Gestion nutritionnelle des affections du bas appareil urinaire
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Gestion nutritionnelle des affections du bas appareil urinaire
Fermez cette fenêtre pour retourner sur IVIS Encyclopédie de la Nutrition Clinique Féline Pascale Pibot DMV, Responsable des Éditions Scientifiques, Communication, Groupe Royal Canin Vincent Biourge Denise Elliott DMV, PhD, Dipl. ACVN, Dipl. ECVCN Directeur Scientifique Nutrition-Santé pour le Centre de Recherche Royal Canin BVSc (Hons) PhD, Dipl. ACVIM, Dipl. ACVN Directrice Scientifique Royal Canin aux États-Unis Ce livre est reproduit sur le site d'IVIS avec l'autorisation de Royal Canin. IVIS remercie Royal Canin pour son soutien. Doreen M. HOUSTON Denise A. ELLIOTT BVSc (Hons), PhD, Dipl. ACVIM, Dipl. ACVN Gestion nutritionnelle des affections du bas appareil urinaire chez le chat 1. Épidémiologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 287 2. Étiologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 287 3. Physiopathologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289 4. Diagnostic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 290 5. Maladies spécifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 312 Questions fréquemment posées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 313 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 314 Informations nutritionnelles Royal Canin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 318 ABRÉVIATIONS UTILISÉES DANS CE CHAPITRE ABAU : affection du bas appareil urinaire CIF : cystite idiopathique (ou interstitielle) féline DFG : débit de filtration glomérulaire GAG : glycosaminoglycanes IRIS : International Renal Interest Society MS : matière sèche RSS : relative supersaturation 285 ABAU DMV, DVSc, Dipl. ACVIM Gestion nutritionnelle des affections du bas appareil urinaire chez le chat Doreen M. HOUSTON DMV, DVSc, Dipl ACVIM Doreen Houston sort diplômée du Collège Vétérinaire de l’Ontario (VCO, Canada) en 1980 puis travaille pendant 4 ans en clientèle privée à Thunder Bay (Ontario) avant de revenir au VCO pour approfondir sa formation (internat, résidence et DVSc en médecine interne). Elle décroche en 1991 le Diplôme du Collège Américain de Médecine Vétérinaire Interne (ACVIM). Doreen intègre le Western College of Veterinary Medicine de l’Université de Saskatchewan en 1990 et devient Professeur titulaire de Chaire en 1995. Durant ses années de professorat, Doreen reçoit de nombreux prix d’enseignement. En juillet 1996, elle quitte l’université pour intégrer l’équipe de Veterinary Medi-Cal Diets à Guelph (Ontario). Elle est actuellement Directrice de la Recherche Clinique pour Medi-Cal Royal Canin Veterinary Diets au Canada. Doreen Houston est l’auteur de plusieurs publications et chapitres d’ouvrages ainsi que d’un manuel vétérinaire. Denise A. ELLIOTT BVSc (Hons) PhD, Dipl ACVIM, Dipl ACVN ABAU Denise Elliott obtient son doctorat de Médecine vétérinaire avec mention à la faculté de Médecine vétérinaire de l’Université de Melbourne en 1991. Après un internat en Médecine et Chirurgie des petits animaux à l’Université de Pennsylvanie, Denise effectue un résidanat de Médecine Interne des petits animaux et de Nutrition clinique à l’Université de Davis (Californie). Elle bénéficie d’une bourse universitaire en Médecine rénale et en hémodialyse. Denise devient membre du Collège Américain de Médecine vétérinaire Interne en 1996, et du Collège américain de Nutrition vétérinaire en 2001. Elle obtient son PhD de Nutrition à l’Université de Davis en 2001, pour ses travaux sur l’analyse de l’impédance bioélectrique à multifréquence chez les chats et les chiens en bonne santé. Denise occupe actuellement la fonction de Directrice de la Communication scientifique dans la filiale Royal Canin aux USA. L es affections du bas appareil urinaire (ABAU) regroupent un groupe hétérogène de maladies toutes caractérisées par des signes cliniques similaires : hématurie (macroscopique et microscopique), dysurie, strangurie, pollakiurie, miction inappropriée (périurie ou miction en dehors de la litière) et obstruction urétrale partielle ou complète (Kruger et coll, 1991; Osborne et coll, 1996a). 286 FIGURE 2 - ETIOLOGIE DES AFFECTIONS DU BAS APPAREIL URINAIRE CHEZ LE CHAT EN EUROPE D’après Gerber et coll, 2005; étude faite en Europe 64 % Cystite idiopathique 15 % Urolithiase 11 % Anomalie anatomique 9 % Trouble du comportement 2 % Tumeurs 0,9 % Infection urinaire 57 % Cystite idiopathique féline 22 % Urolithiase 10 % Bouchons urétraux 8 % Infection urinaire 3 % Origine inconnue 1 - Épidémiologie Mâle Femelle 90 80 70 Fréquence relative (%) L’incidence, la prévalence et le taux de morbidité proportionnelle sont des termes utilisés pour décrire la fréquence d’une maladie. - L’incidence des ABAU se définit comme le nombre de cas nouveaux d’ABAU survenant dans la population pendant un intervalle de temps défini (souvent annuel). L’incidence est une notion utile pour les épidémiologistes car elle sert à mesurer le risque d’apparition de la maladie. L’incidence des ABAU est évaluée à environ 0,85 % aux Etats-Unis (Lawler et coll, 1985) et entre 0,34 et 0, 64 % en Angleterre (Fennell, 1975; Walker et coll, 1977; Willeberg, 1984). - La prévalence de l’ABAU est le nombre total d’animaux atteints d’ABAU dans la population à un moment donné. Contrairement à l’incidence, la prévalence ne donne pas d’information quant au risque potentiel. - Le rapport entre les cas d’ABAU et tous les cas pathologiques présentés à la consultation vétérinaire pendant une période donnée constitue le taux de morbidité proportionnelle. En Amérique du Nord, il est estimé entre 1,5 et 8 % (Bartges, 1997; Lund et coll, 1999; Lekcharoensuk et coll, 2001a). FIGURE 3 - INFLUENCE DU SEXE SUR L’INCIDENCE DES AFFECTIONS DU BAS APPAREIL URINAIRE CHEZ LE CHAT D’après Osborne et coll, 2000; étude faite aux États-Unis 60 ABAU DU BAS APPAREIL URINAIRE CHEZ LE CHAT D’après Buffington et coll, 1997; étude faite aux États-Unis 50 40 30 20 10 2 - Étiologie 1 - Épidémiologie FIGURE 1 -ÉTIOLOGIE DES AFFECTIONS NON OBSTRUCTIVES 0 Idiopathique La cystite idiopathique est de loin la cause la plus fréquente d’ABAU chez les chats mâles et femelles, quel que soit le pays concerné par l’étude (Kruger et coll, 199I; Buffington et coll, 1997; Osborne et coll, 2000; Lekcharoensuk et coll, 2001a; Gerber et coll, 2005) (Figures 1, 2, 3). Urolithiase Infection urinaire Urolithiase + infection urinaire L’urolithiase constitue la deuxième cause prépondérante d’ABAU. Les calculs peuvent se former n’importe où dans le tractus urinaire mais dans la grande majorité des cas, il s’agit de calculs vésicaux (Cannon et coll, 2007). Ces derniers sont la plupart du temps composés de phosphates ammoniaco-magnésiens (struvite) ou d’oxalate de calcium. Inversement, les calculs rénaux sont classiquement composés d’oxalates de calcium (Lulich et coll, 1994). Les prévalences respectives des calculs de struvite et d’oxalate de calcium ont évolué chez le chat au cours des 20 dernières années (Tableau 1). Avant la fin des années 80, le nombre de calculs de struvite analysés dans deux importants laboratoires des États-Unis dépassait de beaucoup celui des calculs d’oxalate de calcium (Cannon et coll, 2007). Entre 1984 et 1995, la proportion des calculs d’oxalate de calcium examinés par le Minnesota Urolith Center est passée de 2 à 40 % (Osborne et coll, 1996b). Au milieu des années 1990, le nombre de cas d’urolithiases à struvite a commencé à diminuer tandis que les calculs d’oxalate de calcium devenaient majoritaires en Amérique du Nord et dans d’autres endroits du 287 2 - Étiologie TABLEAU 1 - EVOLUTION DU POURCENTAGES DE CAS D’UROLITHIASE À STRUVITE ET À OXALATE DE CALCIUM CHEZ LE CHAT AU COURS DES DEUX DERNIÈRES DÉCADES D’après Osborne et coll, 1986 ; 1992a ; 1995a, b ; 2000 ; Forrester, 2006 ; Cannon et coll, 2007; données collectées aux États-Unis Années d’étude 1984 1986 1989 1990 1993 1995 1997-98 2001 2002 2003 2004 2005 Struvite (%) 88-90 85 70-80 65 54 50 42 34 40 42,5 44,9 48 Oxalate de calcium (%) 2,4 3 10,6 19 27 37 46 55 50 47,4 44,3 41 Urate (%) 2 5,6+ 6,3+ 6,80+ 5,60+ 4,60+ Les calculs de struvite prédominent pendant les années 1980 et au début des années 1990. Les calculs d’oxalates de calcium prédominent à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Les calculs de struvites redeviennent majoritaires en 2005 + incluant des données de 1984 et 1986 ABAU monde (Lekcharoensuk et coll, 2001a; Cannon et coll, 2007; Forrester, 2006; Houston et coll, 2003; 2006; Gerber et coll, 2005). Cependant, depuis 2002, le nombre de calculs de struvite est en augmentation et dépasse maintenant celui des calculs d’oxalate de calcium (Figure 4). En se basant sur environ 9221 calculs félins analysées au Minnesota Urolith Center en 2005, les types minéraux les plus fréquemment rencontrés sont les struvites (48 %), l’oxalate de calcium (41 %) et les purines (4,6 %) (Forrester et coll, 2006). Au Canada, des nombres égaux de calculs de struvite et d’oxalate de calcium ont été soumis à l’analyse en 2005 (Houston et coll, 2006). À Hong Kong, en Italie et en Angleterre, les calculs de struvite sont les plus souvent identifiés pour la période étudiée (1998-2000), puis viennent les calculs d’oxalate de calcium (Stevenson, 2001). Aux Pays-Bas, la situation est inversée (Stevenson, 2001). Les calculs d’urate d’ammonium, de cystine, de silice, de xanthine, de phosphates de calcium, de pyrophosphates et les calculs formés de sang séché et solidifié sont rencontrés plus rarement. Chez les chats mâles les bouchons urétraux sont la première cause d’ABAU obstructive, suivis par les cystites idiopathiques (Figure 5) (Kruger et coll, 1991). Quel que soit le sexe, une ABAU peut également être provoquée par des anomalies anatomiques, une tumeur, une infection urinaire et des troubles neurologiques (Kruger et coll, 1991). Chez les chats de plus de 10 ans, la cystite idiopathique est peu fréquente et les infections urinaires constituent une cause prépondérante d’ABAU, suivies par les urolithiases (Figure 6) (Bartges, 1997). Une cystite bactérienne survient surtout chez des chats de moins d’un an, chez les chats âgés et chez les chats présentant un facteur de risque particulier (uréthrostomie périnéale, diabète sucré, insuffisance rénale chronique, etc.). FIGURE 4 - EVOLUTION DE LA PRÉVALENCE DES CALCULS D’OXALATE ET DE STRUVITE DE 2001 À 2005 D’après Forrester, 2006 Oxalate Struvite FIGURE 5 - ETIOLOGIE DES AFFECTIONS FIGURE 6 - ETIOLOGIE DES AFFECTIONS OBSTRUCTIVES DU BAS APPAREIL URINAIRE CHEZ 51 CHATS MÂLES D’après Osborne et coll, 2000 ; étude faite aux États-Unis DU BAS APPAREIL URINAIRE CHEZ LES CHATS ÂGÉS DE PLUS DE 10 ANS D’après Bartges, 1997; étude faite aux États-Unis 60 % des cas 50 40 30 20 10 0 2001 2002 2003 2004 Année de l’étude 288 2005 59 Bouchons urétraux 29 Idiopathique 10 Urolithiase 2 Urolithiase + infection urinaire 46 % Infection urinaire 27 % Urolithiase 7 % Bouchons urétraux 7 % Traumatismes 5 % Cystite idiopathique 5 % Incontinence 3 % Tumeurs 3 - Physiopathologie 3 - Physiopathologie La cystite idiopathique féline (ou interstitielle) (CIF) est un trouble non infectieux, inflammatoire, impliquant des facteurs psychologiques et neuroendocriniens, où s’observent des anomalies de la vessie, du système nerveux central et de la réponse de l’axe hypothalamico-hypophysosurrénalien (Figure 7). Il est suggéré que l’inflammation soit initialement facilitée par une diminution des niveaux de glycosaminoglycanes (GAG) qui protègent la muqueuse urinaire, permettant ainsi à des constituants urinaires comme les ions calcium et potassium d’envahir l’épithélium (Buffington et coll, 1994; 1999a; Buffington et Pacak, 2001; 2002;2004; Westropp et coll, 2002; 2003; Pereira et coll, 2004). Ces ions peuvent stimuler les neurones efférents (fibres-C) situés dans la sous-muqueuse et être à l’origine d’un signal nociceptif. L’apparition des signes cliniques est favorisée par tous les facteurs de stress dans l’environnement du chat car, une fois activé, le système nerveux sympathique efférent stimule les ganglions rachidiens de la racine dorsale de la moelle épinière, entraînant la libération de neuropeptides et de médiateurs responsables de l’inflammation et de la douleur (Buffington et coll, 1994; 1999a; Buffington et Pacak, 2001; Westropp et coll, 2002; 2003; Pereira, 2004). Un chat peut naître avec une prédisposition à la CIF mais les signes cliniques de l’ABAU ne se manifestent que lorsque le chat est placé dans un environnement “provocateur ou stressant”. La CIF est une maladie chronique récurrente: les périodes de rémission sont entrecoupées d’épisodes pathologiques déclenchés par le stress. Certains chats atteints présentent une atrophie des glandes surrénales (Westropp et coll, 2003). © Yves Lanceau/Royal Canin (Singapura) Cystite idiopathique féline En comparaison de propriétaires de chats sains ou atteint d’autres maladies, il existe significativement plus de propriétaires de chats atteints de cystite interstitielle idiopathique qui constatent que leur animal est peureux, nerveux et agressif. Cette observation soutient la théorie selon laquelle cette cystite est lié à un problème de stress (Buffington et coll, 2006a, b). ABAU Bouchons urétraux Les bouchons urétraux sont des précipitats complexes composés habituellement de tissus exfoliés, de sang ou de cellules inflammatoires, noyés dans une matrice. Des éléments cristallins peuvent être ou ne pas être présent; en général il s’agit de struvite. Il existe des différences physiques et probablement étiologiques entre les calculs et les bouchons urétraux mais l’origine de la formation d’un bouchon urétral n’est pas clairement déterminée. Il est suggéré, mais pas confirmé, que la mucoprotéine de TammHorsfall, composé prédominant de la matrice, jouerait un rôle dans les mécanismes locaux de défense de l’hôte. (Kruger et coll, 1991; Osborne et coll, 1992b; 1996c, 1996d; Houston et coll, 2003; Forrester, FIGURE 7 - ALTÉRATIONS PHYSIOPATHOLOGIQUES ÉVENTUELLEMENT RENCONTRÉES CHEZ LES CHATS ATTEINTS DE CYSTITE IDIOPATHIQUE INTERSTITIELLE D’après Buffington et coll, 1999a GAGs Entrée sensorielle Racine ganglionnaire dorsale Histamine, substance P de la vessie Neurone sensoriel Stress Voies sympathiques efférentes 289 4 - Diagnostic 2006). Les bouchons urétraux sont beaucoup plus fréquents chez le chat mâle chez qui ils peuvent obstruer partiellement ou complètement l’urètre. Chez certains chats, la présence d’une CIF est un facteur prédisposant à la formation de bouchons urétraux. Urolithiases Un urolithe correspond à la formation de sédiments dans le tractus urinaire, composés d’un ou plusieurs cristalloïdes peu solubles. Les sédiments microscopiques sont des cristaux et les précipités macroscopiques sont appelés urolithes ou calculs. Des cristaux urinaires se forment lorsque l’urine est sursaturée en un minéral spécifique ou en un composé minéral. Un phénomène de précipitation se produit lorsque la saturation urinaire dépasse un certain seuil. La phase initiale de formation du calcul correspond à la formation d’un noyau cristallin (nucléation). Cette phase dépend de la saturation relative de l’urine en précurseurs du calculs et est influencée par de nombreux facteurs: capacité d’excrétion rénale du cristalloïde, pH et température de l’urine, présence ou absence de facteurs inhibiteurs (citrate, pyrophosphate) ainsi que de promoteurs de la cristallisation (cellules mortes, débris cellulaires, protéines, bactéries ou autres cristaux). La croissance du cristal dépend de la capacité du noyau à rester dans les voies urinaires, de la longueur de la période de saturation de l’urine et de la structure physique du cristal. La vitesse de croissance du calcul dépend elle aussi de nombreux facteurs tels que sa composition minérale et des facteurs de risque comme les infections (Osborne et coll, 1996a, b; 2000). 4 - Diagnostic Commémoratifs et signes cliniques ABAU Indépendamment de la cause, les signes cliniques d’ABAU comportent: hématurie (macroscopique et/ou microscopique), dysurie, strangurie, pollakiurie, miction inappropriée (périurie ou miction en dehors de la litière) ou obstruction urétrale partielle ou complète (Kruger et coll, 1991; Osborne et coll, 1996a). Les chats mâles se lèchent parfois le bout du pénis. Les animaux atteints passent souvent plus de temps dans la litière pour essayer d’uriner ou éliminent fréquemment de petites quantités. L’agitation ou un toilettage excessif de l’abdomen terminal sont des signes d’inconfort. L’obstruction des voies urinaires peut survenir brutalement ou prendre plusieurs semaines. Une obstruction complète s’accompagnent de signes variés: abattement, anorexie, léthargie, déshydratation, hypothermie et vomissements. Dans les cas sévères, la rupture de la vessie peut apporter un soulagement transitoire mais suivi rapidement par une péritonite et la mort de l’animal. Examen clinique © Andrew Moore (CVUC) Un examen clinique complet doit être réalisé chez chaque chat présenté pour ABAU. L’état d’hydratation, la vessie et l’orifice urétral externe doivent être examinés attentivement. La palpation vésicale permet d’évaluer sa taille (degré de distension), sa forme, son contour, l’épaisseur de la paroi vésicale, la présence de masses intramurales ou intraluminales (tumeurs, urolithiases, caillots) ou de crissements dans la lumière vésicale. La plupart des calculs ne sont pas détectés par palpation abdominale (Osborne et coll, 2000). En revanche cet examen peut être douloureux (miaulements, tentative de fuite) et provoquer des efforts de miction, avec l’émission de quelques goutes d’urine teintée de sang. Pénis, prépuce ou zone vulvaire doivent être examinés pour détecter des anomalies urétrales, ainsi que la présence de sang, de mucus ou de cristaux minéraux. Figure 8 - Bouchon urétral félin. Un bouchon urétral, de couleur crème ou jaune paille, peut être visible à la sortie de l’urètre. Les cristaux identifiés sont principalement des struvites. 290 Lors d’ABAU obstructive, la vessie est distendue, turgescente et douloureuse. Le bout du pénis peut apparaître décoloré à cause de l’inflammation et du traumatisme induits par le léchage ou à cause de la présence d’un bouchon urétral (Figure 8). L’obstruction urétrale est une urgence médicale qui nécessite un traitement immédiat. Après avoir évalué le statut hydrique, électrolytique (notamment l’hyperkaliémie) et acido-basique du chat, des techniques de décompression doivent être mises en œuvre (voir “Traitement” plus loin). Figure 9 - Cristaux urinaires de struvite. Le moment de la journée où l’urine est prélevée doit être noté. Il faut également se renseigner sur l’heure du dernier repas du chat et sur son niveau de stress à l’arrivée à la clinique. Le pH urinaire est en général plutôt acide le matin, avant le premier repas. Il peut être plus élevé si l’urine est collectée en période postprandiale (2-6 heures après un repas). Dès que le pH urinaire passe au-dessus de 6,5, des cristaux de struvite peuvent se former. Lorsqu’un chat est stressé par le transport, l’hyperventilation induite peut faire s’élever le pH urinaire au dessus de ce seuil, entraînant l’apparition de cristaux de struvite (Buffington et Chew, 1996a). Figure 10 - Cristaux urinaires d’oxalate de calcium. © Waltham Centre for Pet Nutrition La cathétérisation urinaire peut avoir deux objectifs: • diagnostic: analyse urinaire, détection d’obstacles urétraux (urolithiases, tumeurs), instillation d’un produit de contraste pour des clichés radiographiques • thérapeutique: en cas d’obstruction urétrale et pour faciliter la chirurgie de la vessie, de l’urètre et des structures environnantes. © Waltham Centre for Pet Nutrition La méthode de collecte des urines a une influence sur les résultats et leur interprétation. La cystocentèse est préférable car elle évite la contamination de l’urine dans l’urètre ou le tractus génital. Elle est peu invasive, bien tolérée et sans danger lorsqu’elle est faite correctement, en évitant de créer un traumatisme iatrogène ou une infection urinaire. Cette technique est cependant contre-indiquée lorsque le volume urinaire est insuffisant dans la vessie, en cas de résistance à la contention et à la palpation abdominale et en présence de troubles de la coagulation ou de saignements. La cystocentèse ne doit pas être pratiquée lorsque la vessie n’est pas palpable. Figure 11 - Cristaux urinaires d’urate d’ammonium. L’identification des cristaux urinaires dépend du pH, de la température et de la densité urinaire. La présence de cristaux de struvite ou d’oxalate de calcium dans l’urine n’est pas nécessairement synonyme de problème: une cristallurie observée dans une urine très concentrée a moins d’importance que dans une urine diluée (Laboto, 2001). L’urine doit être très fraîche car les cristaux peuvent se former dans l’urine qui a stagné et s’est refroidie avant l’examen (cristallisation in vitro) (Tableau 2). La présence de cristaux dans un échantillon stocké doit être confirmée par un nouvel examen de l’urine fraîche (Albason et coll, 2003). © Waltham Centre for Pet Nutrition L’échantillon d’urine doit être placé dans un flacon stérile. Si une culture est prévue, une partie de l’urine est réfrigérée immédiatement dans un flacon stérile et hermétique à l’air. Pour analyser les sédiments urinaires, l’urine est au contraire gardée à température ambiante et à l’abri de la lumière. L’analyse doit être pratiquée sur de l’urine fraîche (15-60 minutes après la collecte) pour éviter la formation de cristaux de struvite ou d’oxalate de calcium (Albasan et coll, 2003). L’analyse physicochimique de l’urine et l’examen du sédiment urinaire doivent être réalisés ensemble. Une ABAU peut être suspectée lors d’hématurie, de protéinurie, de pyurie, et de cristallurie (struvite, phosphates amorphes, urates, oxalate de calcium, cystine et xanthine (Figures 9-12). Figure 12 - Cristaux urinaires de cystine. Une culture bactérienne de l’urine est indiquée afin d’explorer une éventuelle infection urinaire. L’urine doit être obtenue par cystocentèse, afin d’empêcher la contamination bactérienne iatrogène, et acheminée au laboratoire dans les 30 minutes; sinon, l’urine doit être réfrigérée. L’identification d’un germe implique la réalisation d’un antibiogramme. 291 ABAU L’urine émise par miction naturelle peut être prélevée par les propriétaires à l’aide d’une litière spéciale. À la clinique, le prélèvement se fait par cathétérisation ou cystocentèse. La compression de la vessie doit être évitée car elle peut causer une hémorragie ou un traumatisme. De plus, au cas où une infection est présente, la pression facilite le développement d’une pyélonéphrite par ascension rétrograde des germes depuis la vessie jusqu’aux reins. © Waltham Centre for Pet Nutrition Chez le chat non obstrué, l’évaluation initiale doit inclure une analyse d’urine avec examen du sédiment, culture urinaire et imagerie abdominale. Une numération formule complète doit être réalisée; cependant, les résultats restent souvent dans les limites des valeurs usuelles. Un profil biochimique adapté doit être obtenu pour les chats malades ou présentant une obstruction. Lors d’urolithiase à urate, l’urémie peut être basse à cause d’un shunt portosystémique ou d’une insuffisance hépatique concomitante; certains cas d’urolithiase à oxalate de calcium s’accompagnent d’une hypercalcémie. 4 - Diagnostic Examens de laboratoire 4 - Diagnostic TABLEAU 2 - COMMENT BIEN INTERPRÉTER UNE CRISTALLURIE © Dr Brian Crabbe, Port Elgin, Ontario, Canada • La recherche de cristaux doit absolument se faire avec une urine fraîche. • Les cristaux observés dans une urine stockée ou réfrigérée peuvent constituer des artéfacts et l’urine doit être remise à température ambiante avant l’examen. • La présence de cristaux de struvite et/ou d’oxalate de calcium peut être normale dans l’urine de certains chats, particulièrement si cette urine est très concentrée ; leur présence devient anormale s’ils sont très nombreux ou agglomérés. • Une cristallurie signifie que la composition urinaire permet la croissance des cristaux. • Une cristallurie n’est pas forcément synonyme d’une urolithiase. • La cristallurie peut être négative chez un chat présentant une urolithiase. • Les cristaux observés dans l’urine peuvent être différents de l’urolithiase en cause. • Une cystinurie prédispose à l’urolithiase à cystine. Imagerie • La radiographie permet de détecter des modifications de la taille, forme, position ou radiodensité des voies urinaires. Il est important d’examiner le système urinaire dans son intégralité, en incluant l’urètre périnéal, pour pouvoir observer toutes les anomalies (Figure 13). Dans certains cas, un lavement est nécessaire pour permettre la visualisation adéquate du système urinaire. Chez un chat atteint de CIF, la vessie peut apparaître épaissie et peu extensible à la radiographie (Figure 14). © Gagemount Animal Hospital, Hamilton, Ontario, Canada. • L’échographie met en évidence des anomalies intraluminales invisibles à la radiographie: elle détermine la zone et le degré d’atteinte et fournit des informations concernant la composition des tissus, par exemple, lésions solides ou cystiques. • La cystographie à contraste positif précise la localisation de la vessie et visualise une rupture, des diverticules et des fistules éventuels. © Dr. Anne Sylvestre, Guelph, Ontario • La cystographie à double contraste est utilisée pour examiner la muqueuse et la lumière vésicales. Un examen de bonne qualité ne nécessite qu’un faible volume (1-2 mL) de produit de contraste positif. Lors du remplissage de la vessie avec le produit de contraste négatif, il est important de la palper pour suivre son degré de distension et éviter une surcharge. La vessie doit être bien distendue et une petite quantité du produit de contraste positif doit se déposer sur la surface vésicale. Les calculs radiotransparents se traduisent par une absence de remplissage par le produit de contraste. Les caillots sanguins © Dr. Anne Sylvestre, Guelph, Ontario Figure 14 - Radiographie de profil d’un chat de deux ans présentant une cystite idiopathique interstitielle. Noter l’aspect épaissi et non dilatable de la paroi de la vessie. © Compliments CA Buffington and DJ Chew, Columbus, Ohio ABAU Figure 13 - Radiographie de profil d’un chat à urolithiase. L’image montre de nombreux petits calculs radio-opaques dans l’urètre d’un chat mâle présenté pour affection obstructive du bas appareil urinaire. Plusieurs techniques d’imagerie peuvent être utilisées: radiographie simple, échographie, radiographie de contraste (urographie excrétoire, cystographie, urétrographie), scanner, et imagerie par résonnance magnétique (Samii, 2003). Figure 15 - Aspect endoscopique de la muqueuse vésicale chez un chat atteint d’affection du bas appareil urinaire. L’image montre des glomérulations compatibles avec une cystite féline idiopathique/interstitielle. 292 Figure 16A - Calculs multiples d’oxalate de calcium dans une vessie de chat. Noter l’ouverture complète de la vessie pour permettre le retrait de tous les calculs, dont nombre d’entre eux sont englobés dans la muqueuse vésicale. Figure 16B - Extraction chirurgicale de calculs vésicaux. La vessie du chat a été complètement ouverte et la surface de la muqueuse retournée pour extraire les calculs. Une radiographie post-chirurgicale a confirmé leur retrait complet. 4 - Diagnostic sont révélés par l'aspect irrégulier de la surface de la muqueuse. La présence de petites altérations sur le contour constitue un point clé du diagnostic à la fois des cystites et des tumeurs, mais à ne pas confondre avec un artéfact dû au remplissage incomplet. L’urétrographie est utilisée pour examiner l’urètre. Endoscopie urinaire L’endoscopie de l’urètre et de la vessie est maintenant possible chez le chat grâce à une sonde flexible en fibre optique pour les mâles et un cystoscope pédiatrique pour les femelles (Chew et coll, 1996; McCarthy 1996). La surface de la muqueuse de la vessie des chats avec CIF présente, lorsque la vessie est soumise à une pression de 80 cm H2O, des hémorragies caractéristiques, en forme de pétéchies sous muqueuses (glomérulations) (Chew et coll, 1996; Buffington et coll, 1999a) (Figure 15). Chirurgie Lorsqu’une chirurgie exploratoire est réalisée, en vue d’une biopsie ou pour extraire un calcul, la vessie doit être complètement ouverte (Figure 16). La plupart des calculs félins sont très petits et l’exérèse chirurgicale complète peut s’avérer difficile, surtout en cas d’urolithiase à oxalate de calcium où des calculs subsistent après opération dans 20 % des cas. (Lulich et coll, 1993a). Un examen radiographique post chirurgical doit donc toujours être réalisé afin de s’assurer de l’absence de calculs subsistants. Histopathologie Chez un chat atteints de CIF, une biopsie de muqueuse vésicale montre en général un épithélium et une couche musculeuse relativement normaux mais avec présence d’un œdème sous muqueux et d’une vasodilatation; l’infiltration par les cellules inflammatoires est faible à modérée (Figure 17). Certains chats montrent une élévation du nombre de mastocytes, d’autres présentent des érosions, des ulcères ou une fibrose de la paroi vésicale. Analyse de la composition des calculs © Compliments CA Buffington and DJ Chew, Columbus, Ohio ABAU Les calculs peuvent être récoltés par miction spontanée (utiliser pour cela une épuisette d’aquarium), urohydropulsion, aspiration par sonde urinaire, cystoscopie ou exérèse chirurgicale (Lulich et coll, 1992,1993b; Osborne et coll, 2000). Les calculs doivent être placées dans un flacon sans conservateurs ou liquides. Dans de nombreux cas, les calculs ne peuvent pas être identifiés visuellement. Ils doivent être analysés par un laboratoire spécialisé afin de déterminer la composition minérale des 1 à 4 couches pouvant être présentes (Figure 18). Les quatre techniques disponibles pour l’analyse quantitative sont: la microscopie polarisante, la spectroscopie infrarouge, la cristallographie par diffraction des rayons X et la microscopie électronique. L’identification adéquate du ou des minéraux présents dans un calcul est indispensable afin d’orienter vers le régime adéquat pour le traitement et la prévention des récidives. Figure 17 - Aspect histologique de la muqueuse vésicale d’un chat atteint d’affection du bas appareil urinaire. Présence d’un œdème sous-muqueux et d’érosions compatibles avec une cystite féline idiopathique/interstitielle. Figure 18 - Schéma des différentes couches présentes dans un calcul. Une analyse quantitative permet une détermination précise de la composition minérale de chacune des quatre couches : le noyau cristallin, le cœur, l’enveloppe et les cristaux de surface. 293 TABLEAU 3 - ÂGE, SEXE, PRÉDISPOSITION RACIALE ET AUTRES FACTEURS DE RISQUE D’UROLITHIASE CHEZ LE CHAT ABAU Type d’urolithiase Prédisposition raciale Prédisposition d’âge Prédisposition sexuelle Autres facteurs de risque Struvite - USA : Ragdoll, Chartreux, Oriental Shorthair, Européen, Himalayen (Lekcharoensuk et coll, 2000; 2001a) ; Himalayen et Persan (Cannon et coll, 2007), Européen, (Ling et coll, 1990) ; pas de prédisposition raciale (Osborne et coll, 1995a; 1995b; 2000) - Canada : Européen, Himalayen, Persan (Houston et coll, 2004 ; 2006) - Angleterre : Européen, Persan (Stevenson, 2001) - Chats stérilisés : 3 mois à 22 ans ; moyenne 7,2 + 3.5 ans (Osborne et coll, 2000) - Secondaire à une infection : tout âge (Osborne et coll, 1995a) - 5 ans en moyenne pour les femelles et < 2 ans pour les mâles (Ling et coll, 1990) - 1-2 ans (Thumachai et coll, 1996) - 6,8 + 3,7 ans (Stevenson, 2001) - Femelle légèrement > mâle (Ling et coll, 1990 ; Osborne et coll, 2000; Houston et coll, 2004; 2006) - Mâle . 2 fois plus fréquent que femelle avant 2 ans (Ling et coll, 1990) - Mâle légèrement > femelle (Lekcharoensuk et coll, 2000) - Mâle = femelle (Stevenson, 2001) - Embonpoint/Inactivité - Consommation d’eau faible (Osborne et coll, 1995) - Urine alcaline (Osborne et coll, 1995) - Chat d’intérieur (Kirk et coll, 1995) Oxalate de calcium - USA : Himalayen, Persan (Kirk et coll, 1995; Cannon et coll, 2007) ; Himalayen, Persan, Ragdoll, Européen, Havana brown, Scottish fold, Exotic shorthair (Lekcharoensuk et coll, 2000; 2001a) ; Birman, Persan et Himalayen (Thumachai et coll, 1996; Osborne et coll, 1995a; 1996b; Kirk et coll, 1995) - Canada : Himalayen, Persan (Houston et coll, 2004; 2006) - Angleterre : Européen, Persan (Stevenson, 2001) - 7 ans (3 mois -22 ans) (Osborne et coll, 2000) - Chats plus âgés (risque maximal à 10-15 ans) (Thumachai et coll, 1996) - Pic bimodal à 5 et à 12 ans (Kirk et coll, 1995) - 7-10 ans (Lekcharoensuk et coll, 2000) - 6,8 + 3,5 ans (Stevenson, 2001) Urate - USA : Aucune (Osborne et coll, 2000 ; Ling & Sorenson, 1995) - Canada : Siamois et Mau Egyptien (Houston, 2006) Cystine - Mâle > femelle (Ling et coll, 1990; Kirk et al; 1995, Thumachai et coll, 1996; Lekcharoensuk et coll; 2000 ; 2001a; Osborne et coll, 2000; Houston et coll, 2004; 2006; Cannon et coll, 2007) - Mâle = femelle (Stevenson, 2001) - Embonpoint/ Inactivité - Faible consommation d’eau - Chat d’intérieur (Kirk et coll, 1995) - Hypercalcémie (Osborne et coll, 1996b; McClain et coll, 1995; Savary et coll, 2000; Midkiff et coll, 2000) - 5,8 ans (5 mois à 15 ans) (Osborne et coll, 1996b) - 4,4 + 2 ans (Stevenson, 2001) - Mâle = femelle (Osborne et coll, 2000 ; 1995b ; Westropp et coll, 2006) - Mâle légèrement > femelle (Ling et coll, 1990 ; Houston et coll, 2004 ; 2006) - USA : Aucune (Osborne et coll, 1995) - Européen, Siamois (Osborne et coll, 2000) - Canada : Aucune (Houston et coll, 2004 ; 2006) - > 3,6 ans (4 mois à 12 ans) (Osborne et coll, 2000) - Mâle = femelle (Osborne et coll, 2000) - Mâle légèrement > femelle (Osborne et coll, 2000) Xanthine - USA : Aucune (Osborne et coll, 2000) - 2,8 + 2.3 ans (4 mois à 10 ans) (Osborne et coll, 1992a) - Aucune (Osborne et coll, 1992a) - Anomalie congénitale du métabolisme des purines ? (Osborne et coll, 1992; White et coll, 1997) Silice - USA : Aucune (Osborne et coll, 2000) ? - Aucune (Osborne et coll, 2000) - Mâle ? (Houston, 2006) - Faible consommation d’eau Phosphate de calcium (brushite) - USA : Aucune (Osborne et coll, 2000) - Canada : Aucune (Houston et coll, 2004; 2006) - 8 + 5 ans (5 mois à 19 ans) (Osborne et coll, 2000) - 7,1 + 3,6 ans (Stevenson, 2001) - Femelle > mâle (Osborne et coll, 2000) - Mâle > femelle (Houston, 2006) - Faible consommation d’eau - Hyperparathyroïdisme primaire (Osborne et coll, 1995a; 1996b) Pyrophosphate - Canada : Aucune (Houston, 2006) - Europe : Persans ? (Frank et coll, 2002) Calcul de sang séché et solidifié - USA : Aucune (Westropp et coll, 2006) 294 - Aucune (Houston, 2006) - Faible consommation d’eau - Shunt porto-systémique - Infection urinaire (Hostutler et coll, 2005) - Faible consommation d’eau - Chat d’intérieur - Anomalie métabolique congénitale (Dibartola et coll, 1991; Osborne et coll, 1992a) 5 - Maladies spécifiques Prédire le type d’urolithiase Le traitement et la prévention efficaces des urolithiases dépendent de la connaissance de leur composition minérale. Idéalement, un calcul doit être retiré et analysé quantitativement; cependant, il existe un certain nombre de facteurs qui permettent de prévoir la composition d’un calcul: le signalement (âge, sexe, race, Tableau 3), des commémoratifs de troubles sous-jacents, la radiodensité du calcul et des paramètres urinaires (pH, densité urinaire, cristallurie, Tableau 4). Il est important de se rappeler que la cristallurie n’est pas obligatoirement observée dans l’urine contenant le calcul et que si elle est présente, les cristaux peuvent être différents de ceux entrant dans la composition du calcul en cause (Buffington et Chew, 1999b). 5 - Maladies spécifiques Cystite idiopathique féline Le diagnostic de CIF découle de la coexistence de plusieurs éléments: troubles chroniques de la miction (dysurie, hématurie, pollakiurie, miction inappropriée), urine stérile, radiographies négatives et observation cystoscopique d’hémorragies sous muqueuses pétéchiques (glomérulations). Au niveau vésical, il est également possible d'observer : une augmentation de la perméabilité et de la vascularisation muqueuse, une diminution de la concentration urinaire en glycosaminoglycanes, des érosions, des ulcérations, un œdème, une fibrose et une inflammation des terminaisons nerveuses (Buffington et coll, 1994; 1996b; 1999a; Buffington et Chew 1999b; Buffington et Pacak, 2001; Buffington, 2002; 2004; Westropp et coll, 2002; 2003; Pereira et coll, 2004). > Facteurs épidémiologiques Les chats atteints de CIF sont plutôt jeunes ou d’âge mûr (<10 ans) et sont en bonne santé par ailleurs. Les mâles et les femelles sont atteints et les chats atteints sont souvent nourris avec des aliments secs (Buffington et coll, 1997; Jones et coll, 1997; Markwell et coll, 1998; Buffington, 2002). Dans un nombre significatif de cas, la densité urinaire est élevée. Un des points clés du traitement consiste à identifier et supprimer les facteurs de stress dans l’environnement du chat. Parmi ceux-ci il faut s’intéresser à: la présence d’autres chats, des perturbations météorologiques, un manque d’activité, la place et le type de litière, le régime alimentaire, les horaires du propriétaire et l’arrivée ou le départ de personnes ou d’animaux. Le stress peut être combattu en fournissant au chat des endroits où il peut se cacher, des possibilités de grimper et des jouets lui permettant d’exprimer son comportement de prédateur TABLEAU 4 - RADIODENSITÉ DES CALCULS FÉLINS (www.indoorcat.org/: The Indoor Cat Initiative 2006, Buffington et coll, 1994; ET PH URINAIRE PRÉFÉRENTIEL D’après Osborne et coll, 2000 ; Frank et coll, 2002 ; Westropp et coll, 2006 1999b; 2006a, b; Buffington, 2002; Cameron et coll, 2004). Le régime alimentaire joue un rôle important dans la physiopathologie et le traitement de la CIF. Un changement brutal ou fréquent d’alimentation est associé à la récurrence des signes cliniques. Il est donc prudent d’éviter les changements inutiles d’alimentation chez les chats sensibles (Buffington et coll, 1994; 1996b; 2006a, b; Jones et coll, 1997). En diminuant la concentration des substances urinaires potentiellement irritantes pour la muqueuse vésicale, la dilution urinaire diminue le risque de CIF chez les chats prédisposés. Une étude indique que les chats atteints de CIF mangent significativement plus de croquettes (59 %) que l’ensemble des chats de la population considérée (19 %) (Buffington et coll, 1997). Dans une étude prospective, non randomisée, réalisée sur un an et sur 46 chats atteints de CIF, la fourniture d’un aliment diététique humide, formulé spécialement pour prévenir les ABAU, a permis d’obtenir de meilleurs résultats qu’avec un aliment sec. A la fin de l’année d’étude, la récurrence des signes cliniques chez les chats recevant l’aliment humide est significativement moins élevée (11 % sur 18 chats) par rapport aux chats recevant l’aliment sec (39 % sur Radiodensité pH urinaire Struvite ++ à ++++ > 6,5 Oxalate de calcium ++++ Variable Phosphate de calcium ++++ Alcalin à neutre (formes apatites ) Urate d’ammonium 0 à ++ Acide à neutre Cystine + à ++ Acide à neutre Xanthine 0 à ++ Acide à neutre Silice ++ à ++++ Acide à neutre Pyrophosphate ++ à ++++ Inconnu Sang séché et solidifié 0 à ++ Inconnu 295 ABAU > Traitement SELON QUE LE CHAT REÇOIT UN ALIMENT HUMIDE OU SEC D’après Markwell et coll, 1999a Aliment sec Aliment humide 120 Pourcentage cumulé de récidives 5 - Maladies spécifiques FIGURE 19 - TAUX DE RÉCIDIVE DES CYSTITES IDIOPATHIQUES FÉLINES 28 chats) (Markwell et coll, 1999a) (Figure 19). La densité urinaire moyenne est également significativement plus faible chez les chats consommant l’aliment humide. Elle est comprise entre 1032-1041 chez les chats recevant l’aliment humide contre 1051-1052 chez les chats recevant l’aliment sec. 100 80 Les régimes très acidifiants ne sont pas recommandés car une urine fortement acide peut favoriser la transmission des stimuli nociceptifs par les fibres nerveuses sensorielles de la vessie (Chew et Buffington, 2003). 60 40 20 0 12 précédents 1-2 3-4 5-6 7-12 Dans certains cas, un traitement supplémentaire est indiqué. Lorsqu’ils se sentent bien dans leur environnement, les chats sécrètent naturellement des phéromones qu’ils déposent par marquage facial. L’utilisation d’un analogue de synthèse de la phéromone faciale féline peut aider à diminuer les comportements liés à l’anxiété chez certains chats (Chew et coll, 1998; Mills et Mills, 2001; Gunn-Moore et Cameron, 2004). Bien que beaucoup de mesures thérapeutiques aient été envisagées au fil du temps, aucune, sauf l’alimentation, n’a vraiment montré une réelle efficacité. Les traitements futurs tenteront vraisemblablement de diminuer la stimulation noradrénergique centrale et de normaliser la réponse au stress des chats sensibles (Buffington et coll, 1999a; 2006a, b; Buffington, 2004). Dans l’intervalle, un certain nombre de substances ont été proposées, telles que l’amitriptyline et des polysulfates de pentosane pour restaurer les réserves de GAG (Chew et coll, 1998; Buffington et coll, 1999a; 2006a, b; Buffington et Chew, 1999b; Buffington, 2002; Kraiger et coll, 2003; Kruger et coll, 2003; Gunn-Moore et Shenoy, 2004; Mealey et coll, 2004). Temps (en mois) Les signes cliniques de CIF disparaissent spontanément en 2-3 jours chez 85% des chats, quel que soit le traitement mais dans 40 à 50 % des cas, des récidives, parfois multiples, sont enregistrées au cours des 12 mois qui suivent (Markwell et coll, 1998; 1999a; Kruger, 2003). ABAU Bouchons urétraux Il est impératif de lever l’obstacle et de rétablir un flux urinaire chez un chat qui présente une obstruction urétrale, tout en corrigeant les déséquilibres liquidien, électrolytique et acido-basique associés à l’obstruction et à l’azotémie post-rénale. Beaucoup de références excellentes sont disponibles à propos des techniques de traitement des obstructions urétrales (Osborne et coll, 2000; Westropp et coll, 2005). Urolithiases > Facteur de risque majeur : la sursaturation relative La saturation urinaire est le principal facteur physique responsable de la formation de cristaux dans les voies urinaires. L’exploration scientifique des différents facteurs de risque d’urolithiase a débuté il y a plus de 40 ans. La mesure de la Relative Supersaturation (RSS) a d’abord été pratiquée chez l’homme, dans les années 60 par le Dr. Robertson (Nordin et Robertson, 1966). Le niveau de sursaturation urinaire prédit le potentiel de cristallisation dans une urine donnée et cette technique est devenue la méthode de référence en médecine humaine (Pak et coll, 1977). Le RSS est un outil utile pour les cliniciens et les chercheurs qui veulent développer des traitements pour les patients souffrant d’urolithiase. À la fin des années 1990, le Waltham Centre for Pet Nutrition (WCPN) a donc entamé un travail en collaboration avec le Dr Robertson afin d’adapter la mesure du RSS à l’urine du chien et du chat. De nombreuses publications vétérinaires sont maintenant disponibles à propos de cette technique et de son interprétation (Smith et coll, 1998; Markwell et coll, 1999b; Robertson et coll, 2002). L’obtention des données nécessaires à la mesure du RSS impose de collecter les urines sur une période de 2 à 5 jours. Une dizaine de substances sont alors analysées (calcium, magnésium, sodium, potassium, 296 Oxa late de calc iu Stru m vite Traiteme nt/P rév en tio 5 - Maladies spécifiques Risq ue a ugm en Prévention té n 12 1.0 1.0 Sursaturation métastable Soussaturation 2,5 Sursaturation labile ium calc de late Oxa vite Stru Le RSS est spécifique de chaque type de cristal. Il définit trois situations différentes de saturation urinaire : l’urine est soussaturée, métastable ou sursaturée. Chacune de ces zones entraîne des conséquences particulières quant au risque de formation de calculs (Figure 20). Plus le RSS est élevé, plus le risque est important, alors qu’avec une valeur faible de RSS, la formation de calculs est beaucoup moins probable (Robertson et coll, 2002). FIGURE 20 - PRINCIPE DE SATURATION RELATIVE (MESURE DE LA RELATIVE SUPERSATURATION OU RSS) er ng Da ammonium, phosphates, citrate, sulfate, oxalate et acide urique) ainsi que le pH urinaire (Robertson et coll, 2002). La technique implique ensuite de déterminer le nombre de complexes qui peuvent se former entre les différents ions, de calculer les coefficients d’activité de ces sels et de déterminer le produit d’activité. Ce dernier est un indicateur de la probabilité de formation d’un calcul. Le produit d’activité est enfin divisé par le produit de solubilité thermodynamique du cristal pour obtenir la mesure du RSS. (Le produit de solubilité thermodynamique est le produit d’activité pour lequel le calcul n’évolue pas: il ne grossit pas ni ne se dissout.) Zone de sursaturation labile La nucléation a lieu Cristallisation spontanée Croissance rapide du cristal et agrégation Pas de dissolution possible Zone de sursaturation métastable Croissance possible de cristaux préformés Nucléation hétérogène pouvant avoir lieu Pas de dissolution possible Zone de sous-saturation Pas de cristallisation Les calculs/cristaux existants peuvent se dissoudre ABAU Une valeur inférieure à 1 signifie que l’urine est sous-saturée et que les cristaux ne peuvent pas se former. Dans un milieu aussi complexe que l’urine, il est possible d’avoir un RSS supérieur à 1 sans précipitation spontanée de cristaux (Markwell et coll, 1999b). Ceci est dû à la force ionique créée par les champs électriques induits par les nombreux ions en solution, ainsi qu’à la présence d’inhibiteurs de cristallisation. Ces deux facteurs peuvent empêcher les minéraux libres (comme le calcium et l’oxalate) d’interagir pour former des cristaux. Ce niveau de sursaturation est qualifié de “sursaturation métastable”. Dans ce cas, les cristaux d’oxalate de calcium ne se forment pas spontanément, mais le phénomène peut se produire en présence d’un noyau. Dans la zone de sursaturation métastable, les cristaux et les calculs ne se dissolvent pas. Si la concentration urinaire en minéraux augmente, les cristaux se forment spontanément en quelques minutes ou quelques heures. On est alors dans la zone de “sursaturation labile”. La limite entre sursaturation métastable et labile est appelée “produit de formation”. Des études de la cinétique de précipitation des struvite et de l’oxalate de calcium montrent que le RSS à partir duquel ces cristaux se forment est respectivement de 2,5 et de 12 (Tableaux 5 et 6). TABLEAU 5 - ÉVALUATION DU RISQUE DE FORMATION DE CALCULS DE STRUVITE EN FONCTION DU RSS RSS de l’aliment vis-à-vis des struvites Niveau de saturation urinaire Niveau de risque pour la formation de calculs de struvite Moins de 1 Urine insaturée • De nouveaux calculs de struvite ne se forment pas. • Les calculs existants se dissolvent. Entre 1 et 2,5 Urine métastable • De nouveaux calculs de struvite ne se forment pas. • Un calcul existant ne se dissout pas et peut croître. Urine sursaturée • De nouveaux calculs de struvite peuvent se former. • Un calcul existant va grossir. Plus de 2,5 TABLEAU 6 - ÉVALUATION DU RISQUE DE FORMATION DE CALCULS D’OXALATE DE CALCIUM EN FONCTION DU RSS RSS de l’aliment vis-à-vis de l’oxalate de calcium Saturation urinaire Niveau de risque pour la formation de calculs d’oxalate de calcium Moins de 1 Urine insaturée • De nouveaux calculs d’oxalate de calcium ne se forment pas. • Les calculs existants ne grossissent pas. Entre 1 et 12 Urine métastable • De nouveaux calculs d’oxalate de calcium ne se forment pas. • Un calcul existant peut grossir. Plus de 12 Urine sursaturée • De nouveaux calculs d’oxalate de calcium peuvent se former. • Un calcul d’oxalate de calcium existant va grossir. 297 5 - Maladies spécifiques TABLEAU 7 - MÉTHODES POUR ENCOURAGER LA CONSOMMATION D’EAU PAR LE CHAT Augmenter la part de l’aliment humide ou fournir un aliment sec formulé pour encourager la diurèse. Il est prouvé que le sel augmente de manière significative la consommation d’eau et la diurèse (Hawthorne & Markwell, 2004). Aucune donnée n’indique que le sel pourrait favoriser l’hypertension ou la maladie rénale chez les chats en bonne santé (Devois et coll, 2000a; Buranakarl et coll, 2004; Luckschander et coll, 2004; Cowgill et coll, 2007). Fractionnement de la ration journalière. Pour un même apport calorique, la consommation d’eau augmente de manière significative lorsque la fréquence des repas est augmentée (Kirschvink et coll, 2005). Permettre l’accès à l’eau 24 h/24. Les chats sont des animaux nocturnes et préfèrent parfois boire la nuit. Fournir un bol à bords larges. Les chats ont des moustaches très sensibles et semblent préférer un bol large qui évite aux moustaches de toucher les bords. Le bol doit rester plein d’eau en permanence. Différentes sortes d’eau peuvent être proposées : eau minérale, eau distillée, eau du robinet froide ou tiède. Ne pas sucrer l’eau car le chat ne n’est pas sensible au goût sucré (récepteur Tas 1r2 défectueux) (Li et coll, 2006) ABAU Aromatiser l’eau ou ajouter des cubes de glace aromatisés au jus de thon ou au jus de palourde. Certains fabricants fournissent différents arômes à ajouter à l’eau de boisson pour encourager la consommation d’eau. Certains chats préfèrent s’abreuver boire l’eau courante : des fontaines à eau pour chats existent. Il est important de maintenir la nourriture et l’eau loin de la litière. Le bol contenant l’eau doit être propre : les chats ont un sens aigu des odeurs et sont vite dégoûtés par les odeurs dégagés par les bords du bol. Certains chats préfèrent un bol transparent en verre, d’autres en métal ou en céramique. Certains chats n’aiment pas partager leur bol (surtout avec des chiens). TABLEAU 8 - LA CONSOMMATION D’EAU AUGMENTE DE MANIÈRE SIGNIFICATIVE LORSQUE LES CHATS REÇOIVENT TROIS REPAS PAR JOUR AU LIEU D’UN SEUL. (D’après Kirschvink et coll, 2005). Prise énergétique quotidienne (kcal/kg PC) Consommation de sel (mg/kg PC) Consommation d’eau (mL/chat/jour) 1 repas 71 103 72 ±10 2 repas 71 103 89 ± 4 3 repas 71 103 95 ± 6 PC : poids corporel Na : sodium TABLEAU 9 - LES ALIMENTS PEU DIGESTIBLES SONT ASSOCIÉS À UNE AUGMENTATION DES PERTES FÉCALES EN EAU (données internes du Waltham Centre of Pet Nutrition) Aliment A Aliment B Digestibilité 79.5 % 50.6 % Pertes fécales en eau (par 1000 kcal) 89 g 330 g > Traitement général Stimulation de la diurèse Le moyen le plus simple de diminuer la saturation urinaire est d’augmenter le volume urinaire. Promouvoir la diurèse est donc un des traitements les plus efficaces pour toutes les causes d’ABAU. Une urine concentrée est un facteur de risque d’urolithiase. En revanche, un important volume urinaire diminue le risque de formation de calcul en augmentant la fréquence de miction, permettant ainsi l’expulsion de tous les cristaux libres, du matériel protéinacé et des débris du tractus urinaire. De plus, la dilution et l’augmentation du flux urinaire facilitent le traitement des urolithiases et des bouchons urétraux félins puisqu’elles diminuent la concentration urinaire en substances lithogènes et réduisent le temps disponible pour la formation de cristaux ou calculs. Pour stimuler la diurèse il faut encourager le chat à boire (Tableau 7). Les chats qui reçoivent un aliment sec standard consomment moins d’eau, urinent moins fréquemment et produisent une urine moins volumineuse mais plus concentrée que les chats consommant un aliment humide (Burger et coll, 1980). Plusieurs moyens permettent d’augmenter la consommation d’eau: distribuer un aliment contenant 70 à 85 % d’humidité (aliment en conserve), augmenter la fréquence des repas quotidiens, ajouter du chlorure de sodium dans l’alimentation ou mélanger l’aliment avec de l’eau (Dumon et coll, 1999). La consommation d’eau par un chat est significativement influencée par le nombre de repas quotidiens. Kirschvink et coll (2005) décrivent qu’elle passe de 72 mL/chat/jour à 95 mL/chat/jour lorsque la ration est fractionnée en trois repas au lieu d’une distribution unique (Tableau 8). La digestibilité de l’aliment influence aussi la quantité d’eau présente dans l’urine: un aliment peu digestible est associé à une perte d’eau fécale plus élevée (Tableau 9). L’eau excrétée dans les fèces diminue la part de l’eau absorbée qui est éliminée par voie urinaire. Plus l’urine est concentrée, plus le risque d’urolithiase augmente. Un chat atteint d’ABAU doit donc recevoir un aliment hyperdigestible pour minimiser les pertes d’eau fécales. 298 FIGURE 22 - INFLUENCE DE LA TENEUR EN SODIUM DE L’ALIMENTATION SUR LA DENSITÉ URINAIRE QUOTIDIENNE MOYENNE DES CHATS D’après Hawthorne & Markwell, 2004 Na < 1,75g/1000 kcal Na : 2,75-4g/1000 kcal Na < 1,75g/1000 kcal Na : 2,75-4g/1000 kcal 140 1,056 120 1,054 100 1,052 60 1,05 1,048 40 1,046 20 1,044 0 1,042 Volume d’urine Les chats reçoivent un aliment contenant moins de 1,75 g sodium /1000 kcal ou entre 2,75 et 4,0 g sodium /1000 kcal. L’augmentation de la teneur en sodium de l’alimentation entraîne une augmentation significative (p<0.001) de consommation d’eau et du volume urinaire. L’augmentation de la teneur en sodium de l’aliment augmente la consommation hydrique et favorise la dilution urinaire chez le chat. L’efficacité de cet enrichissement alimentaire en sodium pour augmenter le volume urinaire est clairement démontrée par une étude de Biourge et coll (2001). Des chats sains recevant 1,1 g de NaCl/1000 kcal ont un volume urinaire moyen de 11 ± 5 mL/kg/jour. Lorsque le sodium alimentaire passe à 2,5 g NaCl/1000 kcal, le volume urinaire augmente de manière significative et atteint 20 ± 7 mL/kg/jour. Effet du sodium alimentaire sur l’excrétion urinaire du calcium L’utilisation du chlorure de sodium pour stimuler la soif et la diurèse a longtemps fait l’objet de débats à propos de l’impact de cette mesure sur l’excrétion du calcium urinaire, la pression sanguine et les maladies rénales (Osborne et coll, 2000). Cependant, les résultats des études récentes sont en faveur d’une augmentation modérée du sodium dans l’alimentation des chats présentant un risque d’urolithiase. 1,04 Les chats reçoivent un aliment contenant moins de 1,75 g sodium /1000 kcal ou entre 2,75 et 4,0 g sodium /1000 kcal. L’augmentation de la teneur en sodium entraîne une diminution significative (p = 0.003) de la densité urinaire. FIGURE 23 - INFLUENCE DE LA TENEUR EN SODIUM DE L’ALIMENTATION SUR LE RSS MOYEN DE L’OXALATE DE CALCIUM CHEZ LES CHATS D’après Hawthorne & Markwell, 2004 Na < 1,75g/1000 kcal Na : 2,75-4g/1000 kcal 3,5 Calcium oxalate RSS Quantité d’eau absorbée 3 2,5 ABAU 80 USG mL/chat/jour 160 5 - Maladies spécifiques FIGURE 21 - INFLUENCE DE LA TENEUR EN SODIUM DE L’ALIMENTATION SUR LA CONSOMMATION QUOTIDIENNE MOYENNE D’EAU ET SUR LE VOLUME URINAIRE DES CHATS D’après Hawthorne & Markwell, 2004 2 1,5 1 0,5 0 Les chats reçoivent un aliment contenant moins de 1,75 g sodium /1000 kcal ou entre 2,75 et 4,0 g sodium /1000 kcal. L’augmentation de la teneur en sodium de l’alimentation entraîne une diminution significative du RSS de l’oxalate de calcium. Les études de Devois et coll (2000a, b) montrent que chez le chat, passer d’un niveau alimentaire de 0,30-0,39 % de sodium sur matière sèche (MS) à 1,04 % entraîne une augmentation de la diurèse et de l’excrétion du calcium dans les 24 heures. Bien que l’augmentation de l’apport alimentaire de sodium conduise effectivement à une excrétion de calcium accrue, elle n’entraîne cependant pas d’augmentation de la concentration urinaire en calcium, du fait de l’augmentation concomitante du volume urinaire. De plus, une diminution significative du RSS de l’oxalate est constatée. Grâce à la stimulation de la diurèse, le risque de formation de calculs d’oxalate de calcium n’est donc pas plus élevé. Les résultats de cette étude sont confirmés par des études épidémiologiques qui montrent que les aliments contenant entre 1,43 et 3,70 g de chlorure de sodium/1000 kcal présentent moins de risque de formation de calculs d’oxalate de calcium que des aliments qui en contiennent entre 0,48 et 0,77 g/1000 kcal (Lekcharoensuk et coll, 2001b). Hawthorne et Markwell (2004) évaluent l’effet de la teneur en sodium de 23 aliments du commerce sur la consommation d’eau et la composition de l’urine de 55 chats adultes en bonne santé. Les chats recevant les aliments présentant une teneur plus élevée en sodium boivent plus, ont un volume urinaire significativement augmenté (Figure 21), une densité urinaire significativement diminuée (Figure 22) et des valeurs plus faibles de RSS pour l’oxalate de calcium (Figure 23) par rapport aux chats qui consomment des aliments à faible teneur en sodium. Les concentrations urinaires en calcium ne diffèrent pas 299 5 - Maladies spécifiques FIGURE 24 - UN ENRICHISSEMENT MODÉRÉ EN SODIUM DE L’ALIMENT PERMET DE RÉDUIRE EFFICACEMENT LE RSS VIS-À-VIS DES STRUVITES CHEZ LE CHAT EN BONNE SANTÉ Centre de Recherche Royal Canin 2005; données internes collectées sur une période de 2 ans FIGURE 25 - RELATION ENTRE LA TENEUR ALIMENTAIRE EN SODIUM ET LE RSS DE L’OXALATE DE CALCIUM CHEZ LE CHAT EN BONNE SANTÉ Biourge, 2007 Aliment sec Aliment humide Na < 0,5 % 20 10 18 8 16 RSS oxalate de calcium 8 RSS struvite 7 6 5 4 3 14 produit de formation 12 10 8 6 2 4 1 2 0 Aliment sec Aliment humide Na > 0,5 % 0,0 0,5 1,0 1,5 Teneur alimentaire en sodium (% MS) Données individuelles enregistrées avec 125 aliments différents distribués à un groupe de 7 chats. Chaque point correspond à un chat et un aliment particuliers. produit de solubilité 0 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0 Teneur alimentaire en sodium (% MS) L’enrichissement modéré en sodium de l’aliment permet de réduire efficacement le RSS de l’oxalate de calcium chez le chat en bonne santé. ABAU de manière significative entre les deux groupes de chats. Les résultats de cette étude montrent qu’une concentration alimentaire en sodium jusqu’à 4 g/1000 kcal n’augmente pas la concentration urinaire en calcium chez le chat, mais permet en revanche d’accroître la consommation d’eau et le volume urinaire par rapport à des chats consommant un aliment contenant moins de 1,75 g sodium/1000 kcal. Zu et coll (2006) ont évalué les effets du taux de sodium de l’aliment sur la prise d’eau, le volume urinaire, la densité urinaire, l’excrétion minérale, le RSS et le produits d’activité de l’oxalate de calcium et des struvites chez 9 chats en bonne santé. L’augmentation du taux de sodium de 0,4 à 1,2 % sur MS est associée à une augmentation significative du volume urinaire, sans élévation parallèle de l’excrétion du calcium chez ces chats. Effets du sodium alimentaire sur les valeurs du RSS urinaire L’effet d’un aliment sur le potentiel de cristallisation de l’urine peut être étudié à partir de la mesure du RSS chez le chat (Markwell et coll, 1999b; Robertson, 2002). Des études confirment que l’augmentation de la consommation de sodium diminue de manière significative le RSS vis-à-vis à la fois des struvites et de l’oxalate de calcium chez le chat en bonne santé (Figures 24 et 25) (Tournier et coll, 2006a; Zu et coll, 2006). Tournier et coll (2006a) ont comparé l’influence de 11 aliments secs extrudés, avec un taux de sodium de 0,44% à 1,56 % de MS, sur la composition urinaire de chats en bonne santé. Une corrélation linéaire significative est mise en évidence entre le sodium alimentaire et le RSS de l’oxalate de calcium: lorsque le taux de sodium de l’aliment augmente, le RSS de l’oxalate de calcium diminue chez les chats, grâce à l’augmentation du volume urinaire et de la dilution des urines. L’augmentation de la teneur en eau de l’aliment permet également de faire baisser le RSS de l’oxalate de calcium chez des chats prédisposés à l’urolithiase (Lulich et coll, 2004). Effets du sodium alimentaire sur la pression artérielle et la fonction rénale Comme chez l’homme, l’influence à long terme d’une augmentation de la teneur en chlorure de sodium de l’aliment (1,75 à 3,25 g/1000 kcal) sur la santé des chats est controversée. Les niveaux qui stimulent la diurèse ne semblent pourtant pas perturber la pression artérielle chez le chat en bonne santé, ni chez les chats présentant une maladie rénale débutante ou chez les modèles félins d’insuffisance rénale 300 Pression artérielle moyenne (mm Hg/chat/jour) 140 120 100 Régime témoin : 0,43 % Na sur matière sèche 80 60 40 20 0 1ère période FIGURE 27 - SOLUBILITÉ ET PH URINAIRE Communication personnelle du Dr WG Robertson Élevée Solubilité des cristaux Régime enrichi en sodium : 0,91 % Na sur matière sèche 160 5 - Maladies spécifiques FIGURE 26 - INFLUENCE DE LA TENEUR ALIMENTAIRE EN CHLORURE DE SODIUM SUR LA PRESSION ARTÉRIELLE SYSTOLIQUE CHEZ LE CHAT ADULTE EN BONNE SANTÉ Données d’après Luckschander et coll, 2004 Basse 5 6 7 pH urinaire Struvite Urate d'ammonium Oxalate de calcium Phosphate de calcium Cystine 2e période Étude en cross over : 10 chats sains européens (4 mâles + 6 femelles; 2,6 ± 0,5 ans; 4,50 ± 0,89 kg) reçoivent chaque aliment à tour de rôle pendant une période de 14 jours. Les aliments contiennent respectivement 0,46 % (aliment témoin) et 1,02 % (aliment étudié) de sodium sur matière sèche. La pression artérielle systolique n’est pas modifiée par la transition alimentaire. Le pH urinaire influence nettement la solubilité de certains cristaux et calculs. Les cristaux de struvite sont sensibles aux variations du pH urinaire. L’acidification de l’urine augmente la solubilité des cristaux de struvite, réduisant ainsi le risque d’urolithiase. En revanche, les cristaux d’oxalate de calcium sont peu sensibles au pH. ABAU (Buranakarl et coll, 2004; Luckschander et coll, 2004; Cowgill et coll, 2007). De plus, selon des données épidémiologiques, un aliment comportant un taux élevé de sodium (parmi d’autres nutriments) diminuerait le risque relatif d’insuffisance rénale chronique chez le chat (Hughes et coll, 2002). Lorsque de jeunes chats en bonne santé reçoivent pendant 14 jours un aliment enrichi en sodium (1,02% au lieu de 0,46 % sur MS), la consommation d’eau augmente et la densité urinaire diminue significativement mais la pression artérielle systolique n’est pas modifiée (Figure 26). Les mesures restent dans les limites des valeurs usuelles pendant toute la durée de l’étude (Luckschander et coll, 2004). Ces résultats suggèrent qu’un aliment suffisamment enrichi en sel pour stimuler le métabolisme hydrique n’a pas d’effet néfaste sur la pression artérielle systolique de jeunes chats en bonne santé. Cowgill et coll (2006) ont évalué les effets de la concentration alimentaire en sodium sur la fonction rénale de chats adultes recevant un aliment contenant 0,22 % ou 1,3% de sodium. Aucune différence due au régime n’est notée à propos de la créatininémie, de l’urémie ou du débit de filtration glomérulaire (DFG, déterminé par la clairance de la créatinine plasmatique exogène pendant 10 heures). Ces données suggèrent que la fonction rénale des chats en bonne santé n’est pas modifiée par des différences importantes de concentration en sodium dans l’aliment. Buranakarl et coll (2004) ont étudié l’influence de la quantité de sel ingéré sur la pression artérielle de chats atteints d’insuffisance rénale induite, équivalant aux stades II et III de l’IRIS. La pression artérielle n’a pas varié en fonction de la quantité de sodium ingérée. De plus, le taux le plus faible de sel a été associé avec des valeurs plus basses de DFG, avec une fuite urinaire de potassium et avec l’activation du système rénine-angiotensine-aldostérone. Les résultats de cette étude suggèrent que le chat insuffisant rénal n’est pas plus sensible que le chat en bonne santé sau niveau de sel de son alimentation. Ajuster le pH urinaire Agir sur le pH urinaire, via l’alimentation ou un traitement médical, peut s’avérer très efficace pour traiter certaines urolithiases, mais pas toutes (Figure 27). L’acidification des urines augmente de façon nette la solubilité des struvites; c’est une condition essentielle de leur dissolution (Stevenson et coll, 2000; Smith et coll, 2001). À l’inverse, l’alcalinisation des urines permet d’augmenter la solubilité de 301 5 - Maladies spécifiques certains calculs d’urate et et des calculs de cystine. L’alcalinisation au delà de 7,5 n’est cependant pas recommandée car elle peut favoriser la formation de calculs de phosphates de calcium. Quant aux calculs d’oxalate de calcium, ils se forment indépendamment du pH urinaire et leur dissolution médicale est actuellement impossible. Les effets du pH urinaire sur la formation des différents types de cristaux seront discutés avec le traitement ou la prévention de chaque type d’urolithiase. > Calculs de struvite : aspects particuliers Facteurs de risque Contrairement à ce qui s’observe chez le chien, la majorité des calculs félins de struvite (ou phosphates ammoniaco-magnésiens hexahydratés: Mg NH4 P04 6H20) sont stériles (Buffington et coll, 1997; Lekcharoensuk et coll, 2000; 2001a; Cannon et coll, 2007). Les calculs de struvite se forment lorsque l’urine devient sursaturée en magnésium et phosphates, en présence d’un pH urinaire supérieur à 6,5. En-dessous de ce niveau, les cristaux de struvite sont solubles et la cristallisation devient improbable lorsque le pH est inférieur à 6,3. Le pH urinaire est cependant moins important quand l'aliment favorise la diurèse et la dilution urinaire comme c'est le cas avec les aliments humides (Figure 28). Une étude contrôlée montre que le risque de formation de calculs de struvite augmente si l’alimentation est riche en magnésium, en phosphore, en calcium, en chlore et en fibres, contient un niveau modéré de protéines et peu de matières grasses (Lekcharoensuk et coll, 2001b). FIGURE 28 - CORRÉLATION ENTRE LE PH URINAIRE ET LE RSS DES STRUVITES CHEZ LE CHAT Centre de Recherche Royal Canin 2005; données internes collectées sur une période de 2 ans Aliment sec Aliment humide 12 RSS struvite ABAU 10 8 5 4 2 0 5 5,5 6 6,5 7 7,5 8 pH Données individuelles enregistrées avec 125 aliments différents distribués à un groupe de chats. Chaque point correspond à un chat et un aliment particuliers. Plus l’urine est alcaline, plus le risque de formation de struvite est élevé. TABLEAU 10 - LE RISQUE DE FORMATION DE STRUVITE DÉPEND DU PH URINAIRE ET DE LA FORME DU MAGNÉSIUM D’après Buffington et coll, 1990 Aliment de base 0,05% Mg Aliment contenant du MgCl2 0,5% Mg Aliment contenant du MgO 0,5% Mg pH 7,2 ± 0,3 5,8 ± 0,1 7,9 ± 0,3 Magnésium (mmol) 7,3 ± 2,8 53,1 ± 16,3 49,1 ± 14,4 Calcium (mmol) 4,7 ± 1,5 15,5 ± 8,2 8,1 ± 3,6 RSS struvite 24,7 0,7 87,1 RSS oxalate de calcium 41,3 12,8 8,6 302 Magnésium Les aliments contenant 0,15 à 1,0% de magnésium sur MS sont associés à un risque accru de formation de calculs de struvite (Lekcharoensuk et coll, 2001b). Cependant, les effets du magnésium dépendent de sa forme chimique et surtout du pH urinaire environnant (Tarttelin, 1987; Buffington et coll, 1990; Reed et coll, 2000a). Buffington et coll. (1990) notent que des chats nourris avec un aliment contenant 0,5 % de magnésium sous forme de MgCl2 ne forment pas de calculs de struvite alors que 0,5 % de magnésium sous forme de MgO dans l’aliment constitue un facteur de risque (Tableau 10). La différence est due au fait que l’oxyde de magnésium a un effet alcalinisant alors que le chlorure de magnésium est un agent acidifiant, favorable à la prévention de l’apparition de cristaux de struvite. Phosphore Les chats recevant un régime riche en phosphore (3,17-4,70 g/1000 kcal) ont au moins quatre fois plus de chances de développer des calculs de struvite par rapport aux chats recevant un aliment contenant entre 0,85 et 1,76 g de phosphore/1000 kcal (Lekcharoensuk et coll, 2001b). Une consommation alimentaire importante de phosphore augmente son excrétion urinaire et favorise la sursaturation de l’urine en magnésium, ammoniaque et phosphates (Finco et coll, 1989). Traitement Éliminer l’infection urinaire Bien que peu fréquents, les calculs de struvite secondaires à une infection urinaire nécessitent d’associer un traitement antimicrobien à la mise en place d’un régime alimentaire cal- 5 - Maladies spécifiques © D. Houston © D. Houston Figure 29B - Radiographie du même chat quatre semaines après la mise en place d’un aliment calculolytique. Le calcul observé sur la photo précédente (Figure 29A ) est complètement dissous. Régime calculolytique pour dissoudre les calculs de struvite Les calculs purs de struvite peuvent être dissous grâce à l’administration d’un aliment entraînant une augmentation du volume urinaire et un pH urinaire inférieur à 6,3 (Osborne et coll, 1990a; Houston et coll, 2004). Le taux de magnésium dans l’aliment doit être contrôlé et le RSS de l’aliment doit être inférieur à 1 (zone insaturée). L’aliment doit contenir un niveau de sodium suffisant pour stimuler la consommation d’eau et entraîner la formation d’une urine diluée. Les calculs de struvite stériles ne nécessitent pas d’antibiothérapie. © Andrew Moore, CVUC, Guelph, Ontario, Canada culolytique pour être dissous (voir plus bas). Le choix de l’antibiotique doit se faire d’après les résultats de l’antibiogramme réalisé sur une urine obtenue par cystocentèse. L’antibiothérapie doit être maintenue un mois après la disparition des calculs à la radiographie, puisque des bactéries viables peuvent persister dans des calculs non détectables à l’examen, car trop petits ou radiotransparents. ABAU Figure 29A - Radiographie de profil de l’abdomen d’un chat à urolithiase. La flèche indique un calcul unique de grande taille. Figure 30 - Calculs de struvite retirés de la vessie d’un chat Formes rondes ou discoïdales typiques. © : Andrew Moore, CVUC, Guelph, Ontario, Canada Dès 1990, un régime calculolytique capable de faire se dissoudre les calculs de struvite est décrit: il s’agit d’un aliment en conserve, pauvre en magnésium, acidifiant et supplémenté en sel (Osborne et coll, 1990a). Plus récemment, Houston et coll (2004) ont mis en évidence l’efficacité du régime alimentaire pour la dissolution des calculs de struvite chez 30 chats: un aliment à teneur modérée en magnésium, acidifiant et dont le RSS est inférieur à 1 permet d’obtenir la dissolution des calculs de struvite en 26 jours en moyenne avec la forme humide et 34 jours avec la forme extrudée (Figure 29). Il est recommandé de continuer à distribuer le régime calculolytique pendant un mois après la dissolution radiographique des struvites. Si le calcul ne se dissout pas, il est possible qu’il s’agisse d’un autre type de calcul ou d’un calcul mixte. Prévention des récidives Le taux de récidive pour les calculs de struvite est d’environ 2,7 % dans un délai moyen de 20 mois (Albasan et coll, 2006). Suite à la dissolution ou à l’éxérèse des calculs de struvite (Figures 30 et 31), une prescription diététique est nécessaire pour prévenir les récidives. Le RSS de l’aliment doit se situer dans la zone insaturée ou métastable, le pH urinaire doit être inférieur à 6,5 et l’aliment doit encourager la diurèse soit par une teneur en eau élevée (aliment en conserve) soit grâce à une supplémentation en chlorure de sodium. Figure 31 - Exemples de la variabilité d’aspect des calculs de struvite chez le chat. Traitement médical Les agents acidifiant l’urine, comme le chlorure d’ammonium ou la DL méthionine ne sont pas indispensables lorsque le régime alimentaire est déjà acidifiant. 303 5 - Maladies spécifiques Suivi L’efficacité du traitement doit être contrôlée en analysant les paramètres urinaires (pH, densité urinaire, examen du sédiment) deux semaines, quatre semaines, puis tous les trois à six mois après sa mise en place. Une radiographie abdominale doit être réalisée tous les trois à six mois pour détecter précocement la formation éventuelle de calculs. > Calculs d’oxalate de calcium : aspects particuliers (Figure 32) Facteurs de risque L’âge moyen des chats au moment du diagnostic d’une urolithiase à oxalate de calcium est de 7,8 ans, avec des extrêmes entre 2 et 18 ans. Pour ce type d’urolithiase, le risque augmente avec l’âge. Une étude décrit une distribution bimodale en fonction de l’âge avec un pic à 5 ans et un pic à 12 ans. La période à risque pour le développement des calculs d’oxalate de calcium semble se situer entre 7 et 10 ans. Smith et coll (1998) notent que l’urine des chats âgés (âge moyen 10,6 ± 1,3 ans) présente un RSS significativement plus faible pour les struvites (0,72 ± 0,58 vs 4,98 ± 4,03) et un RSS plus élevé pour l’oxalate de calcium (3,45 ± 1,62 vs 0,91 ± 0,87) en comparaison de chats plus jeunes (4,1 ± 1,0 ans). Le pH urinaire des chats âgés est significativement inférieur à celui des chats plus jeunes (6,1 ± 0,2 vs 6,4 ± 0,2, respectivement). La baisse du pH urinaire chez les chats âgés fait partie des facteurs pouvant favoriser la formation de calculs d’oxalate de calcium chez ces animaux (Smith et coll, 1998). Des différences génétiques, le statut sexuel, l’inactivité, l’obésité et l’environnement peuvent représenter des facteurs de risque vis-à-vis du développement des calculs d’oxalate de calcium (Lekcharoensuk et coll, 2001b). Le risque relatif de formation de calculs d’oxalate de calcium est multiplié par 1,5 chez les mâles qui sont effectivement plus souvent touchés que les femelles (55 % cas). Les chats Birmans, Himalayens et Persans sont des races prédisposées ce qui suggère que des facteurs génétiques peuvent contribuer à la formation de calculs de calcium. La vie à l’intérieur constitue également un facteur de risque (Kirk et coll, 1995; Jones et coll, 1997; Gerber et coll, 2005). ABAU Chez l’homme, l’hyperoxalurie peut résulter au moins de deux types d’anomalies métaboliques héréditaires, les deux entraînant une production accrue d’oxalate et des épisodes récurrents d’urolithiase à oxalate de calcium (Williams et Wilson, 1990). L’un de ces troubles est décrit chez le chat: il s’agit d’une hyperoxalurie héréditaire primaire (L-glycérique acidurie), liée à un déficit en déshydrogénase D-glycérate, une enzyme d’origine hépatique nécessaire au métabolisme des précurseurs de l’acide oxalique. Chez le chat, ce trouble métabolique est responsable d’un état de faiblesse et d’une insuffisance rénale aiguë, mais n’entraîne pas la formation de calculs d’oxalate de calcium (McKerrell et coll, 1989; De Lorenzi et coll, 2005). © Andrew Moore, CVUC, Guelph, Ontario, Canada Il est aujourd’hui difficile d’expliquer pourquoi l’incidence de l’urolithiase à oxalate de calcium a augmenté chez le chat de 1984 à 2002, même si la généralisation des aliments acidifiants et très pauvres en magnésium (afin de prévenir le risque de calculs de struvite) soit sans doute impliquée (Kirk et coll, 1995; McClain et coll, 1995; Thumachai et coll, 1996; Osborne et coll, 1996c; Lekcharoensuk et coll, 2000; 2001a, b). Cependant, beaucoup de chats consomment des aliments acidifiants et peu développent une hypercalcémie, une acidose métabolique et des calculs d’oxalate de calcium. La sensibilité particulière de certains chats pourrait donc s’expliquer par d’autres facteurs, telles qu’une absorption gastrointestinale accrue ou une excrétion rénale augmentée du calcium et/ou de l’oxalate. Figure 32 - Aspect typique des calculs d’oxalate de calcium chez le chat. 304 Acidose Lekcharoensuk et coll (2000) observent que les chats recevant des aliments formulés pour produire un pH urinaire entre 5,99 et 6,15 ont trois fois plus de chance de développer des calculs d’oxalate de calcium. L’acidurie persistante peut entraîner une légère acidose métabolique qui stimulerait la mobilisation osseuse de carbonates et de phosphates pour faire neutraliser les ions hydrogène (Figure 33). La mobilisation du calcium couplée à l’inhibition de sa réabsorption rénale tubulaire entraîne une augmentation de la calciurie. Cette dernière est décrite chez des chats cliniquement normaux qui reçoivent des aliments acidifiants (Fettman et coll, 1992). L’arrêt du régime acidifiant ou de l’administration d’agents acidifiant l’urine est associé à la normalisation de la concentration sérique de calcium chez cinq chats hypercalcémiques présentant une urolithiase à oxalate de calcium (McClain et coll, 1995). Une étude réalisée chez le chat a mis en évidence une augmentation faible mais significative du RSS de 5 - Maladies spécifiques FIGURE 33 - EFFETS DE L’ACIDOSE MÉTABOLIQUE SUR L’EXCRÉTION DU CALCIUM URINAIRE HCO3- Excrétion d’acide par le tubule rénal Na+ H+ H2CO3 H2O Na+ Ca(HCO3)2 CaHPO4 OH- +CO2 CO2 + H2O 3HCO3- HPO4-2 + H+ a-Cétoglutarate 3Na+ Na-K ATPase H2PO4- 2+ Ca Glutamine Na+ 2K+ NH4+ Urine Lumière tubulaire Calcium L’hypercalciurie est une anomalie constamment identifiée chez dix chats présentant des calculs d’oxalate de calcium (Lulich et coll, 2004). L’augmentation de l’absorption intestinale du calcium peut être due à une consommation alimentaire excessive de calcium, de vitamine D ou à une hypophosphatémie. L’augmentation de la calciurie peut se produire lorsque la réabsorption rénale tubulaire de calcium diminue (sous l’effet du furosémide et des corticoïdes?) ou lorsque la mobilisation du calcium depuis les réserves corporelles s’intensifie (acidose, hyperparathyroïdisme, hyperthyroïdisme, hypervitaminose D) (Ling et coll, 1990; Osborne, 1995a; 1996b; 2000). Capillaire péritubulaire FIGURE 34 - INFLUENCE DE L’ALCALINISATION SUR RSS DE L’OXALATE DE CALCIUM ET DES STRUVITES LE pH RSS Struvite RSS Oxalate de calcium ABAU D'après Stevenson et coll, 2000 14 7,5 * 12 * 10 7 6,5 8 RSS l’oxalate de calcium lorsqu’un acidifiant est ajouté dans un aliment en conserve. Cependant, même plus élevé, le RSS est resté inférieur à 12 (Stevenson et coll, 2000). Ce travail montre qu’il est possible de formuler un aliment qui limite à la fois le risque d’urolithiase à struvite (grâce à un pH moyen très acide: 5,8) et d’urolithiase à oxalate de calcium (Figure 34). Lorsque le pH urinaire et le RSS de l’oxalate de calcium de plusieurs aliments pour chats (aliments du commerce ou expérimentaux) sont comparés entre eux, le pH urinaire apparaît comme un mauvais prédicteur du RSS (Figure 35) (Tournier et coll, 2006b). Cellule du tubule proximal Urine pH Lors d'acidose métabolique, l’os libère des phosphates et carbonates de calcium dans la circulation sanguine. La calciurie augmente et il y a donc un risque accru de formation d’oxalate de calcium. 6 6 4 5,5 * 2 5 0 Aliment témoin Témoin + NH4Cl Témoin + NaHCO3 *p < 0,05 Protéines Étude faite chez 6 chats recevant un aliment témoin, l’aliment Chez l’homme, une alimentation riche en protéines animales est parfois de témoin additionné de NH4Cl ou l’aliment témoin additionné associée à l’apparition d’une acidose, à l’augmentation de l’excrétion uride NaHCO3. Le pH urinaire influence significativement le naire du calcium et de l’oxalate et à une diminution de l’excrétion urinaire RSS de l’oxalate de calcium (témoin + NH4Cl) et des struvites de l’acide citrique (Holmes et coll, 2001; Borghi et coll, 2002; Pietrow et Karel(témoin + NaHCO3). Même s’il s’élève, le RSS de l’oxalate las, 2006). Chez le chat en revanche, une consommation accrue de proreste cependant bien inférieur au produit de formation. téines provoque une augmentation de la consommation d’eau, du volume urinaire et de l’excrétion urinaire du phosphore mais l’excrétion du calcium n’est pas modifiée, que le chat soit en bonne santé ou qu’il présente une urolithiase à oxalate de calcium (Funaba et coll, 1996; Lekcharoensuk et coll, 2001; Lulich et coll, 2004). Le risque relatif de formation de calculs d’oxalate est divisé au moins par deux lorsque le régime est riche en protéines (105 -138 g/1000 kcal) comparé à un régime pauvre en protéines (52 - 80 g/1000 kcal) (Lekcharoensuk et coll, 2001b). Selon les résultats d’une étude contrôlée, les chats recevant des aliments secs et pauvres en protéines sont plus 305 5 - Maladies spécifiques FIGURE 35 - LE PH URINAIRE EST UN FAIBLE INDICATEUR DU RISQUE DE CALCULS D’OXALATE DE CALCIUM CHEZ LE CHAT Données individuelles pour 125 aliments (d’après Tournier et coll, 2006b) Aliment sec Aliment humide 20 18 RSS de l’oxalate de calcium 16 14 Produit de formation exposés au risque d’urolithiase à oxalate de calcium (Lekcharoensuk et coll, 2001b). L’origine des protéines influencerait également l’excrétion urinaire de l’oxalate chez le chat (Zentek et Schultz, 2004). Consommation d’eau La déplétion du volume liquidien intravasculaire et la concentration urinaire augmentent le risque de sursaturation de l’urine en calcium et en oxalate. Le risque de développement de calculs d’oxalate de calcium est divisé par trois chez les chats consommant un aliment humide par rapport aux chats recevant des aliments secs. 12 Oxalate Les aliments très riches en oxalate (brocoli, épinards, rhubarbe, noix, fraises) augmente la clairance rénale de l’oxalate et favorise le risque d’urolithiase chez l’homme. Ces aliments doivent être évités chez le chat (Lulich et coll, 1994; Holmes et coll, 2001). 10 8 6 4 Produit de solubilité 2 0 5 5,5 6 ABAU RSS de l’oxalate de calcium faible malgré un pH bas Vitamine C La question de l’association potentielle l’urolithiase à 6,5 7 7,5 8 8,5 oxalate de calcium, une consommation excessive de vitapH urinaire mine C et un niveau faible de vitamine B6 fait débat en Chaque point représente une mesure médecine humaine (Hughes et coll, 1981; Mitwalli, 1989; chez un chat en particulier. Curhan et coll, 1999). La vitamine C est en effet métabolisée en acide oxalique et excrétée dans l’urine. L'effet d'une supplémentation en vitamine C sur la concentration urinaire en oxalate a été étudiée chez 48 chats européens adultes (Yu et coll, 2005). Les chats ont consommé un aliment témoin complet et équilibré pendant deux semaines avant de recevoir un supplément de vitamine C équivalant à 40 mg/kg d'aliment, 78 mg/kg, 106 mg/kg ou 193 mg/kg respectivement pendant quatre semaines. Même au niveau le plus élevé, l'addition de vitamine C n'a pas affecté la concentration urinaire en oxalate. Vitamine B6 La vitamine B6 active la transamination du glyoxylate (un précurseur important de l’acide oxalique) en glycine. Un déficit en pyridoxine pourrait donc être responsable d’un accroissement de la production endogène et de l’excrétion d’oxalate. Un déficit provoqué en vitamine B6 entraîne en effet une augmentation de la concentration urinaire en oxalate et une néphrocalcinose à oxalate est décrite chez le chaton (Bai et coll, 1989). Cependant, la forme spontanée de ce syndrome n’est pas décrite. Une supplémentation en vitamine B6 ne diminue pas l’excrétion urinaire de l’acide oxalique par rapport à un régime non-supplémenté (Wrigglesworth et coll, 1999). En conséquence, l’intérêt d’une supplémentation en vitamine B6 lors d’urolithiase féline à oxalate de calcium n’est pas établi, sauf si l’alimentation n’en contient pas assez. Citrate Un déficit en citrate urinaire augmente le risque d’urolithiase à oxalate de calcium chez l’homme car son absence permet aux ions calcium d’être disponibles pour se lier aux ions oxalate (Allie-Hamdulay et Rodgers, 2005; Pietrow et Karellas, 2006). Le déficit en citrate peut être une anomalie héréditaire ou être une conséquence de l’acidose qui favorise l’utilisation du citrate par les tubules rénaux. Si la consommation alimentaire d’agents acidifiants entraîne un déficit en citrate chez le chat, le risque d’urolithiase à oxalate de calcium pourrait donc augmenter puisque le citrate est un inhibiteur de la formation de calculs d’oxalate de calcium (Lekcharoensuk et coll, 2001b). Magnésium Le magnésium est décrit comme un inhibiteur de la formation de calculs d’oxalate de calcium dans plusieurs espèces (Johansson et coll, 1980). Chez le chat, les aliments pauvres en magnésium (0,09-0,18 306 5 - Maladies spécifiques g/1000 kcal) sont en effet associés à un risque accru de formation de calculs d’oxalate de calcium, comparés aux aliments à teneur modérée en magnésium (0,19-0,35 g/1000 kcal) (Lekcharoensuk et coll, 2001b). Inversement, le risque de calculs d’oxalate de calcium augmente à nouveau si la teneur alimentaire en magnésium dépasse 0,36 g/1000 kcal (Lekcharoensuk et coll, 2001b). Le magnésium stimule la calciurie en augmentant la fraction du calcium ionisé et en inhibant la sécrétion de PTH. Phosphates L’hypophosphatémie peut augmenter le risque d’urolithiase à oxalate de calcium chez le chat. Ce risque est cinq fois plus élevé chez les chats recevant un aliment contenant 0,85-1,76 g/1000 kcal de phosphore par rapport à ceux dont l’aliment contient 1,77-3,16 g/1000 kcal de phosphore (Lekcharoensuk et coll, 2001b). L’hypophosphatémie entraîne l’activation de la transformation de la vitamine D3 en calcitriol par l’a1-hydroxylase rénale qui stimule ensuite l’absorption intestinale et l’excrétion rénale du calcium. De plus, le pyrophosphate urinaire est considéré comme un inhibiteur de la formation des calculs d’oxalate de calcium (Osborne et coll, 1995b; Reed et coll, 2000b, c). A l’inverse, les aliments très riches en phosphore (>3,17 g/1000 kcal) sont associés à un risque augmenté de formation de calculs d’oxalate de calcium par rapport aux aliments à teneur modérée (1,77-3,16 g/1000 kcal) (Lekcharoensuk et coll, 2001b). Sodium Chez l’homme, une forte consommation de sel a longtemps été suspectée d’augmenter l’excrétion urinaire de calcium. Un lien entre l’ingéré de sodium et l’excrétion urinaire de calcium ayant aussi été fait chez le chat, il a été conseillé de diminuer le niveau de sodium dans l’alimentation des chats à risque vis-à-vis de l’urolithiase à oxalate de calcium. Cependant, bien que l’augmentation du niveau de sodium alimentaire entraîne effectivement une augmentation de la quantité de calcium excrété par voie urinaire, la concentration urinaire en calcium n’augmente pas car la calciurie est compensée par l’accroissement concomitant du volume urinaire. Une diminution significative du RSS de l’oxalate de calcium est même observée (voir plus bas: Effet du sodium alimentaire sur l’excrétion urinaire du calcium). De plus, une étude épidémiologique montre qu’une augmentation du sodium alimentaire diminue le risque de calculs d’oxalate de calcium chez les chats (Lekcharoensuk et coll, 2001b). ABAU Potassium Les aliments pauvres en potassium contribuent au risque de calculs d’oxalate de calcium (Lekcharoensuk et coll, 2001b). A l’inverse, un aliment riche en potassium peut limiter la formation de calculs d’oxalate de calcium en modifiant l’excrétion du calcium urinaire. Ceci a été démontré chez l’homme (Lemann et coll, 1991). Traitement et prévention des récidives Les calculs d’oxalate de calcium ne peuvent pas être dissous médicalement. En conséquence, les calculs vésicaux doivent être retirés par aspiration, urohydropropulsion ou chirurgicalement. Une fois l’urolithiase traitée, des mesures préventives sont nécessaires car le risque de récidive est élevé. © Andrew Moore, CVUC, Guelph, Ontario, Canada Le taux de récidive est d’environ 10,9% avec un délai moyen de 20 mois avant d’observer un nouvel épisode d’urolithiase. Ce taux est 1,8 fois plus élevé chez le mâle que chez la femelle (Albasan et coll, 2006). Les mesures préventives sont donc importantes à mettre en place sitôt le traitement effectué. Éliminer les facteurs de risque Si le chat est hypercalcémique, un bilan médical complet est recommandé pour tenter d’identifier et de traiter la cause sous-jacente de l’hypercalcémie. Dans beaucoup de cas, cette cause ne peut pas être déterminée. Si le chat est normocalcémique, les facteurs de risque d’urolithiase à oxalate de calcium doivent être identifiés et contrôlés. Les aliments secs acidifiants qui ne sont pas formulés pour augmenter la diurèse et les médicaments qui augmentent la calciurie (acidifiants urinaires, furosémide, etc.) doivent être évités. Il en est de même pour les friandises ou les suppléments alimentaires contenant du calcium, de la vitamine D ou des quantités importantes de vitamine C, car ils augmentent l’excrétion urinaire du calcium et/ou de l’oxalate (Osborne et coll, 1995a). Exemples de la variabilité d’aspect des calculs d’oxalate de calcium chez le chat. Le plus souvent, l’oxalate de calcium déshydraté présente des spicules (en bas à droite) ; les calculs d’oxalate de calcium monohydratés sont souvent ronds (en bas à gauche). 307 5 - Maladies spécifiques Stratégie nutritionnelle Pour que se forment des cristaux d’oxalate de calcium, première étape de la formation d’un calcul, il faut que l’urine soit sursaturée en précurseurs d’oxalate de calcium. L’objectif nutritionnel consiste donc à donner un aliment qui favorise la production d’une urine métastable ou insaturée en oxalate de calcium. Le RSS de l’aliment doit être inférieur à 12 (idéalement < 5). Augmenter la consommation d’eau demeure le point clé de la prévention des calculs d’oxalate de calcium (voir plus haut: Stimulation de la diurèse). Calcium et oxalate Les études montrent clairement que les teneurs de l’aliment en calcium et en oxalate influencent le RSS de l’urine vis-à-vis de l’oxalate de calcium (Smith et coll, 1998; Markwell et coll, 1998a; 1999a, b; Stevenson et coll, 2000). Une consommation excessive de calcium et d’oxalate doit être évitée mais la prévention des calculs d’oxalate de calcium n’impose pas non plus une restriction importante de ces nutriments. D’autre part, diminuer la consommation de l’un des deux pourrait favoriser l’absorption intestinale de l’autre. Dans une étude réalisée sur 10 chats, la restriction du calcium alimentaire n’est pas associée à une augmentation de la concentration urinaire en acide oxalique (Lulich et coll, 2004); cependant, d’autres études (Lekcharoensuk et coll, 2001b) montrent qu’il est possible de limiter le risque d’urolithiase à oxalate de calcium avec un aliment à teneur modérée en calcium. Phosphore, magnésium, potassium Il est inutile de vouloir modifier la teneur en phosphore de l’alimentation (Lekchareonesuk et coll, 2001b). Une restriction sévère en phosphore peut augmenter l’excrétion urinaire du calcium et contribuer à la formation de calculs d’oxalate de calcium. Les aliments formulés pour l’insuffisance rénale chronique, pauvres en protéines et en phosphore, ne sont donc pas recommandés. De même, puisque la restriction et la supplémentation en magnésium ont été associées à un risque accru de calculs d’oxalate de calcium, le niveau de magnésium de l’aliment doit rester à un niveau moyen (Osborne et coll, 1995a; Lekcharoensuk et coll, 2001b). ABAU pH urinaire Certains de nos travaux récents montrent que le pH de l’urine n’est pas un bon indicateur de la saturation urinaire en oxalate de calcium (Figure 35). Même si l’acidose métabolique augmente effectivement la calciurie (Kirk et coll, 1995; McClain et coll, 1995; Thumachai et coll, 1996; Lekcharoensuk et coll, 2000; 2001), il est possible de formuler un aliment qui induise un pH urinaire entre 5,8 et 6,2 tout en maintenant le RSS de l’oxalate de calcium inférieur à 5, afin de prévenir à la fois la formation de calculs de struvite et d’oxalate de calcium. © Andrew Moore, CVUC, Guelph, Ontario, Canada Traitement médical et suivi Un traitement médical associant du citrate, des diurétiques thiazidiques et la vitamine B6 est recommandé dans certains cas de cristallurie persistante ou de récidive d’urolithiase à oxalate de calcium. Le citrate de potassium est utilisé chez l’homme pour prévenir les récidives car il forme des sels solubles avec le calcium (Pietrow et Karellas, 2006). Administré par voie orale, le citrate de potassium augmente le pH urinaire et peut permettre de corriger une acidification urinaire excessive, cette situation pouvant entraîner un déficit en citrate (Osborne et coll, 1995b; Lekcharoensuk et coll, 2001b). Aspect particulier des calculs d’oxalate de calcium chez le chat. L’aspect en étoile peut facilement être confondu avec une urolithiase à silice sur les radiographies. 308 Les diurétiques hydrochlorothiazidiques sont utilisés pour traiter les calculs d’oxalate de calcium chez l’homme et ils permettent de faire baisser le RSS de l’oxalate de calcium chez le chat adulte en bonne santé (Hezel et coll, 2006). Cependant, l’administration à long terme de ce type de diurétiques augmente l’excrétion du potassium, du sodium, du magnésium, du phosphore et du chlore, ce qui peut entraîner des déficits nutritionnels. L’efficacité et l’innocuité des hydrochlorothiazidiques n’ayant pas été étudiées chez le chat atteint d’urolithiase à oxalate de calcium, leur utilisation n’est pas recommandée pour l’instant. 5 - Maladies spécifiques Des analyses urinaires (pH, densité urinaire et examen du sédiment) réalisées deux semaines, quatre semaines puis tous les trois à six mois après le début du traitement, permettent d’évaluer l’efficacité de celui-ci. La détection précoce des récidives est possible grâce à une radiographie abdominale pratiquée tous les trois à six mois : lorsque les calculs sont petits, leur extraction par urohydropropulsion est encore possible. Traitement des calculs rénaux et uretéraux Un débat existe à propos du traitement des calculs rénaux et uretéraux. Kyles et coll (2005) notent que 92 % des chats présentant des calculs uretéraux sont azotémiques lors de la première consultation; d’autre part, 67 % des chats ont de multiples calculs et 63% sont atteints de manière bilatérale. La forte probabilité d’atteinte bilatérale, l’insuffisance rénale concomitante et la probabilité de rechute constituent des contre-indications au traitement chirurgical par néphrectomie. La néphrotomie entraîne inévitablement la destruction de néphrons et ce traitement chirurgical n’est donc pas non plus recommandé sauf lorsque les calculs rénaux causent des perturbations cliniques importantes. L’uretérotomie peut être indiquée pour les chats présentant une hydronéphrose évolutive et chez qui les calculs uretéraux sont bien visibles. Un uroabdomen et une sténose uretérale sont cependant des complications post-opératoires possibles. Les calculs ne causant qu’une obstruction partielle peuvent bénéficier d’une approche conservative: dans 30 % des cas, les calculs uretéraux passent dans la vessie (Kyles et coll, 2005). Bien que fréquemment utilisée en médecine humaine, la lithotripsie n’est pas encore une technique utilisée en routine chez le chat. > Calculs de phosphates de calcium ABAU L’identification et le traitement des conditions sous-jacentes constituent les premières étapes de la prévention des calculs de phosphate de calcium. Plusieurs hypothèses doivent être envisagées: hyperparathyroïdisme primaire, hypercalcémie, concentration urinaire excessive en calcium et/ou en phosphates et pH urinaire trop alcalin (>7,5). Ce type d’urolithiase peut être consécutif à l’administration d’un traitement alcalinisant en vue de prévenir l’apparition d’autres types de calculs. Si aucune étiologie sous-jacente n’est mise en évidence, les calculs de phosphate de calcium sont généralement traités comme les calculs d’oxalate de calcium. Il faut cependant éviter de prescrire un régime trop alcalinisant, comme c’est le cas de certains aliments destinés à la prévention des calculs d’oxalate de calcium. > Calculs d’urates (Figure 36) Facteurs de risque Les calculs d’urate viennent en troisième position dans la liste des urolithiases les plus fréquentes chez le chat. Ces calculs sont formés d’acide urique et de son sel monobasique, l’urate d’ammonium acide. Leur prévalence est inférieure à 6 % (Osborne et coll, 2000; Houston et coll, 2004; 2006) et elle n’a pas changé significativement au cours des vingt dernières années. Au Canada, sur 321 calculs d’urate d’ammonium analysés, 10 (3,1 %) proviennent de chats Siamois et 9 de Mau Egyptiens (2,8 %) (Houston et coll, 2006). © Andrew Moore, CVUC, Guelph, Ontario, Canada Les calculs d’urates peuvent se rencontrer lors de shunt portosystémique ou autre dysfonctionnement hépatique grave. Ils pourraient être associés à une diminution de la conversion hépatique de l’ammonium en urée, responsable d’une hyperammoniémie. Chez les chats atteints de shunt portosystémique, les calculs d’urate contiennent souvent des struvites. Les calculs d’urate peuvent aussi être observés: • en présence d’une infection urinaire qui entraîne l’augmentation de la concentration urinaire d’ammoniaque, • lors d’acidose métabolique responsable d’une urine très acide, • lors de la consommation d’aliments riches en purines (foie ou autres abats) (Osborne et coll, 1992a; Ling 1995; Ling et Sorenson, 1995). La pathogénie exacte reste inconnue dans la plupart des cas (Cannon et coll, 2007). Figure 36 - Calculs d’urate. 309 5 - Maladies spécifiques Traitement Les calculs d’urate peuvent éventuellement être dissous médicalement mais il n’existe pas d’essai clinique publié à propos de l’efficacité d’un aliment particulier. La stratégie diététique consiste à diminuer la teneur en purine de l’aliment. Comme pour n’importe quelle urolithiase, il faut encourager la consommation d’eau par le chat afin d’obtenir une urine diluée. La distribution d’un aliment humide (conserve, pochon, barquette), l’addition d’eau à l’aliment ou un aliment enrichi en sodium sont différents moyens de faire baisser la saturation urinaire. Alcalinisation de l’urine Une urine alcaline contient relativement moins d’ions ammonium qu’une urine acide. L’alcalinisation est donc un moyen de limiter le risque de calculs d’urates d’ammonium. Les aliments pauvres en protéines et utilisant des protéines végétales ont un effet alcalinisant mais l’addition de citrate de potassium est souvent nécessaire. La posologie doit être adaptée afin de maintenir le pH urinaire entre 6,8 et 7,2. Il faut éviter de passer au-dessus de 7,5 car cela favorise la formation secondaire de cristaux de phosphates de calcium. Lorsqu’un régime végétarien est mis en place, il faut s’assurer qu’il est formulé de manière à couvrir tous les besoins essentiels du chat. Inhibiteurs de la xanthine oxydase La xanthine oxydase est une enzyme qui catalyse la conversion de la xanthine et de l’hypoxanthine en acide urique. L’allopurinol inhibe l’action de la xanthine oxydase et il est utilisé dans plusieurs espèces pour diminuer l’élimination urinaire d’urate. Bien qu’une posologie existe pour le chat (9 mg/kg PO/jour) (Plumb, 2002), l’efficacité de l’allopurinol et sa toxicité potentielle dans cette espèce restent à étudier et son utilisation chez le chat n’est donc pas recommandée. Suivi ABAU Le processus de dissolution doit être contrôlé toutes les quatre à six semaines en visualisant la taille des calculs par des clichés radiographiques (radiographie à double contraste) ou par échographie. Même après obtention d’une dissolution complète, un examen échographique (ou une cystographie à double contraste) est recommandé au moins une fois tous les deux mois pendant un an car le risque de récidive est élevé. Des analyses urinaires (pH, densité urinaire, examen du sédiment) pratiquées tous les trois à six mois permettent également d’évaluer l’efficacité du traitement. > Calculs de cystine (Figure 37) Facteurs de risque Les calculs de cystine se rencontrent chez les chats présentant une cystinurie, un trouble héréditaire caractérisé par un déficit de réabsorption tubulaire proximale de la cystine et d’autres acides aminés (ornithine, lysine, arginine) (DiBartola et coll, 1991; Osborne et coll, 1992a; Ling, 1995; Osborne et coll, 1996). Aucune prédisposition sexuelle ou raciale n’a été démontrée mais les Siamois semblent plus menacés (Ling et coll, 1990; Osborne et coll, 2000; Cannon, 2007). La plupart des chats atteints sont d’âge moyen ou âgés (Kruger et coll, 1991). Traitement © Andrew Moore, CVUC, Guelph, Ontario, Canada Des techniques fiables de dissolution médicale des calculs de cystine chez le chat ne sont pas encore développées (Osborne et coll, 2000). Les calculs de petite taille peuvent être extraits par urohydropulsion (Lulich et coll, 19993b). Une cystotomie est nécessaire pour les calculs de plus grande taille. Diminuer la concentration urinaire en cystine et augmenter sa solubilité sont les principes de base d’une éventuelle dissolution médicale. Elle implique de modifier l’apport en acides aminés (aliment pauvre en méthionine/cystine) et de prescrire un médicament contenant un radical thiol. Figure 37 - Calcul de cystine vu en microscopie électronique. 310 Médicaments contenant un radical thiol Ces médicaments réagissent avec la cystine en échangeant un groupement thiol disulfide, ce qui entraîne la formation d’un complexe plus soluble que la cystine dans l’urine. Le N-(2-mercaptopropionyl)-glycine (2-MPG) est recommandé, à la posologie de 12-20 mg/kg deux fois par jour (Osborne et coll, 2000). 5 - Maladies spécifiques Alcalinisation de l’urine La solubilité de la cystine dépend du pH: elle est beaucoup plus soluble si l’urine est alcaline. L’administration orale ou la présence de citrate de potassium dans l’aliment permettent d’obtenir l’alcalinisation de l’urine. Suivi © Andrew Moore Le processus de dissolution doit être contrôlé toutes les quatre à six semaines en visualisant la taille des calculs par des clichés radiographiques (radiographie à double contraste) ou par échographie. Même après obtention d’une dissolution complète, un examen échographique (ou une cystographie à double contraste) est recommandé au moins une fois tous les deux mois pendant un an car le risque de récidive est élevé. Des analyses urinaires (pH, densité urinaire, examen du sédiment) pratiquées tous les deux à trois mois permettent également d’évaluer l’efficacité du traitement. > Calculs de xanthine (Figure 38) Les calculs de xanthine sont rares et ils pourraient être liés à un trouble héréditaire du métabolisme des purines ou consécutifs à l’administration d’allopurinol. Dans la plupart des cas, aucun facteur de risque n’est identifié. Il n’existe apparemment pas de prédisposition de race, d’âge ou de sexe (Osborne et coll, 1992a; 1996b; White et coll, 1997). Figure 38 - Calcul de xanthine (échelle 0,1 mm). Calculs recueillis chez un chat croisé Siamois de 9 mois : leur couleur pâle est inhabituelle : ces calculs sont généralement vert ou jaune. La stratégie diététique vise à diminuer le contenu en purines de l’aliment. Comme pour n’importe quelle urolithiase, il faut encourager la consommation d’eau par le chat afin d’obtenir une urine diluée. La distribution d’un aliment humide (conserve, pochon, barquette), l’addition d’eau à l’aliment ou un aliment enrichi en sodium sont différents moyens de faire baisser la saturation urinaire. > Calculs de silice (Figure 39) Les calculs de silice sont rares chez le chat. En raison du nombre limité de cas, aucune prédisposition n’a été mise en évidence bien que les analyses réalisées au Canada indiquent une prédominance des mâles par rapport aux femelles (Houston et coll, 2006). Chez le chien, la consommation de certains aliments contenant une forme absorbable de silice (entraînant une hyperexcrétion de silice dans l’urine) pourrait expliquer la pathogénie. L’urolithiase à silice pourrait être liée à l’utilisation importante de matières premières végétales riches en fibres et en son (Osborne et coll, 1995a, b). La découverte de calculs de silice est souvent fortuite chez le chat. L’exérèse chirurgicale est indiquée seulement si les calculs sont responsables de l’apparition de signes cliniques d’ABAU. Puisque les facteurs prédisposants et déclenchants de la formation de calculs de silice ne sont pas connus, seules des recommandations diététiques générales peuvent être faites: choisir un aliment contenant des protéines de très bonne qualité et réduire, si possible, la part des matières premières végétales dans l’alimentation. Il faut également encourager la consommation d’eau pour favoriser la dilution urinaire. Figure 39 - Exemple de calcul de silice. > Calculs divers Des calculs de pyrophosphate magnésio-potassique ont déjà été décrits chez quatre chats Persans (Frank et coll, 2002). Au Canada, 15 calculs de ce type ont été analysés par le Canadian Veterinary Urolith Center. Les deux tiers d’entre eux provenaient de chats mâles et ils étaient principalement issus de chats européens (66,7 %). Parmi les chats de race figuraient un mâle et une femelle Himalayens, un mâle et une femelle Persans et un mâle Maine Coon. Neuf autres calculs étaient composés d’un noyau d’oxalate de calcium (8/9) ou de struvite (1/9), englobés dans un calcul ou une couche de pyrophosphate. Bien que leur étiologie ne soit pas établie de façon certaine, il se pourrait qu’elle soit liée à un trouble enzymatique temporaire ou permanent, responsable d’une sursaturation de l’urine en pyrophosphate, à l’origine de la cristallisation initiale (Frank et coll, 2002). Des calculs de sang solidifié (Figure 40) ont été décrits chez des chats en Amérique du Nord (Westropp et coll, 2006). Leur étiologie reste inconnue. Ces calculs ne contiennent généralement aucun matériel cristallin et nombre d’entre eux sont radio-transparents. 311 ABAU © Compliments of JL Westropp, Davis, California. Si un traitement à l’allopurinol est en cours pour traiter des calculs d’urate, il faut l’interrompre car il favorise la formation des calculs de xanthine. © Compliments of JL Westropp, Davis, California. Conclusion Puisque les facteurs prédisposants et déclenchants de la formation de calculs de pyrophosphate magnésio-potassique et de sang solidifié ne sont pas connus, seules des recommandations diététiques générales peuvent être faites: choisir un aliment hautement digestible, contenant des protéines de très bonne qualité et réduire le niveau de fibres dans l’alimentation. Il faut également encourager la consommation d’eau pour favoriser la dilution urinaire. > Calculs mixtes Figure 40 - Exemples de calculs vésicaux de sang séché et solidifié chez un chat. Les calculs mixtes sont formés d’un noyau minéral d’un certain type et d’un calcul ou d’une couche minérale d’un autre type (Figure 41). Ils se développent du fait de la succession dans le temps de facteurs favorisant la précipitation d’un type minéral, puis d’un autre. Certains minéraux peuvent également être à l’origine du dépôt du second minéral; par exemple, tous les types de calculs prédisposent aux infections urinaires, pouvant elles-mêmes entraîner la précipitation secondaire de struvite (Osborne et coll, 2000). Conclusion © Andrew Moore, CVUC, Guelph, Ontario, Canada ABAU La possibilité d’observer des calculs mixtes renforce la nécessité d’analyser quantitativement les calculs pour mettre en place un traitement diététique et médical réellement adaptés. La stratégie diététique consiste à lutter contre les facteurs qui entraînent la formation du noyau. Comme pour n’importe quelle urolithiase, il faut encourager la consommation d’eau par le chat afin d’obtenir une urine diluée. La distribution d’un aliment humide (conserve, pochon, barquette), l’addition d’eau à l’aliment ou un aliment enrichi en sodium sont différents moyens de faire baisser la saturation urinaire. Quelle que soit l’affection urinaire en cause, il est fondamental de stimuler la consommation d’eau par le chat afin d’augmenter le volume et la fréquence des mictions. En cas de cystite interstitielle, la dilution urinaire permet de diminuer la concentration des substances nocives et irritantes dans la vessie. Lors de bouchons urétral, la dilution urinaire et l’augmentation du volume urinaire diminuent la concentration en matériel protéinacé et en sous-produits du métabolisme. Dans le cas des urolithiases, le traitement est largement facilité par la dilution urinaire: un volume urinaire augmenté diminue la saturation urinaire en précurseurs potentiels des calculs. De plus, l’augmentation de la diurèse peut permettre de limiter le temps de séjour des cristaux dans les voies urinaires, diminuant ainsi leur potentiel de croissance. Figure 41 - Exemple de calcul mixte chez un chat. L’analyse quantitative met en évidence un noyau d’urate d’ammonium et une enveloppe constituée de struvite. 312 La nutrition constitue un pilier essentiel de la prévention et du traitement des urolithiases du chat, quelle que soit leur étiologie. Des recommandations diététiques spécifiques sont disponibles pour chaque cas particulier en fonction de la composition minérale des calculs. Lors d’urolithiase à struvite, l’obtention d’une urine insaturée en phosphates ammoniaco-magnésiens passe par le contrôle du niveau de magnésium et la réduction du pH urinaire. Face à une urolithiase à oxalate de calcium, il faut faire attention à limiter la présence des précurseurs dans l’alimentation et à maintenir le RSS en zone métastable. En revanche, des modifications du pH urinaire sont insuffisantes pour traiter les calculs d’oxalate de calcium. Pour les calculs d’origine métaboliques (cystine, xanthine, urate), le régime doit présenter un niveau protéique limité et un pH urinaire neutre à alcalin doit être maintenu. Q R Un chat est présenté à la consultation pour hématurie et miction en dehors de la litière. L’analyse urinaire ne met pas en évidence de bactéries. Faut-il quand même prescrire un traitement antibiotique et observer la réponse du chat, ou plutôt pratiquer des radiographies ou d’autres examens complémentaires ? Les infections urinaires sont rares chez le chat en bonne santé (<1 %) et l’utilisation en routine des antibiotiques est déconseillée. Il faut plutôt suspecter une cystite interstitielle idiopathique ou une urolithiase et une radiographie est recommandée. Les calculs de struvite et d’oxalate de calcium sont les deux types les plus fréquents chez le chat et ils sont tous deux radio-opaques. (Les calculs d’urate et de cystine sont radiotransparents et ne peuvent être mis en évidence que par radiographie de contraste ou par échographie.) Si je vois un calcul à la radiographie, est-il plus probable que ce soit un calcul de struvite ou d’oxalate de calcium ? Suivant les pays, les calculs de struvite ou d’oxalate de calcium sont responsables de la majorité des cas d’urolithiase féline. Plutôt que d’essayer de deviner à quel type de calcul on a affaire, mieux vaut le retirer et le faire analyser. Le calcul peut être récolté lors d’une miction spontanée (avec une épuisette d’aquarium), par aspiration avec une sonde urinaire, par urohydropropulsion, par cystoscopie ou exérèse chirurgicale. Le pH urinaire et l’examen du sédiment peuvent ne rien révéler d’utile si les cristaux ne sont pas éliminés ou si les cristaux présents sont différents de ceux à l’origine du calcul. Lors de suspicion d’urolithiase à struvite, la dissolution médicale peut être tentée. L’absence de résultat au bout de six semaines indique que la composition minérale du calcul est probablement différente et une extraction chirurgicale est alors indiquée. Les calculs rénaux des chats sont-ils plus souvent des calculs de struvite ou d’oxalate de calcium ? Chez le chat, environ 70 % des néphrolithes sont des calculs d’oxalate de calcium. Ils seraient présents chez 50 % des chats présentant une maladie rénale. Ceux-ci doivent donc impérativement être soumis à une radiographie abdominale. La mise en évidence de calculs rénaux peut permettre de mieux gérer une éventuelle obstruction et un déclin de la fonction rénale. Comment doit-on traiter les calculs rénaux et uretéraux chez le chat ? A cause de la destruction inévitable de néphrons pendant la néphrotomie, l’exérèse chirurgicale doit être autant que possible évitée, sauf s’il est certain que ces calculs sont responsables de signes cliniques d’obstruction complète ou de détérioration de la fonction rénale. Dans de nombreux cas, les calculs uretéraux migrent spontanément dans la vessie et il est donc indiqué de suivre leur progression par des radiographies successives. Quand un chat doit-il être revu après le retrait d’un calcul ? Quels sont les examens complémentaires recommandés pour suivre au mieux le patient ? De nombreuses d’urolithiases présentent un risque élevé de récidives et il est donc recommandé de radiographier le chat tous les trois à six mois après le retrait ou la dissolution des calculs. Pour les calculs d’origine métabolique (urate, cystine), des radiographies de contraste ou un examen échographique sont nécessaires car ces calculs sont radiotransparents. Le pH urinaire et la densité urinaire doivent être mesurés tous les trois mois pour s’assurer de l’observance du propriétaire et de l’efficacité du régime alimentaire. 313 ABAU Questions fréquemment posées Questions fréquemment posées à propos de la gestion nutritionnelle des affections du bas appareil urinaire chez le chat Références Références Albasan H, Lulich JP, Osborne CA, et al. Effects of storage time and temperature on pH, specific gravity, and crystal formation in urine samples from dogs and cats. J Am Vet Med Assoc 2003; 222: 176-179. Albasan H, Osborne CA, Lulich JP, et al. Urolith recurrence in cats. J Vet Intern Med 2006; 20: 786-787. Allie-Hamdulay S, Rodgers AL. Prophylactic and therapeutic properties of a sodium citrate preparation in the management of calcium oxalate urolithiasis : randomized, placebo-controlled trial. Urol Res 2005; 33: 116-124. Bai SC, Sampson DA, Morris JG, et al. Vitamin B-6 requirement of growing kittens. J Nutr 1989; 119: 1020-27 Bartges JW. 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PhD thesis, Institute of Urology and Nephrology, University College London, 2001. 317 Informations nutritionnelles Royal Canin Gros plan sur : le sodium ABAU Après le calcium et le potassium, le sodium est l’ion le plus abondant dans l’organisme. Il représente environ 0,13% du poids du corps chez un mammifère. Le sodium extracellulaire se répartit entre le squelette (43 % du sodium total), les liquides interstitiels (29 %) et le plasma (12 %). Le reste du sodium est surtout localisé à l’intérieur des cellules. Le sodium joue plusieurs rôles essentiels dans le fonctionnement cellulaire : - il maintient l’équilibre de la pression osmotique entre le milieu intra- et extra-cellulaire et régule ainsi le volume des liquides extracellulaires. Sa fonction régulatrice des équilibres hydriques lui confère un rôle important dans l’apparition de la sensation de soif et l’élimination urinaire ; - il intervient dans l’équilibre acidobasique - il participe à la transmission de l’influx nerveux. L’absorption digestive du sodium est en général très importante. Le maintien d’un niveau constant de sodium dans l’organisme se fait par le biais de la régulation de l’excrétion rénale et intestinale. A propos du sel dans les aliments pour chats : sachez mesurer soigneusement… - Dans 1 mmol de NaCl, les ions sodium pèsent 23 mg et les ions chlorure pèsent 35,45 mg. - La conversion se fait donc en utilisant le facteur 23. Les publications traitant de l’influence du sodium (Na) sur la physiologie n’expriment pas toujours de la même façon la concentration en sodium des aliments : avant d’interpréter les résultats, il convient de distinguer les valeurs données en : - mg ou mmol de Na par kg de poids - en mg ou mmol de Na par kg d’aliment - en % de la matière sèche de l’aliment. Exemple 1 : 10 mmol de sodium équivalent à : 23 x 10 = 230 mg de Na Parfois, les valeurs de sodium sont données à travers la quantité de chlorure de sodium (NaCl) ajoutée. Les unités doivent donc être prises en compte avant de comparer des valeurs entre elles. Savoir calculer les équivalences entre mg et mmol de sodium - Le poids moléculaire de NaCl est de 58,45 g/mol. - Dans 1 Mole de NaCl, les ions sodium pèsent 23 g et les ions chlorure pèsent 35,45 g. Exemple 2 : 10 mg de sodium équivalent à : 10 / 23 = 0,43 mmol de Na Ne pas confondre les teneurs en chlorure de sodium (NaCl) et les teneurs en sodium (Na) dans un aliment ! - Dans une mole de NaCl, les ions sodium représentent 39,3 % du total et les ions chlorure environ 60,7 %. - La conversion se fait donc en utilisant le facteur 0,393. Exemple: 1 % de sodium dans un aliment correspond à : 1/0,393 < 2,54 % de NaCl. Lorsque la source de sodium est un autre sel de sodium, le calcul se fait de la même façon, en connaissant la proportion de sodium dans chaque sel : - le carbonate de sodium contient 37 % de sodium. - le bicarbonate de sodium contient 27 % de sodium. - le phosphate de sodium contient 16 % de sodium. Le chat ne transpirant pas, il n’est pas exposé à des pertes majeures à cause de la sudation même lorsqu’il fournit des efforts intenses ou qu’il est exposé à de fortes chaleurs. 318 Informations nutritionnelles Royal Canin La vitesse de dissolution in vitro des calculs de struvite chez le chat dépend de la saturation relative de l’urine Tournier C, Malandain E, Abouhafs S, Aladenise S, Venet C, Ecochard C, Sergheraert R, Biourge V. Centre de Recherche Royal Canin, Aimargues, France FIGURE 1 - EVALUATION DE LA PROBABILITÉ DE FORMATION DES CRISTAUX DE STRUVITE EN FONCTION DE LA SATURATION URINAIRE Zone de sursaturation Formation de cristaux Produit de formation Zone métastable Croissance des cristaux existants Produit de solubilité Zone de sous-saturation Dissolution des cristaux ABAU L’analyse de la saturation urinaire (en anglais : relative supersaturation ou RSS) est une méthode qui permet de mesurer le potentiel de formation ou au contraire de dissolution des cristaux dans l’urine, en fonction de sa composition (Figure 1). Cette technique a été validée chez le chat (Robertson et coll, 2002). L’objectif de cette étude est d’estimer la valeur prédictive du RSS d’une urine pour la vitesse de dissolution in vitro des calculs de struvite (ou phosphates ammoniaco-magnésiens). Saturation urinaire Introduction Matériels et méthodes Animaux et aliments Trois aliments secs complets du commerce (A, B, C) sont distribués successivement à 7 chats de race Chartreux (3 mâles stérilisés et 4 femelles ; âge moyen : 6,0 ± 2,8 ans ; poids moyen : 5,9 ± 1,3 kg) pendant 2 semaines. Les aliments B et C sont des aliments formulés spécifiquement pour favoriser la dissolution des calculs de struvite (pH urinaire acide et RSS bas). Paramètres mesurés Le volume, la densité, le pH et la concentration urinaire en 10 ions et solutés différents (calcium, magnésium, sodium, potassium, ammonium, phosphate, citrate, sulfate, oxalate, acide urique) sont mesurés à partir des urines collectées pendant les 7 derniers jours de la période d’étude pour chaque aliment (Tableau 1). TABLEAU 1 - CARACTÉRISTIQUES DES URINES OBTENUES AVEC CHAQUE ALIMENT Aliment A Aliment B Aliment C Volume urinaire moyen (mL/chat/jour) 65,0 92,7 118,2 pH urinaire 7,34 6,27 6,18 Densité urinaire 1060 1048 1046 RSS vis-à-vis des struvites 7,30 0,45 0,19 Ces données permettent de calculer le RSS des urines vis-à-vis des cristaux de struvite, grâce au logiciel SUPERSATND (Robertson et coll, 2002). Sélection des calculs de struvite et préparation des urines Trois groupes de calculs de struvite recueillis chez des chats ont été constitués en respectant une homogénéité de forme et de poids (poids moyen : 0,201 ± 0,010 g). Pour chaque aliment, les urines collectées pour l’ensemble des 7 chats sont réparties dans des flacons. Le volume d’urine contenu dans chaque flacon équivaut au volume urinaire moyen émis quotidiennement par les chats. Les flacons sont conservés à -20 °C pendant le déroulement de l’étude. 319 Informations nutritionnelles Royal Canin Procédé de dissolution in vitro Au jour 0, et pour chaque aliment, un flacon d’urine est décongelé et un groupe de calculs de struvite est placé dans l’urine (Figure 2A). Chaque flacon est alors placé au bain-marie à 38 °C pendant 24 heures ; ils sont régulièrement agités (9h sur 24h) de manière à simuler l’activité du chat (2B). Vingt quatre heures FIGURE 3 - ASPECT DES CALCULS DES STRUVITE AU COURS DU PROCESSUS DE DISSOLUTION plus tard, l’urine est filtrée pour collecter les calculs (2C). Les calculs sont séchés délicatement sur du papier absorbant (2D) et pesés (2E). Puis un nouveau flacon d’urine est décongelé et le processus redémarre jusqu’à complète dissolution des calculs (Figure 3). FIGURE 2 - PROTOCOLE D’ÉVALUATION DE DISSOLUTION DES CALCULS DE STRUVITE IN VITRO Aliment A Jour 0 J2 J4 J6 J8 J10 ABAU 2A J12 J14 J16 2B 2C J18 J20 J22 2D 320 2E J24 Aliment B Aliment C Informations nutritionnelles Royal Canin Discussion et conclusion FIGURE 4 - CINÉTIQUE DE DISSOLUTION DES CALCULS DE STRUVITE POUR CHAQUE ALIMENT Une très faible dissolution a été observée pour les calculs immergés dans l'urine saturée (aliment A ; RSS = 7,3). Ce léger effet de dissolution (Figure 4) pourrait être attribué au phénomène d’abrasion entre les calculs pendant les phases d’agitation du bain-marie. 0 Perte cumulée de poids (%) Quand le RSS est < 1 (zone de soussaturation), l’immersion des calculs de struvite dans l’urine permet d’obtenir la dissolution (Figure 4). Plus le RSS est bas, plus le processus de dissolution s’accélère (Tableau 2). Le RSS est donc un bon indicateur du potentiel de l’urine à dissoudre les calculs de struvite. 20 -20 -40 -60 -80 -100 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 Nombre de jours ABAU Aliment A Aliment B Aliment C TABLEAU 2 – VITESSE DE DISSOLUTION DES CALCULS DE STRUVITE OBSERVÉES AVEC CHAQUE ALIMENT Aliment A Aliment B Aliment C RSS vis-à-vis des struvites 7,30 0,45 0,19 Nombre de jours avant dissolution complète - 23 17 Vitesse de dissolution (mg/jour) 0,01 8,52 11,59 Référence Robertson WG, Jones JS, Heaton MA, et al. Predicting the crystallisation potential of urine from cats and dogs with respect to calcium oxalate and magnesium ammonium phosphate (struvite). J Nutr 2002; 132: 1637s-1641s. 321
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