Le portrait XVIIIe De Rigaud à La Tour par Fabrice

Transcription

Le portrait XVIIIe De Rigaud à La Tour par Fabrice
 Le portrait XVIIIe De Rigaud à La Tour par Fabrice Conan Hyacinthe Rigaud Il est né à Perpignan en 1659. Petit-­‐fils de peintres-­‐doreurs, formé dans l’atelier paternel de tailleur d'habits, il se perfectionne auprès d’Antoine Ranc (Crucifixion Castelneau le Lez (Hérault), Antoine Ranc) à Montpellier dans les années 1671 et se familiarise avec la peinture flamande, hollandaise et italienne. er
Louis XIV, Hyacinthe Rigaud, 1701 – Louvre Peint en 1701, exposé salon 1704. Influence de Van Dyck -­‐ Charles 1 , dans la pose, mais bien différent décor. Image de monarque, fond de palais, colonne de la force, bas-­‐relief justice, regalia, hermine, lys. Le souverain est immuable, majestueux et bienveillant. L'essentiel de sa clientèle appartient aux milieux les plus riches mais aussi à des proches, amis, artistes ou simples commerçants. Prix de Rome en 1682, il n’ira pas à Rome, sur les conseils de Charles Le Brun et pressent alors le succès de ce marché lucratif qu'il va révolutionner. Ses clients apprécient la vérité du rendu des traits, jusqu'ici trop souvent idéalisés. Il y allie une science des textures et des couleurs. Agréé par l’Académie le 5 août 1684, il reçoit le 26 aout la commande officielle de ses 2 morceaux de réception : les portraits du conseiller honoraire Henri de La Chapelle-­‐Bessé (mort en 1693) Portrait du sculpteur Martin Van den Bogaert, dit Desjardins, Louvre il est représenté avec le monument commémorant la paix de Nimègue érigé place des Victoires à Paris. Témoin de la « sincère amitié qui étoit entre eux » selon Rigaud lui-­‐même, ce tableau initie la suite Martin Desjardins autre portrait Louvre Portrait de l’épouse de Desjardins, Marie Cadenne (Caen, musée des Beaux-­‐arts 1684, Portrait présumé de leur fils, Jacques Desjardins, contrôleur des bâtiments du Roi à Marly (Versailles) Portrait de sa mère-­‐Louvre : « Il la peignit de plusieurs côtés, & fit exécuter, par le fameux Coyzevox, son buste en marbre, qui fut pendant toute sa vie l’ornement de son cabinet » en préparation du futur buste par Coysevox. Le Christ expiant sur la Croix 1695, à l’influence nettement flamande, témoigne de sa capacité dans le domaine dit de la « peinture d’histoire » ou du « grand genre ». En 1700 officiellement reçu à l’académie, il en sera directeur. Saint André – 1700 Ecole Beaux-­‐Arts Paris, Souhaitait aussi figurer dans les peintres d’histoire Le Brun et Mignard – Louvre Portraitiste direct et intimiste, sait être grandiose et officiel quand il le faut. Le grand Dauphin – 1688-­‐ devant le siège de Phillipsburg Le Cardinal de Bouillon – 1709-­‐Musée de Perpignan Il opte pour style grandiose, ostentatoire. Prince laïque et de l’église banni par Louis XIV prend sa revanche en adoptant une pose quasi royale avec connotations religieuses et visionnaires. La palatine 1713 Le Cardinal Dubois, 1723 – Cleveland Plus intime que Bouillon souriant et pétillant d’intelligence Détail yeux Charles Sévin de La Penaye La Présentation au temple (Louvre) hommage à Rembrandt, et montre qu’il aurait pu rivaliser avec les peintres d’histoire. Gaspar Rigaud (1661-­‐1705) Reçu à l’Académie e 1701, il n’a pas le temps de réaliser ses morceaux avant sa mort. Portrait de magistrat – 1694 – Musée Saintes Jean Ranc (1674 – 1735) er
Elève de Rigaud, fils d’Antoine son 1 maître. Il se rend sur les conseils de Rigaud à Madrid Louis XV enfant 1718 – Versailles Charles III 1724 – Prado Famille de Philippe V -­‐ Prado Vertumne et Pomone 1722 – Montpelier Nicolas de Largillière (1656–1746) Rival amical de Rigaud, ses modèles sont moins aristocratiques. Il réalise aussi tableaux religieux, natures mortes et paysages. Né à Paris, il est fils d’un marchand chapelier et passe son enfance à Anvers où il commence son apprentissage. Il est reçu maître à la guilde Saint-­‐Luc en 1674. Il effectue un voyage en Angleterre de 1675 à 1679 où il travaille pour Charles II. Il y retournera en 1685, le temps de réaliser un portrait de son successeur, Jacques II. Autoportrait de 1711 – Versailles, il se représente travaillant à une annonciation Le Brun -­‐ Louvre : le persuada de ne pas retourner s’installer définitivement en Angleterre. Portrait des échevins de Paris, 1689 – Louvre Goût des tableaux flamands (officiers et prévôts). Comme Rigaud, il est du parti de la couleur, (van Dyck et Titien). Rigaud est influencé par Rembrandt, Largillière par Rubens. Il devient à partir de 1689 un des peintres les plus demandés et alterne les commandes officielles pour des ex-­‐voto ou des allégories avec les portraits de la noblesse et de la haute bourgeoisie. Son talent lui permet de gravir les échelons de la hiérarchie de l’Académie royale de peinture et de sculpture, où il est admis le 30 mars 1686. Il passera de membre au poste de directeur en 1736, démissionnera en 1743 et s’éteindra à Paris à l’âge de 89 ans. Gaspard de Gueidan 1738 – Granet Aix en Provence Madame en Flore 1730 Largillière place ses portraits souvent dans un cadre naturel et annonce Gainsborough. Portrait de famille – Louvre Atmosphère détendue et non formaliste malgré la richesse des costumes de la mère et de la fille (absolument pas adapté au cadre campagnard), le père avec fusil et chien est plus adapté. Paysage – Louvre Foret automnale, rappelle Rubens et annonce Fragonard. Vigueur poétique et charme. Nature sauvage. Composition décorative-­‐Louvre Il est fasciné par les trompe l’œil et perspectives… un peintre universel. Portrait d’Elisabeth Thockmorton – 1729 – Washington Nal Gal il exprime grandeur ou intimité selon circonstances. Femme pâle, pensive comme loin du monde mais présente par ses yeux limpides, la bouche écarlate au milieu des étoffes blanches. Largillière n’est redevable à personne pour la finesse de sa perception et le raffinement de la touche. Mademoiselle Duclos dans le rôle d’Ariane – 1712 – Chantilly Portrait de comédienne, genre qui se développera. Voltaire à 24 ans en 1718 – Versailles Il réalise aussi Molière et de grands personnages. Jacques François Delyen (1684–1761) Comme Jean Baptiste Oudry, il fut élève de Largillière. Formé à Gand, il arrive à Paris vers 1710/15. Il expose en 1722 à l’exposition de la jeunesse le jour de la fête Dieu place Dauphine. Reçu Académie en 1725 portraits : Guillaume Coustou – 1724-­‐25 Versailles. Style en hommage à Largillière, mais vie et robustesse très personnelles. Il désigne une maquette en bronze du Rhône dont l’original occupe un côté du piédestal de la statue équestre de Louis XIV par Desjardins à Lyon. Nicolas Bertin travaillant à son tableau de Bacchus et Ariane – Versailles. Il annonce un style nouveau, vif, spontané. Particulièrement habile pour les mouvements de tête, procédé efficace annonce les portraits de fantaisie de Fragonard. Carle Van Loo Charles André van Loo, dit Carle van Loo, (1705-­‐1765) Il est le plus grand représentant d’une grande famille de peintre. Il connut une carrière brillante et devint immensément célèbre, agréé à l’Académie en 34, il put choisir son morceau (Apollon Marsyas). Il arrive au moment où Lemoyne s’est suicidé en 37, De Troy à Rome, Trémolières mort, son beau-­‐père Subleyras en Espagne, et en 51 Natoire part à Rome remplacer de Troy. En 1747-­‐
1748, il exécutait deux grands portraits La Reine-­‐Versailles et Le Roi en 1650 Le Roi en 1751. Vers 1750, il rompt avec le style rococo et renforce le caractère classique de ses compositions portant une attention à la convenance des costumes, à la concentration de l'action, à un coloris plus terne, bref à une plus grande sévérité. me
Madame de Pompadour en Jardinière – Versailles Van Loo fut soutenu par la Cour et par M de Pompadour. Il sera directeur de l’Académie en 1750, premier peintre en 62, sa mort en 65 est une « catastrophe nationale ». Mme et M Bertelin de Neuville -­‐ Dessins de 1743-­‐ Louvre et Dijon Il reste artiste consciencieux Portrait de sa famille, sa femme cantatrice Portrait d’homme Louvre Il adopte les normes de son époque, mais moins inventif que Boucher ou De Troy. Pour Levey son succès s’explique par sa médiocrité même associé à un tempérament laborieux. On invente le terme péjoratif vanloter Louis Michel Van Loo (1707-­‐71) Neveu de Carle, il est peut-­‐être le plus artiste de la famille. Philippe V il sera nommé portraitiste à la cour d’Espagne en 37 où il reste jusqu’en 52. Portrait de Diderot 1767 – Louvre Fustigeant la tendance des portraitistes de son temps à flatter le modèle au détriment de la vérité, Diderot reprocha à son ami Van Loo de l'avoir représenté "lorgnant, souriant, mignard, avec l'air d'une vieille coquette qui fait encore l'aimable. La position, d'un secrétaire d'Etat et non d'un philosophe." Très doué pour les vêtements : « un luxe de vêtement à ruiner le pauvre littérateur » Louis XV – Versailles Il exploite toutes ses possibilités, hermine, brocard, trône précieux, surpasse en somptuosité le Louis XIV de Rigaud, mais exprime une certaine humanité dans les traits du visage royal. Marquis et Marquise de Marigny – 1769-­‐ Louvre l’instantanéité des poses est de plus en plus recherché donnant un aspect de scène de genre. Il donne l’impression du dialogue et suggère l’harmonie entre les époux. Louis Stanislas, comte de Provence – Versailles Captivant portrait d’enfant du futur Louis XVIII Jean-­‐Marc Nattier ( 1685 – 1766) Fils du portraitiste Marc Nattier et de la miniaturiste Marie Courtois, il eut un talent précoce : à quinze ans il remporta le premier prix de dessin de l’Académie. Jouvenet, son parrain, sollicita pour lui une place vacante à l’Académie de France à Rome, mais le jeune lauréat préféra rester à Paris et user de la permission qu’il avait obtenue de dessiner, pour les faire graver, les tableaux de la galerie de Rubens au Luxembourg commandés par Marie de Médicis. Portrait fin années 1740 par Louis Tocqué – MET La célébrité de ce peintre lui fut prédite par Louis XIV, qui lui dit, en voyant quelques-­‐uns de ses dessins : « Continuez, Nattier, et vous deviendrez un grand homme ». En 1713, il fut reçu membre agréé de l’Académie comme peintre d’histoire. Il travaille pour la famille de l’empereur Pierre alors à Amsterdam. er
Portrait de l’impératrice Catherine, 1717 Hermitage & Portrait de Pierre 1 – Versailles Le maréchal de Saxe (musée de Dresde) 1720 Ses portraits d’homme seront assez peu virils. Portraitiste officiel de la famille d’Orléans puis de la cour de Louis XV en 1748, il peignit tous les personnages marquants de son temps, et parmi eux Madame Henriette en Flore, 1742 – Orléans Commande de la Reine, plait au roi La reine Marie Leszczynska – 1748 -­‐ Versailles Un de ses plus beaux, plein de mélancolie. La reine voulait un portrait simple, dans son cadre habituel, coiffée de dentelle et robe rouge doublée de fourrure (hiver). L’absence de décolleté équivaut presque à un reproche de la mode de la cour. Noble simplicité, direct, fidèle et intime. Exposé au salon de 48 Madame de Pompadour – 1748 -­‐ Versailles Apprécié par la bonne société car sait rendre la ressemblance, sans dénaturer, mais est capable de rendre aussi séduisant un visage peu attirant. Madame Henriette Jouant de la Viole – 1754 – Versailles Fervente musicienne, un de ses meilleurs ouvrages selon Nattier lui-­‐
même. Exposé au salon de 55, après la mort de la princesse morte en 52. Manon Baletti – 1757 – Nal Gal London On dit souvent ses portraits répétitifs, mais il sait encore émouvoir La Duchesse d’Orléans-­‐Louise Henriette de Bourbon Conti, en Hébé. 1732 -­‐ Chantilly On se mit à considérer son art comme faux (Cochin) Duc de Chaulnes en Hercule – Louvre Autant le début de sa carrière avait été brillant, autant dans les dernières il ressentit de l’abandon du public, de ses anciens protecteurs. Maurice Quentin de La Tour (1704-­‐88) Il marque l’époque par ses pastels, et aussi par son personnage un peu fabriqué, vivant, têtu, satyrique et parfois grossier. Ses portraits expriment une étonnante vitalité que l’on ne retrouve que dans les bustes de Lemoyne. Autant d’éclat que Peronneau, mais sur un mode plus sobre, il se révèle plus sensible et d’une ressemblance plus pénétrante. Il arrive à Paris au moment du succès triomphal de Rosalba Carriera vers 1720-­‐21. Ses portraits l’encouragèrent sans doute à adopter cette technique, moyen d’expression dans lequel il excella. Après un bref séjour à Londres il est à Paris et agréé en 1737. Autoportrait – Amiens Autoportrait qui rit – Louvre –achat 2005 Très vite on craint que ses pastels n’entrainent un rejet de la peinture à l’huile. L’Abbé Huber lisant-­‐Musée Lécuyer-­‐St Quentin Œuvre intime et vivante qui révèle la connaissance du personnage. Plongé dans la lecture il est indifférent à la chandelle qui vient de couler et s’éteindre (repris par David dans le Napoléon dans son cabinet de travail Washington) Madame de Pompadour 1755 – Louvre Tour de force par les dimensions Mademoiselle Dangeville -­‐ Musée Lécuyer -­‐ St Quentin Manelli -­‐ Musée Lécuyer -­‐ St Quentin Il a pris l’habitude de glisser un sourire, esquissé ou franc. Ses modèles sont issus de toutes les couches de la société. Généreux, pingre, agréable en société, provocant à la cour, capricieux, vain, plein de projets fous. Etude à partir d’un tableau XVIIIe-­‐ Musée Lécuyer -­‐ St Quentin Surtout un maître du dessin et génie du trait et de la ligne. Intimité du geste de l’artiste avec les rehauts blancs suggérant le voile. Jean-­‐Baptiste Perronneau (1715 ?-­‐ 83) C’est un encore plus grand portraitiste. Autoportrait – Musée Tours Virtuosité dans le bouillonnement de la dentelle contrastant avec la soie bleu pâle de la robe. Pourquoi cette expression ? C’est justement ce qui rend l’œuvre si intéressante et subtile. Anne Catherine Chevotet – 1751 – Orléans – Pastel les modèles sourient moins que chez La Tour, grave et convaincant Jacques Cazotte v1760/5 – Nal Gal London Aussi vif et pénétrant que les portraits de Goya. Passe des pastels à l’huile. François-­‐Hubert Drouais (1727-­‐75) Il hérite de la clientèle de Nattier et disparaît avant Vigée-­‐Lebrun. Il prépare la voie à la rusticité et la simplicité délibérée affichée sous Louis XVI. Etudie avec son père, Nonnotte et Carle Van Loo, et aussi Boucher. Style ferme et maîtrisé. Agréé à 28 ans à l’Académie, se spécialisa d’abord dans les portraits d’enfants royaux et aristocratiques. Il n’inventa pas le procédé, mais lança la mode de les transformer en enfants jardiniers. Enfants du duc de Bouillon en montagnards 1756 – Coll Privée Ici des mendiants prospères et bien portants. Le Comte dartois et Madame Clothilde – Louvre, dépôt Versailles Madame Drouais – Louvre Particulièrement émouvant Grand portrait en pied de Pompadour – 1763/4 – Nal Gal London Commencé lorsque la marquise était dans sa dernière année, et achevé après sa mort. Ce portrait fit beaucoup pour la réputation du peintre. Il semble encore plus à l’aise dans les peintures d’intérieur et les détails minutieux du mobilier. Il s’éloigne du mythologique pour un portrait individualisé (ce sera ensuite David) Marie-­‐Antoinette en Hébée -­‐1772/3 – Chantilly Style un peu guindé à la Nattier mais dans l’esprit néo-­‐classique.