du piment dans les yeux 030516
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du piment dans les yeux 030516
DU PIMENT DANS LES YEUX Cie AnteprimA Texte Simon Grangeat Recherche documentaire préparatoire Olivier Favier D’après le témoignage de Mohamed Zampou Commande d’écriture de la Cie AnteprimA Création 3 et 4 novembre 2016 au théâtre de Vienne Coproductions Théâtre de Vienne, scène conventionnée La Scène Nationale Le Merlan, Marseille L’Arc, Scène Nationale Le Creusot Accueil Studio au Centre Chorégraphique National de Nantes Le texte a reçu l'Aide à la création du Centre national du Théâtre La Cie AnteprimA est soutenue par la Drac aide au projet, la Spedidam, la Région Auvergne Rhône Alpes, la Ville de Lyon, la Gare Franche. Distribution Mise en scène, Antonella Amirante Regard chorégraphique, Mickael Phelippeau Avec Fatou Ba, Léna Dia, Jean Erns Marie Louise, Mohamed Zampou Création vidéo-son, Nicolas Maisse Création lumière, Gabriel Guenot Scénographie et costume, Elsa Belenguier Administratrice de production, Frédérique Yaghaian Film documentaire "Du Piment dans les Yeux ou la soif d'étudier - Itinéraire d'un jeune africain" par Acte public compagnie soutenu par le Centre national du cinéma et de l'image animée - CNC les chaines de télévision 2 Rives TV et Ma Chaine Étudiante - MCE TV 1 Notes d’Antonella Amirante L’émigration des côtes d’Afrique vers l’Europe est un des sujets que je voulais porter au théâtre depuis déjà quelques temps sans trouver le texte qui me permettrait d’aborder ce drame contemporain avec le regard que je souhaitais. Je cherchais un angle précis pour le faire mien et partager l’histoire de cette immigration. Une histoire qui me permettrais de trouver la nécessité de la création. Après tout, le théâtre n’est-il pas le moment où les singularités entrent dans l’Histoire ? C’est lorsque, j’ai rencontré Mohamed que le projet a commencé à prendre forme et trouver tout son sens, comme une évidence. C’est Olivier Favier qui nous a présentés. Je connais Olivier depuis plusieurs années, j’ai eu l’occasion d’apprécier son travail de journaliste, de traducteur ainsi que son engagement sur les problématiques de notre société. Le drame de milliers de personnes anonymes, pour lequel je compatissais avec distraction, « noyé » au milieu des informations quotidiennes, est devenu un visage réel et concret. L’histoire d’un enfant qui trouve sa force de vie dans son envie d’apprendre. Après ces 3 jours, j’ai su que c’était à travers le récit de Mohamed et du regard pétillant et plein de vie d’un adolescent que je pouvais porter cette Histoire tragique de notre temps au théâtre. La personnalité de Mohamed, son ouverture, son désir de partager son histoire et d’écouter les autres, son envie aussi de mélanger dans sa philosophie du quotidien le meilleur de deux cultures si différentes, sa force de vie, d’aller de l’avant, nous aide à mieux comprendre tout ceux qui risquent la mort pour la vie. J’ai demandé à Olivier Favier de recueillir le témoignage de Mohamed et à Simon Grangeat d’écrire le texte. Lyon, le 25 octobre 2015 Nantes, le 21 avril 2015 Le 21 avril 2015, premier jour de printemps, il grêlait à mon arrivée à la gare de Nantes. Le 21 avril 2015, tout le monde attendait de voir le passage de la Lune dans l’ombre de la Terre et en France le ciel était couvert. Le 21 avril 2015, a été pour moi le jour d’une belle rencontre et le début d’une histoire humaine et artistique : j’ai fait la connaissance de Mohamed. Pendant trois jours, Mohamed m’a raconté son voyage, ses rêves, sa soif d’apprendre et de vivre plus forte que tous les dangers. Aujourd’hui le texte est écrit et Mohamed sera avec nous sur le plateau ! … Il y a eu, la rencontre avec Mickael Phelippeau au Merlan qui fait parti aussi de la « Bande » de Francesca Polionato. Son travail sur l’approche de l’autre, son expression théâtrale à partir du corps, son regard respectueux sur les jeunes qui se préparent pour le grand écart vers leur monde d’adultes ; c’est le compagnon de voyage que je cherchais pour tenir en équilibre sur cette « frontière ». Antonella Amirante 2 Le Texte Je veux croiser ces deux chemins – deux raisons de partir et deux destins différents. J'ai envie de donner corps à ces deux personnages, en me permettant d'aller un peu plus dans l'intime que ce que je fais d'ordinaire dans mes textes. La question des frontières et des migrations (clandestines ou non) est un des sujets qui traverse mon écriture régulièrement. Et plus que tout, je souhaite faire de ces deux jeunes gens non pas les victimes de notre monde, mais les héros de leur histoire. En 2011, j'ai écrit Terres closes, texte fragments faisant état des différentes barrières élevées, physiquement ou administrativement, pour contraindre et empêcher les mouvements de population (des extraits de ce texte ont été publiés en 2014 dans la revue Le Bruit du monde). L’achèvement de ce texte ne me donnait pas pour autant le sentiment d'en avoir fini avec cette problématique… Et le monde n'avait pas encore été saisi des flots d'images en provenance de Turquie, de Grèce, de Hongrie, etc. Simon Grangeat Au printemps 2015, Antonnella Amirante, metteuse en scène de la compagnie AnteprimA, m'a raconté l'histoire de Mohamed, un jeune homme parti seul de Côte d'Ivoire jusqu'à Nantes, dans le seul but de continuer ses études. Le récit de son aventure, ainsi que la singularité de son parcours m'ont tout de suite intrigué. J'ai aimé immédiatement cette quête, ce désir si intense qu'il lui fait braver tous les dangers. Et je me suis mis à écrire. Dans la réalité, l'histoire de Mohamed se termine bien, le jeune homme étudie actuellement dans un lycée nantais. Mais plus je cheminais dans les débuts d'écriture, plus j'avais mauvaise conscience de raconter les milliers de vie abîmées ou sacrifiées par le voyage à travers l'exemple d'un seul qui s'en tire. Un documentaire d'Olivier Jobard, grand reporter spécialiste du sujet, m'a offert un début de réponse. Dans ce film, une jeune femme, crâne rasé pour se faire passer pour un homme, chaussures bricolées avec deux bouteilles de plastique, regarde droit la caméra afin que sa famille puisse la voir. Puisse voir la dureté du voyage. Sa déchéance (ce qu'elle considère elle-même comme). Résumé Du piment dans les yeux est l'histoire croisée d'un jeune homme et d'une jeune femme, tous deux partis sur les routes pour tenter l'aventure d'une vie meilleure. Elle fuit la guerre, lui est mû par une inextinguible soif d'apprendre et de continuer à étudier, qui le rend capable de braver tous les dangers. D'une séquence à l'autre, nous suivons en alternance le parcours de ces deux jeunes gens qui affrontent notre monde et – sans résignation – luttent pour se construire une existence digne. Du piment dans les yeux commence légalement et finit sans papiers, commence sous le ciel d'Afrique et se termine dans des rues de France. Entre les deux : les exils, les fuites, la débrouille et surtout, l’irrésistible envie de ne pas subir. Le second personnage Du piment dans les yeux, Inaya, est né ainsi. 3 NOTE D’INTENTION SCENOGRAPHIQUE Pour la grande traversée un seul bagage est indispensable pour survivre ; un jerrican à eau. Une multitude de jerricans constituera le décor : un mur modulable, surface de projection, pour créer un banc ,une table, un bus, un pick-up, une frontière, un mur de barbelé, une carte géographique … Une fenêtre peut s’ouvrir pour nous laisser voir la main de Mohamed qui salue sa mère restée à regarder le bus partir… Scénographie pensée avec des éléments de récupération, l'espace s'interroge sur l'équilibre, la fragilité et le parcours des corps. Des jerricans d'eau forment un mur, des véhicules, des ponts et des routes pour permettre aux corps des danseurs/comédiens de se mouvoir et de traverser la scène. De l'eau, du plastique comme autant de corps échoués envahiront le plateau, devenant des visages, des fenêtres sur l'ailleurs avec le travail de l’image. Il s'agit de penser la scénographie comme un parcours, dangereux mais aussi fragile, chemin qui avec l'utilisation d'un objet unique tisse un lien entre le « là bas » et l' «ici ». Elsa Belenguier Les histoires et les parcours de Mohamed et Inaya avancent en parallèle au début de la pièce. Deux routes qui se construisent au fur et à mesure des histoires (peut être des sentiers de jerricanes), deux parcours en équilibre guidés par les pas du chorégraphe Mickael Phelippeau. Comme dans les jeux inventés par les enfants, quand ils disent que « si on tombe et si on pose un pieds par terre, on est mort et éliminé » ; mais pour Mohamed et Inaya ce n’est pas un jeu, c’est la survie, c’est la vie ! Deux parcours différents qui se croisent pour continuer ensemble sur une seule route. Le mouvement comme une évidence pour laisser respirer le voyage et faire résonner le récit, comme complément de la parole pour aller de l’avant, comme langue universelle. 2 jeunes comédiens dans le rôles de Mohamed et Inaya 2 comédiens /conteurs (H/F) pour raconter l’histoire et interpréter tous les autres rôles. Plus le voyage avance plus les mots sont portés par Mohamed et Inaya ; ils prennent en main leur vie, leur destin et le texte pour le raconter ! Antonella Amirante 4 MOHAMED, ITINÉRAIRE D’UN ENFANT DOUÉ, PAR OLIVIER FAVIER Mohamed aura dix-huit ans en juin. Né en Côted’Ivoire de parents burkinabés, il a parcouru quelques 7000 kilomètres en un an avec pour seul objectif de pouvoir étudier. Orphelin de père et de mère, mais moralement soutenu durant son voyage par sa « petite maman », il habite aujourd’hui à Nantes, où il est le premier de sa classe au lycée. 5 ÉTRANGER PAR NAISSANCE. Mohamed sourit: «Je suis né en Côte d’Ivoire, mais je suis burkinabé, le pays des hommes intègres.» Nous avons déjeuné ensemble, à Nantes, chez des amis communs, une maison simple et chaleureuse, avec deux chats, des livres, et ce qu’il faut de désordre pour se savoir en vie. «Il faut que tu rencontres ce garçon, m’avait dit une militante locale au téléphone, il a traversé l’Afrique pour aller à l’école.» Nous sommes assis au salon, la chatte a sauté sur ses genoux, puis elle bondit de nouveau sur le dossier du canapé, juste derrière lui. Alors que je sors mon cahier, Mohamed feuillette un album illustré, qui doit parler de sciences ou d’histoire, un de ceux qu’on offre ici aux jeunes adolescents, un livre comme il n’en a pas eu. Je vois son regard qui se déplace agile sur la page, il a déjà quelque chose d’un lecteur averti, qui va à l’essentiel. Je viens d’achever mes préparatifs et il relève aussitôt les yeux. Sa réaction à ma première demande me fait sourire à mon tour. Peu à peu ses réponses se feront plus longues et mes questions ne viseront guère qu’à obtenir de simples précisions. Je l’écoute. Mohamed aura 18 ans en juin. Il est l’avant-dernier d’une famille de huit enfants, auquel s’ajoutent trois demi-frères, son père ayant eu deux femmes. Ses parents sont décédés l’un et l’autre l’an dernier, à un mois d’intervalle. Son père a été victime d’un accident de la route, alors qu’il effectuait un déplacement en taxi pour son travail. Emmené à l’hôpital, il n’a pas survécu à ses blessures, n’ayant pas d’argent pour se faire opérer. Sa mère a succombé, m’explique-t-il, à une crise de rhumatismes -il cherche le mot, que je lui souffle, mais ce curieux diagnostic laisse surtout penser qu’elle est morte elle aussi faute de soins. Mohamed ne sait pas exactement quel âge ils avaient, il essaie de se souvenir, à ce qu’il me dit, son père devait avoir une cinquantaine d’années. «Il me reste ma petite maman, elle sait lire, écrire et parler français» s’empresse-t-il d’ajouter. Sa petite maman, c’est la deuxième femme de son père, «c’est comme ça qu’on dit en Afrique» me précise-t-il aussitôt. Mais dans sa voix, ses mots trahissent une émotion qui balaie la pudeur d’un simple usage. Mohamed est un enfant qui a grandi trop vite et qui entre orphelin dans l’âge adulte. En Côte d’Ivoire, Mohamed est le seul de la fratrie à être allé à l’école jusqu’en cinquième. À la rentrée suivante, son père a cessé de payer l’école pour scolariser ses demi-frères. «C’était une école privée, car je n’étais pas ivoirien, il fallait tout acheter, l’uniforme, les fournitures.» Durant l’été, Mohamed a fait des petits contrats dans un abattoir mais ce qu’il a gagné n’a suffi que pour un seul trimestre. «Après, m’explique-t-il, je ne pouvais pas travailler suffisamment et suivre les cours.» Durant cette période, sa mère et son père se séparent, sa mère part vivre chez son frère, et son père reste chez sa deuxième épouse. LE TOUT POUR LE TOUT. À la faveur du désordre familial, en 2012, Mohamed choisit seul de tenter sa chance au Burkina Faso. Il pense pouvoir s’y inscrire à l’école publique. Mais les places manquent, là-aussi. Dans ce qu’on lui dit être son pays -la Côte-d’Ivoire applique le droit du sang- il se retrouve de nouveau étranger. Il travaille quelques temps avec un frère de son père, puis il entame un long voyage vers le nord. Il arrive d’abord au Niger. Là, il ne trouve pas même un endroit pour dormir, la nuit il hante comme d’autres gamins les abords de la gare de Niamey. «De toutes façons, mon rêve était de travailler dans le milieu marin, et au 6 Niger il n’y a pas la mer.» Pour 35 000 francs CFA -environ 50 euros- il trouve des passeurs pour l’emmener en Algérie, à Tamanrasset. Dans les ghettos, les migrants plus âgés ne sont guère encourageants. Il essaie de s’inscrire en plomberie, mais en vain. À Ghardaïa, grâce au HCR, il trouve une place pour une formation dans le milieu social. Mais les conditions sont très difficiles. Les cours sont en arabe -une langue qu’il ne connaît pas- il ne faut pas croiser le regard des filles, même inopinément. Dérouté par ces codes qu’il ne comprend pas, il s’attire quelques ennuis à la sortie des cours. Une fois encore, il se rend compte qu’il n’a pas terminé son voyage. «J’ai travaillé dans des champs de blé, d’olives, de pommes de terre. Avec l’argent, je suis allé au Maroc et j’ai aussi envoyé un peu d’argent à ma mère.» Passé la frontière, il est employé dix heures par jour pour gagner 7 euros. «Au Maroc, me dit-il, l’esclavage n’a pas été aboli, il a été modernisé.» Il dort dans les ghettos, puis il rejoint la forêt qui longe l’enclave espagnole de Melilla. LA TRAVERSÉE. Ce lieu est presque un monde à part, certains sont là depuis plusieurs années. Le matin, on fait un genre de thé avec des feuilles d’olivier. Vers midi, on part fouiller les poubelles, on récupère des tomates, des pattes et des têtes de poulet, puis on fait cuire le tout sur des feux de fortune. On dort vers 21 heures, car la police passe tôt dans la nuit, vers 3 heures du matin. Dans cette zone de non droit, des migrants ont été battus à mort, et pour tenir le coup, la communauté est soumise à une sorte de discipline militaire. Après quelques semaines, il quitte la forêt. «J’ai vu que ce n’était pas un endroit pour moi.» À Tanger, il s’organise avec d’autres jeunes, tous plus âgés que lui. Ils sont neuf et décident d’apporter chacun cent euros pour mettre en place leur projet commun. L’objectif est atteint six mois plus tard. Ensemble, ils achètent un zodiac, une pompe et un seau pour écoper. Personne ne sachant nager, ils achètent aussi des gilets. Il est le seul à en être à sa première tentative, les autres ont déjà essayé de passer six ou sept fois. Pour se rendre jusqu’à la plage, en pleine nuit, ils paient un genre de passeur, que les migrants appellent ici «l’automafia». Arrivé sur place, tout le monde se relaie pour gonfler. Dans l’embarcation, l’un d’eux se couche à l’avant pour maintenir l’équilibre, six autres pagaient, un huitième motive l’équipage. «Mon rôle à moi était de rester à l’arrière pour écoper.» Cette nuit-là, pourtant, la mer est trop grosse. Ils essaient de prendre le large sans succès jusqu’à six heures du matin. Finalement ils se résignent à cacher le zodiac et à rentrer à pied. Deux mois plus tard, nous sommes à la fin 2013, ils tentent de nouveau leur chance. L’embarcation n’a pas changé de place, personne ne l’a détériorée. Mais durant la mise à l’eau, ils perdent trois pagaies et le seau. Qu’à cela ne tienne, ils poursuivent l’aventure. Le zodiac dérive de 3 heures à 10 heures du matin. À un moment donné, l’un des jeunes s’étend au milieu de l’embarcation, il n’en peut plus. Les autres essaient de le relever, mais en vain. La place se met à manquer, il faut garder un pied dehors, tous sont pétrifiés par la peur, car le bateau n’arrête pas de tanguer. Ils renoncent à pagayer et appellent la Croix Rouge espagnole. Plusieurs bateaux passent sans les voir avant qu’ils ne soient repérés par un hélicoptère. 7 EN EUROPE. Arrivés à l’hôpital, on leur annonce que leur ami est mort depuis deux heures. Les huit autres sont placés en rétention durant deux mois. À sa sortie, Mohamed refuse de signer une demande d’asile. Les autorités lui proposent de prendre un billet pour une destination de son choix. Il choisit Bilbao, la ville la plus proche de la frontière française. Son objectif n’a pas changé, il veut aller à l’école. «À Bilbao, c’était très dur, il y avait beaucoup de racisme, les gens te traitaient de puta de negro dans la rue, on te crachait dessus.» Au foyer ivoirien, les grands se cotisent et lui «coupent» [lui achètent] un billet de train pour Paris. Là, il passe un peu de temps dans deux squats, l’un à Montreuil, l’autre à Saint-Denis. Puis il reprend contact avec un ami qu’il a connu en Algérie et qui vit maintenant à Nantes. Il lui conseille de le rejoindre. «J’ai pris le TGV à Montparnasse, je suis resté deux ou trois mois dans le squat puis trois ou quatre chez un Ivoirien. Quand il s’est marié, c’est devenu compliqué et je suis retourné au squat.» Mohamed passe alors un test de niveau d’études, et bien qu’il ait arrêté le collège en cinquième, il est déclaré apte pour rentrer au lycée. Après plusieurs tentatives, il est aussi reconnu mineur, après que lui sont parvenus ses documents burkinabés. Cet objectif de travailler dans le milieu marin, m’explique-t-il enfin, était en fait celui de sa sœur aînée, qui a arrêté l’école pour qu’il s’y rende à son tour. «Je lui ai dit, puisque c’est de ma faute si tu ne peux plus étudier, je vais accomplir ton rêve pour toi.» À Nantes, il essaie par tous les moyens de s’inscrire au lycée maritime, mais en vain. Au Centre d’information et d’orientation, la réponse est sans équivoque : «Pour vous, il n’y a pas de solution.» À côté de lui, se souvient-il, il y avait un jeune plutôt démotivé pour lequel le personnel multipliait les efforts. Depuis septembre, il est inscrit au lycée Saint-Félix, en seconde, où il prépare un bac protection de l’environnement. À la fin du premier trimestre, il est premier de sa classe. «J’ai appelé ma sœur pour dire que je n’avais pas tout à fait réussi à exaucer son rêve, mais elle m’a dit que ce n’était pas grave, que j’avais au moins essayé. Et puis, avec ce diplôme, je vais peut-être réussir quand même à trouver un métier dans le milieu marin.» Aujourd’hui, Mohamed est hébergé en hôtel en cohabitation avec cinq autres jeunes, il fait du bénévolat pour Gassprom, une association locale de solidarité avec les immigrés. Théoriquement, il devrait recevoir une petite allocation de centvingt euros tous les quinze jours. Mais comme les 85 autres mineurs dans sa situation à Nantes, cette somme ne lui a jamais été versée. On lui fournit simplement le couvert et les produits d’hygiène. Dans quelques mois, la majorité atteinte, les difficultés pourraient recommencer. Il sera de nouveau menacé d’expulsion, même s’il peut faire valoir qu’il est inscrit pour un cursus de trois ans. Il devra demander un récépissé de carte de séjour d’abord pour trois mois, puis pour six, et de nouveau pour un an, cinq ans, dix ans. LA SAGESSE DE LUTTER. Mohamed a fini de raconter son histoire. Mais il continue de parler, il a tant de choses à dire, tout ce qu’il a appris durant sa courte existence. «Quand on regarde les gens agir différemment, il ne faut pas les juger mais essayer de comprendre pourquoi. Ils ont quoi sur le cœur qui les poussent à agir ainsi?» Il me parle des jeunes immigrés autour de lui. 8 Beaucoup de mineurs sont encore à la rue. Ceux qui bénéficient le plus facilement de protection sont les plus jeunes, qui ont quinze ou seize ans. «La France, se souvient-il, les Africains la voient comme un père, un tuteur, un ami. Quand on arrive ici, on voit bien que toutes ces belles paroles sont fausses.» Mais il est difficile de dire aux amis qui sont restés au pays qu’ici aussi il y a des problèmes. La France, pour les Ivoiriens, c’est celle qu’on montre à la télévision. En voyant autant d’argent dépensé, il est impossible de penser que quelque chose ne va pas. Du pays où il vit désormais, Mohamed a décidé de voir le bon côté. «En France, quand tu connais tes droits, tu as une bonne chance d’obtenir ce que tu réclames.» Et puis, il y a le travail des associations, des militants. «Ce sont eux qui font la force de ce pays, c’est grâce à eux qu’il reste une terre d’accueil. Ici, je n’ai jamais passé une journée sans manger, c’est dur, mais c’est mieux qu’ailleurs.» Si un jour il retourne en Côte d’Ivoire, Mohamed voudrait ramener bien des choses qu’il a apprises ici, mais pas tout. «Ici, un vieux doit demander qu’on lui laisse une place assise dans le bus, chez nous les gens se lèvent spontanément, même pour quelqu’un qui a quelques années de plus qu’eux.» «Pourtant, poursuit-il, il y a tellement de choses à changer en Afrique.» Puis il se lance dans une condamnation sans appel de la polygamie et de l’excision. «Il faut aussi que les gens cessent de faire autant d’enfants, surtout quand ils ne peuvent pas assurer leur avenir.» Mohamed sourit encore : «Il ne faut pas rester dans son petit coin. Il faut continuer à lutter même s’il n’y a rien à défendre. Jamais s’asseoir, toujours bouger.» Comme il poursuit ses réflexions, je pense au ciel qui s’assombrit ici chaque jour davantage : «La première des choses à bannir c’est la peur. La peur ne résout rien. Il n’y a pas de vraies luttes sans victimes, et pourtant les gens attendent que ça empire. Pourtant, dès que tu as l’impression que ça ne va pas, il vaut mieux agir directement.» Que pourrais-je ajouter ? Article publié en partenariat avec France terre d’asile, lundi 2 mars 2015. 9 http://aggiornamento.hypotheses.org/2880 10 Antonella Amirante metteure en scène Et la Cie AnteprimA Antonella Amirante, après un passé de danseuse et comédienne en Italie et en France, En 2009, elle crée la Cie AnteprimA puis commande un texte à Laura Forti ; ce sera Mère/Fille dont sa traduction est publiée chez Actes Sud Papiers. Le spectacle qu’elle met en scène est coproduit par le théâtre Massalia de Marseille, le Théâtre Athénor à Saint-Nazaire et soutenu par le Théâtre Nouvelle Génération/CDN de Lyon. En 2010, elle crée la version italienne Madre/Figlia, qui tourne en Italie et reçoit la mention spéciale du jury du festival Giocateatro de Turin. En juillet 2010, Mère/Fille est présenté au festival Off d’Avignon au Théâtre GiraSole ; il sera en tournée jusqu’en 2014 Fin 2010, elle crée Joyeux Anniversaire, spectacle jeune public coproduit par le Théâtre de Vienne et soutenu par le Théâtre Athénor, le Vélo Théâtre d’Apt, le théâtre Massalia et le Pôle Jeune Public du Revest. En 2011, elle commande un texte à Antonio Tarantino ; ce sera Malamore présenté au Théâtre des Ateliers en décembre 2011 pour le festival « Face à Face ». Antonella Amirante coordonne aussi « Vice Versa », un regard croisé sur les dramaturgies pour le jeune public entre la France et l’Italie en partenariat avec le TNG/CDN de Lyon et la Fondazione Casa Ragazzi e Giovani de Turin. Elle est la coordinatrice du comité italien Rhône-Alpes et PACA de la Maison Antoine Vitez. Artiste Associée au Théâtre de Vienne pour les écritures contemporaines (2012/2014) et résidente à partir de 2015 pour 3 ans. Saison 2012/2013, elle met en lecture pour les Journées des Auteurs de Lyon « Variations sur le modèle de Kraepelin ou le champ sémantique des lapins en sauce» texte de Davide Carnevali et le met en scène en 2013 au théâtre de Vienne. La compagnie en tant qu'artiste associée au théâtre de Vienne sur 2013 sera coordinatrice du projet « Femmes de Vienne et d’ailleurs » une semaine de débats, ateliers, tables rondes, présentations et lectures publiques d’œuvres littéraires et dramaturgiques pour donner matière à débattre sur la situation et la place de la femme aujourd’hui en France et dans les pays de la Méditerranée. Dans ce cadre il sera aussi proposé une mise en espace du texte «Arrange –toi» de Saverio la Ruina, première étape de travail en vue d’une création en 2014. En 2014 : . Cie associée au théâtre de Vienne. . Projet et spectacle « Archipels », rencontre inter générationnelle (adolescents – seniors) commande d’écriture à l’auteur Samuel Gallet (Coproduction du théâtre de Vienne, soutien Drac action culturelle et Région RA Fiacre médiation culturelle). . Sur la demande du Ministère des Droits des Femmes, lecture d’« Arrange-toi » lors de la remise des prix Egalité-E 2014. . Lecture de « Arrange-toi » à Montréal suite à une master class dirigée par Antonella Amirante et Federica Martucci. . Au festival D’Avignon 2014, sur la péniche de la Région Rhône Alpes : lecture d’un extrait de « Arrange-toi » suivi d’un débat/table ronde organisé par la compagnie « quand le théâtre regarde les femmes » . Création en octobre 2014 au TNP du spectacle « Arrange-toi », texte de Saverio La Ruina (coproduit par le théâtre de Vienne, le TNP Villeurbanne, l’Espace Albert Camus de Bron et soutenu par la Gare Franche / Cosmos Kolej, le groupe des 20 Rhône-Alpes et la Spedidam.) . En décembre 2014, présentation du projet la Revanche aux réseaux de théâtres Quint’est, groupe des 20 IDF et en janvier 2015, à la route des 20 Rhône-Alpes. En 2015 : . Début de la résidence triennale au théâtre de Vienne, scène conventionnée . Dans la « bande » du théâtre le Merlan scène nationale de Marseille . Tournée d’Arrange-toi . Création du spectacle « La Crise à tous les étages » . Création de la Revanche en décembre 2015 au théâtre de Vienne (coproduit par le théâtre de Vienne et la scène nationale du Merlan) 11 Mickael Phelippeau - Chorégraphe Après une formation en arts plastiques et en danse, Mickaël Phelippeau travaille auprès de nombreux chorégraphes (parmi lesquels Mathilde Monnier, Alain Buffard, Daniel Larrieu), et de 2001 à 2008 au sein du Clubdes5, collectif de danseursinterprètes. Depuis 2003, il axe principalement ses recherches autour de la démarche bi-portrait, prétexte à la rencontre. Il crée ainsi les pièces chorégraphiques bi-portrait Jean-Yves (2008) et bi-portrait Yves C. (2009), Round Round Round (2010), Numéro d'objet (2011), Sueños et Chorus (2012), enjoy the silence et biportrait Erwan K. (2013), Pour Ethan et Set-Up (2014), Avec Anastasia et Llamame Lola (2015). Depuis 2010, Mickaël Phelippeau est directeur artistique des résidences À domicile à Guissény. Il est artiste associé au Quartz - scène nationale de Brest de 2011 à 2014, au Théâtre Brétigny - scène conventionnée du Val d’Orge de 2012 à 2016, à l'Échangeur - CDC de Picardie de 2014 à 2016, au Merlan - Scène nationale de Marseille de 2015 à 2018, au Centre chorégraphique national de Caen de 2015 à 2018, au théâtre Louis Aragon - scène conventionnée de Tremblay-enFrance en 2016. http://bi-portrait.net http://ddab.org/fr/oeuvres/Phelippeau © Philippe Savoir 12 Olivier Favier - Journaliste Mohamed Zampou Mohamed Zampou (né en 1997) a fait un long voyage de San Pedro, en Côte d'Ivoire, jusqu'à Nantes, avec pour seul objectif de pouvoir aller à l'école. Après avoir arrêté le collège au premier trimestre de sa quatrième, il a réussi à intégrer, suite à un test d'aptitude, une seconde dans un lycée professionnel. Très engagé et apprécié dans la vie associative nantaise, il se fait souvent le porte-parole des mineurs et des jeunes isolés étrangers, et milite aussi au sein de la JOC pour le droit des travailleurs saisonniers. Olivier Favier (né en 1972), historien de formation, a été enseignant dans le secondaire, libraire, directeur de collection, lecteur dans une maison d'édition, animateur et médiateur culturel, avant de se consacrer à la traduction littéraire, poétique et théâtrale. Aujourd'hui, il travaille aussi comme interprète pour le cinéma et comme pigiste pour Bastamag. Il anime depuis 2010 le site www.dormirajamais.org et écrit des reportages pour le site de France terre d'asile. Il est enfin chargé de cours à l'Université de Paris 1 et à l'ENSATT. Interview de Mohamed par RFI EMISSION SPECIALE A L'OCCASION DE LA JOURNEE MONDIALE DES REFUGIES CE SAMEDI 20 JUIN 2015 : http://www.rfi.fr/emission/20150620-paroles-migrantsjourneemondiale-refugies/ Interview de Mohamed par BFMTV du 9/05/2015 : http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/les-immigrants-africains-tententde-rejoindre-l-europe-a-tout-prix-521779.html Interview France Inter du 1/1/2016 http://www.franceinter.fr/emission-dici-dailleurs-mohamed-18-ans-ne-encote-divoire-vit-aujourdhui-a-nantes 13 Simon Grangeat – Auteur comités – bureau des lecteurs de la Comédie Française, collectif À Mots Découverts, Influenscènes, CDN d'Angers, CDN d'Orléans, scène nationale L'apostrophe (Cergy-Pontoise), théâtre de l’Éphémère (Le Mans), les Actuelles XVI – TAPS (Strasbourg). Il est « coup de cœur 2013 » du comité de lecture du Panta Théâtre (Caen). Certains de ses textes sont traduits en catalan, en anglais, en espagnol, en hongrois ou en grec. Des extraits de Terres Closes sont publiés dans le numéro 2 de la revue Le Bruit du monde. En 2016, sortira son premier album jeunesse intitulé Les Méchants, aux éditions Sarbacane (illustrations de Nathalie Choux). www.simongrangeat.fr - © Emile Zeizig En 1998, Simon Grangeat participe à la fondation de Traversant 3, équipe de création pluridisciplinaire jeune public. Il mène d'abord un double parcours d’écriture et de mise en scène, avant de se consacrer exclusivement à l'écriture. Parallèlement à l'écriture, Simon Grangeat développe de nombreuses actions autour de la lecture et de l’écriture du texte contemporain. Il coordonne notamment depuis 2010, la partie régionale du prix Collégien de Littérature Dramatique (Collidram), organisé nationalement par l’association Postures. Depuis septembre 2014, d'enseignement théâtral au Régional de Sain Etienne. il est également assistant Conservatoire à Rayonnement Il alterne les créations jeune public (Entre les herbes folles, Un Caillou dans la botte, Sous mes yeux, De fil blanc) avec des textes destinés aux adultes (Faut-il désespérer du monde ou mourir en riant ?, T.IN.A.- Une brève histoire de la crise, Terres Closes, Un cœur Moulinex). Son écriture adulte s'appuie sur une phase de documentation et de recherche approfondie, tout en essayant ensuite de trouver des formes d'écriture non-documentaire – farces, chœurs contemporains, textes musicaux. En 2011, il reçoit l'aide à la création du CNT pour T.I.N.A. - Une brève histoire de la crise, créé par la compagnie Cassandre, en 2012. Ce texte est sélectionné et mis en lecture par de nombreux Melilla(territoireEspagnolaunordduMaroc) 14 Fatou Ba - Comédienne Lena Dia - Comédienne Elle débute comme conteuse avec « Coups de Pilon » Lyon dans des mises en scène de T.M. N’Diaye. Depuis 1998 elle conte accompagné par un (ou une) musicien (ne) des contes, théâtralisés avec musique, chants et danses : La lune regarde en bas et rit, Coucouloulou, Moa et Les Toa, Petites Querelles, Le conseil des arbres, Soundita Keita épopée Mandingue. Ses spectacles sont accueillis dans des Médiathèques, centres culturels, écoles, crèches, festivals de conte et théâtres …. En tant que Comédienne, elle est dirigée par Babette Masson (ICI2014) Gilles Chavassieux (En ordre de Bataille - 2007, Les nègres), Catherine Anne (Pièce Africaine- 2006, Le crocodile de paris), Claude Yersin (Electre /Oreste - 2002 et en lecture : Retour de Bamako I, II et III), Annie Lucas et Roland Fichet (L’Africaine- 2003), Josiane Fritz (Pitagaba- 2005)… Elle enregistre des pièces radiophoniques pour France Culture, France Inter et pour cd-rom. Elle double des publicités et prête sa voix pour des créations théâtrales, elle participe également à de nombreuses lectures. Elle anime plusieurs ateliers de contes en milieu scolaire, auprès de jeunes en difficulté, personnes handicapées et en psychiatrie. En 2014, elle crée en compagnie d’artistes de divers disciplines et des travailleurs sociaux la Compagnie 12 :21 en plus d’être un espace de création c’est un espace de réflexion et de recherche sur les questions de transmission, d’appartenances et d’identité. Léna débute le théâtre en Alsace, à la Comédie de l'Est avec Patrice Verdeil, au sein de la troupe Théâtre Tout Terrain. Elle poursuit ensuite avec de nombreux stages dont un qui marquera considérablement son parcours, à l'ARIA (Corse -2013), où elle travaillera avec Nadine Darmon sur la pièce Elle disait dormir pour mourir de Paul Willems. En 2014 elle intègre l'Acting Studio, école professionnelle d'acteur à Lyon, où elle travaille avec Joëlle Sévilla et Alexis Henon notamment sur deux pièces de Koltès, Sallinger et Quai Ouest. Elle joue également dans La maison de Bernarda Alba, de Frédérico Garcia Lorca, mis en scène par Nicolas Musilli. Elle découvre le théâtre jeune public à travers le rôle de Lys dans Lys Martagon, une pièce de Sylvain Levey. (Picardie - 2014) sous la direction de Claire Charré. Ce projet s'est inscrit dans des ateliers de théâtre avec de jeunes adolescents atteints d'un handicap mental qui ont suivi la création de ce spectacle. Suite à cette expérience, Léna débute dans la transmission en animant un atelier destiné à de jeunes enfants ( 4-7 ans) à Tassinla-demi-Lune pendant un an. En 2015 elle fonde, avec 6 autres comédien(ne)s la Compagnie du Bistanclac qui sortira trois spectacles actuellement joués dans la région Rhône-Alpes et en Picardie. A la télévision, Léna joue dans la série "Accusé" et au cinéma dans "Sur quel pied danser". 15 Jean Erns Marie Louise - comédien Jean Erns est comédien, metteur en scène, fondateur de la compagnie la Thymélé et associé au festival « Soirées d’été en Luberon”. Après une formation continue, en Haïti, en France et en Suisse ; il joue au théâtre dans des mises en scène de Claudine Hunault, Christopher Barnett, Daniel Girard, Thierry Bédar, Emmanuel Meirieu, Alain Timar, Nino D’Introna, Brigitte Mounier, Stephane Titelein, Pierre-jean Naud… Au cinéma, il joue dans « 30° couleur » de Lucien JeanBaptiste et Philippe Larue et à la télévision dans « Les vieux calibres », « Pas d'inquiétude », « Les Témoins », « Cherif », « Mère porteuse » , « Baron noir » , « The Tunnel » , « Accusé »… Il est aussi animateur d’ateliers d’écriture et de théâtre. 16 Gabriel Guenot - Créateur lumière Nicolas Maisse - Créateur vidéo/son Après avoir exercé des fonctions techniques dans l’industrie aérospatiale, puis la recherche en physique fondamentale jusqu’en 2002, il décide de mettre à profit ses compétences dans le domaine du spectacle. Il entame alors un parcours très éclectique, motivé par le plaisir de la découverte, des expériences nouvelles, et des rencontres. S’attelant tour à tour à la machinerie, puis la lumière, il collabore ainsi au théâtre avec Eric Vautrin, Jean christophe Hembert et Alexandre Astier, Karelle Prugnaud, Bruno Boëglin, Elisabeth Chailloux et Julia Zimina, Yves Charreton… Comme régisseur général, il prend part à l’organisation d’évènements comme le festival Woodstower, ou encore la Fête des Lumières. Une incursion au cinéma en 2009 lui permet de travailler à la création des décors du premier film d’Alexandre Astier, « David et Madame Hansen ». Parallèlement, il accompagne le parcours du chorégraphe Yuval Pick depuis ses débuts jusqu’au CCN de Rillieux, dont il assure la direction technique jusqu’en 2014. Il collabore actuellement aux spectacles d’Emmanuel Meirieu. Suite à une formation de réalisateur sonore à l'ENSATT (promotion 68), il travaille avec plusieurs compagnies lyonnaises et parisiennes sur des projets allant du théâtre à la vidéo, des arts de la rue à la musique et la danse (Langhoff, Schiaretti, cie AnteprimA, La Hors de, Dos à Deux, Sambre, théâtre du Détour, Christophe Luthringer, Bina n’Goua, GRAME, TM+, Collectif SONAR...) tant en régie qu'en création. D'abord sonore, son travail de création va progressivement se diversifier vers la vidéo afin de rechercher des formes d'écritures transversales. Son approche de l'art est empirique, c'est ainsi qu'il a monté en 2009 le Collectif SONAR afin de disposer d'un véritable outil de création, un laboratoire de recherches artistiques. Profondément attiré par les arts immersifs, les nouveaux outils numériques et l'interactivité, il aime travailler le format de l'installation, qu'elle soit plastique, sonore ou vidéo. Côté musique, il assure la régie du festival de jazz Swing41 de 2006 à 2013. Il est également régisseur du théâtre Girasole à Avignon, durant le festival du Off. 17 Elsa Belenguier Scénographe, costumière Après des études de lettres et deux ans de classe préparatoire à l'ENS de Cachan, Elsa Belenguier intègre l'ENSATT dans le département scénographie. Durant ces années de formations elle travaille avec des metteurs en scène tels que Thierry Roisin, Enzo Cormann, Jean Pierre Larroche, Christian Schiaretti, Bérangère Vantusso... Elle collabore depuis avec plusieurs compagnies en France ainsi qu'en Suisse, notamment avec le Théâtre du Centaure, le Théâtre du Trèfle, Acte Public, la compagnie Mimesis avec laquelle elle poursuit ses recherches notamment autour de l'espace vidéo. Récemment elle a conçue et réalisée la scénographie de Démons de Lars Noren, mis en scène par Cyril Legris et crée à La Rose des Vents à Villeneuve d'Ascq, et entame de nouvelles collaboration avec la cie L'Atelier, la cie Les Corbeaux et la cie Anteprima, toutes trois basées en Rhône Alpes. 2014-2015 : Scénographe et costumière de « Arrange-toi » de la Cie AnteprimA. 2015-2016 : Scénographe et costumière de « La Revanche » de la Cie AnteprimA. Frédérique Yaghaian Administratrice de production Après avoir été technicienne de laboratoire (DELAM en 1991), elle deviendra technicienne du spectacle vivant en tant qu’administratrice de ! production pour la Cie AnteprimA en 2012. De fin 2012 à 2015, est co-administratrice de production de la compagnie Haut et Court et sur l’année 2015 de la Plateforme Locus Solus. 18 DOSSIER PEDAGOGIQUE « FRONTIERES » « Frontières » c’est le thème que la compagnie AnteprimA, résidente au Théâtre de Vienne, a choisi de proposer comme sujet commun de travail sur le territoire pour la saison 2015/2016. Le travail dans les écoles de Vienne serait un écho à la création de la compagnie AnteprimA pour la saison 2016/2017 « Du piment dans les yeux ». radiophonique avec Nicolas Maisse. Une façon d’échanger et partager des expériences de vie entre adultes et adolescents. Nous proposerons aussi des rencontres avant et après les spectacles avec l’équipe d’AnteprimA, et si possible en présence d’Olivier Favier et de Mohamed Zampou. Nous sommes à votre disposition pour partager une filmographie, des titres de livres et des textes théâtraux adaptés aux différentes classes d’élèves qui voudraient se préparer à notre spectacle. Ce travail peut être proposé à d’autres structures qui accueilleront le spectacle en tournée. Ils ont déjà travaillé : Pour réaliser le projet « frontières », cette année encore le comité de lecture de Vienne choisira les textes sur la thématique de la frontière et de l’émigration qui nous seront proposés par la MAV, LABO07, …. Les textes choisis seront travaillés pendant toute l’année par les élèves de primaire, collège et lycée avec l’accompagnement de l’équipe d’AnteprimA et présentés au public sous forme de lecture, mise en espace, travail vidéo ou sonore … Le parcours migratoire de Mohamed : une proposition de travail de Samuel Kuhn à partir d'un reportage d'Olivier Favier. En parallèle, Olivier Favier animera un atelier d’écriture pour un groupe d’adolescents. Ce sera un travail « journalistique» pendant lequel il accompagnera les adolescents dans des interviews faites à des ainés de leur quartier qui ont « passé une frontière ». A partir de ces témoignages ils écriront un texte qui sera mis en voix par Antonella Amirante et/ou avec un travail vidéo ou http://clgeluardservat.blogspot.fr/2015/06/le-parcours-migratoire-demohamed-une.html http://aggiornamento.hypotheses.org/2880 « Les élèves de 4e5, du collège François Mugnier de Bons-en-Chablais (Haute-Savoie), ont travaillé sur le parcours de Mohamed. (…) Activité de géographie, ce travail est aussi l’histoire d’une rencontre. À distance. Mais de ces rencontres qui bouleversent les protagonistes qui l’ont, pour un instant, pour toujours peut-être, partagée. (…) Le programme de géographie des classes 4e propose d’étudier, dans le cadre de la 1e partie consacrée aux « échanges à la dimension du monde », le thème des 19 mobilités. La mondialisation se caractérise en effet par un accroissement des flux de capitaux, de marchandises mais aussi des hommes. Le « Monde mondialisé » n’existe en effet que par les liens, les échanges, les mouvements, les déplacements des individus. Les migrations se distinguent toutefois des autres formes de mobilité. D’abord par leur poids sans précédent dans l’histoire de l’humanité (l’ONU estime à plus de 3% de la population mondiale les migrants). Mais aussi en ce qu’elles engagent un véritable projet de vie. Si les circulations temporaires gagnent en importance, migrer implique toutefois une rupture plus forte, plus définitive. C’est un départ qui possède ses logiques, ses stratégies, ses itinéraires de plus en plus improbables. Comme le souligne le géographe Gildas Simon la figure du migrant est un « des marqueurs les plus évidents de la mondialisation » (« Migrants et migrations du monde », La Documentation photographique, n°8063, mai-juin 2008). Les migrations sont à la fois les produits, les vecteurs, de la mondialisation. Des inégalités. Des discontinuités entre les espaces. Mais aussi de la connexion entre des territoires inégalement insérés dans cette mondialisation par les moyens de transport ou la « révolution communicationnelle » (films, publicités, séries télévisées…) qui nourrit un imaginaire et une connaissance de l’autre, de l’ailleurs. Autant de problématiques complexes à saisir, a fortiori par de jeunes élèves de 4e. Chez eux, comme sans doute dans une frange importante de l’opinion, la représentation du parcours des migrants se réduit trop souvent à deux images : soit celle, non dénuée de xénophobie, des « hordes » de migrants qui, par exemple, escaladent les grillages de Ceuta ou Melilla, soit celle, non dénuée de condescendance, de victimes anonymes, pauvres hères, qui viennent s’échouer sur les rivages européens. La répétition sur les chaînes de télévision des mêmes scènes, de ces images de naufrages, de morts, de détresse, en arrive, paradoxalement à annihiler toute capacité de réaction et de réflexion. Autant d’écueils auxquels se confronte un cours de géographie sur ce sujet. (…) Mais s’agit-il seulement d’un travail scolaire ? Pour les élèves, suivre pas à pas l’itinéraire de Mohamed, ce fut aussi et surtout l’occasion de mettre un visage sur cette figure du migrant qui leur semblait a priori si étrangère. De comprendre que l’autre est aussi un même. La jeunesse de Mohamed, son désir d’être scolarisé qui lui a donné l’énergie et le courage de s’engager de ce si long voyage a, sans nul doute, suscité un effet d’identification et d’empathie. Et Mohamed ? Il fête ses 18 ans en ce mois de juin. Avec la majorité, ce sont aussi les difficultés qui peuvent se réinviter : les menaces d’expulsion, les titres de séjours délivrés à titre temporaire. Et pour l’heure ? Il est premier de sa classe, avec les félicitations et un 14.25 de moyenne générale. Le directeur de l’école en a profité pour lui dire que, quoi qu’il advienne, il le garderait jusqu’au bout de sa scolarité. » Samuel Kuhn 20 Contacts Actualités Cie AnteprimA 156 cours Docteur Long 69003 Lyon [email protected] - www.cie-anteprima.com Festival Cap Excellence de Pointe à Pitre mai 2016 Participation aux journées professionnelles Direction Artistique, Antonella Amirante 06 10 15 33 72 – [email protected] Administratrice de production, Frédérique Yaghaian 06 08 14 59 92 – [email protected] Tournée 2016 – 2017 3 et 4 novembre 2016 au Théâtre de Vienne, scène conventionnée 8 novembre 2016 à l’Espace Albert Camus, Bron 8 et 9 décembre 2016 à la Scène Nationale du Merlan, Marseille 24 mars 2017 Centre Culturel Pablo Picasso, Homécourt 31 mars 2017 Théâtre Gérard Philipe, scène conventionnée de Frouard 13 avril 2017 à l’Arc, Scène Nationale Le Creusot La Compagnie AnteprimA est en résidence triennale au théâtre de Vienne, scène conventionnée de 2015 à 2017, fait partie de la « Bande » de la scène nationale le Merlan à Marseille, Antonella Amirante est artiste familière de la Scène Nationale l’Arc Le Creusot. 21