Quelques considérations sur l`activité du vice-consul - DOCT-US

Transcription

Quelques considérations sur l`activité du vice-consul - DOCT-US
Ştiinţe socio-umane
87
Quelques considérations sur l’activité du vice-consul
français de Iaşi, Joseph Parant (1796-1798)
Violeta-Anca Epure
Université Ştefan cel Mare
Suceava, Roumanie
[email protected]
Abstract: The present study presents the activity of the French vice-consul from Iaşi, Joseph Parant
between 1796-1798, from his nomination and until the beginning of the campaign of Napoleon in Egypt.
Keywords: Joseph Parant, vice-consul, France, Romanian Principalities, image, diplomatic reports,
vision, conflicts.
Comme le 7 février 1796, le consul français
de Bucureşti, Emile Gaudin a été appelé à
Constantinople, où il a remis tous les documents
au secrétaire de l’agence française, Montal, Carra
Saint-Cyr a remplacé provisoirement celui-ci.
Carra Saint-Cyr est resté à Bucureşti pendant
deux mois, en qualité de chargé d’affaires auprès
du prince régnant de la Valachie. Le consul russe
de Bucureşti consignait le remplacement de
Carra Saint-Cyr dans l’appareil consulaire
français des Principautés Roumaines dans une
note informative de 22 juin 1797.
En ces conditions-ci, Joseph Parant1 s’est
autoproposé dans la fonction qu’on vient de
mentionner. Dans la lettre adressée au ministre
des Affaires Etrangères de la France, Charles
Delacroix, il mentionnait, aussi, la necessité de la
création d’un viceconsulat à Iaşi. Il y soulignait,
aussi, les défauts de son adversaire, Constantin
Stamati, qui le faisaient, à son avis, inapte à
accomplir une mission de ce genre2. Comme
Stamati soupçonnait que l’ambassadeur français
de la capitale ottomane, de Vernignac, préférait
Parant, il attirait, à son tour, l’attention du
Ministère des Affaires Etrangères de Paris sur la
faute qu’on pouvait commettre dans le cas de la
nomination de Parant. Son principal argument
consistait dans l’âge trop jeune et le manque
d’expérience et des connaissances réclamées par
un poste semblable3.
Tout en apprenant de sa nomination dans la
fonction de vice-consul, Parant a transmis à
Charles
Delacroix
ses
remerciements,
accompagnés d’un véritable « programme
d’activité »,
qu’il
promettait
respecter
fidèlement4. Le 10 août 1796, Parant demandait
au nouvel ambassadeur français de la capitale
ottomane, Jean Baptiste Anibal Aubert Dubayet
les fonds nécessaires pour s’installer à Iaşi.
Comme il n’y avait là aucun établissement
économique ou autre, auquel il puisse s’adresser
au besoin, il insistait que là où on n’a pas d’amis,
il est absolument nécessaire d’avoir, au moins,
d’argent5. L’ambassadeur n’a pas pu lui mettre à
sa disposition qu’une partie de la somme
sollicitée. De plus, il ne pouvait pas l’investir
officiellement avec la qualité de vice-consul
parce la Porte ottomane n’avait pas donné son
consentement pour la création d’un consulat,
respectivement vice-consulat à Bucureşti et Iaşi.
On lui a attribué le titre d’agent de l’Ambassade
1
din Arhivele Ministeriului Afacerilor Străine din Paris de A. I.
Odobescu, Bucureşti, 1885, p. 116-117; Veniamin Ciobanu,
op. cit., p. 110; Principele Dimitrie I. Ghika, Franţa şi
Principatele Dunărene (1789-1815), Institutul European, Iaşi,
Călători străini despre Ţările Române, Editura Academiei
Române, Bucureşti, 2001, vol. X, la II-ème partie (volume
soigné par Maria Holban, Maria M. Alexandrescu – Dersca
Bulgaru, Paul Cernovodeanu), p. 1295-1301.
2
Eudoxiu de Hurmuzaki, Documente privitoare la istoria
românilor, Supliment I, vol. III. 1709-1812. Documente
culese din Arhivele Ministeriului Afacerilor Străine din Paris de
A. I. Odobescu, Stabl. Grafic I. V. Socecu, 1889, p. 413, 429430; Veniamin Ciobanu, La graniţa a trei imperii, Iaşi, Editura
Junimea, 1985, p. 110; Neagu Djuvara, Între Orient şi
Occident. Ţările Române la începutul epocii moderne, Editura
Humanitas, Bucureşti, 1995, p. 34.
3
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 442-443,
444-446, 458-460; Idem, Documente privitoare la istoria
românilor, Supliment I, vol. II, 1781-1814, Documente culese
2008, p. 21.
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 468;
Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 111.
5
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, , p. 471;
Pompiliu Eliade, Influenţa franceză asupra spiritului public în
4
România. Originile. Studiu asupra stării societăţii româneşti
în vremea domniilor fanariote, Bucureşti, Editura Univers,
1982, p. 184.
88
DOCT-US, an III, nr. 1, 2011
de la République Française auprès du prince
régnant de la Moldavie6.
Arrivée à sa destination l’hiver de l’année
1797, Parant a dépensé tous les fonds dont il
disposait pour s’installer plus convenablement
que possible jusqu’à sa reconnaissance officielle7.
Flury, qui considérait son subalterne de la
capitale moldave un homme intéressant par ses
vertus, ainsi que par ses connaissances
extraordinaires,
a
essayé
l’aider.
Malheureusement, l’intervention de celui-ci
auprès
Alexandru
Callimachi,
qui
visait
l’obtention de la partie de celui-ci de l’appui
matériel et financier pour Parant a été un échec.
De plus, Parant, à cause de sa nature irrascible,
était déjà entré en conflit avec la protipendade
de la ville8.
Le 8 mars 1798, on a obtenu de la Porte
Ottomane les firmans de nomination pour Flury,
le consul de Bucureşti et pour Parant9, le consul
de Iaşi. Maurice Dubois, respectivement Jacques
6
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 472;
Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 111.
7
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 470, 488489; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1301-1302;
Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 112; Pompiliu Eliade, op. cit.,
p. 184, 186; Neagu Djuvara, op. cit., p. 35; Principele
Dimitrie I. Ghika, op. cit., p. 23.
8
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 175;
Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1298;
Hurmuzaki, Documente privind istoria României, nouvelle
série, vol. IV, Rapoarte diplomatice ruse (1797-1806), sub
îngrijirea acad. Andrei Oţetea, Bucureşti, Editura Ştiinţifică,
1974, p. 114; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 114-115, 160.
9
Des informations sur son activité à Iaşi apparaissent dans
les notes des informateurs du consul russe de la capitale
moldave, Ivan Severin. Ceux-ci étaient convaincus que
Parant avait joué un rôle essentiel dans l’arrivée des réfugiés
polonais à Iaşi. Le premier informateur du consul russe
mentionnait le 23 février 1798, que Parant avait à ses
alentours d’un amas de canailles, qui se promenaient ivres,
sur les rues de Iaşi. Il semble qu’il s’agissait de Grecs et
d’Italiens protégés par le consul français de Iaşi. Une nuit, ils
ont arrêté la voiture de la femme du hatman Constantin
Ghica. Ils ont demandé à celle-ci la voiture, motivant qu’un
tel milieu de transport était plus approprié pour eux que pour
une Moldave. La femme de Ghica a échappé difficilement de
ceux-ci et a du se plaindre au prince régnant. Le premier
espion du consul russe consignait en mars 1798 qu’on à vu
pour la première fois à Iaşi, des hommes portant des
cocardes tricolores. De plus, les informateurs russes
écrivaient que Parant était désintéressé de ses propres
rapports, qu’il devait envoyer à Paris. Les Russes le
regardaient comme un espion des Français ; les informateurs
de Severin le considéraient une figure caricaturale d’agent de
la propagande française. Quoiqu’au début, il ait été bien reçu
par les boyards, son enthousiasme, son manque d’humour, le
romantisme qui le caractérisait l’ont mis en conditions
d’infériorité par rapport à ceux-ci qui lui suivaient tout
mouvement. Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p.
129; Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p.
127, 133, 146, 178; Leonid Boicu, Principatele Române în
raporturile politice internaţionale, secolul al XVIII-lea, Iaşi,
1996, p. 106; Neagu Djuvara, op. cit., p. 185; Hurmuzaki,
Documente..., Supliment I, vol. II, p. 171.
Ledoulx étaient les secrétaires des deux
consuls10.
Le mois de février 1798, on a signalé dans le
bâtiment du vice-consulat de Iaşi quatre cas de
peste : deux morts et deux malades11. Flury
écrivait au prince régnant de la Moldavie, le
priant d’aider Parant, même lui emprunter de
l’argent. Parant et le personnel du consulat ont
été portés en carantine au monastère Socola. Le
serdar, un boyard nommé Carp, qui aurait eu
quelques
ressentiments
contre
Parrant,
conformément à la correspondance du dernier
avec Talleyrand, a commis contre lui un nombre
impressionnant d’abus12. Parant prétendait que
la persécution du serdar était déterminée par sa
haine contre la République française. Mais le
prince régnant n’a pas apprécié l’attitude du
dignitaire à l’adresse du vice-consul français,
parce que cela pouvait lui provoquer des
problèmes à Constantinople, où la diplomatie
française jouissait d’une grande influence. Par
conséquent, il a pris en considération la plainte
du vice-consul écrite sur 10 pages contre le
serdar ; ensuite, le prince régnant a demandé la
démission du dignitaire et lui a ordonné de
demander à Parant des excuses publiquement.
De plus, Parant, qui avait été reconnu par la
Porte, bénéficiait d’immunité diplomatique13.
10
Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 154155, 171-172; Alexandru-Florin Platon, « Imaginea Franţei în
Principatele Române: modalităţi de receptare (sec. XVIIIXIX) », en Anuarul Institutului de Istorie şi Arheologie «A.D.
Xenopol», XVIII, 1981, p. 207; Doina Calistru, « Influenţa
franceză în spaţiul românesc. Modalităţi de receptare, forme
de expresie », dans le volume Franţa. Model cultural şi
politic, édité par Alexandru Zub et Dumitru Ivănescu, Editura
Junimea, Iaşi, 2003, p. 44; Cristian Ploscaru, « Politica
Franţei în Principatele Române la începutul secolului al XIX –
lea din perspectiva elitei locale », en Ionuţ Nistor, Paul Nistor
(coordonnateurs), Relaţii internaţionale. Lumea diplomaţiei.
Lumea conflictului, Editura PIM, Iaşi, 2009, p. 29;
Lăcrămioara
Iordăchescu,
« Statutul
reprezentanţelor
diplomatice franceze în Principate, 1798-1859 », dans le
volume Franţa. Model cultural şi politic, Junimea, Iaşi, 2003,
p. 201; Pompiliu Eliade, op. cit., p. 183-184.
11
L’éclatement et la prolifération de l’épidémie de peste à
Iaşi, ainsi que l’activité déployée par Parant et Ledoulx en
faveur de la République française était consignée dans une
note du premier informateur du consulat russe de 1
novembre 1797. Hurmuzaki; Documente..., nouvelle série,
vol. IV, p. 99; le premier informateur du consul russe
mentionnait l’état d’isolement dans lequel se trouvaient
Parant et Ledoulx sous le prétexte des cas de peste qui sont
apparus dans leur maison.
Ibidem, p. 124; Principele
Dimitrie I. Ghika, op. cit., p. 36.
12
Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 118119, 121-122, 123-125; Hurmuzaki, Documente..., Supliment
I, vol. III, p. 496; Germaine Lebel, La France et les
Principautés Danubiennes (Du XVI-e siècle à la chute de
Napoleon I-er), Paris, 1955, p. 225.
13
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 490496; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 112-113; Călători
străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1298, 1303-1304;
Ştiinţe socio-umane
Parant a été envoyé à Socola, ensemble à
tout le personnel du vice-consulat, pour limiter
de cette manière la prolifération de l’épidémie.
Revenu dans la ville, à la fin du mois de février
179814, pendant une audience au prince régnant
Alexandru Callimachi, il lui aurait reproché au
premier, sur un ton contraire aux usances
diplomatiques, qu’il l’aurait obligé de quitter la
ville. Le comportement du vice-consul français
avait offensé le prince régnant. Celui-ci a
convoqué quelques boyards du Divan, auxquels il
demanda de dresser une complainte adressée à
la Porte, dans laquelle ils devaient mentionner
les extravagances de celui-ci15. Il semble qu’n
realité, l’isollation de Parant n’avait pas été si
sévère. De Socola, celui-ci revenait à cheval à
Iaşi
à
rencontrer
Ledoulx,
vers
le
mécontentement des habitants16.
Dans une note informative datée 5-12 mars
1798, l’informateur du consul russe écrivait sur
l’intervention de Parant auprès du prince régnant
pour défendre quelques sudits français. Il
demandait au prince régnant d’accorder la
citoyenneté française pour quelques grecs
originaires de la République Vénitienne. Les
autorités moldaves l’ont refusé17.
De plus, quelques uns des Français qui
siégeaient dans la ville, étaient mécontents de
l’attitude de Parant. C’était le cas de Bouchet,
professeur de langues étrangères engagé dans
les maisons de quelques boyards de Iaşi18,
auquel il lui a interdit de lui visiter sur motif que
celui-ci l’avait abandonné dans les moments
critiques qu’il venait de traverser. Wegierski,
l’espion du consul russe Severin de la capitale
moldave, relatait qu’il avait des preuves solides
conformément auxquels le véritable motif de la
disgrâce de Bouchet était l’intention de Parant de
ne plus lui restituer une somme d’argent qu’il lui
devait depuis longtemps19.
Germaine Lebel, op. cit., p. 225; Pompiliu Eliade, op. cit., p.
186.
14
Le premier informateur du consul russe consignait la
revenue de Parant dans la ville le 17 février 1798;
Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 132-133.
15
Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 112-113.
16
Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1298;
Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 145.
17
Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 144,
150.
18
Il semble que celui-ci était le plus apprécié des Français qui
vivaient à Iaşi. Il enseignait le français dans la maison du
boyard Gheorghe Rosetti-Roznovanu. Dans une note de
l’espion du consul russe de 7-10 mai 1798, on mentionnait un
autre professeur de français, qui enseignait dans la maison
de Constantin Balş, Monsieur Roubalet. Călători străini...,
vol. X, la II-ème partie, p. 1299; Hurmuzaki, Documente...,
nouvelle série, vol. IV, p. 169.
19
Le même espion russe mentionnait dans ses rapports qu’il
avait appris que Parant avait des dettes à un marchand de
Iaşi, Hagi Vasile. Documente privind istoria României.
89
En mars 1798, Parant s’est présenté à la
Cour princière pour recevoir le firman
d’investissement20 accompagné de quelques
personnes. C’était l’occasion de reprocher de
nouveau à Alexandru Callimachi les injustices
qu’il avait souffertes pendant la carantine
imposée par l’apparition des cas de peste, qu’il
considérait comme un prétexte et pas une
réalité.
En avril 1798, comme il voulait démontrer au
prince régnant qu’il n’était pas capable lui
assurer la sécurité, a mis en scène une attaque
contre sa propre personne justement dans le
bâtiment du vice-consulat. L’informateur du
consul russe, Wegierski, qui suivait tous ses
mouvements de Parant de la maison du grand
logothète Gheorghe Cantacuzino Paşcanu,
écrivait que, tout en attendant du bruit pendant
la nuit respective, Parant aurait donné l’alarme,
mais les brigands ont réussi s’enfuir sans voler
rien. Il voyait en ce fait une preuve que le vol n’a
pas été leur but. Il était convaincu qu’il venait
d’échapper d’un assassinat21.
Le prince régnant s’est disculpé à la Porte et
a démontré que Parant n’aurait pas pu prouver
la consommation d’un événement semblable, son
but étant celui de le compromettre. Parant a
essayé à prouver le contraire, montrant qu’il
avait même découvert le coupable, un certain
Joseph, un de ses serviteurs, qu’il avait arrêté22.
Comme Joseph ne reconnaissait rien malgré les
coups qu’on lui avait appliqué, Parant l’avait
obligé à aller à l’église catholique et à jurer qu’il
Colecţia Eudoxiu de Hurmuzaki (nouvelle série), vol. I,
Rapoarte consulare ruse (1770-1796) din „Arhiva politică
externă a Rusiei”, Moscova sub îngrijirea acad. A. Oţetea,
Editura Academiei, 1962, p. 132, 133-134, 143, 145, 611612; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 113-114; Călători
străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1299; Hurmuzaki,
Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 143, 145-146, 180.
20
Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 132,
133-134, 143, 145; Ibidem, Supliment I, vol. III, p. 171.
21
L’informateur rappelait dans une note de mai 1798 un
événement plus ancien : Parant se plaignait qu’il avait trouvé
dans sa cour un porc décoré avec une cocarde tricolore. A
cause de cet incident, le prince régnant a été exhorté à la
Porte. L’incident était interprété comme un geste d’hostilité
envers les représentants de la France, la puissance amie de
l’Empire Ottoman. L’espion russe était convaincu que les
deux événements étaient une mise en scène de Parant. Il
avait essayé une réconciliation avec les boyards, les invitant
à un dîner au début du mois de mai 1798. Comme on lui
avait suggéré qu’il serait refusé par tous ses invités, il a du
renoncer à ce projet. Călători străini..., vol. X, la II-ème
partie, p. 1299; Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol.
IV, p. 150, 157, 169-170; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 117,
167.
22
Joseph était un polonais qui occupait dans la maison de
Parant la fonction de cuisinier. L’espion du consul russe
consignait le 13-14 avril 1798 que Parant accusait Joseph
d’avoir comploté avec les larrons pour le tuer. Hurmuzaki,
Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 160; Veniamin
Ciobanu, op. cit., p. 117.
90
DOCT-US, an III, nr. 1, 2011
n’était pas coupable. Le geste du vice-consul a
causé la curiosité des habitants de Iaşi, parce
qu’il était en contradiction avec l’athéisme qu’il
affichait ostentatoirement23.
L’antipathie du prince régnant a été accrue
par la découverte d’une lettre de Parant adressée
à Talleyrand, où il décrivait sa propre personne,
ainsi que ses boyards de manière sombre. Il y
soutenait que ceux-ci étaient de la partie des
Russes et haïssaient les Français24. De plus, les
litiges continuèrent et apparurent deux autres
cas plus compliqués encore. Le premier était en
liaison avec un escroc qui prétendait être un
Cantacuzino de l’Ile Corfou, qui ensemble à
plusieurs garçons de magasins, a dupé plusieurs
commerçants de Iaşi. Ils ont pris des
marchandises qu’ils n’ont pas payées. Comme le
prince régnant a voulu l’arrêter, Parant l’avait
reçu au consulat en qualité de sudit, qui se
trouvait sous la protection française. Finalement,
Parant l’avait envoyé à Constantinople pour être
jugé là25.
Le second cas a été lié du jeune prétendu
Balş, enfermé à Constantinople et apporté en
Moldavie avec l’appui d’un charpentier français.
L’arrivée de celui-ci en Moldavie s’est faite sur le
dépens de Parant. Mais comme il voulait lui
payer la dette, le jeune respectif a disparu.
Grâce à l’intervention du vice-consul français,
l’imposteur a été identifié et son père a du lui
acquitter les dépenses du chemin pour ne pas
être porté en prison26.
Le début du mois de mai 1798, Parant a reçu
un décret du Directorat en vue de collecter de
fonds qui auraient du financer la campagne
contre l’Angleterre. Le vice-consul a demandé
aux sudits français de Iaşi à donner de l’argent.
De plus, pour donner un exemple, lui-même a
donné son salaire sur trois mois. Sa demande n’a
pas joui de beaucoup de succès. Rubalet,
professeur de langues étrangères, engagé dans
la maison du grand vornic Constantin Balş, a
refusé. Il soulignait que la paix avec l’Autriche
n’avait pas été conclue et par conséquent, il ne
pouvait pas être soumis aux obligations d’un
citoyen français27. A Iaşi, commencèrent à
circuler de divers bruits en liaison avec la
23
Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 115-116; Călători străini...,
vol. X, la II-ème partie, p. 1299; Hurmuzaki, Documente...,
nouvelle série, vol. IV, p. 150-151, 156, 160.
24
L’information a été obtenue par un espion du grand
logothète Gheorghe Cantacuzino Paşcanu. Călători străini...,
vol. X, la II-ème partie, p. 1298.
25
Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1299-1300;
Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 156.
26
Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1300;
Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 156-157.
27
Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 179180; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 168.
destination de la flotte française ancrée à
Toulon, parmi lesquels celui-ci qu’elle serait
envoyée dans la Mer Noire. Au début de juin
1798, conformément à l’espion du consul russe,
Parant aurait répandu des bruits concernant
l’arrivée d’une armée française en Moldavie. Les
boyards craignaient qu’on leur réquisitionnera les
chevaux. Sous le prétexte du manque des
fourrages, ceux-ci ont commencé à vendre leurs
haras. Vers la moitié de ce mois-là, il préparait
sa maison pour des invités, étant convaincu que
Napoléon Bonaparte arrivera tôt aux alentours
de la Moldavie28.
Parant a étudié la société moldave de cette
époque-là en Notes sur l’administration et la
population de la Moldavie. Il surprenait la
situation du prince régnant : esclave et despote
en même temps, ainsi que l’état d’esprit de la
Principauté ; en Moldavie il n’y avait pas d’esprit
public, aucune notion sur le gouvernement,
aucun sentiment de la liberté29. Ceux-ci qui
devaient diriger ce pays ne faisaient rien d’autre
que le piller ; les princes régnants phanariotes se
trouvaient dans une véritable course contre
chronomètre pour payer les dettes et ramasser
des fortunes pour eux, mais aussi pour leurs
amis30.
Parant remarquait l’avance que la Russie avait
obtenu dans les Principautés en défaveur de la
France, avance conféré par la religion orthodoxe,
aussi. De plus, les Russes avaient l’avantage de
la terreur. Les boyards savaient très bien que,
dans l’éventualité de l’éclatement d’une guerre,
leur pays deviendra le théâtre des luttes, et leurs
fortunes et leurs personnes – à la discrétion des
voisins Russes31. Parant considérait les boyards
moldaves plus riches que ceux valaques. A
l’encontre de ceux-ci, préoccupés surtout par
l’obtention des dignités à la Cour, les Moldaves
étaient préoccupés de leurs domaines. D’ailleurs,
consignait le vice-consul français, l’exploitation
des terres leur apportait de grands revenus32.
28
Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, Veniamin
Ciobanu, op. cit., p. 168.
29
Hurmuzaki, Documente… , Supliment I, vol. II, p. 182183; Ibidem, Supliment I, vol. III, p. 518, 519; Călători
străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1305; Pompiliu Eliade,
op. cit., p. 185; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 62, 127-128;
Leonid Boicu, op. cit., p. 130
30
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 178, 181;
Ibidem, Supliment I, vol. III, p. 515, 518; Călători străini...,
vol. X, la II-ème partie, p. 1308-1309; Veniamin Ciobanu, op.
cit., p. 45, 128; Neagu Djuvara, op. cit., p. 35.
31
Călători străini..., vol. X, la II-éme partie, p. 1311;
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol.l II, p. 183;
Ibidem, Supliment I, vol.l III, p. 519, 520; Veniamin Ciobanu,
op. cit., p. 160; Principele Dimitrie I. Ghika, op. cit., p. 31.
32
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 515;
Ibidem, Supliment I, vol. II, p. 188; Neagu Djuvara, op. cit.,
p. 114.
Ştiinţe socio-umane
Le vice-consul français énumérait les
principales villes de la Moldavie : Iaşi, la capitale
du pays, la résidence du prince régnant, Galaţi,
Bender [Tighina], Hotin, Roman, Piatra, Dorohoi,
Soroca, Botoşani, Orhei, Lăpuşna, Vaslui, Bârlad,
Fălciu. Les ruelles de la capitale moldave étaient
couvertes avec des poutres, tout comme à
Bucureşti. Galaţi était le port le plus important de
la Moldavie, de cet endroit là partaient les
marchandises vers les pays voisins33. A
l’intermédiaire de la navigation sur la Mer Noire,
Parant entrevoyait la possibilité de la prospérité
du commerce français dans cette zone-là.
Parant considérait que dans les Principautés
seraient recherchés les draps de Lyon, les étoffes
de Lyon34, les ornements dorés, les articles de
galanterie, les étoffes françaises et le tabac35. En
échange, les Français auraient pu acheter des
Principautés de la cire, des peaux, de la viande
salée et fumée36, du lin, du chanvre, du bois
pour la construction des navires37. Parant tirait la
conclusion que les marchandises françaises
qu’on vient de mentionner apporteront de grands
gains aux marchands38. Il mentionnait, aussi, les
commerçants François-Thomas, Jean-Baptiste,
Joseph-Marie et Pierre-François Linchou, qui sont
venus ensemble à leur père, Maurice Linchou en
Moldavie vers 1760. Mais comme Maurice
Linchou a été accusé d’un complot contre le
grand vizir et on lui a coupé la tête, les plans de
la France en ces contrées à cette époque-là, ont
échoué39. Le vice-consul français remarquait,
pourtant, un impédiment sur la voie du
développement du commerce français dans la
région : la Mer Noire n’était pas encore ouverte
aux navires français. On devait faire
premièrement des spéculations préliminaires,
quelques essais qui devaient éclairer les
marchands français intéressés sur les avantages
33
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 179;
Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1305.
34
Ce genre de marchandises aurait apporté de grands profits
au commerce français, surtout si on pourrait les apporter
directement de Marseille à Galaţi. Hurmuzaki, Documente...,
Supliment I, vol. III, p. 517, 524; Ibidem, Supliment I, vol.
II, p. 184, 187; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p.
1317.
35
Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1313, 1316,
1317; Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 522,
524-525; Ibidem, Supliment I, vol. II, p. 185, 187-188.
36
„Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1314-1315;
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 186.
37
Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1316;
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 187, 523524; Neagu Djuvara, op. cit., p. 79-80.
38
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 187;
Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1318.
39
Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1315;
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 522-523;
Ibidem., Supliment I, vol. II, p. 185.
91
que le commerce dans cette région pourrait
offrir40.
Parant mentionnait, aussi, la fertilité du sol de
la Principauté de la Moldavie. Il considérait que
les Moldaves ne réussiront jamais le mettre en
valeur ; il remarquait, aussi, la beauté de ces
contrées-là41. Il a manifesté de la compassion
pour le peuple pauvre et soumis aux pillages de
leurs chefs42.
Un autre paragraphe de son mémoire était
dédié à la justice de la Principauté : les procès
finissaient rarement, certains litiges ont été jugés
même pendant quinze princes régnants
différents; comme dix pourcents de l’argent
gagné revenaient au tribunal, il arrivait assez
souvent que les fortunes en litige se perdent
totalement, avalées par les procès43.
Les agents étrangers y bénéficiaient d’une
situation tout à fait privilégiée : ils pouvaient se
présenter à la Cour chaque jour à n’importe
quelle heure, sans être ajournés, a l’encontre de
la Valachie, où ils devaient s’annoncer un jour
auparavant44.
Quoique l’influence de la Russie fût
prépondérante à Iaşi parmi les boyards de tous
rangs, il y avait, pourtant une catégorie de
boyards qui savaient « juger » et pour lesquels
la Révolution Française présentait d’attraction45.
***
En mai 1798, la campagne de Napoléon en
Egypte commençait. C’était un événement avec
de graves implications sur les rapports ottoman français et par conséquent, avec des
répercussions directes sur la position française
dans
les
deux
Principautés.
Quoique
l’ambassadeur français à la Porte prétexte une
simple intervention contre les Mamelouks, les
Turcs ne se sont pas laissés trompés par les
explications de celui-ci. Comme conséquence des
puissantes pressions diplomatiques exercées par
l’Angleterre et la Russie, qui menaçait même
avec l’occupation de la Moldavie et de la
Valachie, ainsi que de la puissante hostilité
manifestée par la population de la capitale de
l’Empire Ottoman à l’adresse de la France, le
40
Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1318;
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 180; Neagu
Djuvara, op. cit., p. 82.
41
Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1306-1307;
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 182.
42
Ibidem, p. 1312; Hurmuzaki, Documente..., Supliment I,
vol. II, p. 180; Leonid Boicu, op. cit., p. 65; Neagu Djuvara,
op. cit., p. 35, 254.
43
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 182;
Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1309-1310.
44
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 182;
Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1310.
45
Ibidem, p. 1311; Pompiliu Eliade, op. cit., p. 186; Veniamin
Ciobanu, op. cit., p. 46; Hurmuzaki, Documente..., Supliment
I, vol. II, p. 183.
92
DOCT-US, an III, nr. 1, 2011
sultan a déclaré le 1-er septembre 1798 la
guerre à la République Française ; le lendemain,
le chargé avec des affaires français de
Constantinople, Pierre Ruffin, a été arrêté et
emprisonné à Yedikule46. Une destinée similaire
attendait les autres représentants français du
territoire de l’Empire, aussi.
Même avant que la déclaration de guerre
devienne un fait accompli47, Alexandru Callimachi
avait informé Parant le 9 août que,
conformément aux ordres de la Porte, ses
attributions étaient suspendues jusqu’à de
nouvelles dispositions. Donc, il devait renoncer à
toute activité publique, ne pas quitter son
habitation et ne pouvait pas recevoir des visites
n’importe leur nature48. Le prince régnant l’avait
assuré qu’il n’était pas prisonnier ; il s’agissait
plutôt d’une série de mesures dictées par la
prudence et par le désir de lui assurer la sécurité
dans le cas de l’éclatement de la guerre entre la
France et l’Empire Ottoman49. De plus, la Porte
Ottomane avait attiré au prince régnant
l’attention qu’il devait traiter le vice-consul
français avec toute la considération due. Pour
éviter quelque surprise de la partie de Parant, le
prince régnant a ordonné à surveiller sa maison,
ainsi que ses sorties dans la ville. Il avait sollicité
à Severin lui livrer la correspondance qui venait
de Flury pour Parant par la poste russe. Le
consul russe ne l’avait pas écouté et l’a envoyé à
46
Henri Dehérain, « La rupture du gouvernement ottoman
avec la France, en l’an VI (1798) », en Revue d’histoire
diplomatique, no. 1, 1925, p. 9, 26-27, 33, 35, 40; Veniamin
Ciobanu, op. cit., p. 120-121; Călători străini..., vol. X, la IIème partie, p. 1300; Pompiliu Eliade, op. cit., p. 191;
Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 194,
202; Leonid Boicu, op. cit., p. 92; Andrei Oţetea, « Înfiinţarea
consulatelor franceze în Ţările Române », en Revista istorică,
XVIII, no. 10-12, 1932, p. 337; Leonid Boicu, op. cit., p. 126;
A.D. Xenopol, Războaiele dintre ruşi şi turci şi înrâurirea lor
asupra Ţărilor Române, (édition soignée et notes par
Elisabeta Simion), Editura Albatros, Bucureşti, 1997, p. 113114; Paul Cernovodeanu, « Interese economice engleze la
Dunărea de Jos şi în Marea Neagră între 1803-1829 », en
Revista de Istorie, tome 28, no. 11, 1975, p. 1696; Neagu
Djuvara, op. cit., p. 186; Principele Dimitrie I. Ghika, op. cit.,
p. 37.
47
On suppose que Parant aurait lancé intentionnément la
nouvelle concernant l’arrivée imminente de Napoléon aux
alentours de la Moldavie. Ce bruit a créé de la panique parmi
les boyards. Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p.
1300.
48
Il semble que le 11 août, Parant aurait quitté sa maison.
Alexandru Callimachi lui a transmis par son secrétaire qu’il ne
garantissait ni sa sécurité, ni celle de Ledoulx le cas où ils ne
respecteraient les ordres reçus. Par conséquent à cet
incident, le prince régnant a augmenté les mesures de
surveillance. Parant pouvait sortir de la maison très rarement
accompagné par des soldats, ne pouvait recevoir des visites
que de la part de Ledoulx et Bouchet. Veniamin Ciobanu, op.
cit., p. 118.
49
Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 198199; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 169.
V. S. Tomara, le nouvel ambassadeur russe à
Constantinople50.
Mais Parant soupçonnait que sa situation
pouvait s’aggraver, il s’attendait à être porté à
Constantinople ou, au moins, expulsé. De plus, il
avait perdu toute liaison avec Flury et Ruffin,
dont il soupçonnait qu’ils auraient été arrêtés51.
Le 24 août 1798, il écrivait à Talleyrand qu’une
puissante armée russe se trouvait concentrée à
30 lieus de la capitale de la Moldavie, au sud de
la Pologne. De plus, continuait-il, à Iaşi, tout le
monde était convaincu que cette armée pourrait
entrer en Moldavie52.
Il avait attiré l’attention d’Alexandru
Callimachi par une note de 13 septembre 1798
sur la grave erreur commise par la Porte par le
déclanchement de la guerre contre la France,
son alliée depuis trois siècles et par l’alliance
avec ses ennemis d’hier53. L’intervention de
celui-ci a été totalement inutile parce que le
prince régnant de la Moldavie ne pouvait pas
modifier la situation. Celui-ci s’est limité à
l’assurer qu’aucun sudit français ne sera molesté
et que tous seront traités avec toute la
considération due. Parant demandait au prince
régnant la permission de réinstaller sur le
frontispice de l’édifice du vice-consulat
les
armoiries de la France et le drapeau de la
République Française, sorties, la retraite des
gardes des chambres du vice-consulat, la
permission de se promener dans le jardin, même
accompagné par une escorte, la permission pour
son cuisinier de sortir dans la ville pour acheter
des aliments au prix du marché. On demandait,
aussi, la permission que la famille se son
secrétaire, Joseph Ledoulx, dont les membres
étaient tombés malades, de venir au viceconsulat pour recevoir de l’aide et de l’appui
moral, ainsi que, le cas où il aurait été obligé à
quitter la Moldavie, qu’il soit prévenu trois ou
quatre jours auparavant54.
50
Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 118.
Dans une lettre de 10 octobre 1798, l’ambassadeur des
Pays Bas à Constantinople mentionnait l’arestation du consul
français de Bucureşti, Flury et de son secrétaire, Maurice
Dubois. Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p.
196; Pompiliu Eliade, op. cit., p. 191; Hurmuzaki,
Documente..., Supliment I, vol. III, p. 539-540, 541-542;
Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 120-121; Călători străini..., vol.
X, la II-ème partie, p. 1320.
52
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 539540; George F. Jewsbury, Anexarea Basarabiei la Rusia:
1774-1828. Studiu asupra expansiunii imperiale, Polirom,
2003, p. 31; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 122; Călători
străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1319-1320.
53
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 543-544.
54
L’espion du consul russe consignait le 11-14 août 1798 que
les soldats qui devaient garder Parant auraient interdit à
Bouchet l’accès dans la maison de son compatriote ; quoique
Parant leur aurait demandé de le laisser entrer, ceux-ci n’ont
pas obéi. Fâché, Parant aurait tiré Bouchet dans la cour et
51
Ştiinţe socio-umane
Malgré cela, jusqu’au début du mois de
septembre, lorsque la déclaration formelle de
guerre est intervenue, la situation de Parant n’a
pas été si désespérée comme il aimait la
présenter. Le 28 août 1798, Parant écrivait à
Talleyrand qu’un général de brigade russe et un
colonel de la même nationalité étaient arrivés à
Iaşi. Il semble que le premier avait la mission
d’entreprendre des observations à caractère
militaire, mais aussi concernant l’état d’esprit de
la capitale de la Moldavie et du reste de la
principauté. Le second était en passage dans son
chemin vers Constantinople ; le colonel respectif
était le porteur des documents qui contenaient le
projet du traité d’alliance défensive russoottomane proposé par la Russie. Il semble que
Parant aurait appris à l’intermédiaire des liaisons
qu’il avait à la cour princière que la Porte
attendait l’arrivée de cet officier-là pour déclarer
officiellement la guerre à la France55.
Le prince régnant a disposé de faire sortir les
armoiries et l’étendard français de la cour du
vice-consulat. Les 14 échoppes tenues par les
Français à Iaşi ont été closes et sigillées,
pendant que les marchands ont été arrêtés56. Le
patriarche de Constantinople a envoyé une
circulaire au métropolite avec l’ordre de l’afficher
dans toutes les églises ; on demandait aux
fidèles d’éviter les séductions des Français. De
plus, on a interdit d’engager des professeurs
français dans les maisons des boyards pour
empêcher de cette manière le répandissement
des idées de la Révolution57.
En ces conditions, Parant ne pouvait plus
accomplir sa mission de cueillir des informations
sur les événements qui avaient lieu en Russie58.
Le 8 septembre, à Iaşi, est arrivé un dignitaire
s’est querellé avec les soldats. Wegierski mentionnait, aussi,
que Parant a dressé une plainte adressée au prince sur cet
incident. Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p.
236, 553, 556-557; Ibidem, nouvelle série, vol. IV, p.
198Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1322;
Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 121.
55
L’alliance entre la Russie et la Porte Ottomane a été signée
le 23 décembre 1798. Approximativement deux semaines
après, la 5 janvier 1799, on signait une alliance similaire,
cette fois-ci entre l’Empire Ottoman et la Grande Bretagne.
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 544;
Ibidem, nouvelle série, vol. IV, p. 193 ; Henri Dehérain, op.
cit., p. 27; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 121-123.
56
Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 119, 169.
57
Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 199200; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 169.
58
On doit mentionner en ce sens les mesures extraordinaires
de sécurité prises par le consul général russe, I.I. Severin.
Grâce à celles-ci, on a presque exclu la possibilité
d’intercepter des informations concernant la politique
extérieure du nouveau tsar de la Russie, Pavel I, qui avait
succédé au trône à la tsarine Ecaterina II, à la suite du décès
de celle-ci le 16 décembre 1796. Hurmuzaki, Documente...,
Supliment I, vol. III, p. 543; Veniamin Ciobanu, La graniţa...,
p. 118-119, 122.
93
ottoman avec l’ordre de porter à la Porte Parant
et tous ceux qui se trouvaient au service de
l’agence consulaire59. Justement le jour où le
prince régnant lui communiquait la réponse à sa
note de 13 septembre, Parant a été porté à
Constantinople60. Il était le 17 octobre 1798.
Ledoulx et sa famille communiaient la même
destinée quatre jours plus tard. Comme il avait
beaucoup de dettes, ses biens ont été retenus à
Iaşi61. Il a été emprisonné à Edikule, où se
trouvait Ruffin, aussi, et où sera porté très tôt
Flury. Flury sera porté ensuite à Sinope, et
Parant à Amassia62. De cette manière, les
consulats français des Principautés ont été
liquidés63. Dans une première étape, l’activité
« officielle » des consulats n’a pas été de
durée64. En 1803, la France recommencera son
59
Wegierski consignait qu’à la descente de la résidence
consulaire française de Iaşi, on a trouvé 100 fusils et presque
autant de sabres. Documente..., nouvelle série, vol. IV, p.
196; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 119-120.
60
Le premier informateur du consul russe consignait le 9
septembre 1798 l’arrivée d’un officier turc avec l’ordre
d’escorter Parant et son secrétaire à Constantinople.
Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 193,
205, 207; Flury et Parant ont confié la protection des sudits
français au personnel consulaire autrichien et ont lancé,
chacun, une circulaire patriotique écrite dans un style
déclamateur et émouvant. Si Flury avait quitté les
Principautés avec résignation et dignité, Parant l’a fait à
peine après quelques crises et gestes théâtrales déplacés.
Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 549;
Principele Dimitrie I. Ghika, op. cit., p. 39; Pompiliu Eliade,
op. cit., p. 190-191.
61
Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 194;
Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 120.
62
Les biens français ont été confisqués, les représentants
diplomatiques ont été arrêtés, on a coupé la tête au prince
régnant Constantin Hangerli à cause de la correspondance
qu’il avait entretenue avec Descorches. De plus, en juin
1799, Talleyrand qualifiait l’Empire Ottoman comme le plus
âpre ennemi de la France. Hurmuzaki, Documente...,
Supliment I, vol. III, p. 559-560, 562, 567; Ibidem,
Supliment I, vol. II, p. 196; Doina Calistru, op. cit., p. 49;
Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1326-1327;
Pompiliu Eliade, op. cit., p. 191; Leonid Boicu, op. cit., p.
126; Neagu Djuvara, op. cit., p. 186.
63
Malgré cela, l’intérêt pour l’évolution du conflit ottoman –
français n’a pas disparu. En novembre 1798, à Iaşi parvenait
la nouvelle conformément à laquelle Napoléon aurait tombé
dans une lutte contre les beys et les Mamelouks égyptiens et
que l’armée française aurait été détruite entièrement. On
parlait qu’on attendait à Constantinople les têtes coupées de
Napoléon et de ses principaux officiers. Le bruit, qui avait
causé une vive agitation à Iaşi, où existaient de nombreux
sympathisants de la France, a été démenti par le pacha de
Bender lui-même, qui avait informé le prince régnant
moldave que Napoléon s’était retiré vers Suez. Veniamin
Ciobanu, op. cit., p. 123-124; Pompiliu Eliade, op. cit., p.
191; Neagu Djuvara, op. cit., p. 186; Principele Dimitrie I.
Ghika, op. cit., p. 38.
64
Pompiliu Eliade considérait que de cette manière finissait le
second acte de l’influence des nouvelles idées dans les
Principautés Roumaines. Jusqu’à la réouverture des consulats
en ces parages-ci, la France a bénéficié des services d’un
certain « marquis » de Poullio, Grec de Macédoine,
admirateur enthousiaste de la Révolution française. A
94
DOCT-US, an III, nr. 1, 2011
activité consulaire interrompue à la suite de la
campagne en Egypte65.
1798-1859 », dans le volume Franţa. Model cultural şi
politic, Junimea, Iaşi, 2003.
Jewsbury, George F., Anexarea Basarabiei la Rusia:
1774-1828.
Bibliographie
Boicu, Leonid, Principatele Române în raporturile
politice internaţionale, secolul al XVIII-lea, Iaşi, 1996.
Calistru, Doina, « Influenţa franceză în spaţiul
românesc. Modalităţi de receptare, forme de
expresie », dans le volume Franţa. Model cultural şi
politic, édité par Alexandru Zub et Dumitru Ivănescu,
Editura Junimea, Iaşi, 2003.
Călători străini despre Ţările Române, Editura
Academiei Române, (volume soigné par Maria Holban,
Maria M. Alexandrescu – Dersca Bulgaru, Paul
Cernovodeanu), Bucureşti, 2001, vol. X, la II-ème
partie.
Cernovodeanu, Paul, « Interese economice engleze
la Dunărea de Jos şi în Marea Neagră între 18031829 », en Revista de Istorie, tome 28, no. 11, 1975
Ciobanu, Veniamin, La graniţa a trei imperii, Iaşi,
Editura Junimea, 1985.
Dehérain, Henri, « La rupture du gouvernement
ottoman avec la France, en l’an VI (1798) », en Revue
d’histoire diplomatique, no. 1, 1925.
Djuvara, Neagu, Între Orient şi Occident. Ţările
Române la începutul epocii moderne, Editura
Humanitas, Bucureşti, 1995.
Documente privind istoria României. Colecţia Eudoxiu
de Hurmuzaki (serie nouă), vol. I, Rapoarte consulare
ruse (1770-1796) din „Arhiva politică externă a
Rusiei”, Moscova sub îngrijirea acad. A. Oţetea,
Editura Academiei, 1962.
Eliade, Pompiliu, Influenţa franceză asupra spiritului
public în România. Originile. Studiu asupra stării
societăţii româneşti în vremea domniilor fanariote,
Bucureşti, Editura Univers, 1982.
Ghika, Principele Dimitrie I., Franţa şi Principatele
Dunărene (1789-1815), Institutul European, Iaşi,
2008.
Hurmuzaki, Eudoxiu, Documente privitoare la
istoria românilor, Supliment I, Volumul III. 1709-1812.
Documente culese din Arhivele Ministeriului Afacerilor
Străine din Paris de A. I. Odobescu, Stabl. Grafic I. V.
Socecu, 1889.
Idem, Documente privitoare la istoria românilor,
Supliment I, Volumul II, 1781-1814, Documente
culese din Arhivele Ministeriului Afacerilor Străine din
Paris de A. I. Odobescu, Bucureşti, 1885.
« Statutul
Iordăchescu,
Lăcrămioara,
reprezentanţelor diplomatice franceze în Principate,
l’échange de trois cents francs par mois, il s’était engagé
d’entretenir de l’Allemagne des liaisons avec la Grèce, le
Levant et avec les Principautés Danubiennes. Pompiliu Eliade,
op. cit., p. 191.
65
Toujours en 1803, l’Angleterre fondera des consulats dans
les Principautés. Lăcrămioara Iordăchescu, op. cit., p. 202;
Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 124-125; Leonid Boicu, op. cit.,
p. 32; Paul Simionescu, Radu Valentin, « Documents inédits
concernant la création du consulat britannique à Bucarest
(1803) », en Revue Roumaine d’Histoire, VIII, no. 2, 1969, p.
241; Neagu Djuvara, Între Orient şi Occident..., p. 186.
Studiu
asupra expansiunii
imperiale,
Polirom, 2003.
Lebel, Germaine, La France et les Principautés
Danubiennes (Du XVI-e siècle à la chute de Napoleon
I-er), Paris, 1955.
Platon, Alexandru-Florin, « Imaginea Franţei în
Principatele Române: modalităţi de receptare (sec.
XVIII-XIX) », en Anuarul Institutului de Istorie şi
Arheologie «A.D. Xenopol», XVIII, 1981.
Ploscaru, Cristian, « Politica Franţei în Principatele
Române la începutul secolului al XIX –lea din
perspectiva elitei locale », en Ionuţ Nistor, Paul Nistor
(coordonnateurs), Relaţii internaţionale. Lumea
diplomaţiei. Lumea conflictului, Editura PIM, Iaşi, 2009
Simionescu, Paul, Valentin, Radu, « Documents inédits
concernant la création du consulat britannique à
Bucarest (1803) », en Revue Roumaine d’Histoire,
VIII, no. 2, 1969.
Xenopol, A.D., Războaiele dintre ruşi şi turci şi
înrâurirea lor asupra Ţărilor Române, (édition soignée
et notes par Elisabeta Simion), Editura Albatros,
Bucureşti, 1997.
Violeta-Anca Epure
Doctorante à l’Université Ştefan
cel Mare, Suceava, Domaine de
doctorat : Histoire, Titre de la
thèse de doctorat : Societatea
românească prepaşoptistă în
viziunea străinilor: consuli şi
călători francezi / La société
roumaine d’avant 1848 dans la
vision des étrangers: consuls et
Coordovoyagers
français;
nnateur scientifique - prof. univ.
dr Dumitru Vitcu.