FLASH ADRIEN PARIS - Lycée Pierre Adrien Pâris
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FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 1 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 2 P i e r re - Adrien Pâris. L’Escalier (Scala Regia) du palais Farnèse à Capra r o l a , 17 73 - 17 74, contre-épreuve de sang uine, 41,4 x 32,5 cm. bmb ( c at. 11) FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 4 Cet ouvrage est publié à l’occasion de l’exposition présentée au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon du 14 novembre 2008 au 23 février 2009, organisée en collaboration avec la bibliothèque municipale de Besançon. Je a n -Louis Fousseret maire de Besançon, président du Grand Besançon Yves- M i chel Dahoui adjoint délégué à la Culture et au Patrimoine Je a n -Pierre Govignaux conseiller municipal délégué aux musées Carine Michel conseillère municipale déléguée aux bibliothèques E XPO SI T IO N remerciements Musée des Beaux-Arts et d’A rch é o l o g i e Co m m i s s a i res Directeur : Emmanuel Guigon Emmanuel Guigon, directeur du musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon Que soient remerciées toutes les personnes qui, par leur soutien Secrétaire générale : Françoise March a n d i a u x Henry Fe r r e i r a -Lopes, directeur de la bibliothèque et des archives municipales de Besançon ou leur aide matérielle, ont permis la réalisation de l’exposition : Conseillers scientifiques Bibliothèque nationale de France : Ivan Andrey, Gérard Antoni, Christian Baulez, Mechthild Baumeister, Conservateur en chef : Françoise Soulier-François Conservateurs : Agathe Legros, Sophie Bernard Camille Abbiateci, Glenn M. Andres, Attachés de conservation : Dominique Boley, Agnès He n r y, Nicole Baladou Marc-Henri Jordan, historien de l’art Bruno Racine, président Coordination des expositions : Émeline Bourdin Pierre Pinon, professeur à l’École d’architecture de Belleville, Antoine Coron, directeur du département de la Réserve des Imprimés Administration : Suzanne Pasteur assistée d’Agnès Petithuguemin et de Maryvonne Contoz conseiller à l’Institut national de l’histoire de l’art Secrétariat : Noëlle Bourdenet, Séverine Adde, Valérie Lamy Communication : Françoise Frontczak Les auteurs Service des publics : Céline Meyrieux assistée d’Agnès Ro u q u e t t e Nathalie Balcar, chimiste, ingénieur d’étude au C2RMF Professeurs détachés par l’Action culturelle du Rectorat : Anne Fourneret, Rémi Legros Brigitte Bourgeois, conservateur en chef du patrimoine, C2R M F M i chèle Bimbenet, lieutenant-colonel Gilbert Bodinier, Olivia Bourrat, Geneviève Bresc-B a u t i e r, Musée Carnavalet : Pascal Brunet, Emmanuel Buselin, Je a n -Marc Léri, directeur Antoine et Dominique Carrier, Thiérry Crépin-Leblond, École nationale supérieure des Beaux-Arts : Georges Cu e r, Vincent Droguet, Clément Crevoisier, Deanna Cross, Guides : Silène Audibert, Julie Ch e v a i l l i e r, Caroline Dreux Axelle Davadie, conservateur en chef du patrimoine, C2R M F Henry- Claude Cousseau, directeur Emmie Donadio, Raul Fernandez, Documentation : Jacques-Marie Dubois, Ghislaine Co u r t e t Marie-Lou Fabrega Dubert, enseignante à l’École du Louvre Bruno Girveau, conservateur en chef du patrimoine Je a n - Claude Fontaine, Peter Fu h r i n g , Emmanuelle Brugerolles, conservateur en chef du Cabinet des Dessins Je a n -Pierre Gavignet, Alessandra Gariazzo, Chargée d’étude : Isabelle Sombardier Henry Ferreira-Lopes, conservateur, directeur de la bibliothèque municipale de Besançon Photographie : Jean-Louis Do u s s o n Emmanuel Guigon, directeur du musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon Boutique : Sylvie Martzloff, Isabelle Gusch i n g Marc-Henri Jordan, historien de l’art Musée national du château de Fontainebleau : Équipe technique : André Capel, Christophe Qu e r r y, Michel Massias, Christian Michel, professeur d’histoire de l’art, université de Lausanne Bernard Notari, directeur Je a n -Baptiste Pyon, Allan Zobenbuller, Claude Jalliot Pierre Pinon, professeur à l’École d’architecture de Belleville, conseiller à l’INHA Atelier de moulage : Éric Groslambert, Alexandre Rioton, Muriel Do v i l l a i r e -De n u e Françoise Soulier-François, conservateur en chef du patrimoine, Accueil : Gilles Vincent et l’équipe d’accueil-surveillance musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon Yannick Vandenberghe, chimiste, technicien de recherche au C2RMF Bertrand Gautier, Maurice Gresset, Alain Gruber, John Harris, M i chel Hitter, Angèle Jeannin, Chantal Kiener, Jackie Killian, Et tous les prêteurs qui ont souhaité conserver l’anonymat. Daniëlle Kisluk-Grosheide, Pierre Labarre, Benoît Yvert, directeur du Livre et de la Lecture Ulrich Leben, Alexia Lebeurre, François Lassus, Aloys Lauper, Fabien Plazannet, chef du Département des politiques documentaires et patrimoniales, Aline Lemonnier-Me r c i e r, Muriel de L’Épine, Direction du Livre et de la Lecture Christophe Leribault, Élisabeth Maisonnier, Pierre-Emmanuel Guilleray, conservateur à la bibliothèque municipale de Besançon Georges Poull, directeur régional des Affaires culturelles de Fr a n c h e - C o m t é Daniela Mondini, Dominique Morelon, Recherches iconographiques : Françoise Laurent Nicole Baladou, attachée de conservation au musée des Beaux-Arts Annie Co r d e l i e r, conseiller pour les musées à la DRAC Fr a n c h e - C o m t é Lisa Mucciarelli, Emmanuel Pénicault, Numérisation : Sylvette Anselin et d’Archéologie de Besançon Bibliothèque municipale – Étude et conservation Directeur : Henry Ferreira-Lopes Assistants de l’exposition Conservateurs : Pierre-Emmanuel Guilleray, Marie-Claire Waille Marie- Claire Waille, conservateur à la bibliothèque municipale de Besançon Administration : Véronique Alliot Catherine Marion, Floramae McCarron-Cates, Je a n -Paul Pernin, Pierre-Yves Perrin, Claude Jeannerot, président du Conseil général du Doubs Équipe technique : Hakim Benechet, Benoît Guillaume, Didier Po u r ch e t Scénographie Père Pobelle, Laurence Pomaret, Guilhem Scherf, Jacques Sch ÿ l e r -Schröder, Anne Kaplan Le Centre de recherche et de restauration des musées de France, C2RMF Fabrication : Claire Ho s t a l i e r, Valérie Cha, Agnès De l a v e a u Graphisme de la communication Les restaurateurs : Suivi éditorial : Soline Massot, Je a n -M i chel Mo u r e y, Noir-sur-Blanc Luc Espouy, Aubert Gérard, Anne Gérard-Bendelé, Gilles Mantoux, L’ensemble du personnel des archives départementales du Doubs, Christine Merlin, Frédérique Orvas, Je a n -François Salles, Hélène Santgerma, Les habitants de Vauclusotte. Catalogue Conception et réalisation graphique : studio Martial Damblant, Metz Éric Thiou, Manuel Trameaux, Nathalie Vidal, Marc Wattel, avec la collaboration de Catherine Berranger Cette exposition est organisée par la Ville de Besançon ; Agnès Vallet, Christine Verwaerder elle bénéficie du soutien financier du ministère de la Culture et de la Communication, © Éditions Hazan, Paris, 2 0 0 8 de la DRAC de Franche-Comté, © Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon du Conseil général du Doubs, des Mécènes du Musée Le service de documentation de la DRAC Franche-Co m t é , Nous remercions particulièrement l’association le Club de Mécènes et son président Bernard Sertout, des Amis des musées et de la bibliothèque de Besançon Claire Stoullig, directrice du musée des Beaux-Arts de Nancy, instigatrice du projet ainsi que la direction régionale de la Société Générale de Franche-Comté et sa présidente Marie-Dominique Jo u b e r t , ISBN : 978 2 754 10324 4 et de l’association des Amis des musées et de la bibliothèque de Besançon. Bernard Falga, directeur général adjoint des services Culture et Développement, et son directeur, Alexandre Me y m a t , Dépôt légal : novembre 2 0 0 8 Elle a bénéficié d’une aide exceptionnelle de BNP Paribas. Ville de Besançon pour leur aide précieuse lors de l’acquisition par la bibliothèque en 2008 d’une aquarelle Imprimé en France Que soient remerciés Christian Borsoni, directeur du groupe Besançon BN P Paribas, Lionel Estavoyer, chargé de mission pour le patrimoine auprès du maire de Besançon de P i e r r e - Adrien Pâris représentant les Loges du Vatican. ainsi que Christine De Michieli, responsable de la communication. FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 6 François-André Vi n c e n t . Po r t rait de Pierre-Adrien Pâris, 17 74, huile sur toile, 61,5 x 47,5 cm . collec t ion pa rt ic ulière. ( c at. 164) sommaire La vie de P i e r r e - Adrien Pâris 12 — pierre pinon Une œuvre multiforme 30 — pierre pinon L’étude de l’ornement et l’art du décor 40 — m a rc-henri jordan Les décors des divertissements et des cérémonies de la Cour 58 — m a rc-henri jordan L’érudition et l’imagination : les décors de scène 68 — m a rc-henri jordan Entre connaissance et délectation : le cabinet de P i e r r e - Adrien Pâris 82 — christian michel Pâris jugé sur ses antiques 96 — axelle davadie Embellir ou conserver ? À propos de la restauration des vases de la collection Pâris 106 — brigitte bourgeois, n athalie balcar, ya n n i ck va n d e n b e r g h e La bibliothèque réunie par P i e r r e - Adrien Pâris 110 — h e n ry ferreira-lopes L’archéologie d’un architecte 126 — pierre pinon P i e r r e - Adrien Pâris et les « antiques Borghèse » 136 — marie-lou fabréga-dubert P i e r r e - Adrien Pâris en Fr a n c h e - C o m t é 148 — f rançoise soulier- f rançois 160 — Liste des œuvres exposées 192 — Repères biographiques 199 — Bibliographie 206 — Acronymes & Crédits photos FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 8 L’hommage au talent et à une générosité sans égal — ses quatre cent soixante-dix tableaux que convoitait tant le Louvre : Étonnante vie que celle de Pierre-Adrien Pâris, presque tout entière d’expérience, précisément initié ici par Pierre-Adrien Pâris, où la collection c o n sacrée, une carrière durant, à célébrer la monarchie des Bourbons dans privée trouve dans la collection publique pérennité et rayonnement. L’exemple sera contagieux. Jean Gigoux, pour ne citer que lui, ne sera pas en reste, quatre-vingts ans plus tard, avec ses trois mille dessins et Goya, Bellini, Titien, Cranach, Ingres, David, Géricault, De l a c r o i x . D’autres suivront qui font des collections de Besançon celles de l’exceptionnelle générosité des donateurs ; une sorte de terrain l ’ e x t r a v a gance et le somptueux des fastes éphémères des derniers instants. 8— Tout ce talent pour des fêtes, des bals, le solennel des funérailles ou P i e r r e - Adrien, dont le nom ne cesse de briller, d’impressionner, l’illusion des scènes des théâtres ; jusqu’au… début d’une fin : avec ce d’ench a n t e r, de faire rêver depuis ce temps-là, à cause de ce geste-là. décor de la salle des États-Généraux. Comme un symbole. Et, au bout du crayon, dans le sillon des encres ou l’aplat des aquarelles, sans doute une des plus belles mains de dessinateur qui soient. La notoriété de la collection Pâris était telle qu’on est allé jusqu’à parler d’un « goût Pâris ». Elle a, en tout cas, attaché le nom de Besançon à celui d’une incontournable référence, pour quiconque s’intéresse A r chitecte de papier, bâtisseur oublié, modeste dans le rond des au xviii e siècle français, à la production de ses architectes, à celle de c o u r t i sans, solitaire dans une vie de réserve, indéfectible fidèle à ses peintres, aux heures de la monarchie et à cet incomparable art de ses souverains ? Pierre-Adrien Pâris, c’est un peu tout cela. Et si le vivre que saluait Talleyrand. Tout le monde connaît ces célébrissimes merveilleux fonds de son œuvre dessiné, dont la plus grande partie feuilles des Grands Cyprès de la villa d’Este, du Lit aux amours ou est conservée à Besançon, fait aujourd’hui sa réputation dans le cercle du P o rtrait de jeune fille avec bonnet, si longtemps considéré comme des spécialistes, la renommée du praticien s’est presque toujours effacée celui de l’émouvante Rosalie Fragonard. devant la célébrité de ce qu’il avait rassemblé, plus que collectionné : ces peintures et ces dessins par centaines, remarquable réunion de ce Mais, depuis 1 8 19, et je m’en étonne moi-même, aucun hommage ne que les talents de son temps avaient produit de plus beau dans une lui avait plus particulièrement été rendu par cette ville qui devait tant sorte d’album idéal des Lumières où brillent, parmi tant d’autres, les à ses libéralités. La réputation que cette collection largement présentée noms d’Hubert Robert, de François Boucher ou du divin « Frago ». a acquise au travers de quelques chefs-d’œuvre donnait aussi, sans doute, jusqu’alors, le sentiment rassurant du geste accompli. Ainsi, une Un album des Lumières ouvert, voilà longtemps, par ce jeune homme fois encore, Pierre-Adrien le modeste continuait-il de s’effacer derrière sérieux, tout à l’enthousiaste découverte de l’Italie des ruines, des antiques la renommée d’une œuvre réunie sa vie durant – qui était celle des et des cyprès ; patiemment enrichi au cours des ans, composé entre autres, et rejetait la sienne dans la pénombre d’un regrettable oubli. admiration et amitiés ; légué enfin, tout entier, à la ville natale où il revenait pour mourir ; avec un gros lot de livres passionnants et d’objets rares. L’exposition qui s’ouvre ici et que j’ai le plaisir de vous annoncer est, tout à la fois, le témoignage de la reconnaissance, de l’admiration et de Du modeste logement de la rue Neuve où meurt Pierre-Adrien Pâris le l’affection d’une cité et de ses habitants pour un très grand artiste et pour 1er août 1819 aux réserves de la bibliothèque municipale, les portefeuilles l’un de ses plus louables donateurs. Pierre-Adrien Pâris, enfin célébré par remplis de chefs-d’œuvre ont depuis, pour certains, fait le tour du monde ; les siens, avec tout ce qu’il avait réuni et aimé, lui le solitaire ; mais aussi les accompagnent parfois les chinoiseries de Boucher, le portrait de Bergeret avec tout ce qu’il avait dessiné, bâti, jusqu’au familier de ce bureau par Vincent ou le charmant Paul de Stroganov de Greuze. Des chercheurs, derrière lequel il s’était si souvent assis et qui, bien sûr, était de sa main. venus de partout, ne cessent de feuilleter avec émotion les grands cartons d’études. Privilège rare, presque unique, que celui que vous offre, à cet Pâris révélé ; au plus grand nombre cette fois. L’œuvre et l’homme le instant, la contemplation studieuse d’un cabinet d’artiste parvenu jusqu’à méritent tant, qu’au-delà d’un bonheur, c’est un honneur qui m’éch o i t nous intact, préservé de toute dispersion et où peut se lire toute l’histoire de vous les présenter et de vous dire combien ils sont dignes d’attention. de la constitution d’une incomparable collection formée pour éduquer et réunir les talents d’un temps – ainsi que l’avait voulu le maître. Le Maire, Jean-Louis FOUSSERET, Président du Grand Besançon Jo s e p h -François Ducq. Po r t rait de Pierre-Adrien Pâris, 1812, huile sur toile, 100 x 80 cm. mb aab ( c at. 246) —9 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 10 Jean Barbault. M a s c a rade des quatre parties du monde : projet destiné à servir de modèle pour une cérémonie offerte par les élèves de l’Académie de France à Rome en l’honneur du marquis de Marigny, 10 — Le cabinet de Pierre-Adrien Pâris, architecte, dessinateur des Menus-Plaisirs — 1751, huile sur toile marouflée sur bois, 38 x 394 cm. mb aab ( c at. 150) La vie de Pierre-Adrien Pâris, dans sa première moitié, est typique de En 17 8 0, il est fait membre de l’Académie royale d’architecture. Il Ce catalogue accompagnant l’exposition qui se tient au musée des ces ascensions sociales de l’Ancien Régime, à la fois fruit des cumule ensuite la charge d’architecte des Économats pour lesquels il Beaux-Arts a le dessein de replacer l’œuvre de cet architecte dans son contexte historique, pour en souligner à la fois la portée, l’audace et circonstances, de la parentèle et des protections que l’on obtient des participe à l’achèvement des travaux de réfection de la façade gothique puissants. Né à Besançon en octobre 174 5, le jeune Pierre-Adrien Pâris des tours de la cathédrale d’Orléans. Grâce à la protection de l’intendant aussi les limites. Pâris a construit de nombreux édifices mais peu a cinq ans lorsqu’il quitte sa ville natale pour Porrentruy où son père Feydeau de Brou, il édifie l’hôpital de Bourg-en-Bresse et la prison de d’entre eux ont survécu. La destruction du château de Co l m o u l i n s , exerce une activité de géomètre au service du prince-évêque de Bâle. Chalon-sur-Saône. Il est aussi l’architecte de l’hôtel de ville de Neuchâtel. l’un de ses chefs-d’œuvre, explique en partie cet oubli injuste. Seuls En 17 6 0, alors jeune homme, il part à Paris chez des cousins, la famille Ajoutons à cela un nombre considérable de commandes privées, hôtels subsistent aujourd’hui l’hôtel de ville de Ne u châtel dont il a désavoué La ville de Besançon abrite au sein de son musée des Beaux-Arts et de l’entrepreneur Lefaivre. Très rapidement il devient le familier d’un particuliers parisiens ou demeures de plaisance en province, comme l’hôtel d’ailleurs la réalisation, la prison de Ch a l o n - s u r -Saône, l’hôpital de de sa bibliothèque municipale la collection complète des œuvres d’art architecte en vue, Louis-François Trouard, auquel il devra le lancement rue de Courcelles du directeur des Postes Arboulin de Richebourg ou le Bourg-en-Bresse et les hôtels Tassin à Orléans. C’est bien évidemment et de l’esprit de l’architecte Pierre-Adrien Pâris. Elle forme, pour les de sa carrière. Il étudie l’architecture à l’Académie et concourt à trois château de Colmoulins à Montivilliers pour l’armateur havrais Foache. peu pour apprécier l’œuvre d’un architecte. Pour résumer d’un trait deux institutions, le noyau de leurs collections du xviiie siècle français reprises pour le Grand Prix en 17 6 7, 17 68 , 17 6 9. Malgré son échec, il avec des œuvres prestigieuses. Cet ensemble n’a jamais fait l’objet, si obtient, par la protection du marquis de Marigny, une pension royale La Révolution met un terme à cette brillante carrière et lui fait perdre constructions d’un vocabulaire ornemental emprunté au classicisme ses qualités de bâtisseur, on pourrait avancer que Pâris use dans ses on met à part l’exposition réalisée par les soins de Marie-Lucie Cornillot qui lui permet de gagner Rome en 17 7 1 et d’intégrer l’année suivante l’ensemble de ses charges et sa clientèle privée. Après avoir conçu la de son époque, mais il s’agit d’un classicisme mesuré, équilibré, sans en 19 5 7 à Paris au musée des Arts décoratifs, d’une rétrospective l’Académie de France comme pensionnaire. salle des États-Généraux, il quitte Paris en 17 9 2 pour la Franche-Comté, raideur excessive, aux proportions toujours élégantes. complète et ambitieuse. De ce fait, seuls les historiens d’art en Une fois dans la ville éternelle, Pâris se mêle rapidement à la brillante puis pour la Normandie dans l’entourage de ses amis armateurs havrais Peut-être est-ce dans ses décors intérieurs et plus encore dans ses connaissent l’existence. Elle reste méconnue du grand public, société artistique qui gravite autour du palais Mancini, développant auprès desquels il passera la plus grande partie de son temps, ayant cessé décors de théâtre que Pierre-Adrien Pâris a exprimé le meilleur de son particulièrement du public bisontin pour l’édification duquel Pâris a des liens d’amitié aussi bien avec Natoire, le directeur, qu’avec ses toute activité d’architecte et ayant décliné plusieurs propositions insistantes talent. Pâris, qui fut un des principaux promoteurs du goût arabesque, fait spécialement ce legs. camarades pensionnaires comme Berthélemy, Suvée, Hoüel ou Vincent. d’intégration de la toute nouvelle Académie impériale d’architecture. a dessiné de précieux et raffinés décors dont les lavis minutieusement l’ombre et dans l’ignorance du plus grand nombre une collection de De retour en France en 1774, il devient le protégé du duc d’Aumont pour En 1 8 0 6, il retourne en Italie et accepte sur place l’intérim de la direction premier plan, intacte, fruit à la fois des hasards de l’existence de son lequel il exécute les décors intérieurs de son nouvel hôtel place Louis-XV de l’Académie de France. Il est chargé à peu près à la même époque par Nous n’aurions pu mener à son terme cette exposition et ce catalogue propriétaire, témoignage du goût d’un homme et reflet d’une époque. (actuel hôtel Crillon). Ce dernier lui fait obtenir en 17 7 8 la place de Pierre Daru d’organiser le transfert à Paris de la collection Borghèse. sans bénéficier des conseils avisés et érudits de Pierre Pinon, historien Il apparaissait urgent de remédier à une situation qui laissait dans aquarellés sont autant d’émouvants témoignages. Cette exposition a donc pour objet à la fois d’en révéler les pièces les dessinateur de la Chambre et du Cabinet du roi, autrement dit des Menus- Il prolonge ensuite son séjour et participe aux fouilles du Colisée. En 1 8 17, de l’architecture, auteur d’une thèse sur Pierre-Adrien Pâris, et de plus marquantes, mais aussi de porter notre regard sur une pratique Plaisirs, département de la Maison du roi chargé des cérémonies, ainsi que il retourne à Besançon auprès de sa nièce. Il s’y éteint en août 1819 après M a r c -Henri Jordan, spécialiste du décor intérieur de la seconde anthropologique socialement et historiquement déterminée, préexistante des fêtes et spectacles de la Couronne donnés à Versailles, Fontainebleau avoir légué à la bibliothèque de sa ville natale la totalité de ses collections. moitié du x v iii e siècle français, qui prépare une thèse sur les décors à la création des musées et bien souvent à l’origine de ces derniers : ou Marly. Dès 1784, il sera aussi le dessinateur des décors de l’Opéra de la collection privée. Paris. Il va connaître auprès du nouveau couple royal une faveur croissa n t e Aujourd’hui, ces dernières sont donc partagées entre le musée des plus sincère reconnaissa n c e . de scène de l’architecte. Qu’ils trouvent ici l’expression de notre qui l’amènera à prendre en charge l’organisation des fêtes de la Co u r Beaux-Arts et la bibliothèque municipale. Elles comprennent environ données à Versailles ou à Marly. Marie-Antoinette aime ses décors de 800 livres, 2 400 dessins et gravures de maîtres (comme Fragonard, Boucher, théâtre et recourt régulièrement à ses services. Il fréquente alors ses amis Durameau, Robert, Vincent, La Traverse), 1 500 dessins de sa main, Hubert Robert, dessinateur des jardins royaux, et Durameau, garde de des objets d’arts, 35 peintures (dont les fameuses chinoiseries de Boucher Emmanuel GUIGON la Galerie de peintures du roi. Il devient un intime de l’abbé de Raynal. achetées à la vente Bergeret de Grancourt en 17 8 6), un cabinet d’antiquités. Henry FERREIRA-LOPES — 11 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 12 Son importante bibliothèque{7} atteste, indépendamment de la présence d’ouvrages d’architecture et d’archéologie, la diversité de ses préoccupations, comme sa collection qui, outre des œuvres d’art modernes, comprend des antiquités, jusqu’à des fossiles et des échantillons de minéraux ou de Hortense Haudebourt-Lescot. Po r t rait de Pierre-Adrien Pâris, 1809, huile sur toile, 70 x 59 cm. mb aab ( c at. 249) Pierre Pinon — matériaux. Son savoir est encyclopédique. Sa renommée doit beaucoup à son talent de dessinateur. Projets, décors, architectures antiques ou modernes, paysages, objets… Pâris 12 — a beaucoup dessiné. Son œuvre aux Menus-Plaisirs ou à l’Opéra étant la vie de Pierre-Adrien Pâris est,PilIfaut r, un architecte un E Rl’av R Eou-eADRIEN peu oublié. Il ne compte pas aujourd’hui dans le panthéon des grands de la fin de l’Ancien Régime, à côté des Soufflot, L e d o u x , B o u l l é e, De Wa i l l y, B r o n g n i a r t , B é l a n g e r, Chalgrin ou même Victor Louis. S’il n’a pas été totalement oublié, c’est sans doute grâce à sa collection riche d’œuvres de Fragonard ou d’Hubert Robert. Jusqu’à une date récente n’avait été étudiée systématiquement que son œuvre à la C o u r. Po u r t a n t , l’œuvre de Pâris ne se résume pas à ceux d’un décorateur et d’un collectionneur ; il a aussi été architecte à part entière, construisant des édifices publics et privés, assumant les tâches ordinaires d’un professionnel du bâtiment (entretien, réparations, aménagements). D’une certaine manière, sa collection et ses qualités de dessinateur ont, pour la postérité, caché l’architecte. PÂRIS éphémère, et beaucoup de ses constructions architecturales ayant disparu, il ne reste souvent que des dessins. Fort heureusement, ils sont nombreux à être conservés{8} et sont de grande qualité (fermeté et légèreté du trait, raffinement du rendu au lavis ou à l’aquarelle). Ses dessins sont P i e r r e - Adrien Pâris est, il faut l’avouer, un architecte un peu oublié. comme une compensation de la fragilité de ses constructions. Il ne compte pas aujourd’hui dans le panthéon des grands de la fin Mais, surtout, son œuvre serait moins bien connue – pour qui prend de l’Ancien Régime, à côté des Soufflot, Ledoux, Boullée, De Wailly, la peine de s’y plonger – si Pâris n’avait pris le soin, quelquefois Brongniart, Bélanger, Chalgrin ou même Victor Louis. S’il n’a pas maniaque, de conserver ses papiers (correspondance, journaux de été totalement oublié, c’est sans doute grâce à sa collection rich e voyage et de son premier séjour à Rome, notes professionnelles, d’œuvres de Fragonard ou d’Hubert Ro b e r t {1}. Jusqu’à une date récente comptes, manuscrits de ses écrits) et ses dessins, intégralement légués n’avait été étudiée systématiquement que son œuvre à la Co u r {2}. à la bibliothèque de Besançon (le Fonds Pâris). Certes, des arch i v e s Pourtant, l’œuvre de Pâris ne se résume pas à ceux d’un décorateur et – celles des administrations royales et impériales (aux Arch i v e s d’un collectionneur ; il a aussi été architecte à part entière, construisant nationales), celles des villes dans lesquelles il a construit (Bourg-en- des édifices publics et privés, assumant les tâches ordinaires d’un Bresse, Ch a l o n - s u r -Saône, Ne u châtel) ou vécu (Archives du Vatican professionnel du bâtiment (entretien, réparations, aménagements). et de l’Académie de France à Rome) – apportent des informations D’une certaine manière, sa collection et ses qualités de dessinateur ont, complémentaires, mais le seul Fonds Pâris suffirait presque à reconstituer pour la postérité, caché l’arch i t e c t e . sa vie et son œuvre. L’essentiel de ses dessins est à Besançon, Pâris n’en De son temps, sa réputation s’était assise sur son double talent de ayant jamais fait commerce{9}. Tout au plus en a-t-il donné à des amis. dessinateur et de constructeur, dont témoignent charges et honneurs : Ce fonds est exceptionnel ; les papiers des architectes sont rarement pensionnaire du roi à Rome, dessinateur de la Chambre et du Cabinet conservés intégralement, ne serait-ce qu’à cause des ventes qui les du roi, architecte des Menus-Plaisirs, membre de l’Académie royale ont dispersés {10}. d’architecture, architecte de l’Académie royale de musique, arch i t e c t e La possibilité d’étudier Pâris est donc tout aussi exceptionnelle. Et des Économats. Il a même été anobli par Louis XVI – il est vrai à un l’importance de ce fonds a peut-être même, paradoxalement, rebuté moment qui s’est révélé ne pas être le meilleur : début juillet 17 8 9. les ch e r cheurs qui, jusqu’à une date récente, se sont limités à tel ou Si l’œuvre architecturale de Pâris reste certes relativement modeste face tel aspect. Pourtant, la richesse et la diversité de ce fonds permettent à celle de certains de ses contemporains, celle de dessinateur des d’articuler l’œuvre dans tous ses aspects (artistiques, tech n i q u e s , « décorations » (c’est-à-dire les décors des fêtes et les décors de scène), professionnels – rapports à la commande, avec les clients), sa vie sans parler de celle de jardinier-paysagiste {3}, est fondamentale. Mais publique et privée {1 1 }, ses relations sociales, etc{12}. bien d’autres particularités font l’intérêt de l’œuvre et de la vie de Pâris. Dernier fait marquant de la vie de Pâris, non moins important : il a Pâris a aussi été archéologue, non pas comme « antiquaire » érudit, mais vécu trois vies successives très différentes. Une première vie, d’architecte comme grand connaisseur de l’architecture antique{4}. Il a consacré plusieurs très actif et brillant, qui s’arrête à la fin de l’année 17 9 2, quand il manuscrits aux monuments antiques de Rome, largement illustrés, abandonne quasiment sa profession ; une deuxième vie de retraite à malheureusement restés inédits. Il peut être considéré comme un la campagne, qui dure presque quatorze ans ; enfin, une troisième vie, intellectuel, par son rôle à l’Académie d’architecture, par ses fréquentations inattendue à Rome, densément occupée de rech e r ches arch é o l o g i q u e s dont celle de l’abbé Raynal{5}, par son intérêt pour la littérature, l’histoire, et de tâches administratives, qui prend fin en 1 8 17. la géographie, les voyages, les sciences naturelles – notamment l’agronomie Né à Besançon en 174 5, décédé dans la même ville en 1 8 19, il n’y aura à laquelle il a consacré plusieurs traductions de l’anglais{6}. pratiquement jamais vécu. C’est un autre paradoxe. — 13 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 14 La formation et la carrière d’un architecte de cour {13} Joseph Benoît Suvée. Po r t rait de Louis-Alexandre Tr o u a rd, 17 73 - 17 74, huile sur toile, 62 x 45 cm. mb aab ( c at. 161) 14 — — 15 Ce dernier sera pour lui comme un second père, lui procurant certaines de ses premières commandes, faisant sa carrière, lui ouvrant la fréquentation du milieu intellectuel (l’abbé Raynal notamment). Le séjour à Rome (17 7 1 - 17 74) est un grand tournant dans la vie de Pâris : il lui fait découvrir l’Italie et lui ouvre une carrière officielle presque certaine{17}. Pour un architecte de cette époque, la connaissance de l’architecture antique est indispensable, et l’approche directe des monuments encore plus précieuse {18}. Chez Pâris, cela déclench e r a d’abord un vif intérêt, au-delà du simple nécessaire, puis à la fin de sa vie une véritable passion arch é o l o g i q u e { 1 9 }. À l’Académie de France, il se lie aux « pensionnaires » peintres (Jean-Simon Berthélemy, Je a n -Baptiste Houël, François-Guillaume Ménageot et François-André Vincent) et, en ville, à d’autres artistes comme Piranèse {20} , qui lui demandera d’apprendre à dessiner à son fils Francesco. Il faut savoir que Pâris, bien que resté célibataire, faisait mieux que supporter les enfants. Il avait accepté, en 17 7 1, d’emmener avec lui Louis-Alexandre Trouard, fils de son protecteur, âgé de seulement 1 2 ans, ce qui avait Fils de l’architecte Pierre-François Pâris {14}, intendant des Bâtiments beaucoup étonné. Il s’en occupera comme feraient un père et une mère du prince-évêque de Bâle{15}, il passe sa jeunesse à Po r r e n t r u y, où son à la fois. Dans son journal tenu à Rome {21}, il ira jusqu’à écrire : « Ce t père lui inculque les rudiments du dessin. À l’âge de 15 ans, il est envoyé enfant est toujours ch a r m a n t ; qu’il serait agréable d’en avoir comme à Paris chez son cousin Je a n -Baptiste Lefaivre, « entrepreneur de cela sans être obligé de se marier. » À Rome, il fréquente la haute bâtiments », auprès de qui il se forme aux chantiers. Parallèlement, il société, le bailli de Breteuil, ambassadeur de Malte, ou le cardinal de rattrape l’absence d’études par la lecture. Grâce à l’appui de l’arch i t e c t e Bernis, ambassadeur de France. Il mène de joyeuses excursions dans L o u i s -François Trouard (17 2 9 - 1 8 0 6), une relation de son cousin, il les collines romaines avec ses compagnons artistes. Il dessine pour devient élève, en 17 6 4 , de l’Académie royale d’architecture où il suit De Wailly, de passage à Rome, mais surtout il relève la plupart des les cours de Je a n - François Blondel. Par le même parrainage, il est monuments antiques de la ville et des environs, ainsi que certains 17 7 1 - 17 74, sang uine, recommandé au marquis de Marigny, intendant général des Bâtiments monuments de la Re n a i s sance (palais, églises, villas). Il va jusqu’à 44,5 x 32,8 cm. du roi, qui lui accorde, en 17 7 1, une chambre au palais Mancini {16}, effectuer des fouilles dans le cirque de Maxence sur la via Appia. Il bmb ( c at. 1) siège de l’Académie de France à Rome, bien qu’il n’ait jamais remporté dessine beaucoup, notamment dans les villas des environs de Ro m e , le Grand Prix d’architecture. Parallèlement, Pâris travaille sur les projets sur les traces de Fragonard et de Robert. Avant de quitter l’Italie, et les chantiers de Trouard, chez qui il loge à partir de 17 6 9. il visite la Campanie durant l’été 17 74 { 2 2 }, pousse jusqu’à Paestum. P i e r re - Adrien Pâris. Vue de la Ville Negroni à Rome, FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 16 François-André Vincent. Po r t rait de Pierre-Jacques Onésyme Bergeret de Grancourt, 17 74, huile sur toile, 61,5 x 47,5 cm. mb aab ( c at. 165) 16 — — 17 De retour à Paris en novembre 17 74, il travaille pour son cousin Lefaivre, dessinant un immeuble et un hôtel particulier, rue du Faubourg-Saint-Honoré{23} , puis un autre, en 17 8 0, rue de La Boétie (alors d’Angoulême), futur hôtel Boulogne de Magnanville. Trouard lui confie, en 17 7 5, l’aménagement intérieur de l’hôtel du duc d ’Aumont, place Louis-XV. Il s’agit de clients appartenant à son entourage proche. D’autres commandes viennent de Pierre-Jacques Onésyme Bergeret de Grancourt, que Pâris avait guidé à Ro m e{24} : dans ses propriétés parisiennes – celles de Nointel (ouvrages au château et dans les jardins, jusqu’en 17 8 3), de Nègrepelisse (ouvrages dans le château, dans le Tarn-et-Garonne) –, puis dans celles de son fils (tour néogothique et probablement rotondes de la Chartreuse, dans la folie Beaujon à Paris, en 17 8 6 - 17 8 7). C’est encore par ses relations liées à son séjour en Italie qu’il intervient dans le château de La Bretèch e (aménagements intérieurs et jardins, 17 8 0 - 17 8 5), propriété du frère de l’abbé de Saint-No n . Hubert Robert. Le Grand Jet d’eau de la villa Conti à Frascati, v ers 1761, huile sur toile, 62,5 x 47 cm. mb aab ( c at. 159) Par l’entremise de Trouard et de Raynal (ils sont amis), il construit le château de Colmoulins (près du Havre, entre 17 8 2 - 17 8 6) pour Stanislas Fo a che, armateur, et la maison La Rivière à Cayenne. Pâris interviendra pour bien d’autres clients, pour lesquels il n’est pas toujours facile de comprendre comment il les a connus : pour le comte de Broglie (grand cabinet dans l’hôtel de Revel, rue SaintDominique), pour R.-A.-M. d’Armenonville (pavillon à L’ I s l e - Ad a m ) , pour A. de Montendre (château à Ro m i l l y - s u r -Seine), pour la duch e s s e de Bourbon (aménagement dans l’hôtel de l’Élysée et jardin à l’anglaise, futur hameau de Ch a n t i l l y, 17 8 7 - 1788). FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 18 18 — — 19 P i e r re - Adrien Pâris. P i e r re - Adrien Pâris. L o u i s -François Tro u a rd. Château de Colmoulins, façade sur jardin, Premier projet pour les bains de Bourbonne, plan du rez-de-chaussée, vers 1782-1783, Façade de la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans, élévation du modèle dessin vers 17 9 3 - 1796, d’apres un projet de 17 8 2 - 1786, aqua r elle, 25,2 x 39,7 cm. bmb ( c at. 37 c) encre noire et aquarelle, 56,1 x 38 cm. bmb, fonds paris, vol. 484, nº 25-26 (superposés) de J.-A. Gabriel (de 1740), 1767, lav is d’encre noire, 16 x 80 cm. b mb ( c at. 110 a) Il y a manifestement des filières qui se sont établies. Raynal l’introduit L’arrivée de Feydeau à la Généralité de Dijon, en 17 8 0, va entraîner À Chalon, il s’agit de reconstruire l’édifice situé dans le Ch â t e l e t , Pâris a pris la peine de garder le dessin du projet réalisé mais, comme à Ne u châtel où il construira l’hôtel de ville, à la place de Ledoux, grâce celle de Pâris en Bourgogne. La première intervention de notre pour lequel un projet avait déjà été demandé à François Rameaux, pour compenser cette mésaventure, a dessiné « pour sa satisfaction », aux intrigues de l’abbé {25}. Raynal lui fait connaître Victor Malouet qui a r chitecte va concerner le siège de l’intendance qui est à la charge de architecte local. Pâris dessine, en 17 8 1, un projet modeste mais original, après 17 8 5, un troisième projet (avec deux variantes) encore plus lui commandera des ouvrages pour Toulon. Il le charge de concevoir la Ville, elle-même incapable de financer les réparations à apporter au qui a la caractéristique, comme à Dijon, de situer les cachots à l’étage. somptueux que le premier le monument consacré à la liberté de la Suisse, dédié à Guillaume Tell, logis abbatial de Sainte-Bénigne. Les États de Bourgogne doivent être Il sera réalisé (17 8 2 - 17 8 6) par Firmin Chevreux, arch i t e c t e - v o y e r, selon Parallèlement, Pâris a aussi beaucoup travaillé pour Feydeau de dans l’île d’Alstadt (lac des Quatre-Cantons, 17 8 1 - 17 8 3) {26}. sollicités, et les trois parties ont des intérêts différents. Est également son devis, mais selon les plans de Pâris. La principale œuvre de Pâris Brou lui-même. Dès 17 7 7, Pâris réaménage le château de Brou (près Mais le personnage à qui Pâris doit l’essentiel de ses commandes envisagée l’appropriation des hôtels de Ragny ou de Lantenay, comme en Bourgogne, et même en France, est l’hôpital de Bourg-en-Bresse, de Chelles), et reconstruit probablement la façade sur le jardin publiques est Charles-Henry Feydeau de Brou qui débute sa propre celle des Jacobines ou de Saint-Étienne. Pâris effectue des expertises, situé à Brou {29}. Les recteurs de l’hôtel-dieu souhaitent construire un (travaux jusqu’en 17 8 7). À Paris, il intervient dans une maison rédige des devis, dessine des projets. Finalement, les élus ach è t e n t nouvel établissement dans un autre lieu mieux aéré. Cette fois, c’est de la rue Plumet (17 8 5 - 17 8 8), dans un hôtel rue de l’Université carrière comme intendant de la Généralité de Bourges en 17 7 6 {27} . Pâris ( c at. 48) . l’a probablement connu par Antoine-Mathieu Le Carpentier, son parrain l’hôtel de Lantenay et choisissent Ch a r l e s -Joseph Le Jolivet, architecte Pâris qui sollicite Fe y d e a u ; celui-ci accepte. Pâris va proposer, en 17 8 1, (17 8 7 - 17 8 8), dans l’hôtel Feydeau de Marville rue de Verneuil (17 8 8) , officiel quand il était élève à l’Académie, et qui était l’architecte des des États pour les aménagements à apporter, contre l’avis de Feydeau. un projet original et ambitieux, qui sera réalisé par l’architecte local à Bellevue (17 9 1) . Feydeau. Le jeune architecte et l’encore plus jeune intendant (il a 22 ans Les plans préparés par Pâris furent plus ou moins suivis. En 17 8 2 - 17 8 3, Ch a u v e r è che, qui selon Pâris en dénaturera le dessin. En outre, il La charge de Pâris comme architecte des Économats {30} lui est revenue {28} ) vont entamer en 17 7 7 au plus tard une quand le projet de Le Jolivet pour la porte de Condé (à Dijon) est éprouvera la plus grande difficulté à percevoir ses honoraires. L’ouvrage en 17 8 7, lorsque Feydeau en est devenu le receveur général. Trouard longue collaboration et une tout aussi longue amitié, attestée jusqu’en critiqué, Feydeau se fait un plaisir de demander un contre-projet à Pâris. sera livré en 17 9 0. avait occupé ce poste d’architecte de 17 6 5 à 17 74 , et avait travaillé sur 17 9 1. La première commande est celle de l’appropriation du couvent des Dès 17 8 0 - 17 8 1, Feydeau avait demandé à Pâris de corriger le projet de C’est par les liens familiaux de Feydeau que Pâris a construit les bains l’achèvement de la cathédrale Sainte- Croix d’Orléans commencé par Minimes de Bourges en dépôt de mendicité. Pierre-Joseph Antoine, sous-ingénieur de la Province, pour les nouvelles de Bourbonne-les-Bains pour Albert-Paul de Mesmes, comte d’Avaux Jacques V. Gabriel {31}. C’est ce chantier que Pâris va reprendre, et qui prisons de Dijon (la Conciergerie). Les ouvrages seront réalisés selon (époux de la tante de Feydeau). Notre architecte a dessiné plusieurs l’occupera largement jusqu’en 17 9 2 {32}. Il concevra le troisième étage quand il est nommé en Berry les dessins de Pâris et le devis d’Antoine. projets, un premier vers 17 8 2 - 17 8 3, un second plus modeste, dont des deux tours dans une manière néogothique inspirée du gothique Feydeau a imposé Pâris dans deux autres projets bourguignons : la réalisation a été en outre « d é n a t u r é e », à cause, semble-t-il, de flamboyant de Normandie, projet qui sera partiellement réalisé les prisons royales de Ch a l o n - s u r -Saône et l’hôpital de Brou. l’intervention de P.-J.-B. de Varaigne, sous-ingénieur de Champagne. (5 0 0 0 0 0 livres dépensées en 17 8 8 - 17 8 9). FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 20 P i e r re - Adrien Pâris. Plan des deux hôtels particuliers construits pour les frères Tassin à Orléans. Élévation et coupe, 1791, aqua r elle, 37, 5 x 22,5 cm. b mb ( c at. 40) F r a n ç o i s - Nicolas De l a i s t re. Pâris, en tant qu’architecte des Me n u s -Plaisirs, a été invité par Louis XV I , Modèles pour les huit anges qui couronnent les tours en 17 8 5 sans doute, à participer à une sorte de consultation pour la de la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans ; « reconstruction de la partie ancienne du Château de Versailles », en esquisses pour le projet de Pâris, concurrence avec d’autres architectes (Boullée, De Wailly, Marie-Jo s e p h v ers 17 8 7 - 1789, terre cuite, h. 22 cm. mb aab ( c at. 170 a-h) Peyre…). Il a dessiné une sorte de doublement de la façade, au détriment de la cour de Marbre, par de nouveaux appartements pour le roi et la reine{41}. La nouvelle façade est traitée par un grand portique qui n’est 20 — Dans le domaine de l’architecture privée, il reste encore à parler de Au décès de Michel-Ange Challe (en 17 7 8), premier dessinateur du pas sans rappeler la colonnade du Louvre. Il ne s’agit pas là de la seule ses plus importants hôtels. Le premier pour l’un de ses amis, Je a n - Cabinet du roi, il sollicite la succession et obtient l’appui du duc relation avec le projet de Claude Perrault : c’est un véritable retournement Baptiste Antoine Hubert d’Arboulin de Richebourg, administrateur d ’Aumont, un des quatre Premiers Gentilshommes du roi. Après du château vers la ville qui est opéré. Ce caractère est accentué dans général des Postes, rue de Courcelles, réalisé entre 17 8 7 et 17 9 0. Ce t d’âpres luttes, il emporte la charge, qui consiste à « faire tous les un projet dessiné vers 1 8 0 5, pour le seul plaisir de Pâris, dans lequel hôtel est accompagné d’un important jardin à l’anglaise comprenant projets et desseins nécessaires pour les fêtes, spectacles, catafalques » {36}. le château est précédé, toujours côté ville, d’une place dessinée par « une vacherie, une laiterie, un jardin fleuriste et une orangerie. Un Pâris s’y emploiera jusqu’en 17 8 9, réalisant notamment les grandes deux grands hémicycles formés de casernes, manifestement inspirés jardin potager , une basse cour, poulailler, pigeonnier, volière, salles de bal des hivers 17 8 5 - 17 8 6 et 17 8 6 - 17 8 7 {37}. Sa tâche comportant de la place Saint-Pierre du Bernin, à Ro m e . glacière, &c, lui donnoient tous les agrémens d’une campagne, tandis la conception des décors pour les opéras, les pièces de théâtre et les qu’un moulin à vent d’une décoration pittoresque fournissoit l’eau à ballets à Ve r sailles (Grand Théâtre, petit théâtre de la Cour des la rivière du jardin et à tous les bâtimens de cette demeure que malgré Princes et théâtre de l’Aile neuve), à Fontainebleau et à Marly, c’est bien des contraintes j’avois soigné comme celle de l’Amitié », écrit naturellement qu’il est nommé, en 17 8 5, architecte de l’Ac a d é m i e Pâris {33}. La partie la plus remarquable de l’hôtel réside dans la salle royale de musique {38}, c’est-à-dire concepteur des décors de l’Opéra de de l’aile droite, que nous interprétons comme une salle à manger Paris (alors à la porte Saint-Martin) {39}. d’été. Il s’agit d’une salle formée d’un rectangle flanqué, sur ses grands côtés, de deux absides semi-elliptiques séparées de l’espace central par quatre colonnes ioniques. Cet espace et une des absides sont éclairés zénithalement. Cette salle est richement décorée de statues et de peintures murales et constitue un de ses chefs-d’œuvre par son raffinement. Le second, en fait deux hôtels, a été réalisé pour les frères Pierre et Guillaume Tassin, à Orléans (17 9 1 - 17 9 2). « Comme les deux frères étoient en société de commerce et tendrement unis, que ces maisons se bâtissant à frais commun devoient être tirées au sort lorsqu’elles Entre Versailles, Fontainebleau et Paris, notre architecte a dessiné une seroient terminées, ils désirèrent qu’elles fussent semblables le plus soixantaine de décors{40} pour des œuvres de Grétry, Piccinni, Sacch i n i , possible, autant pour égaliser la dépense que pour éloigner toute idée Salieri, Gluck, Gossec et Méhul, dont beaucoup de créations. Il a de préférence. Le jardin devoit rester commun aux deux maisons ; travaillé avec les librettistes – qui faisaient office de metteur en et les cabinets d e travail ou comptoirs des deux frères se touch e r, en scène –, notamment avec Je a n -François Marmontel. Pour ce répertoire sorte qu’ils puissent se communiquer immédiatement et travailler à très diversifié, Pâris a dû dessiner des scènes réparties dans le temps volonté l’un chés l’autre », explique Pâris {34}. La forme irrégulière du et dans l’espace : décors antiques, médiévaux, incas, arabes, persans, terrain a offert à Pâris l’occasion d’une composition complexe, d’une chinois. Il a ainsi mis à profit sa vaste culture. extraordinaire habileté. Mais l’essentiel de l’œuvre de Pâris, celle du moins qui est la P i e r re - Adrien Pâris. Plan de l’hôtel particulier et du jardin construit mieux connue et qui a fait sa renommée, c’est son travail aux pour Arboulin de Richebourg à Paris, rue de Courcelles, Me n u s -P l a i s i r s { 3 5 }. 17 8 8 - 1790, encre noire et aqua r elle, 57,5 x 47,5 cm. bmb ( c at. 38 a) P i e r re - Adrien Pâris. Projet pour la reconstruction du château de Versailles, plan général, v ers 1805, encre noire, lav is rouge, rose, vert et gr is, 37 x 23,2 cm. bmb, fonds pa r is, vol. 484, nº 100 — 21 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 22 En décembre 17 8 0, il avait été élu à l’Académie royale d’arch i t e c t u r e , au siège de Boullée, promu en première classe. Il s’y montra très assidu et participa notamment à toutes les commissions chargées de traiter des sujets ayant rapport avec l’Antiquité. L’attitude de Pâris vis-à-vis de la Révolution est complexe. Il fait partie de ces intellectuels et de ces artistes qui ont adhéré à l’évolution vers une monarchie constitutionnelle {45}, à l’instar de son ami Raynal. Il n’est pas croyant et n’aime pas les religieux. Il n’est pas franc-maçon, mais beaucoup de ses amis et de ses clients le sont. Il semble cependant 22 — avoir mal accepté l’arrestation et l’emprisonnement du roi en août 17 9 2. Il ne fut pas le seul, mais en tira une conséquence rare chez un artiste : celle de ne plus construire {46} et de ne plus jamais vivre à Paris, de se La retraite en Fr a n ch e - C o m t é et en Normandie {53} retirer de son monde en quelque sorte. Il partit en Franch e -Comté, I s i d o re - Stanislas Helman. Ouverture des États-Généraux à Versailles, le 5 mai 1789. 1790, grav ure, eau - forte et bur in, d’après le dessin de ch a r les monnet, 35,7 x 46,1 cm. bmb ( c at. 93) puis se réfugia en Normandie. Si encore il ne fut pas le seul à se faire Pâris arrive en Franch e -Comté, fin décembre 17 9 2, et s’installe dans oublier en province, chose extraordinaire, il persista même après la sa propriété de Vauclusotte, acquise sans doute en 17 9 1. Il gère sa maison, fin de la Te r r e u r. Cette attitude devant la Révolution est quasiment son jardin et ses métairies, et quitte sa région natale en juin 17 9 3, unique ; la grande majorité des artistes se sont adaptés aux changements pour aller habiter chez les Fo a che dans leur château de Co l m o u l i n s . de régime successifs, jusqu’à la Restauration comprise. Lors de la Sans doute s’est-il senti menacé à Va u c l u s o t t e{54} ? D’ailleurs, alors formation de la section Architecture à l’Institut de France en 17 9 5, il qu’il a probablement été dénoncé par ses propres métayers comme fut naturellement élu, mais refusa la place laissée par la montée de émigré, le Directoire du district fera apposer des scellés sur sa maison Boullée en première classe. Ses amis ne comprirent pas ; Boullée, en novembre 17 9 3. Il devra revenir de Normandie à deux reprises au Chalgrin, Gondoin, Raymond, Trouard, ou encore Percier qui avait printemps 17 9 4 pour retrouver ses biens, qu’il revendra, sans doute travaillé pour lui à l’Opéra insistèrent en vain auprès de lui. Léon en 1 8 0 3. Dufourny fut nommé à sa place en 17 9 6, puis à la place de Boullée Pâris va vivre en Normandie, jusqu’en 1 8 0 6, d’abord à Co l m o u l i n s , qui avait été offerte de nouveau à Pâris, après son décès en 17 9 9 {47}. puis chez un autre ami, Eustach e -François Grégoire de Rumare, dans Comme il l’explique lui-même, dans un texte écrit en 1 8 0 5, « l a un hameau voisin, à Escures. Pâris ne construisant plus{55}, de quoi Pâris a quitté les Menus-Plaisirs en décembre 1792, par la suppression du par Claude Perrault de la basilique romaine de Vitruve et à travers la Révolution est venue détruire mes espérances, et faire un devoir à ma vivra-t-il jusqu’en 1 8 19 ? Sans avoir acquis une fortune considérable, service, et l’Académie de musique au même moment, mais volontairement. chambre du Perroquet décorée par Charles-Louis Clérisseau dans le délicatesse d’abandonner mon état » {48}. La raison la plus profonde est il a tout de même engrangé beaucoup de revenus entre 17 74 et 17 9 2. Cependant sa charge des Me n u s -Plaisirs a eu une hérédité paradoxale. couvent de la Tr i n i t é - d e s -Monts à Ro m e {43}. La multiplicité des sa fidélité à la personne du roi, qui l’avait honoré de son amitié. Dans Ses diverses places (Me n u s -Plaisirs, Académie de musique, Économats) C’est d’abord dans ce cadre qu’il réalisa les salles d’Assemblées des références n’en fait pas moins un des chefs-d’œuvre de Pâris, le même texte, il parle du « lien sacré de [ses] serments ». lui ont rapporté 15 0 0 0 0 livres environ, il a perçu à peu près Notables (dans l’hôtel des Me n u s -Plaisirs à Versailles) de 17 8 7 et 17 8 8, et immortalisé par de nombreuses gravures contemporaines (la salle a été C’est que Pâris était un homme de fidélité. Tout au long de sa vie, il 2 0 0 0 0 0 livres d’honoraires {56}. Il faut aussi savoir qu’il a été logé, d’abord chez les Trouard, puis dans l’hôtel des Me n u s -Plaisirs rue surtout un de ses chefs-d’œuvre, la salle des États-Généraux de mai démontée après octobre 17 8 9, après avoir été transformée – disposition a été reconnu pour son honnêteté, sa franchise, sa gentillesse. Ce qui 17 8 9 {42}. Entre janvier et avril 17 8 9, Pâris a dessiné et fait réaliser une en amphithéâtre des gradins – fin juillet 17 8 9). Pâris, nommé architecte ne l’a pas empêché de développer un grand esprit critique, vif durant Bergère, c’est-à-dire toujours à peu de frais. Ses principales dépenses énorme salle, pour 1 200 députés, en réutilisant et agrandissant la salle de l’Assemblée nationale, aménagea le manège des Feuillants aux sa jeunesse, plus serein durant sa vieillesse {49}. Ce qui ne l’a jamais ont été l’achat de livres et d’œuvres d’art{57}. Pâris a donc investi sa de l’Assemblée des Notables de 17 8 8, toujours sous le grand hangar des Tuileries pour la dite Assemblée qui s’y réunit à partir de novembre e m p ê ché d’être persuadé de son talent, quelquefois même avec une petite fortune, d’abord en achetant des métairies (payées 1 0 0 0 0 0 livres, peintres construit dans la cour de l’hôtel des Me n u s -Plaisirs de Versailles. 17 8 9. Bien que devenu architecte de l’Assemblée législative, puis de la certaine morgue. À propos de son projet pour Ne u châtel, il fait et qui lui ont rapporté 5 0 0 0 0 livres entre 17 9 1 et 1 8 0 3), puis en Après plusieurs esquisses, a été retenue une salle à plan basilical (le trône Convention, ce n’est pas lui qui réaménagea la salle des Machines des savoir qu’il est « un architecte qui a étudié sur les chefs-d’œuvre des prêtant, avec intérêts, 15 5 0 0 0 livres (fruit probable de la revente de royal occupant l’abside), dont les colonnes étaient d’ordre dorique grec Tuileries à partir de l’automne 17 9 2 : il a été mis en concurrence, et Anciens »{50}. « Je connois les constructions les plus célèbres soit en ses propriétés) à des amis de Normandie (Stanislas Fo a che, Guillaume- sans base, couverte d’un plafond à voussures plates à caissons peints, percé pour diverses raisons s’est retiré. Italie soit en France »{51} , je suis « chargé d’un département important Nicolas Grenier d’Ernemont, Je a n -François Bégouen). Ses prêts lui zénithalement. Les références de Pâris sont de trois ordres : il y a celles À la veille de la Révolution, Pâris est devenu un personnage important, [les Me n u s -Plaisirs] dans un pays où les arts fleurissent plus que ont rapporté environ 1 0 0 0 0 0 livres (entre 1 8 0 4 et 1 8 19), le capital puisées dans les rares salles d’assemblée antérieures, celles prises dans la par ses charges, par sa relation étroite avec le pouvoir royal. Louis XV I partout ailleurs ». Vexé, il rappelle qu’on ne peut assimiler « un membre ayant été remboursé à ses héritiers après son décès. S’il vivait avec tradition des Me n u s -Plaisirs, dans les décors éphémères de salles de bal, l’apprécie {44}. d’une des premières compagnies d’artistes de l’Europe [l’Ac a d é m i e 3 0 0 0 0 livres par an entre 17 8 5 et 17 9 2, il a survécu avec environ d’architecture] à un maçon sans étude [Re y m o n d ] »{52}. 6 0 0 0 livres par an en No r m a n d i e . et enfin celles inspirées de l’architecture antique, à travers la restitution — 23 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 24 Une nouvelle vie romaine et les derniers jours à Besançon Je a n - Baptiste Desdéban. Le 1 3 octobre, alors que Pâris n’est à Naples que depuis quelques jours, Projet d’une galerie d’architecture pour la villa Médicis, Crétet, ministre de l’Intérieur, signe dans son bureau parisien un arrêté 1809, crayon, encr es br une et noire à la plume et au lav is, 33,8 x 23 cm. mb aab ( c at. 86 ) qui va se révéler important pour notre architecte car il va engager une année et demie de sa vie. Il est chargé « de faire déplacer, encaisser, transporter de Rome à Paris tous les monumens de sculpture, désignés dans la description de la villa Borghèse {70} », c’est-à-dire les œuvres du prince Borghèse acquises par Napoléon. Pâris accepta malgré son projet de rentrer en France après l’hiver car, prétendra-t-il plus tard (en 1 8 17 - 1 8 1 8), il se sentait menacé en cas de refus{71}. Comme pour la direction de l’Académie, {63} il s’acquitta de sa tâche avec son sérieux habituel{72}. Il s’avère donc que Pâris, qui a tellement tenté de faire croire, à la fin 24 — Comment un homme aussi actif a-t-il occupé sa vie durant les douze La disparition d’une vieille amie (Catherine Bégouen de Meaux, une de sa vie, qu’il était impitoyablement opposé à l’Empire, l’a loyalement années passées en Normandie ? L’architecte de cour qui avait couru des sœurs de Stanislas Fo a che), une brouille avec Grégoire de Ru m a r e , servi. L’homme qui avait juré fidélité à la monarchie est devenu un durant dix-huit ans entre son cabinet de dessin, ses chantiers, les et surtout l’envie de revoir une dernière fois l’Italie poussent Pâris à serviteur presque zélé de l’Empire, en acceptant des charges importantes séances de l’Académie, diverses mondanités (les salons, l’Opéra) va de retourner à Rome (il y arrive au plus tard début juillet 1 8 0 6). Pâris, en qui l’ont ramené à une vie publique très active. Il est vrai qu’une fait se consacrer presque exclusivement à l’agriculture et à l’agronomie. 1 8 0 6, se considère comme un vieillard (il a 6 1 ans) destiné à s’éteindre bonne partie de ses déclarations antirévolutionnaires, et même anti- Il jardine à Colmoulins, dans les propriétés de ses amis ; il excelle dans tranquillement en Normandie. Il pense à un simple voyage : le destin impériales, ont été rédigées après 1 8 14, alors qu’il a ch e r ché, et même l’arboriculture, notamment dans les greffes ; il s’occupe des récoltes en fera un long séjour. réussi, à obtenir une rente de Louis XV III{73}. des terres des Fo a che. Quelques mois après son arrivée à Rome, alors qu’il s’apprête Il lit, et il traduit des traités d’agronomie{58}. Il met de l’ordre dans ses probablement à rentrer en Normandie, il est appelé par Ch a r l e s Études d’architecture, alors en cinq volumes (monuments d’Italie et Je a n - Marie Alquier, amba ssadeur de France à Rome, à prendre, compositions), met au net ses dessins et rédige les commentaires. Ses provisoirement, la succession de Suvée, directeur de l’Académie amis de Normandie – les Fo a che, leurs parents et amis – constituent de France à Rome, décédé le 9 février 1 8 0 7 { 6 4 }. Pâris n’a pas eu à pour ce célibataire une nouvelle famille après ses parents, puis les refuser ou à poser des conditions { 6 5 }, puisqu’il s’agit d’un ordre, Lefaivre et les Trouard {59} . donné par le représentant de l’Empire à Rome, confirmé par Si Pâris a renoncé à construire, il n’a pas renoncé à dessiner. Ainsi, il Ch a m p a g n y, ministre de l’Intérieur. Alquier a choisi Pâris en tant fait des projets (châteaux et jardins) pour Le Sens de Folleville (ch â t e a u que principal artiste français présent à Rome, ancien pensionnaire, de Bellêtre à Genetay, 17 9 5), pour Clouet d’Amertot (château de ancien « f o n c t i o n n a i r e » rôdé aux tâches administratives. Malgré Freneuse près de Lillebonne, 17 9 7), pour Grenier d’Ernemont (château des réticences éventuelles (Pâris parle alors de sa mauvaise sa n t é ) , de Ne u i l l y - s u r -Eure, 1 8 0 2), pour Lecouteulx de Verclives (château de il a accepté par patriotisme, pour répondre au souhait des Canteleu, 1 8 0 3), projets non réalisés ou seulement partiellement comme pensionnaires, sans exclure qu’il ait été flatté. Alquier, dans une Enfin, sur l’instance des architectes, Pâris tentera d’aménager une Canteleu. Pour Je a n -François Bégouen, il réaménage l’abbaye du de ses lettres à Pâris { 6 6 } , évoque même « l’estime générale que galerie de moulages de fragments d’architecture dans un portique sous Valasse (logis abbatial et parc, 1 8 0 6 puis 1 8 0 9). Il travaille aussi pour vous vous êtes acquise dans votre longue et honorable carrière » , la terrasse du Bosco, à la villa Médicis. De ce projet, il ne reste qu’un les Foache naturellement, et notamment « fait arranger » la maison dite c’est-à-dire au service du roi. Le détail qui ne manque pas de beau dessin du « pensionnaire » architecte Je a n -Baptiste De s d e b a n {68}. de l’Armateur au Havre, pour Martin Fo a che en 1 8 0 4 {60}. piment est qu’Alquier a été un révolutionnaire actif, régicide, le Malgré le plaisir que finalement il a pris à diriger la villa Médicis, Pâris Pâris, pour lui-même, s’est aménagé une habitation curieuse dans genre d’homme que Pâris aurait dû détester, et réciproquement. commence à se plaindre du retard de l’arrivée à Rome de Guillon- le colombier d’Escures, vers 1 8 0 1 - 1 8 0 2 { 6 1 } . La bibliothèque occupe Quoi qu’il en soit, Pâris a pleinement assumé sa tâche. Il a été un Lethière, successeur de Suvée, qui n’adviendra que le 19 septembre 1 8 0 7. l’espace circulaire du pigeonnier, autour duquel sont accroch é s gestionnaire rigoureux (malgré les insuffisances budgétaires), s’est fait Même s’il avait prévu de rentrer en Normandie avant l’été, il entreprend (dans des constructions en colombage) successivement un escalier le défenseur des intérêts des pensionnaires, a veillé au confort des un court voyage, durant le mois d’octobre, en Campanie, à Naples, extérieur d’accès, une antichambre, un dégagement, une ch a m b r e ateliers, a tenté d’obtenir une aide matérielle pour les sculpteurs « la plus belle ville de l’Europe » {69}, puis à nouveau à Herculanum et Pompéi (où il effectue le relevé de quelques maisons, Pouzzoles, Baïa). de domestique, et sa chambre, octogonale (accompagnée d’un qui recevaient des commandes de l’État. Ses relations avec les cabinet de toilette et d’un cabinet de lecture), dans le plafond de « pensionnaires » architectes, on s’en doute, ont été particulièrement laquelle est intégrée la Toilette de Vénus, œuvre de Fragonard. bonnes. Il les a aidés dans leurs entreprises de relevés pour leurs {67} , et est resté en contact avec Auguste Guénépin, Simon L’appartement est petit, mais d’un raffinement élevé, servi par une « envois » habile composition { 6 2 }. Vallot et surtout Je a n -Nicolas Huyot. P i e r re - Adrien Pâris. Carrefour circulaire projeté pour la route de Rome à Ostie : plan et élévation, v ers 1810, encre noire, lav is gr is et vert, 28,6 x 19 cm. bmb, fonds pa r is, vol. 479, nº 98 — 25 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 26 P i e r re - Adrien Pâris. Plan de la nouvelle place du Peuple à Rome, projetée avec ses jardins par le gouvernement français et commencée par ses ordres en 1811, v ers 1812, encre noire, lav is rose, vert et jaune, 46 x 32 cm. bmb, fonds pa r is, vol. 479, nº 93 26 — Un événement privé est intervenu durant son séjour romain. Dans À Rome, il s’occupe d’archéologie, reprend des relevés pour ses É t u d e s une lettre à Crétet du 2 0 mars 1 8 0 9 {74} , où il demande à être rétribué d ’ a rc h i t e c t u re,conseille l’administration napoléonienne (jusqu’en 1 8 14) rapidement pour son travail, nous lisons : « […] l’honneur d’être utile dont il fréquente la plupart des chefs (excepté le comte de Tournon, [allusion au transport des « antiquités Borghèse »] me suffiroit si ma préfet de Rome). Hormis les problèmes archéologiques, il intervient, position n’avoit changé depuis que je suis ici. Devenu père de famille en 1 8 1 2, dans le projet de Giuseppe Valadier pour la piazza del Popolo. sans avoir pu le prévoir, les besoins de ceux qui n’ont d’espoir qu’en Il fréquente aussi Je a n -Baptiste Séroux d’Agincourt, jusqu’à son moi, m’obligent à ch e r cher les moyens d’y pourvoir ». décès en septembre 1 8 14. Il est membre de l’Accademia San Luca, Probablement, Pâris s’est mis en ménage avec (ou du moins a pris en où il a été élu en mai 1 8 0 7. Mais, mécontent de la présence du charge) une certaine Marie-Thérèse Pinchart, veuve, mère d’une petite peintre Je a n -Baptiste Wi c a r, puis de l’admission de David en 1 8 11, il fille, et belle-sœur de Je a n -Baptiste Pinchart, ébéniste attitré de la villa démissionne discrètement {76}. Médicis, cela à partir de la fin de l’année 1 8 0 7. Il passe les étés à Albano, à Frascati ou à Palestrina. Il s’ennuie manifestement, surtout après le départ des Français. Nous ignorons Pâris a finalement pu quitter Rome en avril 1 8 0 9. Il s’est installé à pourquoi il attendit 1 8 17 pour rentrer chez lui, c’est-à-dire en Colmoulins, accueilli par madame Fo a che. Mais, apparemment, il se F r a n ch e - Co m t é . sent moins à l’aise en Normandie, sans doute toujours à cause de l’hostilité de Rumare, et il regrette d’avoir laissé à Rome sa « belle Le 3 0 avril, il arrive à Besançon où ses relations se limitent à l’architecte femme », qu’il entreprend d’aller ch e r cher. Mais, de retour à Ro m e , De n i s -Philibert Lapret (chez qui il loge d’abord), un de ses anciens en juillet 1 8 1 0, il la retrouve malade. « Je vous ai parlé dans ma dernière élèves {77}, et à sa nièce Élisabeth-Caroline, épouse de Jo s e p h -Victor [lettre] d’une belle femme que j’ai trouvée extrêmement ch a n g é e . G a u f f r e {78}. Il fera rapidement la connaissance de Charles We i s s , Celle que je suis venu ch e r cher ici, quoique séparé d’elle depuis moins conservateur de la bibliothèque municipale, qui deviendra son ami de quinze mois, est à peine reconnaissa b l e ! », écrit-il à son ami et son biographe {79}. Son premier souci est de jouir d’un appartement B é g o u e n {75} . Il s’installe au premier étage d’un petit palais, place pour installer son « petit museum » et sa bibliothèque. Il loue un bel d’Espagne, en dessous de l’appartement des Pinchart, et à partir de 1 8 14 appartement, sur deux étages, au 8, rue Charles-Nodier {80}. y recueille une petite fille qui devrait être celle de Marie-Th é r è s e , Ayant enfin rassemblé tous ses dessins{81}, il peut établir le classement décédée en 1 8 1 3. final de ses Études d’architecture en neuf volumes, après avoir mis au net tous ses dessins. Il complète ses manuscrits. Il fait copier son travail sur le Co l i s é e {82} par le graveur Lapret, neveu de l’arch i t e c t e , afin de donner l’original à la Bibliothèque royale {83}. Il tente de le faire publier, ainsi que son Examen des édifices antiques de Rome, par des éditeurs parisiens, avec des planches gravées par Charles Normand. Ces projets échouèrent à la chute du duc de Rich e l i e u { 8 4 } en 1 8 1 8. — 27 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 28 { 1 } . Dont Pâris est personnellement l’ami. Cf. la lettre de Robert à Pâris du 1 1 mars 1806 (BMB, Ms. Pâris 1, f. 295). {2} . Cf. les travaux d’Alain-Charles Gruber. La première étude d’ensemble date de 1997 (notre thèse : Pinon 1997 I). Marc-Henri Jordan a soutenu un mémoire inti tulé Le Décor intérieur des demeures dans l’œuvre de P. - A . P â r i s (Université de Fribourg, 1990), et travaille actuellement à une thèse : Les Décors de scène de Pierre-Adrien Pâris pour les Menus-Plaisirs et l’Académie royale de musique (Université de Lausanne). {3} . Concepteur de jardins, mais aussi grand connaisseur de la botanique . Cf. Pinon 2001 I. {50} . Lettre de Pâris à A.-Ch. Bosset du 25 mai 1784 (archives de la Ville de Neuchâtel, « Correspondance avec Pâris »). {5 1 } . Lettre de Pâris à A.-Ch. Bosset du 14 novembre 1784 (i b i d .). Cf. le récit manuscrit inti tulé « Ermenonville » (BMB, Ms. Pâris 8, f. 136 rº-129 rº) et Gazier 1906 II. et Agriculture-p ratique des différentes parties de l’Angleterre, de W. Marshall (Gide-Levrault, Paris, 1803). {7} . Cf. l’article de H. Ferreira-Lopes dans ce catalogue, et P. Pinon, « La bibliothèque de Pierre-Adrien Pâris », dans Les Bibliothèques d’arch i t e c t e s (O. Medvedkova dir., à paraître). à la mémoire de Louis XVI, v ers 1818-1819, encre noire et lav is rose, 28 — {12} . Les mémoires payés aux entrepreneurs (1773-1788) permettent de s’informer sur le marché du bâtiment (BMB, Ms. Pâris 7) ; les catalogues de ses livres (BMB, Ms. Pâris 3 et 23), où les prix d’achat sont notés, permetten t d’étudi er le marché des livres. Bernard Poyet et Jean-Arnaud Raymond, seuls les deux derniers ont fait une carrière publi que. {18} . Même si ni Ledoux ni Brongniart, par exemple, ne sont allés à Rome. Pâris, qui attend sereinement sa fin {86}, est un homme riche. Son capital tombe très discrète (une simple colonne dorique grecque surmontée placé s’élève, en 1 8 17, à 1 8 4 9 0 0 francs, et le total de ses rentes annuelles, d’une urne), en présence d’une assistance peu nombreuse. Ce qui à 14 895 francs. Tel est l’enjeu des testaments de Pierre-Adrien et des entraîna cette remarque de Charles We i s s : « On a enterré hier polémiques de sa succession. Car Pâris a rédigé plusieurs testaments : M. Lombard de Saint-Laurent, capitaine du génie, homme médiocre un premier, attesté du 14 mai 1 8 1 8 , qui institue, pour l’essentiel, outre s’il en fut et qui d’ailleurs avait perdu la tête depuis quinze ans. Tous le legs de sa bibliothèque et de sa collection à la Ville de Besançon, les imbéciles à épaulettes et à croix se sont fait un devoir d’assister un partage entre Pierre-Auguste, Élisabeth-Caroline {87} et les enfants de son frère Pierre-Ambroise (sont donc exclus ce dernier ainsi qu’une autre nièce de Pierre-Adrien, Anne-Pierrette Victoire Talmet {88} ) ; un codicille le 2 7 décembre 1 8 1 8, en faveur de son domestique Raymond aux obsèques de cette momie ; et il n’y avait personne à l’enterrement de M. Pâris, l’homme le plus distingué qu’ait produit notre ville {91}. » {22} . Naples qu’il apprécie beaucoup (et où il retournera en 1783 et 1807), Pompéi et Herculanum, un peu moins. {64} . Sur le directorat de Pâris à Rome, cf. Pinon 1997 I, vol. I. 2, p. 119-167. comme tel par le tribunal de première instance de Besançon en 1 8 2 0, (BMB, Fonds Pâris, Études d’arch i t e c t u r e, vol. 484, « Table »), prétendant avoir posé des conditions, et notamment refusé « tout traitement pour ne rien tenir d’un Gouvernement qui m’étoit odieux ». {25} . Pâris reprochera à l’entrepreneur Reymond et au commandita ire délégué, Montmollin, d’avoir transformé Dans les faits, s’i l n’a pas demandé, en 1807, d’indemnités, il n’a exprimé alors aucun refus éventuel cf. Courvoisier 1954, Galactéros de Boissier 1992 et Pinon 1997 I, vol. I. 1, p. 275-302. {26} . P. Pinon, « Pierre-Adrien Pâris et le Monument à Guillaume Tell de l’abbé Raynal », à paraître dans les actes du colloque « Raynal et ses réseaux » organisé par G. Bancarel en 2006. {27} . Pinon 1997 II. au cas où on lui en proposerait. D’ailleurs, en 1809, Emmanuel Crétet, nouveau ministre de l’Intérieur, lui accordera 5 200 francs d’indemnités pour son directorat. Cf. Pinon 1997 I, vol. I. 2, p. 126-130. {66} . Lettre du 1 1 février 1807 (archives de l’Académie de France à Rome, « Correspondance des directeurs », carton 12). {67} . Pinon et Amprimoz 1988. {28} . Il a soutenu sa thèse de phil osophie à 14 ans. {68} . MBAAB, D.3299. {29} . Pinon 1991-1992. {69} . Lettre de Pâris à H.-R.-A. Mondion, épouse de Stanislas Foache, de Naples, le 11 octobre 1807 {30} . Administration royale qui a pour tâche de rassembler les revenus des abbayes sans tit ulaires, afin de constituer une caisse pour l’entretien des édifices religieux dont les fabriques manquent de fonds. {3 1 } . Chenesseau 1921, Desmas 1999. {32} . En août 1792, il fera détruire des armoiries épiscopales du portail, sans doute contre son gré. {33} . BMB, Fonds Pâris, Études d’arch i t e c t u r e, vol. 484, « Table », et pl. XXXII-XLI pour les dessins. {34} . BMB, Fonds Pâris, Études d’arch i t e c t u r e, vol. 484, pl. XLVIII. {35} . Cf. dans ce catalogue l’article de M.-H. Jordan. Notons aussi que Pâris est intervenu sur de nombreux édifices privés appartenant aux Premiers Gentilshommes du roi gérant les Menus-Plaisirs, le duc d’Aumont (copie, AN, « Papiers Bégouen-Demeaux », 442 AP, liasse 1. III. 4). {70} . Il s’agit du catalogue rédigé par E.-Q. Visconti en 1796. {7 1 } . « M. Alquier me représenta que le Maître ne vouloit pas être refusé, et que immanquablement à mon arrivée, la perte de ma liberté pourroit me faire, mais trop tard, repentir de mon refus […] j’avoue que je fus effrayé » (BMB, Ms. Pâris 10, p. 87). Les textes de Pâris datant de 1807 ne laissent rien apparaître de cette frayeur. {72} . Debenedetti 1991, Pinon 1997 I, p. 190-247, et dans ce catalogue l’article de M.-L. Fabrega-Dubert. {73} . Envi ron 15 000 livres entre 1814 et 1819, prises sur les appointements de Fr.-J. Bélanger aux Menus-Plaisirs. {74} . AN, F 21 573. (et son fils le duc de Villequier) et le duc de Duras. Par cette même filière, Pâris a dessiné le beau parc {75} . Lettre de Pâris à J.-Fr. Bégouen, du 6 juillet 1810 (AN, 442 AP, liasse 1. III. 3). à l’anglaise du château de Courteilles et ses fabriques, pour le comte de Rochechouart dont la fille {76} . Pinon 2007 II. avait épousé un fils du duc de Villequier. Cf. Pinon 1997 I, vol. I. 1, p. 669-678, {77} . Vers 1777, à Paris. et M. Lallemand, Histoire de Courteilles. Village de Normandie, Paris, 1992. {78} . Son neveu Pierre-Auguste Pâris, militaire, avec lequel Pâris était toujours resté en relation, {36} . « Brevet de dessinateur de la Chambre et du Cabinet du Roy pour le S r. Paris », AN, O I 826. n’habit ait pas à Besançon. Notons que Pierre-Auguste, comme son oncle, s’intéressait à l’archéologie. {37} . Marie 1968, Gruber 1972 et Pinon 1997, vol. I. 1, p. 361-386. {79} . Weiss 1821 I et II. {38} . Bachaumont, Mémoires secrets, t. XXVIII, 1785, p. 266. De fait, Pâris avait pris son service plus tôt, dès 1784. {80} . La distributi on de cet appartement et la disposition des œuvres sont sommairement connues {39} . En janvier 1789, Pâris fera un projet pour une nouvelle salle d’opéra, place du Petit-C arrousel (BMB, Fonds Pâris, vol. 483, nº 330-333). {40} . Pinon 1997 I, vol. V, p. 112-122 et vol. I. 1, p. 568-606. La plupart des dessins sont conservés dans le vol. VIII des Études d’arch i t e c t u r e (BMB, Fonds Pâris, vol. 483). Cf. plus bas M.-H. Jordan. {4 1 } . Dans une seconde version, la cour de Marbre est comblée de bâtiments. universel) ; et enfin un nouveau testament le 2 0 juin 1 8 19, qui augmente jugement confirmé par la cour royale en 1 8 2 1. {65} . Contrairement à ce qu’il affirmera tardivement, en 1818-1819 {24} . Pinon 2001 III. {44} . Il le rencontre assez fréquemment car le roi possède un petit atelier dans l’hôtel des Menus-Plaisirs de Versailles. frère Jean-Ambroise et sa nièce Talmet, définitivement exclus du Nous avions saisi les services compétents de l’État, à la fin de l’année 1991, qui ne sont pas intervenus. {63} . Pinon 1997 I, vol. I. 2, p. 111-404. Dervès (augmentant aussi le legs à Denis-Philibert Lapret, son légataire testament, en rédigèrent un faux (en leur faveur évidemment), reconnu (y compris l’emplacement de la peintur e de Fragonard) ; seul le planche r de la chambre du domestiqu e {2 1 } . « Journal de mon séjour à Rome » (BMB, Ms. Pâris 6). {42} . Pinon 1989 III, 1991 et Paris 1989. à nouveau le legs en faveur de Dervès. Après le décès de Pâris, son (BMB, Fonds Pâris, vol. 484, pl. XXX-XXXI, nº 45-46, et carton C, nº 199). et les menuiseries des croisées. La maison était abandonnée, mais tout était conservé jusque vers 2000 était écroulé. Mais, à cette époque, un nouveau propriétaire a presque tout détruit, son projet en « un monstre informe ». Sur l’histoire de la construction de l’hôtel de ville de Neuchâtel, . » Décédé le {6 1} . Habitation connue par plusieurs dessins {62} . Le gros œuvre existe encore (y compris l’escalier extérieur), ainsi que les rayonnages de la bibl iothèque bien qu’informé du fait qu’il s’agissait d’un aménagement du début du xix e siècle. Pâris a été un grand voyageur. Cf. Pinon 2001 IV. 1 e r a o û t 1 8 19, il est enterré au cimetière de Saint- Ferjeux, dans une {60} . Pinon 1997 I, vol. I. 2, p. 86-88, et Lemonnier-Mercier 2007. {19} . Cf. dans ce catalogue notre contributio n « L’archéologie d’un architecte ». {23} . Pinon 1994. je ne voudrais pas que l’ouvrier me fit attendre restées manuscrites (BMB, Ms. Pâris 27 à 30). Cf. Pinon 1992. {20} . Ainsi que les frères Jakob Philipp et Friedrich Wilhelm Hackert, Wilhelm Tischbein, artistes allemands, ou l’architecte suédois Fredric Adolf Cronstedt. musées, une bibliothèque publique, etc., et un « Temple consacré à {58} . Et aussi diverses pub lications anglaises ou italiennes, {59} . Des éléments de la vie quotidienne de Pâris en Normandie entre 1804 et 1806 se trouvent dans ses comptes (BMB, Ms. Pâris 23) et dans le « Journal de Louise Chaussé », {17} . Bien que non assurée, puisque parmi les collègues qu’il retrouve à Rome, Jean-Jacob Guerne, la Sainte Mémoire du Roi Martyr ». notes il a emmené celui d’alors, Victor Fleury, en Italie. belle-sœur de Stanislas Foache (AN, 442 AP III, carton 30). Pâris lui dessinera un imposant palais à l’italienne, avec des jardins. Les écuries seront réalisées. {90} Pâris a toujours eu un domestiqu e. On sait par exemple qu’en 1806 {14} . Crevoisier 2001 et, dans ce catalogue, l’article de F. Soulier-François. {15} . En 1776, le prince Frédéric de Wangen lui demandera un projet de reconstruction de son château. « Informez-vous, mon ami, si le petit monument {89} est achevé, car payés aux entrepreneurs (BMB, Ms. Pâris 7). {57} . Élément de train de vie connu : de 1771 à 1819, {13} . Pinon 1997 I, vol. I. 1, p. 2-709. {16} . Pâris ne deviendra officiellement « pensionnaire » qu’en juin 1772. d’architecture : un « Institut national » réunissant les académies, les il a travaillé. Pour ses honoraires, nous avons util isé sa correspondance (les honoraires égalent le 1/20 e des travaux) Cf. Pinon 1997 I, vol. V, « Chronologie », p. 2-69. Peu après son retour de Luxeuil, Pâris s’enquiert auprès de Lapret : {55} . Il ne s’est pas fait payer pour les projets qu’il a dessinés en Normandie. {56} . Nous avons effectué ces calculs par le dépouillement des archives des administrations pour lesquelles {9} . Une majorité des dessins qui lui sont attribués – par méconnaissance et facilité – dans le marché de l’art {1 1 } . Pour certains moments de sa vie, ses papiers permettent de reconstitu er jour après jour ses activités. Malgré sa santé qui décline {85}, il continue à dessiner des projets {53} . Pinon 1997 I, vol. I. 2, p. 2-110. {54} . Son ami Hubert Robert, lui aussi au service du roi, sera arrêté en octobre 1793. (demandes d’honoraires) et estimé ses parts d’honoraires à partir du montant des mémoires {10} . Pâris ayant donné sa collection, il n’y a pas eu de vente après décès comme pour J.-A. Raymond ou J.-G. Legrand. bmb, fonds pa r is, vol. 484, nº 117 {52} . Lettre de Pâris aux Quatre Ministraux de Neuchâtel du 15 février 1787 (i b i d .). {8} . 1495 dessins de Pâris lui-même dans le Fonds Pâris de la bibl iothèque municipale de Besançon. ne sont pas de lui. 49,5 x 43,5 cm. {48} . BMB, Fonds Pâris, Études d’arch i t e c t u r e, vol. 482, épilogue à la « Table ». {49} . Qu’i l a tout de même exercé au détriment des « antiquaires » romains. {5} . Pâris possédait les éditions des œuvres complètes de Rousseau et de Voltaire. {6} . Dont deux ont été publ iées : L’Agriculture des A n c i e n s, de A. Dickson (Jansen, Paris, 1802) Second projet d’un monument consacré Il convient aussi de préciser que, jusqu’en 1796 au moins, il espéra en fait le retour de la monarchie et de sa clientèle, et donc le sien dans ses places administratives. {47} . Encore en 1799, Raymond et Gondoin ont relancé Pâris pour qu’i l succède à Dufourny. {4} . Pinon 2007 II. Il a visité Thérèse Levasseur, veuve de Rousseau, à Ermonville, à la fin de l’année 1778. P i e r re - Adrien Pâris. {46} . Ce qui ne l’empêcha de dessiner de nombreux projets, rarement réalisés, durant sa retraite en Normandie. {43} . Pâris avait fréquenté à Rome, en 1771-1774, le père Jacquier, commandita ire de la décoration de cette chambre. Le premier biographe de Pâris, Charles Weiss (Weiss 1821 I et II), prétend même que c’est Louis XVI qui l’a incité à apprendre l’anglais. {45} . Il a d’ailleurs servi le pouvoir révolutionnaire jusqu’en 1792, à Saint e-Croix d’Orléans, à l’Assemblée nationale. Il a de ssiné des projets pour l’appropriation, en 1792, du couvent de la Visitation d’Orléans en Haute Cour de justice et, à la même époque, du couvent des Augustins de Moulins en palais de justice. par l’invent aire après-décès (archives départementales du Doubs). Pâris parle aussi de son appartement à Alexandro Visconti (lettre du 19 novembre 1818, Bibliothèque apostolique vaticane, Fondo autografi Ferrajoli-Visconti, nº 5515-5516). {8 1} . Longtemps dispersés entre Paris, Rome, Vauclusotte, Colmoulin s, Escures, Besançon. {82} . Cf. dans ce catalogue notre article « L’archéologie d’un architecte ». {83} . La copie est bien à Besançon (BMB, Fonds Pâris, Études d’arch i t e c t u r e, vol. 562), mais l’original est finalement parvenu à la British Library à Londres. {84} . Que Pâris avait connu avant la Révolution comme un des Premiers Gentilshommes du roi. {85} . Il se plaint de ses rhumatismes, de ses « nerfs », de sa vue, de son estomac. En mai-juin 1819, il fera une cure à Luxeuil. {86} . « D’ici à ce que je me couche pour la dernière fois, je veux goûter un calme que je n’ai jamais connu et que je me suis flatté de trouver ici plutôt qu’à Paris », écrit-il à A. Guénepin le 24 octobre 1817 (Bibliothèque de l’Institut de France, Ms. 1906). Il a même profité de la supp ression des congrégations religieuses pour acquérir personnellement {87} . Tous deux enfants de Pierre-François Pâris fils, frère de Pierre-Adrien. des biens nationaux en Franche-Comté en 1791 (les métairies de la Roche de Plainchamp et de Soyère, {88} . Fille de la sœur de Pierre-Adrien. situées sur la commune de Saint-Hi ppolyte). {89} . Il s’agit évidemment de la sépultu re que Pâris s’est dessinée et qu’il a chargé Lapret de réaliser. {90} . Weiss 1821 I, p. 33-34. {9 1} . Weiss 1972, p. 269. — 29 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 30 Pierre Pinon — 30 — une œuvre Surtout connu pour son œuvre de décorateur (de fêtes, de décors scéniques) en tant que dessinateur de la Chambre et du Cabinet du roi, architecte des Menus-Plaisirs, architecte de l’Académie royale de musique, Pâris a aussi finalement construit beaucoup d’édifices et est intervenu sur de nombreux autres. Il a édifié dix-neuf édifices neufs, dont huit publics (un hôtel de ville, deux hôpitaux, deux prisons, un bain public) en comptant l ’ a chèvement de la cathédrale d’Orléans et le monument à Guillaume Tell en Suisse, les autres étant des ch â t e a u x (quatre dont un seulement partiellement réalisé) et surtout des hôtels particuliers (six). Ses réalisations d’aménagements d’hôtels ou de châteaux (réparations importantes, extensions, intérieurs) sont très nombreuses : vingt-six au moins, sans compter son œuvre pour les édifices relevant des MenusPlaisirs (dont la salle des États-Généraux de Versailles). — 31 multiforme Surtout connu pour son œuvre de décorateur (de fêtes, de décors scéniques) en tant que dessinateur de la Chambre et du Cabinet du roi, architecte des Me n u s -Plaisirs, architecte de l’Académie royale de musique, Pâris a aussi finalement construit beaucoup d’édifices et est intervenu sur de nombreux autres. Il a édifié dix-neuf édifices neufs, dont huit publics (notamment un hôtel de ville, deux hôpitaux, deux prisons, un bain public) en comptant l’achèvement de la cathédrale d’Orléans et le monument à Guillaume Tell en Suisse, les autres étant des ch â t e a u x (quatre dont un seulement partiellement réalisé) et surtout des hôtels particuliers (six). Ses réalisations d’aménagements d’hôtels ou de châteaux (réparations importantes, extensions, intérieurs) sont très n o m b r e u s e s : vingt-six au moins, sans compter son œuvre pour les édifices relevant des Me n u s -Plaisirs (dont la salle des États- Généraux de Ve r sailles). Si l’on ajoute à cela la trentaine de projets non réalisés ( châteaux surtout, hôtels, théâtres, tribunaux, palais d’A s s e m b l é e nationale, monuments expiatoires), correspondant la plupart du temps à des commandes, on ne peut plus considérer son œuvre d’architecte Façade principale de l’hôtel de ville comme négligeable. Et cela sans compter également ses projets de de Ne u châtel (Su i s s e ) constructions éphémères (salles de fêtes, catafalques surtout). cons t r uit entre 1784 et 1790, vue actuelle . L’impression de modestie que laisse son œuvre architecturale est sans doute liée au fait qu’il n’a construit aucun édifice public à Paris – source assurée de notoriété – et que les édifices majeurs conservés sont rares et se trouvent dans d’autres villes. Son grand hôpital est à Bourg-enBresse, son hôtel de ville à Ne u châtel. Son plus beau château, celui Façade principale de l’hôpital de Bo u r g - e n -B resse, cons t r uit entre 1782 et 1790, vue actuelle . de Colmoulins, a été détruit en 19 4 4 ; son plus bel hôtel, celui de Richebourg, l’avait été dès 1 8 8 0. Quant aux constructions éphémères, il n’en reste que des dessins. Qu’ils soient très beaux n’a pas suffi à perpétuer sa célébrité au-delà du cercle des connaisseurs. FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 32 P i e r re - Adrien Pâris. Plan d’ensemble avec le jardin des deux hôtels particuliers construits pour les frères Tassin à Orléans. Élévation et coupe, 1791, encre noire et aqua r elle, 60 x 74 cm. bmb ( c at. 39) 32 — — 33 L’ a r ch i t e c t u r e L’architecture de Pâris se caractérise essentiellement par sa simplicité et « L’abus du caractère [est] un deffaut essentiel en arch i t e c t u r e » {3}, Pour les édifices publics, ses commandes ont porté souvent sur P i e r re - Adrien Pâris. son élégance. Il ne s’agit pas là d’une incapacité à exprimer la complexité écrit-il à propos des temples de Paestum. Ainsi Pâris, un des rares des constructions utilitaires (hôpitaux, prisons) qui n’appelaient Hôpital de Bourg-en-Bresse, coupe et élévation, ou d’une volonté de refuser la vigueur, mais c’est à la fois le reflet d’une a r chitectes français à s’être rendus sur ce site perdu du sud de la pas la magnificence. À l’hôtel de ville de Ne u châtel, où il aurait personnalité et une rech e r che de la satisfaction de sa clientèle. Campanie, n’a-t-il employé le dorique grec sans base que dans des pu déployer son savoir-faire, il a même préféré abandonner la Pâris, pour ses commandes privées, a œuvré pour la vieille aristocratie occasions exceptionnelles {4}, pour sa rusticité (halle de marché au rez- paternité de son œuvre, tant elle a été appauvrie. Dans ses édifices (noblesse de robe, Gentilshommes du roi), qui ne demandait que d e - chaussée de l’hôtel de ville de Ne u châtel) ou pour son austère publics (mais privés aussi), Pâris a toujours attaché la plus grande confort et discrétion {1}. Les rares clients appartenant au monde de la majesté (salle des États-Généraux de Versailles), et évidemment dans importance à la distribution, selon la tradition française et les leçons finance ou des affaires (Bergeret, Stanislas Fo a che, Arboulin de ses décors scéniques concernés par la Grèce (Les Danaïdes de Salieri, de Je a n -François Blondel. À la convenance et à la commodité, s’est R i chebourg, les frères Tassin) ont été les seuls qui lui ont donné D i d o n de Piccinni, N u m i t o r de Marmontel, Œdipe à Colone d e ajoutée, à la fin du x v iii e siècle, une plus grande rech e r che du confort l’occasion d’apporter plus de verve à son œuvre. Pâris n’a pas, comme S a c chini). Pour Pâris, les architectures antiques ne sont pas toutes et de la fonctionnalité. Ledoux, Brongniart ou Bélanger, travaillé pour des « nouveaux riches » correctes, et aucune ne convient systématiquement à tous les Tant pour le dépôt de mendicité de Bourges que pour l’hôtel-dieu de avides de signaler leur ascension sociale par l’originalité de leurs programmes. Il paraît étonnant que notre architecte, dont les œuvres Bourg-en-Bresse, il a étudié soigneusement la disposition générale {7}, dessin vers 17 9 3 - 1796, d’après un projet de 1781, encre noire, lav is gr is et bleu, 32,9 x 47,9 cm. bmb ( c at. 47 c) demeures. Par ailleurs, bien que grand connaisseur de l’Antiquité éphémères attestent si brillamment de son habileté, se soit tellement les dispositifs pratiques (logements, cuisine, infirmerie), jusqu’à dessiner et de tous les exotismes architecturaux, il n’en a usé que dans des restreint dans son architecture construite, sauf dans le raffinement de le détail des lits. Il s’est entretenu avec les médecins et les religieuses circonstances qu’il jugeait justes. Certes, il admet que « le genre l’hôtel de Richebourg ou la virtuosité de la composition des hôtels infirmières pour s’adapter au programme pratique. Il s’est aussi référé égyptien peut servir aux sépultures, aux prisons, aux casernes et d’autres Tassin{5}. Telle était pourtant sa rigueur intellectuelle, et aussi, il faut aux nombreux hôpitaux italiens qu’il avait visités, notamment au édifices qui demandent un caractère repoussant, le genre grec dans l’avouer, sa volonté de tenir dans les budgets qui lui étaient o c t r o y é s {6}. G r a n d -Hôpital de Milan (pour la salle des malades cruciforme de nos temples, le romain moins grave encore pour nos habitations et le Sa retenue même a probablement desservi sa postérité. Celle-ci retient Bourg) et à l’Albergo dei Poveri de Naples (Francesco Fu ga, milieu chinois pour les lieux de plaisir dans les jardins &c. » {2}. Mais encore plus volontiers les extravagances architecturales que les arch i t e c t u r e s x v iii e siècle). D’une manière inattendue, une certaine modernité dessin vers 17 9 3 - 1796, d’après les projets de 17 8 3 - 1784, convient-il de ne pas abuser de ces références. qui se contentent de satisfaire leurs commanditaires. fonctionnelle est donc venue d’Italie. encre noire, lav is gr is et bleu, 39,2 x 57,9 cm. bmb ( c at. 49 a) P i e r re - Adrien Pâris. Hôtel de ville de Neuchâtel. Élévation de la façade sur la place, FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 34 34 — — 35 P i e r re - Adrien Pâris. Premier projet de plan pour la transformation du couvent des Minimes de Bourges en dépôt de mendicité, v ers 1778, encre noire, lav is rose et vert, 37 x 52,7 cm. bmb ( c at. 43) Il en va de même pour les prisons (Chalon-sur-Saône, Dijon, projets pour Ce type de plan a une grande clarté pour la composition (la symétrie) Le style architectural de Pâris est dépouillé. Il recourt rarement aux Moulins et pour Orléans), où son modèle se trouve dans les Carceri et pour la distribution (la travée centrale accueillant les espaces péristyles, encore moins aux ordres monumentaux ; d’ailleurs il n’abuse e Nuove de la via Giulia à Rome (xvii siècle), qui ont la caractéristique de principaux). C’est la fin de la domination d’un escalier central. pas des ordres, ni des colonnes, même s’il les considère comme parfois placer les cachots au dernier étage et non plus dans le sous-sol. À la même Pâris a aussi progressivement abandonné les enfilades « à la française » : utiles{15}. Mais il aime les soubassements rustiques, les arcs clavés (il époque, Boullée lui aussi supprimait les cachots souterrains de la Grande ses enfilades sont dans l’axe des pièces, à la manière italienne { 1 1 } . admire beaucoup Michele Sanmicheli). Pour les élévations, il pratique Force, à Paris. À propos d’une description des C a rceri Nuove qu’il Mais cette conception permet aussi de donner plus d’intimité aux l’appareil à bandes horizontales. Si son architecture se modère dans donne{8}, Pâris exprime clairement sa conception philanthropique de appartements (chambre à coucher, cabinet de travail, garde-robe, cabinet les modénatures, il affectionne les frises avec bas-reliefs, les nich e s l’architecture carcérale : « [j’ai] éclairé les architectes sur les moyens de toilette, « a n g l a i s e », boudoir). Pâris, comme ses contemporains, ornées de bustes. Bien que discrète, l’influence de la Re n a i s sa n c e italienne est évidente. d’adoucir le sort de ceux mêmes qui après avoir outragé l’humanité sont s’est beaucoup soucié du confort et de l’intimité, y compris dans la encore des êtres souffrans et dignes de pitié ! hélas n’oublions jamais que distribution des chambres des domestiques. la vertu la plus pure a ses tems d’iniquité ». Les circonstances de la Il a aussi souvent pratiqué le plan « m a s s é » (trois épaisseurs de P i e r re - Adrien Pâris. Plan du château de Colmoulins, dessi n vers 17 9 3 - 1796, d’apres u n projet de 17 8 2 - 17 8 6 , a q ua r elle, 29 x 38,7 cm. bmb ( c at. 37 b) En fait, ses réflexions proviennent de l’observation des architectures Si Pâris ne prétend pas être un théoricien, ses écrits, qui sont surtout antiques et modernes. Sans être partisan d’une imitation aveugle, il en tire des leçons. Ainsi, cette réflexion inattendue que l’on peut commande ont amené Pâris à être très attentif aux équipements et aux pièces), qui exige un éclairage zénithal pour la pièce centrale non des descriptions de monuments antiques ou modernes, abondent programmes « modernes » de la fin du x v iii e siècle{9}. éclairée latéralement { 1 2 } . d’observations et de réflexions. Il en ressort que les fondements de s’inspirer de l’action du temps. À propos de son projet de jardin pour Si l’on confond édifices réalisés ou non, hôtels particuliers et châteaux Pâris se situe ainsi dans la modernité qui s’impose à la veille de la l ’ a r chitecture sont l’harmonie (rapport « des parties avec le tout » {16} ) l’hôtel de la rue d’Angoulême, il écrit{18} : « On vouloit traiter ce jardin sont nombreux dans l’œuvre de Pâris. Ils se caractérisent par la présence Révolution. Il va même plus loin dans le château de Co l m o u l i n s , et le jugement (rapport entre le style et le programme). Pour lui, d’après l’idée que fournissent les jardins de Rome qui, plantés d’un grand salon circulaire (ou ovale) côté jardin, à demi engagé dans avec une composition très originale : les ailes (ou travées latérales) la beauté de l’architecture tient à sa masse et à ses proportions, et originairement dans un style régulier, et abandonnés depuis à eux- le corps principal, et par une composition en trois travées longitudinales sont désaxées par rapport à la travée centrale, ce qui dessine un la convenance à sa distribution. mêmes, sont devenus des mélanges de nature et d’art. » De même, à (c’est-à-dire perpendiculaires à la façade). Le salon circulaire {10} est plan en « V » articulé sur le salon ovale { 1 3 }, qui magnifie le site Dans l’architecture doivent régner la symétrie, mais aussi la variété propos de la ville de Naples : « De vastes édifices de tous les siècles tout à fait caractéristique de la fin du x v iii e siècle, mais le plan à trois d’éperon du château. Cette situation pittoresque est nouvelle (le rapport des « p l e i n s » et des « v i d e s », l’alternance des « r e p o s » qui contrastent entre eux par le caractère de leur architecture » font travées n’a guère été pratiqué que par Ledoux. pour l’époque {14}. et des « r i ch e s s e s »), la « fi n e s s e » et enfin la qualité de l’exécution {17}. le pittoresque de la ville {19}. FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 36 P i e r re - Adrien Pâris. Aqueduc antique à Bourgas près de Constantinople : élévations et plans, v ers 1790, encre noire, lav is de rose et de gr is, a q ua r elle , 46 x 37,8 cm. bmb, fonds pa r is, vol. 482, nº 137 36 — — 37 P i e r re - Adrien Pâris. Vue de la Grande Galerie de la villa Albani, à Rome, 17 7 2 - 17 74, pierre gr ise, 34,5 x 18 cm. bmb ( c at. 18 a) P i e r re - Adrien Pâris. Masques antiques de la villa Albani, 17 7 2 - 17 74, pierre gr ise, 34,5 x 10 cm. bmb ( c at. 18 b) Le dessin Il ne convient pas d’oublier que la première charge de Pâris a été La masse la plus imposante est celle des dessins de relevé : des milliers. celle de premier dessinateur du Cabinet du roi. Pâris a excellé dans Il y a d’abord les croquis au crayon ou à l’encre présents dans ses tous les genres du dessin : la vue pittoresque, le relevé, la restitution, c a r n e t s { 2 2 } , ceux dans les marges de ses journaux de voyage { 2 3 } , le projet. éventuellement ceux dessinés dans les marges des livres de sa bibliothèque. De 17 7 1 à 17 74, mais apparemment jamais après, Pâris a beaucoup Mais il y a surtout ceux des Études d’arc hi t e c t ure{24} : dessins simplement dessiné de vues pittoresques à la sanguine (arc de Constantin, villa au trait, ombrés, lavés à l’aquarelle{25}. Ces dessins, plans, coupes et d’Hadrien, villa de Caprarola, villa Negroni) ou au crayon (villa Albani). élévations, sont presque toujours cotés. Pâris a redessiné une étroite Sa lointaine inspiration est celle de Fragonard et de Robert mais, plus sélection de ces dessins (vingt-six planches), à une échelle réduite, pour directement, il a dessiné aux côtés de Berthélemy, de Vincent et de la maquette, destinée au graveur de son Examen des édifices antiques Joseph-Barthélemy Le Bouteux (en 1772). Si la construction architecturale de Rome sous le rapport de l’art (1 8 1 3){26}, pour être édité. de ses dessins est sans reproche, il est évidemment à la fois plus laborieux Les dessins de Pâris publiés sont finalement très rares, relativement à sa et plus mièvre, moins vigoureux, que ses amis peintres. production. Pour le Voyage pittoresque de Naples de l’abbé de Saint- Le fonds de la bibliothèque de Besançon permet de suivre ses projets Non, Pâris n’a donné qu’une vingtaine de dessins d’architecture{27}, après d ’ a r chitecture, depuis les esquisses et les études, les mises au net, avoir été recruté par Jean-Benjamin de Laborde, initiateur du projet de jusqu’aux projets d’exécution {20}, sans parler des versions redessinées publication. Pour l’H i s t o i re de l’art par les monuments (Paris, 1823) de et lavées très postérieurement (17 9 3 - 1 8 0 6, et surtout 1 8 17 - 1 8 1 8){21}. Séroux d’Agincourt, il n’a donné que trois ou quatre dessins{28}. FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 38 P i e r re - Adrien Pâris. École napolitaine, Vue générale des ruines Vue du Vésuve en éruption la nuit, du palais des rois 1804, go ua che, 24,8 x 30 cm. mb aa b de Perse à Persépolis, ( c at. 117) v ers 1810, a q ua r elle, 16,8 x 33 cm. bmb ( c at. 15 a) notes 38 — {1} . Pinon 1999. {20} . Ces dessins (généralement au trait) sont présents dans le Fonds Pâris, cartons C à S. {2} . BMB, Ms. Pâris 2, f. 117-118. Il s’agit d’une réflexion qui ramène les origines de l’éclectisme {2 1 } . C’est le vol. IX de ses Études d’arch i t e c t u r e (Fonds Pâris, vol. 484) (pouvant se définir ainsi : à chaque programme doit correspondre une référence architecturale spécifique) S’il a réellement beaucoup dessiné, Pâris a finalement pas mal écrit non plus. Dès son premier séjour à Rome, il rédige un journal qui prend de voyages à Rome ou à Naples. En 17 7 2 - 17 73, il a écrit une description {22} . BMB, Ms. Pâris 3, 4, 5 et 12. {23} . Voyage de Rome à Naples de 1774 (BMB, Ms. Pâris 12, f. 94-140), P i e r re - Adrien Pâris. En fin de compte, ce qui caractérise cet aspect de l’œuvre de Pâris, Plan de l’église de Saint-Nicolas in Carcere à Rome et des trois temples antiques sur les débris desquels elle a été élevée, v ers 1810, encre noire, lav is de jaune et de rouge, 24,2 x 38,2 cm. b mb ( c at. 32) il s’agit de commentaires architecturaux (par exemple ses références de Bologne à Venise de 1774 (BMB, Ms. Pâris 12, f. 140-160) qui exclut toute espèce de richesse puisse convenir » (AN, O 1 1933A). et de Lyon à Rome en 1783 (BMB, Ms. Pâris 4, f. 1-36). {27} . Volumes I (1781), II (1782), III (1783), IV (1786). Mais il y a aussi une cinqua ntaine de reproductions il en a résulté le bâtiment extrêmement mesquin » (BMB, Fonds Pâris, Études d’arch i t e c t u r e, vol. 484, « Table », f. XVII). {7} . Le plan à deux préaux de Bourges (1778) préfigure le plan théorique recommandé par J.-R. Tenon en 1788 (Mémoires sur les hôpitaux de Pa r i s, Paris, 1788, pl. XV). {3 1 } . BMB, Ms. Pâris 5, f. 106 rº. {32} . Lettre de Pâris à H.-R.-A. Mondion, 1807, déjà citée. Pâris a rédigé deux descripti ons du Vésuve, en 1774 et 1807, à Bourges, Moulins et Orléans. {10} . Que Pâris a pu connaître à Besançon par l’intendance de Victor Louis (1771). {1 1 } . Se réfère également à l’Italie l’implantation des services au rez-de-chaussée, le premier étage habité étant surélevé. autobiographiques. On trouve également des dessins, non seulement textes : introductions, notices, commentaires de planches. L’écriture {15} . « Les plus beaux effets en architecture sont produit s par les colonnes, le plus bel ornement qu’elle possède Colmoulins adopte plutôt le site d’un château fort féodal. Volontairement ? et appui solide en même temps ; mais il faut qu’elles soient convenablement placées. Si sans être nécessaires dans ses journaux, mais aussi dans sa correspondance. et l’orthographe de Pâris sont correctes, contrairement à celles de elles ne sont que de simple décoration, si elles ne portent rien, surtout si elles sont engagées, Le plus inattendu est le fait d’écrire sur des dessins anciens, quand il certains de ses collègues architectes, bien qu’il n’ait pas effectué (BMB, Ms. Pâris 9, Examen des édifices antiques de Rome, p. 5). réutilise de vieux carnets, par exemple quand, en 17 9 3, il note ses d’études classiques. Son style ne manque pas d’élégance (il était grand {16} . « Observations » à A. Desgodets, bibli othèque de l’Institut de France, Ms. 1906, f. 338 rº-341 vº. a chats à faire au marché de Maîche (Doubs) sur un beau plan au lecteur) et surtout d’humour, du simple trait d’esprit à l’esprit critique {18} . BMB, Fonds Pâris, Études d’arch i t e c t u r e, vol. 484, f. XLVI. cra yon de la villa Torlonia pris vers 17 7 2 - 17 73 {31} . Le mélange est quelquefois féroce. Il arrive aussi qu’apparaisse sous sa plume des savoureux. Mais son chef-d’œuvre du genre réside dans ses Études expressions poétiques. Ainsi, à propos du Vésuve, il écrit : « Il est la robe tissue de fleurs d’une jeune épouse. { 3 2 } » {30} . BMB, Ms. Pâris 9 et 10, respectivement 125 folios et 86 pages. {8} . BMB, Ms. Pâris 10, Examen des édifices modernes de Rome, Rome, 1816, p. 56-58. {13} . Le château est par ailleurs construit en briques et pierres, à la manière n ormande. palais de la Re n a i s sance en Italie, par le dessin et le texte. de peintur es et d’objets antique s, de vignettes, de culs-de-lampe. Cf. Lamers 1995, p. 310-332. {28} . Pinon 2007 I, p. 70-80. {29} . BMB, Ms. Pâris 12, f. 1-74. {9} . Notamment par des appropriations de couvents supprimés avant ou pendant la Révolution, {14} . La plupart des châteaux de l’âge classique sont situés dans des plaines ou dans le fond de vallées. vrai que souvent l’œil est attristé par le spectacle de ces laves plus (cf. Tours 2007, notices de P. Pinon, p. 202-211). Lui ayant des obligations, je ne pus refuser de me prêter à ses vues ; Les recueils de dessins de Pâris sont donc toujours accompagnés de ou moins noires. Il semble voir une bouteille d’encre renversée sur {25} . Parmi ses chefs-d’œuvre, les dessins des décorations du portiqu e des Loges de Raphaël au Vatican. {26} . BMB, Ms. Pâris 11. pour des restitutions), mais plus originaux quand il s’agit de récits Re n a i s sance, de l’Inde, l’Égypte et la Perse anciennes, aux églises et {24} . Les volumes I à VII (BMB, Fonds Pâris, vol. 476 à 484). « Je lui [à Mesme de Ravignan] fis le plan [le premier projet] qu’il rejeta par des motifs d’économie. {12} . Un des inventeurs de l’éclairage zénith al est son ami Raymond, pour l’Hôtel Lebrun. d ’ a rc h i t e c t u re, sorte d’histoire de l’architecture de l’Antiquité à la de Rome à Florence de 1774 (BMB, Ms. Pâris 8, f. 1-54), écrivent à propos de Paestum toujours : « Il est très peu d’occasions où ce genre d’architecture de décorations nécessaires. À propos des Bains de Bourbonne, il écrit : de Rome et dans son Examen des édifices modernes de Rome{ 3 0 } . dessins sont accompagnés de longs textes, qui sont convenus quand {3} . « Observations » à A. Desgodets, Bibliothèque de l’Institut de France, Ms. 1906, f. 329 rº. {4} . Dans un rapport de l’Académie d’architecture datant de 1788, Boullée, N.-H. Jardin, {6} . Qualité que tous ses clients lui reconnaissent, mais dont certains ont abusé en dépouillant son architecture a été reprise en 1 8 1 3 et 1 8 1 6 dans son Examen des édifices antiques dessin, le dessin dans l’écriture, l’écriture sur le dessin. Souvent ses ne se retrouvent pas dans les É t u d e s. {5} . Qui existent toujours, 1 bis et 3, rue de la Bretonnerie à Orléans. des monuments antiques et modernes de Ro m e { 2 9 } . Cette esquisse c’est l’intimité du mélange entre écriture et dessin : l’écriture dans le et le plus grand nombre a servi à l’amusement de ma vieillesse ». Tous les projets présents dans les cartons Cf. sur ce thème P. Pinon, Louis-Pierre et Victor Baltard, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2005, p. 9. D. Le Roy (qui est pourtant allé en Grèce), Pierre-Louis Moreau et Pâris la suite de son récit de voyage de Paris à Rome. Suivront d’autres récits inti tulé « Recueil de quelqu’ une de mes compositions en Architecture dont le petit nombre a été exécuté à la fin du xviii e siècle. leur effet est manqué. C’est dans les portique s, dans les péristiles, que rangées en files elles sont admirables ! » {17} . Pour l’ensemble des conceptions théoriques de Pâris, Pinon, 1997 I, vol. II, p. 135-161. {19} . Lettre de Pâris à H.-R.-A. Mondion, épouse de Stanislas Foache, de Naples, le 11 octobre 1807 (copie, AN, « Papiers Bégouen-Demeaux », 442 AP, liasse 1. III. 4). Notons que Pâris fait partie d’un e génération d’architectes qui commencent à s’intéresser aux villes. Il s’est intéressé aux plans des villes, mais surtout aux places. et a traduit en français, en 1816, les Observations sur les volcans des Deux Siciles, telles qu’elles ont été communiquées à la Société Royale de Londres par le chevalier William Hamilton. — 39 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 40 P i e r re - Adrien Pâris. Bas-relief du piédestal de la colonne Trajane, à Rome 1772, encre noire à la plume, lav is br un, vert et gr is, 27,7 x 49,5 cm. bmb Marc-Henri Jordan — 40 — ( c at. 30 b) l’étude Pierre-Adrien Pâris s’est révélé un dessinateur exceptionnel, de qualité l’ornement qui caractérise ses travaux d’élève de l’Académie A RT r o yale d’architecture et de pensionnaire du palais Mancini Fin dessinateur, Pâris dessine vite de nombreux monuments, décors et objets à Rome, dans ses environs, et en Campanie. Il n’a Dde Ucesse de visiter monuments antiques, palais, villas et collections, et ses choix illustrent sa vaste curiosité. Au travers de ses études, il se montre constamment attentif au décor de l’architecture et particulièrement aux « rapports harmoniques » qui doivent, selon lui, exister entre les parties et l’ensemble auquel elles doivent se subordonner, e n t r e sculpture et architecture en l’occurrence. Cette préoccupation est constante. Elle guide et nuance son appréciation des m o n u m e n t s , des décors et des objets qu’il juge bon de relever, de critiquer et, bien souvent, de réinterpréter. et l’ décor — 41 P i e r r e - Adrien Pâris s’est révélé un dessinateur exceptionnel, qualité Parmi les nombreux édifices antiques, qui donnent lieu à des plans et qui caractérise ses travaux d’élève de l’Académie royale d’arch i t e c t u r e à des élévations, plusieurs exemples emblématiques de l’arch i t e c t u r e et de pensionnaire du palais Mancini {1} . Fin dessinateur, Pâris dessine et du décor de l’époque romaine ont livré à l’architecte des vite de nombreux monuments, décors et objets à Rome, dans ses compositions et des motifs dignes d’un examen plus approfondi. Le environs et en Campanie. Il n’a de cesse de visiter monuments fond antique dans lequel il puise est commun non seulement aux antiques, palais, villas et collections, et ses choix illustrent sa vaste architectes de sa génération mais a également constitué le répertoire curiosité. Au travers de ses études, il se montre constamment attentif des architectes et des sculpteurs des x v i e et xviie siècles, enrichi par la au décor de l’architecture et particulièrement aux « r a p p o r t s redécouverte ou le dégagement d’éléments architecturaux et décoratifs. h a r m o n i q u e s » qui doivent, selon lui, exister entre les parties et Les bas-reliefs du piédestal de la colonne Trajane, précisément relevés l’ensemble auquel elles doivent se subordonner, entre sculpture et par Pâris, sont un bel exemple de cette continuité d’intérêt pour le a r chitecture en l’occurrence {2} . Cette préoccupation est constante. répertoire antique. S’agissant du profil des entablements et du décor Elle guide et nuance son appréciation des monuments, des décors des frises, l’architecte vérifie les observations faites par A. De s g o d e t s et des objets qu’il juge bon de relever, de critiquer et, bien souvent, et considère dans un esprit critique, « sous le rapport de l’art », les de réinterpréter. choix proposés par sa publication. FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 42 42 — P i e r re - Adrien Pâris. P i e r re - Adrien Pâris. Roses du temple de Jupiter Stator et de l’arc de Titus, à Rome, A rabesques des Loges de Raphaël 17 7 1 - 1772, plume et lav is d’aqua r elle, au Vatican, à Rome, 49,7 x 33,8 cm. bmb 17 73, aqua r elle, 50,5 x 30,2 cm. bmb ( c at. 26) ( c at. 52 a) Ce goût ne se comprend pas néanmoins sans la publication, en 17 6 3, des exemples des Griffoni de l’abbé de Saint-Non et en particulier, là aussi, sans les dessins d’Hubert Robert, ami proche de Pâris. Pe u t être ces derniers ont-ils d’ailleurs travaillé de façon complémentaire ; en tous les cas, ces sujets leur sont communs. Pâris possédait d’ailleurs, en 1 8 0 6 encore, un trépied « dans le style égyptien » en plâtre peint, à l’imitation du porphyre et du bronze, réalisé par André Pardieu de Mézières d’après les dessins d’Hubert Ro b e r t {5}. L’étude des grotesques italiennes Parmi les études d’ornements de l’époque moderne, celles des grotesques ont une importance particulière dans le fonds de Besançon. Ses commentaires les plus enthousiastes vont au « temple de Ju p i t e r Comme presque tous ses contemporains, l’architecte les appelle S t a t o r » (temple de Castor et Pollux), tandis qu’il reproche à l’arc « a r a b e s q u e s », terme impropre, très tôt imposé par l’usage, qui ne de Septime Sévère sa richesse excessive malgré des parties dans devrait désigner que des ornements sans figures humaines ou animales. lesquelles règnent des proportions et une répartition harmonieuse Il s’agit en fait de compositions imaginaires de motifs variés et de des ornements {3}. En revanche, de l’arc de Titus, moins bien conservé, figures hybrides, redécouvertes à Rome vers 14 8 0, dans ce que il ne juge bonnes que les rosettes dont il fait un relevé mis en l’on croyait être les « s o u t e r r a i n s » des thermes de Titus (la Domus parallèle avec celles d’un édifice du x v i e siècle, le palais Massimo alle Aurea en réalité), d’où le terme initial de « grotesques ». Pâris rappelle Colonne de B. Pe r u z z i{4}. À ce répertoire d’ornements arch i t e c t u r a u x que cette découverte est à l’origine d’une grande réalisation de la empruntés à l’antique, ou puisés dans les édifices de la Re n a i s sa n c e , Re n a i s sance, désormais modèle à son tour : le décor des Loges du vient s’ajouter une collection d’objets et d’éléments de mobilier, Vatican, sous la direction de Raphaël et de Giovanni da Udine. Pâris constituée dans un esprit plus systématique que cela n’avait été fait est l’auteur de superbes études aquarellées de ces décors, à coup sûr jusque-là. Les exemples de trépieds, bases de candélabres, autels, ses plus beaux dessins. En décembre 17 7 1, une visite rapide lui permet trônes et sièges divers témoignent le plus souvent, outre de la visite de réaliser d’abord quelques croquis des pilastres et des portes des églises romaines, de la fréquentation des collections, en particulier richement sculptées {6}, tandis qu’en avril 17 73 {7} il s’attache à constituer celles des villas Albani, Negroni, Doria Pamphili, Corsini, ou du un choix des meilleurs motifs dont il exécute des relevés détaillés, palais Mattei di Giove, sans oublier les collections papales. soigneusement aquarellés devant l’original {8}. — 43 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 44 Il a dû préalablement en obtenir la permission auprès de l’abbé Ercole Bonajuti, promoteur présumé de l’édition des Loggie di Rafaele nel Va t i c a n o de G. Savorelli, P. Camporesi, G. Ottaviano, rejoints par G. Volpato, première publication systématique de ces décors. L’influent abbé vénitien {9} aurait exercé un contrôle sur les artistes désireux de colorier leurs relevés afin de garantir un caractère exclusif aux exemplaires L’étude des décors français Les dessins pour l’hôtel de la place Louis-XV sont à situer en 17 7 5. Parmi les exécutants des projets de l’architecte figurent le menuisier Antoine Maréchal, les sculpteurs Daniel Aubert, Augustin Bocciardi et André Pardieu de Mézières, le serrurier Pierre-Antoine De u m i e r, les doreurs François Guintrange et Je a n - Charles Presle, ainsi que le menuisier en meubles Je a n -Baptiste Boulard {28}. luxueusement rehaussés du recueil et afin de limiter une concurrence 44 — à une entreprise éditoriale à ses débuts. Pâris affirme que les exemplaires Quelques exemples mettent en évidence un intérêt pour le répertoire coloriés des Loges le sont en général peu fidèlement {10}. Peut-être leurs décoratif du règne de Louis XIV cette fois-ci. D’abord, plusieurs couleurs étaient-elles adaptées au goût des amateurs, gage de succès de feuillets d’un carnet sont consacrés aux trophées en bronze des l’entreprise. En tout état de cause, Pâris opère lui aussi des choix semble- pavillons du bosquet des Dômes à Ve r sailles, ornements répétés, t-il, en introduisant des variations et alternances absentes des recueils d’après les mêmes moules, dans le salon de la Paix {21}. Un autre carnet rehaussés. Au vu du soin extrême apporté à ses dessins, Pâris n’a pu en contenant des études faites au palais des Tuileries avant le départ exécuter qu’un nombre très restreint, à son propre usage ou pour pour l’Italie est attesté {22} , tandis que la bibliothèque de l’arch i t e c t e quelques amateurs privilégiés tel Pierre-Jacques Onésyme Bergeret de conserve un exemplaire des O rnemens de peinture et de sculpture Grancourt qu’il guida dans les Loges en décembre 17 73{11} et auquel une qui sont dans la galerie d’Apollon au […] Louvre et dans le grand feuille, récemment apparue sur le marché et acquise par la bibliothèque appartement du roi au palais des Tuileries{23}. Enfin, Pâris a intégré dans de Besançon, a vraisemblablement appartenu ( c at. 52 c) {12} . — 45 sa documentation de nombreuses planches de l’œuvre de Jean Le pautre{24}. À Rome toujours, à Santa Maria della Pace, Pâris s’attarde sur les grotesques de la chapelle Cesi, sculptées dans le marbre en 15 2 5 p a r Simone Mosca et qui passaient alors pour être de Michel-Ange{13}, {14} et sur d’autres exemples encore . Dans le grand escalier du palais des Conservateurs, des années 15 6 0, de fines grotesques rythmées par d ’ é l é gantes figures couvrent les coupoles surbaissées du palier. Le dessinateur est sensible à la qualité de ces compositions, mais reproche Les décors de l’hôtel du duc d’Aumont, place Louis-XV aux ornements trop de légèreté eu égard aux proportions et au caractère de l’architecture de l’escalier {15}. À Rome, Pâris a pu aussi examiner Peu après son retour en France, Pâris fournit des projets pour des grotesques au château Saint-Ange et à la villa Madame, ainsi qu’à l’aménagement de l’hôtel de Louis-Marie Augustin, duc d’Aumont Caprarola au château Farnèse, où celles-ci, réalisées par les Zuccharo, sont (17 0 9 - 17 8 2), premier gentilhomme de la Chambre du roi, place Louis-XV jugées avec plus de sévérité. À San Gennaro de Naples, il remplit un petit (actuellement de la Concorde). Cet hôtel construit à l’arrière de la P i e r re - Adrien Pâris. carnet de grotesques de la chapelle Carafa. Pâris découvre en effet cette colonnade de Gabriel, l’actuel hôtel Crillon, est propriété de Louis- Relevé d’un vase de porcelaine chinoise monté en bronze doré par Pierre Gouthière, chapelle lors de son premier séjour{16}. Signalée notamment par le guide François Trouard qui le loue au duc. Pâris participe à sa décoration mais {17} de C.-N. Co chin , cette chapelle est rarement accessible, aux dires de aussi à sa construction aux côtés de ce dernier {25} . Il soumet de nombreux Pâris. Le riche décor de marbre sculpté des murs et du plafond, et celui projets pour la demeure de cet exigeant commanditaire dont les goûts d’une porte de bronze offrent des modèles de grotesques ordonnées sont illustrés par sa célèbre collection d’objets en marbres et pierres a yant appartenu au duc d’Aumont ; version coloriée d’un dessin au trait, fourni pour la planche (non retenue) devant illustrer ce précieux vase dans le catalogue de vente de la collection (Paris, 1782, in-8º), objet décrit sous le nº 163, 1782, plume et aqua r elle. bnf ( c at. 149) autour d’un candélabre, ainsi que de rinceaux {18}. Pâris puise dans ce dures, ramenés en partie d’Italie et taillés par A. Bocciardi, montés en carnet les motifs des bordures des tableaux de médailles publiés en 17 8 3 bronze doré par Pierre Gouthière, d’après les projets de François-Jo s e p h et se poursuivait par les pièces donnant sur la place : le grand salon, P i e r re - Adrien Pâris. dans le Voyage pittoresque ou description des royaumes de Naples et Bélanger. Cette fameuse collection, dont le musée du Louvre possède la salle à manger et une pièce prévue comme « chambre à couch e r A rabesques des Loges de Raphaël au Vatican, à Rome, de Sicile de l’abbé de Saint-Non{19}. Dans les exemples rencontrés, Pâris plusieurs pièces, a donné lieu à un exceptionnel catalogue de vente d’honneur » et devenue « second salon ». Pièce d’angle du pavillon, est frappé par l’habitude d’utiliser les grotesques à profusion, sans illustré de gravures, destinées à promouvoir la vente et à rendre hommage cette dernière communiquait avec le petit appartement de l’aile considération ni de convenance ni de sens de la hiérarchie des pièces. au collectionneur. La riche bibliothèque que possédait le duc d’Aumont{26} donnant sur l’actuelle rue Boissy-d’Anglas, lequel se composait d’un Le premier séjour italien fut aussi l’occasion pour Pâris de travailler, révèle aussi une partie de sa culture artistique, formée au fil des ans par boudoir, d’une petite salle à manger et de la « chambre à couch e r 17 73, aqua r elle, 50,5 x 28,8 cm. bmb ( c at. 52 b) Au premier étage, le grand appartement débutait par deux antich a m b r e s en 17 7 2, sous la direction de Charles De Wailly, aux dessins du projet le contact avec les artistes des Me n u s -Plaisirs. Au début des années 17 7 0, ordinaire » suivie d’un cabinet et de lieux à l’anglaise. En 19 0 6, la d’un grand salon du palais Spinola à Gênes {20} . Pâris y collabore avec Bélanger fournit pour ce département de la Maison du roi des dessins demeure, alors propriété de la famille Polignac, fut transformée en hôtel Antoine-François Callet auquel sont confiées les figures. marqués par un goût pour les ornements à l’antique {27}. pour voyageurs et les boiseries furent vendues {29}. FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 46 Boiseries du grand salon 46 — de l’hôtel d’Aumont avant démontage, v ers 1906, photogra p hie . pa r is, an, 536 ap 11, nº 618. P i e r re - Adrien Pâris. Projet pour le grand salon de l’hôtel d’Aumont, à Pa r i s , 1775, p lume, encre noire, lav is beige et br un, 29,4 x 44,1 cm. Seuls quelques dessins du fonds de Besançon se rapportent au grand ensba ( c at. 59) salon, notamment le projet du plafond probablement inspiré d’un modèle gravé de « plafond à la romaine » de Jean Lepautre {30} ; une proposition pour le côté ouvrant sur la galerie de la colonnade {31} inclut la citation d’un relief romain dessiné par l’architecte à la villa Albani {32}. Trois dessins de l’École des beaux-arts, attribués jusqu’ici à C.-A. Co l o m b o t{33} mais en fait de la main de Pâris, constituent aussi des projets pour le grand salon. Deux d’entre eux proposent, avec la cheminée placée sur un petit côté, un riche décor dont le côté face aux fenêtres est ordonné autour d’un grand tableau. Pâris prévoit des sièges meublants dont la disposition et les formes sont parfaitement intégrées au lambris. Le caractère monumental du décor réalisé n’est pas exprimé par un ordre de pilastres mais par les po rtes surmontées d’un fronton incurvé, avec d’élégantes figures allégoriques sculptées représentant les arts et les sciences. La formule est empruntée à Boiseries de la salle à manger du grand appartement de l’hôtel d’Aumont avant démontage, A. Palladio chez qui, à l’exception notable de la villa Maser, le motif v ers 1906, photogra p hie, est presque toujours en façade. Aujourd’hui, le plafond, seul élément pa r is, musée ca r nava let, in v. topo pc 128 g P i e r re - Adrien Pâris. conservé in situ, et les boiseries remontées à l’hôtel de la To u r Projet du plafond du grand salon de l’hôtel d’Aumont, d ’Auvergne sont partiellement dorés. À l’origine, le décor était 1775, plume, encre br une et crayon. bmb, fonds pâris, vol. 453, nº 401 entièrement blanc sauf le cadre de la glace de la ch e m i n é e . — 47 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 48 Boiseries de la salle à manger du grand appartement P i e r re - Adrien Pâris. de l’hôtel d’Aumont avant démontage, Projet de chambre à coucher v ers 1906, photogra p hie . pour le grand appartement an, 536 ap 11, nº 614 de l’hôtel d’Aumont, 1775, encre et lav is br un , 20,1 x 25,1 cm . bmb ( c at. 56 d) 48 — — 49 Deux dessins d’élévation présentent le projet de la salle à manger. Cette Élément de boiserie de la salle à manger de l’hôtel d’Aumont, Au moment de la vente d’usufruit de l’hôtel au duc d’Aumont, la pièce est rythmée de niches abritant des sculptures et surmontées remonté à l’hôtel de la Tour d’Auvergne, 2 avenue de La Motte-Picquet, à Paris, pièce d’angle du pavillon est prévue comme « chambre à couch e r de reliefs, et elle est dotée de glaces face aux croisées, tandis que les 17 7 6 - 1777, bois sc ulpté et marbre (ajout de 1907), pa r is, amb a ss a de du chili d’honneur » mais utilisée comme « second salon » {40}. Le côté du lit, portes réelles ou feintes des petits côtés sont surmontées de frises doté d’un seul bas de lambris, communique avec le boudoir du petit et de reliefs représentant les saisons par des jeux d’enfants. Les appartement par une petite porte. Pâris a d’abord proposé pour cette photographies prises avant démontage attestent l’adaptation du projet le motif réalisé, avec ses dauphins entrelacés autour d’un trident, pièce de parade un superbe et riche décor dominé par des draperies, initial. Le côté du poêle était prévu avec un soffite et, suivant la semble dériver quant à lui du décor d’une fontaine romaine de la du côté de la cheminée également ; elles y dévoilent des dessus-de- variante de la retombe, accueillait au bas des panneaux latéraux deux villa Albani { 3 6 } . En revanche, les frontons brisés, abritant un vase porte cintrés, ornés en bas-relief. Des consoles d’angle, portant des rafraîchissoirs en forme de sarcophages ; reportée du côté de l’entrée, et des guirlandes, n’ont rien d’antique, dans leur forme générale, girandoles, sont assorties à la cheminée. Ce séduisant projet n’a pas cette disposition conserve ces derniers comme simples éléments et rappellent ceux de l’appartement de Louis XIV aux Tu i l e r i e s , été réalisé, en dépit de l’indication ajoutée par Pâris sur le dessin. décoratifs du lambris, en légère saillie et surmontés d’un panneau reproduits d’ailleurs par des gravures que possède Pâris{37}. L’attribution Un projet privilégiant la sculpture est préféré {41} . Les dessus-de-porte, sculpté différent {34}. En outre, les sculptures masculines des nich e s des différentes parties du décor sculpté reste problématique. Au g u s t i n en stuc, représentant des femmes terminées en rinceaux, autour cèdent la place à de gracieuses nymphes porte-lumières, comparables Bocciardi pourrait être l’auteur des figures porte-lumières, réalisées d’un bouclier {42}, introduisent ici un thème annonçant les décors à celles de la salle à manger du pavillon de madame du Barry, construit en stuc {38}. André Pardieu de Mézières est payé pour les bas-reliefs en en arabesques du petit appartement. Ces figures s’apparentent à celles . Du thème de Bacchus caractérisant le projet subsistent bois des saisons, mais on ne sait s’il est l’auteur ou le simple fournisseur de la frise du portrait du Cavaliere Marini, gravée d’après le dessin par Ledoux {35} les pampres de vigne entourant les vases, surmontant les nich e s , de ce qui apparaît être des éléments de série. Le remontage de la de Pâris dans le Voyage pittoresque ou description des ro y a u m e s décorés de têtes de béliers à l’instar de certains vases de la collection boiserie à l’hôtel de la Tour d’Auvergne en 19 0 7, sous la direction de de Naples et de Sicile de Saint-No n {43}. Dans leur exécution, elles sont Boiseries du second salon du grand appartement de l’hôtel du duc d’Aumont, avant démontage, du commanditaire. La face des sarcophages fait référence à des antiques René Sergent, a bouleversé la disposition d’origine et introduit des p r o ches stylistiquement des porte-lumières de la salle à manger. v ers 1906, photogra p hie, vus à Ro m e : le projet montre deux hommes pressant du raisin, scène pilastres qui enrichissent le décor conçu par Pâris. Aujourd’hui restauré, Les guirlandes, en bois sculpté, sont l’œuvre d’André Pardieu pa r is, musée ca r nava let, in v. topo pc 128 g d’un relief bien connu de la villa Negroni, que Pâris avait relevé ; le décor semble avoir retrouvé sa « peinture en marbre » d’origine {39}. de Mézières{44}. FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 50 Boudoir du petit appartement de l’hôtel d’Aumont, P i e r re - Adrien Pâris. Projet d’une salle à manger pour le petit 17 7 6 - 1778, bois polychr omé et doré. appartement de l’hôtel d’Aumont, new york, the met r opoli tan muse um of art , 1775, plume, encre, aqua r elle , gift of susan dwight bliss, 1944. (44.128) image 29,5 x 29,5 cm. bmb ( c at. 58 b) 50 — — 51 Les boiseries et sculptures des deux pièces précédentes ont aussi été remontées en 19 0 7 à l’hôtel de la Tour d’Auvergne (actuelle ambassade du Chili), 2 avenue de La Mo t t e -Picquet, sous la direction de P i e r re - Adrien Pâris. Projet de chambre à coucher pour le petit appartement de l’hôtel d’Aumont, R . S e r g e n t { 4 5 } . Les deux pièces suivantes, jadis contiguës, ont été achetées en 19 0 6 par G. Bliss et remontées dans sa maison de New York ; 1775, plume, encre et lav is br un, 18 x 24,5 cm. S. Dwight Bliss donna en 1944 le boudoir au Metropolitan Museum bmb ( c at. 56 a) et en 19 5 9 la salle à manger à l’université de Middlebury (Vermont). Intégré aux Wrightsman Galleries du Metropolitan Museum, « Th e La pièce appelée par Pâris « petite salle à manger » était située à la suite Le projet semble renoncer à des éléments dorés si ce n’est sur le Crillon Room » est le boudoir situé au début du petit appartement. de la précédente et accessible du grand appartement par la seconde panneau des portes. En face de la croisée, une niche pour un lit de repos était pourvue antichambre. Deux élévations détaillent le projet du riche décor en Par sa tonalité générale, cette pièce se démarque de la précédente, d’une glace sans tain éclairant l’escalier qui relie la pièce à l’appartement trompe-l’œil et camaïeu. La boiserie a été remontée à deux reprises, avec illustrant la variété préconisée par Pâris dans la conception des décors des bains. Les pans coupés de la pièce répètent à l’infini le décor ajout de plusieurs panneaux {48}. Les thèmes décoratifs sont appropriés de plusieurs pièces en arabesques d’un même appartement. Le petit d’arabesques et de rinceaux, dont plusieurs détails s’inspirent des à une salle à manger : amphores, coupes, grappes de raisin, épis de blé, appartement comprenait une « chambre à coucher ordinaire » {50} dont relevés des Loges du Va t i c a n : les rinceaux habités des panneaux cornes d’abondance, rhytons. Aux éléments bachiques s’ajoutent des le projet est connu par deux élévations. L’alcôve à colonnes et pilastres inférieurs ; le coloris nuancé des feuillages des rinceaux des pilastres ; références aux peintures antiques d’Herculanum, en particulier aux d’ordre corinthien abrite un lit dit « à la turque ». Son riche couronnement, le visage sur fond bleu, entouré de fines branches, de la frise surmontant figures dansantes dessinées par l’architecte pour illustrer le tome II du noté dans l’inventaire du duc, a été esquissé par Germain de Saint-Aubin les portes. Divers éléments des légères compositions des panneaux Voyage pittore s q u e de l’abbé de Saint-Non, paru en 17 8 2 {49}. On peut dans son exemplaire du catalogue de la fameuse vente après-décès{51}. latéraux de la niche en dérivent. Un rinceau de liserons, habité de r a t t a cher la composition des panneaux de grotesques aux études Les éléments de ce décor démantelé ne sont pas localisés{52}. papillons et d’une libellule, s’enroule au pourtour de la glace, encadré italiennes par l’importance donnée au motif du trépied, traversé par d’une bande de culots de feuilles sur fond sombre, autre rappel des des cornes d’abondance, et à la sphinge. Le beau panneau des dessus- On ignore quels artistes ont réalisé les décors de ces deux dernières bordures relevées au Vatican. Plusieurs motifs de cette pièce se retrouvent de-porte est comparable à l’une des compositions « imitées de l’antique » pièces. Signalons ici encore que de beaux dessins de Pâris, conservés sur d’autres dessins de l’architecte {46}, suggérant qu’il est bien l’auteur d’un ensemble d’études romaines, le masque dérivant visiblement de à Waddesdon Manor (Aylesbury, Grande-Bretagne), ont été considérés des projets que le peintre (non identifié) a interprété. Restauré en 19 5 4 ceux relevés parmi une nombreuse série conservée à la villa Albani. comme d’éventuels projets pour l’hôtel d’Au m o n t { 5 3 } , mais sa n s et 19 7 7, ce décor peint à la détrempe, d’une grande finesse, ne présente L’imitation des matières caractérise ce décor : celle de motifs en relief, toutefois que l’on puisse tous les situer dans la distribution des pièces pas dans son état actuel une gamme de coloris fidèle à celle d’origine {47}. traité en pierre grise et beige, et celle de figures en bronze à patine verte. du premier étage, telle qu’elle fut conçue du moins. FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 52 Le salon du comte de Broglie 52 — Les travaux divers de l’architecte Pâris a donné le projet d’un cabinet ou salon pour l’hôtel dans lequel Depuis la fin des années 17 7 0, Pâris intervient dans le décor intérieur La salle à manger constitue la plus brillante réalisation de toute l’œuvre réside Ch a r l e s -François, comte de Broglie, rue Saint- Do m i n i q u e . de plusieurs hôtels particuliers parisiens, pour de multiples travaux de décorateur de Pâris. Aboutissement de l’enfilade sur la cour, elle L’estimation de l’hôtel au décès de ce dernier, en 17 8 2 {54} permet de d’importance inégale {59}, et en particulier, dans l’entourage immédiat est immédiatement précédée d’une pièce que le décor en trompe-l’œil préciser ce qui fut réalisé. La demeure fut démolie en 1870 au profit du duc d’Aumont, chez la duchesse de Villeroy, rue de l’Université {60}, transforme en bosquet. Le choix d’orienter perpendiculairement à de l’aménagement du boulevard Saint- G e r m a i n { 5 5 } . À une date et chez Louis-Alexandre- Céleste d’Aumont, duc de Vi l l e q u i e r, rue l’enfilade la pièce rectangulaire qui suit et d’imposer le franch i s s e m e n t , indéterminée, plusieurs éléments de la boiserie furent acquis par Neuve-des-Capucines / rue Ne u v e - d u -Luxembourg {61}, aménagements à partir de l’exèdre d’entrée, d’un voire de deux rangs de colonnes de Edmond de Ro t h s child ou par son fils Maurice et se trouvaient encore ou hôtels qui n’ont pas survécu. Subsiste en revanche un témoin des l’architecture centrale procède peut-être encore d’un cadrage piranésien en 19 4 1 dans leur hôtel, rue du Faubourg-Saint-Ho n o r é {56}. Le décor travaux effectués en 17 8 7 - 17 9 0 pour Bathilde d’Orléans, duchesse de mais se rattache en tous les cas à une disposition élaborée par Pâris de ces boiseries est déterminé par le choix de l’ordre dorique exprimé Bourbon, dans l’ancien hôtel d’Évreux (l’actuel palais de l’Élysée). dans les salles des bals de la reine à Versailles. À l’éclairage zénithal par la corniche, laquelle fut réalisée (mais est absente du remontage). Il s’agit de la porte d’entrée d’un boudoir alors transformé en central s’ajoute un second, réservé à l’exèdre de la fontaine, grâce à Le décor des panneaux, avec leurs boucliers ornés d’armes en sa u t o i r, bibliothèque par Pâris {62}, réemployé lors du réaménagement, pour un pan de verrière invisible de l’entrée. L’illusion rech e r chée est celle développe sur le mur le répertoire décoratif de l’ordre dorique ; absente Caroline Murat, de cette pièce, dite « salon d’argent ». d’une cour de jardin, clos par un mur au-dessus duquel se poursuit le paysage (au-delà des limites de la parcelle de l’hôtel). Un autre procédé du même remontage, cette partie du décor semble avoir été exécutée à peu près comme le montre le dessin. Pour la console en demi-lune illusionniste appliqué ici l’avait été précédemment dans le décor des et son pendant, l’architecte recourt à des faisceaux de licteurs terminés salles de bal de la Cour, celui du trompe-l’œil des groupes des trois en tête de bélier, alternant avec des draperies. Les dessus-de-porte, faisant la part belle à la sculpture, représentent des têtes rayonnantes de Mercure et d’Apollon, accompagnés de cornes d’abondance, de caducées et d’autres attributs. Des couronnes comtales et des attributs militaires apparaissent dans la partie cintrée, une allusion de plus à la carrière du commanditaire. Ce type de décor à motifs guerriers vient Les raffinements d’un intérieur au début de la Révolution grâces, les figures étant peintes sur glace et surmontées d’une demicouronne de lumières {64}. Huit sculptures, réelles, occupent les exèdres ; elles ont été confiées à Jacques-Philippe Lesueur et François-Nicolas Delaistre. Quant au plan, il tient d’un pseudo-atrium de villa romaine, auquel se greffent des exèdres qui, ainsi séparées par un rang de colonnes, semblent être une réminiscence d’un motif tel qu’en montrent l e s s’ajouter à une série d’exemples comme la chambre à coucher du thermes romains, objets de l’attention d’architectes comme Tr o u a r d , comte d’Artois à Bagatelle (17 7 7), d’après les dessins de François- De Wailly et Pâris. Cette réalisation est une synthèse aboutie d’idées Joseph Bélanger, ou la commode aux faisceaux de Guillaume Beneman, Le projet de l’hôtel réalisé entre 17 8 8 et 17 9 1 pour Jean-Baptiste Antoine présentes dans le pavillon de mademoiselle Guimard construit par destinée au château de Saint- Cloud (17 8 6) { 5 7 } . Ce décor relève de d’Arboulin de Richebourg, secrétaire de la Chambre et du Cabinet du Cl a u d e -Nicolas Ledoux (17 7 0 - 17 7 2), dans l’hôtel du marchand Lebrun P i e r re - Adrien Pâris. l’attirance néoclassique pour les boucliers et les faisceaux d’armes en roi, et administrateur des Postes de France, comprend plusieurs par J.-A. Raymond (17 8 5 - 17 8 6) et dans divers décors en trompe-l’œil Projet de boiseries d’un cabinet pour Charles-Fra n ç o i s , même temps qu’il inclut des allusions au commanditaire. Ajoutons superbes dessins aquarellés pour le décor d’une salle à manger, d’une comme celui de la Folie Beaujon, sous la direction de Nicolas-Cl a u d e comte de Broglie, rue Saint-Dominique, à Pa r i s , que les boucliers du lambris proposés par l’architecte sont presque bibliothèque et d’un billard. Vers 17 9 1, les troubles de la Révolution Girardin{65} . Ajoutons que l’aspect de la pièce du temps où l’hôtel est 1778, plume, encre et lav is br un et beige, 52 x 36,2 cm. bmb ( c at. 60 ) identiques à ceux réalisés deux ans auparavant dans le vestibule obligent Pâris à modifier notamment le programme de ces deux occupé par la princesse Mathilde, cousine de Napoléon III, e s t de l’hôtel d’Aumont. Parmi les exécutants du cabinet se trouvent dernières pièces {63}. documenté par un tableau bien connu de Charles Giraud. probablement le sculpteur Antoine-Sébastien (?) Alavoine, le marbrier Leprince et le peintre Pierre-François Wattebled {58}. — 53 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 54 P i e r re - Adrien Pâris. Projet d’une bibliothèque pour l’hôtel d’Arboulin de Richebourg, avec éclairage zénithal et poêle dissimulé dans le socle d’une sculpture, v ers 17 8 8 - 1790, plume, encre et aqua r elle, 34,9 x 21,3 cm, bmb ( c at. 38 i) L’architecte et le mobilier 54 — Plusieurs des projets évoqués montrent l’architecte concevant du mobilier accordé à la boiserie {68}. Le mobilier reste un aspect de l’œuvre du dessinateur à étudier. On peut lui attribuer déjà plusieurs projets, non datés, inspirés de l’antique, parmi lesquels un guéridon dont le pied central repose sur des pattes de lions {69} et une table circulaire avec piètement à sphinges canéphores, enchaînées à un vase (SaintPétersbourg, musée de l’Ermitage) {70}. Apparenté à la table du billard de l’hôtel de Richebourg, le bureau que Pâris a fait réaliser pour son propre usage, conservé à la bibliothèque de Besançon, est peut-être un meuble singulier mais sans conteste le parfait reflet du répertoire décoratif de l’arch i t e c t e . Menuisier et sculpteur non identifiés, d’après le projet de Pierre-Adrien Pâris. Bureau personnel de l’architecte, avec tabouret d’origine, v ers 17 8 8 - 1792 prob a blement, ch ê ne sc ulpté, t einté et peint en faux br onze, cuir tein t é , 76 x 119,5 x 70 cm. bmb ( c at. 18 3 ) P i e r re - Adrien Pâris. Projet de la salle à manger d’été de l’hôtel d’Arboulin de Richebourg, rue de Courcelles à Paris (élévation de l’exèdre de la fontaine, La bibliothèque, offrant un autre exemple d’éclairage zénithal, est avec paysage en trompe-l’œil, couverte d’une coupole décorée d’un motif antique de vélum, inspiré plans du sol dallé et du plafond), de décors muraux romains et dont le premier essai de Pâris dans ce genre v ers 17 8 8 - 1790, remonte à son premier séjour italien{66}. Ce décor peut être comparé à des p lume, encre et aqua r e lle, 34,8 x 22,8 cm. bmb aménagements contemporains ainsi qu’à des projets de François-Joseph ( c at. 38 g) Bélanger{67}. Enfin, le billard montre plusieurs éléments caractéristiques des intérieurs de Pâris, en particulier les sièges drapés. Outre l’éclairage, repris d’un billard des bals de la reine, c’est le projet de la table du billard qui se distingue par ses sphinges, ses pieds fuselés terminés en chapiteau, et par son imitation de bronze patiné. — 55 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 56 Décor en province notes 56 — Des projets de décors intérieurs ont été exécutés en province, qui ont L’art du décor intérieur, objet certes d’un soin tout particulier ch e z { 1 } . Montaiglon, Guiffrey 1887-1912, t. XII, p. 396. {2} . BMB, Fonds Pâris, vol. 482, pl. XCI, nº 129 (commentaire sur le palais Massimo alle Colonne de B. Peruzzi et les architectes du xvi e siècle). {40} . AN, MC, VII, 420, vente d’usufruit, Trouard au duc d’Aumont, 24 avril 1776 ; Pons 1995, p. 352. {4 1 } . BMB, Ms. Pâris 7, f. 31 vº, vol. 453, nº 433 ; Pons 1995, p. 352 (repr.). {42} . Vacquier 1930, pl. 42. été partiellement conservés, notamment ceux des hôtels des frères Pâris, n’en reste pas moins représenté dans son œuvre par un nombre Tassin à Orléans (17 9 1 - 17 9 2) et d’une maison au Havre, dite « d e restreint de grandes commandes, lequel s’explique par l’activité du {4} . BMB, Fonds Pâris, vol. 482, pl. XC, nº 128. {5} . BMB, Ms. Pâris 3, p. 56, nº 68. {45} . Pons 1995, p. 342-355. l’Armateur », pour Martin-Pierre Fo a che (vers 1 8 0 4). Dans les premiers, dessinateur au service des Me n u s -Plaisirs et à l’Académie royale de {6} . BMB, Fonds Pâris, vol. 453, n os 428 et 429. {46} . BMB, Fonds Pâris, vol. 453, nº 417 ; carton M, III, nº 21. {7} . BMB, Ms. Pâris 7, f. 2 rº (1 er avril 1773) ; Tours 2007, p. 203. {47} . Rens. de Daniëlle Kisluk-Grosheide et Mechthil d Baumeister ; rapport d’analyse de Susan L. Buck, {3} . Pinon 2007 I, p. 94-95. I b i d., chap. 3, p. 91-325, pour l’étude des monuments romains. {4 3} . Lamers 1995, p. 310-311, nº 325-325a. {44} . BMB, Fonds Pâris, Ms. Pâris 7, f. 31 vº. on notera que des compositions de vases dans des rinceaux, ainsi que musique, ainsi que celle de l’architecte sollicité également pour des médaillons à personnages à l’antique, sont comparables à celles des édifices publics. L’examen de l’architecture des hôtels particuliers fournies pour le duc d’Au m o n t ; les compositions en arabesques et des châteaux, dont il a fourni les décors {74}, montre que décor et {10} . BMB, Fonds Pâris, vol. 482, Table, pl. XCV-XCVI, nº 133-134. {50} . AN, MC, VII, 420 (cf. note 40). comportent, en revanche, des motifs et des coloris d’une sobriété distribution sont indissociables et que l’un et l’autre retiennent tout {1 1 } . L’Isle-Adam 2001, p. 138 (11 décembre 1773). {5 1 } . INHA, Fonds Doucet, 8º F 1287. {12} . Une autre feuille aquarellée (49 x 33 cm) est apparue en 2001. {52} . BnF, Est. Va 281b, t. 2, Seine, Paris, VIII e arr., H 64721-64722. MAD, Bibliothèque, album Maciet 236/27, f. 32. accrue. Plusieurs points communs relient le décor des hôtels Tassin autant son attention. De fait, Pâris soumet la conception du décor à {13} . Jérôme de La Lande, Vo yage d’un françois en Italie, fait dans les années 1765 & 1766, et celui d’une salle à manger circulaire, réalisée vraisemblablement la convenance dictée par la nature des appartements et la hiérarch i e {8} . BMB, Fonds Pâris, Ms. 6, p. 286 (feuillets insérés) ; Tours 2007, p. 202-207. {9} . Giorgio Marini (dir.), G i ovanni Volpato 1735-1803, Bassano del Grappa, Museo civico / Rome, Istituto nazionale per la grafica, 1988, p. 14 ; Corinna Höper, « Bassano-Venedig-Rom : “Il dolce intaglio di Volpato” », Z e i t e n b l i ck e 2, 2003, nº 3, p. 9. Paris, Hôtel Drouot, Étude Ader, 21 mars 2001, nº 93 (repr.). Paris, Desaint , 1769, IV, p. 82. {14} . BMB, Fonds Pâris, Ms 12, f. 55vº, et vol. 482, pl. LXXXVI, nº 124 (f. marqués 2 et 3). {15} . BMB, Ms. Pâris 12, f. 70 rº. Wrightsman Galleries Paint Research Project, The Crillon Room, juillet 2007. {48} . La boiserie, qui a subi une intervention de conservation en 1997 suite à des dégâts d’eau, n’est plus visible actuellement. Rens. de Glenn Andres et Emmie Donadio. {49} . Lamers 1995, p. 315-317. {53} . Waddesdon 2006, I, p. 376-381, 389, cat. nº 269a-270. Notices de Martin Meade. {54} . AN, Z IJ 1089I , visite et estimation du 4 juillet 1782 (chap. 2). Variante du projet : BMB, Fonds Pâris, carton C, nº 151. {55} . Le Faubo urg Saint-Germain, La rue Saint-Dominique, cat. expo., Paris, Musée Rodin, p. 181-185 ; Jordan 1990, I, p. 87-88 et 146 (Ann. IV) ; Pinon 1997 I, vol. I.1, p. 156-160 ; Lebeurre 2006, IV, p. 265-266, fig. 54.1-3. d’après les idées de Pâris, dans la maison de l’Armateur : on retrouve des pièces. Marqués au fil des années par une sobriété accrue, sous {16} . BMB, Fonds Pâris, vol. 482, pl. LXXXVI, nº 124 (9 f. rº vº), et Ms. Pâris 12, f. 99 vº-100 rº. {56} . Malibu , The Getty Research Institute , Carlhian Records, carton 118, n os 12603-12606 ; Rens. de Alexia Lebeurre. notamment les médaillons mentionnés, aux figures très proches cette l’influence de l’évolution du goût ou davantage pour se plier à la {17} . Christian Michel (éd.), Le Vo yage d’Italie de Charles Nicolas Cochin (1758), {57} . Sur ce type de décors : Christophe Leribault, « Faisceaux et canons : les ornements milit aires nature des commandes, les intérieurs de l’architecte offrent alors un {18} . Sur ce décor, voir surtout Roberto Pane, Il Rinascimento nell’I talia meridionale, fois-ci {71} , tandis que de grandes figures féminines sont traitées en blanc sur fond bleu dit « camée anglois » {72}, comme dans un projet contraste d’autant plus frappant avec l’imagination et la fantaisie que pour le château de Ne u i l l y - s u r -Eure{73}. lui autorisent à la scène les sujets des spectacles. Collection de l’École française de Rome, 145, Rome, 1991, p. 149. Milan, 1977, t. II, p. 103-116, fig. 78-94. dans les arts décoratifs de la fin de l’Ancien Régime », Histoires d’ornement, actes du colloque de l’Académie de France à Rome, 27-28 juin 1996, Paris/Rome 2000, p. 225-240. {58} . BMB, Ms. Pâris 7, f. 35 rº (relatif à une partie des travaux seulement ?). {19} . Tome III, Paris, 1783, p. 22 et 146 notamment. Voir aussi Waddesdon 2006 I, p. 220, cat. nº 161. {59} . BMB, Ms. Pâris 7, f. 30 vº et ss. ; Pinon 1997 I.1, vol. I, p. 108-165. {20} . BMB, Ms. Pâris 6, p. 133 ss. ; Paris 1979, p. 82-83, 88-91, cat. nº 291-293 (repr.). {60} . AN, T 129 1-2 , mémoire du menuisier Antoine Maréchal, modéré le 10 septembre 1781, De Wailly fit graver les dessins par Desprez en 1776-1777. {21} . BMB, Fonds Pâris, vol. 453, nos 440-442, 445-447, 452-454. La Galerie des Glaces, Charles Lebrun maître-d’œuvre, cat. expo., Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Paris, 2007, p. 156-157, nº 75-77. et du sculpte ur Adam, le 15 janvier 1780. {61} . BMB, Fonds Pâris, vol. 453, nº 391 (poêle de la bibl iothèque). Jordan 1990, I, p. 189 ; Pinon 1997 I.1, vol. I, p. 667-669. {62} . Coural 1994, p. 45-46 ; Coural et Gastinel Coural 1995, p. 57 (repr.). {22} . BMB, Ms. Pâris 6, p. 156 (détails des Tuileries et de la Porte Saint-Denis). {63} . BMB, Fonds Pâris, vol. 484, pl. XXXIII-XLI, n os 47-57. Rarick 1987, 148-171 ; Pinon 1997 I.1, vol. I, p. 694-699. {2 3 } . Weiss 1821 I, nº 155. {64} . BMB, Fonds Pâris, vol. 453, nº 90. {24} . Voir plus bas Chr. Michel, p. 85. {65} . Luc-Vincent Thiéry, Guide des amateurs et étrangers voyageurs à Pa r i s, Paris, 1787, t. I, p. 58. {25} . BMB, Ms. Pâris 2, f. 27. {66} . BMB, Fonds Pâris, vol. 482, pl. XCI, nº 129. {26} . BMB, cote 262932. {67} . Peter Fuhring, Fr a n ç o i s - Joseph Bélanger (1744-1818), {27} . AN, O 1 30441, nº 362 (dessins fournis de 1772 à 1774). {28} . BMB, Ms. Pâris 7, f. 30 vº-31 vº (mémoires réglés entre le 15 juin 1776 et le 19 décembre 1779). AN, Y 15393, procès-verbal d’apposition des scellés, du 12 décembre 1782 au 28 avril 1783. {29} . Sur cet hôtel : Jordan 1990, vol. I, p. 34-65, 145-146, et vol. II, fig. 9-109 ; Pons 1995, p. 338-362 ; Paris 1998-1999, p. 33-42 ; Pinon 1997 I, vol. I.1, p. 113-118. Paris, Galerie Didier Aaron / Galerie de Bayser, 2006, p. 37-46, nº 11-20. {68} . Voir aussi Waddesdon 2006, I, p. 380, nº 270. {69} . BMB, Fonds Pâris, vol. 453, pl. LVI, nº 159-160. {70} . A. N. Voronikhina , Dessins d’architectes français dans les collectio ns russes, X V I I I e - X I Xe s i è c l e s (en russe), Leningrad, 1971, p. 20, nº 27 (repr.), attr. à J.-D. Dugourc. {30} . BMB, Fonds Pâris, vol. 456, f. 10 rº, nº 47. {7 1 } . Lemonnier-Mercier 2007. {3 1 } . BMB, Fonds Pâris, vol. 453, nº 455. {72} . Anonyme, « La Maison de l’Armateur, musée d’histoire et d’arts décoratifs », {32} . Bol 1989 p. 370-379, cat. nº 123, pl. 215-216. {33} . ENSBA, EBA 1932, 1938 et 1940. L’Objet d’art, nº 432, février 2008, p. 50-51 (repr.) ; BMB, Fonds Pâris, carton M III, nº 1 ; Rarick 1987, p. 313-314, Ann. IV. {34} . Motifs comparables : BMB, Fonds Pâris, vol. 453, nº 417. {73} . BMB, Fonds Pâris, vol. 484, pl. LVIII, nº 88. {35} . Svend Eriksen, Early Neo classicism in Fr a n c e, Londres, 1974, pl. B. {74} . Rarick 1987. {36} . Bol (cf. note 32), III, Berlin, 1992, p. 196-200, cat. nº 320, pl. 126-127. {37} . Cf. note 23. {38} . BMB, Ms. Pâris 7, f. 30 vº (cornes d’abondance). {39} . Restauration en 1998 par l’atelier Mériguet-Carrère à Paris. — 57 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 58 P i e r re - Adrien Pâris. Projet d’un billard avec vestibule ou « sallon de charmille » (élévations et plafonds), pour les bals de la reine 58 — les décors des divertissements Successeur de Michel-Ange Challe (1718-1778), peintre et et des cérémonies professeur de perspective, Pierre-Adrien Pâris, a r chitecte et DEinventif L A et précis, possède plus dessinateur à la fois complètement que celui-ci les aptitudes requises pour remplir les tâches très diverses de dessinateur de la Chambre et du Cabinet du roi, poste qui contrôle les créations éphémères de l’art de cour : essentiellement les décors des fêtes, des bals et des cérémonies, les décors des opéras, des ballets et des pièces de théâtre, ainsi que les pompes funèbres. Si nous nous devons de regrouper l’évocation des décors de scène de la Cour et de l’Opéra de Paris dans un autre chapitre, qui suit, rappelons ici que les théâtres fixes de la Cour sont alors les trois théâtres de Versailles (petit théâtre de la cour des Princes, grand théâtre, lequel est rarement utilisé, et théâtre de l’Aile neuve dès 1786, en remplacement du premier). Marc-Henri Jo r d a n — au château de Versailles, dans les « maisons de bois » dressées sur le parterre du Midi, projet portant la date de 1785, mais conçu et réalisé en 1787, p lume, encre et crayon, 35,5 x 72,5 cm. bmb, fonds pa r is, vol. 453, nº 121 — 59 COUR Successeur de Michel-Ange Challe (17 1 8 - 17 7 8), peintre et professeur (sous la conduite de Pierre Sageret et de Mazière, et sous la surveillance de perspective, Pierre-Adrien Pâris, architecte et dessinateur à la fois de Louis-René Boquet), ainsi que les tapissiers (sous la direction de inventif et précis, possède plus complètement que celui-ci les aptitudes J a c q u e s -François Isidore Dècle). Abandonné s au décès de Marie requises pour remplir les tâches très diverses de dessinateur de la L e c z i n s ka, ces bals reprennent dès 17 7 5, sous la responsabilité Chambre et du Cabinet du roi, poste qui contrôle les créations de Marie-Antoinette qui intervient personnellement dans leur éphémères de l’art de cour : essentiellement les décors des fêtes, organisation. Ces bals sont ceux du Carnaval et ont lieu entre janvier des bals et des cérémonies, les décors des opéras, des ballets et des et février quand ils ne débutent pas fin décembre{1}. On en donne aussi pièces de théâtre, ainsi que les pompes funèbres. en l’honneur de visites à Ve r sailles de souverains étrangers, tels Joseph II Si nous nous devons de regrouper l’évocation des décors de scène de en juillet 17 8 1 (reçu sous le nom du comte de Falkenstein), de Paul Ier la Cour et de l’Opéra de Paris dans un autre chapitre, qui suit, rappelons de Russie en juin 17 8 2 (voyageant sous le nom du comte du No r d ) , ici que les théâtres fixes de la Cour sont alors les trois théâtres de et de Gustave III en juin-juillet 17 8 4 (le comte de Haga). Selon Versailles (petit théâtre de la cour des Princes, grand théâtre, lequel est l’importance de ces bals, différents lieux sont temporairement rarement utilisé, et théâtre de l’Aile neuve dès 17 8 6, en remplacement du réaménagés et transformés, à l’intérieur comme à l’extérieur du château premier), ainsi que celui du château de Fontainebleau, celui éphémère de Versailles : appartement de la reine, appartements de Madame et du bosquet de Bacchus à Marly (jusqu’en 17 8 1) et plus rarement celui de la princesse de Lamballe, salon d’He r c u l e { 2 } , petit théâtre de la de Choisy. cour des Princes, pièces de la Vieille Aile, puis également dans des Les décors et salles démontables servant aux bals de la reine occupent « maisons de bois » empiétant sur la cour royale et déployées enfin le dessinateur dès sa nomination en 17 7 8, ainsi que ceux réalisant ses sur la terrasse de l’aile du Midi ; d’autres bals et fêtes sont organisés projets, les menuisiers (Je a n -Baptiste Francastel à leur tête), les peintres à Trianon ou à Saint-Cl o u d . FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 60 P i e r re - Adrien Pâris. Disposition des salles des bals de la reine au château de Versailles, aménagées dans les « maisons de bois » dressées sur la cour R o yale (la salle à manger, la « salle des Buffets » et la « salle de Je u »), dans les pièces de la Vieille Aile et dans l’ancienne salle de comédie de la cour des Princes (la « salle du Bal » ) , projet complétant la disposition de 1785, 60 — 1786, p lume, encre et aqua r elle, 60,8 x 70,4 cm. bmb ( c at. 64) P i e r re - Adrien Pâris. Projet d’une salle à manger (élévation du petit côté) pour les bals de la reine au château de Versailles, dans une « maison de bois » La disposition de ces pièces complétées l’année suivante, avec modification dressée sur la cour Royale, projet réalisé en 1785, a q ua r elle et go ua che sur traits de plume, 15,3 x 37,3 cm. bmb de la salle à manger et création d’une nouvelle salle de jeu à panneaux ( c at. 63 b) d’arabesques{10}, est connue par un plan montrant l’accroissement des Ces salles démontables, dont la structure est en bois et le décor en Dès 17 8 3, alors que la salle de bal est aménagée dans le petit théâtre « maisons de bois » sur la cour Royale{11}. En 17 8 7, un essaim de pièces habilement articulées, occupant le volume de plusieurs maisons de bois grande partie peint sur des châssis, métamorphosent et mettent au goût de la cour des Princes, une « maison de bois » abritant la salle à du jour des pièces telles que, dans le grand appartement de la reine, manger est dressée contre la façade de la Vieille Aile, sur la cour dressées désormais sur le parterre du Midi, fait naître en quelque sorte la salle du grand cabinet (salle des No b l e s ) {3} ou celle de l’antich a m b r e Royale. En 17 8 5, plusieurs pièces importantes sont désormais logées un nouveau palais {12}. Le raffinement a atteint son apogée, car les bals du Grand Couvert{4}. Pâris donne en décembre 17 7 9 le dessin d’une dans des « maisons de bois » accolées à la façade sur ladite cour {8} , de la reine n’auront plus lieu après la réunion de l’assemblée des salle de bal pour cette dernière, dont il supervise le montage pour les dédoublant ainsi le corps de logis et rendant plus commode la Notables (2 2 février 17 8 7). Dans cette nouvelle configuration, Pâris bals de janvier 17 8 0 {5}. Cette salle est d’ordre ionique et composée de circulation entre les différentes pièces des bals (buffet, salle à manger, a dessiné plusieurs pièces nouvelles dont les projets sont conservés : seize arcades (dont six garnies de glaces). Les pilastres et la frise sont salle de jeu, foyer, etc.), ce que ne permettent pas les grandes pièces le foyer formant un bosquet, orné de glaces peintes {13}, prolongé en peints couleur de lapis-lazuli, les corps d’architecture de jaune antique rectangulaires en enfilade dans le reste du château. Trois dessins « cabinet de verdure » ouvrant sur le billard ; la salle du Bal, rythmée et toutes les moulures rehaussées d’or ; le plafond, ouvrant sur un ciel, de la nouvelle salle à manger viennent illustrer cette fois-ci la de colonnes et ouverte sur une galerie au pourtour (bordée de loges possède une riche voussure ornée de trépieds, de cassolettes, de contribution de Pâris { 9 }. Cette pièce se caractérise par son ordre sur deux côtés {14}), qui est au centre d’une enfilade débutant avec la médaillons, ainsi que de bas-reliefs peints en manière de camée à fond ionique de colonnes cannelées ; le décor est peint en couleur salle de jeu du roi et aboutissant à la salle du Buffet{15} . La salle de {6} bleu, représentant des danses de bacch a n t e s . En 17 8 2, on réalise des améthyste, bleu turquin, blanc veiné, avec des ornements blancs. Jeu, à fond lilas et ornements blancs, semble être celle de 17 8 6, avec décors pour les bals de Carnaval, montés dans la salle du petit théâtre Rappelant celui de la petite salle à manger de l’hôtel d’Aumont, le des modifications de détails et des glaces peintes de vases de fleurs {16}. du château (salle de bal) et, dans la Vieille Aile de la cour Royale, dans décor d’arabesques des portes, sur fond de bois satiné, mêle des celles des Ambassadeurs et du Conseil. La même année, pour la visite figures, des branches de laurier et des couronnes en imitation de du comte du Nord, Pâris apporte des changements à la salle de bal dorure. Les dessus-de-porte sont décorés de cornes d’abondance et du grand théâtre (celle du mariage du dauphin en 17 7 0) {7}. de têtes de muses en imitation de bronze. P i e r re - Adrien Pâris. Disposition des salles de bals de la reine au château de Versailles, dans les « maisons de bois » du parterre du Midi, variante réalisée avec quelques modifications, comprenant la « salle du Bal », le billard et son foyer (p. 59), d’autres salles de jeu particulières, et la salle à manger dans l’ancienne salle de comédie, détail, 1787, plume, encre et aqua r elle, 91,5 x 62,5 cm. bmb ( c at. 65) — 61 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 62 62 — — 63 P i e r re - Adrien Pâris. Vue générale du corps du feu d’artifice érigé vis-à-vis de la salle de bal de Marly à l’autre bout de la grande pièce d’eau, 1781, crayon, plume, encre br une et aqua r e lle, 25,5 x 51,5 cm. bmb ( c at. 62) Les raffinements de ces aménagements sont évoqués par le comte Pâris a classé, parmi les dessins composant le IXe volume de ses É t u d e s d’Hézecques, ancien page de la reine : « On entrait d’abord dans un d ’ a rc h i t e c t u re, les dessins d’un projet réalisé, écrit-il, pour une fête bosquet de verdure garni de statues et de buissons de roses, et terminé organisée à Marly en l’honneur de la naissance du Dauphin en 17 8 1 par un temple ouvert où était le billard. La verdure un peu sombre ou 17 8 2. La salle de banquet et de bal est aménagée dans un grand du bosquet rendait plus éclatante l’illumination du billard. À droite, pavillon en forme de bosquet taillé, dont l’intérieur dissimule sous P i e r re - Adrien Pâris. de petites allées conduisaient dans la salle de danse et dans celle de un décor de treillages, destiné à la fête de jour, une arch i t e c t u r e Projet d’une salle de banquet jeu ; et pour conserver aux joueurs le tableau de la danse sans laisser néoclassique avec une colonnade autour de l’espace central, des et de bal pour une fête, réalisée évaporer la chaleur de ce beau salon, on avait clos une des portes par panneaux de grotesques et des fonds de draperie, qui sert de cadre au une énorme glace sans tain, transparente au point qu’il fallait y placer bal. La salle est complétée de « salles de rafraîch i s s e m e n t ». Ce pavillon selon le dessinateur, en l’honneur de la naissance du dauphin L o u i s - Joseph Xavier François un suisse en sentinelle pour empêcher quelques maladroits de vouloir d’une construction légère fait face, à l’autre extrémité du miroir (1781-1789), fils de Louis XVI passer à travers. {17} » Par ailleurs, ce sont ces décors (une « salle avec d’eau, à un corps d’architecture en hémicycle adapté à la forme du et de Marie-Antoinette, dans le parc une superbe colonnade », un « bosquet de fleurs » et une « ch a m b r e bassin, qui est la « décoration » du feu d’artifice{19}. D’ordre dorique, du château de Marly, comprenant de pierre ») qui font l’objet, avec leur mobilier, d’une annonce de l ’ a r chitecture est traitée en bossage et ornée de congélations. Les en trompe-l’œil, le plan de l’intérieur vente dans le Journal de Paris, les 1 6 et 1 8 août 1 8 0 0, avec la précision frontons maniéristes et l’obélisque de la fontaine reflètent les études de la salle tra n s f o r m a b l e qu’ils sont en parfait état, « n’ayant servi qu’une seule fois » {18}. l’élévation de l’extérieur du bosquet italiennes du dessinateur. Fort curieusement, aucun document ne et les élévations de son décor mentionne cette superbe fête à Marly, de telle sorte que l’on peut pour la fête de jour et la fête de nuit, douter du témoignage du dessinateur, visiblement fier de son projet {20}. 1781, plume, encre noire et aqua r e lle, 37,3 x 35,7 cm et 19,7 x 35,7 cm. bmb Caractérisé par son décor de faux bosquet et de treillages, le projet ( c at. 61 a-b) répond à un programme de fête imaginé en 17 7 5 déjà, donc antérieurement à l’entrée en fonction de Pâris. Il se situe aussi dans la lignée du théâtre du bosquet de Bacchus de 17 7 8 - 17 7 9, dont le projet devrait logiquement être de Pâris{21}. FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 64 La Cour renonçant au séjour de Marly après 17 8 1, la salle du bosquet Prenant l’apparence d’un bosquet, la salle est dotée d’un ingénieux n’est plus utilisée et se trouve dans un état dégradé en 17 8 5 de telle plafond suspendu de hauteur variable pouvant masquer au besoin sorte que l’on procède à sa démolition au début de l’année suivante. les troisièmes loges. Aménagé dans une grande maison de bois ou Ceci explique sans doute qu’en 17 8 5 , parallèlement à l’aménagement la réunion de plusieurs, ce théâtre possède une scène équipée de huit du théâtre de l’Aile neuve en collaboration avec les Bâtiments du roi plans de châssis mais en revanche d’un seul niveau de dessous, mais d’après le projet de Pâris (la salle est inaugurée en janvier 17 8 6) {22}, n’étant que posé sur le sol { 2 6 }. C’est un projet un peu différent, les ateliers des Me n u s -Plaisirs réalisent un théâtre démontable {23} . Cette construction est remarquée par les M é m o i res secrets : « Le sieur i n t r o d u i sant une structure plus architecturale dans le décor de verdure, qui est finalement réalisé {27}. Francastel, qui a un talent singulier pour les salles des petits spectacles 64 — & l’auteur de presque toutes celles des boulevards, a été chargé d’en — 65 construire une portative pour la Re i n e : elle se monte & se démonte avec la plus grande facilité & suivra sa Majesté dans ses différents voyages. {24} » Plusieurs plans de Pâris, correspondant à deux projets dont le dessinateur et le menuisier partagent la paternité, ont trait à un P i e r re - Adrien Pâris. Projet de théâtre démontable pour Marie-Antoinette, « théâtre ambulant », en particulier une superbe coupe aquarellée qui 1785, plume, lav is et aqua r elle, 61,9 x 84 cm. bmb en résume l’esprit {25}. ( c at. 80 ) P i e r re - Adrien Pâris. P i e r re - Adrien Pâris. Catafalque de la pompe funèbre de l’impéra t r i c e Catafalque de l’impératrice Marie-Thérèse Marie-Thérèse à Notre-Dame de Paris, face antérieure, à Notre-Dame de Paris, face latéra l e , 1781, plume, encre et aqua r e lle, 27 x 17 cm. bmb 1781, plume, encre et aqua r e lle, 27,3 x 18,2 cm. bmb ( c at. 66 a) ( c at. 66 b) Durant son activité aux Me n u s -Plaisirs, Pâris a conçu les catafalques Pâris et Durameau ont soumis deux variantes, dont celle retenue est de plusieurs pompes funèbres {28}, parmi lesquels ceux de l’impératrice conservée à Besa n ç o n { 3 1 } . Le catafalque, jugé d’un genre nouveau, M a r i e -Thérèse d’Au t r i che (17 17 - 17 8 0) { 2 9 } et de Charles I I I, roi accorde un rôle éminent à la sculpture, d’après les projets de d’Espagne (17 1 6 - 17 8 8). Celui de Marie-Thérèse, le plus remarquable, Du r a m e a u {32}, exécutés par Augustin Bocciardi, sauf les bas-reliefs illustre l’étroite et fructueuse collaboration du dessinateur et du historiés latéraux réalisés en trompe-l’œil par le peintre. Dressé dans peintre de la Chambre et du Cabinet du roi. Il nous est connu en le chœur de l’église, le catafalque montre sur sa face antérieure le premier lieu par des dessins et des esquisses à l’huile, mais aussi groupe de la France présentant à l’Europe affligée la descendance de par des gravures de Je a n -M i chel Moreau, graveur du cabinet, qui Marie-Thérèse, tandis que celui de la face postérieure représente la Mo r t accompagnent la description du mausolée et de la pompe funèbre, enlevant à la Terre éperdue le portrait de l’impératrice. Les reliefs publiée à l’occasion de la cérémonie qui a lieu à No t r e -Dame de latéraux illustrent des grandes actions du règne de la souveraine, tandis Paris le 31 mai 17 8 1 { 3 0 }. que des vertus entourent le sarcophage posé sur le grand socle central. FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 66 notes 66 — Aux angles du soubassement, les grands candélabres à l’antique supportent des cassolettes. Contrastant avec les imitations de marbres du monument, ces éléments sont dorés, comme les divers ornements, { 1 } . Marie 1968 (repr.) ; Gruber 1972, p. 204-205, fig. 94-96 ; Gruber 1973 II, p. 218 et 221, fig. 2-6 ; Verlet 1985, p. 592, 620-625 ; Pinon 1997 I, I.1, p. 369-375, et VI, fig. 121-126 ; Versailles 2007, p. 108-110 ; Paris 2008, p. 271. {2} . AN, O 1 312914, nº 163 (bal du 25 février 1778). {3} . AN, O 1 30668, nº 530 (bal de février 1784). {4} . Verlet 1985, p. 592. tandis que les sculptures et les reliefs imitent le marbre blanc. Le {5} . BMB, Fonds Pâris, carton R II, nº 6, rº vº (dessin de l’atelier des Menus-Plaisirs, 19 décembre 1779) ; sarcophage est inspiré d’un célèbre sarcophage antique de Rome, {6} . AN, O 1 30557, nº 142. jadis devant le Panthéon et réemployé pour le monument funéraire I b i d., Ms. Pâris 23, f. 4 rº, 16-22 décembre 1779. {7} . AN, O 1 30624, nº 629 et 636. {8} . AN, O 1 306913, nº 383. {9} . Non reproduit : BMB, Fonds Pâris, vol. 484, pl. VII, nº 12 ; Gruber 1972, fig. 96 ; Versailles 2008, p. 271, nº 193. du pape Clément XII à la basilique Saint-Jean du Latran. Pâris a {10} . BMB, Fonds Pâris, carton R II, nº 1 ; AN, O 1 306913, nº 386 ; Marie 1968, p. 72, 2e et 4 e ill. effectué des relevés détaillés{33} de ce sarcophage dont il possède aussi {1 1 } . AN, O 1 306913, nº 386. un modèle en bois peint. (le plafond est à motif de velum). {12} . Changements exécutés : BMB, Fonds Pâris, carton R II, nº 15. {13} . BMB, Fonds Pâris, vol. 453, nº 90 et 93 ; Gruber 1973 II, p. 221, fig. 2-3. {14} . Loges avec figures féminines portant une corne d’abondance soutenant une girandole : Gruber 1973 II, p. 221, fig. 6. Le catafalque de Charles III, non réalisé au terme des six mois du deuil (juin 17 8 9), en raison des événements, est connu par des projets { 3 4 } et une fragile maquette de bois et de cire, exceptionnellement Atelier des Me n u s -P l a i s i r s . Maquette du catafalque de la pompe funèbre de Charles III (1716-1788), roi d’Espagne, à Notre-Dame de Pa r i s 1789, bois peint et doré, mé tal, cire peinte et dor é e , {17} . Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI par Félix, comte de France d’Hézecques, Paris, 1873, p. 225. {1 8} . Journal de Pa r i s, 8 fructidor an VIII, p. 1678 ter, et 10 fructidor an VIII, p. 1696 bis. Rens. de Christian Baulez, que je remercie. {19} . Gruber 1972, p. 128-132, 202-203 et fig. 83-87. c o n s e r v é e {35}. La maquette montre que le soubassement avec ses {20} . Castelluccio 1996, p. 27-29, fig. 3-6 ; Paris 2008, p. 268-270, nº 190-192 (considérés comme réalisés). candélabres et le sarcophage sont repris du catafalque de l’impératrice. {22} . Sur cet aménagement, cf. Claude Michel 1975. En revanche, le monument, plus dépouillé, est dominé par deux {24} . Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des lettres en Fr a n c e, colonnes de porphyre ayant en leur sommet des victoires tenant une {25} . Plans en rapport avec la coupe aquarellée : BMB, Fonds Pâris, notamment vol. 483, nº 315, couronne, comme l’a été en 17 74 le catafalque de Michel-Ange Challe pour Louis XV, avec sa colonne rostrale historiée. 42 x 16,5 x 21,4 cm. mb aab ( c at. 179) {15} . BMB, Fonds Pâris, carton R II, nº 15-16. {16} . AN, O 1 30781, nº 379. {2 1 } . Sur ce théâtre, cf. Castelluccio 1992. {23} . Verlet 1985, p. 624. t. XXX, Londres, 1786, p. 117, 19 décembre 1785. et carton R I, nº 19-31. Plans de l’autre projet : vol. 483, nº 322 et carton R I, nº 42. {26} . Le calque d’un dessin non localisé de Pâris montre le cadre de scène : L’Épine 2001, p. 109, fig. 133 (coll. part.). {27} . AN, O 1 306911, nº 292-295, 297, 306 et 309. {28} . Outre le catafalque de l’impératrice Marie-Thérèse, Pâris écrit avoir aussi « composé celui de Madame Sophie de France tante du Roy ; de Mgr le Duc d’Orléans Ier. Prince de sang et du Roi d’Espagne Charles III » (BMB, Fonds Pâris, vol. 484, « Table », pl. VIII). Pour clore cette évocation des activités du dessinateur du roi, rappelons peut-être que Pâris, par sa fonction plus que par ch o i x , fut aussi amené à construire à Versailles, à l’hôtel des Me n u s -Plaisirs, des salles provisoires installées là par commodité et imposées par les circonstances : celle de l’Assemblée des Notables, ouverte en février 17 8 7, et celle de l’Assemblée des États- Généraux, en avril 17 8 9 { 3 6 } . On ne connaît pas de dessin des deux premiers, de 1782 et 1786 (Gruber 1972, p. 179) ; l’idée d’un catafalque est abandonnée pour respecter le vœu de la défunte (AN, O 1 842, f. 72 rº). {29} . Gruber 1972, p. 112-113, fig. 66-67. {30} . Description du mausolée et de la pompe funèbre de très-haute, très-p uissante et très-excellente princesse, M a r i e - Th é r è s e - Walpurge-Amélie-Christine d’Au t r i ch e, i m p é r a t r i c e, reine de Hongrie et de Bohême, Paris, P.R.C. Ballard, 1781, in-4º, 20 p. et 3 pl. gr. Pâris a conservé les dessins préparatoires de Moreau le Jeune (Leclair 2001, repr. p. 260 et 262). On réalise 1 600 tirages de chacune des gravures (AN, O 1 3060 3, 3e chapitre, mémoire du 1 er juin 1781). {31} . Dessins aquarellés du premier projet : musée du Louvre, département des Arts graphiq ues, RF 40468 (face postérieure et plan), et ENSBA, O. 822 (élévation latérale) ; Acquisitions 1984-1989, cat. expo., cabinet des Dessins, musée du Louvre, Paris, 1990, nº 162, repr. {32} . Leclair 2001, p. 168-172, nº p. 73-p. 78, et p. 260-264, nº d.112 a-d.112 Q. {33} . BMB, Fonds Pâris, vol. 476, pl. XXXV-XXXVI, nº 62-63. {34} . Gruber 1973 I, p. 46, repr. {35} . Sculptures en cire de l’ancienne Égypte à l’art abstrait (Notes et documents des musées de Fr a n c e, 18), Paris, 1987, p. 120-121, nº 20, repr. {36} . Sur ces réalisations : Versailles 1989 ; Pinon 1997 I, vol. I.1, p. 386-431 ; Washington 1978, nº 78. — 67 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 68 l’érudition et l’imagination : 68 — décors scène Dessinateur des « décorations » pour les théâtres de la Cour dès 1778, puis aussi de l’Académie royale de musique dès 1784 LES (charge officialisée dès l’année suivante), Pierre-Adrien Pâris est de fait le premierDE créateur de décors scéniques à la fin de l’Ancien Régime. À l’Académie royale de musique, sa nomination en 1785 concrétise la volonté d’attach e r à l’institution un dessinateur pour les décors. Cette situation n’est pas celle des années 1770 et du début des années 1780, période pendant laquelle on s’est adressé à divers artistes. Ainsi, Pierre-Antoine Demachy, peintre d’architecture formé par Servandoni, est-il sollicité en 1776 pour au moins l’un des décors de la création de l’Alceste de Gluck. En 1778, des peintres décorateurs italiens renommés, Bernardino et Fabrizio Galliari, amenés par Nov e r r e, projettent et réalisent dix nouveaux décors pour l’Opéra ; la même année, on recourt aux dessins. À l’Académie royale de musique, Pâris est membre du comité ; il participe aux réunions hebdomadaires de celui-ci, donne ses projets Marc-Henri Jo r d a n — et assiste au moins aux deux dernières répétitions de chaque spectacle{9}. Pour les ouvrages nouveaux, le dessinateur est amené à collaborer étroitement avec les librettistes ; on possède néanmoins peu de renseignements sur la mise au point des programmes de décorations, exception faite des lettres envoyées par Marmontel concernant la mise en scène de Pénélope à Fontainebleau en 17 8 5 {10}. La conception des décors est tributaire de l’équipement des scènes des différents théâtres de la Cour et de l’Opéra ; elle implique la collaboration constante de celui qui les maîtrise parfaitement, le machiniste Pierre Boullet ( ? -1804) {11}. Les parts du dessinateur et du machiniste dans le succès Dessinateur des « décorations » pour les théâtres de la Cour dès 17 7 8, d’un décor sont complémentaires, à tel point que le public et la presse puis aussi de l’Académie royale de musique dès 17 8 4 (charge officialisée louent tour à tour le dessinateur et le machiniste, quand ils n’attribuent dès l’année suivante), Pierre-Adrien Pâris est de fait le premier créateur pas la paternité du décor au seul machiniste. Une équipe de peintres de décors scéniques à la fin de l’Ancien Régime. spécialisés, travaillant pour la Cour et la Ville, réalisent les projets du À l’Académie royale de musique, sa nomination en 17 8 5 concrétise la dessinateur. Parmi ceux-ci, Jean-Baptiste Sarrazin (Sarrazin l’Aîné) et volonté d’attacher à l’institution un dessinateur pour les décors. Ce t t e Sarrazin le Cadet, peintres d’architecture et peintres traceurs, Pierre-Edme situation n’est pas celle des années 17 7 0 et du début des années 17 8 0, Baudon (17 17 - 17 8 7) puis son fils Auguste, peintres de paysage, Protain, période pend ant laquelle on s’est adressé à divers artistes. Ainsi, peintre d’architecture, Toussain Guibert, peintre de fleurs, et Jean-Baptiste Pierre-Antoine Demachy, peintre d’architecture formé par Jean-Nicolas Crosnier (Le Crosnier), peintre d’architecture (décédé en 17 9 1). Servandoni, est-il sollicité en 17 7 6 pour au moins l’un des décors de Les théâtres de la Cour pour lesquels Pâris doit donner des dessins de la création de l’Alceste de Gluck {1}. En 17 7 8, des peintres décorateurs décors sont, à Versailles, le grand théâtre (utilisé dans les très grandes italiens renommés, Bernardino et Fabrizio Galliari, amenés par occasions uniquement), et surtout, jusqu’en 17 8 5, le petit théâtre de Jean- Georges No v e r r e {2}, projettent et réalisent dix nouveaux décors la Cour des princes puis, dès 17 8 6, le théâtre alors aménagé dans l’Aile pour l’Opéra{3} ; la même année, on recourt aux dessins de Pierre-Louis neuve pour les représentations régulières. À Fontainebleau, le théâtre Moreau, l ’ a r chitecte de l’Opéra construit en 17 7 0 {4}. Puis, en 17 8 3, de la Belle-Cheminée, aménagé en 17 2 4 - 17 2 5, dont la scène est refaite Jean-Démosthène Dugourc ajoute à la responsabilité des costumes en 17 5 4, accueille durant la période de Pâris aux Me n u s -Plaisirs les celle des décors (on connaît de lui un projet pour Alexandre aux spectacles des séjours de la Cour de 17 8 3, 17 8 5 et 17 8 6. Pâris a dessiné Indes) {5}. La circonstance du retour de l’Opéra sous la tutelle du roi également les décors de spectacles donnés à Marly et à Choisy. en 17 8 0 a favorisé le choix du dessinateur de la Chambre et du Cabinet Un ensemble d’environ 3 0 0 dessins illustre encore l’activité du du roi, qui avait par ailleurs fait ses preuves, au détriment de Du g o u r c . dessinateur de décors, en majorité regroupés dans le tome V de ses Si le titre de Pâris à l’Académie royale de musique est celui Études d’architecture, complétés par de nombreux relevés de théâtre d’« a r ch i t e c t e - d e s s i n a t e u r », on constate que le dessinateur est mis à réalisés en Italie par Pierre Patte puis par Potain (entre 174 5 et 174 9), contribution plus que l’architecte. L’essentiel de son travail est en en vue de la construction du grand théâtre de Ve r sa i l l e s { 1 2 } . Si les effet la création des décors ainsi que l’adaptation et le complément dessins annotés ou identifiés jusqu’ici sont datables entre 17 8 1 e t des nombreux décors disponibles dans les magasins. En 17 8 6 {6} e t 17 9 2 {13}, le travail de Pâris a débuté dès sa nomination en 17 7 8 aux 17 8 8 {7}, l’ajout de loges au théâtre de la Porte Saint-Martin (salle de Me n u s -Plaisirs. Le fonds de Besançon contient les dessins qu’il a pu l’Opéra de 17 8 1 à 17 9 4) est encore confié à Samson-Nicolas Lenoir, récupérer irrégulièrement auprès des peintres et qui, selon lui, ne sont l’architecte qui l’a édifié. Dans cette salle, Pâris réalise surtout « une pas les projets les plus intéressants. Au cours de son activité à la fois décoration d’un nouveau genre & beaucoup plus considérable que pour les Me n u s -Plaisirs et pour l’Opéra, Pâris aura dessiné des décors, l’ancienne », transformant le parterre du théâtre en salle pour les bals, des éléments ou des accessoires de décors pour de nombreux opéras, dispositif démontable achevé pour ceux de janvier 17 8 9 {8}. ballets et pièces de théâtres, presque quatre-vingt au total {14}. — 69 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 70 P i e r re - Adrien Pâris. P i e r re - Adrien Pâris. Projet d’un rideau de fond pour les comédies Projet non identifié d’un décor représentant une prison de style au théâtre de Fontainebleau, p i ranésien (avec indication des châssis et du rideau de fond) 1783, plume, encre et gra p hite, 28,5 x 34,6 cm. bmb v ers 17 8 5 - 1790, plume, gra p hite, encre et lav is, 15,2 x 16,6 cm. bmb ( c at. 70 a) ( c at. 74 a) Les comptes rendus des spectacles de l’Académie royale de musique, régulièrement publiés dans le M e rc u re de France, le J o u rnal de Paris ainsi que les Affiches, annonces et avis divers (Journal général de France), commentent aussi les décors réalisés d’après les projets de Pâris et se font l’écho du succès souvent rencontré par ceux-ci 70 — auprès du public. Ces « décorations » sont qualifiées de « superbes », — 71 de « somptueuses », de « brillantes », et répondent à la « pompe » que requiert le sujet des opéras ou des ballets en question, distinguant en cela l’Académie royale de musique des autres spectacles parisiens. Pendant la période d’activité de Pâris à l’Opéra, entre 17 8 4 et 17 9 2, P i e r re - Adrien Pâris. S o u t e r rain où sont enfermés Oreste et Pylade dans Iphigénie en Tauride ce sont les décors de quelque vingt-cinq spectacles qui recueillent les louanges du public et de la presse {15} de Gluck, à l’acte II, réalisé pour une reprise à l’Opéra de Paris en 1790, . Leur liste permet d’énumérer la plupart des créations importantes de Pâris dans ce domaine, exception p r ojet de 1789, plume, encre ca r minée et crayon, 16,2 x 19,9 cm. bmb ( c at. 77 a) En 17 8 7, c’est l’exotique et somptueuse mise en scène de Ta r a re, opéra faite néanmoins des spectacles donnés à la Co u r, lesquels, à cette de Beaumarchais et Salieri, puis les décors de la création d’Alcindor, Outre l’ensemble des dessins de Besançon, il subsiste cette fois-ci parmi époque, n’ont plus l’écho dans la presse parisienne qu’ils avaient dans opéra-féerie de Ro chon de Chabannes et Dezède, de la reprise de les rarissimes éléments de décors de scène français du xviii e siècle, la seconde partie du règne de Louis XV. Du temps de Pâris, on notera Pénélope, créée peu auparavant à la Co u r, et de celle d’Armide qui d’exceptionnels éléments redécouverts il y a quelques années seulement l’exception de la représentation d’A rm i d e, de Quinault et Gluck , occupent les rédacteurs de la rubrique des spectacles. De la même au château de Fo n t a i n e b l e a u {18} : une douzaine de châssis et terrains Si l’importance accordée au Panthéon semble relever aussi de sur la scène du grand théâtre de Ve r sailles en l’honneur de la visite manière, en 17 8 8, les décors réalisés pour Le Désert e u r, ballet d’action c o m p o sant le tableau de l’arrestation dans le ballet du D é s e rt e u r, de l’influence des gravures de Piranèse, dont Pâris en possède de de Gustave III de Suède, en juin 17 8 4 {16} . L’abondance des sujets qui de Gardel et de Müller, dit Miller, calqués sur la mise en scène du séjour Gardel, correspondant à la mise en scène bellifontaine de 17 8 6, laquelle nombreuses, un projet de prison s’inscrit nettement dans la veine occupent les feuillets de ces gazettes explique aussi qu’elles se bellifontain de la Co u r, ainsi qu’Arvire et Evelina, tragédie lyrique fut reprise à l’Opéra en 17 8 8. Le décor de la production parisienne piranésienne. En fait, il ne peut se comprendre sans évoquer un illustre consacrent avant tout aux trois principaux spectacles de la capitale. de Guillard et Sacchini (et Rey), rencontrent la faveur du public, est connu par une gouache de Moreau, dit Moreau l’Aîné, et une précédent, celui du décor de prison que De m a chy réalise en 17 6 0, La saison de l’Opéra débutant après la pause de Pâques 17 8 4 voit le tandis que, l’année suivante, Aspasie, opéra de Morel de Chédeville gravure qui montre le décor transporté, d’une façon imaginaire, sur d’après la prison de la Prima parte di architettura e pro s p e t t i v e de succès des décors de Pâris pour Diane et Endymion, opéra du chevalier et de Grétry, et Nephté, tragédie lyrique de Hoffman (d’après Thomas la scène du théâtre de la République {19}. Ajoutons que se trouve encore Piranèse, pour l’opéra de Dardanus de Rameau, à l’occasion de la de Liroux et Piccinni, marquant, semble-t-il, les débuts du dessinateur Corneille) et Lemoyne, avec ses décorations égyptiennes, séduisent au château une partie des châssis du souterrain de N u m i t o r, tragédie reprise de l’ouvrage à l’Académie royale de musique. Ce décor, ou à l’Opéra, puis des décors des D a n a ï d e s, de Le Blanc du Roullet et les spectateurs. En 17 9 0, Louis IX en Égypte, opéra de Guillard et de Marmontel, décor pratiquement achevé au moment où l’on décide plus exactement la partie commune à la planche de Piranèse, Salieri, occasion qui vaut au dessinateur d’être cité nommément, e t Andrieux, et de Lemoyne, ainsi que Télémaque dans l’île de finalement de ne pas représenter la pièce. modèle que De m a chy avait su faire précéder de châssis assortis, de sa enfin ceux de la reprise de l’Armide de Gluck. En 17 8 5, les décorations C a l y p s o, ballet héroïque de Gardel et Miller, et surtout P s y c h é, Les souvenirs des séjours romains de l’architecte se trouvent réunis dans composition{22}, est connue par une copie de la gravure, éditée par chinoises de P a n u rge dans l’île des Lantern e s, comédie lyrique de ballet-pantomime de Gardel et Miller, ne font que confirmer la un projet d’une « place publique des comédies », destinée au théâtre Daumont{23}, et popularisée par une gravure d’optique. Non seulement Morel de Chédeville et de Grétry, dont la dernière fut « généralement réputation du dessinateur. Enfin, en 17 9 1, Cora, opéra de Valadier et de Fontainebleau. Probablement élaboré en 17 8 3, ce projet ne fut Pâris a-t-il certainement vu cette remarquable décoration sur scène, à applaudie », seront suivies par celles, incas et péruviennes, de P i z a rre Méhul, Castor et Pollux, opéra de Bernard et Candeille, la reprise de utilisé qu’en 17 8 9 et réalisé pour le théâtre de l’Aile neuve à Versailles l’occasion de l’une des cent représentations que compta l’extraordinaire ou la Conquête du Péro u, tragédie lyrique de Dupessis et Candeille, Diane et Endymion, et le ballet de Bacchus et Ariane, ballet comme décor de place publique {20}. On aperçoit sur cette place reprise de Dardanus entre 17 6 0 et 17 7 2, mais il eut en plus à la réajuster qui « font le plus grand honneur à M. Paris », ainsi que par celles héroïque de Gallet et Ro chefort, sont encore synonymes de succès dominée par le Panthéon, des palais et des groupes sculptés apparentés pour la création du D a rd a n u s de Sacchini en novembre 17 8 4 {24}. Parmi du P remier Navigateur, ballet pantomime de Gardel et Grétry, et s’agissant des décors. à ceux du Capitole, et l’obélisque surmonté de l’éléphant du les influents cadrages piranésiens, celui de la vue par-dessous le pont celles de P é n é l o p e, tragédie lyrique de Marmontel et Piccinni. En La dernière année de l’activité de Pâris au service de l’Opéra ne lui Bernin, de la place de Santa Maria sopra Minerva. La recomposition (le Ponte Magnifico de la Prima Parte), qu’Hubert Robert a utilisé 17 8 6, la reprise de D a rd a n u s, tragédie de Guillard (d’après La Bruère) offre guère l’occasion de déployer son imagination ou son savoir- imaginaire est analogue à celle des vues du port de Ripetta peintes d’ailleurs plus d’une fois, a inspiré la vue dans l’intérieur d’un et Sacchini, et surtout la création de T h é m i s t o c l e, tragédie de Mo r e l faire, car les ouvrages représentés ne sont pratiquement que des reprises par Hubert Robert (par exemple celle de 17 6 6, conservée à l’École sanctuaire, prise de biais, que propose un superbe dessin de Pâris { 2 5 } ; de Chédeville et Danican Philidor, comportent des décorations pour lesquelles on ne fait pas de nouvelles décorations. La présence nationale supérieure des Beaux-Arts), œuvres que connaît sans doute le sanctuaire est celui qui abrite le tombeau d’Agamemnon dans remarquées, la dernière de cet ouvrage ayant « excité les plus vifs au service de l’Opéra de Charles Pe r c i e r, recommandé par Pâris pour P â r i s ; il possédait de surcroît la gravure de l’abbé de Saint- Non, en C l y t e m n e s t re, tragédie lyrique de Piccinni, entrée en répétition en 17 8 9 a p p l a u d i s s e m e n t s ». lui succéder, est attestée à partir de décembre 17 9 2 {17}. manière de lavis, d’après un dessin préparatoire au tableau {21}. mais non représentée. FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 72 P i e r re - Adrien Pâris. Projet non identifié d’un trône de Thésée, avec un siège à l’antique P i e r re - Adrien Pâris. dont les figures tenant des boucliers Trône pour la création, à l’Opéra de Paris, de P h è d re, au bout de perches soutiennent t ragédie lyrique de F.-B. Hoffman et J.-B. Lemoyne, le dais, présentée peu auparavant devant la Cour, à Fontainebleau, a nné es 1780, 1786, plume, encre et crayon, 19,8 x 31 cm. p lume, encre ca r minée et crayon , bmb, fonds pâris, vol. 483, nº 75 22,3 x 11,7 cm. 72 — — 73 bmb ( c at. 77 b) De nombreux sujets classiques, de l’histoire ou de la mythologie grécoromaine, permettaient au dessinateur de concevoir des places de ville, des palais et des temples, des intérieurs, mobilier compris, dans un style à l’antique. Tel est le cas des décors conçus, par exemple, pour les reprises d’opéras de Gluck tel le souterrain de l’acte II de l’Iphigénie en Ta u r i d e, dans lequel sont enfermés Oreste et Pylade. Pâris y utilise un ordre toscan sans base qui a un peu le caractère trapu de l’ordre dorique sans base de Paestum (sans en reprendre la courbure du fût observée in situ par l’architecte). À l’aspect rustique des éléments P i e r re - Adrien Pâris. traités en bossage, s’ajoute le caractère carcéral exprimé encore par Collection de trônes et autres sièges, et d’instruments les lourds linteaux des portes à la manière de la « Carcere oscura » de musique, antiques pour la plupart, d’après les dessins faits à Rome et à Naples en 1772-1774 et 1783, de Piranèse. Des décors antiques, comprenant un temple de Vénus P i e r re - Adrien Pâris. d’ordre dorique, furent composés pour la représentation de P h è d re Projet d’une lampe égyptienne pour Ne p h t é, de Lemoyne créée à Fontainebleau en 17 8 6 {26}. Dans les intérieurs des t ragédie lyrique de F.-B. Hoffman et J.-B. Lemoyne, v ers 1783, plume, encre et aqua r e lle, 42 x 31,4 cm. bmb ( c at. 25) palais et des temples, Pâris imagine un mobilier composé de trônes, créée à l’Opéra de Paris en 1789 ; cette lampe éclaire Dans le grand format qui est celui du décor de scène, Pâris développe de tables, de trépieds, de cassolettes, de candélabres, lesquels s’inspirent l’intérieur du temple d’Osiris (temple du Soleil), à son tour les visions de la ville antique que d’autres artistes ont des nombreuses études de mobilier et d’objets antiques effectuées décor servant aussi de temple de Brama exprimées sur le papier uniquement. Elles se fondent sur sa dans Ta r a re de Beaumarchais et Salieri, durant ses premiers séjours à Rome et en Campanie. Notons que 1789, plume, encre ca r minée et crayon, 35,3 x 22,8 cm. certains de ces meubles étaient peints en trompe-l’œil sur des ch â s s i s , bmb ( c at. 77 d) mais d’autres étaient réels tels ceux réalisés par Francastel, c o n n a i s sance de l’architecture antique et sur son analyse des sites étudiés à Rome, mais en laissant l’imagination maîtresse de ses compositions. Les souvenirs romains, dont elles sont peuplées et que menuisier des Me n u s -Plaisirs, en 17 8 4 pour le théâtre de Versailles {27} ; Ce répertoire de sièges et de tables à l’antique, visibles sur scène reconnaît le spectateur, l’aident à se transporter dans les lieux et dans des trépieds antiques, à têtes de béliers, avec des chimères, et des durant les années 17 8 0, se développe parallèlement à ceux que l’époque de l’action qui se déroule sur scène. Au centre d’une place P i e r re - Adrien Pâris. Projet non identifié d’une place de ville antique, avec un temple et une forteresse sur le devant, pieds de biches, étaient modelés et moulés en papier mâché et représentent les peintres, Jacques-Louis David en premier lieu, puisant se dresse souvent un obélisque, rappelant aussitôt ceux des places de partiellement doré { 2 8 } . Plusieurs remarquables dessins de trônes lui aussi dans ses carnets de dessins romains – à moins que les accessoires Rome. Les obélisques occupent d’ailleurs une place particulière dans 14,5 x 18,8 cm. bmb ( c at. 72 b) montrent des piètements en patte de lions, des accotoirs supportés de scène n’aient joué un véritable rôle dans cette évolution vers les styles les études romaines de l’architecte et ses connaissances en la matière par des sphinges, des chimères ou des lions. Directoire et Empire. incitent le père Dumont à consulter cet expert à son retour d’Italie {29}. v ers 17 8 5 - 1790, plume, crayon, encre et aqua r e lle, FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 74 P i e r re - Adrien Pâris. Autel des parfums dans le temple de Salomon pour la création à Fontainebleau de A t h a l i e de Racine, avec intermèdes en musique de Fr.-J. Gossec, P i e r re - Adrien Pâris. Salon du palais du calife Haroun à Bagdad, premier décor de l’acte II du D o rmeur éveillé, o p é ra-comique de J.-F. Marmontel et N. Piccinni, créé en 1783 à Fontainebleau, 1785, plume, encre et aqua r elle, 12,7 x 14,6 cm. 1783, plume et encre, 18,5 x 12 cm. bmb, fonds pa r is, vol. 483, nº 261 bmb ( c at. 68 a) P i e r re - Adrien Pâris. 74 — Table placée dans le salon du fruit et des liqueurs, décor de l’acte II du D o rmeur éveillé, opéra-comique de J.-F. Marmontel et N. Piccinni, créé en 1783 à Fontainebleau, 1783, plume, encre et aqua r e lle, 14,1 x 14,5 cm. bmb ( c at. 72 r) Outre l’Antiquité gréco-romaine, l’Égypte est présente de façon Parmi les décors exotiques, se placent peut-être d’abord les sa l o n s remarquable avec la mise en scène de Nephté de Lemoyne à l’Opéra arabes, richement ornés et meublés, conçus pour le D o rmeur éveillé, en 17 8 9. Les édifices et leurs décors doivent beaucoup au Vo y a g e opéra-comique de Marmontel et Piccinni, lors du séjour de la Co u r d’Égypte de Norden, ouvrage très illustré, traduit du danois en 17 5 5, à Fontainebleau en 17 8 3 ; l’ouvrage est redonné en juin 17 8 4 sur même si Pâris relit les descriptions d’Hérodote et de Di o d o r e , le théâtre de Trianon en l’honneur de la visite de Gustave III. Ils auxquelles se réfère le librettiste, Hoffman, qui écrit avoir fourni u n inaugurent en quelque sorte la série des décors exotiques dont les programme très imparfait au dessinateur {30}. De fait, les décors de plus importants à citer sont ceux de P a n u rg e en janvier 17 8 5, de N e p h t é constituent le premier essai important dans ce genre en P i z a rre ou la Conquête du Péro u en mai 17 8 5, de Ta r a re en 17 8 7 F r a n c e { 3 1 } . Auparavant Sébastien-Antoine et Paul-Ambroise Slodtz et, pour partie, ceux de C o r i s a n d re en 17 9 1. L’un des projets du avaient imaginé une a r chitecture égyptienne pour La Naissance D o rmeur éveillé, analogue au décor réalisé, illustre le répertoire d’Osiris, à Fontainebleau en 17 5 4, n’ayant guère à leur disposition que d’éléments composites dont se sert le dessinateur dans l’élaboration le voyage, peu illustré, de Paul Lucas {32}. Pâris s’est amusé à composer de ses décors exotiques. D’une grande richesse, ce salon « a s i a t i q u e » pour N e p h t é une lampe égyptienne réunissant des motifs dans l’esprit ou « a r a b e » se caractérise par un ordre de colonnettes portant un des planches des Diverse Maniere d’adorn a re i cammini de Piranèse. entablement « orné d’arceaux d’où pendent des œufs d’autruch e s » Plusieurs meubles du temple de Salomon pour la représentation (relevant d’un gothique hybride, d’exotisme), par l’emploi de motifs d ’A t h a l i e à Fontainebleau en 17 8 5 sont caractéristiques de la géométriques (lambrequins triangulaires, étoiles et écailles) et par d é m a r che de Pâris ; il s’agit en particulier de l’autel des parfums le recours à des surfaces ajourées, enfin par l’abondance du décor et de la table des pains de proposition. Le dessinateur s’est appuyé textile avec ses sofas et ses draperies formant des niches entre les sur les indications du texte biblique et de ses commentaires, mais a colonnettes, s’inscrivant quant à lui dans le « goût turc » alors à la consulté les illustrations d’ouvrages comme celui de l’H i s t o i re du mode. Le projet d’un vestibule et d’une galerie asiatiques montre Vieux et Nouveau Testament, publié par Pierre Mortier à Amsterdam une synthèse plus avancée d’arcades dessinées en tiers-point et de en 1700 (ouvrage qui se trouve dans sa bibliothèque) et probablement colonnes, dont le fût est à cannelures torses et les ch a p i t e a u x l ’H i s t o i re du peuple de Dieu de Berruyer, plusieurs fois rééditée. inspirés des planches du Voyage d’Égypte de Norden que possède Suivant les indications de ces sources textuelles et iconographiques, Pâris et qu’il a recopiées dans ses albums. Les rosettes à l’intersection Pâris conçoit un mobilier de surcroît influencé par les modèles antiques, des plates-bandes du soffite sont analogues, écrit Pâris, aux surtout pour l’autel des parfums, lequel rappelle des bases de c u l s - d e - l a m p e des voûtes des églises gothiques. Tous les délices des candélabres ou des autels romains, par exemple ceux de la sa l l e intérieurs du D o rmeur éveillé, dont le sujet est tiré des Mille et d’Apollon et Daphné de la villa Borghèse, qu’il sera chargé, des années Une Nuits, sont en quelque sorte résumés par le dessin d’une table plus tard, de transporter au Louvre. du salon des fruits et des liqueurs. — 75 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 76 P i e r re - Adrien Pâris. La mise en scène de Ta r a re, de Beaumarchais et Salieri, a été plus Plusieurs spectacles ont fourni au dessinateur des sujets mettant à profit luxueuse encore. Le spectacle a offert aux spectateurs la succession cette fois-ci de véritables connaissances de l’architecture gothique, acquises t ragédie lyrique créée en 1785 à l’Opéra de Pa r i s , de sept décorations, dont cinq pour lesquelles les projets ont été très tôt aux côtés de Louis-François Trouard chargé de l’achèvement de la 1785, plume, encre et cr ayon, 20 x 24,4 cm. identifiés, en particulier celles de la place d’Ormuz avec le palais cathédrale d’Orléans. Il s’agit d’Aucassin et Nicolette, de Richard Cœur bmb, fonds pâris, vol. 483, nº 11 d ’Atar et le temple de Brama (acte II ) {39}, de l’intérieur du temple de Lion et de Corisandre. L’apparition de ces sujets médiévaux à la scène Palais des Incas dans le fond d’une place publique, décor de l’acte III de P i z a r re ou La Conquête du Péro u de Ch.-P. Duplessis et P.-J. Candeille, 76 — de Brama (acte II, scène 7), du jardin du sérail (acte III ) {40} et de est consécutive à la publication par Le Grand d’Aussy, dès les années 17 6 0, la cour intérieure du palais d’A t a r {41}. L’intérieur du temple de Brama des Fabliaux ou Contes des XIIe et XIIIe siècles (rassemblés en trois volumes nous est connu par un dessin de Je a n -Baptiste Maréch a l{42}, reconnu en 1779). Les projets scéniques du dessinateur se démarquent des essais pour ses clairs-obscurs, qui traduit sans doute précisément l’effet antérieurs dans ce genre (d’Algieri par exemple). L’exigence de représenter produit par cette décoration. Il s’agit en fait de la seconde version un événement dans un cadre conforme à l’époque et au lieu, adressée aux de cet intérieur, celle conçue par Pâris suite à la destruction du décor peintres dans les années 1780{43}, caractérise aussi les dessins de Jean-Michel dans l’incendie des magasins de l’Opéra en 17 8 8 ; si les colonnes Moreau, dessinateur-graveur des Me n u s -Plaisirs, pour les F i g u res de du sanctuaire supportent toujours des linteaux brisés, au lieu d’arcs, l ’ h i s t o i re de France {44} ou pour les Œ u v res complètes de Voltaire{45}. Le cas de Panurge dans l’île des Lantern e s illustre les interactions entre Le travail du dessinateur à ces sujets exotiques explique qu’il ch e r ch e et si leurs chapiteaux sont ornés d’une tête d’éléphant, les piliers Moreau, qui ambitionne en 17 8 1 le poste de dessinateur des habits de érudition et fantaisie de mise pour ce sujet exotique, mais aussi à acquérir en 17 8 6 les fameux tableaux chinois de François Boucher à de la nef sont désormais des colonnes, avec des hiéroglyphes, tandis l’Opéra, soutient l’importance d’une pareille exigence pour le costume{46}. réemploi de décors. Le succès de l’ouvrage (8 3 représentations à l’Opéra la vente de Bergeret de Grandcourt et, en 17 9 0, un « trépied que des figures égyptiennes reposent sur l’entablement. L’intrusion Lorsqu’il s’agit de donner un cadre à un événement du Moyen Âge, entre 17 8 5 et 17 9 2) assure la notoriété de la mise en scène et des décors, ch i n o i s » en bronze à la vente du duc de Chaulnes, en l’occurrence d’éléments égyptiens dans le projet s’explique par la volonté d’utiliser Moreau représente une architecture gothique indifféremment du siècle dont on trouve un écho assez précis dans les scènes d’une indienne le fils du fameux collectionneur Réalisé par un bronzier aussi l’intérieur du temple de Brama dans N e p h t é. On notera plusieurs concerné. Il en est de même de la cour de forteresse du xiie siècle proposée européen, semble-t-il, l’objet copie un modèle du recueil de Ch a m b e r s , éléments décoratifs typiques de ce genre d’architecture, par exemple par Pâris pour une représentation à Versailles, le 30 décembre 17 7 9, dont Pâris s’est inspiré pour le temple de Lignobie. les colonnes à cannelures torses dans la partie inférieure, les motifs d’Aucassin et Nicolette, ou les Mœurs du bon vieux temps, comédie imprimée à Nantes par la manufacture Petitpierre Frères & Ci e {33} . Le somptueux spectacle voyait se succéder cinq décorations, dont ( c at. 1 51) ( c at. 18 2) . plusieurs nouvelles ainsi qu’une décoration déjà ancienne, la « chambre Tout aussi somptueuse et originale fut la mise en scène d’un autre géométriques et garnis d’étoiles. Dans le décor de l’acte II, la façade de Sedaine et Grétry : il s’agit d’une « avant-cour de château gothique », asiatique », à laquelle Pâris fait quelques ajouts et qui avait été réalisée ouvrage représenté à l’Opéra en 17 8 5, P i z a rre ou la Conquête du du temple sur la place est encadrée de pyramides à ressauts, tandis à laquelle sont assorties différentes tours (le dessin n’est pas conservé){47}, en 17 6 6 d’après le projet de François Boucher pour Aline, reine de Péro u, qui ne connut en revanche que neuf représentations{35}. Il a que celle du palais d’Atar possède des frises de petites arcatures d’un comme est gothique le moulin du xie siècle proposé en 17 8 4 par François- donné lieu à des décors particulièrement originaux, pour lesquels gothique d’exotisme. Joseph Bélanger pour le jardin de Méréville{48}. G o l c o n d e (de Sedaine et Mo n s i g n y ) {34} ; cette décoration s’inspire e des planches du recueil de William Chambers, Designs of Chinese Pâris a consulté les historiens du x v i siècle (Garcilaso de La Ve ga Buildings, Furniture, Dresses, Machines, and Utensils, paru en 17 5 7. et Bartolomé de Las Casa s { 3 6 } ) et les récits de Ch a r l e s - Marie de La À son tour, Pâris conçoit la façade du temple de la déesse Lignobie Co n d a m i n e { 3 7 } , auteur par ailleurs d’un M é m o i re sur quelques comme la synthèse, d’une part, d’une structure arch i t e c t u r a l e monuments du Pérou, du temps des Incas (174 8){38}. Les références aux P i e r re - Adrien Pâris. néoclassique (un édifice à péristyle, surmonté d’une coupole) et, fêtes du soleil par exemple, dont on aperçoit la colonne dominant le Décor de l’acte I de Ne p h t é, tra g é d i e d’autre part, d’un entablement d’« ordre asiatique », le tout enrich i palais des Incas à l’acte III, proviennent des ouvrages de Garcilaso lyrique de F.-B. Hoffman et J.-B. Lemoyne, créée à l’Opéra d’éléments décoratifs et mobiliers inspirés de la publication de de La Vega ; ces indications sont aussi reprises par Marmontel dans Chambers. Pour une autre décoration, Pâris conçoit une place envahie Les Incas ou la destruction de l’empire du Péro u, roman dont la de lanternes, qualifiée par la presse « d’un genre absolument nouveau » parution en 1777 a incité le librettiste à proposer un sujet analogue des rois d’Égypte (et remarquée par plusieurs mémorialistes), pour laquelle le librettiste pour la scène. Le langage néoclassique dans lequel travaille Pâris modifie (au premier plan celui de Séthos), et le dessinateur se sont inspirés de la fête des Lanternes décrite les indications sur l’architecture du Pérou fournies par les auteurs en 1789 ; à droite, les grottes des tombeaux et au fond le portique du grand temple d’Osiris (temple du Soleil), par Du Halde dans sa Description géographique, historique […] de consultés ; en outre, les conventions du décor exotique expliquent la 1789, plume, encre et crayon , l ’ E m p i re et la Ta rtarie chinoise, parue en 173 5. La vive polych r o m i e présence de dragons chinois dans le projet du palais des Incas, lequel 25,6 x 55,8 cm. de ce décor s’inspire aussi de ces descriptions. était sur scène précédé de châssis d’un décor chinois. bmb ( c at. 78 a) — 77 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 78 P i e r re - Adrien Pâris. Projet d’un château gothique (avec plan de l’édifice imaginé), décor réalisé de l’acte II de Co r i s a n d re ou les Fous par ench a n t e m e n t, opéra-comique de A.-F. Le Bailly et H . - F. Langlé, créé en mars 1791 à l’Opéra de Paris ; châssis dans le fond de la scène, 1791, plume, encre et crayon, 18,1 x 24,9 cm. bmb ( c at. 76 a) 78 — — 79 P i e r re - Adrien Pâris. Projet d’une gentilhommière gothique (avec plantation des châssis), réalisé pour l’acte I de R i c h a rd Cœur de Lion, comédie mêlée d’ariettes, de M.-J. Sedaine et A.-E.-M. Grétry, donnée en janvier 1786 au théâtre de l’Aile neuve à Ve r s a i l l e s , 1786, p lume, encre et crayon, 12 x 15,4 cm. bmb, fonds pâris, vol. 483, nº 317 Plusieurs dessins sont conservés en revanche pour un grand succès de Grétry, R i c h a rd Cœur de Lion, en particulier pour les représentations de Fontainebleau et de Ve r sailles de 17 8 5 et 17 8 6 {49} ; parmi ces décors se distingue une élégante « gentilhommière gothique », qui est la P i e r re - Adrien Pâris. Les Jardins de Cythère, second décor de l’acte II de Diane et Endymion, opéra de Marmontel et Piccinni, 1784, aqua r elle, 32 x 40,8 cm. mb aab ( c at. 71) demeure de William à l’acte I. Dans un opéra-comique moins connu, C o r i s a n d re, représenté à l’Opéra en 17 9 1 et qui comprenait des Les projets de paysages et de jardins sont relativement nombreux à être Finement dessiné au crayon, le jardin de l’Amant sylphe (Fontainebleau, décors médiévaux et exotiques, la première décoration représente, conservés, allant d’une nature idyllique ou alors sauvage, au jardin 17 8 3) est très évocateur de l’atmosphère rech e r chée et par ailleurs des dans une configuration générale rappelant le site de Vincennes, une pittoresque, rappelant l’Italie, ou celui dans lequel se dresse un pavillon expériences italiennes de l’architecte et du dessinateur. Dans leur grande tour et une chapelle gothique, que le dessinateur imagine à la mode. Dans ce domaine, le Fonds Pâris ne conserve que deux conception, les séduisants jardins de l’Amant sylphe sont aussi ceux d’un architecte dessinateur de jardins ; s’il appréhende l’espace de plusieurs reliées par une galerie à arcades de même style, dont les piliers sont projets aquarellés, auquel vient s’ajouter un projet de grotte au musée en partie ensevelis{50}. Parmi d’autres projets gothiques, non identifiés des Beaux-Arts de Nantes{52}. Le plus évocateur d’entre eux est un dessin points de vue, le parcours proposé dans le jardin est surtout rendu cette fois-ci, on remarque un décor dont les voûtes sur croisées considéré jusqu’ici comme un décor pour Cythère assiégée de Gluck , compréhensible par un plan de celui-ci, dessiné en marge. Qu a n t d’ogives reposent sur de lourds piliers et dont le caractère est celui mais qui représente en réalité les jardins de Cythère avec le palais de aux motifs de ce projet, on reconnaît sur le rideau de fond un groupe de d’une crypte d’église {51}. l’Amour proposé en 17 8 4 pour Diane et Endymion de Piccinni à l’Opéra. cyprès et des escaliers comparables aux vues de la villa d’Este par Fragonard Dans la plupart des projets dont il a été question, on notera que le dessinateur travaille en architecte, accompagnant la présentation en P i e r re - Adrien Pâris. P rojet d’un château gothique (avec plan de l’édifice imaginé), châssis antérieurs du décor du même opéra ; pro g ressivement éclairés et dégagés des nuages d’un Le palais apparaît au milieu d’une végétation abondante, tandis qu’une notamment, dont Pâris possède plusieurs sanguines parmi lesquelles celle grotte et des fontaines évoquent la fraîcheur de ces lieux enchanteurs. de l’escalier de la Gerbe{54}. On retrouve surtout dans la cascade à gauche perspective du décor, non seulement d’une plantation sur scène mais orage, le château et son pont-levis apparaissaient au milieu d’une forêt re p r é s e n t é e Aux dires du M e rc u re de France, les peintres ne surent pas traduire le le motif d’une étude de Pâris faite à la villa Doria Pamphili, au cours du plan qu’aurait l’édifice ou la place s’ils étaient réels. sur les premiers châssis, 1791, plume, encre et crayon, 30 x 25,5 cm. bmb ( c at. 76 b) ton général et les nuances prévus par le dessinateur {53}. de son premier séjour, au moment où il s’essaie à la vue pittoresque. FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 80 80 — notes P i e r re - Adrien Pâris. Projet de la grotte des Enfers, décor réalisé de la dernière scène des D a n a ï d e s, tragédie lyrique de F.-L. Lebland du Roullet et A. Salieri, créée en 1784 à l’Opéra de Pa r i s , { 1 } . A l c e s t e, t r a g é d i e - o p é r a , en trois actes, représentée pour la première fois, par l’Académie royale de musique le mardi 16 avril 1776 et remise au théâtre le vendredi 22 octobre 1779, Paris, P. de Lormel, 1779, p. 2. {2} . Mercedes Viale Ferrero, La Scenografia del ’700 e i fratelli Galliari, Turin, 1963, p. 74. {3} . AN, AJ 13 38, I, ch. 17, Compte de Mrs Galliary Peintres Décorateurs. 1784, plume et aqua r elle, 22,1 x 24,8 cm. {4} . AN, AJ 38, I, ch. 17, nº 30, compte de Canot. bmb ( c at. 73 h) {5} . Alexandre aux Indes, de E. Morel de Chédevill e et N.-J. Le Froid de Méreaux ; 13 Mercure de Fr a n c e, 6 septembre 1783, p. 30 et 39. Nous avons identifié un projet de temple de Bacchus dans la clairière d’une forêt exotique , exposé cette année par la galerie Ch. Kiener (Paris) au Salon du dessin. {6} . AN, Mc, CXVII, 925, convention entre le comité de l’Opéra et S.-N. Lenoir, 25 mars 1786 ; document signalé, comme le suivant, par Christian Baulez que je tiens à remercier. {7} . AN, Mc, XVII, 937, conventi on entre les mêmes, 12 mars 1788 ; BMO, Rés. 1025(1), L.-J. Francœur, Académie royale de musique, Sommaire général, 1785 à 1788, p. 53-54, 3 et 26 mars 1788 ; Journal de Pa r i s, 26 mars 1788, p. 376. {8} . Journal de Pa r i s, 5 janvier 1789, p. 28. {9} . AN, O 1 622, nº 506. {10} . Renwick 1974, II, p. 59-64, lettres nº 317, 318 et 320 ; Fontainebleau 2005-2006, p. 174-176, nº 134-137. créé en 1783 à Fontainebleau, (Fontainebleau, 17 8 6 et Paris, 17 8 8), inclut un pont de rocher et une 1783, crayon, plume et encre, 28,7 x 37 cm. perspective dans un paysage vu au-dessous de cette arche naturelle, bmb ( c at. 69 b) qui renvoient peut-être à des peintures d’Hubert Ro b e r t : par exemple à une vue de la campagne romaine, cadrée par un pont imposant une En 1 8 0 3, se plaignant du peintre décorateur Ignace-Étienne De g o t t i , diagonale au premier plan (peinture du musée de Strasbourg), ou à Étienne Morel de Chédeville, directeur de l’Opéra et librettiste de plusieurs une composition avec le temple de la Sibylle à Tivoli (peinture d’une spectacles dont Pâris avait donné les dessins durant les années 17 8 0, collection particulière) {55} . exprime les regrets causés par l’absence de ce dernier : « Cet artiste Entre nature et architecture, la grotte des Danaïdes de Salieri{56}, en célèbre avait une profonde érudition. Le lendemain de la lecture d’un 17 8 4, fait partie des grottes menaçantes, marquant même un apogée poëme, à laquelle il avait été appellé, il livrait un dessin, ou l’on voiait dans ce genre, au service d’une mise en scène forte représentant Danäus réunies aux idées des auteurs toutes les convenances des temps, des sur un roch e r, dévoré par un aigle. Mal accueillie, la mise en scène lieux, des mœurs et des personnages. Les peintres y lisaient facilement fut revue après la première représentation. La grotte est oppressante et les coloris à employer, et la perspective, qui les fait valoir. Sous sa et les fûts des massives colonnes portant la voûte sont ornés de pointe direction l’exécution était prompte. Quelque s décorations échappées de diamants annonçant un supplice. La scène est envahie par une à l’incendie des Menus [Me n u s -Plaisirs] sont des preuves de son pantomime de Maximilien Gardel, « du genre le plus terrible » , talent.{58} » Plusieurs décors de Pâris avaient en effet survécu à son départ montrant les Danaïdes tourmentées par des démons, dévorées par des de l’Opéra, et se trouvaient encore en état de paraître sur scène au serpents, tandis qu’une pluie de feu tombe sur scène {57}. début du xix e siècle {59}. XIXe s i è c l e s, cat. expo., musée de l’Impression sur étoffes, {34} . Mercure de Fr a n c e, mai 1766, p. 187-188 ; Mark Ledbury, « Boucher and Theater », Rethinking Bouch e r (Melissa Hyde et Mark Ledbur y dir.), Los Angeles, 2006, p. 149-150, fig. 8 ; AN, AJ13 40, I, ch. 33, mém. de Protain, 25 janvier 1785 ; BMB, Fonds Pâris, carton R I, nº 15, et Ms. 24, f. 23 rº, nº 23. {35} . Journal de Pa r i s, 4 mai 1785, p. 504-505. {36} . Garcilasso de La Vega, Histoire des Incas, rois du Pérou (traduit par J. Baudoin), Amsterdam, J. Desbordes, 1715 ; Bartolomé de Las Casas, La Découverte des Indes orientales par les Espagnols (traduit par J.-B. Morvan de Bellegarde), Paris, A. Pralard, 1697. {37} . Relation abrégée du voyage fait au Pérou par Messieurs de l’Académie royale des Sciences, pour mesurer les degrés du méridien aux environs de l’Équateur…, Paris, C.-A. Jombert, 1749. {38} . Paru dans l’Histoire de l’Académie royale des Sciences et Belles-Lettres, Année 1746, Berlin, A. Haude, 1748, p. 345-356. {39} . BMB, Fonds Pâris, vol. 483, nº 99. pour La Matinée et la veillée villageoises, opéra-comique de Piis et Barré, La fameuse décoration de l’arrestation du ballet du D é s e rt e u r et {40} . BMB, Fonds Pâris, vol. 483, nº 104 ; Gruber 1975, fig. 105 (sup.). créé au théâtre de Marly le 27 avril 1781. BMB, Fonds Pâris, vol. 483, nº 210, Projet d’un jardin avec une cascade, décor réalisé de l’acte III X V I I Ie Mulhouse, 1977, p. 64-65, nº 35, repr. {1 1 } . Fontainebleau 2005-2006, p. 146-147, nº 98. {13} . Le plus ancien dessin identifié est pour lors le projet d’une place de village enneigée de l’Amant sylphe, opéra-comique de F.-A. Quétant et J.-P. Martini, {33} . Toiles de Nantes des {12} . Pâris avait acquis en 1782 à la vente après-décès du duc d’Aumont, premier gentilhomme de la Chambre du roi, cette précieuse collection qu’il a enrichie de plans de théâtres gravés. BMB, Ms. Pâris 3, p. 14. P i e r re - Adrien Pâris. {3 1 } . Nicole Wild in Paris/Ottawa/Vienne 1994-1995, p. 392-393, fig. 1-2. {32} . Fontainebleau 2005-2006, p. 134, nº 77. et Ms. Pâris 3, p. 16 ; AN, O 1 3059 9, nº 294 (mémoire de P. Sageret) ; Castelluccio 1992, p. 100. {14} . À propos des décors de scène de Pâris, cf. Ganay 1924 ; Gruber 1973 I et II ; Gruber 1975 ; Pinon 1997 I, 1, p. 558-606 (avec listes de décors identifiés) ; Bari 2000 et Fontainebleau 2005-2006. {4 1 } . BMB, Fonds Pâris, vol. 483, nº 103 ; Gruber 1975, fig. 105 (inf.). {42} . Le dessin est attribué à tort par H. Otto meyer à Charles Percier (Ottomeyer 1981, p. 158 et 380, nº 264) ; cette vue est complétée d’un relevé de détails ainsi que d’une plantation signée Maréchal et datée de l’an II (BMO, Esq. anc. V, n os 22 et 23). {43} . Journal de Pa r i s, 26 septembre 1787, p. 1163-1164, et 8 oct. 1787, p. 1215. {44} . Publi cation de l’abbé Garnier, rééditée par Moreau le Jeune en 1785, édition pour laquelle il avait dessiné en 1778 le Partage des trésors de Dagobert Notre thèse de doctorat, inti tulée Les Décors de scène de Pierre-Adrien Pâris pour les Menus-Plaisirs et en 1782 la Pénitence du comte de To u l o u s e (BnF, Est., Ef 56 Rés. fol., f. 41 et 69). et l’Académie royale de musique, à l’unive rsité de Lausanne (dir. Ph. Junod), est en cours. Emmanuel Bocher, Je a n - M i chel Moreau le Je u n e, Paris, 1882, nº 579 et 689. {15} . Mercure de Fr a n c e, 26 juin 1784, p. 174. {45} . BnF., Est., Ef 54 Rés. fol., f. 39 : Le Duc de Fo i x, acte IV, sc. 5 ; Bocher 1882 (cf. note 44), nº 1625. {16} . Nous avons réalisé un dépouillement complet de la presse dans le cadre de notre thèse. {46} . AN, O 1 628, nº 43. {17} . Percier voit approuver le 13 décembre 1792 un projet représentant les jardins de Cythère {47} . AN O1 30555 , nº 46, et O 1 30557, nº 138 (mémoire de P. Sageret) ; Gierich 1968, p. 149. pour Le Jugement de Pâris, ballet pantomime de Gardel, créé le 6 mars suiv ant. {48} . Günthe r Herzog, Hubert Robert und das Bild im Garten, Worms, 1989, p. 101, fig. 68. Cf. Eine hochbedeutende europäische Privatsammlung, Zurich, Galerie Kohler, 2 novembre 1995, {49} . Fontainebleau 2005-2006, p. 177-180, p. ex. nº 139, 141 et 144. p. 116-117, nº 4210A, repr. ; AN, AJ 13 58, Inv. an VI, nº 91. {50} . BMB, Fonds Pâris, vol. 483, nº 336-337, et Ms. Pâris 23, f. 13 rº-14 rº ; AN, AJ 13 58, Inv. An VI, nº 67. {18} . Fontainebleau 2005-2006, p. 182-188 ; Jordan 2007, p. 145-146, fig. 146-149. {5 1 } . BMB, Fonds Pâris, vol. 483, nº 155. {19} . Barry Daniels et Jacqueline Razgonnikoff, Patriotes en scène, Le Théâtre de la République (1790-1799), {52} . Dessin identifié par Daniel Rabreau, i n Bordeaux 1980, p. 162-163, nº 160. cat. expo., musée de la Révolution française, Vizille, 2007, p. 25, fig. 5, et p. 138, cat. nº 4. {20} . Fontainebleau 2005-2006, p. 76, fig. 17. {53} . Mercure de Fr a n c e, 2 octobre 1784, p. 41-42. {54} . Besançon 2006, p. 68-70, cat. nº 21-22. {2 1 } . BMB, Fonds Pâris, vol. 457, nº 484. {55} . Herzog 1989 (cf. note 48), p. 172, fig. 115 et p. 85, fig. 55. {22} . Mercure de Fr a n c e, juin 1760, p. 203-205. {56} . AN, AJ13 58, Inv. de l’an VI, nº 11 (décor refait à l’identique après l’incendie de 1788). {23} . Helmuth Christian Wolff, O p e r, Szene und Da rstellung 1600-1900, Leipzig, 1979, p. 118-119, fig. 103. Le projet était considéré jusqu’ici comme le décor d’un opéra inti tulé P r o m é t h é e. {24} . AN, O 1 621, nº 125 ; Mercure de Fr a n c e, 25 décembre 1784, p. 187. {57} . A f fi ch e s , annonces et avis divers, 27 avril 1784, p. 1098 (d’après la didascalie du livret). {25} . Johannes Langner, « La vue par dessous le pont, Fonctions d’un motif piranésien dans l’art français {58} . BMO, Op. Arch. 19 (56), rapport de Morel de Chédeville, 3 floréal an XI (23 avril 1803). de la seconde moitié du xviii e siècle », Piranèse et les Fr a n ç a i s, actes du colloque, Cité partiellement par Nicole Wild in The New Grove Dictionary of Opera, Londres, 1992, t. III, p. 884, Rome, vill a Médicis 12-14 mai 1976, Rome, 1978, p. 296, fig. XIV/4 ; et Wild 1996, p. 188. L’incendie des magasins des Menus-Plaisirs et de l’Opéra est celui de 1788. Versailles 1989, p. 59, cat. nº 12, repr. ; Rabreau 2001, p. 139, repr. (indi qué comme décor de N u m i t o r). {26} . BMB, Fonds Pâris, vol. 483, nº 65 ; AN, O 1 3075 1, nº 732. 1 4 {27} . AN, O 3066 , nº 285 (quartier de janvier 1784). {28} . AN, O 1 3074 1, nº 418 (pour Versailles en 1786). {29} . Pinon 2007 I, p. 333-334. {30} . N e p h t é, Paris, Prault, 1790, p. 11. {59} . AN, AJ13 58, Inventaire Général des Décorations du Théâtre de la République et des A r t s , fait en Ventose de L’An 6 [février-mars 1798], annoté jusqu’en thermidor an X (juillet-août 1802). — 81 FLASH ADRIEN PARIS 82 — 9/09/08 15:02 Page 82 entre connaissance et délectation : le cabinet de Qu’est-ce qui a poussé Pierre-Adrien Pâris à constituer le P I E R R E - ADRIEN cabinet dont une partie est actuellement exposée à Besançon ? La typologie des collectionneurs, mot anachronique, est ainsi dressée en 1788 dans l’Encyclopédie méthodique, à l’article CURIEUX : « Un curieux est homme qui amasse des dessins, des tableaux, des marbres, des bronzes, des médailles, des vases etc. Ce goût s’appelle curiosité.Tous ceux qui s’en occupent ne sont pas connaisseurs ; et c’est ce qui les rend souvent ridicules, comme le seront toujours ceux qui parlent de ce qu’ils n’entendent pas. Cependant la curiosité, cette envie de posséder, qui n’a presque jamais de bornes, dérange presque toujours la fortune et c’est en cela qu’elle est dangereuse. On est connaisseur par étude, amateur par goût, et curieux par vanité. » Cette distinction entre les trois statuts de l’amateur, du connaisseur et du curieux varie selon les auteurs. PÂRIS Christian Mich e l — Qu’est-ce qui a poussé Pierre-Adrien Pâris à constituer le cabinet dont une partie est actuellement exposée à Besançon ? La typologie des collectionneurs, mot anachronique, est ainsi dressée en 17 8 8 d a n s l’Encyclopédie méthodique, à l’article « Curieux » : « Un curieux est homme qui amasse des dessins, des tableaux, des marbres, des bronzes, des médailles, des vases etc. Ce goût s’appelle curiosité. Tous ceux qui s’en occupent ne sont pas connaisseurs ; et c’est ce qui les rend souvent ridicules, comme le seront toujours ceux qui parlent de ce qu’ils n’entendent pas. Cependant la curiosité, cette envie de posséder, qui n’a presque jamais de bornes, dérange presque toujours la fortune et c’est en cela qu’elle est dangereuse. On est connaisseur par étude, amateur par goût, et curieux par vanité. {1} » Cette distinction entre les trois statuts de l’amateur, du connaisseur et du curieux varie selon les auteurs { 2 } , mais permet de distinguer les collectionneurs par mode, les collectionneurs par goût et les collectionneurs par étude. Assurément, Pâris fait partie de la troisième catégorie pour une bonne partie des objets qu’il a réunis, mais certaines nuances peuvent toutefois être apportées. Si l’on se fie à l’inventaire qu’il a dressé en 1 8 0 6 de ses collections, on peut voir, jusque dans le titre – Catalogue de mes livres ainsi que des autres objets qui composent mon Cabinet, tels que les marbre s , b ronzes antiques, vases, terres cuites, bronzes modernes, plâtre s moulés sur l’antique, médailles, tableaux et dessins en bord u re , h i s t o i re naturelle et instru m e n t s {3} –, la place prédominante que tiennent les livres. Il a acquis, sans doute parfois avec difficultés, la plupart des recueils importants parus au xviii e siècle et même dans les deux siècles antérieurs. Jusqu’à sa mort, il achète des livres, intercale dans son inventaire les titres et les prix de ses acquisitions et continue à souscrire aux publications les plus récentes. — 83 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 84 Je a n - Be r n a rd Du v i v i e r. Scène du déluge, v ers 1810, huile sur toile, 126 x 174 cm. mb aab ( c at. 153) 84 — — 85 Hors les livres d’architecture et d’antiquité, le reste ne constituait Aussi remarquables que puissent nous sembler aujourd’hui certains de guère ce que l’on considérait alors comme recueil de premier ordre. ses dessins de Fragonard, la plupart d’entre eux, conservés dans des Le volume des dessins anciens ne contient que des œuvres qui eussent albums, semblent n’avoir guère coûté et aucun des plus importants – été qualifiées par Jabach de dessins de rebut. Il possède trois recueils ceux des vues de Tivoli – n’est évalué plus de 15 francs dans son de gravures (totalisant environ 1 7 5 0 gravures), dont un seul, bien inventaire après décès. Son cabinet de peinture ne comprenait guère relié, comprend des tirages de bonne qualité, voire des états que des esquisses, sinon le Déluge de Duvivier et les deux vues du exceptionnels, les deux autres ne sont que des outils de travail, où sont lac d’Albano. Ses antiques, dont l’intérêt aujourd’hui n’est pas collées en vrac dans d’anciens livres de compte de nombreuses gravures négligeable comme le montre Axelle Davadie, correspondent à ce que d’architecture et d’ornement, exécutées entre le x v ie siècle et le début le comte de Caylus appelait les « balayures de la place Navone », ce du xix e, dont de nombreuses planches de l’œuvre de Jean Lepautre, qui explique que Pâris n’indique pas la provenance de beaucoup des gravures topographiques d’Israël Silvestre et d’Antoine Pérelle, d’entre elles. Plutôt que des statues ou des objets artistiques de valeur, souvent dans des tirages tardifs {4}. S’il possède de nombreux dessins sont mentionnés un clou de la porte du Panthéon – témoignage des d ’ Hubert Robert, beaucoup sont des contre-épreuves, ainsi les deux ornements romains –, des lampes à huile, des fragments d’acrotère… volumes contenant chacun cinquante-deux contre-épreuves sont Ses chinoiseries sont très loin des porcelaines coûteuses que l’on estimés à 6 0 0 livres dans son inventaire de 1 8 0 6. collectionnait depuis le xvii e siècle. Son médailler est complet pour Je a n - Honoré Fragonard. les médailles de bronze – voire trop, car il possède ce que ch a c u n Les Grands Cyprès de la villa d’Este, rech e r chait, un Othon de bronze, alors qu’aucune pièce de ce genre 1760, sang uine et pierre noire, 47,8 x 35,4 cm. mb aab ( c at. 90) n’a existé {5} –, mais contient peu de pièces d’or ou d’argent. FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 86 Martin Verstappen. Clair de lune sur le lac d’Albano, v ers 1810-1815, huile sur toile, 17 x 23 cm. mb aab ( c at. 162) En ce qui concerne les œuvres encadrées à son mur, le mot « beau » est employé assez rarement : pour la plupart des dessins de Fragonard, pour un seul de ses dessins d’Hubert Ro b e r t {12}, pour le grand dessin de Charles De Wailly, dont il indique qu’il l’a payé cher à la vente Trouard, pour la tête de vieillard de Vincent{13}, ainsi que pour un dessin de Lethière et le présent que lui a fait Ingres « beau dessin d’une simplicité touchante ». Le mot n’est guère moins rare pour ses antiques : un vase étrusque{14}, la tête de mule en bronze{15}. Seules deux terres 86 — — 87 cuites sont qualifiées de « j o l i e s » : celles qu’a exécutées Marin { 1 6 } . Il emploie presque plus souvent ce terme pour parler des objets qu’il possédait ; il a acheté une belle coupe de jaune antique{17}, deux belles colonnes ioniques{18} , deux beaux vases de serpentine antique, un joli vase de Faenza {19}, un beau baromètre, un beau graphomètre, deux paires de jolis bras de cheminée {20}. Lorsqu’il annonce qu’il veut faire don à sa ville natale de l’ensemble Jo s e p h - Charles Marin. de son cabinet, Millin lui reproche de priver le monde érudit et La Charité romaine, Relevé du plafond de la nef a nné es 17 8 0 - 1790, de l’église du Gesù à Rome, esq uisse en terre cuite, 17 5 4 - 17 5 5 , la capitale, non pas de ce qu’il a pu réunir, mais de ses relevés des Charles De Wa i l l y. monuments antiques et des volumes constituant son propre travail {6}. 16 x 9,5 x 11 cm. mb aa b encre noire à la plume et au lav is, Ces remarques visent à replacer la collection de Pâris dans le système ( c at. 174 ) 144 x 94,5 cm. de valeur des contemporains de l’arch i t e c t e ; elles n’empêchent pas que le fonds soit aujourd’hui exceptionnel, d’abord pour avoir été conservé et aussi pour tout ce qu’il peut nous apprendre ; il ne s’agit pas de dénigrer ce qui constitue des trésors du Musée et de la bibliothèque de Besançon. Pâris s’était constitué un cabinet de taille modeste, composé d’objets acquis à faible coût, qui fonctionnait surtout comme une réunion de ce que Krzysztof Pomian a appelé des « sémiophores » {7}, des objets réunis plus pour ce qu’ils représentaient plus que pour ce qu’ils étaient. On dispose de peu de commentaires personnels de Pâris sur son cabinet ; l’inventaire qu’il en a dressé en 1 8 0 6 et qu’il a continué à tenir à jour jusqu’à sa mort est d’autant plus intéressant. Parmi ses livres, seuls deux ont le droit à des qualificatifs : la Roma vetus ac re c e n s d’A. Donato (Amsterdam, 1 6 9 5) {8} est qualifié de « rare » et la première édition des Vestigi de Du Perac est, d’après lui, un « ouvrage ancien et rare »{9} ; il possède aussi un « manuscrit gothique sans date et sans titre avec des miniatures, je le crois précieux » {10}. Seul le premier a fait partie de son legs{11}. mb aab ( c at. 116) FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 88 Francesco et Luigi Righetti. Copie réduite du groupe du Laocoon, sculpture romaine de la cour du Belvédère au Vatican, à Rome, début du xix e siè cle , br onze, h. 14,5 cm. mb aab ( c at. 178) 88 — — 89 Hubert Robert. Jeu de l’escarpolette, On voit que Pâris s’entourait d’objets qui ne renvoyaient pas forcément Sa bibliothèque, ici analysée par Henry Fe r r e i r a - Lopes, est un bon à la délectation esthétique. La plupart d’entre eux étaient des signes d’autre témoignage de ce qu’il réunissait. La prééminence est donnée aux François Bo u ch e r. L’Audience de l’empereur de Chine, v ers 1742, huile sur toile, 40 x 65 cm. mb aab ( c at. 51 a) chose, ou des porteurs de signes – des sémiophores, encore une fois. Assez grands recueils illustrés modernes, certes coûteux, mais tous en lien révélateur est son commentaire sur un fragment de corniche « d’un travail avec ses fonctions d’architecte d’abord et avec ses intérêts Il continue à accorder à Boucher, né en 17 0 3, une place importante, qui annonce le beau temps de la sculpture »{21}, ou celui qu’il porte sur d ’ « a r chéologue malgré lui », ou du moins d’homme de lettres, après malgré le discrédit qui est censé toucher le peintre à partir des années un de ses bronzes, « Mercure volant en bronze copié sur le beau bronze 17 9 2. La prééminence est donnée indiscutablement à l’arch i t e c t u r e 17 8 0. La place d’Hubert Robert, ami et condisciple à Rome de son maître de Jean de Bologne de la Villa Médicis »{22} ; ce n’est pas l’objet lui-même (15 9 titres) et à l’Antiquité (14 9 titres) qui, en terme de prix et de Trouard, est très importante. C’est en effet par les œuvres de cet artiste qui est beau, mais la statue, aujourd’hui aux Offices, à laquelle il fait nombre de volumes, constituent plus de la moitié de l’ensemble. La qu’il a appris à connaître Rome et la campagne romaine ; il écrit dans référence. On trouverait de nombreux exemples de ce type de choix dans distinction entre ces deux catégories est d’ailleurs loin d’être évidente. son journal le 27 octobre 17 7 1, dès son arrivée à Ro m e : « Je fus avec mes l’ensemble de la collection. Il a recueilli des objets de céramique car ils C’est là qu’il est prêt à se rapprocher de l’exhaustivité, à acquérir des amis voir le Capitole et le Campo Vacino. Ce moment est un des plus « sont assez rares… On y trouve un beau caractère, des pensées aimables, éditions anciennes. Toutefois, il n’a pas jugé bon d’acheter les cours agréables que j’aye eu dans ma vie ; je connaissois tous les monuments des ornements agréables etc. »{23} ; la recherche d’objets qui témoignent d’architecture de Jacques-François Blondel, dont il avait été l’élève, que je voyois pour la première fois ; Robert en a fait tant de vues d’autre chose que de qualités intrinsèques se retrouve aussi dans certains ni leur continuation par Pierre Patte. Du premier, il possède un recueil charmantes »{28} ; c’est l’exemple qu’il a été amené à suivre dans les vues {26} v ers 1775, contre-épreuve de sang u ine, de ses échantillons minéralogiques : il conserve deux écailles de l’obélisque de planches commentées, l’A rc h i t e c t u re françoise et, du second, qu’il s’est décidé à exécuter, non sans difficulté, lors de son premier 36,1 x 28,4 cm. de Montecitorio{24}, deux clous du Panthéon, un crochet du Co l i s é e , les Monuments érigés en France à la gloire de Louis XV {27} , ainsi que séjour à Rome. Il signale, dans son journal, sa première tentative de ce bmb ( c at. 108 ) quatre poignées de porte des Tuileries… ; il a fait tailler deux obélisques des planches commentées. genre, le Ier mars 17 7 2 : « Après dîner je suis allé avec le Bouteux au temple et un disque de basalte dans les « restes du sciage qui a été fait au plus En ce qui concerne ses dessins, la distinction est nette entre ceux qui de Minerva Medica dans l’intention de dessiner une vue. Je n’en avois grand sphinx de la Villa Borghèse lorsqu’il a fallu réparer sa plinthe »{25}. sont dans des bordures, encadrés à son mur, et ceux qui sont en vrac jamais fait et je craignois d’en faire cependant, on m’a encouragé en Ces vestiges toutefois ont donné lieu, du moins dans sa dernière installation dans des albums. On peut être frappé du fait qu’en dehors de cadeaux m’assurant que celle-là n’étoit pas bien mal. Ménageot m’en a demandé bisontine, à de savants remontages pour leur donner un aspect décoratif, de ses amis, il possède surtout des œuvres de la génération précédente, la contrépreuve. Je la lui ai donné quoique j’aye pris cette demande sur lesquels je reviendrai. ou du moins de gens âgés d’une quinzaine d’années de plus que lui. pour une plaisanterie, cela ne valoit pas la peine d’être refusé. » FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 90 P i e r re - Adrien Pâris. Je a n - Honoré Fragonard. Études d’arbres, d’après Hubert Robert, Fillette assise par terre sur ses talons, 17 7 2 - 17 74 ?, sang u ine, 37,2 x 29,2 cm. bmb ( c at. 13) 17 73 - 17 74, sang u ine, 38,4 x 29 cm. mb aab, d.2939 ( c at. 92) Je a n -Honoré Fragonard. Le Triomphe de Vénus, v ers 17 6 5 - 1770, huile sur bois. d. 75 cm. mb aab ( c at. 154) 90 — — 91 Le lendemain, « Vincent m’a proposé d’aller avec lui au Co l l i s e e Il semble que Pâris ait été fasciné par la façon dont Fragonard voyait Il semble en effet avoir peu profité de la grande braderie qui se déroula Sur sa face est renfoncée une niche orbiculaire dans laquelle est fixé [ Colisée] pour y dessiner une vue. J’y suis allé et j’en ai fait une qui la nature ; toujours dans le même journal, on trouve cette remarque pendant la Révolution, sinon peut-être pour acheter en 17 9 1 le domaine un Priape de bronze… Il représente un nain au piloris {35}. » Une autre m’a paru moins mal que la première. {29} » À la manière de Salomon le 15 octobre 17 7 2 : « J’ai fini ce que j’avais à faire à [la] Villa Belvedere de Vauclusotte qui lui assura des rentes jusqu’à sa mort, d’abord par Isis de brèche à fond vert {36} était d’abord insérée dans un monument {30} , il a vite compris que le meilleur moyen de maîtriser les [villa Aldobrandini à Frascati]. Je suis monté dans la loge qui est le revenu de ses métairies, puis par les placements faits après la composé d’un socle où alternaient un premier disque « d’une pierre t e chniques d’une vue d’après nature était de commencer par copier au haut du Palais. Il était de bonne heure, un léger brouillard vente du domaine. Pâris, en revanche, ne semble pas avoir pris les rare connue parmi les marbriers de Rome sous le nom de pierre Gessner des œuvres convaincantes, et ses recueils contiennent plusieurs de ses couvrait la partie haute de la cascade. C’était tout juste un tableau risques que, selon l’Encyclopédie méthodique courent les curieux : Bergerat, un dé carré de porphyre rare, puis un autre de granit blanc copies d’après Hubert Robert. Le 2 3 mai 17 7 2, il tente de faire des dessins de Fragonard. De l’autre côté la vue est la plus belle qu’on puisse « Cependant la curiosité, cette envie de posséder, qui n’a presque et noire d’une espèce fort rare. De chaque côté de l’Isis est une colonne de la pierre Bergerat qui porte un Anubis de bronze… Sur l’angle de à la villa d’Este en ayant en tête les dessins de Fragonard qu’il ach è t e r a v o i r : on voit en face Rome et toute sa campagne et en deçà tout le jamais de bornes, dérange presque toujours la fortune et c’est en cela ultérieurement : « Après midi nous allâmes dans la ville d’Este, lieu bas de Frascati, à droite les Apennins couverts d’habitation dans qu’elle est dangereuse. » Cette prudence peut aussi être liée au devant du dé de porphyre est placé un petit loup égyptien d’argent… charmant dont Fragonard a fait plusieurs vues bien intéressantes. Je cette partie, et à ga u che la mer. {32} » Le grand nombre de dessins de fait qu’il n’a guère eu d’installation fixe avant son retour à Besançon. plus bas une petite momie égyptienne ». Une modification eut lieu tentai une vue de la cascade mais je n’étois pas en train. Je la jettai. Fragonard que Pâris a réunis atteste de cette admiration, mais on peut Ce que son Inventaire révèle de la présentation de ses collections peut ultérieurement : « ce morceau n’est plus sur ce socle. Il est sur un Ouel [Houël] n’a pas laissé de la prendre disant qu’il en tireroit parti, être frappé par le nombre relativement faible de tableaux du peintre sans doute permettre de connaître certains aspects de sa façon de vivre autre pied de bleu turquin semblable à celui qui porte le buste nº 10 {37}, chose difficile. Il en a faitte une charmante. Berthelemi [Berthélemy] qu’il a acquis, très inférieur à ceux d’architectes comme Jacques-Germain avec elles. Il s’agit, dans bien des cas, de transformer ces vestiges en aussi avec un clou du Panthéon en bronze »{38} . Un aspect ludique peut {33} en a fait une du grouppe de ciprès qui est au milieu du jardin et qui Soufflot, François Trouard ou Charles De Wa i l l y : un plafond monuments décoratifs. Étaient donc associés différents objets antiques parfois entrer en jeu, ainsi la tête romaine de vieille femme assez est charmante, il m’en a donné la contrépreuve pour […] toutes les qu’il installa comme ciel de lit dans son pigeonnier d’Escures en 17 9 7, et échantillons d’histoire naturelle, qui ont été séparés après leur entrée austère en bronze – aussi probablement une œuvre de la Renaissance vues que je ferois là, je ne perds pas au change. {31} » et deux petits tableaux. au musée. Ainsi, l’Isis antique – probablement un faux de la Renaissance {34} – se fait ajouter « à son col une chaîne de cuivre à laquelle sont – est « élevée sur un dé oblong de granit rose […]. suspendus une bulle en bronze et deux priapes » {39}. FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 92 Alors que sa chambre dans son pigeonnier d’Escures {40}, « décorée en Johan Martin Weis. Char de fête, gravu re à l’eau-forte dans : Représentations des fêtes données tente de vraie Perse, le plafond renforcé en plan incliné renfermant par la ville de Strasbourg pour la convalescence du roi [Louis XV], Paris, dans son centre un tableau de Fragonard », devait plutôt respirer la 1745, in - folio. bmb ( c at. 143) volupté, à Besançon, il semble ch e r cher à dresser un mémorial de sa vie. Dans l’antichambre, « infixés dans une sorte de large ch a m b r a n l e et dessus-de-porte, sont les objets suivants », écrit-il avant de dresser une liste de trente-tr ois terres cuites et inscriptions{41}. Insérer ainsi les inscriptions ou des fragments antiques dans des parois correspondait à des pratiques muséographiques romaines récentes telles que dans les salles du Museo capitolono aménagé à partir de 173 4 dans le Palazzo nuovo du Capitole et la galleria lapidaria aménagée au Vatican sous 92 — — 93 Pie VI et Pie VII. Les antiques, comme les dessins, sont souvent réunis à plusieurs dans la même bordure ; y sont mêlés les figures antiques, les modèles en bois ou en plâtre, les moulages, les bronzes et les objets modernes. C’est une réunion de ce que Pâris a connu ou aimé. On trouve, dans sa bibliothèque, ce même portrait intellectuel. Il est frappant qu’il ait conservé des dessins de tous ses projets et qu’il ait jugé bon de les monter en recueil en les annotant et les commentant avec de nombreux renseignements biographiques. C’est un travail qu’il a commencé dès son premier séjour romain ; il écrit dans son journal à la date du 30 novembre 17 7 2 : « Le temps affreux qu’il faisait hier a continué et j’ai continué à coller des desseins ce qui m’ennuie fort.{42} » Il avait commencé dès le 3 juillet à faire ce travail, tant pour son ami Vincent que pour ses propres dessins {43}. Même si ce travail l’ennuyait, il n’a jamais renoncé, non seulement à coller, mais à ajouter des commentaires et des notes. Si son travail sur le Colisée ou son complément à Desgodets reposaient sur l’intention de les publier, ce n’est pas le cas ni de ses décors de théâtre, ni de ses différents projets d’architecture, ni même probablement de ses différents volumes d’études. On peut penser, en consultant son inventaire, au catalogue que Nicodème Ses recueils de gravures sont tout autant liés à ses préoccupations. Le long travail de préparation des volumes, comprenant la mise au net Tessin le jeune avait dressé de sa propre bibliothèque, plus rich e Il se procure, probablement avec difficultés et à prix élevé, les huit des dessins, les annotations nombreuses qu’il y ajoute, les explications assurément que celle de Pâris, et qu’il fit publier en 1712 {45} ; celui-ci volumes des Antichità d’Ercolano esposte, qui n’étaient distribués qu’il en donne ont probablement comme destinataire la postérité. Ce avait introduit ce catalogue par un « Avis au Lecteur » : « Ce catalogue que comme des présents du roi de Naples, et qu’on ne trouvait n’est pas pour lui-même qu’il a besoin d’expliquer que ses dessins pour a été imprimé, tant pour faire plaisir aux Curieux, que pour faire voir pas chez les libraires (le huitième volume figure sur la liste l’hôtel de ville de Ne u châtel ont été trahis par les entrepreneurs locaux. l’étude, l’application, la recherche et l’amas que la connaissance des complémentaire de ses achats à Rome lors de son quatrième beaux-arts demande. Il faut bien du génie, de la vigilance, de la fatigue v o y a g e ){ 4 6 } ; en revanche, il ne ch e r che pas à acquérir les volumes complets des Antichità ro m a n e de Piranèse. Content de donner Piranèse. Il a constitué ses recueils avec l’idée d’une destination publique qui et de la dépense pour en venir à bout. Aussi il ne faut pas s’étonner L’Arc de Marc-Aurèle, gravure à l’eau-forte dans transparaît aussi dans son Inventaire, où les précisions qu’il donne si les habiles architectes en ce temps-ci vont toujours en diminuant. » des cours d’architecture au fils du graveur, « p e n sant tirer parti du sur ses objets peuvent aider à leur catalogage. On peut donc repérer En ce qui concerne l’architecture et les antiquités, Pâris ne pourrait père de mon côté » { 4 7 }, il échange le recueil des vases qu’on lui Il Campo Marzio dell’antica Roma, Rome, 1762, in - folio, pla nch e xxxvi, eau - forte. dans ses acquisitions de livres ce qui est tourné vers la postérité. Il que souscrire à cette affirmation. Il est clair qu’il ne pouvait accepter la avait donné contre quarante-huit planches des vues de Rome. Il bmb ( c at. 127) est douteux qu’il ait utilisé ses sept éditions de Vitruve, dont les deux suggestion de Millin de réserver ses livres rares et ses études à la capitale réunit dans quatre recueils qui contiennent de nombreuses dernières ont été acquises après 1 8 0 6 : la traduction de Barbaro parue et de ne laisser que le reste à Besançon. Le portrait intellectuel qui se estampes de Piranèse – dont les C a rc e r i – bien des planch e s à Venise en 15 5 6 et l’édition d’Henry Wotton de 1 6 4 9 qui collationne d é gage de ses collections en aurait été amoindri. Bon nombre des ouvrages d’autres graveurs et des cartes de toutes les villes d’Italie { 4 8 } . Les {44} . La plupart de sa bibliothèque ont été enrichis par lui. C’est naturellement le cas de volumes deviennent plutôt un ensemble d’images évoquant l’Italie, des architectes français se contentaient de la traduction de Claude son Desgodets, mais de plusieurs autres livres auxquels il a ajouté des r é u n i s sant Piranèse, Panini, Canaletto…, que la collection de Perrault, dont Pâris possède les deux premières éditions de 1 6 73 et 1 68 4. gravures et des notes, se les appropriant ainsi complètement. l’œuvre d’un artiste. les commentaires de Barbaro, Philander et Salmasio FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 94 Si la plupart de ses gravures de Piranèse sont de beaux états, il n’en est pas de même pour bon nombre d’estampes de sa collection ; il achète le plus souvent les retirages tardifs des grands recueils anciens, notes 94 — sans ch e r cher à se procurer les éditions anciennes avec des premiers tirages des planches. On peut aussi être frappé du nombre relativement restreint des volumes de fêtes que possédait cet ancien dessinateur des Me n u s -Plaisirs, surtout si on compare s a bibliothèque à celle de Tessin, comme lui chargé de l’architecture éphémère de fêtes. Certes il s’agissait de livres onéreux, le plus souvent destinés à être offerts par le souverain et non disponibles sur le marché, et Pâris a disposé, durant son activité, de la Bibliothèque du roi et de celle des Me n u s -Plaisirs, mais c’est un Ces quelques commentaires visent à s’interroger sur la nature de la type d’ouvrages que d’autres ont ch e r ché à collectionner. S’il relève, collection rassemblée par Pâris. Il s’agit d’une collection d’étude, sans à la manière de son ami Séroux d’Agincourt, des monuments du doute, mais celle d’un homme qui a renoncé à son métier d’arch i t e c t e Moyen Âge italien, il ne le fait pas pour ceux du Moyen Âge français, vingt-sept ans avant sa mort et qui aurait pris la résolution de ne plus qui suscitent pourtant un intérêt croissant chez ses contemporains. Bien travailler pour qui que ce soit après l’arrestation et la condamnation que Charles Weiss ne manque pas de signaler qu’il est mort consolé de Louis XVI. L’ a r chitecture est devenue l’objet d’un intérêt intellectuel, par la religion, sa bibliothèque est particulièrement pauvre en d’une réflexion qui vise à mieux connaître l’antique, à étudier les ouvrages religieux et le monument funéraire qu’il s’est dessiné, pas plus modèles du passé, afin de voir ce qui peut être utile et ce qui doit être que son épitaphe, ne renvoient au christianisme. Comme le signale négligé. Les vestiges qu’il a réunis sont liés à des études sur l’Antiquité ; Henry Fe r r e i r a - Lopes dans son introduction, il n’a guère ach e t é mais si le comte de Caylus pouvait avoir de d’intérêt pour le même { 1 } . Claude-Henri Watelet et Pierre-Charles Lévesque, Encyclopédie méthodique. B e a u x - A r t s, t. I, 1788, p. 171. Sauf la dernière phrase de Lévesque, la notice est tirée de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. {2} . Voir Ch. Guichard, Figures de l’amateur. Les pratiques du goût à Paris dans la seconde moitié du {2 1 } . I n v e n t a i r e, nº 181. {22} . I n v e n t a i r e, p. 54, nº 55 ; Weiss 1821 I, nº 464. {23} . I n v e n t a i r e, première page non paginée. Les italiqu es sont de moi. X V I II e s i è c l e, Seyssel, Champ Vallon, 2008. {24} . Weiss 1821 I, p. 155, nº 33 {25} . I n v e n t a i r e, p. 69 nº 289 et 290. {3} . BMB, Ms. Pâris 3 ; désormais abrégé en I n v e n t a i r e. {26} . Weiss 1821 I, nº 266. {4} . Ces deux volumes (Weiss 1821 I, nº 166, t. I et II) sont d’ailleurs rangés dans son inv entaire {27} . Weiss 1821 I, nº 270. avec les livres d’architecture (I n v e n t a i r e, p. 5) alors que le premier (Weiss 1821 I, nº 166, t. III) {28} . BMB, Ms. Pâris 6, p. 67. l’est avec les œuvres de peintre (I n v e n t a i r e, p. 32). {29} . BMB, Ms. Pâris 6, f. 145-146. {5} . Sur les Othon de bronze, voir Antoine Schnapper, Le Géant, la licorne, la tulipe, Paris, 1988, p. 152-156. {6} . Lettre publié e par Weiss 1821 I, p. 52-53. Dans une autre lettre publi ée par Estignard 1902, p. 126, Millin lui suggère de léguer à la capitale ses dessins et ses livres de prix, mais met surtout l’accent sur ses neuf volumes d’études dont la place serait à la bibliothèque de l’Institut. {7} . Krzysztof Pomian, « Entre le visible et l’invisible : la collection », C o l l e c t i o n n e u r s , amateurs et curieux. Pa r i s , Ve n i s e, X VI e- X V I II e {30} . Salomon Gessner, « Lettre de Mr. Gessner à Mr. Fuslin, auteur de l’histoire des peintres suisses, sur le paysage », traduite par C.-H. Watelet et éditée notamment dans Contes moraux et Nouvelles Idylles de Denis Diderot et Salomon Gessner, Zurich, 1773. {3 1 } . BMB, Ms. Pâris 6, p. 187. {32} . I d e m, p. 256. s i è c l e, Paris, 1987, p. 15-59 et i d. « À propos des vases Médicis », {33} . Sur les collections d’architectes, voir Patrick Michel, « Entre uti lité et plaisir : les collections d’architectes e en France au xviiie siècle », Victor Louis et son temps, actes du colloque, Paris, Archives nationales, Des saintes reliques à l’art moderne, Venise-Chicago X I II - XX {8} . I n v e n t a i r e, p. 25. e s i è c l e, Paris, 2003. 14-16 décembre 2000, Bordeaux, 2004 (Les Cahiers du centre F. - G . Pa r i s e t), p. 239-277. {9} . I n v e n t a i r e, p. 18. {34} . MBAAB, D.863.3.217. {10} . I n v e n t a i r e, p. 38. {35} . I n v e n t a i r e, p. 50, nº 1. {1 1 } . Weiss 1821 I, nº 684 (BMB, cote 60965). {36} . MBAAB, D.863.3.217bis. d’éditions propres aux bibliophiles de son temps. La littérature type d’objets, il ne croyait pas nécessaire de les conserver après les avoir française est surtout représentée par les éditions stéréotypes de Didot, fait graver {50} ; Pâris, lui, quand il installe « le plus agréablement {12} . I n v e n t a i r e, nº 147 ; Weiss 1821 I, nº 426. {13} . I n v e n t a i r e, nº 98. {38} . I n v e n t a i r e, p. 50-51, nº 2. récentes et relativement bon marché. Le classement de sa bibliothèque possible ma bibliothèque qui est assez considérable et mon petit {14} . I n v e n t a i r e, nº 198. MBAAB, DA.863.3.44. {39} . I n v e n t a i r e, p. 53, nº 24. {15} . I n v e n t a i r e, nº 23. MBAAB, D.863.3.104. {40} . BMB, Fonds Pâris, vol. 484, pl. XXXIV , nº 45. dans son Inventaire n’est pas toujours repris par Weiss ; à bon escient, Mu s e u m » {51} dans une ville où il n’a guère de connaissances, ch e r ch e {16} . I n v e n t a i r e, nº 276 et 277. {41} . I n v e n t a i r e, p. 65-67. {17} . I n v e n t a i r e, p. 68, nº 284 ; Weiss 1821 I, nº 250. {42} . BMB, Ms. Pâris 6, p. 277. celui-ci ne range pas dans les volumes d’architecture des volumes à dresser un mémorial de sa vie, avec les portraits de ses anciens amis {18} . I n v e n t a i r e, p. 57, n os 83 et 85 ; Weiss 1821 I, nos 241 et 496. {43} . I d e m, p. 206. {19} . I n v e n t a i r e, p. 69, no 288 et 85 ; Weiss 1821 I, no 104. {44} . Les notices sont intercalées dans son I n v e n t a i r e, p. 1 et 17. comme les gravures d’après les peintures de Le Brun à la Galerie de et protecteurs, les plans de Rome, la ville qu’il a aimée entre toutes, {20} . Pour ces trois objets, I n v e n t a i r e, p. 76. {45} . Nicodemus Tessin the Yo u n g e r: Sources, Wo r k s , C o l l e c t i o n s. Catalogue des livres, Versailles ou dans la galerie d’Apollon du Louvre {49} . les œuvres d’artistes avec lesquels il a été lié – amis, collaborateurs ou élèves –, les souvenirs de ses différentes activités. Tout dans son cabinet et sa bibliothèque fonctionne comme sémiophore, renvoie à ce qu’il a connu et, au-delà, à lui-même. C’est une forme de portrait intellectuel et sentimental, ce qui explique cette volonté de ga r d e r réunis à Besançon ce qu’il a possédé, non tant pour la formation des générations futures, que pour dresser un mémorial que cette exposition tente d’évoquer. {37} . Tête d’éphèbe, MBAAB, D.863.3.103. estampes & dessein s du cabinet des beaux arts, & des sciences appartenant au Baron Te s s i n, Stockholm 1712 ; éd. commentée par Per Bjurström and Mårten Snickare, Stockholm, 2000. {46} . I n v e n t a i r e, page suppl émentaire. {47} . BMB, Ms. Pâris 6, p. 170, 19 avril 1772. {48} . I n v e n t a i r e, p. 6 ; BMB, Fonds Pâris, vol. 555-558. {49} . Weiss 1821 I, nº 155 et 156. {50} . Voir notamment C a y l u s , mécène du roi - Collectionner les antiquités au X V I II e s i è c l e, cat. exp., sous la direction d’Irène Aghion, Institut national d’Hi stoire de l’art, Paris, 2002. {51} . Lettre citée i n Pinon 2007 I, p. 30, note 135. — 95 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 96 Axelle Dav a d i e — 96 — — 97 PÂRIS Pierre-Adrien Pâris, architecte et dessinateur du Cabinet du roi, donna sa collection d’antiques à sa ville natale, par testament. La donation à la Vi l l e, qui constitue le premier article du testament de 1818 (« 1º à la ville de Besançon sa bibliothèque, ses tableaux et gravures, ses marbres, bronzes, médailles, enfin toute sa collection de curiosités »), ne mentionne pas explicitement la collection de vases antiques ou certaines pièces remarquables, tels la ciste en bronze ou le crâne offert par Canova à la suite d’une campagne de fouilles. La délibération municipale du 16 août 1819 (« [lègue] à la bibliothèque publique de la ville […] ses bustes en marbre, bas-reliefs, antiquités, terres cuites anciennes et modernes, ouvrages modernes en divers marbres, bronzes, médailles, modèles en bois, et généralement tout ce qui compose sa collection de curiosités ») est plus précise et met en relief la juxtaposition de pièces originales et de copies modernes. jugé sur ses antiques Ciste à trois pieds décorés, é t r usq ue, bois et alli a ge cui v r e ux, h. 38 x d. 35 cm. mb aab ( c at. 198) P i e r r e - Adrien Pâris, architecte et dessinateur du Cabinet du roi, donna sa collection d’antiques à sa ville natale, par testament. La donation à la Ville, qui constitue le premier article du testament de 1 8 1 8 (« Iº à la ville de Besançon sa bibliothèque, ses tableaux et gravures, ses marbres, bronzes, médailles, enfin toute sa collection de curiosités » ne mentionne pas explicitement la collection de vases antiques ou certaines pièces remarquables, telle la ciste en bronze ou le crâne offert par Canova à la suite d’une campagne de fouilles. La délibération municipale du 1 6 août 1 8 19 (« [lègue] à la bibliothèque publique de la ville […] ses bustes en marbre, bas-reliefs, antiquités, terres cuites anciennes et modernes, ouvrages modernes en divers marbres, bronzes, médailles, modèles en bois, et généralement tout ce qui compose sa collection de curiosités ») est plus précise et met en relief la juxtaposition de pièces originales et de copies modernes. Ce trait souligné par Charles Weiss, qui inventoria la donation pour le compte de la Ville, nous plonge dans la réalité des collections de cette période : en cette fin du x v iii e siècle et ce début du xix e , le marché de l’art en Italie et en France propose des œuvres antiques issues Tête humaine momifiée, trouvée « dans la tombeau de la famille Servilia, près du cirq u e de fouilles, qui ne sont pas à la portée de tous les amateurs. Ainsi, certains d’entre eux sollicitent des artistes contemporains pour de Caracalla à Rome » (Weiss I, p. 153) copier « dans divers marbres » les œuvres uniques et fort coûteuses é poq ue rom a ine ? 20 x 19 x 17 cm. bmb ( c at. 219) qui leur ont éch a p p é . FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 98 Stèle funéraire de Marcus Caecilius, Partie gauche d’une épitaphe en grec, au nom d’Asclépios. avec buste, Réutilisation (reste d’inscription latine au verso). é poq ue rom a ine, marbre bla nc, ii - iii e siè cle, marbre bla nc, 28,5 x 23,5 x 2,8 cm. 41,5 x 27 x 10 cm. mb aab ( c at. 215) mb aab ( c at. 218 ) Rituels de la mort 98 — La découverte de l’Italie antique et de l’archéologie est liée aux études Les vestiges d’époque romaine sont un peu mieux identifiés dans sa La collection d’antiques de Pâris renseigne sur les rituels de la de Pâris, qui l’ont conduit à faire le voyage vers Rome. Ces différents collection, qu’il les ait personnellement trouvés, comme les vases répertoriés mort dans les quatre civilisations. Certaines pièces témoignent de voyages en cette période – 17 7 1 - 1 8 17 – furent l’occasion d’approch e r par Weiss sous les numéros 233 (« un vase, terre cuite, à large panse, la pratique de l’inscription pour conserver la mémoire du disparu les fouilles, les objets, les marchands. Ainsi a pu être constituée une trouvé en 1809 dans les fouilles du Co l i s é e ») ou 234 (« un autre petit dans l’Antiquité aussi bien grecque et romaine qu’égyptienne. Ce s collection qui regroupe des objets des quatre civilisations – égyptienne, vase, terre cuite, trouvé en 1 8 1 2 dans les thermes de Titus »), ou non {1} . inscriptions sont riches d’enseignements concernant la vie des grecque, étrusque et romaine –, perçues comme le berceau de la Les pièces égyptiennes témoignent d’une curiosité aiguisée par les sociétés antiques, notamment la société romaine, du i e r siècle avant civilisation occidentale. découvertes de la campagne d’Égypte de Bonaparte et par les ventes J . - C. au ii e siècle après J.- C . Cette diversité reflète à la fois les centres d’intérêts de Pâris, mais aussi les de collections, mais peut-être peu conseillée. Les inscriptions latines sont composées de mots et d’abréviations, telles « D.M. » pour diis manibus (aux dieux mânes, esprits des morts) curiosités d’une époque qui voit fleurir l’archéologie grecque, romaine et égyptienne – ces deux dernières s’étant fortement développées sous Pour les quatre civilisations antiques, la collection comptait donc : seize ou « B.M » pour bene merito. Sur treize inscriptions, les lettres sont Napoléon Bonaparte, devenu Napoléon Ier. L’engouement des princes et peintures égyptiennes, huit statuettes, deux socles inscrits et deux rehaussées de rouge ; cinq sont inscrites dans un encadrement et, des élites pour les antiquités suscite des vocations d’archéologues et de empreintes en plâtre d’inscriptions hiéroglyphiques ; vingt-cinq pour l’une, le texte en dépasse les limites ; deux ont une feuille de marchands. Ces amateurs ont, par leurs achats, créé un marché de l’art inscriptions, dont huit sur briques romaines ; dix-sept inscriptions lierre entre le D et le M ; enfin, une seule présente un portrait du antique dans un contexte d’approvisionnement assez restreint, qui explique funéraires parmi lesquelles quinze sont rédigées en latin et deux en disparu, jeune homme par l’âge et adolescent par les traits reproduits. Un bon nombre d’entre elles sont données comme issues de le caractère parfois moderne de certaines pièces, que Weiss catalogua grec ; cinquante et une lampes à huile romaines, dont certaines sont cependant comme antiques. La collection de lord Hamilton était déjà décorées ; quarante-cinq statuettes romaines ; quarante-trois fragments c o l o m b a r i a, tombes collectives, ainsi dénommées parce qu’elles célèbre, grâce à la somptueuse publication par d’Hancarville, dont Pâris de reliefs romains ; dix antéfixes romaines ; vingt et un vases grecs présentent des rangées de niches évoquant un pigeonnier, et furent possédait un exemplaire. Pâris participe à ce mouvement et côtoie lors ou italiotes ; seize vases antiques, le plus souvent en bronze. Il faut très utilisées aux i er et iie siècles. de ses séjours à Rome des artistes italiens et étrangers férus d’antiquités. y inclure les copies modernes, dix-neuf objets d’aspect antique montés La plupart des inscriptions témoignent de liens familiaux : une fois, Seule compte la valeur marchande réelle ou supposée des objets. Il sur des socles modernes en marbre ainsi que des réductions de un père érige un monument à sa fille { 2 } ; trois fois, un époux à sa n’est donc pas surprenant que la provenance soit rarement mentionnée, monuments et des échantillons au nombre de trente-six – parmi ceux- femme{3}, une fois, un fils pour sa mère {4} et, une fois, un frère envers puisque la perspective des « archéologues », marchands et amateurs, ci trois clous, provenant du Panthéon pour l’un et du temple de la son frère. Lorsque l’inscription ne donne qu’un nom, on peut supposer n’était pas historique mais esthétique et mercantile. Paix pour les deux autres. que le défunt a pris soin lui-même de son monument. Ainsi en est-il Les fouilles que Pâris a pu effectuer à Rome (Colisée, sondage au Cette énumération d’apparence hétéroclite révèle le caractère de pour Eros Cinnamus valet de chambre, pour P. Fulvius Epaphra et, cirque Maxence) n’ont logiquement pas nourri sa collection de vases P â r i s : archéologue mais non antiquaire, il a récolté ou acheté des surtout, pour Philargyre, pictor (le peintre) {5}. grecs. Deux d’entre eux sont, en revanche, des cadeaux attestés : le objets communs qui devaient signifier à ses yeux le génie civil des lécythe à figures rouges lui a été offert par Dodwell, peintre britannique a r chitectes antiques et renvoyer une image de la société et de la vie de retour de Grèce et de passage à Rome, et le lécythe à figures noires des Anciens. Mais il a aussi dû penser que ces monuments serviraient par son neveu en garnison à Corfou, qui en fut l’inventeur lors de à l’édification des générations futures et, pour certains, de répertoires travaux de terrassement pour son bataillon. de formes. — 99 FLASH ADRIEN PARIS 9/09/08 15:02 Page 100 É p i g ramme funéraire en grec au nom de Popilia, en distiques élégiaques, é poq ue rom a ine, marbre bla nc, 24,5 x 43 x 3,5 cm . mb aab ( c at. 214) Dédicace funéraire de Calpurnia Haedia, é poq ue rom a ine, marbre bla nc, La société romaine {i e r siècle avant J.-C. iie siècle après J.-C.} 100 — 19,5 x 45,5 x 2 cm. mb aab, da . 8 6 3 . 3 . 4 — 101 Ces objets, fort communs aux yeux des collectionneurs et des amateurs L’inscription funéraire de Calpurnia Hedia et des siens révèle cette d’art, témoignent à la fois de la maîtrise technique des Romains et de pratique, puisque tous sont, comme elle, des affranchis d’un Le texte de l’inscription est réduit à sa plus simple expression ; seule La collection comporte aussi dix estampilles sur brique différentes par la la vitalité de leur économie. En effet, la brique semble remplacer le Calpurnius, portant le nom de leur ancien maître comme prénom. Leur exception, une inscription pour Popilia, en grec, donne plus forme – cinq rectangulaires et cinq circulaires –, toutes d’origine romaine. moellon à partir du début de l’Empire, ce que montrent les Castra statut est aussi précisé par la mention « C.L. », qui signifie Caii Libert a d’informations : la défunte s’adresse à son époux et en fait l’éloge, Les briques sont le plus souvent de forme carrée {7}. Elles sont appelées P r a e t o r i a sous Tibère en 2 1 - 2 3 après J.- C. Cet usage devient plus ou L i b e rt u s selon le cas : ce Calpurnius était prénommé Caius, prénom situation inverse de celles habituellement présentées dans les textes « bessales » lorsque leur longueur est égale aux deux tiers du pied romain perceptible tout au long du i er siècle, d’autant que les incendies dans fort répandu dans la société romaine. funéraires. Aux vertus éminentes du mari, dédicant du tombeau, (19 , 7 cm), « sesquipedales » lorsqu’elles correspondent à un pied et demi Rome et les destructions dues au Vésuve en Campanie imposent de La marque de l’affranchissement peut aussi être rendue par une autre s’ajoute l’expression de sa tristesse, symbolisée par les larmes, épandues (4 4 , 4 cm) et « bipedales » quand elles mesurent deux pieds (5 9 , 2 cm). reconstruire rapidement aussi bien des demeures privées que des formule que nous lisons sur l’inscription de Cantaber {11} : « L. » ou en torrent. La mort est perçue comme l’endormissement ultime de l’être Celles de la collection sont des fragments : elles sont toutes inférieures bâtiments publics. Leur fabrication quasi industrielle est plus rapide « LIB. » après son nom, suivi par celui de son ancien maître (« AUG » aimé, et non comme une rupture brutale. Le caractère précieux des aux briques bessales et leur épaisseur n’atteint pas le pouce, sauf pour et plus aisée à mettre en œuvre que les techniques anciennes de pour Au g u s t e ) . propos trahit peut-être une relation nouvelle à la mort. D.863.3.21 ; D.863.3.24 est épaisse de 3,9 cm et 8 6 3 . 3 . 17 de 4,3 cm. remplissage avec des moellons. De plus leur régularité formelle et leur Enfin, l’ascension sociale est indiquée pour le seul Caius Calpurnius Les fragments de cartonnage acquis par Pâris témoignent de la L’inscription court sur une à trois lignes selon l’exemplaire et le mode plus grande surface portante constituent des atouts précieux. Rufus, qui est membre de la tribu Collina. En une génération, cette momification à basse époque pour les défunts peu aisés. Parmi ceux- de titulature. Lorsque la forme de l’estampille est circulaire, les lignes Les vestiges ont révélé leur présence à tous les niveaux de construction{10} : famille d’affranchis entre dans la plèbe romaine, l’inscription dans une ci, les deux colliers ousekh sont les pièces les plus intéressantes : posés sont séparées par un tore. Le texte est composé principalement murs, encadrements de portes et fenêtres, arcs et plates-bandes décoratives, tribu conférant la citoyenneté. Le statut transitoire de l’affranchi est sur la poitrine du défunt, ils portent outre un décor floral en éventail, d’abréviations et les lettres ne sont pas séparées les unes des autres par voûtes et sols, ainsi qu’installations de chauffage des thermes ou des donc bien mis en évidence entre l’état précédent d’esclave et celui une effigie de Ptah-Sokar-Osiris, dieu de la Mort et de la Résurrection, une ponctuation. bains privés : ce sont les « pilettes d’hypocauste ». espéré de citoyen libre, inscrit dans une tribu et participant à la vie civique, politique et religieuse de sa cité et de l’Empire. juge lors de la pesée de l’âme. Sur quatre d’entre elles, les lettres de l’inscription sont rehaussées Enfin, la couleur de la brique dépend à la fois de la couleur de l’argile Les deux fragments de sarcophage éclairent la religion romaine ; l’un de rouge. Le plus souvent le texte est inscrit en relief. Enfin, sur deux et du degré de cuisson : ces différences chromatiques ont été mises à Les métiers représentés sont celui d’esclave vivant dans l’entourage représente le jeune Bacchus sur le dos d’une lionne accompagné par exemplaires d’aspect circulaire, une pastille anépigraphe délimite une profit dans la construction de la tombe dite « d’Annia Re g i l l a », où immédiat du maître – le valet de chambre – ou de peintre, sans qu’on un Satyre et Pan. Le fragment de lènos enfantine appartient à la série forme de croissant lunaire, dans lequel le texte est écrit. Cette pastille alternent des briques couleur jaune sable et jaune plus soutenu pour puisse déterminer s’il s’agit d’un peintre au sens propre ou d’un architecte de Prométhée. La provenance exacte faisant défaut, se pose alors la a été expliquée comme la marque laissée par la pince qui permettait les pilastres, l’entablement et l’encadrement des fenêtres… puisque leur formation incluait la pratique des différents arts {12}. question de l’origine de ces vestiges : sont-ils des panneaux de cuve à l’artisan de déposer la brique dans le four. Le ii e siècle, celui de la Pax ro m a n a, a vu l’apogée de cette production ou des fragments de couvercle ? R. Turcan choisit l’hypothèse du Trois estampilles circulaires portent un symbole appelé « signum », et la concentration des exploitations entre les mains de l’Empereur, sarcophage d’enfant en se fiant aux mesures du panneau, qui qui devait permettre une identification plus rapide et, dans un cas, le dans la région de Ro m e . révéleraient une cuve pour enfant, et à la thématique{6} des fragments, nom d’un esclave est associé de manière explicite : par exemple, « de Les inscriptions funéraires de la collection Pâris montrent la part qui met en scène des enfants pour représenter les jeunes années de Successus esclave » {8}. des affranchis dans la société romaine impériale : nous constatons Dionysos. Le rendu des personnages par la technique du pointillé et Une estampille{9} présente un relief animalier ; de gauche à droite, une que les hommes portent le plus souvent comme prénom et nom ceux par l’opposition de saillies et de zones aplanies confère aux œuvres oie, un canard sur un autel, une cigogne et une chouette identifiés par de leur patron, et conservent leur prénom d’esclave comme surnom ; une vivacité qui permet de les dater de la seconde moitié du iiie siècle Charles Weiss. les femmes prennent le nom de leur patron au féminin. après J.-C. et d’y déceler une veine populaire. En fait, nous avons ici une adaptation du thiase dionysiaque (cortège), image pour adulte, à un enfant par miniaturisation des personnages : c’est ainsi que les putti ou bacchoi participent au cortège, à la bacch a n a l e . Inscription funéraire d’Eros Cinnamus, é poq ue rom a ine, m a r bre bla nc, 11 x 22,5 x 2,5 cm. mb a ab, da . 8 6 3 . 3 . 2