Rapport du congrès Resilient Cities 2015
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Rapport du congrès Resilient Cities 2015
Rapport du congrès Resilient Cities 2015 Progrès internationaux de l’adaptation et de la résilience en milieu urbain Synthese des comptes rendus du 6eme Forum mondial sur l’adaptation et la resilience urbaine 8 - 10 Juin 2015 | Bonn, Allemagne Le Congrès et la version francaise du Rapport Resilient Cities 2015 ont été financés grâce au généreux soutien de l’Agence Française de Développement (AFD) Rapport du congrès Resilient Cities 2015: Progrès internationaux de l’adaptation et de la résilience en milieu urbain Cette publication pourra être citée sous le titre: « ICLEI, 2015, Rapport du congrès Resilient Cities 2015 » Auteurs: Evgenia Mitroliou et Laura Kavanaugh Conception et mise en page: Evgenia Mitroliou et Katja Müller Photos: © Chemonics International, 2014 (p. 20), © ICLEI e.V. 2015 (p. 1, 4, 5, 7, 9, 10, 11, 12, 14, 15, 16, 17, 18, 20, 22, 24), © Kavanaugh, 2015 (p.1), © Miller, 2008 (p. 6), © Sayamon Saiyot, 2015 (p. 23), © Shutterstock (p. 5, 12, 17, 19, 26), © (WT-shared) Digr, via Wikimedia Commons (p. 12), © Wulf, 2011 (p. 1) Équipe du Congrès Resilient Cities 2015 Laura Kavanaugh, Bohyun Kim, Evgenia Mitroliou, Katja Müller, Tu My Tran Un remerciement particulier aux rapporteurs du congrès: Kathrine Brekke, Danlu Chen, Peter Eckersley, Mikhail Ermac, Robert Gundlach, Olga Horn, Leire Irigoyen, Alex Aung Khant, Sam Kozel, Gaëtan Muller, Murtaza Naqvi, Felicitas Schuldes, Cassidy Tawse Garcia, Michael Woodbridge Comité des programmes de Resilient Cities 2015 Présidence : Laura Kavanaugh (ICLEI) Membres: Andreas Rechkemmer (GRF), Anthony Socci (USA APE), Carmen Vogt (GIZ), Carrie Mitchell (Université de Waterloo), David Dodman (IIED), Debra Roberts (Municipalité eThekwini/Durban, Afrique du Sud), Jason Hartke (ex-USGBC), Jeb Brugmann (The Next Practice), Jerry Velasquez (UNISDR), Jiahua Pan (CASS), Jörn Birkmann (UNU-EHS), Katharina Schneider-Roos (Fondation GIB), Lykke Leonardsen (ville de Copenhague, Danemark), Mark Boysen (District de Saanich, Victoria, Canada), Milica Bajic Brkovic (ISOCARP), Nico Tillie (ville de Rotterdam, Pays-Bas), Rafael Tuts (UN-HABITAT), Stephen Hammer (Banque mondiale), Violeta Somera Seva (ville de Makati, Philippines) 2 Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine Le forum Resilient Cities est le congrès mondial sur la résilience et l’adaptation urbaine, organisé tous les ans à Bonn en Allemagne. Cet événement annuel est un pôle international d’échange d’informations, d’actualités et d’innovations, et un lieu de partage des défis à relever pour créer des villes plus résilientes. Les documents finaux de ce congrès capturent l’état d’avancement de la résilience urbaine dans le monde, élaboré sur la base des derniers développements en cours et des discussions des années précédentes. Introduction Introduction En 2015, la 6ème édition du forum Resilient Cities était consacrée à l’implémentation d’actions concrètes, avec un axe majeur dédié au financement de la résilience. Au travers d’exemples concrets, les participants ont pu se pencher sur divers sujets comme l’infrastructure résiliente, les indicateurs urbains et le recueil des données, la réduction des risques de catastrophes naturelles, les systèmes d’alimentation urbains résilients et les approches collaboratives. Des enjeux émergents dans le débat public, comme la communication sur la résilience et les systèmes de santé publics résilients, ont également été abordés. L’importance des politiques d’inclusion intégrées au développement urbain et le sujet du secteur informel faisaient partie des thèmes transversaux évoqués durant le congrès; ils seront plus profondément explorés durant le forum Resilient Cities 2016. Ce rapport est une restitution des résultats du congrès Resilient Cities 2015 ainsi que d’actions menées en matière de résilience urbaine et d’adaptation au changement climatique. Basé sur l’expertise d’agents de terrain et de professionnels du monde entier, ce rapport présente des études de cas et certains enseignements tirés d’expériences menées sur les cinq continents, sans omettre l’exposé des défis de la résilience et l’étendue du travail qui reste à accomplir. Ce rapport se lit à la lumière des rapports des congrès Resilient Cities 2013 et 2014. Table des matières Un bref aperçu du congrès p. 4 Pourquoi construire des villes résilientes? p. 5 Du nouveau entre 2014 et 2015 p. 7 Les side-events du Congrès p. 9 Les derniers développements et actualités de la résilience urbaine p. 9 p. 9 Financer la résilience Reality Check: la ville de Tshwane, en Afrique du Sud p. 13 Mobiliser les acteurs de la résilience à travers une démarche collaborative p. 14 L’infrastructure résiliente p. 18 La réduction des risques de catastrophes p. 19 Reality Check: Pemba et Quelimane, au Mozambique p. 21 Les données nécessaires à la construction de la résilience p. 22 Communiquer sur la résilience p. 22 Des systèmes d’agriculture urbaine résilients p. 23 Perspectives pour l’année 2016 p. 25 Références et lectures complémentaires p. 26 Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015 3 Un bref aperçu du congrès Le contexte du congrès Le forum Resilient Cities a réuni presque 430 participants, dont 25 % d’autorités locales, à Bonn en Allemagne du 8 au 10 juin 2015, pour discuter de solutions innovantes et partager les meilleures pratiques en matière de résilience urbaine et d’adaptation au changement climatique. Le congrès était tenu pour la première fois en parallèle d’une des intercessions de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) à Bonn : la simultanéité de ces deux événements a favorisé des échanges positifs entre représentants des autorités locales, le secteur privé, les instituts de recherche académique, les organisations internationales non-gouvernementales, et les délégations diplomatiques de la CCNUCC. Participants à l’atelier Resilient Cities 2015 L’importance du congrès pour les pouvoirs locaux Des représentants venant de plus de 180 administrations locales ont participé au forum Resilient Cities depuis sa création en 2010. Ce congrès offre une plateforme mondiale où les dirigeants des autorités locales peuvent partager des idées et construire des partenariats grâce à des échanges directs avec d’autres villes et une communauté d’experts internationaux. Diverses parties prenantes de l’adaptation et de la résilience s’y réunissent pour explorer ensemble des sujets d’intérêt communs et tenter de surmonter les défis qui s’offrent aux villes à toutes les étapes de la planification de la résilience. Les discussions menées entre chercheurs et agents de terrain permettent de combler le fossé existant entre la science et les politiques publiques, et accélère le développement d’approches intégrées apportant des solutions originales faisant la preuve de leur efficacité. « Grâce à ce travail en commun j’ai à la fois appris des informations et acquis des compétences qui m’ont permis de comprendre pourquoi nous sommes vulnérables, ce qui nous rend vulnérables et comment nous pouvons être plus résilients face à ces vulnérabilités. La résilience des villes n’est plus un sujet confidentiel : c’est à l’ordre du jour partout dans le monde. » Patricia Jiménez Pérez, Directrice générale d’IMPLAN La Paz, municipalité de La Paz, Mexique. 25% de représentants des Resilient Cities en chiffres : 429 pouvoirs locaux participants originaires de 54 pays 57 originaires de régions métropolitaines 174 intervenants 4 Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine • 36 sessions thématiques : panels d’intervenants, exposés, ateliers et autres formats interactifs ; • 3 conférences plénières : la plénière d’ouverture, la conférence d’ouverture du forum thématique sur le financement de la résilience, et la conférence de présentation des perspectives d’avenir ; • 2 forums thématiques sur le financement de la résilience et les systèmes d’alimentation urbaine résilients ; • 2 ateliers Reality Check mettant en lumière les villes de Tshwane en Afrique du Sud, et de Pemba et Quelimane au Mozambique ; • • 13 posters présentés par 17 intervenants ; • Des événements exceptionnels et des sessions parallèles, dont le cocktail d’ouverture au Musée d’art de Bonn et le dîner des maires avec les négociateurs de la CCNUCC (voir page 9). Participants à l’atelier Resilient Cities 2015 au cours d’une pause Justification du Congrès Le programme du congrès 7 exposants présents tout le long des trois jours ; et Pourquoi construire des villes résilientes? Zoom sur la résilience urbaine Plus de la moitié de la population mondiale (3,96 milliards de personnes) vit actuellement en milieu urbain : ce chiffre devrait atteindre les 5,1 milliards d’habitants d’ici 2030 (UNDESA, 2015). Cette projection, souvent citée, a d’importantes conséquences pour l’avenir des métropoles : le visage et la nature de nos villes changeront à mesure qu’elles deviendront des centres névralgiques toujours plus importants de l’activité culturelle et économique de l’humanité. L’urbanisation recentre la gestion des risques dans les villes. Bien qu’elles soient de plus en plus vulnérables aux chocs et aux perturbations (comme, par exemple, les perturbations dues au changements climatiques), les agglomérations sont également responsables de façon sousjacente de ces risques (ex : par l’émission de gaz à effets de serre). Ainsi, le renforcement de la résilience est devenu un enjeu essentiel de la planification de l’urbanisation pour les décennies à venir. Une ville résiliente peut absorber et se remettre de n’importe quel type de chocs en maintenant son identité, ses fonctions et ses structures essentielles, tout en continuant de s’adapter et de se développer en tenant compte de son univers perpétuellement changeant. Construire la résilience urbaine nécessite de réaliser des plans stratégiques de long terme, fondés sur des données probantes et une approche systémique intégrée, ayant pour objectif de réduire la vulnérabilité aux catastrophes naturelles tout en renforçant la capacité d’adaptation, conformément aux Objectifs du développement durable (ICLEI, 2015). Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015 5 La résilience urbaine revêt une importance croissante en raison notamment du changement climatique, dont la menace, de nature planétaire, se manifeste par des risques régionaux spécifiques. Ces derniers comprennent des canicules de plus en plus fréquentes et intenses ainsi que la montée accélérée du niveau de la mer ayant des conséquences aggravées pour les zones urbaines et les populations défavorisées (GIEC, 2014). Les autorités locales ont donc un rôle crucial à jouer dans l’anticipation et l’adaptation au changement climatique, qui va de pair avec leur responsabilité. « Les gouvernements nationaux peuvent passer des accords internationaux. Néanmoins, le changement doit s’opérer au niveau local, là où de plus en plus de gens vivent, tous les jours. » David Cadman, Président de l’ICLEI - Conseil international pour les initiatives écologiques locales (2006 à 2015) Les dégâts provoqués par les catastrophes naturelles en 2014 et 2015 De nombreuses villes font face avec difficulté au creusement des écarts de développement et à la gestion de priorités opposées, conjugués aux problèmes de contrainte budgétaire. Cette situation complique l’adoption de démarches d’adaptation : elle touche particulièrement les villes connaissant une forte croissance démographique et les agglomérations de toute taille situées au Sud. Néanmoins, les événements sur le terrain prouvent de plus en plus souvent que la résilience n’est pas un luxe, mais une nécessité. « La résilience peut être une question de vie ou de mort. Dans certaines régions, la vie des habitants et leurs modes de vie sont en danger face à la menace du changement climatique. » Vijay Nehra, Commissaire, Conseil municipal de Rajkot, Inde Selon l’étude sigma de Swiss Re (2015), l’année 2014 connut un record en matière d’événements extrêmes avec un total comptabilisé de 189 catastrophes naturelles : ce chiffre s’inscrit dans la lignée des prévisions annonçant l’augmentation de la fréquence et de l’intensité de telles catastrophes. Pour la troisième année consécutive, l’Asie est le continent qui a le plus souffert en termes de pertes humaines et financières. De fortes précipitations ont provoqué des glissements de terrain en Afghanistan, causant la mort de 256 personnes, et ont engendré les plus fortes inondations que le nord de l’Inde et le Pakistan aient connu en 60 ans, causant la mort de 665 personnes. En Chine, au Vietnam et aux Philippines, le typhon Rammasun a causé 176 morts et a ravagé les terres agricoles et les infrastructures, pour un coût estimé à 5 milliards de dollars. La catastrophe naturelle la plus coûteuse de l’année s’est déroulée en Inde, avec des dommages équivalents à 7 milliards de dollars. Dans d’autres régions, la neige et des vagues de froid extrêmement vigoureuses ont provoqué le décès de 500 personnes au Pérou et 26 au Japon, tandis que les Balkans vivaient les plus fortes précipitations des cent dernières années : elles furent responsables d’inondations et d’éboulements qui ont tué 82 personnes. L’année 2014 fut une de celles qui connut le moins de victimes dues aux catastrophes naturelles, avec près de 12 700 décès. Le montant total des pertes économiques au niveau mondial a également diminué par rapport à 2013, s’élevant à 101 milliards de dollars dont 28 milliards étaient assurés. À l’inverse, les six premiers mois de 2015 ont connu plus de 18 000 décès, principalement en raison du tremblement de terre au Népal (avec 9 000 victimes) et des canicules en Inde et au Pakistan (avec 4 000 décès). Le cyclone Pam a également ravagé la région Pacifique mais n’a fait que 15 morts, notamment grâce à la rapidité de la réponse internationale. Ces statistiques alarmantes illustrent le caractère imprévisible des catastrophes naturelles et l’importance d’agir pour les populations les plus exposées. Les risques climatiques varient localement : l’analyse du prochain rapport ARC2-3 identifie les inondations côtières et intérieures comme les principaux dangers responsables de catastrophes en Asie, en Amérique du Nord et dans les Caraïbes, tandis que les sécheresses, les canicules et les tempêtes sont plus importantes en Afrique et en Europe (Rosenzweig et al, 2015). Toutefois, l’étendue des impacts de ce type de catastrophes varie en fonction du niveau de préparation et de la capacité d’adaptation des individus, des communautés locales et des services et systèmes urbains. 6 Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine Du nouveau entre 2014 et 2015 La résilience urbaine, sujet de niche en 2010, est désormais une préoccupation courante. Les villes passent rapidement de la planification à la mise en œuvre : de nombreux pionniers documentent leur progrès – et échecs – en vue de faire progresser et d’amplifier l’échelle de leurs actions, aussi bien à l’échelon local que mondial (ex : la ville de Copenhague). Malheureusement, l’exécution de ces solutions est ralentie par un manque de moyens financiers et techniques. En réponse à ces enjeux ont émergé de nouveaux acteurs, avec de nouveaux types d’engagements et de ressources, afin d’accélérer les efforts de mise en œuvre de mesures de résilience urbaine. Les rendez-vous internationaux et les engagements pris en ces occasions 2014 et 2015 furent des années déterminantes durant lesquelles la communauté internationale a défini pour les vingt prochaines années la réponse commune qu’elle souhaite apporter aux catastrophes naturelles et au changement climatique, ainsi que sa vision d’un objectif durable et inclusif de développement. L’échelon des villes, ainsi que les politiques de résilience, ont été reconnues dans les négociations internationales comme des éléments essentiels des réponses aux enjeux cités. Les cadres de gouvernance mondiaux qui en résultent établissent une vision commune sur l’amélioration des conditions de vie, et donnent le ton du Nouvel Agenda urbain qui sera adopté durant la conférence Habitat III en 2016. Mises à jour de 2014 à 2015 Les avancées 2014-2015 En Septembre 2014, le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon a organisé le Sommet de l’ONU sur le climat afin de catalyser l’action mondiale sur huit thèmes dont « les villes » et « la résilience » en amont de la 21e Conférence des Parties (COP21) de la Conventioncadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui se déroulera à Paris en 2015. Les aboutissements de ce Sommet sont la conclusion de l’Initiative pour l’accélération de la résilience des villes (Resilient Cities Accelerator Initiative), l’Alliance du leadership pour la finance climatique en milieu urbain (Cities Climate Finance Leadership Alliance) et le Pacte Maires au Congrès Mondial 2015 d’ICLEI, avril 2015 des maires (Compact of Mayors). Ce Pacte est une coalition mondiale de maires et de représentants officiels des collectivités urbaines s’engageant à réduire les émissions urbaines de gaz à effets de serre, améliorer la résilience de leur ville au changement climatique, et faire le reporting public de leur progrès. Il s’agit d’un engagement de trois réseaux de villes – ICLEI, C40 et CGLU – pour lutter contre le changement climatique de façon cohérente et complémentaire aux efforts nationaux. Un an plus tard, plus de 175 villes travaillaient à intégrer le Pacte des maires. Les informations sont partagées sur le portail NAZCA (pour Non-State Actor Zone for Climate Action) de la CCNUCC : il s’agit d’une nouvelle plateforme lancée durant la COP20 à Lima afin de favoriser l’intégration verticale et de mobiliser les soutiens à l’action locale. Les Etats ont adopté le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes naturelles 2015-2030 en mars 2015 durant la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophes. Ce cadre présente des objectifs mondiaux de réduction substantielle des pertes causées par les catastrophes, ainsi que des recommandations permettant aux autorités locales et aux habitants de développer des stratégies locales de réduction des risques de catastrophes (RRC). En réponse à ce rapport, la campagne Pour des villes résilientes (Making Cities Resilient Campaign) de l’UNISDR a été réactualisée avec le plan Dix points essentiels pour rendre les villes résilientes (New Ten Essentials for Making Cities Resilient). Cette liste en dix points offre la possibilité aux administrations locales d’évaluer leur progrès en matière de RRC. L’UNISDR est également en train de développer de nouveaux outils, indicateurs, et plateformes d’échanges d’informations sur la RRC au niveau local grâce à des partenariats multipartites tels que l’Alliance du secteur privé pour la résilience des sociétés aux catastrophes (ARISE). Le Cadre de Sendai a ouvert la voie aux Objectifs du Développement durable (ODD) adoptés six mois plus tard, à travers l’Objectif 11 : Rendre les villes et les installations humaines inclusives, sures, résilientes et durables. Cet objectif contient des buts précis à atteindre pour réduire la vulnérabilité et les pertes occasionnées, tout en accroissant la résilience et la capacité d’adaptation des espaces urbains et des populations d’ici 2030. Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015 7 Les partenariats mondiaux La Collaboration de Medellin sur la résilience urbaine (MCUR) a été lancée en avril 2014 durant le 7e Forum mondial urbain à Medellin, en Colombie. Cette alliance a pour but de faciliter le transfert de savoirs et de ressources nécessaires afin d’aider les villes à devenir plus résilientes face aux perturbations engendrées par le changement climatique, aux catastrophes causées par les phénomènes naturels, et à d’autres chocs et stress systémiques tels que les défis socioéconomiques associés à l’urbanisation rapide. Ses membres sont l’ICLEI, le C40, UN-Habitat, UNISDR, la Banque mondiale, le Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement (GFDRR), la Banque interaméricaine de développement (BID), la Fondation Rockefeller, 100 Villes résilientes, et Cities Alliance. Resilient Cities 2015 Co-Patrons La MCUR est également partenaire du futur Programme de travail commun sur les villes résilientes de Cities Alliance, qui devrait prochainement être lancé officiellement. Les membres de ce Programme ont eu l’occasion de se rencontrer durant le congrès Villes résilientes pour discuter des livrables de ce travail conjoint, qui sera initié entre fin 2015 et début 2016. Christiana Figueres Secrétaire exécutive de la Conventioncadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CNUCC) L’agenda des congrès Villes résilientes L’ICLEI travaille depuis le début des années 2000 à la construction de sociétés résilientes. Grâce à l’agenda sur la résilience urbaine, ICLEI apporte ses recommandations et son soutien aux autorités locales afin qu’elles puissent entreprendre des actions pertinentes, et facilite les échanges entre les métropoles et la coopération internationale pour accélérer le rythme des progrès en cours. Cet engagement a été réaffirmé lors de l’adoption par ICLEI en 2015 du Plan stratégique de Séoul 2015-2021 lors du Congrès mondial d’ICLEI à Séoul, en Corée du Sud. Les deux vice-présidents de ICLEI – Monsieur James Nxumalo, maire de Durban, et Miguel Angel Mancera, maire de Mexico – sont les co-présidents de Stratégies pour la ville résiliente 2015-2018. Au niveau mondial, ICLEI soutient les efforts des administrations locales pour engager et rendre publiques des actions intégrées d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Selon les termes de la Charte de Durban pour l’adaptation, les autorités locales s’engagent sur dix principes d’action climatique holistiques. La mise en œuvre de cette charte s’est accélérée avec l’établissement de hubs régionaux chargés de la montée en puissance des capacités des villes signataires. Jusqu’à présent, trois hubs ont été créés à Durban, en Afrique du Sud, à Fort Lauderdale/Broward County aux Etats-Unis, et dans la municipalité Kinondoni de Dar es Salaam, en Tanzanie. La déclaration d’actions climatiques peut être faite au travers du carbonn® Climate Registry (cCR) et au sein du Programme d’actions transformatives (Transformations Actions Program – TAP). Ce Programme présentera des projets locaux ambitieux aux Etats et aux partenaires de mise en œuvre durant la COP21. L’année 2015 a également vu l’essor de la série des congrès Resilient Cities avec Resilient Cities Asia-Pacific 2015, premier Forum Asie-Pacifique sur la résilience urbaine et l’adaptation, qui s’est tenu à Bangkok en Thaïlande du 11 au 13 février 2015. Ce congrès était centré sur les solutions régionales et les partenariats visant à améliorant les capacités d’adaptation au travers d’approches centrées sur les habitants des villes hautement vulnérables, dans la région Asie-Pacifique. L’exposé des résultats de ce congrès ainsi que de plus amples informations sont disponibles dans le rapport du congrès. Le Forum mondial s’est étendu en accueillant de nouveaux partenaires, tels que l’Agence française de développement (AFD), sous le haut patronage de (cf. à droite). 8 Margareta Wahlström Représentante spéciale du Secrétaire général en charge de la réduction des risques de catastrophes, Bureau des Nations unies sur la réduction des risques de catastrophes (UNISDR) James Nxumalo Maire de la municipalité de eThekwini/Durban, premier vice-président d’ICLEI, co-président de Stratégies pour la ville résiliente Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine Les side-events du Congrès Séance préparatoire « Les villes en tant que laboratoires face au réchauffement climatique et à la révolution digitale » : cette conférence animée par le Professeur Michael Batty de l’University College de Londres a exploré les synergies entre trois mégatrends mondiales – croissance démographique et urbanisation, révolution digitale et changement climatique – ainsi que les défis et opportunités qu’elles représentent pour les villes. Cet événement a été organisé le 7 juin dans le cadre d’une série de conférences organisée par l’ONU dans la ville de Bonn en Allemagne : « La Métamorphose du monde : Climat. Mondialisation. Digital. » L’événement spécial networking du Réseau de recherche sur le changement climatique en milieu urbain (UCCRN) : l’UCCRN a présenté son réseau et les conclusions initiales de son second Rapport d’évaluation sur le changement climatique et les villes (ARC3-2). Ce rapport exhaustif porte sur l’atténuation, l’adaptation et l’économie du changement climatique dans les villes : il sera officiellement publié durant la COP21. Les participants de cette session ont pu discuter avec des contributeurs du rapport : l’importance des « hubs de connaissances » a été soulignée, et plusieurs moyens de combler à l’avenir les lacunes en matière de formation ont été explorés. La rencontre des experts sur les Recommandations pour les plans d’actions climatiques des villes : à la suite du congrès Resilient Cities, UN-Habitat a organisé une réunion dans le cadre de son projet de développement de recommandations pour les plans d’actions climatiques des villes, en cours sur cette année. Ce processus de travail a commencé à Oslo en mars 2015, et devrait se conclure avec le lancement de la « Version 1.0 » des Recommandations durant la COP21 en décembre 2015. Cette section développe dans ses chapitres les conclusions du congrès et fait un état des lieux de la résilience urbaine au niveau mondial et de ses progrès et innovations les plus récents. Les grands messages ayant émergés des discussions entre participants ainsi que les outils et solutions sont restitués ci-après. Thèmes Key themes clés Les derniers développements et actualités de la résilience urbaine Financer la résilience Le momentum politique autour de la résilience et de la mise en œuvre d’actions d’adaptation peut brusquement prendre fin si les municipalités ont des difficultés à trouver des financements. Afin d’apporter une réponse à ce défi, Resilient Cities continue à mettre l’accent sur le financement en organisant un forum dédié aux obstacles et aux opportunités liées au financement de la resilience urbaine. Le financement local : public versus privé Selon diverses études, seulement un sixième Tables rondes et ateliers au cours du Congrès Resilient Cities 2015 des 150 milliards de dollars annuels nécessaires au financement de l’adaptation en 2025 sont actuellement mobilisés. La Banque mondiale prévoit que 80 % des coûts de l’adaptation pourraient être portés par les régions urbaines, ce qui comblerait le déficit de financements (programme de recherche de la CDC Climat, 2015). Combien devrait provenir de fonds publics ou privés est source de débats. Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015 9 La ville de Copenhague au Danemark, en collaboration avec une entreprise de service public locale, parvient avec succès à financer la réalisation de son plan de gestion des eaux pluviales et de ses projets d’infrastructures vertes afférents grâce à des taxes sur l’eau. La ville a également réussi son pari de réformer la législation nationale afin d’autoriser certaines pratiques capables de diminuer les coûts par deux. La mise en lumière de la multifonctionnalité des projets d’adaptation a facilité l’acceptation de l’impôt par les habitants. À l’inverse, HR&A a utilisé l’exemple de la reconstruction de la ville de New York aux États-Unis après le passage de l’ouragan Sandy pour appuyer l’idée que le financement public ne devrait être mobilisé qu’en dernier recours. Certains projets d’adaptation ont en effet pu être amortis parce qu’ils créaient de la valeur liquidative, notamment par les dommages évités, les économies en matière d’assurance, et l’accroissement de la valeur marchande des biens protégés. Lorsque le coût de l’adaptation était plus important que le retour sur investissement financier (par ex. pour des projets de développement socio-économique de quartiers défavorisés), les financements publics comblaient la différence. Les municipalités peuvent également accroitre l’investissement de capitaux privés dans la résilience des nouveaux bâtiments et la rénovation urbaine en créant des incitations appropriées. Par des actions de soutien aux petites entreprises, les villes peuvent ainsi améliorer leur résilience tout en revitalisant des artères commerciales. « Le changement climatique va affecter les acteurs du secteur privé ; il va venir frapper à leur porte, impacter leur clientèle, leurs activités, les chaines d’approvisionnement et de distribution, et pourrait changer la valeur de leurs actifs. Le secteur privé doit comprendre que ne pas investir dans l’adaptation et la résilience urbaine lui coûtera cher sur le long terme. » Evaydée Pèrez Sarraff, Directrice du Centre sur le changement climatique, Institut dominicain du développement intégral (IDDI), Santo Domingo, République dominicaine. Une nouvelle approche du financement multilatéral international Les financements bilatéraux ou internationaux consacrés à l’adaptation pourraient constituer une solution pour les autorités locales ayant peu de ressources fiscales. Néanmoins, ces fonds sont souvent inaccessibles aux villes, car principalement constitués à destination des gouvernements nationaux. Pour puiser dans ces ressources, les autorités locales peuvent soumettre aux bailleurs internationaux institutionnels des projets intégrés plus importants correspondant à leur profil de subventions. De nouvelles initiatives, comme le Programme pilote pour une approche intégrée de la ville durable du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), accompagnent ce type de démarches : ce programme a pour but de stimuler l’investissement et le développement d’un urbanisme durable et holistique. L’importance des institutions financières infranationales Des obstacles supplémentaires au financement direct des municipalités existent, comme la barrière de la langue si par exemple les dossiers de subventions ou les réglementations nationales ne sont pas traduits. Ainsi, au Brésil, le gouvernement doit autoriser les prêts accordés aux autorités locales et se porter garant de leur responsabilité financière. Les institutions financières infranationales jouent un rôle précieux à cet égard, en permettant aux municipalités de d’accéder directement aux fonds. En Amérique latine, l’Agence française de développement (AFD) noue des partenariats avec des institutions comme la Banque de développement de Minas Gerais au Brésil, qui détient le savoir de terrain nécessaire pour soutenir financièrement des services plus rapides et des réformes structurelles de 10 Forum Financier: Panel de Discussion d’ouverture avec Astrid Westerlind Wigström, Conseillère Principale en Résilience Urbaine, Banque Mondiale, Washington DC Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine grande ampleur. La Banque de développement d’Amérique latine met également l’accent sur l’expertise locale en aidant les banques nationales à identifier les initiatives de résilience urbaine les plus prometteuses et en encourageant le financement direct en tant qu’outil de renforcement des capacités des institutions locales. Sélection d’outils de financement de la résilience : • City Strength Resilient Cities Program (Banque mondiale) – outil de diagnostic et d’identification des actions prioritaires et des investissements nécessaires pour améliorer la résilience et encourager l’adoption d’approches holistiques multisectorielles pour venir à bout des inefficacités et déverrouiller les opportunités ; • Climate and Disaster Risk Screening Tools (Banque mondiale) – outils de dépistage des risques climatiques en ligne dont le but est d’aider les municipalités en phase initiale de réflexion sur leurs plans d’aménagement à comprendre les potentiels risques que le changement climatique fait peser sur leurs programmes d’actions et leurs investissements ; • SuRe – The Standard for Sustainable and Resilient Infrastructure (Global Infrastructure Basel) – norme privée développée pour créer un cadre commun partagé par les différentes parties prenantes sur les caractéristiques et bénéfices des projets d’infrastructure durable et résiliente; • Etudes de préfaisabilité (Cities Development Initiative for Asia) – études permettant de mesurer la bancabilité de projets urbains et de comprendre les critères de viabilité économiques, sociales et environnementales des investissements. Thèmes clés Zoom sur une municipalité : la ville de Rouen, France La ville de Rouen en France a développé plus de 350 hectares de zone industrielle et d’éco-districts au cœur de son centre historique : le bâtiment Luciline Rives de Seine se situe ainsi sur une ancienne friche industrielle. Ce projet de rénovation urbaine est structuré par des obligations en matière d’infrastructures ayant pour but de réduire les risques tout en améliorant l’efficacité énergétique et la résilience. Christine Rambaud, Adjointe au Maire chargé de l’Urbanisme, Ville de Rouen, France Les facteurs clefs de cette réussite furent un engagement fort des autorités locales, l’élaboration de programmes stratégiques d’investissement, l’obtention de financements européens, et une reconnaissance du projet à l’échelle nationale, pour lequel la ville a reçu le label « Territoire à énergie positive pour une croissance verte » et un prix d’excellence pour ses éco-quartiers. La ville de Rouen a également mis en exergue le fait que la planification de long-terme requiert des financements de long-terme : le gouvernement doit donc être capable de tenir ses engagements en la matière et réaligner ses priorités en conséquence. Les Tables rondes et les ateliers du forum sur le financement pendant Resilient Cities 2015 Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015 11 Le renforcement des capacités des collectivités locales et l’encouragement à l’innovation La faiblesse des moyens en interne pour garantir et gérer les financements d’actions d’adaptation reste un écueil pour de nombreuses municipalités. Par exemple, la ville de Nacala-Porto au Mozambique a besoin de davantage de personnels qualifiés pour traduire et déchiffrer les obligations liées aux financements climatiques et en informer ses décideurs. Les « ateliers d’écriture » financés par USAID apportent une solution à ce problème en organisant des formations auprès des villes sur les critères des bailleurs de fonds et les méthodes concluantes pour rédiger des dossiers compétitifs. Key themes La conception de projets susceptibles de bénéficier d’un financement de la part de bailleurs internationaux constitue également un défi. D’après les résultats des recherches préliminaires de CDC Climat Recherche, la plupart des institutions financières internationales financent des actions de réduction des risques de catastrophes naturelles ainsi que des mesures d’adaptation dites « douces ». Certaines banques de développement financent plus spécifiquement certaines activités (par ex. l’adaptation écosystémique) ou des initiatives innovantes (par ex. des mécanismes d’assurance) : cette tendance devrait se confirmer dans le futur. Dans le même temps, il est fortement conseillé aux villes d’intégrer à leurs projets de résilience des mesures porteuses de co-bénéfices dans le cadre d’une planification progressive échelonnée sur le long-terme. Il existe également des arguments solides en faveur de l’innovation locale. À Barcelone en Espagne, l’entreprise OptiCits se positionne en tant que start-up du nouveau « secteur de la résilience », qu’ils voient comme le seul espace de croissance pour les entrepreneurs qui souhaitent à la fois croitre avec un business model durable tout rendant service aux municipalités. À New York, le concours Rebuild by Design joué un rôle clé pour générer des solutions créatives impliquant de nombreuses parties prenantes. En devenant les moteurs de l’innovation et en encourageant le déploiement de sources de financements locales et diverses soutenues par une bonne gouvernance, les municipalités peuvent s’assurer que les mécanismes de financement seront adaptés à leurs besoins, et non l’inverse. Bus de la ville de Tshwane, Church Square, Pretoria, Afrique du Sud. (Source: (WT-shared) Digr, via Wikimedia Commons) 12 Mercedes Mathebula, Spécialiste en Développement Durable, Municipalité Métropolitaine de Tshwane Pretoria, Afrique du Sud Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine Reality Check: la ville de Tshwane, en Afrique du Sud En marche vers une ville à basse consommation carbone, dotée d’une gestion des ressources efficiente et résiliente aux changements climatiques À l’instar de nombreuses villes du continent africain, Tshwane poursuit la réalisation de ses objectifs de développement durable tout en faisant face aux défis posés par sa croissance démographique et les changements climatiques. Les prévisions climatiques anticipent pour la ville des températures plus importantes ainsi que l’augmentation de la fréquence et de la sévérité des épisodes de sécheresses, de canicules, d’inondations et d’averses de grêle, mettant en péril le développement économique de la ville. La Vision de Tshwane et son cadre stratégique pour une économie verte En 2013, la municipalité métropolitaine de Tshwane a publié la feuille de route Vision pour Tshwane 2055, faisant de l’adaptation au changement climatique et de la transition vers une économie verte l’une des priorités stratégiques de la capitale. Tshwane avait précédemment promulgué un arrêté municipal sur les bâtiments verts (unique au niveau national et très applaudi), et entrepris la rénovation de l’efficacité énergétique de tous les bâtiments municipaux. Depuis, une unité « Ville durable » a été créée, accompagnée de la publication du rapport Stratégie de réponse au changement climatique. En 2014, les résultats d’un premier inventaire des gaz à effet de serre et d’une étude d’impact de référence ont conduit à travailler en priorité sur l’amélioration de la résilience des infrastructures et la réhabilitation/ relocalisation des bidonvilles sur des terrains plus sûrs. Afin d’identifier de nouvelles actions d’atténuation et d’adaptation et de promouvoir la collaboration public/privé, Tshwane a développé son Cadre stratégique de l’économie verte. Tshwane finalise actuellement sa Stratégie sur les mécanismes de financement du développement durable (SMFDD), visant à offrir un nouveau schéma de financement des projets « verts ». Cette stratégie cherche à identifier les barrières à l’entrée et les failles du marché, sélectionner les moyens adéquats pour monter des projets liés à l’économie verte, et calculer le retour sur investissement pour les entreprises locales. La version initiale de la stratégie et ses premiers résultats étaient au cœur du Séminaire Reality Check de la ville de Tshwane mené durant le congrès Resilient Cities. Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015 Partenariat public-privé Tshwane a engagé une fructueuse collaboration avec le secteur privé pour atteindre ses objectifs en matière de résilience, avec par ex. : • un projet de valorisation énergétique des déchets en méthane, mené avec le constructeur de voitures BMW afin alimenter leur usine en énergie ; et • un projet d’extraction de biogaz d’une ferme porcine visant à accroitre son efficacité énergétique, entrepris en collaboration avec le Groupe de consulting EBF. Les obstacles et défis à relever Entreprendre la planification de la résilience au changement climatique tout en affrontant les problématiques liées à la pauvreté et au chômage, avec des ressources limitées à disposition, constitue un défi majeur pour la municipalité de Tshwane. La courte durée des mandats politiques ainsi que le manque de personnel permanent qualifié sur les questions d’adaptation rend difficile la mise en place de plans de long-terme. De plus, le financement d’actions d’adaptation devrait s’avérer plus complexe que celui dédié aux actions d’atténuation, compte tenu de la réglementation financière existante en Afrique du Sud. Tshwane devra capitaliser sur ses forces et le momentum qu’elle a créé, notamment grâce à ses partenariats avec le secteur privé. Atelier d’évaluation Siège de la capitale Pretoria, pourvue d’une population de 2,9 millions d’habitants et connaissant une croissance économique rapide, la municipalité métropolitaine de Tshwane occupe une place de choix pour influencer les politiques publiques nationales ainsi que les tendances socio-économiques à l’échelle du pays. Les solutions identifiées • La mise en place de partenariats hybrides locauxnationaux-privé permettant de contourner les contrats à durée limitée de trois ans s’appliquant aux villes en Afrique du Sud ; • La réalisation d’opérations hors-bilan avec des entreprises locales afin de partager les coûts de la résilience, en échange d’avantages comme la gratuité des loyers fonciers ou la valorisation des déchets en énergie ; • Le lancement d’appels d’offres et de propositions de projets innovants et technologiques verts ; • La réalisation de projets porteurs de co-bénéfices permettant de financer l’adaptation à partir d’allocations budgétaires existantes ; et • La mise à profit de la position stratégique de la ville pour réformer la réglementaire financière nationale et adopter une législation et des règlements permettant de généraliser et de consolider les actions d’adaptation. 13 Mobiliser les acteurs de la résilience à travers une démarche collaborative Améliorer la coopération internationale sur la thématique de la résilience urbaine Les partenaires internationaux et les associations de collectivités locales soutiennent les villes dans leurs efforts vers davantage de résilience, en les mettant en relation avec des acteurs pertinents et en leur fournissant des ressources pour renforcer leur potentiel d’action. Ces partenaires privilégiés des villes sont également importants pour maintenir la question de la résilience à l’agenda de leurs autorités locales en dépit des changements de mandats, ainsi que l’a fait remarquer la ville de Barcelone, Espagne. Afin d’aider les gouvernements locaux à s’y retrouver au milieu des ressources disponibles et des outils de construction de la résilience de plus en plus nombreux, certaines organisations internationales, comme celles présentes dans la coalition Collaboration de Medellin sur la résilience urbaine, font maintenant équipe afin de rationaliser leur travail et leur campagne de sensibilisation (voir page 8). Les partenariats entre villes Les partenariats entre villes, quelle que soit leur nature, promeuvent l’échange de bonnes pratiques, renforcent les connaissances et compétences des leaders locaux, et offrent aux municipalités des possibilités de networking et de financement, accélérant ainsi leurs efforts de résilience. À l’échelle nationale par exemple : depuis son entrée dans le réseau brésilien CB27, la ville de Curitiba a fait des progrès dans sa gestion des catastrophes naturelles; tandis que les membres de l’Association des autorités locales de Tanzanie (ALAT) organisent régulièrement des réunions de formation et de networking. Noloyiso Walingo, Manager de l’environnement et de la santé, Municipalité d’Ugu, Afrique du Sud À l’échelle infranationale, des réseaux locaux de gouvernance climatique tel que le Pacte sur le changement climatique du KwaZulu-Natal central (CKZNCCC) en Afrique du Sud offre à ses membres des exemples de bonnes pratiques à travers des échanges entre paires et des formations internationales, dont la municipalité Ugu a pu bénéficier. Enfin, des programmes d’échanges internationaux tels que le Programme de partenariats sur le climat CityLinks d’USAID permettent à des agglomérations de comparer différentes approches appliquées à un même problème, comme la montée du niveau des eaux et la perte de biodiversité. Les villes de Durban en Afrique du Sud et Fort Lauderdale aux Etats-Unis en ont fait l’expérience. Des problèmes de communication et des contraintes financières peuvent surgir à mesure que les partenariats entre municipalités s’épaississent. Le futur de la coopération entre villes passe par l’approfondissement des relations entre les membres de ces coalitions, et l’intégration dans ces réseaux de municipalités isolées et hautement vulnérables partout dans le monde. L’inclusion de parties prenantes (représentants du secteur privé, du monde académique et experts de la société civile) peut également présenter de nombreux avantages. Le partage de connaissances entre chercheurs et agents de terrain Les scientifiques et chercheurs travaillant sur les changements climatiques et la résilience urbaine essaient d’élaborer de meilleurs outils pour informer les politiques publiques, et communiquer de nouveaux savoirs et données factuelles au niveau local. Les décideurs politiques et les agents de terrain ont décrit tout le long du congrès l’écart existant entre les informations dont ils ont besoin et celles qui leur sont fournies. L’absence de langue commune entre les scientifiques et les acteurs de l’implémentation a également été mise en lumière. Il existe heureusement des leviers pour façonner la science émergente de la résilience urbaine afin qu’elle réponde à cet enjeu, et qu’elle puisse être traduite en actions concrètes. 14 Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine « Nous avons besoin de faire de la recherche pour assurer la transition de nos technologies et réfléchir à un avenir inclusif et transformateur dans le cadre du congrès Resilient Cities. » Richard Friend, Directeur du Bureau régional ISET International, Bangkok en Thailande De même, les pôles de connaissances inter-cités réunissant des représentants des villes, universités, sciences et autres, tentent de rassembler des parties prenantes qui resteraient autrement disparates, afin de diffuser les connaissances et promouvoir des politiques associées. Un agent intermédiaire, tel qu’un réseau public local ou une organisation partenaire, peut être utile pour dépasser les obstacles posés par la compréhension du langage technique, et assurer une bonne transmission de l’information. Les pôles de connaissance encouragent également les villes à considérer les fournisseurs d’informations comme des partenaires de la résilience, et à explorer des opportunités de coopération (voir encadrés ci-dessous et page 16: le changement climatique à Surat et page 24 : Étude de cas : La Cité des Sciences de Muñoz). Études de cas : exploiter les atouts du milieu universitaire local en faveur de la résilience Le Programme annuel pour la ville durable de l’université de l’Oregon facilite la mise en œuvre de projets étudiants à destination des habitants d’une ville durant une année universitaire. Les villes de l’Etat de l’Oregon concourent pour être sélectionnées et s’engagent à couvrir les coûts fixes. La ville bénéficie de projets à bas coûts, pertinents pour les habitants, pendant que les étudiants acquièrent une véritable expérience leur permettant de mettre leurs études en application. Dans le même temps, les professeurs de faculté créent un réseau avec les décideurs locaux. Ces dialogues améliorent les résultats des projets et la qualité des recommandations en matière de politique publique, ainsi que les relations de l’université avec son environnement local. Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015 Anna Sjödin, Spécialiste en gestion des Risques d’Inondation, Ville de Karlstad, Suède (à gauche) au cours d’un “talkshow” sur le futur de la Recherche sur la Résilience Urbaine. Thèmes clés Impliquer activement les villes dans le développement des connaissances est une façon de garantir la pertinence des résultats finaux de la recherche scientifique. Par exemple, la consultation de nombreuses parties prenantes, y compris des collectivités locales, menée durant la rédaction du rapport ARC3-2 (voir page 9), a amélioré la recherche tout en créant des ponts entre les univers politique et scientifique. Ressources complémentaires : • ICLEI Canada a développé une anthologie des stratégies d’adaptation du monde entier afin de donner aux municipalités, chercheurs, et bailleurs de fonds les informations répondant à leurs défis d’adaptation. La version bêta de cette anthologie a été testée durant le congrès : son lancement est prévu en décembre 2015 ; et • Les partenariats nécessaires pour dépasser l’ambition du cadre de l’Agenda 2030 pour le développement durable: les perspectives, recommandations et solutions de l’ICLEI sur la durabilité urbaine (2015). 15 Faire converger les préoccupations en matière de santé et de changement climatique à Surat, en Inde Les relations entre l’eau, la santé et le changement climatique peuvent être observées à travers l’évolution des pathologies d’origine hydrique et à transmission vectorielle dans les mégapoles telles que Dhaka au Bangladesh, Lagos au Nigeria, et Jakarta en Indonésie. Par exemple, les épidémies de malaria sont directement influencées par le changement climatique, puisque le principal vecteur de la maladie (le moustique) se multiplie durant les périodes prolongées d’inondations. La ville de Surat a collaboré avec le Centre sur la santé urbaine et la résilience au changement « Bien que la santé soit un des indicateurs climatique (Urban Health and Climate Resilience d’impact du changement climatique, cette piste Center) afin d’adopter un plan de résilience fondé est sous-exploitée… De nombreuses personnes sur une approche factuelle vis-à-vis des maladies soutiennent que ce qui n’est pas bon pour la à transmission vectorielle. La municipalité a santé n’est pas bon pour le climat. » développé le premier système de surveillance des Vikas Desai, Directeur technique du Centre maladies à transmission vectorielle du pays, et sur la santé urbaine et la résilience au est désormais considérée comme une des villes changement climatique. les plus saines d’Inde. L’exemple de Surat montre comment la recherche scientifique peut soutenir une politique de résilience. Pour pouvoir répondre aux nouveaux risques émergents et évolutifs, il s’avère urgent de consacrer davantage d’études scientifiques sur les liens entre santé urbaine et changements climatiques, ainsi que sur les méthodes de catalyse des transformations systémiques des politiques publiques. La coopération entre les secteurs public et privé Bien que le secteur privé soit un levier majeur de la croissance urbaine durable, son potentiel en tant qu’acteur de la résilience reste largement inexploité. Bien que les acteurs du secteur public comme privé partage un même intérêt pour cette démarche collaborative, les partenariats sont souvent barrés d’obstacles, tels que les procédures d’appel d’offres des municipalités et la difficile appréhension des structures gouvernementales par les entreprises. Articuler les stratégies d’adaptation et de résilience autour de la faisabilité, de la flexibilité et d’une vision de long-terme peut conduire à des collaborations plus efficaces entre les villes et le secteur privé. Dans cette optique, certaines villes pilotes du Programme des services infrastructurels résilients aux changements climatiques (Climate-Resilient Infrastructure Services - CRIS) ont découvert que l’investissement privé permettait aux collectivités locales de s’engager dans des actions de long-terme. « Les gens peuvent régulièrement voter pour renverser des gouvernements, mais ils ne peuvent pas renouveler le secteur privé aussi facilement. Les cadres supérieurs du secteur privé conservent bien plus longtemps leur position de pouvoir au sein de leur communauté, et exercent donc une influence sur le leadership plus durable. » Chakil Aboobacar, Adjoint au maire de NacalaPorto, du Mozambique La clef du succès est de s’assurer de la participation du secteur privé dans les démarches de résilience urbaine : il est possible d’y parvenir par la réalisation d’activités conjointes, telles que la co-production d’analyses de risques et d’évaluation des impacts du changement climatique, ou la réalisation par les entreprises de formations sur des sujets d’intérêts communs (ex : les mesures d’urgence). 16 Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine Études de cas : approches participatives incluant les parties prenantes Les projets de résilience couronnés de succès suivent une approche multisectorielle qui inclue les parties prenantes, reconnaît la nature transversale de la résilience, et utilise les ressources existantes de façon efficiente. En effet, la participation directe des habitants des communautés locales peut permettre aux municipalités de répondre simultanément aux problématiques sociales, économiques et politiques qu’ils connaissent, et favorise leur appropriation de la démarche de résilience et ses résultats. Augmenter les capacités d’adaptation et la collaboration interdépartementale en Rhénaniedu-Nord-Westphalie, Allemagne Les petites municipalités de l’État allemand de Rhénanie-du-Nord-Westphalie ont à la fois des ressources limitées et une expertise insuffisante en matière d’adaptation au changement climatique. Pour répondre à ces deux enjeux, le LAG 21 (un réseau de municipalités locales), en collaboration avec le BEW (le centre de formation sur la gestion des déchets et les services publics), a mis en place une formation pour les agents municipaux, les représentants du secteur privé et les étudiants en sciences de l’environnement. Le principal objectif de cette formation est d’accroitre le niveau de compétences sur l’adaptation au changement climatique et de faciliter les échanges au niveau interdépartemental aussi bien qu’au sein des collectivités en interne. Les questions transversales et l’intérêt des démarches holistiques pour accroitre l’efficience et le partage d’informations ont également été abordées. Les résultats clés de cette démarche ont été présentés durant une session spéciale du congrès Resilient Cities. Ils ont été suivis d’un exemple sur la façon dont la ville de Datteln a appliqué ces leçons pour améliorer son propre aménagement urbain. Durant cet atelier, les participants ont pu échanger des idées sur leur travail quotidien d’adaptation et ainsi construire un réseau de collaboration entre départements et municipalités. Jasmin König, Agent de l’environnement, Ville de Datteln L’exemple de la lutte contre les canicules dans les bidonvilles du Caire, Egypte De nombreuses barrières peuvent se dresser devant l’adoption d’une approche participative, comme les conflits d’ordre politique entre communautés sur les problèmes à prioriser, les contentieux culturels ou de genre, les problèmes de langues, les migrations saisonnières ou encore l’existence de bidonvilles. Néanmoins, le succès de projets comme le Programme participatif de développement des zones urbaines (PPDZU) du Caire en Égypte, soutenu par le GIZ, prouve que la planification inclusive est non seulement possible, mais que les efforts consentis en sa faveur portent leurs fruits. Thèmes clés « Dans ma petite communauté, je suis un « chevalier solitaire » des causes environnementales et climatiques. C’est la raison pour laquelle le networking est si important pour moi. » Plus de 60% de la région périphérique de la ville Caire est composée de bidonvilles et est hautement exposée à des phénomènes de canicules aggravées. Le PPDZU a pour but d’améliorer les conditions de vie de ses habitants au travers de programmes participatifs portant notamment sur les toitures végétalisées et les projets d’infrastructures vertes. Ce programme contient des formations, des ateliers à destination des communautés locales, ainsi que des recommandations vis-à-vis du récent ministère de la rénovation urbaine et des quartiers informels. Les enseignements tirés du travail mené dans ces quartiers urbains informels concluent sur l’importance de construire des relations de confiance, de comprendre les structures de pouvoir propres à ces espaces, et de combiner les actions d’adaptation avec d’autres urgences comme l’inclusion sociale et la lutte contre la pauvreté. En construisant des ponts entre des groupes sociaux marginalisés et les autorités locales, la participation des habitants aux programmes municipaux peut entrainer des Participants à un atelier sur l’adaptation transformations socio-économiques plus vastes dans communautaire au sein des villes densément l’ensemble de la ville. peuplées en Egypte et au Bangladesh Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015 17 L’infrastructure résiliente Les services et systèmes de transport, d’assainissement, de gestion des déchets, d’approvisionnement énergétique et de communication sont au cœur du développement et de la vie urbaine. Afin de pouvoir répondre simultanément aux enjeux liés à la croissance urbaine et aux impacts inévitables du changement climatique, il est recommandé aux municipalités d’intégrer la résilience de façon systématique dans l’ensemble de leurs réflexions, décisions et choix d’investissements pour les infrastructures présentes et futures. Andre Landwehr, Chargé de Projet, Département de La première étape de cette démarche est de l’Environnement, Ville de Malmö, Suède, donne un comprendre comment les différents systèmes exemple de la façon dont Malmö utilise le modèle de d’infrastructures s’entrecroisent. Un schéma circulation urbaine conceptuel présenté par l’association Resilient Regions Association conçoit la ville comme un système symbiotique composé de six flux : les biens, les services, les flux financiers, les personnes, l’énergie et l’information. Les catastrophes naturelles ainsi que d’autres perturbations peuvent perturber l’opérabilité de ces flux et mettre en danger le fonctionnement d’une ville. Certains outils comme MERIT aident les municipalités à évaluer les impacts économiques des dommages potentiels subis par leurs infrastructures : elles peuvent ainsi grâce à ces données renforcer leur rationnel d’investissement dans la résilience ainsi que la promotion d’une collaboration plus étroite entre secteurs public et privé, sur la base d’intérêts communs. Key themes « Adopter une perspective en termes de flux permet aux politiciens et aux entreprises qui ne considèrent pas que leur travail s’inscrit dans une démarche de résilience de se rendre compte à quel point ce qu’ils font est essentiel au fonctionnement de leur ville, quels que soient les scénarios de risques. » Silvia Haslinger Olsson, Operations Manager, Resilient Regions Association, Malmö, en Suède. Vert, gris, ou un mélange des deux L’infrastructure verte (IV) est saluée pour sa capacité à offrir de nombreux co-bénéfices pour un coût d’exploitation et une consommation énergétique relativement faibles. Cependant, l’IV n’est pas nécessairement la meilleure solution disponible : elle peut s’avérer infructueuse si le niveau de sensibilisation des acteurs, les financements initiaux ou l’espace octroyé pour se déployer sont insuffisants. Le Guide de l’infrastructure verte pour la gestion des ressources hydriques du PNUEDHI encourage les municipalités à utiliser les ressources qu’elles ont déjà à disposition, Catarina Freitas, Directrice du Département de Gestion comparer les résultats de différentes options, et de Planification Environnementales Durables, Ville et prendre des décisions éclairées relatives aux d’Almada,Portugal infrastructures vertes et grises. Par exemple, dans les deux villes de Howard Beach dans l’État de New York aux Etats-Unis, et d’Essen en Allemagne, une approche hybride « vert-gris » s’est avérée optimale pour réduire les inondations et maximiser les co-bénéfices. Récupérer la chaleur de l’infrastructure urbaine L’année 2015 fut la plus chaude jamais enregistrée : l’effet des îlots de chaleur urbains, constaté dans de nombreuses agglomérations, fut exacerbé. De nombreuses solutions existent en matière d’architecture et d’infrastructure verte/bleue pour atténuer cet effet du changement climatique : il peut 18 Resilient Resilient Cities Cities 2015 2015 - 6-ème theForum 6th Global mondial Forum suron l‘adaptation Urban Resilience et la resilience and Adaptation urbaine s’agir de stratégies relativement simples (tel que peindre les toits en blanc afin d’accroitre l’effet albédo, soit la réflectivité de la ville), l’adoption d’approches écosystémiques consistant par exemple à creuser des cours d’eau en ville ou à planter des arbres, ou encore la mise en place de réglementations sur le design des bâtiments et l’utilisation de certains matériaux. Avec l’intensification du phénomène des îlots de chaleur, les villes pourraient considérer la mise en œuvre d’autres méthodes innovantes, comme la reconversion énergétique de la chaleur perdue ou le zonage calqué sur la demande énergétique. La réduction des risques de catastrophes Dix actions incontournables pour rendre les villes résilientes Suite à l’adoption du Sendai Framework pour la réduction des risques de catastrophes (RRC), l’UNISDR a mis à jour son rapport sur les dix actions incontournables pour rendre les villes résilientes « Ten Essentials for Making Cities Resilient » (voir page 7). Ce nouveau rapport met l’accent sur le renforcement des capacités financières, institutionnelles et sociales consacrées à la résilience par les municipalités : ces recommandations sont déjà librement interprétées et mises en place par des villes comme la municipalité métropolitaine d’Istanbul en Turquie et Karlstad en Suède. De nombreuses municipalités connaissent des difficultés à intégrer la réduction des risques de catastrophes dans leur aménagement urbain en raison d’un manque en interne de savoirs, de compétences et de ressources, ou de mise en cohérence des stratégies nationales et locales. Le nouveau cadre de Sendai et le rapport sur les dix actions incontournables, allié au soutien des partenaires internationaux et des réseaux de gouvernements locaux, visent à donner aux municipalités les moyens nécessaires pour mettre en place des mesures efficaces de RCC et accélérer la construction de la résilience. Karlstad, une des villes modèles de la campagne Rendre les villes résilientes, a fait de la RRC une priorité absolue. La RRC est intégrée dans la planification urbaine, et se voit consacrée un pourcentage du budget annuel municipal. Depuis l’adoption de son plan pérenne de gestion des risques d’inondations en 2009, la ville de Karlstad a fait l’inventaire de ses infrastructures critiques, développé un plan d’urgence en cas d’inondations, et investi dans sa gestion des eaux usées et des eaux pluviales. Des actions complémentaires, telles que la construction de remblais et l’élévation des infrastructures, sont en cours de réalisation. Les prochaines étapes consistent pour la municipalité à publier son plan d’adaptation au changement climatique et à améliorer la sensibilisation des populations au risque de catastrophes naturelles. Thèmes clés Étude de cas : la gestion des risques d’inondations de la ville de Karlstad, en Suède La gestion intégrée et étendue des risques climatiques : de la prévention des catastrophes à la relocalisation des populations Des démarches de gestion intégrée et étendue des risques climatiques sont nécessaires pour faire face à l’ensemble des scénarios possibles, et aux impacts potentiels sur les villes et le bien-être humain, notamment les pertes et dommages inévitables. Les possibilités d’adaptation sont limitées, en particulier pour certaines populations littorales (cf. exemple de l’île de Taro en encadré, voir page 20). Considérer la question des pertes et dommages en amont des plans d’adaptation permet de prévenir les pertes évitables, et d’atténuer, transférer ou s’adapter aux pertes inévitables. Le concept de pertes et dommages peut également permettre de sensibiliser les parties prenantes aux coûts économiques et extra-financiers induits lorsque l’adaptation est impossible. Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015 19 De nouvelles ressources voient le jour en soutien à ce processus, comme le Document de méthodologie pour prioriser les mesures d’adaptation aux changements climatiques, créé pour les villes côtières par l’organisation GIZ en collaboration avec le ministère mexicain de l’environnement et des ressources naturelles. Cet outil basé sur le logiciel Excel utilise une méthode simple d’analyse coûts-bénéfices multicritères fondant la prise de décisions sur des données probantes. Il permet d’évaluer le bénéfice social et financier (direct et indirect) ainsi que la faisabilité et l’efficacité de différentes mesures d’adaptation, telles que la relocation des habitants ou l’installation de barrières naturelles contre les inondations. La prise de conscience de l’importance du débat naissant sur les pertes et dommages fut renforcée durant ce congrès par la présentation d’exemples tangibles de municipalités faisant face au défi de la « prochaine étape du processus d’adaptation ». Pour certaines d’entre elles, les catastrophes naturelles, en créant un sentiment d’urgence, servent de porte d’entrée à la question de la planification de la remédiation aux pertes et dommages. Les étapes suivantes qui ont été identifiées consistent à incorporer les savoirs des communautés locales dans la création de nouvelles stratégies, et à investir dans la recherche et la création de ponts entre politiques publiques et sciences. Étude de cas : l’île de Taro opte pour la relocalisation comme garantie d’un futur plus sûr et résilient aux changements climatiques L’île Taro, capitale de la province de Choiseul des îles Salomon, est la première ville de la région Pacifique à avoir choisi la relocalisation pour réduire son exposition aux risques climatiques. Son plan d’adaptation au changement climatique, développé par des scientifiques, des ingénieurs en génie côtier, et des urbanistes, comprend pour principale mesure la relocalisation des habitants sur les terres continentales voisines. Ce plan, récompensé pour sa qualité, contient également un plan directeur et une stratégie de développement du futur site d’implantation. La collaboration et le cran des habitants ont été déterminants, au regard des impacts émotionnels, culturels et sociaux incontestables d’une telle stratégie. La mise en place de ce plan dépendra de son financement, ce qui crée une certaine persévérance politique. La relocalisation est censée débuter en 2030, soit l’année où le cadre de Sendai viendra à expiration. La réussite du plan de l’île de Taro pourrait inspirer de nouvelles orientations dans la gestion des risques climatiques. Paquitequete à Pemba, Mozambique: Un bidonville situé dans une zone exposé aux catastrophes. Source: Chemonics International L’image ci-dessus : Manuel de Araújo, Président municipal, Ville de Quelimane, Mozambique L’image à gauche : Armando Martins John, Adjoint supérieur au président municipal de Pemba, Ville de Pemba, Mozambique 20 Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine Reality Check: Pemba et Quelimane, au Mozambique Pensons simplement : une approche de la résilience par étapes Ces deux villes sont exposées aux événements météorologiques extrêmes, tels que les cyclones tropicaux et les orages, la montée du niveau des mers, les sécheresses, et les fortes pluies entrainant des inondations et des glissements de terrain. Ces deux municipalités partagent également des défis socio-économiques de même nature : des bidonvilles de plus en plus étendus dans des régions sujettes aux catastrophes naturelles, une infrastructure défaillante, et d’importantes contraintes financières entravant la fourniture de services municipaux élémentaires. Dans ces conditions, l’adaptation au changement climatique, bien qu’urgente, s’avère être une tâche insurmontable. La réponse, apportée en 2014 par le Projet d’adaptation des villes côtières (PAVC) de USAID (Coastal Cities Adaptation Project), fut de déconstruire le problème en une série d’actions simples, à la portée des acteurs, dans le cadre d’une approche par étapes. L’approche participative par étapes de l’adaptation au changement climatique Sur la base des conseils du PAVC, les deux municipalités de Pemba et Quelimane ont élaboré une stratégie reposant sur des mesures « à gains rapides » et des outils simples, visant à la fois à répondre à courtterme aux catastrophes naturelles avec des moyens limités, tout en améliorant leur capacité à s’adapter aux effets à long-terme du changement climatique. « Il n’est pas toujours nécessaire, ni même réaliste, pour les petites villes des pays en développement d’avoir accès à des technologies de pointe pour combattre le changement climatique et réduire les effets des catastrophes naturelles. Dans la majorité des cas, ce sont des solutions simples, des petits changements ayant des résultats payants immédiats, qui font véritablement la différence. » Carlos Quintela, Directeur du programme USAID Coastal Cities Adaptation Project au Mozambique. Afin d’améliorer la pendant, et après collecte d’éléments ces deux villes ont gestion de l’information avant, une catastrophe, ainsi que la utiles à la prise de décisions, développé dans le cadre d’une Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015 démarche participative des cartes de vulnérabilité, qu’elles ont intégré à leurs cadastres municipaux existants. Les deux municipalités ont également travaillé en collaboration avec le gouvernement pour créer un outil préventif d’alerte et de réponse aux catastrophes naturelles fonctionnant par SMS, un moyen de communication simple et peu cher. Ce nouveau système, qui permet de sauver des vies, change totalement la donne pour Pemba et Quelimane. Afin de pouvoir établir un référentiel et suivre les progrès réalisés dans leur approche de réduction des risques liés aux catastrophes naturelles, les deux villes ont utilisé le Guide d’autoévaluation des collectivités locales (Local Government Self-Assessment Tool) produit par l’UNISDR dans le cadre de leur campagne Pour des villes résilientes (Making Cities Resilient Campaign). Les obstacles et défis à relever Un an après le lancement du PAVC, les autorités municipales peuvent constater par des résultats concrets les progrès considérables accomplis en matière de résilience. Le défi qui se pose désormais est de poursuivre la réalisation d’objectifs de plus en plus complexes grâce à l’approche par étapes. En effet, la sensibilisation aux risques et à la prévention des catastrophes naturelles reste limitée. Les autorités locales connaissent en même temps des difficultés à faire appliquer la loi en matière de réglementation foncière, et à empêcher l’implantation d’habitants dans des zones à hauts risques. Une grande partie de la population reste sans accès aux infrastructures et systèmes d’assainissement de base. Atelier d’évaluation 60% des Mozambicains vivent le long des côtes : Pemba et Quelimane sont à ce titre deux exemples représentatifs de villes côtières de taille moyenne. Quelimane, située au milieu du littoral mozambicain, est la septième plus grande ville du pays avec 200 000 habitants. Pemba, située au Nord du pays, connaît une population croissante de 160 000 habitants. Les solutions identifiées • Favoriser les partenariats avec les villes voisines pour accroitre le partage de bonnes pratiques ; • Se servir des tendances démographiques liées à l’exode rural comme porte d’entrée à la création d’emplois « verts » et la mise en place d’actions d’adaptation ; • Concentrer les efforts sur l’aménagement urbain afin d’offrir aux habitants une alternative attractive aux bidonvilles ; • Offrir aux résidents des activités alternatives à l’exploitation des mangroves, telles que leur pré servation ou d’autres emplois « vers » similaires ; et • Accroitre la sensibilisation grâce à des campagnes d’information dans les zones vulnérables. 21 Les données nécessaires à la construction de la résilience L’utilisation efficiente de données urbaines standardisées Le sujet transversal de l’importance des statistiques urbaines, de leurs limites et des tendances qu’elles connaissent fut exploré durant le congrès. Le Conseil mondial des données urbaines (CMDU) a présenté la nouvelle norme ISO 37120 : il s’agit du premier standard ISO à définir un panel d’indicateurs visant à orienter et évaluer le niveau de fourniture de services publics municipaux et la qualité de vie urbaine. Le CMDU est en charge de coordonner l’implémentation mondiale de la norme ISO 37120. Le portail sur les données urbaines a été lancé en mai 2015 et la norme ISO 37121, standard international pour les villes résilientes, est en cours d’élaboration. Jerry Velasquez, Chef du département « Advocacy and Outreach », UNISDR Le CMDU a souligné les avantages concrets de la standardisation des données urbaines, tels que d’attirer les investissements nationaux, internationaux et privés, ce qui a particulièrement retenu l’attention du public. À titre d’exemple, les assureurs pourraient diminuer leurs frais premiums pour les villes certifiées. En favorisant la transparence des informations, l’open-data encourage également la mise en place d’une gouvernance et d’une prestation de services publics plus efficace. À ce sujet, les représentants de la ville de Rotterdam (qui fait partie des vingt villes fondatrices du CMDU) ont confirmé l’intérêt de la standardisation des données. Les standards internationaux sont également pour les villes à la fois un outil utile de validation de leurs efforts de résilience et un cadre de partage d’informations et de bonnes pratiques. Thèmes clés Il est crucial de comprendre que ces standards ne doivent pas être utilisés pour établir des classements entre villes ou mesurer des performances qui conditionneraient certains financements ou aides. Ce type de comparaisons serait fondamentalement injuste au regard du différentiel de développement entre les différentes villes du monde. À l’inverse, les villes qui se prêtent à la déclaration de ces données doivent être reconnues pour leur engagement en faveur de la transparence, la qualité de leurs données, et les progrès réalisés dans la poursuite de leurs objectifs. Des recommandations complémentaires portaient sur l’approche « à la carte », qui consiste pour les villes à choisir les indicateurs les plus adaptés à leur contexte territorial, auxquels s’ajoute un soutien plus important sur l’utilisation de ces standards internationaux. Il a été suggéré que les prochains développements de l’ISO 37120 et 37121 tiennent également compte de certains besoins et capacités spécifiques de municipalités, afin que le produit final soit un outil adaptable à toutes les villes quels que soient leur taille et le niveau d’adaptation et de résilience de leur aménagement urbain. « Bien que les standards soient utiles, il est crucial d’en discuter et de communiquer pour aider les villes à comprendre pour les normes ISO peuvent être pertinentes en matière de résilience. » Joseph Wladkowski, Directeur, ICLEI Global Capacity Center. Communiquer sur la résilience Comprendre et engager son audience Comment une campagne de communication peut-elle sensibiliser au changement climatique, influer sur les comportements et inspirer de nouvelles actions d’adaptation ? De nombreux facteurs de réussite ont été identifiés durant le congrès : le plus important d’entre eux était la création d’un environnement politique qui permette la participation du public. Il est plus aisé de promouvoir les actions de résilience si les acteurs des différents groupements d’intérêts locaux sont impliqués dans la création et la diffusion de savoirs sur la résilience. Cet engagement des habitants permet également de mieux comprendre quels sont leurs besoins, intérêts, priorités et freins à l’action, 22 Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine ce qui est un prérequis important de toute stratégie de communication. Par exemple la ville d’Essen organise des débats participatifs avec ses citoyens sur la résilience urbaine au travers d’un « marché aux idées » régional et de concours d’initiatives locales. Crowdsourcing est un autre moyen qui permet à transformer les différentes communautés locales de bénéficiaires passifs en sources d’informations actives, et de saisir les différentes perceptions existantes sur l’adaptation au changement climatique. Le pouvoir du « storytelling » a été mis en exergue pour communiquer sur des sujets complexes. Le partage d’expériences concrètes via les médias, l’art et les récits interactifs peuvent illustrer les concepts de résilience de façon plus « humaine » et encourager la collaboration pour trouver de nouvelles solutions (cf. encadré). Étude de cas : Amrai Pari, un programme d’actions média de la BBC Amrai Pari (Ensemble nous pouvons le faire) est un show de télé-réalité au cœur des communautés les plus vulnérables du Bangladesh, qui documente les actions d’adaptation des habitants. Ce programme touche plus de 15 millions de Bangladais : il illustre des démarches innovantes, appliquées à la vie de tous les jours, pour accroitre la résilience des foyers. La première évaluation de l’impact de cette série sur les auditeurs a montré que les personnes croient que ce programme a renforcé la collaboration entre les membres des communautés filmées et leur niveau de connaissances sur la résilience. Ainsi de nombreux habitants des bidonvilles ont appris comment éclairer leur maison avec des « bouteilles de lumière » : une innovation gratuite et facile à reproduire. Pour la troisième année consécutive ICLEI et RUAF ont organisé en collaboration avec le SUPURBFOOD Program un Forum spécial sur l’agriculture urbaine dédié aux bonnes pratiques et innovations inscrivant les circuits alimentaires urbains et péri-urbains dans la durabilité. Un point clé de la discussion portait sur le potentiel de l’agriculture urbaine comme facteur de réduction de la pauvreté et d’inclusion des populations marginalisées dans le fonctionnement des villes du Sud. Des politiques et programmes incitatifs en matière d’agriculture urbaine peuvent entrainer de véritables transformations durables en officialisant certaines activités de subsistance (par ex. pour les vendeurs ambulants) et en renforçant l’autonomie et les moyens d’action des populations vulnérables. En revanche, une forte volonté politique est nécessaire pour faire évoluer les mentalités sur le sujet de l’économie informelle liée à l’alimentation, afin qu’elle ne soit plus vue comme un problème mais comme une solution apte à créer des espaces urbains durables et résilients. Thèmes clés Des systèmes d’agriculture urbaine résilients Petites et moyennes entreprises Un autre aspect important évoqué durant le congrès concerne le rôle des petites et moyennes entreprises (PME). Un tissu de PME dotées de modèles d’affaires diversifiés contribue à la résilience sociale et à l’autosuffisance, en fournissant des « biens publics » indépendamment de tout soutien appuyé des autorités locales. Par exemple, le quartier de Kalnciema à Riga, en Lituanie, organise un marché d’alimentation et d’artisanat hebdomadaire, qui met en relation directe consommateurs et producteurs agricoles. Ce marché permet de sensibiliser aux bienfaits de l’agriculture locale tout en servant d’espace culturel communautaire pour les habitants du quartier. « La question est bien souvent de savoir faire les bonnes connexions. En tant que représentants municipaux, nous n’avons pas nécessairement connaissance de l’ensemble des activités qui ont lieu dans notre ville : notre travail consiste donc principalement à faciliter la création de ponts entre les acteurs, pour que ces liens se transforment en synergies et en momentum. » Katrien Verbeke, Coordinateur en charge des politiques agricoles, Ville de Gand, Belgique. Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015 23 Améliorer la sécurité alimentaire en milieu urbain Dans la continuité des négociations internationales en cours sur les ODD et HABITAT III, le Forum a mis l’accent sur la nécessité de placer la sécurité alimentaire des villes à l’ordre du jour politique international. Certaines autorités locales métropolitaines ont déjà pris des mesures concrètes afin d’identifier et de résoudre les problèmes d’insécurité alimentaire sur leur territoire. Par exemple, dans la ville de Cape Town, l’Unité d’agriculture urbaine apporte son aide aux petits agriculteurs et aux projets de jardins et potagers à la lumière des résultats de son étude de 2013 sur la sécurité alimentaire. Les chercheurs comme les agents de terrain s’accordent à dire qu’il faut systématiquement incorporer l’agriculture urbaine au cœur de la planification urbaine et des stratégies d’adaptation au changement climatique, afin de démultiplier l’impact de telles mesures. Les villes doivent associer à leur démarche les communautés locales, en particulier les associations de femmes et de jeunes, si elles veulent obtenir des résultats significatifs en la matière. Recommandations du programme SUPURBFOOD: • • • Mettre en place des programmes fermesécoles consacrés à l’agriculture locale, afin d’améliorer l’accès des étudiants à une alimentation de qualité et étendre les marchés des agriculteurs locaux ; Rendre obligatoire la création d’espaces dédiés à la production alimentaire dans les bâtiments neufs et rénovés ; et Créer un service municipal de planification alimentaire urbaine fonctionnant de façon intégrée, ou demander aux services existants de collaborer et de travailler sur le sujet. Nayanananda Nilwala, Sécrétaire, Ministère de l’agri culture, Western Province d’Ouest, Colombo, Sri Lanka Autres pistes de réflexion : • • L’approche City Region Food System de la FAO; Le Milan Policy Pact ; Les recommandations du Programme SUPURBFOOD ; et Le réseau CITYFOOD. Katrien Verbeke, Coordinatrice alimentaire, Ville de Ghent, Belgique de politique Etude de cas de municipalités La Cité des Sciences de Muñoz aux Philippines est un hub reconnu de recherche et développement sur la sécurité alimentaire, avec plus de 60 % de son territoire urbain dédié à l’agriculture. La production annuelle de riz surpasse amplement la consommation locale, ce qui génère un surplus profitable à la capitale et aux villes environnantes. Certains programmes municipaux intègrent dans leur plan d’actions des projets tels que « Un potager dans sa cour » (« Bakuran Ko, Gulayan Ko ») et « L’école dans le jardin », dont les objectifs sont respectivement la satisfaction de la consommation des particuliers alliée à la génération de gains économiques pour les individus, et l’apprentissage de l’importance de la production alimentaire locale. Pour réussir, de tels projets demandent notamment des municipalités un réel engagement pour appliquer les politiques nationales existantes au niveau local, ainsi qu’un investissement financier en matière de recherche collaborative sur les technologies innovantes de production alimentaire. L’étalement urbain et la croissance démographique de la ville de Quito, en Equateur, aggrave sa dépendance en matière d’importations de produits alimentaires non-locaux et sa vulnérabilité face aux crises. Le Projet participatif d’agriculture urbaine, mis en place en 2002 par l’agence municipale de développement économique CONQUITO pour améliorer la sécurité alimentaire, a étendu ses missions pour inclure la lutte contre la pauvreté et le changement climatique. Ce programme apporte des soutiens annuels à de nombreuses TPE agricoles, aux démarches de certification écologique, et à plus de 900 potagers urbains. Il permet d’accroitre le revenu de ménages en les sortants de la grande précarité, et travaille à une plus grande cohésion et « convivialité » sociale. Les toitures mises en place dans le cadre de ce programme font également partie de la boîte à outils municipale de lutte contre les inondations. 24 Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine Perspectives pour l’année 2016 Le congrès Resilient Cities 2015 a permis de mettre en lumière des exemples de succès probants d’implémentation de stratégies intégrées de long terme pour la résilience urbaine. La collaboration locale et internationale entre parties prenantes, experts et métropoles jumelles permet d’identifier et de partager les bonnes pratiques. Les autorités et bailleurs de fonds travaillent à l’invention de nouvelles approches de financement en partenariat avec d’autres autorités locales et les acteurs privés partenaires, afin de mener à bien des investissements réalistes adaptés au contexte local. Des solutions créatives innovantes utilisent les ressources existantes à disposition afin de mettre en place et de diffuser pas-à-pas des mesures d’adaptation locales en gagnant l’adhésion du public et sa participation aux actions menées. Des progrès additionnels sont toutefois nécessaires pour garantir la durabilité des changements opérés, via l’investissement dans la montée en compétences des institutions, le travail avec les communautés locales pour limiter les comportements à risques, et la convergence entre modèles du secteur public et privé afin d’inciter les acteurs à prioriser la performance de long terme sur les gains de court terme. Les métropoles ont fait des progrès dans l’élaboration de stratégies intégrées d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Le véritable défi consiste à combiner ces stratégies intégrées avec la planification de la réduction des risques de catastrophes et le développement d’un urbanisme équitable et durable. Pour de nombreuses villes, ce problème se pose de la façon suivante : améliorer la résilience tout en réduisant la pauvreté et en favorisant la croissance économique. Se tourner vers l’économie verte peut être une solution ; toutefois, l’absence d’invitation à la collaboration et à la participation effective des populations habitant et travaillant dans le secteur informel demeure une véritable lacune de nombreuses initiatives. Une stratégie de résilience globale demande également une compréhension de la complexité des relations de causalité entrainant l’intrication ou la production de risques en cascade : cet enjeu touche particulièrement les risques sanitaires (ex : les maladies vectorielles) et les liaisons entre systèmes énergétiques, de gestion de l’eau et de traitement des déchets. La prochaine édition 2016 du congrès Resilient Cities creusera davantage en profondeur l’ensemble de ces sujets, tout en continuant de suivre la progression du financement de la résilience et l’amélioration de mécanismes de mesure, de déclaration et d’accélération de l’implémentation. Le congrès passera également en revue les divers modes d’application au niveau local du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes naturelles, et de l’Objectif de développement durable numéro 11 sur la résilience. Il recueillera enfin les points de vue sur le Nouvel Agenda urbain actuellement développé en amont de la conférence Habitat III. 2ème Forum Asie-Pacifique sur la Résilience Urbaine et l’Adaptation & 16ème Convention Internationale des villes jumelées à Melaka 2 - 4 mars 2016 | Melaka, Malaisie Le Congrès Asie-Pacifique 2016 du programme Resilient Cities sera organisé parallèlement à la 16ème Convention Internationale des Villes Jumelées à Melaka. Le Gouvernement de l’Etat de Melaka & IMTGT-CIMT seront les hôtes de ces évènements. Ce congrès régional offrira aux villes & régions de la zone Asie-Pacifique un panel de solutions innovantes pour bâtir la résilience au changement climatique ainsi que de nombreuses opportunités de réseautage. Pour plus d’informations, veuillez contacter [email protected]. Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015 7ème Forum mondial sur la résilience urbaine et l’adaptation 6 - 8 juin 2016 | Bonn, Allemagne Perspectives Dates à retenir ! Ce congrès sera consacré aux moyens de concilier de façon intégrée le financement et la mise en œuvre de solutions d’atténuation, d’adaptation et de réduction des risques de catastrophes en s’inscrivant dans une vision de développement urbain plus résilient, inclusif et durable. Veuillez consulter le site internet resilient-cities.iclei.org pour être informé des dernières mises à jour : l’appel à contributions débute le 22 octobre 2015! Pour discuter des opportunités de partenariat sur les sessions, les forums, les co-événements et les expositions, veuillez écrire à l’adresse suivante : [email protected] 25 Références et lectures complémentaires ICLEI (2013), Rapport du congrès Villes résilientes 2013. Disponible en ligne à l’adresse : http://resilient-cities.iclei.org/fileadmin/sites/resilient-cities/files/Resilient_Cities_2013/RC2013__ congressreport_singlepage.pdf ICLEI (2014), Rapport du congrès Villes résilientes 2014. Disponible en ligne à l’adresse : http://resilient-cities.iclei.org/fileadmin/sites/resilient-cities/files/Full_papers/RC2014__Congress_ Report__Final.pdf ICLEI (2015), Plan stratégique de Séoul 2015-2021 : Construire un univers d’initiatives locales pour un futur urbain durable. Disponible en ligne à l’adresse : www.iclei.org/seoul-strategic-plan GIEC 2014 Bilan 2014 des changements climatiques : Rapport de synthèse. Une contribution des Groupes de travail I, II et III au cinquième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, GIEC, Genève, Suisse Rosenzweig et al. (2015), Deuxième rapport d’évaluation sur les changements climatiques et les villes du Réseau de recherche sur le changement climatique en milieu urbain (ARC3-2). Publication à paraître. Swiss RE (2015), Catastrophes naturelles et d’origine humaine en 2014 : orages de convection et tempêtes hivernales, Sigma, n°2. Swiss RE (2015), Estimations sigma préliminaires pour la première moitié de 2015 : le coût des catastrophes au niveau mondial s’élèvent à 37 milliards de dollars, le nombre de victimes augmente. Disponible en ligne à l’adresse : http://www.swissre.com/media/news_releases/Preliminary_sigma_estimates_for_first-half_2015.html Organisation des Nations unies, Département des affaires économiques et sociales (DAES), Division de la population (2015). Perspectives de la population mondiale : Révision de 2015, principales conclusions et tableaux de données. Disponible en ligne à l’adresse : http://esa.un.org/unpd/wpp Références 26 Resilient Cities 2015 - 6ème Forum mondial sur l‘adaptation et la resilience urbaine Équipe Resilient Cities ICLEI - Local Governments for Sustainability e.V. Kaiser-Friedrich Straße 7 53113 Bonn, Allemagne [email protected] resilient-cities.iclei.org Tous droits réservés © ICLEI e.V. 2015 Le contenu de cette publication est protégé par des droits d‘auteur. Les demandes d‘autorisation pour reproduire entièrement ou partiellement une publication de l‘OACI doivent être adressées au siège de l’ICLEI – Les gouvernements locaux pour la durabilité, Secrétariat international. ICLEI encourage la dissémination active de ses travaux. La permission de reproduction est normalement délivrée rapidement et sans frais, à condition de n’avoir aucune finalité commerciale. Les congrès Resilient Cities ont été inaugurés en mai 2010 par l’ICLEI avec la volonté de créer le premier forum mondial sur l’adaptation au changement climatique et la résilience au niveau local. Chaque congrès est organisé conjointement par ICLEI-Conseil international pour les initiatives écologiques locales, le Conseil mondial des maires sur le changement climatique, et la ville de Bonn. L’édition 2015 fut élaborée avec le soutien de l’Agence Française de Développement (AFD) et la Fondation pour le dialogue international de la Sparkasse de Bonn. Les opinions exprimées dans ce rapport ne reflètent en aucun cas l‘opinion officielle des partenaires ou des organisations sponsors. Le contenu communiqué, publié ou diffusé n‘engage que la seule responsabilité de l’ICLEI. Cette publication résume les enjeux urbains clés affectant les villes, les autorités locales et les parties prenantes des collectivités sur l’ensemble de la planète, tels qu’exposés lors des discussions advenues dans le cadre du congrès. Les descriptions des sessions et des événements du congrès 2015, les publications complémentaires, la couverture multimédia et les actualités de l’année 2016 sont disponibles sur le site internet de Resilient Cities : http://resilient-cities.iclei.org Bonn, Allemagne | 8 - 10 Juin 2015 27 Resilient Cities 2015 – Convoqué par : Partenaires associés Partenaires soutiens UNU-EHS URBAN CLIMATE CHANGE RESEARCH NETWORK Institute for Environment and Human Security EM I The Sustainable Infrastructure Financing Forum and Summit Earthquakes and Megacities Initiative Partenaires médias Africa Directory Africa’s sustainability directory. Networking for a greener future. Resilient Cities Team and Congress Secretariat ICLEI – Local Governments for Sustainability World Secretariat Kaiser-Friedrich-Str. 7 53113 Bonn, Germany Tel: +49-(0)228 / 976 299-37 Fax: +49-(0)228 / 976 299-01 Courriel : [email protected] www.iclei.org/resilient-cities Publication téléchargeable sur le site : resilient-cities.iclei.org