Des risques de la maladie coronarienne
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Des risques de la maladie coronarienne
Infoméd Bulletin sur l’assurance vie Des risques de la maladie coronarienne 2008/2 Supplément du Bulletin des médecins suisses No 51/52, 17 décembre 2008 2 Impressum Publié par: Association Suisse d’Assurances ASA C.F. Meyer-Strasse 14 Case postale 4288, CH-8022 Zurich © 2008 Association Suisse d’Assurances ASA Organe responsable: Commission examen des risques médicaux • Peter A. Suter, AXA-Winterthur, président • Dr Beatrice Baldinger, Swiss Re • Karl Groner, Zurich Suisse • Dr méd. Thomas Mall, Bâloise • Dr méd. Bruno Soltermann, ASA • Dr Urs Widmer, Swiss Re Rédaction: Thomas Jost, ASA C.F. Meyer-Strasse 14 8022 Zurich Tél. 044 208 28 28 [email protected] Impression: RITZ AG Print und Media, 3018 Berne Tirage: 5300 exemplaires Commandes: www.svv.ch ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne Sommaire Dr méd. Urs Arbenz Cardiophaties congénitales à l’âge adulte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Dr méd. David Hürlimann Evaluation des risques en cas d’insuffisances mitrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Dr méd. Thomas Wolber Stratification du risque dans les arythimes d’origine génétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Dr méd. Micha Maeder Stratification de risque de la maladie coronarienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 3 5 Chère lectrice, cher lecteur, Les avancées de la médecine avec le développement des techniques de chirurgie cardiaque et des interventions percutanées ont modifié l’espérance de vie des patients avec de cardiopathies congénitales. Pour évaluer le risque de ces affections dans l’assurance-vie individuelle, il nous faut des informations complètes sur les complications non-modifiables ainsi que sur les anomalies résiduelles en cas de correction partielle ou totale de la pathologie congénitale. Celle-ci pouvant avoir des suites hémodynamiques défavorables même plusieurs décades après le traitement initial. L'insuffisance mitrale est classée en deuxième position dans la liste des valvulopathies les plus fréquentes. Dans l`assurance, le prolapsus de la valve mitrale est la cause principale d’une insuffisance mitrale. L’estimation de l’évolution future de l’insuffisance mitrale chez les personnes asymptomatiques présentant une insuffisance mitrale légère à moyenne pose problème à l’assureur. Pour l’évaluation correcte du risque, il est de ce fait indispensable de disposer de critères clairs du classement échocardiographique du degré de sévérité de l’insuffisance et d’indications sur les dimensions du ventricule gauche. C'est pourquoi des échocardiographies actualisées sont impérativement nécessaires pour la tarification du risque la plus correcte possible. Par contre, des insuffisances mitrales sévères ne sont pas assurables en assurance-vie individuelle. L’évaluation du risque en cas de troubles du rythme d’origine génétique reste un point difficile. Il s’agit ici de modifications génétiques des canaux ioniques du cœur pouvant entraîner des troubles du rythme potentiellement mortels. En raison de l’hétérogénéité génétique et de mutations sporadiques, la pénétrance est incomplète et la tarification du risque représente donc un défi. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 6 Des défibrillateurs cardioverteurs implantables (DCI) sont utilisés pour prévenir la mort subite cardiaque et sont considérés par les personnes concernées comme des airbags ou des gardes du corps. L’assurance-vie individuelle envisage actuellement ce dispositif médical de manière encore très prudente et refuse jusqu’à présent les personnes porteuses d’un DCI. Nous nous attendons toutefois à une adaptation possible des recommandations après réception de données supplémentaires sur l’évolution à long terme. Les proposants présentant des troubles du rythme d’origine génétique sans défibrillateur implanté restent non-assurables, le risque décès ne pouvant être évalué. Les maladies cardiovasculaires représentent la principale cause de décès en Suisse et les suites de l’athérosclérose, par exemple d’un infarctus, peuvent entraîner une incapacité de travail. L’estimation du risque en assurance-vie individuelle, principalement chez les sujets jeunes asymptomatiques, reste un défi car dans ce groupe, l’ECG d’effort indique souvent des résultats faussement positifs, surtout chez les femmes. Dans de tels cas, des examens non-invasifs peuvent être utilisés pour la clarification. Le potentiel de ces méthodes récents comme prédicteurs du risque est évalué et indiqué dans l’article suivant. Les docteures en médecine Stéphanie Randon-Altwegg et Nilou Saxer ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 7 ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 8 Cardiopathies congénitales à l’âge adulte: aspects importants pour l’examen du risque par l’assureur privé Dr méd. Urs Arbenz Ancien chef du service cardiologie infantile de l’Hôpital Universitaire de Zurich Ces dernières années, le nombre d’adultes atteints d’une malformation cardiaque congénitale n’a cessé d’augmenter dans les pays industrialisés (1), et ce pour deux raisons: grâce aux progrès thérapeutiques, plus de 90% des enfants atteints de malformations complexes atteignent l’âge adulte, alors qu’il y a 50 ans, 80% d’entre eux mouraient dans l’enfance (2). D’autre part, l’échocardiographie permet de diagnostiquer des malformations légères, telles que valves aortiques bicuspides sans anomalie fonctionnelle, petits défauts du septum ventriculaire ou défauts du septum auriculaire, que les examens d’autrefois ne détectaient pas (2). En Suisse, 10'000 adultes vivent (1) avec des cardiopathies congénitales moyennement graves à graves et environ 50'000 autres avec des cardiopathies congénitales légères (2, 6, 17). sonnelles ou professionnelles (p. ex. création d’une entreprise) est très élevé. La perspective de pouvoir conclure une assurance-vie en tant qu’adulte atteint d’une malformation cardiaque congénitale est meilleure qu’autrefois (3). Néanmoins, et de manière compréhensible, le taux de refus demeure plus élevé pour ces personnes que pour les demandeurs d’assurance exempts de malformation cardiaque et ce, même lorsqu’elles bénéficient d’une intégration tout aussi bonne dans le monde du travail et appartiennent à la même classe NYHA. Toutefois, Crossland (4) a montré de façon très étonnante, dans une étude parue récemment en Angleterre, que le refus d’une demande d’assurance ne dépendait pas du degré de gravité de la malformation cardiaque. On peut tirer la conclusion suivante de ce qui précède: la population d’adultes présentant une cardiopathie congénitale est très hétérogène. Une simple classification par diagnostic ne permet pas de recenser de manière suffisamment précise les différences d’espérance Par conséquent, le nombre de personnes concernées par ce problème et susceptibles de demander une couverture d’assurance pour des raisons per- de vie. Beaucoup d’éléments indiquent que les connaissances des patients sur leur propre maladie, et donc les données qu’ils fournissent dans la demande d’assurance, sont insuf- ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 9 fisantes et qu’elles se caractérisent par une évaluation optimiste (4). Une autre difficulté à déterminer l’espérance de vie de manière objective réside dans le fait que pour beaucoup des paramètres à prendre en compte, il n’existe que très peu d’études de longue durée basées sur une population définie. En outre, les patients qui ont survécu plus de 40 ans à leur opération ont – bien évidemment – tous été opérés lors des débuts de la chirurgie cardiaque. Toutefois, on sait de manière bien documentée que non seulement la mortalité précoce, mais aussi le pronostic à terme, dépendent du moment où l’opération a eu lieu. C’est ainsi que Mattila a établi que les patients opérés d’une sténose aortique (SA) congénitale entre 1990 et 1999 présentaient une mortalité de 10% plus basse, dans l’évolution postopératoire tardive considérée sur plus de 10 ans, que ceux ayant subi cette intervention au cours des trois décennies précédentes (5). Que peut-on en déduire pour l’évaluation d’une demande d’assurance? Dans un premier temps, l’assureur privé tient compte du diagnostic de malfor- mation cardiaque pour procéder à une première évaluation du risque et à un calcul initial des primes. Lors d’une deuxième étape, il analyse les facteurs qui influencent favorablement ou défavorablement le pronostic à l’intérieur d’un groupe de diagnostic. En cas de risque de mortalité élevé, la durée de la protection d’assurance demandée, et donc l’âge du demandeur, jouent un rôle pour la conclusion du contrat d’assurance. Paradoxalement, il peut en résulter qu’une personne âgée de plus de quarante ans pourra conclure une assurance-vie avec une prime très peu majorée, au contraire d’une personne de vingt ans présentant le même diagnostic, même si celle-ci a été opérée dans une décennie offrant un meilleur pronostic postopératoire. Dans la littérature spécialisée, on distingue entre malformations cardiaques ayant un bon pronostic, un pronostic intermédiaire et un pronostic incertain. Von der Muhll (6) classe les patients présentant un défaut du septum ventriculaire ou auriculaire opéré, un ductus Botalli fermé et une sténose pulmonaire et de l’isthme aortique traitée dans le groupe des malformations car- ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 10 diaques offrant une bonne espérance de vie. Il classe par contre les personnes atteintes d’une sténose aortique, d’une tétralogie de Fallot et d’une transposition dans le groupe des patients ayant un pronostic intermédiaire et enfin celles qui ont un cœur univentriculaire et une anomalie d’Ebstein dans le groupe des patients dont le pronostic est incertain ou mauvais. On relèvera toutefois qu'il n’existe pas de consensus absolu, ni parmi les cardiologues ni parmi les assureurs, concernant par exemple l’évaluation d’une sténose de l’isthme aortique ou d’une valve aortique bicuspide «fonctionnant normalement». Dans les lignes qui suivent, je vais me limiter au groupe des malformations cardiaques présentant un bon pronostic et pour lesquelles les directives des assureurs prévoient en général la possibilité de conclure un contrat. En outre, je partirai de la situation d’un demandeur d’assurance adulte. Comme le risque d’un individu pris isolément peut s’écarter de la moyenne dans tous les groupes de diagnostic, je vais maintenant définir les conditions qui devraient être remplies pour que l’on puisse esti- mer comme «bonne» l’espérance de vie moyenne d’un groupe de diagnostic considéré dans son ensemble. Défaut du septum ventriculaire (ventricular septal defect ou SVD) Un SVD petit, isolé et insignifiant au niveau hémodynamique ne péjore pas l’espérance de vie sur le plan statistique, mais il est assorti d’un risque plus élevé d’endocardite avec 1,5 à 2,5 cas pour 1'000 années-patients (8, 9, 10). Le pronostic à long terme des patients ayant un SVD opéré avec succès est bon, pour autant que la fermeture ait eu lieu tôt, avant que ne s’installe un dommage irrémédiable du ventricule gauche (VG) ou une hypertension pulmonaire fixée (6, 8,10). Le patient ne devrait pas non plus présenter un bloc atrio-ventriculaire dû à une opération ou un défaut valvulaire associé. S’il existe un SVD résiduel, le pronostic dépend de l’étendue du shunt restant. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 11 Le risque est évalué en fonction des aspects suivants: le demandeur d’assurance ne devrait pas présenter de symptômes cardiaques et faire preuve d’une résistance physique normale. L’échocardiographie est indispensable. Elle sert à documenter la fermeture totale du SVD ainsi que la taille normale de la valvule gauche et son fonctionnement, à exclure une pression artérielle pulmonaire accrue ou une dysfonction valvulaire importante (insuffisance aortique) et à évaluer l’importance hémodynamique d’un éventuel SVD résiduel. Pour les SVD de grande taille avec pression pulmonaire accrue, le moment où l’opération a eu lieu est crucial. De ce fait, l’assureur tient en général à prendre connaissance du dossier d’hospitalisation et d’opération. Une autre mesure consiste à exiger un ECG (troubles de conduction, troubles de la repolarisation) et une ergométrie. Défaut du septum auriculaire (atrial septal defect ou ASD) Un petit ASD ne péjore pas l’espérance de vie. Les complications de malformations importantes non obturées sont les troubles rythmiques auriculaires, l’insuffisance cardiaque et l’hypertension pulmonaire. En cas d’ASD de type sinus veineux, on observe souvent des veines pulmonaires mal positionnées. Lorsque l’ASD est important, la réversibilité de l’hypertrophie excentrique droite dépend du moment où a été effectuée l’opération. Le pronostic de l’ASD de type ostium primum (défaut partiel du septum atrio-ventriculaire) est principalement déterminé par la modification concomitante de la valve atrio-ventriculaire. L’espérance de vie pour un ASD opéré suffisamment tôt est normale (7, 11). Les problèmes les plus fréquents dans l’évolution à long terme suite à une fermeture effectuée après la 25e année sont des troubles rythmiques auriculaires (fibrillation auriculaire, flutter auriculaire, tachycardie/bradycardie), une résistance physique amoindrie, une insuffisance cardiaque, une hypertension pulmonaire et des embolies paradoxales (11). ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 12 Les trois dernières complications citées impliquent une espérance de vie réduite. Au niveau de l’anamnèse, l’évaluation du risque prend en considération l’absence de symptômes (pas de troubles du rythme symptomatiques et nécessitant un traitement) et la résistance physique. L’examen clé est l’échocardiogramme permettant de déterminer la taille du ventricule droit (VD) et son fonctionnement et d’exclure un shunt restant, une insuffisance tricuspide importante et une hypertension pulmonaire. Si des veines pulmonaires partiellement mal positionnées ont été corrigées, il faut exclure une sténose de celles-ci. L’examen doit être complété par un ECG destiné à contrôler le rythme cardiaque (fibrillations auriculaires) et la conduction atrio-ventriculaire ainsi que par une ergométrie. Sténose pulmonaire (SP) Chez les patients présentant une sténose pulmonaire légère, le gradient de pression n’augmente pas à long terme au-delà de la prime enfance et l'on n’assiste pas au développement d'une insuffisance pulmonaire progressive. C’est ce qui distingue essentiellement la sténose pulmonaire de la sténose aortique. Le risque d’endocardite n’augmente que de façon minime (12). En cas de sténose légère, l’espérance de vie est normale (13). De ce fait, une intervention thérapeutique n’est pas justifiée. Après une intervention réussie (opération chirurgicale ou dilatation par ballonnet), les patients qui souffraient d’une sténose pulmonaire moyenne ou grave ne sont qu’exceptionnellement affectés d’une resténose importante. La complication la plus fréquente intervenant à long terme après ces deux interventions consiste en une insuffisance pulmonaire importante menant à une deuxième intervention (13, 14). Lors de sténose pulmonaire, l’espérance de vie est normale, pour autant que l’opération ait été effectuée avant l’apparition d’un dommage irrémédiable du ventricule droit (12, 13, 14, 15) et qu’elle n’ait pas comporté l’implantation d’une prothèse valvulaire. L’évaluation du risque prend en considération l’absence de symptômes et la résistance physique, les traitements effectués précédemment et actuellement, ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 13 l’ECG et l’échocardiographie. Il n’y a pas de risque individuel accru lorsque la taille et la fonction du ventricule droit sont normales, que le gradient résiduel à la valve pulmonaire est inférieur à 40 mmHg et que le patient ne présente aucune insuffisance pulmonaire ou tricuspide sévère. Canal artériel de Botal ouvert (persistent ductus arteriosus ou PDA) Un PDA de grande taille provoque une surcharge ventriculaire gauche et une surcharge de la circulation pulmonaire. Les complications possibles sont l’insuffisance cardiaque gauche et l’hypertension pulmonaire avec augmentation de la résistance vasculaire (syndrome d’Eisenmenger). L’endartérite et l’anévrysme du canal artériel sont rares (16). Lorsque le PDA est insignifiant sur le plan hémodynamique, sa fermeture est recommandée en vue d’éliminer le risque élevé d’endocardite. Le pronostic à long terme est bon, pour autant que la fermeture par intervention chirurgicale ou par cathétérisme soit effectuée avant que ne se produise une hypertension pulmonaire irréversible ou un dommage irrémédiable du ventricule gauche. On observe rarement des shunts résiduels. L’évaluation du risque nécessite les informations suivantes: anamnèse portant sur les symptômes et la résistance physique, traitements effectués précédemment et actuellement, échocardiogramme pour exclure une dilatation ou un dysfonctionnement ventriculaire gauche ainsi qu’une augmentation persistante de la pression pulmonaire. Sténose isthmique de l’aorte (aortic isthmus stenosis ou AIST) L’espérance de vie est fortement limitée en cas de sténose isthmique de l’aorte non traitée. Dans la série historique de Campbell, une hypertonie, une artériosclérose précoce ainsi qu'une valve aortique bicuspide et un anévrisme des artères cérébrales présents chez respectivement 50% et 10% des patients, ont conduit à des décès pour cause d’insuffisance cardiaque, de rupture de l’aorte, d’endocardite et d’hémorragie cérébrale à l’âge moyen de 35 ans (17). ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 14 Les complications tardives après l’opération d’une AIST sont une hypertonie artérielle, une artériosclérose précoce, en particulier une artériosclérose coronaire, un anévrisme (ascendant ou descendant) de l’aorte, un anévrisme des artères intracrâniennes ou un dysfonctionnement de la valve aortique (17). Une hypertonie postopératoire se produit fréquemment lors d’un traitement tardif (après la 9e année de vie) (6, 18) et lorsqu’existe une sténose résiduelle présentant un gradient supérieur à 20 mmHg. Une valve aortique bicuspide implique une incidence plus élevée de sténose ou d’insuffisance de la valve aortique d’une part et d’anévrisme aortique d’autre part. Les patients dont l’AIST a été opérée de bonne heure ne présentent pas d’hypertonie persistante ni de valve aortique bicuspide ou d’anévrisme ascendant de l’aorte, et ils ont une espérance de vie presque normale (6, 17, 18). Néanmoins, on ne dispose pas encore de données suffisantes sur la mortalité à long terme après une intervention par cathétérisme avec stent ou une dilatation par ballonnet et sur la signification des anévrismes des artères cérébrales (19). Il est fort probable que la plupart des complications tardives surviennent indépendamment de la méthode thérapeutique utilisée. L’évaluation du risque se fonde sur des données relatives au type et au moment de l’intervention, au traitement médicamenteux actuelle, à la résistance physique et à l’absence de symptômes. L’examen clinique doit clarifier la question de l’hypertonie et d’un gradient de pression résiduel entre les bras et les jambes. L’échocardiogramme renseignera sur la présence éventuelle d’une valve aortique bicuspide, d’un élargissement de l’aorte ascendante ou d’une sténose de l’isthme aortique ainsi que sur la fonction ventriculaire gauche. Il convient aussi de demander un ECG et une ergométrie en complément. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 15 Valve aortique bicuspide (Bicuspid aortic valve ou BAV) avec une fonction normale ou presque normale La valve aortique bicuspide est la malformation cardiaque congénitale la plus fréquente avec une prévalence de 0,8 à 1,4%. Chez les adolescents, la BAV présente très souvent une fonction normale ou presque normale (au plus une sténose légère [gradient moyen < 20 mmHg] ou une insuffisance aortique légère). De ce fait, le diagnostic n’est souvent posé que par hasard. Comme il n’existe aucune étude d’évolution incluant tous les patients présentant une BAV au sein d’une population, on peut supposer que dans tous les collectifs de patients avec BAV diagnostiquée, les BAV fonctionnant normalement sont sous-représentées. Nous ne disposons donc pas de données consolidées couvrant tout l’éventail de l’évolution dans ce domaine. Les expériences faites avec la «pointe de l’iceberg» semblent indiquer qu’au cours du temps, la majorité des patients concernés développe une dégénérescence valvulaire progressive avec sténose aortique (SA) ou insuffisance aortique (IA) croissantes et qu’un élargissement de l’aorte ascendante (17) se produit chez 50% d’entre eux. Les sténoses nécessitant un traitement apparaissent principalement entre 50 et 80 ans (21). L’étude de Michelena a montré qu’en considérant l’évolution à long terme sur plus de vingt ans, une chirurgie valvulaire ou aortique était devenue nécessaire chez 27% des patients. Un diamètre aortique supérieur à 40 mm est considéré comme un facteur de risque susceptible de rendre nécessaire une intervention chirurgicale ultérieure (20). Malgré la morbidité élevée, l’espérance de vie était néanmoins normale selon cette étude (20). ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 16 Le risque d’endocardite augmente de 1 à 2 cas par 1000 années-patients. Les facteurs de risque pour une progression de la dysfonction valvulaire sont, outre l’âge, un degré initial élevé de sténose ou d’insuffisance valvulaire, des modifications dégénératives de la valve détectées à l'échocardiogramme ainsi que la présence de facteurs de risque de maladies coronaires tels que la dyslipidémie ou l’hypertonie (17, 20). Résumé Le pronostic à long terme des cardiopathies congénitales est déterminé en premier lieu par la malformation cardiaque de base ainsi que le moment et le type des interventions correctrices. Mais pour tous les groupes de diagnostic, il existe en plus des facteurs spécifiques à chaque malformation cardiaque qui influencent de manière déterminante l’espérance de vie de la personne concernée. Ces facteurs doivent être pris en compte dans l’évaluation du risque. Outre le diagnostic, le L’évaluation du risque se fonde sur des données relatives à la résistance physique et à l’absence de symptômes, aux facteurs de risque d’une maladie coronaire, au traitement médicamenteux actuel et à l’ECG. L’échocardiogramme doit fournir des informations concernant le gradient de pression au niveau de la valve aortique, le degré de gravité de l’insuffisance aortique, la taille et la fonction du ventricule gauche et le diamètre de l’aorte. type et le moment de l’intervention chirurgicale ou du traitement par cathétérisme, il est important, pour cette évaluation, de déterminer si le demandeur d’assurance fait preuve d’une résistance physique normale et est exempt de symptômes sans traitement médicamenteux. En tous les cas, un échocardiogramme et un ECG au repos sont indispensables pour détecter tout problème résiduel ou lésion postopératoire éventuels. En présence de certaines malformations, il convient en outre d’évaluer la résistance physique au moyen d’une ergométrie. Les valves aortiques bicuspides présentant un gradient de sténose moyen supérieur à 25 mmHg ou une insuffisance plus que légère sont considérées comme des malformations aortiques ayant un pronostic intermédiaire. La figure 1 présente un aperçu des questions spécifiques à clarifier pour chaque malformation. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 17 ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 18 Illustration 1 Cas particulier de l’évaluation des risques de patients présentant une affection cardiaque congénitale Genre de malformation Anamnèse Status 1. SVD après fermeture chirurgicale Age lors de l’opération Hypertension pulmonaire avant intervention Résistance/symptômes s/p Endocardite s/p Embolie paradoxale systolique diastolique Insuffisance gauche 2. Petit ASD Age lors de l’intervention Résistance/symptômes Fibrillation auriculaire s/p Embolie paradoxale Insuffisance droite Insuffisance tricuspide PDA après fermeture par opération ou par cathétérisme Age au moment de l’intervention Résistance/symptômes Insuffisance gauche Insuffisance mitrale Hypertension pulmonaire 1. SP après opération ou dilatation par ballonet Age lors de l’opération Genre d’intervention Résistance/symptômes Insuffisance droite Insuffis. pulmonaire Sténose pulmonaire Sténose de l’isthme aortique après opération Age lors de l’opération Genre d’intervention Résistance/symptômes Trait. antihypertenseur s/p Endocardite Hypertonie Gradient bras/jambes Insuffisance gauche Sténose aortique Valvule aortique bicuspide Résistance/symptômes s/p Endocardite Sténose aortique Insuffisance aortique VG: ventricule gauche VD: ventricule droit AV: atrioventriculaire 2. Petit SVD 1. ASD II ou ASD sinus veineux après fermeture 2. SP légère ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 19 Echocardiogramme ECG Ergométrie Rapport Opération Hospitalisation Shunt résiduel Dilatation/fonction VG Hypertension pulmonaire Insuffisance aortique Hypertrophie VG Hypertrophie VD Bloc AV oui oui Fibrillations auriculaires Flutter auriculaire Dysfonction des nœuds sinusaux Hypertrophie VD oui oui Hypertrophie VG Hypertrophie VD non oui Rythme sinusal Hypertrophie VD non oui VG: Hypertrophie/fonction Gradient isthme aortique Valve aortique bicuspide SA: Gradient IA: degré sévère Diamètre aorte ascend. Hypertrophie VG Arythmie ventriculaire oui Hypertonie à l’effort oui Hypertrophie/fonction VG SA: gradient IA: degré de sévérité Diamètre aorte ascend. Hypertrophie VG Arythmie ventriculaire non oui IP: insuffisance pulmonaire IT: insuffisance tricuspide SA: sténose aortique IA: isthme aortique Shunt résiduel Dilatation/fonction VD Hypertension pulmonaire Insuffisance tricuspide Sténose pulmonaire lors de veine pulm. mal positionnée Dilatation/fonction VG Hypertension pulmonaire Shunt résiduel Insuffisance mitrale Hypertrophie/fonction VG SP: gradient IP: degré de sévérité IT: degré de sévérité ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 20 Bibliographie: 1. Oechslin E. Angeborene Herzfehler: 6. Vonder Muhll I, Cumming G, Gatzoulis MA. Risky business: Insuring adults with Betreuungskonzept für die Schweiz. congenital heart disease. Kardiovaskuläre Medizin 2006; 9: 383-92. Eur Heart J 2003; 24: 1595-1600. 2. Hoffman JIE, Kaplan S. The incidence of 7. Nieminen HP, Jokinen EV, Sairanen HI. congenital heart disease. J Am Coll Cardiol Late results of pediatric cardiac surgery in 2002; 39: 1890-900. 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Au moyen d'un examen Doppler, une insuffisance mitrale minime peut être détectée chez 70% de la population présentant une valvule mitrale normale. On parle dans ce cas d'une insuffisance mitrale «physiologique». Une insuffisance légère a pu être constatée dans environ 20% de la population. Une étude plus importante a déterminé une prévalence concernant des insuffisances mitrales modérée à 1.9% et des insuffisances mitrales sévères à 0.2%. Mechanismen/Ätiologie: Der Mitralklappenapparat stellt eine komplexe anatomische und funktionelle Einheit dar, welche sich aus Mitralsegeln, Mitralanulus, Sehnenfäden, Pa- pillarmuskeln und der angrenzenden Segmente des linken Ventrikels zusammensetzt. Eine normale Klappenfunktion ist abhängig von einer normalen Anatomie und Anordnung dieser Elemente, sowie der Geometrie und Funktion des linken Ventrikels. Daraus ergeben sich verschiedene Ätiologien der Mitralinsuffizienz. Liegen anatomische Abnormalitäten der Mitralsegel oder des subvalvulären Apparates vor, spricht man von einer primären Mitralinsuffizienz. Beispiele dafür sind die myxomatöse Degeneration der Segel welche zu Prolaps und Sehnenfadenruptur führen kann, rheumatische und postendokarditische Veränderungen, sowie kongenitale Anomalien wie ein Cleft. Von sekundärer oder funktioneller Mitralinsuffizienz spricht man beispielsweise bei Koaptationsstörungen bei Papillarmuskeldysfunktion im Rahmen einer ischämischen Herzkrankheit oder bei dilatativer Kardiomyopathie, welche zu einer Verlagerung des Papillarmuskels und so zu einem «Tethering» (Zurückhalten) des Mitralsegels führt. Eine weitere häufige Ursache einer Mitralinsuffizienz ist die Mitralanulusverkalkung, welche bei 60-70-jährigen in 20%, bei 80-90-jährigen in 60% nachgewiesen ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 23 werden kann. Die häufigsten Ursachen in der westlichen Welt stellen heute die ischämische Mitralinsuffizienz sowie der Mitralklappenprolaps dar, wohingegen rheumatische Veränderungen sehr selten geworden sind. Zusätzlich zur ätiologischen Einteilung muss zwischen chronischer (obige Beispiele) und akuter Mitralinsuffizienz (z.B. Papillarmuskelabriss im Rahmen eines Myokardinfarktes) unterschieden werden. Letztere Form ist viel seltener und in der ambulanten Medizin kaum anzutreffen, weshalb sich die nachfolgenden Ausführungen auf die chronische Mitralinsuffizienz beschränken werden. Klinische Manifestation/Diagnose: Bei leichter und mittelschwerer Mitralinsuffizienz sind die Patienten in den meisten Fällen asymptomatisch, weil es häufig nur zu einer geringen Volumenbelastung des linken Ventrikels kommt und die Hämodynamik sowie das Herzminutenvolumen normal bleibt. Selbst bei schwerer Insuffizienz bleiben Patienten oft über längere Zeit asymptomatisch bis zu dem Zeitpunkt, an dem es zu einer linksventrikulären Dysfunktion, pulmonaler Hypertonie oder Vorhofflimmern kommt. Die häufigsten Symptome sind Anstrengungsdyspnoe, Abgeschlagenheit/Müdigkeit als Resultat einer verminderten Auswurfleistung und pulmonaler Drucksteigerung, sowie Palpitationen bei Vorhofflimmern. Für das Timing einer chirurgischen Intervention ist es von zentraler Bedeutung den Übergang vom asymptomatischen zum symptomatischen Stadium zu erfassen, was regelmässige Kontrollen inklusive einer gründlichen Anamnese erforderlich macht. Die Verdachtsdiagnose einer Mitralinsuffizienz wird initial meist auskultatorisch gestellt. Typischerweise findet sich dabei ein hochfrequentes, holosystolisches Strömungsgeräusch mit maximaler Intensität über dem Apex, meist mit Ausstrahlung in Richtung Axilla/ lateral. Es besteht keine gute Korrelation zwischen Lautstärke des Systolikums und Schweregrad der Insuffizienz. Im Falle eines Mitralklappenprolapses findet sich häufig ein mid-systolischer Klick mit/ohne anschliessendem Systolikum. Die Doppler-Echokardiographie stellt die Schlüsseluntersuchung für die Diagnose und das Management der ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 24 Mitralinsuffizienz dar. Neben der Quantifizierung des Schweregrades lassen sich vor allem auch Aussagen über die Klappenmorphologie, die Ätiologie der Insuffizienz sowie die Rekonstruierbarkeit der Klappe machen, was für die Wahl des operativen Therapieverfahrens von grosser Bedeutung ist. Weitere wichtige Parameter, welche insbesondere für die Indikationsstellung zur Operation wichtig sind, sind linksventrikuläre Funktion, Grösse des linken Vorhofes sowie pulmonal-arterielle Druckverhältnisse. In den meisten Fällen reicht eine transthorakale Untersuchung für die Beurteilung aus. Bei schlechter Bildqualität oder speziellen Fragestellungen (z.B. Endokarditis) kann aber eine transösophageale Echokardiographie notwendig werden, welche eine sehr hohe diagnostische Genauigkeit aufweist. Verschiedene Doppler-Techniken erlauben die Abschätzung des Schweregrades der Insuffizienz. Dabei ist es wichtig zu erwähnen, dass keiner der verfügbaren Parameter perfekt ist und isoliert für die Beurteilung verwendet werden soll. Der einfachste Ansatz ist die Messung der engsten Stelle des Farb-Doppler Jets, die sogenannte Vena contracta. Eine weitere Methode ist PISA (proximal isovelocity surface area), mit welcher die Fläche des Insuffizienz-Jets (EROA = effective regurgitant orifice area), das Regurgitationsvolumen sowie die Regurgitationsfraktion berechnet werden können. Die Grösse/ Ausdehnung des Insuffizienz-Jets im Farb-Doppler ist nicht gut reproduzierbar und hängt stark von der Einstellung am Echogerät (Gain, Filter etc.) ab. Die verschiedenen Doppler-Kriterien für die Diagnose einer schweren Mitralinsuffizienz sind: Vena contracta > 7mm, Regurgitationsfläche (EROA) > 0.4cm2, Regurgitationsvolumen > 60ml / Herzschlag, Regurgitationsfraktion > 50%. (gemäss den aktuellen Richtlinien der ASE). All diese Doppler-Parameter müssen zwingend im Gesamtkontext interpretiert werden. Eine schwere chronische Mitralinsuffizienz findet sich nicht (mit sehr seltenen Ausnahmen) ohne Vergrösserung des linken Vorhofes und des linken Ventrikels. Beträgt der enddiastolische Durchmesser des linken Ventrikels < 60mm (ca. 35mm/m2 indexiert) muss die Diagnose einer schweren chronischen Mitralinsuffizienz ernsthaft hinterfragt werden. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 25 Die Beurteilung des Schweregrades einer Mitralinsuffizienz bleibt auch heute trotz moderner Technik auch für den erfahrenen Untersucher eine Herausforderung. Spontanverlauf/Prognose: Die besten Daten über den Spontanverlauf bei Mitralinsuffizienz kommen aus Untersuchungen von Patienten mit Mitralklappenprolaps (MKP) mit / ohne «flail leaflet» (frei prolabierendes Segment/ Segel z.B. bei Sehnenfadenruptur). Diese Daten lassen sich nur sehr beschränkt auf andere Formen (ischämische Mitralinsuffizienz, funktionelle Mitralinsuffizienz bei LV-Dilatation) übertragen. Die Prävalenz des MKP unter Verwendung der aktuellen Ultraschalltechnik wird auf 0.6 bis 2.4% geschätzt. Der Spontanverlauf ist im allgemeinen gut, es können jedoch Komplikationen auftreten. Die meisten Daten entstammen einer Studie aus dem Olmsted County, Minnesota, in welcher 850 Patienten mit einem MKP im Mittel für 5.4 Jahre nachverfolgt wurden. Es zeigte sich, dass das Vorliegen einer mittelschweren oder schweren Mitralinsuffizienz (echokardiographisch) der wichtigste prädiktive Faktor für die kardiovaskuläre Mortalität war. Ein weiterer primärer Faktor war die eingeschränkte linksventrikuläre Funktion (EF < 50%). Sekundäre Risikofaktoren, welche prädiktiv für die kardiovaskuläre Morbidität waren, sind: leichte Mitralinsuffizienz, linksatriale Dimension > 40mm, «flail leaflet», Vorhofflimmern und Alter > 50 Jahre. Daraus ergeben sich folgende prognostische Gruppen: - Niedriges Risiko: Kein primärer, 0-1 sekundärer Risikofaktor: gute Prognose, 10-Jahres Mortalität 5%, was derjenigen einer Vergleichspopulation entspricht. Die kardiovaskuläre und MKP abhängige Morbidität betrug 0.5, resp. 0.2%/Jahr. - Mittleres Risiko: Kein primärer, = 2 sekundäre Risikofaktoren: 10-Jahres Mortalität vergleichbar mit Kontrollpopulation, jedoch höhere Rate der kardiovaskulären und MKP abhängigen Morbidität: 6.2, resp. 1.7%/Jahr. - Hohes Risiko: 1 primärer Risikofaktor: erhöhte Gesamt- und kardiovaskuläre Mortalität (4.5, resp. 3.4% / Jahr) und erhöhte kardiovaskuläre und MKP abhängige Morbidität (18.5, resp. 15%/Jahr) ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 26 Die kombinierte 5-Jahres Mortalität/ Morbidität in der Patientengruppe mit niedrigem/mittleren/hohem Risiko und Alter < 50 Jahren betrug 1%/ 22%/ 49%. Bei älteren Patienten (> 50 Jahre) zeigt sich eine deutlich Zunahme der Morbidität/Mortalität insbesondere in der Gruppe mit hohem Risiko (3% / 26% / 66%). In einer prospektiven Studie mit 460 Patienten (Durchschnittsalter 63 Jahre, LVEF = 70%, 80% mit MKP, durchschnittliches Follow-Up 2.7 Jahre) wurden Patienten mit einer schweren Mitralinsuffizienz definiert als Regurgitationsfläche (EROA) > 40mm2, mit solchen mit einer EROA < 20mm2 verglichen. Die Ersteren zeigten eine deutlich erhöhte Gesamtmortalität (RR 2.90), kardiale Mortalität (RR 5.21) und Auftreten kardialer Ereignisse (RR 5.66). Daraus ergab sich eine 5-Jahres Gesamtmortalität von 42% vs. 9% sowie einer kardialen Mortalität von 36% vs. 3% im Vergleich der zwei Gruppen. Diese Ergebnisse Unterstreichen die prognostische Bedeutung des Schweregrades der Mitralinsuffizienz. Das Auftreten eines «flail leaflet» beschleunigt die Progression der Mitralinsuffizienz deutlich. Es wird geschätzt, dass ca. 10% der Patienten mit MKP im Verlauf des Lebens eine Klappenoperation benötigen. Medikamentöse Therapie: Es existieren keine Studien, die zeigen, dass eine vasodilatatorische Therapie bei asymptomatischen Patienten mit chronischer Mitralinsuffizienz günstig wirkt und wird daher auch nicht empfohlen (Ausnahme Patienten mit arterieller Hypertonie). Bei symptomatischen Patienten führt eine akute Nachlastsenkung (z.B. Nitroprussid, Hydralazin) zur Verminderung des linksventrikulären Füllungsdruckes und zur Zunahme des Herzminutenvolumens. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 27 Die Effekte einer chronischen vasodilatatorischen Therapie sind hingegen weniger überzeugend, wobei man die grösste Wirkung bei Patienten mit grossem Ventrikel, schlechter LV-Funktion und ausgeprägten Symptomen beobachtet. Aufgrund der guten chirurgischen Resultate sollte eine chronische ACE-Hemmer-Therapie Patienten vorbehalten werden, die für eine Operation nicht in Frage kommen. Endokarditis-Prophylaxe: Das jährliche Endokarditisrisiko bei MKP wird auf ca. 1/1900 bei Vorliegen einer auskultatorischen Mitralinsuffizienz und 1/22'000 bei Patienten ohne Insuffizienz geschätzt. Risikofaktoren sind männliches Geschlecht, Alter, und v.a. auch eine Verdickung der Segel. Über viele Jahre wurde daher bei Patienten mit auskultierbarer Mitralinsuffizienz eine Endokarditis-Prophylaxe empfohlen. Kürzlich wurde nun alle diesbezüglich verfügbare Evidenz für die neuen amerikanischen Prophylaxe-Richtlinien begutachtet und die Experten kamen überein, dass die aktuelle Datenlage eine Endokarditis-Prophylaxe nicht rechtfertigt. Dies wurde insbesondere damit begründet, dass man gesehen hat, dass in nur gut 40% aller Fälle ein prädisponierendes Ereignis (z.B. Zahnarztbesuch) eruiert werden konnte. Dazu kommen Resistenzen auf die wiederholt eingesetzten Antibiotika und das Risiko einer allergischen Reaktion. Des weitern kamen neuere Studien zum Schluss, dass nur eine kleine Anzahl von Fällen effektiv durch eine Prophylaxe verhindert werden können. Leider besteht aktuell das Dilemma, dass weder die europäischen noch die schweizerischen Fachgesellschaften die Richtlinien erneuert haben. Die schweizerische Gesellschaft für Kardiologie empfiehlt bis zum Erscheinen der revidierten Richtlinien die bisherigen (inkl. den bestehenden Endokarditisausweisen) zu verwenden. Da es selten gewichtige «transatlantische» Differenzen bezüglich kardiologischer Richtlinien gab, ist davon auszugehen, dass ähnliche Empfehlungen in naher Zukunft auch bei uns Einzug finden werden. Verlaufskontrollen: Asymptomatische Patienten mit leichter Mitralinsuffizienz und fehlenden Hinweisen für LV-Dilatation, LV-Dysfunktion oder pulmonale Hypertonie sollten jährlich klinisch kontrolliert werden. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 28 Eine Echokardiographie ca. alle 5 Jahre ist ausreichend sofern keine Hinweise auf eine Progression der Insuffizienz bestehen. Patienten mit mittelschwerer Mitralinsuffizienz sollten bei stabiler Klinik jährlich (Echokardiographie alle 1-2 Jahre) untersucht werden. Bei Patienten mit asymptomatischer schwerer Mitralinsuffizienz sollte eine Evaluation inklusive Echokardiographie alle 6 bis 12 Monate erfolgen um allfällige Symptome zu erfassen und eine mögliche asymptomatische LV-Dysfunktion nicht zu verpassen. Die Durchführung eines Belastungstests kann zur Objektivierung von Veränderungen der Leistungsfähigkeit/Symptome nützlich sein, insbesondere wenn die Anamnese schwierig zu erheben oder nicht konklusiv ist. Indikationen zur Operation/Operative Verfahren: Die Verwendung eines evidenz-basierten Ansatzes in der Behandlung der Mitralinsuffizienz wird erschwert durch das Fehlen guter Daten bezüglich günstiger Prädiktoren für den Erfolg einer Operation. Bei Patienten mit symptomatischer schwerer chronischer Mitralinsuffizienz und erhaltener linksventrikulärer Funktion besteht die Indikation zur operativen Sanierung zur Verbesserung der Symptome und zur Erhaltung der linksventrikulären Funktion. Die Entscheidung ist aber schwieriger bei asymptomatischen Patienten mit schwerer Mitralinsuffizienz. Da der Patient sich gut fühlt, braucht es gute Evidenz dafür, dass die Operation die Prognose und die langfristige Lebensqualität verbessern wird. Zusätzlich müssen die potenziellen Vorteile einer Operation deren Risiken überwiegen. Die Operationsindikation wird zusätzlich erschwert durch die Vielfalt an Ursachen einer Klappendysfunktion. So hängt die Prognose von Patienten mit sekundärer Mitralinsuffizienz im Rah- ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 29 men einer dilatativen Kardiomyopathie oder ischämischer Genese hauptsächlich von der Grunderkrankung ab und der Nutzen einer operativen Korrektur ist zurzeit kontrovers. So können bei diesen Patienten auch ein reverses Remodelling unter medikamentöser Therapie, eine koronare Revaskularisation oder allenfalls auch eine kardiale Resynchronisationstherapie (CRT) den Schweregrad der Mitralinsuffizienz positiv beeinflussen. Bei Patienten mit einer primären Mitralinsuffizienz, beispielsweise aufgrund eines MKP sind hingegen die kardialen Probleme alleine durch den vermehrten Rückfluss über die Mitralklappe bedingt, und können durch eine operative Korrektur oft mit gutem Ergebnis behoben werden. Die Entscheidung zur Operation wird des weitern vom gewählten Operationsverfahren beeinflusst. Die chirurgischen Optionen bestehen aus Mitralklappenersatz (mechanisch oder biologisch) mit/ohne Erhaltung der Chordae sowie der Mitralklappenrekonstruktion (MKR). Die MKR hat verschiedene Vorteile wie die fehlende Notwendigkeit zur oralen Antikoagulation, sowie der Erhalt von Kontinuität und Geometrie des Klappenanulus, subvalvulären Apparates/Papillarmuskeln. Dieser Erhalt führt dazu, dass die linksventrikuläre Funktion postoperativ erhalten bleibt oder sich gar verbessert. Können die Chordae-Strukturen nicht erhalten werden, kommt es meist zu einem Abfall der Auswurffraktion um 10% (absolut). Der Erhalt der linksventrikulären Funktion resultiert in einer niedrigeren perioperativen Mortalität und verbesserter Langzeitprognose gegenüber dem Klappenersatz. Eine MKR (heute meist mittels Anuloplastiering) ist sehr dauerhaft und weist zudem eine sehr niedrige Reoperationsrate auf. Das ereignisfreie Überleben wird mit 80-90% nach 5-10 Jahren angegeben. Ist eine MKR nicht machbar, muss die Klappe nach Möglichkeit unter Erhalt der Chordae ersetzt werden. Wegen der längeren Lebensdauer wird dazu meist eine mechanische Prothese verwendet, die jedoch eine gute orale Antikoagulation (INR 2.5 bis 3.5) absolut notwendig macht. Bioprothesen werden vorwiegend bei älteren Patienten, bei Kontraindikation für eine Langzeitantikoagulation oder bei Endokarditis verwendet. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 30 Die operative Technik der MKR hat sich über die vergangenen Jahre stark weiterentwickelt und der Anteil an Patienten, welche für eine Rekonstruktion in Frage kommen ist stetig gestiegen. Das Ergebnis einer Rekonstruktion ist jedoch sehr stark abhängig von der Erfahrung des Operateurs und so finden sich bezüglich Verhältnis von Rekonstruktion zu Ersatz zwischen verschiedenen Zentren teils grosse Unterschiede. In erfahrenen Zentren liegt der Anteil an Rekonstruktionen der Mitralklappe mittlerweile bei nahezu 90%. Aufgrund der besseren Langzeitergebnisse wird die Indikation zur Operation bei möglicher MKR eher grosszügiger gestellt. Zusammenfassung: Die Mitralinsuffizienz ist eine häufige Erkrankung und die meisten praktizierenden Ärztinnen und Ärzte werden in der einen oder anderen Form damit im Alltag konfrontiert werden. Die Echokardiographie ist die Schlüsseluntersuchung für Diagnose, Identifikation der Ätiologie sowie Management. Das Management der Mitralinsuffizienz hängt sehr stark von der zugrundeliegenden Ursache ab. Für die symptomatische primäre chronische Mitralinsuffizienz besteht im Allgemeinen eine Operationsindikation. Regelmässige Verlaufskontrollen zur Erfassung des Übergangs zum symptomatischen Stadium der Erkrankung sind von zentraler Bedeutung. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 31 Literatur: ACC/AHA 2008 Guideline update on valvular ACC/AHA 2006 Guidelines for the manage- heart disease: focused update on infective ment of patients with valvular heart disease: endocarditis: a report of the American College a report of the American College of Cardio- of Cardiology/American Heart Association logy/American Heart Association Task Force Task Force on Practice Guidelines. Circulation. on Practice Guidelines, Circulation. 2006 Aug 2008 Aug 19; 118(8): 887-96 1; 114(5): e84-231 Recommendations for evaluation of the seveGuidelines on the management of valvular rity of native valvular regurgitation with two- heart disease: The Task Force on the Manage- dimensional and Doppler echocardiography. ment of Valvular Heart Disease of the Euro- J Am Soc Echocardiogr. pean Society of Cardiology. Eur Heart J. 2007 2003 Jul; 16(7): 777-802 Jan; 28(2): 230-68 ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 32 Stratification du risque dans les arythmies d'origine génétique Dr méd. Thomas Wolber Médecin-chef, clinique de cardiologie de l’Hôpital Universitaire de Zurich 1. Le syndrome congénital du QT long Deux variantes congénitales du syndrome du QT long existent et si le syndrome de Jervell Lange-Nielsen (JLN) est associé à une surdité, celui de RomanoWard ne l’est pas. On distingue différentes formes de ce syndrome en fonction de chaque mutation causale. Les plus fréquentes sont les formes LQT1 et LQT2 qui sont liées à la mutation d’un canal potassique ainsi que la forme LQT3 liée à la mutation d’un canal sodique. Les manifestations cliniques sont souvent dramatiques. Des enfants et des adolescents jusqu'alors en bonne santé sont victimes de syncope, d’arrêt cardiaque ou de mort subite d'origine cardiaque. Les syncopes surviennent dans le cadre de tachycardie ventriculaire avec torsades de pointes qui dégénèrent souvent en fibrillation ventriculaire. Chez des patients porteurs de la mutation LQT1, les événements se produisent le plus souvent pendant un effort ou une situation de stress. Par contre, chez les patients présentant un syndrome LQT2, les événements sur- viennent au décours d’un stress émotionnel comme un bruit soudain ou une sonnerie de téléphone inopinée, notamment au repos. La prévalence d'un intervalle QT allongé chez des bébés âgés de 3 semaines est de 1,4% (QTc : 440-469 ms) ou de 7 pour mille (QTc > 470 ms). On peut mettre en évidence une mutation chez tout juste la moitié des enfants qui présentent un QTc supérieur à 470 ms. Au total, la prévalence actuellement admise du syndrome du QT long est de 1/2500. Il existe aussi des porteurs de mutations phénotypiques silencieuses (QTc < 440 ms). A l’examen électrocardiographique (ECG) on enregistre, outre un allongement de l’intervalle T, différents types d'ondes T. Des ondes T négatives profondes dans les dérivations pré-cordiales, des ondes T biphasiques ou encore des ondes T caractéristiques présentant un aspect en double bosse peuvent être observées. La détermination de la durée de l'intervalle QT se fait à l'aide du QTc corrigé par la fréquence. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 33 La formule de Bazett pour la correction de la fréquence cardiaque est un outil clinique important en dépit de l’imprécision dans les spectres de fréquence supérieurs et inférieurs. Les intervalles QT supérieurs à 440 ms sont considérés allongés. Chez la femme des valeurs jusqu’à 460 ms peuvent être normales. L’allongement de l’intervalle QT chez la femme est visible dès l’installation de la puberté et pourrait donc être d’origine hormonale. Bien que des syncopes puissent aussi survenir lorsque l’allongement de l’intervalle QT est faible, le risque augmente généralement avec la durée de l'allongement de l'intervalle QT. À partir de 500-550 ms, le risque est nettement accru. En raison d'une pénétrance plus faible, un syndrome du QT long peut aussi être génotypiquement présent chez des sujets ayant un intervalle QT normal sur le plan phénotypique. À cet égard, par exemple un syndrome du QT long chez un membre de la famille d'un patient atteint ne peut être exclu sur le seul examen de l'ECG. Dans les syndromes du QT long, on peut noter des pauses sinusales de plus de 1, 2 secondes qui ne sont pas provoquées par une arythmie sinusale. Ces pauses peuvent déclencher des arythmies et constituent un signe d'alarme puissant chez les patients présentant une forme LQT3. Le syndrome de Jervell Lange-Nielsen (JLN) est une variante récessive du syndrome du QT long. On retrouve la plupart du temps des mutations homozygotes des gènes KCNQ1 ou KCNE1. Les patients présentant un syndrome de JLN souffrent également d'une surdité congénitale. Le syndrome de JNL est, avec les formes très rares du syndrome du QT long caractérisées par un bloc auriculo-ventriculaire congénital et une syndactylie, la variante principale la plus grave du syndrome du QT long. Pratiquement 90% des patients souffrent d'événements cardiaques; arrivés à leur 3e année, 50% des enfants sont symptomatiques. Les patients qui ont un risque plus faible sont ceux qui présentent un QTc inférieur à 500 ms et les patients ayant une survie sans syncope jusqu'à l'âge de 5 ans. Il est important d'effectuer une étude génétique étant donné que la mutation KCNE1 a une évolution moins grave que la mutation KCNQ1. Le traitement des patients atteints d’un syndrome de JLN est difficile ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 34 étant donné qu'ils présentent dès leur très jeune âge une symptomatologie cardiaque et que les bêtabloquants ont un effet peu important. L'implantation d'un défibrillateur cardiaque doit donc être prise en compte de façon précoce. Dans le sous-groupe à faible risque l'implantation peut être différée jusqu'à l’âge de 8-10 ans. Il faudrait par principe demander un diagnostic moléculaire chez tout individu ou famille pour lesquels le diagnostic clinique de syndrome du QT long a été posé ou suspecté. Un diagnostic moléculaire positif (taux de succès de 70 à 80% environ) permet de poser le diagnostic dans des cas cliniquement limites ou chez des personnes qui semblent indemnes. En raison de la pénétrance variable de la maladie, il est très important d'effectuer le génotypage du cas index d'une famille présentant un syndrome du QT long. Ce génotypage permet le dépistage de tous les membres de la famille et l'identification de 10 à 35% des porteurs normaux de la mutation phénotypiquement normaux à risque accru. La génétique moléculaire apporte une contribution importante à la stratification du risque dans le syndrome du QT long. On a pu montrer par des études de génétique moléculaire que le taux d'arythmie potentiellement mortelle dans le LQT1 était plus faible que pour d'autres génotypes. 37% de tous les patients ayant un type LQT1 sont porteurs d’une mutation silencieuse et la grande majorité de tous les patients LQT1 ne souffrent jamais d’un événement cardiaque. Malgré un tableau clinique impressionnant, près de la moitié de tous les patients LQT2 et LQT3 restent asymptomatiques. On a récemment pu montrer que le phénotype était influencé non seulement par le gène atteint mais aussi par la localisation de la mutation. Il est possible dans l'avenir que l’on puisse dans certains cas effectuer une stratification du risque non selon le gène mais en fonction de la mutation en cause. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 35 Relation avec la mort subite du nourrisson: En l’absence de contre-indications, les bêta- La mort subite du nourrisson (MSN; sudden bloquants sont le traitement de choix des infant death syndrome ou SIDS) est la cause patients présentant un syndrome du QT long de décès la plus fréquente au cours de la pre- symptomatique. Les bêtabloquants sont par- mière année dans le monde occidental. Dans ticulièrement efficaces chez des patients une étude prospective, on a montré qu’un al- LQT1. La mortalité annuelle s’établit à 0,5%. longement de l’intervalle QT supérieur à 440 Chez les patients porteurs d'un LQT1, il est ms constituait un facteur de risque substantiel rare que la prise en charge aille au-delà du de MSN. Actuellement on peut supposer que traitement antiadrénergique. 11 à 13% de tous les cas de MSN sont dus à un Les patients LQT2 et LQT3, qui sont plus fré- syndrome du QT long. quemment victimes d‘événements cardiaques Traitement du syndrome du QT long: potentiellement mortels sous traitement bêta- Le déclenchement de la plupart des épisodes bloquant, ont davantage besoin de traite- d’arythmie potentiellement mortels au cours ments supplémentaires. De même, les pa- d’un syndrome du QT long est dû à une aug- tients qui présentent un syndrome de JLN ne mentation brutale du tonus sympathique. sont pas protégés suffisamment par les bêta- Ainsi, les traitements antiadrénergiques of- bloquants. frent la plus grande protection. Certains patients souffrent aussi toutefois de syncopes La dénervation sympathique cardiaque gauche pendant leur sommeil, au repos, voire aussi est un geste chirurgical possible pour un trai- lors d’un réveil soudain. tement antiadrénergique durable. Elle consiste en l'ablation des quatre premiers ganglions thoraciques par une petite incision sous-claviculaire effectuée en 35 à 45 minutes. Cette intervention concerne les patients à haut risque. Par la dénervation sympathique on obtient un raccourcissement du QTc, une réduction importante des événements cardiaques et une réduction de la mortalité pouvant atteindre jusqu'à 90%. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 36 On a assisté au cours des dernières années à En particulier chez l'enfant présentant un syn- une augmentation considérable, et en partie drome du QT long, il faut poser l’indication de injustifiée, de l'implantation d’un défibrilla- l'implantation d'un défibrillateur avec circons- teur chez des patients présentant un syn- pection. Il faut toujours instaurer en première drome du QT long. Un arrêt cardiaque docu- intention un traitement antiadrénergique. menté au cours d'un syndrome du QT long Un problème supplémentaire chez le patient avec ou sans traitement est une indication ma- jeune est la nécessité de changer à plusieurs nifeste de l'implantation immédiate d'un défi- reprises batteries et électrodes, ce geste étant brillateur. Il y a toutefois désaccord concer- accompagné du risque infectieux correspon- nant l'implantation d'un défibrillateur chez les dant. patients qui n'ont pas présenté d'arrêt cardiaque. Les patients atteints d’un syndrome Les indications généralement acceptées à du QT long ont souvent des syncopes accom- l'heure actuelle pour la pose d'un défibrilla- pagnées d'une résolution spontanée en rai- teur implantable sont la survie d'une mort su- son d'une tachycardie ventriculaire auto illimi- bite, le souhait du patient ainsi que des syn- tée avec torsades de pointes. Cela peut copes sous bêtabloquants et la dénervation déclencher par conséquent chez les patients sympathique cardiaque gauche. porteurs d'un défibrillateur plusieurs décharges du dispositif appelées «tempêtes ou orages électriques». Ces «tempêtes» peuvent constituer un fardeau psychique extrême pour les sujets atteints. La fréquence de ces tempêtes électriques chez l'enfant présentant un syndrome du QT long est supérieure à 10%. Le fardeau psychique peut amener le patient au suicide. Angoisses et douleurs peuvent entraîner une excrétion massive de catécholamines qui favorisent la survenue de nouvelles arythmies et entraîner un cercle vicieux accompagné de plusieurs décharges électriques du défibrillateur chez des patients conscients. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 37 2. Cardiomyopathie ventriculaire droite arythmogène La cardiomyopathie ventriculaire droite arythmogène (CVDA) ou dysplasie ventriculaire droite arythmogène est une cardiomyopathie héréditaire caractérisée par des arythmies ventriculaires et des modifications structurelles du ventricule droit (VD). À ce jour, on a identifié douze variantes génétiques différentes qui concernent principalement les protéines desmosomales. Au cours de la maladie on constate un remaniement structurel de la musculature ventriculaire droite qui est remplacée par du tissu conjonctif et graisseux. Le principal symptôme de CVDA est la tachycardie ventriculaire. Le tableau clinique s’échelonne d'une découverte électrocardiographique faite par hasard chez un sujet asymptomatique, à des palpitations et syncopes et jusqu'à une mort subite. La prévalence de la CVDA s'élève à 1/5000 et représenterait jusqu'à 10% des cas de mort subite chez des sujets âgés de moins de trente-cinq ans. Les patients présentant une CVDA sont symptomatiques le plus souvent entre la 2e et la 5e décennie. Chez près d'un cinquième de ces sujets, la mort subite est la première manifestation de la maladie. Le diagnostic est basé sur des critères établis qui comportent les modifications structurelles et fonctionnelles du ventricule droit, des modifications électrocardiographiques spécifiques, la survenue d'arythmies ainsi que l'anamnèse familiale. Le diagnostic de base comporte un électrocardiogramme, un examen Holter ainsi qu'une échocardiographie. Les modifications structurelles peuvent être correctement évaluées par tomodensitométrie ou imagerie cardiaque par résonance magnétique (IRM cardiaque). En cas de suspicion importante de CVDA, on effectuera des explorations invasives comme par exemple une angiographie du ventricule droit, une biopsie du myocarde (endomyocardique) et des examens électrophysiologiques afin de confirmer le diagnostic. Des modifications ECG typiques surviennent chez plus de 90% des patients présentant une CVDA. Les signes électrocardiographiques typiques de la maladie sont des ondes T négatives dans les dérivations précordiales, au moins jusqu'à V3, des ondes Epsilon en V1-V3 ainsi qu'un bloc pariétal avec un complexe QRS supérieur à 110 ms en V1-V3. Chez les patients de 20 à 45 ans sans ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 38 cardiopathie avérée, il faut suspecter une CVDA en l'absence de blocs de branche droit avec onde T négative en V2 et V3. Quant à l'onde Epsilon, il s'agit d'un signal de petite amplitude présent dans le segment QRST après la fin du complexe QRS. Ce critère diagnostique primordial est retrouvé chez un tiers des patients. Un élargissement du complexe QRS dans les dérivations précordiales droites est noté chez les deux tiers des patients. Une analyse des potentiels tardifs peut avoir une valeur pronostique. La taille et la fonction du ventricule droit peuvent être analysées par échocardiographie, IRM et TDM cardiaques. Le critère diagnostique principal est une dilatation importante et/ou une insuffisance fonctionnelle du ventricule droit. L'échocardiographie possède une valeur élevée comme examen de base de dépistage non invasif. La structure et la fonction du ventricule droit peuvent être bien appréciées par l’IRM cardiaque. En outre, l’IRM permet une différenciation entre la graisse et le muscle, et comporte toutefois, en raison d’une surinterprétation de petites mo- difications, le risque d'un diagnostic de CVDA faussement positif. Le diagnostic ne doit donc pas être posé uniquement à partir d'une IRM cardiaque. Une biopsie myocardique est recommandée chez tous les patients qui présentent une suspicion de CVDA. En raison de la répartition régionale des zones myocardiques pathologiques, la biopsie du myocarde ne constitue toutefois un geste diagnostique que chez un tiers des patients. La présence de modifications typiques comportant un remaniement fibro-adipeux associées à la perte de plus de 55% des myocytes peut permettre de poser définitivement le diagnostic. De même, le diagnostic différentiel avec d'autres maladies en particulier la sarcoïdose peut se faire par la biopsie du myocarde. Le diagnostic différentiel de CVDA est représenté par la tachycardie ventriculaire idiopathique qui ne comporte pas de risque accru de mortalité et n'est pas héréditaire. La survie après un arrêt cardiaque, la survenue d'une syncope et une maladie du ventricule gauche identifient les pa- ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 39 tients à risque élevé. Les patients jeunes sont particulièrement en danger. L'implantation d'un défibrillateur est la méthode efficace afin de prévenir une mort subite chez les patients qui présentent une CVDA. En prévention primaire ou secondaire, un défibrillateur devra être implanté chez tous les patients qui remplissent les critères diagnostiques. Le bénéfice d'une exploration électrophysiologique pour évaluer le risque n'est actuellement pas certain. Les sports de compétition sont absolument contre-indiqués. Pour assurer un contrôle symptomatologique des arythmies ventriculaires, il est souvent nécessaire d'instaurer des médicaments antiarythmiques comme les bêtabloquants, le sotalol ou l’amiodarone. Une ablation par cathéter des tachycardies ventriculaires réfractaires au traitement au cours d’une CVDA peut être utile en traitement palliatif; toutefois, ce geste n'apporte qu'un soulagement provisoire. Dans de très rares cas une transplantation cardiaque est nécessaire devant une progression de l'insuffisance cardiaque et une tachycardie ventriculaire réfractaire au traitement. 3. Le syndrome de Brugada Le syndrome de Brugada est défini par des modifications ECG caractéristiques et la survenue de syncopes ou d’une mort subite chez des patients présentant un cœur normal sur le plan structurel. L’ECG montre typiquement une susdénivellation de ST dans les dérivations V1 à V3 (sus-dénivellation du point J), qui confère au complexe QRS un aspect de bloc de branche droit. Des syncopes ou des morts subites sont dues à des tachycardies ventriculaires ou à des fibrillations ventriculaires polymorphes qui surviennent sans signe d’alerte clinique. La base génétique du syndrome de Brugada est constituée par des mutations du gène SCN5A qui code le canal sodique cardiaque. La prévalence de l'affection est variable sur le plan régional, et ce dans le monde entier. Dans de nombreuses régions, les hommes sont plus souvent atteints que les femmes. Des études réalisées au Japon et en France ont montré des modifications typiques à l'ECG chez environ 1 sujet pour mille dans la population normale. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 40 La mortalité annuelle est évaluée de 0,005 à 1 pour mille. Le syndrome de Brugada pourrait être responsable de 4 à 12 % de tous les cas de mort subite et jusqu’à 50% des morts subites chez les patients présentant un cœur structurellement normal. Le syndrome de Brugada se manifeste le plus souvent entre 30 et 40 ans mais peut survenir à tout âge. La plus jeune victime d’un syndrome de Brugada accompagné de mort subite connue à ce jour était âgée de 6 mois et la plus âgée de 74 ans. Le spectre clinique de la maladie varie: patients asymptomatiques présentant des modifications ECG, syncopes survenant dans un contexte de tachycardie ventriculaire auto-résolutive, voire tachycardies ventriculaires soutenues et polymorphes, fibrillation ventriculaire et mort subite. La symptomatologie clinique n'est pas inévitablement corrélée à la morphologie des modifications ECG. L'ECG apporte néanmoins des indications pronostiques. On différencie les types 2 et 3 présentant des modifications moins importantes de ST de la forme électrocardiographique typique de type 1 décrite ci-dessus. Les modifications électrocardiographiques d'un patient peuvent varier en fonction du temps, voire disparaître complètement de façon temporaire. Les modifications électrocardiographiques peuvent être démasquées ou accentuées avec l'administration d'antiarythmiques de classe 1c ou en cas de variations du système nerveux autonome au cours d'une fièvre ou d'une fibrillation auriculaire. Un ECG de type I est un indicateur d'un risque accru de mortalité, qu'il soit spontané ou survienne après administration d'un antiarythmique de classe 1c et ceci indépendamment de la symptomatologie clinique. Jusqu'à 40% des cas de nouveaux diagnostics électrocardiographiques d'un syndrome de Brugada présentent des tachycardies ventriculaires polymorphes ou une mort subite dans un délai de 2 à 3 ans. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 41 Les patients asymptomatiques chez lesquels un électrocardiogramme pathologique est observé uniquement après une épreuve de charge pharmacologique ont un risque comparativement plus faible. Dans la maladie de Steinert (dite encore de Curshmann-Steinert ou dystrophie myotonique), de thorax en entonnoir (pectus excavatum) ou encore de tumeurs médiastinales, on peut observer des modifications électrocardiographiques identiques. C'est la raison pour laquelle il faut éliminer ces troubles avant de porter un diagnostic définitif de syndrome de Brugada. Non traité, le syndrome de Brugada à un pronostic défavorable. Un tiers de l'ensemble des patients après une syncope ou un arrêt cardiaque souffre d'une tachycardie ventriculaire polymorphe à nouveau dans un délai de 2 ans. Le pronostic des patients asymptomatiques présentant un électrocardiogramme typique de type 1 n’est pas essentiellement différent. Les bêtabloquants et les autres antiarythmiques, comme l’amiodarone, n'offrent pas de protection fiable. Le seul traitement efficace est l'implantation d'un défibrillateur. Chez les patients symptomatiques, il faut implanter un défibrillateur. Les données de suivi allant jusqu'à 10 ans ont montré une mortalité nulle (0%) après mise en place d'un défibrillateur. Le bénéfice clinique d'une exploration électrophysiologique est discuté. Beaucoup de centres utilisent l'exploration électrophysiologique associée à des paramètres cliniques et électrocardiographiques pour la stratification du risque. Un défibrillateur implantable est indiqué chez les patients asymptomatiques présentant spontanément un électrocardiogramme anormal et une arythmie ventriculaire inductible. Les patients dont l’électrocardiogramme est spontanément normal et chez lesquels on observe uniquement après provocation pharmacologique un syndrome typique de Brugada à l'électrocardiogramme sans déclenchement d'une arythmie à l'exploration électrophysiologique ont à l'heure actuelle souvent une indication en faveur d’une absence d'implantation de défibrillateur. Toutefois ces patients doivent avoir un suivi régulier et soigneux. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 42 Stratification du risque de la maladie coronarienne Micha T. Maeder 1 et Michael J. Zellweger 2 les conséquences pathophysiologiques de la 1 Cardiologue FMH, Baker IDI Heart and coronaropathie (ischémie), alors que l’angio- Diabetes Institute/Heart Center, Alfred graphie coronarienne classique et sa variante Hospital, PO Box 6492, St Kilda Road non invasive par tomographie computérisée vi- 2 Central, Melbourne 8008 Victoria, Australia, sualise le corollaire morphologique (sténose [email protected]. coronarienne). De prime abord, les résultats de Cardiologue FMH, Chef de Clinique et ces deux approches peuvent paraître diver- Directeur de la Division de Cardiologie gents, notamment chez des patients asympto- nucléaire, Kardiologische Klinik, Universi- matiques; ainsi, la normalité d’un test non tätspital Basel, Petersgraben 4, 4031 Basel, invasif à la recherche d’ischémie ne garantit [email protected]. pas l’indemnité des coronaires, mais rend probable l’absence d’une sténose hémodyna- Résumé miquement significative et, par voie de consé- La maladie coronarienne fait partie des causes quence, est de bon pronostic. de décès majeures. La détection précoce de la maladie et son traitement est dès lors primordiale. Chez les individus asymptomatiques, une estimation du risque global faite à partir des facteurs de risque cardio-vasculaire classiques est la base d’une stratification du risque déterminant les mesures prophylactiques primaires. Exception faite de quelques situations bien définies, des investigations complémentaires poussées ne sont pas préconisées pour le collectif d’individus asymptomatiques faute de méthodes simples, précises, économiques et sans risques. Si un tel examen est effectué, le choix se portera sur le procédé adapté à la situation individuelle de manière optimale. Il convient de se souvenir qu’une ergométrie ou une imagerie sous stress met en évidence Introduction La maladie coronarienne est en tête de liste des causes de décès dans le monde entier. L’importance majeure de la prévention, du dépistage et d’un traitement adéquat est incontestable; en revanche, la mise en application pratique de telles mesures est difficile faute de méthodes simples, précises, économiques et sans risque, adaptées à un screening à large échelle. Cette revue se focalise sur l’estimation de la probabilité d’une coronaropathie chez des individus* asymptomatiques, sur les tests complémentaires disponibles et l’interprétation de leurs résultats. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 43 La mise en évidence de calcifications coronariennes (corrolaire anatomique) est preuve d’une coronaropathie à un stade indétectable par ergométrie (documentation de conséquences pathophysiologiques). Conformément à l’illustration 1, plusieurs tests sont disponibles, basés sur des principes différents, dont la valeur se positionne toutefois de manière prépondérante (Annotation à insérer:* par simplification, ce manuscrit utilise exclusivement la forme masculine recouvrant les deux sexes) Principe de la stratification du risque chez des individus asymptomatiques La symptomatologie d’angine de poitrine ne représente que la pointe de l’iceberg de la «cascade ischémique» (illustration 1). Illustration 1: Principe de la «cascade ischémique» Des altérations morphologiques précoces silencieuses précèdent l’ischémie symptomatique associée à des lésions plus avancées. Les méthodes d’investigation citées mettent en évidence des stades variés de la maladie coronarienne; de ce fait et de prime abord, les résultats peuvent paraître divergents. CAC-Score: «Coronary artery calcium-Score», Coronarographie: Angiographie coronarienne, CT: «Computerized tomography» coronarienne, Dysfonction VG: Dysfonction ventriculaire gauche, Écho: Échocardiographie, IRM: Imagerie par résonance magnétique cardiaque, SPM: Scintigraphie de perfusion du myocarde. PATHOPHYSIOLOGIE Anamnèse Ergométrie Angor Écho, IRM, SPM SPM, IRM, Écho Coronarographie, CT Sous-dénivellation ST Dysfonction VG Perfusion Sténose coronarienne CT (CAC-Score) Calcification coronarienne MORPHOLOGIE ISCHÉMIE Ø ISCHÉMIE ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 44 dans le domaine du diagnostic et/ou de la stratification du risque de patients symptomatiques, dont la probabilité d’une coronaropathie sous-jacente est moyenne à élevée. Le but de la stratification du risque chez l’individu asymptomatique est l’appréciation de la probabilité de survenue d’une manifestation coronaropathique dans le long terme permettant de déterminer la mise en application de mesures prophylactiques primaires adéquates. La stratification de risque s’appuie principalement sur l’évaluation des facteurs de risque cardio-vasculaire classiques, en bonne partie modifiables (nicotine, hypertension, cholestérol, diabète …). Le risque global individuel calculé sur la base de ces données déterminera la nature de la prophylaxie primaire (mesures non médicamenteuses ou pharmacothérapie). Les scores de Framingham, PROCAM ou AGLA (AGLA-Kalkulator sur www.agla.ch) évaluent le risque eu égard à la survenue d’une manifestation coronarienne à 10 ans. Ces différents scores s’appuient sur un même principe tout en intégrant certaines particularités géographiques ou ethniques. Un taux inférieur à 10% représente un risque faible à 10 ans, un taux à 10-20% un risque moyen et un taux supérieur à 20% un risque élevé. A l’heure actuelle, toute investigation allant au-delà d’une détermination simple du profil de risque est non préconisée pour une population asymptomatique, la prévalence d’une coronaropathie étant dans ce collectif clairement inférieure à celle d’un collectif de patients symptomatiques (illustration 2); de plus, les méthodes d’examen disponibles sont compliquées, onéreses et insuffisamment précises pour un screening. Une attitude plus agressive face à des individus asymptomatiques avec risque cardio-vasculaire intermédiaire est en discussion avec recours éventuel à des tests tel le «coronary artery calcium (CAC) score»; suivant le résultat, une catégorisation «haut risque» serait possible ouvrant la voie à l’instauration d’un traitement agressif d’hypertension ou de dyslipidémie dans le but d’une réduction précoce du risque coronarien. En revanche, des investigations complémentaires sont inutiles en cas d’une appréciation «haut risque» d’un individu asymptomatique; en effet et selon ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 45 Illustration 2 Prévalence de la coronaropathie en fonction du sexe, de l’âge et des symptômes. 1: Angor typique 2: angor atypique 3: Douleurs thoraciques non-cardiogènes 4: Absence de symptômes. Illustration modifiée d’après : Diamond, G.A. and Forrester, J.S., Analysis of probability as an ƃ 60 80 1 40 2 20 Prévalence de la coronaropathie 100% aid in the clinical diagnosis of coronary-artery disease, N Engl J Med, 1979, 300, p. 1350-8 3 0 4 30 40 50 60 70 80 90 Ƃ 1 60 80 2 40 3 20 4 0 Prévalence de la coronaropathie 100% Agé Agé 30 40 50 60 70 80 90 ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 46 le théorème de Beyes, cette appréciation ne changera pas quelque soit le résultat des examens complémentaires (positif ou négatif ). Dans ce groupe de patients, l’indication d’un traitement prophylactique primaire selon les directives en vigueur est de toute façon donnée et cela indépendamment de toute investigation complémentaire. Chez un patient à haut risque même un examen négatif ne rassure pas, tant en raison de la nature de la maladie coronarienne que des tests utilisés: d’une part, les plaques non sténosantes échappent à toute détection fiable par les méthodes d’examens disponibles, tout en étant source d’évènements coronariens aigus sur rupture; d’autre part, la sensitivité des tests disponibles ne permet pas un diagnostic infaillible d’une maladie coronarienne même significative. Le cas des diabétiques est particulier en ce sens que l’absence de symptômes n’exclut pas la présence d’une ischémie d’effort significative; compte tenu de ceci, une stratégie plus libérale est proposée pour ce collectif bien défini, afin d’identifier ceux susceptibles de bénéficier d’une investigation invasive. Retenons qu’en cas d’absence de symptômes il n’y a que rarement indication d’ un test non-invasif; en pratique pourtant, de tels examens sont souvent effectués, engendrant en cas de fausse positivité de nouvelles investigations inutiles et onéreuses. Nous vous proposons ci-après une revue succincte des différentes investigations cardiologiques non-invasives et leur interprétation dans le contexte clinique. ECG à l’effort La consommation d’oxygène augmente à l’effort physique en parallèle à l’augmentation de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle. La présence d’une sténose coronarienne limite l’accroissement du flux sanguin, provoquant une ischémie, qui peut se manifester par de l’angor et/ou des modifications ECG; toutefois, jusqu’à 60% des épisodes ischémiques sont silencieux. En présence d’un ECG normal (sous-dénivellation ST <0.1mV par rapport au segment PQ) et d’une tolérance à l’effort suffisante, c’est l’ECG à l’effort qui reste l’examen de premier choix. Une augmentation de la fréquence cardiaque à au moins 85% de la fréquence ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 47 prédite est nécessaire pour valider un test (la fréquence cardiaque prédite est en fonction de l’âge: 220 – âge en années). Une sous-dénivellation horizontale ou descendante du segment ST d’au moins 0.1 mV est considérée «positive», soit indicative d’une ischémie myocardique induite par l’effort. Un segment ST abaissé ascendant est peu spécifique et n’est considéré positif qu’en cas d’une ascension lente et d’une sousdénivellation d’au moins 0.15mV. De plus, les éléments suivants sont à prendre en considération également: 1. En l’absence d’un effort suffisant (augmentation de la fréquence cardiaque), le test n’est pas négatif mais ininterprétable. 2. Une ischémie se développe lentement et persiste pour un certain temps (sur le plan formel, trois contractions du cœur sont exigées avec une ligne ST stable; des modifications «fugaces» sont suspectes d’être d’une origine «faussement positive»). 3. Plus la sous-dénivellation ST est précoce et profonde, plus l’ischémie est importante. 4.Les dérivations touchées par des sous- dénivellations ST ne permettent pas la localisation de l’ischémie; l’abaissement du segment ST est le plus prononcé dans les dérivations précordiales V5-V6 et cela indépendamment de la localisation de l’ischémie. 5. En cas de sous-dénivellation ST préexistante de > 0.1mV, l’interprétation d’un test d’effort sera incertaine. En cas de bloc de branche gauche, de préexcitation, d’un pace-maker ou de la digitale, les modifications du segment ST sous effort sont ininterprétables et une ergométrie à but diagnostic est dès lors à proscrire à la faveur d’un procédé par imagerie. Une méta-analyse chiffre la sensitivité de l’ergométrie à 68% et la spécificité à 77%; le test est moins sensitif et probablement moins spécifique chez les femmes comparativement aux hommes. En dehors des modifications du segment ST, l’ergométrie fournit d’autres informations pronostiques utiles: Inadaptation à l’effort, incompétence chronotrope, récupération lente d’une fréquence cardiaque normale («heart rate recovery») et adaptation tensionnelle faible, éléments qui sont tous associés à un pronostic défavorable. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 48 Une ergométrie visant à apprécier une probabilité de maladie coronarienne n’est pas préconisée pour les individus asym- ptomatiques non sélectionnés. L’approche pour le collectif des diabétiques est régie par des indications spéciales déterminées en fonction de facteurs de risque supplémentaires et /ou de co-morbidités. Une part significative de ces patients, étant incapables de fournir une charge physique suffisante, doivent être investigués par imagerie médicale combinée à une charge pharm- cologique (cf scintigraphie de perfusion myocardique). L’ergométrie est une moda- lité d’investigation adéquate pour le groupe d’individus asymptomatiques présentant de multiples facteurs de risque cardio-vasculaire ou au moins une probabilité intermédiaire de coronaropathie ainsi que pour des hommes > 45 ans ou des femmes > 55 ans, qui: a) débutent à nouveau un entraînement physique, b) exercent une profession ayant une incidence significative sur la sécurité d’autres personnes (p.ex. pilotes) ou c) présentent des co-morbidités associées à la coronaropathie (p.ex. artériopathie obstructive périphérique). Scintigraphie de perfusion du myocarde (SPM) La SPM documente le trouble de la perfusion dont le résultat sera l’ischémie. La perfusion myocardique peut être mesurée au repos et à l’effort après injection d’un marqueur radioactif (p. ex. Technetium ou Thallium) grâce à sa distribution myocardique proportionnelle au flux sanguin coronarien. Un défaut de perfusion à l’effort mais non pas au repos est indicatif d’une ischémie. Un défaut de perfusion présent tant au repos qu’à l’effort par contre, représente une cicatrice. Contrairement à l’ergométrie, la SPM permet la détermination tant de la localisation que de l’étendue de l’ischémie/cicatrice. Dans la même séance (sous réserve d’un rythme sinusal) il sera possible de mesurer les volumes ventriculaires gauches et la fraction d’éjection. La sensitivité de la SPM est supérieure (85-90%) à celle de l’ergométrie. Si toujours possible, la charge sera physique en raison des informations supplémentaires sur l’adaptation à l’effort et les données cliniques et électriques (angor, intervalle ST). En cas d’inadaptation à l’effort du patient, une charge ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 49 pharmacologique sera appliquée moyennant vasodilatation par Adénosine ou Dipyridamole (induction d’un «coronary steel») ou alors moyennant une augmentation de la fréquence cardiaque et du besoin en oxygène myocardique par Dobutamine. Les aspects positifs de la SPM sont nombreux et comportent notamment: Informations diagnostiques et pronostiques fiables indépendamment de l’état du patient et de ses antécédents (p. ex. aussi en présence de cicatrices étendues, fibrillation auriculaire ou bloc de branche); applicabilité de toutes les modalités de stress disponibles lors d’une SPM; étant un procédé bien standardisé et largement indépendant de l’examinateur, la SPM se prête bien à une utilisation à large échelle en tant que méthode de screening efficace et économique à visée appréciative de la maladie coronarienne. Les aspects négatifs englobent son accès limité (infrastructure de médecine nucléaire), ses frais et l’exposition à la radiation. Il n’y pas d’indication claire eu égard aux patients asymptomatiques. La SPM est une option d’investigation raisonnable pour les patients (notamment les diabétiques) connaissant des indica- tions spéciales telles que mentionnées dans le chapitre précédent dévolu à l’ECG d’effort. Le pronostic des patients sans cicatrice ni ischémie à la SPM est excellent avec un taux d’évènements myocardiques ou de décès < 1% et cela même en présence d’une coronaropathie. Echocardiographie de stress L’échocardiographie de stress met en évidence le trouble de la contractilité induit par l’ischémie. Le stress peut être physique ou pharmacologique (Dobutamine, éventuellement avec Atropine en plus). Le stress provoque initialement une augmentation de la contractilité de toutes les parois du myocarde. Sous charge croissante, les régions ischémiques présentent une contractilité diminuée (hypokinésie), absente (akinésie) ou paradoxale (dyskinésie). Tout comme la SPM, l’échocardiographie de stress permet également une localisation de l’ischémie ainsi que d’autres constatations morphologiques (p. ex. hypertrophie ventriculaire gauche). A l’instar de l’ergométrie, l’échocardiographie de stress ne nécessite que peu d’infrastructures et n’expose pas à des rayons. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 50 L’interprétation est difficile en cas de fenêtre sonographique sous-optimale (Obésité, COPD). L’interprétation est fortement tributaire du savoir de l’examinateur et sera difficile en cas de bloc de branche gauche, pacing et de troubles de la motilité pariétale préexistants. La sensitivité de l’échocardiographie de stress est légèrement inférieure à celle de la SPM, sa spécificité en revanche est meilleure. Les deux modalités sont équivalentes pour beaucoup de patients et le choix sera dicté par la disponibilité et l’expertise du centre d’investigations. En présence de patients asymptomatiques avec un risque coronarien faible à intermédiaire, les «guidelines» considère le recours à l’échocardiographie de stress disproportionné; les résultats sont peu clairs en l’absence de symptômes même en cas d’un risque coronarien élevé. CT coronarienne La tomographie computérisée permet une mesure du calcium coronaire (CACscore) d’une part, et d’autre part une visualisation directe des coronaires (angiographie coronarienne non-invasive). Le CAC-score est le témoin quantitatif de la pathologie vasculaire, il a une dimension pronostique et est dans une large mesure un reflet de l’âge biologique de l’individu. Un CAC-score à 0 rend l’existence d’une sténose coronarienne significative très invraisemblable et se trouve associé à un bon pronostic pour un horizon de 2-5 ans. La proposition a été faite qu’un CAC-score très bas ou très élevé chez un individu asymptomatique avec un taux intermédiaire dans la stratification du risque coronarien puisse donner naissance à un reclassement dans le groupe à bas ou à haut risque respectivement. L’imagerie coronarienne exacte par CTangiographie reste inférieure à l’examen par angiographie invasive et cela malgré de gros progrès techniques. Ainsi, plus la calcification des vaisseaux est élevée, plus l’évaluation de la lumière coronarienne sera difficile. De plus, l’exposition aux rayons X pour les deux formes d’investigations est défavorable à l’approche par CT-angiographie lors d’utilisation d’un équipement conventionnel. Un autre aspect négatif sont les nombreux résultats douteux possibles, nécessitant un enchaînement avec d’autres investigations complémentaires coûteuses et associées à ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 51 une exposition à rayons X et produit de contraste (telles IRM cardiaque ou angiographie invasive); ces situations sont: Résultat faussement positif (exclusion d’une coronaropathie au moyen d’une angiographie invasive), résultat réellement positif (angiographie invasive avant intervention) ou résultat faussement négatif (levé du doute persistante moyennant des examens plus poussés). Ainsi, la CT-angiographie coronarienne n’est réellement indiquée qu’en cas d’une très faible probabilité d’un résultat normal, évitant l’enchaînement d’une coronarographie conventionnelle, telle la situation par exemple d’un individu asymptomatique avec examen fonctionnel préalable (ergométrie etc.) douteux. IRM cardiaque L’imagerie par résonance magnétique (IRM) cardiaque fournit des images du cœur d’excellente qualité et cela presque indépendamment de la constitution de l’individu; c’est pour cette raison que l’IRM cardiaque s’est profilée comme étalon d’or de la quantification des volumes et de la fonction ventriculaire gauche. De plus, ce procédé permet une visualisation non seulement fonctionnelle de tissu fibrotique (en général cicatriciel) mais également morphologique en utilisant des séquences retardées de 10-20 minutes par rapport à l’application du produit de contraste («delayed enhancement imaging»). Ainsi, l’IRM cardiaque est en mesure d’identifier un infarctus myocardique ancien, même petit et muet. La manière d’intégration de ces données dans des algorithmes d’investigation est pour l’instant incertaine. La visualisation directe des coronaires reste une difficulté pour l’IRM cardiaque, excepté la mise en évidence d’un point de départ anormal du vaisseau. D’une part et en analogie à l’échocardiographie de stress, la stress-IRM sous Dobutamine permet une évaluation de la motilité des parois myocardiques; d’autre part et sous charge phamacologique par Adénosine, une visualisation directe de la perfusion est obtenue grâce au principe du «first pass». Après application par voie veineuse, le produit de contraste contenant du Gadolinium peut être suivi lors de son passage du coeur droit vers le cœur gauche et ensuite durant sa phase myocardique. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 52 L’image myocardique est normalement homogène, alors qu’en cas d’ischémie, la visualisation par le produit de contraste de la région concernée sera retardée. Dans une petite étude préliminaire, la sensitivité et la spécificité de l’IRM cardiaque sous perfusion semblent comparables à celles de la SPM; toutefois, la fiabilité de l’exécution pratique de cet examen n’est pas encore optimale. Angiographie coronarienne L’angiographie coronarienne reste l’étalon d’or dans le diagnostic de la coronaropathie grâce à une imagerie à haute résolution de la lumière des coronaires et cela jusqu’en périphérie. A l’heure actuelle, elle est en règle générale pratiquée en ambulatoire. C’est un procédé invasif grevé d’un risque de complications faible, qui ne seront que rarement sévères (hémorragie, AVC); il requière l’utilisation de produits de contraste en application intra-artérielle potentiellement néphrotoxique et expose aux rayons X. Cet examen confirme de manière définitive la présence d’une coronaropathie, mais ne peut se prononcer avec certitude sur la pertinence fonctionnelle d’une éventuelle sténose (ischémie). En cas de doute, l’angiographie sera complétée par un examen fonctionnel renseignant sur l’éventualité d’une ischémie induite. La coronarographie est en principe indiquée en cas d’une probabilité élevée de sténoses significatives nécessitant révascularisation pour des raisons de pronostic (sténose du tronc commun ou maladie tritronculaire sévère). Cette situation est réalisée lorsque des examens non-invasifs révèlent un risque élevé d’ischémie sévère ou de mort cardiaque subite (tableau 1). Cette approche s’applique aussi à des patients asymptomatiques et cela même en l’absence d’études pertinentes. Comme déjà précisé, la recherche de telles situations à haut risque se limitera dans le groupe des individus asymptomatiques à ceux présentant une haute prévalence de coronaropathie. Une indication incertaine quoique acceptée concerne le groupe limité de personnes dont l’activité professionnelle est déterminante pour la sécurité d’autrui (pilotes, conducteurs de locomotives) présentant des tests non-invasifs anormaux, mais non suggestifs d’un haut risque. ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne 53 Tableau 1 Constatations de haut risque • Fonction ventriculaire gauche fortement limitée au repos («left ventricular ejection fraction» = LVEF <35%) Constatations de haut risque (Mortalité > 3% par an) résultant de tests non-invasifs • Sous-dénivellation significative du segment ST et angor pour une faible charge avec inadaptation à l’effort ergométrique • Fonction ventriculaire gauche sévèrement limitée à l’effort (LVEF < 35%) • Défaut de perfusion étendu sous stress (notamment de la paroi antérieure) • Défauts de perfusion sous stress modérément étendus mais multiples • Défaut de perfusion étendu fixe avec «transient ischemic dilatation» (TID) ou captation du marqueur augmentée dans les poumons (arguments tous deux en faveur d’une dysfonction ventriculaire gauche sévère à l’effort) • Défaut de perfusion sous stress avec TID ou captation du marqueur augmentée dans les poumons • Troubles de la motilité pariétale lors d’une échocardiographie de stress (> 2 segments) sous faible dose de Dobutamine (< 10 mg/kg/min) ou associé à une fréquence cardiaque basse (< 120 pulsations/min) • Arguments en faveur d’ischémie étendue lors d’une échocardiographie de stress En d’autres termes, une coronarographie n’est pas indiquée obligatoirement pour tout patient présentant une anomalie dans un test non-invasif. Les décisions thérapeutiques (Aspirine, Statine) ne dépendent pas de l’angiographie et l’angiographie suivie d’une éventuelle intervention ne modifiera pas le pronostic. Conflits d’intérêt Aucun Contribution financière M. T. Maeder: Fond National Suisse (Grant PBZHB-121007) Littérature De la littérature couvrant tous les aspects de cet article est disponible sur demande auprès des auteurs ASA SVV Infoméd 2008/2 Des risques de la maladie coronarienne Association Suisse d’Assurances (ASA) C.F. Meyer-Strasse 14 Case Postale 4288 CH-8022 Zurich Tél. +41 44 208 28 28 Fax +41 44 208 28 00 [email protected] www.svv.ch