Le Point Premier jour en uniforme à l`internat d`excellence de

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Le Point Premier jour en uniforme à l`internat d`excellence de
- Publié le 06/03/2012 à 08:05
Premier jour en uniforme à l'internat
d'excellence de Sourdun
"L'uniforme peut donner une forme d'égalité aux élèves dans
leur scolarité, ça permet de combattre la tyrannie des marques
et de créer un sentiment d'appartenance à l'établissement",
estime M. Lociciro.
Les élèves de l'internat d'excellence de Sourdun portent depuis
lundi matin un uniforme, une harmonisation vestimentaire
instaurée pour combattre "la tyrannie des marques", selon le
proviseur, mais qui ne fait pas l'unanimité chez les élèves.
Jupe ou pantalon noir et chemisier blanc pour les filles, pantalon
noir, chemise blanche et cravate pour les garçons: en sortant
des bus scolaires qui les amènent à l'internat après deux
semaines de vacances, les élèves arborent une nouvelle tenue
impeccable.
"Ca fait tout drôle, pour certains d'entre nous, on se connaît depuis trois ans, on ne s'est jamais vu habillés comme ça", sourit Karima,
17 ans, originaire d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).
"Je n'étais pas +pour+, on avait déjà un code vestimentaire basique", s'agace Déborah, une jeune fille de 18 ans aux cheveux frisés,
qui a attendu l'arrivée à l'internat pour se changer.
Les manches un peu longues lui retombant jusqu'au milieu des mains, William, 12 ans, a une moue boudeuse: "Je n'aime pas vraiment
(...) Je ne suis pas vraiment à l'aise", lâche l'adolescent.
"Messieurs, ne marchez pas dans la boue! Quand on a des chaussures cirées, on fait attention!" lance le proviseur, Bernard Lociciro, à
des jeunes.
"Auparavant, il y avait un code vestimentaire mais qui n'était pas toujours respecté. Chaque matin, les professeurs devaient scruter les
élèves de haut en bas, c'était beaucoup d'énergie et de temps perdu", explique le proviseur.
"Certains élèves étaient parfois stigmatisés parce qu'ils n'avaient pas le bon jean ou la bonne paire de baskets", ajoute-t-il.
En octobre, le débat est lancé dans l'établissement installé sur l'ancien site du 2e régiment de hussards (2e RH): "Pour ou contre
l'uniforme?". 285 familles et élèves répondent et le "oui" l'emporte à 75%.
Consultés sur le choix des couleurs, les élèves optent pour la sobriété: du noir et du blanc. Brodé sur la poitrine, un écusson rappelle le
nom de l'internat.
"L'uniforme peut donner une forme d'égalité aux élèves dans leur scolarité, ça permet de combattre la tyrannie des marques et de
créer un sentiment d'appartenance à l'établissement", estime M. Lociciro.
Les élèves ont reçu leurs nouveaux vêtements pendant les vacances. Pour les garçons: deux pantalons, quatre chemises, deux pulls,
une cravate et un blazer, pour un coût de 270 euros, dont 80 euros pris en charge par les familles, le reste par l'établissement.
Les chaussures sont au choix de chacun, mais les baskets interdites.
"On avait peur que ce soit ridiculisant mais ça ne l'est pas", se félicite Romain, un grand brun de 17 ans. "Et puis ça évite les vols",
argumente-t-il.
"Au moins, il n'y a pas de prise de tête pour s'habiller", remarque Dounia, 17 ans, en terminale S.
L'internat d'excellence de Sourdun, qui accueille 389 élèves de milieux défavorisés de la sixième jusqu'à la classe préparatoire, est le
premier internat d'excellence à adopter l'uniforme.
Vieille tradition au Royaume-uni, le port de l'uniforme, dont les vertus font débat, est peu répandu en France.
"Il appartient à chaque établissement d'estimer l'intérêt de mettre en place ou non, l'uniforme", considère M. Lociciro.
"Plus de jeans troués, de pantalons qui tombent au milieu du caleçon ou de strings en dentelle qui dépassent", se réjouit déjà Diane
Delamarre, professeure de lettres classiques.
Certaines semblent déjà avoir trouvé la parade, comme Dounia: "on pourra toujours se distinguer par les accessoires, les sacs, les
vestes..."