L`oreille malade du bruit

Transcription

L`oreille malade du bruit
«
L’oreille,
malade du bruit
> SOMMAIRE
Pourquoi des Journées
de la Fondation Recherche Médicale ?
p. 2
De nombreuses menaces silencieuses
p. 3
Les progrès pour réparer l’oreille
p. 3
Une recherche qui va faire du bruit
p. 4
Témoignages
p. 6
Les réponses à vos questions
p. 8
À propos de la Fondation
p. 16
Propos recueillis à l’occasion de la 4è édition des
Journées de la Fondation Recherche Médicale, sur le
thème « Sommes-nous malades de notre
environnement ? ». Le présent s’et déroulé à la
Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse, le
16 septembre 2005.
Débat animé par Laurent Romejko, journaliste de
France 2.
Document disponible sur le site web de la Fondation
Recherche Médicale www.frm.org
Publication : novembre 2005
Crédits photographiques : Fondation pour la
Recherche Médicale.
Avec la participation de :
> Dr Gabrielle Favre-Michau,
Chef de clinique, service ORL, CHU de Toulouse.
> Pr Bernard Fraysse,
Chef du service ORL, CHU de Toulouse.
> Dr Didier Dulon,
Directeur de recherche de l'Inserm EA 3665
"Biologie cellulaire et moléculaire de l'audition", Bordeaux.
La Fondation pour la Recherche Médicale a été créée en 1947 pour apporter une aide rapide et décisive aux chercheurs
dans tous les domaines de la recherche médicale. La Fondation a ainsi participé à toutes les grandes découvertes
médicales françaises. Grâce uniquement aux dons et legs privés, elle soutient chaque année 1 chercheur sur 3 et finance
environ 700 programmes de recherche. La Fondation Recherche Médicale remplit également une mission d’information
pour favoriser le dialogue entre les Français et les chercheurs. A ce titre, elle s’est vue attribuer par le gouvernement le
label « campagne d’intérêt général 2005 ».
Pour faire un don :
Bullletin à découper en dernière page de ce document.
À retourner à :
Fondation pour la Recherche Médicale
54, rue de Varenne - 75335 Paris cedex 07
Tél. : 01 44 39 75 75 - Fax : 01 44 39 75 99
ou sur sur www.frm.org (rubrique "aidez la recherche")
L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
1
Pourquoi
des « Journées de la Fondation Recherche Médicale »
?
Plus que jamais, les liens entre environnement et santé sont aujourd’hui au
cœur des inquiétudes des Français. Pollution de l’air et de l’eau, risques
alimentaires, contamination microbiologique et chimique, rayonnements, stress
et bruit… sont autant de facteurs incriminés dans nombre de maladies et
auxquels nous sommes tous potentiellement exposés. En outre, les maladies
liées directement ou indirectement à notre environnement et à nos modes de
vie sont en constante augmentation : cancers, maladies cardiovasculaires,
allergies, obésité, stérilité… À titre d’exemple, on estime que 7 à 20 % des
cancers seraient imputables à des facteurs environnementaux ! Pourtant,
aujourd’hui encore, nombre de questions restent en suspens…
Devant le besoin d’information que vous nous manifestez chaque jour, la
Fondation Recherche Médicale a décidé en septembre 2005 d’ouvrir ce débat avec vous, en présence
des meilleurs experts. La 4e édition des Journées de la Fondation Recherche Médicale1 a posé, en
effet, la question « Sommes-nous malades de notre environnement ? ». Au cours de six débats sur six
thématiques différentes et dans six villes de France, un public venu nombreux a pu dialoguer avec les
chercheurs et trouver réponses à ses questions. Face à ce questionnement, la Fondation Recherche
Médicale a également choisi de lancer, dès 2004, le programme « Défis de la recherche en
allergologie2 ». C’est une réelle incitation au développement de recherches sur les origines
moléculaires et cellulaires des allergies et sur les pistes de traitements. C’est également une initiative
ambitieuse qui n’aurait pu voir le jour sans la générosité et la confiance de ses donateurs - peut-être
vous ? -. Cette nouvelle édition des Journées de la Fondation Recherche Médicale est finalement
l’occasion de mieux comprendre les enjeux de la recherche et de mesurer le rôle essentiel de la
Fondation Recherche Médicale.
Joëlle Finidori,
Directrice des affaires scientifiques
de la Fondation Recherche Médicale
1
visitez le site consacré à l’événement http://www.jfrm.org
pour plus d’infos, consultez la page http://www.frm.org/demandez/dem_specifiques_allergie.php
2
Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
2
De nombreuses
menaces silencieuses
conscience de la nécessité de se protéger
individuellement contre le bruit.
Dr Gabrielle Favre-Michau
Chef de clinique,
service ORL, CHU de Toulouse
Les progrès
pour réparer l’oreille malade
> Les facteurs
favorisant
les troubles de
l'audition
Dans la population
générale, l'âge est
responsable de la
plupart des
surdités. La
presbyacousie
touche une grande
partie des
personnes de plus de 50 ans et ce problème
ira croissant avec le vieillissement de la
population. Chez l'adulte jeune, la cause la
plus fréquente des surdités, ce sont les
séquelles d'otites chroniques. Ces séquelles
sont des cicatrices d'infections répétées que
peuvent présenter certaines personnes ayant
des prédispositions pour ce type de
pathologie. Ces lésions sont en régression car
les enfants sont beaucoup mieux soignés qu'il
y a quelques années, en particulier par des
antibiotiques contre les infections. Environ 6
millions de Français seraient atteints de surdité
dont plus de la moitié par une surdité légère à
modérée.
> Et l'environnement ?
L'environnement n'est peut-être pas un facteur
plus aggravant aujourd'hui qu'auparavant mais
il y a une meilleure sensibilisation aux risques
d'une exposition sonore répétée sur l'audition.
Aujourd'hui, de nombreux efforts sont réalisés,
notamment dans les entreprises pour
améliorer les conditions de travail. Des actions
collectives visent à améliorer le niveau sonore
général dans le lieu de travail. Il peut
également s'agir de mesures de protection
individuelle telles que les casques ou les
bouchons antibruit. Ces mesures quasiment
systématiques aujourd'hui ne l'étaient pas il y a
quinze ou vingt ans. Les personnes étaient
alors beaucoup plus exposées au bruit mais
elles étaient également moins sensibilisées
aux risques. Des efforts ont également été
faits dans les boîtes de nuit après la parution
de certaines lois limitant le nombre de
décibels. Il faut ensuite que chacun prenne
Pr Bernard Fraysse
Chef du service ORL, CHU de Toulouse
> L’implant cochléaire
L'implantation cochléaire devient une
technique ancienne puisqu'elle a 25 ans. La
très grande majorité des surdités sont liées à
une atteinte des cellules de l'oreille interne et
95 % des enfants qui naissent sourds ont un
problème cellulaire. Le son arrive dans une
oreille normalement formée mais la cellule qui
doit transformer l'impulsion acoustique en
stimulation sur le nerf auditif ne fonctionne
pas. Des techniques consistant à remplacer
les cellules de l'oreille interne par des
électrodes ont alors été développées. Sur le
plan chirurgical, il s’agit d'introduire dans
l'oreille interne une électrode tous les
millimètres. Chaque électrode est connectée à
un récepteur situé sous la peau qui capte les
sons extérieurs, sélectionne les fréquences
aiguës, moyennes et graves et envoie une
impulsion sur un groupe de fibres situé à côté.
Cela paraît merveilleux. Malheureusement,
l'oreille interne comporte 20 000 cellules et il
n’est possible d’implanter que 22 électrodes
donc il est impossible de reconstituer tout le
patrimoine cellulaire. Les résultats permettent
néanmoins de sortir de l'isolement des
personnes qui ont une surdité sévère ou
profonde.
> Une technique pour des surdités sévères
ou profondes bilatérales
L'implantation cochléaire s'adresse avant tout
aux patients qui ont une surdité sévère ou
profonde, c'est-à-dire qui, à 60 décibels et
avec un appareillage, comprennent moins de
50 % d'une liste de mots ou de phrases. Il y a
deux populations totalement différentes : les
très jeunes enfants qui naissent sourds et les
adultes qui le deviennent. Depuis six mois, le
ministère de la Santé a décidé un programme
national de dépistage systématique de la
surdité chez le nouveau-né. Six régions ont été
sélectionnées : l'Aquitaine, l'Ile-de-France,
Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, le LanguedocRoussillon et le Nord-Pas-de-Calais. Cela est
Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
3
très important car c'est la précocité de la prise
en charge d'une déficience, quelle qu'elle soit,
qui permet d'obtenir un meilleur résultat. Pour
les adultes qui deviennent sourds, la technique
donne des résultats très satisfaisants en cas
de surdité totale due à une otite chronique ou
à une exceptionnelle maladie de Ménière
bilatérale.
> Les progrès de
l'imagerie
médicale
Dans le domaine
de l'oreille, le
scanner a fait des
progrès
considérables. Sur
un scanner de
l'oreille réalisé il y
a quinze ans, les
plans de coupe
étaient de
2 centimètres, ce qui ne permettait que de voir
vaguement la mastoïde. Aujourd'hui, ces plans
de coupe sont de 0,3 millimètre. Cela permet
de distinguer parfaitement les branches des
osselets, la fixation de l'osselet ou une
pathologie telle que l'otospongiose de manière
absolue. Il y a une dizaine d'années sont
arrivés les IRM qui ont également fait des
progrès considérables dans l'imagerie du nerf
auditif et dans la vision des liquides de l'oreille
interne.
Nous en sommes arrivés aujourd'hui à la
troisième génération qui est absolument
fascinante : l'imagerie fonctionnelle. Avec les
PET-scans, il est aujourd'hui possible
d’observer comment le cortex cérébral réagit à
une stimulation auditive.
La Fondation pour la Recherche Médicale
finance d’ailleurs l'un de nos jeunes
chercheurs qui étudie comment le cerveau se
comporte lorsqu'il y a une déprivation
(absence de stimulation auditive) et comment il
se modifie après une stimulation auditive par
l'implant. Il est donc possible d'évaluer les
modifications du cortex avant et après
l'implantation cochléaire afin de déterminer la
zone qui se régénère. C'est fondamental parce
que cette recherche devrait permettre de
mieux orienter la rééducation. L'implantation
est une technique chirurgicale mais ce qui est
crucial, c'est tout l'environnement de la
rééducation et de la réhabilitation – le travail
magnifique réalisé par les orthophonistes.
Une recherche
qui va faire du bruit
Dr Didier Dulon,
Directeur de recherche de l'Inserm EA 3665
"Biologie cellulaire et moléculaire de l'audition",
Bordeaux
Comme dans tous les domaines de la science,
la recherche fondamentale sur l'audition se
place dix ou vingt ans avant les applications
cliniques qui découleront de son travail. Trois
progrès essentiels ont été réalisés.
> Une meilleure compréhension du
fonctionnement des cellules ciliées
Le premier progrès est une meilleure
compréhension des mécanismes de
fonctionnement des cellules ciliées. Ces
dernières sont la structure élémentaire de
l'audition qui permet de percevoir les sons et
de transformer cette stimulation mécanique en
signal électrique. Celui-ci sera interprété par le
nerf auditif qui enverra le message au cerveau.
Chacune des 20 000 cellules ciliées de la
cochlée fonctionne comme un petit
microphone quasiment accordé pour chaque
fréquence. La recherche fondamentale a isolé
la molécule clé transductrice au niveau des cils
qui permet la conversion de l'énergie
mécanique en énergie électrique.
Par ailleurs, la recherche a démontré
récemment que l'oreille n'était pas un organe
sensoriel passif mais actif et qu’elle possédait
des mécanismes amplificateurs dans la
cochlée. L'oreille est un microphone associé à
un amplificateur (les auto-émissions
acoustiques). Cela a permis de mettre au point
le test des auto-émissions chez les nouveaunés afin de tester leur audition de manière
objective.
> Les progrès de la génétique
Il faut également souligner les avancées
considérables dans la génétique des surdités.
La recherche française est leader dans ce
domaine. Le laboratoire Inserm de Christine
Petit à Paris a identifié de très nombreux
gènes responsables de surdités. Cette
identification permettra certainement dans le
futur d’élaborer des tests de dépistage
précoces de la surdité et, à plus long terme, de
mettre au point des moyens de réparation des
gènes affectés par ces maladies génétiques.
Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
4
La thérapie génique en est toutefois encore
loin mais de nombreux espoirs reposent sur
elle.
> La
régénérescence
des cellules
ciliées
La
régénérescence
possible des
cellules ciliées
donne également
beaucoup
d'espoirs. Il faut
toutefois rester
très prudent. Les
20 000 cellules ciliées par cochlée constituent
un capital de départ qui s'amenuise avec l'âge
(presbyacousie) et qui ne se renouvelle pas
spontanément chez les mammifères
(contrairement aux animaux à sang-froid).
Deux professeurs américains ont récemment
démontré une possibilité de régénérescence
des cellules ciliées après destruction chez le
cobaye et la souris dans des conditions très
particulières. Ces découvertes laissent un
espoir thérapeutique pour l'homme qui pourrait
aboutir à une application dans une dizaine
d'années.
Laurent Romejko – Pouvez-vous nous parler
des travaux de recherche que vous menez
avec l'aide de la Fondation pour la Recherche
Médicale ?
Dr Didier Dulon – La Fondation pour la
Recherche Médicale nous a aidés à acquérir
des équipements de microscopie nous
permettant de travailler au niveau cellulaire, à
recevoir des postdoctorants étrangers dans
notre laboratoire et à financer des étudiants,
ce qui est fondamental pour nous.
Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
5
Témoignages
Jérôme Goust – J'ai bénéficié d'un implant du
côté gauche il y a quinze mois. C'est le
Professeur Fraysse qui m'a opéré. J'étais
appareillé depuis trente et un ans avec une
perte progressive de l'audition. J'ai toujours
continué à travailler mais cela devenait difficile.
Après l'opération, j'ai récupéré une audition de
manière spectaculaire. Cela m'a permis hier de
discuter pendant dix heures sur la place de la
mairie de Bobigny avec le public nombreux
venu assister à l'opération de démarrage du «
Bus de l'audition » dont je suis le coordinateur
et qui arrivera à Toulouse le 20 octobre. Cette
technique est merveilleuse puisqu'il y a quinze
ans, ma seule perspective était de devenir très
précocement sourd intégral. Je n'ai jamais été
sourd, j'ai toujours été malentendant donc j'ai
toujours pu communiquer.
En revanche, il faudrait mener des recherches
pour optimiser l'utilisation dans la vie
quotidienne de tous ces outils merveilleux dont
nous sommes la première génération à
bénéficier. Être sourd n'est pas une maladie,
c'est être touché dans les communications.
Nous ne sommes pas des malades, nous
sommes des malentendants.
Pr Bernard Fraysse – J'ai plaisir à recevoir
très souvent en consultation Monsieur Goust
qui est un exemple de combativité et un
malade merveilleux. Sa démarche s'inscrit un
peu dans celle de la Fondation pour la
Recherche Médicale parce que, quelque part,
le progrès médical doit venir du public. La
recherche fondamentale ou la recherche
clinique doivent avant tout répondre à des
besoins et ces besoins sont exprimés par le
public. C'est grâce à des manifestations
comme celle-ci, à des associations, à des
malades, que la médecine progresse à petits
pas et non pas simplement grâce aux
chercheurs et aux chirurgiens.
Un malentendant – Je suis devenu sourd et je
n'ai pas de grandes espérances vis-à-vis de
l'implant car je ne pense pas redevenir
entendant comme auparavant. J'ai rencontré
des personnes implantées qui ne disent pas
que c'est une réussite. Au contraire, elles le
vivent comme un échec. Il faut parler des
aspects négatifs. Je crois qu'il ne faut pas
rêver parce qu'il faut être conscient que le fait
de recevoir un implant ne permet pas de
redevenir entendant comme tout un chacun et
cela me fait mal au cœur. Je m'accepte en tant
que sourd et je me dis que je n'ai pas besoin
de l'implant. Il existe la langue des signes. Je
peux aller à l'université, travailler et vivre sans
implant.
Pr Bernard Fraysse – Je respecte tout à fait
le mode de communication signé et nous ne
sommes pas là pour faire un combat entre la
langue des signes et l'oralisme. Chacun a le
choix de ce mode de communication.
Néanmoins, il ne faut pas non plus apeurer le
public sur les résultats de l'implant cochléaire.
Il y a plus de 80 000 personnes implantées
dans le monde. Des comités de
matériovigilance suivent chaque patient
implanté. C'est une obligation légale dans tous
les pays occidentaux. Aujourd'hui, le taux
d'échec de l'implantation est de 2 % et ce
chiffre correspond à des pannes ou une
absence de résultats. Il faut différencier deux
choses fondamentalement différentes. Il y a
d'un côté l'aspect éducatif et je respecte tout à
fait les personnes qui veulent avoir une
éducation signée, ce qui est même
encourageant dans certains domaines. En
revanche, il ne faut pas donner à ceux qui ont
fait le choix de l'oralisme des informations qui
ne sont pas les bonnes. Dans le monde entier,
des milliers d'articles scientifiques sont publiés
sur les effets bénéfiques et négatifs de
l'implantation.
Jérôme Goust - Après trente ans de
malentendance, je ne suis pas redevenu
normo-entendant avec l'implant puisque
lorsque je l'enlève, je suis totalement sourd (je
ne mets plus ma prothèse droite parce qu'elle
est trop désagréable par rapport à ce que
j'entends à gauche). En revanche, je suis né
entendant, c'est ma condition originelle, donc
j'ai toujours voulu rester dans le camp des
entendants. Je n'ai jamais voulu être
handicapé. Le handicap en général renvoie à
une dialectique très bien décrite par Jean-Paul
Sartre dans Réflexion sur la question juive qui
est la dialectique du ghetto. En effet, en tant
que malentendant depuis 32 ans, même
maintenant avec mon implant, je ne joue pas
en première catégorie mais je communique
avec l'ensemble de la société ainsi que je l'ai
toujours fait. Je communiquais de plus en plus
mal et, tout à coup, je communique beaucoup
mieux mais tout en restant en "deuxième
division". C'est la différence avec un enfant qui
naît sourd et que l'on cherche à introduire dans
la communication orale ou gestuelle. J'ai
effectivement le privilège d'avoir un implant qui
fonctionne très bien, ce qui n'est pas le cas de
Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
6
toutes les personnes implantées que je
rencontre. Cela me permet de rester dans le
monde où je suis né.
Une malentendante – Je suis la fondatrice de
l'association "Sourds en colère" et, en 1993,
nous nous étions rendus à Paris où s’étaient
déroulés de nombreux débats, notamment
contre l'implant cochléaire. On nous avait alors
promis la création d'un comité qui publierait les
résultats des implants sur les enfants et les
adultes mais les pourcentages d'échecs n'ont
jamais été publiés. Je n'ai encore jamais
rencontré une seule personne implantée qui
soit satisfaite de son implant. Je mets donc
totalement en doute le pourcentage de 2 %
d'échec. Il faut cesser d'implanter à tout-va. Je
pense que l'appareillage est suffisant. La
langue des signes existe et me permet de
vivre comme tout le monde. Ma seule
différence est que j'utilise la langue des signes
parce que je n'entends pas.
Pr Bernard Fraysse – Le ministère a
effectivement commandé une série de
protocoles qui sont publiés, connus et les
résultats du PHRC national sur les implants
sont mis à la disposition de chacun.
Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
7
Les réponses
à vos questions
« Quelles sont les parties de l'oreille qui
sont atteintes lors d'une surdité d'origine
génétique ou consécutive à un accident ? »
Pr Bernard Fraysse – Les questions
premières sont : À quoi sert d'entendre ? Et
comment fonctionne l'audition ?
Entendre sert évidemment avant tout à
communiquer et à développer le langage. Un
enfant qui naît profondément sourd ne pourra
pas développer le langage parce que la boucle
audio-phonatoire ne se fera pas. Mais cela sert
également aux fonctions d'alerte (entendre le
crépitement d'un incendie pour se sauver) et à
se situer dans l'environnement sonore. C'est
parce que nous avons deux oreilles que nous
comprenons d'où vient le bruit.
Comment fonctionne l'oreille ? Le pavillon est
le capteur. C'est la raison pour laquelle des
reproductions anciennes de malentendants
montrent des grands cornets qui servaient à
amplifier le rôle du pavillon. Il y a ensuite un
système de transmission qui prend les sons de
l'extérieur pour les amener à l'oreille interne
qui comprend le tympan et les osselets. Ces
derniers sont des petits os qui se mettent en
mouvement au fur et à mesure que l'onde
sonore les traverse. Dans l'oreille interne, une
grande vague se déplace plus ou moins
rapidement en fonction de l'intensité et de la
fréquence du son. Comme sur les touches
d'un piano, cette vague tape sur les
fréquences aiguës, moyennes ou graves selon
que le son est aigu, moyen ou grave. En
fonction de la fréquence du son, différentes
zones de l'oreille sont stimulées. L'information
ainsi reçue va suivre les voies auditives pour
arriver au cerveau. Celui-ci va d'abord prendre
l'information puis la rapprocher d'une autre
zone qui va la comprendre, la reconnaître, la
différencier.
Pour répondre à la question, on traite
différemment les pathologies de l'oreille
moyenne, de l'oreille interne ou du nerf de
l'audition. Les diagnostics sont différents en
fonction des zones topographiques où l'oreille
est atteinte.
« Après maintes opérations des oreilles, le
fait de mal entendre me gêne mais le bruit
également. Par exemple, ce soir, je suis
concentrée pour essayer de bien entendre
mais la résonance du micro me fait souffrir.
Pourquoi ? »
Pr Bernard Fraysse – Il y a plusieurs
explications. Comme votre niveau auditif est
plus bas, vous êtes obligée de porter une
attention plus forte donc vous concentrez toute
votre énergie à capter une information et votre
cortex est alors plus actif. Deuxièmement, en
cas de surdité, quelques cellules ont perdu
leur activité et d'autres essaient de s'y
substituer en travaillant deux fois plus, ce qui
les fatigue davantage.
« Pourquoi ne puis-je pas supporter le bruit
en général et le brouhaha en particulier ? »
Pr Bernard Fraysse – En cas de déficience
auditive, deux phénomènes se produisent :
certaines cellules travaillent davantage que les
autres (ce qui entraîne une hypersensibilité au
bruit) et il devient difficile d'extraire des mots
d'un environnement bruyant. Pour que l'oreille
et le cortex soient capables d'extraire les mots
dans un environnement bruyant, il faut que les
fréquences aiguës soient tout à fait normales.
Le brouhaha rend donc sourd parce qu'il
empêche l'extraction des mots dans un
environnement bruyant.
« Existe-t-il des techniques qui permettent
de mesurer l'amplitude et la puissance des
sons perçus lors d'un acouphène ? »
Pr Bernard Fraysse – Il y a deux types
d'acouphènes. Les acouphènes objectifs, que
le médecin entend, sont souvent secondaires
à une pathologie, notamment à des troubles
vasculaires. Les acouphènes subjectifs sont
des bruits anormaux perçus par le sujet mais
que le médecin n'entend pas. Des techniques
d'acouphénométrie existent. En envoyant un
bruit similaire, il est possible de déterminer la
fréquence exacte en hertz et l'intensité en
Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
8
décibels de l'acouphène. Il est étonnant de
constater qu'il n'y a pas de relation entre
l'importance de la gêne ressentie par le sujet
et l'intensité mesurée. Certains patients sont
très peu gênés par des intensités
d'acouphènes très élevées alors que d'autres
acouphènes d'une intensité très faible
produisent des symptômes très invalidants. Il
faut prendre les acouphènes très au sérieux.
« Qu'en est-il des médicaments ou des
traitements contre les acouphènes ? »
Dr Gabrielle Favre-Michau – Les acouphènes
sont actuellement traités par des médicaments
généraux tels que des vasodilatateurs ou des
protecteurs de l'oreille qui permettent de
diminuer la souffrance de l'oreille interne. À ce
jour, il n'existe pas de médicaments
spécifiquement efficaces sur l'acouphène. Les
études en cours en sont encore au stade
expérimental sur l'animal.
« Certains facteurs environnementaux
peuvent-ils occasionner des
acouphènes ? »
Dr Gabrielle Favre-Michau – L'acouphène est
un bruit perçu au niveau d'une ou des deux
oreilles et peut parfois être mal latéralisé (la
personne ne sait pas de quelle oreille provient
le bruit). Certaines expositions sonores
peuvent être responsables des acouphènes
mais également certaines pathologies
auditives telles que des infections ou des
maladies.
« Lors de l'explosion de l'usine AZF, j'ai été
blessée aux oreilles et j'ai constamment
des acouphènes. Existe-t-il un traitement
pour que la situation ne s'aggrave pas ? »
Pr Bernard Fraysse – Les problèmes auditifs
représentent 44 % des séquelles de l'explosion
d'AZF, c'est donc véritablement un problème
de santé publique. Ces séquelles sont
variables. Elles peuvent se situer uniquement
sur le versant de la surdité ou il peut s'agir
d'acouphènes. Les acouphènes sont les
témoins soit du traumatisme acoustique (l'effet
de souffle de l'explosion), soit de la
décompensation du processus physiologique
qu'est la perte normale de quelques cellules de
l'audition. Pour éviter que ces acouphènes
s'amplifient, il faut qu'un ORL surveille
l'évolution de l'audition. Il s'agira ensuite de
recourir à diverses thérapeutiques
(médicaments, relaxation, appareillages,
stimulation) qui dépendront de l'intensité de
l'acouphène.
« Je me plains très souvent d'acouphènes,
notamment la nuit parce qu'ils
m'empêchent de dormir. Je suis ainsi
entrée peu à peu dans une autre maladie,
celle de l'insomnie. Pourquoi les médecins
ne mesurent-ils pas systématiquement ces
acouphènes puisqu'ils sont une gêne dans
la vie quotidienne ? »
Pr Bernard Fraysse – Je ne peux pas parler
au nom de tous les médecins. L'une des
explications vient peut-être du fait que c'est
une prise en charge thérapeutique très difficile
qui suppose tout un environnement
multidisciplinaire pour traiter l'acouphène. Il ne
suffit pas d'évaluer le retentissement auditif, il
faut également évaluer le retentissement
psychologique, étudier tous les antécédents en
termes de pathologie, disposer d'un bilan
d'imagerie de qualité. L'acouphène peut
effectivement aboutir à l'insomnie. Il n'y a pas
de solution thérapeutique miracle comme dans
le cas de l'otospongiose parce que
l'acouphène est multifactoriel. Sa prise en
charge est donc également multifactorielle. Il
faut associer des thérapeutiques médicales
pour faciliter la diminution de l'intensité de
l'acouphène et des thérapeutiques dites «
comportementales » pour diminuer l'intensité
de la perception de l'acouphène.
« Des recherches sont-elles réalisées sur
les acouphènes afin de trouver de
nouveaux traitements ? »
Dr Didier Dulon – L'origine et les
conséquences de l'acouphène peuvent être
multiples. Les causes ne sont pas encore
concrètement connues. Il s'agit probablement
d’un dérèglement de la décharge du nerf
auditif. C'est-à-dire qu'il y a une destruction
des cellules ciliées et que les fibres afférentes
se trouvant privées d'excitation par la cellule
ciliée envoient des signaux au cerveau qui ne
correspondent plus à la réalité. Il y a ensuite
une implantation au niveau du cortex auditif
qui peut être durable. À l'Université de
Montpellier, le Professeur Jean-Luc Puel a
développé un modèle de souris acouphénique.
Les mécanismes qui génèrent ces bruits
Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
9
fantômes en l'absence de sons
s’expliqueraient par un dérèglement au niveau
de la connexion électrique située sous la
cellule ciliée qui s'exciterait toute seule en
l'absence d'un signal provenant de la cellule
ciliée.
« La mise en place d'un appareil auditif
freine-t-elle l'évolution de la surdité ou estce un palliatif ? »
Pr Bernard Fraysse – Le nerf auditif est
semblable à un muscle. Plus il travaille, plus il
y a de chance de freiner l'évolution de la
surdité. À Lyon, le Professeur Collet a analysé
l'évolution du cortex de personnes qui n'étaient
appareillées que d'un côté. Alors que le niveau
auditif est le même des deux côtés, il a
constaté que la stimulation permet un
fonctionnement de l'audition qui ralentit le
processus de surdité.
« Les personnes âgées appareillées se
plaignent souvent de leur appareil et
d’entendre des bruits intolérables
lorsqu'elles se trouvent dans une
assemblée bruyante. Elles disent
également que certains matériels sont plus
performants que d'autres. Est-ce le
praticien qui conseille le matériel le mieux
adapté ? Et combien cela coûte-t-il ? »
Pr Bernard Fraysse – En vieillissant, les
fréquences aiguës diminuent parce que le
départ de l'oreille interne, la cochlée, a une
zone de fragilité sur les aigus. Or les aigus
sont absolument nécessaires pour comprendre
le bruit. Dans une assemblée, il faut deux
éléments : la stéréophonie (deux oreilles qui
fonctionnent) et des aigus d'un bon niveau. La
difficulté de l'appareillage de ce type de
surdité, de loin le plus fréquent, est de parvenir
à amplifier suffisamment les aigus sans avoir
une distorsion des sons, notamment sur les
fréquences graves. La première
recommandation est donc d'appareiller le plus
tôt possible. Il se produit sinon une déprivation
qui fait que le nerf auditif n'a pas fonctionné
sur les aigus à une certaine intensité et la
stimulation devient de plus en plus difficile.
Cela ne restituera pas une audition normale.
C'est à chaque fois une suppléance, ce sont
des béquilles de l'oreille. En conséquence, il
faut accepter un certain nombre d'intolérances
et porter l’appareil. Je préconise toujours un
appareillage le plus précoce possible, un essai
de la prothèse en situation pendant un ou deux
mois puis de faire un bilan très précis du gain
de la compréhension. Enfin, il faut avoir une
discussion en fonction de l'apport avec l'ORL
et l'audioprothésiste.
« Un rejet de l'appareillage peut-il
apparaître au bout d'un certain moment ? »
Pr Bernard Fraysse – Plusieurs problèmes
peuvent se présenter. Le premier peut provenir
du conduit auditif externe et d'une pathologie
de corps étranger. Deuxièmement, la surdité
peut continuer à évoluer parce que
l'amplification n'est plus suffisante pour
stimuler le nerf.
« Quelle est la durée de vie d'une prothèse
auditive ? Par ailleurs, existe-t-il des
risques de cancer cérébral induits par une
importante stimulation via cette
prothèse ? »
Pr Bernard Fraysse – Les prothèses doivent
effectivement être remplacées à une
fréquence qui dépend de l'intensité de leur
utilisation. L'École bordelaise, notamment
Jean-Marie Aran, a beaucoup travaillé sur
l'impact des stimulations sur le cortex par le
téléphone. Des crédits européens lui ont
même permis de travailler sur l'éventuelle
nocivité du téléphone portable.
Dr Didier Dulon – Les résultats que nous
avons publiés démontrent que pour des
expositions à court terme (de quelques mois à
une année), il n'y a pas d'effets immédiats sur
les seuils auditifs. Il sera toutefois nécessaire
de prendre du recul sur plusieurs années,
voire plusieurs dizaines d'années.
« La prothèse auditive nécessite une
manipulation et un entretien qui peuvent
s'avérer difficiles pour une personne très
âgée ayant des problèmes de vue et de
dextérité. Jusqu'à quel âge une personne
peut-elle s'occuper de sa prothèse d'une
façon autonome ? Comment cette prise en
charge est-elle effectuée dans les maisons
de retraite ? »
Pr Bernard Fraysse – Plusieurs de mes
patients ont plus de 95 ans et sont appareillés
alors que certaines personnes beaucoup plus
jeunes éprouvent des difficultés à manipuler
Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
10
leur prothèse. Lorsque l'on vieillit, il est
fondamental de ne pas s'isoler et la surdité est
une façon de se couper du monde. Le fait que
des personnes âgées commencent à ne plus
participer à un repas de famille ou à la vie en
société parce qu'elles rencontrent des
difficultés à communiquer participe quelque
part à une absence de stimulation du cortex,
ce qui n'est pas une bonne chose. Par
conséquent, il faut trouver tous les moyens de
poursuivre cette stimulation. J'insiste sur le fait
que cette stimulation doit être mixte : plus il y
aura d'informations auditives ou visuelles, plus
le cerveau restera en éveil, plus il sera facile
de symboliser un mot et de participer à la
communication.
« Existe-t-il des prothèses compatibles
avec les téléphones portables ? »
Pr Bernard Fraysse – Certaines prothèses
sont compatibles avec les téléphones
portables. La qualité acoustique d'un
téléphone portable est même meilleure que
celle d'un téléphone fixe.
« En tant que Toulousain malentendant, je
suis déçu qu'il n'y ait pas davantage de
salles de cinéma équipées de boucles
magnétiques qui permettent aux
malentendants équipés d'une aide auditive
de pouvoir entendre parfaitement le son
d'un film. Cela nécessite pourtant un
investissement dérisoire. »
Pr Bernard Fraysse – Je partage tout à fait
votre avis. Je signale d'ailleurs que Jérôme
Goust a écrit un livre extrêmement précieux
sur toutes les aides techniques. Il m'est difficile
d'intervenir sur les salles de cinéma, je pense
que c'est aux associations de les inciter à
s'équiper.
Il arrive effectivement un moment où la
manipulation de la prothèse est difficile. Je
crois qu'il faut alors sacrifier l'aspect esthétique
à l'aspect fonctionnel et utiliser plutôt des
contours que des prothèses intra-numériques
difficiles à enlever et à manipuler. Par ailleurs,
les contours permettent une amplification plus
importante. Cela s’inscrit évidemment dans la
contribution générale de l'environnement à
l'aide aux personnes âgées.
Lorsque l'oreille faiblit, l'organe de l'équilibre
faiblit également et les troubles de la marche
et de la stabilité sont l'une des problématiques
essentielles des sujets âgés. Cela provient
souvent d'une dégénérescence de l'autre
versant de l'oreille interne qu'est le vestibule.
Pour aider ces personnes, il faut réaliser une
rééducation vestibulaire et également de
l'équilibre. Il est donc nécessaire de les aider à
marcher et à utiliser d'autres fonctions. Une
personne reste en équilibre parce qu'elle
dispose de quatre fonctions : la vision qui
permet d'avoir un point fixe, l'oreille interne qui
envoie des impulsions symétriques des deux
côtés, le système moteur qui empêche la
chute et le cervelet qui fait fonctionner toutes
ces informations. Lorsque la personne vieillit,
tous ces organes doivent être stimulés.
« À la suite d'une opération d'un neurinome
de l'acoustique du côté droit, je suis
totalement sourde. Depuis, je souffre
également d'acouphènes. Les implants
cellulaires peuvent-ils m'apporter quelque
chose ? »
Pr Bernard Fraysse – Le neurinome de
l'acoustique est une lésion qui se développe
sur le nerf auditif entre l'oreille interne et le
tronc cérébral. C'est une pathologie très
sérieuse pour laquelle le pronostic est
directement lié à la précocité. En d'autres
termes, plus la tumeur est petite, moins les
séquelles sont importantes. Plus la tumeur est
grosse, plus les séquelles sont lourdes et cela
devient un pronostic vital puisque le neurinome
comprime alors le tronc cérébral. Dans la
majorité des cas, il n'est pas possible de
conserver une audition après une chirurgie du
neurinome puisque l'essentiel du nerf auditif
est envahi par le neurinome.
Vous n'êtes pas une indication d'un implant
cochléaire puisque celui-ci s'adresse aux
surdités sévères bilatérales. En revanche, pour
les surdités unilatérales, mon équipe a
développé des techniques d'implantations à
conduction osseuse. Il faut néanmoins être
Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
11
très prudent quant aux résultats. Le fait de
n'avoir qu'une seule oreille est essentiellement
perturbant dans la mesure où la stéréophonie
a disparu donc il n'est plus possible de
localiser les sons dans l'espace. Dans
certaines circonstances, ces implants
permettent de rétablir un peu la localisation
dans l'espace.
« Concernant les implants cochléaires, le
Professeur Fraysse a indiqué que les
20 000 cellules étaient "remplacées" par
22 capteurs. Des recherches sont-elles en
cours pour trouver un moyen technique qui
permettrait d'implanter 150 capteurs ? »
Pr Bernard Fraysse – Aujourd'hui, les
techniques d'implants sont très codifiées. Il
faut différencier la fiabilité des implants et les
résultats. Le résultat peut varier d'une simple
restitution de l'environnement sonore
permettant de savoir lorsque le téléphone
sonne ou lorsqu'une voiture passe à une
compréhension dans le bruit qui permet à
certaines personnes implantées de téléphoner
avec un portable. Le résultat dépend de l'âge,
de la durée de la déprivation (combien de
temps le nerf n'a-t-il pas été stimulé ?), de la
cause de la surdité, de la rééducation, etc.
Entre l'audition normale et l'absence totale
d'audition, le curseur est très variable mais les
implants cochléaires sont loin d'apporter une
audition normale.
En termes de techniques chirurgicales, il n'est
pas très compliqué d'augmenter le nombre
d'électrodes à 100 mais il faut qu'il y ait en
face suffisamment de fibres capables d'être
stimulées. Le problème porte donc plutôt sur le
nombre de fibres restées en place que sur la
création d'une centaine d'électrodes. Des
progrès considérables sont réalisés sur le
processeur externe qui capte le son et le
traduit. Il est également possible d'imaginer à
moyen terme qu'il ne s'agira plus d'une
stimulation électrique mais de substances qui
favoriseront l'adhésion, la régénérescence ou
au moins l'absence de dégénérescence. Dans
vingt ans, nous constaterons probablement
que certaines pistes auront été abandonnées
et que de nouvelles seront apparues. Il y a
vingt ans, nous ne pouvions pas imaginer
qu'une IRM permettrait d'observer le nerf
auditif et le contenu de la cochlée, de voir le
cortex cérébral fonctionner avec et sans
stimulation auditive. Les progrès sont
fascinants et il est difficile de faire de la
prospective au sujet des pistes actuelles.
« La technique de l'implant du tronc
cérébral est-elle arrivée à maturité ou
relève-t-elle encore du domaine de la
recherche ? »
Pr Bernard Fraysse – L'implant du tronc
cérébral est une exception qui reste réservée
aux personnes ayant été opérées de tumeurs
cérébrales bilatérales (très rares), qui n'ont
plus de nerfs auditifs et qui ne peuvent donc
plus recevoir aucune stimulation. Cette
technique ne sera pas développée à d'autres
indications puisque le nerf auditif est encore
présent dans 90 % des cas.
« Quelle est l'origine des vertiges de
Ménière et comment les soigne-t-on ? »
Pr Bernard Fraysse – C'est un neurologue
français, Prosper Ménière, qui a été le premier
à constater chez des malades qui souffraient
de vertiges que cette pathologie provenait de
l'oreille interne et non pas d'une anomalie
neurologique. La maladie de Ménière est un
trouble de la sécrétion ou de l'excrétion des
liquides de l'oreille interne. Parce que la
sécrétion est trop importante ou l'excrétion
insuffisante, l'oreille interne gonfle tout à coup,
ce qui entraîne soit un échange un peu brutal
entre le sodium et le potassium, soit une
distorsion de l'organe de l'équilibre qui
déclenche un grand vertige rotatoire de
plusieurs minutes. En même temps que ce
vertige, il y a des signes auditifs tels que des
acouphènes et une perte de l'audition.
Dans la majorité des cas, la maladie de
Ménière est parfaitement contrôlée par un
traitement médical qui associe des antivertigineux, un diurétique et des
vasodilatateurs. Si le traitement médical reste
sans effet, il est possible de recourir à une
thérapeutique qui agit sur la pression de
l'oreille interne ou à une intervention
chirurgicale. Néanmoins, grâce au traitement
médical et à une rééducation de l'équilibre par
des kinésithérapeutes, le nombre de patients
nécessitant une intervention chirurgicale est de
plus en plus réduit.
« Une personne atteinte de la maladie de
Ménière doit-elle éviter l'altitude ? Peut-elle
prendre l'avion ? Peut-elle pratiquer une
activité sportive ? Si oui, laquelle ? »
Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
12
Pr Bernard Fraysse – Il est préférable qu'une
personne qui a un trouble de l'équilibre évite
les situations dangereuses telles que celle de
se retrouver en hauteur sur une poutre sans
être attachée. En ce qui concerne l'altitude et
l'influence des variations de pression sur la
maladie de Ménière, les avis sont
contradictoires. En Suisse, où il est facile
d'atteindre 500 mètres d'altitude en montagne,
un chirurgien genevois, Montandon, équipait
les personnes atteintes de la maladie de
Ménière de drains semblables aux yoyos pour
les enfants et le résultat était positif. Les
variations de pression semblaient donc avoir
une influence sur la maladie de Ménière. C'est
la raison pour laquelle nous disposons
aujourd'hui en France du protocole d'un
traitement décrit par les Suédois qui utilise les
variations de pression pour traiter la maladie
de Ménière. Quant aux avions, ils sont
parfaitement pressurisés donc il ne peut pas y
avoir d'incident.
diabète...), il faut équilibrer correctement
toutes ces pathologies. Des traitements de
confort peuvent ensuite être prescrits tels que
les anti-glutamates qui permettent une certaine
protection de l'oreille.
« Les médicaments peuvent-ils provoquer
des troubles de l'audition, notamment
l'Anafranil et les anticoagulants ? »
Pr Bernard Fraysse – Je n’ai pas d’avis. Ce
qui est très important, c'est de ne pas
introduire un produit toxique dans l'oreille en
cas de perforation tympanique. Si l'utilisation
de gouttes ou une baignade provoquent une
douleur ou un écoulement au niveau de
l'oreille, c'est qu'il y a une perforation de la
membrane tympanique et qu'il n'y a plus de
barrière entre l'extérieur et l'oreille moyenne.
Tous les toxiques provenant des gouttes ou de
l'eau de piscines sur-infectées peuvent
pénétrer dans l'oreille interne et provoquer des
catastrophes.
Dr Gabrielle Favre-Michau – Certains
médicaments sont reconnus comme ayant une
toxicité pour l'oreille, par exemple certains
antibiotiques. Ils sont alors utilisés avec
parcimonie, lorsqu'il n'est pas possible de faire
autrement, et après avoir exposé clairement à
la personne le risque qu’elle court. Il existe
ensuite des médicaments pour lesquels des
effets secondaires ont été signalés auprès des
centres de pharmacovigilance mais qui n'ont
pas une grande toxicité pour l'oreille. Ils sont
prescrits dans le but d'améliorer une
pathologie générale grave pour laquelle il
n'existe pas d'autre solution que de donner ce
type de médicaments. Cela pose le problème
du principe actif qui entraîne obligatoirement
des effets secondaires même s'il est fait en
sorte de réduire au maximum ces effets dans
les nouveaux médicaments.
« Y a-t-il des mesures particulières à
prendre pour ralentir l'évolution d'une
surdité débutante ? »
Dr Gabrielle Favre-Michau – Le plus
important est que les personnes atteintes
d'une surdité débutante se protègent du bruit.
En cas de problèmes de santé associés
(problèmes vasculaires, hypercholestérolémie,
« L'oreille se fatigue-t-elle ? Autrement dit,
le silence permet-il de reposer l'oreille et de
réduire les problèmes d'acouphène ou de
surdité ? »
Dr Gabrielle Favre-Michau – Il faut garder un
juste équilibre. Lorsque l'on conseille d'éviter
les expositions sonores, il s'agit des
expositions sonores importantes. Vivre dans le
silence n'est pas une solution puisque l'oreille
et les neurones auditifs sont fonctionnels parce
que nous les faisons travailler tous les jours.
« Que pensez-vous des nouveaux produits
d'hygiène de l'oreille arrivés sur le
marché ? »
Aujourd'hui, lorsque le tympan est perforé, des
greffes sont possibles. Il s'agit de greffer du
tissu de la personne elle-même à partir de
l'enveloppe du muscle situé derrière l'oreille
qui a exactement les mêmes caractéristiques
que le tympan. On positionne sous microscope
cette greffe à la place de la perforation, ce qui
permet une cicatrisation et la création d'une
nouvelle barrière entre l’extérieur et l'oreille
moyenne.
« La recherche médicale est-elle
actuellement en mesure d'apprécier les
risques de surdité chez les générations
futures ? En tant que chercheur, quelles
mesures pouvez-vous proposer aux
autorités publiques pour lutter contre ce
risque ? »
Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
13
Dr Didier Dulon – Je pense que c'est un
domaine éloigné des problèmes de la
recherche fondamentale. Il s'agit plutôt d'un
problème de santé publique, d'un problème
gouvernemental d'éducation pour faire en
sorte que chacun se protège contre les bruits
extérieurs.
« Je suis jeune et je souffre des deux
oreilles depuis plus de dix ans. J'ai
développé toutes les maladies internes
(cholestéatome, maladie de Ménière,
acouphène). Après avoir pris des
médicaments pendant dix ans, les
antalgiques habituels et ceux cités
précédemment (Anafranil et
vasodilatateurs) restent maintenant sans
effet. Quelles sont les solutions pour que je
cesse enfin de souffrir ? »
Pr Bernard Fraysse – Avant de répondre à
cette question, je souhaiterais remercier la
Fondation pour la Recherche Médicale de
nous aider dans de nombreux domaines et
souligner que sa mission d'information
participe au progrès médical.
Il est difficile de répondre à cette question sans
connaître le dossier et je veillerai à ne pas
faire une consultation publique. Il faut savoir
que les progrès de la recherche se font par
petites étapes et, dans le domaine de
l'audition, ils sont très grands depuis vingt ans.
Le cholestéatome est la tumeur bénigne la
plus fréquente de l'oreille. La peau traverse le
tympan pour se situer dans la mastoïde ou
dans l'oreille moyenne. Aujourd'hui, ces
lésions sont bien contrôlées, à la fois par la
microchirurgie mais également par la
radiologie pour suivre l'évolution s'il y a une
contre-indication opératoire.
L'acouphène est une façon pour l'oreille
d'exprimer qu'elle souffre. Lorsque des cellules
ont disparu, le cerveau interprète cette
disparition par un acouphène. Si l'acouphène
part de l'oreille, il se retrouve très vite au
niveau du cortex et est interprété par le
cerveau. Par exemple, il existe une pathologie
qui nécessite d'enlever le nerf auditif malade.
L'oreille n'est alors plus connectée au cerveau
mais le patient entend encore des
acouphènes. Cela ressemble au cas des
personnes qui ont mal au doigt alors qu'elles
n'ont plus de main.
J'expliquerai donc quelques pistes. Le
traitement est avant tout local afin que l'oreille
ne souffre pas ou guérisse. Deuxièmement, le
traitement obéit au même principe que la
douleur. Il peut s'agir de stimulation
(acoustique ou électrique). Enfin, le traitement
consiste en la relaxation. En diminuant le
niveau d'activité corticale, le niveau de
réceptivité de l'acouphène ou de la douleur est
diminué. Il y a donc un mélange entre le
traitement local, le traitement par voie générale
et la stimulation.
À Toulouse, nous avons la chance d'avoir une
association d'acouphéniques qui contribue à
apporter sa pierre à l'amélioration des
traitements. Grâce à elle, nous avons mis en
place une consultation multidisciplinaire qui
comporte des psychologues, des ORL, des
chirurgiens afin d’avoir une vision globale de
l'acouphène.
Je n'ai donc pas de solution pour répondre à
cette question mais des progrès sont en cours
et il existe de nombreuses pistes pour le cas
qui vient d'être évoqué.
« Comment soigne-t-on l'hyperacousie ? »
Pr Bernard Fraysse – Comme l'acouphène,
l'hyperacousie est une extrême sensibilité aux
bruits. Elle obéit exactement aux mêmes
techniques que les acouphènes, c'est-à-dire le
partage entre les traitements médicaux, la
psycho-relaxation, voire les thérapeutiques de
stimulation.
« J'ai été opérée d'une otospongiose il y a
vingt ans. Mon audition se situe à nouveau
au-dessous de la normale. Mes deux
oreilles sont atteintes alors qu'une seule
l'avait été auparavant. Est-il possible de
pratiquer une nouvelle greffe de l'oreille
moyenne ? »
Pr Bernard Fraysse – Ce n'est pas une
question facile à débattre. L'otospongiose est
une maladie génétique très fréquente dans le
pourtour méditerranéen. Elle se caractérise
par une anomalie de l'enveloppe entre l'oreille
moyenne et l'oreille interne et, plus
exactement, par la fixation d'un petit osselet,
l'étrier. C'est maintenant une chirurgie très
bien contrôlée puisqu'elle est réalisée sous
microscope avec un laser, le plus souvent en
ambulatoire. Le laser découpe l'étrier qui est
remplacé par un piston de quatre millimètres
de longueur. Il s'agit toutefois de traiter la
mécanique qui ne fonctionne pas et non pas la
maladie génétique. Cette dernière peut donc
continuer à évoluer en re-fixant le piston ou en
créant un certain nombre de lésions dans
Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
14
l'oreille interne.
Il est donc nécessaire de réaliser un bilan
auditif et un scanner. Selon le résultat, il sera
ou non possible de refaire une intervention
chirurgicale.
« Une malformation des trois osselets de
l'oreille moyenne est-elle opérable ? Si oui,
quel est le taux de réussite ? »
Pr Bernard Fraysse – Il est rare que les
malformations des osselets restent isolées.
Elles s'associent parfois à des malformations
de l'oreille interne ou du pavillon. Si seuls les
osselets sont en cause, la chirurgie donne
d'assez bons résultats avec une possibilité
technique de remplacer les osselets. Lorsque
l'atteinte des osselets s'associe à une
pathologie de l'oreille interne, c'est beaucoup
plus complexe.
parlé complété. Ce dernier donne de meilleurs
résultats car associer plusieurs stimulations
(auditives, visuelles) permet de faire travailler
davantage d'activités neuronales. Il paraît
évident que plus une personne malentendante
reçoit d'informations, plus la communication
est riche. Pour prendre un autre extrême, il
faut faire comprendre aux personnes atteintes
de presbyacousie qu'il n'y a pas seulement
l'appareillage et qu'il est également très
important de lire sur les lèvres, d'associer une
stimulation visuelle à la stimulation par une
prothèse. L'association des deux permettra au
cortex de recevoir davantage d'informations.
Synthèse rédigée pour la Fondation pour la Recherche
Médicale par Editelor. www.editelor.com
« Les cellules souches pourraient-elles
remplacer les cellules ciliées ? »
Dr Didier Dulon – C'est une piste pour la
recherche mais rien n'est encore concret pour
l'instant parce qu'il n'y a pas encore de cellules
souches clairement identifiées dans la
cochlée. Les chercheurs débattent de la
possibilité d'injecter dans la cochlée des
cellules souches qui régénéreraient
éventuellement les cellules ciliées mais la
cochlée n'est qu'un petit escargot d'un demicentimètre assez profondément implanté dans
l'oreille interne.
Les Journées de la Fondation Recherche
Médicale 2005 ont été organisées avec le
précieux soutien de l'AG2R, l'Assistance
Publique-Hôpitaux de Paris, IDS France,
Matmut, France 5, France Inter, Pleine Vie,
Top Santé, Femme Actuelle et La Vie. En
régions : les Dernières Nouvelles d’Alsace,
France3 Alsace, Ouest-France, France 3
Normandie, Le Dauphiné Libéré, Nice Matin,
France 3 Méditerranée, La Dépêche du Midi et
France 3 Sud.
« En tant que future orthophoniste, que
puis-je conseiller aux familles entre la
langue signée, la lecture labiale, etc. ? »
Pr Bernard Fraysse – Il faut avant tout
informer les familles de toutes les options
possibles en donnant pour chacune les
avantages et les inconvénients. Si vous avez
besoin d'une aide, vous pouvez recourir aux
Centres d'information de la surdité qui
participent à l'information de la manière la plus
neutre possible. Toutefois, trois facteurs
permettent aux enfants ayant une surdité
modérée ou sévère d'avoir une meilleure
intégration scolaire, une meilleure
communication et un meilleur développement
de la qualité du langage : une prise en charge
précoce ; l'investissement des familles dans
l'éducation et la prise en charge ; le langage
Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
15
À propos de la Fondation
Recherche Médicale
Créée en 1947 et reconnue d’utilité publique
depuis 1965, la Fondation pour la Recherche
Médicale a pour mission principale de financer
la recherche médicale grâce aux dons et legs
qu’elle collecte auprès du grand public et des
entreprises.
Ses aides concernent tous les aspects de la
recherche médicale, que celle-ci soit
fondamentale, clinique ou épidémiologique. Et
ceci, dans toutes les disciplines médicales. Le
but est clairement affiché : lutter contre toutes
les maladies, sur tous les fronts.
Grâce à la générosité de ses donateurs, la
Fondation Recherche Médicale est devenue
un acteur majeur de la recherche française.
Depuis sa création, elle a participé à toutes les
grandes découvertes médicales.
à travers sa revue Recherche & Santé, ses
guides « Santé : 100 idées reçues. L’avis des
chercheurs » et son site web www.frm.org.
Elle organise chaque année de nombreuses
rencontres chercheurs / grand public partout
en France pour favoriser le débat scientifique
au sein de notre société. À ce titre, elle s’est
vue attribuer par le Gouvernement le label
« campagne d’intérêt général 2005 ».
Quelques chiffres
► 15 millions d’euros sont consacrés
chaque année à la recherche.
► 440 000 personnes font chaque année un
« don utile » à la Fondation Recherche
Médicale.
► Grâce à ces dons, la Fondation soutient un
chercheur sur trois en France et finance plus
de 700 programmes de recherche chaque
année. Rappelons que la Fondation ne
bénéficie d'aucune subvention et fonctionne
uniquement grâce à la générosité de
particuliers et d’entreprises.
La Fondation Recherche Médicale remplit
également une mission d’information du public
> Bulletin de soutien
Oui, je souhaite aider la recherche en faisant, par
chèque bancaire ou postal à l’ordre de la
Fondation pour la Recherche Médicale, un don
de :
† 20 euros † 25 euros † 30 euros
† 40 euros † 50 euros † autre …………..
† M. † Mme † Mlle † M. et Mme
NOM …………………………………………………
Prénom………………………………………………
Adresse………………………………………………
………………………………………………………..
Code postal I_I_I_I_I_I Ville…………………….
………………………………………………………..
E-mail ………………………………………………..
Déduction fiscale : 66% de votre don est déductible de vos impôts à concurrence de 20% de votre revenu imposable.
Merci de retourner ce bulletin accompagné de votre règlement à l’adresse suivante :
Fondation Recherche Médicale
54, rue de Varenne
75335 Paris cedex 07
Conformément à la loi « Informatique et Libertés » du 6 janvier 1978, en vous adressant au siège de notre Fondation, vous pouvez
accéder aux informations vous concernant, en demander rectification ou suppression. Sauf avis contraire de votre part, les informations
vous concernant seront réservées à l'usage exclusif de notre fondation.
CRSUR052
Journées de la Fondation Recherche Médicale y L’oreille malade du bruit ? y www.frm.org
16