Untitled - Repozytorium Uniwersytetu w Białymstoku

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Recenzenci:
prof. dr hab. Teresa Giermak-Zielińska
dr hab. Ewa Pilecka
dr hab. Jerzy Zybert, prof. UW
Opracowanie graficzne:
Jan Korotkiewicz
Redakcja:
Krzysztof Bogacki, Joanna Cholewa, Agata Rozumko
Korekta:
Zespół
Redakcja techniczna i skład:
Stanisław Żukowski
c Copyright by Uniwersytet w Białymstoku, Białystok 2012
Wydanie publikacji sfinansowano ze środków
Wydziału Filologicznego Uniwersytetu w Białymstoku
ISBN 978–83–7431–344–5
Wydawnictwo Uniwersytetu w Białymstoku
15-097 Białystok, ul. M. Skłodowskiej-Curie 14, tel. 857457120
http://wydawnictwo.uwb.edu.pl; e-mail: [email protected]
Druk i oprawa: QUICK–DRUK, s.c., Łódź
Table of Contents – Table des matières
Foreword . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
7
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
10
Anna Bobińska, De quelques anglicismes nouveaux en polonais
et en français . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13
Krzysztof Bogacki, Du bon usage des cliques en linguistique . . . . . . . . . . . .
21
Anna I. Boika, Semantic components of verbs denoting physical action . .
31
Zinaida A. Charytonczyk, Marina N. Sidorenko, To a systemic-functional
description of semantic derivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
37
Joanna Cholewa, Correspondants polonais du verbe français ‘tomber’ –
emplois locatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
45
Jadwiga Cook, La dislocation en traduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
55
Dorota Garczarczyk, Translating manner of motion in typologically
different languages: problems and translation strategies . . . . . . . . . . .
65
Agnieszka Gicala, A semantic view on mysticism: the blending of mental
spaces in the writings of Dame Julian of Norwich and comparative
analysis of modern English translations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
73
Małgorzata Izert, Mega- et giga- : les nouveaux intensificateurs dans leur
emploi familier en français et en polonais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
81
Agnieszka Kaliska, Tests morphosyntaxiques pour la délimitation
de l’adverbe généralisé en polonais et en français . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
93
Daniel Karczewski, What can tautologies reveal about generics?
. . . . . . . . 103
Anna Kieliszczyk, L’analyse interactive du courrier de lecteurs
(lettres polémiques) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
Monika Kostro, De la difficulté d’étudier les représentations
(socio)linguistiques en polonais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
Elżbieta Koza, A history of the Proto-Slavic prefix *sQ in Polish and Russian
in a contrastive perspective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
Ilona Krasoń, Aspects sémantiques et formels de l’étude comparative
à l’exemple des parémies et des locutions latines . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Alina Kreisberg, Le futur slave et roman. Entre temps et mode . . . . . . . . . .
Anna Krzyżanowska, La sémantique des noms d’affect dans une
perspective contrastive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Darya Kuzar, Register coherence in the combinability of taxonomy
members . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Małgorzata Mandola, Statut linguistique du nom propre : l’exemple
d’études contrastives de toponymes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Sylwia Mikołajczak, False friends – examples of lexical interference
between Portuguese and Spanish . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ina P. Myshalava, Lexical gradual scales in English and Russian . . . . . . . . .
Svetlana Nevzorova, Les collocations métaphoriques des noms de « peur »
en français et en russe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Elżbieta Pachocińska, Langue de bois et ses réalisations en polonais
et en français . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Natalia Paprocka, Autour de la version polonaise du dictionnaire multilingue de football UEFA. Expérience de l’élaboration des articles
polonais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Beata Piecychna, Two languages – two images of the world? Bilingualism,
biculturalism, and association tests as manifested by the English and
Polish languages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Agata Rozumko, Evidential adverbs expressing certainty in English
and Polish . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Dorota Szymaniuk, Pitch patterns across directives in English, Russian
and Polish . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Anna Ścibior-Gajewska, English linking verbs and their Polish equivalents:
syntactic contrast . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Larysa Tarasevich, Prepositions with spatial meaning in German and
Russian: semantic aspects of correlation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Olga N. Verbava, Variations in the semantic skeleton of lexical field
constituents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Małgorzata Wielgosz, The Spanish indirect object pronoun le and its use
as an intensifier in Mexican Spanish . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Teresa Maria Włosowicz, Contrasts and similarities between Germanic
languages: some implications for foreign language learning and
teaching . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Agnieszka Zatorska, An overview of recent comparative studies of Polish
and Slovene . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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153
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287
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311
321
Joanna Cholewa
Uniwersytet w Białymstoku
[email protected]
CORRESPONDANTS POLONAIS
DU VERBE FRANÇAIS TOMBER –
EMPLOIS LOCATIFS
Abstract. In this paper, we provide a semantic study of two space elements:
vertical orientation and downwards direction in Polish verbs derived from
paść/padać, which translate the French verb tomber. The analysis takes into
account only spatial uses of verbs.
Keywords: semantic study; vertical orientation; downstairs direction; spatial
sense.
Le verbe de déplacement tomber est fortement polysémique : le dictionnaire Lexique des Verbes français (LVF) en énumère 33 significations. Nous utilisons la notion de verbe de déplacement pour nommer les verbes décrivant
un déplacement comme un événement spatio-temporel, ayant sa phase initiale,
médiane et finale, à la différence des verbes de mouvement, qui expriment un
simple changement de posture ou de position (BORILLO 1998 : 38). Ces significations sont réparties en emplois intransitifs, transitifs directs et transitifs indirects.
Les uns sont utilisés au sens locatif, d’autres se réfèrent à des domaines tels que
physiologie, droit, journalisme, psychologie, ou autres.
Nous avons voulu démontrer (CHOLEWA 2011), même si cette première
analyse a été modeste, que l’invariant du verbe tomber contient deux éléments
de sens de base : l’orientation verticale et la direction négative. L’orientation
verticale est en jeu quand le verbe décrit le déplacement de la cible selon l’axe
vertical, vu comme une droite parallèle à la direction indiquée par les arbres,
les murs etc. (BORILLO 1998 : 8), la direction négative étant donné par la terre
(pôle négatif). La conceptualisation de l’axe vertical varie suivant les emplois
du verbe. Dans le cas des sens abstraits, non locatifs, le déplacement selon l’axe
vertical correspond à une diminution de la mesure quelconque, le pôle négatif se
trouvant alors à un point situé le plus bas dans l’échelle, ou à une désagrégation
(pour les emplois qui expriment un processus quelconque, comme c’est le cas
46
JOANNA CHOLEWA
de tomber en poussière, tomber en miettes). La verticalité et la direction négative
sont, dans les emplois avec tomber, des contraintes auxquelles doivent obéir les
éléments du cotexte : la cible (objet à localiser, subissant un mouvement ou
un changement) et/ou le site (objet localisateur, le point de repère par rapport
auquel est fixée la situation de la cible).
L’objectif que nous nous sommes fixée est de voir si les verbes polonais qui
traduisent tomber imposent à leurs cotextes les mêmes contraintes. Pour étudier
la question, nous avons cherché les correspondants polonais de chacun des sens
du verbe tomber, mettant à part les emplois lexicalisés. Pour ce faire, nous nous
sommes servie du dictionnaire français TLFi et de la base Frantext (F) comme
source d’emplois du verbe tomber en français, et du dictionnaire bilingue français
polonais Wielki Słownik Francusko-Polski (WSFP) pour chercher les correspondants
polonais de ce verbe. Dans plusieurs cas, nous avons eu recours à notre propre
traduction, vérifiée dans la mesure du possible dans le corpus IPI PAN. Subsidiairement, nous nous sommes servie du dictionnaire Les Verbes Français.
Le travail effectué a permis de constater que le verbe français tomber se
traduit en polonais par une vingtaine de moyens différents, dont la plupart sont
des dérivés du verbe polonais paść/padać. Le cadre du présent article imposant
des limites de longueur, nous avons dû en choisir une partie. Ainsi, seront
présentés dans la suite seulement les correspondants polonais de tomber utilisés
au sens locatif. Il n’y a parmi eux que trois couples accompli/inaccompli où le
préverbe joue un rôle aspectuel : spaść/padać (point 4 ci-après), paść/upaść/padać,
où l’accompli s’exprime soit par paść, soit par upaść (1), et upaść/padać (2). Les
autres préverbes ajoutent aux dérivés une nuance de sens concernant le caractère du déplacement ou du changement signalés par la base du verbe, son
déroulement etc. Leur fonction est donc surtout sémantique.
Il est souvent signalé dans les théories cognitives que la distribution des
préverbes suivant les bases verbales obéit à des contraintes : il faut que les deux
s’accordent du point de vue sémantique, que les traits sémantiques postulés par
la base acceptent ceux que contient le préverbe (PRZYBYLSKA 2006 : 39). Il est
donc nécessaire de voir si le verbe paść/padać a des traits sémantiques qui nous
intéressent, c’est-à-dire l’orientation verticale et la direction négative.
Le dictionnaire SJP donne les sens suivants du verbe paść/padać :
1. ‘gwałtownie zmienić pozycję ze stojącej na leżącą’ (changer brusquement la
position debout en position couchée),
2. ‘spuścić się szybko z góry na dół’ (descendre vite de haut en bas),
3. padać ‘o zjawiskach atmosferycznych: spadać na ziemię w postaci wody, śniegu
lub lodu’ (seulement inaccompli, en parlant des phénomènes atmosphériques:
descendre sur la terre en forme d’eau, de neige ou de glace),
4. ‘o ludziach: zginąć nagłą śmiercią’ (en parlant des gens: périr d’une mort
soudaine),
CORRESPONDANTS POLONAIS DU VERBE FRANÇAIS TOMBER – EMPLOIS LOCATIFS
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5. ‘o jakimś terytorium: zostać zdobytym przez nieprzyjaciela’ (en parlant d’un
territoire: être pris par l’ennemi),
6. ‘o zwierzętach: zdechnąć’ (en parlant des animaux: mourir),
7. ‘o firmie: zbankrutować’ (en parlant des entreprises: faire faillite),
8. ‘o jakimś systemie: przestać funkcjonować’ (en parlant d’un système: cesser de
fonctionner),
9. ‘o świetle, spojrzeniu itp.: skierować się na coś, zatrzymać się na czymś’ (en
parlant de la lumière, d’un regard etc.: se diriger vers, s’arrêter sur),
10. ‘o słowie, haśle itp.: zostać głośno wypowiedzianym’ (à propos des paroles,
slogans: être prononcé à haute voix).
Dans (1), (2) et (3), l’orientation verticale et la direction négative apparaissent
d’une manière évidente dans les SP ‘ze stojącej na leżącą’, ‘z góry na dół’,
‘na ziemię’. Quant aux (7) et (8), qui sont des sens abstraits, il s’agit de la
dégradation d’un système qui fonctionnait bien et qui cesse de fonctionner :
la mesure diminue donc, en s’approchant du point zéro, synonyme du nonfonctionnement. (4) et (6) se rapportent aux organismes vivants, pour lesquels la
vie est une valeur incontestable : le passage de la vie à la mort peut être considéré
comme une diminution de valeur, voire comme une perte totale de cette valeur
(le changement exprimé par le verbe atteint donc le point zéro). (5) se réfère à une
situation qui se dégrade : un territoire libre devient pris, occupé par l’ennemi.
Le verbe paść/padać utilisé dans le sens (9) exigerait, lui, un circonstant précisant
d’une manière explicite la verticalité, ainsi que la direction négative. Seuls les
sens (5) et (10) posent de vrais problèmes pour la recherche des éléments de sens
en question.
1. Tomber = paść/upaść/padać
Il y a un groupe d’emplois où l’aspect inaccompli se traduit par le verbe
padać, alors que pour l’aspect accompli la langue polonaise choisit soit paść,
soit upaść. Ainsi, pour traduire tomber à genoux devant qqn, le polonais dira pour
l’inaccompli ‘pada/padał na kolana przed kimś’, et pour l’accompli ‘padł/upadł
na kolana’. Tel est le cas des expressions suivantes :
tomber sur un fauteuil – ‘paść/upaść/padać na fotel’ (WSPF),
tomber sur le banc, sur les coussins (F) – ‘paść/upaść/padać na ławkę, na poduszki’,
tomber à la renverse, de toute sa hauteur, la tête la première – ‘paść/upaść/padać na
wznak, jak długi, głową w dół’ (WSFP),
donc des emplois qui contiennent le SP circonstant répondant aux questions ‘où’
soit ‘comment’.
48
JOANNA CHOLEWA
Tomber se traduit par paść/upaść/padać quand N0 (cible) est [+humain] et il
y a le SP circonstant obligatoire exprimant la direction ou la manière. C’est un
emploi locatif où l’espace est délimité par un humain debout (cible), qui exerce
un changement de position, et par le site : ‘fotel, ławka, poduszki’ se trouvent
en bas par rapport à une personne debout ; ‘na wznak, jak długi’ infèrent une
position couchée, donc plus basse que debout.
2. Tomber = upaść/padać
Pour ce qui est des emplois intransitifs avec N0 (cible) [+humain] sans
circonstant, il semble que tomber se traduit en polonais par le couple accompli/inaccompli upaść/padać. L’exemple Il est tombé et s’est cassé une jambe se
traduira donc par le verbe upaść : ‘Upadł i złamał sobie nogę’ (WSFP), mais au
présent on dira : ‘Pada i łamie sobie nogę’.
3. Tomber = paść/padać
Le couple polonais paść/padać traduit deux types de situations : dans les
unes, le point initial du mouvement compte, ce qui est exprimé par la préposition z, dans les autres, c’est le point final (préposition na).
Dans les emplois qui contiennent le SP répondant à la question ‘d’où’
N0 (cible) est [+abstrait] (‘słowo, zdanie, rada’), appartenant à la classe ‘acte
de parole’ : mots (paroles) qui tombent de la bouche (des lèvres) de q. – ‘słowa
padające z czyichś ust’ (WSFP). C’est donc un emploi non locatif.
Par contre, paść/padać (z/na) apparaı̂t dans les emplois locatifs virtuels : il
est utilisé avec le SP commençant par z (pour décrire le point de départ d’un
mouvement cinématique virtuel) ou na (pour décrire le point d’arrivée de ce
mouvement), l’un ou l’autre étant obligatoire, l’un et l’autre éventuellement
possible :
mes yeux tombent sur ce simple nom (F) – ‘mój wzrok pada na to proste nazwisko’,
C’est alors que son regard tombe sur moi (F) – ‘Wtedy jego wzrok pada na mnie’,
la lumière qui tombait sur mes paupières (F) – ‘światło, które padało mi na powieki’,
la lumière, qui tombait d’un improbable petit néon fixé au plafond... (F) – ‘światło,
które padało z nieprawdopodobnego, małego neonu, przytwierdzonego do sufitu...’.
N0 (cible) est [+inanimé] : ‘oeil/yeux/regard/lumière’. Il n’est pas évident
dans cet emploi que le mouvement virtuel effectué par la cible se fait suivant
l’axe vertical, cette orientation étant possible mais pas obligatoire. En effet, il
CORRESPONDANTS POLONAIS DU VERBE FRANÇAIS TOMBER – EMPLOIS LOCATIFS
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n’y a que le verbe lui-même qui contient potentiellement cet élément de sens, le
cotexte ne semble pas le confirmer.
4. Tomber = spaść/padać
Spaść/padać se réfère aux phénomènes atmosphériques. N0 (cible) est
[+inanimé], appartenant à la classe ‘précipitations atmosphériques’. Le site
n’est pas exprimé mais il est évident que les gouttes de pluie ou les flocons
de neige se déplacent de haut en bas, vers la terre. Il y a donc un mouvement
suivant l’axe vertical vers le pôle négatif (vers la terre). L’aspect inaccompli se
traduit par padać: la neige/la pluie tombe – ‘pada śnieg/deszcz’ (WSFP), alors que
l’accompli sélectionnera spaść, dérivé avec le préverbe z- signifiant, entre autres,
l’éloignement de quelque chose : ‘spadł śnieg/deszcz’, Brusquement une averse
était tombée (F) – ‘Nagle spadła ulewa’.
5. Tomber = spaść/spadać (z-na)
Le verbe polonais spaść/spadać z-na, utilisé avec N0 [+humain] ou [+concret]
implique l’existence d’un endroit où la cible était attachée ou avec lequel elle
faisait un tout, ainsi que d’un endroit où la cible se trouve à la fin du mouvement.
L’un ou l’autre est obligatoire, et s’exprime par le SP commençant par une
préposition désignant le début du mouvement (z) ou celle qui désigne la fin du
mouvement (na/wokół) :
Les feuilles tombent des arbres – ‘Liście spadają z drzew’ (WSFP),
Je faillis tomber de ma chaise (F) – ‘O mało nie spadłem z krzesła’,
Le fruit est tombé à terre – ‘Owoc spadł na ziemię’ (WSFP),
Les bombes les plus proches sont tombées autour du Sacré-Coeur (F) – ‘Najbliższe
bomby spadły wokół Sacré-Coeur’.
Dans les emplois avec le SP exprimant le début du mouvement, le point final
de celui-ci est présupposé, situé plus bas, et inversement, quand le SP exprime
la fin du mouvement, il est présupposé que l’endroit du début du mouvement
se trouvait plus haut.
6. Tomber = opaść/opadać (na, do...)
Le verbe opaść/opadać na/do décrit un mouvement cinématique virtuel effectué par la cible (regard de l’observateur), qui se déplace d’un endroit situé
50
JOANNA CHOLEWA
plus haut dans l’espace vers un endroit situé plus bas. N0 [+concret] appartient
à la classe ‘parties du corps’ ou ‘vêtements’ :
ses cheveux lui tombent sur les épaules – ‘włosy mu opadają na ramiona’ (WSFP),
la bouche pleurarde dont les coins tombent vers la barbiche (F) – ‘skrzywione płaczem
usta, których kąciki opadają w stronę bródki’,
la jupe tombe aux chevilles (LVF) – ‘spódnica opada do kostek’.
Le site, qui est exprimé par le SP introduit par na, do, w stronę (ou autre
préposition de sens adlatif), précise le lieu de fin de mouvement virtuel. Il est
possible d’imaginer aussi, dans ce type d’emplois, le SP qui préciserait le lieu
de début de mouvement (la jupe tombe des hanches aux chevilles – ‘spódnica opada
od bioder do kostek/po kostki’).
Des emplois sans SP existent également, utilisés au sens pareil, où l’orientation verticale et la direction négative sont inférées seulement par le sens du
verbe : il a des épaules qui tombent – ‘ma opadające (spadziste) ramiona’ (WSFP).
A ce groupe il faut ajouter des exemples avec N0 ‘lieu géographique’ :
Le versant sud, donc, tombe vraiment à pic (F) – ‘Południowe zbocze opada więc
naprawdę stromo’.
Le verbe peut y être accompagné d’un SP circonstant répondant à la question ‘comment’. L’orientation et la direction sont inférées par la situation
géographique (altitude qui diminue).
7. Tomber = wpaść/wpadać
Le verbe wpaść/wpadać, traduisant tomber, peut être suivi de l’une des deux
prépositions : do ou w, qui répètent et renforcent le sens du préverbe w-.
7.1. wpaść/wpadać do, w
Par le verbe polonais wpaść/wpadać do/w se traduisent les emplois de tomber
(dans) transitif indirect (tomber = aboutir, se diriger vers, en suivant une pente) :
la Marne tombe dans la Seine – ‘Marna wpada do Sekwany’ (WSFP),
rue qui tombe dans une autre – ‘ulica wpadająca w inną (ulicę)’ (WSFP).
N0 appartient au domaine des ‘cours d’eau’ ou ‘chemins’ et le SP circonstant
est introduit par la préposition do ou w. Dans cet emploi, il est difficile de
constater l’orientation verticale, le sens du préverbe (vers l’intérieur d’un lieu)
et de la préposition l’emporte sur le sens de la base verbale. Dans ‘Marna
wpada do Sekwany’, l’orientation verticale et la direction négative peuvent être
CORRESPONDANTS POLONAIS DU VERBE FRANÇAIS TOMBER – EMPLOIS LOCATIFS
51
confirmées par la situation géographique (altitude qui diminue), alors que le
deuxième exemple est privé d’une telle explication : il y aurait un calque, en
français, sur le réseau fluvial. La traduction en polonais par WSFP est d’ailleurs
discutable, on aurait pu dire : ‘Ulica łączy się z inną ulicą’.
D’autres emplois, utilisés au sens de ‘chuter dans’, constituent un groupe
hétérogène du point de vue des traits sémantiques de N0. En effet, N0 peut être
[+concret], [+humain] ou [+abstrait], ce facteur semble ne pas avoir d’importance.
Par contre, l’existence de N0 [+concret] semble entraı̂ner automatiquement
N1 [+concret] dans le SP :
Un mascara dans son étui brillant tombe dans son sac (F) – ‘Tusz do rzęs w błyszczącym etui wpada jej do torebki’,
Une voiture tombe dans le ravin (F) – ‘Samochód wpada do wąwozu’.
Quand N0 est [+abstrait], N1 dans le SP est également [+abstrait] : ces mots
que je prononçais tombaient dans le silence (F) – ‘wypowiadane przeze mnie słowa
wpadały w ciszę’.
Enfin, N0 [+humain] sélectionne N1 [+concret] : tomber dans un abı̂me
(un gouffre) – ‘wpaść w przepaść (stoczyć się w otchłań)’ (WSFP).
L’orientation verticale et la direction négative ne sont présents que dans la
base verbale, le cotexte ne reprend pas cette information.
7.2. wpaść/wpadać do
Dans les emplois de wpaść/wpadać do, utilisé dans le sens de ‘survenir, atterrir’, N0 est [+humain], ainsi que le circonstant introduit par do : tomber chez q.
– ‘wpaść do kogoś nieoczekiwanie (niespodzianie)’ (WSFP).
Le mouvement ne semble pas s’effectuer dans ce type d’emplois selon l’axe
vertical, il s’agirait plutôt d’un déplacement de l’extérieur vers l’intérieur d’un
lieu appartenant à quelqu’un, identifié par métonymie avec cette personne.
8. Tomber = wypaść/wypadać
8.1. wypaść/wypadać z
Le verbe wypaść/wypadać z est utilisé pour désigner un mouvement de
l’intérieur vers l’extérieur, donc contraire à celui exprimé par wpaść/wpadać do, w
(cf. 7.1.). N0 est ici [+concret] ou [+humain], et N1 [+concret], désignant le lieu
à l’intérieur duquel la cible (N0) se trouve au début du mouvement :
la plume lui est tombée des mains – ‘pióro wypadło mu z rąk’ (WSFP),
tomber d’une fenêtre (F) – ‘wypaść z okna’.
52
JOANNA CHOLEWA
Outre le sens ‘quitter un lieu pour se trouver à l’extérieur’, véhiculé par le
préverbe wy-, il y a le sens de la base verbale ‘se déplacer de haut en bas’, renforcé
par le sens du cotexte : la plume (cible), qui se trouvait ‘dans les mains’ quitte ce
lieu, et, vu la force de gravitation, elle va se trouver à la fin du mouvement dans
un endroit situé plus bas. Quelqu’un qui se trouve dans une fenêtre (‘w oknie’),
où à l’intérieur d’un lieu avec une fenêtre et quitte ce lieu, se trouvera à la fin de
mouvement par terre, située plus bas que la fenêtre. Le mouvement de la cible
s’effectuera selon l’axe vertical et aura une direction négative.
8.2. wypaść/wypadać
Dans deux exemples qui suivent wypaść/wypadać traduit tomber intransitif :
ses cheveux lui tombent depuis qu’elle les teint – ‘włosy jej wypadają (wychodzą)
odkąd je farbuje’ (WSFP),
il m’est tombé une dent – ‘wypadł (wyleciał) mi ząb’ (WSFP).
Il est intéressant que dans le dictionnaire LVF, la phrase Les cheveux tombent,
ils sont malades (‘Włosy wypadają, są chore’) illustre le sens ‘se détacher’, avec les
feuilles tombent des arbres, alors que le polonais sélectionne pour ce deuxième sens
le verbe spaść/spadać (cf. 5). En polonais, l’emploi de wypaść/wypadać pour ‘les
cheveux’ suggère qu’ils se trouvent ‘à l’intérieur’, et qu’il y a un déplacement
vers l’extérieur. Il en est de même pour ‘les dents’. Une situation pareille
concerne encore un exemple du dictionnaire LVF : Le plombage d’une dent est
tombé (‘Plomba wypadła z zęba’), qui est assimilé à Un carreau est tombé du mur
(‘Płytka odpadła ze ściany’) pour illustrer tomber au sens de ‘se défaire’. Or,
en polonais, la première de deux phrases décrit plutôt le déplacement de la
cible (‘plomba’) de l’intérieur d’un lieu (‘ząb’) vers l’extérieur, et la deuxième le
détachement de la cible (‘płytka’) d’un lieu (‘ściana’), avec lequel elle faisait un
tout, et se traduirait par le verbe odpaść/odpadać (Voir 9).
9. Tomber = odpaść/odpadać od
Le verbe odpaść/odpadać (odczepić się od czegoś, z czym się stanowiło
całość), formé à l’aide du préverbe od- qui signifie l’éloignement d’un endroit
dans une direction déterminée par la base du verbe (PRZYBYLSKA 2006: 91),
est suivi de la préposition od, reprenant le sens du préverbe (introduit l’endroit
dont s’éloigne un objet ou un être) :
Un carreau est tombé du mur (LVF) – ‘Płytka odpadła od ściany’.
La préposition et le préverbe ajoutent donc un supplément de sens à la
base verbale qui garde les traits sémantiques de l’orientation verticale et de la
CORRESPONDANTS POLONAIS DU VERBE FRANÇAIS TOMBER – EMPLOIS LOCATIFS
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direction négative. Le mur (‘ściana’) a le trait de verticalité inhérent et un carreau
(‘płytka’) qui s’en détache se trouve à la fin du mouvement, grâce à la force de
gravitation, plus bas qu’au début de celui-ci.
10. Remarques finales
Nous avons pu constater que les verbes dérivés de paść/padać, qui traduisent
les sens locatifs de tomber ont presque tous les traits sémantiques d’orientation
verticale et de direction négative. Ces éléments de sens, contenus dans la base
verbale, sont repris dans la plupart des cas, par les propriétés de la cible ou du
site, qui sont soit exprimés, soit inférés.
Cependant, pour certains, il a été difficile de constater leur existence :
la lumière qui tombait sur mes paupières (F) – ‘światło, które padało mi na powieki’,
rue qui tombe dans une autre – ‘ulica wpadająca w inną (ulicę)’ (WSFP) (7.1.),
tomber chez q. – ‘wpaść do kogoś nieoczekiwanie (niespodzianie)’ (WSFP) (7.2.).
D’autre part, en comparant nos résultats avec les propositions du dictionnaire LVF, nous avons pu constater que vraisemblablement le polonais perçoit
dans certains cas l’espace autrement que le français. En effet, la phrase Les
cheveux tombent, ils sont malades, illustre le sens ‘se détacher’, avec Les feuilles
tombent des arbres, et le polonais sélectionne pour le sens ‘se détacher’ le verbe
spaść/spadać. Or, en polonais, le verbe wypaść/wypadać dans ‘Włosy wypadają,
są chore’ suggère que la cible se déplace de l’intérieur vers l’extérieur.
Le plombage d’une dent est tombé (‘Plomba wypadła z zęba’) est assimilé par
LVF à Un carreau est tombé du mur (‘Płytka odpadła ze ściany’) pour illustrer
tomber au sens de ‘se défaire’. En polonais, dans ‘Plomba wypadła z zęba’, le
verbe suggère le mouvement de l’intérieur vers l’extérieur, comme dans le cas
des cheveux, alors que dans ‘Płytka odpadła ze ściany’, le verbe précise que la
cible faisait un tout avec le site au début du mouvement, ce contact étant par la
suite interrompu. Spaść/spadać s’utiliserait en polonais quand le contact était du
type ‘au dessous de qc’ et odpaść/odpadać en cas du contact du type ‘à côté de
qc, accolé à qc’.
Références
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pour une classification des verbes de déplacement intransitifs du français »,
in : J. DURAND, B. HABERT, B. LAKS (dir.), Congrès Mondial de Linguistique
Française – CMLF’08, Paris, Institut de Linguistique Française, 1905–1917, DOI:
10.1051/cmlf08041.
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JOANNA CHOLEWA
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CHOLEWA J. (2011), Espace dans les sens abstraits de deux verbes de mouvement descendre
et tomber, in : Romanica Cracoviensia 11, 56–65.
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(et al.), « Description linguistique pour le traitement automatique du français »,
Presses Universitaires de Louvain, p. 85–105, http://books.google.pl/books/
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FRANÇOIS J. et al. (2007), Présentation de la classification des ‘Verbes Français’ de Jean
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GIERMAK-ZIELIŃSKA T. (1979), Polskie czasowniki przedrostkowe o znaczeniu przestrzennym i ich odpowiedniki w języku francuskim, Zakład Narodowy im. Ossolińskich,
Wrocław.
PRZYBYLSKA R. (2006), Schematy wyobrażeniowe a semantyka polskich prefiksów czasownikowych do-, od-, prze-, roz-, u-, Universitas, Kraków.
Sources d’exemples:
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Wiedza Powszechna.
TLFi : atilf.atilf.fr (Trésor de la langue française)
SJP : Słownik języka polskiego, Wydawnictwo Naukowe PWN SA, sjp.pwn.pl/
IPI PAN: Korpus Języka Polskiego IPI PAN, korpus.pl/