Témoignage de Rita SOUSSIGNAN, Professeur d`Histoire antique

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Témoignage de Rita SOUSSIGNAN, Professeur d`Histoire antique
Témoignage de Rita SOUSSIGNAN, Professeur
d’Histoire antique, participante
au projet
Landmarks du programme COST
Janvier - Février 2009
Par Anne-Laure ALLAIN
Rita Soussignan est directeur-adjoint du CESAM, Centre d’étude des Sociétés
Antiques et Médiévales, (JE 2452), à l’Université du Maine depuis 2004. Nous
l’avons rencontrée pour discuter de son expérience dans un projet lié au
programme COST, l’Action COST A27 intitulée Landmarks.
Quels sont les objectifs de cette action COST ?
L’Action COST A27 se propose à la fois d’étudier et de donner une
nouvelle valeur ajoutée aux paysages pré-industriels européens.
La meilleure façon d’appréhender cet objectif général est sans doute de
partir d’un exemple concret, celui du parc culturel et archéologique de
Las Médulas, dans la Galice Espagnole, inscrit au Patrimoine Mondial de
l’Unesco. Il s’agit d’un espace de plusieurs centaines d’hectares qui
recèle les restes de l’exploitation de mines d’or de l’époque romaine.
Autour de celles-ci un grand travail de valorisation a été mené en
collaboration avec des historiens et archéologues du Conseil Supérieur
de la Recherche Scientifique espagnol, qui ont mis en place la Fondation
Las Médulas. Dans le Parc les visiteurs -entre 100000 et 150000 par anpeuvent suivre plusieurs itinéraires guidés où des panneaux et des
centres d’information expliquent la signification de l’ensemble des restes
romains. C’est un modèle pour les autres partenaires des 21 pays
européens qui ont adhéré à l’Action. C’est intéressant pour les historiens
de mener à bien de tels projets de valorisation car le discours dominant
tend parfois à donner l’impression que la recherche en histoire n’est pas
socialement utile, comparée aux domaines des sciences et techniques.
Cette voie est pourtant à explorer pour pouvoir ajouter une nouvelle
valeur sociale et économique à nos disciplines, tout en gardant un haut
niveau scientifique.
En quoi consiste concrètement le projet ?
Le projet a été organisé sous la forme de groupes de travail qui se
retrouvaient deux fois par an pendant deux jours. L’une des journées était
consacrée à des colloques et l’autre aux réunions des groupes de travail.
Nous avons décidé de tenir aux mêmes dates les réunions de tous les
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groupes de travail afin de faciliter la participation. Les dates étaient fixées
longtemps à l’avance. Un autre aspect important est la pratique de la
mobilité de chercheurs : nous avons quelques thésards qui ont bénéficié
de courts séjours d’1-2 semaines auprès des équipes partenaires (STS :
short term missions). Les réunions des groupes de travail et les colloques
ont donné lieu à plusieurs publications collectives de qualité (12 ouvrages
en 4 ans). Un certain nombre de ces publications a été co-financé par
l’action COST qui apportait 3000€ de participation par ouvrage, ce
montant étant complété par les apports des différentes institutions des
pays partenaires.
Quel a été votre rôle dans l’action COST Landmarks ?
J’ai eu un rôle dans la gestion et l’organisation des différentes activités en
tant que coordinateur d’un des groupes de travail, consacré aux
paysages ruraux, avec deux autres collègues européens. Ce groupe
rassemblait une quarantaine de chercheurs. Un certain nombre de
colloques a été organisé dans le cadre de celui-ci, dont un à l’Université
du Mans en Décembre 2006, « Marqueurs des paysages et systèmes
socio-économiques – De la construction des paysages préindustriels à
leur perception par les sociétés contemporaines ». Après cette réunion,
avec d’autres collègues, j’ai également assuré l’édition scientifique et la
publication d’un livre issu de ces travaux.
Quel a été le cheminement vous amenant à participer à cette
action COST ?
L’intégration a été relativement facile puisque j’avais déjà participé à une
action COST de 3 ans, renouvelée une fois, donc 6 ans au total, au cours
des années 1990. Mon ancienne directrice de laboratoire à l’Université de
Besançon (Institut des Sciences de l’Antiquité, CNRS) était la présidente
de cette action, consacrée à l’étude des paysages antiques. Je n’étais à
l’époque qu’un simple participant lambda. Au bout de six ans, il a été
décidé de monter une nouvelle action COST, en élargissant le champ
chronologique et les objectifs : la nouvelle action s’est ainsi concentrée
sur l’identification et la valorisation actuelle des paysages de l’antiquité au
XIXème siècle.
Las Medulas, Galice Espagnole
Les partenaires étaient-ils similaires à ceux du premier
projet ?
L’action Landmarks touche un plus large champ de disciplines car il ne se
limite pas aux paysages antiques et s’intéresse à la valorisation
économique actuelle du paysage.
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Le premier projet regroupait principalement des historiens et des
archéologues de l’antiquité, ainsi que des juristes spécialisés dans le
droit romain, ces derniers venant d’Italie et d’Allemagne, pays où cette
discipline est plus développée qu’en France. Le nouveau consortium
comprend toujours des historiens et des archéologues, mais aussi des
géographes, des géologues ainsi que des informaticiens.
Vous avez parlé d’informaticiens ?
Oui, ces informaticiens ont travaillé à la création de bases de données
relatives aux différents espaces européens qui ont déjà mis en œuvre
des expériences de valorisation des paysages historiques.
Des sites Internet ont par ailleurs été créés dont un, géré par l’Université
de Pérouse en Italie, recensant toutes les activités des parcs culturels (cf
lien dans l’encadré.)
Cette action réunit donc des personnes avec des cultures de
travail très différentes, comment cela s’est-il passé ?
Cela s’est avéré être une difficulté réelle au départ, car les chercheurs
travaillaient à la fois sur des territoires différents et avec des approches
disciplinaires et/ou des traditions culturelles différentes selon les pays. Il
a donc fallu tout d’abord identifier des points d’unité et de convergence
au sein du groupe.
Maintenant que ce projet approche de la fin, à l’heure des bilans, nous
considérons que cette diversité a été un atout et une véritable richesse.
Nous avons beaucoup appris les uns des autres de ces différentes
approches.
Visite à Thingvellir, Islande
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Avez-vous rencontré des difficultés dans la gestion du
projet ?
Nous n’avons pas vraiment rencontré de difficultés majeures. Les actions
COST sont relativement souples et il y avait toujours moyen de négocier
les budgets avec l’administration européenne (ndlr : l’European Science
Foundation gère désormais ce programme de l’Union européenne.).
D’ailleurs quand nous avons commencé, les fonctionnaires européens
assuraient eux-mêmes la gestion financière des projets et la présidente
de l’Action, ainsi que le comité de gestion, pouvaient se concentrer sur
les aspects scientifiques. Nous avons eu, par ailleurs, des responsables
de projet efficaces, plus particulièrement la Présidente espagnole, A.
Orejas. La plus grande difficulté a été d’ordre intellectuel quand il a fallu
déterminer un projet commun avec des spécialistes aux pratiques si
différentes les unes des autres.
Est-ce que cela a suscité d’autres projets ?
Effectivement, cette action a suscité de nouvelles idées. Une proposition
de projet pour le programme CULTURE 2007-2013 est en cours de
préparation avec un porteur de projet portugais. Ce type de projet
demande une forte implication de la part des institutions locales.
Las Medulas, Galice Espagnole
Le
projet
LANDMARKS
"Understanding
pre-industrial
structures in rural and mining
landscapes" est piloté par le
Conseil
Supérieur
de
la
Recherche
Scientifique
de
l'Espagne.
Son objectif est d'identifier et
d'évaluer les éléments préindustriels du paysage européen,
éléments qui se trouvent menacés
par l'abandon des
activités
agricoles
et
minières
traditionnelles. Les partenaires
s'attachent plus concrètement à
examiner les processus de
changement que ces paysages
connaissent ou ont connu, à
évaluer les risques en termes
d'identité sociale et de patrimoine,
et à envisager les possibilités
d'intégration de ces espaces dans
l'économie et la société du 21ème
siècle.
Au CESAM, Rita Soussignan
assure
personnellement
la
coordination du Groupe de travail
n°2 "Rural landscapes", en
collaboration avec deux collègues
danois et italien.
Site Internet
http://www.soc.staffs.ac.uk/jdw1/c
osta27home.html
Site des paysages culturels :
http://www.unipg.it/COSTactionA2
7/parks-activities
Contact :
07-2012
www.lunam.fr/
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