COMMENTAIRES D2/DEFINITION CHANGEMENT CLIMATIQUE Un

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COMMENTAIRES D2/DEFINITION CHANGEMENT CLIMATIQUE Un
COMMENTAIRES
D2/DEFINITION CHANGEMENT CLIMATIQUE
Un changement climatique correspond à une modification durable (de la décennie
au million d'années) des paramètres statistiques (paramètres moyens, variabilité)
du climat global de la Terre ou de ses divers climats régionaux. Ces changements
peuvent être dus à des processus intrinsèques à la Terre, à des influences
extérieures1 ou, plus récemment, aux activités humaines.
Le changement climatique anthropique est le fait des émissions de gaz à effet de
serre engendrées par les activités humaines, modifiant la composition de
l'atmosphère de la planète2. À cette évolution viennent s'ajouter les variations
naturelles du climat.
Dans les travaux du GIEC3, le terme « changement climatique » fait référence à
tout changement dans le temps, qu'il soit dû à la variabilité naturelle ou aux
activités humaines4.
Au contraire, dans la Convention cadre des Nations Unies sur le changement
climatique5, le terme désigne uniquement les changements dus aux activités
humaines. La Convention-cadre utilise le terme « variabilité climatique » pour
désigner les changements climatiques d'origine naturelle.
D8 DES CAUSES AUX EFFETS GLACES
La fonte des glaciers continentaux et des calottes polaires. Cette dernière s'étale
sur une longue durée, la fonte des glaciers se mesurant à l'échelle de plusieurs
décennies, et celle des calottes polaires sur plusieurs siècles ou millénaires.
D10 DES CAUSES AUX EFFETS PERTURBATION FAUNE FLORE
Environ 20 à 30 % des espèces évaluées à ce jour sont susceptibles d'être exposées
à un risque accru d'extinction si l'augmentation du réchauffement mondial moyen
dépasse 1,5 à 2,5 °C (par rapport à 1980 - 1999). Avec une augmentation de la
température mondiale moyenne supérieure d'environ 3,5 °C, les projections des
modèles indiquent des extinctions (de 40 à 70 % des espèces évaluées) dans le
monde entier. En plus des effets directs en raison de cette élévation, il existe aussi
1
des déconnections géographiques entre des prédateurs et leurs proies ou entre
plantes et leurs insectes pollinisateurs…
D15 TABLEAU 1 D19/ PRECIPITATIONS
Lorsque l'ancien typhon Nalgae aborde la péninsule indochinoise ce mercredi, la
Thaïlande connait depuis ces deux derniers mois les pires inondations depuis
plusieurs décennies.
Des millions de thaïlandais sont touchés par ces intempéries et on parle à présent
de plusieurs centaines de morts en raison notamment de digues qui ont cédé sous
l'assaut des fleuves et des rivières en crues. Près de 10 000 militaires ont été
mobilisés pour faire face au fléau mais l'ampleur de la tâche s'avère très
importante.
La Thaïlande se trouve actuellement dans sa période de mousson qui débute au
mois de mai pour se terminer en octobre. Durant cette période, il tombe
habituellement près de 1280 mm de pluie soit 88 % de la pluviométrie annuelle.
Cette année, ce ne sont pas moins de 1604 mm qui sont tombés à Bangkok entre
mai et septembre, soit 110% de la pluviométrie annuelle normale.
Or la captiale ne se trouve qu'à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer et
certains quartiers du fleuve Chao Phraya sont déjà sous les eaux.
Ailleurs, sur le pays, la situation est tout aussi dramatique puisqu'on relève depuis
le mois de mai :
- 1604 mm à Bangkok (soit 169% de plus que la normale)
- 1241 mm à Chiang Mai (soit 133% de plus que la normale)
- 1015 mm à Udon Thani (soit 107% de plus que la normale)
- 1470 mm à Phitsanulok (soit 139% de plus que la normale)
- 1095 mm à Nakhon Sawan (soit 134% de plus que la normale)
- 1545 mm à Ubon Ratchattani (soit 112% de plus que la normale)
- 2671 mm à Chanthurri (soit 116% de plus que la normale)
- 945 mm à Chumphon (soit 105% % de plus que la normale)
- 723 mm Songkhla (soit 131% de plus que la normale)
Ces cumuls pluviométriques sont certes importants au regard de ce qu'il tombe
2
sous nos contrées mais pas exceptionnels si l'on s'en tient aux écarts à la normale.
Toutefois, ces écarts cachent des disparités mensuelles plus importantes. Ainsi, il
est tombé à Bangkok au mois de juin 320% de plus qu'à la normale, à Nakhon
Sawaon 241% de plus au mois de mai, à Prachuap Khirikhan 253% de plus au mois
de juillet, à Songkhla 220% de plus au mois d'août et enfin à Chanthaburi 181% de
plus au mois de septembre. D'autre part, l'arrivée de la dépression tropicale
Nalgae dans les prochaines 36 heures, n'augure rien de bon pour le nord du pays.
La saison de la mousson ne se terminant qu'à la fin octobre, d'autres pluies très
importantes sont encore susceptibles de se produire.
source : http://actualite.lachainemeteo.com/
D15 TABLEAU 1 D20/ INONDATIONS PAR LA MER
50 à 200 millions de personnes, essentiellement dans la zone Asie-Pacifique seront
réfugiées climatiques d’ici 2050
D15 TABLEAU 1 D21/ SECHERESSE
Météo France vient de présenter les résultats de l’étude Climsec sur les sécheresses
en France métropolitaine et les pronostics possibles pour les années futures.
Conclusion : ces épisodes seront de plus en plus fréquents, avec des effets
importants à partir de 2050.
De 2008 à 2011, l’étude Climsec (à laquelle plusieurs organismes ont collaboré,
comme le CNRS et le Cemagref) s’est penchée sur les épisodes de grande sécheresse
en France métropolitaine survenus entre 1950 et 2008. L’idée était d’abord de
caractériser ces événements sur les plans météorologique (les précipitations),
hydrologique (le débit des cours d’eau et les nappes) et agricole (état des sols), en
particulier les plus intenses, en 1976, 1989 et 2003.
D’une sécheresse à l’autre, en effet, les phénomènes et les conséquences
diffèrent. Ainsi, la sécheresse de 1976 se distingue par le plus grand déficit de
précipitations alors que celle de 1989 a conduit à la plus importante diminution de
l’humidité des sols superficiels.
Changements importants à partir de 2050
Ce diagnostic a ensuite servi à des pronostics pour le futur, appuyés sur les
projections du Giec, avec la prise en compte des incertitudes des modèles actuels.
Le bilan, qui vient d’être publié, tombe justement dans une période de grande
sécheresse, qui s’établit parmi les records depuis 1900.
3
Conclusion : quels que soient les modèles retenus, les sécheresses augmenteront à
l’avenir en nombre et en intensité. Durant le premier tiers du XXIe siècle, les
conséquences des sécheresses devraient rester peu marquées. En revanche, à
partir de 2050, la France métropolitaine connaîtra un assèchement durable des
sols. Après 2080, le rapport Climsec prévoit des conditions difficiles avec des
sécheresses de fortes intensité et des épisodes qui pourraient s’étaler sur
plusieurs années consécutives. Les changements de climat devraient concerner
davantage le nord et le nord-est de la France. Quoi qu’il en soit, conclut l’étude, il
faut se préparer à ces évolutions, dans la gestion de l’eau et dans les pratiques
agricoles.
En 50 ans, le Lac Tchad est passé de 20.000 km2 à 2.000 km2. Conséquences des
sécheresses répétées et à la surexploitation des eaux pour l’irrigation et
l’alimentation des villes. Les riverains ont profité de cette situation pour se lancer
dans d’autres activités. Les pêcheurs et éleveurs sont devenus agriculteurs. Ils ont
utilisé les sols humides et fertiles occasionnés par la sécheresse du Lac, pour y
établir des cultures de maïs, de niébé, de riz, de sorgho et même de poivron. Ils
ont ainsi délaissé la culture pluviale du mil sur les berges, devenue incertaine, au
profit de ces nouvelles cultures, qui ne nécessitent ni irrigation, ni fertilisants.
Face à l’assèchement progressif du Lac, un projet international vise à empêcher sa
totale disparition. Ce projet consiste en un transfert des eaux de l'Oubangui, le
principal affluent du fleuve Congo, au Chari, qui alimente la cuvette sud du lac. Ce
transfert fournirait un débit supplémentaire, supérieur à l’actuel débit du Chari. Le
projet inquiète les organismes de recherche qui tirent la sonnette d’arme sur le
changement que cela pourrait avoir à nouveau sur le mode de vie des populations
riverains. Selon une étude menée par des experts des universités de Niamey,
Maradi et Tahoua au Niger, du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS)
et de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) en France, les
populations locales se sont largement adaptées à la pluviométrie insuffisante pour
leurs exploitations traditionnelles. «L'apport constant (en eau) envisagé (...)
remettrait à nouveau profondément en question les systèmes de production et les
modes de vie actuels des habitants», a noté l’étude.
Le Lac Tchad est exploité par le Niger, le Nigeria, le Tchad et le Cameroun. Il
demeure une ressource vitale pour ces quatre pays riverains.
Christophe Koffi Noubouzan Afreeknews.com
D16 TABLEAU 2D22 FONTE PERGELISOL
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Le scénario envisagé par les chercheurs. Dans le pergélisol, le méthane est
synthétisé à partir du carbone. Lors de la fonte, il est libéré dans l'atmosphère
(une partie subit une oxydation menant à la formation de CO2). De l'azote issu de
la dénitrification (libération de protoxyde d'azote) est capté au niveau du
pergélisol induisant la synthèse de méthane. Enfin les bactéries synthétisent du
dioxyde de carbone et du méthane à partir du carbone organique.
D16 TABLEAU 2D22 FONTE PERGELISOL SUITE
Le méthane s’échappe à un taux alarmant du plateau continental de Sibérie
orientale. Les émissions de cette zone équivalent à elles seules à la totalité du
reste des émissions océaniques. La température de la lithosphère et celle de l’eau
de mer font fondre le pergélisol par les deux bouts. Ce pergélisol troué laisse alors
s’échapper le méthane qu’il retenait.
Contrairement à ce que l’on pensait, le pergélisol sous-marin n’est pas protégé du
dégel par la mer. Des chercheurs américains viennent en effet de découvrir en
Sibérie que de nombreuses fuites relâchent de grandes quantités de méthane dans
l’atmosphère. Nul ne sait depuis quand ce puissant gaz à effet de serre s’échappe
et si ce dégazage risque de provoquer un réchauffement brutal et dramatique du
climat.
Les chercheurs de l’Université d’Alaska à Fairbanks (UAF) avaient déjà détecté en
2008 une augmentation des concentrations de méthane dans l’eau de mer au large
du littoral sibérien. Une équipe internationale s’est donc intéressée de plus près
au plateau continental de Sibérie orientale, qui a révélé de nombreux signes
d’instabilité et de suintement de méthane. Or ce méthane (CH4) est un puisant gaz
à effet de serre. L’émission d’un kilogramme de ce gaz correspond au rejet de 23
kilogrammes de dioxyde de carbone (CO2). Ce gaz, issu de la décomposition
anaérobie de la matière organique, est présent dans les sols, piégé dans le
pergélisol (ou permafrost), et dans la mer, sous forme de dépôts côtiers d’hydrates
de méthane (clathrates).
Si la fonte du pergélisol terrestre, causée par le réchauffement climatique, ainsi
que les preuves de la déstabilisation des gisements marins d’hydrates de méthane,
5
faisaient craindre un dégazage brutal du méthane, véritable bombe climatique, le
pergélisol marin était considéré imperméable, donc sans risque.
Pourtant, au terme d’une campagne de mesures des taux de méthane au niveau
du plateau continental à l’est de la Sibérie, l’équipe de Natalia Shakhova et d’Igor
Semiletov de l’International Arctic Research Center (IARC) de l’UAF a constaté que
« la quantité de méthane qui s’échappe actuellement du plateau arctique de la
Sibérie orientale est comparable à celle qui s’échappe de l’ensemble des océans du
monde. Le pergélisol sous-marin est en train de perdre ses caractéristiques de
couvercle imperméable ».
Les scientifiques ont estimé que les émissions qui s’échappaient des « trous » du
pergélisol sous-marin s'élevaient à 7 millions de tonnes de méthane par an, soit
2% du total des émissions mondiales.
Les émanations sont importantes... mais depuis quand ?
Le plateau continental de Sibérie orientale, riche en méthane, s'étend sur deux
millions de kilomètres carrés. Il est donc est trois fois plus étendu que les zones
humides sibériennes situées à proximité et considérées jusqu’à présent comme la
principale source de méthane de l’hémisphère nord.
De plus, ce plateau se trouve à de faibles profondeurs (environ 50 mètres), donc le
méthane qui s'en échappe n’a pas le temps de s’oxyder pour se transformer en
CO2. « On pensait que l’eau de mer maintiendrait gelé le pergélisol du plateau
arctique de la Sibérie orientale. Personne n’avait tenu compte de cette immense
zone » explique Natalia Shakhova.
Les mesures effectuées par les chercheurs ont démontré, dans une étude parue
dans la revue Science, l’erreur de cet a priori. De 2003 à 2008, les concentrations
de méthane ont été relevées dans le milieu marin à différentes profondeurs, et
dans l’atmosphère depuis 10 mètres (en bateau) jusqu’à 2.000 mètres d’altitude
(en hélicoptère). Une expédition hivernale a pour sa part ausculté la banquise.
Résultat étonnant : 80% des eaux profondes et plus de 50% des eaux de surface
recèlaient des taux de méthane plus de 8 fois supérieurs à la normale, avec parfois
des concentrations qui atteignent 1.400 fois cette norme !
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Ce méthane était présent sous forme dissoute mais aussi sous la forme de bulles
qui s’accumulent en hiver sous la banquise. Logiquement, les taux de méthane
atmosphérique se sont révélés eux aussi supérieurs à la norme. Au total, plus de
100 points chauds ont été identifiés.
« Notre préoccupation, indique Natalia Shakhova, est que le pergélisol sous-marin
a déjà montré des signes de déstabilisation. Si cette déstabilisation s’accroît, les
émissions de méthane pourraient ne pas être de l’ordre du million de tonnes, mais
être beaucoup plus importantes. »
« Le relargage dans l’atmosphère de seulement un pourcent du méthane supposé
stocké dans les dépôts d’hydrate de faible profondeur pourrait multiplier l’effet
actuel du méthane atmosphérique par trois ou quatre, ajoute-t-elle. Les
conséquences climatiques d’un tel événement sont difficiles à prévoir. »
L’absence d’études antérieures du pergélisol marin rend impossible de déterminer
depuis quand ces fuites de méthane se produisent, ni si le réchauffement
climatique peut en être la cause. Il est donc important de poursuivre les études sur
ce phénomène nouveau, ce à quoi s’attellent les chercheurs de l’IARC.
Seules de plus amples données sur la quantification de ces fuites et de son
évolution permettront d’en découvrir les causes et, surtout, s’il y a un risque de
dégazage massif. Auquel cas, l’hypothèse d’un emballement climatique à cause du
méthane pourrait se réaliser.
D16 TABLEAU 2D23 FONTE GLACIERS
La taille de la calotte blanche du Kilimandjaro varie au cours de l’année, et peut
grossir ou diminuer par intervalles, en fonction de l’ensoleillement, des
précipitations et d’autres facteurs. Toutefois, depuis 1912, on a observé une
diminution considérable et régulière des glaciers.
Lors d’une rencontre organisée en février 2001 par l’Association américaine pour
l’avancement de la science (AAAS, American Association for the Advancement of
Science), les chercheurs ont rapporté l’existence de modifications considérables du
volume de la calotte glaciaire au sommet du Mont Kibo sur le Kilimandjaro. Ils
estiment ainsi que 82 % de la calotte glaciaire du Mont, telle qu’observée lors de la
première étude approfondie en 1912, a aujourd’hui disparu, et que la glace elle7
même s’est affinée – perdant jusqu’à un mètre dans une des zones affectées.
Selon certaines projections, la majorité des glaciers du Kilimandjaro pourrait
disparaître au cours des quinze prochaines années si la glace continue de fondre à
la vitesse actuelle.
C’est la ceinture forestière qui souffrirait le plus du réchauffement régional. Celuici a en effet aggravé la vulnérabilité de la forêt face aux incendies. Le nombre
d’incendies a d’ailleurs augmenté au Kilimandjaro. En un siècle, le tracé de la forêt
a diminué, perdant jusqu’à 500 mètres dans certaines zones.
La disparition des glaciers du Mont Kilimandjaro représente l’un des quelques
signes incontestés du réchauffement de la planète en Afrique (GIEC RID 2001).
D’autres glaciers africains (Ruwenzori en Ouganda et le Mont Kenya) sont
également menacés. On s’attend à des conséquences significatives sur les cours
des rivières et sur le tourisme.
Modèle représentant la calotte glaciaire du Kilimandjaro en 1912
Modèle représentant la calotte glaciaire du Kilimandjaro en 2000
Source:
- 1912 : Fritz Klute, "Karte der Hochregion des Kilimandscharo-Gerbiges" (échelle
1/50,000)
- 2000 : Image satellite orthophotométrique Lansat 7, prise le 29 janvier 2000 et
superposée à un modèle 3-D du Kilimandjaro basé sur un modèle d'élévation
numérique par Janet Akinyi converti à partir d'une carte topographique au 1:50
000, et des études aériennes effectuées entre août et septembre 2000.
(avec la permission de Christian Lambrecht, UNEP)
Agence IRIN (ONU), 17 septembre 2010
Les autorités népalaises ont identifié quelque 20 lacs « prioritaires » susceptibles
de connaître une débâcle glaciaire (Glacial Lake Outburst Flood) et utilisent
diverses méthodes pour réduire le niveau d’eau de certains de ces lacs.
« Comme le changement climatique entraîne une fonte rapide des glaciers, la taille
des lacs glaciaires augmente à une vitesse telle que le risque de catastrophe
s’accroît dans toute la chaîne de l’Himalaya », a dit Pradeep Mool, du Centre
international pour le développement intégré des zones de montagne (ICIMOD),
une organisation basée à Katmandou et financée par huit pays réalisant des
études sur le changement climatique et les écosystèmes montagnards.
« Les GLOF sont brutales, elles charrient d’énormes rochers ; elles peuvent
emporter des roches encaissantes et détruire les berges des rivières. L’impact
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destructif est très, très élevé », a dit M. Mool à IRIN par téléphone depuis
Katmandou.
Les GLOF surviennent lorsque les digues naturelles constituées de glace ou de
pierre qui contiennent les lacs glaciaires s’effondrent parce que la taille du lac a
augmenté rapidement ou que ses parois ont été démolies suite à des
tremblements de terre ou des avalanches. Les inondations qui s’ensuivent peuvent
faire augmenter de près de 35 mètres le niveau des rivières situées en aval, et
celles-ci détruisent tout sur leur passage sur une distance pouvant aller jusqu’à
100 kilomètres en seulement huit heures, a-t-il ajouté.
Selon un rapport de l’ICIMOD publié en mai, le Népal enregistre plus de 1 000
tremblements de terre par an, compte 2 323 lacs glaciaires et est particulièrement
vulnérables aux GLOF. Le Programme des Nations Unies pour le développement
(PNUD) a indiqué que des GLOF sont survenues tous les deux à cinq ans environ
ces dernières années.
« Étant donnée la multitude des paramètres qui peuvent entraîner une débâcle,
un pays comme le Népal, qui se trouve en plein cœur d’une zone sismique, est très
exposé », a dit M. Mool.
Les autorités népalaises se sont rendues compte des dommages potentiels que les
GLOF peuvent causer en août 1985, lorsque le lac glaciaire Dig Tsho a débordé,
détruisant une centrale hydroélectrique, 30 maisons, 14 ponts et des terres
agricoles s’étendant sur 42 kilomètres dans la vallée de la Bhote Koshi.
Problème international
Les GLOF sont survenues dans les montagnes de haute altitude du monde entier,
entraînant des dégâts de plusieurs millions de dollars dans les infrastructures, les
villages et les fermes, et causant des décès. En 1941, une débâcle suivie d’une
inondation a causé la mort de 4 500 personnes dans la ville de Huaraz, au Pérou.
En 1968, une GLOF a déversé 400 000 mètres cubes de débris dans les Alpes
suisses, provoquant de sérieux dégâts dans le village de Saas-Balen.
Le rapport de l’ICIMOD a indiqué qu’un inventaire standardisé des lacs glaciaires
était en préparation dans la région himalayenne de l’Hindou Koush et allait
permettre d’évaluer les risques de GLOF.
Selon l’ICIMOD, la région himalayenne de l’Hindou Koush, qui couvre huit pays, de
l’Afghanistan aux frontières sud-ouest de la Chine, compte près de 8 800 lacs
glaciaires, parmi lesquels 203 - au Bhoutan, en Chine, en Inde, au Népal et au
Pakistan - sont considérés comme potentiellement dangereux par les experts.
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D’après le Département népalais d’hydrologie et de météorologie (DHM), les
températures ont augmenté d’environ 0,04 degrés Celsius par an au cours des 50
dernières années dans l’Himalaya népalais, provoquant la retraite des glaciers de
60 mètres par an, la création de nouveaux lacs et leur gonflement.
« L’imagerie satellite du bassin de l’Himalaya montre que la taille de certains lacs
augmente très rapidement », a dit Vijaya Prasad Singh, directeur adjoint du PNUD
au Népal.
Le lac Imja Tsho, qui n’existait pas encore en 1960, constitue un exemple
remarquable. Alimenté par le glacier Imja, qui perd 74 mètres chaque année, le
lac, situé dans la région de l’Everest, couvre désormais près d’un kilomètre carré, a
indiqué l’ICIMOD.
Mesures d’atténuation
Depuis la débâcle du lac du glacier Dig Tsho en 1985, le gouvernement népalais, en
collaboration avec la Banque mondiale, le PNUD, l’ICIMOD et des ONG locales,
tente de contrer et de réduire les risques, mais aussi de préparer et d’informer les
communautés qui vivent dans les vallées situées en aval du lac.
En 2000, le DHM et l’ICIMOD ont construit un canal d’écoulement afin d’évacuer
l’eau du lac et d’abaisser le niveau de l’eau du Tsho Rolpa, un des trois lacs de
« haute priorité » du Népal, situé en amont des communautés de la vallée - où
vivent environ 67 000 villageois.
« Le canal a permis de stabiliser le niveau du Tsho Rolpa. Nous surveillons les
autres lacs glaciaires, mais en ce moment nous ne pouvons pas faire grand-chose
de plus », a dit Om Ratna Bajrachary, hydrologue divisionnaire au DHM.
Outre la construction de voies d’écoulement, d’autres méthodes sont utilisées,
notamment l’ouverture de brèches contrôlées dans la digue, le pompage ou le
siphonage de l’eau du lac, ou encore le creusement de tunnels à travers ou sous la
barrière, a indiqué l’ICIMOD.
Le DHM a également mis en place un réseau d’alerte précoce équipé de détecteurs
et de sirènes installés dans 19 villages situés en aval du Tsho Rolpa, mais
M. Bajrachary a dit que le système n’avait pas encore été activé en raison d’un
manque de ressources.
Pendant ce temps, dans deux districts vulnérables, le PNUD a formé plus de 100
personnes - notamment des responsables du gouvernement et des personnes
travaillant dans des organisations associatives - aux techniques de recherche, de
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secours et de premiers soins, a dit Deepak KC, responsable de projet auprès du
Bureau de la prévention des crises et du relèvement du PNUD.
D16 TABLEAU 2D24 FONTE CALOTTE
Contre Info
Les scientifiques qui surveillent les glaciers ont constaté que les déplacements de
gigantesques blocs de glace créent des ondes de choc entraînant l’apparition de
tremblements de terre ayant atteint le niveau 3 de l’échelle de Richter.
La fonte des glaces s’est accélérée à tel point qu’un rapport des Nations Unies
publié cette année est déjà obsolète de l’aveu même de ses auteurs.
L’expert américain Robert Correll, l’un des contributeurs majeurs du rapport sur le
changement climatique publié par le Groupe Intergouvernemental d’Experts sur
l’Evolution du Climat (GIEC) en février, qualifie cette accélération de « massive. »
Les estimations sur l’élévation vraisemblable du niveau de la mer au cours du
siècle varient, et le GIEC a publié une prévision prudente allant de 20 à 60 cm.
Mais cette estimation est désormais largement remise en cause par de nombreux
scientifiques qui pensent que les données collectées depuis la publication de ce
document suggèrent plutôt une hausse proche de deux mètres. Le professeur
Correll affirme qu’existe un « consensus » pour considérer que s’est produite une
augmentation significative dans la perte de volume des glaces depuis cette
publication.
Ces informations ont été rendues publiques à l’occasion d’une conférence qui a
rassemblé à Ilulissat, dans le nord du Groenland des scientifiques, des écologistes
ainsi que des responsables religieux. Le fjord de Ilulissat abrite l’un des glaciers les
plus actifs du Groenland. C’est l’un des immenses icebergs qui s’en détachent
quotidiennement qui pourrait avoir coulé le Titanic. L’Arctique est désormais la
région du globe qui connaît le réchauffement le plus rapide.
Les populations locales d’Inuit, dont les conditions de vies ont été sévèrement
éprouvées par le changement climatique, ont prié silencieusement hier, sous la
conduite œcuménique du patriarche orthodoxe Bartholomeou, l’organisateur du
Symposium Arctique.
La couverture glaciaire du Groenland est immense, c’est la seconde au monde par
ordre d’importance, et sa débâcle aurait des conséquences catastrophiques. La
glace y a une épaisseur pouvant atteindre trois kilomètres, et sa fonte totale
élèverait le niveau des mers de sept mètres.
Le problème de la fonte des glaces polaires
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Actuellement il est difficile de prévoir la réelle montée des eaux auquel nous
ferions face d’ici a la fin du siècle. En effet pour modéliser cette montée dont on
peut voir apparaitre des cartes ici ou la (Le Monde du 24 septembre 2008), il
faudrait enfin savoir de combien la température continuerait de monter sur terre,
et par la suite comprendre le phénomène de fonte des glaces.
Or, il s’avère que le dernier rapport du GIEC qui s’est penché sur cette
problématique ces dernières années, serait peut-être un peu trop optimiste.
Sur la période 2007/2008, des études tendent à montrer une accélération du
phénomène de fonte de la calotte glaciaire notamment du Groenland. L’effet mal
appréhendé est explicable simplement : la fonte des glaces de surface s’accélère
entrainant un glissement substantiel du socle et l’immersion du Groenland dans
des eaux de plus en plus chaude.
L’effet est étonnamment plus rapide et rend perplexe la communauté scientifique.
Les preuves du réchauffement de la planète s'accumulent s’inquiète Jean Louis
Etienne, qui tend à mobiliser les forces vives et intellectuelles du Pays en
participant notamment à des commissions d’enquêtes de l’Assemblée Nationales:
« les modèles climatiques indiquent que ce réchauffement résulte pour l'essentiel
de l'augmentation des teneurs en gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Dans ce
contexte et compte tenu de l'impact de la fonte des glaces groenlandaises sur le
niveau des mers et sur le climat du pourtour atlantique, l'évolution actuelle et
future de la calotte glaciaire du Groenland revêt une importance primordiale pour
nos sociétés ».
Selon donc les chercheurs du LGGE et de l'Université catholique de Louvain, qui
ont combiné leurs expertises, ils ont employé une double approche reposant sur
un modèle numérique récent de simulation du climat régional et, sur un nouveau
traitement des données satellitaires dans le domaine des micro-ondes.
Le modèle numérique utilisé permet de suivre précisément l'état de conditions
atmosphériques importantes comme les vents, la température, la pression
atmosphérique, l’humidité, les nuages mais aussi les précipitations et l'état de la
neige de surface et de la glace (température, accumulation ou fonte du manteau
neigeux, fonte de la glace).
Le nouveau traitement appliqué aux données micro-ondes issues des satellites,
consiste à corriger l'effet produit par les nuages d'eau liquide présents au-dessus
de la zone étudiée.
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Les résultats obtenus à partir du modèle climatique indiquent que l’on aurait sousestimé l'étendue des zones de fonte.
Selon ces études, rapportées par le CNRS dans leur publications, mais aussi par le
scientifique Jean-Louis Etienne, elles conduisent à une révision à la hausse, d'un
facteur 2 par rapport aux précédentes estimations, de l'accélération de la fonte de
surface ayant affecté la calotte groenlandaise au cours des 25 dernières années.
La fonte du Groenland en chiffres
C'est au nord du Groenland que le phénomène est le plus fort avec des épisodes
de fonte les plus importants et ce jusqu'à plus de 1 500 mètres d'altitude, ce qui
n'avait jamais été décelé par les satellites auparavant.
On parle d’un réchauffement estival moyen sur l'ensemble du Groenland de 2,4°C.
Cela représente près de 550 000 kilomètres carrés, une augmentation de 42 % de
la surface touchée par rapport à 1979, c'est-à-dire à une surface supplémentaire
de fonte égale au tiers de la superficie de la France métropolitaine.
De plus cette accélération de fonte des eaux de surface doit être mis en relation
avec un phénomène peu développé jusqu’ici. Deux nouvelles études sur le
mouvement et la fonte des glaces suggèrent que l’apparition de l’eau en surface
peut produire des drainages considérables et des mouvements sismiques de la
calotte glaciaire du Groenland.
En effet les eaux de fonte en surface finissent par lubrifier la base de la calotte et
accélérer son glissement sur les rochers. Selon Sarah Das, Ian Joughin et leurs
collègues « Jusqu’à présent, nos résultats suggèrent que la lubrification accrue par
les eaux de fonte de la surface auront un effet substantiel mais pas catastrophique
sur l’évolution future de la calotte glaciaire du Groenland » écrivent-ils.
Pour autant cette lubrification entraine une fragmentation de la calotte plus
franche, sonc son délitement prononcé.
Gageons que nous nous pourrons suffisamment patienter afin de mettre en place
des mesures urgentes dans nos sociétés pour éviter un trop forte montée des eaux
(et accroissement de phénomènes météorologiques violents …) qui entraineront
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des déplacements massifs de populations (îles du Pacifiques, pays du Bénélux et
France, en Chine Méridionale ou en Louisianes) et des perturbations de notre
système économique.
L’appel est lancé et notre engagement doit être fort et délaisser le système du
« business as usual » (traduisible par la théorie selon laquelle nous ne sommes pas
responsables de cette évolution, ne changeons donc pas nos habitudes).
Sources : LGGE et CNRS, l'ESA, Grenelle de l'Environnement, J-L Etienne,
LeTemps.ch, International Polar Year et France5 -C dans l'air : la mer monte .
D17 TABLEAU 3D25 PERTURBATION
Mesurer l'impact du changement climatique sur la biodiversité n'est pas une tâche
aisée. Menée par Vincent Devictor du CNRS de Montpellier, sous la coordination
de Frédéric Jiguet du Muséum national d'Histoire naturelle de Paris pour les
oiseaux, une étude montre pour la première fois que les oiseaux et les papillons
répondent rapidement au changement climatique mais de façon retardée. Cette
étude est le fruit d'une collaboration sans précédent avec de nombreux
chercheurs européens. Elle est publiée cette semaine dans la revue Nature Climate
Change.
En 20 ans, les températures ont augmenté en Europe de 1°C, décalant les
températures de 249 km vers le Nord. Les papillons ont également « glissé » vers
le Nord mais en accumulant un retard de près de 135 km sur les températures. Ce
retard est encore plus grand pour les oiseaux, avec 212 km de décalage.
Cette étude, basée sur l'étude de 9490 communautés d'oiseaux et 2130
communautés de papillons, illustre à quel point les changements climatiques
réorganisent rapidement et profondément la composition de la faune en Europe,
avec d'inquiétants décalages dans la réponse de différents groupes d'espèces. En
effet, ces décalages laissent présager de profonds changements dans les réseaux
d'interactions entre espèces et entre groupes.
Ces chercheurs ont bénéficié de données récoltées par des milliers de naturalistes
bénévoles, totalisant plus d'un million et demi d'heures passées sur le terrain
depuis plus de vingt ans pour compter papillons et oiseaux. Cette étude a en outre
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permis de valider un indicateur d'impact du changement climatique sur la
biodiversité directement utilisable au niveau national et international (voir la
carte).
En France, les données ont été obtenues grâce au Suivi Temporel des Oiseaux
Communs (STOC), observatoire de sciences participatives du programme VigieNature coordonné par le Centre de Recherches par le Baguage des Populations
d'Oiseaux (vigienature.mnhn.fr).
Références :
Devictor, V. van Swaay, C. Brereton, T. Brotons, L. Chamberlain, D. Heliölä, J.
Herrando, S. Julliard, R. Kuussaari, M. Lindström, Å. Reif , J. Roy, D.B. Schweiger, O.
Settele, J. Stefanescu, C. Van Strien, A. Van Turnhout, C. Vermouzek, Z. DeVries,
M.W. Wynhoff, I. Jiguet, F. (sous presse) Differences in the climatic debts of birds
and butterflies at a continental scale. Nature Climate Change. 8 janvier 2012.
Ils ont beau voler vers le nord, papillons et oiseaux vont moins vite que la
température. Tel est le principal enseignement d'une étude publiée en ligne,
dimanche 8 janvier, par la revue Nature Climate Change. Issue d'une collaboration
sans précédent entre sept pays européens (Espagne, Finlande, France, Pays-Bas,
République tchèque, Royaume-Uni, Suède), elle montre que ces animaux
s'adaptent au changement climatique. Mais avec un certain retard.
En vingt ans, le thermomètre a grimpé d'un degré en Europe, décalant les
températures de 249 km vers le nord. Poussés par la chaleur, nombre d'animaux
et de plantes ont suivi le mouvement. A un rythme relativement rapide : publiée
dans la revue Science en août 2011, une méta-analyse portant sur plus de 2 000
espèces a ainsi révélé que celles-ci, depuis les années 1970, se déplaçaient vers le
nord à la vitesse moyenne de 16,9 km par décennie, ou grimpaient vers des
biotopes plus élevés (11 m par décennie). Si l'étude qui sort aujourd'hui n'est pas
sans précédent, elle est en revanche la première à quantifier le retard pris sur le
climat par les populations animales dans ce " glissement " vers le nord.
Fondée sur l'observation, de 1990 à 2008, de 9 490 communautés d'oiseaux et 2
130 communautés de papillons, cette gigantesque collecte de données a été
coordonnée à l'échelle européenne par Chris van Swaay (Dutch Butterfly
Conservation de Wageningen, Pays-Bas) pour les papillons, et par Frédéric Jiguet
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(Muséum national d'histoire naturelle de Paris) pour les oiseaux. Grâce à elle, on
connaît désormais, de manière assez précise, la distribution européenne moyenne
des différentes espèces de papillons et d'oiseaux sur les vingt dernières années.
" En croisant ces informations avec la carte des températures européennes, on
calcule la température moyenne de distribution de chaque espèce, explique
Frédéric Jiguet. Supposons ensuite que, sur un de nos sites d'observation, on
compte trois mésanges, deux merles, un moineau et cinq pigeons. En se fondant
sur la température moyenne de distribution de chacune de ces espèces, et sur les
effectifs comptés, on peut alors déterminer "l'affinité thermique moyenne" de
cette communauté d'oiseaux. " Il ne reste plus alors qu'à observer comment cette
valeur bouge avec le temps pour constater que, sur un même site de comptage, la
composition de la communauté évolue à mesure quele climat se réchauffe. " Et
pour confirmer que plus la température monte, plus oiseaux et papillons migrent
vers le nord pour y retrouver le climat qui leur convient le mieux, preuve de leurs
capacités d'adaptation.
A quelle vitesse ? C'est là que les choses se gâtent. Car si l'on compare leur
déplacement au " glissement " de 249 km enregistré sur vingt ans par les
températures, on découvre que les animaux sont loin derrière. Les papillons
affichent un retard moyen de près de 135 km sur le thermomètre, les oiseaux de
212 km. A un degré plus ou moins fort, chacun de ces groupes est donc
globalement en déséquilibre par rapport à son climat optimal.
" Les animaux accumulent une "dette" par rapport au climat, qui correspond au
retard qu'ils accumulent par rapport au changement des températures de leurs
distributions ", commente Vincent Devictor (CNRS de Montpellier), qui a assuré
pour la France le suivi de cette étude. Une dette dont les espèces, d'une manière
ou d'une autre, devront s'acquitter. " Soit elles s'adapteront aux nouvelles
conditions climatiques, soit elles continueront de monter vers le nord, soit elles
paieront le prix fort en subissant des dommages démographiques. Mais dans tous
les cas, il y aura un coût à payer ", précise le chercheur. Avec un facteur de
perturbation supplémentaire, dû aux différentes vitesses de migration observées
entre espèces.
Pourquoi les lépidoptères - exception faite de la Catalogne, où ils auraient plutôt
tendance, pour des raisons d'aménagement agricole, à descendre vers le sud -,
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sont-ils plus véloces à retrouver la fraîcheur nordique que les oiseaux ? " En tant
qu'espèces ectothermes - espèce dont la chaleur corporelle provient du milieu
extérieur - , les papillons sont sans doute plus sensibles que les oiseaux aux
variations de température. Et ils se reproduisent à raison de plusieurs générations
par an, ce qui favorise une évolution plus rapide ", propose Frédéric Jiguet. Quoi
qu'il en soit, la dette n'est pas la même pour tous. Et ces deux groupes animaux
étant liés dans une même chaîne alimentaire (les oiseaux mangent les chenilles),
leur décalage d'adaptation produira vraisemblablement divers bouleversements
dans les écosystèmes.
Illustrant combien les changements climatiques réorganisent rapidement et
profondément la composition de la faune en Europe, ces données constituent
donc un précieux indicateur d'impact du changement climatique sur la
biodiversité. Lorsqu'elles seront étendues à d'autres espèces - notamment aux
plantes -, elles devraient également fournir des éléments de réflexion à tous les
gestionnaires des espaces protégés, dont la mission future ne peut désormais plus
être conçue sans tenir compte de l'évolution du climat.
Catherine Vincent
© Le Monde
(près d'un tiers des poissons et environ un quart de toutes les espèces marines
vivent dans les récifs coralliens.)
L'état des récifs coralliens dans le monde se dégradent à un rythme rapide dans la
plupart des zones où ils se trouvent, sous l'effet de la pression démographique, de
l'érosion des versants, de la pollution industrielle, urbaine et touristique.
Tous ces éléments se concentrent dans l'Asie du Sud et de l'Est où les récifs sont
menacés à court terme (d'ici 20 ans), de même qu'aux Antilles et aux
Mascareignes (sauf Rodrigues), où là, s'exercent sur des espaces microinsulaires
fragiles une forte pression démographique, une pollution urbaine ou agricole et
enfin de plus en plus de touristique : mais jusqu'à quand ?
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En effet, si rien n'est entrepris de manière rapide, globale, concentrée pour
diminuer les dégradations des récifs, 70% d'entre eux pourraient disparaître d'ici
50 ans. Seuls les récifs du Nord-Ouest et de l'Ouest de l'Australie sont préservés.
D17 TABLEAU 3D26 ACIDIFICATION
Depuis plus de 30 ans, le chimiste et océanologue Richard Feely de la " National
Oceanic and Atmosphere Administration" américaine, recueille des échantillons
d'eau dans le nord du Pacifique.
Il a observé un baisse constante et régulière du PH des eaux à la surface de cet
océan, et particulièrement dans les régions où les concentrations en dioxyde de
carbone dans l’atmosphère issues de la circulation automobile, des centrales
électriques au charbon ou encore des autres activités industrielles sont les plus
concentrés.
Cette eau de surface qu'il étudie en laboratoire est maintenant devenue si acide
qu'elle peut dissoudre en peu de temps les coquilles protectrices des animaux
marins tel que ceux des mollusques, des coraux ou encore des planctons.
Ces signes très alarmants de la qualité des eaux de surface témoignent de la
gravité de l'acidification actuelle des océans.
Beaucoup de temps et d'argent sont consacrés à l'étude des niveaux de dioxyde de
carbone dans l’atmosphère, cause majeure des gaz à effet de serre dont tout le
monde a entendu parler, mais très peu sont consacrés aux impacts alarmants
qu'ils ont sur les océans.
Il n'y a pas actuellement de réel débat sur les conséquences dramatiques
qu'entraine une si rapide augmentation de l'acidité des océans.
"Pourtant les résultats constatés sont très clairs" explique Richard Feely.
Les océans absorbent environ 22 millions de tonnes de CO2 contenus dans
l'atmosphère chaque jour. Cet absorption du carbone par les océans évite la
formation d'une grande quantité d’émission de gaz à effet de serre , et temporise
efficacement l'augmentation trop rapide du réchauffement climatique, mais il se
paye très cher au niveau des équilibres chimiques océaniques.
Ce carbone mélangé à l'eau de mer créé de l'acide carbonique qui rapidement se
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transforme chimiquement en bicarbonate et en hydrogène: Cet excès d’hydrogène
a pour conséquence d'augmenter l'acidité de l'eau.
Ce niveau élevé d'acidité dans l'eau entrave gravement la formation des coquilles
et des squelettes des animaux marins et leur rend malheureusement la vie très
difficile. Au niveau du plancton microscopique et d'une foultitude d'autres espèces
qui sont à la base de la chaine alimentaire océanique, cette augmentation de
l'acidité a pour conséquence une réduction de leur croissance et le déclin rapide
de leur population, ce qui génère immédiatement un dépeuplement significatif du
poisson dans la région atteinte.
Mais cette acidification affecte aussi les coraux, qui croissent du coup beaucoup
plus lentement ou voire même disparaissent. Ces récifs coralliens hébergent plus
de 25% des poissons marins, et c'est donc tout l’équilibre océanique qui se voit
maintenant profondément altéré.
Ces écosystèmes marins sont tellement interconnectés, qu'en fait les scientifiques
ne peuvent même pas prédire avec exactitude les impacts écologiques négatifs
que cette acidification des océans entraine. Il est néanmoins certain qu'un
changement rapide en dépeuplement des espèces marines est en cours.
Les émissions de carbone libérées dans l’atmosphère depuis le début de la
révolution industrielle ont accéléré rapidement le processus d'acidification des
océans. Les scientifiques prévoient un déclin du PH moyen de 8.1 à 7.8 d'ici la fin
du 21 ème siècle.
Pour John Guinotte bio-géographe marin du "Marine Conservation Biology
Institute " de Washington, l'augmentation de l'activité humaine en cours accélère
encore plus ce processus.
"Si nous ne modifions pas nos comportement, et notre dépendance aux énergies
fossiles", prévient-il, «nous pourrions connaître des changements irréversibles de
l'environnement marin qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la
vie sur Terre."
Une équipe internationale de biologistes marins a récemment étudié l'impact sur
l'océan de l'importante quantité de C02 libérée par les activités volcaniques en
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Papouasie Nouvelle Guinée, où le niveau du PH était estimé à celui que nous
devrions connaitre en 2100 dans tous les océans. Ils ont constaté que plus de 90%
des espèces marines avaient disparu. Cette étude nous donne un aperçu des
profonds bouleversements qu'entraine l'acidification des eaux de mer et nous
signale l'urgence que nous avons de réduire nos émissions de carbone aussi
rapidement que possible.
Plus d'1 milliard de personnes à travers le monde dépendent directement de
l'océan pour survivre.
Les problèmes qu'engendrent les émissions de carbone sur terre dépassent
largement le seul cas du réchauffement climatique. Ce lent processus de
l'acidification des océans qui est maintenant enclenché va perdurer pendant des
siècles. Il est urgent d'en prendre acte, et si les gouvernements du monde entier
ne réagissent pas, ils leurs est du moins rendus obligatoire toutefois de laisser les
scientifiques étudier ce phénomène de près afin d'en prévenir si cela est
possible,les effets dévastateurs constatés.
Source: © Mar. An./ Nature Alerte
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