Rapport du congrès Resilient Cities 2015

Transcription

Rapport du congrès Resilient Cities 2015
Rapport du congrès Resilient Cities 2015
Progrès internationaux de l’adaptation et de la résilience en milieu urbain
Synthese des comptes rendus du 6eme Forum mondial sur l’adaptation et la resilience urbaine
8 - 10 Juin 2015 | Bonn, Allemagne
Le Congrès et la version francaise du
Rapport Resilient Cities 2015 ont été
financés grâce au généreux soutien de
l’Agence Française de Développement (AFD)
Rapport du congrès Resilient Cities 2015: Progrès internationaux de l’adaptation et de la résilience
en milieu urbain
Cette publication pourra être citée sous le titre: « ICLEI, 2015, Rapport du congrès Resilient Cities 2015 »
Auteurs: Evgenia Mitroliou et Laura Kavanaugh
Conception et mise en page: Evgenia Mitroliou et Katja Müller
Photos: © Chemonics International, 2014 (p. 20), © ICLEI e.V. 2015 (p. 1, 4, 5, 7, 9, 10, 11, 12, 14, 15,
16, 17, 18, 20, 22, 24), © Kavanaugh, 2015 (p.1), © Miller, 2008 (p. 6), © Sayamon Saiyot, 2015 (p. 23), ©
Shutterstock (p. 5, 12, 17, 19, 26), © (WT-shared) Digr, via Wikimedia Commons (p. 12), © Wulf, 2011 (p. 1)
Équipe du Congrès Resilient Cities 2015
Laura Kavanaugh, Bohyun Kim, Evgenia Mitroliou, Katja Müller, Tu My Tran
Un remerciement particulier aux rapporteurs du congrès:
Kathrine Brekke, Danlu Chen, Peter Eckersley, Mikhail Ermac, Robert Gundlach, Olga Horn, Leire Irigoyen,
Alex Aung Khant, Sam Kozel, Gaëtan Muller, Murtaza Naqvi, Felicitas Schuldes, Cassidy Tawse Garcia,
Michael Woodbridge
Comité des programmes de Resilient Cities 2015
Présidence : Laura Kavanaugh (ICLEI)
Membres: Andreas Rechkemmer (GRF), Anthony Socci (USA APE), Carmen Vogt (GIZ), Carrie Mitchell
(Université de Waterloo), David Dodman (IIED), Debra Roberts (Municipalité eThekwini/Durban, Afrique du
Sud), Jason Hartke (ex-USGBC), Jeb Brugmann (The Next Practice), Jerry Velasquez (UNISDR), Jiahua Pan
(CASS), Jörn Birkmann (UNU-EHS), Katharina Schneider-Roos (Fondation GIB), Lykke Leonardsen (ville de
Copenhague, Danemark), Mark Boysen (District de Saanich, Victoria, Canada), Milica Bajic Brkovic (ISOCARP),
Nico Tillie (ville de Rotterdam, Pays-Bas), Rafael Tuts (UN-HABITAT), Stephen Hammer (Banque mondiale),
Violeta Somera Seva (ville de Makati, Philippines)
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Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine
Le forum Resilient Cities est le congrès mondial sur la résilience et l’adaptation urbaine, organisé tous les
ans à Bonn en Allemagne. Cet événement annuel est un pôle international d’échange d’informations,
d’actualités et d’innovations, et un lieu de partage des défis à relever pour créer des villes plus
résilientes. Les documents finaux de ce congrès capturent l’état d’avancement de la résilience urbaine
dans le monde, élaboré sur la base des derniers développements en cours et des discussions des
années précédentes.
Introduction
Introduction
En 2015, la 6ème édition du forum Resilient Cities était consacrée à l’implémentation d’actions
concrètes, avec un axe majeur dédié au financement de la résilience. Au travers d’exemples concrets,
les participants ont pu se pencher sur divers sujets comme l’infrastructure résiliente, les indicateurs
urbains et le recueil des données, la réduction des risques de catastrophes naturelles, les systèmes
d’alimentation urbains résilients et les approches collaboratives. Des enjeux émergents dans le débat
public, comme la communication sur la résilience et les systèmes de santé publics résilients, ont
également été abordés. L’importance des politiques d’inclusion intégrées au développement urbain
et le sujet du secteur informel faisaient partie des thèmes transversaux évoqués durant le congrès; ils
seront plus profondément explorés durant le forum Resilient Cities 2016.
Ce rapport est une restitution des résultats du congrès Resilient Cities 2015 ainsi que d’actions menées
en matière de résilience urbaine et d’adaptation au changement climatique. Basé sur l’expertise
d’agents de terrain et de professionnels du monde entier, ce rapport présente des études de cas et
certains enseignements tirés d’expériences menées sur les cinq continents, sans omettre l’exposé des
défis de la résilience et l’étendue du travail qui reste à accomplir. Ce rapport se lit à la lumière des
rapports des congrès Resilient Cities 2013 et 2014.
Table des matières
Un bref aperçu du congrès
p. 4
Pourquoi construire des villes résilientes?
p. 5
Du nouveau entre 2014 et 2015
p. 7
Les side-events du Congrès
p. 9
Les derniers développements et actualités de la résilience urbaine
p. 9
p. 9
Financer la résilience
Reality Check: la ville de Tshwane, en Afrique du Sud
p. 13
Mobiliser les acteurs de la résilience à travers une démarche collaborative
p. 14
L’infrastructure résiliente
p. 18
La réduction des risques de catastrophes
p. 19
Reality Check: Pemba et Quelimane, au Mozambique
p. 21
Les données nécessaires à la construction de la résilience
p. 22
Communiquer sur la résilience
p. 22
Des systèmes d’agriculture urbaine résilients
p. 23
Perspectives pour l’année 2016
p. 25
Références et lectures complémentaires
p. 26
Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015
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Un bref aperçu du congrès
Le contexte du congrès
Le forum Resilient Cities a réuni presque 430
participants, dont 25 % d’autorités locales, à
Bonn en Allemagne du 8 au 10 juin 2015, pour
discuter de solutions innovantes et partager les
meilleures pratiques en matière de résilience
urbaine et d’adaptation au changement
climatique. Le congrès était tenu pour la
première fois en parallèle d’une des intercessions
de la Convention Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques (CCNUCC) à Bonn : la
simultanéité de ces deux événements a favorisé
des échanges positifs entre représentants des
autorités locales, le secteur privé, les instituts
de recherche académique, les organisations
internationales non-gouvernementales, et les
délégations diplomatiques de la CCNUCC.
Participants à l’atelier Resilient Cities 2015
L’importance du congrès pour les pouvoirs locaux
Des représentants venant de plus de 180 administrations locales ont participé au forum Resilient
Cities depuis sa création en 2010. Ce congrès offre une plateforme mondiale où les dirigeants des
autorités locales peuvent partager des idées et construire des partenariats grâce à des échanges
directs avec d’autres villes et une communauté d’experts internationaux. Diverses parties prenantes
de l’adaptation et de la résilience s’y réunissent pour explorer ensemble des sujets d’intérêt communs
et tenter de surmonter les défis qui s’offrent aux villes à toutes les étapes de la planification de la
résilience. Les discussions menées entre chercheurs et agents de terrain permettent de combler le
fossé existant entre la science et les politiques publiques, et accélère le développement d’approches
intégrées apportant des solutions originales faisant la preuve de leur efficacité.
« Grâce à ce travail en commun j’ai à la fois appris des informations et acquis des compétences qui m’ont
permis de comprendre pourquoi nous sommes vulnérables, ce qui nous rend vulnérables et comment nous
pouvons être plus résilients face à ces vulnérabilités. La résilience des villes n’est plus un sujet confidentiel :
c’est à l’ordre du jour partout dans le monde. »
Patricia Jiménez Pérez, Directrice générale d’IMPLAN La Paz, municipalité de La Paz, Mexique.
25% de représentants des
Resilient Cities en chiffres :
429
pouvoirs locaux
participants
originaires de
54 pays
57
originaires de
régions métropolitaines
174 intervenants
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Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine
•
36 sessions thématiques : panels d’intervenants,
exposés, ateliers et autres formats interactifs ;
•
3 conférences plénières : la plénière d’ouverture, la
conférence d’ouverture du forum thématique sur
le financement de la résilience, et la conférence de
présentation des perspectives d’avenir ;
•
2 forums thématiques sur le financement de la
résilience et les systèmes d’alimentation urbaine
résilients ;
•
2 ateliers Reality Check mettant en lumière
les villes de Tshwane en Afrique du Sud, et
de Pemba et Quelimane au Mozambique ;
•
•
13 posters présentés par 17 intervenants ;
•
Des événements exceptionnels et des sessions
parallèles, dont le cocktail d’ouverture au Musée
d’art de Bonn et le dîner des maires avec les
négociateurs de la CCNUCC (voir page 9).
Participants à l’atelier Resilient Cities 2015 au cours
d’une pause
Justification du Congrès
Le programme du congrès
7 exposants présents tout le long des trois jours
; et
Pourquoi construire des villes résilientes?
Zoom sur la résilience urbaine
Plus de la moitié de la population mondiale (3,96 milliards de personnes) vit actuellement en milieu
urbain : ce chiffre devrait atteindre les 5,1 milliards d’habitants d’ici 2030 (UNDESA, 2015). Cette
projection, souvent citée, a d’importantes conséquences pour l’avenir des métropoles : le visage et la
nature de nos villes changeront à mesure qu’elles deviendront des centres névralgiques toujours plus
importants de l’activité culturelle et économique de l’humanité.
L’urbanisation recentre la gestion des
risques dans les villes. Bien qu’elles soient
de plus en plus vulnérables aux chocs et
aux perturbations (comme, par exemple,
les perturbations dues au changements
climatiques), les agglomérations sont
également responsables de façon sousjacente de ces risques (ex : par l’émission de
gaz à effets de serre). Ainsi, le renforcement
de la résilience est devenu un enjeu essentiel
de la planification de l’urbanisation pour les
décennies à venir. Une ville résiliente peut
absorber et se remettre de n’importe quel
type de chocs en maintenant son identité,
ses fonctions et ses structures essentielles, tout en continuant de s’adapter et de se développer en
tenant compte de son univers perpétuellement changeant. Construire la résilience urbaine nécessite
de réaliser des plans stratégiques de long terme, fondés sur des données probantes et une approche
systémique intégrée, ayant pour objectif de réduire la vulnérabilité aux catastrophes naturelles tout
en renforçant la capacité d’adaptation, conformément aux Objectifs du développement durable
(ICLEI, 2015).
Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015
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La résilience urbaine revêt une importance croissante en raison notamment du changement climatique,
dont la menace, de nature planétaire, se manifeste par des risques régionaux spécifiques. Ces derniers
comprennent des canicules de plus en plus fréquentes et intenses ainsi que la montée accélérée
du niveau de la mer ayant des conséquences aggravées pour les zones urbaines et les populations
défavorisées (GIEC, 2014). Les autorités locales ont donc un rôle crucial à jouer dans l’anticipation et
l’adaptation au changement climatique, qui va de pair avec leur responsabilité.
« Les gouvernements nationaux peuvent passer des accords internationaux. Néanmoins, le changement doit
s’opérer au niveau local, là où de plus en plus de gens vivent, tous les jours. »
David Cadman, Président de l’ICLEI - Conseil international pour les initiatives écologiques locales
(2006 à 2015)
Les dégâts provoqués par les catastrophes naturelles en 2014 et 2015
De nombreuses villes font face avec difficulté au creusement des écarts de développement et à la
gestion de priorités opposées, conjugués aux problèmes de contrainte budgétaire. Cette situation
complique l’adoption de démarches d’adaptation : elle touche particulièrement les villes connaissant
une forte croissance démographique et les agglomérations de toute taille situées au Sud. Néanmoins,
les événements sur le terrain prouvent de plus en plus souvent que la résilience n’est pas un luxe, mais
une nécessité.
« La résilience peut être une question de vie ou de mort. Dans certaines régions, la vie des habitants et leurs
modes de vie sont en danger face à la menace du changement climatique. »
Vijay Nehra, Commissaire, Conseil municipal de Rajkot, Inde
Selon l’étude sigma de Swiss Re (2015), l’année 2014 connut un record en matière d’événements
extrêmes avec un total comptabilisé de 189 catastrophes naturelles : ce chiffre s’inscrit dans la lignée
des prévisions annonçant l’augmentation de la fréquence et de l’intensité de telles catastrophes.
Pour la troisième année consécutive, l’Asie est le continent qui a le plus souffert en termes de
pertes humaines et financières. De fortes précipitations ont provoqué des glissements de terrain en
Afghanistan, causant la mort de 256 personnes, et ont engendré les plus fortes inondations que le
nord de l’Inde et le Pakistan aient connu en 60 ans, causant la mort de 665 personnes. En Chine, au
Vietnam et aux Philippines, le typhon Rammasun a causé 176 morts et a ravagé les terres agricoles
et les infrastructures, pour un coût estimé à 5 milliards de dollars. La catastrophe naturelle la plus
coûteuse de l’année s’est déroulée en Inde, avec des dommages équivalents à 7 milliards de dollars.
Dans d’autres régions, la neige et des vagues de froid extrêmement vigoureuses ont provoqué le décès
de 500 personnes au Pérou et 26 au Japon, tandis que les Balkans vivaient les plus fortes précipitations
des cent dernières années : elles furent responsables d’inondations et d’éboulements qui ont tué 82
personnes.
L’année 2014 fut une de celles qui connut le moins de victimes dues aux catastrophes naturelles,
avec près de 12 700 décès. Le montant total des pertes économiques au niveau mondial a également
diminué par rapport à 2013, s’élevant à 101 milliards de dollars dont 28 milliards étaient assurés.
À l’inverse, les six premiers mois de 2015 ont connu plus de 18 000 décès, principalement en raison du
tremblement de terre au Népal (avec 9 000 victimes) et des canicules en Inde et au Pakistan (avec 4 000
décès). Le cyclone Pam a également ravagé la région Pacifique mais n’a fait que 15 morts, notamment
grâce à la rapidité de la réponse internationale.
Ces statistiques alarmantes illustrent le caractère imprévisible des catastrophes naturelles et
l’importance d’agir pour les populations les plus exposées. Les risques climatiques varient localement
: l’analyse du prochain rapport ARC2-3 identifie les inondations côtières et intérieures comme les
principaux dangers responsables de catastrophes en Asie, en Amérique du Nord et dans les Caraïbes,
tandis que les sécheresses, les canicules et les tempêtes sont plus importantes en Afrique et en Europe
(Rosenzweig et al, 2015). Toutefois, l’étendue des impacts de ce type de catastrophes varie en fonction
du niveau de préparation et de la capacité d’adaptation des individus, des communautés locales et des
services et systèmes urbains.
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Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine
Du nouveau entre 2014 et 2015
La résilience urbaine, sujet de niche en 2010, est désormais une préoccupation courante. Les villes passent
rapidement de la planification à la mise en œuvre : de nombreux pionniers documentent leur progrès – et
échecs – en vue de faire progresser et d’amplifier l’échelle de leurs actions, aussi bien à l’échelon local que
mondial (ex : la ville de Copenhague). Malheureusement, l’exécution de ces solutions est ralentie par un
manque de moyens financiers et techniques. En réponse à ces enjeux ont émergé de nouveaux acteurs,
avec de nouveaux types d’engagements et de ressources, afin d’accélérer les efforts de mise en œuvre de
mesures de résilience urbaine.
Les rendez-vous internationaux et les engagements pris en ces occasions
2014 et 2015 furent des années déterminantes durant lesquelles la communauté internationale a défini pour
les vingt prochaines années la réponse commune qu’elle souhaite apporter aux catastrophes naturelles et
au changement climatique, ainsi que sa vision d’un objectif durable et inclusif de développement. L’échelon
des villes, ainsi que les politiques de résilience, ont été reconnues dans les négociations internationales
comme des éléments essentiels des réponses aux enjeux cités. Les cadres de gouvernance mondiaux qui
en résultent établissent une vision commune sur l’amélioration des conditions de vie, et donnent le ton du
Nouvel Agenda urbain qui sera adopté durant la conférence Habitat III en 2016.
Mises à jour de 2014 à 2015
Les avancées 2014-2015
En Septembre 2014, le Secrétaire général de l’ONU Ban
Ki-Moon a organisé le Sommet de l’ONU sur le climat
afin de catalyser l’action mondiale sur huit thèmes
dont « les villes » et « la résilience » en amont de la
21e Conférence des Parties (COP21) de la Conventioncadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC) qui se déroulera à Paris en 2015.
Les aboutissements de ce Sommet sont la conclusion
de l’Initiative pour l’accélération de la résilience des
villes (Resilient Cities Accelerator Initiative), l’Alliance du
leadership pour la finance climatique en milieu urbain
(Cities Climate Finance Leadership Alliance) et le Pacte
Maires au Congrès Mondial 2015 d’ICLEI, avril 2015
des maires (Compact of Mayors). Ce Pacte est une
coalition mondiale de maires et de représentants officiels des collectivités urbaines s’engageant à réduire les
émissions urbaines de gaz à effets de serre, améliorer la résilience de leur ville au changement climatique,
et faire le reporting public de leur progrès. Il s’agit d’un engagement de trois réseaux de villes – ICLEI, C40
et CGLU – pour lutter contre le changement climatique de façon cohérente et complémentaire aux efforts
nationaux. Un an plus tard, plus de 175 villes travaillaient à intégrer le Pacte des maires. Les informations sont
partagées sur le portail NAZCA (pour Non-State Actor Zone for Climate Action) de la CCNUCC : il s’agit d’une
nouvelle plateforme lancée durant la COP20 à Lima afin de favoriser l’intégration verticale et de mobiliser les
soutiens à l’action locale.
Les Etats ont adopté le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes naturelles 2015-2030
en mars 2015 durant la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de
catastrophes. Ce cadre présente des objectifs mondiaux de réduction substantielle des pertes causées par
les catastrophes, ainsi que des recommandations permettant aux autorités locales et aux habitants de
développer des stratégies locales de réduction des risques de catastrophes (RRC). En réponse à ce rapport, la
campagne Pour des villes résilientes (Making Cities Resilient Campaign) de l’UNISDR a été réactualisée avec le
plan Dix points essentiels pour rendre les villes résilientes (New Ten Essentials for Making Cities Resilient). Cette
liste en dix points offre la possibilité aux administrations locales d’évaluer leur progrès en matière de RRC.
L’UNISDR est également en train de développer de nouveaux outils, indicateurs, et plateformes d’échanges
d’informations sur la RRC au niveau local grâce à des partenariats multipartites tels que l’Alliance du secteur
privé pour la résilience des sociétés aux catastrophes (ARISE).
Le Cadre de Sendai a ouvert la voie aux Objectifs du Développement durable (ODD) adoptés six mois plus tard,
à travers l’Objectif 11 : Rendre les villes et les installations humaines inclusives, sures, résilientes et durables.
Cet objectif contient des buts précis à atteindre pour réduire la vulnérabilité et les pertes occasionnées, tout
en accroissant la résilience et la capacité d’adaptation des espaces urbains et des populations d’ici 2030.
Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015
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Les partenariats mondiaux
La Collaboration de Medellin sur la résilience urbaine (MCUR) a été lancée
en avril 2014 durant le 7e Forum mondial urbain à Medellin, en Colombie.
Cette alliance a pour but de faciliter le transfert de savoirs et de ressources
nécessaires afin d’aider les villes à devenir plus résilientes face aux perturbations
engendrées par le changement climatique, aux catastrophes causées par les
phénomènes naturels, et à d’autres chocs et stress systémiques tels que les
défis socioéconomiques associés à l’urbanisation rapide. Ses membres sont
l’ICLEI, le C40, UN-Habitat, UNISDR, la Banque mondiale, le Dispositif mondial
de réduction des effets des catastrophes et de relèvement (GFDRR), la Banque
interaméricaine de développement (BID), la Fondation Rockefeller, 100 Villes
résilientes, et Cities Alliance.
Resilient Cities 2015
Co-Patrons
La MCUR est également partenaire du futur Programme de travail commun
sur les villes résilientes de Cities Alliance, qui devrait prochainement être
lancé officiellement. Les membres de ce Programme ont eu l’occasion de se
rencontrer durant le congrès Villes résilientes pour discuter des livrables de ce
travail conjoint, qui sera initié entre fin 2015 et début 2016.
Christiana Figueres
Secrétaire exécutive
de la Conventioncadre des Nations
Unies sur les
Changements
Climatiques (CNUCC)
L’agenda des congrès Villes résilientes
L’ICLEI travaille depuis le début des années 2000 à la construction de sociétés
résilientes. Grâce à l’agenda sur la résilience urbaine, ICLEI apporte ses
recommandations et son soutien aux autorités locales afin qu’elles puissent
entreprendre des actions pertinentes, et facilite les échanges entre les
métropoles et la coopération internationale pour accélérer le rythme des
progrès en cours. Cet engagement a été réaffirmé lors de l’adoption par ICLEI
en 2015 du Plan stratégique de Séoul 2015-2021 lors du Congrès mondial
d’ICLEI à Séoul, en Corée du Sud. Les deux vice-présidents de ICLEI – Monsieur
James Nxumalo, maire de Durban, et Miguel Angel Mancera, maire de Mexico
– sont les co-présidents de Stratégies pour la ville résiliente 2015-2018.
Au niveau mondial, ICLEI soutient les efforts des administrations locales
pour engager et rendre publiques des actions intégrées d’atténuation et
d’adaptation au changement climatique. Selon les termes de la Charte de
Durban pour l’adaptation, les autorités locales s’engagent sur dix principes
d’action climatique holistiques. La mise en œuvre de cette charte s’est
accélérée avec l’établissement de hubs régionaux chargés de la montée en
puissance des capacités des villes signataires. Jusqu’à présent, trois hubs ont
été créés à Durban, en Afrique du Sud, à Fort Lauderdale/Broward County aux
Etats-Unis, et dans la municipalité Kinondoni de Dar es Salaam, en Tanzanie.
La déclaration d’actions climatiques peut être faite au travers du carbonn®
Climate Registry (cCR) et au sein du Programme d’actions transformatives
(Transformations Actions Program – TAP). Ce Programme présentera des
projets locaux ambitieux aux Etats et aux partenaires de mise en œuvre
durant la COP21.
L’année 2015 a également vu l’essor de la série des congrès Resilient Cities
avec Resilient Cities Asia-Pacific 2015, premier Forum Asie-Pacifique sur la
résilience urbaine et l’adaptation, qui s’est tenu à Bangkok en Thaïlande du
11 au 13 février 2015. Ce congrès était centré sur les solutions régionales
et les partenariats visant à améliorant les capacités d’adaptation au travers
d’approches centrées sur les habitants des villes hautement vulnérables, dans
la région Asie-Pacifique. L’exposé des résultats de ce congrès ainsi que de plus
amples informations sont disponibles dans le rapport du congrès.
Le Forum mondial s’est étendu en accueillant de nouveaux partenaires, tels que
l’Agence française de développement (AFD), sous le haut patronage de (cf. à
droite).
8
Margareta
Wahlström
Représentante
spéciale du Secrétaire
général en charge
de la réduction
des risques de
catastrophes, Bureau
des Nations unies
sur la réduction
des risques de
catastrophes (UNISDR)
James Nxumalo
Maire de la
municipalité de
eThekwini/Durban,
premier vice-président
d’ICLEI, co-président
de Stratégies pour la
ville résiliente
Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine
Les side-events du Congrès
Séance préparatoire « Les villes en tant que laboratoires face au réchauffement climatique et à la
révolution digitale » : cette conférence animée par le Professeur Michael Batty de l’University College
de Londres a exploré les synergies entre trois mégatrends mondiales – croissance démographique
et urbanisation, révolution digitale et changement climatique – ainsi que les défis et opportunités
qu’elles représentent pour les villes. Cet événement a été organisé le 7 juin dans le cadre d’une série de
conférences organisée par l’ONU dans la ville de Bonn en Allemagne : « La Métamorphose du monde :
Climat. Mondialisation. Digital. »
L’événement spécial networking du Réseau de recherche sur le changement climatique en
milieu urbain (UCCRN) : l’UCCRN a présenté son réseau et les conclusions initiales de son second
Rapport d’évaluation sur le changement climatique et les villes (ARC3-2). Ce rapport exhaustif porte sur
l’atténuation, l’adaptation et l’économie du changement climatique dans les villes : il sera officiellement
publié durant la COP21. Les participants de cette session ont pu discuter avec des contributeurs du
rapport : l’importance des « hubs de connaissances » a été soulignée, et plusieurs moyens de combler
à l’avenir les lacunes en matière de formation ont été explorés.
La rencontre des experts sur les Recommandations pour les plans d’actions climatiques des
villes : à la suite du congrès Resilient Cities, UN-Habitat a organisé une réunion dans le cadre de son
projet de développement de recommandations pour les plans d’actions climatiques des villes, en cours
sur cette année. Ce processus de travail a commencé à Oslo en mars 2015, et devrait se conclure avec
le lancement de la « Version 1.0 » des Recommandations durant la COP21 en décembre 2015.
Cette section développe dans ses chapitres les conclusions du congrès et fait un état des lieux de la
résilience urbaine au niveau mondial et de ses progrès et innovations les plus récents. Les grands
messages ayant émergés des discussions entre participants ainsi que les outils et solutions sont
restitués ci-après.
Thèmes
Key themes
clés
Les derniers développements et actualités de
la résilience urbaine
Financer la résilience
Le momentum politique autour de la résilience
et de la mise en œuvre d’actions d’adaptation
peut brusquement prendre fin si les
municipalités ont des difficultés à trouver des
financements.
Afin d’apporter une réponse à ce défi,
Resilient Cities continue à mettre l’accent sur
le financement en organisant un forum dédié
aux obstacles et aux opportunités liées au
financement de la resilience urbaine.
Le financement local : public versus privé
Selon diverses études, seulement un sixième
Tables rondes et ateliers au cours du Congrès Resilient
Cities 2015
des 150 milliards de dollars annuels nécessaires
au financement de l’adaptation en 2025 sont
actuellement mobilisés. La Banque mondiale prévoit que 80 % des coûts de l’adaptation pourraient
être portés par les régions urbaines, ce qui comblerait le déficit de financements (programme de
recherche de la CDC Climat, 2015). Combien devrait provenir de fonds publics ou privés est source de
débats.
Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015
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La ville de Copenhague au Danemark, en collaboration avec une entreprise de service public locale,
parvient avec succès à financer la réalisation de son plan de gestion des eaux pluviales et de ses projets
d’infrastructures vertes afférents grâce à des taxes sur l’eau. La ville a également réussi son pari de
réformer la législation nationale afin d’autoriser certaines pratiques capables de diminuer les coûts
par deux. La mise en lumière de la multifonctionnalité des projets d’adaptation a facilité l’acceptation
de l’impôt par les habitants.
À l’inverse, HR&A a utilisé l’exemple de la reconstruction de la ville de New York aux États-Unis après
le passage de l’ouragan Sandy pour appuyer l’idée que le financement public ne devrait être mobilisé
qu’en dernier recours. Certains projets d’adaptation ont en effet pu être amortis parce qu’ils créaient
de la valeur liquidative, notamment par les dommages évités, les économies en matière d’assurance,
et l’accroissement de la valeur marchande des biens protégés. Lorsque le coût de l’adaptation était
plus important que le retour sur investissement financier (par ex. pour des projets de développement
socio-économique de quartiers défavorisés), les financements publics comblaient la différence. Les
municipalités peuvent également accroitre l’investissement de capitaux privés dans la résilience des
nouveaux bâtiments et la rénovation urbaine en créant des incitations appropriées. Par des actions de
soutien aux petites entreprises, les villes peuvent ainsi améliorer leur résilience tout en revitalisant des
artères commerciales.
« Le changement climatique va affecter les acteurs
du secteur privé ; il va venir frapper à leur porte,
impacter leur clientèle, leurs activités, les chaines
d’approvisionnement et de distribution, et pourrait
changer la valeur de leurs actifs. Le secteur privé doit
comprendre que ne pas investir dans l’adaptation et la
résilience urbaine lui coûtera cher sur le long terme. »
Evaydée Pèrez Sarraff, Directrice du Centre sur
le changement climatique, Institut dominicain du
développement intégral (IDDI), Santo Domingo,
République dominicaine.
Une nouvelle approche du financement multilatéral international
Les financements bilatéraux ou internationaux consacrés à l’adaptation pourraient constituer une
solution pour les autorités locales ayant peu de ressources fiscales. Néanmoins, ces fonds sont souvent
inaccessibles aux villes, car principalement constitués à destination des gouvernements nationaux.
Pour puiser dans ces ressources, les autorités locales peuvent soumettre aux bailleurs internationaux
institutionnels des projets intégrés plus importants correspondant à leur profil de subventions. De
nouvelles initiatives, comme le Programme pilote pour une approche intégrée de la ville durable du
Fonds pour l’environnement mondial (FEM), accompagnent ce type de démarches : ce programme a
pour but de stimuler l’investissement et le développement d’un urbanisme durable et holistique.
L’importance des institutions financières infranationales
Des obstacles supplémentaires au financement direct des municipalités existent, comme la barrière
de la langue si par exemple les dossiers de subventions ou les réglementations nationales ne sont
pas traduits. Ainsi, au Brésil, le gouvernement doit
autoriser les prêts accordés aux autorités locales et
se porter garant de leur responsabilité financière.
Les institutions financières infranationales jouent
un rôle précieux à cet égard, en permettant
aux municipalités de d’accéder directement aux
fonds. En Amérique latine, l’Agence française
de développement (AFD) noue des partenariats
avec des institutions comme la Banque de
développement de Minas Gerais au Brésil,
qui détient le savoir de terrain nécessaire
pour soutenir financièrement des services
plus rapides et des réformes structurelles de
10
Forum Financier: Panel de Discussion d’ouverture avec
Astrid Westerlind Wigström, Conseillère Principale en
Résilience Urbaine, Banque Mondiale, Washington DC
Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine
grande ampleur. La Banque de développement d’Amérique latine met également l’accent sur
l’expertise locale en aidant les banques nationales à identifier les initiatives de résilience urbaine
les plus prometteuses et en encourageant le financement direct en tant qu’outil de renforcement
des capacités des institutions locales.
Sélection d’outils de financement de la résilience :
•
City Strength Resilient Cities Program (Banque mondiale) – outil de diagnostic et d’identification
des actions prioritaires et des investissements nécessaires pour améliorer la résilience
et encourager l’adoption d’approches holistiques multisectorielles pour venir à bout des
inefficacités et déverrouiller les opportunités ;
•
Climate and Disaster Risk Screening Tools (Banque mondiale) – outils de dépistage des risques
climatiques en ligne dont le but est d’aider les municipalités en phase initiale de réflexion sur
leurs plans d’aménagement à comprendre les potentiels risques que le changement climatique
fait peser sur leurs programmes d’actions et leurs investissements ;
•
SuRe – The Standard for Sustainable and Resilient Infrastructure (Global Infrastructure Basel)
– norme privée développée pour créer un cadre commun partagé par les différentes parties
prenantes sur les caractéristiques et bénéfices des projets d’infrastructure durable et résiliente;
•
Etudes de préfaisabilité (Cities Development Initiative for Asia) – études permettant de mesurer
la bancabilité de projets urbains et de comprendre les critères de viabilité économiques,
sociales et environnementales des investissements.
Thèmes clés
Zoom sur une municipalité : la ville de
Rouen, France
La ville de Rouen en France a développé
plus de 350 hectares de zone industrielle
et d’éco-districts au cœur de son centre
historique : le bâtiment Luciline Rives de
Seine se situe ainsi sur une ancienne friche
industrielle. Ce projet de rénovation urbaine
est structuré par des obligations en matière
d’infrastructures ayant pour but de réduire
les risques tout en améliorant l’efficacité
énergétique et la résilience.
Christine Rambaud, Adjointe au Maire chargé de
l’Urbanisme, Ville de Rouen, France
Les facteurs clefs de cette réussite furent
un engagement fort des autorités locales,
l’élaboration de programmes stratégiques
d’investissement, l’obtention de financements
européens, et une reconnaissance du
projet à l’échelle nationale, pour lequel
la ville a reçu le label « Territoire à énergie
positive pour une croissance verte » et un
prix d’excellence pour ses éco-quartiers. La
ville de Rouen a également mis en exergue
le fait que la planification de long-terme
requiert des financements de long-terme
: le gouvernement doit donc être capable
de tenir ses engagements en la matière et
réaligner ses priorités en conséquence.
Les Tables rondes et les ateliers du forum sur le
financement pendant Resilient Cities 2015
Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015
11
Le renforcement des capacités des collectivités locales et l’encouragement à l’innovation
La faiblesse des moyens en interne pour garantir et gérer les financements d’actions d’adaptation reste
un écueil pour de nombreuses municipalités. Par exemple, la ville de Nacala-Porto au Mozambique
a besoin de davantage de personnels qualifiés pour traduire et déchiffrer les obligations liées aux
financements climatiques et en informer ses décideurs. Les « ateliers d’écriture » financés par USAID
apportent une solution à ce problème en organisant des formations auprès des villes sur les critères
des bailleurs de fonds et les méthodes concluantes pour rédiger des dossiers compétitifs.
Key themes
La conception de projets susceptibles de
bénéficier d’un financement de la part
de bailleurs internationaux constitue
également un défi. D’après les résultats des
recherches préliminaires de CDC Climat
Recherche, la plupart des institutions
financières
internationales
financent
des actions de réduction des risques de
catastrophes naturelles ainsi que des
mesures d’adaptation dites « douces ».
Certaines banques de développement
financent plus spécifiquement certaines
activités (par ex. l’adaptation écosystémique)
ou des initiatives innovantes (par ex. des
mécanismes d’assurance) : cette tendance
devrait se confirmer dans le futur. Dans le
même temps, il est fortement conseillé aux
villes d’intégrer à leurs projets de résilience
des mesures porteuses de co-bénéfices
dans le cadre d’une planification progressive
échelonnée sur le long-terme.
Il existe également des arguments solides en faveur de l’innovation locale. À Barcelone en Espagne,
l’entreprise OptiCits se positionne en tant que start-up du nouveau « secteur de la résilience », qu’ils
voient comme le seul espace de croissance pour les entrepreneurs qui souhaitent à la fois croitre avec
un business model durable tout rendant service aux municipalités. À New York, le concours Rebuild
by Design joué un rôle clé pour générer des solutions créatives impliquant de nombreuses parties
prenantes.
En devenant les moteurs de l’innovation et en encourageant le déploiement de sources de financements
locales et diverses soutenues par une bonne gouvernance, les municipalités peuvent s’assurer que les
mécanismes de financement seront adaptés à leurs besoins, et non l’inverse.
Bus de la ville de Tshwane, Church Square, Pretoria,
Afrique du Sud. (Source: (WT-shared) Digr, via Wikimedia
Commons)
12
Mercedes Mathebula, Spécialiste en Développement
Durable, Municipalité Métropolitaine de Tshwane
Pretoria, Afrique du Sud
Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine
Reality Check: la ville de Tshwane, en Afrique du Sud
En marche vers une ville à basse consommation carbone, dotée d’une gestion des ressources efficiente
et résiliente aux changements climatiques
À l’instar de nombreuses villes du continent africain,
Tshwane poursuit la réalisation de ses objectifs de
développement durable tout en faisant face aux
défis posés par sa croissance démographique et les
changements climatiques. Les prévisions climatiques
anticipent pour la ville des températures plus
importantes ainsi que l’augmentation de la fréquence
et de la sévérité des épisodes de sécheresses, de
canicules, d’inondations et d’averses de grêle, mettant
en péril le développement économique de la ville.
La Vision de Tshwane et son cadre stratégique
pour une économie verte
En 2013, la municipalité métropolitaine de Tshwane a
publié la feuille de route Vision pour Tshwane 2055,
faisant de l’adaptation au changement climatique et
de la transition vers une économie verte l’une des
priorités stratégiques de la capitale.
Tshwane avait précédemment promulgué un arrêté
municipal sur les bâtiments verts (unique au niveau
national et très applaudi), et entrepris la rénovation
de l’efficacité énergétique de tous les bâtiments
municipaux. Depuis, une unité « Ville durable » a été
créée, accompagnée de la publication du rapport
Stratégie de réponse au changement climatique. En
2014, les résultats d’un premier inventaire des gaz à
effet de serre et d’une étude d’impact de référence
ont conduit à travailler en priorité sur l’amélioration
de la résilience des infrastructures et la réhabilitation/
relocalisation des bidonvilles sur des terrains plus sûrs.
Afin d’identifier de nouvelles actions d’atténuation
et d’adaptation et de promouvoir la collaboration
public/privé, Tshwane a développé son Cadre
stratégique de l’économie verte. Tshwane finalise
actuellement sa Stratégie sur les mécanismes de
financement du développement durable (SMFDD),
visant à offrir un nouveau schéma de financement des
projets « verts ». Cette stratégie cherche à identifier
les barrières à l’entrée et les failles du marché,
sélectionner les moyens adéquats pour monter des
projets liés à l’économie verte, et calculer le retour
sur investissement pour les entreprises locales. La
version initiale de la stratégie et ses premiers résultats
étaient au cœur du Séminaire Reality Check de la ville
de Tshwane mené durant le congrès Resilient Cities.
Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015
Partenariat public-privé
Tshwane a engagé une fructueuse collaboration
avec le secteur privé pour atteindre ses objectifs en
matière de résilience, avec par ex. :
•
un projet de valorisation énergétique des
déchets en méthane, mené avec le constructeur
de voitures BMW afin alimenter leur usine en
énergie ; et
•
un projet d’extraction de biogaz d’une ferme
porcine visant à accroitre son efficacité
énergétique, entrepris en collaboration avec le
Groupe de consulting EBF.
Les obstacles et défis à relever
Entreprendre la planification de la résilience au
changement climatique tout en affrontant les
problématiques liées à la pauvreté et au chômage,
avec des ressources limitées à disposition, constitue
un défi majeur pour la municipalité de Tshwane. La
courte durée des mandats politiques ainsi que le
manque de personnel permanent qualifié sur les
questions d’adaptation rend difficile la mise en place
de plans de long-terme. De plus, le financement
d’actions d’adaptation devrait s’avérer plus complexe
que celui dédié aux actions d’atténuation, compte
tenu de la réglementation financière existante en
Afrique du Sud. Tshwane devra capitaliser sur ses
forces et le momentum qu’elle a créé, notamment
grâce à ses partenariats avec le secteur privé.
Atelier d’évaluation
Siège de la capitale Pretoria, pourvue d’une population
de 2,9 millions d’habitants et connaissant une croissance
économique rapide, la municipalité métropolitaine de
Tshwane occupe une place de choix pour influencer
les politiques publiques nationales ainsi que les
tendances socio-économiques à l’échelle du pays.
Les solutions identifiées
•
La mise en place de partenariats hybrides locauxnationaux-privé permettant de contourner les
contrats à durée limitée de trois ans s’appliquant
aux villes en Afrique du Sud ;
•
La réalisation d’opérations hors-bilan avec des
entreprises locales afin de partager les coûts de
la résilience, en échange d’avantages comme la
gratuité des loyers fonciers ou la valorisation des
déchets en énergie ;
•
Le lancement d’appels d’offres et de propositions
de projets innovants et technologiques verts ;
•
La réalisation de projets porteurs de co-bénéfices
permettant de financer l’adaptation à partir
d’allocations budgétaires existantes ; et
•
La mise à profit de la position stratégique de la ville
pour réformer la réglementaire financière nationale
et adopter une législation et des règlements
permettant de généraliser et de consolider les
actions d’adaptation.
13
Mobiliser les acteurs de la résilience à travers une démarche collaborative
Améliorer la coopération internationale sur la thématique de la résilience urbaine
Les partenaires internationaux et les associations de collectivités locales soutiennent les villes dans
leurs efforts vers davantage de résilience, en les mettant en relation avec des acteurs pertinents et en
leur fournissant des ressources pour renforcer leur potentiel d’action.
Ces partenaires privilégiés des villes sont également importants pour maintenir la question de la
résilience à l’agenda de leurs autorités locales en dépit des changements de mandats, ainsi que l’a
fait remarquer la ville de Barcelone, Espagne. Afin d’aider les gouvernements locaux à s’y retrouver
au milieu des ressources disponibles et des outils de construction de la résilience de plus en plus
nombreux, certaines organisations internationales, comme celles présentes dans la coalition
Collaboration de Medellin sur la résilience urbaine, font maintenant équipe afin de rationaliser leur
travail et leur campagne de sensibilisation (voir page 8).
Les partenariats entre villes
Les partenariats entre villes, quelle que soit
leur nature, promeuvent l’échange de bonnes
pratiques, renforcent les connaissances et
compétences des leaders locaux, et offrent aux
municipalités des possibilités de networking et
de financement, accélérant ainsi leurs efforts de
résilience.
À l’échelle nationale par exemple : depuis son
entrée dans le réseau brésilien CB27, la ville
de Curitiba a fait des progrès dans sa gestion
des catastrophes naturelles; tandis que les
membres de l’Association des autorités locales
de Tanzanie (ALAT) organisent régulièrement
des réunions de formation et de networking.
Noloyiso Walingo, Manager de l’environnement et de la
santé, Municipalité d’Ugu, Afrique du Sud
À l’échelle infranationale, des réseaux locaux de gouvernance climatique tel que le Pacte sur le
changement climatique du KwaZulu-Natal central (CKZNCCC) en Afrique du Sud offre à ses membres des
exemples de bonnes pratiques à travers des échanges entre paires et des formations internationales,
dont la municipalité Ugu a pu bénéficier.
Enfin, des programmes d’échanges internationaux tels que le Programme de partenariats sur le climat
CityLinks d’USAID permettent à des agglomérations de comparer différentes approches appliquées à
un même problème, comme la montée du niveau des eaux et la perte de biodiversité. Les villes de
Durban en Afrique du Sud et Fort Lauderdale aux Etats-Unis en ont fait l’expérience.
Des problèmes de communication et des contraintes financières peuvent surgir à mesure que les
partenariats entre municipalités s’épaississent. Le futur de la coopération entre villes passe par
l’approfondissement des relations entre les membres de ces coalitions, et l’intégration dans ces
réseaux de municipalités isolées et hautement vulnérables partout dans le monde. L’inclusion de
parties prenantes (représentants du secteur privé, du monde académique et experts de la société
civile) peut également présenter de nombreux avantages.
Le partage de connaissances entre chercheurs et agents de terrain
Les scientifiques et chercheurs travaillant sur les changements climatiques et la résilience urbaine
essaient d’élaborer de meilleurs outils pour informer les politiques publiques, et communiquer de
nouveaux savoirs et données factuelles au niveau local. Les décideurs politiques et les agents de
terrain ont décrit tout le long du congrès l’écart existant entre les informations dont ils ont besoin et
celles qui leur sont fournies. L’absence de langue commune entre les scientifiques et les acteurs de
l’implémentation a également été mise en lumière. Il existe heureusement des leviers pour façonner
la science émergente de la résilience urbaine afin qu’elle réponde à cet enjeu, et qu’elle puisse être
traduite en actions concrètes.
14
Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine
« Nous avons besoin de faire de la recherche pour assurer
la transition de nos technologies et réfléchir à un avenir
inclusif et transformateur dans le cadre du congrès
Resilient Cities. »
Richard Friend, Directeur du Bureau régional ISET
International, Bangkok en Thailande
De même, les pôles de connaissances inter-cités
réunissant des représentants des villes, universités,
sciences et autres, tentent de rassembler des parties
prenantes qui resteraient autrement disparates, afin
de diffuser les connaissances et promouvoir des
politiques associées. Un agent intermédiaire, tel qu’un
réseau public local ou une organisation partenaire,
peut être utile pour dépasser les obstacles posés par
la compréhension du langage technique, et assurer
une bonne transmission de l’information. Les pôles
de connaissance encouragent également les villes à
considérer les fournisseurs d’informations comme
des partenaires de la résilience, et à explorer des
opportunités de coopération (voir encadrés ci-dessous
et page 16: le changement climatique à Surat et page
24 : Étude de cas : La Cité des Sciences de Muñoz).
Études de cas : exploiter les atouts du
milieu universitaire local en faveur de la
résilience
Le Programme annuel pour la ville durable de
l’université de l’Oregon facilite la mise en œuvre
de projets étudiants à destination des habitants
d’une ville durant une année universitaire. Les
villes de l’Etat de l’Oregon concourent pour
être sélectionnées et s’engagent à couvrir les
coûts fixes. La ville bénéficie de projets à bas
coûts, pertinents pour les habitants, pendant
que les étudiants acquièrent une véritable
expérience leur permettant de mettre leurs
études en application. Dans le même temps,
les professeurs de faculté créent un réseau
avec les décideurs locaux. Ces dialogues
améliorent les résultats des projets et la qualité
des recommandations en matière de politique
publique, ainsi que les relations de l’université
avec son environnement local.
Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015
Anna Sjödin, Spécialiste en gestion des Risques
d’Inondation, Ville de Karlstad, Suède (à gauche)
au cours d’un “talkshow” sur le futur de la
Recherche sur la Résilience Urbaine.
Thèmes clés
Impliquer activement les villes dans le développement
des connaissances est une façon de garantir la pertinence
des résultats finaux de la recherche scientifique.
Par exemple, la consultation de nombreuses parties
prenantes, y compris des collectivités locales, menée
durant la rédaction du rapport ARC3-2 (voir page 9), a
amélioré la recherche tout en créant des ponts entre
les univers politique et scientifique.
Ressources complémentaires :
•
ICLEI Canada a développé une
anthologie des stratégies d’adaptation
du monde entier afin de donner aux
municipalités, chercheurs, et bailleurs
de fonds les informations répondant à
leurs défis d’adaptation. La version bêta
de cette anthologie a été testée durant
le congrès : son lancement est prévu en
décembre 2015 ; et
•
Les partenariats nécessaires pour
dépasser l’ambition du cadre de
l’Agenda 2030 pour le développement
durable:
les
perspectives,
recommandations et solutions de
l’ICLEI sur la durabilité urbaine (2015).
15
Faire converger les préoccupations en matière de santé et de changement climatique à Surat,
en Inde
Les relations entre l’eau, la santé et le changement
climatique peuvent être observées à travers
l’évolution des pathologies d’origine hydrique et à
transmission vectorielle dans les mégapoles telles
que Dhaka au Bangladesh, Lagos au Nigeria, et
Jakarta en Indonésie. Par exemple, les épidémies
de malaria sont directement influencées par
le changement climatique, puisque le principal
vecteur de la maladie (le moustique) se multiplie
durant les périodes prolongées d’inondations.
La ville de Surat a collaboré avec le Centre sur
la santé urbaine et la résilience au changement
« Bien que la santé soit un des indicateurs
climatique (Urban Health and Climate Resilience
d’impact du changement climatique, cette piste
Center) afin d’adopter un plan de résilience fondé
est sous-exploitée… De nombreuses personnes
sur une approche factuelle vis-à-vis des maladies
soutiennent que ce qui n’est pas bon pour la
à transmission vectorielle. La municipalité a
santé n’est pas bon pour le climat. »
développé le premier système de surveillance des
Vikas Desai, Directeur technique du Centre
maladies à transmission vectorielle du pays, et
sur la santé urbaine et la résilience au
est désormais considérée comme une des villes
changement climatique.
les plus saines d’Inde. L’exemple de Surat montre
comment la recherche scientifique peut soutenir une politique de résilience. Pour pouvoir répondre
aux nouveaux risques émergents et évolutifs, il s’avère urgent de consacrer davantage d’études
scientifiques sur les liens entre santé urbaine et changements climatiques, ainsi que sur les méthodes
de catalyse des transformations systémiques des politiques publiques.
La coopération entre les secteurs public et privé
Bien que le secteur privé soit un levier majeur de la croissance urbaine durable, son potentiel en tant
qu’acteur de la résilience reste largement inexploité. Bien que les acteurs du secteur public comme
privé partage un même intérêt pour cette démarche collaborative, les partenariats sont souvent barrés
d’obstacles, tels que les procédures d’appel d’offres des municipalités et la difficile appréhension des
structures gouvernementales par les entreprises.
Articuler les stratégies d’adaptation et de résilience autour de la faisabilité, de la flexibilité et d’une
vision de long-terme peut conduire à des collaborations plus efficaces entre les villes et le secteur
privé. Dans cette optique, certaines villes pilotes du Programme des services infrastructurels résilients
aux changements climatiques (Climate-Resilient Infrastructure Services - CRIS) ont découvert que
l’investissement privé permettait aux collectivités locales de s’engager dans des actions de long-terme.
« Les gens peuvent régulièrement voter pour renverser
des gouvernements, mais ils ne peuvent pas renouveler
le secteur privé aussi facilement. Les cadres supérieurs
du secteur privé conservent bien plus longtemps leur
position de pouvoir au sein de leur communauté, et
exercent donc une influence sur le leadership plus
durable. »
Chakil Aboobacar, Adjoint au maire de NacalaPorto, du Mozambique
La clef du succès est de s’assurer de la participation du secteur privé dans les démarches de résilience
urbaine : il est possible d’y parvenir par la réalisation d’activités conjointes, telles que la co-production
d’analyses de risques et d’évaluation des impacts du changement climatique, ou la réalisation par les
entreprises de formations sur des sujets d’intérêts communs (ex : les mesures d’urgence).
16
Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine
Études de cas : approches participatives incluant les parties prenantes
Les projets de résilience couronnés de succès suivent une approche multisectorielle qui inclue les parties
prenantes, reconnaît la nature transversale de la résilience, et utilise les ressources existantes de façon
efficiente. En effet, la participation directe des habitants des communautés locales peut permettre aux
municipalités de répondre simultanément aux problématiques sociales, économiques et politiques qu’ils
connaissent, et favorise leur appropriation de la démarche de résilience et ses résultats.
Augmenter les capacités d’adaptation et la collaboration interdépartementale en Rhénaniedu-Nord-Westphalie, Allemagne
Les petites municipalités de l’État allemand de Rhénanie-du-Nord-Westphalie ont à la fois des ressources
limitées et une expertise insuffisante en matière d’adaptation au changement climatique. Pour répondre
à ces deux enjeux, le LAG 21 (un réseau de municipalités locales), en collaboration avec le BEW (le centre
de formation sur la gestion des déchets et les services publics), a mis en place une formation pour les
agents municipaux, les représentants du secteur privé et les étudiants en sciences de l’environnement.
Le principal objectif de cette formation est d’accroitre le niveau de compétences sur l’adaptation au
changement climatique et de faciliter les échanges au niveau interdépartemental aussi bien qu’au sein
des collectivités en interne. Les questions transversales et l’intérêt des démarches holistiques pour
accroitre l’efficience et le partage d’informations ont également été abordées.
Les résultats clés de cette démarche ont été présentés durant une session spéciale du congrès Resilient
Cities. Ils ont été suivis d’un exemple sur la façon dont la ville de Datteln a appliqué ces leçons pour
améliorer son propre aménagement urbain. Durant cet atelier, les participants ont pu échanger
des idées sur leur travail quotidien d’adaptation et ainsi construire un réseau de collaboration entre
départements et municipalités.
Jasmin König, Agent de l’environnement, Ville de Datteln
L’exemple de la lutte contre les canicules dans les bidonvilles du Caire, Egypte
De nombreuses barrières peuvent se dresser devant l’adoption d’une approche participative, comme
les conflits d’ordre politique entre communautés sur les problèmes à prioriser, les contentieux culturels
ou de genre, les problèmes de langues, les migrations saisonnières ou encore l’existence de bidonvilles.
Néanmoins, le succès de projets comme le Programme participatif de développement des zones
urbaines (PPDZU) du Caire en Égypte, soutenu par le GIZ, prouve que la planification inclusive est non
seulement possible, mais que les efforts consentis en sa faveur portent leurs fruits.
Thèmes clés
« Dans ma petite communauté, je suis un « chevalier solitaire » des causes environnementales et climatiques.
C’est la raison pour laquelle le networking est si important pour moi. »
Plus de 60% de la région périphérique de la ville Caire est composée de bidonvilles et est hautement
exposée à des phénomènes de canicules aggravées. Le PPDZU a pour but d’améliorer les conditions de vie
de ses habitants au travers de programmes participatifs portant notamment sur les toitures végétalisées
et les projets d’infrastructures vertes. Ce programme
contient des formations, des ateliers à destination des
communautés locales, ainsi que des recommandations
vis-à-vis du récent ministère de la rénovation urbaine
et des quartiers informels. Les enseignements tirés
du travail mené dans ces quartiers urbains informels
concluent sur l’importance de construire des relations
de confiance, de comprendre les structures de pouvoir
propres à ces espaces, et de combiner les actions
d’adaptation avec d’autres urgences comme l’inclusion
sociale et la lutte contre la pauvreté. En construisant
des ponts entre des groupes sociaux marginalisés et
les autorités locales, la participation des habitants
aux programmes municipaux peut entrainer des
Participants à un atelier sur l’adaptation
transformations socio-économiques plus vastes dans
communautaire au sein des villes densément
l’ensemble de la ville.
peuplées en Egypte et au Bangladesh
Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015
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L’infrastructure résiliente
Les services et systèmes de transport,
d’assainissement, de gestion des déchets,
d’approvisionnement
énergétique
et
de
communication sont au cœur du développement
et de la vie urbaine. Afin de pouvoir répondre
simultanément aux enjeux liés à la croissance
urbaine et aux impacts inévitables du
changement climatique, il est recommandé
aux municipalités d’intégrer la résilience de
façon systématique dans l’ensemble de leurs
réflexions, décisions et choix d’investissements
pour les infrastructures présentes et futures.
Andre Landwehr, Chargé de Projet, Département de
La première étape de cette démarche est de
l’Environnement, Ville de Malmö, Suède, donne un
comprendre comment les différents systèmes
exemple de la façon dont Malmö utilise le modèle de
d’infrastructures s’entrecroisent. Un schéma
circulation urbaine
conceptuel présenté par l’association Resilient
Regions Association conçoit la ville comme un système symbiotique composé de six flux : les biens,
les services, les flux financiers, les personnes, l’énergie et l’information. Les catastrophes naturelles
ainsi que d’autres perturbations peuvent perturber l’opérabilité de ces flux et mettre en danger le
fonctionnement d’une ville. Certains outils comme MERIT aident les municipalités à évaluer les impacts
économiques des dommages potentiels subis par leurs infrastructures : elles peuvent ainsi grâce à
ces données renforcer leur rationnel d’investissement dans la résilience ainsi que la promotion d’une
collaboration plus étroite entre secteurs public et privé, sur la base d’intérêts communs.
Key themes
« Adopter une perspective en termes de flux permet aux politiciens et aux entreprises qui ne considèrent pas
que leur travail s’inscrit dans une démarche de résilience de se rendre compte à quel point ce qu’ils font est
essentiel au fonctionnement de leur ville, quels que soient les scénarios de risques. »
Silvia Haslinger Olsson, Operations Manager, Resilient Regions Association, Malmö, en Suède.
Vert, gris, ou un mélange des deux
L’infrastructure verte (IV) est saluée pour sa
capacité à offrir de nombreux co-bénéfices pour
un coût d’exploitation et une consommation
énergétique relativement faibles. Cependant,
l’IV n’est pas nécessairement la meilleure
solution disponible : elle peut s’avérer
infructueuse si le niveau de sensibilisation des
acteurs, les financements initiaux ou l’espace
octroyé pour se déployer sont insuffisants.
Le Guide de l’infrastructure verte pour la
gestion des ressources hydriques du PNUEDHI encourage les municipalités à utiliser les
ressources qu’elles ont déjà à disposition,
Catarina Freitas, Directrice du Département de Gestion
comparer les résultats de différentes options,
et de Planification Environnementales Durables, Ville
et prendre des décisions éclairées relatives aux
d’Almada,Portugal
infrastructures vertes et grises. Par exemple,
dans les deux villes de Howard Beach dans l’État de New York aux Etats-Unis, et d’Essen en Allemagne,
une approche hybride « vert-gris » s’est avérée optimale pour réduire les inondations et maximiser les
co-bénéfices.
Récupérer la chaleur de l’infrastructure urbaine
L’année 2015 fut la plus chaude jamais enregistrée : l’effet des îlots de chaleur urbains, constaté
dans de nombreuses agglomérations, fut exacerbé. De nombreuses solutions existent en matière
d’architecture et d’infrastructure verte/bleue pour atténuer cet effet du changement climatique : il peut
18
Resilient
Resilient
Cities
Cities
2015
2015
- 6-ème
theForum
6th Global
mondial
Forum
suron
l‘adaptation
Urban Resilience
et la resilience
and Adaptation
urbaine
s’agir de stratégies relativement simples (tel que peindre les toits en blanc afin d’accroitre l’effet albédo,
soit la réflectivité de la ville), l’adoption d’approches écosystémiques consistant par exemple à creuser
des cours d’eau en ville ou à planter des arbres, ou encore la mise en place de réglementations sur le
design des bâtiments et l’utilisation de certains matériaux. Avec l’intensification du phénomène des îlots
de chaleur, les villes pourraient considérer la mise en œuvre d’autres méthodes innovantes, comme
la reconversion énergétique de la chaleur perdue ou le zonage calqué sur la demande énergétique.
La réduction des risques de catastrophes
Dix actions incontournables pour rendre les villes résilientes
Suite à l’adoption du Sendai Framework pour la réduction des risques de catastrophes (RRC), l’UNISDR
a mis à jour son rapport sur les dix actions incontournables pour rendre les villes résilientes « Ten
Essentials for Making Cities Resilient » (voir page 7). Ce nouveau rapport met l’accent sur le renforcement
des capacités financières, institutionnelles et sociales consacrées à la résilience par les municipalités
: ces recommandations sont déjà librement interprétées et mises en place par des villes comme la
municipalité métropolitaine d’Istanbul en Turquie et Karlstad en Suède.
De nombreuses municipalités connaissent des difficultés à intégrer la réduction des risques de
catastrophes dans leur aménagement urbain en raison d’un manque en interne de savoirs, de
compétences et de ressources, ou de mise en cohérence des stratégies nationales et locales.
Le nouveau cadre de Sendai et le rapport sur les dix actions incontournables, allié au soutien des
partenaires internationaux et des réseaux de gouvernements locaux, visent à donner aux municipalités
les moyens nécessaires pour mettre en place des mesures efficaces de RCC et accélérer la construction
de la résilience.
Karlstad, une des villes modèles de la campagne
Rendre les villes résilientes, a fait de la RRC une priorité
absolue. La RRC est intégrée dans la planification
urbaine, et se voit consacrée un pourcentage du
budget annuel municipal. Depuis l’adoption de son
plan pérenne de gestion des risques d’inondations
en 2009, la ville de Karlstad a fait l’inventaire de
ses infrastructures critiques, développé un plan
d’urgence en cas d’inondations, et investi dans sa
gestion des eaux usées et des eaux pluviales. Des
actions complémentaires, telles que la construction
de remblais et l’élévation des infrastructures, sont en
cours de réalisation. Les prochaines étapes consistent
pour la municipalité à publier son plan d’adaptation au
changement climatique et à améliorer la sensibilisation
des populations au risque de catastrophes naturelles.
Thèmes clés
Étude de cas : la gestion des risques d’inondations
de la ville de Karlstad, en Suède
La gestion intégrée et étendue des risques climatiques : de la prévention des catastrophes à
la relocalisation des populations
Des démarches de gestion intégrée et étendue des risques climatiques sont nécessaires pour faire
face à l’ensemble des scénarios possibles, et aux impacts potentiels sur les villes et le bien-être
humain, notamment les pertes et dommages inévitables. Les possibilités d’adaptation sont limitées, en
particulier pour certaines populations littorales (cf. exemple de l’île de Taro en encadré, voir page 20).
Considérer la question des pertes et dommages en amont des plans d’adaptation permet de prévenir
les pertes évitables, et d’atténuer, transférer ou s’adapter aux pertes inévitables. Le concept de pertes
et dommages peut également permettre de sensibiliser les parties prenantes aux coûts économiques
et extra-financiers induits lorsque l’adaptation est impossible.
Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015
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De nouvelles ressources voient le jour en
soutien à ce processus, comme le Document
de méthodologie pour prioriser les mesures
d’adaptation aux changements climatiques, créé
pour les villes côtières par l’organisation GIZ
en collaboration avec le ministère mexicain de
l’environnement et des ressources naturelles. Cet
outil basé sur le logiciel Excel utilise une méthode
simple d’analyse coûts-bénéfices multicritères
fondant la prise de décisions sur des données
probantes. Il permet d’évaluer le bénéfice
social et financier (direct et indirect) ainsi que la
faisabilité et l’efficacité de différentes mesures
d’adaptation, telles que la relocation des habitants
ou l’installation de barrières naturelles contre les
inondations.
La prise de conscience de l’importance du débat
naissant sur les pertes et dommages fut renforcée
durant ce congrès par la présentation d’exemples
tangibles de municipalités faisant face au défi de la «
prochaine étape du processus d’adaptation ». Pour
certaines d’entre elles, les catastrophes naturelles,
en créant un sentiment d’urgence, servent de
porte d’entrée à la question de la planification
de la remédiation aux pertes et dommages. Les
étapes suivantes qui ont été identifiées consistent
à incorporer les savoirs des communautés locales
dans la création de nouvelles stratégies, et à
investir dans la recherche et la création de ponts
entre politiques publiques et sciences.
Étude de cas : l’île de Taro opte pour
la relocalisation comme garantie
d’un futur plus sûr et résilient aux
changements climatiques
L’île Taro, capitale de la province de Choiseul
des îles Salomon, est la première ville de la
région Pacifique à avoir choisi la relocalisation
pour réduire son exposition aux risques
climatiques. Son plan d’adaptation au
changement climatique, développé par des
scientifiques, des ingénieurs en génie côtier,
et des urbanistes, comprend pour principale
mesure la relocalisation des habitants sur
les terres continentales voisines. Ce plan,
récompensé pour sa qualité, contient
également un plan directeur et une
stratégie de développement du futur site
d’implantation. La collaboration et le cran
des habitants ont été déterminants, au
regard des impacts émotionnels, culturels et
sociaux incontestables d’une telle stratégie.
La mise en place de ce plan dépendra de
son financement, ce qui crée une certaine
persévérance politique. La relocalisation
est censée débuter en 2030, soit l’année
où le cadre de Sendai viendra à expiration.
La réussite du plan de l’île de Taro pourrait
inspirer de nouvelles orientations dans la
gestion des risques climatiques.
Paquitequete à Pemba, Mozambique: Un bidonville
situé dans une zone exposé aux catastrophes. Source:
Chemonics International
L’image ci-dessus :
Manuel de Araújo, Président municipal, Ville de
Quelimane, Mozambique
L’image à gauche :
Armando Martins John, Adjoint supérieur au président
municipal de Pemba, Ville de Pemba, Mozambique
20
Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine
Reality Check: Pemba et Quelimane, au Mozambique
Pensons simplement : une approche de la résilience par étapes
Ces deux villes sont exposées aux événements
météorologiques extrêmes, tels que les cyclones
tropicaux et les orages, la montée du niveau des
mers, les sécheresses, et les fortes pluies entrainant
des inondations et des glissements de terrain. Ces
deux municipalités partagent également des défis
socio-économiques de même nature : des bidonvilles
de plus en plus étendus dans des régions sujettes
aux catastrophes naturelles, une infrastructure
défaillante, et d’importantes contraintes financières
entravant la fourniture de services municipaux
élémentaires. Dans ces conditions, l’adaptation au
changement climatique, bien qu’urgente, s’avère
être une tâche insurmontable. La réponse, apportée
en 2014 par le Projet d’adaptation des villes côtières
(PAVC) de USAID (Coastal Cities Adaptation Project), fut
de déconstruire le problème en une série d’actions
simples, à la portée des acteurs, dans le cadre d’une
approche par étapes.
L’approche participative par étapes de
l’adaptation au changement climatique
Sur la base des conseils du PAVC, les deux municipalités
de Pemba et Quelimane ont élaboré une stratégie
reposant sur des mesures « à gains rapides » et des
outils simples, visant à la fois à répondre à courtterme aux catastrophes naturelles avec des moyens
limités, tout en améliorant leur capacité à s’adapter
aux effets à long-terme du changement climatique.
« Il n’est pas toujours nécessaire, ni même réaliste,
pour les petites villes des pays en développement d’avoir
accès à des technologies de pointe pour combattre
le changement climatique et réduire les effets des
catastrophes naturelles. Dans la majorité des cas, ce sont
des solutions simples, des petits changements ayant des
résultats payants immédiats, qui font véritablement la
différence. »
Carlos Quintela, Directeur du programme USAID
Coastal Cities Adaptation Project au Mozambique.
Afin d’améliorer la
pendant, et après
collecte d’éléments
ces deux villes ont
gestion de l’information avant,
une catastrophe, ainsi que la
utiles à la prise de décisions,
développé dans le cadre d’une
Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015
démarche participative des cartes de vulnérabilité,
qu’elles ont intégré à leurs cadastres municipaux
existants. Les deux municipalités ont également
travaillé en collaboration avec le gouvernement
pour créer un outil préventif d’alerte et de réponse
aux catastrophes naturelles fonctionnant par SMS,
un moyen de communication simple et peu cher.
Ce nouveau système, qui permet de sauver des
vies, change totalement la donne pour Pemba et
Quelimane. Afin de pouvoir établir un référentiel
et suivre les progrès réalisés dans leur approche
de réduction des risques liés aux catastrophes
naturelles, les deux villes ont utilisé le Guide d’autoévaluation des collectivités locales (Local Government
Self-Assessment Tool) produit par l’UNISDR dans le
cadre de leur campagne Pour des villes résilientes
(Making Cities Resilient Campaign).
Les obstacles et défis à relever
Un an après le lancement du PAVC, les autorités
municipales peuvent constater par des résultats
concrets les progrès considérables accomplis en
matière de résilience. Le défi qui se pose désormais
est de poursuivre la réalisation d’objectifs de plus en
plus complexes grâce à l’approche par étapes. En effet,
la sensibilisation aux risques et à la prévention des
catastrophes naturelles reste limitée. Les autorités
locales connaissent en même temps des difficultés
à faire appliquer la loi en matière de réglementation
foncière, et à empêcher l’implantation d’habitants
dans des zones à hauts risques. Une grande partie de
la population reste sans accès aux infrastructures et
systèmes d’assainissement de base.
Atelier d’évaluation
60% des Mozambicains vivent le long des côtes :
Pemba et Quelimane sont à ce titre deux exemples
représentatifs de villes côtières de taille moyenne.
Quelimane, située au milieu du littoral mozambicain,
est la septième plus grande ville du pays avec 200 000
habitants. Pemba, située au Nord du pays, connaît
une population croissante de 160 000 habitants.
Les solutions identifiées
•
Favoriser les partenariats avec les villes voisines
pour accroitre le partage de bonnes pratiques ;
•
Se servir des tendances démographiques liées à
l’exode rural comme porte d’entrée à la création
d’emplois « verts » et la mise en place d’actions
d’adaptation ;
•
Concentrer les efforts sur l’aménagement
urbain afin d’offrir aux habitants une alternative
attractive aux bidonvilles ;
•
Offrir aux résidents des activités alternatives à
l’exploitation des mangroves, telles que leur pré­
servation ou d’autres emplois « vers » similaires
; et
•
Accroitre la sensibilisation grâce à des campagnes
d’information dans les zones vulnérables.
21
Les données nécessaires à la construction de la résilience
L’utilisation efficiente de données urbaines standardisées
Le sujet transversal de l’importance des statistiques
urbaines, de leurs limites et des tendances qu’elles
connaissent fut exploré durant le congrès. Le
Conseil mondial des données urbaines (CMDU)
a présenté la nouvelle norme ISO 37120 : il s’agit
du premier standard ISO à définir un panel
d’indicateurs visant à orienter et évaluer le niveau
de fourniture de services publics municipaux et
la qualité de vie urbaine. Le CMDU est en charge
de coordonner l’implémentation mondiale de
la norme ISO 37120. Le portail sur les données
urbaines a été lancé en mai 2015 et la norme
ISO 37121, standard international pour les villes
résilientes, est en cours d’élaboration.
Jerry Velasquez, Chef du département « Advocacy and
Outreach », UNISDR
Le CMDU a souligné les avantages concrets de la standardisation des données urbaines, tels que
d’attirer les investissements nationaux, internationaux et privés, ce qui a particulièrement retenu
l’attention du public. À titre d’exemple, les assureurs pourraient diminuer leurs frais premiums pour
les villes certifiées. En favorisant la transparence des informations, l’open-data encourage également
la mise en place d’une gouvernance et d’une prestation de services publics plus efficace. À ce sujet,
les représentants de la ville de Rotterdam (qui fait partie des vingt villes fondatrices du CMDU) ont
confirmé l’intérêt de la standardisation des données. Les standards internationaux sont également
pour les villes à la fois un outil utile de validation de leurs efforts de résilience et un cadre de partage
d’informations et de bonnes pratiques.
Thèmes clés
Il est crucial de comprendre que ces standards ne doivent pas être utilisés pour établir des classements
entre villes ou mesurer des performances qui conditionneraient certains financements ou aides. Ce
type de comparaisons serait fondamentalement injuste au regard du différentiel de développement
entre les différentes villes du monde. À l’inverse, les villes qui se prêtent à la déclaration de ces
données doivent être reconnues pour leur engagement en faveur de la transparence, la qualité de
leurs données, et les progrès réalisés dans la poursuite de leurs objectifs.
Des recommandations complémentaires portaient sur l’approche « à la carte », qui consiste pour les
villes à choisir les indicateurs les plus adaptés à leur contexte territorial, auxquels s’ajoute un soutien
plus important sur l’utilisation de ces standards internationaux. Il a été suggéré que les prochains
développements de l’ISO 37120 et 37121 tiennent également compte de certains besoins et capacités
spécifiques de municipalités, afin que le produit final soit un outil adaptable à toutes les villes quels
que soient leur taille et le niveau d’adaptation et de résilience de leur aménagement urbain.
« Bien que les standards soient utiles, il est crucial d’en discuter et de communiquer pour aider les villes à
comprendre pour les normes ISO peuvent être pertinentes en matière de résilience. »
Joseph Wladkowski, Directeur, ICLEI Global Capacity Center.
Communiquer sur la résilience
Comprendre et engager son audience
Comment une campagne de communication peut-elle sensibiliser au changement climatique,
influer sur les comportements et inspirer de nouvelles actions d’adaptation ? De nombreux facteurs
de réussite ont été identifiés durant le congrès : le plus important d’entre eux était la création d’un
environnement politique qui permette la participation du public. Il est plus aisé de promouvoir les
actions de résilience si les acteurs des différents groupements d’intérêts locaux sont impliqués
dans la création et la diffusion de savoirs sur la résilience. Cet engagement des habitants permet
également de mieux comprendre quels sont leurs besoins, intérêts, priorités et freins à l’action,
22
Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine
ce qui est un prérequis important de toute
stratégie de communication.
Par exemple la ville d’Essen organise des débats
participatifs avec ses citoyens sur la résilience
urbaine au travers d’un « marché aux idées »
régional et de concours d’initiatives locales.
Crowdsourcing est un autre moyen qui permet
à transformer les différentes communautés
locales de bénéficiaires passifs en sources
d’informations actives, et de saisir les différentes
perceptions existantes sur l’adaptation au
changement climatique.
Le pouvoir du « storytelling » a été mis en exergue
pour communiquer sur des sujets complexes. Le
partage d’expériences concrètes via les médias,
l’art et les récits interactifs peuvent illustrer les
concepts de résilience de façon plus « humaine
» et encourager la collaboration pour trouver de
nouvelles solutions (cf. encadré).
Étude de cas : Amrai Pari, un programme
d’actions média de la BBC
Amrai Pari (Ensemble nous pouvons le faire) est un
show de télé-réalité au cœur des communautés
les plus vulnérables du Bangladesh, qui
documente les actions d’adaptation des
habitants. Ce programme touche plus de 15
millions de Bangladais : il illustre des démarches
innovantes, appliquées à la vie de tous les
jours, pour accroitre la résilience des foyers. La
première évaluation de l’impact de cette série sur
les auditeurs a montré que les personnes croient
que ce programme a renforcé la collaboration
entre les membres des communautés filmées
et leur niveau de connaissances sur la résilience.
Ainsi de nombreux habitants des bidonvilles ont
appris comment éclairer leur maison avec des «
bouteilles de lumière » : une innovation gratuite
et facile à reproduire.
Pour la troisième année consécutive ICLEI et
RUAF ont organisé en collaboration avec le
SUPURBFOOD Program un Forum spécial sur
l’agriculture urbaine dédié aux bonnes pratiques
et innovations inscrivant les circuits alimentaires
urbains et péri-urbains dans la durabilité.
Un point clé de la discussion portait sur le
potentiel de l’agriculture urbaine comme facteur
de réduction de la pauvreté et d’inclusion des
populations marginalisées dans le fonctionnement
des villes du Sud. Des politiques et programmes
incitatifs en matière d’agriculture urbaine peuvent
entrainer de véritables transformations durables
en officialisant certaines activités de subsistance (par ex. pour les vendeurs ambulants) et en
renforçant l’autonomie et les moyens d’action des populations vulnérables. En revanche, une forte
volonté politique est nécessaire pour faire évoluer les mentalités sur le sujet de l’économie informelle
liée à l’alimentation, afin qu’elle ne soit plus vue comme un problème mais comme une solution apte
à créer des espaces urbains durables et résilients.
Thèmes clés
Des systèmes d’agriculture urbaine résilients
Petites et moyennes entreprises
Un autre aspect important évoqué durant le congrès concerne le rôle des petites et moyennes
entreprises (PME). Un tissu de PME dotées de modèles d’affaires diversifiés contribue à la résilience
sociale et à l’autosuffisance, en fournissant des « biens publics » indépendamment de tout soutien
appuyé des autorités locales. Par exemple, le quartier de Kalnciema à Riga, en Lituanie, organise un
marché d’alimentation et d’artisanat hebdomadaire, qui met en relation directe consommateurs et
producteurs agricoles. Ce marché permet de sensibiliser aux bienfaits de l’agriculture locale tout en
servant d’espace culturel communautaire pour les habitants du quartier.
« La question est bien souvent de savoir faire les bonnes connexions. En tant que représentants municipaux,
nous n’avons pas nécessairement connaissance de l’ensemble des activités qui ont lieu dans notre ville :
notre travail consiste donc principalement à faciliter la création de ponts entre les acteurs, pour que ces
liens se transforment en synergies et en momentum. »
Katrien Verbeke, Coordinateur en charge des politiques agricoles, Ville de Gand, Belgique.
Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015
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Améliorer la sécurité alimentaire en milieu urbain
Dans la continuité des négociations internationales en cours sur les ODD et HABITAT III, le Forum
a mis l’accent sur la nécessité de placer la sécurité alimentaire des villes à l’ordre du jour politique
international. Certaines autorités locales métropolitaines ont déjà pris des mesures concrètes afin
d’identifier et de résoudre les problèmes d’insécurité alimentaire sur leur territoire. Par exemple, dans
la ville de Cape Town, l’Unité d’agriculture urbaine apporte son aide aux petits agriculteurs et aux projets
de jardins et potagers à la lumière des résultats de son étude de 2013 sur la sécurité alimentaire. Les
chercheurs comme les agents de terrain s’accordent à dire qu’il faut systématiquement incorporer
l’agriculture urbaine au cœur de la planification urbaine et des stratégies d’adaptation au changement
climatique, afin de démultiplier l’impact de telles mesures. Les villes doivent associer à leur démarche
les communautés locales, en particulier les associations de femmes et de jeunes, si elles veulent
obtenir des résultats significatifs en la matière.
Recommandations du programme SUPURBFOOD:
•
•
•
Mettre en place des programmes fermesécoles consacrés à l’agriculture locale, afin
d’améliorer l’accès des étudiants à une
alimentation de qualité et étendre les marchés
des agriculteurs locaux ;
Rendre obligatoire la création d’espaces dédiés
à la production alimentaire dans les bâtiments
neufs et rénovés ; et
Créer un service municipal de planification
alimentaire urbaine fonctionnant de façon
intégrée, ou demander aux services existants
de collaborer et de travailler sur le sujet.
Nayanananda Nilwala, Sécrétaire, Ministère de l’agri­
culture, Western Province d’Ouest, Colombo, Sri Lanka
Autres pistes de réflexion :
•
•
L’approche City Region Food System de la FAO;
Le Milan Policy Pact ;
Les recommandations du Programme
SUPURBFOOD ; et
Le réseau CITYFOOD.
Katrien Verbeke, Coordinatrice
alimentaire, Ville de Ghent, Belgique
de
politique
Etude de cas de municipalités
La Cité des Sciences de Muñoz aux Philippines est un hub reconnu de recherche et développement sur
la sécurité alimentaire, avec plus de 60 % de son territoire urbain dédié à l’agriculture. La production
annuelle de riz surpasse amplement la consommation locale, ce qui génère un surplus profitable à
la capitale et aux villes environnantes. Certains programmes municipaux intègrent dans leur plan
d’actions des projets tels que « Un potager dans sa cour » (« Bakuran Ko, Gulayan Ko ») et « L’école dans
le jardin », dont les objectifs sont respectivement la satisfaction de la consommation des particuliers
alliée à la génération de gains économiques pour les individus, et l’apprentissage de l’importance de la
production alimentaire locale. Pour réussir, de tels projets demandent notamment des municipalités
un réel engagement pour appliquer les politiques nationales existantes au niveau local, ainsi qu’un
investissement financier en matière de recherche collaborative sur les technologies innovantes de
production alimentaire.
L’étalement urbain et la croissance démographique de la ville de Quito, en Equateur, aggrave sa
dépendance en matière d’importations de produits alimentaires non-locaux et sa vulnérabilité face
aux crises. Le Projet participatif d’agriculture urbaine, mis en place en 2002 par l’agence municipale de
développement économique CONQUITO pour améliorer la sécurité alimentaire, a étendu ses missions
pour inclure la lutte contre la pauvreté et le changement climatique. Ce programme apporte des soutiens
annuels à de nombreuses TPE agricoles, aux démarches de certification écologique, et à plus de 900
potagers urbains. Il permet d’accroitre le revenu de ménages en les sortants de la grande précarité, et
travaille à une plus grande cohésion et « convivialité » sociale. Les toitures mises en place dans le cadre
de ce programme font également partie de la boîte à outils municipale de lutte contre les inondations.
24
Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine
Perspectives pour l’année 2016
Le congrès Resilient Cities 2015 a permis de mettre en lumière des exemples de succès probants
d’implémentation de stratégies intégrées de long terme pour la résilience urbaine. La collaboration
locale et internationale entre parties prenantes, experts et métropoles jumelles permet d’identifier et de
partager les bonnes pratiques. Les autorités et bailleurs de fonds travaillent à l’invention de nouvelles
approches de financement en partenariat avec d’autres autorités locales et les acteurs privés partenaires,
afin de mener à bien des investissements réalistes adaptés au contexte local. Des solutions créatives
innovantes utilisent les ressources existantes à disposition afin de mettre en place et de diffuser pas-à-pas
des mesures d’adaptation locales en gagnant l’adhésion du public et sa participation aux actions menées.
Des progrès additionnels sont toutefois nécessaires pour garantir la durabilité des changements opérés,
via l’investissement dans la montée en compétences des institutions, le travail avec les communautés
locales pour limiter les comportements à risques, et la convergence entre modèles du secteur public
et privé afin d’inciter les acteurs à prioriser la performance de long terme sur les gains de court terme.
Les métropoles ont fait des progrès dans l’élaboration de stratégies intégrées d’atténuation et d’adaptation
au changement climatique. Le véritable défi consiste à combiner ces stratégies intégrées avec la
planification de la réduction des risques de catastrophes et le développement d’un urbanisme équitable
et durable. Pour de nombreuses villes, ce problème se pose de la façon suivante : améliorer la résilience
tout en réduisant la pauvreté et en favorisant la croissance économique. Se tourner vers l’économie
verte peut être une solution ; toutefois, l’absence d’invitation à la collaboration et à la participation
effective des populations habitant et travaillant dans le secteur informel demeure une véritable lacune
de nombreuses initiatives. Une stratégie de résilience globale demande également une compréhension
de la complexité des relations de causalité entrainant l’intrication ou la production de risques en cascade
: cet enjeu touche particulièrement les risques sanitaires (ex : les maladies vectorielles) et les liaisons
entre systèmes énergétiques, de gestion de l’eau et de traitement des déchets.
La prochaine édition 2016 du congrès Resilient Cities creusera davantage en profondeur l’ensemble de
ces sujets, tout en continuant de suivre la progression du financement de la résilience et l’amélioration
de mécanismes de mesure, de déclaration et d’accélération de l’implémentation. Le congrès passera
également en revue les divers modes d’application au niveau local du Cadre de Sendai pour la réduction
des risques de catastrophes naturelles, et de l’Objectif de développement durable numéro 11 sur la
résilience. Il recueillera enfin les points de vue sur le Nouvel Agenda urbain actuellement développé en
amont de la conférence Habitat III.
2ème Forum Asie-Pacifique sur la
Résilience Urbaine et l’Adaptation &
16ème Convention Internationale des
villes jumelées à Melaka
2 - 4 mars 2016 | Melaka, Malaisie
Le Congrès Asie-Pacifique 2016 du programme
Resilient Cities sera organisé parallèlement à la 16ème
Convention Internationale des Villes Jumelées à Melaka.
Le Gouvernement de l’Etat de Melaka & IMTGT-CIMT
seront les hôtes de ces évènements. Ce congrès régional
offrira aux villes & régions de la zone Asie-Pacifique un
panel de solutions innovantes pour bâtir la résilience
au changement climatique ainsi que de nombreuses
opportunités de réseautage.
Pour plus d’informations, veuillez contacter
[email protected].
Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015
7ème Forum mondial sur la résilience
urbaine et l’adaptation
6 - 8 juin 2016 | Bonn, Allemagne
Perspectives
Dates à retenir !
Ce congrès sera consacré aux moyens de concilier de
façon intégrée le financement et la mise en œuvre de
solutions d’atténuation, d’adaptation et de réduction des
risques de catastrophes en s’inscrivant dans une vision de
développement urbain plus résilient, inclusif et durable.
Veuillez consulter le site internet resilient-cities.iclei.org
pour être informé des dernières mises à jour : l’appel à
contributions débute le 22 octobre 2015!
Pour discuter des opportunités de partenariat sur les
sessions, les forums, les co-événements et les expositions,
veuillez écrire à l’adresse suivante :
[email protected]
25
Références et lectures complémentaires
ICLEI (2013), Rapport du congrès Villes résilientes 2013.
Disponible en ligne à l’adresse :
http://resilient-cities.iclei.org/fileadmin/sites/resilient-cities/files/Resilient_Cities_2013/RC2013__
congressreport_singlepage.pdf
ICLEI (2014), Rapport du congrès Villes résilientes 2014. Disponible en ligne à l’adresse :
http://resilient-cities.iclei.org/fileadmin/sites/resilient-cities/files/Full_papers/RC2014__Congress_
Report__Final.pdf
ICLEI (2015), Plan stratégique de Séoul 2015-2021 : Construire un univers d’initiatives locales pour un futur
urbain durable.
Disponible en ligne à l’adresse :
www.iclei.org/seoul-strategic-plan
GIEC 2014 Bilan 2014 des changements climatiques : Rapport de synthèse. Une contribution des Groupes de
travail I, II et III au cinquième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution
du climat, GIEC, Genève, Suisse
Rosenzweig et al. (2015), Deuxième rapport d’évaluation sur les changements climatiques et les villes du
Réseau de recherche sur le changement climatique en milieu urbain (ARC3-2). Publication à paraître.
Swiss RE (2015), Catastrophes naturelles et d’origine humaine en 2014 : orages de convection et tempêtes
hivernales, Sigma, n°2.
Swiss RE (2015), Estimations sigma préliminaires pour la première moitié de 2015 : le coût des catastrophes
au niveau mondial s’élèvent à 37 milliards de dollars, le nombre de victimes augmente.
Disponible en ligne à l’adresse :
http://www.swissre.com/media/news_releases/Preliminary_sigma_estimates_for_first-half_2015.html
Organisation des Nations unies, Département des affaires économiques et sociales (DAES),
Division de la population (2015). Perspectives de la population mondiale : Révision de 2015, principales
conclusions et tableaux de données.
Disponible en ligne à l’adresse :
http://esa.un.org/unpd/wpp
Références
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Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine
Équipe Resilient Cities
ICLEI - Local Governments for Sustainability e.V.
Kaiser-Friedrich Straße 7
53113 Bonn, Allemagne
[email protected]
resilient-cities.iclei.org
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et sans frais, à condition de n’avoir aucune finalité commerciale.
Les congrès Resilient Cities ont été inaugurés en mai 2010 par l’ICLEI avec la volonté de créer le premier
forum mondial sur l’adaptation au changement climatique et la résilience au niveau local. Chaque congrès
est organisé conjointement par ICLEI-Conseil international pour les initiatives écologiques locales, le Conseil
mondial des maires sur le changement climatique, et la ville de Bonn. L’édition 2015 fut élaborée avec le
soutien de l’Agence Française de Développement (AFD) et la Fondation pour le dialogue international de
la Sparkasse de Bonn.
Les opinions exprimées dans ce rapport ne reflètent en aucun cas l‘opinion officielle des partenaires ou des
organisations sponsors. Le contenu communiqué, publié ou diffusé n‘engage que la seule responsabilité
de l’ICLEI.
Cette publication résume les enjeux urbains clés affectant les villes, les autorités locales et les parties
prenantes des collectivités sur l’ensemble de la planète, tels qu’exposés lors des discussions advenues dans
le cadre du congrès. Les descriptions des sessions et des événements du congrès 2015, les publications
complémentaires, la couverture multimédia et les actualités de l’année 2016 sont disponibles sur le site
internet de Resilient Cities : http://resilient-cities.iclei.org
Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015
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Resilient Cities 2015 – Convoqué par :
Partenaires associés
Partenaires soutiens
UNU-EHS
URBAN CLIMATE CHANGE
RESEARCH NETWORK
Institute for Environment
and Human Security
EM I
The Sustainable Infrastructure
Financing Forum and Summit
Earthquakes and
Megacities Initiative
Partenaires médias
Africa Directory
Africa’s sustainability directory. Networking for a greener future.
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