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N° 24 PRINTEMPS 2007 Belgique - België P.P. - P.B. B - 018 Autorisation de fermeture B/018 Bulletin d’information des médecins du Centre Hospitalier Universitaire de Liège Visite princière au CHU de Liège Révolution anti-angiogénique Festival ImagéSanté, du 10 au 15 mars > page 6 > page 10 page 2 chuchotis > page 2 2 N° 24 PRINTEMPS 2007 sommaire éditorial Anniversaire Ce 24e CHUchotis se doit de rappeler les manifestations qui L’année du vingtième anniversaire du CHU de Liège s’est clôturée le 30 novembre dernier, avec la visite de la Princesse Astrid. ont clôturé le 20e anniversaire du CHU autonome. Son Altesse Royale la Princesse Astrid a visité le service de neurochirurgie, puis a rehaussé de sa présence la séance académique tenue le 30 novembre dernier, au cours de laquelle les autorités universitaires et hospitalières ont évoqué la vocation, la situation 4 et la progression du CHU durant ces 20 ans, devant de nom- Actualité Récompense. Le plan de redéploiement multisite du CHU de Liège décroche le prix d’excellence en gestion hospitalière. Sarcomes. Pour optimiser la prise en charge des sarcomes des os et des tissus mous, le CHU de Liège développe un groupe de référence pluridisciplinaire. breux ministre, parlementaires, représentants de la Province et de la Ville, etc. A l’occasion de cet anniversaire, le CHU adopte un nouveau logo avec lequel le personnel et tous nos amis qui ont suivi les manifestations sont dès à présent familiarisés. Du point de vue médical, le sujet principal de ce numéro est consacré aux thérapies biologiques ciblées, tout particulièrement aux plus prometteuses, celles qui s’attaquent au processus de l’angiogenèse. Parmi les autres articles, on relèvera l’at- 6 tribution du prix 2007 de gestion hospitalière au CHU pour son Dossier plan multisite, le pré-programme de la huitième édition d’Image- Thérapies ciblées : la révolution anti-angiogénique progrès de la prise en charge des sarcomes et la dernière pha- En oncologie comme en ophtalmologie, les nouveaux traitements destinés à lutter contre l’angiogenèse donnent des résultats prometteurs. Ces thérapies ciblées sont nées des progrès fondamentaux enregistrés ces dernières années par la biologie moléculaire. Santé qui se tiendra du 10 au 15 mars prochain au CHU, les se du déploiement de la technologie de l’information au CHU. Enfin, ce numéro marque un petit tournant dans l’organisation du Conseil éditorial de CHUchotis : M. Pol Louis, Administrateur délégué du CHU, a accepté ma demande de passer la main de la direction de ce Conseil. Les années passent… et je deviens un spectateur de plus en plus lointain de l’évolution des choses. Le Pr. Christian Bouffioux a été désigné à ma succession et je m’en réjouis d’autant plus qu’il est un des membres les 10 plus actifs de ce Conseil. Je tiens à exprimer ma vive gratitude ImagéSanté Rendez-vous incontournable de la promotion de la santé, le festival ImagéSanté se déroulera à Liège du 10 au 15 mars. à tous nos lecteurs, à ceux surtout qui nous ont fait part de leurs remarques, à tous les pionniers de CHUchotis depuis ses tout débuts lorsque, en novembre 1999, Georges Bovy, Administrateur délégué à l’époque, a mûri ce projet : Christian et les professeurs J.-P. Delporte, R. Pierard, J.-M. Krzesinski, D. Jacquemin ainsi que notre journaliste professionnelle Anne Pironet page 3 chuchotis 12 aussi dévouée qu’efficace et, enfin, ceux qui nous ont rejoints Informatisation L’informatisation du dossier médical, de l’imagerie, du courrier et des transferts d’information avance à grands pas. Le CHU de Liège vise une optimisation de la qualité des soins ainsi que de l’efficacité et de la rapidité de la prise en charge. plus récemment : le Recteur A. Bodson, membre du Conseil d’administration du CHU, les professeurs Présidents du Conseil médical et le professeur D. Giet. A tous, merci et au revoir. Pr. Fernand Bonnet directeur médical honoraire directeur de la rédaction Bulletin d’information des médecins du Centre Hospitalier Universitaire de Liège éditeur responsable : P. Louis, Administrateur délégué du CHU (04 366 70 00), av. de l'Hôpital 13 bât. B35 - 4000 Liège - Directeur de la rédaction : Pr. F. Bonnet Conseil éditorial : A. Bodson, F. Bonnet, C. Bouffioux, J.P. Delporte, Q. Désiron, D. Giet, D. Jacquemin, J.M. Krzesinski, P. Louis, M. Malaise, G. Pierard, C. Von Frenckell Coordination, rédaction et réalisation : A. Pironet ([email protected], 0479 87 30 87) - Conception graphique : R. Gray - Photos : C. Ernotte (CHU), J.M. Clajot, Tilt-ULg - Impression : Unijep. http://www.chuliege.be l’actualité du CHU Synthèse 2008 Nouvel accélérateur linéaire La troisième édition de « Syn thèse », journée médico-scientifique organisée par le CHU de Liège à l’intention des professionnels de la santé de la région liégeoise, se tiendra le samedi 11 octobre 2008 au Sart Tilman. Si les thèmes de cette édition ne sont pas encore tous connus, on nous annonce que le programme fera la part belle aux présentations vidéos et multimédias, notamment dans le domaine de la médecine d’urgence. Rappelons que les actes de Synthèse 2007 ont été publiés dans un numéro hors série de la Revue médicale de Liège (volume 62). Lors du Conseil d’administration du 17 octobre 2007, la décision a été prise d’acquérir un accélérateur linéaire de dernière génération pour le service de radiothérapie. Il est doté d’une imagerie incorporée ultramoderne qui procure des images de type CT et permet de contrôler le positionnement du patient au millimètre près, avant tout traitement de la cible tumorale. Autre atout de l’équipement : l’irradiation est synchronisée à une phase prédéfinie du cycle respiratoire du patient. De ce fait, les marges de sécurité nécessaires pour tenir compte du mouvement de la cible tumorale pendant l’irradiation pourront être réduites et la quantité de tissus sains irradiés à haute dose sera moindre. En parallèle, toutes les machines déjà installées seront dotées de nouvelles tables de traitement, de nouveaux systèmes de contention et d’un nouveau système de vérification des paramètres de traitement, afin d’assurer de façon optimale la qualité et la sécurité des traitements sur tous les accélérateurs. 2 0 e a Ennivers N B R E F a ire Coup d’œil sur Nouveau logo, nouvelle image A l’occasion de son vingtième anniversaire, le CHU de Liège a choisi un nouveau logo, mieux adapté que le précédent au caractère multisite de l’hôpital et à l’évolution de son image. Ce nouveau logo, qui associe l’idée d’excellence universitaire (compétence, rigueur, professionnalisme) et le caractère humain (rassurant, chaleureux), est dorénavant officiellement inauguré. Le vieillissement en ligne de mire Les travaux de parachèvement se poursuivent dans le nouveau bâtiment construit aux Bruyères. L’aménagement du service de gériatrie sera terminé en juillet, avec le transfert à Chênée des 30 lits gériatriques d’Esneux et des 30 lits gériatriques du Sart Tilman. Les travaux prévus pour les abords des urgences et la voirie qui y conduira devraient s’étendre d’avril à fin juin. Ils seront suivis, jusqu’à l’automne, de l’aménagement du terminal des bus, puis de celui du parking. Nous reviendrons plus en détails sur ces nombreux changements dans notre prochain numéro. Le thème de la prise en charge des populations âgées migrantes a été sélectionné pour réunir différents hôpitaux de l’Europe du NordOuest au sein du programme européen Interreg IVb. Avec le CHU de Liège et les Hôpitaux universitaires de Strasbourg en têtes de pont, ce programme associera, comme son prédécesseur, le Centre hospitalier de Luxembourg et le Centre hospitalier régional de Metz-Thionville, rejoints par l’Hôpital universitaire de Maastricht, les Hôpitaux universitaires de Genève et le Centre hospitalier de Mannheim. Journées de mai Les « journées de mai » de l’EPU. ULg, enseignement postuniversitaire de la Faculté de Médecine de l’Université de Liège, se tiendront les samedi 17 et dimanche 18 mai 2008 au CHU (site du Sart Tilman). Destinées à présenter les actualités diagnostiques et thérapeutiques, les « journées de mai » clôturent pour cette année académique le programme de formation continuée élaboré en concertation avec plusieurs associations de médecins généralistes. Informations : H. Hoeters, 04 366 42 76 ([email protected]), Pr. D. Giet, président du département de médecine générale de l’ULg ([email protected]). page 1 chuchotis Bruyères : emménagement cet été ANNIVERSAIRE Le CHU de Liège entame sa 21e année Point d’orgue des manifestations liées au vingtième anniversaire du CHU de Liège, la séance académique du 30 novembre 2007 a été rehaussée de la présence de Son Altesse Royale la Princesse Astrid. page 2 chuchotis page 2 chuchotis Avec le concert de l’Orchestre philharmonique de Liège proposé le 20 décembre par le Fonds Léon Fredericq, qui célébrait également ses vingt ans, la séance académique a clôturé avec élégance l’année anniversaire du CHU. Après avoir été accueillie dans la verrière par les membres du personnel, la Princesse s’est rendue en neurochirurgie où l’attendait l’équipe du Pr. Didier Martin pour une présentation de la nouvelle acquisition du service, l’IRM interventionnelle, que nous vous avons présentée au printemps dernier (CHUchotis n° 21). Accompagnée du gouverneur de la Province de Liège Michel Forêt, du bourgmestre Willy Demeyer, du président du Conseil d’administration Jean Sequaris, de l’administrateur délégué Pol Louis, du recteur de l’ULg Bernard Rentier, du doyen de la Faculté de Médecine Gustave Moonen, du médecin-chef Christian Bouffioux et du vice-président du Conseil d’administration Arthur Bodson, la Princesse Astrid a par la suite assisté à un exposé sur le plan multisite de l’hôpital. A cette occasion, la révérende Sœur Fulvie et Mlle Huberte Hanquet ont rejoint l’assemblée, ainsi que la ministre Marie-Dominique Simonet et le président du Parlement wallon José Happart. Le cortège, encadré par les massiers de l’Université, a ensuite pris la direction de l’amphithéâtre Bacq et Florkin, où eut lieu la séance académique. A cette occasion, les différents orateurs, faisant preuve d’une belle unanimité, ont rappelé l’importance des liens qui unissent le CHU de Liège à l’Université qui lui a donné le jour. Le recteur Bernard Rentier a ainsi souligné que le CHU partage avec son alma mater le même pouvoir organisateur, la Communauté française, ainsi que les objectifs propres aux insti- ANNIVERSAIRE Insistant sur la nécessité d’encourager la collaboration entre les deux institutions, indispensable à leur bon fonctionnement, le doyen Gustave Moonen a plaidé pour une revalorisation de la fonction d’enseignant clinicien et pour la création de « nouveaux chemins de la découverte, qui simplifieraient les relations entre laboratoires et salles d’hospitalisation », une interaction féconde entre chercheurs et cliniciens au sein d’une « GIGA-clinique ». Pol Louis, administrateur délégué, a évoqué les « talents » que le CHU a reçus en héritage de son alma mater : la compétence et l’intelligence de prodiguer des soins de haute qualité en intégrant de manière simultanée l’enseignement et la recherche. Il s’est réjoui des « vertus » acquises par l’hôpital au cours de ses vingt années de vie : le courage de la lucidité, d’abord, qui l’a conduit à « prendre en main son destin et compter d’abord sur ses propres forces », grâce au comportement responsable de tous ses acteurs, l’humilité, ensuite, de reconnaître que pour répondre aux grands défis du monde hospitalier, le CHU a besoin du soutien des pouvoirs publics, essentiel à l’avenir des hôpitaux universitaires. Ce dernier point a également été souligné par Jean Sequaris, président du Conseil d’administration, qui a félicité l’ensemble des personnes qui ont participé et participent encore au voyage enthousiasmant mais difficile de ce « gros bateau » qu’est le CHU de Liège et qui lui permettent d’assurer au mieux ses missions. page 3 chuchotis tutions universitaires, l’enseignement, la recherche et le service à la communauté, une convergence soulignée par la ministre MarieDominique Simonet. ACTUALITE Le « multisite » à l’honneur Le redéploiement multisite du CHU de Liège décroche le prix 2007 d’excellence en gestion hospitalière. page 4 chuchotis Décerné annuellement, le prix d’excellence en gestion hospita lière a été créé en 2004 par la société Covidien, la KUL et l’Association belge des directeurs d’hôpitaux. Il a pour but de distinguer l’équipe managériale d’un hôpital qui s’est engagé de manière remarquable au cours de ces dernières années en faveur d’une amélioration de la qualité des soins dans son institution. Nominé parmi 19 institutions de soins belges, le CHU de Liège a remporté le prix ex-aequo avec le Belgisch Zeeinstituut voor Orthopedie d’Ostende. Le jury était composé de spécialistes académiques, administratifs et industriels de la gestion des hôpitaux. Les cinq critères d’évaluation étaient l’impact du projet sur l’hôpital, l’engagement du comité de direction, la qualité d’organisation du projet, son caractère créatif et innovant, sa force d’impulsion et d’inspiration pour l’avenir. Selon le Pr. Engelbrecht, Professeur de la KUL et vice-président de l’Association belge des directeurs d’hôpitaux, « Ce plan ambitieux est réalisé de manière rigoureuse et très compétente du point de vue de la gestion. L’ensemble de l’organisation, au sens large du terme, est systématiquement impliqué dans sa mise en œuvre. La vision, la mission et la stratégie occupent une place centrale, le leadership est développé à tous les niveaux de l’organisation et les ressources matérielles et financières sont gérées dans l’optique d’un déroulement efficace des processus de soins. L’environnement difficile et complexe dans lequel l’initiative a vu le jour en renforce l’intérêt. » Projet prioritaire du plan stratégique du CHU de Liège (le plan COS), le redéploiement multisite vise à : nréussir la fusion avec les hôpi- taux des Bruyères et d’Esneux en les intégrant dans un ensemble pluraliste harmonieux ; nredistribuer l’activité médicale entre les trois sites d’hospitalisation, en tenant compte des exigences de qualité universitaire, des seuils légaux nécessaires pour l’agrément et des conséquences du numerus clausus. Un objectif a guidé la conception du projet : préférer la complémentarité à la dispersion, en spécialisant les différents sites de l’hôpital en centres d’excellence afin d’améliorer la qualité des soins, d’assurer la sécurité des patients et d’utiliser au mieux les moyens humains, techniques et financiers. C’est ainsi que le site d’Esneux accueille plus spécifiquement la revalidation, le site du Sart Tilman les plateaux techniques et le service d’infectiologie et le site des Bruyères le pôle « mère-enfant » et la gériatrie. Le site des Bruyères bénéficie également d’une mise à niveau de son service des urgences. Le budget consacré à la réalisation du plan multisite s’élève à 25 millions d’euros, répartis pour 45 % sur le site des Bruyères, 44 % sur le site d’Esneux et 11 % sur le site du Sart Tilman. ACTUALITE Sarcomes optimiser la prise en charge Pour garantir au patient les meilleures chances de guérison et éviter autant que possible l’amputation, une prise en charge rapide et adaptée des sarcomes des os et des tissus mous est essentielle. Création d’un centre de référence Plusieurs études récentes ont montré qu’il était nécessaire de traiter 40 à 50 cas chaque année pour se prévaloir d’une expertise correcte, d’une part, et, d’autre part, qu’une prise en charge initiale mal adaptée réduisait tant les chances de survie que celles de bénéficier d’une chirurgie conservatrice du membre. C’est la raison pour laquelle le Dr William Kurth, chef de clinique dans le service de chirurgie de l’appareil locomoteur du Pr. Philippe Gillet, contribue au CHU de Liège à la création d’un groupe pluridisciplinaire pour la prise en charge des sarcomes des os et des tissus mous. A ses côtés, également spécifiquement formés dans le domaine des sarcomes, un radiothérapeute, le Dr Nicolas Jansen, et une oncologue, le Dr Christine Gennigens, s’impliquent d’ores et déjà au quotidien. Ce type de prise en charge pluridisciplinaire s’inscrit évidemment dans la droite ligne des recommandations du GOUWL, le Groupement oncologique universitaire Wallonie-Liège coordonné par le Pr. Georges Fillet, au sein duquel une centaine de spécialistes de huit hôpitaux de la région travaillent de concert pour garantir une prise en charge optimale des patients atteints d’un cancer. « Je me suis formé spécifiquement à l’hôpital Cochin, à Paris, au sein d’une structure pluridisciplinaire déjà bien rodée prenant en charge un millier de nouveaux sarcomes par an », explique le chirurgien. « Radiothérapeute, oncologue, chirurgien, anatomo-pathologiste et radiologue s’y rencontrent régulièrement, notamment pour discuter des diagnostics. » C’est en effet sur le plan diagnostique et dans l’établissement du plan thérapeutique initial que les difficultés sont les plus grandes. Non seulement ces tumeurs sont très rares, mais elles se répartissent de surcroît en plus de 200 sous-types nécessitant autant de traitements adaptés. Eviter les pièges Les sarcomes des tissus mous ne représentent que 0,5 à 1 % des cancers de l’adulte ; leur fréquence augmente avec l’âge, certains types étant néanmoins plus fréquents chez le jeune adulte. Ces tumeurs malignes se développent aux dépens des diverses variétés de tissu conjonctif squelettique ou extra-squelettique. Elles présentent des localisations anatomiques très variées, avec une prédominance des membres inférieurs (50 %). « Le piège classique, c’est de penser que l’absence de douleur et la bonne santé générale du patient indiquent le caractère bénin de la tumeur », met en garde le Dr Kurth. « Au contraire, les tumeurs malignes, même métastasées, présentent rarement d’autres signes cliniques qu’un syndrome de masse. » Lors de l’examen clinique, deux caractéristiques permettent toutefois de suspecter un sarcome : la taille de la masse (≥ 5 cm) et sa profondeur (localisation sous-aponévrotique). Une masse d’apparition récente et de croissance rapide est en outre plus inquiétante qu’une autre présente de longue date sans grande modification. Les biopsies inappropriées représentent un deuxième écueil préjudiciable aux patients, car elles peuvent mener à un diagnostic faussement rassurant, voire aggraver le pronostic. « Même une biopsie à l’aiguille peut poser problème pour la suite du traitement si elle est effectuée de manière inadéquate », insiste le Dr Kurth. « En effet, l’œdème réactionnel rend la RMN réalisée par la suite difficilement interprétable et l’échantillonnage insuffisant du prélèvement biopsique peut poser des problèmes de représentativité. La biopsie doit évidemment être réalisée dans un délai très court, mais uniquement après tous les examens d’imagerie et en prenant toutes les précautions nécessaires pour ne pas compromettre les possibilités de la chirurgie conservatrice, notamment en ce qui concerne le choix de la voie d’abord. » Autant de constats qui plaident en faveur d’une prise en charge rapide dans un centre de référence, comme il en existe en Angleterre, mais peu encore en Belgique. Dr W. Kurth Chirurgie de l’appareil locomoteur 04 366 72 22 w.kurth@ chu.ulg.ac.be A lire n W. Kurth, Ph. Gillet, « Boules et autres masses. Prise en charge rationnelle des tumeurs des tissus mous », Revue médicale de Liège, 2006, 61 : 11 : 763-770. n A.A. Bhangu, J.A.S. Beard, R.J. Grimer, « Should soft tissue sarcomas be treated at a specialist centre? », Sarcoma, 2004, 8 : 1 : 1–6. page 5 chuchotis Grâce aux progrès de l’imagerie par résonance magnétique nucléaire, de la radiothérapie, de l’oncologie et de la chirurgie, la survie à dix ans des patients atteints d’un sarcome des tissus mous a considérablement augmenté ces dernières années et l’amputation est de moins en moins fréquente. Le pronostic reste toutefois un peu plus sévère dans le cas des tumeurs osseuses primitives. DOSSIER Oncologie : des traitements à la carte ? Les progrès fondamentaux de la biologie moléculaire font espérer une révolution en oncologie médicale, avec l’essor de ce qu’on appelle les thérapies ciblées. Parmi les plus prometteuses figurent celles qui s’attaquent au processus complexe de l’angiogenèse. Dr G. Jérusalem Oncologie médicale 04 366 72 01 g.jerusalem@ chu.ulg.ac.be Dr Ch. Gennigens Oncologie médicale page 6 chuchotis 04 366 72 01 christine.gennigens @chu.ulg.ac.be Les mécanismes impliqués dans la transformation néoplasique de la cellule, la croissance de la tumeur et sa dissémination métastatique sont aujourd’hui beaucoup mieux connus. Plusieurs facteurs moléculaires ont ainsi été identifiés par les chercheurs. Ils représentent autant de cibles potentielles pour le développement de nouveaux médicaments. A vrai dire, le concept de thérapie ciblée n’est pas neuf en oncologie. Les traitements hormonaux des cancers du sein et de la prostate, par exemple, peuvent déjà être qualifiés de « ciblés ». Depuis longtemps, chercheurs et cliniciens cherchent à optimiser la destruction de la tumeur tout en minimisant les effets secondaires sur les tissus sains. Les agents biologiques dirigés contre des mécanismes indispensables à la croissance des vaisseaux sanguins ont ainsi permis, ces dernières années, des avancées thérapeutiques de premier ordre. La nouveauté de ces thérapies biologiques réside dans le fait que ce ne sont plus les cellules cancéreuses qui sont visées, mais bien les cellules saines mobilisées par la tumeur pour favoriser sa croissance. Entre bémols... Est-ce à dire que ces thérapies ciblées, à l’instar des fameuses « frappes chirurgicales », sont dépourvues de dommages collatéraux ? « Les effets secondaires des médicaments anti-angiogéniques sont loin d’être négligeables », tempère le Dr Guy Jérusalem (oncologie médicale). « Près de 40 % des patients souffrent d’hypertension et les risques hémorragiques sont très importants, avec 1 à 2 % d’hémorragies sévères. Dans certains cas, l’hémorragie est fatale (hémoptysie, hémorragie cérébrale). Des perforations gastro-intestinales ont également été rapportées. Enfin, ces médicaments doivent être proscrits après une intervention chirurgicale, afin de ne pas empêcher la néovascularisation liée au processus de cicatrisation. » Après une phase d’euphorie, lorsqu’on clamait que ce type de traitement pourrait guérir tous les cancers, on est entré dans une phase plus pessimiste. L’attitude la plus rationnelle se situe probablement entre les deux. « Actuellement, la grande majorité de ces médicaments n’apportent pas encore d’amélioration du taux de guérison. Le plus souvent, leur bénéfice est un temps de contrôle plus long de la maladie avant progression ou, au mieux, une prolongation de quelques mois de la survie globale », déplore le Dr Christine Gennigens (oncologie médicale). « Le traitement de l’adénocarcinome rénal à cellules claires (anciennement connu sous le nom d’hypernéphrome) est, à l’heure actuelle, le seul qui fasse appel en standard aux agents anti-angiogéniques. » Si le discours des cliniciens est moins enthousiaste que celui des chercheurs, il n’en reste pas moins que les thérapies moléculaires ciblées font aujourd’hui partie intégrante du traitement de plusieurs cancers. « On a fait le tour des chimiothérapies classiques : les nouvelles molécules cytotoxiques ne donnent pas de meilleurs résultats que le traitement standard. Il fallait donc trouver de nouvelles voies pour continuer à progresser », ajoute le Dr Guy Jérusalem. « A cet égard, les traitements moléculaires ciblés, qui semblent avoir un effet sur toutes les tumeurs solides, représentent une approche très intéressante, mais qui exige encore de nombreuses recherches cliniques. » ... et enthousiasme Plus de 7 000 nouveaux cas de cancer du poumon sont diagnostiqués chaque année en Belgique. Après le cancer du sein, il s’agit du cancer le plus fréquent. Le taux de survie à cinq ans est d’à peine 15 à 18 %. « Le cancer du poumon a trop mauvaise presse. Grâce à l’apparition des médicaments antiangiogéniques, nos possibilités thérapeutiques se sont nettement élargies. Nous disposons maintenant en deuxième ligne de produits présentant des toxicités et des profils différents, ce qui nous permet d’adapter le traitement pour mieux suivre le patient », se réjouit le Dr Léon Bosquée, chef de clinique en pneumologie. « Une véritable stratégie de prise en charge voit le jour, avec des traitements de deuxième, de T h é r a p i e s b i o l o g i q u e s c i b l é e s DOSSIER > Avec l’Avastin, par exemple, la durée de la survie est améliorée de 20 %. Certes, passer de 9 à 11 mois n’est pas spectaculaire, mais c’est essentiel pour le cheminement psychologique du patient. D’autres molécules anti-angiogéniques, que l’on espère moins toxiques, sont également en cours d’évaluation. Chez un nombre restreint de patients, certaines offrent des survies inespérées de plusieurs années, sans doute en raison d’une mutation génétique qui expliquerait la haute sensibilité au médicament. Ici encore, les recherches se poursuivent. Lorsqu’on aborde l’adénocar cinome rénal à cellules claires, les bénéfices des thérapies inhibitrices de l’angiogenèse sont encore plus parlants. Pour le plus fréquent des cancers du rein (environ 80 % des cas), il n’existait jusqu’il y a peu aucune solution satisfaisante en cas de maladie métastatique, l’immunothérapie (interféron) étant le plus souvent peu efficace. Aujourd’hui, les thérapies antiangiogéniques sont devenues le traitement standard de la forme métastatique. « Le premier traitement des maladies localisées reste la chirurgie », détaille le Dr Gennigens. « Si le bilan d’extension décèle la présence de métastases, le sunitinib est administré en première ligne, avec un doublement du taux de réponse et de la survie sans progression (47 semaines versus 22 semaines). Les autres stan- dards sont l’association de l’interféron et du bevacizumab, chez les patients de bon pronostic, et le temsirolimus, chez les patients de mauvais pronostic. » Malheureusement, ces médicaments ne sont pas encore remboursés en Belgique. En deuxième ligne, après échec de l’immunothérapie, le sorafenib donne également de bons résultats. Les thérapies moléculaires ciblées ne relégueront probablement pas aux pages de l’histoire de la médecine les autres traitements médicaux du cancer, chimiothérapie cytotoxique, hormonothérapie et immunothérapie, mais elles représentent incontestablement un atout de taille dans la palette des traitements disponibles. Dr L. Bosquée Pneumologie 04 366 78 81 lbosquee@ chu.ulg.ac.be Offrir dès aujourd’hui les thérapies de demain Les traitements anti-angiogéniques sont extrêmement coûteux. Peu d’entre eux sont actuellement remboursés par la sécurité sociale. En tant que centre de référence dans le traitement du cancer, le CHU de Liège participe à un nombre très important d’essais cliniques internationaux, qui permettent l’accès gratuit à des médicaments de dernière génération. Ces études sont essentielles pour évaluer l’efficacité des traitements et déterminer les modalités d’application les plus efficaces. Si certains patients sont rebutés par le risque de complications, d’autres se montrent très motivés par leur inclusion dans une telle étude. Bien informés sur leur maladie, ils savent qu’en cas de rechute précoce, le pronostic est très réservé lorsqu’on fait appel aux traitements classiques. Une autre voie de recherche est l’élaboration de critères de sélection moléculaire permettant d’identifier les patients susceptibles de bien répondre à ces traitements coûteux. A lire nCh. Gennigens, B. Sautois, A. Rorive, G. Fillet, G. Jérusalem, « Actualités thérapeutiques en oncologie : l’essor des thérapeutiques ciblées », Revue médicale de Liège, 2007, 62 : 5-6 : 391-398. nG. Jérusalem, A. Rorive, Ch. Gennigens, B. Sautois, C. Mievis, G. Fillet, « Actualités thérapeutiques en oncologie sénologique : place actuelle et perspectives des traitements ciblés », Revue médicale de Liège, 2007, 62 : Synthèse 2007 : 2-5. nA. Noël, M. Jost, V. Lambert, J. Lecomte, J.-M. Rakic, « Anti-angiogenic therapy of exudative age-related macular degeneration: current progress and emerging concepts », Trends in Molecular Medicine, 2007, 13 : 8. nE. Duchateau, J.-M. Rakic, « Les traitements anti-angiogéniques de la dégénérescence maculaire liée à l’âge », Revue médicale de Liège, 2006, 62 : 67-70. page 7 chuchotis troisième et même de quatrième ligne. » DOSSIER L’angiogenèse, une réponse à l’hypoxie Les mécanismes physiologiques et pathologiques de l’angiogenèse sont de mieux en mieux conus. Pr. J.-M. Foidart Biologie des tumeurs et du développement 04 366 25 68 jmfoidart @ulg.ac.be Pr. A. Noël Biologie des tumeurs et du développement 04 366 25 68 agnes.noel @ulg.ac.be L’angiogenèse est un processus physiologique indispensable au développement embryonnaire, à l’implantation du placenta, à la cicatrisation ou encore au développement cyclique de l’endomètre. Elle est régulée par un équilibre entre des facteurs de stimulation, d’une part, et des facteurs d’inhibition, d’autre part. Sur le plan pathologique, on sait depuis longtemps que l’angiogenèse tumorale est indispensable à la croissance de la tumeur et à la dissémination métastatique, la présence d’un réseau sanguin fonctionnel conditionnant l’apport en oxygène et par conséquent la production énergétique des cellules. Des études plus récentes montrent que l’hypoxie tumorale, par ailleurs associée à un pronostic défavorable et à une résistance à la radiothérapie et à la chimiothérapie, est l’un des principaux facteurs responsables de l’activation de l’angiogenèse. Le stress hypoxique déclenche en effet un mécanisme cellulaire complexe qui stimule l’expansion et le remodelage de la vascularisation existante pour augmenter le débit sanguin vers les tissus privés d’oxygène. « Les stratégies anti-angiogéniques visent deux objectifs en apparence contradictoires », explique le Pr. Jean-Michel Foidart, directeur du laboratoire de biologie des tumeurs et du développement (ULg-Giga) et chef du service universitaire de gynécologie au CHR de la Citadelle. « Le premier est d’empêcher la formation de nouveaux vaisseaux et de détruire ceux qui se sont déjà installés, de manière à asphyxier la tumeur. Le second est de normaliser les vaisseaux sanguins pour rendre moins probable la dissémination des cellules tumorales dans le torrent circulatoire et pour améliorer l’efficacité de la chimiothérapie et de la radiothérapie par une meilleure oxygénation de la tumeur. » Le facteur de croissance VEGF joue un rôle clé dans plusieurs pha- page 8 chuchotis Recherche fondamentale Prééclampsie, dégénérescence maculaire liée à l’âge, cancer : même combat ? « Pourtant très différentes, ces maladies résultent du même type de pathologie au niveau moléculaire », explique le Pr. Agnès Noël. « Une meilleure compréhension des mécanismes de l’angiogenèse bénéficie directement aux recherches menées dans ces diverses directions. » Avec une équipe d’une cinquantaine de chercheurs, le Pr. Noël, co-directrice du laboratoire de biologie des tumeurs et du développement (ULg-Giga), participe à plusieurs projets d’envergure internationale. Dans le domaine de l’angiogenèse, son laboratoire est impliqué, avec celui du Pr. Joseph Martial (biologie génétique et moléculaire), dans le programme Neoangio financé à hauteur de 12,5 millions d’euros par la Région wallonne, dans le cadre du plan Marshall. Neoangio se concentre sur deux axes prometteurs en termes de valorisation économique : l’angiogenèse (et lymphangiogenèse) tumorale et le traitement local des pathologies pré-cancéreuses et cancéreuses du poumon et de l’utérus (seconde cause de mortalité due au cancer chez la femme). ses du processus d’angiogenèse. Il constitue donc une excellente cible thérapeutique. Deux types d’agents biologiques ciblés sont actuellement disponibles : les inhibiteurs des kinases (suffixe –ib), administrés par voie orale, et les anticorps monoclonaux (suffixe –ab), administrés par voie intraveineuse. D’autres sont en développement préclinique, les recherches se poursuivant dans plusieurs directions. nLe bevacizumab (Avastin ®) est un anticorps monoclonal qui cible VEGF et inhibe sa liaison à ses récepteurs, situés à la surface des cellules endothéliales. Il a montré son intérêt dans le traitement des cancers colorectaux métastatiques, soit en première ligne en association avec une chimiothérapie, soit en deuxième ligne. De bons résultats sont également décrits dans le traitement des cancers du sein, du rein et du poumon. nLe sunitinib (Sutent ®) est un inhibiteur de tyrosine kinase ciblant les récepteurs de plusieurs facteurs de croissance impliqués dans l’angiogenèse, dont VEGF. Il est indiqué dans le traitement des tumeurs stromales gastrointestinales non-résécables et/ ou métastatiques. Depuis peu, il est également validé dans le traitement des cancers du rein avancés et/ou métastatiques. nLe sorafenib (Nevaxar ®) est également un inhibiteur de tyrosine kinase multi-cible. Il est indiqué dans le traitement du carcinome rénal avancé. Son utilisation dans de nombreuses autres tumeurs est actuellement étudiée : mélanome, hépatocarcinome, cancer du poumon. b i o l o g i q u e s c i b l é e s DOSSIER T h é r a p i e s Pour enrayer la cécité La macula ne représente que quelques pourcents de la surface de la rétine, mais elle revêt une importance cruciale : c’est elle qui permet de voir les détails et, par conséquent, de lire, d’écrire, de conduire, de regarder la télévision et même de reconnaître les visages. Touchant essentiellement les personnes de plus de 60 ans, la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est très invalidante. Elle aboutit, après une évolution plus ou moins longue, à une cécité légale, soit moins de 1/10e d’acuité visuelle (la cécité physiologique étant définie, quant à elle, par la cécité totale des deux yeux). La maladie touche inévitablement les deux yeux, mais pas nécessairement au même moment. Audelà de 75 ans, une personne sur trois est atteinte de DMLA, à des degrés divers. Plusieurs gènes sont impliqués dans son apparition, associés à certains facteurs environnementaux (tabagisme, alimentation riche en graisses et pauvre en lutéine, etc.). La DMLA présente deux formes, l’une dite sèche, l’autre humide. Caractérisée par une perte lente des cellules de la macula, la première forme est à l’heure actuelle impossible à traiter. Au mieux, une supplémentation en vitamines et en omégas 3 pourrait freiner son évolution. Il s’agit malheureusement de la forme la plus fréquente de la maladie. Un nouvel espoir D’apparition plus brutale, la forme dite humide résulte d’une prolifération de capillaires sous la rétine. La perméabilité anormale de ces capillaires provoque des œdèmes, voire des exsudats lipidiques sous la rétine. Ce gonflement est la cause de l’un des premiers signes de la maladie : la métamorphopsie, trouble de la vision se caractérisant par une déformation des images (un peu comme dans un miroir déformant). En l’absence de traitement, la cécité légale survient en quelques semaines à peine. Suite aux progrès intervenus récemment dans la compréhension de l’angiogenèse tumorale, un traitement est dorénavant disponible pour enrayer la progression de la forme humide de la DMLA et même, dans certains cas, rétablir un certain degré d’acuité visuelle. Des molécules inhibitrices du VEGF, le facteur de croissance de l’endothélium vasculaire, sont commercialisées depuis quelques mois seulement sous les appellations Macugen ® et Lucentis ®. Injectées dans l’œil sous anesthésie locale, ces molécules stoppent la formation de nouveaux vaisseaux et réduisent l’hyperperméabilité caractéristique des capillaires nouvellement formés. Cette opération doit être répétée toutes les six à huit semaines pendant quelques mois. Il est probable qu’après un certain temps, une fibrose naturelle permette de ralentir le rythme. Intervenir rapidement « Ce traitement est très efficace, mais il doit impérativement être appliqué de façon urgente, avant la destruction des photorécepteurs », insiste le Pr. Jean-Marie Rakic, chef du service d’ophtalmologie. « Il n’est applicable qu’aux cas récents. Un dépistage précoce est essentiel. Lorsque la baisse d’acuité visuelle date de plus d’un an, la vision ne s’améliorera pas. » Les recherches se poursuivent pour améliorer l’efficacité du traitement, déterminer les meilleures modalités d’application et tester de nouvelles molécules inhibi- Ci-dessus : dégénérescence maculaire bilatérale exsudative chez une patiente de 74 ans, qui se présente en urgence pour une chute importante d’acuité visuelle de l’œil gauche (l’œil droit est perdu depuis deux ans). Sur ces images de fond d’œil, on distingue les drusens typiques de la maladie (petites taches jaunes dans la zone maculaire). L’hémorragie induite par les néovaisseaux, nettement visible avant traitement (à gauche), disparaît après l’injection (à droite). Pr. J.-M. Rakic Ophtalmologie 04 366 72 75 [email protected] * * Images obtenues par tomographie optique de la région maculaire avant (en haut) et après traitement (en bas). La flèche indique la localisation de la dépression maculaire qui n’est plus visible, avant le traitement, à cause de l’œdème rétinien. Après une seule injection, l’épaisseur de la rétine redevient quasi normale et la quantité de liquide sous-rétinien (*) diminue de façon significative. trices de l’angiogenèse. Au CHU de Liège, le Pr. J.-M. Rakic et son équipe mènent de front des études cliniques (évaluation d’une nouvelle molécule, diminution de la fréquence des injections, détermination de la réponse au traitement selon le profil génétique des patients) et des études fondamentales en laboratoire (test de molécules antitumorales chez la souris). Comme l’injection du médicament doit être réalisée dans de strictes conditions de stérilité, une salle d’opération consacrée au traitement de la DMLA vient d’être construite au Sart Tilman, à proximité des salles de consultation d’ophtalmologie. page 9 chuchotis > RENDEZ-VOUS La santé par l’image Avec une centaine de films en compétition, trois journées de retransmissions en direct d’actes médicaux et chirurgicaux, six soirées thématiques et cinq journées de conférences et autres tables rondes, le festival ImagéSanté devient un rendez-vous incontournable du monde international du film médical et de santé. Ci-contre, « Dans la force de l’âge », ci-dessus, « Du baiser au bébé », deux films primés lors de la dernière édition. La huitième édition d’ImagéSanté se tiendra du 10 au 15 mars au CHU de Liège (site du Sart Tilman), avec une délocalisation prévue « en duplex » dans la salle académique de l’Université (place du 20-Août). Cette incursion au centre-ville vise bien sûr à toucher une audience plus large, pour rencontrer mieux encore que les éditions précédentes l’un des objectifs premiers de ce festival bisannuel organisé par le CHU de Liège, l’ULg, la Province et la Ville de Liège, avec l’aide de plusieurs acteurs publics et privés : la promotion de la santé auprès du grand public. page 1 0 chuchotis Interventions en direct Les retransmissions en direct d’actes médicaux et chirurgicaux, fleurons du festival, seront ainsi dédoublées. Accessibles gratuitement et sans inscription préalable, tant au Sart Tilman que place du 20-Août, ces séances bénéficieront d’une grande interactivité, les spectateurs étant invités à poser leurs questions aux spécialistes par l’intermédiaire d’un modérateur présent dans chaque salle. « Lors de chaque édition, ces retransmissions en direct rencontrent un grand succès », se réjouit le Pr. Philippe Kolh, directeur d’ImagéSanté. « Elles intéressent évidemment beaucoup les patients et leurs familles, désireux, par exemple, de dédramatiser une intervention prévue, mais également nos confrères médecins, notamment lorsqu’on leur présente une nouvelle technique. » Pontage coronarien, bypass gastrique, chirurgie de glaucome, traitement de l’incontinence urinaire, intervention neurochirurgicale et bien d’autres sont inscrits au programme, leur liste précise n’étant pas encore définie, puisque l’agenda opératoire dépend avant tout des types de pathologies et de leur urgence. Les journées du jeudi et du vendredi seront consacrées à la chirurgie, celle du mercredi aux autres disciplines médicales. Des films de qualité D’une durée de moins de 60 minutes, les films projetés en compétition ont été présélectionnés par un jury constitué par la Médiathèque de la Communauté française, de manière à garantir leur qualité cinématographique et leur adéquation aux thèmes du festival. Tout au long de la semaine, d’autres jurys, largement internationaux, choisiront leurs coups de cœur. La proclamation des résultats aura lieu au cours d’un repas de gala, le samedi 15 mars en soirée au Palais des Princes-Evêques. Les meilleurs films seront ensuite présentés au cinéma Le Parc, lors d’une soirée spéciale prévue en mai ou en juin. De l’éducation à la santé aux techniques chirurgicales innovantes, en passant par la protection de l’environnement ou le bien-être de la personne handicapée, les films abordent un grand nombre de sujets. Quelques exemples de films primés il y a deux ans, lors de la dernière édition ? Le pre- RENDEZ-VOUS mier prix « spécial des jeunes » avait été attribué à « Du baiser au bébé, l’aventure intérieure », de Thierry Berrod ; le premier prix attribué par le jury médical avait récompensé « La maladie mystérieuse », de Harrikrisna Anenden. Enfin, en journée, un grand choix de conférences, tables rondes et autres symposiums sera accessible. Les soirées seront également bien remplies, avec l’organisation de six soirées thématiques (encadré ci-contre). Place aux jeunes Les enfants et les adolescents représentent un public particulièrement choyé par ImagéSanté, qui a concocté à leur intention un programme spécifique en partenariat avec le Printemps des Sciences. Les enseignants du secondaire et de la fin du primaire ont ainsi le loisir d’inscrire leur classe pour une matinée « santé » et une après-midi « sciences ». Plus de 1 500 jeunes seront ainsi accueillis au CHU par des animateurs spécialisés, pour une matinée consacrée à l’un des cinq thèmes proposés cette année : la prévention des assuétudes, l’hygiène de vie, la santé affective et sexuelle, l’activité physique et l’alimentation saine. Après le festival, les films primés seront mis à disposition des écoles, accompagnés d’un dossier pédagogique ouvrant diverses pistes de réflexion sur les thèmes abordés. Liège Image Days En marge du festival, les organisateurs d’ImagéSanté ont choisi cette année de s’associer à la « grappe e-mage » dans le cadre de la première rencontre « Liège Image Days » orchestrée sur le thème de l’imagerie médicale. Réunissant un grand nombre d’acteurs universitaires, privés ou publics, la « grappe e-mage » a pour mission de favoriser, à partir de Liège, le développement de tous les secteurs liés à l’imagerie numérique. Ingénieurs spécialistes de l’image, médecins, chercheurs et repré- sentants des firmes actives dans le domaine se retrouveront donc pendant deux jours au château de Colonster, les 12 et 13 mars, pour un programme bien fourni. La nouvelle IRM interventionnelle installée en neurochirurgie, dans le service du Pr. Didier Martin, sera évidemment le clou du spectacle. Cinq experts de réputation internationale présenteront une conférence sur des thèmes d’actualité : le Pr. Jacques Brotchi (hôpital Erasme), le Pr. Luc Piérard (CHU de Liège), le Pr. J. Geoffrey Chase (University of Canterbury, Nouvelle Zélande), le Pr. Simon K. Warfield (Harvard Medical School, USA) et le Pr. Wolfgang Drexler (University of Cardiff, UK). Des rencontres business-to-business, des communications sous forme de posters et des retransmissions en direct sont également prévues. Pr. Ph. Kolh Directeur d’ImagéSanté 04 366 71 83 philippe.kolh@ chu.ulg.ac.be Informations nImagéSanté nLiège : www.imagesante.be Image Days : www.e-mage.be Soirées thématiques nLundi 10 mars : soirée inaugurale au cinéma Le Parc (Droixhe), avec la projection en avant-première belge de « Loin d’elle », de Sarah Polley, avec Julie Christie, un film traitant de la maladie d’Alzheimer. nMardi 11 mars : conférence grand public sur le cerveau, par les neurologues Jean Schoenen et Thierry Grisar, à l’auditoire de zoologie, quai Van Beneden. nJeudi 13 mars : conférence grand public à l’Hôtel de Ville, par un spécialiste de la diététique, le Dr Xavier de la Cochetière, suivie d’un repas diététique à l’église Saint-André. nJeudi 13 mars : conférence grand public à la salle académique de l’ULg, place du 20-Août, « Hommes et femmes, tous égaux devant la maladie ». nVendredi 14 mars : seconde conférence du Dr Xavier de la Cochetière, à destination cette fois des médecins, sur le thème « Alimentation et santé ». nSamedi 15 mars : repas de gala et cérémonie de remise des prix, au Palais des Princes-Evêques. Renseignements et inscriptions : Dorothée Dradon, 04 254 97 86, [email protected] page 1 1 chuchotis nMercredi 12 mars : projection au cinéma Le Parc de « Je m’appelle Sabine », un documentaire émouvant réalisé par Sandrine Bonnaire sur sa sœur autiste. PLAN COS Bienvenue dans l’ère numérique L’informatisation du dossier médical, de l’imagerie, du courrier et des transferts d’information avance à grands pas. Par cet investissement dans la technologie informatique, le CHU de Liège vise une optimisation de la qualité des soins ainsi que de l’efficacité et de la rapidité de la prise en charge. Pr. Ph. Kolh Responsable de la GSI (gestion du système d’information) 04 366 84 44 philippe.kolh@ chu.ulg.ac.be Chaque année, plus de deux millions et demi d’images sont générées par les différentes unités d’imagerie médicale du CHU, réparties sur les cinq sites. Cette masse exige une exploitation optimale, une disponibilité complète et immédiate sur tous les sites et un archivage fiable, autant de critères auxquels répond le système informatique de gestion, d’archivage et de diffusion (PACS) de l’imagerie médicale qui, depuis 2006, est progressivement mis en place. Depuis ce 1er janvier, la dernière phase de son déploiement est terminée. Adieu, clichés argentiques et négatoscopes. Dorénavant toutes les unités d’imagerie médicale fournissent exclusivement des images numériques, accessibles en permanence dans chaque cabinet de consultation, chaque bureau de médecin et chaque secrétariat médical. Dans le courant de cette année, les salles d’opération seront équipées de stations avec écrans de 42 pouces, pour améliorer le confort de lecture et la précision des images examinées par les chirurgiens et les médecins visiteurs. Les images sont envoyées au médecin prescripteur sur un CD, sur lequel est évidemment inclus le logiciel de visualisation adéquat. Elles sont également remises au patient sur le même support, s’il le souhaite. La diffusion des protocoles s’effectue de préférence par voie électronique. Le DMI, un déploiement au long cours Cette informatisation s’inscrit dans le déploiement du dossier médical informatisé (DMI), un projet prioritaire du plan stratégique COS défini dès 2003. Le DMI a pour objectif la centralisation et l’accessibilité rapide et sécurisée de toutes les informations relatives au patient, sur tous les sites de l’hôpital. n Le serveur de résultats, que vient aujourd’hui compléter l’informatisation de l’imagerie médicale, est opérationnel depuis 2005 déjà ; il met à la disposition de tous les utilisateurs du CHU, sous une forme électronique, l’ensemble des résultats provenant de la page 1 2 chuchotis Le DMI, une avancée essentielle Dr Eric Nellessen, chef de clinique au service de cardiologie : « Le DMI représente une avancée essentielle pour les médecins du CHU, car il leur permet d’avoir un accès direct et rapide à l’ensemble des données nécessaires et réduit les tâches administratives. Pour les médecins traitants et les patients, il permet un progrès dans la prise en charge. En effet, un rapport provisoire clair est remis au patient en fin d’hospitalisation et un plan de traitement précis l’accompagne. » Au moment d’effectuer un prélèvement de biologie clinique, chaque infirmière utilise un PDA (« assistant numérique personnel ») doté d’un lecteur de code barre qui lui permet de scanner le bracelet d’identité du patient ainsi que les étiquettes apposées sur les tubes. PLAN COS n Le dossier électronique du patient comprend la gestion des courriers médicaux, leur consultation, leur mise à jour et leur diffusion tant en interne qu’aux médecins généralistes et spécialistes référents. Depuis le printemps dernier, tous les services sont équipés pour envoyer les protocoles sous forme électronique. Huit d’entre eux sont déjà paperless, plus aucun dossier papier n’étant ouvert pour les nouveaux patients : la cardiologie, la chirurgie cardiovasculaire, la gastro-entérologie, la chirurgie abdominale, sénologique, endocrine et de transplantation, l’ORL, la néphrologie, la neurologie et la dermatologie. Ces précurseurs seront progressivement rejoints par les autres services au cours des prochains mois, l’objectif étant d’étendre cette stratégie à tout l’hôpital d’ici fin 2009. n La gestion des lits en temps réel, entièrement déployée sur tous les sites d’hospitalisation, permet de localiser immédiatement chaque patient, dès son arrivée. Elle optimise le tour de salle informatisé et la prescription électronique, deux fonctions essentielles détaillées cidessous. n Le tour de salle informatisé permet de consulter le dossier médical électronique au chevet du patient, grâce à un réseau sans fil et à un chariot ergonomique équipé d’un PC. Les informations du dossier sont ainsi actualisées en temps réel. Dans une dizaine d’unités de soins, depuis quelques mois, la gestion des prélèvements de biologie clinique est elle aussi informatisée, de la prescription directement rédigée dans le DMI au suivi des analyses. Les patients sont équipés d’un bracelet d’identité dont le code barre est scanné par l’infirmière avant chaque prélèvement ; ce même système de code barre se retrouve sur les étiquettes apposées sur les tubes. D’ici quelques semaines, le médecin prescripteur sera automatiquement averti de la disponibilité des résultats. Parallèlement au déploiement de la prescription de biologie clinique, le même principe sera appliqué aux prescriptions d’imagerie et d’examens complémentaires. Toutes les unités de soins seront progressivement équipées d’ici mi-2009. n La gestion des rendez-vous est elle aussi opérationnelle depuis plus d’un an, en ce qui concerne les agendas centralisés (nouveau numéro d’appel : 04 242 52 52). Pour les prises de rendez-vous gérées en direct par quelques services, le déploiement poursuit son cours pour s’achever en juin prochain. Pour le patient, l’avantage principal du nouvel outil est indéniablement la rapidité de la prise de rendez-vous : l’opérateur qu’il a en ligne peut facilement parcourir toutes les plages de disponibilité des médecins, que les consultations se tiennent au Sart Tilman, aux Bruyères, à Esneux, au Brull ou à Aywaille. Plus besoin donc de passer un second ou un troisième coup de fil pour obtenir, par exemple, un rendez-vous plus rapide sur un autre site. En outre, les spécialistes qui le souhaitent peuvent inscrire directement, lors de la consultation, le rendez-vous de suivi qu’ils estiment nécessaire. Déjà très largement opération nelle, l’informatisation médicale du CHU de Liège se poursuivra enfin, au cours des prochaines années, par l’informatisation du circuit du médicament et par celle de la gestion de l’activité des unités de soins. Vous rencontrez une difficulté liée à l’informatisation médicale du CHU de Liège ? Vous souhaitez nous faire part d’une remarque ou d’une suggestion ? Contactez la cellule DMI au 04 366 84 44. Quels changements pour le généraliste ou le spécialiste référent ? n Réception des protocoles : de préférence sous forme électronique (envoi payé par le CHU). La validation électronique des protocoles et la sécurisation de la transmission étant particulièrement fiables, le courrier papier devrait être de moins en moins utilisé, sauf si le destinaire l’exige. n Réception des résultats d’imagerie : sur CD exclusivement (plus aucun cliché argentique). n Consultation du dossier médical : disparition progressive du dossier papier. Lors de la visite à un patient hospitalisé, le dossier informatisé peut être consulté sur demande, de manière plus rapide et plus complète (via OmniPro). n Prise de rendez-vous par l’internet : pour la commodité du patient, le généraliste ou le spécialiste référent qui le souhaite pourra à l’avenir introduire une demande de rendez-vous par l’internet. Cette possibilité devrait être ouverte dans moins de deux ans. page 1 3 chuchotis biologie clinique, de l’anatomopathologie, de l’imagerie médicale et de la médecine nucléaire.