des effectifs déscolarisés) et la capacité limitée d’accueil du 132 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 SFP et d’autre part la désarticulation relative entre les qualifications dispensées et l’offre d’emploi. III. AJUSTEMENT DU SYSTEME DE FORMATION PROFESSIONNELLE III.1 DYSFONCTIONNEMENTS INTERNES Une mise en rapport des besoins en main-d’oeuvre qualifiée exprimés par les employeurs et de l’offre de l’appareil de formation, permet de faire apparaître des distorsions par secteur, par niveau et par filière de formation. • Par secteur, les déficits annuels en termes d’effectifs (toutes qualifications confondues) concernent les domaines suivants : - Artisanat de production - Textile-confection-cuir - Hôtellerie-tourisme - I.M.M.E. - B.T.P. - Administration publique • Par niveau, il y a lieu de constater pour 1990/91 (voir tableau 9) d’une part un excédent de 8.362 lauréats pour le niveau spécialisation et, d’autre part, un déficit important de l’ordre de 12.396 pour le niveau qualification. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 133 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 13 BESOINS EN MAIN-D’OEUVRE ET OFFRE DE FORMATION PAR NIVEAU (1990-1991) (*) Recrutements (a) Offre de Ecart Formation Potentiels En lauréats (3) (3) - (1) (3) - (2) (1) (2) 1990/91 Spécialisation19 451 7 427 15 789 - 3 662 + 8362 Qualification46 662 26 327 13 931 - 32 731 - 12 396 Technicien 12 192 8 413 11 628 Total 42 167 41 348 - 36 947 78 295 - 554 + 3 215 - 819 (*)Ces chiffres découlent des études régionales fondées sur les déclarations des employeurs (a) Recrutements potentiels : la totalité des créations d’emplois qualifiés recensés auprès des différents employeurs enquêtés. Recrutements en lauréats : créations d’emplois qualifiés pour lesquels les employeurs envisagent de faire appel aux lauréats de l’appareil de formation professionnelle. Source : Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres, Direction de la Planification et de la Formation Professionnelle, Eléments d’orientation pour l’élaboration de la carte professionnelle, 1992-1993 1993-1994 1994-1995, Novembre 1991. • Enfin les filières qui semblent accuser les déficits les plus significatifs sont celles que retrace le tableau suivant : 134 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 TABLEAU 14 BESOINS ANNUELS À COURT TERME EN LAURÉATS DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE PAR FILIERE ET PAR NIVEAU Filière Niveau Couture, Broderie et Tissage traditionnels 3 048 Gros oeuvres - Maçonnerie Q Textile - Confection - Cuir S,Q,T Restauration - Réception Q,T Usinage - Fabrication mécanique Q Techniques administratives Q,T Travail artisanal du cuir S,Q Mécanique industrielle Q,T Ferronnerie - Forgeron Q Tapis Q Conduite de travaux de chantier Q,T Tôlerie - Soudeur - Chaudronnerie Q Cuisine Q,T Déficit S,Q,T 2 548 1 790 920 679 658 640 600 440 440 380 350 330 Source : Ibid Par ailleurs, il est possible de dégager les filières nouvelles à créer par niveau, ainsi que celles devant faire l’objet soit d’une réduction des effectifs de lauréats, soit d’une suppression. • Les filières à créer : .Peinture, Bâtiment, vitrerie (Q) 423 lauréats/an .Guide de tourisme (Q,T) 370 lauréats/an .Boulangerie-Pâtisserie (Q) 320 lauréats/an .Conducteur d’engins (S,Q) 230 lauréats/an .Sculpture sur plâtre (S) 144 lauréats/an .Blanchisserie-Teinturerie (S,Q) 133 lauréats/an Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 135 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? • Les filières à réduire ou à supprimer : .Secrétariat - Dactylographie (Q,T) .Polyculture (S,Q,T) .Dessin Bâtiment Architecture (Q,T) .Froid et Climatisation (Q,T) .VRD - Réseaux Eau - Electricité (T) • Les filières où le niveau spécialisation est à remplacer par le niveau qualification (avec ou sans réduction des effectifs) .Plomberie et installation sanitaire (à réduire) .Electricité de bâtiment (à réduire) .Menuiserie Bois Il convient de souligner les limites des données présentées de façon synthétique ci-dessus. Ces limites tiennent, en particulier, au caractère partiel et à la fragilité des bases méthodologiques des études régionales et sectorielles utilisées pour l’élaboration de la carte professionnelle. Néanmoins, il n’est pas inutile de retenir, à titre d’indicateur, le jeu des dysfonctionnements internes au système de formation (entre les secteurs, les niveaux et les filières) que de telles données mettent en évidence, même si au niveau global, l’écart enregistré entre l’offre de formation et les créations d’emplois destinées aux lauréats de la formation professionnelle semble nettement moins prononcé (- 819 lauréats en 1990/91). De fait, de tels dysfonctionnements renvoient à des déséquilibres beaucoup plus profonds ayant trait à la logique d’ensemble du système de formation, à ses articulations fonctionnelles et à sa pertinence. III.2 - EVALUATION D’ENSEMBLE DU SYSTEME : LE POINT DE VUE DES INTERVENANTS Depuis 1985, l’Administration de la Formation Professionnelle a fait des efforts notables dans le sens de l’évaluation du système de la formation professionnelle. Plusieurs études ont été réalisées ayant pour perspective une meilleure adéquation de la formation à l’emploi. Parmi ces études, il y a lieu de citer celles relatives à l’évaluation du système. On présente, dans ce point, les principaux résultats de l’étude d’évalua- 136 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 tion réalisée en 1991 . Le travail d’évaluation entrepris a concerné le point de vue des chefs d’établissements, des formateurs, des stagiaires, des employeurs et des lauréats. Les 468 entreprises retenues dans l’échantillon ont toutes plus de 50 employés. L’enquête a été effectuée sur 29 provinces, 318 établissements de la formation professionnelle et 6.919 stagiaires. A. Les formateurs Les résultats de l’enquête montrent que les formateurs ont été recrutés, en majorité, après la réforme de 1984. Les deux tiers sont dans leurs fonctions depuis six ans au moins. En général leur expérience professionnelle ne dépassait pas deux ans, avant leur accès au poste de formateur. Le personnel formateur connaît une situation d’instabilité qui pourrait être liée au faible niveau de motivation et de rémunération : 85% des formateurs se situent dans une hiérarchie de rémunération comprise entre l’échelle 6 et 10 de la Fonction publique. Dans beaucoup de cas le maintien ou le recrutement du personnel compétent s’avère difficile, du fait des niveaux de salaires plus élevés dans le secteur privé. Par ailleurs, la formation continue est peu développée : moins de 20% des formateurs ont bénéficié d’un stage de perfectionnement. Les stages sont généralement de courte durée : entre 1 et 30 jours. B. Les stagiaires Les stagiaires sont, dans leur grande majorité, d’origine socio-professionnelle défavorisée : 53% sont restés au moins un an hors du système éducatif avant de rejoindre la formation professionnelle, 17% sont restés 2 ans. L’étude attire l’attention sur l’hétérogénéité des niveaux scolaires de cette population. Le facteur échec ou abandon scolaire est prédominant comme motif d’inscription dans la formation professionnelle (71% en spécialisation, 47% en qualification et 43% pour les techniciens). Le handicap linguistique est important : les stagiaires ont des difficultés à comprendre le cours. Tel est du moins l’avis de 71% des formateurs. Selon l’étude, 3% seulement de l’effectif global a pu bénéficier du passage d’un niveau à un autre : le système des passerelles est donc caractérisé par de fortes rigidités. L’information des candidats à la formation professionnelle se fait essentiellement par des moyens informels : les “voisins et amis”, les lauréats de la formation professionnelle. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 137 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? C. Les conditions de travail Les directeurs des établissements de formation professionnelle considèrent, en général, que le matériel technique et didactique n’est pas suffisamment disponible. Par ailleurs, 47% des formateurs ont déclaré que leurs établissements ne disposent pas d’une unité de documentation. La non-disponibilité de crédits en temps utile, soulevée par les chefs d’établissement, pose des problèmes, vu que la nature des activités de la formation professionnelle demande de la souplesse et une autonomie de gestion. D. L’offre des employeurs L’effectif moyen des entreprises enquêtées s’élève à 208 personnes. Cependant, même dans ce secteur relativement structuré, la précarité de l’emploi est assez grande. L’effectif du personnel temporaire moyen est de 89 par entreprise. Il y a, en moyenne, six lauréats de la formation professionnelle par entreprise et les diplômés de la formation professionnelle représentent 2,6% de l’effectif total. “Les entreprises les plus importantes, celles de plus de 50 employés, offriraient donc des possibilités très limitées d’embauche aux lauréats de la Formation Professionnelle. Rien n’indique que cette situation va changer dans les trois années à venir, vu leurs déclarations quant à leurs perspectives de recrutements . La structure des recrutements par niveau fait apparaître une prépondérance du niveau technicien (51% des recrutés), suivi par le niveau qualification (32%). Par contre, le niveau spécialisation est très faiblement demandé (9%). C’est un niveau que, du reste, l’Administration de la Formation Professionnelle a programmé de réduire. E. Les stages Les difficultés relatives à l’organisation des stages portent, de manière principale, sur l’absence d’un programme de stages (avis de 71% des chefs d’entreprises) et sur le manque d’encadrement des stagiaires. Par ailleurs, les offres de stages sont très limitées, et d’une manière générale les liens et la coopération entre les établissements de Formation Professionnelle et les entreprises, sont également faibles. 138 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 F. L’adéquation Les appréciations des employeurs au sujet de l’adaptation des stagiaires aux tâches qui leurs sont confiées sont positives : 79% des employeurs ont déclaré que les techniciens ont peu ou pas de difficultés à s’adapter aux tâches contre 75% pour la qualification et 73% pour la spécialisation. Ces données soulignent le caractère relatif et nuancé des problèmes d’articulation. G. Les salaires Les salaires moyens par niveau sont de 1 532 Dhs pour le niveau spécialisation, 1 662 Dhs pour le niveau qualification et 1949 Dhs pour le niveau technicien. Mais il existe des variations notables selon les régions et le sexe. Ces niveaux de salaires sont considérés comme peu favorables à une véritable valorisation de la formation professionnelle et en particulier de sa composante technique. En dépit des efforts importants d’adaptation du S.F.P., la relation formation- emploi souffre d’un double écueil. • La relation dominante au Maroc entre formation et emploi est une relation consécutive : les jeunes doivent acquérir dans l’établissement d’enseignement une formation correspondant à l’emploi, voire au poste de travail offert par l’entreprise. Les nouvelles cohérences technologiques et professionnelles tendent, au contraire, à imposer une relation de type simultané : les jeunes reçoivent dans l’entreprise une formation complétant et prolongeant celle déjà acquise dans un établissement d’enseignement. • Le système de formation professionnelle en vigueur a tendance à privilégier une perspective fondée plutôt sur les performances en termes de quantité. Toutefois, les inflexions en faveur d’une amélioration de la qualité de la formation introduites dès la réforme de 1984 puis réitérées lors de l’élaboration du Plan d’orientation 1988-1992 étant loin d’avoir atteint un tel objectif, il importe de prendre acte des véritables obstacles et d’opérer un arbitrage en faveur des procédures les plus à même d’optimiser la formation en termes de rapport qualité-quantité. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 139 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? CHAPITRE III LE SYSTEME DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR (S.E.S) L ’enseignement supérieur se situe en aval de l’ensemble du système éducatif. Tributaire de la qualité et du niveau des étudiants que lui fournissent les autres sous-systèmes éducatifs, il en conditionne aussi les performances grâce aux formateurs et cadres qu’il leur fournit. L’évolution de l’Enseignement Supérieur, a toujours constitué un indicateur du degré de progression économique et sociale des pays. I - LA MISSION DU SYSTEME DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR La mission de cet enseignement découle incontestablement des finalités et missions assignées à l’institution éducative dans son ensemble. Toute démarche éducative doit généralement répondre à une finalité humaine à une finalité socio-politique et civilisationnelle et à une finalité productive. Dès lors la mission assignée au système de l’enseignement supérieur doit s’intégrer dans ce vaste champ de la démarche éducative. Aussi les objectifs 140 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 globaux fixés à ce système doivent être regroupés autour de cinq pôles essentiels : les personnes, les savoirs, les valeurs, la société productive et la vie sociale. Dans cette optique, le système de l’enseignement supérieur doit poursuivre le développement des aptitudes, l’épanouissement de la créativité et de l’imagination. Ce sont là, autant de qualités humaines et de comportement que toute société cherche à développer. En cette fin de siècle, le Maroc doit préserver et renforcer son rôle dans la compétition scientifique, culturelle et économique international par un “plus” de qualification et de compétence. Le SES doit concourir à cette finalité, en répondant de façon adéquate à cette exigence socio-économique essentielle. En effet, si le SES doit être ouvert et attentif au marché de l’emploi, plus que par le passé, il ne saurait être étroitement dépendant à son égard. Il doit, aussi, répondre à des aspirations socio-culturelles qui ne transparaissent nullement à travers une simple validation par le marché. En conséquence, la finalité du SES est multiple. Le SES doit dorénavant être stratégiquement piloté en fonction de ces attentes et défis. II - LA DYNAMIQUE ORGANISATIONNELLE DU SYSTEME D’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR Le fonctionnement du SES s’articule actuellement autour de plusieurs structures de nature et poids variables, ce sont : - l’université ; - les établissements de formation des cadres (EFC publics) ; - les formations pédagogiques ; - et les instituts et écoles d’enseignement supérieur privé (IESP). La réforme projetée par le Ministère de l’Education Nationale et par le Ministère des Travaux Publics de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres devrait introduire, à court terme, une nouvelle structure dans le paysage éducatif : les Formations Professionnelles courtes du Supérieur (FPS). Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 141 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? La spécificité de chacun de ces sous-systèmes tient à quatre considérations : sa fonction au sein du système d’ensemble, son mode d’accès et sa place, son mode d’organisation des études, et son degré d’autonomie. TABLEAU 15 SYSTEME D’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR “LES SOUS-SYSTEMES” FACULTES VOCATION EFC PUBLICS - Elaboration/transmission - Formation connaissance Formation supérieure académique à finalité professionnelle MODE /ACCES -Non-sélectif (sauf Médecine) ORGANISATION ETUDES - 3 cycles - Absence de contrôle continu continu - Sélectif - Cycles moyens & longs - Contrôle (Effectifs limités) AUTONOMIE PEDAG./FINA. - Aucune TUTELLE - MEN - Relative - Ministères + Coordination par le MTPFPFC (Direction de la Formation des Cadres) Un des traits essentiels du système d’enseignement supérieur réside dans la croissance déséquilibrée des sous-systèmes qui le composent. Cet ensemble se dis- 142 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 tingue donc, globalement, par la prépondérance en terme d’effectifs du sous-système Université, la tendance à la baisse des formations pédagogiques et la croissance relative des établissements de formation des cadres et des établissements supérieurs privés. II-1 LA PRÉPONDÉRANCE DE L’UNIVERSITÉ Le sous-système Université présente quatre caractéristiques : • Sa mission première, est “l’élaboration et la transmission de la connaissance et le développement de la recherche scientifique”. Dès lors, ce sous-système a préparé -jusqu’à une date récente- principalement à la carrière professorale. • Son accès est, en dehors de la médecine, généralement peu sélectif • Les études sont organisées selon trois cycles • Placée sous la tutelle du Ministère de l’Education Nationale, l’Université ne bénéficie pas de l’autonomie pédagogique et financière. Ces différentes caractéristiques sont représentées dans le tableau comparatif 15. En 1990, le sous-système université comportait 11 universités, 37 facultés et 189.184 étudiants. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 143 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 16 EVOLUTION DES EFFECTIFS ET DES PARTS DES ÉTUDIANTS (1ER ET 2EME CYCLES) PAR COMPOSANTES DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Université TOTAL EFC (1) Formation Pédagogique EFS (Privés) (3) Nbre (2) (2) % Nbre % % Nbre % Nbre 57/58 2 061 100 - - - - - 2 061 61/62 4 454 93 98 2 - 228 5 4 780 66/67 5 152 72 510 7 - 1 506 21 7 168 70/71 11 464 76 950 6 - 2 799 18 15 213 80/81 74 641 79 7 926 8 - 12 749 13 95 316 84/85 380 88/89 912 90/91 621 2000 /2001 662 118 810 84 8 701 6 - 14 869 10 172 292 90 9 334 4,9 2 179 1,1 7 170 4 190 189 184 91,4 9 668 4,7 3 945 1,9 4 824 2 207 290 750 88 20 000 6,0 12 054 3,6 7 858 2,4 * Nbre 142 330 * (1) : Etablissements de Formation des Cadres Publics y compris les effectifs des étudiants de l’E.M.I., L’E.N.S.E.M. mais non les E.S.T. 144 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 Source : MTPFPFC (2) Y compris les effectifs des étudiants de la Faculté des Sciences de l’Education. Source : MEN (3) : Non inclus les EST (4) : Source : Direction de la Formation des Cadres - MTPFPFC * Les chiffres n’incluent pas les effectifs estimés des formations professionnelles courtes. L’enseignement universitaire s’articule globalement autour de quatre filières classiques, à savoir les Lettres et Sciences Humaines, les Sciences, le Droit, les Sciences économiques et la Médecine. La prépondérance de l’Université au sein du système de l’enseignement supérieur est illustrée par le tableau 17. En 1990, avec 189.184 étudiants, l’Université accueillait 91 % des effectifs contre 84 % en 1984, 79 % en 1980 et 76 % en 1970. Son poids croît donc régulièrement ; néanmoins la prédominance de l’université est quelque peu atténuée par le développement des Instituts et Grandes Ecoles (EFC publics et IES privés). Au niveau des filières, les Lettres et les Sciences occupent à elles seules 75,6% des établissements et absorbent 72 % des effectifs en 1990/91. Par contre avec seulement 13,5 % des établissements, les facultés de Droit et Sciences économiques représentent 24 % des effectifs étudiants de l’université (cf. le tableau 17). TABLEAU 17 ETABLISSEMENTS ET EFFECTIFS PAR FILIERE UNIVERSITAIRE 1990/91 Nombre facultés Effectif % - Lettres et Sciences Humaines (*)17 - Sciences 11 - Droit et Sciences Economiques 5 - Sciences Médicales 4 69.293 66.302 46.180 7.408 37 35 24 4 TOTAL 189.184 100 37 Source : Ministère de l’Education Nationale. (*) y compris les établissements relevant de l’enseignement originel. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 145 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? II.2- LA CROISSANCE RELATIVE DES ETABLISSEMENTS DE FORMATION DES CADRES Le sous- système des Etablissements de formation des cadres (Public) a connu, en termes absolus, une croissance indéniable : ses effectifs ont presque décuplé entre 1970 et 1990. Par contre, sa part relative dans les effectifs de l’enseignement supérieur se sont situées entre 5 et 7 %. Les caractéristiques globales des Etablissements de formation des cadres se distinguent par les traits essentiels suivants: • Leur vocation est d’assurer la formation des cadres tant pour le secteur public que pour le secteur privé, principalement dans les domaines scientifique, technique et commercial. • Leurs conditions d’accès sont très sélectives ; les concours sont pratiquement généralisés. • Leurs effectifs-étudiants étant limités, l’organisation des études est basée sur le contrôle continu des connaissances. TABLEAU 18 SOUS-SYSTEME INSTITUTS ET GRANDES ECOLES : POIDS DES DIFFERENTS DOMAINES DE FORMATION Année 1990-91 ETABLISSEMENT E.F.C. PUBLICS I.E.S. PRIVES Effectifs Effectifs - Filières Scientifiques 5 331 - Filières Juridiques, Economiques, et Sociales 4 337 TOTAL 3 945 9 668 Source : MTPFPFC - Direction de la Formation des Cadres 146 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 - Répartition par filière non disponible pour le privé TABLEAU 19 ETABLISSEMENTS DE FORMATION DES CADRES PUBLICS POIDS DES DIFFERENTS DOMAINES E.F.C. PUBLICS TYPE D’ETABLISSEMENT NOMBRE EFFECTIFS - Etablissements à dominante scientifique 5 331 - Etablissements à dominante juridique, 4 337 économique et sociale TOTAL 26 Source : MTPFPFC - Direction de la Formation des Cadres 13 13 9 668 II. 3 LA CONTRIBUTION DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR PRIVE Les Instituts et Ecoles Supérieurs privés ont connu une croissance sensible à partir de la décennie 1980. On dénombre 34 établissements en 199091. Ils regroupent 2 % environ des effectifs d’étudiants en 1990-91. Par rapport aux filières dispensées, on note une concentration sur les filières économiques et commerciales puisque 76 % des établissements ont cette vocation en matière de formation. La même tendance est observée au niveau des effectifs. II.4 LES FORMATIONS PÉDAGOGIQUES Les établissements de formation pédagogique (FP) ont pour mission d’assurer la formation du personnel d’encadrement des différents degrés et niveaux d’enseignement. Ils sont placés sous la tutelle du Ministère de l’Education Nationale et sont regroupés en trois catégories : Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 147 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? • 31 Centres de formations des instituteurs (CFI) pour la formation des enseignants du premier cycle de l’enseignement fondamental. • 15 CPR pour la formation des professeurs du 2ème cycle de l’enseignement fondamental. • 8 ENS pour la formation des professeurs du secondaire Avec 54 centres, cet appareil de formation est aujourd’hui largement surdimensionné par rapport aux effectifs (4.824 en 1990 contre 14.869 en 1980) I S I I Y . S Sans être exclusives, trois grandes tendances semblent être globalement à la base des dysfonctionnements qui seront analysées ultérieurement. Ces tendances lourdes sont relatives à l’explosion des effectifs d’une part, au déséquilibre des filières et aux mutations dues à l’évolution de la demande postlycéenne. III.1 - L’EXPLOSION DES EFFECTIFS Le secteur de l’Enseignement Supérieur connait un accroissement très rapide de ses effectifs. En 1989/90, les effectifs globaux ont atteint le seuil des deux cents mille alors qu’au lendemain de l’indépendance ils se situaient aux alentours des deux mille. Par rapport aux autres degrés d’enseignement, les effectifs ont été multipliés par 100 alors que ceux du primaire et ceux du secondaire ne l’ont été respectivement que de 6,6 et 43. Ce rythme de croissance, bien qu’assez rapide, semble avoir connu deux phases : • une première phase, de 1960 à 1980, durant laquelle les effectifs progressaient en moyenne de 25 % l’an, • une seconde phase, amorcée depuis 1980, caractérisée par un ralentissement du taux de croissance qui se ramène à 10 % . 148 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir T ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 TABLEAU 20 ÉVOLUTION DES EFFECTIFS DES TROIS DEGRÉS DU SYSTEME ÉDUCATIF en milliers Primaire Secondaire Supérieur 1 1956 2 1989 2/1 317 31 2 2085 1336 200 6,6 43 100 Source : Tableau établi à partir des statistiques du MEN Cette évolution des effectifs illustre une tendance vers “la massification”: • la population étudiante représente 9 à 10 % du groupe d’âge 20-24 ans alors qu’elle ne l’est que de 6 % en Algérie et en Tunisie, • par référence au nombre d’étudiants par 10.000 habitants, le Maroc avec un coefficient de 911 se situe dans la catégorie des économies intermédiaires, proche du Brésil (1061), relativement en avance par rapport aux pays de l’UMA (Algérie 811, Tunisie 575) et assez en retard comparé à la France (2400). L’explosion des effectifs dans le supérieur semble imputable à la conjugaison de plusieurs facteurs qui sont de nature démographique et économique. Parmi ces derniers, il faut relever en particulier : • La gratuité de l’enseignement public • la généralisation des bourses d’études, • la faiblesse du manque à gagner en raison des tensions qui sévissent sur le marché du travail. Il s’agit là d’un ensemble de facteurs dont les effets permettent d’antici- Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 149 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? per une poursuite de cette tendance bien que quelque peu atténuée. Durant la décennie quatre vingt, le taux de croissance, en raison de l’orientation projetée de lycéens vers la Formation Professionnelle, devrait connaître une relative diminution (pour atteindre les 6 %). C’est ainsi que durant la décennie quatre vingt dix, il est prévu seulement un quasi-doublement des effectifs (207.000 à 364.000). Cette explosion des effectifs dans la mesure où elle ne s’est pas accompagnée d’une augmentation concomitante des ressources, s’est traduite par une dégradation générale des conditions de fonctionnement des Facultés. C’est ainsi que durant la décennie 80, pendant que les effectifs ont augmenté en moyenne de 10 %, l’augmentation du budget est restée inférieure à 5 % provoquant une réduction de plus de 50 % de la dotation par étudiant. Cette situation au niveau des facultés n’a pas permis de développer ni un corps enseignant et administratif suffisant en quantité et en qualité, ni une infrastructure adéquate. Le taux d’encadrement qui atteint une moyenne de 1 enseignant pour 70 étudiants dans certaines filières (1 pour 34 étudiants au niveau national) n’est guère favorable. D’où le faible niveau d’efficacité interne que reflètent les taux élevés de redoublement et d’abandons. III.2 LE DÉSÉQUILIBRE AU DÉTRIMENT DES FILIERES À CARACTERE PROFESSIONNEL L’étude de l’évolution des principales filières de formation révèle : • un ralentissement de la croissance, voire, un essoufflement relatif des formations à caractère professionnel (Médecine, celles des EFC et les Formations Pédagogiques) ; • par contre, les filières de nature plus académique connaissaient une croissance exceptionnelle en particulier pour les Sciences dont les effectifs doublaient tous les 4 ans . Le tableau 21, relatif aux filières universitaires et couvrant la période 1970 à 1991, illustre ces tendances à savoir : • la réduction de la part de la filière Droit, • l’évolution cyclique des Lettres, • et la croissance continue des Sciences. La limitation de la capacité d’accueil des EFC et des filières à caractère 150 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ EVOLUTION DES EFFECTIFS GLOBAUX (1ER ET 2EME CYCLES) SELON LES PRINCIPAUX DOMAINES DE FORMATION ANNEE Lettres Sciences Droit Total SciencesEFC Publics IES PrivésFor.Péd. Total Sciences Sciences Formation Médicales (2) (3) For.Prof Ensei.Sup. Humaines (1) Total Economi. Non Prof. 151 70/71 4496 569 5 078 10 143 1 321 980 75/76 7503 2 397 16 355 26 255 5 389 3 406 80/81 31 160 12 112 24 813 68 085 6 556 7 926 84/85 55 932 32 295 23 816 112 043 6 767 8 701 88/89 68 239 60 246 36 796 165 281 7 011 9 334 90/91 69 293 66 302 46 181 181 776 7 408 9 668 2000/2001 87 843 104 990 89 019 281 852 8 898 20 000 (1) : y compris les effectifs des étudiants de l’Enseignement Originel (2) : y compris les effectifs des étudiants de l’EMI, L’ENSEM (3) : y compris les effectifs des étudiants de la Faculté des Sciences de l’Education. Les formations professionnelles courtes ne sont pas inclues. Source : - MTPFPFC pour les effectifs des EFC (1980 à 2000) 2 179 3 945 12 054 12 749 14 869 7 107 4 824 7 858 2 301 8 795 26 464 29 659 25 631 25 845 48 810 12 444 35 050 94 549 141 702 190 912 207 621 330 662 Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir TABLEAU 21 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? professionnel ou semi-professionnel canalise la demande des bacheliers, vers les Lettres et les Sciences qui deviennent des filières refuges. Un constat assez paradoxal mérite d’être relevé. Les filières universitaires en particulier les Sciences et les Lettres, dont les lauréats sont les plus exposés au problème de l’inadéquation continuent de drainer l’essentiel des effectifs (et par conséquent des ressources publiques,) tandis que les formations professionnelles des IGE qui assurent une meilleure insertion en termes de débouchés font l’objet d’une importante limitation de leur capacité d’accueil. Les projections à l’horizon 2000 font ressortir un important développement des formations en Droit et des formations professionnelles supérieures courtes qui devraient provoquer un redressement relatif de ce déséquilibre avec un quasi-doublement du pourcentage de ces dernières (13 à 23 % - hypothèse haute -). III.3 L’ÉVOLUTION DE LA DEMANDE POST-LYCÉENNE ET LES MUTATIONS PRÉVISIBLES Durant les trois dernières décennies, il est à remarquer : • une progression constante des inscriptions en Sciences, consécutive à l’importance prise par le baccalauréat scientifique, • une évolution cyclique de la filière des Lettres, • une baisse relative de la demande en Droit. Après avoir été la filière de prédilection durant la décennie soixante dix, elle n’occupe actuellement que le 3ème rang . Cette évolution de la demande post-lycéenne semble pré-déterminée par celle de l’offre en termes d’élargissement de la capacité d’accueil. C’est ainsi que l’extension de l’infrastructure universitaire a porté principalement sur les Facultés des Lettres et des Sciences (respectivement au nombre de 17 et 11). Les projections effectuées montrent que la demande d’enseignement supérieur devrait se maintenir à un niveau supérieur durant la décennie 90. Deux hypothèses ont été retenues, l’écart dépend fondamentalement de l’introduction ou non des formations professionnelles supérieures courtes 152 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 TABLEAU 22 PROJECTION DES NOUVEAUX INSCRITS ANNEE 2000/01 HYPOTHESE BASSE (2) HYPOTHESE HAUTE (1) Effectifs % Effectifs % Lettres 22 208 23 22 208 19 Droit 24 980 27 24 980 22 Sciences 30 051 32 30 051 26 Médecine 1 080 1 1 080 1 EFC publics 6 000 6,4 6 000 5,3 IES privés 6 993 7,4 4 357 3,7 F.PED 2 996 3 2 996 3 22 000 20 113 672 100 FPS TOTAL 94 308 100 Sources : Ministère de l’Education Nationale Direction de la Planification “Projections nouveaux inscrits” (1) Hypothèse haute - développement des formations professionnelles courtes dans le supérieur (Ministère de l’Education Nationale - Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres) (2) Hypothèse basse Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 153 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? - pas de développement des formations professionnelles courtes dans le supérieur (Ministère de l’Education Nationale - Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres). Dans les faits, l’importance de la demande post-lycéenne devrait être plus intense. La réduction de la demande d’enseignement supérieure attendue par le développement de la formation professionnelle vers laquelle 20 % des jeunes seraient orientés à la fin de la 6ème année et 40 % à la fin de la 9ème année ne serait effective sans un développement immédiat de ce secteur et une “véritable valorisation de l’enseignement professionnel”. Selon les hypothèses retenues, la structuration de la demande d’enseignement supérieur, à l’horizon 2000, pourrait se présenter comme suit : - Les projections des inscriptions dans les différentes filières restant inchangées, la différence entre les variantes se portera sur les formations professionnelles supérieures courtes. - Selon la seconde variante en l’an 2000, si les étudiants devraient s’orienter prioritairement vers les Sciences (26 %), il faut relever que les formations professionnelles supérieures canaliseraient 2 étudiants sur 10 au même titre que le Droit et les Lettres et dans une moindre mesure les formations professionnelles longues. IV. LES OUTPUTS DU SYSTEME D’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR A L’HORIZON 2000 L’analyse prospective des outputs du système d’enseignement supérieur peut être appréciée à partir de l’évolution des effectifs globaux et de la projection des diplômés. IV-1 L’ÉVOLUTION DES EFFECTIFS GLOBAUX D’après les prévisions effectuées, en l’an 2000/2001, les effectifs du SES devront se situer dans une fourchette de 324.000 (hyp. basse) à 364.000 (hyp. haute); la différence de 40.000 étant constituée par les effectifs des nouvelles formations professionnelles du supérieur (Cf tableau 24). 154 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 • le sous-système Université devrait à lui seul accueillir 291.000 étudiants en l’an 2000/2001 soit une augmentation de 55 % par rapport à 1990/1991. L’augmentation de ces effectifs se ferait prioritairement dans les filières de Droit avec 43.000 étudiants supplémentaires - soit un doublement des effectifs - et en Sciences avec 38.000 étudiants supplémentaires - soit une augmentation de 57 % des effectifs. • le sous-système des EFC connaîtrait une croissance relative plus rapide que celle de l’Université avec une augmentation de 106 % de ses effectifs passant de 9.668 à 20.000 étudiants. • le secteur de l’enseignement supérieur privé verrait ses effectifs s’accroître de plus de 300 %. A terme, selon l’hypothèse haute, l’Université regrouperait 78% des effectifs au lieu de 91 % actuellement, alors que la contribution des EFC, du secteur privé et des Formations pédagogiques du supérieur (FPS) passerait de 9 à 20 % environ. Il est évident que pour accueillir en partie ou en totalité les quelques 160.000 étudiants supplémentaires d’ici l’an 2000, il faudrait un effort considérable d’investissement en infrastructure et en personnel principalement par le Ministère de l’Education Nationale et les Etablissements de la Formation des Cadres. IV.2 LA PROJECTION DES DIPLOMÉS DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Si l’on fait un parallèle par rapport à la situation qui prévalait en 1990/1991 sur la base de l’hypothèse qui intègre le développement des Formations Professionnelles Supérieures, il est à relever les évolutions majeures ciaprès : • tout d’abord une augmentation de 150 % du nombre annuel des diplômés par le SES passant de 21 à 53.000. • L’importance des Formations Professionnelles Supérieures qui, en représentant 33 % de la production des diplômés, deviennent dominantes. • Le doublement de la production annuelle des diplômés en Droit et en Sciences qui tend à se rapprocher de celle des diplômés en Lettres, qui est de 8 à 9.000 pour chaque filière, Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 155 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? • Le développement plus rapide en chiffres absolus des EFC et IES privés. Leurs outputs (lauréats) augmenteront de 80 % et 128 % respectivement. Cependant, leurs parts relatives ne vont pas connaître un changement notable. Le seul facteur qui pourrait bouleverser le pronostic concerne le développement des Formations Professionnelles Supérieures courtes. TABLEAU 23 EVOLUTION DES EFFECTIFS GLOBAUX (1ER ET 2EME CYCLE) DU SYSTEME D’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE 1990/91 A 2000/2001 1990/91 Effectifs % 2000/2001 Effectifs % Lettres (1) 69 293 33 87 843 Droit et écon. 46 181 22 89 019 Sciences 66 302 32 104 990 Sc. médicales 7 408 4 8 898 TOTAL 189 184 91 290 750 UNIVERSITAIRE EFC (2) 9 668 5 20 000 IES PRIVE 3 945 2 12 054 TOTAL IGE 14 128 7 32 054 (EFC+IES) For.pégagogique (3) 4 824 2 7 858 For.Prof.Sup. 40 267 TOTAL SYST.ENS. 207 621 100 370 929 * SUP. SANS FPS (1) : Y compris les effectifs des étudiants de l’Enseignement Originel 23,7 24 28,3 2,3 78,3 5,4 3,2 8,6 2,1 11 100 (2) : Y compris les effectifs des étudiants de l’E.M.I., l’E.N.S.E.M. mais non ceux des E.S.T. (3) : Y compris les effectifs des étudiants de la Faculté des Sciences de l’Education. * Ce chiffre n’inclut pas les effectifs EST mais tient compte des effectifs projetés des F.P.S. courtes (Effectifs projetés de 40.267 inscrits en 2000/2001). Source : - MEN, Direction de la Planification, Projection des effectifs universitaires et du secteur privé supérieur. - MTPFPFC , Direction de la Formation des Cadres pour les effectifs projetés des EFC. 156 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 Durant la décennie 90, on assistera à la baisse de la contribution de l’Université au profit des Formations Professionnelles du Supérieur. C’est un total d’environ 410.000 diplômés, soit une moyenne de 37.000 par an qui se porteront sur le marché du travail, avec 45 % issus des domaines de formation à caractère professionnel ou semi-professionnel (Cf tableau 24). Comme corollaire à cette productivité du SES, il convient de signaler les importants abandons qui représenteront durant cette décennie un total de 457.000 soit une moyenne annuelle de 41.000 . TABLEAU 24 EVOLUTION DU NOMBRE DES DIPLOMÉS PAR LE SYSTEME D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DURANT LA DÉCENNIE 1990. 1990/91 2000/2001 Effectifs % Effectifs % Lettres (1) Droit et écon. Sciences Sc. médicales TOTAL UNIVERSITAIRE 9 402 4 149 4 608 808 18 967 41,7 18,4 20,4 3,6 84,1 9 931 9 269 8 430 970 28 600 18,9 17,6 16 1,8 54,3 I.G.E. PUBLIC (2) 2 666 I.G.E. PRIVE 843 TOTAL IGE 3 509 11,8 3,7 15,5 4 800 1 921 6 721 9,1 3,6 12,7 For. pégagogique (3) For. Prof. Sup. - 69 0,4 - - 17 353 33 TOTAL ENS. SUP. 22 545 100 52 674 100 (1) : Y compris les effectifs des étudiants de l’Enseignement Originel (2) : Y compris les effectifs des étudiants de l’E.M.I., l’E.N.S.E.M. (3) : Y compris les effectifs des étudiants de la Faculté des Sciences de l’Education. Source : - EFC : Direction de la Formation des Cadres MTPFPFC - Autres indications : Division de la Planification DESR, MEN Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 157 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? V. LES DYSFONCTIONNEMENTS DU SYSTEME DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Par rapport au marché de l’emploi et au système productif dans son ensemble, le SES ne peut s’adapter que sur une période plus ou moins longue. Aussi un décalage entre profils issus de la formation initiale et besoins des entreprises, est toujours repérable et nécessite la mise en place d’un système intermédiaire pouvant assurer la formation complémentaire souhaitée par le système productif. L’adaptabilité du S.E.S. est séquentielle mais continue. Néanmoins, des dysfonctionnements du SES par rapport aux exigences du système productif méritent d’être repérés. V.1 L’EXPRESSION DES DYSFONCTIONNEMENTS INTERNES Les dysfonctionnements internes du système de l’enseignement supérieur ne sauraient être négligés, car ils se répercutent négativement non seulement sur le système lui-même, mais aussi et surtout, sur les autres composantes de l’enseignement. Ils se manifestent à travers l’organisation du système et ses rendements internes. A. L’organisation du système de l’enseignement supérieur - Au niveau des intrants : Dans son fonctionnement, le SES se caractérise par trois catégories d’intrants : • Les étudiants, en fonction des cohortes détentrices du baccalauréat ; • Le corps professoral et administratif ; • Les moyens infrastructurels et financiers. Or il faut constater qu’en dehors du secteur privé, encore à ses débuts, le SES ne génère pas directement de flux financiers. De ce fait, il demeure dépendant, dans ses fonctions et ses performances qualitatives, des contraintes budgétaires et financières. 158 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 L’évolution des moyens humains et financiers mis en oeuvre ne suit pas le rythme extrêmement rapide des cohortes détentrices du baccalauréat. Cela provoque dans le cas de certains établissements, des déséquilibres entre les effectifs inscrits dans les établissements d’un côté et les moyens humains, financiers et infrastructurels de l’autre. - Au niveau des effectifs : Le SES est caractérisé en général par un faible taux d’encadrement. La forte progression des effectifs a engendré une “massification” de certains établissements. Devenus difficilement gérables pédagogiquement, ces établissements ne peuvent tenter une ouverture sur leur propre environnement productif. - Au niveau du pilotage réglementaire : Les options stratégiques des différents sous-systèmes sont généralement définies par des textes réglementaires, ce qui leur confère une certaine rigidité et bloque la nécessaire flexibilité du S.E.S. par rapport au Système Productif. De ce fait, ce pilotage des différentes composantes du Système Educatif Supérieur se limite le plus souvent, au niveau des établissements à une simple gestion courante. Sur le plan pédagogique, la détermination des programmes de formation par décret ministériel, freine toute adaptation des formations, pour tenir compte des changements de l’environnement socio-économique. Les IGE disposent, à cet égard, d’une relative flexibilité et enregistrent de meilleurs résultats en comparaison avec les Facultés en termes d’adaptabilité au marché de l’emploi. - Au niveau de l’articulation entre les unités du SES : Cloisonnement et linéarité constituent une caractéristique permanente des différents centres universitaires. L’absence de passerelles transforme les différentes composantes du SES en établissements très cloisonnés. Le circuit de formation supérieure apparaît ainsi extrêmement linéaire, ce qui renforce la rigidité du système et les taux de déperdition. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 159 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? B - Les faibles rendements internes Les rendements internes du SES peuvent être mesurés à partir du taux d’écoulement des effectifs d’un niveau universitaire à l’autre. L’observation des statistiques relatives aux inscriptions et aux diplômés, permet de distinguer deux ensembles différents : les EFC aux taux de rendement interne élevés, et les facultés pléthoriques, aux taux de rendement interne très faibles. A titre d’illustration, nous donnons les effectifs des inscrits dans chaque catégorie d’établissements en 1987/88 et le nombre de diplômés, quatre années plus tard, soit en 1990/91. TABLEAU 25 INSCRITS ET DIPLOMÉS PAR CATÉGORIE D’ÉTABLISSEMENTS ETABLISSEMENTS INSCRIT EN DIPLOMES EN RAPPORT 1987/1988 (I)1990/1991 (II)% II/I EFC.SCIENTIF. PUBLIC EFC JURID. ECO. SOC. PUBLIC TOTAL (1) 1 694 1 359 1 299 1 066 2 993 2 425 80,22 (95 %)* 82,06 (90 %)* 81,02 (92,50 %)* FAC. (NON COMPRIS LES FAC. DE MEDECINE) LETTRES & SC. HUM. (2)19 371 9 402 48,54 DROIT & ECONOMIE 11 632 4 149 35,67 SCIENCES 23 593 4 608 19,53 TOTAL 54 596 18 159 32,26 (1) : Y compris les effectifs des étudiants de l’E.M.I., l’E.N.S.E.M. et des E.S.T. (2) : Y compris les effectifs des étudiants de l’Enseignement Originel. Source : MEN * Les chiffres entre parenthèses proviennent d’estimations différentes et plus élevées des taux de rendement internes. Elle est fournie par la DFC - MTPFPFC. 160 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 Le nombre des diplômés représente plus de 81 % des inscrits quatre années plus tôt dans les EFC publics, contre à peine 34 % dans les Facultés (à l’exception de la Médecine). L’observation des taux d’écoulement des effectifs corrobore parfaitement ces constats de dysfonctionnements internes. Sur une même promotion de 1000 inscrits la même année, le nombre de diplômés-licenciés, se présente ainsi, selon le type de Faculté. TABLEAU 26 RAPPORT DES INSCRITS / DIPLOMÉS PAR TYPE DE FACULTÉ FACULTES A l’issue de 4 A l’issue de 5 A l’issue de 6 années d’études années d’études anné d’études Lettres Droit Sciences 157 121 69 163 140 86 61 65 35 Source : Tableau élaboré à partir des statistiques du Ministère de l’Education Nationale Seuls 15 à 16 % des étudiants en Lettres, contre 12 % en Droit et à peine 6 à 7 % en Sciences arrivent à obtenir leur diplôme au bout de 4 années d’études !! Ces résultats sont le fait d’une sévère sélection-exclusion qui caractérise ce type d’enseignement. Ainsi le SES se caractérise non seulement par un taux de rendement interne très faible, mais aussi par la mise sur le marché de l’emploi d’un volume important de jeunes sans diplôme et sans qualification supérieure. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 161 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? V-2 DYSFONCTIONNEMENTS EXTERNES Les dysfonctionnements externes peuvent être appréciés au niveau de l’articulation entre le SES et les autres sous-systèmes d’enseignement, d’une part, et par rapport au marché de l’emploi, d’autre part. A- Les limites de l’articulation entre le SES et les autres sous-systèmes d’enseignement. Ces limites se manifestent par des discordances entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur d’un côté, et une faible coordination entre les différentes composantes de l’enseignement supérieur de l’autre. En premier lieu, les discordances entres les deux systèmes, apparaissent d’abord aux niveaux linguistique et culturel. D’une manière générale, le SES suppose l’arrivée de bacheliers maîtrisant de façon correcte deux langues au moins, la langue nationale, l’arabe, et une langue étrangère, le plus souvent le français. Or, on constate que la maîtrise de ces langues est de moins en moins assurée, ce qui engendre pour les étudiants des difficultés énormes de compréhension, d’assimilation et d’utilisation des connaissances acquises. La communication devient de plus en plus difficile entre formateurs et étudiants, en raison de la détérioration des conditions d’encadrement. D’un autre côté, le niveau de culture générale requis pour des bacheliers désirant poursuivre leurs études supérieures, semble de moins en moins atteint. Dès lors, un tel hiatus ne peut qu’aggraver les faibles performances du S.E.S. Les discordances entre les Systèmes d’Enseignement Secondaire et Supérieur, se manifestent également à travers les différents programmes de formation respectifs à chaque système. L’accent est mis dans le secondaire, sur les formations à caractère littéraire et sciences expérimentales. Or, ces types de baccalauréats offrent de très faibles possibilités attrayantes dans l’enseignement supérieur. Aussi une grande partie de ces bacheliers se retrouve entassée dans les Facultés de Droit . Les formations techniques au niveau du secondaire se voient offrir des faibles possibilités diversifiées dans le supérieur. Les capacités des Instituts et Grandes Ecoles Publiques sont très limitées. 162 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 En second lieu la faiblesse, voire l’absence de la coordination entre Etablissements de formation relevant d’administrations de tutelle différente, renforce le caractère cloisonné du SES. Certes la multiplication des organismes de tutelle est une source d’enrichissement. Cependant une coordination pédagogique et scientifique entre les unités relevant du MEN et celles relevant de la Direction de la Formation des Cadres, est un impératif pour créer des synergies essentielles pour un Enseignement Supérieur performant. B - Les dysfonctionnements par rapport au marché de l’emploi. Vis à vis du marché de l’emploi, les dysfonctionnements du système de l’enseignement supérieur se situent tant au niveau des filières de formation qu’au niveau des profils formés. Selon les projections, les dysfonctionnements par rapport au marché de l’emploi, tendront à se réduire relativement, puisque les diplômés des Formations Professionnelles Supérieures (FPS) inexistant en 1991, représenteront en l’an 2001, 33 % de l’ensemble des diplômés du SES, alors que les diplômés des universités ne représenteront que 55 % contre 85 % actuellement. La tendance à une meilleure adaptation de la Formation Supérieure aux besoins du marché de l’emploi est dès lors prévisible. Néanmoins les spécialités pour lesquelles les opportunités d’emploi sont rares continueront à être prépondérantes au cours de la décennie quatre vingt dix. Ainsi de 1991 à 2001, l’effectif des diplômés par spécialités sera comme suit : Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 163 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? TABLEAU 27 REPARTITION DES DIPLOMES PAR DISCIPLINES SPECIALITES EFFECTIF DES DIPLOMES Biologie, géologie Droit Privé et Arabe Littérature Arabe Enseignement Originel Sciences Economiques Physique Histoire-Géographie Droit Public (en arabe) Chimie 38 051 33 054 29 925 l28 959 20 839 19 399 19 306 13 653 12 684 TOTAL Source : Ministère de l’Education Nationale. 215 870 A elle seules, ces disciplines représenteront plus de 71 % des effectifs diplômés de l’ensemble du Système de l’Enseignement Supérieur entre 1991 et 2000. Par conséquent le problème de l’inadéquation des diplômes préparés et les besoins en qualification du système productif continuera à se poser avec autant d’acuité. En outre, le système productif est à la recherche non seulement de qualifications techniques, mais également de capacités et d’attitudes humaines précises. Les qualités et attitudes recherchées par le système productif, sont essentiellement : • Conscience professionnelle • Capacité d’analyse et de synthèse • Dynamisme • Confiance en soi et rigueur scientifique Faute de moyens humains, infrastructurels et financiers suffisants, notre système éducatif supérieur accorde un intérêt très inégal au développement de ces qualités humaines et à l’épanouissement de la personnalité. 164 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 V-3 LES DYSFONCTIONNEMENTS FINANCIERS Toute analyse du système éducatif doit prendre en considération la variable financière, c’est-à-dire les coûts de formation. L’indice du Budget du Ministère de l’Education Nationale équivalent à 100 en 1973, a dépassé les 800 à la fin des années quatre vingt. La part du budget du MEN est passée de 19 % du Budget de l’Etat en 1973, à près du quart aujourd’hui. Au cours de la même période , le Budget de l’Enseignement Supérieur a connu une croissance beaucoup plus rapide. L’indice de ce Budget est estimé aujourd’hui supérieur à 2300 contre 100 en 1973. De ce fait la part de ce budget dans le budget du MEN est passée de 8 % à 25 % respectivement pour les deux dates. Cependant cette progression des financements réservés à l’Enseignement Supérieur, reste toute relative, en raison de l’augmentation rapide des étudiants. Entre 1970 et 1990, l’effectif des étudiants a été multiplié par plus de 13. CONCLUSION L’analyse du degré d’articulation du SES ne peut être valablement menée, qu’en tenant compte de la finalité de ce système, qui est certes économique, mais aussi socio-culturelle. C’est la raison pour laquelle, le système éducatif ne saurait être entièrement dépendant du Système Productif, dans son sens restreint. Dès lors l’évolution ne saurait se limiter à un simple rapport coût/emploi proposé. L’approche devrait prendre en considération, outre la variable emploi, d’autres variables, tout aussi importantes, tel que les besoins socio-culturels. L’évaluation du SES est donc plus large, plus complexe. Cependant l’extension du champ d’investigation de la notion d’articulation, ne doit pas faire omettre que ce système doit être piloté de façon la plus opérationnelle possible. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 165 ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 TROISIEME PARTIE PROGRAMME D'ACTION POUR UNE MEILLEURE ARTICULATION ENTRE L'EDUCATION, LA FORMATION ET L'EMPLOI CHAPITRE I OBJECTIFS ET PHILOSOPHIE DU PROGRAMME D'ACTION Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 167 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? 1 - OBJECTIFS DU PROGRAMME D’ACTION: identifier les options fondamentales en vue de renforcer les capacités d’adaptation réciproque du système d’éducationformation et du système de production. La promotion de l’emploi est, aujourd’hui, une priorité nationale. Plusieurs paramètres conditionnent le niveau de l’emploi : la démographie, la croissance économique, la formation et les relations professionnelles. Depuis sa création, le CNJA a centré son action sur la promotion de l’investissement et donc de la croissance économique. La troisième session du Conseil porte sur la maîtrise de l’articulation entre le système éducatif (au sens large) et le système productif. Le programme d’action vise, au moyen d’un rapprochement entre les besoins de l’économie et les sortants du système éducatif, à cerner les insuffisances de l’appareil de formation et du système productif, afin de dégager les principales orientations conduisant au renforcement des capacités d’adaptation réciproque du système d’éducation-formation et du système de production. Il est évident que la mission du système éducatif est beaucoup plus large et s’étend à la satisfaction d’une demande socio-culturelle tout aussi fondamentale. Et, il est également évident que l’équilibre sur le marché de l’emploi ne dépend pas uniquement de la dynamique du système éducatif, mais également et surtout du dynamisme présent et futur du système productif (première et deuxième sessions). Néanmoins, en raison de l’ampleur du chômage des jeunes diplômés, la recherche d’une articulation relative entre système éducatif et système productif est, aujourd’hui, un enjeu national et fondamental tant sur le plan économique que socio-politique. 2 - PHILOSOPHIE DU PROGRAMME D’ACTION A. UNE VISION GLOBALE DES DÉTERMINANTS DE L’EMPLOI Le thème choisi pour les travaux de la troisième session du Conseil National de la Jeunesse et de l’Avenir constitue un prolongement logique et indispensable des thèmes retenus lors des sessions précédentes. 168 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 En effet, le thème de la première session portant sur “l’insertion des jeunes diplômés” a permis de se pencher sur les causes d’un phénomène nouveau apparu dans la société marocaine : d’un côté, des diplômés en chômage, de l’autre, des besoins en emploi qualifié, exprimés par différents secteurs économiques et sociaux, qui demeurent non satisfaits. De même, les travaux de la deuxième session consacrés à la question de “l’emploi des jeunes en milieu rural” ont révélé l’existence d’un potentiel énorme de possibilités de développement non encore mobilisé au sein de l’économie rurale et la prédominance du travail peu ou non qualifié. Dans ces deux sessions, l’action du CNJA a été centrée sur la promotion de l’investissement productif et, par conséquent, la croissance économique en tant que variable importante qui conditionne le niveau d’emploi. L’attention accordée à la question de l’Education-Formation dans le cadre de la troisième session s’inscrit dans la même perspective et témoigne de la globalité de l’approche du CNJA ainsi que de son caractère multidimensionnel. Certes, l’emploi est la résultante de plusieurs paramètres stratégiques : notamment la démographie et la croissance économique. Dans le domaine de l’emploi, les effets d’une croissance économique sont souvent amoindris par le rythme toujours important de l’évolution de la démographie. Une politique globale de promotion de l’emploi devrait d’abord essayer de maîtriser ces variables. Mais l’emploi est également fonction du degré d’articulation entre le Système Educatif et les besoins de l’économie. Ainsi, l’essence commune des programmes socio-économiques proposés par le Conseil réside dans la prise en compte de quatre corrélations principales: - Croissance économique et emploi (première et deuxième sessions). - Education, formation et emploi (troisième session). - Relations professionnelles et emploi - Démographie et emploi . En effet, le problème de l’emploi au Maroc peut s’expliquer, en partie, d’abord par un déséquilibre croissant entre la dimension démographique et la croissance économique lesquelles déterminent, dans une large mesure, le comportement des composantes du marché de l’emploi : la première agit sur la demande d’emploi et la seconde sur l’offre. Le poids démographique est ressenti avec acuité en milieu urbain, où la Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 169 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? demande d’emploi croîtrait de 4,3 %, en raison notamment de l’exode rural et de la participation croissante de la population féminine. L’évaluation de l’incidence des facteurs socio-démographiques sur la demande d’emploi en milieu urbain, a établi que l’accroissement de la demande d’emploi des femmes soient attribuable pour 70 % à la croissance démographique, et pour 30 % aux facteurs socio-culturels qui sont à la base du changement du comportement de la femme vis-à-vis de l’activité. Par contre, l’accroissement de la demande d’emploi masculine proviendrait dans sa quasi-totalité de la croissance démographique, le changement de structure de cette demande étant le produit principal de l’élévation du niveau d’instruction et de formation des jeunes. Mais, jusqu’à quel niveau la croissance économique peut-elle supporter le poids de la démographie ? Toujours est-il qu’une croissance économique saine et durable demeure tributaire de trois facteurs : - La mise en oeuvre d’une politique adéquate visant l’instauration progressive d’un équilibre durable, à long terme, entre ressources humaines et ressources économiques ; - La conciliation entre l’élaboration d’une politique économique, où l’emploi est intégré en tant que variable stratégique, et la restauration des équilibres externes (réduction du déficit commercial, du service de la dette extérieure....) ; - La poursuite de l’investissement dans le capital humain pour en faire un facteur de développement économique et technologique. Ces différents objectifs constituent certains des principes majeurs des programmes d’action proposés par le Conseil.(Voir les première et deuxième sessions) . Ensuite, la méconnaissance du marché de l’emploi rend difficile la gestion des déséquilibres qui le caractérisent. La connaissance précise de l’offre et de la demande d’emploi restent une condition préalable à toute évaluation de leur degré de correspondance. Il s’agit, là, d’un travail de longue haleine où le recensement et l’enquête effectués par le Conseil en Janvier/Février 1991 ne constituent qu’un premier jalon. D’autres études et enquêtes sont à entreprendre pour dégager les grandes tendances du système d’éducation-formation en vue d’un diagnostic des distorsions entre l’offre et la demande d’emploi. Le bilan du travail des commissions provinciales et préfectorales12 mises en place par le CNJA en vue de mettre en contact offreurs et demandeurs d’emplois en est l’illustration la plus édifiante. L’entreprise marocaine exige du marché du travail la disponibilité de profils de formation immédiatement opérationnels. Partant de cette perception, 12 Il s’agit des commissions provinciales et préfectorales mises en place par le Conseil pour rapprocher la demande (des jeunes diplômés) de l’offre d’emploi émanant des entreprises privées. C’est la première expérience du genre dans ce domaine. 170 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 l’offre potentielle d’emploi semble difficile à satisfaire à court terme, et on conclut à l’inadaptation de la formation à l’emploi. Or, dans plusieurs expériences riches d’enseignements dans le domaine de l’emploi, le système d’éducation-formation est de plus en plus appelé à prendre une certaine “autonomie” par rapport aux besoins immédiats du système productif. La tendance nouvelle s’oriente vers la promotion de profils de formation générale susceptibles de s’adapter rapidement au rythme des changements des besoins du système productif. Plusieurs arguments militent en faveur de cette option : - Des études menées dans d’autres expériences ont révélé que des entreprises ayant des équipements techniques comparables étaient caractérisées par des structures d’emploi et des compositions de la main d’oeuvre qui différaient sensiblement. Plusieurs profils de formation pouvaient donc correspondre à un état donné de la technologie. Ces mêmes études ont montré que plus les jeunes ont un diplôme de niveau élevé, mieux ils se placent; le type de formation qu’ils ont pu recevoir ne jouant qu’un rôle secondaire par rapport au niveau atteint. - Une main-d’oeuvre ayant un meilleur niveau de formation générale s’adapte mieux dans l’entreprise ; - Un niveau élevé de formation générale de la main d’oeuvre favorise l’expansion ultérieure des entreprises en les dotant d’une capacité d’adaptation, d’évolution ou même de reconversion pour faire face aux évolutions économiques et technologiques possibles, grâce aux qualités du personnel en place. - La relation “formation-emploi” a toujours été considérée comme “consécutive” : formation et emploi se succèdent dans le temps. Or, il apparaît de plus en plus que la relation formation-emploi est, pour une large part, une relation “simultanée” : la formation s’acquiert “dans” et “par” l’emploi dans l’entreprise. De cette constatation découle le concept de “l’entreprise formatrice”. Il est à souligner que la mise en oeuvre de cette option, relative à l’articulation “formation-emploi”, est liée d’une part à l’existence d’une politique des ressources humaines au sein de l’entreprise et d’autre part à l’ouverture du système éducatif sur son environnement socio-économique. C’est là l’un des objectifs de l’action actuelle du Conseil perceptible à plusieurs niveaux. : initiation d’une réflexion sur la relation “formationemploi”, dynamisation de l’intermédiation sur le marché de l’emploi, mise en Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 171 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? place d’un dispositif de reconversion professionnelle facilitant l’insertion des jeunes diplômés dans la vie active... B. DÉVELOPPER LA CAPACITÉ D’ADAPTATION DU SYSTEME D’ÉDUCATION ET DE FORMATION À L’ÉVOLUTION DES BESOINS DE L’ÉCONOMIE L’articulation recherchée entre l’éducation, la formation et l’emploi est une articulation relative en raison des rythmes contrastés des évolutions des systèmes en présence, de la diversité de leurs rôles respectifs et de la faiblesse des articulations sectorielles dans la politique économique et sociale. i - Les rythmes contrastés des évolutions des systèmes en cause L’évolution des systèmes de formation est lente. Elle s’inscrit dans le moyen et long terme. Entre le moment où les adaptations des systèmes de formation sont opérées et celui où l’impact est perceptible s’écoulent de nombreuses années. En revanche les besoins d’emploi de l’économie changent rapidement au fil de la mouvance technologique ; A peine l’entreprise identifie ses besoins en ressources humaines et tente de les mobiliser que de nouvelles exigences apparaissent sous l’effet des bouleversements technologiques. ii - La diversité des rôles des systèmes en présence L’équilibre sur le marché de l’emploi ne dépend pas uniquement de la dynamique du Système Educatif mais également et surtout des performances du Système Productif. Par ailleurs, la fonction du Système Educatif ne se limite pas seulement à la satisfaction des besoins exprimés par le marché de l’emploi. A celle-ci s’ajouterait la réponse à une demande socio-culturelle tout aussi fondamentale à satisfaire. iii - Les difficultés qui procèdent de la prise en compte dans toute politique économique et sociale des articulations sectorielles en plus des objectifs de développement strictement sectoriels. L’articulation relative passe donc 172 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 d’une part par le développement d’un Système Educatif fondé sur la polyvalence, ouvert sur son environnement socio-économique et d’autre part par un système productif au fait des mutations technologiques grâce à son implication dans la recherche-développement et à une politique de valorisation des ressources humaines. C. POURSUIVRE L’INVESTISSEMENT DANS LE CAPITAL HUMAIN ET SENSIBILISER L’ENTREPRISE À LA VALORISATION DE SES RESSOURCES HUMAINES Le programme d’action proposé procède d’un triple constat qui doit être interprété comme une incitation au développement du système éducatif aux niveaux quantitatif et qualitatif et à la promotion de l’emploi qualifié au sein du système productif. En effet, le premier constat concerne une tendance à l’essoufflement du système productif marocain dans un environnement économique général en pleine mutation. A l’horizon proche se profilent les défis d’un outil de production inadapté dont l’avantage comparé reposait sur les bas salaires. L’effritement de cet avantage fait de l’intégration industrielle et de la normalisation de la qualité les deux conditions de la compétitivité. Or la refonte de l’outil de production qui en découle fait de la formation et de la qualification professionnelles les fondements de tout avantage comparatif dans l’avenir. Ce constat se heurte d’une manière paradoxale à un deuxième: les projections de créations d’emploi révèlent la faiblesse de la part de l’emploi qualifié dans le total des emplois. Le troisième constat réside dans l’évolution du système éducatif marquée par l’importance des déscolarisés et des sorties de l’enseignement à caractère général tant au niveau du secondaire que du supérieur. Ces différents constats conduisent à considérer que le développement du système éducatif signifie la poursuite de l’investissement en ressources humaines mais également la recherche d’une amélioration de sa productivité à travers la rationalisation de sa gestion et son ouverture sur son environnement socio-économique. La valorisation des ressources humaines au sein du système productif passe par la sensibilisation de l’Entreprise à la productivité et par son incitation à la promotion de l’emploi qualifié. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 173 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? D. VERS UNE IMPLICATION CONCERTÉE DES PARTENAIRES Le caractère “ouvert” des mesures proposées est un principe délibérément adopté par le programme d’action proposé. Il procède d’abord de la complexité des problèmes abordés qui ne peuvent être traités sans une sensibilisation continue, une capitalisation approfondie des nombreuses accumulations réalisées dans le domaine, et une concertation permanente entre les partenaires impliqués. Il découle ensuite des progrès importants réalisés dans la réflexion sur le système éducatif et qui ont conduit, dans plusieurs occasions, à des blocages dans la réalisation, liés à l’insuffisance de la concertation ou à la faible prise en compte des contraintes hypothéquant la faisabilité des recommandations adoptées. Il signifie, enfin, que l’objectif majeur du programme d’action du Conseil est de définir un cadre général de réflexion sur les solutions appropriées. Ce programme est donc le point de départ d’une réflexion collective, et non un quelconque aboutissement, sur une question qui représente en cette fin de siècle un défi national. 174 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 CHAPITRE II RAPPROCHEMENT ENTRE OFFRE ET DEMANDE DE FORMATION Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 175 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? O utre ses finalités culturelles et sociales, le système éducatif dans son ensemble doit répondre aux objectifs économiques tant il est vrai que la croissance et le développement dépendent de façon étroite du niveau d’éducation et de qualification de la population. Il devient dès lors nécessaire d’établir un rapprochement entre les sorties du système éducatif d’une part et les possibilités de leur insertion dans la vie active offertes par le système productif d’autre part. Ce rapprochement permettra d’établir un diagnostic prospectif sur la base duquel pourront être fondées les actions d’ajustement en vue d’atténuer les déséquilibres sur le marché du travail. Pour pouvoir effectuer un rapprochement global entre l’offre et la demande de formation en termes de flux annuels de diplômés, compte non tenu des stocks de demandeurs d’emplois diplômés, on a adopté les hypothèses suivantes : (i) Tous les sortants diplômés sont assimilés à des entrées dans la vie active, et constitueraient donc l’offre de formation sur le marché du travail; (ii) Les besoins de renouvellement représenteraient quelque 5% des besoins d’expansion pour toutes les catégories de diplômés ; la somme de ces deux volets donnerait les besoins ou demande de formation ; (iii) La part des diplômés s’orientant en milieu rural est supposée négligeable et, par conséquent, l’effectif de sortants diplômés au niveau national pourrait être rapproché aux besoins d’emploi en milieu urbain. Sur la base de ces hypothèses, et après ajustement des besoins d’expansion on a évalué les “surplus” et “déficits” par niveau de formation pour l’horizon 1997/1998, date permettant d’apprécier les possibilités de développement du système d’éducation et de formation, et de prendre dès à présent les dispositions requises pour corriger progressivement les déséquilibres prévisibles. Les déficits ou surplus ainsi dégagés, il faudrait le souligner, résultent d’un solde global qui, de par la définition de ses composantes, ne saurait renseigner sur le niveau de chômage que connaîtrait chaque niveau de formation. Tout au plus, ces indicateurs donneraient une idée très approximative sur les possibilités de développement de ces niveaux de formation en termes de capacité d’accueil, sachant que pour un même niveau peuvent coexister un taux de chômage élevé et des besoins d’emploi et de formation relativement importants non satisfaits. Aussi conviendrait-il d’approfondir le rapprochement par filières 176 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 pour mieux cerner les inadaptations des formations aux besoins de l’économie, et pouvoir caractériser les types de chômage en présence (chômage d’insertion, chômage de dysfonctionnement du marché du travail, chômage structurel). Globalement, la balance offre-demande de formation présente un déficit brut estimé à environ 29% de l’offre, qui résulte en grande partie du niveau “Spécialisation”, dont le taux de déficit dépasserait largement 100%, et dans une moindre mesure des niveaux “cadres intermédiaires”, et “qualification”, avec des taux de 21% et 17% respectivement. 1 - Pour le le niveau “Spécialisation”, bien que ce taux soit quelque peu surestimé, puisque n’incluant pas le niveau initiation professionnelle, les besoins potentiels resteront élevés, aussi bien pour les activités du secteur informel que pour les secteurs organisés, notamment au niveau de l’apprentissage. Les métiers dans lesquels ce niveau de formation pourrait être développé sont nombreux et appartiennent notamment aux filières de textile, de la confection, du bâtiment, des transports, du commerce, et de l’alimentation. En prévision de l’expansion des effectifs du deuxième cycle de l’enseignement fondamental, il conviendrait de renforcer ce niveau de formation et de l’adapter aux besoins des employeurs, afin de donner un minimum de formation professionnelle aux jeunes qui n’arriveraient pas à accéder à l’enseignement secondaire, et qui se présenteront sur le marché de l’emploi. 2 - Le niveau qualification connaîtrait également un taux de déficit non négligeable de l’ordre de 17 % de l’offre de formation, déficit qui a été observé par les enquêtes auprès des employeurs dont les besoins exprimés se sont avérés importants, en dépit de l’accentuation du chômage de diplômés issus des filières de formation peu captives. Bien que ce taux de déficit indique l’existence d’une marge importante d’expansion des capacités d’accueil pour ce niveau de formation, les risques d’aggravation du chômage qualifié, ne sont pas négligeables. En particulier, les bacheliers non inscrits ou abandonnant leurs études à l’Enseignement Supérieur connaîtraient des difficultés d’insertion, du fait qu’ils possèdent un diplôme non professionnel : Le nombre d’emplois annuels projetés pour cette catégorie est de 3.670 pour une demande prévisionnelle de 17.480, soit un surplus de 13.410. Par ailleurs, le rapprochement entre les créations d’emplois par profes- Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 177 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? sions et les sorties des filières de formation laisse apparaître des besoins relativement importants dans les métiers qualifiés du textile, de la confection, de la restauration, de la construction, et dans les filières industrielles telles que la mécanique industrielle (maintenance et réparation notamment) , l’usinage et fabrication mécanique, la ferronnerie et la chaudronnerie. 3 - Les besoins en cadres intermédiaires sont relativement élevés. Malgré l’accroissement rapide des capacités d’accueil et des effectifs en formation correspondant au niveau technicien, le déficit par rapport à l’offre de formation atteindrait environ 21 % . Eu égard au rôle accru que joueront ces cadres dans l’économie, il est suggéré d’initier, dans un cadre complémentaire et cohérent avec les filières de techniciens, des formations intermédiaires professionnalisées avec des cycles de courte durée. Ces formations permettraient, à brève échéance, de “récupérer” les étudiants qui abandonneront leurs études et de leur assurer une formation qualifiante, et, à long terme, de mieux réguler la production des diplômés de l’enseignement supérieur en fonction des besoins de l’économie. 4 - Au niveau de l’enseignement supérieur, la croissance relativement rapide des effectifs conduira, vers la fin de la décennie, à un taux de surplus de l’ordre 18 %, notamment dans les filières littéraires et scientifiques peu “professionnalisées”. En effet, l’enseignement mettra sur le marché du travail quelque 23 400 licenciés par an et 4400 diplômés des Instituts et grandes écoles d’ici à la fin de la décennie quatre-vingt-dix. Si les créations d’emploi pour les diplômés et les grandes écoles devraient largement absorber les sorties de ces établissements de formation avec une offre additionnelle de 4900 emplois par an, le problème de l’emploi de la catégorie des licenciés se posera avec plus d’acuité, car le surplus de ces diplômés ira croissant. Ces déséquilibres ne devraient pas préjuger des possibilités de développement de l’enseignement supérieur car ils découlent d’une évolution tendancielle des structures actuelles du système d’éducation-formation et du système productif dont le niveau d’encadrement reste faible. Le rythme de croissance de l’emploi des cadres supérieurs pourrait, toutefois, être accéléré si des dispositions sont prises durant les années à venir pour moderniser les structures économiques, promouvoir les professions hautement qualifiées et faire de l’enseignement supérieur un facteur de développement technologique et un élément de la croissance. 178 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 Dans ce contexte, la restructuration de l’enseignement supérieur pourrait être envisagée dans l’optique de réaliser un meilleur équilibre entre les différentes filières et les types de formation, d’accroître l’efficacité interne et externe des établissements de formation, et d’adapter davantage l’enseignement supérieur à l’environnement socio-économique. 5 - Mais de grandes zones d’ombre demeurent, notamment celles qui entachent la situation de l’emploi de la main-d’oeuvre non qualifiée dont le niveau d’instruction ne dépasse pas la fin du deuxième cycle de l’enseignement fondamental. Une partie de cette main-d’oeuvre qui n’a pas atteint la fin du premier cycle de l’enseignement de base peut être considérée parmi celle n’ayant pas de diplôme et qui s’accapare près de 43% des emplois additionnels projetés. Pour l’autre partie qui se prévaut d’un niveau d’instruction équivalent à la fin du premier et/ou du deuxième cycle de l’enseignement fondamental, les possibilités d’emplois se limitent à 43.600 postes par an. Elles sont donc loin de couvrir les sorties cumulées de ce niveau d’enseignement et non récupérées par le système de formation professionnelle. On rappelera que l’effectif total des sorties cumulées dépasserait les 300.000 par an en moyenne sur la décennie quatre-vingt dix, déséquilibrant davantage la balance de l’emploi pour cette catégorie de main-d’oeuvre. A la lumière de ces éléments de rapprochement, on peut considérer que les zones de déséquilibres entre le système éducatif, pris dans sa totalité, et le système productif, se situent en premier lieu au niveau des sorties de l’enseignement à caractère général et le second lieu au niveau des licenciés de l’enseignement supérieur et enfin dans une moindre mesure concernant les lauréats de la Formation Professionnelle. Les perspectives d’évolution telles qu’elles ressortent des projections semblent perpétuer les scénarios actuels. Ce constat constitue le point d’appui de toute action d’ajustement ou de restructuration envisageable à l’avenir. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 179 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? CHAPITRE III ACTIONS POUR UNE MEILLEURE ARTICULATION ENTRE L’ÉDUCATION, LA FORMATION ET L’EMPLOI Il ressort de cette réflexion prospective la nécessité d’entreprendre des actions et des mesures de grande envergure en vue de développer la capacité d’adaptation de notre système d’éducation-formation aux besoins de l’économie, l’objectif ultime étant d’assurer une formation d’avenir : productive pour les entreprises et utile pour les générations montantes. Mais pour qu’elle soit efficace, cette formation doit être une formation concertée impliquant davantage les employeurs dans l’acte de formation. Cependant, le rôle du système éducatif et du système productif ne devrait pas se limiter au processus d’apprentissage institutionnel : ils sont appelés plus que jamais à participer au développement de l’éducation permanente, afin d’assurer la promotion sociale à l’ensemble de la population. Tels sont les objectifs qui seront développés dans les axes retenus par le programme d’action pour la présente session : - le développement de l’éducation de base en tant que moyen important dans la préparation à la vie active (mesures n° 1,2,3 et 4) - la mise en place d’une formation concertée, seule susceptible d’assurer une insertion professionnelle (mesures n° 5,6,7 et 8) - le renforcement du partenariat entre le système éducatif et le monde du travail (mesures 9,10,11 et 12). 180 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 .1. EDUCATION DE BASE ET PREPARATION A LA VIE ACTIVE Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 181 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? MESURE N°1 L’ALPHABETISATION : UN VECTEUR DE DEVELOPPEMENT PRESENTATION Le taux d’alphabétisation est désormais considéré comme l’un des principaux critères utilisés dans les comparaisons internationales en matières de développement économique et social. Au Maroc, la campagne de lutte contre l’analphabétisme a été lancée en même temps comme soutien et complément à l’opération école entreprise au début de l’indépendance. Cependant, sur le plan des réalisations force est de constater que les résultats demeurent bien en deça des objectifs. Par conséquent, compte tenu des effets induits de l’alphabétisation sur la croissance économique et sur le développement social et culturel, une action d’envergure s’impose en tant que priorité nationale qui commande une évaluation objective des réalisations, et des moyens humains et matériels mobilisables dans le cadre de cette opération. Le but recherché est de permettre aux larges couches de la population d’assimiler les notions de base aux niveaux de la lecture, de l’écriture et du calcul. OBJECTIFS • Contribuer à l’élévation du niveau d’instruction • Favoriser l’accès à l’information au savoir et au savoir-faire • Permettre d’agir efficacement sur les variables démographiques • Améliorer les conditions sociales • Améliorer la productivité du travail. MOYENS DE MISE EN OEUVRE • Mobilisation des infrastructures existantes (écoles, msids, entreprises, administration). 182 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 • Création d’un fonds national pour le développement de l’alphabétisation. • Possibilités offertes par la coopération internationale. • Campagne multimédias de sensibilisation pour la mobilisation et l’adhésion de toutes les énergies. • Mise en place d’une structure de coordination entre les différents intervenants. CONDITIONS DE REALISATION • Elaboration d’un programme national d’alphabétisation à court, moyen et long terme, • L’adhésion de toutes les parties concernées et principalement les populations ciblées. PARTIES CONCERNEES • L’Administration • Les collectivités locales • Les entreprises • Les organisations de jeunesse • Associations professionnelles • Médias Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 183 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? MESURE N°2 LA SCOLARISATION : UN FACTEUR D’INSERTION DANS LA VIE ACTIVE PRESENTATION Si l’objectif de la généralisation de la scolarisation fait l’objet d’une unanimité à l’échelle nationale, néanmoins on observe une certaine lenteur au niveau de l’évolution du taux de couverture des enfants en âge de scolarité, surtout des filles en milieu urbain et des enfants des deux sexes en milieu rural. Ce phénomène peut s’expliquer par l’insuffisance des capacités d’accueil (causes liées à l’offre), par le manque d’attrait pour l’école surtout en milieu rural. Ce qui peut s’expliquer par différents facteurs : économiques, sociaux... (causes liées à la demande) ou par des facteurs liés à l’environnement de l’école. Or l’élévation du niveau d’instruction de la population est reconnue comme un facteur de la croissance. En effet, des études ont montré qu’une année d’instruction supplémentaire de la population active provoque une croissance du PIB de l’ordre de 7%. Par conséquent, la généralisation de la scolarisation devient un impératif à la fois économique, social et culturel. Il s’agit donc de faire une évaluation objective des réalisations et d’identifier les facteurs de blocage afin d’agir efficacement dans ce domaine. OBJECTIFS • Elever le niveau d’instruction de la population ; • Permettre aux scolarisés l’accès à des niveaux supérieurs d’éducation formation ; • Permettre une meilleure préparation à la vie active; • Doter la société et l’économie des compétences diversifiées. 184 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 MOYENS DE MISE EN OEUVRE • L’identification des facteurs de blocage spécifiques selon le milieu urbain ou rural ; • La mobilisation et l’utilisation rationnelle des moyens humains et matériels ; • La conjugaison des efforts de tous les partenaires et principalement le concours des départements concernés par l’école ou par son environnement. • La sensibilisation des parents, surtout en milieu rural, pour obtenir leur adhésion. • Le renforcement de l’enseignement fondamental en milieu rural CONDITIONS DE REALISATION • Engager un débat national sur l’impératif de la généralisation de la scolarisation pour trouver des solutions appropriées aux différents facteurs de blocage. PARTIES CONCERNEES • Ministère de l’Education Nationale; • Les autres Ministères concernés par l’amélioration de l’environnement de l’école ; • Les Collectivités locales ; • Les Parents. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 185 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? MESURE N° 3 MAITRISE DES LANGUES D’APPRENTISSAGE PRESENTATION Les langues permettent de diversifier les possibilités d’accès au savoir et au savoir faire émanant de différents horizons. Elles renforcent les chances de réussite scolaire et d’insertion sociale et professionnelle. Au Maroc, en matière de langues d’apprentissage, on constate une rupture entre les niveaux fondamental et secondaire et le niveau supérieur. Ce qui peut expliquer en partie le fort taux d’échec enregistré dans les premières années de l’enseignement supérieur. D’autant plus que la langue maîtrisée commence à motiver des orientations sans références aux critères objectifs de vocation et d’habilité psychotechniques. Par conséquent, l’amélioration de la situation passe par la maîtrise de la langue nationale en tant que langue officielle d’apprentissage. De même, les langues étrangères devront être renforcées et maîtrisées en tant que moyens d’ouverture sur l’évolution de la science et de la technologie. OBJECTIFS • faire en sorte que la langue ne constitue pas un facteur discriminant pour les différentes options d’orientation • permettre une meilleure intégration dans la civilisation universelle, tout en renforçant les caractères spécifiques de l’identité nationale. MOYENS DE MISE EN OEUVRE • renforcer l’enseignement des langues d’apprentissage au niveau de l’enseignement fondamental et secondaire, • utiliser les moyens didactiques modernes pour l’apprentissage des langues. 186 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 CONDITIONS DE REALISATION Mise en place d’une politique nationale claire et cohérente en matière de développement et de maîtrise des langues. PARTIES CONCERNEES • Ministère de l’Education Nationale • Administration de la formation professionnelle et de la formation des cadres. • Les médias. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 187 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? MESURE N°4 DEVELOPPEMENT DE L’ENSEIGNEMENT DE LA TECHNOLOGIE PRÉSENTATION Les trajectoires de développement économique montrent que la maîtrise de la technologie constitue un facteur déterminant. Dans la perspective de favoriser cette maîtrise, l’introduction, dans les programmes d’enseignement général, des matières technologiques permettra d’ouvrir de nouveaux horizons . Au Maroc, la réforme de l’enseignement de 1985, visait d’accorder une place importante à l’ “Enseignement des Sciences et Techniques”. Cependant, les réalisations demeurent insuffisantes. Il s’agit donc de renforcer l’action dans ce domaine afin de favoriser le développement de la culture et du savoir technologiques nécessaires pour s’adapter efficacement au rythme accéléré des mutations de la société moderne. OBJECTIFS • Initier à la technologie et à l’innovation de manière cumulative et ce depuis l’enseignement fondamental. • Permettre aux contenus de formation de prendre en compte les évolutions technologiques . • Développer les bases d’une interaction entre enseignement théorique et enseignement pratique, entre savoir et savoir-faire. • Aider les enfants à mieux comprendre pour choisir leurs carrières d’avenir. • Augmenter les possibilités de choix d’orientation grâce à la polyvalence offerte par l’enseignement de la technologie. 188 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 MOYENS DE MISE EN OEUVRE • Moyens matériels • Equipements didactiques à développer et/ou à rationaliser • Implanter dans les établissements (écoles, lycées et universités) d’ateliers à fonctionnalité technologique. • Moyens humains : • Formation initiale et continue des formateurs • Moyens pédagogiques : • Manuels, moyens audiovisuels, séquences éducatives en entreprise, etc... CONDITIONS DE RÉALISATION • Elaborer des programmes à la fois intégrés et adaptés à chaque niveau du cursus de l’enseignement général. PARTIES CONCERNÉES • Ministère de l’Education Nationale Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 189 ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 .2. FORMATION CONCERTÉE ET INSERTION PROFESSIONNELLE Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 191 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? MESURE N°5 DEVELOPPEMENT D’UN SYSTEME NATIONAL D’INFORMATION ET D’ORIENTATION PRESENTATION Les systèmes d’information et d’orientation sont peu développés. Il en résulte des choix peu fondés sur la connaissance des besoins, des habilités et des aptitudes. Les contraintes de la carte scolaire, la capacité d’accueil et les circuits informels déterminent largement l’opération de l‘orientation . Ainsi, le développement des structures d’information et de l’orientation est en mesure de promouvoir les mécanismes d’ajustement et d’articulation par une meilleure communication entre les composantes des systèmes. OBJECTIFS • Mettre en place d’une manière coordonnée un système de communication susceptible de véhiculer l’information entre le système éducatif et le système productif; • Développer la formation du personnel d’orientation dans les techniques d’évaluation et de communication; • Développer les échanges d’expériences entre départements dans le domaine de l’orientation; • Assurer l’accès à l’information existante ; • Faciliter l’insertion des lauréats dans le monde du travail. MOYENS DE MISE EN OEUVRE • Développement d’un réseau national d’information scolaire, professionnel 192 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 et universitaire. • Renforcement, au profit des conseillers et personnel spécialisé dans l’orientation, des moyens (documents, locaux, textes...) et les conditions pour accomplir leurs tâches. • Production et diffusion de l’information d’une manière décentralisée. • Elaboration de modules sur la formation professionnelle, sur les filières de formation dans le supérieur et sur l’environnement socio-économique local et régional. • Création d’un bureau d’information et de liaisons avec les entreprises, au niveau de l’université. • Réalisation des études dans le domaine des tests de l’évaluation et sur les critères de sélection. • Mise en oeuvre de la mesure adoptée lors de la première session relative à la création d’une structure d’intermédiation sur le marché du travail. PARTIES CONCERNEES • Ministère de l’Education Nationale • Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres • Parents • Elèves • Etudiants • Autres départements formateurs. • Les associations et groupements professionnels. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 193 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? MESURE N°6 DEVELOPPEMENT DES MODES CONCERTES DE FORMATION PRESENTATION L’élargissement des pratiques de concertation constitue le moyen le plus approprié pour favoriser une meilleure articulation entre profils de formation et besoins de l’économie. Dans cette perspective, le développement de la communication entre système éducatif et système productif est un moyen privilégié pour l’identification et la mise en oeuvre de programmes de formations spécifiques. Cette démarche a pour objectif de permettre, d’une part, à l’entreprise d’améliorer ses performances et sa compétitivité par le truchement de la valorisation de ses ressources humaines et d’autre part, au système éducatif de répondre en particulier à des besoins précis de l’économie. Dans cette perspective, les modes de formation visés peuvent concerner notamment : • la formation en alternance qui permettra à l’entreprise de participer effectivement dans l’acte de formation. • la formation contractuelle pour développer des formations “pointues” répondant aux besoins spécifiques ou particuliers de l’employeur. • la formation par modules créditables, qui s’inscrit dans le cadre de la formation continue, permet à la population active d’acquérir de nouvelles qualifications et d’accéder à des possibilités de promotion sociale. OBJECTIFS • Impliquer l’entreprise dans l’acte de formation 194 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 • Promouvoir un système de passerelles et valoriser les formations intermédiaires par l’ouverture des possibilités de mobilité professionnelle en entreprise et d’avancement dans les carrières. • Favoriser l’insertion professionnelle. MOYENS DE MISE EN OEUVRE • Formation et information de l’entrepreneur marocain, en particulier dans les PME. • Identification de profils de formation et d’emploi de façon conjointe par les associations professionnelles et les départements formateurs. • Mise en oeuvre des conventions de partenariat. CONDITIONS DE REALISATION • Des formes plus avancées d’organisation et de structuration des opérateurs et des associations professionnelles au niveau national et régional. • Une allocation motivante des ressources provenant de ces activités de formation. PARTIES CONCERNEES • Les départements formateurs • Les associations et groupements professionnelles Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 195 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? MESURE N°7 DEVELOPPEMENT DE LA FORMATION CONTINUE PRESENTATION L’évolution rapide des métiers, des qualifications et des profils professionnels constitue de nos jours un invariant de l’environnement économique national et international. Dès lors, les entreprises et les établissements de formation sont appelés à entreprendre de concert des ajustements permanents entre modes et contenus des formations d’une part et exigences professionnelles d’autre part. Dans ce cadre, l’objectif de recherche d’une meilleure articulation formation-emploi passe par la mise en oeuvre d’un programme concerté des ressources humaines en général et du développement de la formation continue en particulier OBJECTIFS • Inciter les entreprises à intégrer la formation continue comme élément de valorisation des ressources humaines. • Encourager les départements de formation à développer des programmes de formation continue dans le but d’une utilisation optimale des capacités de formation existantes. • Valoriser les ressources humaines. • Contribuer à l’amélioration de la compétitivité des entreprises . MOYENS DE MISE EN OEUVRE 196 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 • Mettre en place un dispositif approprié et permanent de sensibilisation et d’information destiné aux employeurs. • Fournir aux entreprises, en particulier aux PME, une assistance/conseil dans les domaines de la définition des besoins et de l’élaboration des plans de formation. • Valoriser par une certification les formations afin de favoriser une plus grande mobilité sociale en entreprise. • Développer les équivalences entre formation initiale, et formation continue en tenant compte des acquis professionnels. CONDITIONS DE REALISATION • Elaborer une “charte nationale” consacrant les principes de la formation continue en tant que moyen de valorisation du capital humain et reconnaissant la nécessité de développer les investissements dans ce domaine. • Mettre en oeuvre, outre un cadre juridique (loi-cadre) définissant les conditions générales d’organisation de la formation continue, des dispositifs plus souples et plus adaptés de type conventionnel et/ou contractuel. PARTIES CONCERNEES • Les départements formateurs • Le Ministère des Finances • Le Ministère des Affaires Administratives • Les Groupements et les Associations Professionnels • Les Syndicats Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 197 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? MESURE N°8 ROLE ET DEVENIR DE L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE : NECESSITE D’UNE REFLEXION PRESENTATION L’enseignement technique a été conçu après l’indépendance et fut développé dans un contexte économique et technologique qui a beaucoup évolué. Par ailleurs, depuis, le système de formation professionnelle a connu une expansion notable. Dans ce contexte, en prévision de l’accroissement des effectifs de l’enseignement fondamental et compte tenu des préoccupations des responsables visant à assigner au système éducatif un rôle accru dans le développement technologique, il conviendrait de lancer une réflexion sur le rôle et le devenir de ce type d’enseignement pour mieux évaluer les possibilités de son expansion à moyen et long termes. MOYENS DE MISE EN OEUVRE Réaliser une étude d’évaluation de l’enseignement technique permettant de cerner sa contribution à la satisfaction des besoins de l’économie, sa place par rapport aux autres options de l’enseignement général et professionnel et de formuler des propositions de réforme. Organiser un séminaire national sur l’enseignement technique pour discuter ces propositions en vue de formuler des recommandations relatives aux perspectives de son développement en fonction de l’évolution du système d’éducation et de formation dans son ensemble. PARTIES CONCERNEES • Ministère de l’Education Nationale • Administration de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres • Groupement, Associations et Chambres Professionnelles. 198 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 .3. CONDITIONS D’UN RENFORCEMENT DU PARTENARIAT ENTRE LE SYSTEME ÉDUCATIF ET LE MONDE DU TRAVAIL Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 199 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? MESURE N° 9 INSTITUTIONNALISATION DU PARTENARIAT ENTRE L’ENTREPRISE (au sens large) ET LES ETABLISSEMENTS D’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR PRESENTATION Les exigences du développement économique et la nécessité de l’évolution du système éducatif et du système productif impliquent l’instauration des liens de coopération étroits entre les établissements de formation et l’entreprise. Cette coopération devra concerner aussi bien la formation et la qualification que la recherche-développement, qui constituent le vecteur essentiel du développement. Aussi, afin de créer les conditions favorables au développement de l’entreprise et à l’amélioration de l’insertion des jeunes diplômés dans la vie active, il est nécessaire de créer un cadre institutionnel favorisant la promotion d’un partenariat mutuellement avantageux. OBJECTIFS • Mieux adapter le système éducatif et le système productif aux impératifs de développement économique et technologique ; • Développer l’ouverture mutuelle de l’enseignement supérieur et de l’entreprise en encourageant leur coopération dans les domaines de la formation, du conseil et de la prestation de services, ainsi que de la recherche-développement; • Participation de l’enseignement supérieur à la modernisation de l’économie et à l’évolution de l’entreprise. 200 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 MOYENS DE MISE EN OEUVRE • Elaboration de conventions-cadres entre les départements chargés de l’éducation-formation, des collectivités locales et les groupements professionnels. Elle constituera une référence pour la conclusion de contrats spécifiques entre les différents établissements de formation, les collectivités locales et les entreprises. • Mise en place d’un système incitatif pour encourager les actions de partenariat entre les établissements d’enseignement supérieur et les entreprises et organismes nationaux et étrangers. • Révision des textes réglementaires portant notamment sur les aspects organisationnels et financiers concernant les établissements de l’enseignement supérieur, qui constituent un facteur de blocage à leur ouverture sur l’environnement économique et social. CONDITIONS DE REALISATION Une meilleure organisation des partenaires au niveau du système productif. PARTIES CONCERNEES • Les départements chargés de l’enseignement supérieur ; • Le département de tutelle des collectivités locales ; • Le département chargé des affaires économiques et sociales ; • Les groupements et associations professionnels ; • L’organisme chargé de la promotion et de la coordination de la recherche scientifique. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 201 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? MESURE N°10 VALORISATION DU ROLE DE L’UNIVERSITE DANS LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL PRESENTATION L’Université marocaine a joué un rôle essentiel dans la marocanisation de l’administration et de l’ensemble des secteurs économiques et sociaux. Cependant, sous l’effet de la saturation relative des besoins traditionnels, de la pression grandissante des effectifs qui évoluent sans commune mesure avec les moyens mis à sa disposition, et de l’apparition de nouvelles difficultés liées à la faible maîtrise des langues d’apprentissage, l’Université connait de sérieux problèmes au niveau des moyens d’encadrement, des conditions de travail, du rendement interne, de la capacité de s’adapter aux nouveaux besoins de la société et de la possibilité de remplir pleinement sa mission dans les domaines de la recherche scientifique et technologique. Par conséquent, pour redonner à l’Université son rôle d’avant- garde, il y a lieu d’établir, en concertation avec toutes les parties concernées et les partenaires de l’Université, une politique multiforme qui réunit les conditions humaines, matérielles et de gestion capables d’améliorer les rendements internes de celle-ci et d’augmenter sa capacité d’adaptation aux besoins de l’environnement socio-économique. OBJECTIFS • Développer la communication entre l’Université et le système productif ; • Améliorer la qualité de la formation au niveau de l’Université ; • Faire évoluer les profils de formation de manière progressive et concertée vers des profils porteurs. 202 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 MOYENS DE MISE EN OEUVRE • Adopter le contrat-programme en tant que modalité qui favorise la souplesse, la gestion autonome et concertée, l’évaluation des résultats obtenus, le contrôle des engagements et la rationalisation des ressources humaines et matérielles disponibles. • Encourager les Universités à organiser des cycles de formation continue. • Créer un cadre incitatif pour encourager les compétences de l’administration et du secteur privé à participer à la formation. • Développer des associations entre les bureaux d’études régionaux, les Universités et les instituts de formation. • Créer un bureau d’information et de liaison avec les entreprises, au niveau des Universités (BUIRE). • Activer le Conseil Supérieur de l’Enseignement comme lieu privilégié pour la mise en place d’une concertation méthodique et organisée des parties concernées . • Mettre en place un cadre souple de gestion des questions pédagogiques, matérielles et budgétaires. • Réviser le Dahir de 1975 sur les Universités et sur le Statut des enseignants - chercheurs et les textes d’accompagnement. • Créer et développer les associations professionnelles. • Faire participer les entreprises aux conseils des établissements de formation universitaires. PARTIES CONCERNEES • Le Ministère de l’Education Nationale • Les Associations professionnelles • Les Administrations publiques • Les Collectivités locales Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 203 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? MESURE N°11 PROMOTION DE L’EMPLOI QUALIFIE DANS L’ADMINISTRATION ET L’ENTREPRISE MAROCAINES PRESENTATION L’efficacité économique de l’entreprise et son degré de compétitivité constituent, à long et moyen terme, un élément d’impulsion pour la création d’emplois et plus particulièrement de l’emploi qualifié. En effet, outre l’effort d’investissement, l’un des facteurs déterminants de l’accroissement de la productivité des entreprises est la valorisation des ressources humaines par le truchement de l’élévation du niveau de qualification de l’emploi et du taux d’encadrement du personnel de l’administration et de l’entreprise. Cependant malgré les résultats positifs en matière de qualification enregistrés au niveau du secteur organisé, l’entreprise marocaine demeure dépourvue d’une politique de valorisation des ressources humaines. D’autant plus qu’elle est appelée à s’ouvrir davantage sur le marché international. Ce qui implique la nécessité de renforcer la productivité et d’améliorer la qualité des produits. OBJECTIFS • Moderniser encore plus les structures organisationnelles du système productif, tout en augmentant la productivité, l’efficacité économique et le degré de compétitivité de l’entreprise marocaine ; • Rechercher l’excellence au niveau de la fabrication des produits ; • Améliorer l’encadrement de l’entreprise ; • Améliorer l’efficacité et le rendement de l’Administration publique. 204 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 MOYENS DE MISE EN OEUVRE • Sensibiliser les employeurs sur l’intérêt de créer des structures qualifiantes et sur l’impact économique de la valorisation des ressources humaines ; • Assister l’entreprise en matière de gestion des ressources humaines ; • Développer la gestion prévisionnelle afin de cerner les besoins de l’entreprise en main-d’oeuvre qualifiée pour mieux y répondre par le système éducatif et de formation ; • Promouvoir les recyclages et les formations continues au profit des chefs d’entreprise et des employés. • Développer la concertation et le partenariat en faveur de la promotion de l’emploi qualifié ; • Améliorer l’organisation des professions et oeuvrer à une meilleure structuration des Associations Professionnelles. PARTIES CONCERNEES • Administrations publiques • Collectivités locales • Les départements chargées de la formation • Les organisations et associations professionnelles Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 205 ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? MESURE N°12 CREATION D’UNE RADIO-TELEVISION A CARACTERE EDUCATIF (RTE) PRESENTATION La promotion de la formation dans le domaine scientifique et technologique n’est plus le domaine réservé de l’enseignement . Les mass-médias jouent également un rôle fondamental dans la promotion de l’éducation, de l’information et de la communication de masse. Dans cette optique, l’audiovisuel peut jouer un rôle éducatif essentiel dans les domaines de la diffusion d’une culture du savoir et du savoir-faire, du renforcement de l’effort d’alphabétisation, et de l’information sur l’évolution des technologies. De même, ces médias peuvent permettre aux élèves et à leurs parents une meilleure information sur les métiers et carrières et, par conséquent, favoriser des choix mieux éclairés d’options d’orientation. OBJECTIFS • Sensibiliser les parties concernées aux problèmes de l’information et de l’insertion. • Donner des informations sur les filières de formation et fournir une information sur les métiers. • Contribuer à l’effort de généralisation de l’enseignement de base . • Contribuer à l’opération d’alphabétisation • Assurer une initiation dans le domaine de la technologie et les sciences. • Permettre l’accès aux programmes éducatifs et scientifiques produits à l’étranger. • Produire des émissions ciblées dans les domaines éducatifs et de formation. 206 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 MOYENS DE MISE EN OEUVRE • Infrastructures de la RTM • Informations produites par le système national de coordination de l’information et de l’orientation CONDITIONS DE REALISATION • Etude de faisabilité PARTIES CONCERNEES • RTM • Départements formateurs • Associations et chambres professionnelles • Système national de coordination de l’information et l’orientation Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir 207 ▲ Edité par le Secrétariat Général du Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir Dépôt légal : Flashage•Impression : ▲ QUELLE EDUCATION-FORMATION, QUEL EMPLOI POUR LE MAROC DE DEMAIN ? Troisième Session du Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir •Rabat, 16, 17 Programme d'action pour une meilleure articulation entre l'Education, la Formation et ▲ CONSEIL NATIONAL DE LA JEUNESSE ET DE L'AVENIR Troisième Session du Conseil Rabat, 16, 17 & 18 février 1993 ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 PREFACE S ’inscrivant dans le prolongement des travaux effectués par le CNJA et présentés lors de la première session (Mars 1991) et deuxième session (Octobre 1991) consacrées, respectivement, à l’insertion des jeunes diplômés en milieu urbain1 et en milieu rural2, le présent rapport porte sur la relation éducation-formation-emploi faisant l’objet de la troisième session du Conseil (février 1993). Ce sont précisément les réflexions, riches et cumulatives, menées de façon permanente au sein du CNJA par les différents partenaires économiques et sociaux, qui ont permis de mettre en évidence la centralité de la relation, à la fois multiple, complexe et enchevêtrée, éducation-formation-emploi dans le faisceau des déterminations de l’emploi en général et de l’emploi des jeunes en particulier. Il convient de souligner l’intérêt du rapport présenté ici sur un triple plan : Au plan, tout d’abord, de l’investigation en matière d’emploi. C’est la première fois que, au Maroc, la problématique acquiert une dimension à la fois dilatée, transversale et profonde. Trop marquée, en général, par sa linéarité fonctionnelle, l’analyse traditionnelle s’avère, tout compte fait, peu en mesure de formuler des solutions et des propositions qui ne soient aussitôt disqualifiées par la réalité, une réalité de plus en plus complexe et volatile. La perspective adoptée par le CNJA privilégie, au contraire, une démarche plutôt systémique, c’est-à-dire intégrant les différentes composantes de la relation éducation-formation-emploi et tenant bien compte des processus interactifs associés aux logiques internes et externes aux sous-systèmes d'éducation, de formation et de production. Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir i ▲ Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ? Au plan, ensuite, de la démarche, il y a lieu de réitérer la méthode mise en oeuvre par le CNJA dans l’élaboration de ses études et la préparation des travaux de ses différentes sessions. L’étude présentée ici poursuit un double objectif : produire, quant à la problématique de l’adéquation éducation-formation-emploi, une connaissance aussi précise, aussi objective et aussi pertinente que possible. Etablir ensuite, sur la base de données existantes et/ou construites par le Conseil, un diagnostic débouchant sur un programme d’action réaliste, opérationnel et dont la mise en oeuvre est susceptible d’engendrer des enchaînements cumulatifs et d’impulser des dynamiques soutenues. Bien entendu, une telle approche ne saurait, à quelque niveau que ce soit, aboutir sans une participation consciente de toutes les parties impliquées dans le processus d’ajustement de la relation d’emploi, de l’amont vers l’aval. Sur cette question, comme sur les autres, le CNJA a initié un large débat qui a porté d’abord sur les résultats de l’étude et le diagnostic établi et, ensuite, sur la pertinence du “programme d’action pour une meilleure articulation entre l’éducation, la formation et l’emploi”. C’est la version amendée, enrichie et adoptée par les membres du CNJA lors de la troisième session que livre la présente publication. Au plan, enfin, de la logique ayant présidé à l’élaboration du “programme d’action”, deux observations méritent d’être soulignées. • La première a trait au caractère synthétique et agrégé des mesures formant le programme d’action proposé (chapitre 3). Outre une série de raisons qui tiennent à la nature composite de la relation éducation-formation-emploi, ainsi qu’à la multiplicité des acteurs, il importe d’invoquer le principe guidant l’action du CNJA : favoriser une démarche consensuelle conduisant à des choix concertés et à des accords fondés sur la coopération et la coordination. De fait, dans les domaines de l’éducation, de la formation et de l’emploi rien n’est plus contreproductif que les solutions non négociées et les ajustements obtenus des façon unilatérale, sans réciprocité. • La seconde observation concerne le mode d’”instruction” des 12 mesures préconisées. Afin de déboucher sur une série de proposi- ii Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir ▲ Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993 tions cohérentes et pertinentes, l’étude se décline en deux parties : la première dégage les tendances observées dans le passé pour ce qui concerne le système productif et le système éducatif au sens large. S’appuyant sur une analyse prospective et des projections quantitatives, la seconde partie laisse se profiler des tendances qui vont audelà de l’an 2000. Cette démarche, qui ne procède pas seulement d’un ordre méthodologique approprié, rend compte de l’ingénierie profonde de la relation d’emploi au Maroc. Dès lors, l’interrogation mise en exergue “Quelle éducation-formation, quel emploi pour le Maroc de demain?” révèle le véritable enjeu. Puissent les linéaments du projet esquissé ici constituer un premier jalon et susciter, rapidement, les finalisations et les mises en oeuvre nécessaires. LE PRESIDENT DE SESSION LE SECRETAIRE GENERAL Abdellatif LARAKI Habib EL MALKI Voir : 1 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir. L'insertion des jeunes diplômés : programme d'urgence pour un traitement productif du chômage des jeunes diplômés. Rabat, CNJA, 1992, (Arabe, Français). 2 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir. Emploi des jeunes en milieu rural. Rabat, CNJA, 1992, (Arabe, Français). Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir iii