L`idéologiedespartiscatalanistes - politique66
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L`idéologiedespartiscatalanistes - politique66
L ' I N D E P E N D A N T M E R C R E D I 1 3 D É C E M B R E 2 0 0 6 P E R P I G N A N 2 L’idéologiedes partiscatalanistes Catalan et catalanité sont les fers de lance des trois organisations, mais avec leurs visées autonomiste ou indépendantiste, elles ne se contentent pas de cela. Par quels biais veulent-elles arriver à leurs fins ? Comment leur action est-elle perçue au Sud ? Deux questions au centre de notre deuxième volet. h le catalan et la catalanité... Ils sont accommodés à toutes les sauces par les cadors politiques du département. Que la démarche soit sincère ou stratégique, elle met ces deux thématiques sur le devant de la scène. C’est au moins un succès que s’attribuent ERC, CDC et Unitat. Cela prouve pour eux, que leur action porte. "S’il y a 6 000 rues de Perpignan dont le nom est écrit en catalan, c’est bien parce que nous avons été entendus par Jean-Paul Alduy dès 1993", s’enthousiasme Jaume Roure, président d’Unitat. "Dès que nous sommes arrivés au pouvoir ensemble, nous avons institué le concept de Perpignan la Catalane", rappelle-t-il aussi. Le catalan, tous espèrent le voir enfin reconnu comme langue et plaident pour que la France ratifie la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires et modifie l’article 2 de la Constitution (la langue de la République est le français.). "Le problème, c’est le point après français", exprime Jaume Roure. "Le catalan n’est pas une langue de deuxième division. C’est la septième la plus parlée en Europe", renchérit Joan Ridaura, président d’ERC. Et pour lui, "ce n’est pas une affaire idéologique, mais économique. C’est un atout pour ici dans les relations avec le Sud". La promotion de la langue est aussi un préalable à la constitution d’une nation catalane. La A CDC, elle, abordera la thématique du bilinguisme dans son programme des municipales. Jordi Vera, son président : "Dans toutes les communes, il faut un enseignement bilingue. La demande est là. Nous souhaitons que les collectivités comme le département ou la région créent un institut du bilinguisme avec un vrai budget." Il admet qu’en matière de signalétique ce qui a été fait va dans le bon sens, mais souhaite en plus que "les institutions comme les impôts, les mairies, le tribunal, soient indiqués en catalan." "Les bonnes décisions comme les mauvaises doivent être prises ici" Aucune langue ne peut vivre sans culture. Alors quid de la fameuse catalanité ? Sur ce point, les indépendantistes d’ERC ont une position bien tranchée, mais consensuelle. Joan Ridaura : "Je n’entends jamais parler de "francisité". Il n’y a pas de culture nationale. La culture c’est universel. Il ne faut pas en favoriser une au détriment de l’autre. Bien sûr, la culture d’ici n’est pas à cacher, mais il s’agit plus d’un sentiment d’appartenance, d’une façon de concevoir la vie." Sans balayer le concept de catalanité, Unitat partage quasi intégralement le sentiment d’ERC. Jaume Roure : "La catalanité, c’est une question de sentiment et aussi de mode de vie. Etre Catalan, ce n’est ni une question de sol, ni une question de sang. Est Catalan, celui qui, quand on lui dit "bon dia’", répond bon dia." La langue, la culture, ne manque qu’une nation ou qu’une région pour englober tout cela. Comment et pourquoi y arriver ? Chacun, cette fois, a sa recette propre. Pour Jordi Vera, tendre vers une région Catalogne en France est dans la logique des choses et permettra de se rapprocher du Sud. "L’article 72 de la Constitution française - qui indique l’organisation des collectivités locales (ndlr) - constitue une voie toute tracée. Et puis, quel que soit le nouveau président, les évolutions institutionnelles iront dans ce sens." Avant de conquérir le territoire, ERC et Unitat penchent plutôt, eux, pour la création d’un eurodistrict. "Il faut un accord entre le conseil général et la Generalitat pour organiser la gestion d’un territoire comprenant le département et la province de Gérone. Effacer la frontière est l’objectif prioritaire", avance Joan Ridaura. "Etant pour l’Europe des peuples et des régions, nous souhaitons un fédéralisme des pays catalans, un fédéralisme transfrontalier. Créer un eurodistrict est une étape incontournable", pense Jaume Roure. Seul CDC réfute le recours à l’eurodistrict : "Parler d’un eurodistrict est démagogique car cela ne concerne qu’un petit territoire", lâche Jordi Vera. Qu’importe la méthode. "On doit se gérer nous-mêmes", reste un leit- Lecommentairedesunssurles autres Pour mieux cerner Convergència democràtica de Catalunya, Unitat catalana et Esquerra republicana de Catalunya, nous avons demandé aux présidents de chacune de ces formations de s’exprimer sur les deux autres. Tous n’ont pas vraiment joué le jeu. Voici le résultat. Joan Ridaura, ERC A propos d’UC. "Avec eux, on a de bonnes relations. Nous sommes parfois allés ensemble aux élections (les régionales). C’est le seul parti véritablement nord-catalan. C’est un parti dont on connaît le programme et l’action notamment sur Perpignan. Sans Unitat, il ne serait rien passé. On pourra toujours discuter de savoir si c’est assez ou pas, mais c’est fait." A propos de CDC – Bloc català. "Le Bloc vient de changer la donne en devenant CDC. Le Bloc est connu car il est médiatique. Il défend la région Catalogne, mais pourquoi faire ? On ne le savait pas. Avec CDC les choses se clarifient. Ce sera un parti de centre droit. Cela nous intéresse car traditionnellement, au Nord, le sentiment catalaniste est plutôt conservateur. ERC étant la gauche catalane, on attend de voir s’il y aura confrontation ou union de la gauche et de la droite catalane." Jaume Roure, UC A propos d’ERC. "Nous ne partageons pas l’idéologie d’ERC car Unitat n’est pas un parti indépendantiste. Cependant, nous avons d’excellentes relations de confiance avec le parti, voire d’amitié avec certains de ses membres. Depuis le temps, les rapports se sont normalisés." A propos de CDC – Bloc català. "Nous ne connaissons pas l’idéologie du Bloc. Les relations de confiance n’existent pas et par voie de conséquence, on a une extrême difficulté à collaborer. Cela n’a rien à voir avec la volonté ferme d’Unitat catalana d’avoir des relations suivies avec CDC au Sud." Jordi Vera, CDC A propos d’ERC et d’UC. "Nous avons un respect vis-à-vis de ces deux formations. Le pluralisme est une bonne chose. Mais il n’y a rien à penser de l’un et de l’autre. On ne parle jamais des autres tandis que les autres parlent beaucoup de nous." motiv pour ERC, Unitat et CDC. Une gestion linguistique et culturelle donc, mais aussi "infrastructurelle". TGV, THT, hôpital transfrontalier, routes – ERC ajoute également un abattoir transfrontalier en Cerdagne -, les trois organisations n’ont de cesse de plaider pour l’échelon local. Ce que Jaume Roure résume ainsi : "Les bonnes décisions comme les mauvaises doivent être prises ici." Il existe des divergences fondamentales entre les trois partis (indépendance ou autonomie, eurodistrict ou pas), mais le plat que souhaitent servir les catalanistes est bien souvent le même. Seulement, les cuisiniers n’ont pas la même recette. S’il est tenté par le mets, c’est au client électeur de choisir. Dossier réalisé par Guillaume Clavaud Ce que pensent leurs parrains Artur Mas, président de CDC, et Joan Ridao, porte-parole d’ERC au Parlement catalan, s’expriment sur les partis frères du Nord. Artur Mas, président de CDC. "Depuis deux ou trois ans, nous nous sommes rapprochés du Bloc català. Maintenant qu’il est devenu une délégation de CDC, nous allons faire un pas de plus en avant. Cependant, nous continuerons à entretenir des liens avec Unitat catalana qui fait depuis longtemps un bon travail de promotion de la catalanité", introduit le leader national de CDC. Les liens seront donc étroits, mais pas autoritaires. "La délégation Nord doit préserver son niveau d’autonomie très élevée pour agir. Ils connaissent bien le terrain, la mentalité et la vie politique d’ici - du Nord (ndlr). Il y a bien une langue et des coutumes communes, mais il existe aussi des particularités sociales et culturelles." Et il ajoute pour ceux chez qui une suspicion d’ingérence politique en France poindrait : "La présence de CDC ne constitue pas une ingérence. La vocation est nettement catalaniste, certes, car les deux territoires ne sont pas seulement voisins, ils sont frères. La différence n’est pas très grande. Mais il y a une frontière administrative." Revenant sur les relations entretenues depuis toujours avec Unitat catalana, il ménage ses alliés historiques. "Ce n’est pas une exclusion des uns au profit des autres. Nous ne faisons pas un choix différencié entre le Bloc et Unitat. Le Bloc a une action intéressante, mais nous n’oublions pas le travail immense qu’a fait, sans trop de moyens, Unitat. Je pense notamment à la collaboration étroite qui existe entre nous et le maire de Perpignan. C’est une personne remarquable qui gouverne avec Unitat et qui travaille avec les personnes sensibles à la catalanité." A terme, Artur Mas verrait bien une fusion CDC – Unitat. "Cela doit se faire sans pression. On doit y réfléchir peu à peu et agir prudemment." Joan Ridao, porte-parole d’ERC au Parlement de Catalogne. "ERC, ce sont 65 ans d’histoire et du travail depuis. C’est un parti national et pour nous, la nation catalane c’est le principat de Catalogne, le Pays Valencien, les Baléares et la Catalogne Nord. Alors bien sûr ERC Nord est une organisation assez petite, mais elle s’insère dans un territoire", présente Joan Ridao. La concurrence désormais instituée par la présence de CDC ne l’affecte pas. Visiblement au contraire même. "Pendant des années CDC a critiqué le fait qu’ERC soit présente au Nord et maintenant, nous constatons qu’il y a une CDC Nord. Aujourd’hui, les choses sont meilleures. Il y a ERC qui est un parti de gauche et CDC qui est à droite avec Unitat." L’ERC nationale fait-elle de l’ingérence au Nord ? Le porte-parole réfute. "L’autonomie d’ERC Nord est totale. Elle a sa structure administrative et ses propres dirigeants. Et, bien sûr, ils sont présents dans l’exécutif national et au conseil national. Mais je rappelle que la nation complète, pour nous, n’est pas uniquement sur le territoire de l’Espagne et que nous pensons que l’indépendance de la Catalogne est possible." L’autonomie d’ERC Nord répond de toute façon à une stratégie politique. "Viser l’indépendance est plus facile dans le principat, c’est vrai, mais nous ne renonçons pas à réaliser cet objectif en Catalogne-Nord. Nous savons cependant que la réalité socio-politique au Nord est difficile pour nous." Joan Ridao croit fortement à la possibilité d’obtenir une représentation municipale dans les P.-O. "Nous pensons que c’est possible dans plusieurs communes", estime le porte-parole. En faisant des alliances avec des partis catalanistes ou des grands partis ? "Tout est envisageable, mais c’est à ERC Nord et à elle seule d’en décider." Vu du Sud Vu du Sud Pere Vilanova, professeur en sciences politiques à l’université de Barcelone : "Très franchement, la problématique de ces partis n’intéresse que très peu la communauté universitaire de Catalogne. C’est une unité d’analyse extrêmement marginale", estime le chercheur. Il explique cela par le fait que pour la France, comme pour la Catalogne, le poids de leur action est "négligeable". Il illustre : "Le fait par exemple que le Bloc català soit devenu CDC et le fait donc que CDC ait désormais une vitrine au Nord ne soulève pas les foules." Il résume ainsi le manque d’intérêt des observateurs et de la population, pour la chose autonomiste au Nord : "La majorité des Catalans considère que la Catalogne c’est la Catalogne. Pas les pays catalans." Lluis Bou, rédacteur au quotidien Avui, attaché au service politique : "Dans la réalité politique française, il me semble que l’option autonomiste de CDC est plus compréhensible que celle indépendantiste d’ERC car le message est plus radical", souligne le journaliste. Il compare cependant la démarche du Bloc qui se transforme en CDC à celle d’ERC : "Se rapprocher d’un parti qui a de l’expérience et qui peut gouverner. L’accès à Barcelone offre un support logistique qui peut donner un changement important pour les élections municipales." S’il convient que la visibilité des partis catalanistes du Nord en Catalogne est faible, il affirme que "les gens sensibles à l’idéologie catalaniste les connaissent" du fait même de l’existence d’une communauté d’idée. Lecteurs, à vos plumes ! 949404 Pour réagir par le biais du Courrier des lecteurs : adressez vos remarques à la rédaction locale de L’Indépendant, Mas de la Garrigue, 2, av. Alfred-Sauvy, 66605 Rivesaltes. Mentionnez impérativement vos nom (en lettres capitales), adresse et numéro de téléphone (afin que nous puissions vérifier l’origine des textes reçus). Rappelons pour être précis que Avui est historiquement lié à Jordi Pujol, ancien patron de CDC.
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