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COMPAGNIE NICOLE SEILER
SPECTACLE AMAUROS
Du 13 au 16 octobre 2011 au Théâtre Sévelin 36 à Lausanne
DOSSIER DE PRÉSENTATION
POUR LES ENSEIGNANTS
10.08.2012
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Qui est Nicole Seiler ?
 Présentez la chorégraphe à vos élèves.
Nicole Seiler se forme à la Scuola Teatro Dimitri de Verscio et à la Vlaamse
Dansacademie de Brugge. Elle intègre ensuite l'École-Atelier Rudra Béjart de
Lausanne jusqu'en 1994, date à laquelle elle rejoint la Compagnie Buissonnière à
Lausanne. En 1998, elle intègre en qualité de comédienne le Teatro Malandro de
Genève et travaille avec le metteur en scène Omar Porras. En 2001, elle retrouve la
Cie Buissonnière et, parallèlement, danse pour la compagnie Alias à Genève. C’est
en 2002 qu’elle fonde sa propre compagnie de danse basée à Lausanne.
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Le spectacle Amauros en quelques mots
Le terme « amauros » vient du grec et signifie « sombre » et « aveugle ». Nicole
Seiler l’a choisit pour intituler sa nouvelle création qui porte sur le son. C’est un
spectacle particulier qui laisse une plus grande place à l’ouïe qu’à la vue. La
chorégraphe relève le défi de créer un spectacle pour oreilles ! Et pour que nos
oreilles entendent, mieux vaut masquer le sens de la vue, si dominant. La
chorégraphe va ainsi jouer avec les possibilités de l’éclairage : le noir, la pénombre
ou la lumière vive.
La pièce est organisée en deux parties. Dans la première partie, le spectateur est
plongé dans le noir. Pour autant, il n’est pas laissé à lui-même. Bien au contraire, son
oreille est guidée par une voix. Le spectateur est placé dans la situation d’une
personne aveugle assistée d’une audiodescriptrice. C’est alors qu’on découvre toute
la richesse de nos images mentales. Une femme nous décrit ce qu’elle voit sur la
scène. On ne sait pas si c’est vrai ou non, si c’est de la fiction ou la réalité, mais on
suit parfaitement le fil de sa description et on parvient sans peine à s’imaginer les
interprètes répartis dans l’espace scénique. L’audiodescriptrice décrit ensuite la
danseuse russe Anna Pavlova dans la célèbre scène de ballet de la mort du cygne.
 Montrez cette célèbre scène de l’histoire de la danse classique à vos élèves, ils
pourront parfaitement se l’imaginer durant le spectacle et reconnaîtront la musique :
http://vimeo.com/11310374
L’audiodescription est un procédé inventé pour les personnes malvoyantes ou nonvoyantes et est principalement utilisé pour le cinéma. Travailler avec ce procédé
pose une question primordiale : comment décrire la danse ? comment parler de la
danse ?
Dans la deuxième partie, le plateau est éclairé. Quatre interprètes s’y trouvent
effectivement, comme l’audiodescriptrice l’avait décrit. Ils sont placés face à un écran
qui nous est caché et ont pour consigne de « bruiter » les films qu’ils regardent. Le
spectateur voit leur regard extrêmement concentré. Ils bruitent à l’aide d’objets
quotidiens comme des habits, des chaussures, etc. Même si le sens de la vue nous
est rendu, les images instigatrices du son nous sont masquées. Les bruits semblent
n’avoir aucun objet et venir de nulle part. Leur source se multiplie et notre ouïe,
affinée par les moments d’écoute dans le noir, prend plaisir à cette complexité
auditive.
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Le thème du caché
« Ne pas voir » est un thème important de la pièce qui engage des dispositifs pour
cacher : masquer en utilisant le noir de la salle et vivre par procuration le spectacle –
grâce à la voix d’une audiodescriptrice -, masquer l’écran de projection aux
spectateurs qui vivent par procuration le film obligés de regarder des danseurs qui le
réinterprètent de manière elliptique.
Masquer c’est aussi frustrer. C’est également inciter à créer sa propre fiction. L’art de
la scène est un art de l’ellipse qui valorise l’imaginaire et l’intelligence du spectateur.
Une pièce vise moins à montrer la virtuosité imaginative de la chorégraphe que la
capacité d’imagination du spectateur.
Une pièce musicale pour danseurs
L’importance du son est manifeste quand on observe la scène : plusieurs micros y
sont disposés. Par contre, impossible d’abord de deviner que les habits qui jonchent
le sol vont se métamorphoser en accessoires sonores : sous l’impulsion des
danseurs, les bottes grincent et les étoffes froufroutent. Pour autant, rien à voir avec
des comédies musicales où lavabos et bidons deviennent des instruments. Ce ne
sont ici que des bruits à peine audibles. La perception est fine : il s’agit de définir
l’origine du son, d’écouter ce qui est amplifié par les micros et ce qui ne l’est pas, les
sons qui émanent de la scène, ceux qui viennent de l’écran et ceux qui sont diffusés
par les hauts parleurs. La régie son revêt un rôle important : le son est à la fois
« live » et enregistré, il est retravaillé, retraité, distordu, mélangé à de la musique. Un
soin tout particulier est ainsi apporté à l’accoustique.
Amauros pourrait être définie comme une pièce musicale dans laquelle le danseur
devient musicien. Les films qui sont diffusés font office de partition. Le bric-à-brac
d’objets entreposé sur le plateau fait office d’instruments de musique. Les interprètes
sont placés dans une posture délicate : ils doivent réaliser quelque chose qu’ils n’ont
jamais fait et tentent de s’en sortir tant bien que mal. On ne leur demande pas de
danser et de montrer leur virtuosité, on les place dans le rôle de bruiteurs. Le
bruitage est utilisé au cinéma pour créer une bande son. Les danseurs ont appris les
bases de cet art afin de bruiter des vidéos de danse.
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Dans ce spectacle, ne cherchez ainsi pas de la danse, abordez-le comme un
spectacle qui traite de l’ouïe. Quand on va voir un spectacle de danse
contemporaine, on va voir un spectacle tout court plutôt qu’un spectacle dansé, à
savoir un spectacle qui favorise la création d’un univers. En tant que spectateur, on
peut difficilement appréhender à l’avance comment il se déroulera. On doit rester
ouvert et accueillir ce qui nous est offert.
Par contre, si les danseurs n’effectuent pas des pas de danse, cette dernière n’a pas
disparu pour autant. La référence à la danse est bien présente : l’audiodescriptrice
décrit les ballets « La Mort du signe » dansé par la grande ballerine Anna Pavlova et
« Le Corsaire » dansé par Mikhail Baryshnikov, autre étoile de la danse russe, des
chaussons de pointe et un tutu font office d’accessoires sonores.
L’image
Une des matières du spectacle est la source visuelle du film. Durant la création de la
pièce, la chorégraphe a brassé énormément de films de danse: captations de
spectacles de danse avec des personnages illustres de l’histoire de la danse, clips
musicaux, comédies musicales, etc.
L’image est mise en rapport avec la vue et l’impossibilité de voir. Les interprètes sur
scène répondent au film qui leur est projeté en « bruitant » le film. Le spectateur voit
leur regard fixe et concentré. Mais l’écran sur lequel le film est projeté est masqué à
la vue des spectateurs.
 Pour activer le regard des élèves durant le spectacle, donnez leur la mission
d’observer ces thèmes. Vous pouvez former des groupes et répartir un sujet par
groupe. Chacun d’eux rendra compte après le spectacle de retour en classe du sujet
qu’il a dû observer. Cela favorisera la discussion en classe et l’analyse de l’œuvre.
Le spectacle évolue jusqu’à la première. Certains thèmes ont peut-être changé ou
d’autres se sont ajoutés. N’hésitez pas à en parler.
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Pour préparer le spectacle, rendez les élèves attentifs aux
sons
Il est impératif que l’élève s’exerce à écouter pour nourrir la pièce. Voici quelques
exemples d’exercices.
 Pratiquez un exercice courant : les élèves écoutent de la musique yeux fermés et
créent des images mentales. Ils peuvent ensuite tenter de les décrire par écrit.
Variante : un élève se déplace dans la classe et fait un son avec un objet qu’il
rencontre. Les élèves pointent du doigt l’origine du son.
 Mettez les élèves dans le rôle d’un audiodescripteur. Les élèves observent
attentivement la classe ou la vue par la fenêtre. Ils ferment ensuite tous les yeux sauf
l’un d’eux qui décrit ce qu’ils viennent d’observer.
 Testez des objets quotidiens qui ne font pas beaucoup de bruit à priori (gants en
caoutchouc, tulle, chaussures, etc.).
© cie Nicole Seiler
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 Comme les danseurs du spectacle, les élèves tentent de bruiter un film avec par
exemple les vêtements qu’ils portent sur eux (en frottant des objets sur leurs habits,
ou en frottant deux manches l’une contre l’autre, etc.) ou des objets trouvés dans la
classe. Les élèves se confronteront ainsi à une difficulté qu’ils ne percevront pas
autrement dans le spectacle : que choisir de bruiter ? Comment traduire une image
en son ?
 Les élèves se déplacent et s’arrêtent à différents endroits dans et à l’extérieur du
collège pour être attentif aux rumeurs, au brouhaha, au calme, à l’agitation et
identifier les bruits, même infimes, non spectaculaires. Par exemple, 10 mn avant la
sonnerie, pendant la sonnerie, après la sonnerie. L’élève est assis, écoute et prend
des notes.
 Philippe Guisgand, danseur et chercheur à l’Université de Lille 3, conseille un petit
exercice d’éveil des sens qui implique la vue, l’ouïe, le toucher. À deux, l’élève 1
observe les mains de l’élève 2 et les décrit par écrit. L’élève 1 chuchote à l’oreille de
l’élève 2 son texte. L’élève 2 écoute attentivement, puis décrit par écrit le ton de la
voix de l’élève 1. Enfin, l’élève 1 compose une sculpture avec les mains de son
voisin. Échanger ensuite les rôles. C’est très efficace ! À pratiquer de préférence le
jour du spectacle.
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Monter une pièce de danse, pas à pas avec la chorégraphe
Nicole Seiler
Le spectacle de Nicole Seiler est une création, ce qui signifie qu’il n’a pas été
accueilli par le théâtre pour quelques soirs, mais qu’il a été créé sur place depuis
plusieurs mois.
1 à 2 ans avant la première du spectacle
Avec l’aide du dramaturge, Nicole Seiler réfléchit au thème de son spectacle, fait des
recherches, se documente, rencontre des spécialistes et définit l’équipe artistique.
Elle monte un dossier de présentation pour les théâtres qui pourraient produire son
spectacle, entame des demandes de subventions et cherche une salle de répétition.
2 à 3 mois avant la première du spectacle – les répétitions
Un spectacle de danse est rarement un texte écrit d’avance : il s’écrit durant la
création et avec le matériau du corps. Le/la chorégraphe arrive ainsi rarement aux
répétitions avec une pièce toute faite qu’il/elle dirige. Il/elle amène du matériel
qu’il/elle a réuni et mûri au préalable. Le moment de création devient ainsi un
moment essentiel, celui de la recherche avec les danseurs, les musiciens, la
costumière et les techniciens. C’est un moment à durée variable (Nicole Seiler a
répété pendant dix semaines).
Pour générer la matière du spectacle, Nicole Seiler a préparé pour les danseurs des
exercices et des jeux d'improvisations sur le thème du spectacle. Et afin de nourrir
l’imaginaire des danseurs et de les immerger dans le thème, ils visionnent ensemble
des films avec audiodescription, se rendent à la Blindekuh à Zürich - ce restaurant ou
l’on mange dans le noir total servi par des aveugles -, visitent un studio de bruitage.
Pour nourrir sa recherche, l’équipe collabore avec différentes personnes dont une
audiodescriptrice et un bruiteur.
Dans cette configuration, Nicole Seiler demande au danseur d’être interprète plutôt
qu’exécutant. La création est en fait une collaboration entre le danseur et la
chorégraphe, un jeu de ping-pong où chacun échange ses idées et ses impressions.
Durant la création, le danseur doit donc être en forme et apporter des propositions.
Autre vertu requise, la patience car il faut reprendre, essayer, corriger, supprimer.
2 semaines avant la première
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Nicole fixe la construction du spectacle. Il s’agit maintenant pour les danseurs
d’assimiler, pour la chorégraphe de s’assurer du rythme et de faire des corrections
de détail.
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Le Théâtre Sévelin 36
 Présentez le Théâtre Sévelin 36 et son quartier à vos élèves pour qu’ils puissent
imaginer et comprendre où ils se rendent.
Le bâtiment ne ressemble pas à un théâtre mais plutôt à un bâtiment industriel. Il
n’est d’ailleurs pas au centre-ville mais implanté dans une zone industrielle.
© Fulguro
Fondé en 1995 par Philippe Saire, le Théâtre Sévelin 36 a pour objectif le
développement et la reconnaissance de la danse contemporaine au sein du paysage
culturel local et régional. Initialement lieu de résidence de la Compagnie Philippe
Saire, le Théâtre débute très rapidement ses activités de programmation de la danse
contemporaine.
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INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Le spectacle Amauros est programmé par le théâtre Arsenic actuellement en
rénovation dans le cadre du festival Lausanne Danse. Créé en 1997, le Festival
International de Danse Contemporaine, appelé aujourd’hui Lausanne Danse, est un
carrefour mondial de créations chorégraphiques mêlant des spectacles d’envergure
internationale à des créations suisses.
Pour sa 14ème édition, le festival a choisi de présenter une variété de pièces qui
témoignent de la diversité du paysage chorégraphique international et national.
 Pour faire découvrir les différents courants de danse contemporaine aux élèves,
leur permettre d’affirmer leurs goûts et d’affiner leur regard, n’hésitez pas à aller voir
plusieurs spectacles.
Amauros
Du 13 au 16 octobre 2011
Durée : 65’
Le jeudi 13 octobre 19h (Première)
Vendredi 14 octobre 20h30 (+ rencontre avec Nicole Seiler)
Samedi 15 octobre 20h30
Dimanche 16 octobre 18h (garderie gratuite)
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