Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?

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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
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ROYAUME DU MAROC
CONSEIL NATIONAL DE LA JEUNESSE ET DE L'AVENIR
Quelle Education-Formation,
Quel Emploi
pour le Maroc de demain ?
Programme d'action pour une meilleure articulation
entre l'Education, la Formation et l'Emploi
Troisième Session du Conseil
Rabat, 16, 17 & 18 février 1993
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CONSEIL NATIONAL DE LA JEUNESSE ET DE L'AVENIR
Quelle Education-Formation,
Quel Emploi
pour le Maroc de demain ?
Programme d'action pour une meilleure articulation
entre l'Education, la Formation et l'Emploi
Troisième Session du Conseil
Rabat, 16, 17 & 18 février 1993
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Quelle Education-Formation,
Quel Emploi
pour le Maroc de demain ?
Programme d'action pour une meilleure articulation
entre l'Education, la Formation et l'Emploi
Troisième Session du Conseil
Rabat, 16, 17 & 18 février 1993
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
SOMMAIRE
Préface
Introduction générale
11
Première partie
L’emploi : diagnostic, tendances
et perspectives
17
Chapitre I :
Analyse rétrospective
des tendances de l’économie
et de l’emploi
18
I. Les tendances de l’activité économique
II. Les tendances de l’emploi
19
26
Chapitre II :
Perspectives de l’emploi
à l’horizon 2005
47
I. Sources statistiques et méthodes de projection
II. Perspectives de l’emploi par secteur
et par catégorie de diplômes
III. Perspectives de l’emploi par famille
de profession en milieu urbain
IV. Diffusion des technologies dans les secteurs
d’activité et leur impact sur les structures des emplois
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60
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
Deuxième partie
Le système éducatif : diagnostic,
tendances et perspectives
103
Chapitre I : Le système de l’enseignement
fondamental et secondaire (EFS)
107
I. La réforme du système éducatif
II. Diagnostic et tendances du système
de l’Enseignement Fondamental et Secondaire
109
Chapitre II : Le système de la Formation
Professionnelle (SFP)
119
I. L’organisation du SFP
II. Les orientations du
système de formation 1993-2000
III. Ajustement du système
de formation professionnelle
Chapitre III : Le système de l’enseignement
supérieur (SES)
I. La mission du système
de l’enseignement supérieur
II. La dynamique organisationnelle
du système d’enseignement supérieur
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III. Les grandes tendances du système
d’enseignement supérieur
IV. Les outputs du système d’enseignement
supérieur à l’horizon 2000
V. Les dysfonctionnements du système
de l’enseignement supérieur
148
154
158
Troisième Partie
Programme d'action pour une meilleure
articulation entre l'Education, la Formation et
l'Emploi
167
Chapitre I : Objectifs et Philosophie
du Programme d’action
167
Chapitre II : Rapprochement entre offre
et demande de formation
175
Chapitre III : Actions pour une meilleure
articulation entre l’éducation, la formation et
l’emploi
180
1. Education de base et préparation
à la vie active (Mesures n° 1, 2, 3 & 4)
2. Formation concertée et insertion
professionnelle (Mesures n° 5, 6, 7 & 8)
3. Conditions d’un renforcement
du partenariat entre le système éducatif
et le monde du travail (Mesures n° 9, 10, 11 & 12)
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
INTRODUCTION GENERALE
I. OBJECTIFS DE L’ÉTUDE
L
a politique de l’emploi est, désormais, une variante
stratégique de la politique économique. Les mécanismes de relance de la croissance économique ne
sont pas, nécessairement, porteurs de plein emploi. L’évolution positive de la croissance économique est, aujourd’hui,
accompagnée d’une évolution régressive de l’emploi. Une des
raisons en est que l’emploi - catégorie quantitative - est également un phénomène qualitatif.
La relation formation-emploi montre que la création
d’emploi - facteur économique - est aussi fonction de la disponibilité d’un profil de formation correspondant, fait qualitatif. Une relation dont la maîtrise interpelle le Système Educatif et le Système Productif :
1 - Quelles sont les capacités d’adaptation du Système Educatif à un
environnement économique et social qui connaît des transformations
profondes ? Comment les améliorer ?
2 - La croissance de l’emploi permettra-t-elle de faire face à la pression
galopante des jeunes diplômés sur le marché du travail ?
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
3 - Les entreprises et les administrations trouveront-elles les profils de
formation qu’elles recherchent?
Ces quelques interrogations permettent d’alimenter la réflexion sur la
relation formation-emploi, l’objectif étant de contribuer à un rapprochement
entre les besoins de l’économie et les sortants du Système Educatif, pour cerner
les inadaptations et les insuffisances et de l’appareil de formation et du Système Productif, afin de concevoir les mesures et les correctifs nécessaires.
Dans cette perspective, il convient de préciser que la recherche des
mesures et actions à entreprendre ne doit nullement procéder d’une approche
instrumentale et réductrice de l’articulation visée entre Système Educatif
(entendu au sens large) et Système Productif. L’articulation recherchée ne peut
être que relative en raison des particularités des durées et des cycles d’évolution propres aux deux systèmes. Le système d’enseignement est soumis à des
cycles de transformation relativement longs, alors que le Système Productif
peut varier brutalement au fil des contingences économiques, en particulier au
niveau de la dynamique de création d’emploi. Il en découle que l’imprévisibilité relative de ces évolutions montre que la définition de l’articulation comme
une notion stratégique est difficile à cerner dans toutes ses dimensions.
Il est évident que le système éducatif marocain ne répond pas uniquement aux besoins exprimés par le marché de l’emploi. Sa fonction est beaucoup
plus large, car à la “ demande économique” exprimée directement par l’offre
d’emplois, s’ajoute également la demande socio-culturelle tout aussi fondamentale à satisfaire. Dès lors il devient délicat de mesurer les performances du
système éducatif uniquement à travers le degré de déséquilibre entre l’offre et
la demande d’emplois. Ceci est d’autant plus vrai que l’équilibre sur le
marché de l’emploi ne dépend pas uniquement de la dynamique du Système Educatif, mais également et surtout du dynamisme présent et
futur du système productif.
Néanmoins, en dépit de toutes ces difficultés, la recherche d’une articulation relative entre Système Educatif et Système Productif est,
aujourd’hui, un enjeu national fondamental tant sur le plan économique
que socio-politique.
Dans le prolongement des réflexions et analyses menées par le Conseil
National de la Jeunesse et de l’Avenir, cette étude repose sur une démarche
systémique prospective dont l’objectif majeur consiste : à cerner, au
double niveau quantitatif et qualitatif, les performances et dysfonctionnements présents et prévisibles entre Système Educatif et Système Productif par référence à leur efficacité externe au sein du marché du travail.
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II. PRÉSENTATION DES PRINCIPAUX
RÉSULTATS QUANTITATIFS DE L’ÉTUDE
Avec une croissance réelle moyenne de 3,7% pour la période 1980-1990,
la situation globale de l’économie marocaine est relativement performante. Les
efforts financiers consentis dans le domaine de l’éducation sont importants et
dépassent 7% du PNB contre 6% dans l’ensemble des pays arabes et 4,5%
seulement dans le cas des pays dont le PNB par tête est comparable à celui du
Maroc. Ces indicateurs contrastent, cependant, avec l’évolution de l’emploi et
des performances quantitatives du Système Educatif.
1 - Sur une population active totale estimée à près de 9.933.000 personnes en 1990-1991, en progression de 2,8% depuis 1987 en moyenne
annuelle, la partie en chômage s’élève à 1.094.000 personnes, soit un
taux de chômage de 20,6% en milieu urbain et de 5,6% en milieu rural.
Ces données traduisent une dégradation de la situation de l’emploi au
Maroc : de 8,8% qu’il était en 1971, le taux de chômage en milieu
urbain est passé à 10,7% en 1982 avant d’atteindre 14,7% en 1987 et
grimper à 20,6% en 1991.
2 - Les performances quantitatives modestes du Système Educatif sont
perceptibles au niveau du taux de scolarisation net dans le premier cycle
de l’enseignement de base qui représente 57,7% en 1990-91. Cette situation est largement imputable à une faible scolarisation en milieu rural où
le taux net de scolarisation dans le premier cycle de l’enseignement de
base ne dépasse pas en moyenne les 36,7%.
3 - Ces performances sont d’autant plus modestes quand on relève que
15,1% seulement des enfants d’une génération parviennent en fin de
secondaire. Faiblesse de l’accès et importance des déperditions en cours
d’étude (58% des sorties du Système) constituent les empreintes
majeures du Système Educatif.
4 - L’examen de la structure par sexe, par âge et par diplôme de la population active en chômage montre une prédominance du sexe masculin
(65,1%), des jeunes (52,4%), des diplômés (46,4%). Plus de 54% des
jeunes en quête d’emploi ont soit le certificat d’études primaires (22,4%)
soit le certificat d’études secondaires (32,4%). Près de 44% de la population active en chômage ont soit un baccalauréat et plus (22,5%) soit un
diplôme de formation professionnelle (21,4%).
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
En effet, l’analyse des flux des “sortants” du Système Educatif semble
confirmer ces tendances et traduire une forte pression des jeunes tant
déscolarisés que diplômés sur le marché de l’emploi. En 1989, plus de
348.000 élèves sont rejetés de l’enseignement fondamental. Or la capacité d’accueil actuelle et prévisionnelle dans la Formation Professionnelle
n’est pas en mesure d’absorber les “sortants” de l’Enseignement Fondamental et Secondaire. De plus de 50.000 en 1990, le nombre des bacheliers s’élèvera à près de 100.000 lauréats en l’an 2000 ; presque la moitié
de ces effectifs serait exclue par le Système d’enseignement supérieur et se
présenterait sur le marché du travail. Les lauréats de la Formation Professionnelle passeront de 44.000 en 1991 à plus de 70.000 en l’an 2000.
Durant la décennie 1990, 37.000 lauréats de l’enseignement supérieur se
présenteraient en moyenne annuelle sur le marché de l’emploi.
5 - Dans le financement du Système Educatif, l’Etat intervient à raison
de 86%, ce qui correspond à 13,3 Milliards de Dirhams en 1990-91, soit
6,5% du PIB. Le budget du Ministère de l’Education Nationale est
demeuré constant durant la décennie 80 sans priorité entre les différents
niveaux d’enseignement, ce qui explique, en grande partie, le retard
accusé par la scolarisation primaire.
III. ENSEIGNEMENTS QUALITATIFS DE
L’ÉTUDE
1 - La rationalisation et la réallocation des ressources publiques consacrées à l’éducation devrait être favorable à l’enseignement de base, notamment
en milieu rural où l’analphabétisation demeure importante. Cette option permet d’élargir l’accès à l’éducation de base et de réduire ainsi les inégalités spatiales et sociales. Le rôle de l’école doit être revu en faveur d’une attention
accrue à la formation professionnelle particulièrement dans les secteurs de
l’agriculture et de l’informel. Il est, donc, important de ne pas minimiser la
fonction culturelle de l’éducation. La richesse de l’environnement culturel du
Système Educatif et l’initiation précoce et concrète aux principes de la science
et de la technologie dès les premières années de l’enseignement sont l’une des
bases les plus importantes de l’ajustement et de l’articulation entre le Système
Educatif et le Système Productif, dans la perspective d’une adéquation toujours
relative entre les produits du premier et les besoins du marché de l’emploi. La
prise en compte de cette dimension culturelle permet de développer l’aptitude
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
à la polyvalence (en termes de formation potentielle) chez les sujets en formation et de revaloriser socialement et culturellement l’image de l’enseignement
technique et professionnel. La formation spécialisée (technique et professionnelle) doit s’inscrire dans le prolongement de ces acquisitions préalables en
tenant compte des orientations de l’offre d’emploi au sein du marché du travail.
2 - L’amélioration de l’efficacité interne du système Educatif passe également par la lutte contre les déperditions en cours d’études au moyen d’un
accroissement de la capacité d’insertion des jeunes diplômés sur le marché du
travail. La réalisation de ces objectifs implique la mise en place d’un enseignement de formation professionnelle différencié et plus souple susceptible
d’absorber tous les sortants aux différents paliers éducatifs.
3 - La régulation de l’accès des jeunes à l’enseignement supérieur doit
s’opérer principalement à travers la mise en place des formations courtes (Bac
+ 1 et Bac + 2) à finalité plus professionnelle, tout en adaptant les filières classiques d’excellence à l’évolution scientifique et technique d’une économie
appelée à s’ouvrir davantage sur l’environnement mondial. Cela signifie qu’il
devient nécessaire de donner au système d’éducation une plus grande capacité
de réponse quantitative et qualitative à l’évolution des besoins de l’économie.
4 - La décentralisation des prises de décision et de la gestion dans le
domaine de l’éducation confère au Système Educatif la souplesse nécessaire à
ses adaptations nombreuses et continues.
5 - Développer une meilleure intégration entre le Système Educatif et les
milieux socio-professionnels à travers plusieurs mécanismes :
- pour le secteur formel, il est nécessaire, déjà au niveau de l’enseignement secondaire technique mais surtout de la formation professionnelle et de
l’enseignement supérieur, de développer des systèmes de formation alternés et
d’impliquer de la sorte l’entreprise au cours de la formation initiale ;
- pour le secteur informel, urbain en particulier où se crée l’essentiel de
l’offre d’emploi, il s’agit pour les formateurs d’être plus imaginatifs et d’apporter leur appui par la formation des petits producteurs et des travailleurs dans
les services (indépendant ou salariés) et de favoriser l’insertion des sortants du
système d’éducation ;
- institutionnaliser les relations entre les établissements de formation et
les milieux socio-professionnels par :
• la participation de l’entreprise aux activités de formation;
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• le développement des stages des étudiants dans l’entreprise ;
• la mise en place de projets conjoints dans le domaine de la formation continue ;
ce qui exige de mieux articuler la formation initiale et la formation continue afin
de permettre aux jeunes et moins jeunes qui interrompent leur scolarité de reprendre
leur formation à tout moment de leur vie professionnelle. Il serait utile dans cette
perspective que les départements formateurs concernés engagent une réflexion avec les
milieux professionnels sur les modalités concrètes de cette articulation.
• la promotion de la recherche dans des domaines répondant aux préoccupations du
système productif ;
• le conseil et les services divers à l’entreprise .
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PREMIERE PARTIE
L’EMPLOI :
DIAGNOSTIC, TENDANCES
ET PERSPECTIVES
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CHAPITRE I
ANALYSE RETROSPECTIVE DES TENDANCES
DE L’ECONOMIE ET DE L’EMPLOI
L
’analyse entreprise dans ce document part du fait que la planification stratégique des ressources humaines est nécessaire et devrait se
baser sur une connaissance aussi précise que possible des besoins
actuels et futurs en main-d’oeuvre par secteur, profession et niveau de qualification.
Même si la prévision des besoins dans ce domaine est des plus aléatoires à
moyen et long terme dans un contexte économique et technologique caractérisé par l’incertitude, elle demeure néanmoins un outil indispensable pour la
construction de l’avenir.
Dans ce cadre, il est légitime de s’interroger sur la pertinence par rapport
à l’emploi des rythmes et contenus de la croissance économique passée et future.
La démarche adoptée dans cette partie du rapport est à la fois rétrospective et prospective.
Dans un premier temps, une analyse approfondie des tendances passées
de la croissance économique et de l’emploi est menée dans le but de sérier les
problèmes du présent et qui ont des implications pour l’avenir .
Dans un deuxième temps, on présente les principaux résultats des projections de l’emploi par secteur d’activité ainsi que leur décomposition par catégorie de diplômes et par famille de professions.
Il convient cependant de préciser dès à présent que le travail de projec-
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
tion entrepris ne revêt pas un caractère mécaniste qui reviendrait à considérer
comme figées les contraintes des structures de la production, de l’emploi et de
la formation. IL s’agit plutôt de l’examiner avec souplesse et intelligence pour
permettre au volontarisme des politiques de croissance, de l’emploi et de l’éducation-formation de se manifester.
D’où l’importance de le considérer, non comme un futur fatal mais
comme une référence facilitant la prise de conscience et de décision pour relever les défis qui se posent à la nation en cette fin de millénaire.
I - LES TENDANCES DE L’ACTIVITE
ECONOMIQUE
La dynamique globale de l’emploi est déterminée dans une large mesure
par le niveau et la structure de la croissance économique. L’examen rétrospectif
de l’évolution de la croissance économique globalement et par secteur d’activité permettra d’une part de dégager les potentialités et les déterminants fondamentaux de la croissance de l’économie nationale et d’autre part d’apprécier
l’impact que cette croissance a pu exercer sur le niveau et les caractéristiques
structurelles de l’emploi.
I-1 - LES TENDANCES MACRO-ÉCONOMIQUES
Les tendances globales de l’économie marocaine, appréhendées à travers
l’évolution du PIB, dégagent un taux de croissance réel de 4,6% en moyenne
annuelle sur la période 1970-90. Sous l’effet des fluctuations de la croissance à
la fois interne et externe et surtout des orientations imprimées à la politique
économique, le rythme de croissance a été tout au long de cette période assez
irrégulier avec de fréquentes alternances entre les phases d’accélération et de
décélération.
Après une période de croissance relativement lente qui a caractérisé les
années soixante, l’économie marocaine devait connaître une forte relance au
début des années soixante-dix favorisée par un important surplus financier à la
suite de la hausse des prix des phosphates. Le taux de croissance a ainsi culminé à 6,7% par an au cours des années 1973-77 grâce à l’effort exceptionnel en
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matière d’investissement public, orienté principalement vers les infrastructures
de base, le secteur agricole et le secteur industriel. Le budget d’investissement
public a en effet atteint en 1977 son niveau le plus élevé et a constitué plus de
60% de l’investissement total et près de 20% du PIB. La croissance vigoureuse
qui s’en est suivie devait cependant buter rapidement sur la contrainte de
financement après le retournement de la conjoncture avec la baisse des prix des
phosphates doublée de l’effet du deuxième choc pétrolier. Devant cette situation, les pouvoirs publics ont été amenés à entreprendre une politique de stabilisation au cours des années 1978-80 qui a eu comme conséquence directe une
décélération marquée du rythme de croissance. D’une moyenne de 6,7% qu’il
était au cours du quinquennat 1973-77, celui-ci a baissé à 3,4% entre 197880. Au total, la décennie soixante-dix s’est achevée sur une croissance moyenne
de 5,3% par an.
La décennie quatre-vingt devrait être amorcée dans un contexte particulièrement difficile pour l’économie marocaine: aux effets de la sécheresse sévère
des années 1981 et 1983 se sont ajoutés le poids de la dette extérieure, la baisse des cours des phosphates et le ralentissement important du rythme de croissance. La période 1981-83 s’est ainsi distinguée par une forte détérioration des
équilibres financiers internes et externes qui a conduit les pouvoirs publics à
engager l’économie nationale dans un vaste programme d’ajustement et de
restructuration. Ce programme qui concrétise la nouvelle orientation de la
politique économique dans le sens d’une plus grande libéralisation et d’une
ouverture accrue sur l’extérieur s’est fixé comme objectif principal le rétablissement des conditions favorables à une croissance soutenue. La première moitié
des années quatre-vingt a ainsi connu l’initiation et la mise en oeuvre d’une
série de mesures visant l’assainissement des finances publiques, le redressement
des comptes extérieurs et l’instauration d’une nouvelle dynamique du système
productif. Ces mesures qui ont revêtu à la fois des aspects globaux et sectoriels
ont permis une amélioration progressive de la situation des équilibres économiques et financiers ainsi qu’une relance du processus de croissance, soutenue
par des conditions climatiques nettement plus favorables qu’au cours de la première moitié des années quatre-vingt. Entre 1986 et 1990, le PIB s’est en effet
accru au taux moyen de 4,2% alors que pour l’ensemble de la décennie, le taux
de croissance moyen a été de 3,8%.
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
I.2. LES TENDANCES PAR SECTEUR D’ACTIVITÉ
Le processus de croissance de l’économie marocaine au cours des vingt
dernières années s’est caractérisé par des transformations significatives dans la
structure de la production. Appréhendés à travers les valeurs ajoutées des
principales activités sectorielles, les aspects saillants de ces transformations
sont, d’une part, la faible évolution de l’agriculture dont la contribution au
PIB nominal s’est sensiblement réduite en passant de 19,9% en 1970 à 15,7%
en 1990 et, d’autre part, le renforcement de la part des activités de l’industrie,
des mines et de l’énergie qui ont totalisé près de 28% du PIB en 1990 contre
23% en 1970. En revanche, les activités du commerce et de services ont maintenu leur contribution au PIB autour de 40%. Pour le secteur du bâtiment et
travaux publics, la valeur ajoutée correspondante a subi d’importantes fluctuations entre 1970 et 1990 ; elle constitue actuellement près de 6% du PIB
total. Enfin, la valeur ajoutée des administrations publiques s’est établie en
moyenne entre 10 et 12% du PIB tout au long de la période 1970-90.
Les transformations qui se sont opérées au cours des deux dernières
décennies dans le système productif résultent des rythmes de croissance différenciés au niveau des différentes branches et sous-branches de l’activité économique. On examinera dans ce qui suit les rythmes de croissance réalisés par les
principales branches afin d’en dégager les traits les plus significatifs pour le
développement en cours et les perspectives d’avenir.
A. Agriculture
Le rythme de croissance de la valeur ajoutée agricole dans son ensemble a
été de 3,8% en moyenne annuelle sur la période 1970-90. On notera que ce
rythme a connu un net fléchissement au cours de la décennie soixante -dix où
il n’a pas dépassé 1,8% par an alors que la croissance de l’ensemble de l’économie nationale a atteint 5,3%. Cependant, la croissance de l’agriculture s’est
améliorée de manière significative au cours de la décennie quatre-vingt, où
l’accroissement de la valeur ajoutée agricole s’est situé à une moyenne de
5,8%.
En ce qui concerne l’évolution de la production par groupe de produits,
les estimations effectuées pour la période 1970-88 font apparaître une croissance annuelle moyenne de 7,8% pour les activités de culture, 7% pour les
activités forestières, 2,6% pour l’élevage et 12,4% pour la pêche.
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B. Les mines
Fortement tributaires de la demande extérieure et de l’évolution des
cours sur les marchés internationaux, les activités minières ont connu d’importantes fluctuations pendant les deux dernières décennies. L’expansion assez
forte, enregistrée au cours des années soixante-dix où la valeur ajoutée a progressé au rythme annuel moyen de 5%, a été suivie par un net fléchissement
pendant la décennie quatre-vingt. Le taux moyen de croissance de la valeur
ajoutée sur l’ensemble de la période 1970-90 a été de l’ordre de 2,7%.
L’évolution des quantités produites saisie à travers l’indice de la production
minière fait apparaître une progression de l’ordre de 5% par an au cours de la
période 1970-88 pour les phosphates et de 3,6% pour les autres produits
miniers. L’indice de l’ensemble de la production minière aura ainsi augmenté
au rythme de 4,2% par an.
C. L’énergie
Le secteur de l’énergie a réalisé une progression relativement élevée au
cours de la période 1970-90 qui a atteint une moyenne de 5,4% en termes de
valeur ajoutée. Il faut noter toutefois que cette progression a subi un certain
ralentissement au cours de la décennie 1980-90 pour s’établir autour de 4,5%
en rythme annuel.
D. L’industrie manufacturière
Le secteur industriel a connu un développement appréciable au cours de
la décennie soixante-dix à la suite des efforts consentis par les pouvoirs publics
en vue de promouvoir les activités de valorisation des ressources agricoles et
minières, les activités de substitution à l’importation ainsi que les activités
d’exportation. La valeur ajoutée de l’industrie manufacturière a pu ainsi augmenter au taux annuel de 5,6% entre 1970 et 1980. Les difficultés éprouvées à
la fin de la décennie soixante-dix et au début des années quatre-vingt ont
réduit les possibilités d’intervention des pouvoirs publics en faveur des activités industrielles dont le rythme de croissance s’est sensiblement ralenti entre
1980 et 1990 pour s’établir à une moyenne de 3,9% par an. Pour l’ensemble
des deux dernières décennies, le taux moyen d’accroissement de la valeur ajoutée du secteur industriel a été de 4,8% par an. Variable d’une branche à l’autre,
cet accroissement a été relativement élevé pour la chimie et para-chimie
(+10%), les industries agro-alimentaires (+6%), et les industries électriques et
électroniques (+5,5%). En revanche, les activités du textile qui représentent
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
une part importante de la production industrielle ont progressé au rythme
annuel de 3,7%, légèrement inférieur à la moyenne de l’ensemble du secteur. Il
en est de même des autres branches industrielles dont le poids est relativement
plus réduit telles que celles du bois et articles en bois (+ 2,2%), du cuir et
articles en cuir (+1,6%), des ouvrages en métaux (+ 0,6%) et du matériel de
transport
(-0,7%).
E. Le bâtiment et les travaux publics
Le secteur du bâtiment et travaux publics a réalisé la plus forte croissance
au cours de la décennie soixante-dix avec un taux moyen de 11,3% par an.
Cette performance résulte de l’effort exceptionnel en matière d’investissement
public qui a caractérisé le plan quinquennal 1973-77. La décennie quatrevingt a été cependant marquée par un net ralentissement des activités de ce
secteur: entre 1980 et 1990, la valeur ajoutée du bâtiment et travaux publics
s’est accrue au rythme annuel de 1,7% seulement. La croissance moyenne des
deux dernières décennies s’est établie à 6,5 % par an.
F. Transports, communications et autres services
L’évolution des activités de transport, communications et services est
conditionnée par celle des autres branches productives, principalement l’agriculture, l’industrie et le bâtiment et travaux publics en plus du tourisme. Sur
la période 1970-90, la valeur ajoutée de la branche des transports et communications a connu une croissance relativement élevée avec 5,4 % en moyenne
annuelle alors que pour les activités de commerce et des autres services,
l’accroissement de la valeur ajoutée s’est établie à 4,1 % seulement.
G. Les administrations publiques
L’évolution de la valeur ajoutée des administrations publiques au cours
des deux dernières décennies reflète les changements intervenus dans les orientations de la politique économique. Le caractère fortement expansionniste des
interventions de l’Etat pendant le décennie soixante-dix a été à l’origine d’une
croissance élevée de la valeur ajoutée des administrations publiques ; celle-ci a
en effet progressé de 9,1 % en rythme annuel entre 1970 et 1980.
Pour la période 1980-90, le taux de progression s’est réduit à une moyenne de 6,5 % à la suite des nouvelles options de la politique économique caractérisées, entre autres, par un rôle plus réduit de l’Etat et où le redressement de
la situation des finances publiques est particulièrement privilégié.
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 1
CROISSANCE REELLE DU PIB ET DES VALEURS
AJOUTEES PAR GRANDES BRANCHES (en %)
(1970-1990)
période
1970-80
période période
1980-90 1970-90
Agriculture
1,8
Mines
5,0
Energie
6,2
Industries manufacturières
5,8
0,3
4,5
5,6
3,8
2,7
5,4
3,9
B.T.P.
Transports et
communications
Commerce et services
Administration
PIB
11,3
1,7
6,5
6,7
4,8
9,1
5,3
4,0
3,4
6,5
3,8
5,4
4,1
7,8
4,6
4,8
Source : Taux calculés à partir des données de la comptabilité nationale, Direction de la Statistique
I.3- LES PRINCIPAUX DÉTERMINANTS DU
PROCESSUS DE CROISSANCE
L’analyse de l’évolution de l’activité économique au cours des deux dernières décennies permet de dégager quelques enseignements relatifs au processus de croissance et les éléments qui le caractérisent. Au plan interne, les
conditions climatiques constituent l’un des facteurs déterminants dont
l’impact dépasse largement le secteur agricole pour atteindre une bonne partie
des activités des autres secteurs. On notera en effet que toutes les années où le
PIB réel a enregistré une baisse ont coincidé avec une forte régression de la
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
production agricole, conséquence de conditions climatiques particulièrement
défavorables (années 1981, 1983 et 1987 pour la dernière décennie). Le
deuxième élément que l’on peut évoquer comme facteur déterminant de la
croissance a trait au comportement de la demande intérieure. Mais, contrairement à l’aléa climatique, la demande intérieure aussi bien de consommation
finale que d’investissement, reste une variable endogène au système économique dans la mesure où elle est conditionnée par le niveau de revenus et de
l’activité productive en général. Elle joue le rôle de soutien au processus de
croissance comme elle en tire sa propre dynamique à travers les revenus générés par cette même croissance. Elle ne peut, de ce fait, représenter une véritable
limite dans le processus d’accumulation à moyen et long terme.
Au niveau externe, l’économie marocaine fait apparaître une sensibilité
de plus en plus importante à l’environnement international et aux fluctuations
qui le caractérisent. Cette sensibilité est devenue d’autant plus marquée que
l’économie nationale s’oriente vers une plus grande ouverture sur l’extérieur.
Empruntant plusieurs canaux, l’influence des facteurs externes est transmise
par de multiples variables dont on citera en particulier : le prix du pétrole, des
matières premières et biens d’équipement au niveau des importations, le taux
d’intérêt et les parités monétaires au niveau des flux financiers et enfin le volume de la demande extérieure au niveau des exportations. A cela, il faut ajouter
le poids de la dette extérieure qui continuera à peser lourdement sur le processus de croissance économique au cours de la présente décennie.
Au delà de ces constats établis sur une période s’étalant sur plus de deux
décennies, on peut dire que le processus de croissance de l’économie marocaine
demeure conditionné essentiellement par deux contraintes fondamentales à
travers lesquelles interfèrent les influences des facteurs internes et externes. Il
s’agit de la contrainte d’épargne et de la contrainte de la balance des paiements
(ou contrainte devises). Les variables et éléments évoqués précédemment exercent leur influence à travers l’une ou l’autre de ces deux contraintes. Plus précisément, l’évolution de l’activité économique considérée dans une perspective
de moyenne ou longue période est conditionnée par celle des deux contraintes
la plus limitative. Pour des taux de croissance relativement modérés (3 à 3,5
%), la contrainte qui apparait généralement en premier lieu est celle de
l’épargne nationale. Lorsqu’on cherche à accéder à un palier de croissance plus
élevé, même en développant les ressources en épargne intérieure de façon
conséquente, la contrainte balance des paiements (ou devises) devient limitative. L’apport de l’épargne étrangère est alors nécessaire. On se trouve ainsi
devant une situation d’interaction entre d’une part, les ressources en épargne
intérieure, et d’autre part le flux de ressources en devises. Ces dernières peu-
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
vent résulter d’un flux de capital étranger et/ou d’une expansion des exportations.
L’interaction entre les ressources nationales et ressources étrangères est
clairement illustrée par la période de forte expansion de l’économie nationale
s’étalant de 1973 à 1977 et qui a été pour une large part, à l’origine de la détérioration des équilibres financiers internes et externes. L’important surplus
financier résultant de la hausse des prix des phosphates au début de cette
période s’est traduit par une augmentation considérable de l’épargne nationale
qui a permis de réaliser une forte expansion des investissements ; ceux-ci ont
représenté près de 29 % du PIB entre 1975 et 1977 contre 15 % seulement
entre 1970-1973. Ces développements ont fait apparaître en même temps un
besoin en devises beaucoup plus accentué qu’auparavant ; la poursuite du programme d’investissement initialement établi n’a été possible que grâce à un
recours à l’épargne étrangère.
Il ressort de ce qui précède que le processus de croissance à moyen et long
terme est déterminé principalement par les capacités d’allégement des
contraintes de l’épargne et des devises compte tenu de l’effort d’investissement
envisagé. Les scénarios d’évolution à retenir pour l’activité économique en vue
d’en déduire les implications quant à la création d’emplois doivent se baser en
conséquence sur les paramètres qui correspondent à ces contraintes, à savoir le
taux d’épargne intérieure et le taux de financement extérieur du déficit en
devises. Avant d’aborder les aspects spécifiques aux projections, il convient
d’analyser la dynamique de l’emploi au cours des deux dernières décennies.
II. LES TENDANCES DE L’EMPLOI
La mise en place d’une politique cohérente de l’emploi et de la formation
est une tâche prioritaire pour préparer le Maroc aux défis de cette fin de siècle.
L’élaboration de cette politique suppose, toutefois, l’étude préalable des
tendances observées de l’emploi afin de cerner les particularités de son évolution et de mieux identifier ses déterminants. Il s’agit, donc d’analyser :
• L’évolution quantitative de l’emploi pour dégager les tendances
lourdes et identifier les caractéristiques des structures de l’emploi ;
• Les aspects qualitatifs de l’emploi en vue d’une approche de l’impact
du système éducatif au sein du marché du travail.
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
II.1- LES TENDANCES QUANTITATIVES
DE LA POPULATION ACTIVE
La détermination de l’emploi (actifs occupés) est basée essentiellement
sur deux indicateurs : le taux de l’activité brut et la population active occupée
et en chômage. Partant de là, les caractéristiques de l’emploi durant les trois
dernières décennies sont examinées à un triple niveau, il s’agit en l’occurrence:
A - de l’activité de la population,
B - de la population active occupée et sa répartition sectorielle et professionnelle.
C - et du décalage croissant entre l’offre et la demande d’emploi.
A. L’évolution d’activité de la population
Selon les données des divers recensements de la population (1960, 1971,
1982), le taux d’activité brut1 a évolué parallèlement à l’augmentation de la
population en âge de travailler. Il est en effet passé de 29% en 1960 à 29,6%
en 1982. L’estimation de l’Enquête sur les niveaux de vie des ménages dont la
méthodologie, les concepts et la période de référence diffèrent de ceux des
recensements situe ce taux à 38,8 % en 1990-1991.
En termes absolus, la population active est passée de 4 millions de personnes en 1971, à 6 millions en 1982 et 9,9 environ en 1990-91, ce qui établit
le taux d’accroissement moyen annuel à 3,6%, soit un taux largement supérieur à celui de la croissance démographique (de 2,6% environ).
Les taux d’activité bruts du Maroc sont inférieurs aux taux standards
internationaux. Cette situation est principalement imputable à la faiblesse du
taux d’activité des femmes, qui a par ailleurs augmenté de façon régulière passant de 8% 1960 à 25,5% en 1991. Ainsi, la part de la population féminine
dans la population active totale est passée de 15% en 1971 à 20% en 1982 et à
34% en 1990-91. La structure par âge fait apparaître que le groupe d’âge 15 à
34 ans représente 60 % de la population active tandis que le groupe d’âge 1544 ans en regroupe 70 % environ.
Par milieu de résidence, il y a lieu de constater un accroissement relatif
1Selon la définition du Recensement, le taux d’activité brut est égal au rapport
population active à la population totale.
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
continu au profit du milieu urbain, valable pour les deux sexes. La part de la
population active rurale est à l’inverse en baisse passant de 70% en 1960 à
56% en 1982.
Entre 1985 et 1989, la population active urbaine au sens large est passée
de 3.004.679 personnes à 3.732.458 personnes, soit une augmentation
moyenne annuelle de 182.000 personnes. La population active rurale au sens
large s’est élevée en 1986-87 à 5,6 millions de personnes parmi lesquelles 57%
sont les femmes et 41% ont moins de 25 ans.
TABLEAU 2
EVOLUTION DES TAUX D’ACTIVITE
1960 -1991
Année
Taux d’activité brut
Hommes Femmes Total
1960 (1)
51,8
6,2
29,0
1971 (1)
44,9
8,1
26,6
1982 (1)
47,9
11,6
29,6
1987 (urbain) (2)
47,9
11,6
29,6
1986-87 (3) (rural)
50,9
36,5
43,5
1990-91 (4)
(Urbain et Rural)
53
26
39
Sources :
(1) Recensements de la Population, 1960, 1971, 1982
(2) ENPAU, 1987
(3) ENPAR, 1986-87
(4) Enquête : Niveau de vie des ménages, 1990-91
Notes : Les chiffres correspondant aux années 1987 et 1990-91 sont à prendre
à titre indicatif seulement car les méthodes d’estimation ne sont pas les mêmes que
celles des recensements.
B - L’évolution de la population active occupée
et sa répartition sectorielle
Globalement, la population active occupée est passée de 2,95 millions
en 1960 à 3,63 millions en 1971 et à 5,3 millions en 1982 et se situerait à 6,1
millions en 1990 (estimation des enquêtes) . Elle se répartit à concurrence de
65% en milieu rural et 35% en milieu urbain. Le taux de croissance moyen
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
annuel s’est situé à environ 1,9% par an entre 1960 et 1971 et 4,3% pour la
période 1971-1982.
Par secteur d’activité, il y a lieu de faire les constats suivants :
1 - Une tendance décroissante de la part du secteur
primaire au profit du secteur secondaire et surtout
du secteur tertiaire
Ainsi, les effectifs employés dans le secteur primaire (y compris les
mines) représentent 43% de l’emploi total en 1982 contre 55% en 1971 et
63% en 1960.
Le secteur dit secondaire a triplé ses effectifs entre 1960 et 1982. Sa
contribution en pourcentage est passée de 12% à 24% environ de l’emploi
total.
Le secteur tertiaire (y compris l’administration) a vu sa part évoluer de
25% à 33% de 1960 à 1982.
2 - L’emploi reste avant tout marqué par la prédominance de l’agriculture. En plus de sa tendance à la baisse en termes relatifs, l’emploi agricole
présente une structure fragile avec le tiers (1/3) des actifs qui sont des aidesfamiliales et les deux tiers (2/3) des salariés ayant un statut de saisonnier.
3 - Parmi les activités non agricoles, la part de l’emploi industriel, en
dépit de son augmentation, demeure encore faible. Par contre, les activités
commerciales, des services et de l’administration présentent un profil assez pléthorique .
4 - De manière générale, le système productif marocain est caractérisé par
une grande hétérogénéité. En Effet, à côté des emplois du secteur structuré
(formel), il existe de nombreux segments du marché du travail qui relèvent du
secteur non-structuré depuis les emplois de l’artisanat des services divers en
passant par les petits métiers marginaux des rues jusqu’aux emplois du secteur
agricole.
L’étude EFE2 avait déjà démontré l’ampleur de la contribution du secteur
non structuré à l’emploi. Selon les données de cette étude, la proportion
d’actifs employés hors du secteur moderne représentait 76% de l’ensemble des
actifs occupés dans les différentes activités nationales.
Cette donnée est de nature à interpeller le système d’éducation-formation
sur les modèles de formation élaborés qui ignorent, dans une large mesure, la
2Etude Education-Formation-Emploi, Ministère du Plan, 1985
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
logique, les contraintes et les besoins du secteur non-structuré.
C. L’évolution de l’emploi par Profession et
Statut
Les variations de l’emploi selon la profession et le statut donnent une
information complémentaire pour interpréter l’évolution globale de l’emploi.
La décomposition de l’emploi selon le statut dans la progression fait
apparaître d’un côté une baisse de la part des catégories des “employeurs”, et
des salariés et, de l’autre, une forte progression de celle des aides familiales.
Entre 1982 et 1991, la part de cette dernière catégorie est en effet passée de
19,7% à 36,1%.
L’emploi par profession indique plusieurs évolutions :
- une baisse importante de la part de la catégorie “Agriculteurs, éleveurs,
forestiers, pêcheurs, chasseurs et assimilés”.
- une progression -bien que toute relative - du personnel des “professions
scientifiques, techniques , libérales et assimilées” et des “ouvriers spécialisés dans les services”, fruit des progrès de l’enseignement secondaire et
supérieur durant la période post-coloniale.
- une augmentation significative de la part des “ouvriers et manoeuvres
non agricoles”.
TABLEAU 3
EVOLUTION DE L’EMPLOI SELON LE STATUT
PROFESSIONNEL (ACTIFS OCCUPES) (En pourcentage)
Année
1982
Catégorie
(1)
Employeurs
2,2
Travailleurs indépendants
1990 - 91
(2)
1,3
28,1 25,6
Salariés
45,46
33,4
Aides - Familiales
19,7
36,1
Autres
5,6
2,6
Ensemble
100
100
Sources : (1) Recensement 1982 (2) Enquête sur le niveau de vie des ménages 1990-91
30
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
TABLEAU 4
EVOLUTION DE L’EMPLOI SELON LA PROFESSION
(1960 - 1990-91) (En pourcentage)
1960
(1)
0/1 Personnel des professions
scientifiques et libérales 2,0
2 - Personnel Commercial2,5
3 - Personnel Administratif
4,1
4 - Travailleurs Spécialisés
dans les services
2,6
5/6 Agriculteurs éleveurs
forestiers pêcheurs,
chasseurs
79,9
7/8/9 Ouvriers etmanoeuvres non agricoles
21,2
N.C.A
6,2
1971
(1)
1982
(1)
1990-91
(2)
2,3
2,5
0,3
5,4
7,6
0,6
4,9
9,7
4,2
3,1
7,1
7,2
76,9
39,7
52,9
6,5
10,7
28,5
3,9
7,5
-
Total
100,00 100,00
100
100,00
Note :
NCA : Non classés ailleurs
Sources :
(1) Recensements 1960, 1971 et 1982
(2) Enquête sur le niveau de vie des ménages 1990-91 (les estimations de cette
enquête sont données à titre indicatif et ne sont pas comparables aux statistiques
fournies par les recensements).
D - Un décalage croissant entre les offres et les
demandes d’emplois
Quand on examine les données relatives à la population active occupée et
en chômage, on ne peut que relever le décalage quantitatif croissant entre la
demande et l’offre de main-d’oeuvre qui s’explique par le fait que les rythmes
de croissance de la population active sont supérieurs aux rythmes de croissance
de l’emploi et de l’économie. Ce qui se traduit, d’une part, par une insuffisance
des créations d’emplois et, d’autre part, par la persistance du chômage et du
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
31
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
sous-emploi.
1- Les tendances des créations d’emplois 3 ont été marquées par
l’ampleur et la nature de la croissance économique. Notons qu’il est difficile de quantifier avec la précision voulue l’impact de la croissance économique sur la dynamique de l’emploi du fait de l’absence de séries régulières et homogènes sur les emplois effectivement créés. Néanmoins, en
se référant aux résultats des trois recensements (1960, 1971 et 1982) et
de l’Enquête Nationale sur la Population Active Urbaine (1985 - 1991),
on peut faire les remarques suivantes :
• Sur la base d’une moyenne annuelle,on pourrait estimer le nombre
d’emplois créés à 62.000 postes entre 1960 et 1971 et à 157.000 postes
pour la période décennale 1971-82 pour l’ensemble du Maroc (Promotion Nationale non comprise). Pour la période 1985-90, les créations
annuelles d’emplois en milieu urbain ont connu d’importantes variations
: entre 292.000 en 1985 (maximum) et 113.000 en 1989 (minimum).
Ainsi, en comparant l’évolution des créations annuelles d’emplois à
l’accroissement annuel de la population active, on peut trouver ici les premiers
signes avant-coureurs de l’aggravation du phénomène du chômage qui allait
prendre des proportions plus significatives tout au long de la décennie 1980.
• Pour le milieu urbain, le nombre de chômeurs par an rapporté à la
création d’emplois pour la même année a été en moyenne supérieur à 3.
Cela veut dire que pour chaque emploi créé, il y a trois chômeurs.
TABLEAU 5
CREATIONS D’EMPLOIS EN MILIEU URBAIN
(1985-1991)
Actifs occupés 1985 1986 1987 1988 1989 1990
Créations
d’emplois (1)291 800 113 300 175 892 139 168 113 175153 187
267
Effectifs
Chômeurs (2)405 000500 000 481 610 476 123 591 692601 161
480
Rapport (2)/(1)1,39
4,42
2,73
3,42
5,2
3,92
1991
200
695
3,50
3 Le terme de “créations” utilisé ici ne correspond pas exactement au nombre
d’emplois créés mais au solde entre les créations et les sorties de l’activité
(licenciements, retraite, ....)
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
Sources :
Enquête Nationale sur la Population active urbaine, données relatives aux années
1985 à 1991.
2 - La persistance du chômage
Cette évolution défavorable de la situation de l’emploi se reflète au
niveau des taux de chômage. Le taux est passé de 8,8 en 1971 à 10,7% en
1982 pour atteindre 20,6% en 1990-91.
TABLEAU 6
EVOLUTION DU CHOMAGE
(1971 - 1990-91)
Années
Effectif en milliers
TOTAL
URBAIN
1971 (1)
1982 (1) 1990-91 (2)
349
216
642
322
1100
802
Taux en %
TOTAL
8,8
10,7
12,1
URBAIN
15,0
12,3
20,6
Sources :
(1) Chiffres des Recensements de 1971 et 1982
(2) Estimation de l’Enquête sur les niveaux de vie des ménages, estimation donnée
à titre indicatif car non comparable avec les résultats de l’ENPAU, ni avec le
RGPH.
Le chômage est devenu un phénomène général durant les années 80 suite
à la régression de l’emploi public et semi-public, régression liée aux mesures
d’ajustement structurel, sans que le secteur privé puisse prendre le relais.
Cependant, le chômage frappe les différents groupes sociaux de façon
inégale. L’examen approfondi des données disponibles permet de faire les
constations suivantes :
• La réussite scolaire n’est pas toujours synonyme d’emploi. Au contraire,
en 1991, le taux de chômage des individus ayant un niveau scolaire (y
compris le supérieur et la formation professionnelle) est de loin supérieur
à celui des individus n’ayant pas de niveau scolaire. Ainsi, en milieu
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
33
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
urbain, les taux de chômage sont respectivement de 10,7 % pour les
individus “sans niveau scolaire”, de 24 % pour ceux du niveau supérieur,
de 25 % pour ceux du niveau primaire et de 27 % pour ceux du niveau
secondaire.
• Le chômage est plus important en milieu urbain qu’en milieu rural.
Mais si les taux de chômage urbain ont largement excédé 10% au cours
des trois dernières décennies (ce taux a dépassé pour la première fois la
barre des 20% en milieu urbain pour 1991), le chômage visible en
milieu rural est resté relativement stable (entre 5 et 6%). L’exode rural a
contribué à cet état de fait. De plus, dans les zones rurales, le chômage
bien que de plus en plus important, est partiellement masqué par le sousemploi.
• Contrairement à la situation qui prévaut en milieu rural, où le chômage des femmes est moins important que celui des hommes, le chômage
frappe plus gravement les femmes que les hommes en milieu urbain.
En 1986, le taux de chômage des femmes en milieu rural atteignait 1,5%
contre 8,4% pour les hommes ; pour la même année, ces taux atteignaient 20,4% pour les femmes et 13,9% pour les hommes en milieu
urbain.
En 1990-91, les résultats de l’enquête sur les niveaux de vie ont confirmé
cette tendance. En effet, le taux de chômage féminin a été de 31,8% en
milieu urbain et seulement de 3,2% en milieu rural tandis que le chômage masculin a été de 16,7% en milieu urbain et de 7,1% en milieu rural.
• Confirmant les tendances des années 60 et 70, le chômage des jeunes
personnes âgées de 15 et 24 ans est le plus grave. Il touche sans distinction le milieu urbain et le milieu rural et les deux sexes. Cependant, la
situation des jeunes en milieu urbain est la plus alarmante. Ainsi, en
1990/91, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans était deux fois
supérieur aux taux de chômage de l’ensemble de la population active en
milieu urbain.
En milieu rural, le taux pour cette catégorie et pour la même année
n’était supérieur que de 77%. Mais si dans les zones urbaines, la part des
jeunes de 15 à 24 ans dans le total des chômeurs était de 52% environ,
dans les zones rurales, cette proportion atteint 55%.
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
I.2 - LES NIVEAUX D’EDUCATION ET DE FORMATION
DE LA POPULATION ACTIVE
Il s’agit à présent d’étudier l’impact du système éducatif et de formation
sur les caractéristiques culturelles de la population en âge d’activité ou déjà
active au sein du système productif. Cela revient en fait à examiner la qualité
de la force de travail, son rapport à des occupations professionnelles et activités
économiques données et l’ampleur des besoins réels de l’économie en compétences et en travailleurs ayant une formation générale ou professionnelle.
Les principaux indicateurs retenus à cette fin sont :
A- Le niveau d’instruction de la population ;
B- Le niveau d’instruction de la population active respectivement en
milieu urbain et rural ;
C- Le niveau d’éducation-formation et l’occupation sectorielle et professionnelle de la population active occupée ;
D- Le niveau d’éducation-formation et le chômage en milieu urbain et
rural.
A - L’évolution du niveau d’instruction de la
population en général
Le niveau d’instruction peut être appréhendé à travers trois indicateurs
les plus couramment utilisés :
- le niveau d’alphabétisation ;
- la connaissance des langues vivantes ;
- et le niveau de scolarisation
Sur un plan général, il y a lieu de faire un constat positif, à savoir que
sur trente années, si l’on observe les progrès enregistrés en matière d’instruction, les indicateurs sont à la hausse quelle que soit la catégorie de la population considérée.
• Le constat négatif est que les progrès réalisés sont lents et que le
niveau général d’instruction de la population demeure encore très bas, eu
égard au progrès culturel de la population, mais aussi à son aptitude à l’exercice normal des activités économiques et sociales.
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
• L’analphabétisme : Une baisse relative mais le phénomène reste
important :
La définition retenue dans les recensements de la population considère
comme analphabète toute personne âgée de 10 ans et plus ne sachant ni lire ni
écrire.
Selon les résultats des trois recensements, le taux d’analphabétisme aurait
baissé de 27 % en 22 ans, avec une diminution plus importante pour les
hommes que pour les femmes (38,2 % contre 19,7 %). Malgré cela, la mesure
de l’analphabétisme montre qu’environ 65 % de la population âgée de 10 ans
et plus demeure analphabète. Ce taux s’élève à 78 % pour les femmes et 81,7
pour les ruraux (il se situe à 95% parmi les femmes rurales).
La structure par âge de la population analphabète montre que celle-ci représente 43 % du groupe d’âges de 10 ans à 14 ans, 56 % du groupe 15 ans à 24 ans
et 63 % du groupe 25 ans à 34 ans.
Les estimations de l’Enquête sur “les niveaux de vie des ménages” de 1990-91
ont mis en évidence une tendance à l’amélioration de la situation, mais elle
reste néanmoins insuffisante.
• La connaissance des langues vivantes est un signe d’ouverture sur
d’autres civilisations qui revêt beaucoup d’importance dans un contexte de
libéralisation économique extérieure.
Parmi la population alphabétisée, le recensement de 1982 relève que
30% sait lire et écrire l’arabe seulement, 58 % l’arabe et le français seulement,
10% l’arabe, le français et d’autres langues et 2 % l’arabe et d’autres langues.
Le développement des langues internationales autres que le français mérite
d’être étudié de plus près.
• Le niveau scolaire demeure très bas :
Par l’examen de ce niveau, on cherche à évaluer l’état de la scolarisation
de la population âgée de 5 ans et plus et non scolarisée au moment du recensement. Les résultats font ressortir la part très élevée de la population non scolarisée (78 %), avec un taux de 87 % pour les femmes.
B. L’évolution du niveau d’instruction
de la population active
Le niveau intellectuel de la population active est fortement lié à la productivité et à la qualité des biens et services produits. On l’étudie successivement au niveau de la population active totale, de la population active urbaine
et de la population active rurale.
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
• L’alphabétisation de la population active totale : des
niveaux toujours insuffisants
Ce niveau insuffisant est perceptible que l’on s’intéresse à la population
active totale (35 %) ou à la seule population active occupée (34 %). L’analphabétisme est plus élevé chez les femmes actives occupées dont le taux (74,4 %)
est plus élevé que la moyenne nationale.
Parmi la population active en chômage, l’alphabétisation ne parait pas
être un facteur discriminant fondamental ; 43,5 % savent lire et écrire. Il est
évident qu’au-delà de l’alphabétisation, un individu instruit est généralement
mieux préparé à s’insérer dans la vie active qu’un individu qui ne l’est pas.
• Les actifs urbains : le niveau d’instruction s’améliore
mais très lentement
L’enquête nationale sur la population active urbaine permet d’étudier les
caractéristiques éducatives des actifs urbains vues à travers :
- le niveau scolaire atteint
- et le diplôme le plus élevé obtenu
1) Le niveau scolaire des actifs urbains
La population urbaine en âge d’activité (15 ans et plus) est passée d’environ 6 millions en 1984 à 7,7 millions en 1990, soit un taux d’accroissement
moyen annuel de 4 %.
Par rapport à l’évolution du niveau scolaire, plusieurs remarques se dégagent de l’observation des données relatives à la période de 1984-1988 :
- Bien qu’en baisse, (45 % à 41 % de 1984 à 1988), la population active
urbaine sans niveau scolaire ou ayant le niveau préscolaire reste largement prédominante.
- La part des personnes en âge d’activité du niveau primaire reste la plus
importante et celle qui s’accroît le plus. Sur les quatre années d’observation, cette part est passée de 20 % à 29 % environ.
- Le niveau scolaire du secondaire représente 28,4 % en 1988, en progression de deux points par rapport à 1984.
- Le niveau “supérieur”, avec 5,7% en 1988 n’a augmenté que d’un
point en pourcentage.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
2)- L’évolution de la “certification” de la population
urbaine en âge d’activité
Les chiffres relatifs à l’évolution de la “certification” confirment les tendances observées de la scolarité. En effet,
- La part des “sans diplômes” est en légère baisse (66 % à 63 %) mais
demeure largement prédominante ;
- Les parts des CEP (primaire) et du CES (secondaire premier cycle) stagnent en termes relatifs avec respectivement 15 % et 10 % ;
- Les parts des autres types de diplômes (Baccalauréat, diplômes supérieurs, diplômes de cadres moyens et de la formation professionnelle) sont
en hausse mais elles demeurent globalement très faibles (environ 12 %
par rapport à l’ensemble).
- Si la structure est préoccupante en général, elle l’est encore plus parmi
les femmes, où la part des “sans diplômes” s’est établie à 71 % en 1988.
3)- Les tendances du taux d’activité urbaine par type
de diplôme
Le constat principal à faire à ce niveau est que le taux d’activité est fortement correlé aux diplômes supérieurs et de la formation professionnelle. Les
taux d’activité sont les plus élevés pour ces deux cas.
On remarque cependant une baisse du taux d’activité pour les diplômés
du “supérieur”, baisse enregistrée depuis 1987. Ce qui s’est traduit par une
accentuation du chômage des diplômés de l’enseignement supérieur à partir de
cette date.
Les actifs en milieu rural : faiblesse marquée du niveau
d’instruction
Les données disponibles les plus récentes traitant de la question sont
celles fournies par l’enquête sur l’emploi en milieu rural de 1986-1987. Bien
qu’on ne puisse pas les examiner en termes de tendances, les chiffres sont plus
que significatifs.
Pour la population rurale en âge d’activité (15 ans et plus), on constate
que :
- 95 % n’ont aucun diplôme (98,3 % pour les femmes d’âge actif)
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
- la part du diplôme le plus élémentaire ne représente que 3 % (1 %
pour les femmes)
- la part revenant à tous les diplômes pris ensemble ne dépasse pas 1,2 %
(0,3 % pour les femmes).
L’enseignement secondaire et supérieur et la formation professionnelle
sont donc loin d’affecter de façon significative l’activité en milieu rural.
C - Le niveau d’éducation-formation et
l’occupation sectorielle et professionnelle de la
population active
Il s’agit à ce stade de déterminer l’impact de l’éducation-formation sur
les actifs occupés selon les secteurs d’activité et les occupations professionnelles
à la lumière des éléments d’informations fournies par les enquêtes ENPAU et
ENPAR (1986)4. Le choix de l’année 1986 est justifié par la possibilité de
comparaison qu’elle offre entre milieu urbain et milieu rural.
1. Le niveau d’éducation-formation par branches
d’activité économiques
Ce niveau est variable selon le milieu, on distinguera par conséquent le
milieu urbain du milieu rural.
a - En milieu urbain
A partir de la situation relative à l’année 1986, on peut faire ressortir les
résultats suivants :
- La part des “sans diplômes” représente environ 65 % de la population
active ; les branches d’activités les plus utilisatrices d’actifs sans diplômes
sont dans l’ordre décroissant :
• Le commerce de gros et de détail :
19,0 %
• Le textile-habillement-bonneterie :
17,8 %
• Les services personnels et domestiques : 10,5 %
• Le Bâtiment et les travaux publics (BTP) :
9,8 %
4 ENPAU : Enquête Nationale sur la Population Active Urbaine.
ENPAR : L’enquête Nationale sur la Population Active Rurale n’a été réalisée que
pour la seule campagne agricole 1986-87.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
- Au niveau du diplôme d’études primaires, les actifs urbains se retrouvent à concurrence de 17,6 % dans l’administration générale, de 14,4 %
dans le commerce et de 10,3 % dans les industries du textile-bonneteriehabillement, chaussures et cuir...
- Parmi la population active diplômée de l’enseignement supérieur (part
globale de 3,6 %), on remarque une concentration dans les services
sociaux collectifs (enseignement, santé, défense...) et dans l’Administration générale avec une proportion de 90 % environ du total. Le reste se
répartit principalement dans les services modernes (banques, assurances,...), les transports et communications, l’agriculture, l’énergie et le
commerce.
Les diplômés cadres moyens, avec une part globale de 2,7 % des actifs
urbains, se concentrent eux aussi dans les secteurs cités ci-haut.
- Les diplômés de la formation professionnelle, avec une part globale de
5,7 % environ de la population active urbaine, se répartissent successivement au sein de l’Administration générale (17 %), des industries textilehabillement-bonneterie du chaussures et cuir (16,5 %), les services
sociaux (7%), les banques et assurances et services aux entreprises (6,0%),
le commerce (6 %) etc,...
Cette structure s’explique par la prédominance (jusqu’à la fin de la décennie 1970) du secteur public en tant que principal employeur des diplômés du
système d’éducation. Il faudrait donc s’attendre à une certaine modification de
cette structure dans les années qui viennent devant le désengagement du secteur public au niveau économique et de l’emploi.
b - En milieu rural
On peut l’étudier à travers la répartition de la population active par
niveau scolaire selon les activités principales en milieu rural, pour les années
1986-1987 (Données ENPAR).
Parmi les actifs ruraux 84 % n’ont pas de niveau scolaire, 10 % sont du
niveau primaire, 2 % du niveau secondaire et seulement 0,35 sont du niveau
supérieur. Remarquons que les activités non agricoles en croissance emploient
des actifs ayant des niveaux d’instruction de plus en plus élevés.
A titre d’exemple, les actifs ayant un niveau universitaire se retrouvent
principalement dans les activités non agricoles (pour 85 % d’entre eux).
Dans l’agriculture, 87 % des actifs occupés n’ont aucun niveau d’instruction et 98 % d’entre eux n’ont aucun diplôme. De même, le taux de qualifica-
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
tion (personnels qualifiés sur total des personnels) ne dépasse pas 10 %.
Parmi les qualifiés, la part des lauréats de la formation professionnelle ne
dépasserait pas 5 à 6 %. Les lauréats de la formation professionnelle sont pour
la moitié d’entre eux du niveau le plus bas (spécialisation). Ce qui dénote une
ouverture encore très timide, même au niveau des grandes exploitations, au
recrutement de personnel qualifié ayant un bon niveau de technicité.
2. Diplômes et occupation professionnelle
L’occupation professionnelle est une caractéristique importante qui
indique le potentiel réel d’un contenu de savoir, de qualification et/ou de
savoir-faire liés à l’exercice d’une profession donnée.
Le but recherché ici est d’entreprendre une comparaison entre statut éducatif et statut professionnel.
a) - En milieu urbain
Par rapport aux actifs occupés, si l’on exclut les professions agricoles, les
principaux groupes de professions sont par ordre d’importance décroissante :
- Les ouvriers et manoeuvres non agricoles : 45,3 %
- Le personnel commercial : 15,2 %
- Les travailleurs des services : 14,5 %
- Le personnel scientifique et technique : 10,6 %
- Le personnel administratif : 9,5 %
L’analyse de la répartition de la population active urbaine (âgée de 15 ans
et plus) selon le groupe de professions et le diplôme le plus élevé obtenu permet de faire les constats qui suivent :
- Les niveaux les plus élevés, en terme de diplômes obtenus, se situent au
sein de deux groupes : le groupe des professions scientifiques, techniques
et libérales et le groupe du personnel administratif. En effet, on peut
relever d’une part que 32,5 % des personnels du 1er groupe sont diplômés de l’enseignement supérieur et, d’autre part, 21,8 % des personnels
du deuxième groupe sont des diplômés cadres moyens.
Par ailleurs, 88,3 % des diplômés des grandes écoles et facultés de médecine, 57,6 % des diplômés cadres moyens occupent des professions scientifiques, techniques et libérales, professions pour la plupart exercées dans les secteurs public et para-public.
- Les niveaux les plus bas se retrouvent au sein de trois groupes de profes-
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
sions urbaines :
• le groupe du personnel commercial (81,6 % sont sans diplômes)
• le groupe d’ouvriers et manoeuvres non agricoles (80,7 % de sans diplômes)
• le groupe des travailleurs spécialisés dans les services (74 % de sans diplômes)
Au sein de ces groupes, la part des actifs non diplômés dépasse la moyenne nationale de 65 %.
b) - Education et occupation professionnelle en milieu rural
Il convient de faire deux constatations concernant la population active
occupée rurale :
TABLEAU 7
STRUCTURE DE L’EMPLOI SELON L’OCCUPATION
SOCIO-PROFESSIONNELLE (ACTIFS OCCUPES),
1986 (en Pourcentage)
CODE
Groupe
Milieu Milieu
de professions
Urbain Rural
0/1
Personnel des professions
scientifiques et libérales
10,6
1,8
2
Personnel commercial
15,2
3,5
3
Personnel administratif
9,5
1,0
4
Travailleurs spécialisés
dans les services
14,5
20,3
5.6
Agriculteurs, éleveurs,
fores. pêch. chas.
et travailleurs assimilés
4,2
59,1
7.8.9
Ouvriers et manoeuvres
non agricoles
45,3
14,2
x
Autres personnes
ne pouvant être classées
dans les autres catégories 0,7
0,9
TOTAL
100,00 100,00
Source : ENPAU et ENPAR
- Pour tous les groupes de professions, les personnes sans niveau d’instruction représentent 84 % du total, avec une concentration marquée de
cette catégorie au sein du groupe des travailleurs agricoles,suivi du grou-
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
pe des exploitants agricoles et des ouvriers non agricoles.
- Le niveau supérieur (intervenant pour 0,35 % du total) concerne principalement, bien que non exclusivement,les professions libérales scientifiques, techniques et personnel administratif.
D - Niveau d’éducation-formation
et le chômage
Le phénomène du chômage des diplômés présente une physionomie différente selon que l’on soit en milieu urbain ou en milieu rural.
1) - Le chômage urbain selon le diplôme
Le chômage des diplômés est un phénomène essentiellement urbain.
En effet, les chômeurs urbains tous diplômes confondus représentent
57% du total.
Deux remarques découlent de l’examen de l’évolution de la période de
1985-1991 :
- Bien qu’en accroissement, c’est parmi la population urbaine diplômée
de l’enseignement supérieur (tout particulièrement des grandes écoles et
instituts) que le taux de chômage est le plus faible. Il est aussi en accroissement de 3,9 % en 1985, à 8,9% en 1990 et à 10,9 % en 1991.
- Les taux de chômage les plus élevés concernent par ordre d’importance
décroissante, les diplômés du baccalauréat (le taux est passé de 15 % en
1985 à 38,8 % en 1991), les diplômés de la formation professionnelle
(34,6 % en 1991), les diplômés du Certificat d’Enseignement Secondaire
(30,1 % en 1991 contre 18 % en 1985), les diplômés du primaire (22,7
% en 1991) et les diplômés de cadres moyens (21,6 % en 1991).
2) - Le chômage des diplômés en milieu rural
L’analyse de la structure du chômage rural montre que les chômeurs sans
niveau scolaire représentent 63 % du total, ceux du niveau coranique et primaire 26 % et ceux du niveau secondaire, supérieur et de la formation professionnelle 11 % .
Cependant, si l’on se réfère aux tendances observées, on relève que le taux
de chômage augmente avec le niveau du diplôme : plus celui-ci est élevé, plus
le diplômé est sujet au chômage : le taux est de 20 % pour les diplômés de
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
l’enseignement primaire mais de 28 % pour les diplômés de l’enseignement
secondaire, supérieur et de la formation professionnelle. Il ne faudrait donc pas
s’étonner de la désaffection croissante du monde rural pour l’institution scolaire.
3) - Les diplômés du niveau Baccalauréat et plus
La structure de la population en chômage (les diplômés) recensée par le
CNJA en 1991 fait apparaître la prédominance de trois catégories de diplômés
:
- Les bacheliers ou ayant un diplôme équivalent, constituant près de la
moitié de l’effectif total, soit 49,6 %.
- Les lauréats de la formation professionnelle qui représente 20,8 % de
l’ensemble
- Les titulaires d’une licence de faculté qui constituent 21,6 % de l’effectif recensé.
Précisons que ce groupement est assez hétérogène. Par conséquent, à
l’intérieur d’une même catégorie, les niveaux de chômage sont très variables
d’une filière de formation à une autre.
CONCLUSIONS
Malgré les imperfections découlant des insuffisances des données, on peut
relever les grands problèmes de l’emploi vus sous l’angle qualitatif.
- Un premier problème de taille est l’importance que revêt l’analphabétisme dans notre pays en dépit des investissements éducatifs réalisés
depuis l’indépendance. Le fléau touche l’homme mais surtout la femme
et les ruraux. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’elle
concerne de vastes catégories d’actifs occupés.
Le Maroc de cette fin de millénaire devrait faire face en premier lieu à la
question de l’analphabétisme et de l’élargissement de l’accès à l’enseignement de base. Les inégalités en matière de niveaux scolaires sont telles
qu’il faut qu’il y ait un engagement volontariste étalé dans le temps pour
les résoudre.
- Un second problème est relatif au niveau scolaire et de certification
de la population active (diplômes généraux ou professionnels) qui demeu-
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
re très insuffisant en milieu urbain mais tout particulièrement en milieu
rural où la part des sans diplômes représente respectivement 63 % et 95
% du total de la population en âge d’activité (15 ans et plus).
La part des diplômés de la formation professionnelle au sein de la population active ne représente que 6 % du total de la population en âge d’activité. Les besoins de formation de la population en activité sont
énormes. Il convient de souligner que le système d’éducation et de formation n’a pas montré sa pertinence par rapport aux besoins de l’emploi
des secteurs employeurs non publics, en particulier au sein des activités
dites traditionnelles et informelles où la majorité de la population travaille et survit. D’un autre point de vue, le niveau d’encadrement de
l’entreprise demeure insuffisant ; son amélioration est devenue
actuellement un impératif.
En somme, la majorité de la force de travail est faiblement instruite
et formée. Le niveau actuel d’éducation-formation n’est pas suffisant et la
conclusion qui en découle pour l’avenir est préoccupante : la majorité de la
force de travail d’aujourd’hui n’est pas préparée pour l’environnement
de travail de demain. En effet, la majorité des emplois qui seront créés par
les technologies nouvelles demandent généralement de plus en plus de qualification. Le rythme même du changement exige l’emploi de travailleurs plus
adaptables qui soient capables d’améliorer constamment leurs compétences.
D’où l’importance de la formation initiale et continue dans ce processus
d’adaptation. Ce qui devrait interpeller à la fois les opérateurs économiques et les formateurs.
Ce qui veut dire qu’il existe des “relations imparfaites” entre l’éducation
et le marché de travail. Il devient urgent de développer une meilleure intégration entre les systèmes d’éducation-formation et les secteurs socio-professionnels employeurs (Etat, collectivités locales, entreprises, associations professionnelles et organisations des travailleurs,....).
- Un troisième problème concerne la question du chômage des diplômés. Ce phénomène revêt une double signification. D’une part, à la base,
la question de l’insuffisance de la capacité d’absorption, en termes
d’emploi de l’économie nationale est fondamentale. D’autre part, le système d’enseignement et de formation doit mieux articuler ses formations avec les besoins du pays et de son économie. Dans ce cadre,
tous les jeunes doivent pouvoir acquérir et améliorer leurs qualifications,
la formation professionnelle initiale et continue doit devenir une priorité
nationale.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
CHAPITRE II
PERSPECTIVES DE L’EMPLOI
A L’HORIZON 2005
L
’analyse rétrospective de l’évolution de l’emploi au cours des deux
dernières décennies en liaison avec le rythme de croissance économique ouvre la voie à l’établissement de projections à moyen et
long terme. L’objectif de ces projections est de préfigurer les tendances futures
en matière d’emploi à la fois globalement, par secteur d’activité et selon les
qualifications. Les résultats qui en découlent serviront comme cadre de référence pour élucider les multiples questions relatives à l’emploi et en particulier
celles concernant les possibilités d’insertion des jeunes diplômés dans la vie
active, l’adéquation des profils de formation aux besoins futurs des entreprises
et des administrations et, enfin, les capacités d’adaptation du système d’éducation et de formation à un environnement économique et social en pleine mutation.
Après une présentation de l’approche méthodologique et les hypothèses
adoptées pour l’établissement des projections, l’analyse des perspectives de
l’emploi est effectuée au niveau global, par grands secteurs de l’économie et
selon les différentes catégories de diplômés ainsi que les groupes de professions.
Ces évaluations sont accompagnées d’une esquisse de l’évolution des
techniques, des modalités de leur diffusion dans les principaux secteurs d’activité, ainsi que des indications qu’exerceront ces techniques sur les structures
des emplois.
Etant donné les limites qu’imposent à la démarche méthodologique,
aussi bien l’insuffisance que les incertitudes liées à l’information statistique, les
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
résultats qui se dégagent d’une telle analyse ne peuvent prétendre apporter des
réponses définitives aux questions, aussi complexes les unes que les autres, que
soulève toute approche prévisionnelle de l’emploi. Ces résultats permettent
néanmoins d’esquisser les configurations les plus probables du marché du travail sur la base d’un rapprochement entre les besoins d’expansion de l’économie et les sortants du système d’éducation et de formation afin de mieux
asseoir les ajustements et correctifs nécessaires.
I - SOURCES STATISTIQUES ET MÉTHODE
DE PROJECTION
Les travaux de prévision dans le domaine de l’emploi nécessitent de nombreuses statistiques sur la population active, l’emploi et les activités économiques. Bien que des efforts importants aient été déployés en matière de collecte de données sur le marché du travail, force est de constater que les informations produites ne se prêtent pas toujours à l’analyse et aux besoins de la
prévision de l’emploi. Une présentation des différentes sources d’information
statistique et des nomenclatures retenues s’avère nécessaire avant d’aborder les
aspects méthodologiques du travail de projection.
I.1- SOURCES D’INFORMATION STATISTIQUES
A - Données sur l’activité économique
Paramètre central dans toute approche prévisionnelle de l’emploi, le
rythme d’évolution de l’activité économique à la fois globalement et par
grandes branches a été obtenu en se référant aux données sur les valeurs ajoutées. Les séries des valeurs ajoutées actuellement disponibles (base 1969 et base
1980) établies selon les grandes branches d’activité économique restent cependant relativement agrégées, en comparaison avec le niveau de détail retenu
dans le travail de projection. Pour déterminer les rythmes de croissance au
niveau des branches et sous-branches, les données sur les valeurs ajoutées ont
été complétées par celles portant sur les indices de production dans les secteurs
des mines, de l’énergie et des industries manufacturières.
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
B - Données sur l’emploi
Les informations sur l’emploi utilisées proviennent principalement des
deux derniers recensements de la population, des enquêtes sur la population
active urbaine, des études sectorielles et des sources administratives sur
l’emploi.
Toutefois, eu égard à la diversité des objectifs et des approches méthodologiques, l’exploitation de ces sources d’information n’est pas sans poser de difficultés quant à leur comparabilité dans le temps et dans l’espace. C’est pourquoi on a essayé d’articuler, dans la mesure où la couverture statistique et les
nomenclatures le permettent, ces sources d’informations pour constituer une
base d’estimation acceptable.
Les données des recensements de la population de 1971 et de 1982 ont, à
cet effet, servi de cadrage des évolutions globales pour les projections par secteurs et par professions.
Les observations de l’enquête annuelle sur la population active urbaine
pendant les années 80 ont été utilisées dans les projections des évolutions tendancielles de l’emploi au cours des années 90. Toutefois, les informations fournies par cette enquête n’ont pas permis d’affiner davantage ces projections pour
des catégories plus désagrégées des branches d’activité et des catégories de professions et de diplômés.
I.2- LES NOMENCLATURES
Les nomenclatures font partie des outils méthodologiques nécessaires à
l’élaboration des projections. L’analyse des informations et l’établissement de
ces projections ont été effectués suivant quatre types de nomenclatures :
- Nomenclature des activités économiques ;
- Nomenclature des professions ;
- Nomenclature des diplômes ;
- Nomenclature des niveaux de qualification.
A - Secteurs d’activité économique
La nomenclature marocaine des activités économiques (NMAE) a été
adoptée comme nomenclature de référence, en distinguant leurs subdivisions
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
en grands secteurs, secteurs, branches et sous-branches. Un travail d’harmonisation des autres classifications a été entrepris entre elles et par rapport à la
NMAE, pour les rendre aussi comparables que possible dans le temps et dans
l’espace.
B- Groupes de professions
Les besoins d’emplois par profession ont été évalués selon la nomenclature analytique des professions du Ministère du Plan, qui a servi à l’exploitation
du recensement de la population de 1982. Etant donné que cette nomenclature
découle de celle de 1971 révisée, plusieurs postes professionnels (à trois
chiffres) ont été modifiés et les codes changés. Il a fallu donc rapprocher les
deux nomenclatures pour assurer une correspondance des postes professionnels.
Cette nomenclature présente deux avantages par rapport aux classifications sectorielles. Etant la plus exhaustive, elle a permis d’effectuer des décontractions des groupes professionnels qualifiés et hautement qualifiés. D’autre
part, du fait qu’elle s’inspire largement de la classification internationale type
des professions (CITP), elle a facilité le rapprochement des données nationales
à celles des autres pays, permettant ainsi de situer dans le temps et dans l’espace l’évolution des coefficients professionnels et du profil de formation de certaines professions pour lesquelles on ne dispose pas d’informations.
La nomenclature des professions comporte les six grands groupes suivants
:
0/1.
2.
3.
4.
5/6.
7/8/9.
Professions scientifiques techniques et libérales ;
Personnel commercial et vendeur ;
Directeurs et cadres administratifs ;
Travailleurs spécialisés dans les services ;
Agriculteurs, forestiers et pêcheurs ;
Ouvriers et manoeuvres non agricoles ;
Ces six grands groupes sont subdivisés en cent groupes. L’analyse des
données et les projections de base ont été effectuées suivant la nomenclature à
450 groupes professionnels. Pour la présentation de ces résultats, on prévoit
d’utiliser une nomenclature dépassant les 250 professions aux fins de rapprochement avec les profils des sortants de la formation.
Par ailleurs, on a rapproché cette nomenclature de celle des emploistypes, qui caractérise principalement l’emploi occupé dans les entreprises du
secteur structuré. Au stade actuel de sa construction, il s’est avéré encore pré-
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
maturé de l’adopter comme outil de travail, d’autant plus que sa correspondance avec la nomenclature analytique des professions ne peut être systématique.
C - Catégories de diplômes
Pour faciliter la conversion des prévisions d’emploi en besoins de formation, il est nécessaire de disposer d’une classification des emplois et des professions par niveau d’instruction ou de formation. On a utilisé le critère de diplôme le plus élevé, critère permettant de rapprocher jusqu’à un certain point les
perspectives d’emploi à l’offre de formation.
On a adopté à cet effet la nomenclature des diplômes utilisée dans
l’enquête sur l’emploi, qui distingue les sept principales catégories suivantes :
E.F.1 :
E.F.2 :
BAC:
FAC:
G.E.:
C.M:
C.Q.P.:
Certificat des études primaires et diplômes assimilés
Certificat des études secondaires et diplômes équivalents
Baccalauréat et diplômes équivalents
Diplômes supérieurs délivrés par les facultés
Diplômes supérieurs délivrés par les grandes écoles
(y compris la faculté de médecine)
Diplômes de cadres moyens (diplômes et certificats
de techniciens et adjoints techniques)
Diplômes et certificats d’aptitude ou de qualification
professionnelle.
Pour prendre en compte la mise en place de la réforme de l’enseignement, les deux premiers niveaux ont été remplacés respectivement par le premier cycle (E.F.1) et le second cycle de l’enseignement fondamental (E.F.2).
Il faudrait noter que du fait que nombre d’entreprises recourent au marché interne pour la promotion de travailleurs qui acquièrent une expérience
qualifiante, la classification par diplôme ne permet pas de cerner la totalité des
besoins d’emploi par niveau de formation.
D- Niveaux de qualification
Etant donné que le diplôme est considéré en général comme un critère
nécessaire mais suffisant pour l’accès à l’emploi, il a fallu adopter une classification par niveau de qualification pour affiner davantage l’évaluation des
besoins de l’économie. Bien que des investigations aient été menées auprès des
secteurs pour connaître la structure des emplois-types, on ne dispose pas encore de données statistiques sur le niveau de qualification de l’ensemble des
emplois et des professions.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
Les niveaux de qualification utilisés dans cette étude sont ceux généralement adoptées dans les travaux d’évaluation des besoins d’emplois. L’échelle de
qualifications retenus comporte les quatre niveaux suivants :
• Les professions hautement qualifiées
• Les professions intermédiaires
• Les professions qualifiées
• Les professions non qualifiées
• Professions qualifiées : Ce groupe comprend l’ensemble des professions et métiers manuels qui exigent une connaissance précise des procédés mis en oeuvre et une grande habileté manuelle. Les personnes exerçant ces professions acquièrent généralement leurs qualifications par voie
de formation (initiale et continue) ou d’apprentissage sur le tas.
• Métiers non qualifiés : cette catégorie de métiers regroupe ceux qui
impliquent l’exécution de tâches simples mais qui exigent un effort physique plus ou moins important.
Il faudrait admettre que même en adoptant une définition relativement
précise des niveaux de qualification nécessaires à l’exercice des diverses
professions, il s’est avéré difficile d’attribuer, pour nombre de professions,
le même degré de qualification à toutes les personnes qui les exercent.
Pour contourner cette difficulté on a utilisé le niveau de qualification
dominant ou celui vers lequel évoluerait la profession;
Enfin, pour pouvoir rapprocher les sorties du système d’éducation et de
formation aux besoins de recrutement, on a adopté la classification par
niveaux de formation, définis comme suit :
• SANS QUALIFICATION :SANS DIPLOMES
• SPECIALISATION
:ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL
1er CYCLE
• QUALIFICATION
:CQP, ENSEIGNEMENT
FONDAMENTAL 2° CYCLE, BAC
• CADRES INTERMEDIAIRES:DIPLOMES DE CADRES MOYENS
• CADRES SUPERIEURS :LICENCE, ENSEIGNEMENTS,
DIPLOMES DE GRANDES ECOLES.
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
I.3. APPROCHE METHODOLOGIQUE
A - Période de référence et de projection
Considérant l’horizon de projection retenu pour l’établissement des perspectives d’emploi, les décennies 70 et 80 ont été choisies comme période de
référence. Celle-ci est suffisamment longue pour déceler les tendances lourdes
de la croissance sectorielle et de la progression de l’emploi et éliminer ainsi les
effets sur ces variables des fluctuations conjoncturelles et des cycles de productivité.
Les projections de l’emploi ont été effectuées par année de 1992 à 1996
et globalement pour la période 1996-2000, les évolutions moyennes ayant été
prolongées de manière linéaire sur la période 2001-2005.
B - Projection de l’emploi par secteur
Les projections de l’emploi par secteur sont basées sur les prévisions à
long terme effectuées par le Ministère du Plan. Ces prévisions intègrent les
facteurs susceptibles d’affecter à la fois la production et la productivité dans
chaque secteur.
La méthode d’approche5 de projection adoptée dans ces travaux a consisté
d’abord à distinguer d’une part le secteur agricole et les secteurs non-agricoles,
et de l’autre, les milieux urbain et rural. Comme les variations de l’emploi
dans le secteur agricole semblent relativement autonomes et régulières, l’évolution tendancielle a été extrapolée sur la période couverte par la projection.
En ce qui concerne les secteurs non-agricoles, l’évolution de l’emploi a été
obtenue par différence entre la croissance de la production et la croissance de
la productivité apparente du travail. Cette méthode suppose une liaison linéaire entre la croissance de ces trois variables, hypothèse qui se vérifie assez bien
dans le long terme.
En raison des spécificités du marché du travail en milieu urbain, les perspectives de l’emploi par secteur ont été déterminées en appliquant aux projections nationales la part du milieu urbain dans l’emploi total projeté, le volume
de l’emploi en milieu rural étant ainsi déterminé par solde.
5 Le modèle de base s’inspire largement de celui décrit in Ahmed BENRIDA,
James C.KNOWLES, A GENELIZED EMPLOYMENT PLANNING MODEL,
Ministère du Plan, 1986.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
53
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
C - Projection des catégories de diplômés
On a procédé d’abord aux projections des coefficients de l’emploi par
catégories de diplômés par secteur sur la base des variations moyennes observées entre 1987/1988 et 1989/1990. Etant donné la brièveté de la période de
base, les coefficients dont le sens de variation n’était pas net ou peu plausible
ont été redressés pour refléter l’évolution tendancielle probable à long terme.
Ensuite, les effectifs par secteur ont été multipliés par le vecteur des coefficients correspondants ; le volume net des créations d’emploi par catégories de
diplômés a été obtenu en faisant la différence des effectifs de deux années successives.
D - Projection des catégories professionnelles
Relativement plus élaborée, la méthode de projection de l’emploi par
professions en milieu urbain a comporté trois séries d’opérations. La première a
consisté à analyser l’évolution de la structure et les variations (1971/1982) de
l’emploi par grands groupes et par groupes de professions. La deuxième série
de calculs a consisté à projeter les variations des coefficients professionnels des
recensements et des enquêtes emploi, et à les rapprocher pour déterminer le
sens de variation et le rythme des évolutions au cours des années 90. Bien que
les différences entre les deux tendances ne soient pas significatives, les coefficients de l’enquête ont été calculés sur la base du recensement 1982, ce qui a
permis de reconstruire une série statistique pour la période 1971-1989 et
d’effectuer des projections sur la période 1991-2005. Enfin, les créations
d’emplois par profession ont été obtenus en multipliant ces coefficients par le
nombre des créations d’emploi projetées.
E - Interprétations des résultats des projections
Les projections effectuées pour la période s’étalant de 1993 à 2005 se
basent sur un scénario de croissance de 4,5% par an qui se situe dans le prolongement de l’évolution tendancielle constatée au cours des deux dernières
décennies.
Pour une interprétation correcte des résultats des projections, il importe
donc de noter qu’il s’agit (i) de projections reflétant l’évolution tendancielle
des structures de production, d’emploi et des qualifications correspondant à la
période de référence ; (ii) de besoins d’expansion pour les secteurs économiques
compte non tenu des besoins de renouvellement qui résulteraient des départs à
la retraite, des décès et de la mobilité professionnelle. Ces besoins de renouvellement, qui peuvent représenter un effectif important pour nombre de profes-
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
sions et métiers, n’ont pu être évalués par manque d’information ; et (iii) de
besoins de recrutement par le secteur de l’administration conformément aux
tendances observées par le passé.
Ceci étant, les résultats de ces projections sont présentés à la fois globalement, par secteur d’activité et par groupes de professions et catégories de
diplômes appelées tout court catégories SPD.
F - Evolution des tendances globales
L’évaluation des tendances globales des créations d’emploi selon les SPD
est très utile pour identifier les niveaux du système d’éducation et de formation qui devraient faire l’objet de régulation et de restructuration.
Par référence au scénario de croissance retenu, les créations d’emplois
pour l’ensemble des secteurs d’activité, s’éléveront à une moyenne de 228.000
par an entre 1992 et 1995, à 272.000 entre 1996 et 2000 et à 293.000 entre
2001 et 2005.
Ces créations d’emplois s’effectueront en grande partie dans les zones
urbaines où elles atteindraient en moyenne annuelle près de 160.000 emplois
au cours de la première période et de 195.000 emplois au cours de la seconde.
Malgré la baisse relative de la part du milieu rural dans le total des créations
d’emplois, les activités économiques dans ce milieu pourraient occuper
annuellement environ de 70.000 à 77.000 travailleurs pendant les périodes
considérées.
La structure sectorielle de l’emploi connaîtra des changements significatifs. La part des activités primaires dans l’emploi total enregistrera une nette
diminution accompagnée d’une augmentation corrélative de celles des activités secondaires et tertiaires. En effet, entre 1990 et l’an 2000, la part dans
l’emploi total des secteurs secondaires passera de 24% à 27% et celle des secteurs tertiaires de 36 à 45% . Comme il ressort du tableau ci-après, ces modifications seront encore plus perceptibles au niveau des créations d’emplois, lesquelles seraient assurées pour 52% par le secteur tertiaire, 36% par le secteur
secondaire et 12% seulement par le secteur primaire.
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 8
CREATIONS ANNUELLES D’EMPLOIS SELON
LES GRANDS SECTEURS D’ACTIVITE
1991-1995 1996-2000 2001-2005
PRIMAIRE
31 400
32 500
23 430
SECONDAIRE
80 200
98 400
106 860
TERTIAIRE
116 400
141 100
151 760
TOTAL
228 000
272 000
293 050
Résultats des projections effectuées par le CNJA
Comme on le verra plus loin, ces modifications influeront sur le contenu
et la composition professionnelle de l’emploi, notamment dans l’industrie
manufacturière et les services rendus aux entreprises.
Par ailleurs, l’évolution socio-professionnelle de la main-d’oeuvre connaîtra également des changements sensibles, caractérisés par un accroissement
non négligeable des travailleurs indépendants, des employeurs et des aides
familiaux. Bien que la part des salariés dans les créations d’emplois resterait
stable, leur proportion dans l’emploi total s’éleverait à 54% en l’an 2000
contre 49% en 1990.
Ces changements s’accompagneront d’une baisse sensible de la part des
emplois créés pour la main-d’oeuvre sans niveau d’instruction ; cette part passerait en effet d’une moyenne de 45% sur la période 1991-95 à 37% à l’horizon 2000.
Si la progression d’emploi s’avérerait insuffisante face à l’augmentation
des ressources de main-d’oeuvre et à la persistance de l’exode rural vers les
villes et son accentuation pendant les années de sécheresse, une partie de celleci s’orientera vers les activités informelles, lesquelles généreront des emplois
précaires et sous-qualifiés.
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TABLEAU 9
CREATIONS ANNUELLES MOYENNES
D’EMPLOIS PAR SECTEURS, MILIEU URBAIN
BRANCHES
D’ACTIVITE
1991-95 % 1996-2000% 2001-2005 %
Mines, Energie
et Ind. Manufact.46 11528,7 55 580 28,4 61 775
27,9
BTP
18 378 11,5 22 590 11,6 26 540
12,0
Commerce
28 280 17,6 31 930 16,3 35 655
16,1
Transports et
Communications4 570 2,8
Services
5 733
2,6
32 835 20,5 40 920 21,0 46 307
20,9
Pêche
et autres activités4 585 2,9
5 270 2,7
6 630
3,1
Administration25 728 16,0 33 260 17,0 38 460
17,4
TOTAL
5 860 3,0
160 490 100 195 410 100 221 100 100
Résultats des projections effectuées par le CNJA
La structure des créations d’emploi par niveau de qualification connaîtra
des changements sensibles. Les besoins d’expansion correspondant à la catégorie de main-d’oeuvre sans qualification précise continuent à croître en dépit de
la baisse relative de leur part dans le total des créations d’emploi. En revanche,
les besoins correspondant au niveau de la spécialisation croîtraient à un rythme
important, puisque leur part dans le total des créations d’emplois passera de
16,1 % à 19,1 % entre les périodes 1991-95 et 2001-2005.
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 10
CREATIONS ANNUELLES D’EMPLOIS PAR
NIVEAUX DE QUALIFICATION
NIVEAU DE
FORMATION
1991-95 %1996-2000% 2001-2005 %
. SANS QUALIFICATION72 200
45,0 79 800 40,8 81
580
36,9
. SPECIALISATION 25 830 16,1 34 500 17,7 42 220 19,1
. QUALIFICATION
dont CQP
22 930 14,3 30 680 15,7 36 250 16,4
8 330 5,2 11 020 5,6 13 200 6,0
. CADRES
INTERMEDIAIRES
11 800 7,4 16 820 8,6
. CADRES
SUPERIEURS
dont
- Licencié
- Grandes écoles
19 800 9,0
17 420 10,9 20 450 10,5 22 880 10,3
3 560 2,2 4 740 2,4
4 150 2,6 5 620 2,9
5 700
6 730
2,6
3,0
- Enseignants
9 710 6,1 10 090 5,2
10 450 4,7
. AUTRES
10 310 6,4 13 160 6,7
18 370 8,3
TOTAL
160 490 100 195 410 100 221 100 100
Résultats des projections effectuées par le CNJA
Le niveau “qualification” connaîtra également une augmentation importante, mais les besoins en diplômés des CQP resteront cependant limités en
volume, malgré l’augmentation de leur part dans les besoins globaux.
Les besoins en cadres intermédiaires sont relativement élevés, et connaîtraient un accroissement plus important que celui des cadres supérieurs dont la
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
part dans les besoins globaux pourrait enregistrer une baisse légère.
TABLEAU 11
CREATIONS ANNUELLES MOYENNES D’EMPLOIS
PAR GRANDS GROUPES DE PROFESSIONS,
MILIEU URBAIN
PROFESSION1991-95
% 1996-2000 % 2001-2005%
0/1
27 523
17,1
35 376
18,1
40 261 18,2
2
23 444
14,6
28 553
14,6
32 316 14,6
3
21 752
13,6
27 700
14,2
31 492 14,2
4
9 474
5,9
8 850
4,5
9 662 4,4
5/6
3 115
1,9
3 144
1,6
3 481 1,6
7/8/9
75 183
46,8
91 789
47,0 103 88947,0
TOTAL
160 490
100
195 410 100 221 100 100
Résultats des projections effectuées par le CNJA
0/1
Professions scientifiques, techniques et libérales
2Personnel commercial et vendeurs
3Directeurs et cadres administratifs
4Travailleurs spécialisés dans les services
5/6
Agriculteurs, forestiers et pêcheurs
7/8/9
Ouvriers et manoeuvres non agricoles
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
II. PERSPECTIVES DE L’EMPLOI PAR
SECTEUR ET PAR CATEGORIE DE DIPLOMES
A. LE SECTEUR INDUSTRIEL
La part de l’industrie manufacturière dans le PIB a été relativement
stable autour de 17%. Les légères baisses qu’elle connaît de temps à autres
s’expliquent par l’augmentation de la part de l’agriculture sous l’effet de
conditions climatiques particulièrement favorables. Le secteur de l’industrie
reste largement tributaire de la dynamique des branches de la chimie, des produits alimentaires, du textile et des produits issus de la transformation des
minéraux de carrière.
Du point de vue de la concentration de la production et de l’emploi, les
données relatives à l’année 1988 montrent que 76% des unités industrielles
organisées ont un effectif inférieur à 50 emplois permanents et leur participation à la production est de 16%. Les établissements qui emploient plus de 200
travailleurs réalisent 53% de la production et occupent 47% du total des
emplois permanents.
En ce qui concerne les perspectives d’avenir, le secteur industriel s’oriente
vers une plus grande valorisation des ressources locales, notamment dans les
branches des phosphates, des matériaux de construction et des produits agroalimentaires. Il s’oriente également vers le développement de la sous-traitance
en vue d’attirer les investissements extérieurs et assurer ainsi un transfert technologique.
Compte tenu de ces possibilités de développement, le secteur industriel
incluant les activités minières et énergétiques pourrait, d’après les projections
effectuées à l’horizon 2000, contribuer à la création de 46.000 emplois par an
durant la période 1991-95. Ce nombre pourrait même atteindre une moyenne
de 62.000 emplois par an à la fin de la décennie 90, ce qui correspondrait à
près à 28% du total des créations d’emplois.
La capacité de génération d’emplois se présente de façon différenciée
selon les principales branches des industries manufacturières.
1) Les industries agro-alimentaires :
La branche des industries alimentaires et celle des autres produits alimentaires (boissons et tabacs compris) ont enregistré au cours de la période de
référence des taux de croissance supérieurs à la moyenne (respectivement 6% et
60
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
5,7%). Au cours des années 80, quelques industries agro-alimentaires ayant
souffert d’un manque d’approvisionnement, ont toutefois connu une croissance
irrégulière due notamment aux fluctuations de la production agricole. Il s’agit,
en particulier, des industries de la conserve de légumes et de jus de fruits.
Dans une telle situation, les entreprises recourent de plus en plus à la maind’oeuvre temporaire, dont les effectifs ont crû aux taux de 30% entre 1985 et
1989.
Mais la majeure partie des industries agro-alimentaires continuera à
connaître une croissance relativement élevée, notamment les industries, les
sucreries, les laiteries, les huileries, les industries de l’aliment de bétail et des
boissons gazeuses. Globalement, les industries agro-alimentaires créeraient
annuellement près de 12.100 emplois entre 1992 et l’an 2000 et 15.800
emplois entre 2001 et 2005 dont 70% seront assurés dans les industries de
conserve de fruits et légumes, de viandes et de poissons, des produits laitiers et
des aliments pour bétail.
2) Les industries du textile et cuir
L’industrie des textiles et de la confection est devenue un facteur
d’expansion des industries légères, en substituant sa production aux articles
importés. En 1991, ce sous-secteur fournissait 33 % de l’emploi total de
l’industrie. Mais en dépit de sa mécanisation, ce sous-secteur demeure une
industrie de faible technologie, où le travail manuel reste encore prédominant
car le processus de production requiert beaucoup de dextérité. Les effectifs sont
en majorité constitués d’ouvriers qui ont acquis leur qualification sur le tas.
L’industrie du textile et cuir continuera à être l’une des branches les plus
dynamiques de l’industrie marocaine, en créant 16.000 emplois annuellement
au cours de la décennie 90, représentant le tiers du total des créations
d’emplois du secteur.
Considérant l’évolution de la demande du consommateur en matière
d’habillement et les exigences de concurrence dans ce domaine, on peut raisonnablement prévoir une amélioration de la structure de qualification de
l’emploi dans ce secteur.
3) Les industries mécaniques, métallurgiques et
électroniques
Au niveau des sous-secteurs des industries mécaniques, métallurgiques et électroniques (IMME), les branches de chaudronnerie, de menuiserie et de l’emballage métallique occupent la première place dans l’emploi
(39%), suivie par les branches du matériel de transport (19%), la branche de
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
construction de machines et de matériels de transport (14%), les produits de
l’industrie métallique de base et la branche du matériel de bureau et des instruments de précisions (7%). Bien que leur production soit fondée sur une utilisation intensive de capital, ces industries contribueraient à raison de 14% du
total des créations d’emploi dans le secteur industriel.
En ce qui concerne les tendances d’embauches selon les niveaux de qualification, on ne dispose que d’indications partielles relatives à l’industrie de
transformation pour les exercices 1987 et 1988. Sur un total de 30.000 recrutements au cours de ces deux années, on a dénombré 1920 cadres techniciens
et administratifs supérieurs, 3.800 cadres intermédiaires, 24.600 ouvriers qualifiés.
TABLEAU 12
EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS
PAR CATEGORIES DE DIPLOMES DANS L’INDUSTRIE
MILIEU URBAIN *
Type de Diplôme
1993
1995
2000
2005
Sans Diplôme
21 160 21 240
920
Enseignement Fondamental15 25017 070
200
Qualification
3 930 4 220
Cadres intermédiaires
2 900 3 270
Enseignement Supérieur 2 160 2 470
22 390
20
21 090
26
5 040
3 930
3 130
5 770
4 860
4 020
TOTAL
45 400 48 270
770
Résultats des projections effectuées par le CNJA
55 580
61
Les changements de structure de la qualification apparaissaient plus nettement lorsqu’on examine avec un peu plus de détails l’évolution des besoins
d’emploi par catégorie de diplômés. En effet, le changement le plus important
à prévoir est l’augmentation du nombre des cadres intermédiaires et des cadres
* y compris mines et énergie.
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
administratifs et techniques de formation supérieure. Suivant les hypothèses
adoptées, leur part dans l’emploi industriel devrait globalement passer entre
1991 et l’an 2005 de 4,5 à 8,7 %.
En revanche, la proportion des travailleurs non diplômés diminuera de
70,5 à 57,4% par la suite de l’élévation du niveau d’instruction de la maind’oeuvre et de modernisation des équipements. Toutefois, malgré les progrès
escomptés, la proportion des travailleurs sans formation professionnelle restera
encore considérable (84%).
B- LE BATIMENT ET LES TRAVAUX PUBLICS
L’expansion rapide de l’urbanisation implique la mise en oeuvre de programmes importants pour satisfaire les besoins croissants en matière d’infrastructure économique et sociale de base. Le développement des agglomérations
urbaines se poursuivra conformément aux schémas directeurs pour les villes
importantes et aux plans d’amélioration pour les centres urbains.
Aussi prévoit-on une augmentation importante de la production du secteur des BTP, fondée en grande partie sur la construction de bâtiments à usage
industriel, administratif et de logement, et sur la relance des travaux publics.
Dans le domaine de l’habitat social en particulier, les pouvoirs publics poursuivront la politique de restructuration des bidonvilles consistant à réaliser des
équipements collectifs sommaires (eau, électricité, voirie, assainissement) et
des projets intégrés créateurs d’emplois.
La mise en place de cette infrastructure générerait annuellement 18.000
emplois entre 1991 et 1995 et 23.000 postes entre 1996 et l’an 2000. On estime que 46% seulement de ces emplois seraient créés par le secteur organisé,
15% par le secteur non organisé localisé, et 39% par le secteur informel. Grâce
à sa forte intensité en main-d’oeuvre et à son impact immédiat sur la relance
de l’emploi, ce secteur pourrait ainsi être utilisé comme moyen de lutte contre
le chômage. Sa contribution au total des créations d’emplois pourrait dans ce
cas dépasser largement la proportion de 14 %.
La pyramide des qualifications du secteur des BTP demeure caractérisée
par la faiblesse des effectifs issus de la formation. On estime que sur 100 travailleurs du secteur, 82 sont sans diplôme, 8,7 possèdent le Certificat d’Etudes
Primaires, 2,5 le Certificat d’Etudes Secondaires, et 2,2 le diplôme de cadre
moyen, et moins de 1% ont le niveau de l’enseignement supérieur.
La réglementation progressive du secteur de la construction, l’introduc-
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
63
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
tion d’équipements économisant la main-d’oeuvre, et le développement de la
formation professionnelle sont autant de facteurs qui contribueront à améliorer
la structure des qualifications et la productivité de la main-d’oeuvre. Le personnel qualifié augmentera en importance relative, accompagnée d’une diminution correspondante de la proportion de manoeuvres non-qualifiés.
TABLEAU 13
EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS
PAR CATEGORIE DE DIPLOMES DANS LE BTP,
MILIEU URBAIN
Type de Diplôme
1993
1995
2000
2005
Sans Diplôme
11 830 12 600
Enseignement Fondamental
2 380
3 960
Qualification
1 620 1 950
Cadres intermédiaires 1 650 2 030
Enseignement Supérieur 430
510
13 350 14 100
2 690 3 200
TOTAL
17 910 19 780
Résultats des projections effectuées par le CNJA
22 590 26 430
2 580
2 780
680
3 560
3 960
850
Ainsi, la part des emplois qui seront créés au profit des cadres intermédiaires, augmentera de 4,2 à 15%, et celle des diplômés de niveau qualifié
évoluera au même rythme. En revanche, la proportion des créations d’emplois
qui seront destinées aux travailleurs non diplômés baissera de 66 à 53%.
C - LE COMMERCE
Le commerce est du point de vue de sa valeur ajoutée, le secteur le plus
important de l’activité productive marocaine. En effet, entre 1969 et 1990, sa
contribution au PIB a varié entre 20 et 25%. Son importance se manifeste également par le nombre d’emplois qu’il engendre.
Evoluant en fonction du rythme d’activité des autres secteurs, le commerce est appelé à jouer un rôle accru dans l’expansion de l’emploi en assurant
18% du total des créations d’opportunités de travail au cours de la décennie 90
64
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
avec une moyenne de 30.000 nouveaux emplois par an.
En raison de la diversité des activités composant ce secteur, l’analyse de la
structure de l’emploi a été affinée par sous-branches. Ainsi, on estime que
55,5% des créations d’emplois du secteur reviendraient au commerce des produits agricoles et alimentaires, 14,7 % au commerce des produits textiles, de
l’habillement et du cuir, 8,5% au commerce des autres produits industriels, le
reste étant réparti entre les commerces multiples non sédentaires et de récupération. Certains commerces, notamment les “grandes surfaces” sont susceptibles de se développer, et de modifier la dimension moyenne des établissements commerciaux.
Pour qu’il puisse jouer son rôle dans l’économie et exercer une action
d’impulsion de la production, le secteur devrait s’appuyer sur une meilleure
organisation des structures et des professions commerciales. En particulier, il
devra disposer d’agents initiés aux techniques modernes de gestion, capables
d’y intervenir d’une façon efficace.
Dans une optique de modernisation du secteur, il conviendrait d’entreprendre des actions visant à améliorer la qualification professionnelle des commerçants.
Considérant les exigences de compétitivité qu’impliquent la libéralisation de l’économie et l’ouverture du pays sur l’extérieur, certaines entreprises
industrielles intégreront les fonctions commerciales et de management, ce qui
entraînera la création d’emplois qualifiés dans ces domaines.
Au niveau du commerce extérieur, le développement des exportations est
conditionné par la mise en place de capacités de production compétitives,
s’appuyant sur la compétence des dirigeants, l’efficacité des cadres et la qualification des travailleurs. Cela exige également le renforcement de notre présence
sur les marchés extérieurs, par une meilleure utilisation des réseaux publics et
privés.
Concernant la composition de l’emploi dans le secteur du commerce par
niveau de qualification, les projections à l’horizon 2000 ne permettent pas de
dégager des modifications significatives. Les travailleurs n’ayant aucun diplôme continueront de représenter près de 63% de l’ensemble des emplois créés à
la fin de la décennie.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
65
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 14
EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS PAR
CATEGORIE DE DIPLOMES DANS LE COMMERCE EN
MILIEU URBAIN
Type de Diplôme
1993
1995
2000
2005
Sans Diplôme
18 200 20 660 20 130 21 600
Enseignement Fondamental5 520 6 320 6 890 7 950
Qualification
1 170 1 350 1 540 1 820
Cadres intermédiaires
1 810 2 120 2 560 3 250
Enseignement Supérieur 610
710
840
1 050
TOTAL
27310 31160
Résultats des projections effectuées par le CNJA
31960
35670
D - LES SERVICES
Les services qui ont connu durant la période de référence une évolution
positive contribuent pour environ 12,5% dans la réalisation du PIB. Bien
qu’elle ait connue un ralentissement au cours des années 80, la valeur ajoutée
du secteur s’est accrue au taux annuel moyen de 5,5 %.
La gamme d’activités économiques que compte ce secteur étant assez
hétérogène, l’évolution prévisible de l’emploi dans certaines activités de service
est souvent infléchie par les tendances opposées dans d’autres. Certains soussecteurs emploient une proportion relativement élevée de personnel qualifié
tels que la santé, les banques, les services fournis aux entreprises, alors que
d’autres comme les services personnels et domestiques, recourent à une maind’oeuvre peu qualifiée.
En contribuant à 21% du total des créations d’emplois en milieu urbain,
prévues pour la décennie 90, le secteur des services jouera un rôle dynamique
dans la promotion de l’emploi, avec une moyenne de l’ordre de 40.000 emplois
nouveaux par an.
66
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
TABLEAU 15
EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS
PAR CATEGORIE DE DIPLOMES DANS LES SERVICES,
MILIEU URBAIN
Type de Diplôme
1993
1995
2000
Sans Diplôme
13 860 14 680 16 250
Enseignement Fondamental9 26010 470 13 000
Qualification
2 850 3 140 3 860
Cadres intermédiaires
1 660 1 780 1 920
Enseignement Supérieur 3 510 3 850 4 530
Enseignants
950
1 080 1 360
2005
16 670
16 190
4 530
2 030
5 160
1 720
TOTAL
32 110 35 000 40 920 46 300
Résultats des projections effectuées par le CNJA
Ainsi, on estime qu’en moyenne sur cent postes d’emplois qui seront
créés dans les services, 11 iront aux diplômés de l’enseignement supérieur, 5
aux cadres de niveau intermédiaire, 9 aux lauréats de niveau “qualification” de
la formation professionnelle, 30 aux diplômés de l’enseignement fondamental
et 42 aux non diplômés et 3 aux enseignants.
L’augmentation de l’emploi dans le secteur tertiaire est un phénomène
universel, les rythmes de croissance et la composition professionnelle étant en
fonction du niveau de développement de chaque pays. Concernant les perspectives d’avenir, la diffusion technologique dans les fonctions de services et l’augmentation du nombre d’emplois de services dans les autres secteurs, et plus
particulièrement dans l’industrie, préfigurent un changement en profondeur
de la composition professionnelle de l’offre d’emploi à long terme.
E - L’AGRICULTURE ET LA PECHE
1- L’Agriculture
En raison du caractère saisonnier et des fluctuations d’activité, dues
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
essentiellement aux aléas climatiques, il est difficile d’aboutir à une évaluation
précise des créations d’emplois agricoles. Dans ce contexte, une augmentation
(diminution) de la production agricole se traduit généralement par une amélioration (baisse) de l’occupation des actifs, et donc par une réduction (augmentation) du sous-emploi. Ce qui conduit donc à retenir comme base d’analyse un volume d’emplois minimal reflétant l’évolution tendancielle à long
terme de la population active.
En se limitant au milieu rural6, les créations d’emplois attendues dans le
secteur agricole proprement dit s’éleveraient en moyenne annuelle à près de
24.000 entre 1992 et l’an 2000. Ce sont les cultures des céréales et légumineuses qui fourniraient le plus grand nombre d’emplois (53%), suivies de l’élevage (18%), des activités de maraîchage (6%), des cultures industrielles et
oléagineuses (5%), de la sylviculture (6%) et de l’arboriculture (4%), le reste
étant réparti entre les services connexes.
2- La pêche
Avec ses 3500 km de façades maritimes, le Maroc dispose d’atouts naturels exceptionnels dans le domaine de la pêche. S’agissant de l’activité de ce
secteur, la production halieutique est passée de 223.000 tonnes en 1969 à
553.000 tonnes en 1991 soit un taux d’accroissement annuel moyen de 6,7 %.
La valeur des exportations des produits de la mer a progressé au taux annuel
moyen de 12% entre 1988 et 1991. Concernant les investissements, 544 unités de pêche côtière ont été mises en service, et 223 navires pour la flotte de
pêche hauturière ont été immatriculées.
En se limitant au secteur organisé des pêches, on estime que la pêche côtière et
la pêche hauturière regroupent respectivement 84 et 16% des travailleurs du
secteur, et qu’environ 32% des effectifs de la pêche hauturière occupent des
emplois qualifiés en “pont et machines”, les effectifs de la pêche côtière étant
constitués de 21% de cadres navigants et de 75% d’agents qualifiés.
6 Certaines activités à caractère agricole sont localisées également dans les
zones urbaines (élevage de poulets, pépinières, cultures sous-serre,...)
68
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
TABLEAU 16
EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS
DANS LA PECHE
Catégorie de Pêche
1993
1995
2000
2005
Pêche côtière
Pêche hauturière
Pêche par canots
1 400
1 120
1 000
1 480
2 000
1 080
1 490
2 750
1 090
1 500
3 500
1 100
TOTAL
3 520 4 560
Résultats des projections effectuées par le CNJA
5 230
6 100
Le secteur de la pêche permettra la création d’un effectif élevé d’emplois
et la promotion sociale du maître-pêcheur, et pourra mobiliser un nombre
important de chercheurs scientifiques dans le domaine de la masse biologique.
Selon les prévisions, on estime que les effectifs d’embarquement en
milieu urbain augmenteront en moyenne annuelle, entre 1993 et l’an 2005, à
raison de 1500 marins sur les navires de la pêche côtière, de 2300 marins sur
les navires de la pêche hauturière, et de 1100 marins sur les canots.
F - L’ADMINISTRATION
Les contraintes budgétaires ont pesé lourdement sur les recrutements
dans l’Administration ; la part du secteur dans l’emploi total ayant été maintenue au seuil de 9 % (dans les pays développés, cette proportion varie entre 12
et 18%). La contribution de l’Administration à la création d’emplois n’a pas
encore atteint un niveau élevé au point de considérer la stabilisation des recrutements comme un objectif viable. Comme l’a souligné la Commission interministérielle sur le service civil, la stabilisation des créations d’emplois risque
de nuire à la capacité d’action de l’Administration en matière d’offre de service
public.
La structure des qualifications dans l’Administration reste caractérisée
par une stagnation de la proportion des cadres techniques, (le pourcentage de
diplômés recrutés dans cette catégorie étant fiable) et par une proportion relativement élevée d’agents sans formation précise, constitués principalement
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
69
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
d’employés subalternes. L’étude des liaisons Education-Formation-Emploi a
d’ailleurs montré qu’environ 30% des effectifs de l’Administration ont un
niveau de formation ne dépassant pas l’enseignement primaire.
Au delà de ces contraintes, le secteur public devra reprendre la place qui
lui revient dans la régulation du marché de travail en agissant tant sur le
niveau que sur la composition professionnelle des recrutements. Une participation accrue de l’administration à l’effort de développement et à l’expansion des
services publics, nécessiterait la création de 32.000 emplois par an entre 1992
et 1996. La progression de l’emploi concernera principalement l’enseignement,
la santé et les collectivités locales.
TABLEAU 17
EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS PAR
TYPE DE DIPLOME DANS L’ADMINISTRATION
Type de diplôme
1993
1995
2000
2005
Sans diplôme
640
570
1 030
1 033
Enseignement Fondamental
2 940
Qualification
820
1 650
1 620
2 940
9 100
1460
1 458
Cadres intermédiaires 2 930
2 890
5220
5 222
Enseignement Supérieur15 106 15 106
20091
9 437
Autres
10 274 10 717
13169 18 370
TOTAL
25 380 25 820
Résultats des projections effectuées par le CNJA
33260 38 460
Les possibilités d’action pour obtenir une progression maximale de
l’emploi varient d’un secteur à l’autre. De ce qui précède, on peut tirer les
remarques suivantes :
70
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
• Les finances publiques doivent être réorientées de manière à assurer un
rythme de croissance élevé, et les dépenses publiques restructurées pour favoriser les secteurs fortement créateurs d’emplois et moins coÛteux en importations.
• Dans un contexte de croissance soutenue, l’industrie manufacturière
pourra jouer un rôle essentiel dans la création des emplois qualifiés, en l’occurrence pour les professions scientifiques et techniques. Les facteurs déterminants de cette croissance sont (i) l’investissement dans les créneaux à rentabilité élevée, (ii) la maîtrise des processus industriels, (iii) l’élévation du niveau de
qualification et d’encadrement de la main-d’oeuvre, et (iv) l’amélioration de la
qualité.
• Dans les secteurs soumis à la concurrence internationale et interne,
l’objectif fondamental de la promotion de l’emploi ne pourra être atteint que
par le renforcement de la compétitivité et l’accroissement de la productivité
des facteurs de production.
• Les investissements publics d’infrastructure pourraient offrir des possibilités importantes de création d’emplois dans des domaines tels que le logement social, la construction de bâtiment et l’équipement dans les secteurs
sociaux.
• L’expansion de l’emploi dans les branches commerciales a été particulièrement remarquable par le passé et se poursuivra à un rythme plus rapide
durant les années à venir. Toutefois, pour qu’il contribue substantiellement à
l’emploi des diplômés, des actions de modernisation et l’organisation des
structures et des professions commerciales devraient être entreprises.
III. PERSPECTIVES DE L’EMPLOI PAR
FAMILLE DE PROFESSIONS EN MILIEU
URBAIN
Comme on l’a signalé dans la partie méthodologique, les projections de
l’emploi par type de qualifications et catégories de diplômés permettent de
cerner les insuffisances prévisibles du système de formation et de concevoir les
correctifs nécessaires.
Avant d’aborder les prévisions de l’emploi par profession, il est utile de
récapituler les perspectives d’emploi par catégories de diplômés. Le tableau ciaprès présente une vue d’ensemble de l’évolution des créations d’emplois.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
71
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
Comme on vient de l’examiner dans le chapitre précédent, la répartition
des futures créations d’emplois varie considérablement d’un secteur à l’autre.
TABLEAU 18
EVOLUTION GLOBALE DES CREATIONS D’EMPLOIS
PAR CATEGORIES DE DIPLOMES, MILIEU URBAIN
Type de diplôme
1993
1995
71 280
75 740
79 800 81 584
Enseignement Fondamental
60 381
Qualification
11 080
36 250
40 540 49 860
12 180
15 310 18 086
Cadres intermédiaires 11 340
12 470
16 820 19 800
Enseignement Supérieur7 470
8 320
10 350 12 432
Enseignants
9 670
9 910
10 090 10 447
Autres
10 270
10 710
13 170 18 370
Sans diplômes
2000
2005
TOTAL
157 360 169 870 195 400 221 100
Résultats des projections effectuées par le CNJA
Globalement, on estime que sur 100 emplois qui seront créés en l’an
2000 en milieu urbain, 41 pourraient être occupés par les travailleurs non
diplômés, 26 par les diplômés de l’enseignement fondamental, 8 par ceux du
niveau qualification, 9 par les diplômés ayant des profils de cadres intermédiaires, 5 par les diplômés de l’enseignement supérieur, et 5 par les enseignants et les formateurs.
A - LES PROFESSIONS HAUTEMENT QUALIFIEES
Les professions hautement qualifiées regroupent une grande partie de ce
qu’on appelle les professions libérales, scientifiques et techniques, notamment
les ingénieurs, les enseignants, les médecins, les avocats, les économistes, les
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
biologistes et chimistes, les cadres dirigeants, et cadres occupant des emplois
supérieurs.
Comme le révèle l’analyse du profil scolaire des emplois, la pénétration
de cette catégorie de professions n’est pas encore élevée, bien que leurs effectifs
aient connu une progression remarquable. En effet, entre les deux derniers
recensements, leurs effectifs ont cru au taux annuel moyen de 15 pour cent et
leur proportion dans la population active est passée de 6,4 à 8,9 pour cent.
On présentera ici les perspectives d’emploi dans les principales catégories
de professions et de fonctions pouvant constituer des débouchés ou un champ
de carrière pour les diplômés de l’enseignement supérieur.
Seront examinés successivement les postes professionnels suivants :
1 - Les directeurs et cadres administratifs supérieurs
2 - Les ingénieurs
3 - Les médecins
4 - Les professions juridiques
5 - Le personnel enseignant et formateur
6 - Les professionnels de l’information
1) - Directeurs et cadres administratifs
supérieurs
Ce grand groupe comprend les dirigeants et cadres supérieurs salariés 7
de l’Administration publique, des établissements semi-publics, et des entreprises privées. C’est un groupe hétérogène à la fois par des différences dans les
professions, les emplois exercés, les profils de formation et le statut. Dans le
secteur privé, les directeurs et les cadres administratifs supérieurs sont à l’évidence concentrés dans les grandes entreprises industrielles, commerciales et de
service. Toutefois on relève des différences marquées entre ces secteurs, dues
essentiellement à la diversité de structure et d’organisation des entreprises.
De par l’importance des responsabilités assumées, cette catégorie de personnel doit posséder un niveau élevé de compétence, ses fonctions consistant
principalement à préparer et à mettre en oeuvre les décisions dans les administrations et les entreprises publiques ou privées.
Entre 1971 et 1982, leurs effectifs ont enregistré une progression
7 Les propriétaires gérants ne font pas partie de ce groupe.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
73
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
notable, à un rythme annuel moyen de 6,6%. Toutefois, au cours des années
quatre-vingt, cette progression a été infléchie, notamment dans l’administration publique, suite aux restrictions budgétaires, qui ont ralenti le rythme des
recrutements des cadres scientifiques techniques.
L’augmentation des postes d’emploi intéressant cette catégorie de personnel résulte en général de la réorganisation des administrations, de l’extension
des entreprises existantes (créations d’établissements) et de la création de nouvelles sociétés appartenant au secteur moderne.
On ne dispose pas d’informations fiables ou d’études pour évaluer de
façon précise les besoins futurs en cadres dirigeants par fonction et par domaine. On estime cependant que, globalement, les emplois pour les cadres supérieurs croîtraient de 3600 par an entre 1993 et l’an 2000, moyenne qui dépasserait vraisemblablement 4200 en 2005.
TABLEAU 19
CREATION D’EMPLOIS DANS LES EMPLOIS
DES CADRES SUPERIEURS
CATEGORIES
DE DIRECTEURS
ET DE CADRES
1993
1995
2000
DIRECTEURS
ET CADRES SUPERIEURS 360
400
470
DIRECTEURS
ET CADRES DIRIGEANTS 2 590
2850
3 380
DIRECTEURS
DE COMMERCE
320
370
300
ENSEMBLE
3 250
3 570
Résultats des projections effectuées par le CNJA
4 220
En l’état actuel d’information, il est difficile d’affiner davantage cette
74
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
évaluation. Mais il est intéressant de signaler à titre indicatif les fonctions susceptibles de constituer un goulet d’étranglement pour bon nombre d’entreprises, et qui devraient y être renforcées et structurées en départements. Pour
les petites entreprises (moins de 20 salariés), dont le patron est souvent le principal dirigeant et s’occupe de la préparation du produit et même de sa vente,
les fonctions critiques sont celles de la comptabilité et de la commercialisation.
Au fur et à mesure que ces petites entreprises grandissent (20 à 500), elles sont
appelées à s’organiser pour répondre à la demande de leur clientèle, d’autres
fonctions s’imposent, dès lors notamment celles relatives à la production, la
gestion du personnel, et l’organisation du travail. Pour les grandes entreprises
(plus de 500 salariés), les fonctions les plus critiques sont celles
d’études/recherche/essai et de contrôle.
2) - Les ingénieurs
Tous les secteurs économiques, qu’ils soient des secteurs menacés ou de
pointe, auront besoin à des degrés divers d’ingénieurs pour qu’ils puissent
s’adapter à l’évolution technologique et introduire les innovations nécessaires.
Les effectifs d’ingénieurs ont cru, entre 1971 et 1982, à un taux annuel
moyen de 6,7 pour cent, accroissement qui a concerné principalement les ingénieurs des travaux publics et de bâtiment, les architectes, les ingénieurs électriciens et les ingénieurs agronomes. Malgré les contraintes budgétaires, près
de trois cents ingénieurs ont été recrutés annuellement par des départements
ministériels au cours de la décennie 80.
La composition professionnelle des emplois auxquels peuvent accéder les
ingénieurs, varie selon le type d’activité, le degré de spécialisation et de technicité des entreprises. Pour donner une vue d’ensemble sur les besoins, on a
regroupé les différentes spécialités en dix catégories : ingénieurs civils, ingénieurs, électriciens, ingénieurs électroniciens, ingénieurs mécaniciens, ingénieurs métallurgistes, ingénieurs chimistes, ingénieurs des mines, ingénieurs
agronomes, et ingénieurs conseils.
Les spécialités qui connaîtraient une croissance non négligeable concerneront les ingénieurs civils, les ingénieurs mécaniciens, les ingénieurs-conseils et
les ingénieurs électriciens et électroniciens.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 20
CREATION D’EMPLOIS D’INGENIEURS
MILIEU URBAIN
SPECIALITE
1993
1995
2000
2005
Ingénieurs Civils
Ingénieurs Mécaniciens
Ingénieurs Electriciens
et électroniciens
Ingénieurs-Conseils
Ingénieurs Chimistes
Ingénieurs Mines
Ingénieurs Agronomes
Autres
180
160
200
180
230
210
260
230
170
110
90
40
50
60
190
120
100
45
60
45
220
140
110
50
70
80
240
160
130
60
80
70
Ensemble
860
940
Résultats des projections effectuées par le CNJA
1110
1230
Il convient de noter que les débouchés de l’ingénierie traditionnelle ou
conventionnelle resteront très limités, tant qu’on aura pas jeté des bases de
l’ingénierie de pointe pour maîtriser le développement technologique et promouvoir les grandes unités industrielles. Pour des raisons évidentes, ce type
d’ingénierie ne créera pas de besoins élevés avant longtemps. Néanmoins certains créneaux sont très demandeurs d’ingénieurs actuellement, comme l’informatique et l’électronique.
Aussi est-il hautement recommandé de se pencher sur l’étude des possibilités de développement de l’ingénierie de l’électronique, télécommande et
télécommunication, de l’ingénierie informatique, de l’ingénierie nucléaire,
l’ingénierie des énergies renouvelables et de la bio-ingénierie, de l’ingénierie
navale et maritime.
3)- Les professions médicales
Globalement, les effectifs du personnel médical ont connu une progression rapide, au taux annuel moyen de 13,5% au cours de la période. En 1991,
le nombre de médecins a atteint près de 6000, soit un accroissement annuel
76
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
moyen de 11,7%. Toutefois, malgré cette croissance relativement importante,
la part du personnel médical dans les professions scientifiques et techniques
est restée stable au niveau de 14%.
Le rythme d’accroissement que connaîtra à l’avenir l’effectif des cadres
médicaux est lié à l’évolution des besoins de la population, aux revenus des
ménages et aux moyens financiers qui seront consentis au secteur de la santé.
Selon les approches normatives, les besoins potentiels évalués sur la base
d’un encadrement minimal d’un médecin pour 3000 habitants (la moyenne
nationale est actuellement de 4200 habitants par médecin), s’établiraient à
3880 médecins entre 1990 et l’an 2000, soit une augmentation annuelle de
390 médecins. Mais pour assurer une densité médicale compatible avec l’évolution des besoins de la population, celle correspondant à la moyenne des pays
à revenus intermédiaires, soit 2500 habitants par médecin, il faudrait environ
900 médecins supplémentaires par an.
Toutefois, considérant la nécessité d’une répartition régionale plus équilibrée des équipements et du personnel médical et paramédical, il nous a semblé
raisonnable de réviser à la hausse les évaluations des besoins futurs auxquelles
ont abouti d’autres études 8 .
Le taux de spécialisation retenu comme base de projection est de 57%,
taux qui pourrait baisser à long terme, avec la diversification des spécialités
médicales et la prise de conscience accrue de la population concernant les problèmes de santé.
8 Il s’agit notamment de l’étude sur le “Financement du secteur de la santé”
réalisée par le Ministère de la Santé Publique et de celle du Ministère du Plan,
portant sur l’offre d’emploi par profession.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 21
EVOLUTION DU NOMBRE DE MEDECINS
SUPPLEMENTAIRES PAR SPECIALITE
SPECIALITE
1993
1995
2000
2005
MÉDECINE GÉNÉRALE 380
CHIRURGIE
45
NEURO-PSYCHIATRIE
10
RHUMATOLOGIE
5
O.R.L.
20
PEDIATRIE
28
OPHTALMOLOGIE
22
DERMATOLOGIE
5
CARDIOLOGIE
15
ANESTHESIOLOGIE
11
ELECTRO -RADIOLOGIE 14
BIOLOGIE
18
STOMATOLOGIE
4
GYNECOLOGIE
30
PNEUMO-PHTISIOLOGIE 18
ENDOCRINOLOGIE
2
GASTROLOGIE
7
TRAUMATO-ORTHOPEDIE5
GYNECO-OBSTETRIQUE 19
GASTRO-ENTEROLOGIE 6
DERMATO -VENEROLOGIE6
AUTRES SPECIALITES
10
420
50
11
5
22
30
24
5
16
12
15
20
4
33
20
2
8
5
20
7
7
14
475
58
13
6
26
36
28
6
19
14
18
23
5
38
23
3
9
6
23
8
8
15
540
64
14
9
28
39
30
7
21
15
19
25
6
41
25
3
10
7
26
9
9
17
TOTAL
680
740
Résultats des projections effectuées par le CNJA
860
940
En se basant sur les tendances observées au cours de la décennie 80, les
spécialités qui prédomineraient sont la chirurgie, la gynécologie, la pédiatrie,
l’ophtalmologie, l’O.R.L., la cardiologie et la biologie.
L’évolution quantitative que connaîtra le secteur de la santé devra se faire
également vers une amélioration qualitative des prestations. Parmi les exigences de cette amélioration, il faut insister sur l’adaptation du profil de for-
78
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
mation aux objectifs des diverses formations hospitalières. Pour ce faire, il
convient de développer la formation continue et de mettre en place des programmes de recherche médicale multidisciplinaire, en associant notamment les
ingénieurs bio-médicaux.
4) - Les personnels enseignants et formateurs
Cette catégorie de cadres regroupe l’ensemble des corps enseignants des
universités, des établissements d’enseignement supérieur, des établissements
secondaires et des établissements de formation professionnelle.
Pour faire face à l’expansion des effectifs d’élèves, il a fallu former et
recruter un grand nombre de personnel enseignant. Entre 1970 et 1980, la
progression moyenne d’enseignants a été très importante : de 23% par an pour
les enseignants du secondaire et de 8,8% pour ceux du primaire. Au niveau de
l’enseignement supérieur universitaire, on a enregistré au cours de cette période une augmentation relativement importante du nombre d’enseignants portant l’effectif global à 5.865, soit un taux d’accroissement de 4,1%.
Au niveau de la formation professionnelle, le développement et le perfectionnement du corps des formateurs a constitué l’un des principaux objectifs
de la réforme de 1984 visant à améliorer la qualité de la formation.
Concernant les perspectives d’avenir, l’évolution des besoins des diverses
catégories d’enseignants dépendra principalement des objectifs quantitatifs et
qualitatifs qui seront assignés au secteur de l’éducation, notamment pour ce
qui est de la croissance future des effectifs d’élèves et d’étudiants, de l’amélioration du niveau d’encadrement, et des moyens financiers qui seront consentis
à ce secteur. En particulier, le développement rapide de l’enseignement fondamental entraînera un accroissement corrélatif des besoins en enseignants et formateurs.
En se situant dans la perspective d’une évolution tendancielle du système
éducatif, les créations de postes d’emploi pour les enseignants qui exercaient
dans les secteurs publics et privé en milieu urbain se chiffraient en moyenne
annuelle à près de 8.700 entre 1993 et l’an 2000. Avec la promulgation de la
loi sur l’encouragement de l’investissement de l’enseignement et de la formation, les besoins de recrutement des enseignants pourraient croître davantage,
et ce à tous les niveaux d’enseignement.
En se basant sur les recrutements des cadres enseignants durant la décennie 80, des projections tendancielles ont été effectuées, à titre purement indicatif, pour avoir une idée sur l’évolution et la structure des spécialisations par
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79
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
matière des effectifs des corps enseignant du 2° cycle fondamental et secondaire public. Selon cette hypothèse, le nombre d’enseignants supplémentaires
croîtrait en moyenne annuelle de 3.700 en 1995 à 4.200 en l’an 2005.
TABLEAU 22
EVOLUTION DU NOMBRE D’ENSEIGNANTS
SUPPLEMENTAIRES PAR DISCIPLINE
2° CYCLE DE L’ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL
ET SECONDAIRE PUBLIC EN MILIEU URBAIN
DISCIPLINE
1995
2000
2005
ARABE
HISTOIRE GEOGRAPHIE
PHILOSOPHIE
FRANCAIS
ANGLAIS
ESPAGNOL
ALLEMAND
INSTITUTIONS ISLAMIQUES
MATHEMATIQUES
PHYSIQUE-CHIMIE
SCIENCES NATURELLES
ECONOMIE
TECHNIQUE INDUSTRIELLE
TECHNIQUE COMMERCIALE
DESSIN
MUSIQUE
TECHNOLOGIE
CULTURE FEMININE
EDUCATION PHYSIQUE
INFORMATIQUE
AUTRES
590
350
60
610
135
30
5
222
630
278
330
7
33
15
34
50
20
278
12
610
370
60
650
143
40
5
234
660
292
350
8
35
20
38
60
22
292
14
-
670
400
69
700
154
50
5
252
720
315
380
9
38
25
40
70
24
315
20
-
3900
4200
TOTAL
3700
Résultats des projections effectuées par le CNJA
(*) Concernant le personnel enseignant de l’enseignement secondaire, on a fourni à titre
indicatif, les projections des effectifs additionnels par matières.
80
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
5) - Les professions juridiques
Les professions juridiques sont composées des avocats, des procureurs, des
juges, des conseillers juridiques, des notaires, des avoués, des conseillers fiscaux, des greffiers, des huissiers, et cadres des services du contentieux. Ces professions s’exercent soit dans le cadre de la fonction publique, soit à titre individuel ou en groupes, les débouchés étant différents selon le domaine de spécialisation et la branche d’activité. En général, les avocats, les notaires, les avoués et
les conseillers juridiques et fiscaux exercent dans les services, les autres professions sont concentrées dans l’Administration.
Entre 1971 et 1982, les effectifs de ces professions ont crû au taux annuel
moyen de 11,3%. Conformément à ces tendances, les effectifs augmenteraient
en moyenne de 1240 emplois par an entre 1993 et 2005. Cette augmentation
concernera aussi bien les emplois traditionnels (avocats, notaires, magistrats)
que les nouvelles professions de conseil juridique et de contentieux auprès des
particuliers ou dans les entreprises.
6) - Les professions de l’information
et de la communication
Cette catégorie de cadres regroupe tous ceux qui interviennent dans l’élaboration et la diffusion de l’information, tels que les journalistes rédacteurs, les
reporters photographes, les attachés de presse, les journalistes spécialisés, les
secrétaires de rédaction et d’édition, et les spécialistes de la publicité. Les professionnels du journalisme sont concentrés dans la presse, et ceux de la publicité dans les services.
Les perspectives d’emploi, qui apparaissent relativement limitées à
moyen terme, évolueront favorablement à long terme en fonction du développement des activités d’édition et des mass-médias et de l’élévation du niveau
culturel de la population.
B - LES CADRES INTERMEDIAIRES
Le rôle que joue cette catégorie de cadres dans le développement économique et social a pris une telle importance qu’elle figure désormais en bonne
place dans les nomenclatures des professions9 de la plupart des pays développés. Remarquons que l’appellation de “cadres moyens” adoptée dans la nomenclature nationale ne traduit pas tout à fait le contenu réel des emplois occupés
9 La classification internationale type des professions vient de lui consacrer dans
l’édition de 1988, révisée, une subdivision comportant 73 groupes de base.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
81
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
par cette catégorie de travailleurs. Ce sont plutôt des cadres intermédiaires,
dont la position hiérarchique est située entre le personnel hautement qualifié
et les ouvriers et les employés qualifiés, assurant ainsi la liaison entre la
conception et l’exécution. Deux questions se posent alors concernant leur place
dans les systèmes d’emploi et de formation :
- Occupent-ils des fonctions spécifiques ?
- Les emplois auxquels ils accèdent peuvent-ils être alimentés par les filières de formation ?
Les analyses de postes d’emploi montrent qu’il s’agit d’une catégorie plutôt fonctionnelle que professionnellement spécialisée, dont les responsabilités
et les fonctions dépendent bien entendu de la situation propre aux diverses
entreprises.
La classification des emplois de l’étude EFE a distingué au sein de cette
catégorie les techniciens supérieurs et les techniciens moyens, qui représentaient en 1984-85, respectivement 3,8% et 8,1% des effectifs permanents
(hors dirigeants) du secteur moderne, soit un taux d’encadrement de 2,5 techniciens moyens pur un technicien supérieur et de 4 ouvriers qualifiés pour un
technicien. La part des cadres intermédiaires varie d’un secteur à l’autre, les
proportions 10 les plus élevées ayant été observées dans les services (23,8 %),
les mines (16,5 %) et l’industrie (8,3 %).
Les cadres intermédiaires constituent une catégorie d’actifs hétérogène du
point de vue des niveaux de formation et des itinéraires professionnels. En
effet, l’analyse de l’origine scolaire des travailleurs révèle que la moitié de ces
cadres avaient en 1989 le niveau du second cycle. Une partie d’entre eux serait
d’anciens diplômés des lycées techniques et des centres de formation professionnelle.
Les cadres diplômés dont la formation correspond à celle des cadres intermédiaires représentent actuellement 3,6% de l’emploi, proportion qui pourrait
plus que doubler en l’an 2005. Les prévisions tablent sur un volume de création d’emplois en milieu urbain de l’ordre de 12.000 postes entre 1992 et
1995 et de 18.300 postes entre 1996 et l’an 2005.
Considérant l’évolution des besoins potentiels de l’économie durant les
années à venir, l’effectif des cadres intermédiaires devrait progresser plus rapidement que par le passé. Le tableau ci-après présente la répartition, par secteur
d’activité, des créations d’emplois réservés aux cadres intermédiaires. Notons
tout d’abord que le nombre des créations d’emplois augmentera sensiblement
10 A noter que le niveau élevé de ces pourcentages s’explique en partie par
l’inclusion des enseignants du 2ème cycle dans cette catégorie.
82
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
d’une année à l’autre. Les accroissements les plus élevés s’effectueront dans
l’Administration et l’industrie, qui, ensemble, représenteront plus de la moitié
du total des créations d’emplois projetées, suivis du BTP, du commerce (environ 17 % chacun) et des services ; le reste étant réparti entre les pêches, les
transports et les autres secteurs.
TABLEAU 23
EVOLUTION DES CREATIONS D’EMPLOIS
POUR LES CADRES INTERMEDIAIRES
SECTEUR D’ACTIVITE1993
1995
2000
2005
INDUSTRIE
2 930
BTP
1 650
COMMERCE
1 810
TRANSPORT
150
SERVICES
1 660
ADMINISTRATION 2 930
PECHES ET AUTRES 210
3 280
1 770
2 120
160
1 780
2 880
240
3 930
2 350
2 550
170
1 920
4 330
280
4 860
3 250
3 250
200
2 030
5 220
530
ENSEMBLE
11 340
12 230
Résultats des projections effectuées par le CNJA
15 530
19 340
Eu égard à l’importance de la progression des effectifs et de la place
qu’occuperont les cadres intermédiaires dans l’économie, il est recommandé
d’initier des formations intermédiaires professionnalisées avec des cycles de
courte durée. Ces formations permettraient, à brève échéance, de “récupérer”
les étudiants qui abandonnent leurs études et de leur assurer une formation
qualifiante, et, à long terme, de mieux réguler la production des diplômés de
l’enseignement supérieur en fonction des besoins de l’économie.
Les besoins globaux étant évalués par secteur d’activité, il convient maintenant de les affiner selon les principales catégories professionnelles suivantes:
• Les cadres paramédicaux
• Les professions des services sociaux
• Les techniciens des sciences physiques et technologiques
• Les techniciens de l’art
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
83
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
1) - Les cadres paramédicaux
Les professions intermédiaires de la santé comprennent les assistants
médicaux, les spécialistes de la nutrition, les assistants pharmaciens les préparateurs en pharmacie, et les techniciens de radiologie.
Comme pour le personnel médical, les perspectives d’emploi dans ces
professions sont liées à l’évolution des besoins de la population, à l’amélioration des revenus des ménages et aux possibilités de recrutement dans le secteur
de la santé publique.
Selon les prévisions tendancielles, les possibilités d’emploi se présentent
comme ci-après :
TABLEAU 24
CREATION D’EMPLOIS
DANS LES PROFESSIONS PARAMEDICALES
CATEGORIE DE PERSONNELS1993 1995
2000
2005
Personnel paramédical
. Adjoints de santé brevetés1 410 1 520
. Infirmiers diplômés d’Etat 550
590
. Techniciens de radiologie 47
50
. Anesthésistes
38
41
. Techniciens de laboratoire 40
43
. Préparateurs de pharmacie25
27
. Obstétrique
17
20
. Techniciens en hygiène du milieu 18
28
. Autres
75
76
1 760 1 870
680
730
60
62
47
51
50
53
28
34
25
30
20
24
76
47
40
30
20
50
45
30
Professionnels de l’appareillage
. Prothésistes dentaires
. Opticiens lunetiers
. Autres spécialistes
30
20
10
35
24
14
ENSEMBLE
2 280 2 460
Résultats des projections effectuées par le CNJA
2 840 3 030
Les professionnels de l’appareillage comprennent principalement des
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
opticiens lunetiers, des prothésistes (dentaires et orthésistes) et des podo-orthésistes. En dépit de leur faiblesse numérique, ces professionnels constituent des
auxiliaires indispensables des médecins, leurs possibilités d’emploi étant généralement liées à l’évolution de la demande médicale.
2) - Les professions des services sociaux
Les cadres des services sociaux organisent et surveillent les activités
sociales, récréative et éducative, dans des centres socio-éducatifs, et aident les
personnes handicapées ou en difficulté à améliorer leur faculté d’intégration
sociale.
Ce groupe rassemble des professions diversifiées, notamment les assistants sociaux et les conseillers du travail, les animateurs socio-culturels, les
moniteurs éducateurs, les conseillers scolaires. Les informations disponibles ne
permettent pas d’individualiser ces métiers pour donner des indications chiffrées sur les possibilités d’emploi. Toutefois, en prévision de l’élévation du
niveau culturel de la population, on s’attend à ce que ces professions connaissent une évolution favorable.
3) - Les techniciens des sciences physiques et
techniques
Ce groupe de techniciens accomplit des travaux de caractère technique,
liés à la recherche et à la mise au point des applications industrielles, notamment dans les domaines de la physique, de la chimie, de la géologie, de la géophysique, et du génie civil.
Font partie de cette catégorie de personnel les techniciens du génie
civil, les techniciens électriciens et électroniciens, les techniciens en construction mécanique, les techniciens en chimie industrielle, les techniciens de
métallurgie, et les dessinateurs industriels.
L’analyse du niveau scolaire des effectifs dans les différentes branches des
Industries Mécaniques, Métallurgiques et Electroniques, a permis d’identifier
les emplois types auxquels accèdent les techniciens. On trouve ainsi des techniciens en fabrication métallique ou mécanique, des techniciens de chaudronnerie, des techniciens en topographie, des techniciens d’ordonnancement, des
techniciens de méthodes industrielles, d’étude, d’essais et de contrôle mécaniques.
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85
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 25
CREATION D’EMPLOIS POUR LES TECHNICIENS
DES SCIENCES PHYSIQUES ET TECHNIQUES
CATEGORIE
DE TECHNICIENS
1993
1995
2000
Dessinateurs industriels 790
880
1 150 1 320
Techniciens électriciens
et électroniciens
490
550
725
830
Techniciens en
construction mécanique 130
150
190
220
Techniciens en
chimie industrielle
80
100
120
Techniciens métallurgistes80
90
100
140
Techniciens topographes
et géomètres
350
380
250
290
Techniciens de génie civil230
250
350
370
ENSEMBLE
70
2 140
2 380
2005
2 860 3 290
Résultats des projections effectuées par le CNJA
Le développement de l’agriculture nécessitera des techniciens dans les
domaines les plus variés : gestion de l’exploitation technique de culture et
d’élevage, commercialisation, et transformation des produits agricoles. Il est
difficile d’évaluer les besoins dans ce domaine, mais il est utile de mentionner
certaines spécialités qui pourraient faire l’objet de plus amples investigations:
techniciens en production de semences, en laboratoire agricole, en arboriculture fruitière et en viticulture, en horticulture, en production forestière, en protection des cultures, en protection de la nature, en laiterie, en commercialisation des produits agricoles, en machinisme agricole.
86
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
4) - Les techniciens de l’art
Cette catégorie de cadres rassemble les dessinateurs d’arts appliqués à la
production et à la publicité, les peintres et les portraitistes, les dessinateurs
caricaturistes et de dessins animés, les dessinateurs publicitaires, les maquettistes d’affiches, les dessinateurs en tissus, les modélistes en vêtement (de costumes de théâtre), les décorateurs, les photographes portraitistes.
Entre 1971 et 1982, le nombre des techniciens de l’art a enregistré une
forte augmentation de près de 161,7% soit un taux annuel moyen de 14,7%.
Les créations d’emplois s’éleveraient en moyenne à 600 par an entre 1993 et
2000 et à 700 par an entre 2000 et 2005.
C - LES EMPLOIS QUALIFIES (DIPLOMÉS CQP ET CAP)
Malgré leur faiblesse numérique par rapport à l’emploi total en milieu
urbain, les métiers correspondant aux emplois qualifiés jouent un rôle important dans les différentes activités économiques.
En dépit des efforts déployés pour la diversification des filières de formation correspondant à cette catégorie de diplômés, la pénétration de celle-ci
dans les secteurs reste encore très limitée. Cette situation a été mise en évidence par l’étude EFE qui a révélé que la proportion des salariés du secteur moderne ayant reçu une formation de niveau CAP et CQP, ne dépassait guère 5%.
Elle a relevé également l’existence d’une “sous-qualification” des voies d’accès
aux emplois correspondant au niveau “qualification”, puisque 47% des salariés
classés dans ce niveau n’avaient reçu aucune formation, alors que la proportion
de ceux possédant ces deux types de diplômes ne dépassait guère 6%.
Ces indications donnent à penser que les qualifications professionnelles et
techniques correspondant à ce niveau de formation avaient été principalement
acquises sur le tas et, dans une moindre mesure, par des cours de perfectionnement (formation non “diplômante”).
L’amélioration du niveau de qualification des travailleurs est certes reconnue comme l’un des facteurs déterminant de l’accroissement de la productivité.
Mais les pratiques d’embauche et le faible niveau de renouvellement de la
main-d’oeuvre semblent peser lourdement sur les possibilités d’emploi des
métiers correspondant au niveau qualifié de la formation professionnelle.
Le volume de créations d’emplois qui intéresseront les diplômés de for-
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
87
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
mation CQP et CAP, atteindrait en moyenne annuelle 8.500 postes entre 1993
et 2000 et 11.600 postes entre 2000 et l’an 2005, dont une large proportion
(45%) seront générées par les secteurs industriel et artisanal, suivi du BTP (23
%), des services (23%), du commerce (4 %) ; la contribution des autres secteurs étant relativement faible.
TABLEAU 26
CREATIONS D’EMPLOIS POUR LES DIPLOMES
CQP ET CAP EN MILIEU URBAIN
SECTEUR
1993
1995
2000
2005
INDUSTRIE
BTP
COMMERCE
TRANSPORT
ET COMMUNICATION
SERVICES
ADMINISTRATION
PECHES ET AUTRES
3 500
1 470
850
3 760
1 770
980
4 490 5 140
2 350 3 250
1 170 1 410
290
1 800
120
80
320
1 960
120
90
410
480
2 290 2 600
210
370
100
110
TOTAL
8 110 9 000
Résultats des projections effectuées par le CNJA
9 920 13 360
Les métiers correspondant au niveau qualification ont été classés suivant
les douze grandes catégories professionnelles suivantes :
- les métiers des mines et des carrières
- les métiers du bâtiment
- les métiers du travail des métaux
- les métiers d’électricien et d’électronicien
- les métiers du travail du verre et de la céramique
- les métiers de la chimie
- les métiers du bois
- les métiers de l’alimentation
- les métiers de l’hôtellerie et de la restauration
- les métiers du bureau et de secrétariat
- les métiers des transports.
Ces catégories professionnelles ont été subdivisées et différenciées selon la
88
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
spécialisation dans le poste d’emploi et par rapport à la nature du travail
accompli.
1) - Les métiers des mines et des carrières
Cette catégorie de métiers regroupe les mineurs, les boutefeux, les terrassiers, les carriers, les ouvriers du traitement des minerais et des pierres, les
paveurs, les ardoisiers, marbriers, les tailleurs graveurs de pierres, les sondeurs
et foreurs de puits.
Entre 1971 et 1982, les effectifs de ce groupe de métiers ont connu globalement un accroissement inférieur à la moyenne nationale, de près de 6% ;
leur part dans les effectifs d’ouvriers et manoeuvres non agricoles a diminué,
passant de 1,8 à 1,3%. Au niveau des sous-groupes professionnels, l’évolution
de l’emploi se caractérise par un accroissement des mineurs (8,2%) et carriers
(8,2). On prévoit une augmentation annuelle moyenne de leurs effectifs de près
de 2000 entre 1992 et 2005.
TABLEAU 27
CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS
DES MINES ET DES CARRIERES
CATEGORIES
1993
1995
2000 2005
. Mineurs
. Carriers
. Traiteurs de minerais
et de pierres
. Foreurs de puits
1 200
160
1 320
180
1 560 1 840
210
250
170
180
190
190
TOTAL
1 710 1 880
Résultats des projections effectuées par le CNJA
220
240
260
280
2 230 2 630
2) - Les métiers du bâtiment
Dans les métiers du BTP, on distingue en général les métiers du grosoeuvre et ceux du second oeuvre. Les premiers regroupent essentiellement les
maçons, les coffreurs, les briquetiers, les carreleurs, les monteurs de préfabriqué,les plâtriers, et les poseurs de revêtements de sol. Le second groupe de
métiers réunit d’une part, les plombiers, les installateurs du sanitaire, de l’eau,
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
du chauffage, de la climatisation et des ascenseurs, et de l’autre, les peintres,
les laqueurs, les vernisseurs, les modeleurs et les mouleurs.
En 1982, les métiers du bâtiment en milieu urbain représentaient
165.000 personnes, soit 7,3% de la population active. Entre 1971 et 1982,
l’effectif de ces métiers s’est accru au taux annuel moyen de 12,6%.
Les métiers du gros oeuvre prédominent puisqu’ils représentent 81,4% et
sont constitués en majorité de maçons (88,6 %). Concernant les métiers du
second oeuvre, les ouvriers de la couverture et de la plomberie et assimilés,
sont plus nombreux que ceux de la peinture et de la décoration.
Les métiers du bâtiment sont concentrés dans la branche du BTP ; le
reste étant dispersé entre les autres secteurs. Parmi les emplois du gros-oeuvre,
on estime que le tiers des métiers du travail des pierres sont exercés dans le
secteur du bâtiment, les deux tiers dans la branche des matériaux de construction.
TABLEAU 28
CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS DU BTP
CATEGORIE DE METIERS 1993
1995
2000
2005
1. Métiers du gros oeuvre8000
. Maçons et assimilés
6000
. Ouvriers du travail
du béton armé
630
. Briqueteurs, carreleurs 760
. Plâtriers et assimilés
610
2. Métiers du second
oeuvre
2700
. Poseurs de revêtements
de sol
750
. Couvreurs
760
. Peintres en bâtiment
750
. Autres
440
8810
6600
9950
7400
11220
8300
700
850
660
840
960
750
100
1100
820
2910
3290
3530
830
850
760
470
930
960
810
590
1030
1000
860
640
TOTAL
10700 11720
Résultats des projections effectuées par le CNJA
90
13240 14750
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
Le nombre des créations d’emplois dans les métiers du bâtiment et des
travaux publics croîtrait de près de 12000 entre 1993 et l’an 2000 et de
14.000 entre 2000 et 2005. Les métiers du gros-oeuvre représenteraient 75%
de ces créations d’emplois, les maçons 56%, les autres métiers connaîtraient
des augmentations moyennes variant entre 600 et 1000 emplois par an de
1993 à l’an 2005.
3) - Les métiers du travail des métaux
a. Les métiers du façonnage des métaux
Les métiers du façonnage et de l’usinage des métaux regroupent les forgerons, les outilleurs, les conducteurs de machines à outils, les conducteurs
d’appareils à surfacer, les serruriers, les conducteurs de presse mécanique.
L’ensemble des ouvriers exerçant ces métiers en milieu urbain représentait en
1982 près de 2% des métiers industriels, et avait cru à un taux annuel moyen
de 10% par rapport à 1971.
Malgré la baisse enregistrée entre 1971 et 1982, les emplois de la forge
restent prédominants, leur part dans l’effectif des métiers du façonnage des
métaux ayant passé de 65 à 59%. En revanche, les emplois qualifiés des
outilleurs, des régleurs-conducteurs de machines-outils et les affûteurs et
polisseurs, ont connu un accroissement moyen de 55% par an pendant cette
période .
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
91
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 29
CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS
DU TRAVAIL DES METAUX
CATEGORIE DE METIERS 1993
1995
. Fondeurs et lamineurs 90
100
. Couleurs et mouleurs
de sables
40
50
. Tréfileurs et galvaniseurs80
90
. Dresseurs, décapeurs
80
90
. Forgerons
170
180
. Outilleurs, conducteurs
de machines-outils
290
300
. Serruriers, conducteurs
de presse mécanique.
330
350
TOTAL
1 080 1 160
Résultats des projections effectuées par le CNJA
2000
110
2005
130
60
100
100
190
70
120
120
200
310
330
390
1 260
420
1 390
b. Les métiers de la soudure et de la plomberie
Font partie de ces métiers, les soudeurs et oxycoupeurs, les tôliers-chaudronniers, tôliers en carrosserie, les monteurs de charpentes et de structures
métalliques, et les plombiers et tuyauteurs.
Les effectifs de ce groupe de métiers ont enregistré un taux d’accroissement des plus élevés, de près de 20% par an entre 1971 et 1982. Le groupe
des plombiers, soudeurs et tôliers-chaudronniers ont fortement augmenté.
TABLEAU 30
CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS
DE PLOMBERIE ET DE CHAUDRONNERIE
CATEGORIE DE METIERS 1993
. Plombiers et tuyauteurs 770
. Soudeurs
930
. Tôliers-chaudronniers,
monteurs de charpentiers 430
TOTAL
2 130
Résultats des projections effectuées par le CNJA
92
1995
820
980
2000
910
1070
2005
990
1100
460
2 260
510
2 490
540
2 630
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
4) - Les métiers de l’imprimerie
Concentrés dans la branche des industries polygraphiques et de la presseédition, les métiers de l’imprimerie réunissent les ouvriers qualifiés de la photographie, de la photogravure, de la typographie, des conducteurs de machines
à imprimer, et des ouvriers de la reliure.
Pour bien situer ces métiers, il est utile de rappeler le processus de fabrication d’un imprimé qui comporte les phases suivantes :
• conception de la maquette et préparation de la copie
• composition des textes
• reproduction des illustrations
• mise en page et composition
• préparation de la forme imprimante
• impression
• façonnage
Bien que le poids de ces métiers dans les emplois de type industriel soit
faible, l’évolution fait apparaître une croissance remarquable des effectifs au
taux annuel moyen de 13 %.
Exercés en général dans les mêmes ateliers, les emplois de la photographie et de la photogravure représentent une faible proportion (3 % au niveau
national, comparé au tiers dans les pays développés). Les métiers de la photographie qui comprennent notamment les civilistes, les chromistes, et les
essayeurs, ont le pourcentage le plus faible, (environ 17 % dans les pays développés). En ce qui concerne les métiers de la photogravure, ils regroupent les
copistes graveurs, les assistants graveurs qui, par expérience, deviennent graveurs seconds, puis graveurs, et des retoucheurs sur cylindre.
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 31
CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS
DE L’IMPRIMERIE
TYPE DE METIERS
1993
1995
2000
. Typographes
. Conducteurs de
machines à imprimer
. Photograveurs
. Relieurs et autres
100
110
120
190
50
30
200
60
30
230
70
30
400
450
ENSEMBLE
370
Résultats des projections effectuées par le CNJA
Au niveau des métiers de la typographie, qui représentent un pourcentage élevé (25 %) des emplois de la composition et de l’impression, la photocomposition dans l’impression à grands tirages est appelée à prendre une
importance grandissante. Des métiers nouveaux s’imposeront, comme les clavistes monotypes et les lumitypes (composition machine). Les effectifs des
compositeurs typographiques et des conducteurs de machine à imprimer
(conducteurs de machine typo, conducteurs de machine offset, et conducteur
de machine hélio) connaîtront également une progression importante. Ainsi,
avec l’application de l’informatique à la pré-presse, on assistera au développement de la publication assistée par ordinateur. En revanche, les métiers de la
reliure et de la brochure, qui sont relativement peu nombreux 11 ne connaîtraient pas une évolution significative.
5) - Les métiers de l’alimentation
Font partie de ce groupe des métiers, ceux qui concourent à la préparation et à la transformation des produits agricoles et alimentaires. Ils regroupent notamment les conducteurs de machines pour la préparation des viandes
et du poisson, la fabrication des produits laitiers, du pain et des pâtisseries, le
traitement des fruits et légumes, la production du sucre, du thé et du café (les
cuisiniers sont classés dans les métiers de la restauration).
11 Ils sont cependant diversifiés, réunissant brocheurs, endosseurs, massicotiers,
rogneurs et conducteurs de machine à plier ou encarter.
94
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
Les métiers de l’alimentation et des boissons, qui représentaient en 1982,
9% de l’effectif des ouvriers de l’industrie, ont cru à un taux annuel moyen de
8%. La répartition selon les branches d’activité fait apparaître une concentration assez marquée de ces métiers dans les industries agro-alimentaires et, dans
une moindre mesure, dans le commerce et les services.
L’emploi dans ce groupe de métiers est lié en grande partie à la croissance
du niveau de consommation de la population et des exportations des produits
agro-industriels. Conformément à l’évolution tendancielle de l’emploi dans ce
secteur, les effectifs connaîtraient une augmentation importante, de l’ordre de
11.500 travailleurs en moyenne annuelle au cours de la décennie.
TABLEAU 32
CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS
DE L’ALIMENTATION
GROUPES DE METIERS
1993
. Meuniers
600
. Cuiseurs et ouvriers de la conserve
1 860
. Bouchers, poissonniers
2 450
.Boulangers,pâtissiers, confiseurs
5 270
. Travailleurs des produits laitiers
1 090
. Ouvriers préparateurs des boissons
540
Autres métiers
1 800
1995 2000 2005
660 790 940
1 250 1 330 1 570
2 650 3 140 3 720
3 420 3 760 4 450
200
550
920
350
380
450
1730 1 670 2 080
ENSEMBLE
10 070 11 06013 09015 500
Résultats des projections effectuées par le CNJA
On ne prévoit pas de changements significatifs de la composition professionnelle des emplois de l’alimentation. Les métiers pour lesquels on prévoit
un nombre élevé de créations d’emplois sont les boulangers et pâtissiers (35%),
les bouchers (24 %) suivis des cuiseurs et ouvriers de la conserve (12 %), des
travailleurs des produits laitiers (7 %) et des meuniers (3,4 %).
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
6) - Les métiers du tissu
On distingue trois groupes de spécialités professionnelles qui interviennent dans la production et la transformation des tissus : les métiers du
textile,les métiers de l’habillement, et les métiers de la tapisserie.
Les métiers du textile, qui sont nombreux et diversifiés, se retrouvent à
différents niveaux du processus de préparation des fibres et de tissage. Font
partie de cette catégorie de métiers les banbrocheurs, les étireurs et peigneurs,
les conducteurs de machines de peignage et de fibres textiles, les fileurs, les
bobineurs, les régleurs de métiers à tisser et à tricoter, les tisserands, et les tricoteurs.
TABLEAU 33
CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS
DU TEXTILE
METIERS DU TEXTILE
1993 1995
. Préparateurs de fibres
170
. Fileurs et bobineurs
2 450
. Régleurs de machines à tisser670
. Tisserands
4 010
. Tricoteurs
550
. Blanchisseurs
410
. Passementiers
390
2000
2005
190
220
260
2 700 3 180 3 750
740
870 1 030
4 400 5 210 6 140
600
710
840
450
530
630
420
520
600
ENSEMBLE
8 650 9 500 11 240 13 250
Résultats des projections effectuées par le CNJA
Le nombre de travailleurs qui exercaient ces métiers en 1982 représentait
3,5% de la population active ; par rapport à 1971, il a cru à un taux annuel
moyen de 9,6%. Concernant les perspectives d’avenir, le nombre de créations
d’emplois s’éleverait environ 10.000 en moyenne annuelle entre 1992 et l’an
2000. Ces besoins d’emploi se répartissent entre 46% pour les tisserands, 28
% pour les fileurs et bobineurs, 7,7% les régleurs de métiers à tisser et à tricoter, 6,4% pour les tricoteurs et ouvriers de la bonneterie.
Les métiers de l’habillement sont constitués des patronniers et coupeurs
96
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
de textile, des tailleurs, des couturiers, des couseurs et brodeurs et de tapissiers. Ils sont concentrés dans l’industrie de l’habillement, et du textile, et se
retrouvent également dans le commerce (magasins de prêt-à-porter) et dans les
services (ouvriers de repassage).
L’évolution intercensitaire fait apparaître une croissance très importante
des métiers de l’habillement, au taux annuel moyen de 30 pour cent, portant
leur part par rapport à la population active de 4,8 pour cent en 1971 à 10 pour
cent en 1982.
TABLEAU 34
CREATION D’EMPLOIS DANS LES METIERS
DE L’HABILLEMENT
METIERS DE L’HABILLEMENT
1993
1995 2000 2005
. Tailleurs modernes pour hommes
1 740 1 910
2 670
. Tailleurs modernes pour femmes1 5701 730 2 050
. Couturiers traditionnels pour hommes1 1101 220
1 700
. Couturiers traditionnels pour femmes4 360 4 760
6 980
. Couseurs et brodeurs
4 250 4 640 5 780
. Tapissiers
1 280 1 400 1 660
. Autres
2 610 2 870 3 400
2 260
2 410
1 440
5 230
6 800
1 960
4 000
ENSEMBLE
16 920 18 53021 820
26490
Résultats des projections effectuées par le CNJA
Les métiers de l’habillement connaîtraient un accroissement élevé, de
près de 18.000 par an pendant la décennie 90 à 23.000 entre 2000 et 2005.
Les métiers qui prédomineront sont les couseurs, les brodeurs et les couturiers
traditionnels pour femmes, suivis des tailleurs pour hommes, des tailleurs pour
femmes et des tapissiers.
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
E - LES EMPLOIS NON QUALIFIES
Les emplois non qualifiés comportent des tâches simples et routinières, et
exigent pour la plupart un effort physique considérable. Ils sont exercés par les
manoeuvres de l’agriculture, de la pêche, des mines, du bâtiment et des travaux publics, des transports, de certaines industries manufacturières, et par les
employés non qualifiés des services et de la vente.
Ces emplois sont occupés en grande partie par les personnes n’ayant pas
pu achever leurs études primaires. Le niveau de qualification de ces emplois
pourrait s’améliorer avec l’institution de l’enseignement fondamental et la
réduction de l’analphabétisme. Toutefois cette amélioration s’effectuera lentement en raison de la proportion encore élevée des actifs n’ayant suivi ni enseignement ni formation.
IV - DIFFUSION DES TECHNOLOGIES DANS
LES SECTEURS D’ACTIVITE ET LEURS
IMPACTS SUR LES STRUCTURES DES
EMPLOIS
L’évaluation des besoins futurs de l’économie en main-d’oeuvre resterait
incomplète si elle n’est pas accompagnée d’une appréciation globale de la diffusion du progrès technique dans les secteurs d’activité, et de son impact sur
les structures des emplois.
Pour satisfaire à cette perspective ambitieuse, il est indispensable de disposer de données et d’analyses, tant quantitatives que qualitatives, à la fois
détaillées et précises. Toutefois, en l’absence de ces études, on s’est efforcé de
donner des indications sommaires sur les principales évolutions de la diffusion
des techniques dans les certains secteurs de l’économie nationale.
Avant de présenter le schéma d’ensemble de la diffusion du progrès technique, il convient de rappeler brièvement la définition des concepts de “technologie” et de “technique”. Une “technologie” correspond aux connaissances
de base utilisées dans la mise au point d’un matériel donné, alors qu’une “technique” se réfère à une façon particulière de résoudre un problème spécifique.
Ainsi, le changement technologique est plus fondamental et plus lent, et
implique en général des modifications techniques.
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
Très schématiquement, les technologies susceptibles d’entraîner des
modifications profondes, peuvent être regroupées en trois grandes catégories :
. Les automatismes
. Les processus chimiques
. L’organisation
Le tableau ci-après met en évidence le schéma de diffusion à long terme
de ces technologies dans les secteurs d’activité, étant entendu que les indications qu’y sont présentées sont purement qualitatives. On peut constater que
les technologies des automatismes, qui relèvent notamment de l’électronique,
de la mécanique, de l’hydraulique, se développeront dans les branches fabriquant des produits en série. Le degré de pénétration de l’automatisation s’élèvera avec l’augmentation de la taille de la série.
Les technologies de la chimie engendreront des percées considérables
dans les branches des produits de consommation, courante telle que l’agroindustrie, l’industrie pharmaceutique, les équipements ménagers, les textiles,
et la cosmétique.
Les technologies de l’informatique sont en train de pénétrer la plupart
des secteurs d’activité et leur diffusion s’élargira davantage, dans la sphère de
la production de la gestion , et dans les services. Comme on l’a signalé dans un
souci de rentabilité et d’efficacité, les techniques d’organisation des entreprises
et de la société se développeront davantage comme outils de management et
d’administration.
Pour mieux illustrer l’impact de ces technologies, il est utile de les examiner pour certains secteurs d’activité.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
99
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
SCHEMA :
DIFFUSION DES TECHNOLOGIES
DANS CERTAINS SECTEURS D’ACTIVITE
TECHNOLOGIES AUTOMATISMES
SECTEURS
Hydr. Elect. Méca. Inform. Chim. Phys. Organis.
Pneum. Electr.
METALLURGIE
•
• •••
CONSTRUCTION
MECANIQUE
ET MONTAGE
••
••
•
••
CHIMIE ET
PARA-CHIMIE
••
•• •••
AGRO-INDUSTRIE
•• ••
PAPIERS,
IMPRESSION
••
BORS,
AMEUBLEMENT
•
TEXTILES
• ••• ••
CONFECTION
•• •• ••
CUIRS, ARTICLES
EN CUIRS
•• ••
•
B.T.P.
•
•
•
AGRICULTURE
SERVICES
••
• : DIFFUSION LENTE
•• : DIFFUSION SIGNIFICATIVE
••• : DIFFUSION IMPORTANTE
•
•
•••
•
•
••
••
•
•
••
•
••
•
••
•••
••
•
•
•
Les innovations techniques qui présentent de l’intérêt pour l’industrie
chimique sont celles qui touchent la plupart des domaines d’activité. L’industrie chimique fera davantage appel aux dispositifs électroniques pour la sélection et la combinaison des molécules, à la robotique industrielle pour la manipulation des agents nocifs, et à la biotechnologie pour le chômage et la reproduction sélective.
100
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
Si le niveau actuel des techniques de transformation du bois est plutôt
faible, elles évolueront à long terme, dans la mesure où elles intégreront les
progrès considérables de la mécanique et de l’électronique, notamment dans
les procédés de fabrication des sciages, et panneaux, (de fibres et de particules)
et du mobilier.
Au niveau des industries du cuir, les nouvelles technologies se propagent
en général lentement, mais pour mieux soutenir la concurrence, certaines
entreprises seront amenées à introduire les changements techniques. Deux éléments majeurs auront des incidences importantes sur le processus de fabrication, à savoir l’utilisation des matières synthétiques améliorées, et l’introduction progressive des systèmes assistés par ordinateur (découpage automatisé)
pour améliorer la productivité, les modèles, l’esthétique et le confort.
CONCLUSION
L’analyse des tendances de l’économie et de l’emploi a permis de mettre
en relief les contraintes et les pesanteurs qui confèrent à leur évolution son
rythme et son profil.
Plusieurs enseignements majeurs peuvent être dégagés :
- Au niveau quantitatif, la croissance de l’emploi est soumise à une rigidité structurelle relative liée à la problématique globale de la promotion de la croissance économique (évolution du taux de croissance, répartition sectorielle de la croissance, maîtrise des déterminants de la croissance etc...
- Au niveau qualitatif, les emplois créés par l’économie présentent un
profil et une structure qui traduit une faible valorisation des ressources humaines. (faiblesse de l’emploi qualifié dans les emplois créés
annuellement, degré de sous-encadrement de l’entreprise etc...).
De ce fait, il semble que le défi de l’économie marocaine réside dans la
double maîtrise de son rythme de croissance et de sa politique des ressources
humaines qui passent principalement par la recherche conjointe d’une
meilleure articulation entre le système productif et le système éducatif.
La nécessité pour ce dernier de s’ouvrir et de s’adapter est une composante majeure de ce scénario visant l’atténuation des distorsions au niveau du marché du travail entre les besoins en emplois de l’économie et les sortants du système éducatif.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
101
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
DEUXIEME PARTIE
LE SYSTEME EDUCATIF :
DIAGNOSTIC, TENDANCES ET
PERSPECTIVES
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
A
ujourd’hui, plus que par le passé, toute politique active de
l’emploi est fortement tributaire de l’articulation entre l’éducation et l’emploi.
La maîtrise relative de cette articulation s’avère donc une condition
essentielle en matière d’équilibres socio-économiques.
Pour pouvoir appréhender correctement l’articulation entre le Système
Educatif et le Système Productif, il est nécessaire d’effectuer un diagnostic
prospectif de chaque système. Cette partie sera consacrée au diagnostic du Système Educatif dans ses principales composantes.
Quelle est l’hypothèse globale qui sous-tend ce diagnostic du système
éducatif ?
Quels sont les objectifs essentiels d’une telle réflexion ?
Quelles sont les sources documentaires utilisées ?
Ce sont là les questions méthodologiques importantes auxquelles il est
nécessaire de répondre préalablement.
1- HYPOTHESE GLOBALE
Les travaux de réflexion et de concertation menés au sein du Conseil
National de la Jeunesse et de l’Avenir ont à chaque fois débouché implicitement ou explicitement sur la nécessaire maîtrise de l’articulation entre Système Educatif et Système Productif.
Certes, la progression démographique, l’évolution technologique extrêmement rapide, l’influence d’une multitude de variables externes au niveau du
Système Productif sont autant de facteurs explicatifs de la complexité de cette
articulation. Néanmoins, malgré cette complexité, la maîtrise de l’articulation
entre Système Educatif et Système Productif est un enjeu fondamental tant sur
le plan économique que socio-politique.
Si le système éducatif doit continuellement tenter de s’adapter aux transformations du paysage économique et social, le système productif ne saurait, à
son tour, évoluer vers un véritable management performant s’il n’intègre point
les progrès de la réflexion et de la science sécrétés par le système éducatif.
104
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
Aussi une bonne articulation entre les deux systèmes suppose un dispositif permanent de concertation et de feed-back positif à différents niveaux.
Partant de cette hypothèse, la présente étude, tout en constituant le prolongement des réflexions et analyses menées au sein du CNJA, adoptera une
démarche systémique prospective afin de dégager quantitativement et qualitativement les performances et les dysfonctionnements prévisibles au niveau de
cette articulation Système Educatif/Système Productif. Dans ce cadre il
s’agit tout d’abord de présenter un diagnostic fonctionnel et prospectif
du système éducatif, compte tenu de ses différentes composantes.
2 - DELIMITATION DES OBJECTIFS
Les objectifs poursuivis dans cette étape, eu égard à la problématique
générale, sont les suivants :
• Cerner quantitativement et qualitativement le système éducatif
dans ses principales composantes. Ce diagnostic est mené par rapport
à la préoccupation principale, celle de l’emploi et donc de l’articulation
entre les deux systèmes.
• Mener une approche prospective des différents sous-systèmes de
l’ensemble éducatif. Cette approche a consisté en l’élaboration de
scénarios d’évolution à partir de certaines hypothèses.
• Dégager les dysfonctionnements internes propres à chaque soussystème et envisager les voies d’une meilleure cohérence entre les différents sous-systèmes et formation ainsi que les bases d’une articulation
plus performante entre le Système Educatif et le Système Productif.
3 - METHODOLOGIE D’APPROCHE DU
SYSTEME EDUCATIF
Il s’agit de présenter l’approche des sous-systèmes qui composent le système éducatif.
Cette première étape vise à décrire l’organisation actuelle et projetée du système éducatif, en vue d’identifier les liens entre les sous-systèmes qui le composent et les changements qui y seront introduits durant les années à venir.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
A - LES COMPOSANTES DU SYSTEME EDUCATIF
L’ensemble éducatif a été considéré comme un système autonome, caractérisé par des intrants (écoliers, élèves, étudiants, moyens humains, infrastructurels et financiers, programmes de formation etc...) et des extrants ou outputs
( diplômés, abandons et exclus).
Le Système Educatif est lui-même composé de trois sous-systèmes autonomes et inter-dépendants entre eux :
- Le sous-système d’Enseignement Fondamental et Secondaire (EFS).
- Le sous-système d’Enseignement Supérieur (SES)
- Le sous-système d’Enseignement Professionnel ( S.E.P)
B - TENDANCES PASSÉES ET HORIZON DES
PROJECTIONS
L’analyse quantitative des tendances passées et récentes des différents
paramètres des effectifs des flux des entrées et sorties du système éducatif sera
réalisée selon les différents niveaux, cycles, types ou filières d’enseignement et
de formation.
Pour faire cette analyse, un cadre d’évolution a été établi pour chaque
sous-système, définissant notamment la classification des sorties, la nomenclature des filières d’enseignement et de formation, les méthodes de calculs de
taux d’écoulement, des taux de transition, des taux de sorties.
En se basant sur l’évolution tendancielle dégagée précédemment, des
projections ont été effectuées à l’horizon 2000, compte tenu des changements
prévisibles.
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
CHAPITRE I
LE SYSTEME DE L’ENSEIGNEMENT
FONDAMENTAL ET SECONDAIRE
L
e sous-système de l’Enseignement Fondamental et Secondaire
(EFS) constitue la base de la pyramide du système éducatif. Au
plan des effectifs, il regroupe le nombre le plus important de la
population scolaire.
Au plan pédagogique et des apprentissages, il représente la période la
plus cruciale : celle où les élèves reçoivent la scolarisation et la formation fondamentales qui structurent les acquisitions de base, le savoir-faire et les modes
d’être initiaux. C’est dire l’importance que revêt l’EFS dans la perspective
d’une meilleure articulation avec le système productif, et dans la préparation
des apprenants à une meilleure insertion socio-professionnelle. On peut donc
se demander dans quelle mesure la politique scolaire de l’enseignement fondamental et secondaire prend en compte cette dimension ? A quel moment elle
anticipe sur la trajectoire scolaire des jeunes pour l’orientation dans ce sens ?
Et enfin dans quelle mesure le système dote-t-il les clientèles des élèves et des
parents de l’information nécessaire pour élaborer les stratégies de formation et
d’insertion adéquates ?.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
I. LA REFORME DU SYSTEME EDUCATIF
L’enseignement de base institué en 1985 a été l’aboutissement de nombreuses études effectuées par des experts nationaux.
Les objectifs principaux de cette réforme peuvent être résumés ainsi :
La structure de l’enseignement de base se compose de deux cycles :
• Un cycle élémentaire de six années d’études qui débouche soit sur la
formation professionnelle soit sur le cycle moyen d’enseignement général.
• Un cycle moyen de trois années d’études avec un deuxième palier
d’orientation menant à la formation professionnelle ou au cycle secondaire littéraire, scientifique ou technique.
Par conséquent, cette réforme vise à créer des passerelles entre l’enseignement général et la formation professionnelle à la fin de chaque cycle, c’està-dire la 6ème année de l’enseignement de base, la 3ème année de l’enseignement secondaire et la 9ème année de l’enseignement fondamental.
Parallèlement, cette réforme tente de diversifier les branches littéraires,
scientifiques et techniques dès la première année de l’enseignement secondaire,
pour aboutir à des baccalauréats spécialisés qui permettent des études spécifiques et de durées variables au niveau de l’enseignement supérieur.
La finalité de cette orientation est de donner la priorité à l’enseignement
technique et à la formation professionnelle.
Au niveau de l’efficacité interne, la réforme tente d’améliorer le taux
d’écoulement des effectifs au sein du système de l’enseignement fondamental
et secondaire, en réduisant le taux de doublement et le taux d’exclusion et par
conséquent, de déperditions.
C’est ainsi que la réforme prévoit d’amener les taux de transition au
second cycle de l’enseignement de base à 80 % en 92-93.
Sur le plan pédagogique, la réforme se fixe comme objectif d’améliorer la
qualité de l’enseignement, grâce notamment aux mesures d’accompagnement
suivantes :
• Refonte des programmes d’enseignement et révision des manuels ;
• Révision des méthodes et moyens d’enseignement ;
• Recyclage des enseignants en service et révision des programmes de formation des
108
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
cadres du système éducatif ;
• Accroissement et diversification des moyens et du matériel didactique mis à la
disposition des élèves et des enseignants ;
• Allégement de l’effectif moyen par classe (30 élèves en moyenne par classe) ;
• Institution d’une pédagogie de soutien pour les élèves en difficulté scolaire afin de
diminuer les déperditions à un tiers de leurs taux à partir de 1985-86.
II. DIAGNOSTIC ET TENDANCES DU
SYSTEME DE L’ENSEIGNEMENT
FONDAMENTAL ET SECONDAIRE
Les projections des effectifs de l’Enseignement Fondamental et Secondaire de 1989 à l’an 2000 présentent les taux de scolarisation, les taux d’écoulement, de redoublement et d’abandon selon le milieu, les niveaux et les filières.
Ces projections sont établies sur la base d’une hypothèse haute qui
semble relativement optimiste, notamment en ce qui concerne l’évolution du
taux de scolarisation et des taux d’écoulement au plan national. C’est cette
option qui est retenue au plan des orientations.
II.1- DIAGNOSTIC QUANTITATIF DE LA SITUATION
ACTUELLE
Le diagnostic quantitatif sera réalisé sur la base des statistiques de 1989
qui ont servi à l’élaboration des projections fournies par le Ministère de l’Education Nationale. La cohérence statistique d’ensemble pourra ainsi être préservée.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
109
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 1
STRUCTURE DE L’ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL
ET SECONDAIRE (1989) (*)
TYPE D’ENSEIGNEMENT
EFFECTIF
%
E.F. 1er cycle
E.F. 2ème cycle
SOUS TOTAL
2 085 105
1 042 152
3 127 257
61 %
30 %
91 %
294 847
9%
3 422 104
100 %
E.S.
TOTAL GENERAL
Sources : Tableau établi à partir du “Bilan et perspectives de réforme de l’enseignement secondaire”
(*) l’année de référence considérée ne coincide pas avec l’année d’achèvement de
l’enseignement fondamental
Une telle structure est certes le corollaire de la structure démographique
du pays, marquée par une extrême jeunesse de la population. Elle traduit aussi
l’importante “sélectivité” dont la conséquence est le fort taux d’abandon. Elle
est enfin annonciatrice des pressions extrêmement fortes qui s’exprimeront
dans les prochaines années sur les différents niveaux de formation fondamentale et secondaire.
Malgré cette structure large à la base, la généralisation de la scolarisation
des enfants de 7 ans est loin d’être réalisée. Au terme du plan d’orientation 8892, il était prévu d’amener le taux de scolarisation à 78%, cette échéance est
renvoyée à l’an 2000. La généralisation est de ce fait repoussée à plus tard.
Bien plus inquiétant, les années quatre vingt ont enregistré une baisse du taux
de scolarisation.
110
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
TABLEAU 2
TAUX DE SCOLARISATION DES ENFANTS DE 7 ANS
Année Scolaire
92
1984-85 1988-891989-901990-91 1991-
Taux de scolarisation73
62
66,5
69
71,4
Sources : “Le mouvement éducatif” - Ministère de l’Education Nationale
(MEN)
Comme le montre le Tableau 2, ce taux a régressé de 11 points entre
1984-85 et 1988-89, en passant de 73% à 62%.
Au niveau spatial, le déséquilibre de la scolarisation entre le milieu
urbain et le milieu rural demeure à cette date, très marqué au détriment du
milieu rural. En effet, seuls 49% des jeunes ruraux de 7 ans sont scolarisés
contre 88% dans le milieu urbain. Plus de sept enfants scolarisés sur dix dans
l’Enseignement Fondamental appartiennent aux Centres Urbains.
Ce déséquilibre est encore plus accentué au niveau du second cycle de
l’EF puisque 92,6% des scolarisés le sont dans le milieu urbain.
Les taux d’écoulement qui se composent de trois variables à savoir : le
taux de promotion, le taux de redoublement et le taux d’abandon, nous renseignent sur le rendement interne du système.
Au niveau du 1er cycle de l’EF le taux de redoublement a atteint en 1989
15,5%, tandis qu’au niveau du deuxième cycle du même enseignement, le
taux de redoublement le plus faible a été de 10,4%, alors qu’au niveau de la
9ème année on a enregistré un taux de redoublement de près de 44%.
A cet égard, un constat s’impose : les taux de redoublement et d’abandon
à la fin de chaque cycle, apparaissent très élevés; ce qui exprime des difficultés
accumulées par les élèves et donc une déficience pédagogique interne du système éducatif fondamental et secondaire.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
111
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 3
EVALUATION DES ABANDONS
PAR CYCLE DE FORMATION (1989)
Niveau
Taux
Effectifs (1)% des abandons
d’Enseignementd’abandon
par cycle
1er Année
2ème Année
3ème Année
4ème Année
5ème Année
5,7
4,9
6,7
8,9
14
1er Cycle de l’EF
6ème Année
9,75
7ème Année
7,8
8ème Année
7,5
9ème Année
20,86
28 380
21 473
28 398
34 144
47 806
160 201
26 916 (2)
18 844
17 312
61 260
45,9
2ème Cycle de l’EF
124 332
35,6
Total EF
1er Année Secondaire
2ème Année
Secondaire
14,3
3ème Année
Secondaire
25,6
284 533
15,3
81,5
26 393
Enseignement Secondaire
64 259
18,5
Total (EF+ES)
348 792
100
12 441
25 425
Sources : Bilan et perspectives de Réforme de l’Enseignement Secondaire:
(1)- Le taux d’abandon fourni est calculé par rapport à l’effectif global.
(2)- La 2ème année figure encore en 1989 dans le second cycle de l’Enseignement
Fondamental car la réforme n’avait pas encore touché cette classe.
En 1989, le Système Educatif fondamental et secondaire a enregistré
112
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
348.792 abandons dont 45,9% proviennent du 1er cycle de l’EF, 35,6% du
second cycle de l’EF et 18,5% de l’ES.
Ces chiffres, sont à eux seuls révélateurs des pressions qui s’exercent sur le
système de l’Enseignement Professionnel, conçu jusqu’à présent comme un
système de récupération. Ils dénotent aussi d’une situation problématique, à
savoir l’extension de l’analphabétisme, car aux effectifs non scolarisés, s’ajoutent les effectifs des “insuffisamment scolarisés” c’est à dire des exclus du 1er
cycle de l’EF.
Enfin, il faut relever que le taux d’écoulement du secondaire au supérieur
demeure faible, puisque sur 99.318 inscrits en 3ème Année Secondaire en
1989, seuls 50.428 ont été déclarés bacheliers, soit un taux de réussite de
56%.
Le type d’orientation en 9ème année et la répartition des bacheliers selon
la nature de formation constituent un indicateur essentiel des performances du
système de l’enseignement secondaire.
Sur les 293.667 inscrits en 9ème Année, près de 96% le sont dans
l’enseignement général avec respectivement 45,4 % en Lettres et 50,6 % en
Sciences. Cette forte concentration dans des formations générales ne laissent
qu’une place symbolique à l’Enseignement Technique, sous ses différentes
composantes (Techniques Industrielles, Techniques Agricoles et Techniques
Commerciales).
La forte concentration n’est que légèrement atténuée au niveau de la
structure des bacheliers puisque plus de 85% des diplômés ont obtenu leur
baccalauréat en 1989, soit en Lettres, soit en Sciences Expérimentales, contre à
peine 5,8% en Mathématiques, 2,9% en Economie, 2% en Techniques Commerciales, 3,7% en Techniques Industrielles et moins de 1% en Techniques
agricoles.
Une telle structure des bacheliers, exprime en partie la pression qui
s’exerce sur des Facultés de formation générale, telles que les Facultés de Droit.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
113
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 4
RÉPARTITION DES BACHELIERS
PAR NATURE DE FORMATION 1989-2000
Formations1989
Effectifs
%
1995
Effectifs
Lettres
20 177
SC Eco
1 471
SC. Exp 22 911
SC. Maths 2 944
Tech. Indus1 864
Tech. Ag
92
Tech. Com 969
40
2,9
45,4
5,8
3,7
0,2
2
Total
100
50 428
%
2000
Effectifs
%
32 910
2 340
31 120
6 080
1 510
220
2 060
43,2
3
40,8
8
2
0,3
2,7
41 510
14 400
49 030
18 120
2 310
340
3 610
32
11
38
14
1,8
0,4
2,8
76 240
100
129 320 100
Résultats des projections effectuées par le CNJA
Ce bref diagnostic ne saurait être clos sans se pencher sur les capacités
d’encadrement et d’infrastructure.
En 1989/90 le rapport nombre de classes/locaux a varié selon les milieux,
rural et urbain, et les cycles, premier et second, entre 1,5 et 1,6, tandis que le
nombre d’élèves moyen par classe a oscillé entre 26 et 34 élèves.
II.2 - LES PROJECTIONS
Les projections sont faites sur la base d’une hypothèse haute ; aussi est-il
nécessaire d’en relativiser les résultats. L’analyse de ces projections peut être
menée tant au niveau des effectifs scolarisés, des déperditions que de la nature
des formations.
Selon les prévisions du Ministère de l’Education Nationale, le taux de
scolarisation passera progressivement de 67 à 90 % en l’an 2000, soit près de
721.000 enfants à scolariser en 2001, dont 57 % en milieu rural. Outre l’amélioration des taux de scolarisation, les prévisions pour la décennie quatre vingt
tablent sur une nette amélioration de la répartition géographique des taux de
scolarisation.
114
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
Néanmoins, la non-scolarisation demeurera élevée, puisque entre 1990 et
2000, les effectifs non scolarisés atteindront 1.710.000 .
Concernant les déperditions, la réforme envisage une nette amélioration
des taux d’écoulement, grâce à des taux de promotion beaucoup plus élevés.
Au niveau du 1er cycle, les taux de promotion atteindraient 86% en l’an
2000, contre 80% environ en 1990 et 70% au primaire en 1980 (au CM2, ce
taux n’est que de 33%).
Les taux de redoublement seraient également réduits en l’an 2000 d’environ trois points, tandis que les abandons régresseraient sensiblement pour se
situer à approximativement 10% au début du siècle prochain.
La même tendance d’amélioration des performances internes est prévue
au cours de la décennie quatre vingt dix pour le deuxième cycle de l’enseignement fondamental. Les prévisions relatives au secondaire tablent sur une
réduction de moitié des taux de redoublement et d’abandon.
Cette amélioration des performances internes, accompagnée d’une stratégie d’orientation, pourra engendrer une catégorie de diplômés plus adaptés au
marché de l’emploi, à condition toutefois que l’articulation entre l’enseignement fondamental et secondaire et l’enseignement professionnel soit suffisamment maîtrisée.
Néanmoins, le problème de l’insertion des exclus du système éducatif
demeurera posé : entre 1989 et l’an 2000, le nombre des exclus du premier
cycle de l’enseignement fondamental dépassera 1.750.000 jeunes, soit en
moyenne, 159.000 élèves qui quitteront cet enseignement chaque année.
Pendant la même période, l’enseignement secondaire ( 1ère, 2ème et
3ème année secondaire) enregistrera à son tour, 666.800 abandons, soit un
effectif annuel d’abandons de 55.567 personnes.
Selon les projections du Ministère de l’Education Nationale, la prédominance relative des formations générales s’atténuerait mais ne disparaîtrait
guère.
• Sur l’ensemble des jeunes orientés vers l’enseignement secondaire, 81%
iront en l’an 2000 vers les formations générales (Lettres, Sciences, Mathématiques) contre 19% pour les formations spécialisées (Economie) et
Techniques (Techniques industrielles, techniques agricoles et techniques
commerciales).
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
115
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
• La structure des bacheliers par type de baccalauréat en l’an 2000 confirmera cette tendance. Sur les 129.320 bacheliers prévus, 84% le seront
dans des formations générales (Lettres, Sciences Expérimentales, Sciences
Mathématiques).
II.3 - DYSFONCTIONNEMENTS DU SYSTEME DE
L’ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL ET SECONDAIRE
Il ne s’agit nullement ici d’analyser en détail les insuffisances de l’enseignement fondamental et secondaire, mais conformément à la démarche adoptée, d’en dégager les principaux dysfonctionnements que révèle le diagnostic
présenté précédemment. Ces dysfonctionnements apparaissent essentiellement
à cinq niveaux relatifs à l’analphabétisme, aux performances de l’enseignement
pré-scolaire, aux relations entre l’enseignement fondamental et l’enseignement
professionnel, aux liens entre l’enseignement secondaire et l’enseignement
supérieur. Enfin l’attention sera attirée sur les dysfonctionnements dûs au
contexte socio-administratif.
A - Maintien d’un niveau élevé
d’analphabétisme et d’exclusion
La généralisation de la scolarisation est loin d’être atteinte. De ce fait, la
non-généralisation de la scolarisation tend à renforcer l’exclusion d’une partie
de la jeunesse marocaine du système éducatif. Les déperditions dans l’enseignement fondamental demeurent importantes comme l’ont révélées les statistiques précédentes. Une telle situation engendrent deux entraves essentielles :
• elle constitue un frein à l’amélioration progressive de la production
sociale et handicape ainsi le système productif ;
• elle constitue un gaspillage de ressources humaines et financières, tout
en aiguisant l’insatisfaction de la jeunesse, avec comme corollaire une propagation inquiétante du désoeuvrement.
B - Dysfonctionnement pré-scolaire
L’enseignement pré-scolaire doit revêtir une double vocation, celle d’être
un lieu de socialisation et d’épanouissement personnel de l’enfant, et celle
d’être un lieu de première structuration des tous premiers “savoirs”. En
d’autres termes, l’enseignement pré-scolaire conditionne la réussite et les per-
116
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
formances de l’Enseignement Fondamental, en développant chez l’enfant des
relations autres que familiales et en développant ses multiples capacités de
parler, de réfléchir, d’imaginer grâce à diverses activités.
Cependant, les moyens très faibles mis en oeuvre et l’absence de formation du personnel dénaturent souvent la fonction de l’enseignement pré-scolaire. Une telle situation se répercute négativement sur le niveau de l’enseignement fondamental.
C - Les relations entre l’enseignement
fondamental et secondaire et l’enseignement
professionnel
L’objectif de l’actuelle réforme est d’orienter vers la formation professionnelle, 20% des effectifs à l’issue de la 6ème année, 40% à l’issue de la 9ème
année et 40% après l’obtention du baccalauréat.
Certes une telle procédure permettra de réduire les engorgements au
niveau de l’Enseignement Général, néanmoins elle risque de faire pression sur
le système de l’Enseignement Professionnel qui ne pourrait absorber toutes les
promotions annuelles “d’orientés”.
D’un autre côté, une telle réforme suppose une étroite collaboration
entre les autorités de tutelle de l’enseignement général et de l’enseignement
professionnel. Cette collaboration, si nécessaire pour le pilotage des différents
systèmes éducatifs, semble encore limitée.
Cette stratégie éducative, basée sur une orientation progressive, ne peut
véritablement atteindre ces objectifs que si :
• la formation professionnelle est réhabilitée sociologiquement et économiquement ;
• un système de passerelles et d’équivalences de diplômes est mis en
place ;
D - La faiblesse du niveau et ses répercussions
sur l’enseignement supérieur
Les critères d’appréciation du niveau des élèves peuvent varier selon
l’optique dans laquelle on se place. Cependant, professionnels et formateurs
s’accordent de plus en plus pour reconnaître la diminution du niveau de formation, tant au primaire qu’au secondaire. Une telle dépréciation constitue un
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
117
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
goulet d’étranglement et un handicap énorme parfois des nouveaux bacheliers
lors de leurs études supérieurs.
Les performances d’un système ne peuvent être évaluées que par rapport à
la nature des entrées; à cet égard un dysfonctionnement apparaît entre les
enjeux de l’enseignement supérieur et technique et le niveau des élèves formés.
E - Les dysfonctionnements d’ordre général
Les dysfonctionnements d’ordre général sont relatifs au contexte socioadministratif et économique du pays. En effet, ce n’est pas le secteur de l’enseignement seul qui souffre de l’inefficacité. Au Maroc comme dans la plupart
des pays en développement, la faible efficience frappe à des degrés divers les
différentes composantes du système économico-administratif, tant au niveau
des décisions, des actes et des institutions.
Ce n’est pas nécessairement la faiblesse des moyens qui fait la particularité de l’environnement socio-économique marocain, mais aussi et surtout l’inefficacité des structures déjà en place et des actions entreprises.
Comme le révèlent les statistiques disponibles, sur le plan des équipements, de grands efforts sont déployés. Ces derniers sont peut-être faibles par
rapport aux besoins, mais ils sont importants par rapport aux moyens disponibles.
Le plus grand problème apparemment ne réside pas dans l’insuffisance
des moyens, mais plutôt dans la rationalisation de leur gestion qui s’avère de
plus en plus imprécise.
Cette observation est également valable pour la gestion du système éducatif dans son ensemble.
Tout en étant complexes, ces dysfonctionnements ne sont guère insolubles. Quelques orientations susceptibles d’en réduire l’intensité peuvent être
suggérées.
118
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
CHAPITRE II
LE SYSTEME DE LA FORMATION
PROFESSIONNELLE (SFP)
L
e Système de Formation Professionnelle (SFP) connaît ces dernières
années une expansion quantitative et un effort de promotion qualitative et d’organisation extrêmement importants.
Toutefois, le degré d’articulation entre les formations dispensées et les
exigences du marché du travail demeure faible.
Les termes du débat qu’un tel constat permet de susciter peuvent être
stylisés dans les deux approches contrastées suivantes :
• Face à des changements techniques de plus en plus rapides, le système
de formation initiale demeure largement construit sur des filières irréversibles et sur des contenus de formation trop rigides.
• La formation initiale est fondamentalement insuffisante. Le processus
d’adéquation entre formation et emploi requiert logiquement une action
en termes de formation complémentaire à la formation technique initiale.
Une telle action implique une nouvelle organisation des entreprises fondée sur une articulation plus étroite entre la gestion de l’emploi et la gestion de la production. Ce qui, chemin faisant, devrait conduire à développer, de façon durable, des activités de formation au sein des entreprises
(concept d’organisation qualifiante).
Prises séparément, les deux approches sont trop univoques, et par conséquent, insuffisantes. Une démarche plus objective et plus pertinente semble
s’inscrire plutôt dans une perspective de type systémique, privilégiant les
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
119
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
modes d’articulation entre système de formation et structures de l’entreprise.
C’est cette perspective qui est adoptée dans ce diagnostic propositionnel, relatif au SFP.
I. L’ORGANISATION DU SFP
Globalement le Système de Formation Professionnelle apparaît comme
un système souple, relativement ouvert et en pleine mutation.
Plusieurs indicateurs témoignent de ce processus de mutation et d’extension positive du SFP, dont notamment :
• La carte des établissements de Formation Professionnelle tend à couvrir
l’ensemble du territoire marocain ;
• La formation professionnelle continue tend à recevoir autant d’intérêt que les
formations initiales longtemps privilégiées.
• L’entreprise est de plus en plus invitée à devenir progressivement un acteur de
formation autant que les unités formatrices habituelles ;
• Les associations professionnelles apparaissent de plus en plus en tant que partenaires à part entière du système de Formation Professionnelle. Des expériences
pilotes réussies ont été réalisées ces dernières années.
• Le secteur privé de formation prend une place non négligeable aux côtés des opérateurs classiques, publics et para-publics ;
• Les appareils de concertation et d’administration s’enrichissent et se ramifient
au niveau central, provincial et local ;
• La dimension “formation” s’étend de façon constructive et englobe progressivement “l’insertion”.
I.1 LA MULTIPLICITÉ DES INTERVENANTS DANS LE
SFP
Sur le plan organisationnel, le SFP actuel se caractérise par la multiplicité
des intervenants.
Outre l’OFPPT, le SFP est marqué par la participation de plusieurs organismes publics, para-publics et privés à cette action de formation :
120
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
• Les grands Offices (OCP, ONE etc....) et Régies (RAD etc...) ont mis
en place, depuis fort longtemps des centres de formation adaptés à leurs
besoins propres ;
• Les établissements privés de formation professionnelle, notamment
dans les services, se sont multipliés ces dernières années, à une cadence
vertigineuse.
Cette multiplicité s’explique certes par la diversité des secteurs techniques de formation ; elle exprime également un enrichissement progressif du
SFP.
Néanmoins, le risque est grand, notamment au niveau du secteur public
de la Formation Professionnelle, de voir se multiplier les “double-formation”
et la non maîtrise de l’allocation des ressources dans un domaine aussi complexe à piloter.
Aussi, une coordination continue s’impose ; elle suppose la contribution
de tous, pour une forme d’orientation collective et interactive, afin d’éviter que
chaque opérateur ne tende à s’ériger en source unique de ses propres normes et
en maître unique de ses propres ressources techniques, pédagogiques et financières, mettant en cause l’existence d’un système intégré de formation professionnelle à l’échelle nationale.
I.2 LA PRÉDOMINANCE DE L’OFPPT
Créé en 1974, l’OFPPT est un établissement public chargé, en relation
avec les milieux professionnels concernés, de la promotion du travail, de développement et de l’adaptation de la formation professionnelle dans les différentes branches de l’économie nationale. Depuis la réforme de 1984, les activités de l’Office ont connu une évolution quantitative et une diversification qualitative très rapides.
II. LES ORIENTATIONS DU SYSTEME DE
FORMATION: 1993-2000
II.1 EVOLUTION DES EFFECTIFS : LA MONTÉE DES
DÉSCOLARISÉS
La formation professionnelle a connu une croissance importante de ses
effectifs. En 1983-84, à la veille de la réforme, les effectifs s’élevaient à
49.500. En 1990-91, ils sont passés à 105.000. Ces chiffres ne tiennent pas
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
121
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
compte des effectifs du niveau “initiation” qui ne relève plus des niveaux de la
Formation professionnelle.
L’accroissement des effectifs concerne tous les niveaux. En 1990-91, les
effectifs sont répartis de la manière suivante :
- 33.700 pour le niveau spécialisation ;
- 38.000 pour le niveau qualification ;
- 34.000 pour les techniciens.
Le taux d’accroissement moyen des effectifs est de 11,4 % sur la période
1983-91. Toutefois, malgré un tel accroissement, relativement important, le
problème des déscolarisés et de l’arrivée sur le marché du travail demeure largement posé. Les effectifs déscolarisés globaux des sorties du système éducatif
ont atteint 128.000 élèves/an entre 1987 et 1990, ce qui se traduit par l’arrivée sur le marché d’importants flux de jeunes non qualifiés.
TABLEAU 5
EVOLUTION DES EFFECTIFS GLOBAUX
DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
(PUBLIC ET PRIVÉ)
en milliers
NIVEAUX
83/84 87/88 88/89 89/90 90/91 Tx. ac
an.
moy.
SPECIALISATION 15
QUALIFICATION 18
TECHNICIEN
16,5
29
37
35,6
31,5
38,2
36,4
29,7
40,6
38
32,7
38
34,4
11,8
11,4
11,0
TOTAL
49,4 101,4 106,2 108,2 105,3 11,4
Source : Ministère de l’Education Nationale, Ministère des Travaux Publics, de
la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres. Rapport sur les perspectives de développement des systèmes d’enseignement et de formation professionnelle, janvier 1992, p.9.
C’est ce que fait clairement ressortir l’indicateur du taux de couverture
mesurant la part des effectifs admis en formation professionnelle par rapport
aux effectifs déscolarisés : celui-ci semble culminer en 1990-91 à 72 % (contre
42,5 % en 1987-88).
122
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
Un tel résultat témoigne ainsi des limites de la réforme de 1984 en
termes d’objectif de donner une formation aux déscolarisés du système d’enseignement général.
TABLEAU 6
TAUX DE COUVERTURE DES SORTANTS
DE FIN DE CYCLES
Niveau 1987/88 1988/891989/901990/91Moyen
A
Sorties de 6° A. (E.F.)
fins
9° A. (E.F)
de cycles
3° A.S
du M.E.N.
TOTAL
73.405
44.481
34.355
152.241
72.770 40.497 26.807*
53.696 45.350 47.574
31.475 21.475 20.304
157.508107.322 94.685 128.000
Taux de Spécialisation 25,67
30,0 52,16 85,18
couverture %Qualification47,94 51,20 53,58 51,74
Entrées
Technicien 61,98 71,77 98,34 103,51
1° A. (F.P.)
TOTAL
42,6
45,47 62,0 72,31
Source : Ministère de l’Education Nationale, Ministère des Travaux Publics, de
la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres, Rapport sur les perspectives de développement des systèmes d’enseignement et de formation professionnelle, janvier 1992, p.9.
* La mise en place de la 6ème année de l’enseignement fondamental en 1990/91 a
entraîné une baisse des effectifs des sortants de la 5ème année.
En effet, l’application de la réforme de l’enseignement fondamental se
traduit par une évolution des effectifs en entonnoir. Les effectifs sont importants et en croissance régulière au niveau du premier cycle de l’enseignement
fondamental. Ils sont passés de 2.149.400 en 1986-87 à 2.394.600 en 199091. En revanche, au niveau du deuxième cycle du secondaire, l’effectif, réduit,
est en baisse sensible : de 888.500 il passe à 805.900 sur la même période, soit
-2,4% en moyenne par an. Les effectifs du secondaire sont eux stabilisés autour
de 315.000.
Plusieurs tendances ont été engendrées par la structure actuelle de
l’enseignement général. Deux peuvent être mises en évidence :
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
123
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
• Une forte tendance à la réduction des effectifs de l’enseignement supérieur entraînant à terme une baisse du niveau de la formation initiale, des connaissances, du
savoir théorique, des capacités d’abstraction etc..
• Une tendance concomitante à la “sortie” sans qualification du système éducatif.
La poursuite de telles tendances est d’autant plus vraisemblable que comme on l’a souligné plus haut- les possibilités d’absorption par le système
de formation professionnelle semblent pour le moins problématiques,et ce quel
que soit le scénario envisagé par les départements concernés (M.E.N.,
M.T.P.F.P.F.C) en matière de “perspectives de développement des systèmes
d’enseignement et de formation professionnelle”. (rapport d’étude réalisé par le
M.E.N. et le M.T.P.F.P.F.C).
II.2 DES SCÉNARIOS PRÉVISIONNELS
Trois scénarios sont envisagés dans la perspective de coordination entre
l’évolution de l’enseignement fondamental et celle de la formation professionnelle.
La méthode utilisée dans le rapport précité se fonde sur les hypothèses
suivantes :
• La projection des effectifs des élèves de l’enseignement général et de la
formation professionnelle est faite “sur la base des effectifs recensés en
1990-91 auxquels on a appliqué les taux d’écoulement moyens constatés
lors de la période précédente”.
• Une prise en compte des “prévisions de la carte de la formation professionnelle pour les années scolaires 1991-92, 1992-93 et 1993-94 pour
lesquelles les projets sont arrêtés et partiellement entamés”.
• Enfin, l’hypothèse de la stabilisation du niveau spécialisation pour
lequel la capacité d’accueil existante n’est pas encore pleinement utilisée.
A. Poursuite des mêmes tendances
Les principales composantes du scénario 1 sont :
• La formation professionnelle continue à recruter les élèves exclus du
système d’enseignement général à différents niveaux.
• Les taux d’écoulement (promotion, redoublement, abandon) sont améliorés à tous les niveaux à l’exception de la 9ème année où ils sont mainte-
124
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
nus constants.
.Taux de promotion :
.Taux de redoublement :
.Taux d’abandon :
40 %
40 %
20 %
• Les systèmes d’enseignement et de formation restent centrés sur euxmêmes et continuent de fonctionner de façon autonome par rapport aux
besoins du système productif et à la demande sociale.
• Le développement de la formation professionnelle se fera à un rythme
modéré et les effectifs globaux connaîtront, en moyenne, une croissance
limitée de l’ordre de 4 % par an. Parallèlement, les sorties de fin de
cycles de l’enseignement général évolueront, en moyenne par an, à un
taux d’accroissement de 3,5 %.
• Le taux d’orientation global des effectifs de fin de cycles de l’enseignement général en direction de la formation professionnelle restera stable,
(soit 10 %), sur la période 1993-2000.
B. La recherche d’une adéquation formationemploi au niveau national
Cette recherche passe par une impulsion des capacités d’accueil des établissements de formation professionnelle, associée à une prise en compte de la
contrainte du marché de l’emploi.
Par ailleurs, le taux d’orientation global des effectifs de fins de cycles de
l’enseignement général en direction de la formation professionnelle est poussé
à plus de 14 % en 1999-2000, soit une augmentation de 4 points par rapport
au premier scénario.
L’hypothèse de base du second scénario est l’estimation des besoins
annuels en main-d’oeuvre qualifiée : 110.000 emplois dont 55.000 sont affectés aux catégories de la Formation Professionnelle. Il y a lieu de noter qu’une
mise en parallèle de ces chiffres avec d’autres indicateurs, en particulier le taux
de chômage des diplômés de la Formation, ne peut que relativiser cette hypothèse.
C. Des tendances infléchies par la réforme
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
125
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
pédagogique
La réforme pédagogique du Ministère de l’Education Nationale (1985)
établit les projections suivantes relatives aux taux d’orientation appliqués à
partir de 1995/1996 :
Spécialisation :
Qualification :
Technicien :
15 %
30 %
30 %
Les taux d’écoulement prévus sont les mêmes que dans le premier scénario, à l’exception toutefois des fins de cycles (9ème année de l’enseignement
fondamental) où les taux de redoublement sont révisés à la baisse afin de
rejoindre les taux d’orientation généralisée des sortants vers la formation professionnelle.
Ce scénario vise des objectifs plus amples :
• Un taux de croissance des effectifs de la formation professionnelle au
voisinage de 15 % par an réalisé grâce notamment à une expansion du
secteur privé.
• Un taux d’orientation global des effectifs de fins de cycles de l’enseignement général en direction de la formation professionnelle de l’ordre
de 22 % en 1999-2000 (12 points de plus que dans le premier scénario
et 8 points de plus par rapport au second).
Trois mesures sont préconisées :
• L’établissement d’une carte éducative intégrant une carte scolaire et une
carte professionnelle.
• L’institutionnalisation de l’orientation directe des élèves vers les filières
de la Formation Professionnelle avec une prise en compte de critères psycho-pédagogiques.
• L’adaptation des contenus et des filières de formation aux besoins
d’emploi.
TABLEAU 7
126
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
RÉSULTATS COMPARÉS DES ALTERNATIVES DE
DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR ÉDUCATIF
Coût en millions de DH
Effectifs en milliers
SCENARIO
SCENARIO 1SCENARIO 2SCENARIO3
TENDANCESATISFACTIONREFORME
DES BESOINS DU MEN
DU MARCHE DE
L’EMPLOI
Coût moyen
annuel MEN + FP
13.915
EFFECTIFS
GLOBAL 1993/1994
3.923
MEN
1991/2000
5.017
SORTIES
FIN DE
CYCLE 1993/1994
152
MEN
1999/2000
216
EFFECTIFS
GLOBAL 1993/1994
134
F.P
1999/2000
307
EFFECTIFS
1° A. F.P. 1993/1994
79
1999/2000
183
LAUREATS
(moyenne annuelle)
82.164
Taux de Couverture à
partir de 1996/1997 en % 70
13.661
14.173
3.942
3.923
5.178
5.017
119
152
146
216
134
134
170
191
79
79
102
112
56.817
59.805
51
84
Source : ibid, page 31.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
127
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
II.3 LE PROBLEME DES DÉSCOLARISÉS NON
ABSORBÉS
Quelque soit le scénario retenu, une masse importante de jeunes seront
déscolarisés et se trouveront sans perspective de formation.
A titre d’exemple, dans le cas du scénario 2, selon les prévisions, les effectifs déscolarisés en 1993-94 sont estimés à 152.257. Ils augmenteront pour
atteindre presque 200.000 en 1997/1998.
Durant cette période, le taux de couverture ne dépassera pas 51 %. Ainsi,
pour un nombre important de jeunes (75.000 à 100.000), rien ne semble avoir
été prévu. Le cas de la sixième année de l’enseignement fondamental est particulièrement préoccupant. En 1996-97, on prévoit des effectifs de déscolarisés
de l’ordre de 66.240, alors que les prévisions de recrutement au niveau spécialisation atteignent à peine les 18.059. Le seul niveau pour lequel le taux de
couverture est proche de 100 % est le niveau Technicien.
Le problème des déscolarisés non absorbés par le système de la formation
professionnelle demeure également posé, dans une moindre mesure, dans le
scénario 3 (plus ambitieux). Le taux de couverture augmente progressivement
de 51,66 % en 1993-94 pour atteindre 56,08 % en 1995-96. Dans cette perspective, ce sont plus de 83.200 jeunes qui ne seront probablement pas absorbés par le système de la formation professionnelle.
Il importe de noter que le problème des déscolarisés mérite d’être posé
dans un cadre global impliquant une articulation plus étroite entre les soussystèmes d’éducation et de formation d’une part et entre ces derniers et le système productif de l’autre. Bien entendu la solution à un tel problème dépasse
la simple difficulté ayant trait à la couverture par l’appareil de formation.
II.4 LES SORTIES DU SYSTEME DE FORMATION : UNE
STRUCTURE MARQUÉE PAR DES RIGIDITÉS
En 1991-92, les effectifs des lauréats de la formation professionnelle se
montent à environ 44.500 (30.128 du secteur public et 14.362 du secteur
privé). Marquée par des fluctuations annuelles amples (notamment pour ce qui
est du niveau qualification), l’évolution des lauréats -construite sur la période
1988-1997- fait apparaître une croissance cumulée non négligeable de l’ordre
128
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
de 39%, le nombre passant de 42.474 en 1988 à 59.086 en 1997.
La structure sectorielle des lauréats enregistre une déformation durable en faveur
des secteurs considérés comme problématiques, en terme d’emploi.
TABLEAU 8
PROJECTIONS DES LAURÉATS DE LA F.P. 1991-2000
(PUBLIC ET PRIVÉ, TOUS LES NIVEAUX)
91/92
92/93 93/94 94/95
95/96
96/97 97/98 98/99
2000
AdministrationGestion
12052 12844 13995 14680 15680 16747 17888 19106 20407
Administration
Publique
302
294 223 283
283
283
283
283
284
Commerce
138
50
36
36
25
17
12
8
6
Agriculture 652
683 834 941
1066 1206 1366 1547 1752
Eau-Electricité
Energie
137
151 151 151
156
161
167
173
179
Mines
14
0
0
0
Agro-industrie 53
58
83
75
86
98
112
128
146
Textile
confection-cuir2914 3133 3209 3083 3145 3208 3272 3338 3405
IMME
6387 6155 6561 6286 6260 6235 6209 6184 6158
Chimie,
Para-chimie 84
94
121 94
100
106
112
119
126
B.T.P.
5150 5985 6135 6096 6463 6853 7266 7704 8169
Transport
Communication124
69
63
54
42
32
25
20
15
Pêches
Maritimes
247
265 349 373
430
496
572
659
760
Artisanat de
production 7226 8255 10247 10327 11675 13198 14921 16868 19069
Artisanat de
services
6823 7319 8120 7922 8339 8777 9239 9724 10236
Hôtellerie
Tourisme
1510 1527 1619 1965 2152 2356 2580 2826 3094
Santé
683
581
0
338
TOTAL
44491
46995 52151 52701 55802 59086 62563 66245 70143
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
129
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
* La tendance a été prolongée, dans ce rapport, à partir de 1997.
Source : Données brutes de la Direction de la Planification de la Formation professionnelle.
Découlant des résultats d’études menées par le MTPFPFC dans le cadre
de la recherche continue de l’adaptation de l’appareil de formation à l’emploi,
une telle structure est appelée à évoluer en fonction des résultats des études
envisagées.
A l’analyse des trois scénarios précédemment examinés, il y a lieu d’opérer un arbitrage entre deux hypothèses :
• L’hypothèse basse “se base sur les besoins quantitatifs en maind’oeuvre qualifiée mis en évidence par les études prospectives régionales
et sectorielles”:
Besoins annuels : 110.000 emplois qualifiés dont 55.000 satisfaits par les
lauréats de la Formation Professionnelle (voir supra scénario 2).
Taux de croissance de l’offre globale d’emplois qualifiés : 5 % par an.
Cette hypothèse permet d’estimer l’effectif cumulé à quelque 283.000
lauréats sur la période 1993-2000, soit 56.000 lauréats en moyenne par
an dont 46 % en qualification.
Dans une telle perspective, la capacité d’accueil à créer par le secteur
public correspond à 30.000 places, soit environ une centaine de Centres
de Formation.
TABLEAU 9
PROJECTION DES LAURÉATS,
1993-1998 (PAR NIVEAU)
93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 TOTAL
SPECIALISATION18 16918 55911 46612 03912 64172 874
QUALIFICATION17 88118 05229 95231 45033 022130 358
TECHNICIEN 14 904 15 322 15 725 16 51117 337 79 799
TOTAL
50 954 51 933 57 143 60 00063 000283 030
DONT PUBLIC 31 941 37 356 39 223 41 18543 244192 949
130
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
Source : Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la
Formation des Cadres, Direction de la Planification et de la Formation Professionnelle, Perspectives de développement du système de formation professionnelle, document de travail, Mars 1992, P 16
TABLEAU 10
PROJECTION DE LA CAPACITÉ D’ACCUEIL À CRÉER,
1993-1998 (SECTEUR PUBLIC)
93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 TOTAL
QUALIFICATION
11 663 12 347 2 814 2 955 29 779
TECHNICIEN
TOTAL
112
112
11 663 12 347 2 814 3 067 29 891
Source : Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la
Formation des Cadres, Direction de la Planification et de la Formation Professionnelle, Perspectives de développement du système de formation professionnelle, document de travail, Mars 1992, P 16
• L’hypothèse haute, inscrite “dans le cadre de la réforme de l’ensemble
du système éducatif et de la Formation professionnelle” de 1985, autorise
sur la période sous- revue, les données prévisionnelles suivantes :
• Effectifs cumulés : 344.603 lauréats
• Effectifs des lauréats par niveau :
- S : 33,1 %
- Q : 39,6 %
- T : 27,3 %
• Effectifs par an : 69.000 lauréats dont 25.000 formés par le secteur public
• Capacité d’accueil à créer (secteur public) : 15.000 places par an dont 82 % en
qualification.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
131
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 11
PROJECTION DES LAURÉATS, 1993-1998
(PAR NIVEAU)
93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 TOTAL
SPECIALISATION18 16918 55919 98322 55034 776114 037
QUALIFICATION17 88118 05222 75226 96050 925 136 570
TECHNICIEN 14 904 15 322 18 383 20 316 25 071 93 996
TOTAL
50 954 51 933 61 117 69 826110 772344 603
DONT PUBLIC 31 941 39 646 45 275 71 517 73 288 261 667
Source : Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la
Formation des Cadres, Direction de la Planification et de la Formation Professionnelle, Perspectives de développement du système de formation professionnelle, document de travail, Mars 1992, P 21
TABLEAU 12
PROJECTION DE LA CAPACITÉ D’ACCUEIL À CRÉER,
1993- 1998 (SECTEUR PUBLIC)
93/94 94/95 95/96 96/97 97/98 TOTAL
QUALIFICATION TECHNICIEN
-
4 350 9 250 2 7759 19 637 60 996
3 338 6 893 3 361 13 592
TOTAL
4 350 12 588 34 652 22 998 74 588
-
Source: Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la
Formation des Cadres, Direction de la Planification et de la Formation Professionnelle, Perspectives de développement du système de formation professionnelle, document de travail, Mars 1992, P 21
Ces différentes données traduisent, en dépit des efforts consentis,
l’ampleur des distorsions entre d’une part la pression croissante sur la formation (importance des effectifs déscolarisés) et la capacité limitée d’accueil du
132
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
SFP et d’autre part la désarticulation relative entre les qualifications dispensées
et l’offre d’emploi.
III. AJUSTEMENT DU SYSTEME DE
FORMATION PROFESSIONNELLE
III.1 DYSFONCTIONNEMENTS INTERNES
Une mise en rapport des besoins en main-d’oeuvre qualifiée exprimés par
les employeurs et de l’offre de l’appareil de formation, permet de faire apparaître des distorsions par secteur, par niveau et par filière de formation.
• Par secteur, les déficits annuels en termes d’effectifs (toutes qualifications confondues) concernent les domaines suivants :
- Artisanat de production
- Textile-confection-cuir
- Hôtellerie-tourisme
- I.M.M.E.
- B.T.P.
- Administration publique
• Par niveau, il y a lieu de constater pour 1990/91 (voir tableau 9) d’une
part un excédent de 8.362 lauréats pour le niveau spécialisation et,
d’autre part, un déficit important de l’ordre de 12.396 pour le niveau
qualification.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
133
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 13
BESOINS EN MAIN-D’OEUVRE
ET OFFRE DE FORMATION PAR NIVEAU
(1990-1991) (*)
Recrutements (a)
Offre de
Ecart
Formation
Potentiels En lauréats (3)
(3) - (1) (3) - (2)
(1)
(2)
1990/91
Spécialisation19 451
7 427
15 789 - 3 662 + 8362
Qualification46 662
26 327
13 931 - 32 731 - 12 396
Technicien 12 192
8 413
11 628
Total
42 167
41 348 - 36 947
78 295
- 554
+ 3 215
- 819
(*)Ces chiffres découlent des études régionales fondées sur les déclarations des
employeurs
(a) Recrutements potentiels : la totalité des créations d’emplois qualifiés recensés
auprès des différents employeurs enquêtés.
Recrutements en lauréats : créations d’emplois qualifiés pour lesquels les
employeurs envisagent de faire appel aux lauréats de l’appareil de formation professionnelle.
Source : Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la
Formation des Cadres, Direction de la Planification et de la Formation Professionnelle, Eléments d’orientation pour l’élaboration de la carte professionnelle, 1992-1993 1993-1994 1994-1995, Novembre 1991.
• Enfin les filières qui semblent accuser les déficits les plus significatifs
sont celles que retrace le tableau suivant :
134
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
TABLEAU 14
BESOINS ANNUELS À COURT TERME EN LAURÉATS
DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
PAR FILIERE ET PAR NIVEAU
Filière
Niveau
Couture, Broderie et Tissage traditionnels
3 048
Gros oeuvres - Maçonnerie
Q
Textile - Confection - Cuir
S,Q,T
Restauration - Réception
Q,T
Usinage - Fabrication mécanique
Q
Techniques administratives
Q,T
Travail artisanal du cuir
S,Q
Mécanique industrielle
Q,T
Ferronnerie - Forgeron
Q
Tapis
Q
Conduite de travaux de chantier
Q,T
Tôlerie - Soudeur - Chaudronnerie
Q
Cuisine
Q,T
Déficit
S,Q,T
2 548
1 790
920
679
658
640
600
440
440
380
350
330
Source : Ibid
Par ailleurs, il est possible de dégager les filières nouvelles à créer par
niveau, ainsi que celles devant faire l’objet soit d’une réduction des effectifs de
lauréats, soit d’une suppression.
• Les filières à créer :
.Peinture, Bâtiment, vitrerie (Q)
423 lauréats/an
.Guide de tourisme (Q,T)
370 lauréats/an
.Boulangerie-Pâtisserie (Q)
320 lauréats/an
.Conducteur d’engins (S,Q)
230 lauréats/an
.Sculpture sur plâtre (S)
144 lauréats/an
.Blanchisserie-Teinturerie (S,Q) 133 lauréats/an
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
135
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
• Les filières à réduire ou à supprimer :
.Secrétariat - Dactylographie (Q,T)
.Polyculture (S,Q,T)
.Dessin Bâtiment Architecture (Q,T)
.Froid et Climatisation (Q,T)
.VRD - Réseaux Eau - Electricité (T)
• Les filières où le niveau spécialisation est à remplacer par le niveau qualification (avec ou sans réduction des effectifs)
.Plomberie et installation sanitaire (à réduire)
.Electricité de bâtiment (à réduire)
.Menuiserie Bois
Il convient de souligner les limites des données présentées de façon synthétique ci-dessus. Ces limites tiennent, en particulier, au caractère partiel et à
la fragilité des bases méthodologiques des études régionales et sectorielles utilisées pour l’élaboration de la carte professionnelle. Néanmoins, il n’est pas
inutile de retenir, à titre d’indicateur, le jeu des dysfonctionnements internes
au système de formation (entre les secteurs, les niveaux et les filières) que de
telles données mettent en évidence, même si au niveau global, l’écart enregistré entre l’offre de formation et les créations d’emplois destinées aux lauréats
de la formation professionnelle semble nettement moins prononcé (- 819 lauréats en 1990/91).
De fait, de tels dysfonctionnements renvoient à des déséquilibres beaucoup plus profonds ayant trait à la logique d’ensemble du système de formation, à ses articulations fonctionnelles et à sa pertinence.
III.2 - EVALUATION D’ENSEMBLE DU SYSTEME : LE
POINT DE VUE DES INTERVENANTS
Depuis 1985, l’Administration de la Formation Professionnelle a fait des
efforts notables dans le sens de l’évaluation du système de la formation professionnelle. Plusieurs études ont été réalisées ayant pour perspective une
meilleure adéquation de la formation à l’emploi. Parmi ces études, il y a lieu
de citer celles relatives à l’évaluation du système.
On présente, dans ce point, les principaux résultats de l’étude d’évalua-
136
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
tion réalisée en 1991 .
Le travail d’évaluation entrepris a concerné le point de vue des chefs
d’établissements, des formateurs, des stagiaires, des employeurs et des lauréats.
Les 468 entreprises retenues dans l’échantillon ont toutes plus de 50 employés.
L’enquête a été effectuée sur 29 provinces, 318 établissements de la formation
professionnelle et 6.919 stagiaires.
A. Les formateurs
Les résultats de l’enquête montrent que les formateurs ont été recrutés,
en majorité, après la réforme de 1984. Les deux tiers sont dans leurs fonctions
depuis six ans au moins. En général leur expérience professionnelle ne dépassait pas deux ans, avant leur accès au poste de formateur. Le personnel formateur connaît une situation d’instabilité qui pourrait être liée au faible niveau
de motivation et de rémunération : 85% des formateurs se situent dans une
hiérarchie de rémunération comprise entre l’échelle 6 et 10 de la Fonction
publique. Dans beaucoup de cas le maintien ou le recrutement du personnel
compétent s’avère difficile, du fait des niveaux de salaires plus élevés dans le
secteur privé. Par ailleurs, la formation continue est peu développée : moins de
20% des formateurs ont bénéficié d’un stage de perfectionnement. Les stages
sont généralement de courte durée : entre 1 et 30 jours.
B. Les stagiaires
Les stagiaires sont, dans leur grande majorité, d’origine socio-professionnelle défavorisée : 53% sont restés au moins un an hors du système éducatif
avant de rejoindre la formation professionnelle, 17% sont restés 2 ans. L’étude
attire l’attention sur l’hétérogénéité des niveaux scolaires de cette population.
Le facteur échec ou abandon scolaire est prédominant comme motif d’inscription dans la formation professionnelle (71% en spécialisation, 47% en qualification et 43% pour les techniciens). Le handicap linguistique est important :
les stagiaires ont des difficultés à comprendre le cours. Tel est du moins l’avis
de 71% des formateurs.
Selon l’étude, 3% seulement de l’effectif global a pu bénéficier du passage d’un niveau à un autre : le système des passerelles est donc caractérisé par de
fortes rigidités.
L’information des candidats à la formation professionnelle se fait essentiellement par des moyens informels : les “voisins et amis”, les lauréats de la
formation professionnelle.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
137
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
C. Les conditions de travail
Les directeurs des établissements de formation professionnelle considèrent, en général, que le matériel technique et didactique n’est pas suffisamment disponible. Par ailleurs, 47% des formateurs ont déclaré que leurs établissements ne disposent pas d’une unité de documentation. La non-disponibilité de crédits en temps utile, soulevée par les chefs d’établissement, pose des
problèmes, vu que la nature des activités de la formation professionnelle
demande de la souplesse et une autonomie de gestion.
D. L’offre des employeurs
L’effectif moyen des entreprises enquêtées s’élève à 208 personnes. Cependant, même dans ce secteur relativement structuré, la précarité de l’emploi est
assez grande. L’effectif du personnel temporaire moyen est de 89 par entreprise. Il y a, en moyenne, six lauréats de la formation professionnelle par entreprise et les diplômés de la formation professionnelle représentent 2,6% de l’effectif total.
“Les entreprises les plus importantes, celles de plus de 50 employés, offriraient donc des possibilités très limitées d’embauche aux lauréats de la Formation Professionnelle. Rien n’indique que cette situation va changer dans les
trois années à venir, vu leurs déclarations quant à leurs perspectives de recrutements .
La structure des recrutements par niveau fait apparaître une prépondérance du niveau technicien (51% des recrutés), suivi par le niveau qualification
(32%). Par contre, le niveau spécialisation est très faiblement demandé (9%).
C’est un niveau que, du reste, l’Administration de la Formation Professionnelle a programmé de réduire.
E. Les stages
Les difficultés relatives à l’organisation des stages portent, de manière
principale, sur l’absence d’un programme de stages (avis de 71% des chefs
d’entreprises) et sur le manque d’encadrement des stagiaires. Par ailleurs, les
offres de stages sont très limitées, et d’une manière générale les liens et la
coopération entre les établissements de Formation Professionnelle et les entreprises, sont également faibles.
138
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
F. L’adéquation
Les appréciations des employeurs au sujet de l’adaptation des stagiaires
aux tâches qui leurs sont confiées sont positives : 79% des employeurs ont
déclaré que les techniciens ont peu ou pas de difficultés à s’adapter aux tâches
contre 75% pour la qualification et 73% pour la spécialisation. Ces données
soulignent le caractère relatif et nuancé des problèmes d’articulation.
G. Les salaires
Les salaires moyens par niveau sont de 1 532 Dhs pour le niveau spécialisation, 1 662 Dhs pour le niveau qualification et 1949 Dhs pour le niveau
technicien. Mais il existe des variations notables selon les régions et le sexe.
Ces niveaux de salaires sont considérés comme peu favorables à une véritable
valorisation de la formation professionnelle et en particulier de sa composante
technique.
En dépit des efforts importants d’adaptation du S.F.P., la relation formation- emploi souffre d’un double écueil.
• La relation dominante au Maroc entre formation et emploi est une relation consécutive : les jeunes doivent acquérir dans l’établissement
d’enseignement une formation correspondant à l’emploi, voire au poste
de travail offert par l’entreprise. Les nouvelles cohérences technologiques
et professionnelles tendent, au contraire, à imposer une relation de type
simultané : les jeunes reçoivent dans l’entreprise une formation complétant et prolongeant celle déjà acquise dans un établissement d’enseignement.
• Le système de formation professionnelle en vigueur a tendance à privilégier une perspective fondée plutôt sur les performances en termes de
quantité. Toutefois, les inflexions en faveur d’une amélioration de la qualité de la formation introduites dès la réforme de 1984 puis réitérées lors
de l’élaboration du Plan d’orientation 1988-1992 étant loin d’avoir
atteint un tel objectif, il importe de prendre acte des véritables obstacles
et d’opérer un arbitrage en faveur des procédures les plus à même d’optimiser la formation en termes de rapport qualité-quantité.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
139
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
CHAPITRE III
LE SYSTEME DE L’ENSEIGNEMENT
SUPERIEUR (S.E.S)
L
’enseignement supérieur se situe en aval de l’ensemble du système
éducatif. Tributaire de la qualité et du niveau des étudiants que lui
fournissent les autres sous-systèmes éducatifs, il en conditionne
aussi les performances grâce aux formateurs et cadres qu’il leur fournit.
L’évolution de l’Enseignement Supérieur, a toujours constitué un indicateur du degré de progression économique et sociale des pays.
I - LA MISSION DU SYSTEME DE
L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
La mission de cet enseignement découle incontestablement des finalités
et missions assignées à l’institution éducative dans son ensemble.
Toute démarche éducative doit généralement répondre à une finalité
humaine à une finalité socio-politique et civilisationnelle et à une finalité productive.
Dès lors la mission assignée au système de l’enseignement supérieur doit
s’intégrer dans ce vaste champ de la démarche éducative. Aussi les objectifs
140
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
globaux fixés à ce système doivent être regroupés autour de cinq pôles essentiels : les personnes, les savoirs, les valeurs, la société productive et la vie
sociale.
Dans cette optique, le système de l’enseignement supérieur doit poursuivre le développement des aptitudes, l’épanouissement de la créativité et de
l’imagination. Ce sont là, autant de qualités humaines et de comportement
que toute société cherche à développer.
En cette fin de siècle, le Maroc doit préserver et renforcer son rôle dans la
compétition scientifique, culturelle et économique international par un “plus”
de qualification et de compétence.
Le SES doit concourir à cette finalité, en répondant de façon adéquate à
cette exigence socio-économique essentielle.
En effet, si le SES doit être ouvert et attentif au marché de l’emploi, plus
que par le passé, il ne saurait être étroitement dépendant à son égard. Il doit,
aussi, répondre à des aspirations socio-culturelles qui ne transparaissent nullement à travers une simple validation par le marché.
En conséquence, la finalité du SES est multiple. Le SES doit dorénavant
être stratégiquement piloté en fonction de ces attentes et défis.
II - LA DYNAMIQUE ORGANISATIONNELLE
DU SYSTEME D’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
Le fonctionnement du SES s’articule actuellement autour de plusieurs
structures de nature et poids variables, ce sont :
- l’université ;
- les établissements de formation des cadres (EFC publics) ;
- les formations pédagogiques ;
- et les instituts et écoles d’enseignement supérieur privé (IESP).
La réforme projetée par le Ministère de l’Education Nationale et par le
Ministère des Travaux Publics de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres devrait introduire, à court terme, une nouvelle structure dans
le paysage éducatif : les Formations Professionnelles courtes du Supérieur
(FPS).
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
141
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
La spécificité de chacun de ces sous-systèmes tient à quatre considérations : sa fonction au sein du système d’ensemble, son mode d’accès et sa place,
son mode d’organisation des études, et son degré d’autonomie.
TABLEAU 15
SYSTEME D’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
“LES SOUS-SYSTEMES”
FACULTES
VOCATION
EFC PUBLICS
- Elaboration/transmission - Formation
connaissance Formation
supérieure
académique
à finalité
professionnelle
MODE /ACCES -Non-sélectif
(sauf Médecine)
ORGANISATION
ETUDES
- 3 cycles
- Absence de contrôle
continu
continu
- Sélectif
- Cycles moyens
& longs
- Contrôle
(Effectifs limités)
AUTONOMIE
PEDAG./FINA. - Aucune
TUTELLE
- MEN
- Relative
- Ministères +
Coordination par
le
MTPFPFC
(Direction
de la Formation
des Cadres)
Un des traits essentiels du système d’enseignement supérieur réside dans la
croissance déséquilibrée des sous-systèmes qui le composent. Cet ensemble se dis-
142
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
tingue donc, globalement, par la prépondérance en terme d’effectifs du sous-système
Université, la tendance à la baisse des formations pédagogiques et la croissance relative
des établissements de formation des cadres et des établissements supérieurs privés.
II-1 LA PRÉPONDÉRANCE DE L’UNIVERSITÉ
Le sous-système Université présente quatre caractéristiques :
• Sa mission première, est “l’élaboration et la transmission de la connaissance et le développement de la recherche scientifique”. Dès lors, ce
sous-système a préparé -jusqu’à une date récente- principalement à la carrière professorale.
• Son accès est, en dehors de la médecine, généralement peu sélectif
• Les études sont organisées selon trois cycles
• Placée sous la tutelle du Ministère de l’Education Nationale, l’Université ne bénéficie pas de l’autonomie pédagogique et financière.
Ces différentes caractéristiques sont représentées dans le tableau comparatif 15.
En 1990, le sous-système université comportait 11 universités, 37 facultés et 189.184 étudiants.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
143
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 16
EVOLUTION DES EFFECTIFS ET DES PARTS DES
ÉTUDIANTS (1ER ET 2EME CYCLES) PAR
COMPOSANTES DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Université
TOTAL
EFC (1)
Formation
Pédagogique
EFS
(Privés)
(3)
Nbre
(2)
(2)
% Nbre %
%
Nbre
%
Nbre
57/58 2 061
100
-
-
-
-
-
2 061
61/62 4 454
93
98
2
-
228
5
4 780
66/67 5 152
72
510
7
-
1 506
21 7 168
70/71 11 464
76
950
6
-
2 799
18 15 213
80/81 74 641
79
7 926
8
-
12 749 13 95 316
84/85
380
88/89
912
90/91
621
2000
/2001
662
118 810
84
8 701
6
-
14 869 10
172 292
90
9 334 4,9 2 179
1,1 7 170
4
190
189 184 91,4 9 668 4,7 3 945
1,9 4 824
2
207
290 750
88 20 000 6,0 12 054 3,6 7 858 2,4
*
Nbre
142
330
*
(1) : Etablissements de Formation des Cadres Publics y compris les effectifs des étudiants
de l’E.M.I., L’E.N.S.E.M. mais non les E.S.T.
144
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
Source : MTPFPFC
(2) Y compris les effectifs des étudiants de la Faculté des Sciences de l’Education.
Source : MEN
(3) : Non inclus les EST
(4) : Source : Direction de la Formation des Cadres - MTPFPFC
* Les chiffres n’incluent pas les effectifs estimés des formations professionnelles courtes.
L’enseignement universitaire s’articule globalement autour de quatre
filières classiques, à savoir les Lettres et Sciences Humaines, les Sciences, le
Droit, les Sciences économiques et la Médecine.
La prépondérance de l’Université au sein du système de l’enseignement
supérieur est illustrée par le tableau 17. En 1990, avec 189.184 étudiants,
l’Université accueillait 91 % des effectifs contre 84 % en 1984, 79 % en 1980
et 76 % en 1970.
Son poids croît donc régulièrement ; néanmoins la prédominance de
l’université est quelque peu atténuée par le développement des Instituts et
Grandes Ecoles (EFC publics et IES privés).
Au niveau des filières, les Lettres et les Sciences occupent à elles seules
75,6% des établissements et absorbent 72 % des effectifs en 1990/91. Par
contre avec seulement 13,5 % des établissements, les facultés de Droit et
Sciences économiques représentent 24 % des effectifs étudiants de l’université
(cf. le tableau 17).
TABLEAU 17
ETABLISSEMENTS ET EFFECTIFS PAR FILIERE
UNIVERSITAIRE 1990/91
Nombre
facultés
Effectif
%
- Lettres et Sciences Humaines (*)17
- Sciences
11
- Droit et Sciences Economiques 5
- Sciences Médicales
4
69.293
66.302
46.180
7.408
37
35
24
4
TOTAL
189.184
100
37
Source : Ministère de l’Education Nationale.
(*) y compris les établissements relevant de l’enseignement originel.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
145
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
II.2- LA CROISSANCE RELATIVE DES ETABLISSEMENTS
DE FORMATION DES CADRES
Le sous- système des Etablissements de formation des cadres (Public) a
connu, en termes absolus, une croissance indéniable : ses effectifs ont presque
décuplé entre 1970 et 1990. Par contre, sa part relative dans les effectifs de
l’enseignement supérieur se sont situées entre 5 et 7 %.
Les caractéristiques globales des Etablissements de formation des cadres
se distinguent par les traits essentiels suivants:
• Leur vocation est d’assurer la formation des cadres tant pour le secteur
public que pour le secteur privé, principalement dans les domaines scientifique, technique et commercial.
• Leurs conditions d’accès sont très sélectives ; les concours sont pratiquement généralisés.
• Leurs effectifs-étudiants étant limités, l’organisation des études est
basée sur le contrôle continu des connaissances.
TABLEAU 18
SOUS-SYSTEME INSTITUTS ET GRANDES ECOLES :
POIDS DES DIFFERENTS DOMAINES DE FORMATION
Année 1990-91
ETABLISSEMENT
E.F.C. PUBLICS I.E.S. PRIVES
Effectifs
Effectifs
- Filières Scientifiques
5 331
- Filières Juridiques, Economiques,
et Sociales
4 337
TOTAL
3 945
9 668
Source : MTPFPFC - Direction de la Formation des Cadres
146
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▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
- Répartition par filière non disponible pour le privé
TABLEAU 19
ETABLISSEMENTS DE FORMATION DES CADRES
PUBLICS POIDS DES DIFFERENTS DOMAINES
E.F.C. PUBLICS
TYPE D’ETABLISSEMENT
NOMBRE
EFFECTIFS
- Etablissements à dominante scientifique
5 331
- Etablissements à dominante juridique,
4 337
économique et sociale
TOTAL
26
Source : MTPFPFC - Direction de la Formation des Cadres
13
13
9 668
II. 3 LA CONTRIBUTION DE L’ENSEIGNEMENT
SUPERIEUR PRIVE
Les Instituts et Ecoles Supérieurs privés ont connu une croissance sensible à partir de la décennie 1980. On dénombre 34 établissements en 199091. Ils regroupent 2 % environ des effectifs d’étudiants en 1990-91. Par rapport aux filières dispensées, on note une concentration sur les filières économiques et commerciales puisque 76 % des établissements ont cette vocation en
matière de formation. La même tendance est observée au niveau des effectifs.
II.4 LES FORMATIONS PÉDAGOGIQUES
Les établissements de formation pédagogique (FP) ont pour mission
d’assurer la formation du personnel d’encadrement des différents degrés et
niveaux d’enseignement. Ils sont placés sous la tutelle du Ministère de l’Education Nationale et sont regroupés en trois catégories :
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
147
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
• 31 Centres de formations des instituteurs (CFI) pour la formation des
enseignants du premier cycle de l’enseignement fondamental.
• 15 CPR pour la formation des professeurs du 2ème cycle de l’enseignement fondamental.
• 8 ENS pour la formation des professeurs du secondaire
Avec 54 centres, cet appareil de formation est aujourd’hui largement surdimensionné par rapport aux effectifs (4.824 en 1990 contre 14.869 en 1980)
I
S
I
I
Y
.
S
Sans être exclusives, trois grandes tendances semblent être globalement à
la base des dysfonctionnements qui seront analysées ultérieurement. Ces tendances lourdes sont relatives à l’explosion des effectifs d’une part, au déséquilibre des filières et aux mutations dues à l’évolution de la demande postlycéenne.
III.1 - L’EXPLOSION DES EFFECTIFS
Le secteur de l’Enseignement Supérieur connait un accroissement très
rapide de ses effectifs. En 1989/90, les effectifs globaux ont atteint le seuil des
deux cents mille alors qu’au lendemain de l’indépendance ils se situaient aux
alentours des deux mille. Par rapport aux autres degrés d’enseignement, les
effectifs ont été multipliés par 100 alors que ceux du primaire et ceux du
secondaire ne l’ont été respectivement que de 6,6 et 43.
Ce rythme de croissance, bien qu’assez rapide, semble avoir connu deux
phases :
• une première phase, de 1960 à 1980, durant laquelle les effectifs progressaient en moyenne de 25 % l’an,
• une seconde phase, amorcée depuis 1980, caractérisée par un ralentissement du taux de croissance qui se ramène à 10 % .
148
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
T
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
TABLEAU 20
ÉVOLUTION DES EFFECTIFS DES TROIS
DEGRÉS DU SYSTEME ÉDUCATIF
en milliers
Primaire
Secondaire
Supérieur
1
1956
2
1989
2/1
317
31
2
2085
1336
200
6,6
43
100
Source : Tableau établi à partir des statistiques du MEN
Cette évolution des effectifs illustre une tendance vers “la massification”:
• la population étudiante représente 9 à 10 % du groupe d’âge 20-24 ans
alors qu’elle ne l’est que de 6 % en Algérie et en Tunisie,
• par référence au nombre d’étudiants par 10.000 habitants, le Maroc
avec un coefficient de 911 se situe dans la catégorie des économies intermédiaires, proche du Brésil (1061), relativement en avance par rapport
aux pays de l’UMA (Algérie 811, Tunisie 575) et assez en retard comparé
à la France (2400).
L’explosion des effectifs dans le supérieur semble imputable à la conjugaison de plusieurs facteurs qui sont de nature démographique et économique. Parmi ces derniers, il faut relever en particulier :
• La gratuité de l’enseignement public
• la généralisation des bourses d’études,
• la faiblesse du manque à gagner en raison des tensions qui sévissent sur
le marché du travail.
Il s’agit là d’un ensemble de facteurs dont les effets permettent d’antici-
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
149
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
per une poursuite de cette tendance bien que quelque peu atténuée. Durant la
décennie quatre vingt, le taux de croissance, en raison de l’orientation projetée
de lycéens vers la Formation Professionnelle, devrait connaître une relative
diminution (pour atteindre les 6 %). C’est ainsi que durant la décennie quatre
vingt dix, il est prévu seulement un quasi-doublement des effectifs (207.000 à
364.000).
Cette explosion des effectifs dans la mesure où elle ne s’est pas accompagnée d’une augmentation concomitante des ressources, s’est traduite par une
dégradation générale des conditions de fonctionnement des Facultés.
C’est ainsi que durant la décennie 80, pendant que les effectifs ont augmenté
en moyenne de 10 %, l’augmentation du budget est restée inférieure à 5 %
provoquant une réduction de plus de 50 % de la dotation par étudiant.
Cette situation au niveau des facultés n’a pas permis de développer ni un
corps enseignant et administratif suffisant en quantité et en qualité, ni une
infrastructure adéquate. Le taux d’encadrement qui atteint une moyenne de 1
enseignant pour 70 étudiants dans certaines filières (1 pour 34 étudiants au
niveau national) n’est guère favorable. D’où le faible niveau d’efficacité interne
que reflètent les taux élevés de redoublement et d’abandons.
III.2 LE DÉSÉQUILIBRE AU DÉTRIMENT DES FILIERES À
CARACTERE PROFESSIONNEL
L’étude de l’évolution des principales filières de formation révèle :
• un ralentissement de la croissance, voire, un essoufflement relatif des
formations à caractère professionnel (Médecine, celles des EFC et les Formations Pédagogiques) ;
• par contre, les filières de nature plus académique connaissaient une
croissance exceptionnelle en particulier pour les Sciences dont les effectifs
doublaient tous les 4 ans .
Le tableau 21, relatif aux filières universitaires et couvrant la période
1970 à 1991, illustre ces tendances à savoir :
• la réduction de la part de la filière Droit,
• l’évolution cyclique des Lettres,
• et la croissance continue des Sciences.
La limitation de la capacité d’accueil des EFC et des filières à caractère
150
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
EVOLUTION DES EFFECTIFS GLOBAUX
(1ER ET 2EME CYCLES) SELON LES PRINCIPAUX DOMAINES DE FORMATION
ANNEE
Lettres Sciences Droit
Total
SciencesEFC Publics IES PrivésFor.Péd. Total
Sciences
Sciences Formation Médicales (2)
(3)
For.Prof
Ensei.Sup.
Humaines (1)
Total
Economi. Non Prof.
151
70/71
4496
569
5 078
10 143
1 321
980
75/76
7503
2 397 16 355
26 255
5 389
3 406
80/81
31 160
12 112 24 813
68 085
6 556
7 926
84/85
55 932
32 295 23 816
112 043
6 767
8 701
88/89
68 239
60 246 36 796
165 281
7 011
9 334
90/91
69 293
66 302 46 181
181 776
7 408
9 668
2000/2001 87 843 104 990 89 019
281 852
8 898
20 000
(1) : y compris les effectifs des étudiants de l’Enseignement Originel
(2) : y compris les effectifs des étudiants de l’EMI, L’ENSEM
(3) : y compris les effectifs des étudiants de la Faculté des Sciences de l’Education.
Les formations professionnelles courtes ne sont pas inclues.
Source : - MTPFPFC pour les effectifs des EFC (1980 à 2000)
2 179
3 945
12 054
12 749
14 869
7 107
4 824
7 858
2 301
8 795
26 464
29 659
25 631
25 845
48 810
12 444
35 050
94 549
141 702
190 912
207 621
330 662
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
TABLEAU 21
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
professionnel ou semi-professionnel canalise la demande des bacheliers, vers les
Lettres et les Sciences qui deviennent des filières refuges.
Un constat assez paradoxal mérite d’être relevé. Les filières universitaires en particulier les Sciences et les Lettres, dont les lauréats sont les plus
exposés au problème de l’inadéquation continuent de drainer l’essentiel des
effectifs (et par conséquent des ressources publiques,) tandis que les formations
professionnelles des IGE qui assurent une meilleure insertion en termes de
débouchés font l’objet d’une importante limitation de leur capacité d’accueil.
Les projections à l’horizon 2000 font ressortir un important développement des formations en Droit et des formations professionnelles supérieures
courtes qui devraient provoquer un redressement relatif de ce déséquilibre avec
un quasi-doublement du pourcentage de ces dernières (13 à 23 % - hypothèse
haute -).
III.3 L’ÉVOLUTION DE LA DEMANDE POST-LYCÉENNE
ET LES MUTATIONS PRÉVISIBLES
Durant les trois dernières décennies, il est à remarquer :
• une progression constante des inscriptions en Sciences, consécutive à
l’importance prise par le baccalauréat scientifique,
• une évolution cyclique de la filière des Lettres,
• une baisse relative de la demande en Droit. Après avoir été la filière de
prédilection durant la décennie soixante dix, elle n’occupe actuellement
que le 3ème rang .
Cette évolution de la demande post-lycéenne semble pré-déterminée par
celle de l’offre en termes d’élargissement de la capacité d’accueil. C’est ainsi
que l’extension de l’infrastructure universitaire a porté principalement sur les
Facultés des Lettres et des Sciences (respectivement au nombre de 17 et 11).
Les projections effectuées montrent que la demande d’enseignement
supérieur devrait se maintenir à un niveau supérieur durant la décennie 90.
Deux hypothèses ont été retenues, l’écart dépend fondamentalement de l’introduction ou non des formations professionnelles supérieures courtes
152
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
▲
Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
TABLEAU 22
PROJECTION DES NOUVEAUX INSCRITS
ANNEE 2000/01
HYPOTHESE BASSE (2)
HYPOTHESE HAUTE
(1)
Effectifs
%
Effectifs
%
Lettres
22 208
23
22 208
19
Droit
24 980
27
24 980
22
Sciences
30 051
32
30 051
26
Médecine
1 080
1
1 080
1
EFC publics 6 000
6,4
6 000
5,3
IES privés
6 993
7,4
4 357
3,7
F.PED
2 996
3
2 996
3
22 000
20
113 672
100
FPS
TOTAL
94 308
100
Sources : Ministère de l’Education Nationale Direction de la Planification
“Projections nouveaux inscrits”
(1) Hypothèse haute
- développement des formations professionnelles courtes dans le supérieur (Ministère
de l’Education Nationale - Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres)
(2) Hypothèse basse
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
153
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
- pas de développement des formations professionnelles courtes dans le supérieur
(Ministère de l’Education Nationale - Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres).
Dans les faits, l’importance de la demande post-lycéenne devrait être
plus intense.
La réduction de la demande d’enseignement supérieure attendue par le
développement de la formation professionnelle vers laquelle 20 % des
jeunes seraient orientés à la fin de la 6ème année et 40 % à la fin de la 9ème
année ne serait effective sans un développement immédiat de ce secteur et une
“véritable valorisation de l’enseignement professionnel”.
Selon les hypothèses retenues, la structuration de la demande d’enseignement supérieur, à l’horizon 2000, pourrait se présenter comme suit :
- Les projections des inscriptions dans les différentes filières restant
inchangées, la différence entre les variantes se portera sur les formations
professionnelles supérieures courtes.
- Selon la seconde variante en l’an 2000, si les étudiants devraient s’orienter prioritairement vers les Sciences (26 %), il faut relever que les formations professionnelles supérieures canaliseraient 2 étudiants sur 10 au
même titre que le Droit et les Lettres et dans une moindre mesure les
formations professionnelles longues.
IV. LES OUTPUTS DU SYSTEME
D’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR A
L’HORIZON 2000
L’analyse prospective des outputs du système d’enseignement supérieur
peut être appréciée à partir de l’évolution des effectifs globaux et de la projection des diplômés.
IV-1 L’ÉVOLUTION DES EFFECTIFS GLOBAUX
D’après les prévisions effectuées, en l’an 2000/2001, les effectifs du SES
devront se situer dans une fourchette de 324.000 (hyp. basse) à 364.000 (hyp.
haute); la différence de 40.000 étant constituée par les effectifs des nouvelles
formations professionnelles du supérieur (Cf tableau 24).
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
• le sous-système Université devrait à lui seul accueillir 291.000
étudiants en l’an 2000/2001 soit une augmentation de 55 % par rapport
à 1990/1991. L’augmentation de ces effectifs se ferait prioritairement
dans les filières de Droit avec 43.000 étudiants supplémentaires - soit un
doublement des effectifs - et en Sciences avec 38.000 étudiants supplémentaires - soit une augmentation de 57 % des effectifs.
• le sous-système des EFC connaîtrait une croissance relative plus
rapide que celle de l’Université avec une augmentation de 106 % de ses
effectifs passant de 9.668 à 20.000 étudiants.
• le secteur de l’enseignement supérieur privé verrait ses effectifs
s’accroître de plus de 300 %.
A terme, selon l’hypothèse haute, l’Université regrouperait 78% des
effectifs au lieu de 91 % actuellement, alors que la contribution des EFC, du
secteur privé et des Formations pédagogiques du supérieur (FPS) passerait de 9
à 20 % environ.
Il est évident que pour accueillir en partie ou en totalité les quelques
160.000 étudiants supplémentaires d’ici l’an 2000, il faudrait un effort considérable d’investissement en infrastructure et en personnel principalement par
le Ministère de l’Education Nationale et les Etablissements de la Formation
des Cadres.
IV.2 LA PROJECTION DES DIPLOMÉS DE
L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Si l’on fait un parallèle par rapport à la situation qui prévalait en
1990/1991 sur la base de l’hypothèse qui intègre le développement des Formations Professionnelles Supérieures, il est à relever les évolutions majeures ciaprès :
• tout d’abord une augmentation de 150 % du nombre annuel des
diplômés par le SES passant de 21 à 53.000.
• L’importance des Formations Professionnelles Supérieures qui,
en représentant 33 % de la production des diplômés, deviennent dominantes.
• Le doublement de la production annuelle des diplômés en Droit et
en Sciences qui tend à se rapprocher de celle des diplômés en Lettres, qui
est de 8 à 9.000 pour chaque filière,
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
• Le développement plus rapide en chiffres absolus des EFC et IES
privés. Leurs outputs (lauréats) augmenteront de 80 % et 128 % respectivement. Cependant, leurs parts relatives ne vont pas connaître un changement notable. Le seul facteur qui pourrait bouleverser le pronostic
concerne le développement des Formations Professionnelles Supérieures
courtes.
TABLEAU 23
EVOLUTION DES EFFECTIFS GLOBAUX (1ER ET 2EME
CYCLE) DU SYSTEME D’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
DE 1990/91 A 2000/2001
1990/91
Effectifs
%
2000/2001
Effectifs
%
Lettres (1)
69 293
33
87 843
Droit et écon.
46 181
22
89 019
Sciences
66 302
32
104 990
Sc. médicales
7 408
4
8 898
TOTAL
189 184
91
290 750
UNIVERSITAIRE
EFC (2)
9 668
5
20 000
IES PRIVE
3 945
2
12 054
TOTAL IGE
14 128
7
32 054
(EFC+IES)
For.pégagogique (3) 4 824
2
7 858
For.Prof.Sup.
40 267
TOTAL SYST.ENS.
207 621
100
370 929 *
SUP. SANS FPS
(1) : Y compris les effectifs des étudiants de l’Enseignement Originel
23,7
24
28,3
2,3
78,3
5,4
3,2
8,6
2,1
11
100
(2) : Y compris les effectifs des étudiants de l’E.M.I., l’E.N.S.E.M. mais non ceux des E.S.T.
(3) : Y compris les effectifs des étudiants de la Faculté des Sciences de l’Education.
* Ce chiffre n’inclut pas les effectifs EST mais tient compte des effectifs projetés des F.P.S.
courtes (Effectifs projetés de 40.267 inscrits en 2000/2001).
Source :
- MEN, Direction de la Planification, Projection des effectifs universitaires et du secteur privé
supérieur.
- MTPFPFC , Direction de la Formation des Cadres pour les effectifs projetés des EFC.
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
Durant la décennie 90, on assistera à la baisse de la contribution de
l’Université au profit des Formations Professionnelles du Supérieur. C’est un
total d’environ 410.000 diplômés, soit une moyenne de 37.000 par an qui se
porteront sur le marché du travail, avec 45 % issus des domaines de formation
à caractère professionnel ou semi-professionnel (Cf tableau 24).
Comme corollaire à cette productivité du SES, il convient de signaler les
importants abandons qui représenteront durant cette décennie un total de
457.000 soit une moyenne annuelle de 41.000 .
TABLEAU 24
EVOLUTION DU NOMBRE DES DIPLOMÉS
PAR LE SYSTEME D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
DURANT LA DÉCENNIE 1990.
1990/91
2000/2001
Effectifs
%
Effectifs
%
Lettres (1)
Droit et écon.
Sciences
Sc. médicales
TOTAL
UNIVERSITAIRE
9 402
4 149
4 608
808
18 967
41,7
18,4
20,4
3,6
84,1
9 931
9 269
8 430
970
28 600
18,9
17,6
16
1,8
54,3
I.G.E. PUBLIC (2) 2 666
I.G.E. PRIVE
843
TOTAL IGE
3 509
11,8
3,7
15,5
4 800
1 921
6 721
9,1
3,6
12,7
For. pégagogique (3)
For. Prof. Sup.
-
69
0,4
-
-
17 353
33
TOTAL ENS. SUP. 22 545
100
52 674
100
(1) : Y compris les effectifs des étudiants de l’Enseignement Originel
(2) : Y compris les effectifs des étudiants de l’E.M.I., l’E.N.S.E.M.
(3) : Y compris les effectifs des étudiants de la Faculté des Sciences de l’Education.
Source :
- EFC : Direction de la Formation des Cadres MTPFPFC
- Autres indications : Division de la Planification DESR, MEN
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
V. LES DYSFONCTIONNEMENTS DU
SYSTEME DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Par rapport au marché de l’emploi et au système productif dans son
ensemble, le SES ne peut s’adapter que sur une période plus ou moins longue.
Aussi un décalage entre profils issus de la formation initiale et besoins des
entreprises, est toujours repérable et nécessite la mise en place d’un système
intermédiaire pouvant assurer la formation complémentaire souhaitée par le
système productif. L’adaptabilité du S.E.S. est séquentielle mais continue.
Néanmoins, des dysfonctionnements du SES par rapport aux exigences
du système productif méritent d’être repérés.
V.1 L’EXPRESSION DES DYSFONCTIONNEMENTS
INTERNES
Les dysfonctionnements internes du système de l’enseignement supérieur
ne sauraient être négligés, car ils se répercutent négativement non seulement
sur le système lui-même, mais aussi et surtout, sur les autres composantes de
l’enseignement. Ils se manifestent à travers l’organisation du système et ses
rendements internes.
A. L’organisation du système de l’enseignement
supérieur
- Au niveau des intrants :
Dans son fonctionnement, le SES se caractérise par trois catégories
d’intrants :
• Les étudiants, en fonction des cohortes détentrices du baccalauréat ;
• Le corps professoral et administratif ;
• Les moyens infrastructurels et financiers.
Or il faut constater qu’en dehors du secteur privé, encore à ses débuts, le
SES ne génère pas directement de flux financiers. De ce fait, il demeure dépendant, dans ses fonctions et ses performances qualitatives, des contraintes budgétaires et financières.
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
L’évolution des moyens humains et financiers mis en oeuvre ne suit pas
le rythme extrêmement rapide des cohortes détentrices du baccalauréat. Cela
provoque dans le cas de certains établissements, des déséquilibres entre les
effectifs inscrits dans les établissements d’un côté et les moyens humains,
financiers et infrastructurels de l’autre.
- Au niveau des effectifs :
Le SES est caractérisé en général par un faible taux d’encadrement.
La forte progression des effectifs a engendré une “massification” de certains établissements. Devenus difficilement gérables pédagogiquement, ces
établissements ne peuvent tenter une ouverture sur leur propre environnement
productif.
- Au niveau du pilotage réglementaire :
Les options stratégiques des différents sous-systèmes sont généralement
définies par des textes réglementaires, ce qui leur confère une certaine rigidité
et bloque la nécessaire flexibilité du S.E.S. par rapport au Système Productif.
De ce fait, ce pilotage des différentes composantes du Système Educatif Supérieur se limite le plus souvent, au niveau des établissements à une simple gestion courante.
Sur le plan pédagogique, la détermination des programmes de formation
par décret ministériel, freine toute adaptation des formations, pour tenir
compte des changements de l’environnement socio-économique.
Les IGE disposent, à cet égard, d’une relative flexibilité et enregistrent
de meilleurs résultats en comparaison avec les Facultés en termes d’adaptabilité au marché de l’emploi.
- Au niveau de l’articulation entre les unités du SES :
Cloisonnement et linéarité constituent une caractéristique permanente
des différents centres universitaires. L’absence de passerelles transforme les différentes composantes du SES en établissements très cloisonnés. Le circuit de
formation supérieure apparaît ainsi extrêmement linéaire, ce qui renforce la
rigidité du système et les taux de déperdition.
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159
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
B - Les faibles rendements internes
Les rendements internes du SES peuvent être mesurés à partir du taux
d’écoulement des effectifs d’un niveau universitaire à l’autre.
L’observation des statistiques relatives aux inscriptions et aux diplômés,
permet de distinguer deux ensembles différents : les EFC aux taux de rendement interne élevés, et les facultés pléthoriques, aux taux de rendement interne très faibles.
A titre d’illustration, nous donnons les effectifs des inscrits dans chaque
catégorie d’établissements en 1987/88 et le nombre de diplômés, quatre
années plus tard, soit en 1990/91.
TABLEAU 25
INSCRITS ET DIPLOMÉS
PAR CATÉGORIE D’ÉTABLISSEMENTS
ETABLISSEMENTS INSCRIT EN DIPLOMES EN RAPPORT
1987/1988 (I)1990/1991 (II)%
II/I
EFC.SCIENTIF.
PUBLIC
EFC JURID.
ECO. SOC. PUBLIC
TOTAL (1)
1 694
1 359
1 299
1 066
2 993
2 425
80,22
(95 %)*
82,06
(90 %)*
81,02
(92,50 %)*
FAC. (NON COMPRIS
LES FAC. DE MEDECINE)
LETTRES & SC. HUM. (2)19 371
9 402
48,54
DROIT & ECONOMIE 11 632
4 149
35,67
SCIENCES
23 593
4 608
19,53
TOTAL
54 596
18 159
32,26
(1) : Y compris les effectifs des étudiants de l’E.M.I., l’E.N.S.E.M. et des E.S.T.
(2) : Y compris les effectifs des étudiants de l’Enseignement Originel.
Source : MEN
* Les chiffres entre parenthèses proviennent d’estimations différentes et plus élevées des
taux de rendement internes. Elle est fournie par la DFC - MTPFPFC.
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Le nombre des diplômés représente plus de 81 % des inscrits quatre
années plus tôt dans les EFC publics, contre à peine 34 % dans les Facultés (à
l’exception de la Médecine).
L’observation des taux d’écoulement des effectifs corrobore parfaitement
ces constats de dysfonctionnements internes.
Sur une même promotion de 1000 inscrits la même année, le nombre de
diplômés-licenciés, se présente ainsi, selon le type de Faculté.
TABLEAU 26
RAPPORT DES INSCRITS / DIPLOMÉS
PAR TYPE DE FACULTÉ
FACULTES A l’issue de 4
A l’issue de 5 A l’issue de 6
années d’études années d’études
anné
d’études
Lettres
Droit
Sciences
157
121
69
163
140
86
61
65
35
Source : Tableau élaboré à partir des statistiques du Ministère de l’Education
Nationale
Seuls 15 à 16 % des étudiants en Lettres, contre 12 % en Droit et à peine
6 à 7 % en Sciences arrivent à obtenir leur diplôme au bout de 4 années
d’études !!
Ces résultats sont le fait d’une sévère sélection-exclusion qui caractérise ce type d’enseignement.
Ainsi le SES se caractérise non seulement par un taux de rendement
interne très faible, mais aussi par la mise sur le marché de l’emploi d’un volume important de jeunes sans diplôme et sans qualification supérieure.
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
V-2 DYSFONCTIONNEMENTS EXTERNES
Les dysfonctionnements externes peuvent être appréciés au niveau de
l’articulation entre le SES et les autres sous-systèmes d’enseignement, d’une
part, et par rapport au marché de l’emploi, d’autre part.
A- Les limites de l’articulation entre le SES et les
autres sous-systèmes d’enseignement.
Ces limites se manifestent par des discordances entre l’enseignement
secondaire et l’enseignement supérieur d’un côté, et une faible coordination
entre les différentes composantes de l’enseignement supérieur de l’autre.
En premier lieu, les discordances entres les deux systèmes, apparaissent
d’abord aux niveaux linguistique et culturel.
D’une manière générale, le SES suppose l’arrivée de bacheliers maîtrisant
de façon correcte deux langues au moins, la langue nationale, l’arabe, et une
langue étrangère, le plus souvent le français. Or, on constate que la maîtrise de
ces langues est de moins en moins assurée, ce qui engendre pour les étudiants
des difficultés énormes de compréhension, d’assimilation et d’utilisation des
connaissances acquises. La communication devient de plus en plus difficile
entre formateurs et étudiants, en raison de la détérioration des conditions
d’encadrement.
D’un autre côté, le niveau de culture générale requis pour des bacheliers
désirant poursuivre leurs études supérieures, semble de moins en moins
atteint. Dès lors, un tel hiatus ne peut qu’aggraver les faibles performances du
S.E.S.
Les discordances entre les Systèmes d’Enseignement Secondaire et Supérieur, se manifestent également à travers les différents programmes de formation respectifs à chaque système.
L’accent est mis dans le secondaire, sur les formations à caractère littéraire
et sciences expérimentales. Or, ces types de baccalauréats offrent de très faibles
possibilités attrayantes dans l’enseignement supérieur. Aussi une grande partie
de ces bacheliers se retrouve entassée dans les Facultés de Droit .
Les formations techniques au niveau du secondaire se voient offrir des
faibles possibilités diversifiées dans le supérieur. Les capacités des Instituts et
Grandes Ecoles Publiques sont très limitées.
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
En second lieu la faiblesse, voire l’absence de la coordination entre Etablissements de formation relevant d’administrations de tutelle différente, renforce le caractère cloisonné du SES.
Certes la multiplication des organismes de tutelle est une source d’enrichissement. Cependant une coordination pédagogique et scientifique entre les
unités relevant du MEN et celles relevant de la Direction de la Formation des
Cadres, est un impératif pour créer des synergies essentielles pour un Enseignement Supérieur performant.
B - Les dysfonctionnements par rapport au
marché de l’emploi.
Vis à vis du marché de l’emploi, les dysfonctionnements du système de
l’enseignement supérieur se situent tant au niveau des filières de formation
qu’au niveau des profils formés.
Selon les projections, les dysfonctionnements par rapport au marché de
l’emploi, tendront à se réduire relativement, puisque les diplômés des Formations Professionnelles Supérieures (FPS) inexistant en 1991, représenteront en
l’an 2001, 33 % de l’ensemble des diplômés du SES, alors que les diplômés des
universités ne représenteront que 55 % contre 85 % actuellement.
La tendance à une meilleure adaptation de la Formation Supérieure aux
besoins du marché de l’emploi est dès lors prévisible.
Néanmoins les spécialités pour lesquelles les opportunités d’emploi sont
rares continueront à être prépondérantes au cours de la décennie quatre vingt
dix.
Ainsi de 1991 à 2001, l’effectif des diplômés par spécialités sera comme
suit :
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163
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
TABLEAU 27
REPARTITION DES DIPLOMES PAR DISCIPLINES
SPECIALITES
EFFECTIF DES DIPLOMES
Biologie, géologie
Droit Privé et Arabe
Littérature Arabe
Enseignement Originel
Sciences Economiques
Physique
Histoire-Géographie
Droit Public (en arabe)
Chimie
38 051
33 054
29 925
l28 959
20 839
19 399
19 306
13 653
12 684
TOTAL
Source : Ministère de l’Education Nationale.
215 870
A elle seules, ces disciplines représenteront plus de 71 % des effectifs
diplômés de l’ensemble du Système de l’Enseignement Supérieur entre 1991 et
2000.
Par conséquent le problème de l’inadéquation des diplômes préparés et
les besoins en qualification du système productif continuera à se poser avec
autant d’acuité.
En outre, le système productif est à la recherche non seulement de qualifications techniques, mais également de capacités et d’attitudes humaines précises. Les qualités et attitudes recherchées par le système productif, sont essentiellement :
• Conscience professionnelle
• Capacité d’analyse et de synthèse
• Dynamisme
• Confiance en soi et rigueur scientifique
Faute de moyens humains, infrastructurels et financiers suffisants, notre
système éducatif supérieur accorde un intérêt très inégal au développement de
ces qualités humaines et à l’épanouissement de la personnalité.
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
V-3 LES DYSFONCTIONNEMENTS FINANCIERS
Toute analyse du système éducatif doit prendre en considération la
variable financière, c’est-à-dire les coûts de formation.
L’indice du Budget du Ministère de l’Education Nationale équivalent à
100 en 1973, a dépassé les 800 à la fin des années quatre vingt.
La part du budget du MEN est passée de 19 % du Budget de l’Etat en
1973, à près du quart aujourd’hui.
Au cours de la même période , le Budget de l’Enseignement Supérieur a
connu une croissance beaucoup plus rapide. L’indice de ce Budget est estimé
aujourd’hui supérieur à 2300 contre 100 en 1973.
De ce fait la part de ce budget dans le budget du MEN est passée de 8 %
à 25 % respectivement pour les deux dates.
Cependant cette progression des financements réservés à l’Enseignement
Supérieur, reste toute relative, en raison de l’augmentation rapide des étudiants. Entre 1970 et 1990, l’effectif des étudiants a été multiplié par plus de
13.
CONCLUSION
L’analyse du degré d’articulation du SES ne peut être valablement menée,
qu’en tenant compte de la finalité de ce système, qui est certes économique,
mais aussi socio-culturelle.
C’est la raison pour laquelle, le système éducatif ne saurait être entièrement dépendant du Système Productif, dans son sens restreint.
Dès lors l’évolution ne saurait se limiter à un simple rapport coût/emploi
proposé.
L’approche devrait prendre en considération, outre la variable emploi,
d’autres variables, tout aussi importantes, tel que les besoins socio-culturels.
L’évaluation du SES est donc plus large, plus complexe. Cependant
l’extension du champ d’investigation de la notion d’articulation, ne doit pas
faire omettre que ce système doit être piloté de façon la plus opérationnelle
possible.
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
TROISIEME PARTIE
PROGRAMME D'ACTION
POUR UNE MEILLEURE ARTICULATION
ENTRE L'EDUCATION, LA FORMATION
ET L'EMPLOI
CHAPITRE I
OBJECTIFS ET PHILOSOPHIE DU
PROGRAMME D'ACTION
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
1 - OBJECTIFS DU PROGRAMME
D’ACTION: identifier les options
fondamentales en vue de renforcer les capacités
d’adaptation réciproque du système d’éducationformation et du système de production.
La promotion de l’emploi est, aujourd’hui, une priorité nationale. Plusieurs paramètres conditionnent le niveau de l’emploi : la démographie, la
croissance économique, la formation et les relations professionnelles. Depuis sa
création, le CNJA a centré son action sur la promotion de l’investissement et
donc de la croissance économique. La troisième session du Conseil porte sur la
maîtrise de l’articulation entre le système éducatif (au sens large) et le
système productif. Le programme d’action vise, au moyen d’un rapprochement entre les besoins de l’économie et les sortants du système éducatif, à cerner les insuffisances de l’appareil de formation et du système productif, afin de
dégager les principales orientations conduisant au renforcement des capacités
d’adaptation réciproque du système d’éducation-formation et du système de
production.
Il est évident que la mission du système éducatif est beaucoup plus large
et s’étend à la satisfaction d’une demande socio-culturelle tout aussi fondamentale. Et, il est également évident que l’équilibre sur le marché de l’emploi ne
dépend pas uniquement de la dynamique du système éducatif, mais également
et surtout du dynamisme présent et futur du système productif (première et
deuxième sessions).
Néanmoins, en raison de l’ampleur du chômage des jeunes diplômés, la
recherche d’une articulation relative entre système éducatif et système productif est, aujourd’hui, un enjeu national et fondamental tant sur le plan économique que socio-politique.
2 - PHILOSOPHIE DU PROGRAMME
D’ACTION
A. UNE VISION GLOBALE DES DÉTERMINANTS
DE L’EMPLOI
Le thème choisi pour les travaux de la troisième session du Conseil
National de la Jeunesse et de l’Avenir constitue un prolongement logique et
indispensable des thèmes retenus lors des sessions précédentes.
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
En effet, le thème de la première session portant sur “l’insertion des
jeunes diplômés” a permis de se pencher sur les causes d’un phénomène nouveau apparu dans la société marocaine : d’un côté, des diplômés en chômage,
de l’autre, des besoins en emploi qualifié, exprimés par différents secteurs économiques et sociaux, qui demeurent non satisfaits.
De même, les travaux de la deuxième session consacrés à la question de
“l’emploi des jeunes en milieu rural” ont révélé l’existence d’un potentiel énorme de possibilités de développement non encore mobilisé au sein de l’économie rurale et la prédominance du travail peu ou non qualifié.
Dans ces deux sessions, l’action du CNJA a été centrée sur la promotion
de l’investissement productif et, par conséquent, la croissance économique
en tant que variable importante qui conditionne le niveau d’emploi.
L’attention accordée à la question de l’Education-Formation dans le cadre de la
troisième session s’inscrit dans la même perspective et témoigne de la globalité
de l’approche du CNJA ainsi que de son caractère multidimensionnel. Certes,
l’emploi est la résultante de plusieurs paramètres stratégiques : notamment la
démographie et la croissance économique. Dans le domaine de l’emploi, les
effets d’une croissance économique sont souvent amoindris par le rythme toujours important de l’évolution de la démographie. Une politique globale de
promotion de l’emploi devrait d’abord essayer de maîtriser ces variables.
Mais l’emploi est également fonction du degré d’articulation entre le Système Educatif et les besoins de l’économie.
Ainsi, l’essence commune des programmes socio-économiques proposés
par le Conseil réside dans la prise en compte de quatre corrélations principales:
- Croissance économique et emploi (première et deuxième sessions).
- Education, formation et emploi (troisième session).
- Relations professionnelles et emploi
- Démographie et emploi .
En effet, le problème de l’emploi au Maroc peut s’expliquer, en partie,
d’abord par un déséquilibre croissant entre la dimension démographique et la
croissance économique lesquelles déterminent, dans une large mesure, le comportement des composantes du marché de l’emploi : la première agit sur la
demande d’emploi et la seconde sur l’offre.
Le poids démographique est ressenti avec acuité en milieu urbain, où la
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
demande d’emploi croîtrait de 4,3 %, en raison notamment de l’exode rural et
de la participation croissante de la population féminine. L’évaluation de l’incidence des facteurs socio-démographiques sur la demande d’emploi en milieu
urbain, a établi que l’accroissement de la demande d’emploi des femmes soient
attribuable pour 70 % à la croissance démographique, et pour 30 % aux facteurs socio-culturels qui sont à la base du changement du comportement de la
femme vis-à-vis de l’activité. Par contre, l’accroissement de la demande
d’emploi masculine proviendrait dans sa quasi-totalité de la croissance démographique, le changement de structure de cette demande étant le produit principal de l’élévation du niveau d’instruction et de formation des jeunes.
Mais, jusqu’à quel niveau la croissance économique peut-elle supporter le
poids de la démographie ? Toujours est-il qu’une croissance économique saine
et durable demeure tributaire de trois facteurs :
- La mise en oeuvre d’une politique adéquate visant l’instauration progressive
d’un équilibre durable, à long terme, entre ressources humaines et ressources économiques ;
- La conciliation entre l’élaboration d’une politique économique, où l’emploi est
intégré en tant que variable stratégique, et la restauration des équilibres externes
(réduction du déficit commercial, du service de la dette extérieure....) ;
- La poursuite de l’investissement dans le capital humain pour en faire un facteur
de développement économique et technologique.
Ces différents objectifs constituent certains des principes majeurs des
programmes d’action proposés par le Conseil.(Voir les première et deuxième
sessions) .
Ensuite, la méconnaissance du marché de l’emploi rend difficile la
gestion des déséquilibres qui le caractérisent. La connaissance précise de
l’offre et de la demande d’emploi restent une condition préalable à toute évaluation de leur degré de correspondance. Il s’agit, là, d’un travail de longue
haleine où le recensement et l’enquête effectués par le Conseil en
Janvier/Février 1991 ne constituent qu’un premier jalon.
D’autres études et enquêtes sont à entreprendre pour dégager les grandes
tendances du système d’éducation-formation en vue d’un diagnostic des distorsions entre l’offre et la demande d’emploi. Le bilan du travail des commissions
provinciales et préfectorales12 mises en place par le CNJA en vue de mettre en
contact offreurs et demandeurs d’emplois en est l’illustration la plus édifiante.
L’entreprise marocaine exige du marché du travail la disponibilité de profils de formation immédiatement opérationnels. Partant de cette perception,
12 Il s’agit des commissions provinciales et préfectorales mises en place par le Conseil pour
rapprocher la demande (des jeunes diplômés) de l’offre d’emploi émanant des entreprises
privées. C’est la première expérience du genre dans ce domaine.
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
l’offre potentielle d’emploi semble difficile à satisfaire à court terme, et on
conclut à l’inadaptation de la formation à l’emploi.
Or, dans plusieurs expériences riches d’enseignements dans le domaine de
l’emploi, le système d’éducation-formation est de plus en plus appelé à prendre
une certaine “autonomie” par rapport aux besoins immédiats du système productif. La tendance nouvelle s’oriente vers la promotion de profils de formation
générale susceptibles de s’adapter rapidement au rythme des changements des
besoins du système productif. Plusieurs arguments militent en faveur de cette
option :
- Des études menées dans d’autres expériences ont révélé que des entreprises ayant des équipements techniques comparables étaient caractérisées par des structures d’emploi et des compositions de la main d’oeuvre
qui différaient sensiblement. Plusieurs profils de formation pouvaient
donc correspondre à un état donné de la technologie. Ces mêmes études
ont montré que plus les jeunes ont un diplôme de niveau élevé, mieux ils
se placent; le type de formation qu’ils ont pu recevoir ne jouant qu’un
rôle secondaire par rapport au niveau atteint.
- Une main-d’oeuvre ayant un meilleur niveau de formation générale
s’adapte mieux dans l’entreprise ;
- Un niveau élevé de formation générale de la main d’oeuvre favorise
l’expansion ultérieure des entreprises en les dotant d’une capacité d’adaptation, d’évolution ou même de reconversion pour faire face aux évolutions économiques et technologiques possibles, grâce aux qualités du personnel en place.
- La relation “formation-emploi” a toujours été considérée comme
“consécutive” : formation et emploi se succèdent dans le temps. Or, il
apparaît de plus en plus que la relation formation-emploi est, pour une
large part, une relation “simultanée” : la formation s’acquiert “dans” et
“par” l’emploi dans l’entreprise. De cette constatation découle le concept
de “l’entreprise formatrice”.
Il est à souligner que la mise en oeuvre de cette option, relative à l’articulation “formation-emploi”, est liée d’une part à l’existence d’une politique des
ressources humaines au sein de l’entreprise et d’autre part à l’ouverture du système éducatif sur son environnement socio-économique.
C’est là l’un des objectifs de l’action actuelle du Conseil perceptible à
plusieurs niveaux. : initiation d’une réflexion sur la relation “formationemploi”, dynamisation de l’intermédiation sur le marché de l’emploi, mise en
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
place d’un dispositif de reconversion professionnelle facilitant l’insertion des
jeunes diplômés dans la vie active...
B. DÉVELOPPER LA CAPACITÉ D’ADAPTATION DU
SYSTEME D’ÉDUCATION ET DE FORMATION À
L’ÉVOLUTION DES BESOINS DE L’ÉCONOMIE
L’articulation recherchée entre l’éducation, la formation et l’emploi est
une articulation relative en raison des rythmes contrastés des évolutions des
systèmes en présence, de la diversité de leurs rôles respectifs et de la faiblesse
des articulations sectorielles dans la politique économique et sociale.
i - Les rythmes contrastés des évolutions des
systèmes en cause
L’évolution des systèmes de formation est lente. Elle s’inscrit dans le
moyen et long terme. Entre le moment où les adaptations des systèmes de formation sont opérées et celui où l’impact est perceptible s’écoulent de nombreuses années. En revanche les besoins d’emploi de l’économie changent rapidement au fil de la mouvance technologique ; A peine l’entreprise identifie ses
besoins en ressources humaines et tente de les mobiliser que de nouvelles exigences apparaissent sous l’effet des bouleversements technologiques.
ii - La diversité des rôles des systèmes en
présence
L’équilibre sur le marché de l’emploi ne dépend pas uniquement de la
dynamique du Système Educatif mais également et surtout des performances
du Système Productif.
Par ailleurs, la fonction du Système Educatif ne se limite pas seulement à
la satisfaction des besoins exprimés par le marché de l’emploi. A celle-ci s’ajouterait la réponse à une demande socio-culturelle tout aussi fondamentale à
satisfaire.
iii - Les difficultés qui procèdent de la prise en compte dans toute
politique économique et sociale des articulations sectorielles en plus des objectifs de développement strictement sectoriels. L’articulation relative passe donc
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
d’une part par le développement d’un Système Educatif fondé sur la polyvalence, ouvert sur son environnement socio-économique et d’autre part par un système productif au fait des mutations technologiques grâce à son implication
dans la recherche-développement et à une politique de valorisation des ressources humaines.
C. POURSUIVRE L’INVESTISSEMENT DANS LE
CAPITAL HUMAIN ET SENSIBILISER L’ENTREPRISE À
LA VALORISATION DE SES RESSOURCES HUMAINES
Le programme d’action proposé procède d’un triple constat qui doit être
interprété comme une incitation au développement du système éducatif aux
niveaux quantitatif et qualitatif et à la promotion de l’emploi qualifié au
sein du système productif.
En effet, le premier constat concerne une tendance à l’essoufflement du
système productif marocain dans un environnement économique général en
pleine mutation. A l’horizon proche se profilent les défis d’un outil de production inadapté dont l’avantage comparé reposait sur les bas salaires. L’effritement de cet avantage fait de l’intégration industrielle et de la normalisation de
la qualité les deux conditions de la compétitivité. Or la refonte de l’outil de
production qui en découle fait de la formation et de la qualification professionnelles les fondements de tout avantage comparatif dans l’avenir.
Ce constat se heurte d’une manière paradoxale à un deuxième: les projections de créations d’emploi révèlent la faiblesse de la part de l’emploi qualifié
dans le total des emplois.
Le troisième constat réside dans l’évolution du système éducatif marquée
par l’importance des déscolarisés et des sorties de l’enseignement à caractère
général tant au niveau du secondaire que du supérieur.
Ces différents constats conduisent à considérer que le développement du
système éducatif signifie la poursuite de l’investissement en ressources
humaines mais également la recherche d’une amélioration de sa productivité à
travers la rationalisation de sa gestion et son ouverture sur son environnement
socio-économique. La valorisation des ressources humaines au sein du système
productif passe par la sensibilisation de l’Entreprise à la productivité et par
son incitation à la promotion de l’emploi qualifié.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
D. VERS UNE IMPLICATION CONCERTÉE DES
PARTENAIRES
Le caractère “ouvert” des mesures proposées est un principe délibérément
adopté par le programme d’action proposé. Il procède d’abord de la complexité
des problèmes abordés qui ne peuvent être traités sans une sensibilisation
continue, une capitalisation approfondie des nombreuses accumulations
réalisées dans le domaine, et une concertation permanente entre les partenaires impliqués.
Il découle ensuite des progrès importants réalisés dans la réflexion sur le
système éducatif et qui ont conduit, dans plusieurs occasions, à des blocages
dans la réalisation, liés à l’insuffisance de la concertation ou à la faible
prise en compte des contraintes hypothéquant la faisabilité des recommandations adoptées.
Il signifie, enfin, que l’objectif majeur du programme d’action du
Conseil est de définir un cadre général de réflexion sur les solutions appropriées.
Ce programme est donc le point de départ d’une réflexion collective, et
non un quelconque aboutissement, sur une question qui représente en cette fin
de siècle un défi national.
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
CHAPITRE II
RAPPROCHEMENT ENTRE OFFRE
ET DEMANDE DE FORMATION
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
O
utre ses finalités culturelles et sociales, le système éducatif dans
son ensemble doit répondre aux objectifs économiques tant il
est vrai que la croissance et le développement dépendent de
façon étroite du niveau d’éducation et de qualification de la population. Il
devient dès lors nécessaire d’établir un rapprochement entre les sorties du système éducatif d’une part et les possibilités de leur insertion dans la vie active
offertes par le système productif d’autre part. Ce rapprochement permettra
d’établir un diagnostic prospectif sur la base duquel pourront être fondées les
actions d’ajustement en vue d’atténuer les déséquilibres sur le marché du travail.
Pour pouvoir effectuer un rapprochement global entre l’offre et la
demande de formation en termes de flux annuels de diplômés, compte non
tenu des stocks de demandeurs d’emplois diplômés, on a adopté les hypothèses
suivantes :
(i) Tous les sortants diplômés sont assimilés à des entrées dans la vie active, et constitueraient donc l’offre de formation sur le marché du travail;
(ii) Les besoins de renouvellement représenteraient quelque 5% des
besoins d’expansion pour toutes les catégories de diplômés ; la somme de
ces deux volets donnerait les besoins ou demande de formation ;
(iii) La part des diplômés s’orientant en milieu rural est supposée négligeable et, par conséquent, l’effectif de sortants diplômés au niveau national pourrait être rapproché aux besoins d’emploi en milieu urbain.
Sur la base de ces hypothèses, et après ajustement des besoins d’expansion
on a évalué les “surplus” et “déficits” par niveau de formation pour l’horizon
1997/1998, date permettant d’apprécier les possibilités de développement du
système d’éducation et de formation, et de prendre dès à présent les dispositions requises pour corriger progressivement les déséquilibres prévisibles.
Les déficits ou surplus ainsi dégagés, il faudrait le souligner, résultent
d’un solde global qui, de par la définition de ses composantes, ne saurait renseigner sur le niveau de chômage que connaîtrait chaque niveau de formation. Tout au plus, ces indicateurs donneraient une idée très approximative
sur les possibilités de développement de ces niveaux de formation en
termes de capacité d’accueil, sachant que pour un même niveau peuvent
coexister un taux de chômage élevé et des besoins d’emploi et de formation
relativement importants non satisfaits.
Aussi conviendrait-il d’approfondir le rapprochement par filières
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
pour mieux cerner les inadaptations des formations aux besoins de
l’économie, et pouvoir caractériser les types de chômage en présence
(chômage d’insertion, chômage de dysfonctionnement du marché du
travail, chômage structurel).
Globalement, la balance offre-demande de formation présente un déficit
brut estimé à environ 29% de l’offre, qui résulte en grande partie du niveau
“Spécialisation”, dont le taux de déficit dépasserait largement 100%, et dans
une moindre mesure des niveaux “cadres intermédiaires”, et “qualification”,
avec des taux de 21% et 17% respectivement.
1 - Pour le le niveau “Spécialisation”, bien que ce taux soit quelque peu
surestimé, puisque n’incluant pas le niveau initiation professionnelle, les
besoins potentiels resteront élevés, aussi bien pour les activités du secteur
informel que pour les secteurs organisés, notamment au niveau de
l’apprentissage.
Les métiers dans lesquels ce niveau de formation pourrait être développé
sont nombreux et appartiennent notamment aux filières de textile, de la
confection, du bâtiment, des transports, du commerce, et de l’alimentation. En prévision de l’expansion des effectifs du deuxième cycle de
l’enseignement fondamental, il conviendrait de renforcer ce niveau de
formation et de l’adapter aux besoins des employeurs, afin de donner un
minimum de formation professionnelle aux jeunes qui n’arriveraient pas
à accéder à l’enseignement secondaire, et qui se présenteront sur le marché de l’emploi.
2 - Le niveau qualification connaîtrait également un taux de déficit non
négligeable de l’ordre de 17 % de l’offre de formation, déficit qui a été
observé par les enquêtes auprès des employeurs dont les besoins exprimés
se sont avérés importants, en dépit de l’accentuation du chômage de
diplômés issus des filières de formation peu captives. Bien que ce taux de
déficit indique l’existence d’une marge importante d’expansion des capacités d’accueil pour ce niveau de formation, les risques d’aggravation du
chômage qualifié, ne sont pas négligeables.
En particulier, les bacheliers non inscrits ou abandonnant leurs études à
l’Enseignement Supérieur connaîtraient des difficultés d’insertion, du fait
qu’ils possèdent un diplôme non professionnel : Le nombre d’emplois
annuels projetés pour cette catégorie est de 3.670 pour une demande prévisionnelle de 17.480, soit un surplus de 13.410.
Par ailleurs, le rapprochement entre les créations d’emplois par profes-
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
sions et les sorties des filières de formation laisse apparaître des besoins
relativement importants dans les métiers qualifiés du textile, de la
confection, de la restauration, de la construction, et dans les filières
industrielles telles que la mécanique industrielle (maintenance et réparation notamment) , l’usinage et fabrication mécanique, la ferronnerie et la
chaudronnerie.
3 - Les besoins en cadres intermédiaires sont relativement élevés. Malgré l’accroissement rapide des capacités d’accueil et des effectifs en formation correspondant au niveau technicien, le déficit par rapport à l’offre
de formation atteindrait environ 21 % .
Eu égard au rôle accru que joueront ces cadres dans l’économie, il est
suggéré d’initier, dans un cadre complémentaire et cohérent avec les
filières de techniciens, des formations intermédiaires professionnalisées
avec des cycles de courte durée. Ces formations permettraient, à brève
échéance, de “récupérer” les étudiants qui abandonneront leurs études et
de leur assurer une formation qualifiante, et, à long terme, de mieux
réguler la production des diplômés de l’enseignement supérieur en fonction des besoins de l’économie.
4 - Au niveau de l’enseignement supérieur, la croissance relativement
rapide des effectifs conduira, vers la fin de la décennie, à un taux de surplus de l’ordre 18 %, notamment dans les filières littéraires et scientifiques peu “professionnalisées”. En effet, l’enseignement mettra sur le
marché du travail quelque 23 400 licenciés par an et 4400 diplômés des
Instituts et grandes écoles d’ici à la fin de la décennie quatre-vingt-dix.
Si les créations d’emploi pour les diplômés et les grandes écoles devraient
largement absorber les sorties de ces établissements de formation avec
une offre additionnelle de 4900 emplois par an, le problème de l’emploi
de la catégorie des licenciés se posera avec plus d’acuité, car le surplus de
ces diplômés ira croissant.
Ces déséquilibres ne devraient pas préjuger des possibilités de développement de l’enseignement supérieur car ils découlent d’une évolution tendancielle des structures actuelles du système d’éducation-formation et du
système productif dont le niveau d’encadrement reste faible. Le rythme
de croissance de l’emploi des cadres supérieurs pourrait, toutefois, être
accéléré si des dispositions sont prises durant les années à venir pour
moderniser les structures économiques, promouvoir les professions hautement qualifiées et faire de l’enseignement supérieur un facteur de développement technologique et un élément de la croissance.
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
Dans ce contexte, la restructuration de l’enseignement supérieur pourrait
être envisagée dans l’optique de réaliser un meilleur équilibre entre les
différentes filières et les types de formation, d’accroître l’efficacité interne
et externe des établissements de formation, et d’adapter davantage
l’enseignement supérieur à l’environnement socio-économique.
5 - Mais de grandes zones d’ombre demeurent, notamment celles qui
entachent la situation de l’emploi de la main-d’oeuvre non qualifiée
dont le niveau d’instruction ne dépasse pas la fin du deuxième cycle de
l’enseignement fondamental. Une partie de cette main-d’oeuvre qui n’a
pas atteint la fin du premier cycle de l’enseignement de base peut être
considérée parmi celle n’ayant pas de diplôme et qui s’accapare près de
43% des emplois additionnels projetés. Pour l’autre partie qui se prévaut
d’un niveau d’instruction équivalent à la fin du premier et/ou du deuxième cycle de l’enseignement fondamental, les possibilités d’emplois se
limitent à 43.600 postes par an. Elles sont donc loin de couvrir les sorties
cumulées de ce niveau d’enseignement et non récupérées par le système
de formation professionnelle. On rappelera que l’effectif total des sorties
cumulées dépasserait les 300.000 par an en moyenne sur la décennie
quatre-vingt dix, déséquilibrant davantage la balance de l’emploi pour
cette catégorie de main-d’oeuvre.
A la lumière de ces éléments de rapprochement, on peut considérer que
les zones de déséquilibres entre le système éducatif, pris dans sa totalité,
et le système productif, se situent en premier lieu au niveau des sorties de
l’enseignement à caractère général et le second lieu au niveau des licenciés de l’enseignement supérieur et enfin dans une moindre mesure
concernant les lauréats de la Formation Professionnelle. Les perspectives
d’évolution telles qu’elles ressortent des projections semblent perpétuer
les scénarios actuels. Ce constat constitue le point d’appui de toute action
d’ajustement ou de restructuration envisageable à l’avenir.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
CHAPITRE III
ACTIONS POUR UNE MEILLEURE
ARTICULATION ENTRE L’ÉDUCATION, LA
FORMATION ET L’EMPLOI
Il ressort de cette réflexion prospective la nécessité d’entreprendre des
actions et des mesures de grande envergure en vue de développer la capacité
d’adaptation de notre système d’éducation-formation aux besoins de l’économie, l’objectif ultime étant d’assurer une formation d’avenir : productive pour
les entreprises et utile pour les générations montantes. Mais pour qu’elle soit
efficace, cette formation doit être une formation concertée impliquant davantage les employeurs dans l’acte de formation. Cependant, le rôle du système éducatif et du système productif ne devrait pas se limiter au processus d’apprentissage institutionnel : ils sont appelés plus que jamais à participer au développement de l’éducation permanente, afin d’assurer la promotion sociale à
l’ensemble de la population.
Tels sont les objectifs qui seront développés dans les axes retenus par le
programme d’action pour la présente session :
- le développement de l’éducation de base en tant que moyen important dans
la préparation à la vie active (mesures n° 1,2,3 et 4)
- la mise en place d’une formation concertée, seule susceptible d’assurer
une insertion professionnelle (mesures n° 5,6,7 et 8)
- le renforcement du partenariat entre le système éducatif et le monde
du travail (mesures 9,10,11 et 12).
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
.1.
EDUCATION DE BASE
ET PREPARATION A LA VIE ACTIVE
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
MESURE N°1
L’ALPHABETISATION : UN VECTEUR
DE DEVELOPPEMENT
PRESENTATION
Le taux d’alphabétisation est désormais considéré comme l’un des principaux
critères utilisés dans les comparaisons internationales en matières de développement économique et social. Au Maroc, la campagne de lutte contre
l’analphabétisme a été lancée en même temps comme soutien et complément à l’opération école entreprise au début de l’indépendance.
Cependant, sur le plan des réalisations force est de constater que les résultats
demeurent bien en deça des objectifs.
Par conséquent, compte tenu des effets induits de l’alphabétisation sur la
croissance économique et sur le développement social et culturel, une action
d’envergure s’impose en tant que priorité nationale qui commande une évaluation objective des réalisations, et des moyens humains et matériels mobilisables dans le cadre de cette opération. Le but recherché est de permettre
aux larges couches de la population d’assimiler les notions de base aux
niveaux de la lecture, de l’écriture et du calcul.
OBJECTIFS
• Contribuer à l’élévation du niveau d’instruction
• Favoriser l’accès à l’information au savoir et au savoir-faire
• Permettre d’agir efficacement sur les variables démographiques
• Améliorer les conditions sociales
• Améliorer la productivité du travail.
MOYENS DE MISE EN OEUVRE
• Mobilisation des infrastructures existantes (écoles, msids,
entreprises, administration).
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
• Création d’un fonds national pour le développement de l’alphabétisation.
• Possibilités offertes par la coopération internationale.
• Campagne multimédias de sensibilisation pour la mobilisation et l’adhésion de toutes les énergies.
• Mise en place d’une structure de coordination entre les différents intervenants.
CONDITIONS DE REALISATION
• Elaboration d’un programme national d’alphabétisation à
court, moyen et long terme,
• L’adhésion de toutes les parties concernées et principalement les populations ciblées.
PARTIES CONCERNEES
• L’Administration
• Les collectivités locales
• Les entreprises
• Les organisations de jeunesse
• Associations professionnelles
• Médias
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
MESURE N°2
LA SCOLARISATION :
UN FACTEUR D’INSERTION
DANS LA VIE ACTIVE
PRESENTATION
Si l’objectif de la généralisation de la scolarisation fait l’objet
d’une unanimité à l’échelle nationale, néanmoins on
observe une certaine lenteur au niveau de l’évolution du
taux de couverture des enfants en âge de scolarité, surtout
des filles en milieu urbain et des enfants des deux sexes en
milieu rural.
Ce phénomène peut s’expliquer par l’insuffisance des capacités d’accueil
(causes liées à l’offre), par le manque d’attrait pour l’école surtout en milieu
rural. Ce qui peut s’expliquer par différents facteurs : économiques,
sociaux... (causes liées à la demande) ou par des facteurs liés à l’environnement de l’école.
Or l’élévation du niveau d’instruction de la population est reconnue comme
un facteur de la croissance. En effet, des études ont montré qu’une année
d’instruction supplémentaire de la population active provoque une croissance du PIB de l’ordre de 7%. Par conséquent, la généralisation de la scolarisation devient un impératif à la fois économique, social et culturel.
Il s’agit donc de faire une évaluation objective des réalisations et d’identifier
les facteurs de blocage afin d’agir efficacement dans ce domaine.
OBJECTIFS
• Elever le niveau d’instruction de la population ;
• Permettre aux scolarisés l’accès à des niveaux supérieurs d’éducation formation ;
• Permettre une meilleure préparation à la vie active;
• Doter la société et l’économie des compétences diversifiées.
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
MOYENS DE MISE EN OEUVRE
• L’identification des facteurs de blocage spécifiques selon
le milieu urbain ou rural ;
• La mobilisation et l’utilisation rationnelle des moyens humains et matériels ;
• La conjugaison des efforts de tous les partenaires et principalement le
concours des départements concernés par l’école ou par son environnement.
• La sensibilisation des parents, surtout en milieu rural, pour obtenir leur
adhésion.
• Le renforcement de l’enseignement fondamental en milieu rural
CONDITIONS DE REALISATION
• Engager un débat national sur l’impératif de la
généralisation de la scolarisation pour trouver des solutions
appropriées aux différents facteurs de blocage.
PARTIES CONCERNEES
• Ministère de l’Education Nationale;
• Les autres Ministères concernés par l’amélioration de l’environnement de
l’école ;
• Les Collectivités locales ;
• Les Parents.
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
MESURE N° 3
MAITRISE DES LANGUES D’APPRENTISSAGE
PRESENTATION
Les langues permettent de diversifier les possibilités d’accès
au savoir et au savoir faire émanant de différents horizons.
Elles renforcent les chances de réussite scolaire et
d’insertion sociale et professionnelle.
Au Maroc, en matière de langues d’apprentissage, on constate une rupture
entre les niveaux fondamental et secondaire et le niveau supérieur. Ce qui
peut expliquer en partie le fort taux d’échec enregistré dans les premières
années de l’enseignement supérieur. D’autant plus que la langue maîtrisée
commence à motiver des orientations sans références aux critères objectifs de
vocation et d’habilité psychotechniques.
Par conséquent, l’amélioration de la situation passe par la maîtrise de la
langue nationale en tant que langue officielle d’apprentissage. De même, les
langues étrangères devront être renforcées et maîtrisées en tant que moyens
d’ouverture sur l’évolution de la science et de la technologie.
OBJECTIFS
• faire en sorte que la langue ne constitue pas un facteur
discriminant pour les différentes options d’orientation
• permettre une meilleure intégration dans la civilisation universelle, tout
en renforçant les caractères spécifiques de l’identité nationale.
MOYENS DE MISE EN OEUVRE
• renforcer l’enseignement des langues d’apprentissage au
niveau de l’enseignement fondamental et secondaire,
• utiliser les moyens didactiques modernes pour l’apprentissage des langues.
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
CONDITIONS DE REALISATION
Mise en place d’une politique nationale claire et cohérente en matière de
développement et de maîtrise des langues.
PARTIES CONCERNEES
• Ministère de l’Education Nationale
• Administration de la formation professionnelle et de la
formation des cadres.
• Les médias.
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
MESURE N°4
DEVELOPPEMENT DE L’ENSEIGNEMENT
DE LA TECHNOLOGIE
PRÉSENTATION
Les trajectoires de développement économique montrent
que la maîtrise de la technologie constitue un facteur
déterminant. Dans la perspective de favoriser cette maîtrise,
l’introduction, dans les programmes d’enseignement
général, des matières technologiques permettra d’ouvrir de
nouveaux horizons .
Au Maroc, la réforme de l’enseignement de 1985, visait
d’accorder une place importante à l’ “Enseignement des
Sciences et Techniques”. Cependant, les réalisations
demeurent insuffisantes.
Il s’agit donc de renforcer l’action dans ce domaine afin de
favoriser le développement de la culture et du savoir
technologiques nécessaires pour s’adapter efficacement au
rythme accéléré des mutations de la société moderne.
OBJECTIFS
• Initier à la technologie et à l’innovation de manière
cumulative et ce depuis l’enseignement fondamental.
• Permettre aux contenus de formation de prendre en compte les évolutions
technologiques .
• Développer les bases d’une interaction entre enseignement théorique et
enseignement pratique, entre savoir et savoir-faire.
• Aider les enfants à mieux comprendre pour choisir leurs carrières d’avenir.
• Augmenter les possibilités de choix d’orientation grâce à la polyvalence
offerte par l’enseignement de la technologie.
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
MOYENS DE MISE EN OEUVRE
• Moyens matériels
• Equipements didactiques à développer et/ou à rationaliser
• Implanter dans les établissements (écoles, lycées et universités) d’ateliers à
fonctionnalité technologique.
• Moyens humains :
• Formation initiale et continue des formateurs
• Moyens pédagogiques :
• Manuels, moyens audiovisuels, séquences éducatives en entreprise, etc...
CONDITIONS DE RÉALISATION
• Elaborer des programmes à la fois intégrés et adaptés à
chaque niveau du cursus de l’enseignement général.
PARTIES CONCERNÉES
• Ministère de l’Education Nationale
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
.2.
FORMATION CONCERTÉE
ET INSERTION PROFESSIONNELLE
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
MESURE N°5
DEVELOPPEMENT D’UN SYSTEME
NATIONAL D’INFORMATION ET
D’ORIENTATION
PRESENTATION
Les systèmes d’information et d’orientation sont peu
développés. Il en résulte des choix peu fondés sur la
connaissance des besoins, des habilités et des aptitudes. Les
contraintes de la carte scolaire, la capacité d’accueil et les
circuits informels déterminent largement l’opération de
l‘orientation .
Ainsi, le développement des structures d’information et de
l’orientation est en mesure de promouvoir les mécanismes
d’ajustement et d’articulation par une meilleure
communication entre les composantes des systèmes.
OBJECTIFS
• Mettre en place d’une manière coordonnée un système de
communication susceptible de véhiculer l’information entre
le système éducatif et le système productif;
• Développer la formation du personnel d’orientation dans les techniques
d’évaluation et de communication;
• Développer les échanges d’expériences entre départements dans le domaine
de l’orientation;
• Assurer l’accès à l’information existante ;
• Faciliter l’insertion des lauréats dans le monde du travail.
MOYENS DE MISE EN OEUVRE
• Développement d’un réseau national d’information scolaire, professionnel
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
et universitaire.
• Renforcement, au profit des conseillers et personnel spécialisé dans l’orientation, des moyens (documents, locaux, textes...) et les conditions pour
accomplir leurs tâches.
• Production et diffusion de l’information d’une manière décentralisée.
• Elaboration de modules sur la formation professionnelle, sur les filières de
formation dans le supérieur et sur l’environnement socio-économique local
et régional.
• Création d’un bureau d’information et de liaisons avec les entreprises, au
niveau de l’université.
• Réalisation des études dans le domaine des tests de l’évaluation et sur les
critères de sélection.
• Mise en oeuvre de la mesure adoptée lors de la première session relative à
la création d’une structure d’intermédiation sur le marché du travail.
PARTIES CONCERNEES
• Ministère de l’Education Nationale
• Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la
Formation des Cadres
• Parents
• Elèves
• Etudiants
• Autres départements formateurs.
• Les associations et groupements professionnels.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
MESURE N°6
DEVELOPPEMENT DES MODES
CONCERTES DE FORMATION
PRESENTATION
L’élargissement des pratiques de concertation constitue le moyen le plus
approprié pour favoriser une meilleure articulation entre profils de formation et besoins de l’économie. Dans cette perspective, le développement de
la communication entre système éducatif et système productif est un moyen
privilégié pour l’identification et la mise en oeuvre de programmes de formations spécifiques.
Cette démarche a pour objectif de permettre, d’une part, à l’entreprise
d’améliorer ses performances et sa compétitivité par le truchement de la
valorisation de ses ressources humaines et d’autre part, au système éducatif
de répondre en particulier à des besoins précis de l’économie.
Dans cette perspective, les modes de formation visés peuvent concerner
notamment :
• la formation en alternance qui permettra à l’entreprise de participer effectivement dans l’acte de formation.
• la formation contractuelle pour développer des formations “pointues”
répondant aux besoins spécifiques ou particuliers de l’employeur.
• la formation par modules créditables, qui s’inscrit dans le cadre de la formation continue, permet à la population active d’acquérir de nouvelles qualifications et d’accéder à des possibilités de promotion sociale.
OBJECTIFS
• Impliquer l’entreprise dans l’acte de formation
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
• Promouvoir un système de passerelles et valoriser les formations intermédiaires par l’ouverture des possibilités de mobilité professionnelle en entreprise et d’avancement dans les carrières.
• Favoriser l’insertion professionnelle.
MOYENS DE MISE EN OEUVRE
• Formation et information de l’entrepreneur marocain, en particulier dans
les PME.
• Identification de profils de formation et d’emploi de façon conjointe par
les associations professionnelles et les départements formateurs.
• Mise en oeuvre des conventions de partenariat.
CONDITIONS DE REALISATION
• Des formes plus avancées d’organisation et de structuration des opérateurs
et des associations professionnelles au niveau national et régional.
• Une allocation motivante des ressources provenant de ces activités de formation.
PARTIES CONCERNEES
• Les départements formateurs
• Les associations et groupements professionnelles
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
MESURE N°7
DEVELOPPEMENT
DE LA FORMATION CONTINUE
PRESENTATION
L’évolution rapide des métiers, des qualifications et des profils professionnels
constitue de nos jours un invariant de l’environnement économique national
et international. Dès lors, les entreprises et les établissements de formation
sont appelés à entreprendre de concert des ajustements permanents entre
modes et contenus des formations d’une part et exigences professionnelles
d’autre part.
Dans ce cadre, l’objectif de recherche d’une meilleure articulation formation-emploi passe par la mise en oeuvre d’un programme concerté des ressources humaines en général et du développement de la formation continue
en particulier
OBJECTIFS
• Inciter les entreprises à intégrer la formation continue comme élément de
valorisation des ressources humaines.
• Encourager les départements de formation à développer des programmes
de formation continue dans le but d’une utilisation optimale des capacités
de formation existantes.
• Valoriser les ressources humaines.
• Contribuer à l’amélioration de la compétitivité des entreprises .
MOYENS DE MISE EN OEUVRE
196
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
• Mettre en place un dispositif approprié et permanent de sensibilisation et
d’information destiné aux employeurs.
• Fournir aux entreprises, en particulier aux PME, une assistance/conseil
dans les domaines de la définition des besoins et de l’élaboration des plans
de formation.
• Valoriser par une certification les formations afin de favoriser une plus
grande mobilité sociale en entreprise.
• Développer les équivalences entre formation initiale, et formation continue en tenant compte des acquis professionnels.
CONDITIONS DE REALISATION
• Elaborer une “charte nationale” consacrant les principes de la formation
continue en tant que moyen de valorisation du capital humain et reconnaissant la nécessité de développer les investissements dans ce domaine.
• Mettre en oeuvre, outre un cadre juridique (loi-cadre) définissant les
conditions générales d’organisation de la formation continue, des dispositifs
plus souples et plus adaptés de type conventionnel et/ou contractuel.
PARTIES CONCERNEES
• Les départements formateurs
• Le Ministère des Finances
• Le Ministère des Affaires Administratives
• Les Groupements et les Associations Professionnels
• Les Syndicats
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
MESURE N°8
ROLE ET DEVENIR DE L’ENSEIGNEMENT
TECHNIQUE : NECESSITE D’UNE REFLEXION
PRESENTATION
L’enseignement technique a été conçu après l’indépendance et fut développé
dans un contexte économique et technologique qui a beaucoup évolué. Par
ailleurs, depuis, le système de formation professionnelle a connu une expansion notable.
Dans ce contexte, en prévision de l’accroissement des effectifs de l’enseignement fondamental et compte tenu des préoccupations des responsables
visant à assigner au système éducatif un rôle accru dans le développement
technologique, il conviendrait de lancer une réflexion sur le rôle et le devenir de ce type d’enseignement pour mieux évaluer les possibilités de son
expansion à moyen et long termes.
MOYENS DE MISE EN OEUVRE
Réaliser une étude d’évaluation de l’enseignement technique permettant de
cerner sa contribution à la satisfaction des besoins de l’économie, sa place par
rapport aux autres options de l’enseignement général et professionnel et de
formuler des propositions de réforme.
Organiser un séminaire national sur l’enseignement technique pour discuter
ces propositions en vue de formuler des recommandations relatives aux perspectives de son développement en fonction de l’évolution du système d’éducation et de formation dans son ensemble.
PARTIES CONCERNEES
• Ministère de l’Education Nationale
• Administration de la Formation Professionnelle et de la Formation des
Cadres
• Groupement, Associations et Chambres Professionnelles.
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
.3.
CONDITIONS D’UN RENFORCEMENT
DU PARTENARIAT ENTRE LE SYSTEME
ÉDUCATIF ET LE MONDE DU TRAVAIL
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
MESURE N° 9
INSTITUTIONNALISATION DU PARTENARIAT
ENTRE L’ENTREPRISE (au sens large) ET LES
ETABLISSEMENTS D’ENSEIGNEMENT
SUPERIEUR
PRESENTATION
Les exigences du développement économique et la nécessité de l’évolution
du système éducatif et du système productif impliquent l’instauration des
liens de coopération étroits entre les établissements de formation et l’entreprise.
Cette coopération devra concerner aussi bien la formation et la qualification
que la recherche-développement, qui constituent le vecteur essentiel du
développement.
Aussi, afin de créer les conditions favorables au développement de l’entreprise et à l’amélioration de l’insertion des jeunes diplômés dans la vie active, il
est nécessaire de créer un cadre institutionnel favorisant la promotion d’un
partenariat mutuellement avantageux.
OBJECTIFS
• Mieux adapter le système éducatif et le système productif aux impératifs
de développement économique et technologique ;
• Développer l’ouverture mutuelle de l’enseignement supérieur et de l’entreprise en encourageant leur coopération dans les domaines de la formation,
du conseil et de la prestation de services, ainsi que de la recherche-développement;
• Participation de l’enseignement supérieur à la modernisation de l’économie et à l’évolution de l’entreprise.
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
MOYENS DE MISE EN OEUVRE
• Elaboration de conventions-cadres entre les départements chargés de l’éducation-formation, des collectivités locales et les groupements professionnels.
Elle constituera une référence pour la conclusion de contrats spécifiques
entre les différents établissements de formation, les collectivités locales et
les entreprises.
• Mise en place d’un système incitatif pour encourager les actions de partenariat entre les établissements d’enseignement supérieur et les entreprises et
organismes nationaux et étrangers.
• Révision des textes réglementaires portant notamment sur les aspects
organisationnels et financiers concernant les établissements de l’enseignement supérieur, qui constituent un facteur de blocage à leur ouverture sur
l’environnement économique et social.
CONDITIONS DE REALISATION
Une meilleure organisation des partenaires au niveau du système productif.
PARTIES CONCERNEES
• Les départements chargés de l’enseignement supérieur ;
• Le département de tutelle des collectivités locales ;
• Le département chargé des affaires économiques et sociales ;
• Les groupements et associations professionnels ;
• L’organisme chargé de la promotion et de la coordination de la recherche
scientifique.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
MESURE N°10
VALORISATION DU ROLE DE L’UNIVERSITE
DANS LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
ET SOCIAL
PRESENTATION
L’Université marocaine a joué un rôle essentiel dans la marocanisation de
l’administration et de l’ensemble des secteurs économiques et sociaux.
Cependant, sous l’effet de la saturation relative des besoins traditionnels, de
la pression grandissante des effectifs qui évoluent sans commune mesure
avec les moyens mis à sa disposition, et de l’apparition de nouvelles difficultés liées à la faible maîtrise des langues d’apprentissage, l’Université connait
de sérieux problèmes au niveau des moyens d’encadrement, des conditions
de travail, du rendement interne, de la capacité de s’adapter aux nouveaux
besoins de la société et de la possibilité de remplir pleinement sa mission
dans les domaines de la recherche scientifique et technologique.
Par conséquent, pour redonner à l’Université son rôle d’avant- garde, il y a
lieu d’établir, en concertation avec toutes les parties concernées et les partenaires de l’Université, une politique multiforme qui réunit les conditions
humaines, matérielles et de gestion capables d’améliorer les rendements
internes de celle-ci et d’augmenter sa capacité d’adaptation aux besoins de
l’environnement socio-économique.
OBJECTIFS
• Développer la communication entre l’Université et le système productif ;
• Améliorer la qualité de la formation au niveau de l’Université ;
• Faire évoluer les profils de formation de manière progressive et concertée
vers des profils porteurs.
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
MOYENS DE MISE EN OEUVRE
• Adopter le contrat-programme en tant que modalité qui favorise la souplesse, la gestion autonome et concertée, l’évaluation des résultats obtenus,
le contrôle des engagements et la rationalisation des ressources humaines et
matérielles disponibles.
• Encourager les Universités à organiser des cycles de formation continue.
• Créer un cadre incitatif pour encourager les compétences de l’administration et du secteur privé à participer à la formation.
• Développer des associations entre les bureaux d’études régionaux, les Universités et les instituts de formation.
• Créer un bureau d’information et de liaison avec les entreprises, au niveau
des Universités (BUIRE).
• Activer le Conseil Supérieur de l’Enseignement comme lieu privilégié
pour la mise en place d’une concertation méthodique et organisée des parties
concernées .
• Mettre en place un cadre souple de gestion des questions pédagogiques,
matérielles et budgétaires.
• Réviser le Dahir de 1975 sur les Universités et sur le Statut des enseignants - chercheurs et les textes d’accompagnement.
• Créer et développer les associations professionnelles.
• Faire participer les entreprises aux conseils des établissements de formation universitaires.
PARTIES CONCERNEES
• Le Ministère de l’Education Nationale
• Les Associations professionnelles
• Les Administrations publiques
• Les Collectivités locales
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
MESURE N°11
PROMOTION DE L’EMPLOI QUALIFIE
DANS L’ADMINISTRATION ET L’ENTREPRISE
MAROCAINES
PRESENTATION
L’efficacité économique de l’entreprise et son degré de compétitivité constituent, à long et moyen terme, un élément d’impulsion pour la création
d’emplois et plus particulièrement de l’emploi qualifié.
En effet, outre l’effort d’investissement, l’un des facteurs déterminants de
l’accroissement de la productivité des entreprises est la valorisation des ressources humaines par le truchement de l’élévation du niveau de qualification
de l’emploi et du taux d’encadrement du personnel de l’administration et de
l’entreprise.
Cependant malgré les résultats positifs en matière de qualification enregistrés au niveau du secteur organisé, l’entreprise marocaine demeure dépourvue d’une politique de valorisation des ressources humaines. D’autant plus
qu’elle est appelée à s’ouvrir davantage sur le marché international. Ce qui
implique la nécessité de renforcer la productivité et d’améliorer la qualité
des produits.
OBJECTIFS
• Moderniser encore plus les structures organisationnelles du système productif, tout en augmentant la productivité, l’efficacité économique et le
degré de compétitivité de l’entreprise marocaine ;
• Rechercher l’excellence au niveau de la fabrication des produits ;
• Améliorer l’encadrement de l’entreprise ;
• Améliorer l’efficacité et le rendement de l’Administration publique.
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
MOYENS DE MISE EN OEUVRE
• Sensibiliser les employeurs sur l’intérêt de créer des structures qualifiantes
et sur l’impact économique de la valorisation des ressources humaines ;
• Assister l’entreprise en matière de gestion des ressources humaines ;
• Développer la gestion prévisionnelle afin de cerner les besoins de l’entreprise en main-d’oeuvre qualifiée pour mieux y répondre par le système éducatif et de formation ;
• Promouvoir les recyclages et les formations continues au profit des chefs
d’entreprise et des employés.
• Développer la concertation et le partenariat en faveur de la promotion de
l’emploi qualifié ;
• Améliorer l’organisation des professions et oeuvrer à une meilleure structuration des Associations Professionnelles.
PARTIES CONCERNEES
• Administrations publiques
• Collectivités locales
• Les départements chargées de la formation
• Les organisations et associations professionnelles
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
MESURE N°12
CREATION D’UNE RADIO-TELEVISION
A CARACTERE EDUCATIF (RTE)
PRESENTATION
La promotion de la formation dans le domaine scientifique et technologique
n’est plus le domaine réservé de l’enseignement . Les mass-médias jouent
également un rôle fondamental dans la promotion de l’éducation, de l’information et de la communication de masse.
Dans cette optique, l’audiovisuel peut jouer un rôle éducatif essentiel dans
les domaines de la diffusion d’une culture du savoir et du savoir-faire, du
renforcement de l’effort d’alphabétisation, et de l’information sur l’évolution
des technologies. De même, ces médias peuvent permettre aux élèves et à
leurs parents une meilleure information sur les métiers et carrières et, par
conséquent, favoriser des choix mieux éclairés d’options d’orientation.
OBJECTIFS
• Sensibiliser les parties concernées aux problèmes de l’information et de
l’insertion.
• Donner des informations sur les filières de formation et fournir une information sur les métiers.
• Contribuer à l’effort de généralisation de l’enseignement de base .
• Contribuer à l’opération d’alphabétisation
• Assurer une initiation dans le domaine de la technologie et les sciences.
• Permettre l’accès aux programmes éducatifs et scientifiques produits à
l’étranger.
• Produire des émissions ciblées dans les domaines éducatifs et de formation.
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Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
MOYENS DE MISE EN OEUVRE
• Infrastructures de la RTM
• Informations produites par le système national de coordination de l’information et de l’orientation
CONDITIONS DE REALISATION
• Etude de faisabilité
PARTIES CONCERNEES
• RTM
• Départements formateurs
• Associations et chambres professionnelles
• Système national de coordination de l’information et l’orientation
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Edité par le Secrétariat Général
du Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
Dépôt légal :
Flashage•Impression :
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QUELLE EDUCATION-FORMATION, QUEL EMPLOI POUR LE MAROC DE DEMAIN ?
Troisième Session du Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir •Rabat, 16, 17
Programme d'action pour une meilleure articulation entre l'Education, la Formation et
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CONSEIL NATIONAL DE LA JEUNESSE ET DE L'AVENIR
Troisième Session du Conseil
Rabat, 16, 17 & 18 février 1993
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
PREFACE
S
’inscrivant dans le prolongement des travaux effectués par le
CNJA et présentés lors de la première session (Mars 1991) et
deuxième session (Octobre 1991) consacrées, respectivement, à
l’insertion des jeunes diplômés en milieu urbain1 et en milieu rural2,
le présent rapport porte sur la relation éducation-formation-emploi
faisant l’objet de la troisième session du Conseil (février 1993).
Ce sont précisément les réflexions, riches et cumulatives, menées de
façon permanente au sein du CNJA par les différents partenaires
économiques et sociaux, qui ont permis de mettre en évidence la
centralité de la relation, à la fois multiple, complexe et enchevêtrée,
éducation-formation-emploi dans le faisceau des déterminations de
l’emploi en général et de l’emploi des jeunes en particulier.
Il convient de souligner l’intérêt du rapport présenté ici sur un triple
plan :
Au plan, tout d’abord, de l’investigation en matière d’emploi. C’est la
première fois que, au Maroc, la problématique acquiert une dimension à la fois dilatée, transversale et profonde. Trop marquée, en
général, par sa linéarité fonctionnelle, l’analyse traditionnelle s’avère,
tout compte fait, peu en mesure de formuler des solutions et des
propositions qui ne soient aussitôt disqualifiées par la réalité, une
réalité de plus en plus complexe et volatile.
La perspective adoptée par le CNJA privilégie, au contraire, une
démarche plutôt systémique, c’est-à-dire intégrant les différentes
composantes de la relation éducation-formation-emploi et tenant
bien compte des processus interactifs associés aux logiques internes
et externes aux sous-systèmes d'éducation, de formation et de production.
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
i
▲
Quelle Education-Formation, Quel Emploi pour le Maroc de demain ?
Au plan, ensuite, de la démarche, il y a lieu de réitérer la méthode
mise en oeuvre par le CNJA dans l’élaboration de ses études et la
préparation des travaux de ses différentes sessions. L’étude présentée
ici poursuit un double objectif : produire, quant à la problématique
de l’adéquation éducation-formation-emploi, une connaissance aussi
précise, aussi objective et aussi pertinente que possible. Etablir
ensuite, sur la base de données existantes et/ou construites par le
Conseil, un diagnostic débouchant sur un programme d’action réaliste, opérationnel et dont la mise en oeuvre est susceptible d’engendrer des enchaînements cumulatifs et d’impulser des dynamiques
soutenues. Bien entendu, une telle approche ne saurait, à quelque
niveau que ce soit, aboutir sans une participation consciente de
toutes les parties impliquées dans le processus d’ajustement de la
relation d’emploi, de l’amont vers l’aval.
Sur cette question, comme sur les autres, le CNJA a initié un large
débat qui a porté d’abord sur les résultats de l’étude et le diagnostic
établi et, ensuite, sur la pertinence du “programme d’action pour
une meilleure articulation entre l’éducation, la formation et
l’emploi”. C’est la version amendée, enrichie et adoptée par les
membres du CNJA lors de la troisième session que livre la présente
publication.
Au plan, enfin, de la logique ayant présidé à l’élaboration du “programme d’action”, deux observations méritent d’être soulignées.
• La première a trait au caractère synthétique et agrégé des mesures
formant le programme d’action proposé (chapitre 3). Outre une série
de raisons qui tiennent à la nature composite de la relation éducation-formation-emploi, ainsi qu’à la multiplicité des acteurs, il
importe d’invoquer le principe guidant l’action du CNJA : favoriser
une démarche consensuelle conduisant à des choix concertés et à des
accords fondés sur la coopération et la coordination. De fait, dans les
domaines de l’éducation, de la formation et de l’emploi rien n’est
plus contreproductif que les solutions non négociées et les ajustements obtenus des façon unilatérale, sans réciprocité.
• La seconde observation concerne le mode d’”instruction” des 12
mesures préconisées. Afin de déboucher sur une série de proposi-
ii
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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Troisième Session • 16, 17 & 18 février 1993
tions cohérentes et pertinentes, l’étude se décline en deux parties : la
première dégage les tendances observées dans le passé pour ce qui
concerne le système productif et le système éducatif au sens large.
S’appuyant sur une analyse prospective et des projections quantitatives, la seconde partie laisse se profiler des tendances qui vont audelà de l’an 2000.
Cette démarche, qui ne procède pas seulement d’un ordre méthodologique approprié, rend compte de l’ingénierie profonde de la relation d’emploi au Maroc. Dès lors, l’interrogation mise en exergue
“Quelle éducation-formation, quel emploi pour le Maroc de
demain?” révèle le véritable enjeu.
Puissent les linéaments du projet esquissé ici constituer un premier
jalon et susciter, rapidement, les finalisations et les mises en oeuvre
nécessaires.
LE PRESIDENT DE SESSION
LE SECRETAIRE GENERAL
Abdellatif LARAKI
Habib EL MALKI
Voir :
1 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir. L'insertion des jeunes diplômés :
programme d'urgence pour un traitement productif du chômage des jeunes diplômés. Rabat, CNJA, 1992, (Arabe, Français).
2 Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir. Emploi des jeunes en milieu
rural. Rabat, CNJA, 1992, (Arabe, Français).
Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir
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