Benjamin Pelletier - Ferme d`Orvilliers

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Benjamin Pelletier - Ferme d`Orvilliers
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SAMEDI 10 OCTOBRE 2015 L'ÉCHO RÉPUBLICAIN
Portrait Benjamin Pelletier
INNOVATION ■ La Ferme d’Orvilliers, entre Dreux et Houdan, vient d’obtenir une reconnaissance nationale
Graine de paysan et boulanger bio 2.0
Être aux champs et au four.
À Broué, Benjamin Pelletier
et son frère Adrien sont
paysans et boulangers bio.
Leur ferme, avec douze exploitations, vient d’être distinguée parmi 2.000 autres
dans un concours national.
■ REPÈRES
Ferme d’Orvilliers. Propriété de la famille Pelletier depuis cinq générations, la ferme d’Orvilliers,
à Broué, est convertie au
bio depuis 2012. Elle vend
son pain et ses brioches
en direct le mardi et le
vendredi de 16 heures à
19 heures. Des productions également présentes
sous le Marché Couvert de
Dreux.
Pascal Boursier
[email protected]
D
e leurs aînés paysans
du Larzac, ils parta­
gent la vision d’une
agriculture à échelle hu­
maine, respectueuse des
cycles de la nature, indé­
pendante de la tyrannie
des grands groupes agro­
industriel et soucieuse de
la santé des consomma­
teurs. Mais la comparai­
son avec les compagnons
de José Bové s’arrête là.
« Le Larzac, c’était ma gé­
nération… Le monde a
quand même changé, de­
puis ce temps », sourit, en
ce mercredi matin, la ma­
man de Benjamin et
Adrien Pelletier.
Il est 9 heures et dans la
cour de la grande ferme
d’Orvilliers, non loin du
village de Broué, à mi­che­
min de Dreux et de Hou­
d a n , Ad r i e n Pe l l e t i e r,
31 ans, s’en va, tel un ca­
dre commercial vitaminé,
démarcher les points de
vente de ses productions.
Benjamin, lui, reste à la
ferme mais il prévient :
« Je n’ai pas beaucoup de
temps… »
Lauréate. Lauréate du
concours dans sa région,
la ferme d’Orvilliers recevra son prix à l’Unesco au
mois de décembre. Nicolas Hulot, membre du jury,
sera présent.
hectares ? », rapporte Ben­
jamin, 34 ans.
Aujourd’hui, le sourire
est du côté des deux frè­
res. Non seulement, leurs
cinquante hectares de se­
mences biologiques suffi­
sent à faire vivre leur fa­
mille, mais en plus, ils ne
cessent de développer, en
circuit direct, leurs ventes
de pain bio produit direc­
tement de leurs champs à
leur fournil. En bon pay­
san rompu aux calculs
mathématiques, Benjamin
fait ses comptes : « En
agriculture classique, une
tonne de blé se vend
1 4 0 e u ro s. C hez no u s,
après production de notre
pain au levain, elle se va­
lorise à 5.000 €. »
Production valorisée
Il y a trois ans lorsque les
deux frères sont revenus à
la ferme familiale après de
longues études scientifi­
ques et des expériences
multiples dans l’agricultu­
re bio, leur projet faisait
ricaner sous cape les nota­
bles de l’agriculture beau­
ceronne. « Ils nous di­
saient : comment vous
pourrez tenir à deux fa­
milles sur une exploitation
de seulement cinquante
Tracteur et start-up
■ BIO EXPRESS
1984
Naissance d’Adrien Pelletier. Lycéen à Dreux, il obtient en 2006 son diplôme
d’ingénieur en agronomie
à Toulouse. Il travaille
pendant plusieurs années
en Alsace comme conseiller auprès de producteurs biologiques.
1981
Naissance de Benjamin
Pelletier. Après ses études
secondaires, il étudie la
mécanique des fluides à
l’université de Toulouse
puis rejoint une ferme
biologique dans le Jura. Il
tourne le dos à l’industrie
et découvre l’art de la fabrication du pain.
PAYSAN. Benjamin Pelletier. Comme son frère Adrien, il est à la fois aux champs et au fournil. Ici, dans cour de la ferme d’Orvilliers.
Le modèle économique
est donc viable. D’autant
qu’aux portes de l’ouest
parisien, la clientèle bio et
écolo­bobo est bel et bien
là. Les paysans­boulangers
de Broué sont présents
dans les boutiques de Pa­
ris. À Dreux, fin septem­
bre, ils ont ouvert, avec
deux collègues, jeunes et
branchés comme eux, leur
premier magasin de pro­
ducteurs bio sous le Mar­
ché Couvert
Pour l’heure, Adrien et
Benjamin Pelletier savou­
rent une autre reconnais­
sance. Candidats au con­
cours organisé par
l’association Ferme d’Ave­
nir qui milite pour le dé­
veloppement de l’agroéco­
logie et par la plate­forme
de vente en ligne “La Ru­
che qui dit Oui”, leur pro­
jet a obtenu le premier
prix en Région Centre.
Un prix qui vaut son pe­
sant de blé bio. Appuyés
par la start­up Blue Bees,
ils pourront bénéficier
d’un financement partici­
patif de 30.000 €. Avec cet­
te somme, ils planteront
des mer isiers, des cor­
miers, des tilleuls et des
charmes dans leurs
champs de blé. ■