Récupérateurs de chaleur dans l`engraissement de poulets?
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Récupérateurs de chaleur dans l`engraissement de poulets?
AVICULTURE SUISSE Visite d’installations d’échangeurs de chaleur en Allemagne et en Autriche Récupérateurs de chaleur dans l’engraissement de poulets? Avec l’augmentation du coût de l’énergie, la récupération de chaleur dans l’engraissement de poulets est d’actualité. Des articles de la presse spécialisée allemande et autrichienne ont donné le déclic pour qu’une délégation suisse visite de telles installations en Allemagne et en Autriche et discutent des premières expériences avec les utilisateurs. Un groupe composé de personnes de R. Inauen AG, Micarna SA et Aviforum, a visité deux exploitations d’engraissement en Allemagne et en Autriche avec deux différents types d’échangeurs. Les prises de contact et l’organisation ont été assurées par la maison R. Inauen AG et Ruedi Zweifel, Aviforum, qui possèdent les relations nécessaires à l’étranger. Economie d’énergie En Suisse, dans les années nonante, des halles d’engraissement de poulets de 900 m2 ont été construites sans que l’aspect du coût énergétique soit suffisamment pris en compte. Avec l’augmentation du prix de l’énergie, la récupération de la chaleur redevient une préoccupation. Pour la plupart des engraisseurs Micarna, cette question déjà actuelle dans Air sortant du poulailler les années huitante a été bien résolue par l’installation d’une cheminée mixte pour l’entrée et la sortie de l’air avec récupération d’énergie. Dans la conception des halles récentes, le renouvellement de l’air est nettement plus important; à cause des dimensions du bâtiment, l’air entre et sort à différents endroits. En outre, la production d’un petit nombre de récupérateurs de chaleur n’était plus payable. Pourtant, le principe de la récupération de chaleur est fort simple. L’air du poulailler chauffé à 33 degrés en début d’engraissement est évacué à travers des plaques ou des tubes. En sens inverse, on aspire de l’air frais qui absorbe une partie de l’énergie sortante. Cette technique a continué à évoluer et nous disposons aujourd’hui de récupérateurs de chaleur de nouvelle conception. Air frais préchauffé Air froid de l'extérieur Schéma d’un récupérateur de chaleur (source: Big Dutchman) Photos: la halle d’engraissement de l’exploitation Bachinger (A). AS 9/11 Exploitation Brumbauer, Loiching (D) La famille Brunbauer a débuté dans la production de volaille il y a 3 ½ ans dans une halle de 1’700 m2 (20 m x 85 m). La construction massive est faite de murs en éléments préfabriqués en béton de 7 m de large avec une isolation intérieure de 14 cm. Des ouvertures sont prévues pour les clapets d’entrée d’air et les fenêtres qui représentent 3 % de la surface au sol. L’air est chauffé par des canons à gaz et est évacué par des cheminées en toiture. Sous la toiture couverte de tuiles, une isolation de 8 cm est fixée. Toute la surface du pan sud est recouverte de panneaux photovoltaïques. Les poulets sont engraissés à un poids cible de 2.24 kg et un taux d’occupation de 39 kg de poids vif par m2 de surface. La litière est constituée de paille hachée à raison de 1.2 kg / m2. Installé ultérieurement, le prototype de récupérateur de chaleur de la firme Moser est d’une conception simple et fonctionnelle. Il est posé sur une dalle en béton et doit être raccordé directement à la fosse à purin pour assurer l’évacuation des eaux de condensation et de lavage, environ 10 à 12 m3 d’eau par série de 40’000 poulets. La capacité du récupérateur est calculée en fonction de la grandeur du poulailler. En fonction durant les trois premières semaines de vie Le récupérateur de chaleur fonctionne durant les trois premières semaines de vie car 95 % des frais de chauffage concernent cette période. Ensuite, selon la température extérieure, le récupérateur ne marche que pendant la nuit (Source de toutes les photos dans l’article: Reto Koch, R. Inauen AG) 7 AVICULTURE SUISSE pour maintenir la température intérieure. Lorsque le débit d’air augmente et que le besoin de chaleur des bêtes diminue, la ventilation s’effectue normalement par des ventilateurs en toiture et des clapets d’entrée d’air en paroi. Lorsque le récupérateur fonctionne, l’air chaud porteur d’énergie évacué par un ventilateur central est pulsé à contrecourant dans l’échangeur à croix. L’air frais réchauffé est acheminé dans la halle par deux ventilateurs. La régulation est assurée par la ventilation minimale (0.5 m3 par bête et par heure) du microprocesseur déjà mis en place pour la ventilation. Le climat du poulailler et la litière sont nettement améliorés durant la saison froide. La litière qui reste sèche durant toute la durée d’engraissement évite qu’on en remette, ce qui simplifie le travail. L’amélioration de la structure de la litière se remarque surtout avec l’augmentation de l’âge des bêtes. Il n’est pas nécessaire de nettoyer le récupérateur de chaleur en cours d’engraissement. Après le départ des poulets, un nettoyage complet à l’eau doit être effectué, environ 45 minutes sont nécessaires. Il n’y a pas encore de chiffres officiels sur la rentabilité car le prototype est en exploitation seulement depuis une année. Exploitation Bachinger, Aistersheim (A) La famille Bachinger exploite une halle d’engraissement de volaille toute neuve de 2000 m2 (20 m de largeur et 100 m de longueur). Le récupérateur EARNY de Big Dutch- Photos ci-dessus: le prototype de récupérateur de chaleur de la firme Moser sur l’exploitation Brumbauer (vue de l’extérieur et de l’intérieur); à droite: les deux entrées d’air (à gauche et à droite) et l’aspiration d’air (au milieu) sur la paroi intérieure du poulailler. mann livré sous la forme d’un container a été installé sur une dalle en béton à côté de la halle. La livraison et le montage ont été effectués par l’entreprise Sterrer de Gaspoltshofen (A). Avec ce type d’installation, l’air chaud est prénettoyé grossièrement au moyen de cartouches de filtres à air avant d’être évacué à travers le récupérateur de chaleur. L’air froid qui entre est ainsi réchauffé avant d’être pulsé dans la halle. A l’intérieur de la halle, seules les ouvertures d’entrée d’air et les clapets de sortie d’air sont visibles. Techniquement, l’installa- Photo: le récupérateur EARNY de Big Dutchman sur l’exploitation de Bachinger (Autriche) 8 tion est d’un très haut niveau. Elle est facilement accessible pour le nettoyage et l’entretien. Pour cette installation également, les résultats économiques ne pourront être analysés qu’après une année. Conclusions et marche à suivre Sur la base de la visite et des premières expériences de nos collègues allemands et autrichiens, nous allons faire examiner si la mise en place de tels équipements pour les halles existantes ou les nouvelles halles est rentable en Suisse. Encore peu de données objectives sont disponibles sur le rendement, le coût et le potentiel d’économies. Les premiers résultats révélateurs pour la pratique ne seront disponibles qu’au printemps 2012. En tous les cas, au vu des améliorations techniques actuelles, les récupérateurs de chaleur sont redevenus un thème d’actualité dans l’engraissement de la volaille. Ils pourraient apporter les avantages suivants: • consommation d’énergie plus faible (jusqu’à 50 %) • amélioration du climat • litière plus sèche • pas de travail supplémentaire pour AS 9/11 AVICULTURE SUISSE Photos: sur la paroi intérieure du poulailler, on ne voit que les clapets d’aspiration d’air (en gris) et les tuyaux qui acheminent l’air réchauffé pulsé depuis le container (en bleu). apporter un supplément de litière en cours d’engraissement. D’autres conditions importantes comme une utilisation aisée, un service simple, un nettoyage facile, mais aussi la possibilité d’adapter la puissance du récupérateur à la taille de la halle sont à prendre en compte. Pour les conditions suisses, il faut prendre en considération les aires à climat extérieures, alors qu’à l’étranger, les halles sont fermées. L’équipement de halles existantes AS 9/11 avec des récupérateurs de chaleur est relativement simple. Il faut construire une dalle en béton pour poser le container, créer une fosse d’environ 5 m3, ou poser une conduite qui relie une fosse existante pour évacuer les eaux de condensation et de nettoyage Un échange régulier d’informations au delà des frontières devrait nous permettre de disposer d’une bonne base de décision d’ici un à deux ans. Andreas Berger, Micarna SA 9