concours departemental des villes et villages fleuris
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concours departemental des villes et villages fleuris
COMITE DU TOURISME DE LA SOMME CONCOURS DEPARTEMENTAL DES VILLES ET VILLAGES FLEURIS ANNEE 2.010 REUNIONS DE SENSIBILISATION COMPTE-RENDU « IDENTITÉ LOCALE ET FLEURISSEMENT » 2 Préambule Le Concours Départemental des Villes et Villages fleuris de la Somme démarre l’année 2010 par un cycle de formations. A l’issue d’une réunion de coordination des jurys, qui s’est tenue le Mardi 5 janvier 2010 à Domart-en-Ponthieu, il a été décidé de choisir un thème auquel vous êtes confronté quotidiennement dans le cadre du fleurissement des Villes et Villages : le respect de l’identité locale. Lors de cette réunion, l’ensemble des jurés a opté pour deux grands changements dans le concours : - - la modification de la grille de notation des villes et villages ; elle prend en compte l’évolution que vous avez donnée à vos paysages ruraux et urbains, et donne une part plus importante au développement durable la refonte des catégories du concours des Maisons fleuries Vous trouverez en annexe de ce compte-rendu, deux fiches détaillées concernant ces modifications. Le département de la Somme n’a pas l’allure monotone et banale que perçoivent certains automobilistes qui la traversent par l’Est sur l’autoroute A1. C’est, bien au contraire, un département de grande diversité paysagère, qui permet de parler d’identités plurielles. Citons, à titre d’exemple, quelques points forts identitaires du Département : - - l’Est, avec ses grandes plaines et son architecture de briques, datant de la reconstruction des années 1920 – 1930 ; les villages y sont aérés et souvent verdoyants le Ponthieu, avec ses paysages vallonnés, entrecoupés de vallées profondes et de petites forêts ; les villages présentent un patrimoine architectural remarquable le Vimeu Vert, qui préserve encore des villages entourés d’un dense maillage bocager, occupant parfois de charmantes vallées bucoliques l’Amiénois et ses villages de briques, pierres et torchis, qui s’étirent de part et d’autre d’un centre de village organisé autour de l’église, de la place plantée de Tilleuls palissés, de la Mare et du Château construit en briques et pierres le Marquenterre, avec ses villages peu denses, qui s’étirent le long de rues sinueuses où le visiteur se perd et « tourne » au milieu des prairies humides, fossés et bois dunaires. Fleurir en respectant l’identité locale, c’est : - apprendre à déterminer l’identité de sa ville ou de son village connaître les effets des différentes plantes sur l’identité paysagère locale adapter son fleurissement à l’identité de chaque lieu Concours Départemental des Villes et Villages Fleuris de la Somme – Réunions de Sensibilisation – Compte-rendu – Comité du Tourisme de la Somme – AGENCE SEINE PAYSAGE - François MARIÉ –Paysagiste – mars 10 3 Il faut connaitre l’identité de sa ville ou de son village L’identité paysagère paraît une notion bien abstraite ; pourtant, il s’agit là de références concrètes à la perception que chacun va avoir de son environnement quotidien. On peut définir l’identité paysagère par les interactions qui existent entre l’habitant et son environnement quotidien : - ce qu’il voit autour de lui : relief, architecture, végétation, cours d’eau, etc.… ce qu’il sent : odeur des étables, des usines, du foin, des arbres en fleurs, … ce qu’il entend : chant des oiseaux, tracteurs, autoroute, … le sentiment qu’il porte sur son environnement : moderne, « ringard », romantique, historique, touristique les relations qu’il cultive avec les autres habitants et les visiteurs Ainsi, à titre d’exemple, dans un même village fleuri, à architecture ancienne, à vocation touristique, avec une agriculture d’élevage : - - l’éleveur, dont la famille est présente depuis de nombreuses générations dans la ferme, trouvera les paysages environnants « ringards » et vétustes le cadre urbain, ayant décidé d’habiter en campagne et faire la route tous les jours pour se rendre au travail, déterminera un environnement « authentique », parfaitement adapté à ce qu’il cherche le retraité pourra y trouver son compte, non pas pour des raisons esthétiques, mais parce qu’il y a une vie associative, des touristes qui animent les rues et une certaine tranquillité sonore. L’identité paysagère a donc autant de lectures possibles qu’il y a d’habitants … Il n’y a pas de méthode « cartésienne » pour définir l’identité de sa ville ou de son village ; mais on peut l’approcher par différentes pistes : - - - observer, seul ou en groupe, faire des photos, des schémas, des croquis, … écouter parler les habitants et les visiteurs pour connaitre leur ressenti : on est ainsi très surpris de l’apport que peuvent faire à ce travail des personnes extérieures à la commune. Il faut également laisser une place importante aux récits des anciens. se documenter, par des recueils historiques, des archives, des ouvrages locaux, des cartes postales. Une voie nouvelle vient d’apparaitre : il s’agit de l’accessibilité d’une partie des archives départementales de la Somme sur le Web. positionner sa commune dans l’Atlas des Paysages de la Somme (Bertrand le Boudec et Hélène Izembart, Ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’aménagement durables, DRE Picardie) Concours Départemental des Villes et Villages Fleuris de la Somme – Réunions de Sensibilisation – Compte-rendu – Comité du Tourisme de la Somme – AGENCE SEINE PAYSAGE - François MARIÉ –Paysagiste – mars 10 4 Figure 1 Couverture de l'Atlas des Paysages de la Somme L’observation des paysages alentours va nécessairement se faire par des « fenêtres » de lecture : - le relief : commune de plateau ou de vallée, présence de talwegs, de talus, de collines, etc. Figure 2 Exemple de "bloc diagramme", indiquant clairement le relief sur l'identité paysagère - la végétation : présence de bois, forêts, remises, bocages, marais, prairies permanentes, cultures, friches, dunes, falaises, etc.… l’organisation de l’agglomération : village-rue, village médiéval, présence de hameaux, en fonds de vallée, « en balcon » au dessus d’une vallée, entourée d’un « tour de ville » planté, etc. Figure 3 Village médiéval et village-rue Concours Départemental des Villes et Villages Fleuris de la Somme – Réunions de Sensibilisation – Compte-rendu – Comité du Tourisme de la Somme – AGENCE SEINE PAYSAGE - François MARIÉ –Paysagiste – mars 10 5 - l’architecture : torchis, silex, colombages, briques du XIX° siècle, briques de la reconstruction, béton des années 1950, etc. la présence du petit patrimoine architectural et des éléments écologiques majeurs. Figure 4 Calvaire A cette observation, il est important de jauger la structure sociologique de la population et son fonctionnement social (importante vie associative, sens de l’accueil des visiteurs, repli chez soi, etc.). La connaissance de l’identité paysagère d’un lieu n’est pas suffisante pour déterminer un fleurissement mettant en valeur l’identité locale : il faut également connaître l’incidence de chaque groupe de plantes sur l’identité paysagère. Connaître les effets des plantes sur l’identité paysagère locale Les plantes ont par leur aspect et les coutumes d’utilisation, des significations culturelles fortes. Il faut les connaitre pour les utiliser ensuite à bon escient : - les arbres : ils symbolisent en premier lieu la nature. C’est pour cela que les villes s’attellent à planter des arbres dans les cœurs urbains : elles retrouvent ainsi un semblant de nature … L’arbre, grâce à l’âge qu’il peut atteindre et sa présence fréquente près des monuments historiques, représente dans notre culture l’histoire : l’identité de ville historique sera renforcée par la plantation d’arbres. Figure 5 Arbres encadrant l'entrée d'une demeure historique Concours Départemental des Villes et Villages Fleuris de la Somme – Réunions de Sensibilisation – Compte-rendu – Comité du Tourisme de la Somme – AGENCE SEINE PAYSAGE - François MARIÉ –Paysagiste – mars 10 6 - - Les arbustes : leur forme arrondie, les volumes qu’ils peuvent créer, permettent « d’adoucir » les lignes anguleuses de l’architecture, et d’induire ainsi une forme naturelle dans des sites urbanisés Les haies : dans notre département, elles rappellent l’omniprésence du bocage autour des villages ; elles sont porteuses d’une forte image de ruralité, mais également d’histoire. Il n’est pas rare de voir de grands projets urbains reprendre des formes champêtres de haies pour rappeler l’histoire rurale de la ville et de son environnement. Dans le secteur du Souvenir, les haies sont largement utilisées dans les cimetières du Commonwealth, car elles correspondent à la culture britannique Figure 6 Haie de Hêtres autour d'un cimetière britannique - Les plantes grimpantes : elles accompagnent et mettent en valeur des éléments du patrimoine architectural ; leur utilisation peut permettre de renforcer l’identité de ville ou de village « historique ». Elles sont également un moyen efficace pour masquer des éléments « modernes » de l’architecture (exemple : abribus en plastique noyé sous un lierre) Figure 7 Abribus noyé sous un Ampélopsis - Les plantes vivaces et les bulbes : ces plantes de jardins de « curés » ou jardins de « grand-mères » redeviennent à la mode, après des décennies d’oubli. Elles induisent une identité historique, mais également de « campagne où il fait bon vivre ». Leur forme naturelle, leur adaptation aux politiques nouvelles de Développement Durable, renforceront considérablement l’image « nature » d’une commune. Ainsi, le fleurissement des vieilles rues de Saint-Valery-sur-Somme par l’association du « Jardin de l’Herbarium », souligne parfaitement la politique de la municipalité en matière de développement touristique axé sur le patrimoine historique et naturel. Concours Départemental des Villes et Villages Fleuris de la Somme – Réunions de Sensibilisation – Compte-rendu – Comité du Tourisme de la Somme – AGENCE SEINE PAYSAGE - François MARIÉ –Paysagiste – mars 10 7 - Les plantes annuelles : forme la plus « perfectionnée » du fleurissement urbain, les plantes annuelles ont accompagné les politiques de modernisation de la France durant les « trente glorieuses ». Elles symbolisent développement économique, recherche scientifique, urbanité et modernisme. Leur utilisation est actuellement très décalée par rapport au discours de développement durable. Les différentes catégories de plantes revêtent ainsi des significations culturelles marquées : le fleurissement des villes et villages devra donc tenir compte de ces « fonctions » pour aménager les différents espaces communaux. Savoir adapter le fleurissement à chaque lieu Il n’est pas envisageable de fleurir une agglomération d’une seule manière : il faut s’adapter à chaque situation pratique, technique et paysagère. Ainsi, par exemple, quelle similitude trouvera-t-on entre le fleurissement d’une rue piétonne encadrée de vieilles façades et celui d’une zone artisanale de plusieurs hectares ? - les grands espaces (places, terrains festifs, avenues d’herbes, etc.) : on utilisera prioritairement les arbres qui compenseront la surface par leur verticalité. Ainsi, une place en herbe peut parfaitement et efficacement se contenter d’un entourage de Tilleuls. Quoi de plus majestueux pour diriger le regard vers un monument historique qu’une double rangée d’arbres, strictement alignés. Les haies sont elles aussi utiles dans ces situations, car elles permettent une délimitation des espaces. Figure 8 Place de village plantée d'arbres - - Les rues des villages ruraux : l’écueil à éviter est l’alignement de petites annuelles communes (pensées, roses d’Inde, bégonias). Afin de souligner l’identité rurale de la rue, mieux vaut privilégier les plantes vivaces, les arbustes et, s’il y a suffisamment de place, les arbres Les abords de vieilles constructions : les plantes vivaces, par leurs formes aléatoires et leur présence coutumière dans les jardins historiques, vont convenir parfaitement à ces situations. Elles peuvent être renforcées par quelques arbustes, à condition qu’ils soient choisis dans une palette « naturelle » (éviter les feuillages panachés, à connotation très urbaine). Les plantes grimpantes peuvent compléter l’effet des plantes Concours Départemental des Villes et Villages Fleuris de la Somme – Réunions de Sensibilisation – Compte-rendu – Comité du Tourisme de la Somme – AGENCE SEINE PAYSAGE - François MARIÉ –Paysagiste – mars 10 8 vivaces, en soulignant tel détail d’architecture et en donnant un peu de verticalité au fleurissement. Figure 9 Mise en valeur d'un vieux mur par des plantes vivaces - - Les ouvrages modernes ou disgracieux : il peut s’agir de réaliser une transition entre l’allure très urbaine d’une construction et un environnement plus rural ou naturel. Les arbustes et plantes grimpantes sont naturellement bien adaptés à ces situations, car ils vont compenser les lignes strictes par des formes plus nuancées. Arbustes et plantes grimpantes seront utiles pour masquer des éléments architecturaux disgracieux : murs en parpaings, poteaux en ciment, abribus en tôle plastique, conteneurs à déchets, etc.… Les rues à fortes fréquentation : quand le trafic piétonnier est trop intense, la réalisation de plantations en pleine terre est difficile à envisager. Des contenants artificiels vont devoir être mise en place pour engager un fleurissement. Un soin particulier devra être apporté à deux éléments : € les contenants doivent être esthétiques : choisir des coloris neutres et proscrire les contenants de récupération (ex : buses en béton …). On veillera, si cela est possible, à simplifier la lourde et coûteuse tâche d’arrosage par un système d’arrosage en gouttes à gouttes intégré. € Les plantes utilisées doivent être volumineuses de façon à masquer, ou au moins faire oublier le contenant. Il est pour cela nécessaire d’explorer d’autres espèces de plantes annuelles que celles communément vendues par les horticulteurs Figure 10 Annuelles volumineuses : le support est masqué Concours Départemental des Villes et Villages Fleuris de la Somme – Réunions de Sensibilisation – Compte-rendu – Comité du Tourisme de la Somme – AGENCE SEINE PAYSAGE - François MARIÉ –Paysagiste – mars 10 9 - - les lotissements modernes : ces lieux présentent souvent des banquettes d’herbe destinées à l’infiltration des eaux, sur des surfaces assez importantes. On privilégiera ainsi les arbres, les plantes vivaces, et, pour les noues, les plantes hydrophytes. Les Zones d’activités : leurs surfaces importantes (plusieurs hectares), leur position dominante sur les plateaux, en plein vent, incitent à donner une forte intimité à ces espaces ; on privilégiera ainsi les plantations d’arbres et de haies, qui permettront de « casser » les perspectives d’une part, et modérer la rudesse des vents d’autre part. Figure 11 Alignement d'arbres sur une ZAC Conclusion Fleurir tout en respectant et en valorisant l’identité paysagère de sa ville et de son village est possible. Il faut pour cela prendre le temps de la réflexion et se doter des bons outils. Nous vous souhaitons à tous une excellente campagne de fleurissement ! Concours Départemental des Villes et Villages Fleuris de la Somme – Réunions de Sensibilisation – Compte-rendu – Comité du Tourisme de la Somme – AGENCE SEINE PAYSAGE - François MARIÉ –Paysagiste – mars 10