Les 25 ans de la liaison entre les deux stations ont été
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Les 25 ans de la liaison entre les deux stations ont été
05.01.2013, 00:01 - Valais Actualisé le 04.01.13, 23:15 Les 25 ans de la liaison entre les deux stations ont été célébrés la semaine dernière. Elle est le fruit d'une collaboration intense. TORGON-CHAPELLE-D'ABONDANCE Le télésiège quatre places de Braitaz conduit les skieurs jusqu'à la frontière franco-suisse. LDD Ajouter un commentaire Tous les commentaires (0) "Dans nos contrées, la frontière n'existe pas." BERTRAND GIRARD Jeudi 27 décembre au sommet du col de Conche, quelque part dans les Portes du Soleil. Arrivé au sommet du télésiège de Braitaz, le vent souffle en rafales. La neige et le brouillard empêchent d'y voir à plus d'une vingtaine de mètres. Quelques skieurs se précipitent à l'intérieur des Aiguillettes, restaurant d'altitude situé à la frontière franco-suisse. Malgré ces conditions peu avenantes, une quarantaine de per sonnes se sont donné rendezvous pour célébrer l'amitié franco-suisse. Le trio Jazz Band à Skis met l'ambiance avec sa musique festive. Les personnes présentes sont invitées à déguster vins et fromages provenant de part et d'autre de la frontière. Ironie du sort, la liaison avec La Chapelle-d'Abondance, pour le 25e anniversaire de laquelle tout ce beau monde s'était déplacé, est fermée. La faute à la tempête. Elle sera rouverte dès le lendemain. MULTIPLES ECHANGES "Le matin en France, l'après-midi en Suisse." L'ancien slogan publicitaire des Portes du Soleil illustre parfaitement l'évolution de ce coin des Alpes. Bernard Maxit, maire de La Chapelled'Abondance, raconte la relation que sa commune entretient historiquement avec sa voisine helvétique de Vionnaz. "Les premiers échanges entre les deux communes remontent à la première courte période française, aux alentours de 1792 (ndlr: le duché de Savoie, alors intégré au royaume de Piémont-Sardaigne, est rattaché une première fois à la France jusqu'en 1815) . Cer taines familles faisaient alors la traversée pour célébrer des mariages." "Durant les années 1940-50, les skieurs commencèrent à se rendre de l'autre côté. Sans remontées mécaniques, ils devaient se contenter d'une seule descente de la journée." Une époque aussi célèbre pour un type d'échange plus particulier: la contrebande. Le col était un passage privilégié par lequel on troquait par exemple des cochons contre du tabac. Puis arrivent les années 80. "Notre commune éprouvait la nécessité d'agrandir son domaine skiable. Elle a fait d'une pierre deux coups en rejoignant les Portes du Soleil." Jusque-là, côté Suisse, les amateurs de poudre ne pouvaient monter qu'à mi-pente, grâce au téléski du Djeu des Têtes. Mais l'hiver 1986-1987 vint tout changer. Grâce à l'arbalète de Conche 2000, sur le versant helvétique, la télécabine de la Panthiaz et le télésiège de Braitaz côté Haute-Savoie, les skieurs pouvaient enfin traverser la frontière. Un investissement total de 952 000 francs pour la commune de Vionnaz (392 000 pour l'arbalète de Conche 2000 et 560 000 pour le téléski de Djeu des Têtes), et d'un équivalent de 16 millions de francs suisses pour sa voisine française. Grâce au télésiège du Tron chey, reliant Torgon à Châtel, La Chapelle-d'Abondance se retrou vait enfin reliée aux Portes du Soleil. "De notre côté, ça a été quelque chose de grandiose. Notre station prenait enfin une autre dimension" , commente André Grillet, actuel président des remontées mécaniques côté tricolore. LIENS RESSERRES Tony Stampfli, directeur de l'office du tourisme de Torgon entre 1997 et 2009, évoque la relation particulière qui relie les deux stations. "C'est plus qu'un partenariat, c'est une union. La notion de frontière n'existe pas. Le but initial était simplement de permettre à la clientèle de passer d'une station à une autre." Ainsi, en 1997, un premier partenariat donne naissance à un forfait commun entre les deux stations. Mais les échanges ne s'arrêtent pas là. "Cela a représenté une opportunité pour travailler ensemble afin de mieux défendre nos intérêts et mieux nous positionner. Nous ne sommes que deux petits confettis dans les Portes du Soleil." Le constat est similaire du côté de Philippe Adam, directeur de l'office du tourisme de La Chapelle-d'Abondance. "Si les loups chassent en meute, ils doivent aussi savoir se débrouiller en indépendants. C'est ce qui se passe dans le domaine de la communication au niveau de l'ensemble du domaine skiable. " Pour mieux faire face à la concurrence de leurs voisins, les deux villages ont donc décidé de faire promotion commune. Lorsque Torgon vend son image dans des comptoirs ou foires helvétiques, il vante toujours aussi son associée, et inversement. Les autorités politiques et responsables touristiques se rencontrent d'ailleurs officiellement au moins une fois par année dans le cadre d'un partenariat qui se veut de plus en plus étroit (voir page 3). Symbole de l'entente entre les deux stations: le jugement du bonhomme été, qui s'est déroulé durant plusieurs années au col de Conche. La légende voulait que le versant du côté duquel tombait l'effigie serait celui qui recevrait le plus de neige l'année suivante. "Autant dire que ça n'a pas souvent été vérifié" , rigole Tony Stampfli. "Mais ça a surtout été l'occasion de rencontres mémorables." Le jubilé de cette liaison Torgon-La Chapelle-d'Abondance sera encore célébré côté Suisse, courant mars. Se démarquer de Châtel, la voisine Jusqu'à la création de la liaison avec Torgon, votre village était terriblement isolé... Dans les années 80, notre domaine skiable ne s'étendait que du côté du Crêt Béni, alors relativement limité. L'enjeu était de s'agrandir. Les autorités ont alors examiné la possibilité de s'ouvrir vers Abondance. Le projet n'ayant pas pu se réaliser, nous nous sommes tournés vers Torgon. De ce fait, nous nous sommes assurés un accès aux Portes du Soleil. Les débuts ont été assez difficiles, car l'investissement était assez lourd: 62 millions de francs français de l'époque (15,5 millions de francs suisses). En plus, au début des années 90, le manque de neige nous a fortement porté préjudice. D'un point de vue touristique, comment se porte aujourd'hui la station? En nous reliant aux Portes du Soleil, nous avons pris parti de nous y positionner comme porte d'entrée. Certes, on peut toujours faire mieux. Mais ces dernières années, le chiffre d'affaires touristique a augmenté. Cela vient peut-être de la diversification des activités entamée sur l'ensemble de la station: ski nordique et biathlon, balades en calèche ou en chiens de traîneaux, etc. Notre situation géographique, sur un long plat, nous a permis de nous démarquer de Châtel. Quels sont les projets qui attendent votre commune pour les prochaines années? Nous continuerons à investir petit à petit pour améliorer les pistes et assurer une bonne liaison avec le reste du domaine skiable. Nous poursuivons nos efforts d'enneigement de culture et cherchons encore à améliorer l'accessibilité de la télécabine de la Panthiaz. Quant à nos relations avec Torgon et la commune de Vionnaz, elles s'améliorent et s'amplifient d'année en année. Cela nous permet de dynamiser encore plus notre secteur touristique. BG