Non classifié DSTI/ICCP/IE(2011)1/FINAL Groupe de travail

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Non classifié DSTI/ICCP/IE(2011)1/FINAL Groupe de travail
Non classifié
DSTI/ICCP/IE(2011)1/FINAL
Organisation de Coopération et de Développement Économiques
Organisation for Economic Co-operation and Development
06-Jul-2012
___________________________________________________________________________________________
Français - Or. Anglais
DIRECTION DE LA SCIENCE, DE LA TECHNOLOGIE ET DE L'INDUSTRIE
DSTI/ICCP/IE(2011)1/FINAL
Non classifié
COMITE DE LA POLITIQUE DE L'INFORMATION, DE L'INFORMATIQUE
ET DES COMMUNICATIONS
Groupe de travail sur l'économie de l'information
L'IMPACT DE L'INTERNET DANS LES PAYS DE L'OCDE
Français - Or. Anglais
JT03324565
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Ce document et toute carte qu'il peut comprendre sont sans préjudice du statut de tout territoire, de la souveraineté s'exerçant sur ce dernier, du
tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région.
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AVANT-PROPOS
Ce rapport a été présenté au Groupe de travail sur l’économie de l’information (GTEI) en décembre 2011,
puis déclassifié par le Comité de la politique de l'information, de l'informatique et des communications
(PIIC) en mars 2012. Établi par M. Piotr Stryszowski, il est publié sous la responsabilité du Secrétaire
général de l’OCDE.
© OCDE 2012
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TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROPOS .......................................................................................................................................... 2
L’IMPACT DE L’INTERNET DANS LES PAYS DE L’OCDE .................................................................. 4
Principales conclusions ............................................................................................................................... 4
Introduction ................................................................................................................................................. 4
Problèmes de mesure ................................................................................................................................... 5
Données tangibles au niveau des particuliers, des entreprises et des administrations publiques .............. 11
L’impact macroéconomique ...................................................................................................................... 19
Remarques en conclusion .......................................................................................................................... 24
RÉFÉRENCES ............................................................................................................................................. 25
NOTES.......................................................................................................................................................... 29
Encadrés
Encadré 1. Les réseaux sociaux en ligne et le bien-être des consommateurs ............................................ 13
Encadré 2. Quand l’internet facilite le recrutement et la recherche d’emploi ........................................... 14
Encadré 3. . Comment le paiement électronique fluidifie les transactions commerciales ........................ 15
Encadré 4. Les réseaux intelligents permettent de réelles économies ....................................................... 16
Encadré 5. Impact de l’internet : La recherche savante dans les sciences humaines ................................ 17
Encadré 6. L’internet : Trouver des solutions en partageant l’expérience acquise dans le domaine de la
santé........................................................................................................................................................... 18
Encadré 7. Administration électronique : des exemples en Espagne ........................................................ 19
Encadré 8. Utilisation de la comptabilité de la croissance pour estimer les impacts sur la productivité et
sur la croissance ........................................................................................................................................ 20
Encadré 9. L’internet et la reprise économique ........................................................................................ 23
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L’IMPACT DE L’INTERNET DANS LES PAYS DE L’OCDE
Principales conclusions
L’internet influe de façon significative sur les économies de l’OCDE à différents niveaux et dans
divers domaines. En particulier, l’internet exerce un impact sur les entreprises dans divers secteurs, ainsi
que sur la vie des individus et sur les administrations. De façon plus générale, on peut aussi observer des
effets macroéconomiques.
Au niveau de l’entreprise, la restructuration des modèles d’entreprise en lien avec l’utilisation de
l’internet s’est traduite par des gains d’efficience.1 L’impact de l’internet est visible également dans la
croissance rapide des nouvelles entreprises qui fondent leur activité sur l’internet. Les nouvelles
possibilités de communication qu’offre l’internet ont un impact sur pratiquement tous les secteurs de
l’économie, parfois de façon très subtile comme lorsque des données auparavant difficiles à trouver sont
accessibles en ligne, et parfois de façon très profonde, lorsque tout un marché en est transformé comme
cela se produit pour la musique, la vidéo, le logiciel, le livre et l’actualité.
L’internet est en train de remodeler la façon de vivre des individus. Il représente un progrès dans
le bien-être du consommateur (plus grand choix de biens et de services numériques, baisse des prix,
meilleur accès à l’information, davantage de canaux de distribution, etc.). En outre, les particuliers
bénéficient d’un marché du travail plus efficient2 et, au niveau plus général, d’impacts positifs sur
l’environnement3 et en matière d’éducation.
Pour les administrations, le développement de l’internet rend possible une meilleure
communication avec les administrés, avec l’industrie et avec les autres organisations. L’internet a aussi
permis un meilleur fonctionnement des administrations grâce à un meilleur partage de l’information, une
transparence accrue et l’automatisation de divers services intensifs en ressources.
Les impacts de l’internet au niveau des particuliers, des entreprises et des administrations peuvent
aussi s’observer au niveau agrégé, à l’échelle macroéconomique. Des études empiriques, notamment des
travaux en cours de l’OCDE, indiquent une corrélation positive entre, d’une part l’adoption et l’utilisation
accrues de l’internet, et d’autre part la croissance économique. Même si les effets agrégés sont encore
préliminaires, le lien entre le développement de l’internet et la croissance économique, de même que des
observations microéconomiques, donnent à penser que les gouvernements devraient poursuivre la mise en
œuvre de politiques qui contribuent à promouvoir la connectivité internet et encouragent l’adoption des
services en ligne. On peut retrouver plusieurs de ces recommandations dans la Recommandation du
Conseil concernant le développement du haut débit (OCDE, 2004) et dans l’étude Broadband Growth and
Policies in OECD Countries (OCDE, 2008b).
Introduction
Aujourd’hui, la question de la nature et de la portée du lien entre le développement de l’internet et la
performance économique revêt une importance particulière. Les décideurs publics conçoivent de nouvelles
normes juridiques en association avec les intermédiaires internet, ils débattent de nouvelles
réglementations dans ce domaine et ils envisagent de nouveaux investissements dans le développement des
réseaux (par exemple, investissements publics dans les réseaux de pays comme l’Australie, les États-Unis
et la Nouvelle-Zélande). Pour élaborer ces normes, réglementations et mesures, les décideurs publics
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doivent comprendre le rôle de l’internet dans les processus économiques, aux niveaux microéconomique et
macroéconomique. Afin de leur permettre de mieux comprendre la nature et l’envergure de l’impact
économique de l’internet, l’OCDE a mis au point un programme de recherche consacré à ces questions.
Le sentiment généralement partagé est que l’impact de l’internet s’étend bien au-delà du seul secteur
des technologies de l’information (voir OCDE 2007).4 L’internet était au départ un important moyen
d’améliorer la communication, mais il s’est transformé en une technologie omniprésente irrigant tous les
secteurs de l’économie. L’internet est même aujourd’hui largement considéré comme une infrastructure
fondamentale dans les pays de l’OCDE, à l’instar des réseaux électriques, des réseaux de distribution d’eau
et des réseaux de transports. On peut désormais considérer qu’il présente les caractéristiques d’une
technologie générique.
Compte tenu de son caractère universel et de son pouvoir transformateur, l’internet a un impact
économique dans de nombreux domaines différents, à des niveaux variés. Aujourd’hui, l’internet affecte de
multiples manières les activités quotidiennes des particuliers, des entreprises et des administrations
publiques. En outre, l’internet tend aussi à avoir des effets plus globaux, à l’échelle d’une économie tout
entière.
Les décideurs publics trouveront dans ce document une description des impacts de l’internet sur les
économies, de l’ampleur de ces impacts et des domaines dans lesquels ils s’exercent. Celle-ci est conçue de
manière à structurer et à évaluer par domaines l’incidence économique de l’internet au niveau des
particuliers, des entreprises et des administrations publiques, ainsi qu’au niveau agrégé macroéconomique.
Le document débute par une courte analyse des méthodes possibles d’évaluation quantitative de
l’internet et de son impact économique. En effet, si l’on veut en évaluer les impacts économiques, il
convient d’étudier au préalable la manière dont on peut mesurer l’internet lui-même, ce qui est très difficile
car l’internet évolue rapidement.
Le document systématise ensuite les impacts qu’exerce l’internet au niveau des particuliers, des
entreprises et des administrations. Au niveau des particuliers, l’internet améliore l’accès à l’information,
ouvre de nouveaux canaux de communication et permet une participation plus active à de nombreux
processus sociaux et de marché. Pour les entreprises, depuis une vingtaine d’années, l’internet est un
moyen de réduire les coûts d’exploitation, d’améliorer l’accès à l’information et de faciliter la
communication. Concernant les administrations, l’internet améliore la communication entre les administrés
et les organismes publics et procure des gains d’efficience.
Enfin, le document étudie les effets de l’internet au plan général et macroéconomique. Au plan
général, en effet, l’internet affecte la structure des économies modernes en rendant possibles de nouveaux
modes de prestation, en accélérant les processus de mondialisation et en favorisant l’émergence de
nouvelles branches d’activité. Ce qui, par voie de conséquence, se traduit par certains effets observables
semble-t-il sur la croissance économique.
Le document est structuré de manière à combiner l’analyse avec des exemples.
Problèmes de mesure
Avant de pouvoir entreprendre une analyse quantitative de l’impact macroéconomique de l’internet, il
est important d’étudier les moyens envisageables pour mesurer et retracer indirectement le développement
de l’internet. Disposer d’un indicateur fiable et agrégé du développement de l’internet est en effet essentiel
pour pouvoir mener une analyse quantitative approfondie et solide de son impact (Lehr, 2012).
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À ce jour, on s’est surtout préoccupé de mesurer la disponibilité et l’adoption de l’accès à l’internet,
initialement par ligne commutée puis désormais par liaison haut débit. Cependant, comme l’observe Lehr
(2012), l’internet devenant une infrastructure de base et son adoption s’étant généralisée, l’économie
internet sera de moins en moins discernable de l’économie globale. L’important sera la manière dont les
différentes entreprises, les professionnels et les consommateurs utiliseront l’internet, et la mesure de ces
activités sera par nature plus difficile.
La croissance d’une « économie de libre-service » et l’évolution du rôle des consommateurs, qui
deviennent producteurs de contenu et participent à la conception des produits, à leur promotion et aux
processus de transaction, illustrent ce phénomène. Séparer la consommation de la production alors que la
frontière entre l’entreprise et le consommateur devient floue suppose une information toujours plus
détaillée sur les activités spécifiques en question. Afin d’étudier la façon dont l’internet est utilisé pour
effectuer les diverses tâches entrant dans le cadre de la production des entreprises, il faudra mener des
enquêtes de plus en plus détaillées auprès des entreprises et des travailleurs. Au départ, on pourra
s’intéresser au temps consacré à l’utilisation de l’internet dans différentes fonctions (par exemple,
recherche-développement, gestion de la chaîne d’approvisionnement, vente au détail, tâches générales et
administratives) ou activités (par exemple, navigation sur l’internet, traitement de texte, communications).
Le besoin d’une quantification précise est particulièrement visible au niveau macroéconomique,
sachant qu’il s’agit de quelque chose de vital pour une analyse quantitative solide. Pour les cas isolés, que
ce soit au niveau des particuliers, des entreprises ou des administrations publiques, les analyses qualitatives
sont souvent suffisantes. Les exemples marquants de l’impact de l’internet à ces niveaux pourraient suffire
à montrer son impact restreint pour une entreprise donnée ou dans un cas déterminé. La combinaison de
cas individuels doit être étayée par une analyse quantitative elle-même basée un indicateur de substitution
quantitatif unique de l’utilisation de l’internet.
Dans ces tentatives de mesure, deux difficultés majeures se présentent :
•
Premièrement, l’internet est un phénomène récent et en évolution rapide. Les indicateurs
disponibles reflètent le plus souvent le passé, et non pas la situation actuelle.
•
Deuxièmement, il est pratiquement impossible de déterminer un seul indicateur de
substitution à même de refléter de façon systématique le développement et l’intensité de
l’utilisation de l’internet. Compte tenu de l’hétérogénéité qui caractérise les formes
d’adoption par les entreprises, les ménages et les secteurs d’activité et des différences d’une
région du monde à une autre en termes de stratégies de développement de l’internet, la
création d’un indicateur unique devient inenvisageable.
Par conséquent, tous les indicateurs disponibles qui font référence à l’internet sont plus ou moins
biaisés et omettent certains aspects du développement économique de l’internet ou des modalités de son
application.
Concernant le premier point, tout examen de l’impact de l’internet est entravé par le fait que les
technologies, les services et l’utilisation de l’internet évoluent de façon extrêmement rapide. Le passage de
l’accès commuté aux premiers temps de l’internet aux technologies DSL puis ADSL2, et maintenant à la
fibre optique et aux réseaux mobiles à très haut débit a fait évoluer considérablement l’utilité de l’internet
et les applications et services qu’il rend accessibles. Le développement des technologies internet est
difficile à mesurer car il s’agit d’une technologie générique en progrès constant, qui stimule l’innovation
dans les produits et les processus et réduit les coûts.
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Une leçon éclairante peut être tirée des efforts engagés pour estimer les impacts économiques de
l’informatique, du haut débit et des autres composantes des technologies de l’information et des
communications (TIC). Alors qu’un certain nombre d’études au niveau de l’entreprise ont pu montrer les
contributions positives de l’informatique à la productivité dans les années quatre-vingt-dix (Brynjolfsson et
Hitt, 1998 ; Lehr et Lichtenberg, 1999), ce n’est que postérieurement à l’année 2000 que l’importante
contribution des TIC à la croissance économique a pu être mise en évidence dans les données
macroéconomiques (Jorgenson, 2001).
Comme le fait remarquer Lehr (2012), cette expérience de l’évaluation de l’impact économique des
TIC est porteuse d’importantes leçons à ne pas oublier lorsque l’on se soucie de mesurer l’internet. En
premier lieu, nous ne pourrons sans doute estimer de façon fiable les impacts économiques qu’après les
faits. Or, les entreprises et les décideurs publics ont eu besoin d’investir dans les TIC avant que les
économistes soient en mesure de démontrer que les impacts économiques sont effectivement positifs. En
second lieu, les premières et meilleures preuves des impacts économiques proviendront sans doute des
données microéconomiques (au niveau de l’entreprise ou à un niveau plus détaillé) avant d’apparaître de
façon systématique dans les statistiques macroéconomiques (au niveau sectoriel ou national). Il est
important également de souligner que la nouvelle technologie portera ses fruits surtout lorsque son usage
sera suffisamment généralisé et lorsque les organisations s’y seront bien adaptées.
Il n’existe pas une façon unique de mesurer « le développement de l’internet », sachant que de plus en
plus, l’internet est une technologie omniprésente et multidimensionnelle. Par ailleurs, les statistiques
disponibles sont limitées du point de vue du nombre d’années couvertes, ce qui représente une contrainte
supplémentaire lorsque l’on veut réaliser une analyse de causalité complète.
Le développement de l’internet peut se mesurer à un certain nombre de niveaux, à l’aide de divers
indicateurs approchés (OCDE, 2009f). Ces mesures partielles peuvent être groupées en trois grandes
catégories : i) les indicateurs de l’adoption de l’internet, ii) les mesures économiques, et iii) les mesures
techniques (voir figure 1.)
Figure 1. – Indicateurs approchés de l’internet
L’internet
Mesures de l’internet
Adoption
Exemples :
• Taux de pénétration
du haut débit
• nombre d’appareils
Économiques
Exemples :
•Investissements
dans les réseaux
•Prix d’accès
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Techniques
Exemples :
•IPv4 par habitant
•Utilisation de la bande
passante internationale
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La plupart des études existantes se réfèrent à des indicateurs de l’adoption comme les taux de
pénétration du haut débit, en guise d’indicateurs approchés du développement de l’internet. Les chercheurs
se réfèrent le plus souvent au taux de pénétration du haut débit (nombre d’abonnements au haut débit pour
100 habitants) fourni par l’OCDE.5 Les données relatives aux taux de pénétration du haut débit sont
collectées selon une périodicité trimestrielle, directement auprès des régulateurs et des opérateurs, si bien
qu’elles sont très cohérentes et fiables. Par ailleurs, les séries de données disponibles sont relativement
vastes et les indicateurs sont eux-mêmes intuitifs : à des taux de pénétration plus élevés, correspond une
plus grande « quantité de services haut débit » qui est « consommée sur le marché ».
Malheureusement, ces indicateurs approchés présentent aussi des inconvénients qui en limitent
l’utilisation comme mesures générales du développement de l’internet.
•
Premièrement, de par leur construction, les données relatives à l’adoption de l’internet sont
limitées en dimension, compte tenu du niveau de saturation de l’économie concernée. En d’autres
termes, les mesures de cette adoption ne peuvent pas produire des taux de croissance à long terme
équilibrés puisque cette croissance s’arrête finalement lorsque toutes les parties concernées
disposent d’une connexion internet. Du point de vue économétrique, ce problème peut être résolu
par l’application d’une variable de contrôle : il s’agit néanmoins d’une limitation possible à
prendre en compte dans ces types d’analyse.
•
Deuxièmement, les indicateurs de l’adoption de l’internet peuvent uniquement permettre de
savoir qu’un système est utilisé, mais ils ne permettent pas de connaître l’intensité réelle ni la
finalité de l’utilisation de l’internet.
•
Troisièmement, la construction de certains indicateurs de l’adoption de l’internet peut aboutir à
une sous-estimation du taux d’adoption réel. Ainsi, en calculant un nombre d’abonnés au haut
débit, on risque de sous-estimer le nombre total d’utilisateurs, si les connexions sont
communément partagées au sein d’un foyer ou d’une entreprise.
•
Enfin, certaines de ces mesures6 ne reflètent pas les autres types de connectivité internet,
notamment l’accès par ligne commutée ou l’accès haut débit mobile à partir d’appareils mobiles
comme les Smartphones.
Les mesures économiques font référence à la dimension économique de l’internet, et elles sont
exprimées en termes monétaires dans la plupart des cas. Parmi les exemples de mesures économiques, on
peut citer les tarifs mensuels moyens d’abonnements, le montant des investissements dans les
infrastructures pour le haut débit et les tarifs « full port » des capacités de collecte.
Sachant qu’elles sont exprimées en termes monétaires, les mesures économiques peuvent être utiles
aux comparaisons entre pays et à la construction de séries chronologiques. En outre, ces mesures sont très
intuitives et peuvent facilement être normalisées (par exemple, en appliquant un déflateur PPA ou en les
exprimant sous forme de parts du PIB). Elles peuvent fournir une bonne image d’un environnement
internet en évolution rapide.
Les mesures économiques présentent certains inconvénients qui en limitent l’intérêt dans le cadre de
l’analyse économétrique. Premièrement, les prix sont le résultat final des mécanismes du marché de
l’internet, si bien qu’ils ne peuvent pas être considérés comme un indicateur crédible de l’état réel de
l’internet. Techniquement parlant, ces mesures sont largement entachées d’« endogénéité » car les prix
sont influencés par l’état du marché de l’internet. Deuxièmement, elles ne représentent que la dimension
monétaire de l’internet sur un marché donné, ce qui ne correspond pas nécessairement au niveau de
développement réel de l’internet sur ce marché.
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La dernière catégorie est celle des mesures techniques de l’internet. Même si l’internet est très
influencé par des facteurs économiques et sociaux, son infrastructure est technique et peut être mesurée
d’un certain nombre de manières. Si ces indicateurs approchés ne sont pas aussi intuitifs que les indicateurs
économiques ou les indicateurs approchés de l’adoption de l’internet, ils reflètent cependant, de façon
partielle, l’intensité et l’utilisation de l’internet au sein d’une économie donnée.
Comme exemples de mesures techniques, on a le nombre d’adresses IPv4 par habitant7 et le nombre
de systèmes autonomes8 par habitant.
En dehors de leur signification technique, ces indicateurs présentent certains aspects économiques qui
peuvent leur permettre de refléter le développement et l’utilisation de l’internet. Ainsi, les données
relatives aux adresses IP reflètent dans une certaine mesure le nombre de connexions à l’internet avec leur
propre adresse IP. Ces données peuvent donc être considérées comme un indicateur approché de
l’utilisation de l’internet par les particuliers et par les entreprises. En outre, certains de ces indicateurs
techniques couvrent tous les différents modes d’accès à l’internet (par le haut débit, par ligne commutée et
par lignes louées aux entreprises).
L’utilisation de mesures techniques comme indicateur de l’internet est susceptible de poser plusieurs
problèmes. Sachant que ces indicateurs, de par leur construction, sont techniques, la façon dont ils reflètent
l’usage de l’internet n’est pas sans présenter certaines imperfections. Dans ce contexte, deux mesures, le
nombre d’adresses IPv4 par habitant et le nombre de systèmes autonomes par habitant, peuvent constituer
des exemples parlants.
Concernant les adresses IPv4, il n’est pas rare que plusieurs appareils partagent une même adresse IP.
Il en est ainsi en raison d’un processus technique appelé la traduction d’adresse réseau (NAT), qui permet
aux routeurs de gérer une adresse IP unique partagée entre un certain nombre d’ordinateurs ou autres
terminaux. La NAT sert communément à partager une connexion à haut débit entre plusieurs appareils au
sein d’un foyer (par exemple, routeurs pour la maison), mais elle est bien moins souvent utilisée par les
FAI fixes vers les logements de particuliers sachant que, dans les pays de l’OCDE, nombre de FAI
disposent d’adresses IP en nombre suffisant pour répondre aux besoins de leurs abonnés. Il s’ensuit que le
nombre d’adresses IP par habitant peut sous-estimer le niveau réel d’utilisation et de développement de
l’internet.
Par ailleurs, concernant les adresses IP allouées, leur allocation n’implique pas qu’elles soient
utilisées, sachant qu’une grande partie des adresses IP ne sont pas utilisées du tout. Cela peut entraîner un
biais lorsque c’est le nombre d’adresses IP allouées qui sert d’indicateur. Pour que les adresses IP allouées
soient « visibles » sur l’internet public, les organisations sont tenues de les publier dans des tables de
routage énumérant les « routes » conduisant aux destinations-réseaux. Il convient de souligner que, même
si les adresses sont routées vers l’internet public, elles ne sont pas nécessairement utilisées (OCDE,
2011b). En ce qui concerne les réseaux individuels de l’internet, ou « systèmes autonomes », il est
important de garder à l’esprit que les opérateurs disposent de diverses stratégies pour configurer leurs
réseaux. Ainsi, un opérateur international peut choisir d’utiliser différents numéros de systèmes autonomes
pour les pays dans lesquels il exerce son activité, ou d’utiliser simplement un numéro de système autonome
unique pour différents pays. Il convient de noter que, dans certains cas, un pays peut disposer d’une
infrastructure du haut débit très étendue tout en utilisant un nombre relativement réduit de numéros de
systèmes autonomes. L’Australie en est un exemple. Il importe de tenir compte de ces limitations quand
l’indicateur des numéros de systèmes autonomes est utilisé.
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Le tableau 1 récapitule les mesures présentées précédemment.
Tableau 1.
Mesures du développement de l’internet
Type
Exemples d’indicateurs
Avantages
Inconvénients
Mesures de
l’adoption de
l’internet
- Taux de pénétration du
haut débit (nombre
d’abonnements au haut débit
pour cent habitants au sein
de l’économie)
- Nombre d’appareils
connectés à l’internet par
habitant
- Intuition simple au-delà des
chiffres ; fait référence au
concept économique de base de
la quantité échangée sur le
marché
- Jeu de données cohérent d’un
pays à un autre
Mesures
économiques
- tarifs mensuels
d’abonnement
minimums/moyens
- Tarifs ‘full port’ (trafic
internet international)
- Intensité de
l’investissement dans le
développement des
réseaux
- Mesure intuitive
- Donne une bonne idée de
l’environnement changeant
(cohérence dans le temps)
- Bon outil pour les
comparaisons au niveau
international
- Limite supérieure de la croissance
déterminée par le niveau de saturation
de l’économie concernée
- Difficulté de refléter l’utilisation réelle
de l’internet
- Certaines mesures ne reflètent pas les
autres modes de connectivité à l’internet
- Un abonnement au haut débit peut être
partagé entre deux ou plusieurs
utilisateurs
- Intérêt limité pour l’analyse
économétrique en raison du problème
d’endogénéité
- Reflète le résultat des mécanismes de
marché, et non pas l’état actuel
Mesures
techniques
- Nombre d’adresses IPv4
par habitant
- Nombre de systèmes
autonomes par habitant
- Utilisation de la bande
passante internationale par
pays (en Mbit/s)
- Indicateur approché de
l’intensité réelle de l’utilisation de
l’internet dans une économie
donnée
- Reflète tous les modes de
connexion à l’internet (haut
débit, mobile…)
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- Mesure non intuitive
- Sous-estimation possible du nombre
d’appareils car plusieurs peuvent
partager une même adresse IP
- Surestimation possible du nombre de
connexions, car une adresse IP peut
être allouée sans être routée. Mêmes les
adresses routées ne sont pas
nécessairement utilisées
- Le nombre d’adresses IPv4 est un
indicateur de référence particulièrement
utile car les services d’enregistrement de
l’internet ont commencé à manquer
d’adresses IPv4 non allouées en 2011 et
ont donc durci leur politique d’attribution
- Le nombre de systèmes autonomes
peut sous-estimer le niveau de
développement de l’internet lorsque les
opérateurs de réseaux n’utilisent qu’un
système autonome pour couvrir une
grande partie de leur zone de couverture
(par exemple, en Australie) et il est
révélateur des politiques d’attribution
adoptées par les services
d’enregistrement de l’internet
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Données tangibles au niveau des particuliers, des entreprises et des administrations publiques
L’influence économique de l’internet peut s’observer dans divers domaines de l’économie, du bienêtre des consommateurs à l’environnement, en passant par l’éducation ou la productivité des entreprises.
Cette influence affecte les particuliers, les administrations et les entreprises. Cette section présente des
exemples d’impacts de l’internet dans divers secteurs de l’économie. Plutôt que de refléter les avantages de
l’internet dans un secteur donné, ce qui serait impossible, il s’agit de proposer des exemples de domaines
dans lesquels l’internet exerce un impact significatif.
Le tableau 2 présente les principaux domaines dans lesquels l’internet exerce un impact économique
sur les particuliers, sur les administrations et sur les entreprises.
Tableau 2.
Exemples de domaines d’impact et principaux effets de l’internet
Domaine d’impact
Principaux effets
Principales parties concernées
Bien-être du
consommateur
- Impact positif sur le bien-être des consommateurs et
sur la formation de capital social (plus grande variété
de biens et de services numériques, meilleur accès à
l’information, davantage de canaux de distribution,
baisse des prix de certains produits)
- Problèmes de confidentialité et de sécurité.
Particuliers
Emploi
- Plusieurs effets positifs sur l’emploi (processus plus
fluides de recherche et de mise en correspondance
entre demandeurs et offres sur le marché du travail ;
possibilités de télétravail)
- Réduction potentielle de la demande de travail peu
qualifié.
Particuliers, entreprises
Environnement
d’entreprise
- Nouveaux modèles d’entreprise (commerce
électronique, diffusion numérique, banque en ligne) ;
Émergence de « l’économie numérique »
- Davantage d’incertitude et de volatilité, en particulier
dans les secteurs en cours de transformation.
Entreprises
Rentabilité des
entreprises
- Économies de coûts et meilleure rentabilité.
- Environnement technologique en mutation rapide
rendant certaines compétences nécessaires.
Entreprises
Environnement
- Solutions environnementales sur l’internet (réseaux
intelligents, télétravail, informatique en nuage).
- Empreinte écologique de l’internet potentiellement
significative
Particuliers, entreprises,
administrations
Éducation et recherche
- Nouvelles possibilités d’amélioration des processus
éducatifs (enseignement en ligne), nouvelles
possibilités pour la recherche scientifique.
Particuliers, administrations
Soins de santé
- Solutions complexes en ligne permettant d’améliorer
l’efficacité des soins de santé (cybersanté, suivi,
recherche)
Particuliers, entreprises,
administrations
Activités publiques
- Meilleure efficience des activités et meilleure
communication avec les administrés, avec l’industrie
et avec les autres administrations (administration
électronique)
Administrations, particuliers,
entreprises
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Le bien-être des consommateurs
Un des principaux impacts de l’internet sur les particuliers est l’amélioration du bien-être des
consommateurs. Ces effets se manifestent de diverses manières. Ainsi, l’internet affecte le bien-être des
consommateurs à travers de nouveaux canaux de distribution pour des produits existants (par exemple,
commerce électronique, fourniture de musique, de vidéo ou de logiciels par voie numérique). En outre, des
mécanismes de recherche plus efficaces pour localiser l’information et un accès plus facile aux évaluations
d’un produit donné peuvent permettre une baisse des prix de certains biens de consommation9. Les
consommateurs bénéficient également de nouvelles solutions pour répondre à leurs besoins en ligne,
souvent moyennant un coût extrêmement réduit (par exemple, courriels), ainsi que de produits et services
entièrement nouveaux (par exemple, portails communautaires). Le surplus du consommateur est aussi
affecté par l’amélioration de l’accès à la connaissance et à l’éducation (par exemple, les livres
électroniques de Google). Ensemble, ces impacts se traduisent par un progrès significatif de l’utilité pour
l’individu et, au niveau global, par un progrès général du bien-être des consommateurs.
Seule une partie de ces impacts a été chiffrée. Certains effets, bien qu’ils soient significatifs et qu’ils
aient bien été observés, ne peuvent être mesurés et exprimés en termes économiques. Il s’agit, par exemple,
de la satisfaction que peuvent tirer les particuliers de certains services proposés sur l’internet, entre autres
les réseaux sociaux (voir encadré 1). Selon plusieurs études, des réseaux sociaux sur l’internet comme
Facebook ou MySpace ont tendance à contribuer à la formation d’un capital social qui suscitera une
meilleure perception du bien-être (Shah et al., 2001 ; Gibson et al., 2009). De tels effets positifs sont
cependant très difficiles à évaluer quantitativement.
Plusieurs études apportent des preuves empiriques d’un impact positif et mesurable de l’internet sur le
bien-être des consommateurs (Morton, 2006 ; Dutz et al., 2009 ; Greenstein et McDevitt, 2011 et 2012).
Ces études traitent principalement des avantages économiques que représente pour le consommateur un
accès à l’internet dans des conditions abordables, si bien que leurs résultats se limitent à un seul élément
(quoique remarquable) du bien-être des consommateurs.
Le développement de l’internet s’accompagne aussi de certaines menaces pour la sécurité et la vie
privée des consommateurs, et ces menaces peuvent éventuellement réduire leur bien-être. Ainsi, les
données sont de plus en plus souvent menacées de détournement par des criminels, qui peuvent faire un
usage frauduleux d’informations d’identité obtenues par le biais de techniques telles que l’hameçonnage ou
le pourriel, ou, plus généralement, de logiciels malveillants. Les logiciels malveillants sont devenus une
grave menace à la sécurité de tous les utilisateurs de l’internet (OCDE 2010b).
12
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Encadré 1. Les réseaux sociaux en ligne et le bien-être des consommateurs
On cite souvent les réseaux sociaux en ligne (par exemple, Facebook ou MySpace) comme des exemples
typiques de services reposant principalement sur des modèles d’entreprise qui s’appuient sur la publicité et que
permet le développement rapide de l’internet. Alors que certains réseaux sociaux ont principalement pour vocation de
servir des objectifs professionnels et de réseautage (par exemple, LinkedIn), la plupart ne sont conçus que pour être
des réseaux sociaux.
D’après des études récentes, les réseaux sociaux en ligne sont un important moyen de formation et de
maintenance du capital social. Des recherches ont montré, par exemple, que ces réseaux étaient particulièrement
utiles pour ceux qui, autrement, auraient des difficultés à créer et à entretenir des relations interpersonnelles. Les
réseaux sociaux en ligne peuvent réduire les barrières aux interactions, encourager les gens à interagir socialement et
leur procurer un bien-être psychologique.
Même si ces impacts peuvent, dans une certaine mesure, être observés et quantifiés au niveau individuel, il ne
serait pas possible de prendre en compte les différents avantages de l’internet ni les « bénéfices en termes de
bonheur » dans la construction de mesures économiques plus globales (par exemple, sous forme de composantes du
PIB).
Source : Bargh, McKenna et Fitzsimons (2002), Bargh et McKenna (2004), Ellison, Steinfield et Lampe (2007).
L’emploi
L’internet affecte les particuliers de par son impact sur l’emploi, et ce, de différentes manières.
Premièrement, le développement de l’internet et des technologies de communication qui lui sont liées se
traduit par un progrès significatif de l’accès à l’information, ce progrès rendant plus fluides les processus
de recherche et de mise en relation entre l’offre et la demande sur le marché du travail (voir encadré 2).
Deuxièmement, l’internet génère un important volume d’emplois dans les secteurs de l’économie qui sont
liés aux technologies de l’information, compte tenu de l’activité économique induite par l’internet.
Troisièmement, l’internet apporte davantage de flexibilité sur le marché du travail, qui peut devenir plus
productif grâce aux solutions qu’il engendre comme le télétravail ou l’accès à distance aux ressources
informatiques. Le télétravail, en particulier, peut faire entrer dans la population active des personnes qui,
autrement, ne trouveraient pas d’opportunités d’emploi dans leur zone géographique de résidence.
Le développement rapide de l’internet pourrait aussi avoir des effets négatifs sur l’emploi total, à
travers l’évolution de la demande pour différents types de main-d’œuvre (Bresnahan et al., 2002) et les
économies de main-d’œuvre qui peuvent en résulter. C’est ce que l’on pourrait observer dans le cas des
travailleurs peu qualifiés qui ne maîtrisent pas les nouvelles technologies, ou dans le cas des emplois
intensifs en information qui peuvent être remplacés par le recours à certaines technologies de l’internet
(Spiezia et Vivarelli, 2002).
Considérés ensemble, ces mécanismes microéconomiques devraient exercer un impact visible à un
niveau plus global. Plusieurs études macroéconomiques tendent en effet à apporter des éléments
empiriques à l’appui de cette thèse, ce qui indique que les effets positifs de l’accès à l’internet, tels qu’ils
sont mesurés, compenseraient largement les effets négatifs. Ainsi, Crandall, Lehr et Litan (2007) constatent
une relation positive entre l’utilisation de l’internet (mesurée par les taux de pénétration du haut débit) et
l’emploi dans un secteur donné.10 Des observations similaires qui indiquent un impact positif de l’internet
sur l’emploi ont été présentées dans une étude de Lehr et al. (2006), qui ont utilisé une série de données
longitudinales au niveau des codes postaux pour les États-Unis.
13
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Encadré 2. Quand l’internet facilite le recrutement et la recherche d’emploi
De plus en plus d’entreprises utilisent activement les médias sociaux à des fins de recrutement, en particulier
lorsqu’elles recherchent des profils spécifiques. Elles utilisent les réseaux sociaux les plus prisés, LinkedIn et
Facebook, mais aussi d’autres services de réseaux sociaux comme Twitter. Parallèlement, elles utilisent moins
qu’auparavant des méthodes traditionnelles comme les annonces d’emplois et le recours à des cabinets de
recrutement extérieurs. Les recherches par le biais des médias sociaux se sont révélées rentables pour de
nombreuses entreprises, qui y ont trouvé un outil de recrutement efficace.
L’impact croissant de l’internet sur le fonctionnement du marché du travail du point de vue des demandeurs
d’emploi est également confirmé par l’Institute for Employment Research de l’Université de Warwick. On observe
depuis quelques années une croissance rapide de l’utilisation de l’internet pour la recherche d’emploi. En même
temps, cette étude met en évidence une « fracture numérique» dynamique et complexe au niveau de cette utilisation
particulière de l’internet.
Sources: Jobvite (2010),
Labour Force Survey (LFS), à l’adresse : http://research.dwp.gov.uk/asd/asd5/,
Boston Herald, « Recruiters find job seekers in most unlikely places », 14 mars 2011 à l’adresse :
www.bostonherald.com/business/general/view/2011_0314recruiters_find_job_seekers_in_most_unlikely_places/
L’environnement de l’entreprise
Pour les entreprises, l’émergence de l’internet a entraîné un remodelage significatif de
l’environnement économique existant. L’internet permet à un grand nombre d’entreprises, et plus
particulièrement aux petites et moyennes entreprises, d’étendre significativement le périmètre
géographique de leurs marchés et d’augmenter les possibilités de communication inter-entreprises. Il
s’ensuit une réduction des coûts d’accès aux chaînes d’approvisionnement et aux marchés de gros, et dans
bien des cas, les intermédiaires ne sont plus nécessaires. Pour un certain nombre d’entreprises et de
secteurs, l’internet apporte de nouveaux modes de distribution des produits et des services, ouvre de
nouvelles possibilités de publicité et permet même d’envisager des modèles d’entreprise entièrement
nouveaux. C’est ce que reflètent la croissance récemment observée du commerce électronique et des
paiements électroniques (voir encadré 3) et l’évolution des modes de fonctionnement des industries
culturelles. L’évolution rapide de l’internet est aussi un facteur d’incertitude dans certains secteurs, en
raison de l’absence de nouveaux modèles d’entreprise, de la rentabilité incertaine du passage aux nouvelles
technologies (et des changements organisationnels que cela implique) et de technologies en concurrence
dans un environnement technologique en évolution rapide (Katz et Shapiro, 1986 ; Eisenach et Lenard,
1998).
Les modèles d’entreprise des industries culturelles ont subi une forte pression à évoluer pour profiter
des technologies de l’internet. L’internet offre aux industries culturelles de nouveaux moyens de fournir du
contenu en ligne (par exemple, magasins de musique en ligne comme iTunes ou Amazon, ou sites de
diffusion en flux comme Spotify, Deezer et Pandora) et apporte de nouvelles sources de revenu (par
exemple, services payants de flux vidéo d’anciennes émissions de télévision). Avec l’internet, cependant,
les entreprises se retrouvent aussi confrontées à une menace de piratage (voir OCDE 2009a). Pour de
nombreuses autres industries, l’internet apporte un moyen supplémentaire de faire de la publicité,
d’accumuler l’information et de distribuer des produits. C’est notamment le cas pour la diffusion
d’informations de presse (voir OCDE, 2009b) et des autres secteurs des médias.11
L’internet a aussi permis la création de nombreuses industries et services nouveaux ne pouvant exister
qu’avec cette technologie. On peut citer à cet égard l’émergence de l’industrie des logiciels fonctionnant
sur l’internet, l’informatique en nuage, ainsi que l’apparition de produits entièrement nouveaux comme les
14
DSTI/ICCP/IE(2011)1/FINAL
réseaux sociaux et les moteurs de recherche qui sont basés sur de nouveaux modèles d’entreprise liés à
l’internet (publicité en ligne et publicité au coût par clic).
Même en l’absence de définition claire de ce qu’est une entreprise internet, on peut trouver un certain
nombre d’exemples évidents d’entreprises qui tirent leur revenu d’activités sur l’internet sans faire partie
d’aucune des autres catégories d’entreprises de TIC. Certaines de ces entreprises ont connu une croissance
spectaculaire et montent dans les classements. En 2010, la plus grande entreprise sur l’internet en termes
de recettes était Amazon.com (34.2 milliards USD de recettes), suivie par Google (29.3 milliards USD de
recettes).
Encadré 3. . Comment le paiement électronique fluidifie les transactions commerciales
La part des paiements électroniques dans le total des paiements des transactions de détail croît de façon régulière.
Cette croissance elle-même se reflète dans certaines évolutions observées dans le domaine des micro-paiements,
où il semble que se présentent d’importantes opportunités de croissance sur les nouvelles plateformes, ce qui
illustre la convergence continue entre les secteurs de la vente au détail classique et de la vente en ligne.
De plus en plus, le téléphone mobile peut être utilisé pour payer l’achat de certains produits (p.ex. stationnement
d’un véhicule, transports publics). Ce système peut permettre de réduire le temps que demande une transaction,
tout en rendant les paiements en espèces moins souvent nécessaires. Un exemple de cette évolution est le
système de paiement Square sur iPhone, qui permet d’utiliser un Smartphone pour les paiements par carte de
crédit. De nouveaux systèmes comme Square peuvent faciliter grandement, pour les consommateurs et les petites
entreprises, l’acceptation des paiements par carte de crédit.
Il est clair que ces progrès induisent une plus grande efficience des marchés, facilitent les échanges et réduisent
grandement les coûts de transaction. D’ailleurs, il s’agit aussi d’une étape majeure dans la convergence entre
l’univers virtuel et le monde réel.
Sources :
www.ecommerce-guide.com/article.php/3924491
http://asia.cnet.com/smartphones-the-wallet-of-the-future-62202445.htm
www.tuaw.com/2010/01/19/kevin-rose-demos-square-payment-system-for-iphone/
La performance des entreprises
Outre ses effets généraux sur l’environnement de l’entreprise, l’internet exerce aussi un impact sur la
performance des entreprises. Ces effets sont bien décrits dans les études existantes. Les travaux de
recherche relatifs à l’impact de l’internet et du haut débit, en particulier, privilégient souvent le niveau
microéconomique, en raison de données insuffisantes pour obtenir des séries chronologiques permettant
une analyse empirique comparée entre pays, et sachant que les données microéconomiques disponibles
peuvent permettre des estimations fiables.12 Au niveau microéconomique, les entreprises sont
généralement plus rentables quand elles utilisent le haut débit, la connectivité permettant davantage
d’interaction entre tous les acteurs du marché. On obtient aussi des flux d’information plus denses, des
processus d’adéquation meilleurs et plus rapides, et par suite, un progrès général plus rapide des
technologies (Brynjolfsson, 2003 ; OCDE, 2008 et 2010a ; Grimes et Ren, 2009 ; Majumdar et al., 2009 ;
Forman et van Zeebroeck, 2010 ; Bertschek et al., 2011).
On peut observer des exemples de ces impacts au niveau de l’entreprise en examinant les avantages
résultant de la connectivité avec l’internet dans différents secteurs. Ainsi, les travaux de l’OCDE sur les
univers virtuels (OCDE, 2011a) montrent comment la chaîne hôtelière Starwood a lancé une version
virtuelle de sa nouvelle ligne d’hôtels, aLoft, dans l’univers virtuel Second Life, afin d’en tester le concept
et la maquette, avant d’exploiter les avis et les commentaires pour modifier les plans de l’hôtel réel au
15
DSTI/ICCP/IE(2011)1/FINAL
moment de sa construction. Ce n’est là qu’un exemple parmi d’autres de la façon dont des entreprises se
sont servies de l’internet pour être plus efficaces, et ces effets devraient être visibles dans les études
macroéconomiques. En particulier, la connectivité avec l’internet affecte quatre des plus vastes secteurs de
l’économie, qui représentent près de 25 % du PIB dans les pays de l’OCDE. Il s’agit de la santé, de
l’éducation, des transports et de l’électricité. Les gains d’efficacité que permet le haut débit dans ces quatre
secteurs pourraient avoir un impact mesurable sur la croissance, compte tenu de la taille de ces secteurs.
L’environnement
L’internet rend aussi possibles des solutions susceptibles d’avoir un impact positif significatif sur
l’environnement (OCDE, 2009c ; Prasad, 2010). C’est à cet impact global que fait référence l’expression
TIC vertes, qui recouvre diverses solutions comme les réseaux intelligents, les « bâtiments intelligents »,
les « villes intelligentes », etc. Le secteur de l’électricité fournit un bon exemple d’impact de la
connectivité avec l’internet sur l’environnement et sur l’efficacité des entreprises. L’internet peut servir de
support de communication aux réseaux électriques intelligents (infrastructure de comptage évolué) en
comblant le fossé historique de l’information qui existe entre l’utilisateur final et les distributeurs. Les
réseaux intelligents utilisent un réseau de communication pour informer les consommateurs sur leur
consommation d’électricité en temps réel ainsi que sur la situation de l’offre et de la demande sur le réseau
électrique, ce qui leur permet d’ajuster leur consommation en fonction des signaux de prix. Du côté de
l’offre, le réseau intelligent est profitable au fournisseur d’électricité, puisque celui-ci peut lisser la
demande en contrôlant et en influençant la consommation en temps réel, au moyen soit d’une intervention
technique, soit d’une tarification variable en fonction de la demande (voir encadré 4). Les réseaux
intelligents seront une plateforme vitale pour le passage aux véhicules électriques.
Encadré 4. Les réseaux intelligents permettent de réelles économies
Opower, opérateur de réseau intelligent, a constaté que le simple fait d’informer les consommateurs au sujet de leur
propre consommation avait toujours pour résultat des économies d’énergie comprises entre 1.5 et 3.5 % pour
l’ensemble de la population cible. Ces impacts peuvent être considérables sachant que la consommation électrique
représente en moyenne 4 % du PIB dans les pays de l’OCDE.
Des investissements dans les réseaux intelligents s’imposent pour satisfaire une demande qui devrait croître.
Cependant, d’après le Conseil mondial de l’énergie, la production et la consommation d’électricité seraient
responsables d’environ 40 % des gaz à effet de serre, ce qui signifie que cette industrie est la plus polluante de
toutes. C’est ce qui a conduit à développer des réseaux intelligents qui utilisent l’internet pour gérer la demande
d’énergie.
Sources: (OCDE, 2009d)
Il importe de souligner que même si l’internet est généralement considéré comme une alternative à
bas carbone aux activités traditionnelles, plusieurs études font apparaître une empreinte carbone
potentiellement forte de l’internet même, conséquence de l’augmentation des émissions horaires de gaz à
effet de serre induites par la consommation électrique. Bien que certaines sources attribuent souvent cette
empreinte carbone relativement importante à l’internet, ce problème n’a pas encore fait l’objet d’une
analyse générale cohérente qui tiendrait compte de tous les aspects possibles de son impact sur
l’environnement.
L’éducation et la recherche
L’internet est aussi de plus en plus utilisé dans le domaine de l’éducation (Lenhart et al. 2001;
OCDE, 2008c ; Spiezia, 2010). L’enseignement à distance par le biais de la radio ou de la télévision existe
16
DSTI/ICCP/IE(2011)1/FINAL
depuis longtemps dans les zones rurales et isolées, mais l’internet permet un développement plus général et
plus dynamique des services éducatifs. L’accès à l’internet peut rendre l’enseignement plus efficace de
deux manières. Premièrement, l’internet améliore l’éducation grâce au progrès qu’il apporte dans la
communication à distance et dans la transmission de matériel didactique et pédagogique. Deuxièmement,
l’internet facilite grandement l’acquisition d’information par d’innombrables services et applications
comme les cours et séminaires en ligne, les pages internet dédiées et les forums en ligne consacrés aux
échanges de connaissance et de savoir-faire. À titre d’exemple, l’université de Stanford, aux États-Unis,
diffuse gratuitement sur l’internet une partie de ses cours à l’attention du grand public. Les vidéos des
cours et les copies des diapositives utilisées sont publiées sur une page internet spécifique quelques jours
après les cours.13 Cette initiative a été mise au point par l’université de Stanford en coopération avec
Apple. Pour l’usager, la formule est économiquement intéressante dans la mesure où le contenu de ces
publications représente une opportunité appréciable d’acquérir des connaissances de pointe. Pour Stanford,
c’est un moyen novateur de démontrer la qualité de son enseignement et la richesse de ses programmes.
En dehors de l’enseignement général, l’internet exerce aussi un certain impact sur la recherche
scientifique. Cet impact concerne en premier lieu les domaines dans lesquels les technologies de l’internet
ont amélioré l’accès à l’information et facilité la communication entre les chercheurs et les centres de
recherche. Comme exemples notables, on peut citer l’accès instantané aux bases de données et aux articles
scientifiques numérisés que proposent divers prestataires sur l’internet (par exemple, JStore et
ScienceDirect). Le développement de l’internet a aussi rendu possibles de nouvelles formes de coopération
dans la recherche, reposant sur des modèles de création d’information dans le domaine public et en accès
libre (par exemple, Science Commons).
Encadré 5. Impact de l’internet : La recherche savante dans les sciences humaines
Les sciences humaines et sociales sont les nouveaux domaines d’application de solutions avancées basées sur
l’internet. Actuellement, plusieurs projets à base de technologies de l’information permettent avec succès de numériser
et de stocker de l’information et de la documentation sur une échelle inédite. Le projet général de numérisation
d’ouvrages de Google en est un exemple. Google a scanné 5.2 millions d’ouvrages dans plusieurs langues, dont les
dates de publication s’échelonnaient entre 1500 et 2008.
Les projets de numérisation de documents utilisés dans les sciences humaines présentent des avantages potentiels
considérables, non seulement pour les universitaires et pour les chercheurs, mais aussi pour les consommateurs en
général. Les universitaires peuvent ainsi économiser beaucoup de temps et d’efforts habituellement consacrés à des
recherches traditionnelles en bibliothèque. Les chercheurs obtiennent un accès libre à la somme actuelle des
connaissances, ce qui représente non seulement une réduction évidente des coûts de recherche, mais aussi une
précieuse source potentielle d’inspiration. Enfin, tout utilisateur obtient également l’accès à l’ensemble des ouvrages,
ce qui lui permet de s’instruire mais lui apporte aussi davantage d’utilité et de satisfaction. Ces possibilités
remarquables mises à part, il reste encore des problèmes à résoudre. Ainsi, plusieurs auteurs et éditeurs soulignent
les infractions possibles aux droits d’auteur dans le cas de la numérisation d’un document protégé.
Source: http://chronicle.com/article/Scholars-Elicit-a-Cultural/125731/
Les soins de santé
Les soins de santé sont un secteur dans lequel l’internet et d’autres technologies de communication
sont de plus en plus utilisés pour résoudre le problème de la hausse des coûts. À titre d’exemple, les
technologies de l’internet peuvent permettre de réduire le nombre de visites des médecins à domicile
nécessaires chez les patients âgés qui font le choix de continuer d’habiter chez eux. L’internet et les
technologies de capteurs rendent plus économiques les relevés d’information à distance. Actuellement,
dans les pays de l’OCDE, la part dans le PIB des dépenses de soins de santé est en hausse. En outre, cela
17
DSTI/ICCP/IE(2011)1/FINAL
fait plusieurs dizaines d’années que ces coûts augmentent. D’après des statistiques récentes relatives à
l’OCDE, les dépenses de soins de santé représentent 8.8 % du PIB d’un pays.14 Ce chiffre s’explique par le
vieillissement de la population, par les coûts élevés des progrès de la formation et des technologies dans ce
domaine et par la complexité économique des problèmes de soins.
La cybersanté est une solution efficace qui pourrait être appliquée pour résoudre au moins en partie ce
problème. Le terme cybersanté fait référence à un ensemble de solutions sur l’internet et de services
destinés à rendre les soins de santé plus performants (par exemple, la télémédecine), à améliorer l’accès à
l’information et aux dossiers médicaux et à apporter d’autres moyens de faire progresser les soins, par
exemple par un meilleur accès aux revues médicales, une meilleure surveillance épidémiologique ou le
partage des renseignements spécifiques au patient. La cybersanté peut amener une réduction significative
des coûts au sein du système de soins de santé. Ces services devraient se développer rapidement, et la part
de la cybersanté, par rapport aux autres services dispensés sur l’internet, devrait continuer de progresser.
Encadré 6. L’internet : Trouver des solutions en partageant l’expérience acquise dans le domaine de la
santé
La plateforme PatientsLikeMe est l’exemple d’une application internet réussie permettant de faire progresser la
recherche dans le domaine des soins de santé. Il s’agit d’une communauté virtuelle constituée de patients atteints
de maladies invalidantes, de médecins et d’organismes, permettant aux utilisateurs de partager une information
pouvant servir à la recherche sur une maladie particulière et pouvant améliorer la vie des patients. En particulier,
cette plateforme internet permet la collecte et le partage de données réelles sur les patients, axées sur la pratique.
Les données pertinentes sont transmises aux médecins, aux laboratoires, aux entreprises d’appareils médicaux,
aux unités de recherche, etc. ayant conclu un partenariat avec PatientsLikeMe pour le partage des données.
Sachant qu’en médecine moderne, la plupart des recherches nécessitent de grandes quantités de données, cette
plateforme devient un outil extrêmement efficace pour les professionnels de santé et pour l’industrie
pharmaceutique et paramédicale lorsqu’il s’agit de traiter une maladie, et au bout du compte, pour les patients euxmêmes.
Source : www.patientslikeme.com/
Les activités des administrations publiques
En dehors des problèmes relatifs à l’environnement et à la santé, il existe d’autres domaines
importants dans lesquels l’internet affecte les administrations publiques, les services d’administration
électronique étant un exemple éloquent.15 Ce terme fait référence aux échanges numériques,
principalement par l’internet, entre les autorités d’une part, et les administrés, les entreprises et les autres
organismes publics d’autre part. L’internet intervient ici comme un moyen d’accroître l’efficience et
l’efficacité du secteur public. Les avantages de l’administration électronique sont évidents : les solutions
internet améliorent l’accessibilité, l’efficience et la commodité des services publics en permettant une
communication instantanée et en éliminant les exigences d’une présence physique au sein des organismes
publics. L’interaction intensifiée avec les administrations publiques et l’accès facile à la documentation
peuvent aussi faire progresser la transparence, promouvoir la démocratisation et faire reculer la corruption
(Andersen et al., 2011).
L’internet pourrait aussi avoir un impact sur les activités publiques par le biais de l’intensification du
capital social. Davantage de capital social au sein d’une société se traduit par une plus forte participation
des individus à la politique (Shah et al., 2001 ; Gibson et al., 2009). Un exemple parlant de ce mécanisme
est ce que l’on a appelé le « Printemps arabe », avec l’utilisation probante de l’internet pour renforcer et
coordonner des processus de démocratisation dans des pays comme la Tunisie ou l’Égypte.
18
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Encadré 7. Administration électronique : des exemples en Espagne
L’Espagne a consacré une quantité significative d’efforts et de ressources à faire progresser la société de
l’information. C’est l’un des rares pays à avoir mis en place un dispositif juridique cohérent consacré entièrement et
exclusivement à l’administration électronique (Loi sur l’accès électronique des citoyens aux services publics). Le
plan espagnol d’administration électronique présente trois succès majeurs liés à l’internet, à savoir l’introduction de
documents d’identité électronique, la centralisation des services de passation de marchés publics, l’élimination de
l’utilisation du papier dans l’administration fiscale et de même qu’une grande disponibilité des services public en
ligne.
L’introduction d’un document d’identité électronique pour tout citoyen espagnol permet un accès personnalisé et sûr
à de nombreux services publics en ligne. Ce service réduit de façon significative tous les coûts des interactions
avec les autorités en termes de temps, d’effort et d’argent. Ce faisant, il facilite aussi l’activité économique et stimule
indirectement les échanges économiques. L’Espagne fonde aussi sur l’internet la centralisation de ses services de
passation des marchés publics. Une structure unifiée permet de renforcer l’efficience et de réduire les coûts des
différents processus de passation des marchés publics.
Source : OCDE (2009e)
De façon évidente, les gouvernements profitent aussi indirectement du développement de l’internet.
La connectivité avec l’internet devrait permettre d’accroître la productivité interne des administrations
publiques de la même manière qu’elle améliore les processus dans le secteur privé.
L’impact macroéconomique
Comme cela a été évoqué dans la section précédente, des éléments indiquent clairement l’effet positif
qu’exerce l’internet au niveau des particuliers, des entreprises et des administrations publiques au sein
d’une économie. Compte tenu des effets bénéfiques et transformationnels de l’internet à ces niveaux, des
effets analogues du haut débit devraient être observés au niveau global, macroéconomique. Un certain
nombre d’études traitent de ces effets économiques généraux de l’internet et du rôle de l’internet dans le
contexte macroéconomique.
De façon générale, on distingue deux approches pour l’évaluation des effets macroéconomiques de
l’internet :
•
L’approche par la comptabilité de la croissance concerne uniquement l’investissement dans les
TIC liées à l’internet et les recettes directes des services internet (voir encadré 8).
•
L’approche économétrique va plus loin que l’approche par la comptabilité de la croissance et
tient compte de tous les effets macroéconomiques de l’internet sur les industries, sur les
particuliers et sur les administrations publiques, ainsi que des effets socio-économiques à long
terme.
19
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Encadré 8. Utilisation de la comptabilité de la croissance
pour estimer les impacts sur la productivité et sur la croissance
Concernant les études portant sur l’impact de l’internet en tant que secteur, la plupart des études
macroéconomiques et sectorielles se basent sur le cadre de la comptabilité de la croissance, dans lequel chaque
facteur de production (par exemple, travail, capital ou capital TIC) contribue proportionnellement à sa part dans le
coût total des intrants. Selon Oliner et Sichel (2000), si l’on se réfère à ce cadre, la contribution du capital TIC entre
1996 et 1999 s’est accrue de façon significative. Des conclusions similaires concernant l’importance du secteur des
TIC, obtenues en utilisant le cadre de la comptabilité de la croissance, sont énoncées par Oulton (2010) dans une
étude portant sur l’économie du Royaume-Uni, par Crépon et Heckel (2002) dans une étude sur la France et par Van
Ark et al. (2002), qui ont examiné les tendances dans les écarts de productivité en fonction des TIC entre les ÉtatsUnis et l’Europe.
Il existe plusieurs raisons pour lesquelles il est difficile de mesurer la contribution de l’investissement en TIC à
la croissance et à la productivité. Quand elles investissent dans les TIC, les entreprises changent aussi leur structure
organisationnelle, elles investissent aussi dans des intrants complémentaires et elles modifient l’équilibre entre
travail et capital dans leurs processus de production. Elles s’adaptent aussi aux chocs extérieurs, notamment aux
récessions économiques, aux périodes d’expansion et aux changements des termes de l’échange. Démêler les
effets de ces changements simultanés sur les statistiques s’est révélé être une tâche ardue.
Pour résoudre ces problèmes, une méthode consiste à considérer que la contribution des investissements en
TIC à la croissance est proportionnelle à leur part dans la valeur de la production. Les éléments qui attestent de
l’impact des TIC sont obtenus, pour une grande part, par la méthode de la comptabilité de la croissance, et ils
reposent sur cette hypothèse.
Si le cadre de la comptabilité de la croissance découle de la théorie économique, il repose cependant sur une
série d’hypothèses fortes qui limitent significativement son pouvoir explicatif. En particulier, il suppose que tous les
marchés sont concurrentiels, qu’il n’y a pas d’effet induit et que les entreprises peuvent prédire leurs retours sur
investissements dans les technologies de l’internet. Ces conditions apparaissent problématiques car l’internet même
modifie la concurrence sur les marchés, il entraîne des effets induits de par sa nature de réseau, et le retour sur
investissements dans les technologies de l’internet ne pourra sans doute pas être connu avec certitude, compte tenu
de l’évolution ininterrompue des logiciels et des matériels.
Plusieurs études empiriques à base d’enquêtes confirment la possibilité d’un impact positif de
l’internet sur la croissance économique.
Une des premières études à avoir dépassé le stade des micro-données est celle de Varian et al. (2002),
qui ont analysé l’impact des technologies de l’internet sur l’activité économique en se fondant sur une
enquête menée auprès d’entreprises de divers secteurs aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France et en
Allemagne. L’objet de l’étude était de mesurer les effets que les technologies de l’internet avaient eu
jusqu’à ce jour et de projeter leur impact futur. Les technologies internet étaient définies comme toute
initiative qui combine l’internet avec des technologies réseaux, logicielles et matérielles pour améliorer un
processus opérationnel existant ou créer de nouvelles possibilités d’activité économique. Sur la base des
réponses obtenues, l’étude a montré que, dès les premiers stades du développement du haut débit, les
entreprises avaient activement recherché des solutions recourant à l’internet et que ces solutions leur
avaient permis de réduire leurs coûts et d’accroître leurs recettes. Plus précisément, les entreprises des
quatre pays étudiés indiquaient avoir réalisé des économies de coûts cumulées de 163.5 milliards USD, ces
économies ayant été réalisées en majorité depuis 1998.
Une autre étude, parmi les premières à avoir porté sur les effets économiques de l’internet dans un
contexte élargi, est celle de Lehr et al. (2006). Les auteurs ont utilisé des données de panel établies au
niveau des codes postaux aux États-Unis et ils ont conclu que le haut débit exerçait un impact positif sur
l’activité économique.
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Dans une étude approfondie, Franklin et al. (2009) ont utilisé un vaste ensemble de données relatives
au haut débit dans plusieurs pays d’Europe. Cette analyse statistique a montré une corrélation entre
l’utilisation du haut débit et une hausse de la productivité de l’entreprise. Par ailleurs, une analyse
effectuée au niveau de l’entreprise en Suède et aux Pays-Bas indique que le phénomène est lié au rôle des
TIC comme catalyseur de l’innovation.
Concernant les approches macroéconomiques, au niveau agrégé, Qiang et al. (2009) observent
également une corrélation positive entre l’adoption du haut débit et le taux de croissance économique.
Outre un bon tour d’horizon des études existantes, leur étude présente un modèle empirique par pays pour
analyser cette relation. Les auteurs ont utilisé des données relatives à 120 pays en développement et
développés dans un modèle de croissance endogène d’après Barro (1991). Cette approche leur a permis de
tester la relation quantitative entre les taux de pénétration du haut débit et le taux de croissance moyen du
PIB par habitant entre 1980 et 2006, tout en contrôlant les autres facteurs susceptibles d’avoir un impact
sur le taux de croissance. D’après Qiang et al. (2009), à un taux de pénétration du haut débit plus élevé de
10 points de pourcentage correspond un taux de croissance annuel par habitant plus élevé de 1.21 point.
À l’évidence, corrélation ne signifie pas causalité, cette association fondamentale entre le stade de
développement de l’internet et la croissance économique pouvant être due à une causalité inverse et à
d’autres variables. Plusieurs études indiquent d’ailleurs que la croissance économique a été un des
principaux déterminants du développement de l’internet (Kiiski et Pohjola, 2002 ; Chinn et Fairlie, 2007).
Ces conclusions mettent en évidence la dépendance mutuelle entre développement de l’internet et
croissance économique. D’une part, les pays les plus développés investissent davantage dans le
développement de l’internet. D’autre part, un internet plus développé peut rendre la croissance économique
plus forte.
Dans plusieurs études, les auteurs ont utilisé des techniques économétriques pour chercher à savoir si
la croissance économique dépendait du développement de l’internet (par exemple, Crandall et al., 2007 ;
Czernich et al., 2011 ; Koutroumpis, 2009). Les résultats indiquent que le développement de l’internet peut
effectivement avoir des effets sur la croissance.
Crandall et al., Lehr et Litan (2007) ont analysé les effets de la pénétration du haut débit sur la
production et sur l’emploi, globalement et par secteur, à l’aide de statistiques au niveau des États. Afin
d’évaluer l’impact macroéconomique de l’internet, les auteurs recourent à une analyse classique de
régression par les moindres carrés16 à partir du nombre de lignes à haut débit par habitant comme
indicateur approché de l’internet et du ratio de l’emploi ou de la production en 2005 par rapport à son
niveau en 2004 (ou en 2003) comme variables dépendantes. Ils constatent que l’emploi privé non agricole
et l’emploi dans plusieurs secteurs sont positivement corrélés avec l’utilisation du haut débit. Plus
précisément, pour 1 % de hausse de la pénétration du haut débit dans un État des États-Unis, le niveau
d’emploi correspondant est plus élevé de 0.2 % à 0.3 % par an.
Concernant l’impact du haut débit sur la production, cette étude met en évidence une relation de
causalité positive significative, surtout lorsqu’il existe une masse critique d’infrastructure. En particulier,
une hausse de 1 % du taux de pénétration se traduit par une hausse de la croissance économique de
0.025 % en moyenne.
Une autre étude, de Czernich et al. (2011), examine l’impact de l’infrastructure du haut débit sur la
croissance économique dans une série de pays de l’OCDE (1996-2007) en utilisant les taux de pénétration
du haut débit comme indicateur du développement de l’internet. Afin de surmonter le problème que peut
poser l’endogénéité, les auteurs ont procédé à une analyse en deux étapes. Tout d’abord, ils ont construit
un schéma prédictif de l’évolution du haut débit (exempt de chocs et d’intervention des pouvoirs publics)
en utilisant comme instruments les statistiques relatives à la télévision câblée et au nombre de lignes
21
DSTI/ICCP/IE(2011)1/FINAL
téléphoniques. L’estimateur ainsi obtenu est ensuite utilisé dans la seconde étape pour expliquer les taux de
croissance économique. On constate alors qu’une hausse du taux de pénétration du haut débit de 10 points
de pourcentage entraîne une augmentation de la croissance annuelle par habitant comprise entre 0.9 et 1.5
point.
Koutroumpis (2009) a aussi étudié la façon dont l’internet (mesuré par les taux de pénétration du haut
débit) affectait la croissance économique. L’auteur a utilisé pour cela une fonction de production
macroéconomique basée sur un micro modèle des investissements dans le haut débit. Plus précisément, un
modèle économétrique structural (cadre d’étude intégrant les investissements dans les télécommunications
comme élément endogène) a été inclus dans la fonction de production macroéconomique. Les résultats
indiquent une augmentation des retours sur investissements dans le haut débit correspondant à la
persistance d’externalités de réseau.
Les études quantitatives donnent une bonne indication mais pas de preuve précise de l’impact
économique général de l’internet. L’internet est relativement nouveau et se développe plutôt vite, mais les
données utilisées dans les analyses permettent de mesurer le passé, et non pas le présent. Comme
l’indiquent Holt et Jamison (2009) et Lehr (2012), il convient de souligner que l’impact quantitatif exact de
l’internet ne peut pas se mesurer avec une grande précision. Les études existantes donnent d’ailleurs des
résultats qualitatifs et quantitatifs similaires et, même en l’absence de mesure précise, on peut dire que ces
résultats, comme le montre la figure 2, sont du même ordre de grandeur.
Figure 2. – Impact quantitatif de l’internet sur la croissance économique : résultats d’échantillonnage des
études existantes
Effets sur la croissance du PIB d’une progression de 10 points de pourcentage du développement du haut débit
Points de
pourcentage
Un accroissement de dix points du développement du haut débit a un impact
sur la croissance du PIB selon diverses études
1.6
Czernich et. al (2011 )
1.4
Crandall, Lehr and Litan (2007)
Résultats simulés
1
0.6
0.2
Koutroumpis (2009)
Résultats simulés
En outre, il convient de souligner que la mesure de l’impact macroéconomique de l’internet suppose
un vaste ensemble cohérent de données pour pouvoir produire des résultats solides et sérieux du point de
vue économétrique. Sachant que l’internet est un phénomène relativement nouveau et qui connaît une
croissance rapide, de telles exigences en matière de données ne peuvent pas être pleinement satisfaites
(Lehr, 2012). Aussi les résultats présentés ci-dessus ne peuvent-ils pas être interprétés comme une nette
22
DSTI/ICCP/IE(2011)1/FINAL
confirmation des effets de causalité de l’internet sur la croissance économique, mais comme une indication
préliminaire de ces effets.
Plusieurs autres études ont évalué les effets macroéconomiques du haut débit dans le contexte des
programmes nationaux de développement et du changement technologique induit (Katz et al., 2010 ;
Greenstein et McDevitt, 2011) ou dans le contexte de la reprise économique (encadré 9).
Encadré 9. L’internet et la reprise économique
Le rôle économique polyvalent de l’internet, et en particulier du haut débit, a été pris en compte par les décideurs
politiques dans la détermination des mesures destinées à lutter contre la récession. En particulier, les investissements
dans le haut débit ont été considérés comme une étape cruciale vers la reprise économique et ont donc été inclus
dans les programmes publics d’investissement. Le rôle général de l’internet dans le processus de reprise économique
a été mis en évidence par l’OCDE en 2009 (OCDE, 2009g). Plusieurs autres études ont analysé les effets des
formules d’investissement dans le haut débit pour diverses économies.
Atkinson et al. (2009) proposent une analyse détaillée et des estimations de l’impact à court terme sur l’emploi de
l’investissement dans trois types de réseaux numériques essentiels aux États-Unis : les réseaux à large bande, les
réseaux intelligents et les réseaux de la santé. Selon ces auteurs, investir dans la nouvelle économie des
infrastructures numériques offrirait d’importantes possibilités non seulement de relance et de création d’emplois à court
terme, mais aussi de bénéfices économiques et sociaux à plus long terme. Ces auteurs ont estimé que
30 milliards USD d’investissement supplémentaire dans les infrastructures de réseaux aux États-Unis en 2009 se
traduiraient par la création d’environ 949 000 emplois. Des résultats similaires, concernant l’effet du développement du
haut débit sur la création d’emplois aux États-Unis, ressortent d’une étude de Katz et Sutner (2009), ces auteurs
montrant qu’un investissement futur sur quatre ans permettrait la création de 27 à 84 emplois pour chaque 1.2 million
USD investi. Ces auteurs ont recouru à une analyse d’entrées-sorties en se basant sur la loi pour la reprise et le
réinvestissement aux États-Unis.
Liebenau et al. (2009) se sont efforcés de déterminer l’impact spécifique des investissements en infrastructure de
TIC (haut débit) sur l’emploi direct, indirect et induit au Royaume-Uni en se servant d’estimations des multiplicateurs
économiques de l’emploi et de la production. L’étude portait sur la question des investissements futurs et il en ressort
qu’un investissement de 1.2 million USD dans le haut débit pourrait induire la création de quelque 38 emplois.
Katz et al. (2010) ont étudié l’économie allemande et ont évalué l’impact macroéconomique de la
« Stratégie nationale du haut débit » en Allemagne. Sur la base de cette stratégie, l’étude définit deux
scénarios d’investissement successifs (l’un en 2014 et l’autre en 2020) et chiffre l’impact sur l’emploi et la
production des investissements dans le haut débit. L’effet économique de l’investissement dans les
technologies du haut débit sur une période de dix ans en Allemagne serait de 968 000 emplois
supplémentaires et de 230 milliards USD de production supplémentaire.
Une étude similaire pour l’économie des États-Unis a été réalisée par Greenstein et McDevitt (2010,
2011). Les auteurs ont évalué les facteurs dont dépendaient les coûts et les bénéfices marginaux
prévisionnels de la migration vers le haut débit au niveau national. Afin d’évaluer les bénéfices globaux du
passage de la connexion par lignes commutées au haut débit, ils ont utilisé un modèle macroéconomique
calibré. La conclusion de l’étude est que le haut débit a généré environ 8.3 à 10.6 milliards USD de revenu
supplémentaire (au-delà de ce que la connexion par lignes commutées aurait généré) et entre 4.8 et
6.7 milliards USD de surplus du consommateur. Le haut débit a généré entre 40 % et 50 % de revenu
supplémentaire nouveau dans le PIB. L’étude montre aussi que le passage de la connexion par lignes
commutées au haut débit s’est traduit par une baisse comprise entre 1.6 % et 2.2 % par an de tous les tarifs
d’accès à l’internet.
23
DSTI/ICCP/IE(2011)1/FINAL
Enfin, en ce qui concerne les effets à long terme de l’internet, la littérature économique actuelle en
donne une idée assez nette. Les études existantes mettent en évidence la manière dont les progrès de la
connaissance (savoir-faire, technologie, idées, etc.) restent le moteur essentiel d’une croissance
économique soutenue à long terme. Compte tenu de l’impact positif considérable de l’internet sur la
génération du savoir, on peut conclure qu’à long terme, l’internet devrait avoir quelque effet positif sur le
taux de croissance économique.
De manière claire, compte tenu de la diffusion à long terme de ces impacts, ce type d’effet reste
surtout théorique à ce jour. Toutefois, même en l’absence d’éléments empiriques indiquant de façon directe
un effet bénéfique à long terme de l’internet sur la croissance, cette hypothèse est a priori vraisemblable
compte tenu de tout ce qu’indiquent les travaux économiques déjà réalisés (pour un aperçu, voir Aghion et
Howitt, 1998 ; Barro et Sala-I-Martin, 2003). Il faut s’attendre à ce que le développement de l’internet, à
long terme, stimule la création de savoir et la croissance du revenu par habitant sur l’ensemble de
l’économie. Compte tenu de la limitation des données disponibles et de séries chronologiques trop courtes,
on dispose de peu d’éléments empiriques probants, surtout pour les comparaisons entres les différentes
économies.
Remarques en conclusion
Il est intéressant de noter que la plupart des éléments probants proviennent des statistiques relatives
aux États-Unis et qu’il est plus difficile d’en obtenir pour l’Europe. Par conséquent, une meilleure
compréhension de la façon dont les retombées agissent dans le cas de l’infrastructure internet pourrait
permettre de combler le fossé, surtout dans la mesure où de nombreuses questions relatives aux éventuelles
externalités restent sans réponse : les découvertes et le savoir-faire en matière de management dans le
domaine de l’internet se diffusent-ils bien au niveau des entreprises ? Quelle serait la meilleure manière de
transmettre cette connaissance ? Dans quels délais les effets indirects se matérialisent-ils ? Par ailleurs, si le
côté polyvalent de l’internet en tant que technologie fait l’objet de nombreuses études, cette propriété n’a
pas été testée de façon explicite pour le haut débit, même s’il semble que ce soit là la principale visée des
programmes d’action publique.
Concernant les prochaines étapes, des efforts doivent être poursuivis pour appréhender la causalité de
la relation entre le développement de l’internet et le PIB. De ce point de vue, la situation s’améliorera à
mesure que les séries chronologiques s’allongeront. Les chercheurs pourront aussi s’intéresser aux facteurs
intervenant dans l’efficacité de l’utilisation des connexions. Une fois la causalité solidement établie, par
exemple, il sera peut-être possible de cerner les différences d’un pays à un autre dans la façon dont les
effets positifs de l’internet se manifestent au sein d’une économie. Une autre étape déterminante pourra
consister à étudier les changements intervenant dans des secteurs particuliers de l’économie comme la
santé, l’énergie ou l’éducation.
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DSTI/ICCP/IE(2011)1/FINAL
NOTES
1
Brynjolfsson (2003), OCDE (2008 et 2010a), Grimes et Ren (2009), Majumdar et al., (2009), Forman et
van Zeebroeck (2010), Bertschek et al., (2011).
2
L’adoption d’une solution informatique basée sur l’internet pourrait faire croître principalement la
demande de travailleurs très qualifiés (Bresnahan et al., 2002), ce qui pourrait aussi entraîner
temporairement une réduction de la demande de travail moins qualifié (Spiezia et Vivarelli, 2002).
3
OCDE (2009c et 2009d), Prasad (2010).
4
Selon une définition stricte, l’internet serait un réseau mondial formé de réseaux informatiques
interconnectés à l’aide du protocole internet (IP) standard. Dans le contexte de ce document, les termes
internet et technologies de l’internet sont équivalents et font référence à une multitude de solutions
technologiques fondées sur l’internet et utilisées pour le développement de sites Web, la recherche
d’information, la communication, le commerce électronique, la cybersanté, etc.
5
L’expression haut débit fait référence, dans la plupart des cas, aux lignes offrant une connectivité internet
avec des vitesses de téléchargement supérieures à un certain chiffre (p.ex. au moins 256 kbit/s). Les
données proviennent du Portail du haut débit de l’OCDE (www.oecd.org/sti/ict/broadband).
6
Dans certains pays, les statistiques récentes prennent en compte certaines catégories alternatives de
connectivité internet.
7
Une adresse IPv4 est un identifiant numérique attribué à un équipement raccordé à l’internet. Le nombre
d’adresses IPv4 est un indicateur du nombre d’appareils raccordés à l’internet. Cet indicateur présente
certaines limitations, mais qui sont à bien des égards similaires aux limitations d’autres indicateurs comme
le nombre d’abonnements au haut débit pour cent habitants. Le lancement et l’adoption d’IPv6 par les
opérateurs de réseaux, qui en sont encore aux premiers stades, rendront cet indicateur moins pertinent dans
l’avenir.
8
Un système autonome est un ensemble de préfixes de routage connectés selon le protocole internet (IP)
sous le contrôle d’un ou plusieurs opérateurs de réseaux. Un système autonome est contrôlé par une entité
unique, dans la plupart des cas un fournisseur d’accès internet (FAI) ou une très grande organisation
(compagnie) disposant de connexions indépendantes vers des réseaux multiples.
9
Concernant les voitures neuves, par exemple, Zettelmeyer, Scott Morton et Silva-Risso (2001) constatent
que les consommateurs qui achètent une voiture en ligne la paient en moyenne 1.2 % moins cher que les
autres acheteurs.
10
La détection empirique de la causalité peut être relativement difficile, aussi doit-on rester prudent dans
l’interprétation des mécanismes de causalité dans ces relations.
11
Voir les travaux de l’OCDE sur le contenu numérique : www.oecd.org/sti/digitalcontent.
12
Ainsi, par exemple, les données microéconomiques permettent de tenir compte des problèmes d’autosélection et d’endogénéité dans un cadre économétrique.
13
http://itunes.stanford.edu.
14
Source : OCDE, page d’accueil des statistiques de santé 2010.
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15
À propos des travaux de l’OCDE concernant l’administration électronique, voir
www.oecd.org/department/0,3355,fr_2649_34129_1_1_1_1_1,00.html.
16
Les résultats quantitatifs présentent donc une corrélation plutôt qu’un rapport de causalité.
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