Les règles essentielles pour l`écriture d`un scénario
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Les règles essentielles pour l`écriture d`un scénario
Les règles essentielles pour l’écriture d’un scénario « [Il convient] d’abord d’être clair, oublier toute littérature, ne pas abuser du dialogue et se persuader que le scénario est avant tout une succession d’images, savoir traduire le rythme des séquences et des scènes, ne pas, par exemple, écrire trois pages pour expliquer que quelqu’un saute en vitesse par la fenêtre. Ne pas être également obsédé par la psychologie… » J.C. Carrière © Si vous désirez partager ce document, merci d’en indiquer la référence ci-dessous © Copyleft - Etienne HUSSON - https://etiennehusson.wordpress.com SOMMAIRE 0 – Introduction : qu'est-ce qu'un scenario ? ............................................................................ 3 1.0 - La construction d'un scénario ........................................................................................... 4 1.1 – La page de couverture ................................................................................................................. 4 1.2 – Le sommaire ................................................................................................................................ 4 1.3 – Le pitch ........................................................................................................................................ 4 1.4 – Le synopsis .................................................................................................................................. 4 1.5 – La continuité dialoguée ............................................................................................................... 5 1.6 – La note d’intention ...................................................................................................................... 5 1.7 – La fiche d’information sur l’auteur ............................................................................................. 5 2.0 – Les règles de bases : .......................................................................................................... 6 3.0 – Règles plus spécifiques : ................................................................................................... 7 3.1 – Le découpage de la continuité dialoguée ................................................................................... 7 3.2 – Littérature et continuité dialoguée : ........................................................................................... 7 3.3 – Découpage technique et continuité dialoguée ........................................................................... 8 3.3.1 - Quelles différences ? .................................................................................................................................... 8 3.3.2 – Comment induire une idée de valeur de plan par l’écriture scénaristique ? ......................................... 9 3.4 – La continuité dialoguée et les informations scéniques : ............................................................ 9 Base référentielle .................................................................................. Erreur ! Signet non défini. Page 2 sur 11 0 – Introduction : qu'est-ce qu'un scenario ? Tout le monde sait que c'est l'histoire du film, mais ce n'est pas que. C'est aussi un outil de communication interne, un document de travail qui repose sur certaines méthodes de travail et sur certains codes. Pour autant, ces codes ne sont pas formels. Ils n’ont pas pour vocation de vous embêter mais de vous aider (quitte à vous embêter si cela est nécessaire). Il s’agit de codes socio-professionnels informels qui doivent faciliter la création, et non pas la ralentir. Si vous estimez que c’est le cas, vous pouvez évidemment outrepasser une des règles. Attention cependant, si les conseils que je vais vous donner font office de règles chez de nombreux scénaristes, ce n’est pas pour rien. En outrepassant une règle, vous prenez un risque. Celui-ci peut être bon pour la création du film (tous les bons films ne proviennent pas forcément de scénarios rigoureusement réglés, certains court-métrages passent notamment parfois directement à une phase de découpage technique – story-board sans passer par la phase scénario). Mais celui-ci peut-être aussi mauvais (auquel cas, ça vous servira d’expérience). C’est un choix que vous devez donc bien considérer. Pour cela, il faut un minimum d’expérience. Aussi, nous vous conseillons au début, de respecter toutes les règles inscrites dans ce document. Page 3 sur 11 1.0 - La construction d'un scénario 1.1 – La page de couverture Elle doit nommer le titre du projet ainsi que son auteur. Elle ne contient pas de pied de page. 1.2 – Le sommaire Il suit la page de couverture. Il est normé via les outils « Titre » de votre traitement de texte. Il doit indiquer où, dans le document, se trouve : le pitch, le synopsis, la continuité dialoguée, la note d’intention et la fiche d’informations sur l’auteur. Au sein de la catégorie « continuité dialoguée », il doit aussi indiquer où se trouve les différentes séquences du scénario. 1.3 – Le pitch Deux ou trois lignes maximum : - Une phrase pour la présentation du protagoniste et du problème dramaturgique posée au sein du film (de façon direct ou indirect) - Une phrase pour la réponse dramatique que vous apportez à la fin de votre film (la réponse donc au problème que vous posez). Exemple : Pour le court-métrage « Scrate gone nutty » (pré-court-métrage du film l’Âge de glace), le pitch pourrait se résumer de la façon suivante : « Scrat, un collectionneur maladroit, a un grand rêve : posséder 100 noisettes à lui seul. Malheureusement, à vouloir trop avoir, on risque de tout perdre… » 1.4 – Le synopsis L’intérêt du synopsis est de résumer une continuité dialoguée tout en mettant en appétit le lecteur. Le synopsis doit donc, comme un pitch, reprendre une présentation rapide du personnage et de la problématique à laquelle il est confronté, mais aussi y apporter un dénouement, une réponse dramaturgique. Entre temps, un synopsis doit s’attacher à montrer les enjeux et les péripéties (obstacles + sous-objectif) de l’histoire la continuité dialoguée. Pour cela, un moyen utile et pratique est d’écrire son synopsis en gravitant autour de l’évolution du protagoniste dans le film. A noter aussi qu’un synopsis, à l’inverse d’une continuité dialogué, peut avoir recourt à des procédés littéraires afin de synthétiser l’histoire : ce qui compte, ce n’est pas les détails, mais que l’ensemble fasse un tout cohérent. Page 4 sur 11 Sa taille est variable selon votre scénario : - Un long-métrage ± 3 pages - Un court-métrage d’environ 30 minutes ± 1 page - Un court-métrage de moins de 10 minutes ± ½ page 1.5 – La continuité dialoguée C’est ce qui, dans le langage commun, est généralement appelé scénario. C’est-à-dire qu’il s’agit d’un texte descriptif contenant des dialogues dont le tout est organisé par différentes séquences. 1.6 – La note d’intention C’est ce qui explique vos intentions d’auteur en tant que scénariste-écrivain, et aussi potentiellement en tant que réalisateur-metteur en scène. Cette note traite donc du « pourquoi votre histoire » et du « comment mettre en scène votre film ». Attention tout de même, il faut éviter : - d’être trop pédant, et vouloir faire un « cours » sur ce qu’est le cinéma ou sur ce qu’est la vie (qui vous dit que votre lecteur n’est pas encore plus averti que vous ?) - les généralités qui ne veulent rien dire , par exemple : « le jeu d’acteur doit être vrai » (certes, comme dans la plupart des films… mais vraiment comment ?) - les discours trop pompeux, verbeux, ou intellectuel : encore une fois, on vous demande vos intentions, pas une démonstration (votre continuité dialoguée doit parler pour elle même). Une note d’intention doit cependant être personnelle, sincère, claire et dynamique. Elle représente environ 1 page pour un scénario de 10 minutes et 3 à 5 pages pour un long métrage. 1.7 – La fiche d’information sur l’auteur La fiche d’information présente l’auteur. C’est à dire qu’elle met en avant ses coordonnées et son parcours. Cela peut passer par une petite biographie ou bien par un simple Curriculum Vitae. La fiche peut être aussi accompagnée de différents liens pour que le lecteur puisse voir sur internet les anciens films de l’auteur. Page 5 sur 11 2.0 – Les règles de bases : Pour faciliter la lecture, un scénario doit être : - Aéré (privilégiez une interligne de 1,15 ou 1,5) - Typographié (avec une police claire, ni trop grande, ni trop petite) Une continuité dialoguée doit être en plus : - Formaté (1 page ± 1 minutes, 1 ligne ±1 secondes, 1 saut de ligne ± 1 plan, certains utilisent aussi le format 1 paragraphe = 1 plan, pour d’autre 1 phrase = 1 plan, en fait, tout cela dépend du rythme que vous voulez donner à votre scénario) - Clair (ne pas faire d'alinéa, ne pas utiliser des polices trop exotiques mais se contenter des plus classiques, ne pas avoir trop d’information de bas de pages : le nombre de page X sur Y est suffisant) - Technique (ce n’est pas de littérature, une continuité dialoguée est avant tout un outils) mais pas trop technique (cela reste une continuité dialoguée et non pas un découpage technique). Une continuité dialoguée doit aussi répondre à certaines conventions de mises en pages : - Les dialogues doivent être centrés, l’énonciateur doit être mentionné en gras, si une didascalie accompagne le texte, celle-ci doit être mise entre parenthèse. - Les descriptions doivent être rédigé dans des paragraphes justifiés, ni gras, ni italique, ni souligné, - Les panneaux (plan fixe sur un dialogue écrit, comme dans les films muet de Charlie Chaplin) doivent être écris comme un dialogue (de façon centré donc), mais intégralement en MAJUSCULE. - Lorsque un personnage apparaît pour la première fois dans un scénario, il doit être mentionné tout en MAJUSCULE. Ensuite, il sera écrit comme un nom propre. Exemple : MARC, entre dans la cuisine. Marc se serre un verre d’eau. Page 6 sur 11 3.0 – Règles plus spécifiques : 3.1 – Le découpage de la continuité dialoguée Une continuité se découpe par le biais des séquences. Ce découpage se fait par unité de lieu ou de temps. Exemple : 1. Ext – Campus universitaire – Jour 2. Int – Salle de cours - Nuit 3.2 – Littérature et continuité dialoguée : A la différence d’un livre qui est un produit finit, lisible tel quel, le scénario et sa continuité dialoguée sont d’abord des outils techniques sur lequel vos collaborateurs vont s'appuyer pour travailler avec vous. Une continuité dialoguée doit donc décrire une action présente et audio-visible. Cela induit donc que dans les descriptions de cette continuité (pas dans les dialogues) : - le temps utilisé soit le présent et uniquement le présent (le passé et le futur ne se voient pas sur une image). - les indications psychologiques soient peu présentes et utilisées en derniers recours. D'une part parce que celle-ci ne sont pas précises (par exemple « avoir faim » ou « être énervée » ne sont pas des indications précises, il existe mille façons d'avoir faim et milles façons d'être énervé), d'autres parts parce que les sentiments, les émotions, ou les réflexions internes ne sont pas en tant que tel audiovisible d'extérieur. Un spectateur peut les percevoir et les comprendre uniquement par le comportement du personnage, et le travail du scénariste est typiquement celui-ci : mettre en scène des enjeux, des tensions et des émancipations par le biais d'actes, d'actions afin de raconter une histoire. - la troisième personne du singulier « on » doit être bannit (il ne représente pas quelqu’un de définit et il alourdit le texte). Par exemple : au lieu d’écrire « on voit un enfant qui monte un rocher » écrivez directement « un enfant monte un rocher ». Page 7 sur 11 3.3 – Découpage technique et continuité dialoguée 3.3.1 - Quelles différences ? Si le découpage technique, tout comme un scénario, est un outil de communication, il n’intervient pas dans la même période quant au processus de création d’un film. L’un tend à définir d’abord une histoire faites d’actes, de dialogues, et d’action. L’autre tend à expliquer comment cette histoire sera montrée cinématographiquement parlant. Il s’agit donc de deux documents distincts dont les enjeux (et le travail qui s’en dégage) sont différents. Et si dans certains cas, l’auteur du scénario est aussi le réalisateur du film, il faut faire attention quant à la possibilité de sauter l’étape « continuité dialogué » pour passer directement à une étape « découpage technique ». En effet, si il s’agit d’une possibilité qui permet parfois de faire gagner du temps, il s’agit aussi d’une facilité qui peut empêcher un auteur de se poser de vraies questions quant à l’intérêt de son récit. C’est donc à risque à prendre ou à ne pas prendre. Mais encore une fois, on ne pourra que vous conseillier de ne pas le prendre. D’une part parce que si vous cherchez un producteur, celui-ci ne lira pas votre découpage technique (qui contient trop d’informations techniques) mais d’abord votre scénario. D’autre part parce qu’en séparant l’étape « scénario » de l’étape « découpage technique », vous ne perdez au pire que du temps alors que si vous ne le faites pas vous risquez de perdre du temps, de l’argent, et de l’énergie (sans compter le fait que vous puissiez faire un mauvais film, un film qui sonne creux, etc.). A l’inverse d’un scénario, une continuité dialoguée ne contient donc pas d’information technique (valeur de plans, mouvement de caméra, etc.). Malgré tout, dans certains cas, une continuité dialoguée peut contenir quelques indications techniques (celles qui sont indispensables à la compréhension de l’histoire) comme : - L’emploi du mot « image » quand le scénariste arrive dans une situation où il ne peut pas décrire différement ce qui se passe à l’écran (par exemple « la fumée envahit l’image »). - Les indications suivantes : ellipse, flash-back, générique. Page 8 sur 11 3.3.2 – Comment induire une idée de valeur de plan par l’écriture scénaristique ? Si une continuité dialoguée ne contient donc pas d’information technique, elle peut pour autant induire une certaine idée de valeur de plan par quelques procédés d’écriture. Par exemple si dans une description, vous écrivez « Eric écrit sur son ordinateur » cela sous-entend un plan d’ensemble, alors que si vous écrivez « la main d’Eric tape sur un clavier » cela sous-entend un gros plan sur la main. Cette idée de valeur de plan reste cependant sous la forme de propositions. Cela sera au réalisateur de trancher par quelle valeur de plan il veut représenter l’action décrit lors du découpage technique (puisque c’est lui qui possédera tous les éléments pour le faire : votre scénario et vos propositions, ses intentions esthétiques, les problèmes techniques, les possibilités logistiques en fonction du repérage des lieux, etc.). 3.4 – La continuité dialoguée et les informations scéniques : Une continuité dialoguée ne peut pas faire registre de tous les éléments qui composent les images d’un film. Elle se doit d’être à la fois claire et directive. Pour assurer, quelques petits conseils : - Eliminez tout ce qui n’est pas important à votre histoire (par exemple, le fait qu’un de vos personnages portent un pantalon bleu peut-être un élément important si votre fiction se passe sous une dictature où les habitants n’ont le droit que de porter des vêtements orange, mais cela ne sera pas le cas si votre séquence tend à montrer un homme qui fait son jogging hebdomadaire). - Eliminez tout ce qui ne se voit pas ou ne s’entend pas. - Hiérarchisez votre information : qu’est-ce qu’on verra en premier à l’image ou bien qu’elles sont les informations importantes que le lecteur doit d’abord prendre en compte. - Faites attention à la ponctuation qui véhiculent elle aussi un sens (exemple : la phrase « tu as un problème ! » est différente de « tu as un problème ? » ) - Evitez les redondances d’informations (par exemple : si vous avez indiqué par un dialogue que Marc allait chez le boucher, évitez d’écrire des descriptions à n’en plus finir de Marc allant chez… le boucher !). Attention cependant, dans certains cas, la redondance peut être nécessaire. Par exemple, cela peut être pratique de rappeler le lieu où évolue un personnage même si celui-ci est déjà indiqué dans l’intitulé de la séquence. En effet, certains lecteurs sautent la lecture de ces intitulés afin d’avoir une lecture plus fluide. Page 9 sur 11 - Faites attention au rythme du film : si une action se doit d’être rapide, ne perdez pas trop le temps du lecteur avec des descriptions trop longues, à l’inverse, si une action est assez lente, essayez de décrire ce qu’il y a autour de cette action lente, ce qui fait que malgré que le rythme soit lent, le spectateur (et le lecteur) ne s’ennui pas. Il faut avoir toujours à l’esprit que grosso modo : 1 lignes ± 1 secondes, 1 pages ± 1 minutes, etc. Attention tout de même, il ne faut pas « meubler » le film d’informations inutiles (ou peu utiles) dans le but de correspondre à la nomenclature précédemment cité. Gardez bien à l’esprit que si votre scénario à un problème de rythme, il y a de grandes chances que votre film en ait aussi, et tricher (ou meubler) ni changera rien. - Ne pas être dans de la prose littéraire mais bien dans la description de contenu audiovisuel - Evitez les informations psychologiques (les acteurs avec qui vous travaillerez en lisant le scénario ne devront pas seulement savoir que Marc est heureux d’aller chez le boucher, ils devront aussi savoir dans les faits, qu’est-ce qui le rend heureux, cela peut être par exemple : Marc marche dans la rue, le pas léger, le sourire au lèvre, les bras dynamique, en sifflotant une chansonnette). - Essayez d’avoir du style, car vous vous rendrez compte que malgré les contraintes liés à la continuité dialoguée (ne pas faire de littérature, ne pas parlez de psychologie du personnage), votre écrit peut avoir du style. Et c’est d’autant plus important que c’est ce style qui va sûrement séduire un lecteur… 4.0 – Le secret de tout scénariste Pour conclure, ce petit document pédagogique sur « les règles essentielles pour l’écriture d’un scénario » comment ne pas rappeler ce qui doit être une évidence pour chacun d’entre nous. Le secret pour écrire un bon scénario, c’est avant tout, le travail. Ecrire encore et encore, mais pas seulement. Se relire est tout aussi essentiel. Pour un auteur, se relire permet de prendre de la distance sur son travail, de ne plus le voir comme simplement sa production mais comme une production. On est souvent son premier lecteur, et ce travaille de relecture ne doit pas être négligé. Particulièrement si celui-ci est difficile et fastidieux. Pour votre relecture, faites attention à ce que vous décrivez, qu’est-ce que cela dit de l’image de votre film, faites attention aussi au rythme qui se dégage de votre récit, et enfin, faites attention à sa clarté : est-ce que les enjeux dramatiques présent dans la continuité dialogué sont bien intelligibles ou non. Page 10 sur 11 Références Les références que j’ai utilisé afin de rédiger ce document sont les suivantes : -‐ Formation à l’écriture de scénario d’un court-métrage, de Nicolas HABAS (http://nicolashabas.com) au sein de l’association stéphanoise « Ciel ! les noctambules » (http://ciel-lesnoctambules.com) -‐ Atelier d’écriture cinéma – scénario de la deuxième année d’Art du Spectacle de l’Université Lumière Lyon 2 : http://www.univ-lyon2.fr/licence-arts-du-spectacle-etudescinematographiques-et-photographiques-139436.kjsp -‐ « Savoir rédiger et présenter son scénario » de Philippe Perret et Robin Barataud : http://www.amazon.fr/Savoir-rédiger-présenter-son-scénario/dp/2912573106 -‐ Expériences vécues en tant qu’auteur, scénariste, et réalisateur de court-métrage, mais aussi en tant que relecteur de scénario. Page 11 sur 11