Le Guellec aspire à moins d`aérosols
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Le Guellec aspire à moins d`aérosols
entreprise métallurgie Brouillards d’huiles Le Guellec aspire à moins d’aérosols L’entreprise Le Guellec, qui fabrique des tubes pour de nombreux secteurs industriels, met en œuvre depuis plusieurs années, avec l’appui de la Carsat de Bretagne, des actions visant à lutter contre les risques et améliorer les conditions de travail. Récemment, une installation d’aspiration des « brouillards d’huile » générés par la découpe des tubes a été mise en service, qui permet de diminuer notablement l’exposition des salariés. S ituée à Douarnenez, dans le Finistère, zone industrielle de Pouldavid, la société Le Guellec, qui fabrique des tubes métalliques pour un grand nombre de secteurs industriels (cf. encadré), s’est engagée depuis près de dix ans dans un processus continu d’amélioration des conditions de travail (1). « Lors d’une première phase de réalisations passant notamment par l’acquisition de nouvelles lignes de produc tion, nous nous étions attelés à l’abaissement du niveau sonore dans les ateliers avec l’encoffre ment de certaines machines et la substitution de substances dangereuses, rappelle François Körner, PDG de l’entreprise. Dernièrement, nous nous sommes intéressés plus parti culièrement à la qualité de l’air dans les locaux de travail. Les échanges constructifs avec le CHSCT et avec notre médecin du travail ont permis d’iden tifier et de traiter plusieurs risques. Nous avons en parti culier mené des études ergono miques de postes de travail. » « Nous accompagnons l’entre prise depuis 1995 dans la mise en place des mesures de préven 40 Travail & Sécurité – Janvier 2012 Le Guellec en bref • F abrication et commercialisation de tubes de précision à usages industriels : aéronautique, automobile, éclairage, scellements verre-métal, éléments chauffants… • 70 salariés, une cellule recherche développement (4 personnes). • Chiffre d’affaires (2010) : 8 millions d’euros. • Certifications : ISO 9001, EN 9100, NADCAP (secteur aéronautique). tion », indique Gilles Maugueu, contrôle de sécurité à la Carsat de Bretagne. Le Guellec dispose aujourd’hui de trois process de production, permettant de fabriquer des tubes soudés (laser et étirés) ou sans soudure. En dix ans, le parc des machines dédiées à la découpe des tubes est passé de quatre à onze appareils. Les procédés de tronçonnage nécessitent l’utilisation de fluides de coupe dont l’utilisation génère des brouillards d’huile, qui, outre leur nocivité pour l’épiderme et les poumons, présentent, pour certains, un caractère cancérogène (2). « En 2010, des prélève ments d’ambiance réalisés par la Carsat au niveau du secteur “coupe” n’avaient pas révélé la présence de métaux, mais ils avaient confirmé une forte teneur en brouillards d’huile dans l’atmosphère de travail », commente François Guet, responsable de la maintenance dans l’usine. Des efforts ont été réalisés sur la propreté, le suivi des bains et l’aménagement des machines . Mais ils ne suffisaient pas à réduire l’exposition aux aérosols, en particulier au niveau du secteur « coupe ». « Des essais de “cartérisation” simple, sans dispositif d’aspi ration, ont d’abord été menés, mais sans résultat satisfaisant. Nous avons donc, avec l’appui de la Carsat, approché un cer tain nombre de fournisseurs © Gaël Kerbaol/INRS En plus de l’encoffrement des machines, la circulation d’air (aspiration et ventilation) est réalisée par une « pieuvre » qui collecte l’air afin de le rejeter à l’extérieur du bâtiment. de dispositifs d’aspiration », reprend François Guet. La Caisse régionale de Bretagne a d’abord accompagné Le Guellec dans la rédaction du cahier des charges à soumettre aux fournisseurs, et l’analyse technique des offres reçues. Une subvention de la Carsat a également aidé à l’acquisition d’une installation d’aspiration intégrant un système de cabines mises en dépression. « Nous avons écarté un dispositif qui apparaissait moins onéreux à l’achat, mais qui entraînait des frais de maintenance impor tants », précise François Guet. « N’ayant pas deux machines identiques, complète François Körner, nous avons dû effectuer pas mal de recherches avant de trouver la bonne solution. L’encoffrement des machines en cabines nous a paru être la plus adaptée. » Une « mise en cabine » où l’accessibilité aux matériels, en concertation avec les salariés, a fait l’objet d’une attention toute particulière : « Les parois des cabines sont mobiles et permettent un accès aisé aux machines lors des opérations de réglage, de maintenance ou de net toyage », souligne Thierry Palka. « Nous sommes passés par une phase prototype, au cours de laquelle nous avons fait tester par l’ensemble des salariés concernés, un modèle de cabine pendant un peu plus de deux mois, poursuit le responsable de la maintenance. Cette étape a permis d’amélio rer les accès. » La circulation d’air (aspiration et ventilation) est réalisée par une « pieuvre » qui collecte l’air afin de le rejeter à l’extérieur du bâtiment. Le Laboratoire interrégional de chimie de l’Ouest et le Centre interrégional de mesures physiques de l’Ouest sont venus valider l’installation de captage et d’épuration de l’air avant rejet à l’extérieur. Les débits de ventilation ont été ajustés, afin d’éviter la pollution de l’atelier et de permettre un accès à l’intérieur des cabines seulement deux minutes après l’arrêt des machines. L’implication de la direction pour la sécurité et l’amélioration des conditions de travail est un élément primordial pour la réussite d’une telle démarche : « Nos indicateurs de sinistralité – indices et taux de fréquence et de gravité (3) – évoluent dans le bon sens, mais nous savons bien qu’il ne faut pas relâcher les efforts. Dans un secteur comme le nôtre et Pour en savoir plus Publications • ED 972. Captage et ventilation des aérosols de fluides de coupe (guide pratique de ventilation n° 6). INRS À consulter ou à télécharger sur www.inrs.fr. • R 451. Prévention des risques chimiques causés par les fluides de coupe dans les activités d’usinage de métaux. CNAMTS (adoptée par le CTN A – Métallurgie). À consulter sur www.ameli.fr. malgré un contexte de forte concurrence au niveau interna tional, les améliorations restent toujours possibles, y compris au niveau de la sécurité », conclut le chef d’entreprise. 1. Lire Travail & Sécurité n° 654, septembre 2005, pp. 44-46. Consultable sur le site : www.travail-et-securite.fr. 2. Le terme « brouillards d’huile » désigne à l’origine des aérosols émis lors d’usinages avec des huiles entières. Un guide pratique de ventilation édité par l’INRS (Captage et traitement des aérosols de fluides de coupe – ED 972), fait le point sur les dispositifs et les mesures de prévention adaptées et la CNAMTS a émis une recommandation nationale (R 451). De son côté, la Carsat d’Aquitaine apporte un certain nombre de recommandations sur le captage des brouillards d’huile. Lire également dans le même numéro p. 15. 3. Taux et indices de fréquence et de gravité. Voir sur le site de l’INRS : www.inrs.fr/accueil/accidents-maladies/ statistique-accident-maladie/accident. html. Antoine Bondéelle Travail & Sécurité – Janvier 2012 41