Quelques considérations sur l`activité du vice-consul - DOCT-US
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Quelques considérations sur l`activité du vice-consul - DOCT-US
Ştiinţe socio-umane 87 Quelques considérations sur l’activité du vice-consul français de Iaşi, Joseph Parant (1796-1798) Violeta-Anca Epure Université Ştefan cel Mare Suceava, Roumanie [email protected] Abstract: The present study presents the activity of the French vice-consul from Iaşi, Joseph Parant between 1796-1798, from his nomination and until the beginning of the campaign of Napoleon in Egypt. Keywords: Joseph Parant, vice-consul, France, Romanian Principalities, image, diplomatic reports, vision, conflicts. Comme le 7 février 1796, le consul français de Bucureşti, Emile Gaudin a été appelé à Constantinople, où il a remis tous les documents au secrétaire de l’agence française, Montal, Carra Saint-Cyr a remplacé provisoirement celui-ci. Carra Saint-Cyr est resté à Bucureşti pendant deux mois, en qualité de chargé d’affaires auprès du prince régnant de la Valachie. Le consul russe de Bucureşti consignait le remplacement de Carra Saint-Cyr dans l’appareil consulaire français des Principautés Roumaines dans une note informative de 22 juin 1797. En ces conditions-ci, Joseph Parant1 s’est autoproposé dans la fonction qu’on vient de mentionner. Dans la lettre adressée au ministre des Affaires Etrangères de la France, Charles Delacroix, il mentionnait, aussi, la necessité de la création d’un viceconsulat à Iaşi. Il y soulignait, aussi, les défauts de son adversaire, Constantin Stamati, qui le faisaient, à son avis, inapte à accomplir une mission de ce genre2. Comme Stamati soupçonnait que l’ambassadeur français de la capitale ottomane, de Vernignac, préférait Parant, il attirait, à son tour, l’attention du Ministère des Affaires Etrangères de Paris sur la faute qu’on pouvait commettre dans le cas de la nomination de Parant. Son principal argument consistait dans l’âge trop jeune et le manque d’expérience et des connaissances réclamées par un poste semblable3. Tout en apprenant de sa nomination dans la fonction de vice-consul, Parant a transmis à Charles Delacroix ses remerciements, accompagnés d’un véritable « programme d’activité », qu’il promettait respecter fidèlement4. Le 10 août 1796, Parant demandait au nouvel ambassadeur français de la capitale ottomane, Jean Baptiste Anibal Aubert Dubayet les fonds nécessaires pour s’installer à Iaşi. Comme il n’y avait là aucun établissement économique ou autre, auquel il puisse s’adresser au besoin, il insistait que là où on n’a pas d’amis, il est absolument nécessaire d’avoir, au moins, d’argent5. L’ambassadeur n’a pas pu lui mettre à sa disposition qu’une partie de la somme sollicitée. De plus, il ne pouvait pas l’investir officiellement avec la qualité de vice-consul parce la Porte ottomane n’avait pas donné son consentement pour la création d’un consulat, respectivement vice-consulat à Bucureşti et Iaşi. On lui a attribué le titre d’agent de l’Ambassade 1 din Arhivele Ministeriului Afacerilor Străine din Paris de A. I. Odobescu, Bucureşti, 1885, p. 116-117; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 110; Principele Dimitrie I. Ghika, Franţa şi Principatele Dunărene (1789-1815), Institutul European, Iaşi, Călători străini despre Ţările Române, Editura Academiei Române, Bucureşti, 2001, vol. X, la II-ème partie (volume soigné par Maria Holban, Maria M. Alexandrescu – Dersca Bulgaru, Paul Cernovodeanu), p. 1295-1301. 2 Eudoxiu de Hurmuzaki, Documente privitoare la istoria românilor, Supliment I, vol. III. 1709-1812. Documente culese din Arhivele Ministeriului Afacerilor Străine din Paris de A. I. Odobescu, Stabl. Grafic I. V. Socecu, 1889, p. 413, 429430; Veniamin Ciobanu, La graniţa a trei imperii, Iaşi, Editura Junimea, 1985, p. 110; Neagu Djuvara, Între Orient şi Occident. Ţările Române la începutul epocii moderne, Editura Humanitas, Bucureşti, 1995, p. 34. 3 Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 442-443, 444-446, 458-460; Idem, Documente privitoare la istoria românilor, Supliment I, vol. II, 1781-1814, Documente culese 2008, p. 21. Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 468; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 111. 5 Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, , p. 471; Pompiliu Eliade, Influenţa franceză asupra spiritului public în 4 România. Originile. Studiu asupra stării societăţii româneşti în vremea domniilor fanariote, Bucureşti, Editura Univers, 1982, p. 184. 88 DOCT-US, an III, nr. 1, 2011 de la République Française auprès du prince régnant de la Moldavie6. Arrivée à sa destination l’hiver de l’année 1797, Parant a dépensé tous les fonds dont il disposait pour s’installer plus convenablement que possible jusqu’à sa reconnaissance officielle7. Flury, qui considérait son subalterne de la capitale moldave un homme intéressant par ses vertus, ainsi que par ses connaissances extraordinaires, a essayé l’aider. Malheureusement, l’intervention de celui-ci auprès Alexandru Callimachi, qui visait l’obtention de la partie de celui-ci de l’appui matériel et financier pour Parant a été un échec. De plus, Parant, à cause de sa nature irrascible, était déjà entré en conflit avec la protipendade de la ville8. Le 8 mars 1798, on a obtenu de la Porte Ottomane les firmans de nomination pour Flury, le consul de Bucureşti et pour Parant9, le consul de Iaşi. Maurice Dubois, respectivement Jacques 6 Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 472; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 111. 7 Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 470, 488489; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1301-1302; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 112; Pompiliu Eliade, op. cit., p. 184, 186; Neagu Djuvara, op. cit., p. 35; Principele Dimitrie I. Ghika, op. cit., p. 23. 8 Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 175; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1298; Hurmuzaki, Documente privind istoria României, nouvelle série, vol. IV, Rapoarte diplomatice ruse (1797-1806), sub îngrijirea acad. Andrei Oţetea, Bucureşti, Editura Ştiinţifică, 1974, p. 114; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 114-115, 160. 9 Des informations sur son activité à Iaşi apparaissent dans les notes des informateurs du consul russe de la capitale moldave, Ivan Severin. Ceux-ci étaient convaincus que Parant avait joué un rôle essentiel dans l’arrivée des réfugiés polonais à Iaşi. Le premier informateur du consul russe mentionnait le 23 février 1798, que Parant avait à ses alentours d’un amas de canailles, qui se promenaient ivres, sur les rues de Iaşi. Il semble qu’il s’agissait de Grecs et d’Italiens protégés par le consul français de Iaşi. Une nuit, ils ont arrêté la voiture de la femme du hatman Constantin Ghica. Ils ont demandé à celle-ci la voiture, motivant qu’un tel milieu de transport était plus approprié pour eux que pour une Moldave. La femme de Ghica a échappé difficilement de ceux-ci et a du se plaindre au prince régnant. Le premier espion du consul russe consignait en mars 1798 qu’on à vu pour la première fois à Iaşi, des hommes portant des cocardes tricolores. De plus, les informateurs russes écrivaient que Parant était désintéressé de ses propres rapports, qu’il devait envoyer à Paris. Les Russes le regardaient comme un espion des Français ; les informateurs de Severin le considéraient une figure caricaturale d’agent de la propagande française. Quoiqu’au début, il ait été bien reçu par les boyards, son enthousiasme, son manque d’humour, le romantisme qui le caractérisait l’ont mis en conditions d’infériorité par rapport à ceux-ci qui lui suivaient tout mouvement. Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 129; Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 127, 133, 146, 178; Leonid Boicu, Principatele Române în raporturile politice internaţionale, secolul al XVIII-lea, Iaşi, 1996, p. 106; Neagu Djuvara, op. cit., p. 185; Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 171. Ledoulx étaient les secrétaires des deux consuls10. Le mois de février 1798, on a signalé dans le bâtiment du vice-consulat de Iaşi quatre cas de peste : deux morts et deux malades11. Flury écrivait au prince régnant de la Moldavie, le priant d’aider Parant, même lui emprunter de l’argent. Parant et le personnel du consulat ont été portés en carantine au monastère Socola. Le serdar, un boyard nommé Carp, qui aurait eu quelques ressentiments contre Parrant, conformément à la correspondance du dernier avec Talleyrand, a commis contre lui un nombre impressionnant d’abus12. Parant prétendait que la persécution du serdar était déterminée par sa haine contre la République française. Mais le prince régnant n’a pas apprécié l’attitude du dignitaire à l’adresse du vice-consul français, parce que cela pouvait lui provoquer des problèmes à Constantinople, où la diplomatie française jouissait d’une grande influence. Par conséquent, il a pris en considération la plainte du vice-consul écrite sur 10 pages contre le serdar ; ensuite, le prince régnant a demandé la démission du dignitaire et lui a ordonné de demander à Parant des excuses publiquement. De plus, Parant, qui avait été reconnu par la Porte, bénéficiait d’immunité diplomatique13. 10 Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 154155, 171-172; Alexandru-Florin Platon, « Imaginea Franţei în Principatele Române: modalităţi de receptare (sec. XVIIIXIX) », en Anuarul Institutului de Istorie şi Arheologie «A.D. Xenopol», XVIII, 1981, p. 207; Doina Calistru, « Influenţa franceză în spaţiul românesc. Modalităţi de receptare, forme de expresie », dans le volume Franţa. Model cultural şi politic, édité par Alexandru Zub et Dumitru Ivănescu, Editura Junimea, Iaşi, 2003, p. 44; Cristian Ploscaru, « Politica Franţei în Principatele Române la începutul secolului al XIX – lea din perspectiva elitei locale », en Ionuţ Nistor, Paul Nistor (coordonnateurs), Relaţii internaţionale. Lumea diplomaţiei. Lumea conflictului, Editura PIM, Iaşi, 2009, p. 29; Lăcrămioara Iordăchescu, « Statutul reprezentanţelor diplomatice franceze în Principate, 1798-1859 », dans le volume Franţa. Model cultural şi politic, Junimea, Iaşi, 2003, p. 201; Pompiliu Eliade, op. cit., p. 183-184. 11 L’éclatement et la prolifération de l’épidémie de peste à Iaşi, ainsi que l’activité déployée par Parant et Ledoulx en faveur de la République française était consignée dans une note du premier informateur du consulat russe de 1 novembre 1797. Hurmuzaki; Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 99; le premier informateur du consul russe mentionnait l’état d’isolement dans lequel se trouvaient Parant et Ledoulx sous le prétexte des cas de peste qui sont apparus dans leur maison. Ibidem, p. 124; Principele Dimitrie I. Ghika, op. cit., p. 36. 12 Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 118119, 121-122, 123-125; Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 496; Germaine Lebel, La France et les Principautés Danubiennes (Du XVI-e siècle à la chute de Napoleon I-er), Paris, 1955, p. 225. 13 Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 490496; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 112-113; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1298, 1303-1304; Ştiinţe socio-umane Parant a été envoyé à Socola, ensemble à tout le personnel du vice-consulat, pour limiter de cette manière la prolifération de l’épidémie. Revenu dans la ville, à la fin du mois de février 179814, pendant une audience au prince régnant Alexandru Callimachi, il lui aurait reproché au premier, sur un ton contraire aux usances diplomatiques, qu’il l’aurait obligé de quitter la ville. Le comportement du vice-consul français avait offensé le prince régnant. Celui-ci a convoqué quelques boyards du Divan, auxquels il demanda de dresser une complainte adressée à la Porte, dans laquelle ils devaient mentionner les extravagances de celui-ci15. Il semble qu’n realité, l’isollation de Parant n’avait pas été si sévère. De Socola, celui-ci revenait à cheval à Iaşi à rencontrer Ledoulx, vers le mécontentement des habitants16. Dans une note informative datée 5-12 mars 1798, l’informateur du consul russe écrivait sur l’intervention de Parant auprès du prince régnant pour défendre quelques sudits français. Il demandait au prince régnant d’accorder la citoyenneté française pour quelques grecs originaires de la République Vénitienne. Les autorités moldaves l’ont refusé17. De plus, quelques uns des Français qui siégeaient dans la ville, étaient mécontents de l’attitude de Parant. C’était le cas de Bouchet, professeur de langues étrangères engagé dans les maisons de quelques boyards de Iaşi18, auquel il lui a interdit de lui visiter sur motif que celui-ci l’avait abandonné dans les moments critiques qu’il venait de traverser. Wegierski, l’espion du consul russe Severin de la capitale moldave, relatait qu’il avait des preuves solides conformément auxquels le véritable motif de la disgrâce de Bouchet était l’intention de Parant de ne plus lui restituer une somme d’argent qu’il lui devait depuis longtemps19. Germaine Lebel, op. cit., p. 225; Pompiliu Eliade, op. cit., p. 186. 14 Le premier informateur du consul russe consignait la revenue de Parant dans la ville le 17 février 1798; Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 132-133. 15 Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 112-113. 16 Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1298; Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 145. 17 Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 144, 150. 18 Il semble que celui-ci était le plus apprécié des Français qui vivaient à Iaşi. Il enseignait le français dans la maison du boyard Gheorghe Rosetti-Roznovanu. Dans une note de l’espion du consul russe de 7-10 mai 1798, on mentionnait un autre professeur de français, qui enseignait dans la maison de Constantin Balş, Monsieur Roubalet. Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1299; Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 169. 19 Le même espion russe mentionnait dans ses rapports qu’il avait appris que Parant avait des dettes à un marchand de Iaşi, Hagi Vasile. Documente privind istoria României. 89 En mars 1798, Parant s’est présenté à la Cour princière pour recevoir le firman d’investissement20 accompagné de quelques personnes. C’était l’occasion de reprocher de nouveau à Alexandru Callimachi les injustices qu’il avait souffertes pendant la carantine imposée par l’apparition des cas de peste, qu’il considérait comme un prétexte et pas une réalité. En avril 1798, comme il voulait démontrer au prince régnant qu’il n’était pas capable lui assurer la sécurité, a mis en scène une attaque contre sa propre personne justement dans le bâtiment du vice-consulat. L’informateur du consul russe, Wegierski, qui suivait tous ses mouvements de Parant de la maison du grand logothète Gheorghe Cantacuzino Paşcanu, écrivait que, tout en attendant du bruit pendant la nuit respective, Parant aurait donné l’alarme, mais les brigands ont réussi s’enfuir sans voler rien. Il voyait en ce fait une preuve que le vol n’a pas été leur but. Il était convaincu qu’il venait d’échapper d’un assassinat21. Le prince régnant s’est disculpé à la Porte et a démontré que Parant n’aurait pas pu prouver la consommation d’un événement semblable, son but étant celui de le compromettre. Parant a essayé à prouver le contraire, montrant qu’il avait même découvert le coupable, un certain Joseph, un de ses serviteurs, qu’il avait arrêté22. Comme Joseph ne reconnaissait rien malgré les coups qu’on lui avait appliqué, Parant l’avait obligé à aller à l’église catholique et à jurer qu’il Colecţia Eudoxiu de Hurmuzaki (nouvelle série), vol. I, Rapoarte consulare ruse (1770-1796) din „Arhiva politică externă a Rusiei”, Moscova sub îngrijirea acad. A. Oţetea, Editura Academiei, 1962, p. 132, 133-134, 143, 145, 611612; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 113-114; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1299; Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 143, 145-146, 180. 20 Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 132, 133-134, 143, 145; Ibidem, Supliment I, vol. III, p. 171. 21 L’informateur rappelait dans une note de mai 1798 un événement plus ancien : Parant se plaignait qu’il avait trouvé dans sa cour un porc décoré avec une cocarde tricolore. A cause de cet incident, le prince régnant a été exhorté à la Porte. L’incident était interprété comme un geste d’hostilité envers les représentants de la France, la puissance amie de l’Empire Ottoman. L’espion russe était convaincu que les deux événements étaient une mise en scène de Parant. Il avait essayé une réconciliation avec les boyards, les invitant à un dîner au début du mois de mai 1798. Comme on lui avait suggéré qu’il serait refusé par tous ses invités, il a du renoncer à ce projet. Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1299; Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 150, 157, 169-170; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 117, 167. 22 Joseph était un polonais qui occupait dans la maison de Parant la fonction de cuisinier. L’espion du consul russe consignait le 13-14 avril 1798 que Parant accusait Joseph d’avoir comploté avec les larrons pour le tuer. Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 160; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 117. 90 DOCT-US, an III, nr. 1, 2011 n’était pas coupable. Le geste du vice-consul a causé la curiosité des habitants de Iaşi, parce qu’il était en contradiction avec l’athéisme qu’il affichait ostentatoirement23. L’antipathie du prince régnant a été accrue par la découverte d’une lettre de Parant adressée à Talleyrand, où il décrivait sa propre personne, ainsi que ses boyards de manière sombre. Il y soutenait que ceux-ci étaient de la partie des Russes et haïssaient les Français24. De plus, les litiges continuèrent et apparurent deux autres cas plus compliqués encore. Le premier était en liaison avec un escroc qui prétendait être un Cantacuzino de l’Ile Corfou, qui ensemble à plusieurs garçons de magasins, a dupé plusieurs commerçants de Iaşi. Ils ont pris des marchandises qu’ils n’ont pas payées. Comme le prince régnant a voulu l’arrêter, Parant l’avait reçu au consulat en qualité de sudit, qui se trouvait sous la protection française. Finalement, Parant l’avait envoyé à Constantinople pour être jugé là25. Le second cas a été lié du jeune prétendu Balş, enfermé à Constantinople et apporté en Moldavie avec l’appui d’un charpentier français. L’arrivée de celui-ci en Moldavie s’est faite sur le dépens de Parant. Mais comme il voulait lui payer la dette, le jeune respectif a disparu. Grâce à l’intervention du vice-consul français, l’imposteur a été identifié et son père a du lui acquitter les dépenses du chemin pour ne pas être porté en prison26. Le début du mois de mai 1798, Parant a reçu un décret du Directorat en vue de collecter de fonds qui auraient du financer la campagne contre l’Angleterre. Le vice-consul a demandé aux sudits français de Iaşi à donner de l’argent. De plus, pour donner un exemple, lui-même a donné son salaire sur trois mois. Sa demande n’a pas joui de beaucoup de succès. Rubalet, professeur de langues étrangères, engagé dans la maison du grand vornic Constantin Balş, a refusé. Il soulignait que la paix avec l’Autriche n’avait pas été conclue et par conséquent, il ne pouvait pas être soumis aux obligations d’un citoyen français27. A Iaşi, commencèrent à circuler de divers bruits en liaison avec la 23 Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 115-116; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1299; Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 150-151, 156, 160. 24 L’information a été obtenue par un espion du grand logothète Gheorghe Cantacuzino Paşcanu. Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1298. 25 Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1299-1300; Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 156. 26 Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1300; Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 156-157. 27 Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 179180; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 168. destination de la flotte française ancrée à Toulon, parmi lesquels celui-ci qu’elle serait envoyée dans la Mer Noire. Au début de juin 1798, conformément à l’espion du consul russe, Parant aurait répandu des bruits concernant l’arrivée d’une armée française en Moldavie. Les boyards craignaient qu’on leur réquisitionnera les chevaux. Sous le prétexte du manque des fourrages, ceux-ci ont commencé à vendre leurs haras. Vers la moitié de ce mois-là, il préparait sa maison pour des invités, étant convaincu que Napoléon Bonaparte arrivera tôt aux alentours de la Moldavie28. Parant a étudié la société moldave de cette époque-là en Notes sur l’administration et la population de la Moldavie. Il surprenait la situation du prince régnant : esclave et despote en même temps, ainsi que l’état d’esprit de la Principauté ; en Moldavie il n’y avait pas d’esprit public, aucune notion sur le gouvernement, aucun sentiment de la liberté29. Ceux-ci qui devaient diriger ce pays ne faisaient rien d’autre que le piller ; les princes régnants phanariotes se trouvaient dans une véritable course contre chronomètre pour payer les dettes et ramasser des fortunes pour eux, mais aussi pour leurs amis30. Parant remarquait l’avance que la Russie avait obtenu dans les Principautés en défaveur de la France, avance conféré par la religion orthodoxe, aussi. De plus, les Russes avaient l’avantage de la terreur. Les boyards savaient très bien que, dans l’éventualité de l’éclatement d’une guerre, leur pays deviendra le théâtre des luttes, et leurs fortunes et leurs personnes – à la discrétion des voisins Russes31. Parant considérait les boyards moldaves plus riches que ceux valaques. A l’encontre de ceux-ci, préoccupés surtout par l’obtention des dignités à la Cour, les Moldaves étaient préoccupés de leurs domaines. D’ailleurs, consignait le vice-consul français, l’exploitation des terres leur apportait de grands revenus32. 28 Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 168. 29 Hurmuzaki, Documente… , Supliment I, vol. II, p. 182183; Ibidem, Supliment I, vol. III, p. 518, 519; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1305; Pompiliu Eliade, op. cit., p. 185; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 62, 127-128; Leonid Boicu, op. cit., p. 130 30 Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 178, 181; Ibidem, Supliment I, vol. III, p. 515, 518; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1308-1309; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 45, 128; Neagu Djuvara, op. cit., p. 35. 31 Călători străini..., vol. X, la II-éme partie, p. 1311; Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol.l II, p. 183; Ibidem, Supliment I, vol.l III, p. 519, 520; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 160; Principele Dimitrie I. Ghika, op. cit., p. 31. 32 Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 515; Ibidem, Supliment I, vol. II, p. 188; Neagu Djuvara, op. cit., p. 114. Ştiinţe socio-umane Le vice-consul français énumérait les principales villes de la Moldavie : Iaşi, la capitale du pays, la résidence du prince régnant, Galaţi, Bender [Tighina], Hotin, Roman, Piatra, Dorohoi, Soroca, Botoşani, Orhei, Lăpuşna, Vaslui, Bârlad, Fălciu. Les ruelles de la capitale moldave étaient couvertes avec des poutres, tout comme à Bucureşti. Galaţi était le port le plus important de la Moldavie, de cet endroit là partaient les marchandises vers les pays voisins33. A l’intermédiaire de la navigation sur la Mer Noire, Parant entrevoyait la possibilité de la prospérité du commerce français dans cette zone-là. Parant considérait que dans les Principautés seraient recherchés les draps de Lyon, les étoffes de Lyon34, les ornements dorés, les articles de galanterie, les étoffes françaises et le tabac35. En échange, les Français auraient pu acheter des Principautés de la cire, des peaux, de la viande salée et fumée36, du lin, du chanvre, du bois pour la construction des navires37. Parant tirait la conclusion que les marchandises françaises qu’on vient de mentionner apporteront de grands gains aux marchands38. Il mentionnait, aussi, les commerçants François-Thomas, Jean-Baptiste, Joseph-Marie et Pierre-François Linchou, qui sont venus ensemble à leur père, Maurice Linchou en Moldavie vers 1760. Mais comme Maurice Linchou a été accusé d’un complot contre le grand vizir et on lui a coupé la tête, les plans de la France en ces contrées à cette époque-là, ont échoué39. Le vice-consul français remarquait, pourtant, un impédiment sur la voie du développement du commerce français dans la région : la Mer Noire n’était pas encore ouverte aux navires français. On devait faire premièrement des spéculations préliminaires, quelques essais qui devaient éclairer les marchands français intéressés sur les avantages 33 Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 179; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1305. 34 Ce genre de marchandises aurait apporté de grands profits au commerce français, surtout si on pourrait les apporter directement de Marseille à Galaţi. Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 517, 524; Ibidem, Supliment I, vol. II, p. 184, 187; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1317. 35 Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1313, 1316, 1317; Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 522, 524-525; Ibidem, Supliment I, vol. II, p. 185, 187-188. 36 „Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1314-1315; Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 186. 37 Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1316; Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 187, 523524; Neagu Djuvara, op. cit., p. 79-80. 38 Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 187; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1318. 39 Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1315; Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 522-523; Ibidem., Supliment I, vol. II, p. 185. 91 que le commerce dans cette région pourrait offrir40. Parant mentionnait, aussi, la fertilité du sol de la Principauté de la Moldavie. Il considérait que les Moldaves ne réussiront jamais le mettre en valeur ; il remarquait, aussi, la beauté de ces contrées-là41. Il a manifesté de la compassion pour le peuple pauvre et soumis aux pillages de leurs chefs42. Un autre paragraphe de son mémoire était dédié à la justice de la Principauté : les procès finissaient rarement, certains litiges ont été jugés même pendant quinze princes régnants différents; comme dix pourcents de l’argent gagné revenaient au tribunal, il arrivait assez souvent que les fortunes en litige se perdent totalement, avalées par les procès43. Les agents étrangers y bénéficiaient d’une situation tout à fait privilégiée : ils pouvaient se présenter à la Cour chaque jour à n’importe quelle heure, sans être ajournés, a l’encontre de la Valachie, où ils devaient s’annoncer un jour auparavant44. Quoique l’influence de la Russie fût prépondérante à Iaşi parmi les boyards de tous rangs, il y avait, pourtant une catégorie de boyards qui savaient « juger » et pour lesquels la Révolution Française présentait d’attraction45. *** En mai 1798, la campagne de Napoléon en Egypte commençait. C’était un événement avec de graves implications sur les rapports ottoman français et par conséquent, avec des répercussions directes sur la position française dans les deux Principautés. Quoique l’ambassadeur français à la Porte prétexte une simple intervention contre les Mamelouks, les Turcs ne se sont pas laissés trompés par les explications de celui-ci. Comme conséquence des puissantes pressions diplomatiques exercées par l’Angleterre et la Russie, qui menaçait même avec l’occupation de la Moldavie et de la Valachie, ainsi que de la puissante hostilité manifestée par la population de la capitale de l’Empire Ottoman à l’adresse de la France, le 40 Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1318; Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 180; Neagu Djuvara, op. cit., p. 82. 41 Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1306-1307; Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 182. 42 Ibidem, p. 1312; Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 180; Leonid Boicu, op. cit., p. 65; Neagu Djuvara, op. cit., p. 35, 254. 43 Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 182; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1309-1310. 44 Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 182; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1310. 45 Ibidem, p. 1311; Pompiliu Eliade, op. cit., p. 186; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 46; Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 183. 92 DOCT-US, an III, nr. 1, 2011 sultan a déclaré le 1-er septembre 1798 la guerre à la République Française ; le lendemain, le chargé avec des affaires français de Constantinople, Pierre Ruffin, a été arrêté et emprisonné à Yedikule46. Une destinée similaire attendait les autres représentants français du territoire de l’Empire, aussi. Même avant que la déclaration de guerre devienne un fait accompli47, Alexandru Callimachi avait informé Parant le 9 août que, conformément aux ordres de la Porte, ses attributions étaient suspendues jusqu’à de nouvelles dispositions. Donc, il devait renoncer à toute activité publique, ne pas quitter son habitation et ne pouvait pas recevoir des visites n’importe leur nature48. Le prince régnant l’avait assuré qu’il n’était pas prisonnier ; il s’agissait plutôt d’une série de mesures dictées par la prudence et par le désir de lui assurer la sécurité dans le cas de l’éclatement de la guerre entre la France et l’Empire Ottoman49. De plus, la Porte Ottomane avait attiré au prince régnant l’attention qu’il devait traiter le vice-consul français avec toute la considération due. Pour éviter quelque surprise de la partie de Parant, le prince régnant a ordonné à surveiller sa maison, ainsi que ses sorties dans la ville. Il avait sollicité à Severin lui livrer la correspondance qui venait de Flury pour Parant par la poste russe. Le consul russe ne l’avait pas écouté et l’a envoyé à 46 Henri Dehérain, « La rupture du gouvernement ottoman avec la France, en l’an VI (1798) », en Revue d’histoire diplomatique, no. 1, 1925, p. 9, 26-27, 33, 35, 40; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 120-121; Călători străini..., vol. X, la IIème partie, p. 1300; Pompiliu Eliade, op. cit., p. 191; Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 194, 202; Leonid Boicu, op. cit., p. 92; Andrei Oţetea, « Înfiinţarea consulatelor franceze în Ţările Române », en Revista istorică, XVIII, no. 10-12, 1932, p. 337; Leonid Boicu, op. cit., p. 126; A.D. Xenopol, Războaiele dintre ruşi şi turci şi înrâurirea lor asupra Ţărilor Române, (édition soignée et notes par Elisabeta Simion), Editura Albatros, Bucureşti, 1997, p. 113114; Paul Cernovodeanu, « Interese economice engleze la Dunărea de Jos şi în Marea Neagră între 1803-1829 », en Revista de Istorie, tome 28, no. 11, 1975, p. 1696; Neagu Djuvara, op. cit., p. 186; Principele Dimitrie I. Ghika, op. cit., p. 37. 47 On suppose que Parant aurait lancé intentionnément la nouvelle concernant l’arrivée imminente de Napoléon aux alentours de la Moldavie. Ce bruit a créé de la panique parmi les boyards. Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1300. 48 Il semble que le 11 août, Parant aurait quitté sa maison. Alexandru Callimachi lui a transmis par son secrétaire qu’il ne garantissait ni sa sécurité, ni celle de Ledoulx le cas où ils ne respecteraient les ordres reçus. Par conséquent à cet incident, le prince régnant a augmenté les mesures de surveillance. Parant pouvait sortir de la maison très rarement accompagné par des soldats, ne pouvait recevoir des visites que de la part de Ledoulx et Bouchet. Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 118. 49 Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 198199; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 169. V. S. Tomara, le nouvel ambassadeur russe à Constantinople50. Mais Parant soupçonnait que sa situation pouvait s’aggraver, il s’attendait à être porté à Constantinople ou, au moins, expulsé. De plus, il avait perdu toute liaison avec Flury et Ruffin, dont il soupçonnait qu’ils auraient été arrêtés51. Le 24 août 1798, il écrivait à Talleyrand qu’une puissante armée russe se trouvait concentrée à 30 lieus de la capitale de la Moldavie, au sud de la Pologne. De plus, continuait-il, à Iaşi, tout le monde était convaincu que cette armée pourrait entrer en Moldavie52. Il avait attiré l’attention d’Alexandru Callimachi par une note de 13 septembre 1798 sur la grave erreur commise par la Porte par le déclanchement de la guerre contre la France, son alliée depuis trois siècles et par l’alliance avec ses ennemis d’hier53. L’intervention de celui-ci a été totalement inutile parce que le prince régnant de la Moldavie ne pouvait pas modifier la situation. Celui-ci s’est limité à l’assurer qu’aucun sudit français ne sera molesté et que tous seront traités avec toute la considération due. Parant demandait au prince régnant la permission de réinstaller sur le frontispice de l’édifice du vice-consulat les armoiries de la France et le drapeau de la République Française, sorties, la retraite des gardes des chambres du vice-consulat, la permission de se promener dans le jardin, même accompagné par une escorte, la permission pour son cuisinier de sortir dans la ville pour acheter des aliments au prix du marché. On demandait, aussi, la permission que la famille se son secrétaire, Joseph Ledoulx, dont les membres étaient tombés malades, de venir au viceconsulat pour recevoir de l’aide et de l’appui moral, ainsi que, le cas où il aurait été obligé à quitter la Moldavie, qu’il soit prévenu trois ou quatre jours auparavant54. 50 Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 118. Dans une lettre de 10 octobre 1798, l’ambassadeur des Pays Bas à Constantinople mentionnait l’arestation du consul français de Bucureşti, Flury et de son secrétaire, Maurice Dubois. Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. II, p. 196; Pompiliu Eliade, op. cit., p. 191; Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 539-540, 541-542; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 120-121; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1320. 52 Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 539540; George F. Jewsbury, Anexarea Basarabiei la Rusia: 1774-1828. Studiu asupra expansiunii imperiale, Polirom, 2003, p. 31; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 122; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1319-1320. 53 Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 543-544. 54 L’espion du consul russe consignait le 11-14 août 1798 que les soldats qui devaient garder Parant auraient interdit à Bouchet l’accès dans la maison de son compatriote ; quoique Parant leur aurait demandé de le laisser entrer, ceux-ci n’ont pas obéi. Fâché, Parant aurait tiré Bouchet dans la cour et 51 Ştiinţe socio-umane Malgré cela, jusqu’au début du mois de septembre, lorsque la déclaration formelle de guerre est intervenue, la situation de Parant n’a pas été si désespérée comme il aimait la présenter. Le 28 août 1798, Parant écrivait à Talleyrand qu’un général de brigade russe et un colonel de la même nationalité étaient arrivés à Iaşi. Il semble que le premier avait la mission d’entreprendre des observations à caractère militaire, mais aussi concernant l’état d’esprit de la capitale de la Moldavie et du reste de la principauté. Le second était en passage dans son chemin vers Constantinople ; le colonel respectif était le porteur des documents qui contenaient le projet du traité d’alliance défensive russoottomane proposé par la Russie. Il semble que Parant aurait appris à l’intermédiaire des liaisons qu’il avait à la cour princière que la Porte attendait l’arrivée de cet officier-là pour déclarer officiellement la guerre à la France55. Le prince régnant a disposé de faire sortir les armoiries et l’étendard français de la cour du vice-consulat. Les 14 échoppes tenues par les Français à Iaşi ont été closes et sigillées, pendant que les marchands ont été arrêtés56. Le patriarche de Constantinople a envoyé une circulaire au métropolite avec l’ordre de l’afficher dans toutes les églises ; on demandait aux fidèles d’éviter les séductions des Français. De plus, on a interdit d’engager des professeurs français dans les maisons des boyards pour empêcher de cette manière le répandissement des idées de la Révolution57. En ces conditions, Parant ne pouvait plus accomplir sa mission de cueillir des informations sur les événements qui avaient lieu en Russie58. Le 8 septembre, à Iaşi, est arrivé un dignitaire s’est querellé avec les soldats. Wegierski mentionnait, aussi, que Parant a dressé une plainte adressée au prince sur cet incident. Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 236, 553, 556-557; Ibidem, nouvelle série, vol. IV, p. 198Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1322; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 121. 55 L’alliance entre la Russie et la Porte Ottomane a été signée le 23 décembre 1798. Approximativement deux semaines après, la 5 janvier 1799, on signait une alliance similaire, cette fois-ci entre l’Empire Ottoman et la Grande Bretagne. Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 544; Ibidem, nouvelle série, vol. IV, p. 193 ; Henri Dehérain, op. cit., p. 27; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 121-123. 56 Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 119, 169. 57 Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 199200; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 169. 58 On doit mentionner en ce sens les mesures extraordinaires de sécurité prises par le consul général russe, I.I. Severin. Grâce à celles-ci, on a presque exclu la possibilité d’intercepter des informations concernant la politique extérieure du nouveau tsar de la Russie, Pavel I, qui avait succédé au trône à la tsarine Ecaterina II, à la suite du décès de celle-ci le 16 décembre 1796. Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 543; Veniamin Ciobanu, La graniţa..., p. 118-119, 122. 93 ottoman avec l’ordre de porter à la Porte Parant et tous ceux qui se trouvaient au service de l’agence consulaire59. Justement le jour où le prince régnant lui communiquait la réponse à sa note de 13 septembre, Parant a été porté à Constantinople60. Il était le 17 octobre 1798. Ledoulx et sa famille communiaient la même destinée quatre jours plus tard. Comme il avait beaucoup de dettes, ses biens ont été retenus à Iaşi61. Il a été emprisonné à Edikule, où se trouvait Ruffin, aussi, et où sera porté très tôt Flury. Flury sera porté ensuite à Sinope, et Parant à Amassia62. De cette manière, les consulats français des Principautés ont été liquidés63. Dans une première étape, l’activité « officielle » des consulats n’a pas été de durée64. En 1803, la France recommencera son 59 Wegierski consignait qu’à la descente de la résidence consulaire française de Iaşi, on a trouvé 100 fusils et presque autant de sabres. Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 196; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 119-120. 60 Le premier informateur du consul russe consignait le 9 septembre 1798 l’arrivée d’un officier turc avec l’ordre d’escorter Parant et son secrétaire à Constantinople. Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 193, 205, 207; Flury et Parant ont confié la protection des sudits français au personnel consulaire autrichien et ont lancé, chacun, une circulaire patriotique écrite dans un style déclamateur et émouvant. Si Flury avait quitté les Principautés avec résignation et dignité, Parant l’a fait à peine après quelques crises et gestes théâtrales déplacés. Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 549; Principele Dimitrie I. Ghika, op. cit., p. 39; Pompiliu Eliade, op. cit., p. 190-191. 61 Hurmuzaki, Documente..., nouvelle série, vol. IV, p. 194; Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 120. 62 Les biens français ont été confisqués, les représentants diplomatiques ont été arrêtés, on a coupé la tête au prince régnant Constantin Hangerli à cause de la correspondance qu’il avait entretenue avec Descorches. De plus, en juin 1799, Talleyrand qualifiait l’Empire Ottoman comme le plus âpre ennemi de la France. Hurmuzaki, Documente..., Supliment I, vol. III, p. 559-560, 562, 567; Ibidem, Supliment I, vol. II, p. 196; Doina Calistru, op. cit., p. 49; Călători străini..., vol. X, la II-ème partie, p. 1326-1327; Pompiliu Eliade, op. cit., p. 191; Leonid Boicu, op. cit., p. 126; Neagu Djuvara, op. cit., p. 186. 63 Malgré cela, l’intérêt pour l’évolution du conflit ottoman – français n’a pas disparu. En novembre 1798, à Iaşi parvenait la nouvelle conformément à laquelle Napoléon aurait tombé dans une lutte contre les beys et les Mamelouks égyptiens et que l’armée française aurait été détruite entièrement. On parlait qu’on attendait à Constantinople les têtes coupées de Napoléon et de ses principaux officiers. Le bruit, qui avait causé une vive agitation à Iaşi, où existaient de nombreux sympathisants de la France, a été démenti par le pacha de Bender lui-même, qui avait informé le prince régnant moldave que Napoléon s’était retiré vers Suez. Veniamin Ciobanu, op. cit., p. 123-124; Pompiliu Eliade, op. cit., p. 191; Neagu Djuvara, op. cit., p. 186; Principele Dimitrie I. Ghika, op. cit., p. 38. 64 Pompiliu Eliade considérait que de cette manière finissait le second acte de l’influence des nouvelles idées dans les Principautés Roumaines. Jusqu’à la réouverture des consulats en ces parages-ci, la France a bénéficié des services d’un certain « marquis » de Poullio, Grec de Macédoine, admirateur enthousiaste de la Révolution française. A 94 DOCT-US, an III, nr. 1, 2011 activité consulaire interrompue à la suite de la campagne en Egypte65. 1798-1859 », dans le volume Franţa. 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Violeta-Anca Epure Doctorante à l’Université Ştefan cel Mare, Suceava, Domaine de doctorat : Histoire, Titre de la thèse de doctorat : Societatea românească prepaşoptistă în viziunea străinilor: consuli şi călători francezi / La société roumaine d’avant 1848 dans la vision des étrangers: consuls et Coordovoyagers français; nnateur scientifique - prof. univ. dr Dumitru Vitcu.