Molière Tartuffe (1664-1669) Bibliographie — Sur Molière et Tartuffe

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Molière Tartuffe (1664-1669) Bibliographie — Sur Molière et Tartuffe
D. Guillaume
Molière
Tartuffe (1664-1669)
Bibliographie
— Sur Molière et Tartuffe, outre édition GF (intro, notes et dossiers) :
+ Georges FORESTIER, Molière, coll. « En toutes lettres », Bordas, 1993 (1990)
+ Patrick DANDREY, Molière ou l’esthétique du ridicule, Klincksieck, 2002 (1992)
+ Jacques SCHERER, Structures de Tartuffe, SEDES, 1974
+ Gabriel CONESA, Le Dialogue moliéresque, PUF, 1983
Introduction
— I. L’apogée de l’absolutisme : règne personnel de Louis 14 commence en 1661 > 1715
(à la mort de Mazarin, son parrain, et premier ministre pendant la Régence d’Anne
d’Autriche, sa mère).
+ 1) Lutte pour la suprématie européenne : orienté par souci de sécurité ms surtt de gloire
nationale (cf. querelle de préséance / ambassadeurs de Fr. et d’Espagne à Londres ; id. /
Vatican ; obtient primauté du salut à son pavillon sur la mer)
. a) Triple orientation de sa politique étrangère : préparer succession d’Espagne (G.
juridique et militaire), consolider frontières du nord et de l’est. première axe l’emporte
pendant période qui ns importe.
— Traité des Pyrénées / Espagne (1659 < fin G de Trente ans, dp. 35) : L14
épouse infante Marie-Thérèse, fille de Philippe IV < 500 000 écus d’or,
jamais versés : elle renonce à ses dts à la succession. Mort de Philippe IV >
Charles II d’Angleterre hérite du trône (il est beau-frère de L14 < Philippe
d’Orléans, frère de L14 a épousé la sœur de CII) : L14 réclame certaine
province des Pays-Bas > G de Dévolution des Flandres (1667-68) : au traité
d’Aix-la-Chapelle, remporte une 12aines de places, dont Lille, Tournai,
Douai.
. août 1667 : 2e représentation de Tartuffe = L’Imposteur, en l’absence du
roi qui dirige ses armées en Flandres > interdict° ss doute plus facile.
— G. contre la Hollande [Provinces unies] (< aussi concurrence : 1e puissance
commerciale européenne) + Allemagne (naissance d’un antagonisme ?) :
1672-78 > traité de Nimègue : gagne Valenciennes, Nancy (ms pas la
Lorraine) et surtt la Franche-Comté.
. b) Ds contexte éco défavorable, demande immense effort à la population
(modernisation industrielle + hausse d’impôts), ms accepté < communion ds culte
d’un monarque fort, en partic. après troubles de la Fronde (et comme contrepoids /
abus locaux des puissants : / dts, justice nott.).
+ 2) Centralisation du pouvoir intérieur
. a) Processus progressif, poursuivant effort de Richelieu surtt (même si Mazarin a été
le maître de L14 en matière politique), ms imposant un pouvoir personnel.
— Garde des hommes de Mazarin (Le Tellier à la guerre, Lionne pour la
diplomatie), ms se débarrasse de Fouquet (qui rêvait de succéder à
Mazarin) : arrêté et jugé àp de 1661 [cf. admiration et irritation àp fête de
Vaux-le-Vicomte 1661].
— Poursuit politique de nomination de bourgeois aux : cf. Colbert = Finances
ms tt, sf Guerre et Affaires étrangères > colbertisme = encouragement à une
production
nationale de qualité [soieries, tapisserie, verrerie : aides,
exemption fiscale, réglementt° / produits] (> baisse importt° )
. b) Surtt. mise en place (fixation) d’une monarchie administrative : intendants
(commissaires) ds les provinces, comme relais dociles de la politique d’État , nott.
pour l’impôt (≠ Parlements : certains même plus convoqués ; ≠ officiers : deviennent
de simples exécutants).
+ 3) Le roi et l’État règnent sur l’esprit et les arts
. a) L’état d’esprit de la cour se diffuse ds le royaume (ms provinces parfois à l’écart :
mal reliées…) : débuts joyeux d’une cour itinérante pendant les 20 premières années du règne
(St-Germain, Fontainebleau, Chambord > Versailles 1682), d’un roi volage et amateur de
fêtes. En 1667 : favorite devient Mme de Montespan.
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. b) Vie festive n’empêche pas nécessaire rigueur en matière religieuse : L14 en conflit
avec le Pape [/ régale ds années 70-80 : dt de percevoir certains revenus des évêchés]
> veut prouver son orthodoxie.
— Proximité de la querelle du jansénisme : Rome condamne (sur sollicitation
des jésuites) 5 propositions résumant l’Augustinus de Jansen (1653) >
Provinciales de Pascales 1656-7 > 1664 archevêque de Ps interdit Port
Royal > recherche d’un compromis… : 1669 Paix de Clément IX.
— Rayonnement de l’enseignement jésuite, nott. ds secondaire et supérieur (<
déclin des vieilles Universités) : leurs collèges protégés par L14, qui
accepte de donner son nom à celui de Clermont, à Ps (1682).
— Globalt., effort de la Contre-réforme commence à porter ses fruits :
amélioration de la pratique et de la formation des chrétiens.
. Cf. « conversion » des gds : dont Conti, protecteur de Molière.
. Intensité de la vie religieuse = aussi ds dérives satanistes. Cf. Affaire des
Poisons 1673-9 : empoisonnements liés à des pratiques de sorcelleries
(empoisonneuses = la Brinvillier, la Voisin [brûlée vive] ; Mme de
Montespan impliquée).
. Édit de Nantes jamais vraiment accepté par Église > révocation 1685.
— Entourage du roi : reine et reine mère très pieuses, proche d’un parti dévôt.
> roi dévôt àp de 1683 (mort de la reine + influence de Mme de Maintenon
[épousée morganatiquement par le roi 1684 + institut de St-Cyr]).
— . Ms ds sa jeunesse = opposition, en partic., à soc secrète la Cie du Saint
Sacrement de l’Autel (fondée 1627 ds mvt Contre-Réforme : noblesse
et hte bourgeoise luttant pour relig.) = soutenue par LXIII et Anne
d’Autriche ms opposition jne L14 < condamnation fête voire débauche
du jne roi + position ultramontaine + intervention ds vie des couples et
du gvt (agacement de Mazarin) [même témoignage — Père Rapin —
suggérant que Ttffe = commande de L14]
. c) Politique artistique de l’État.
— Volonté délibérée de L14 de marquer les esprits et la postérité par
construction de gds bâtiments : > Versailles (architecte Le Vau, peintre Le
Brun, jardinier Le Nôtre) = deviendra cadre d’un culte monarchique où
noblesse réduite à mendicité dorée.
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. Cf. aussi transfo. de Paris : jardin des Tuileries, portes St. Denis et St.
Martin (arc / triomphes du roi), église + hôpital de la Salpêtrière, hôtel +
dôme des Invalides (Mansart), places Vendôme et Royale…
— Commandes officielles orchestrées par Colbert = favorise style
« classique » > conseillers : JB. Lully (surintendant de la musique du roi),
Le Brun (premier peintre du roi), Chapelain (conseiller littéraire).
. Multiplication des institutions officielles : réorganisation Acad. fr (créée
1635) > Acad. de musique (1672 : opéra).
— II. Molière et la comédie
+ 1) Origines et formations : 1622-43
. a) Famille : né en 1722 ds famille de marchand tapissier (fils, petit-fils et petit neveu
de…) = riche famille commerçante apparenté à des musiciens fameux, les Mazuel.
— père achète en 1631 office de tapissier et valet de chambre ordinaire du roi ;
Molière en reprend les droit comme « survivancier » en 1637 > renonce à
cette charge en 1643 = rupture forte (pas de forte opposition du père, bq.
Mol mineur ; lui donne même avance sur héritage de sa mère, morte qd
avait 10 ans ; remboursera caution pour le sortir de prison qd Illustre th.
ruiné, dès 1644) > reprend survivance de la charge en 1660.
. b) Études :
— Gd lycée Jésuite de Paris (Collège de Clermont, futur LLG) : y fréquente de
futur « libertins » (Cyrano de Bergerac + pê leçon du philosophe
matérialiste Gassendi) > aurait entrepris une traduction du De Natura
Rerum de Lucrèce : date ? (trace ds qqs vers du Misanthrope : 711-28, 2.4).
— Étude de droit > licence
. c) La découverte du théâtre : (gd-père, farce, Illustre)
— Grand-père l’emmenait à l’Hôtel de Bourgogne
— A vu, voire fréquenté des farceurs français (accusation de ses détracteurs : a
été l’élève de Guillo-Gorju) > Tiberio Fiorelli, dit Scaramouche, s’installe à
Ps : Mol fait sa connaissance et pê se forme à ses côtés.
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— A fait connaissance d’une jne comédienne, Madeleine Béjart > 1643 choisit
le théâtre = fonde avec famille Béjart et autres comédiens l’Illustre théâtre,
dont prend la tête sous N de Mol. : succès 1643 (< rive gauche / deux autres
th parisiens rive dte : Marais, jouant Corneille + Troupe Royale Hôtel de
Bourgogne ; mais Marais détruit par incendie…) > échec 1644 (< Marais
réouvre ses portes…).
. Liens forts à la famille Béjart : ss doute bons acteurs + liens affectifs (chgt
de milieu / sa fam.) > énigme de son mariage avec Armande Béjart, 1662,
de 20 ans cadette de Madeleine (sa fille ? peu probabe tt de même < L14
acceptera d’être parrain / premier fils de Mol en 1664)
+ 2) Treize années de province : 1645-58.
. a) 1645-57 : La période Languedocienne et lyonnaise
— Mol et les Béjart ds troupe du duc d’Épernon, gvneur de Guyenne (Mol
dirige troupe àp 1650) + patronné par comte d’Aubijoux, lieutt gal du roi
pour le Haut-Languedoc > joue aux États du Languedoc + à Lyon, où voit
les comédiens ital, troupe recrute Marquise > la Du Parc (marié à un des
comédiens) ; et où Mol faut jouer sa 1e pièce, L’Étourdi (1653-4) [comédie
d’intrigue à l’italienne].
— 1653-6 : patronage du Prince de Conti (Prince de sang ; doit faire oublier sa
Fronde = accorde à la troupe son nom) : 1656 Mol crée sa 2e pièce, Le
Dépit amoureux
— > d’Aubijoux meurt de la syphilis et Condé se convertit (se rapproche de la
Cie du St Sacrement) : fin des gratifications.
. b) 1658 : cinq mois à Rouen (pour préparer venue à Paris)
— espère ss doute que Corneille lui confie son Œdipe, après six ans de
silence : échec < jeu « naturel » de la troupe, ≠ / trad de la déclamation
tragique.
— . certaine inimitié (malgré admiration de Mol.) : les Corn contre Mol /
École des femmes 1663 (> Mol moque Hôtel de Bgne in Impromptu de
Versailles 1663).
— Ms : Thomas et Pierre >Corneille très charmés par la « Marquise » Du Parc
> stances célèbres.
+ 3) Les premiers succès parisiens
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. a) Contexte : la comédie en 1660
— genres comiques populaires : farce de trad. fr. + commedia dell’arte.
— Comédies à l’italienne : comédie d’intrigue ds trad. antique (Plaute,
Térence) avec intégration de types empruntés à la commedia = jeunes
amants entravés par volontés d’un père tyrannique + aidé par un valet rusé.
— Comédies à l’espagnol : comédie d’intrigue, entre nobles cavaliers et
jeunes filles spirituelles (esprit < Esp. + comédies de Corneille) : ambiance
romanesque, héroïque ms humour des situations (quiproquo, jeux des
apparences, dialogues à double entente) + comique plus bas attaché au pers.
du valet ridicule (gracioso > rustre, ou hobereau, valet superstitieux et
couard).
— Comédies burlesques [rabaissement de types et situations tradt. élevés] (en
particulier de Scarron, joué par Mol.) = représenté surtt par Scarron [auteur
de comédie le plus joué par troupe de Mol.] = inverse proportion entre
romanesque et comique des pièces espagnoles : succès du farceur Jodelet >
le place au centre de l’intrigue, comme victime de bon tour (bourla) : cf.
1643 Jodelet ou le maître valet., 1647-50 Dom Japhet d’Arménie. [esquisse
de pers. satirique, moins individualisés vers 1630-40 : L’Esprit fort de
Claveret, Les Visionnaires de Desmarets]
. b) Un théâtre et de royaux protecteurs
— Patronné par Monsieur, frère du Roi, oct. 1658 troupe joue au Louvre :
Nicomède de Corn. > farce en 1 acte, Docteur amoureux = plaît au roi (Mol
ds rôle titre) > permet à Mol de se fixer : > 1660 [puis th détruit <
colonnade du Louvre] « troupe de Monsieur » partage avec les Italiens salle
du Petit-Bourbon (près Louvre) [ital jouent jours ordinaires : mardi,
vendredi, dimanche / Mol jours extraordinaires]
— 1661 : obtient de L14 salle du Palais Royal [construite par Richelieu 20 ans
av ; ruines ; toit de toile bleue > 1671] > 1665 devient « Troupe du roi »
avec pension.
. c) L’invention molièresque : Les Précieuses ridicules (1659), Sganarelle ou le cocu
imaginaire (1660) [pièces en un acte jouées surtout ap. tragédie de Corneille, Rotrou,
ou comédie burlesque de Scarron etc.].
— PR = synthèse particulièrement originale, et annonciatrice :
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. Comédie italienne = vivacité de l’intrigue + rôle des valets (même si ici
Jodelet et Mascarille plutôt balourds à l’espagnol : Sancho et DQ) /
Comédie burlesque de Scarron, L’Héritier ridicule 1649 [importance de
l’adj. + maxt joué par Mol.] = élt d’intrigue + dérision parodique des
comportements et langages.
. Alliance nouvelle entre effets de farce (outrance comique, répétitions
[pièce à sketches] + travail satirique sur types sociaux éminemment actuel
[comédie de mœurs] (outrance critique / dérive du type des honnêtes gens
incolores à la Corneille : ms vise noblesse de province, pour public
parisien ;)
— SCI = déplacement significatif
. Synthèse id comédie d’intrigue, de la farce (cocuage) et du burlesque
(vengeance héroïque annulée par couardise).
. Invention du pers. maniaque prisonnier de sa propre imagination [< et ≠
Scaramouche ital. : entre capitan et arlequin (composante de naïveté)] : cf.
même Sgan in École des maris 1661 (3 actes : labo / EF) > Arnolphe EF
>… Orgon Tartffe (ms aussi Alceste Misanth., Jourdain BG).
+ 4) Vers la grande comédie
. a) Détour par la comédie héroïque : Dom Garcie de Navarre ou le Prince
Jaloux (1661)
— Ambition d’impose sa troupe ds les genres les plus reconnus, et soi-même
comme auteur et acteur sérieux : ds genre interméd. inventé par Corneille
(Don Sanche d’Aragon 1649 = pièce ss péril ms concernant de gd
personnages) : échec.
— Occasion d’approfondir pers. prisonnier de sa manie > passages entiers ds
Misanthrope + vers ds Tartuffe, Amphitryon et Femmes savantes.
. b) 1663-4 L’École des femmes et sa querelle
— Première pièce originale en cinq acte et en vers > de + en + concurrent /
Hôtel de Bourgogne : querelle aussi < originalité esthétique + attaque /
positions morales et éducation traditionalistes : accusation de satire,
d’outrage / bnes mœurs.
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— Tj. synthèse entre comédie à l’italienne (couple de jeunes amants — Agnès,
Horace — entravés par barbon) et farce (th. du cocuage, tour que l’on fait
au cocu : Arnolphe = St. patron des cocus au MA) mais :
. Subordination déf. de l’intrigue amoureuse au délire du personnageobstacle.
. Approfondissement des caractères : Arn. = délire + riche bourgeois
entiché de noblesse : Agnès = jne fille naïve ms avec intelligence de
l’amour.
. Personnage du raisonneur (Chrysalde), proche d’une morale plus
galante, proche de l’honnête homme, idéal du naturel (souplesse et
transparence) > morale de la pièce + exacerbation du comique lié au
caractère central.
— Défense de Mol. / attaques in pièces en un acte : Critique de l’École des
femmes et Impromptu de Versailles (ce dernier demandé par lui et joué
devant lui) = juin et octobre 1663.
. Critique : contre attaque de la prude précieuse, petit marquis, pédant,
défense de Dorante = 1) ne rient pas des pièces de Mol ceux qui refusent
d’y voir représentation de leurs propres défauts < portée morale, gale, qui
excède chrge satirique 2) comédie est un art plus difficile que la tragédie <
exigence de ressemblance et épreuve du rire : « Lorsque vs peignez les
hommes, il faut peindre d’après nature. On veut que ces portraits
ressemblent ; et vous n’avez rien fait, si vous n’y faites reconnaître les gens
de votre siècle. En un mot, ds les pièces sérieuses, il suffit, pour n’être
point blâmé, de dire des choses qui soient de bon sens et bien écrites ; ms
ce n’est pas assez ds les autres, il y faut plaisanter ; et c’est une étrange
entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens. » 3) jugement naturel
de l’instinct et du bon sens vaut mieux que formalisme des doctes : [cour]
« du simple bon sens naturel et du commerce de tout le beau monde, on s’y
fait une manière d’esprit, qui sans comparaison juge plus finement des
choses que tt le savoir enrouillé des pédants. » > « la grande règle de toute
les règles » est de « plaire ».
. Impromptu : met en scène Mol lui-même > représentation comique du
jeu de l’Hôtel de Bourgogne + défense du jeu naturel.
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+ 4) Tartuffe (1664-69) et l’achèvement d’un système
. a) Tartuffe et sa querelle [4 étapes]
— 1> Première de Ttffe au cours des fêtes Plaisirs de l’Ile enchantée, 7-13 mai
1664 = officiellement dédié à Reine mère Anne d’Autriche et Reine MarieThérèse (en fait, à Mme de La Vallière, qui vient d’avoir enfant de L14)
. Troupe Molière participe à l’ens. des festivités. Princesse d’Elide joué le
8, Tartffe le 12 : en 3 actes > selon John Cairncross = substance des actes 1,
3 et 4 [ø 2 : dépit amoureux entre Mariane et Valère, et ø 5 avec cassette et
retournement final ; Ttffe veut empêcher mariage de Damis]
. Roi apprécie pièce ms en fait interdire représentations publiques :
intention Mol claire, ms trop de ressemblance entre fausse et vraie dévotion
(cf. Relation de 1664, Scherer 43).
— 2> Dvlppt de la querelle : 1664-66
. juillet 1664 : Mol. lit Ttffe au Cal Chigi, légat du Pape, qui l’approuve
(libéralisme ital. / théâtre…).
. août 1664 : Curé Roullé publie Le Roi Glorieux au monde où attaque
violemment Mol. = « démon vêtu de chair et habillé en homme, et le plus
signalé impie et libertin qui fût jamais », le voue à un supplice exemplaire,
voire au feu > premier Placet de Mol. au roi + la fait jouer en privé devant
grands du royaume (Monsieur, Prince de Condé…) + achève la pièce en 5
actes. Interdiction demeure.
. 1665 janséniste Pierre Nicole = Traité de la comédie
. 1666 ancien protecteur de Mol, Prince de Conti = Traité de la comédie et
des spectacles [cf. dossier 4, « Religion et théâtre »]
— 3> 5 août 1667 = suite à autorisation orale du roi (cf. 2nd placet p. 46) parti
guerroyer en Flandres [G. de dévolution], Mol fait jouer au palais Royal
nvelle version = L’Imposteur (pers. principal = Panulphe [sens N = capable
de tout, aventurier] + apparence non plus d’ecclésiastique mais d’h du
monde) en 5 actes. Très proche de la pièce définitive.
. Premier Pésident Lamoignon [responsable de la Police de Paris + ss doute
membre de la Confrérie du St. Sacrement] fait interdire la pièce le
lendemain, > 6 août archevêque de Paris interdit à tt chrétien de son diocèse
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(et dc au roi) de voir représentation publique ou privée, et même de lire
pièce sous peine d’excommunication.
. Vaine tentative d’intervenir auprès de Lamoignon, avec Boileau (qu’ils
aillent à la messe) > Mol fait porter au roi, par La Grange et autre acteur,
« Second placet ». En vain.
. > Lettre sur la comédie de l’Imposteur, par un proche de Mol (Donneau
de Visé ? La Mothe Le Vayer, libertin ami de Mol. ?)
— 4> 5 février 1669 : levée de l’interdiction royale + (même jour)
représentation de la version déftve de Ttffe. > 3e « Placet », de
remerciement
. Chgt du contexte politique et religieux : baisse influence du parti dévôt <
mort Reine mère et Prince de Conti + « Paix de Clément IX » janv. 1669
(réconciliation des jansénistes avec le Pape). Détente.
. Triomphe : 5 fév. = + gde recette jamais réalisée par Mol..
. b) Tartuffe et ses autres
— Avec certes satire poussée plus loin que jamais, Ttffe s’inscrit ds structure
du type École des femmes, renouvelant synthèse perso. des esthétiques :
intrigue à l’italienne (jnes amants Mariane et Valère, entravés par Orgon ;
soutenus par servante Dorine) + personnage central du maniaque prisonnier
de son imaginaire (Orgon / dévotion, qu’incarne Ttffe) lié au schéma de la
farce (mari cocu + femme + amant = prêtre libidineux ; scène des aveux à
double entente sous la table : cf. Lafontaine, farce-ballet 1659 Les Rieurs
du Beau-Richard [toux] > 1665 Conte d’une chose arrivée à ChâteauThierry) ds gde forme exigée par promoteurs des règles (5 actes + vers)
avec exigence réaliste (lieu passe à l’intérieur d’une famille bourgeoise au
complet).
. Pers. du maniaque aveugle (prisonnier d’une représentation des
apparences) + imposteur (manipulateur des apparences) = double infraction
à la règle du naturel évident, de la transparence : apparaît clairement
(« comédie orientée » Dandrey) < raisonneur clair, = Cléandre.
. Dénouement par forme de deus ex machina (« exempt » qui vient arrêter
Ttffe de la part du Prince) : s’oppose aux fins par reconnaissance,
inhérentes aux comédies à l’italienne (Avares, Fourberies) > succède à un
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blocage qui permet triomphe momentané du ridicule ou de l’imposteur >
nécessité d’une résolution par passage à un plan supérieur.
— Après première interdiction de Ttffe > 1665 Mol se lance ds pièce à
machine = Dom Juan : genre explique bien des particularités (étrangetés,
pour ns) de la pièce (nott. rupture unité de lieu + élts fantastiques : matérieu
= tragi-comédie esp., ital. et fr.) : « grand seigneur méchant homme » ds
schéma farcesque (scènes répétitives, svent passivité / contraintes imposé
par les autres) + punition finale, ms aucun discours n’est clairement opposé
à celui de l’imposteur, manipulateur des apparences (« comédie ouverte »
Dandrey) > représentations de la pièce brutalt. interrompus malgré gd
succès + jamais éditée du vivant de Mol..
. Pratique de l’éloge paradoxal par DJ (/ inconstance, hypocrisie) > interro.
/ éloge de la dévotion par Ttffe (et ceux de son parti) = contamine son O
— 1666 Le Misanthrope = achèvement du processus d’intériorisation de la
comédie : comédie de salon (comme Critique et Impromptu), surtt jne
soupirant et pers.-obstacle ne font qu’un (Alceste dénonçant usages du
monde aime veuve coquette Célimène) + démultiplication du raisonneur :
Philinte l’honnête homme ms aussi Alceste lui-même (> brouillage du sens,
équilibre comique précaire — malgré traits d’Alc. à la Arnolphe : amour
des vieilles mœurs et vieilles chansons — : comédie ouverte).
— 1668 L’Avare : schéma habituel (moins œuvre limite que DJ et Mis.) =
approfondisst du caractère central (avare + amoureux), enracint social ;
originalité ds choix de la prose.
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+ 5) Vers un spectacle total ?
. a) La comédie-ballet
— Invention = 1661 Les Fâcheux, (3 actes) à l’occasion de la fête donnée au
roi par Fouquet ds son nveau château de Vaux-le-Vicomte.
. Nvelle synthèse : idée < placer entrées de ballets ds entracte de la
comédie. Évolution = rapport croissant des deux composantes (> fusion,
subllimation : Bourgeois, Malade).
. Élts farcesque à nveau : répétition d’un effet central = Éraste veut
rejoindre belle Orphise, ms empêché par divers importuns (marquis, musicien,
danseur, duelliste, joueur, précieuses, chasseur [idée fournie par L14]) [= élts de
satire sociale]
— Succès : aussi goût de L14 pour la danse > dansa lui-même 4x ds 2e comédieballet de Mol = Le Mariage forcé 1664 (carnaval) [+ aurait dû danser ds
Amants magnifiques 1670].
. Un des plus gands succès carrière de Mol. = Psyché, tragédie-ballet à
machines joué aux Tuileries 1671 (versification achevée par Coneille : 1100
vers en 15 jours…) > Palais-Royal.
— Genre qui, outre petite farce, alterne avec tvl sur grande comédie : cf.
. comédies ballets galantes : La Princesse d’Elide 1664, Mélicerte 1666,
Amphitryon 1668 (à machines > en musique simplt)
. comédies-ballets comiques : L’Amour médecin 1665, Le Sicilien ou l’amour
peintre 1666, Monsieur de Pourceaugnac 1669, Le BG 1670, Le Malade
imaginaire 1673.
— Fin carrière de Molière = renversement de proportion entre comédies unies et
comédies ballets : pas seulement < commandes royales. Projet esthétique =
s’imposer ds art nveau qui réunirait musique, danse et théâtre. Cf. :
. 1671 = fait transformer th du Palais Royal pour l’adapter aux représentation
avec musique et machines > intention à long terme.
. 1672 = Lulli obtient privilège de l’Académie de musique (opéra) avec
interdiction aux autres théâtres de monter pièces chantées et dansées : ne pouvait
viser de fait que Molière (< Lulli connaissait ses projets : projet d’association >
concurrence ?).
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. b) Seconde morale ou permanence d’une synthèse ?
— Changement d’esthétique < déplacement de la morale moliéresque : cf.
thèse Georges Defaux, Molière ou les métamorphoses du comique (1980)
[largement repris par Forestier].
. Jusqu’à Tartuffe et Don Juan : harmonie entre politique royale et projet de
Molière, jouant rôle du fou du roi disant la sagesse < repose sur même
alliance entre ordre étatique instauré contre tt contre-pouvoir, milieux
galants élaborant nvelle pensée morale (honnêteté), et littérateurs héritiers
de l’humanisme : ennemi = ordre catholique porté par la Contre-Réforme
prônant stricte observance des préceptes religieux, morale répressive contre
tte évolution des mœurs. Mol. glisse du privé (ÉF) au politique (Ttffe).
— Mol. se plie alors à déf. trad de la comédie comme sanction des
travers moraux, des infractions / norme sociale acceptée sans discussion
[dogmatisme].
. Crise ap interdiction de Ttffe et étouffement de DJ (échec / intervention
d’un régulateur supérieur, d’ordre divin) = constat / impossibilité de
corriger une société par théâtre qui aurait tj. raison : cf. Alceste, qui doit se
retirer du monde. > seule solution = divertissement : ne pas dissiper
l’illusion des maniaques ms les conduire > folie, donnée en spectacle au
monde (BG, Malade).
— Sagesse plus joyeuse et moins liée à l’ordre social et moral
[scepticisme].
— Autre thèse (Dandrey 1993) = permanence d’une synthèse entre aspirations
contradictoires de la comédie classique.
. Ambition « qui voulait que la comédie donnât à la fois à rire par la
déformations caricaturale du réel et à penser par sa représentation
vraisemblable » (cf. Plaute / Térence) > synthèse entre comédie bouffonne
(farce) et comédie miroir (d’intrigue, ou à la Corneille) = « rire de
vraisemblance », où le comique ne détourne pas du réel vers des fantaisies
douteuses, mais vaut comme révélateur de ridicules essentiels à l’homme.
Déformation comique = schématisation révélatrice, représentation la plus
transparente possible d’outrances qui appartiennent au réel.
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— Ridicules et maux les plus graves = manquer de naturel, céder aux
puissances du faux : trouble ds la représentation (image) des autres
et de soi (manque de transparence), involontairement (maniaque,
chimérique) ou délibérément (hypocrite) + manquement à la
souplesse et à la convenance des pensées et comportements(≠
dogmatisme et fanatisme).
. Permanence d’un mode de pensée qui est une recherche pragmatique de
sagesse (très comparable / Essais de Mont.), à partir de la relecture
humaniste et chrétienne des philosophie antiques [cf. Dandrey 302-12] :
stoïcisme (plus en vogue ds les années 30-40 [cf. Corn.]) > ds années 60
plutôt épicurisme (Gassendi : foi prolonge sagesse ds satisfaction de
l’intelligence et des sens) + Scepticisme (La Mothe Le Vayer : ami de Mol
et auteur supposé de la Lettre sur la comédie de l’Imposteur ; soumission à
la foi pê simple conformisme d’apparence, permettant recherche
d’harmonie tte humaine ds maîtrise de soi +/- donnée par la nature).
— permanence du stoïcisme, cf. Tartffe : Cléanthe = philosophe
stoïcien (331-232 av JC), dont vers > Sénèque > St.Augustin >
transposition française par La Fontaine pour une traduction parue de
La Cité de Dieu en 1665 : théologie rationnelle où Dieu apparaît
comme ordonnateur suprême de l’univers et des passions, qui sait
faire la lumière ds les âmes > cf. position du pers Cléante [apprend à
Orgon à voir clair, comme conseiller stoïcien chez riche romain (cf.
Foucault Le souci de soi), trier fausse / vraie monnaie comme le dit
Épictère (I.5, 318-22, 331-38) ] + discours de l’Exempt 5.7 (190626).
— Ms. : pensées dogmatiques à envisager tj. comme moyen d’une
recherche morale qui se fait au travers de moyens théâtraux (drame
et relations entre les pers. ≠ discours d’un porte-parole : parabase [=
disc. du coryphée (chef de chœur) par lequel auteur fait part de sa
position].
14
15
— III. Classicisme et comédie
+ 1) La place du public
+ 2) Les règles de la représentation
+ 3) Le problème de la comédie
16
TARTUFFE
Acte 1, scène 1
Une exposition indirecte et dynamique
— Sc. d’expo. singulière ds œuvre Mol. :
+ Dynamique : In medias res = plongée immédiate ds pbmatique familiale
. ≠ tendance archaïsante (cf. th. médiéval) à un db. d’exposition abstrait, par débat sur
pb. théorique max de la pièce : cf. Arnolphe et Chrysale / éducation des filles et cocuage
(EF.), DJ et Sganarelle / séduction (DJ. 1.2), Alceste et Philinte / mondanité (Mis.), sœurs
Armande et Henriette / amour et esprit…
. Charge de réalisme : ambition mimétique-satirique (amorcée par PR : satire
farcesque des mœurs, > EF. analyse de la soc. (manie de la noblesse + enjeux de l’éducation)
= affichée par plongée ds l’intérieur (spatial : « à Paris » > v6 « vous sortez ») d’une famille
bourgeoise (et sur mode non farcesque, alors que pas haute société : ≠ jeunes oisifs de
Corneille).
— cf. grand nbre de personnages = contribue à la vivacité du dialogue
(alliance de fantaisie verbale — farce — et de réalisme, l’un alimentant
l’autre).
+ Amorce d’une exposition longue et discontinue : communication + rétention
d’information ; à l’image d’un protagoniste dissimulateur ?
. 1.1 Identité des pers. + rôle de T. ds la famille
. 1.2 Org entiché de T [+ a servi le roi]
. 1.3 Valère veut épouser Mariane (opposition T) + Damis semble aimer sœur de
Valère
. 2.1 Org veut unir Mariane à T
. 3.3 Désir de T pour Elmire (même si annoncé par Dorine 1.1, 84)
— > pbmatique = technique d’un réalisme comique dynamique + de l’exposition (/ intrigue et
caractères)
— 1) Mme Pernelle ou le ballet critique (v. 1-40)
+ a> Un lieu critique = urgence, pour MP, de le quitter au plus vite (< insupportable) : 1-12.
17
— tension dramatique de toute la scène = pourquoi cette urgence + quand MP
sortira-t-elle finalement (retenue par ses ennemis = sa famille).
— Met sur scène un pers. qui remet en cause le mode de vie de la famille, et
dont l’enjeu est de savoir s’il restera ou non ds maison (milieu bourgeois
qui apparaît donc comme lieu de tensions extrêmes) : annonce rôle de T.
(en l’inversant < proclame tt ht son désaccord + vivacité comique des
échanges).
. Attaque dynamique 1-2 :
— V. de mvt. + N propre burlesque (cf. suffixe diminutif fréquentatif « -ote » :
marotte, fricote, papote…) sans explication (implique exposition par
costume)
+ anaphorique (déictique) « eux » désignant collectivité à
déterminer-préciser.
— « eux » > « on » = (valeur de galité ou collectivité) fonction aussi de
didascalie : met nécesst comédiens en mvt. + déclenche langage directt en
action (avec le corps) [≠ T : lge comme contournement, détour de l’action]
. Confrontation avec Elmire 5-12.
— V. 5 MP pose condition de la scène = arrêt du mouvement — lequel
symbolise en même temps relation MP/Elm : imposer une limite (spatiale
comme morale)
. Principe de base de l’exposition = chaque pers. interpelé par sa
position ds la famille (> identification par le spect. : « bru » / « mère »
[attitude respectueuse]) : fonction informative + efficacité comique <
répétition (farcesque) des portraits satiriques (cf. grand principe de Mol au
moins depuis les PR) + personnalité excessive de celle qui les brosse
(caractère colérique : cf. Orgon, et souvent les maniaques, souffrant pas
contradiction ds le réel).
. Allégresse du mvt.
— V. 7-12 = pose registre moral + chute burlesque qui la disqualifie qq peu.
. Lex. moral (qui sera celui de T.) : « édifié », « leçons », « respecte »
. Chute burlesque : « cour du roi Pétaud » = locution usuelle (fam ?)
avec effet de réalisme + léger fumet farcesque [scato + rabaissement du
personnel tragique] (≠ lge galant des protagonistes cornéliens ou à l’esp.,
ms pas non plus balourdise de gracioso ou jodelet…)
18
+ b> Une galerie de portrais charges : 13-40 (série croissante / pers. qui en disent de plus en
plus : de plus en plus êtres de disc. ds la pièce).
. 13-15 Dorine : radicalisation du comique de répétition précédent (et amorce de la
suite)
— Interruption de la réplique = désarticulation très forte du vers
(exceptionnelle chez un C. > mvt poursuivi par Mol. : correspond à aucune
frontière métrique)
— Reproche MP à tous de trop parler (dès 11) / c’est elle qui vocifère et coupe
la parole à ts.
— Cela étant : déformation comique n’empêche pas que s’esquisse
schématisation des divers caractères (spect doit rétablir justes proportions à
travers la caricature : divertissement + appel à l’intelligence) > ici = rôle (à
l’italienne) des valets rusés + certaine franchise pataude rustre (à
l’espagnol : bon sens de Sancho > cf. Sganarelle DJ) [une des oppositions
fortes / MP et son camp].
. 16-24 Damis et Mariane : mise en place du contexte familial (enfants d’Org.) +
critiques symétriques
— Indication précise des identités : 16sq « mon fils » + « mon fils, votre
père » [1e mention le place déjà sous tutelle, familiale et morale] / «votre
grand-mère » > 21sq. « sa sœur » [1e possessif anaphorique à la P3 = trace
un camp des ennemis / MP : amorce isolement d’Org]
— Reproche d’excès d’incorrection (« tourment »/ « garnement ») >
de
dissimulation (« discrète »/ « doucette » [une Agnès] > « sous chape » : cf.
T sous la table + désir de dévoiler Elm…) = comique ds systématicité des
reproches (satisfaction impossible).
. 25-40 Elmire et Cléante : approche des sources d’autorité (raison, moralité) de la
pièce > famille par alliance.
— Caricature ds systématicité des reproche (épanchement colérique : absence
de mesure) : 2x « tout » 26
— Elm. seconde femme d’Org. [qui n’a pas fait comme Arnolphe : vie
reconstruite avec personne autonome ≠ se forger femme soumise >
éclairage sensé : Org.] : forme de marginalité (pas lien de sang / Damis et
Mariane)
19
. Reproche rigoriste de MP se précise : ennemie de la galanterie (morale
de cour : cf. « princesse ») = cf. / dépense + effort de séduction [implique
femme ménagère et modeste comme la désirait Arnolphe, justt : morale trad.] =
indice aussi : ce qui frappe MP attirera T..
— Clé : [de nouveau anaphore par P3 : autre camp] critique la plus élaborée =
commence par éloge (à double entente ? respect probable < cf. réserve,
atténuation de ses propres paroles à la fin) > rejet radical appuyé par
référence à Org. = qu’il n’entre pas (renversement / mvt. initial = sortie de
MP : enjeu = présence et contrôle / « céans »).
. caractérisation 37 comme h des « maximes » qui ne seraient pas faites
pour « honnêtes gens » = le pose en raisonneur de la pièce + jeu / deux sens
possible de l’honnêteté : rigueur morale / savoir vivre mondain (cf. rime :
savoir « vivre » ≠ savoir « suivre »).
— 2) Apparition verbale de Tartuffe (v. 41-84)
+ MP reste au centre des échanges, ms croisements des autres groupes (Dorine / DamisMariane / Elmire-Cléante) : alliance (trad ds comédie, ms ici pas / intrigue amoureuse) entre
servante et fils de famille [disc. // > réponse de MP : sur la défensive = renversement des
proportions de parole].
. > après séries de portraits, portraits croisés d’un même homme : gde diversité
+ 41-44. T. divise la famille :
. « Votre Monsieur T » dit Damis à MP > impersonnalisation « il faut que l’on… » +
opposition du « je » / « vous » ms rattaché à un type gal = « fou » [diffusion prosodique en
contexte : souffrir, courroux, fou, vous] < paradoxe de l’aveuglement, qui ne voit d’égarement
que chez autrui.
. Jeu sur « bienheureux »41 : non pas saint, mais bien heureux, heureux des biens de ce
monde > abstraction morale édulcorante de MP 42 : « homme de bien »
+ 45-54. T et le pouvoir
. Usurpation d’un pouvoir tyrannique (46) (opposé au « nous » de la famille 47),
direction des consciences et des vies > imposition d’une loi totalitaire (détermine « crime »,
décide de « tout » et de « rien » = préparation des actes 4 (4.7 = T s’est emparé de la maison)
et 5 (5.7 T vient faire arrêter Org > est arrêter lui-même : ordre du monarque absolu)
. De nveau style répétitif et tautologique de MP : 52 « contrôle » + « contrôlé »
+ 55-66. T et la société : une position usurpée
20
. Colère de Damis (comme Org. ; ss doute < amitié de Valère, au mariage duquel avec
Mariane T semble s’opposer + trace d’une ancienne opposition de T / mariage de D avec sœur
de Valère) / « pied plat »59 [h du peuple] > charge de Dorine sur basse extraction de T,
« gueux » ss soulier
— inconvenance essentiel ds rapport au pouvoir : « se méconnaître » / « faire
le maître » = erreur / justesse de sa nature [≠ régner ds cette famille] >
pouvoir forgé, et non donné.
— De nveau : pointe (paradoxalement) aveuglement = chez T : critique
profonde, et compréhensive, de son erreur (et non celle d’Org, le vrai
maître…)
+ 67-84. Les dessous de la dévotion : T, le Ciel et Elmire
. 69-72 Dorine dénonce puissance suspecte de T < ses origines (absence
d’origine,obscurité : aventurier [de grand chemin]) : « fantaisie » + « hypocrisie » + absence
de « garant » [à la fin : Org. se porte garant / son ami qui lui confie papiers > Prince garant
pour Org…]
— T garanti par les maniaques : MP > Org. = leur aveuglement lui est une
garantie.
. MP : colère des autres, pécheurs < sainteté que prêche T : cf. bis du « Ciel » (53 >
78), comme T. par la suite.
— tournure singulière, inconvenante / « intérêt du Ciel » = intéressement du
Dieu d’amour, ou de la Providence, omnipotente : T ne peut supposer l’une
et déterminer l’autre ; T s’attribue (MP attribue à T) pouvoir indu
(diabolique…).
— « se courrouce » : cf. Org, Damis, MP = trop humain / douceur évangélique
. D. = suggère première fois inclination charnelle (amoureuse) de T [cf. du « zélé » 51
au « jaloux »84 : détournement d’enthousiasme et de rigueur] ; zèle possessif d’h /
femme qui ne lui appartient pas.
— 3) Des réputations problématiques (v. 85-140)
+ MP appuie sa critique / train de vie de la maison sur opinion (ragots) de gens dont Dorine
fait la satire correspondant à leur médisance : chacun voyant chez autrui le défaut dont il est
affublé, et qu’il ne peut apercevoir sur lui-même.
21
. 103 sq. Daphné et petit époux / intrigues114 + 118 sq. Orante / vieille coquette
devenue prude et dévote avec l’âge.
. = critique de Mol à ses adversaires depuis CEF : + détermination de sa cible max =
aveuglement (MP > Orgon).
— 4) Sortie de Mme Pernelle : un comique fanatique (v. 141-171)
+ Renverse critique de médisance et inconduite sur sa propre famille.
+ Registre religieux de condamnations violentes (> entre le comique et inquiétant) : « malin
esprit »152, « Babylone »161, « fous »165
. > manifeste elle-même violence, par geste et parole : soufflet à Flipote, sans raison >
injure « gaupe »
. comique aussi < immobilité ds cette agitation, qui se clôt comme elle a commencé.
22
Acte 1, scène 4
Apparition d’Orgon
— Fct° des scènes 1.2 et 1.3 :
+ 1.2 : Cléante et Dorine restent seuls > D. dit ses 4 vérités (reprend et exacerbe) / Ttffe, et
en particulier ds sa relation à Orgon
. O. courageux et partisan du roi pendant Fronde (181-2)
. O. comme amoureux de Ttffe :trouble amoureux = lien de l’aveuglement et de la
libido / id de l’hypocrisie et de la concupiscence > Ttffe :
— mange beaucoup
— tire de l’argent d’Orgon
— reprend fs de la maison / coquetterie
+ 1.3 : retour d’Elmire, Marianne, Damis
. Elm. a vu Orgon dehors > mont l’attendre ds sa chambre : seul Cléante et Dorine
reste (autres ne font que traverser la scène > confrontation restreinte à O, après scène gale /
Mme P. [variation + condensation : plus de discussion possible, après nécessité d’une
exposition large et allègre]
. Damis craint manœuvre de T contre mariage de Marianne et Valère, dont il aime
sœur.
— interruption par arrivée O,
— Situation
+ > Spectateur informé des intrigues principales de la pièces (italiennes / couples + caractère
/ Ttfe et le clan Orgon) qd O arrive : complément de MP (comme opposant / famille d’Elm et
O) + amorce de Tfe.
. Attente créée / Org. = celle de T + porte sur intrigue.
— Pbmatique (cf. plan ci-dessous)
+ À la fois découverte pers O et T : couple du fanatique et de son maître reconstitué de part
et d’autre du disc de D, en présence de Cl (comme juge) > voir (plan styl, énonciatif et
23
dramatq) : fonctionnement exact ce la critique de T et de la dérision comique d’O que celui-ci
met en œuvre (mode burlesque + gravité de la thématique religieuse).
— 1. Arrivée d’O : une double parole (énonciation décalée) (224-28)
+ a) 223. Salutation cordiale et familiale
. Probable spontanéité du naturel (1e mot = interjection) : pas mauvais bougre
— contraste (comique) / crainte dont il est précédée
+ b) 224-5. Cléante ou l’honnêteté
. Fausseté de politesse : « joie » (cf. 215 = veut pas perdre de temps avec lui)
[humanité du raisonneur : pas un mannequin didactique].
. Amadouer le colérique > parle de pluie et du beau temps [≠ situe action en hiver —
ou db. de printemps rigoureux] [campagne ss doute < O en revient…]
+ c) 226-30. Mise en place d’une énonciation à double-fond
. O s’adresse à D [souci de maître de maison] + institue C en spectateur auditeur du
dialogue (227-8) = pers silencieux, témoin (de moralité) qui pourra relayer critique de D sur
registre plus sérieux 1.5.
— annonce aussi, à la dissimulation près, dispositif de la scène centrale
(dialogue Elm/T + O sous la table) : nécessité, pour que vérité sorte d’un
échange, qu’il soit donné en spectacle à qqn. = forme de th ds le th…
— 2. Le récit de Dorine (229-258)
+ a) Questions gales d’O. : 229-30
. Indique durée de son départ (bref, et non expliqué : propriété à la campagne ?) +
— Remise en jeu du « céans » pbmatique
— Question sur « on » qui peut cacher plus de précision
. > dispositif comique très simple et systématique : nart° de D > question de O / T >
récit de D > « Le pauvre homme ! »
— Mécanique farcesque de la répétition (hypnose maniaque d’O, réagissant à
rien de ce qui concerne E + obsédé /T ; obstination de D qui continue récit /
E, comme si O, en bon mari, s’en préoccupait) + contraste (contenu du
récit / exclamation de O).
— Force de l’effet comique : < aussi contraste / monde réaliste mis en place
(relations familiales nuancée + univers de discours différencié) = dérapage
24
vers l’invraisemblance, l’outrance (puissance sup ms écho / celle de Mme
P).
— Structuration de la répétition : ordre chronologique (attaque de vers par
indication chrono : « Le soir »235 > « La nuit »241 > « À la fin »249) +
progression ves plus de gravité (besoins éltaires).
+ b) Maladie et santé : 231-235
. D / Elm : discours lié (phrase verbal), corps noble (« tête ») et abstraction
(« concevoir »)
— Interro possible sur cause de ce mal : souci ? éloigner Tfe ?
— Pose note grave dès le db de la comédie (comme à sa fin : presque
tragédie…)
. / T : disc. + contrasté
— Une phrase verbale brève entre deux Nales.
— Répétition < étonnt choqué face à la question de O : condensation de sa
présence obsédante [ds propos O et ds tte la pièce : obsession des
concsiences] + comique ds sens possible (ital tartufo = nez / tromperie) et
suggestions de ce nom (tarte, truffe) ; comique de répétition : centralité
d’un O onomastique ridicule.
— Registre corporel, assumé par la servante [possible de ne pas prendre son
disc à la lettre — emploi de comédie] : plénitude de chair ≠ dévotion + état
d’Elm. ; > sensualité basse (avidité = qui ingère : cf. fin / héritage et
maison)
. opulence aussi ds forme : rime233-4 avec paronomase, « merveille » /
« vermeille »
+ c) Dégoût et nourriture : 235-241
. Évaluatifs de D / Elm : « grand », « cruelle »
. Moins / T = plutôt laisse parler les faits
— ironie (antiphrase) / « fort dévotement »239 [dévotion à la perdrix, à la
chair, et bon au ciel]
— abaissement matériel : quantité [sous le signe de la dualité : 2, 1/2] +
décomposition [texture] de la chair elle-même (« hachis »)
25
— Suggestion autre péché de chair possible (en plus de cruelle indifférence :
maladroite, même, invraisemblable / hypocrite = gloutonnerie en fait un
type farcesque) : T « tout seul » avec Elm au souper
+ d) Veille et sommeil : 241-249
. Intégralité de nuit blanche s’oppose à la moitié de gigot ; surtout sommeil impossible
s’oppose à absence de lucidité d’O [et pê, de recul critique — de conscience — de T]
— surtout : implication d’un « nous » = gpe se resserre autour d’Elm.
. Nvelle variation critique / T :
— Opposition « pressé » / « agréable » (contrainte / plaisir) : fait mine ds un
premier temps de reprendre vision doloriste d’O/T.
— Liste de ses lieux de plaisir (tj. le concret / + abstrait Elm) : « table »,
« chambre », « lit »
+ e) Sang et vin : 249-256
. Nuit d’Em s’achève en véritable Passion [JC + apôtres : « nous » — Elm s’immolera
presque à T pour le salut de ts, et nott d’O] (repas, mauvaise nuit, aube douloureuse…)
. Poursuite ironie par antiphrase doloriste (« reprit courage »252, « contre les
maux »253) > éclate en paradoxe :
— compenser saignée d’Elm en buvant du vin (possessif « Madame » / « son
déjeuner ») : dérision / dogme de la communion des saints (prière des uns
valent pour les autres) + quasi suggestion blasphématoire / Eucharistie
(boire du vin pour compenser mort du Christ : ce que font les prêtres…)
. Rigidité comique des répliques d’O = font jouer dispositif énonciatif + trouvent
pertinence croissante
— Ne comprend pas (ou veut pas comprendre) ironie provocatrice de D :
n’entend pas le même énoncé que D, Clé et public = objet d’un
rabaissement comique (regard critique sur l’inconscient du groupe =
comme O sur T qd sous la table)
— Récit de D montre de plus en plus que T = un « pauvre homme », relevant
pleinement de l’humaine condition.
+ f) Sortie : 256-258
. D réunit enfin deux fils narratifs dont O ne suivait qu’un seul (dialogue de sourd :
comique par refus des règles de communication)
26
. Fin de l’ironie > critique aussi un manque de charité (ss parler d’amour…) : dureté
des fanatiques (sincères ou non), qui apparaîtra fin
27
EXPLICATION 7
Molière, LeTartuffe (1664-1669)
— Acte des confrontations, pour T : après III, qui achève exposition — avec désir de T pour
Elm > conséquence = préripétie : Damis déshérité + donation de tous ces biens par O à
Ttfe > contre-attaque du clan de la raison (famille autour d’Elm) :
. 1.1 Retour de Cléante > vain appel à la raison de T, qui répond hypocritement.
. 1.3 Orgon apporte contrat de mariage / Mariane > Elmire lui propose de dévoiler
vraies menées de T à O en cachant ce dernier sous la table.
. > 1.4 Elm fait venir T : contact = lui dit que ne s’est refusé à lui que par pudeur
complaisante, opposition au mariage < jalousie et modération de Damis < protéger T
> phase de conflit : T veut des preuves matérielles (« réalités »1466)
— Struct. :
+ 1467-96 Tyrannie du désir et accommodement du Ciel.
+ 1497-1506 Le jeu des secrets
+ 1507-27 La feinte et l’expulsion (> phase exhortative).
— Pbmatique : mise en scène d’une révélation de la vérité destiné à l’aveugle < articulation
d’une théâtralité perverse et d’une mise en scène honnête qui doit en faire apparaître le mal (à
sa victime…).
— 1. 1467-1496. Tyrannie du désir et conciliation du Ciel.
+ a) 1467-76 Elm. oppose à T rigueur de son désir
. Double entente : / T = refus modalités, et non principe (interprétation possible comme
éloge antiphrastique, coquette minauderie), / Org = établit cette violence tyrannique.
— th du pouvoir légitime qui court ds pièce : cf. O « père absolu »2.3, p 78 >
intervention princière finale
28
. Tirade en deux temps principaux (< patron phrastique récurrent) : contrer assertion de
T par modalité qui la suspende (la répète en la caractérisant : qu’O comprenne bien…).
— « que » intensif + prop (modalité exclamative) : S = « votre amour » >
caractérisation par violence croissante des termes : « trouble », « furieux »,
« violence »
— « Sied-il de » + infinitif (exclamative) > même principe (« rigueur », « sans
quartier »,
« abuser »
+
amorce
d’une
inflexion
religieuse
de
l’argumentation : «faiblesse » (amoureuse, et humaine)
+ b) 1477-84. Elmire oppose à T. le jugement divin : phase de blocage et de déplacement
de l’opposition, cf. succession d’abord de questions + surtout de réplique en « Mais »
(opposition / conséquence implicite), à quoi se superpose enchaînement « Si » + argument
d’Elm > infinitif = conséquence qu’en tire T. > « Mais » + argt d’Elm.
. 1477-8. Conséquence logique propos d’Elm = qu’elle cède.
. 1479-84. Elm en appelle à autorité qui sert de référence (verbale) à T, et qui s’oppose
à la toute puissance du désir : Ciel.
— 1480 dimension verbale : cf. « vous parlez »
— 1481 sq. propos d’emblée sacrilège de T, qui minimise le sacré, maximalise
son propre pouvoir (position du malin : tentateur) + rapproche « mes
vœux » / « votre cœur ».
— 1484 Se conforme à la logique de T. : précède sa logique pour qu’il la
dévoile [appui sur opinion + rime « peur »/ « cœur » cf. Orgon 1.5 /
Cléante] ; cette compréhension montre forme de proximité > caractère
subversif de la pièce = distance au divin est possible ds l’honnêteté
[distance / autorité relig.].
+ c) 1485-1492. T. dévoile une logique jésuitique.
. 1485-88. Oppose l’habileté — pragmatique — sociale et morale à la rigueur : rime
« ridicules » [cf. Précieuses ridicules = se conformer au jugement du monde] / « scrupules »,
et « contentements »/ « accommodements ».
— Articulation sacrilège, en début de vers, des S. « Je » et « le Ciel » (85-87, avec
« Madame » en pivot) > relayé par « on » = le monde, invoqué par Elm., devient communauté
des habiles (ou : anonymat étrange du « je » = force quasi satanique ; cf. Faust de Marlowe
1588-1601 [pacte avec le diable] et surtout DJ. de Molière 1665]).
29
— Force transgressive > didascalie où l’auteur croit nécessaire de préciser à son
lecteur son jugement moral sur le personnage ; déchire rideau de la théâtralité, court-circuite
énonciation enchâssé de la scène (dramaturge-pers.-spectateur) : tournure présentative
suppose un « ce n’est pas moi » — en se dédouanant de l’immoralité du pers., explicite prise
en charge morale de la pièce et réassure son lien au public des honnêtes gens.
. 1489-1492. Morale jésuite de T. : « science » (1489) de la casuistique qui permet
direction d’ « intention » (1492).
— possibilité humaine d’agir pour obtenir grâce divine = poussée très loin par
prédication jésuite : parti régnant à l’époque, par opposition aux jansénistes (cf. critiques de
Pascal in Provinciales 1657).
— adj. imprécis (« divers besoins » = domaine de la faiblesse charnelle) et caractère
allusif de l’article indéfini (« une science ») = reprend toute une rhétorique du louvoiement
par l’indéfini (« certains contentements »1487 , « des accommodements » 1488)
— écartèlement des instances entre impersonnel (« Il est » : autorité) et première
apparition de la P1 du pluriel par possessifs « notre » (1490, -92 : domaine d’application) ;
dévoile au spectateur vanité de son argumentation < « intention » sans « pureté ».
+ c) 1493-96. T. découvre sa position sacrilège : passe de l’argumentation à l’injonction.
. Succession des phrases s’accélère et se durcit (une proposition [SV], puis deux par
vers) = après méandre du raisonnement, T ; en vient au but : soumettre l’autre à son désir.
. Hypocrisie ds logique du « secret » = par rhétorique de l’indéfini — que prolonge
1493 le « on », et l’emploi du futur qui repousse à plus tard toute explication —, tout
éclaircissement se voit de fait refusé : revers noir du sacré (même étym. : séparation), à
l’opposé de toute « pureté » transparente ; discours de séduction = d’une autorité mystérieuse,
qui prétend contrebalancer omnscience et omnipotence divine.
. Enlever tout pouvoir à l’autre : marques syntaxiques = restriction « ne …que » 1494,
impératifs 95, PN. indéfini « tout » // « moi » (fin d’hém.)96.
. T. se place, par son discours, en position de toute puissance = révèle aussi que cette
puissance est celle du mal (antéchrist libidineux 96 : prend le mal sur lui ≠ salut, =
assouvissement).
— 2. 1497-1506. L’illusion du secret : jeu des sons et des corps.
+ a) 1497-1501. Renversement de la maîtrise.
. Vain déploiement verbal de T. / efficacité de la toux d’Elm. = dispositif d’une mise en
scène (valeur d’aparté), qui rappelle que ds tte cette scène, Org. = présent, et destinataire.
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— comique ds opposition successive des registres (argumentation / éructation)
comme, ds toute lascène, ds leur simultanéité = Org. sous la table (farce, comique de geste et
de situation) / savants discours de T. (comique de caractère) ; « grande comédie » Mol. =
comique symphonique….
. Paradoxe de cette scène centrale, où le dissimulateur se dévoile, et où les honnêtes
gens dissimulent = fonction traditionnelle du théâtre ds le théâtre (double illusion donne
vérité : cf. La Souricière, in Hamlet) ; représentation (farcesque) comme moyen de vertu
(castigat ridendo mores) : Orgon vrai destinataire, invisible aux personnages = comme le
public / pers. de la pièce ds son ensemble (connu d’Elm : actrice et dramaturge de la scène ; ≠
personnage).
— Orgon = aussi le pers. stupide qui se laisse abuser par l’opinion et par les
apparences > le déniaiser : comme un public idéalement innocent — pure position à laquelle
ne peut s’identifier aucun spectateur.
. Par sa toux, Elmire rappelle aussi présence des corps.
— jeu grivois possible (cf. registre farcesque de la scène) autour du « cornet » du « jus
de réglisse » 1498 > « tous les jus du monde » 1500 : entre « rhume » d’Elm. et désir de T. =
carnaval des humeurs.
— plus simplement : sur scène concrètement, geste de T. vers E. > approche passe des
mots aux gestes.
. Moment possible de suspens dramatique :
— « supplice » 1497 : peut rappeler calvaire du Christ (sens lat. de sacrifice aux
dieux) + rime comique / « réglisse » ; ms surtout appel possible à Orgon : situation limite =
elle pourrait céder, et lui intervenir.
+ b) 1502-1506. Morale mondaine de T. tournée en ridicule.
. Étrange effacement énonciatif (ø « je ») ds opposition du « secret » 1503, su
« silence » -06 / « éclat » 1504, « monde » -05 : maximes (clausule sur formule), discours
d’opinion.
— implication morale : critique possible d’une critique du théâtre = l’insupportable est
le dévoilement ; mal accepté si pas publié > réponse par avance au parti dévot, en s’appuyant
sur société courtisane : « la règle de toute les règles est de plaire » (Critique de l’École des
femmes, 1663).
— comique de situation < croit partager un secret
— 3. 1507-1528. Elmire : la feinte et l’expulsion
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+ a) 1507-19 Elmire ou le jeu des responsabilités.
. Réitération de la toux = signale à Org. importance de ce qui vient d’être dit (appel à
intervention…) + duplicité de ce qui va suivre (Jkbs. : fonction expressive, conative [contact]
et pê phatique [action sur l’autre]).
. 1507-10. Dans consentement apparent, mise en jeu de soi « je » (07,8,9) = en tension
avec formulation impersonnelle (« Il faut » 07, 08) et « on » (1510) qui succède au « vous »
(1508) pour désigner l’autre.
— lecture possible = double sens : celui qui ll’oblige à céder = T., mais aussi Org., qui
ne veut pas comprendre.
. 15011-16. Longue période argumentative, pour conclure à ce qui a déjà été dit au
départ.
— Ampleur de l’architecture (phrase la plus longue de la scène), hyperhypotaxe :
concession + coordination (« Sans doute » « et » : 2v.) > opposition (« mais ») > double
expression de la cause évidente + coordination (« puisque » + « puisque » + « et » : 3v) >
conclusion brève(« il faut »).
— Embarras ? Gagner du temps ? Prolonger torture d’Orgon (cf. « les gens » 1516)?
— Complexité du jeu PNal : cf. deux « on » 1514 n’ont pas le même référent (1e = T.
ou Org. ; 2e = Elm. ou tous ceux qui tentent de prévenir O. des menées de T.).
. 1517-1519. Échos paradoxal à la tirade de T.
— 1518. Relative sans antécédent (périphrase) laisse ouverte attribution de la
responsabilité de la faute : tj. travail d’allusion qui compte aussi sur l’esprit du public (écriture
de la complicité).
— 1519. Clausule à la P3 s’oppose au v. 1496 de T. = rime en « moi », mais ici pour
se défausser du mal ; tour de force < scène organisée par Elm. , qui — comme Molière —
veut simplement montrer ce qui est, et se trouve pê débordée par les réactions que cela
provoque.
+ b) 1520-27 Vers une entrée en scène d’Orgon
. Nouveau changement de rythme : alternance de répliques après tirade > progression
plus rapide de l’action.
. Élément d’une inversion des rapports de force :
— Elm. coupe la parole à T. (1520)
— Usage dense de l’impératif (4x : 1521, 1527-28) > le chasse.
. Malignité de T. concerne à présent le faux absent de la scène, qui apparaît à présent en
discours : O. Double stratégie :
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— Elm. parle d’O. < se défendre, gagner du temps + < provoquer O. en lui faisant
entendre de que T. pense de lui: faire sortir T. permet de faire entrer le mari en scène = vers
une résolution de la situation.
— cette résolution = passage de l’autorité religieuse, biaisée, à l’autorité familiale, qui
l’emportera : caractère « bourgeois » de ce théâtre +assomption d’une morale immanente (hs.
règlent leurs affaires entre eux ; Roi tient lieu de Dieu : fera arrêter Tartuffe < service rendu
par Orgon pendant la Fronde = présente alliance de la bgeoisie avec le roi contre la noblesse).
. Ambivalence de cette sortie de T.
— anticipe ce que sera son sort : chassé de la maison
— manière de montrer d’abord qu’il est partout (« galerie » 1522 = lieu de passage et
de dissimulation).
— Pour l’heure : fonction dramaturgique (faire sortir O de sous la table) + faux
contrepoint / emprise de T (fait chasser Damis > peut faire chasser tout le monde fin
4)
— Scène pivot de la pièce = montre une société sans innocence
+ Point max de l’action proprement humaine (≠ politique à caractère divin acte 5) : mise en
scène théâtrale (mise en abîme de la pièce) > que le ridicule se montre lui-même (mise en
situation, clarification de ce qui appartient à la nature).
+ Avant qu’un envoyé du Prince dénoue la situation comme un deus ex machina (fait arrêter
T., qui prétendait faire arrêter O.): de même que c’est l’intervention de L14 qui sauva pour
finir la pièce et permit son succès.
+ Si la foi n’est pas attaqués de manière aussi frontale que dans DJ., combat de l’hypocrisie
par la ruse montre du moins la difficulté de croire et le pouvoir de la représentation.
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