Jeu d`écriture et guerres de sociétés
Transcription
Jeu d`écriture et guerres de sociétés
Tiré à part NodusSciendi.net Volume 9 ième Août 2014 Jeu d’écriture et guerres de sociétés Volume 9 ième Août 2014 Numéro conduit par ASSI Diané Véronique Maître-Assistant à l’Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan http://www.NodusSciendi.net Titre clé Nodus Sciendi tiré de la norme ISO 3297 ISSN 2308-7676 http://www.NodusSciendi.net Comité scientifique de Revue BEGENAT-NEUSCHÄFER, Anne, Professeur des Universités, Université d'Aix-la-chapelle BLÉDÉ, Logbo, Professeur des Universités, U. Félix Houphouët Boigny, de Cocody-Abidjan BOA, Thiémélé L. Ramsès, Professeur des Universités, Université Félix Houphouët Boigny BOHUI, Djédjé Hilaire, Professeur des Universités, Université Félix Houphouët Boigny DJIMAN, Kasimi, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny KONÉ, Amadou, Professeur des Universités, Georgetown University, Washington DC MADÉBÉ, Georice Berthin, Professeur des Universités, CENAREST-IRSH/UOB SISSAO, Alain Joseph, Professeur des Universités, INSS/CNRST, Ouagadougou TRAORÉ, François Bruno, Professeur des Universités, Université Félix Houphouët Boigny VION-DURY, Juliette, Professeur des Universités, Université Paris XIII VOISIN, Patrick, Professeur de chaire supérieure en hypokhâgne et khâgne A/L ULM, Pau WESTPHAL, Bertrand, Professeur des Universités, Université de Limoges Organisation Publication / DIANDUÉ Bi Kacou Parfait, Professeur des Universités, Université Félix Houphouët Boigny, de Cocody-Abidjan Rédaction / KONANDRI Affoué Virgine, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny, de Cocody-Abidjan Production / SYLLA Abdoulaye, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny, de Cocody-Abidjan Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 SOMMAIRE 1- Profesor Albert DAGO-DADIE, Universidad Félix HOUPHOUËTBOIGNY Abidjan, “ESPAÑA Y ÁFRICA DESDE LOS REYES CATÓLICOS HASTA LA CONFERENCIA DE BERLÍN” 2- Pr DIALLO Adama, INSS/CNRST, Ouagadougou, « PARTENARIAT FRANÇAIS/LANGUES LOCALES DANS LA PRATIQUE ET LA CONVERSATION COURANTE AU BURKINA-FASO » 3- Pr KONKOBO Madeleine, INSS/CNRST, Ouagadougou, « FEMME ET VIE POLITIQUE AU BURKINA FASO » 4- Dr. KOUASSI Kouamé Brice, Université Félix Houphouët Boigny, « L’HUMANISME DANS LES MISERABLES DE VICTOR HUGO » 5- DR KOUASSI YAO RAPHAEL, Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo, « FORMES ET REPRESENTATIONS DE LA GUERRE DANS QUELQUES TEXTES LITTERAIRES FRANÇAIS DU VIe AU XXe SIECLE » 6- Dr TOTI AHIDJE Zahui Gondey, Université Alassane Ouattara Bouaké, « FONCTION ET SIGNIFICATION DES COMPARAISONS ET DES METAPHORES DANS LE VIEUX NEGRE ET LA MEDAILLE DE FERDINAND OYONO » 7- Dr DJANDUE Bi Drombé, Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, « UN LITTEXTO POUR UNE RADIOGRAPGIE DE LA SOCIETE IVOIRIENNE D’HIER A AUJOURD’HUI » 8- Dr JOHNSON Kouassi Zamina-Université F H Boigny de Cocody, “DEATH AND THE FEAR OF DEATH: A POSTMODERN READING OF WHITE NOISE BY DON DELILLO” Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 9- Dr Kossi Souley GBETO, Université de Lomé-Togo, « LA CITOYENNETE EN PERIL SUR LE RADEAU: UNE REFLEXION REALISTE D’AYAYI TOGOATA APEDO-AMAH DANS UN CONTINENT A LA MER! » 10- Dr KAMATE Banhouman, Université Félix Houphouët-Boigny, « MONOKO-ZOHI: UNE ÉPISATION SPECTACULAIRE DE SIDIKI BAKABA » 11- Dr Mahboubeh Fahimkalam, Université Azad Islamique-Arak Branche-Iran, « ROLE DE LA FOI DANS L’EQUANIMITE DANS EMBRASSE LE VISAGE MIGNON DU SEIGNEUR, ŒUVRE DE MASTOOR » 12- Dr Luc Kaboré, INSS/CNRST, Ouagadougou, « ANALYSE DES DISPARITES ENTRE SEXES DANS L’ACCES A L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE AU BURKINA FASO » 13- Dr. BAMBA MAMADOU UNIVERSITE, ALASSANE OUATTARA DE BOUAKE, « L’ “ETAT ” EPHEMERE DE L’AZAWAD OU L’ECHEC DES ISLAMISTES DANS LE NORD DU MALI » 14- Dr Raphaël YEBOU, Université d’Abomey-Calavi - République du Bénin, « LE MÉCANISME D’EXTENSION DU CHAMP VERBAL EN SYNTAXE FRANÇAISE : DE LA STRUCTURE NON PRONOMINALE DE PLAINDRE À LA CONSTRUCTION PRONOMINALE DE SE PLAINDRE » 15- Dr Stevens BROU Gbaley Bernaud, Université Alassane Outtara, Côte d’Ivoire, « LES ENJEUX DU RATIONALISME SCIENTIFIQUE DANS L’ÉPISTÉMOLOGIE BACHELARDIENNE » Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 16- Dr ASSI Diané Véronique, Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan, « LE ROI DE KAHEL DE TIERNO MONENEMBO : UN ROMAN ENTRE RÉCIT ET HISTOIRE » 17- TAILLY FELIX AUGUSTE ALAIN, Université Félix Houphouët-Boigny Côte d’Ivoire, « FICTION ROMANESQUE, POLEMIQUE RELIGIEUSE ET NAISSANCE D’UNE PENSEE CRITIQUE DANS LA FRANCE DU XVIIIe SIECLE » 18- YAPI Kouassi Michel, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, « PROJET CONGA AU PEROU: LES "GARDIENS DES LACS" FACE A L’OFFENSIVE MEDIATIQUE DESTABILISATRICE DE LA MULTINATIONALE NEWMONT-BUENAVENTURA-YANACOCHA » 19- LOKPO Rabé Sylvain, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY « L'AFFIRMATION DE L'IDENTITÉ CULTURELLE ALLEMANDE ET IVOIRIENNE À TRAVERS LE STURM UND DRANG ET LE ZOUGLOU » 20- KOUADIO Kouakou Daniel, Université Félix Houphouët Boigny, « LE SURNATUREL COMME CATALYSEUR DE L’IMAGINAIRE DANS EN ATTENDANT LE VOTE DES BÊTES SAUVAGES D’AHMADOU KOUROUMA » Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 L’ “ETAT ” EPHEMERE DE L’AZAWAD OU L’ECHEC DES ISLAMISTES DANS LE NORD DU MALI Dr. BAMBA MAMADOU UNIVERSITE ALASSANE OUATTARA DE BOUAKE INTRODUCTION Pays de l’Afrique de l’ouest, le Mali a accédé à l’indépendance le 22 septembre 1960. Sa superficie de 1241 km², fait de ce pays l’un des plus vastes du continent africain. La population du Mali est estimée à 15 millions d’habitants avec une mosaïque ethnique dont les plus importants sont les Bambara, les Dogon, les Soninké et les Sénoufo. Parallèlement à ceux-ci nous avons les Songhaï, les Peulh, les Berbères et les Touareg. Au-delà de cette diversité ethnique, le Mali est l’un des pays les plus pauvres de la planète. En effet son économie est rurale et l’activité industrielle est peu développée. A ces facteurs, il faut ajouter l’instabilité politique qui commence à partir de 1958. Cette instabilité est surtout provoquée par les Touaregs de l’Azawad 1 dans le nord du Mali. Ce territoire de l’Azawad aspire à l’autonomie depuis 1958, période au cours de laquelle elle était sous domination française. 1 L’Azawad est une zone désertique dans le nord du Mali et qui regroupe trois régions, à savoir la région de Tombouctou, la région de Kidal et la région de Gao. C’est la bande sahélienne du Mali. Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 Les intrigues de la politique coloniale française et la détermination des nationalistes soudanais (Modibo Keita, Fily Dabo Sissoko, Mamadou Konaté …) favorisent l’incorporation de l’Azawad à la république du Mali dès la proclamation de l’indépendance. Cette situation suscite la colère des Touaregs. Ce mécontentement des Touaregs a pris la forme de rébellion après l’indépendance, ainsi de 1960 à 2012, l’on assiste à des crises incessantes entre les différents régimes maliens et les Touaregs. Du président Modibo Keita au président Amadou Toumani Touré, il y’a eu une série d’accords entre les autorités maliennes et les dignitaires azawadiens 2. Le non-respect des engagements par les autorités maliennes ou l’application partielle de certains dispositifs de ces accords est à l’origine d’une crise aigüe en 2012 dont le point culminant est la proclamation de l’Etat de l’Azawad. Une insurrection est déclenchée conjointement par le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), le Mouvement Salafiste Ansar Dine et l’organisation terroriste Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Le 06 avril 2012, l’Etat naissant de l’Azawad est proclamé avec pour capitale Gao. L’Etat de l’Azawad couvre intégralement les régions de Kidal, Tombouctou et Gao. Cet Etat est bordé au nord par l’Algérie, à l’est par le Niger et à l’ouest par la Mauritanie. Le drapeau de l’Etat azawadien comprend quatre couleurs à savoir le jaune, le vert, le noir et le marron. En juin de la même année, un conseil transitoire est mis en place à Gao pour diriger le nouvel Etat. Fort de la puissance armée des islamistes dans le nord, les autorités maliennes, très fébriles 3face au nouvel Etat azawadien demandent de l’aide à la France et à la communauté internationale pour mettre fin à ce qu’elles considèrent comme une sécession. De ce qui précède, des interrogations se font jour : pourquoi l’Azawad a-t-il été un Etat éphémère ? Et quelles sont les conséquences de l’échec des islamistes dans le nord du Mali ? L’intérêt de cette réflexion est d’analyser des événements sociopolitiques et religieux s’inscrivant dans la dynamique de l’histoire immédiate. Aussi l’accès difficile des sources d’archives à Bamako de même que le caractère sensible de la question, nous a conduits à privilégier une exploitation des données bibliographiques , des sources de presse et des documents officiels (rapports de mission, rapports sur les accords, les pactes et les conventions). Le croisement des différents documents et la critique historique nous permet d’organiser notre étude autour de trois axes. Dans une première partie, il s’agira de faire l’historique de la rébellion Touareg à la proclamation de l’Etat de l’Azawad (1958 à 2012). Ensuite dans le second axe, il sera question d’analyser le caractère éphémère de l’Etat de l’Azawad. Enfin dans le 2 Nous empruntons ce mot au chercheur Jean Fleury qui a fait des productions scientifiques sur l’Azawad. 3 African Defense Journal, « pourquoi l’armée malienne ne parvient pas à combattre les Touaregs », 02 avril 2012. De notre point de vue, cette fébrilité est provoquée par la dissension au sein de la classe politique malienne et surtout le manque de moyens et d’équipements pour l’armée malienne sous le règne du président Amadou Toumani Touré. Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 troisième volet, notre étude s’attèlera à mettre en exergue la fermeté de la communauté internationale à la disparition de l’Etat azawadien. I- HISTORIQUE DE LA REBELLION TOUAREG A LA PROCLAMATION DE L’ETAT DE L’AZAWAD (1958-2012) L’historique sur l’Etat de l’Azawad exige une étude des causes de l’insurrection des Touaregs dans le nord du Mali, de même que les facteurs explicatifs de la proclamation de l’indépendance de l’Azawad en avril 2012. 1- Les causes de l’insurrection Touareg La question Touareg dans le nord du Mali précède la naissance de la république malienne. Les incohérences et les hésitations françaises dans la délimitation des territoires coloniaux justifient en majeure partie l’aspiration des Touaregs à la souveraineté nationale. Après avoir conquis le nord du Mali, à la fin du XIXème siècle plus précisément Tombouctou en 1894 et Gao en 1899, le colonisateur français va rattacher l’Azawad au soudan français qui sera plus tard une entité de l’Afrique occidentale française. Ce rattachement est désapprouvé par les Berbères, les Touaregs et quelques songhaïs en majorité musulmans qui souhaitent évoluer indépendamment du Mali. Pour des raisons sociales, culturelles et politiques, les ressortissants de l’Azawad rejettent toute assimilation au Malinké, notamment les Bambaras et les Bobos. Les Touaregs estiment être supérieur au peuple du sud Mali car c’est dans cette zone que leurs ancêtres venaient chercher leurs esclaves 4. Aussi affirment-ils que les peuples du nord Mali ont un droit de domination sur les noirs du sud Mali. Ainsi le 30 octobre 1957 sous l’impulsion des notables Touaregs et maures, le territoire de l’Azawad refuse de s’inscrire dans le processus d’indépendance des Etats ouest africains à travers une pétition signée par trois cents chefs locaux et porter par le cadi de Tombouctou Mohamed Mahmoud Ould Cheick 5. La volonté des Touaregs est matérialisée par un courrier aux autorités françaises le 30 mai 1958. Le retour du général De Gaulle au pouvoir en France ne permet pas aux Touaregs d’avoir un écho favorable. Malgré leur détermination à se défaire du Mali, la France fait « la sourde oreille » et accorde l’indépendance le 22 septembre à la 4 - Jean Fleury, les combats d’AQMI et la révolte des Touaregs, collection passerelle, p 75. - Bourgeot (André), les sociétés Touaregs, nomadismes, identité résistances, Paris Karthala 1995, 544 p. 55 Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 république du Mali avec en son sein le « problème azawadien » 6. L’avènement du président Modibo Keita accentue le clivage. Selon Jean Fleury : « Pour Modibo Keita, le premier président du soudan, l’histoire du pays est celle de l’empire du Mali fondée et dirigée par les Malinkés. Cela n’évoque rien pour les Touaregs si ce ne sont les luttes contre leur domination, puis plus récemment le peuple dans lequel ils allaient chercher leurs esclaves. Pour le chef de l’Etat, les traditions des nomades sont un reliquat inacceptable des temps passés »7. Cette pensée justifie la détermination de Modibo Keita à préserver l’unité du jeune Etat Malien. Pour les Touaregs, l’attitude du président Malien est inacceptable. L’incompréhension cède à la rupture et à partir de 1962, éclate la première rébellion. Les autorités maliennes utilisent la violence pour mettre fin à cette rébellion. Toute l’armée aérienne et terrestre malienne est mobilisée contre les Touaregs en 1963. Des avions de guerre de l’armée malienne sont utilisés pour dissuader les Touaregs. Le résultat de cette première rébellion a pour conséquence le départ massif des Touaregs en Algérie, en Lybie et pour certains au Tchad. Cette défaite des ressortissants de l’Azawad permet aux autorités maliennes de consolider leur position et l’unicité de la république. Parallèlement à cela, les gouvernants de l’Etat malien créent des districts militaires dans l’Azawad. Des bases militaires sont implantées à Gao et à Kidal. Ces faits suscitent d’avantage le mécontentement des Touaregs. A partir de 1987, l’Azawad enregistre le retour de ses fils de la Lybie et de l’Algérie. Certains d’entre eux viennent de subir des formations militaires en Lybie et d’autres venaient de faire fortune dans les domaines du pétrole, en Algérie. Avec ces acquis, ils s’organisent militairement et politiquement pour relancer l’offensive contre l’Etat malien afin de revendiquer l’autonomie de l’Azawad. C’est dans cette mouvance que la légion verte 8 sous l’impulsion du colonel Mouammar Kadhafi revient dans le nord Mali pour galvaniser ses frères Touaregs à l’aspiration à l’autonomie de l’Azawad 9. D’ailleurs, le guide libyen affirmait que « la Libye est le pays des Touaregs, leur base et leur soutien » 10. Ainsi en 1988, Iyad Ag Ghali crée le mouvement populaire pour la libération de l’Azawad 11. Le 28 juin 1990, l’armée malienne est attaquée par les Touaregs dans la localité de Ménaka à l’est de Gao. C’est la deuxième insurrection des Touaregs contre l’Etat 6 Il s’agit de la persistance de la crise armée dans le nord du Mali et la volonté récurrente des Touaregs à l’autodétermination. 7 - cf. Jean Fleury, la France en guerre au Mali, collection passerelle, p 75. 8 - La légion verte est une branche militaire crée exceptionnellement par Kadhafi qui avait pour ambition de créer un grand Etat touareg dans le Sahara. 9 Cf. la Monographie de la Compagnie Méditerranéenne d’Analyse et d’Intelligence Stratégique sur les enjeux du conflit de l’Azawad. Publié le 14 janvier 2014, voire p 17. 10 Julia Dufour, fiche documentaire et note d’analyse (groupe de recherche et d’informations sur la paix et la sécurité ), Bruxelles, 22 mai 2012. 11 Nos propos sont confirmés par Hélène Claudot-Hawa dans son article « les Touaregs au cœur des enjeux stratégiques saharo-sahéliens », paru in Puissances d’hier et de demain, l’Etat du Monde 2014, sous la direction de Bertrand BADIE et Dominique VIDAL, Eds La Découverte, Paris, 2013, pp 198-205. Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 malien. Le président Moussa Traoré qui a succédé au président Modibo Keita s’inscrit dans la même logique que son prédécesseur face à la question touareg. La fermeté et la répression sont de mise. Le président Moussa Traoré qui est militaire de profession, fait la répression dans l’Azawad. L’échec de cette deuxième rébellion se solde par une négociation entre les deux entités belligérantes. Sous la houlette du président Algérien, une médiation est engagée à Djanet 12. Le président Chadli Bendjelid de l’Algérie a réuni dans cette ville le colonel Saibou du Niger, le colonel Mouammar Kadhafi de la Lybie et le général Moussa Traoré du Mali. La rencontre de ces chefs d’Etat débouche sur les accords de Tamanrasset signé le 06 janvier 1991 entre Iyad Ag Ghalil et le chef d’Etat-major de l’armée malienne 13. Ces accords sont renforcés par la conférence nationale organisée par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré successeur du général Traoré Moussa. Cette conférence nationale enregistre la grande participation des Touaregs. Elle débouche sur un pacte dit national signé le 11 avril 1992 sous le règne du président Alpha Omar Konaré qui venait d’être élu démocratiquement après la transition militaire d’Amadou Toumani Touré. Contrairement à ces prédécesseurs Alpha Omar Konaré change de stratégie. Il refuse la confrontation militaire avec l’Azawad et opte plutôt pour le dialogue permanent et la conciliation. Le 27 mars 1996 Alpha Oumar Konaré organise une grande manifestation de rapprochement entre les Touaregs et les autorités maliennes. Cette manifestation est baptisée « flamme de la paix ». Malheureusement toutes ces initiatives sont vouées à l’échec car les différents accords ne sont pas respectés de façons réciproques. L’état désastreux de l’économie malienne ne permet pas aux autorités de satisfaire certaines exigences des Touaregs 14. La situation s’enlise et l’impasse abouti à une autre insurrection des Touaregs en 2006. Malgré les accords d’Alger signé le 04 juillet 2006, l’Azawad échappe au contrôle des autorités maliennes. Il devient une zone propice à toutes sortes de trafics. L’insécurité y règne en maître et l’insubordination devient la norme dans cette société berbère, désormais ce territoire désertique est le lieu de refuge des islamistes de tout genre. L’Azawad est devenu un véritable « cancer » qui empoisonne la vie de l’Etat malien. Plusieurs organisations telles que le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), Ansar Dine, le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) se côtoient dans la zone. Elles sont toutes partisanes pour l’indépendance de l’Azawad 15. Mais quels sont les facteurs immédiats qui militent en faveur de l’indépendance de l’Azawad ? 2- Les facteurs explicatifs de la proclamation de l’indépendance de l’Azawad 12 - Djanet est une ville algérienne des touaregs à quelques kilomètres de la frontière libyenne. - cf., Jean Fleury, la France en guerre au Mali, collection Passerelle, p 76. 14 Cf. rapport sur le « pacte national » conclu entre le gouvernement de la république du Mali et les mouvements et fronts unifiés de l’Azawad consacrant le statut particulier du nord du Mali. 15 Hélène Claudot-Hawad, « les Touaregs au cœur des enjeux stratégiques saharo-sahéliens », paru in Puissances d’hier et de demain, l’Etat du Monde 2014, sus la dir.de Bertrand BADIE et Dominique VIDAL, Eds La Découverte, Paris, 2013, pp.198-205. 13 Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 Le désir16 de l’auto-détermination des Berbères, des Songhaïs, des Peulhs et des Touaregs de l’Azawad justifie la proclamation de l’Etat. En effet l’impuissance des autorités maliennes a canalisé le territoire de l’Azawad explique en majeur partie le regroupement des groupes islamistes dans cette localité du nord. Depuis 2009, la branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique s’est solidement implanté dans le pays des Touaregs. Des islamistes de grande réputation comme Amari Saïfi, nommé El para, Hassan Atab, Nabil Sahraoui Abdel Malek Droukdel et bien d’autres islamistes de grande envergure dont la fidélité et la loyauté à Oussama Ben Laden et ses idéaux ne font aucun doute, s’installent profondément dans le nord Mali et participent à l’endoctrinement culturel, politique et idéologique du peuple azawadien. Cette fidélité à Al-Qaïda se résume à travers cette pensée de Droukdel « Nos objectifs principaux sont les mêmes que ceux d’Al-Qaïda. Concernant le Maghreb islamique le plus important est de sauver nos pays des tentacules de ces régimes criminels qui ont leur religion et leur peuple17». Voulant défendre de tels idéaux les islamistes s’implantent solidement dans le nord Mali. Des actes de piraterie, de prise d’otages et d’autres actes de barbaries sont commis dans le nord Mali au nom de l’Islam. Ces agissements de différentes natures sont à l’origine de la fragmentation du bloc islamiste en plusieurs groupements 18. Dans le nord du Mali les plus significatifs sont le mouvement national de libération de l’Azawad, Ansar Dine, Al-Qaïda au Maghreb islamique et le MUJAO. Le MNLA a pour fief les collines autour de Zacuré au nord de Kidal. Ansar Dine a pour base la ville de Gao et AQMI qui se trouve dans tout le Maghreb islamique, quant au MUJAO, il a ses démembrements dans toutes les localités de l’Azawad. Avec un tel décor, le conflit touareg face à l’Etat malien était réactivé sous la bannière de l’Islam. Ainsi le retour des rebelles Touaregs déserteurs de l’armée de Kadhafi rentrent en octobre 2011 dans le nord du Mali avec un armement impressionnant pour rejoindre les groupes islamistes déjà en place. Le contingent le plus impressionnant est celui dirigé par Mohamed Ag Naji, membre de la légion verte de l’armée de Mouammar Kadhafi. Ce militaire chevronné ayant le grade de colonel est d’un appui inestimable au MNLA. Parallèlement au Mali, AQMI et Ansar Dine bénéficient du soutien de trois islamistes algériens qui ont pris fait et cause pour l’Azawad. Il s’agit de Moktar Belmoktar, Abou Zeid et Yahia Abou et un berbère répondant au nom, d’Abdel Krim al Tarqui. L’apport de ces redoutables islamistes est une source de galvanisation pour le combat de l’accession de l’Azawad 16 Le désir de l’autodétermination dont nous parlons est confirmé dans la plupart des écrits sur l’Azawad. Pour Hélène Claudot-Hawad, le « MNLA revendique clairement l’indépendance de l’Azawad. Il défend une ligne politique démocratique, républicaine et laïque, et se réclame d’une identité nationale pluricommunautaire : Songhays, Touaregs, Arabes, Peulh». Extrait de son article intitulé les Touaregs au cœur des enjeux stratégiques saharo-sahéliens. 17 Atmane Tazaghart, AQMI enquête sur les héritiers de Ben Laden au Maghreb et en Europe, collection passerelle, Abidjan, 2011, p 80. 18 Leymarie Philippe « comment le sahel est devenu une poudrière » Monde diplomatique, Avril 2012, pp 8-9. Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 à l’indépendance. Le MNLA revendique un Etat laïc tandis que AQMI et Ansar Dine revendiquent la constitution d’un Etat islamique indépendant de l’Azawad. Malheureusement le renversement du général président Amadou Toumani Touré par le capitaine de la compagnie territoriale de Katy, Amadou Ayat Sanogo précipite la proclamation de l’Etat de l’Azawad. La désagrégation de l’armée malienne et son manque d’unité est profitable à la sécession de l’Azawad. Les soldats du MNLA et Ansar Dine profitent du désordre pour s’emparer des trois grandes villes de l’Azawad, à savoir Tombouctou, Gao et Kidal. Après vingt un jours de négociations, le MNLA et Ansar Dine, suite à un accord, déclarent l’indépendance de l’Etat de l’Azawad le 06 avril 2012 sur les antennes de la chaine France 24 et de Radio France International. Après la naissance de l’Azawad, trois semaines plus tard une autre connotation est donnée au jeune Etat qui deviendra l’Etat islamique de l’Azawad. Le MNLA et Ansardine d’un accord commun mettent en place un conseil transitoire pour l’Etat islamique. Il est également prévu la formation d’une future armée et tous les autres appareils pouvant participer au fonctionnement d’un Etat. Le 07 juin 2012, les autorités de l’Azawad présentent au monde entier le Conseil de Transition de l’Etat de l’Azawad (CTEA) avec pour chef suprême, Bilal Ag Cherif 19. Malgré cette proclamation de l’Etat il faut toutefois noter que dès sa naissance, la république de l’Azawad est fortement contestée tant au plan local qu’au plan international. En effet la proclamation de l’Azawad ne fait pas l’unanimité au Mali. Les sudistes qui sont pour la plupart des noirs issus des peuples Malinké et Bamana trouvent inadmissible et intolérable la naissance d’un Etat dans le nord de leur pays. Ainsi lors de sa prise de pouvoir pour la gestion de la transition le président intérimaire Diécounda Traoré dira ceci « Nous n’hésiterons pas à mener une guerre totale et implacable pour recouvrer notre intégrité territoriale. Le Mali restera un et indivisible. Ce sera le même drapeau, les mêmes joies, les mêmes peines, le même Mali 20 ». Ces propos expriment le refus des autorités maliennes à admettre l’existence de l’Etat de l’Azawad. Aussi la mésentente et les dissensions entre les pères fondateurs de l’Etat de l’Azawad participent à la disparition du jeune Etat. L’inflexibilité et la mobilisation de la communauté internationale constitue un obstacle à l’émergence de l’Azawad qui après avoir vu jour dans la violence va disparaitre dans la violence. Cette situation nous permet de dire que l’Azawad a été un Etat éphémère. 19 Cf. Monographie de la Compagnie Méditerranéenne d’Analyse et d’Intelligence Stratégique sur les enjeux du conflit de l’Azawad, publié le 14 janvier 2014, voir p 3. 20 - Extrait du discours de Diécounda Traoré lors de sa prise de pouvoir en avril 2012 à Bamako, reprise par Jean Fleury dans la France en guerre au Mali, p 98 Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 II- LE CARACTERE EPHEMERE DE L’ETAT ISLAMIQUE DE L’AZAWAD La méconnaissance internationale de l’Etat de l’Azawad, la rupture entre les mouvements islamiques fondateurs de l’Azawad et la détermination des autorités maliennes à reconquérir leur territoire du nord, favorisent l’effacement brutal de l’Etat azawadien. 1- Méconnaissance internationale de l’Etat de l’Azawad Conscient de son impuissance et de l’inexistence d’une armée solide le Mali sans aucune hésitation sollicite l’aide internationale. Le président par intérim Diécounda Traoré adresse trois courriers pour demander de l’aide face à la menace islamiste dans le nord Mali. Le premier courrier est adressé au président français, François Hollande afin que la France soutienne le Mali au plan militaire, matériel et technique. Les deux autres courriers sont adressés à la CEDEAO et à l’Union Africaine. Les réactions ne se font pas attendre, pour la France le maintien de l’intégrité territoriale du Mali issu des frontières tracées par le colonisateur est une nécessité absolue. Le ministre des affaires étrangères de la France Alain Jupé multiplie à cet effet des appels à la cohésion du peuple et à la non-reconnaissance de l’Azawad. Le président de la CEDEAO, l’ivoirien Alassane Ouattara affiche sa fermeté quant à la non-reconnaissance d’un Etat dans le nord du Mali. La CEDEAO par la voie de son président menace de recourir à la violence pour restituer l’autorité du Mali sur l’ensemble du territoire reconnu. La position de la CEDEAO est entérinée et adoptée par l’Union Africaine à l’unanimité de ces membres. Pour l’Union Africaine, les frontières reconnues sont issues de la colonisation. L’action conjuguée de la communauté internationale participe à la non-reconnaissance de l’Etat de l’Azawad. Avec l’appui de l’organisation des nations unis des résolutions sont adoptées le 05 décembre 2012. L’ONU menace les islamistes dans le nord du Mali et inscrit le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) sur la liste des organisations liées à Al-Qaïda. Cette inscription discrédite les sécessionnistes et rend indésirable et impopulaire leur Etat. A la tribune des Nations Unis, au parlement de l’Union Africaine et dans les instances de la CEDEAO, l’Azawad est désapprouvé et est réduit plutôt à un refuge de bandits, de pirates, de trafiquants de toutes sortes et surtout considéré comme de redoutables ennemis aux droits de l’homme et à l’évolution humaine. Malgré leur rejet, les islamistes maintiennent leur mainmise périodique sur l’Azawad. Certains des dignitaires islamistes vont parfois défier l’autorité internationale. C’est le Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 cas d’Abdel Maleck Droukdel qui tente de défier la France en ces termes : « Si vous voulez la guerre, le Sahara sera un grand cimetière pour vos soldats 21 ». Il s’agissait pour le chef islamiste de multiplier les ressources à l’intimidation afin que la France et la communauté internationale s’éloignent de la cause malienne. Malgré ces déclarations, la communauté internationale affiche son intransigeance à la non-reconnaissance de l’Etat islamique de l’Azawad. Au-delà de cette méconnaissance internationale, certains facteurs internes vont précipiter l’effacement brutal de l’Azawad. En effet les dissensions internes entre le Mouvement National de Libération de l’Azawad et les islamistes radicaux d’Ansar Dine fragilisent le jeune Etat. 2- Rupture entre le MNLA et Ansar Dine La mésentente entre les groupements islamistes constitue l’une des faiblesses de l’Etat azawadien. Cette mésentente est à la fois doctrinale, idéologique et organique. Les deux organisations ont certes des objectifs communs mais des méthodes différentes. Le Mouvement National de Libération de l’Azawad est un groupement de Touaregs et de quelques Songhaï et Peulh qui militent pour un Etat laïque et des principes démocratiques consensuels avec un nombre impressionnant de soldats. De janvier 2012 à juin 2012, le MNLA passe de mille à dix mille soldats avec en son sein cinq cents soldats revenus de la guerre de Lybie. Parallèlement au MNLA, Ansar Dine prône le triomphe d’un Etat islamique avec des méthodes rigoureuses puériles. Ansar Dine est soutenu par AQMI. Ce mouvement se présente comme le porte flambeau de l’islam dans le nord du Mali. Si à la proclamation de l’indépendance de l’Azawad les deux groupements avaient fait un compromis pour ce qui est de la gestion de l’Etat, de flagrantes contradictions les opposent. Ansar Dine manifeste sa volonté d’imposer les principes islamistes dans l’Azawad et de transformer le territoire en une théocratie. Pour se faire, les dignitaires d’Ansar Dine soutenus par AQMI imposent la charia et ses corollaires dans l’Azawad. Abdel Maleck Droukdel et Nabil Al Qana s’adonnent à toutes sortes d’exactions sommaires dans le nord Mali. Des citoyens sont amputés des bras ou des jambes. Des oreilles sont tranchées à des jeunes filles pour avoir portées des vêtements non conformes à l’Islam, des condamnations à la mort et d’autres exactions font parties du quotidien des azawadiens. Des citoyens sont fouettés pour avoir consommé de l’alcool. Les sanctions sont souvent dirigées contre leur allié du mouvement national populaire de l’Azawad. 21 - Extrait du discours d’Abdel Maleck Droukel sur l’antenne de la radio France internationale le 05 décembre 2012 cité par Jean Fleury dans son ouvrage la France en guerre au Mali, collection passerelle, 2013. Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 En juillet 2012, des combattants d’Ansar Dine tranchent la main d’un soldat du MNLA à Kidal. Ces excès et ces débordements conduisent à la méfiance et à la rupture progressive. Le principal objectif d’Ansar Dine, mouvement Salafiste est d’étendre la charia hors de l’Azawad et sur toute l’étendue du territoire du Mali. Cette ambition et ce projet islamique n’est du goût de Bilal Chérif Ag Ghali. La divergence idéologique entre le MNLA et les islamistes radicaux participent à l’effondrement de l’Etat. L’incompréhension entre les deux entités aboutie à des affrontements entre soldats se réclamant de Ansar Dine et les éléments du MNLA. La dissension entre ces deux mouvements est matérialisée par des affrontements à Tombouctou, Gao, Kidal et bien d’autres contrées. L’ampleur de la mésentente conduit le président du conseil de l’Etat de l’Azawad à se réfugier au Burkina Faso pour sauver sa vie face à la menace des islamistes radicaux qui estiment que le chef du MNLA à des positions ambigües. Son départ de l’Azawad est une source de démotivation pour les soldats censés défendre la souveraineté de l’Azawad. A ces éléments, il faut ajouter l’impopularité des islamistes radicaux d’Ansar Dine à Tombouctou, Gao et à Kidal. Ces différents facteurs créent une confusion, la grogne et l’exode des populations vers le sud du Mali et certains pays voisins. Le maintien de la sécession et la défense de la jeune indépendance de l’Azawad sont désormais des questions épineuses aux mains des islamistes. Indépendamment de ces éléments, Diécounda Traoré s’organise pour récupérer et réintégrer l’Azawad au sud du Mali. 3- Détermination des autorités maliennes à reconquérir le territoire azawadien Au regard de la situation de sécession du nord Mali, le président par intérim, Diécounda Traoré engage dans un premier temps le dialogue avec quelques représentants de groupements islamiques implantés. Ces négociations ont pour but de surmonter les clivages et de préserver l’unité de la république du Mali proclamé depuis le 22 septembre 1960. Le 08 octobre, le porte-parole du MNLA, Mohamed Moctar en l’absence de Bilal Al Cherif affirme dans la capitale du Burkina Faso, leur volonté à maintenir l’Etat azawadien. A cet effet il affirme ceux-ci « Nous voulons un droit à l’auto détermination, mais cela ne veut pas dire sécession 22». Ces dires de Mohamed Moctar suscitent l’indignation et la colère à Bamako. Des manifestations populaires de tout genre sont organisées pour soutenir le régime intérimaire dans sa reconquête du nord. Des organisations estudiantine et scolaire, la société civile se mobilisent pour dénoncer l’imposture et réclamées l’unicité de l’Etat malien. De Bamako à Ségou, de Mopti à Kayes, de Bougouni à Sikasso, toutes les couches sociales sont sensibilisées pour soutenir le pouvoir central de Bamako dans sa reconquête du nord. Au plan judiciaire le procureur de la république du Mali, Daniel Téssogue a lancé des mandats d’arrêts contre les différents mouvements de libération. Les islamistes sont accusés d’être des terroristes, des criminels, des 22 - The national, édition du 08 octobre 2012 : « Mali Touareg softeus indépendance tomes for el in fightin islamist » Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 trafiquants de drogues et des pirates. Ils sont accusés pour crimes contre l’humanité, atteinte à la sureté de l’Etat malien, destruction de biens publique et privé, emploi illégal de la force armée contre les citoyens maliens et trouble à l’ordre public. Cette procédure judiciaire démontre également la volonté de l’Etat malien à récupérer son territoire du nord occupé abusivement par des bandes armées. Le Mali dans sa grande majorité refuse la reconnaissance de l’Azawad et considère la proclamation de cet Etat comme l’œuvre d’une bande d’imposteurs qui depuis de nombreuses années sont restés indisciplinés vis-à-vis du pouvoir central de Bamako. Progressivement le sursaut national et l’esprit patriotique des Malinkés, des Bambaras, des Bobos, des Sénoufos, galvanisent les soldats de l’armée malienne en déliquescence. Ces militaires se repositionnent peu à peu avec le soutien de leurs frères d’armes des pays de la CEDEAO pour repousser les sécessionnistes de l’Azawad. III- DE LA FERMETE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE A LA DISPARITION DE L’ETAT AZAWADIEN Au-delà des autorités Maliennes qui ont affiché leur détermination de combattre les islamistes, il faut ajouter l’action de la communauté internationale. Après la « nonreconnaissance » de l’Etat de l’Azawad, le monde entier avec l’appui de l’organisation des nations unies mettent sur pied une force internationale pour la reconquête de la partie nord du Mali. 1- Envoi de forces armées au Mali Face à ce qu’elle considère comme l’agression de l’intégrité physique d’un Etat issu de la colonisation, la communauté internationale apporte son soutien aux autorités maliennes. En effet, après plusieurs mois d’hésitation et de réflexion, la France est le premier pays à s’inviter dans la crise malienne. Apres un discours radio-télévisé du président français, François Hollande, le 08 janvier 2013, il donne l’ordre à l’armée française d’utiliser tous les moyens possibles de freiner la descente des islamistes vers Bamako. Le 10 janvier, les militaires français stationnés à Abidjan, à Ndjamena avec l’appui des militaires venus directement de la France participent aux bombardements aériens des islamistes qui étaient à quelques kilomètres de Mopti. Le 11 janvier l’intensité de l’action aérienne des Français permettent aux islamistes de rebrousser chemin. Les islamistes libèrent certaines localités comme Diabali et Doueza mais ils consolident leur position dans l’Azawad. La première action française permet de stopper Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 l’avancée des islamistes dans le centre et le nord du Mali. Après avoir mis en déroute les islamistes et sécurisé Bamako et ses environs ; la France permet ainsi aux contingents africains de faire leur entrée dans la guerre. Il faut cependant relever que l’action de la France est encouragée par certains pays européens, notamment la Belgique, l’Italie, la Grande-Bretagne et la Suède. A ces pays européens, il faut ajouter un pays nord-américain, le Canada. A la différence de la France, ces pays européens refusent d’envoyer des soldats pour soutenir militairement le Mali. En revanche, ils appuient matériellement la France et les contingents africains pour venir apporter leur aide au Mali afin de repousser les islamistes. Ces pays européens mettent à la disposition des combattants africains et français des drones, des hélicoptères de guerre et des avions cargos militaires. Les américains, après quelques périodes d’observation et d’hésitation 23 vont s’impliquer dans la crise malienne en apportant une contribution au niveau des équipements et des matériels de guerre. Les américains vont également interpeller l’ONU pour la mise en place de la mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine qu’on appellera la MISMA. L’ONU va prendre une série de résolutions pour encourager la France et les Etats africains dans la reconquête de l’intégrité territoriale du Mali. En effet, les résolutions n° 2056, 2071 et 2085 sont adoptées à l’unanimité au conseil de sécurité afin que la MISMA, la CEDEAO et la France bénéficient d’un quitus international dans la guerre contre les islamistes au nord du Mali. Ces résolutions galvanisent les détachements et contingents militaires étrangers pour secourir le Mali. De janvier à juin 2013 la guerre est totale. Elle est à la foi aérienne et terrestre. La supériorité des Français et leur niveau de technologie de même que la qualité de leurs équipements permettent aux populations maliennes qui étaient sous le joug islamiste de retrouver une relative quiétude. Parallèlement aux Français, la détermination du Président de la CEDEAO, Alassane Ouattara permet à certains Etats tels que le Nigeria, le Burkina Faso, le Niger de s’engager au Mali contre les islamistes. L’inflexibilité de la communauté internationale et surtout l’adoption de stratégies militaires adéquates engendre et accentue la dissension et les incompréhensions entre les pères fondateurs de l’Etat de l’Azawad. Face à la puissance de feu des français à Tombouctou, à Gao à Kidal…et la dextérité des soldats Tchadiens, le MNLA décide de collaborer avec les Français et se dit apte à trouver une solution à la crise par le dialogue et la négociation. 23 L’hésitation des américains s’explique par le fait que le pouvoir au Mali depuis avril 2012 est issu d’un coup d’Etat. Donc illégal et illégitime. La constitution américaine interdit aux américains de soutenir un pouvoir non-démocratique. Cependant, les américains vont intervenir au Mali en prétextant qu’Al Qaida est impliqué dans la crise malienne. Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 Quant à l’organisation radicale islamiste Ansar Dine, elle connait une dissidence en son sein. Elle donne naissance à un nouveau mouvement appelé : mouvement islamique de l’Azawad. Les opérations militaires conjointement menées par la France et les Etats de la CEDEAO avec la bénédiction de l’Union Africaine et l’ONU permettent aux maliens de reconquérir une bonne partie de leur territoire qui était aux mains des islamistes. La solidarité, le respect et la reconnaissance des frontières issues de la colonisation ont permis au Mali de sauvegarder son immense territoire. La restauration de l’intégrité territoriale du Mali donne lieu au-delà de l’action militaire à des négociations et initiatives politiques. Les 27-28 février 2013 la communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest ouvre un dialogue inter-malien avec la présence du MNLA. En juillet 2013, les négociations reprennent avec l’implication du président Burkinabé Blaise Compaoré. La conjugaison des efforts politiques et militaires permet l’effacement progressif de l’Etat de l’Azawad. Ainsi, la confusion entre une aspiration politique et des objectifs religieux ont permis aux Touaregs et leurs alliés islamistes de se berner d’illusion par la création d’un Etat. La fermeté de la communauté internationale et leur soutien sans faille aux autorités de Bamako ont provoqué l’anarchie, l’insécurité dans le nord du Mali. Les islamistes dans leur retrait ont semé tristesse et désolation par des scènes de pillages, de violations des droits élémentaires de l’homme et le triomphe du grand banditisme dans le nord du Mali. 2- De la désillusion des islamistes au grand banditisme dans le nord du Mali L’ambiguïté des objectifs assignés à l’Etat de l’Azawad dès sa naissance, et surtout sa non- reconnaissance est à l’origine de son existence éphémère. On pourrait même dire que l’Etat de l’Azawad comportait les germes de sa propre destruction. Les pères fondateurs de l’Etat de l’Azawad n’ont jamais été unanimes sur les fondements et les objectifs de la création de leur Etat. A ces éléments il faut ajouter l’improvisation et l’immaturité politique des autorités azawadiennes. Avec de telles faiblesses, l’Etat de l’Azawad ne pouvait que voler en éclat face à la machine infernale et répressive de la communauté internationale. Ainsi menée par la France et soutenue par la CEDEAO, l’opération serval, a permis aux islamistes de se retirer brutalement du nord du Mali. Dans leur débandade, les islamistes ont commis des exactions de toutes natures. Nous avons des exécutions sommaires, des amputations, des actes de violences, des pillages et des destructions de biens publics. L’on assiste également à des actes de violence entre les différentes factions. Dans leur retrait, les séparatistes regagnent de vastes réseaux d’islamistes radicaux solidement implantés dans le Sahara et le sahel. Le lieu de refuge propice pour les islamistes est l’Adrar des Ifoghas 24. Dans leur retranchement, ils s’enfuient avec des 24 L’Adrar des Ifoghas représente le nord-est du Mali près de la frontière algérienne. Cette zone a un paysage particulier où s’entremêle dunes de sable et massif rocailleux avec un climat aride. Elle Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 tonnes d’armes, notamment des canons, des lance-roquettes, des armes lourdes, des obus et des munitions de tous genres tels que des talkies-walkies et des téléphones satellitaires. Ces islamistes sont sous la protection d’Abou Zeid et Moctar Ben Moctar. Dans l’Adrar des Ifoghas, il y a des points d’eau qui permettent aux islamistes de former des Katibas et de vivre en cachette dans les rochers. A ces éléments, il faut ajouter que les islamistes dans leur retranchement ont apporté de grandes quantités de nourritures à savoir du riz, du lait, de l’huile, des fruits et des boites de conserves. Avec de tels moyens, les islamistes s’adonnent à des prises d’otage. Leurs cibles préférées sont des européens pour certainement se venger de l’intervention française au Mali. De leur lieu de refuge, ils font des apparitions surprises dans les villes de Tombouctou, Kidal, Gao pour commettre soit des attentats et des crimes odieux avant de se retirer discrètement. Cette stratégie des islamistes consiste à créer une situation de ni-guerre ni-paix dans le nord Mali. L’ampleur de l’insécurité dans le nord Mali, a poussé les soldats français et tchadiens à mener une opération militaire baptisée « opération-panthère » pour traquer les islamistes dans leur dernier retranchement. Cette opération menée conjointement par les Français et les Tchadiens a eu pour cadre, l’Adrar des Ifoghas. Environ deux mille soldats ont pris part à cette bataille. Les islamistes ont opposé une farouche résistance. Apres trois semaines de bataille, c’est la débandade au niveau des islamistes avec son corollaire de mort. Les katibas 25 d’Abou Zeid et de Ben Moctar ont été détruits. Selon le porte-parole de l’armée tchadienne, Abou Zeid serait mort. En revanche, il faut relever qu’il a eu des pertes en vie humaines au niveau des Tchadiens et des Français. La France aurait perdu une dizaine de soldats et le Tchad une trentaine. L’opération « Panthère » dans son ensemble a été un succès. Les islamistes dans leur fuite se sont réfugiés en Algérie, en Mauritanie, en Libye et au Niger. Les plus modérés se sont dirigés vers Ouagadougou. Le délogement des islamistes dans le nord du Mali a permis à la communauté internationale de prendre des résolutions pour sécuriser périodiquement la zone en attendant la reconstitution de la nouvelle armée malienne de même que le redéploiement de l’administration 26. CONCLUSION s’étend sur la bande sahélo-saharienne. L’Adrar des Ifoghas est le refuge doré des islamistes après leur forfait. Pour certains chercheurs, l’Adrar des Ifoghas est le nouvel Afghanistan. 25 Le Katiba est un terme arabe qui désigne une unité ou un camp de combattants. Depuis bientôt une vingtaine d’années, les chefs islamistes ont multipliés des camps dans le sahel et le désert qui leur de lieu de refuge. 26 Jean (Fleury), la France en guerre au Mali, collection passerelle, 2013. Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 Que retenir de cette étude ? Le problème azawadien met en relief l’un des problèmes majeur hérité 27 de la colonisation européenne en Afrique. Il s’agit de la question des frontières. En effet, depuis la période coloniale, le désir des Touaregs dans le nord du Mali a été de former une entité autonome. En 1958, les Touaregs de façon formelle ont posé le problème à la métropole. Leur revendication ne sera pas prise en compte par la France. Le mécontentement des Touaregs est donc à l’origine de plusieurs crises, dont les plus saillantes sont celle de 1963 et celle de 1990. Les répressions sanglantes des régimes du président Modibo Keita et du président Moussa Traore ont accentué l’indignation et la colère des dirigeants de l’Azawad. Ainsi profitant des difficultés politiques, économiques et sociales du Mali, le MNLA et les groupements islamistes proclament le 06 avril 2012 la naissance de l’Etat de l’Azawad avec pour capitale Gao. Aussitôt né, le nouvel Etat sera combattu par le régime de Bamako soutenu par la communauté internationale. La volonté des autorités maliennes est consacrée par le recul et le délogement des groupements islamistes dans le nord du Mali grâce à la puissance militaire française et l’appui de quelques contingents africains. L’Azawad a été un Etat éphémère. En effet, ses dirigeants n’ont pu sauvegarder sa souveraineté. Proclamé le 06 avril 2012, l’Azawad est à nouveau sous le contrôle de Bamako en juillet 2013. Il faut cependant rappeler que l’autorité de Bamako est encore partielle sur l’Azawad, car l’insécurité et l’anarchie y règnent. Les islamistes délogés brutalement des villes de Tombouctou, Kidal et Gao se sont retranchés dans les pays environnants. Mais leur connexion au réseau d’Al-Qaïda du Maghreb islamique constitue tout de même une menace pour les autorités maliennes. SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE I- SOURCES IMPRIMEES MOURGUES (Gaston), le moyen Niger et sa boucle dans la région de Tombouctou, 4058, publications du comité de l’Afrique française, 21, rue cassette, 21, Paris, 1933, 227 p. II - BIBLIOGRAPHIE 1- ENCYCLOPEDIES CARATINI (Roger), initiation à l’islam avec Hocine Raïs, Archipoche, 2005. CARATINI (Roger), le génie de l’islamisme, Paris, Michel Lafon, mars 1992. 27 Boilley (Pierre), Les touaregs KelAdagh : dépendances et révoltes : du Soudan français au Mali contemporain, Paris, Karthala, 1999. Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 CARATINI (Roger) introduction à la philosophie, l’Archipel ,2000. Encyclopédie Africaine et Malgache –Cote d’Ivoire, Paris Larousse 1964. 2- OUVRAGES GENERAUX ABOU (Djafar-Mo’hammed –Ben –Djarir-Ben-Yezid) Chronique de Tabari, Tome 3, Edition d’Art les Claires. AUDIN (jean) et DENIEL (Raymond), L’islam en Haute Volta à l’époque coloniale, Editions l’Harmattan-INADES. BOILLEY (Pierre), Les touaregs KelAdagh : dépendances et révoltes : du Soudan français au Mali contemporain, Paris, Karthala, 1999. BOURGEOT (André), Les sociétés touaregs, nomadisme, identité et résistances, Paris, Karthala, 1995. BOUQUET (Christian), Géopolitique de la Côte d’Ivoire, Paris, Armand Collin, 2005. CASAJUS (Dominique), Gens de parole. Langage, poésie et politique en pays touareg, Paris, Karthala, 1999. CLAUDOT (Hawad Hélène), Touareg, apprivoiser le désert, Paris : Gallimard, 2002. (Collection découverte) Gallimard, cultures et société, n° 418. DINET (Etienne), Mohammed, le Prophète d’Allah, Beyrouth Editions AL-Biruni, 1998. DUFOUR (Julia), fiche documentaire et note d’analyse (groupe de recherche et d’informations sur la paix et la sécurité), Bruxelles, 22 mai 2012. FLEURY (Jean), la France en guerre au Mali, collection passerelle, 2013. HAMPATE (Ba Amadou), Vie et enseignement de Tierno Bokar (le sage de Bandiagara) Paris Edition du Seuil, 1980. POTTIER (Jeanne), Légendes touaregs, Fernand Sorlot, Paris, 1943. KAKE (Ibrahim Baba), journal de l’Afrique, Abidjan, Edition Ami, 1987. KALISKY (René), L’Islam, Paris Editions Marabout, 1987. KI-ZERBO (Joseph) , Histoire de l’Afrique Noire, Paris Librairie A. Hatier, 1978. LEYMARIE (Philippe), « comment le sahel est devenu une poudrière » Monde diplomatique, 2012. MARTY (Paul), Etudes sur l’Islam en Côte d’Ivoire : Edition Ernest Leroux, 1922. Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014 MASSON (Dénise), le Coran (Tradition par D. Masson), Paris, Editions Gallimard, 1980. MIRAN (Marie), Islam, histoire, et, modernité en Côte d’Ivoire, Paris Karthala, 2006. MOREAU (René Luc), Africains Musulmans, présence Africaine-INADES Edition, 1982. RIMA (Ismaël), La vie du Prophète (tradition), Paris, Editions Dar El Fikr, 1998. TAZAGHART (Atmane), AQMI enquête sur les héritiers de Ben Laden au Maghreb et en Europe, collection passerelle, Abidjan, 2011. 3- ARTICLES, RAPPORTS ET REVUES African Defense Journal, « pourquoi l’armée malienne ne parvient pas à combattre les Touaregs », 02 avril 2012. BOURGEOT (André), « Révoltes et rebellions en pays touareg », in Afrique contemporaine, 170, 2ème trimestre, 1994, pp 3-19. GREGOIRE (Emmanuel), SCHMITZ (Jean), « Monde arabe et Afrique noire : permanence et nouveaux liens », in Afrique noire et monde arabe continuités et ruptures, Paris, Ed. De l’Aube/ IRD, 2000, pp 5-20. CLAUDOT (Hawad Hélène), « les Touaregs au cœur des enjeux stratégiques saharosahéliens », paru in Puissances d’hier et de demain, l’Etat du Monde 2014, sus la dir.de Bertrand BADIE et Dominique VIDAL, Eds La Découverte, Paris, 2013, pp 198-205. « Les rébellions touaregs : une cause perdue ? », Afrique contemporaine, numéro spécial, 4ème trimestre 1996, pp 99-115. « Sahara : espace géostratégique et enjeux politiques (Niger) », in Afrique noir et monde arabe : continuités et ruptures, Paris, Ed.del’Aube/IRD, 2000, pp 21-48. The national, édition du 08 octobre 2012 : « Mali Touareg softeus indépendance tomes for el in fightin islamist ». Monographie de la Compagnie Méditerranéenne d’Analyse et d’Intelligence Stratégique sur « les enjeux du conflit de l’Azawad », publié le 14 janvier 2014. Rapport sur « le pacte national » conclu entre le gouvernement de la république du Mali et les mouvements et fronts unifiés de l’Azawad consacrant le statut particulier du nord du Mali. Volume 9 ième http://www.NodusSciendi.net Août 2014