la situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une

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la situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une
LA SITUATION DES JEUNES CANADIENS
AVEUGLES ET AYANT UNE BASSE VISION :
Une étude des styles de vie, de la
qualité de vie et de l’emploi
Avril 2005
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
© 2005 L’Institut national canadien pour les aveugles
Il est interdit de reproduire, d’enregistrer ou de diffuser, en tout ou en partie, le présent ouvrage par quelque
procédé que ce soit, électronique, mécanique, photographique, sonore, magnétique ou autre, sans avoir
obtenu au préalable l’autorisation écrite de l’éditeur.
ISBN 0-921122-11-X
Titre : La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision :
Une étude des styles de vie, de la qualité de vie et de l’emploi
L’Institut national canadien pour les aveugles
Chercheurs :
Deborah Gold, Ph.D.
Alexander Shaw, Ph.D.
Auteurs :
Alexander Shaw, Ph.D.
Deborah Gold, Ph.D.
Helen Simson, M.A.
Traduction :
Marie-Josée Thibault, Apriori Communication
Pour obtenir des exemplaires de La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision :
Une étude des styles de vie, de la qualité de vie et de l’emploi veuillez communiquer avec :
L’Institut national canadien pour les aveugles
Siège social
1929, avenue Bayview
Toronto (Ontario) M4G 3E8
Adresse électronique : [email protected]
www.inca.ca
Un sommaire du rapport est disponible à l’adresse www.inca.ca.
Cette publication est également offerte en anglais et en formats alternatifs dans les deux langues officielles.
Remerciements :
La production de ce document a été rendue possible grâce à la contribution financière du Programme de
partenariats pour le développement du gouvernement du Canada, Bureau de la condition des personnes
handicapées.
Nous remercions chaleureusement les personnes suivantes pour leur assistance au cours de cette étude :
Dr Karen Wolffe (American Foundation for the Blind)
Linda Studholme (Directrice nationale, Service de la recherche et développement des services nationaux de
l’INCA)
Biljana Zuvela (Assistante de recherche)
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
SOMMAIRE DU RAPPORT
Le projet sur les styles de vie des jeunes est une étude nationale approfondie visant à mieux
connaître la vie quotidienne des jeunes aveugles et des jeunes ayant une basse vision. Le projet
a été financé par le Programme de partenariats pour le développement de Développement social
Canada. L’étude a été conçue afin d’explorer la vie des jeunes dans quatre domaines : l’emploi,
les activités de la vie quotidienne, la vie sociale et l’école. Il est à souhaiter qu’en apprenant
davantage à propos des jeunes selon ces aspects de la vie, des programmes de services plus
pertinents soient conçus. Il est également à souhaiter que les conclusions de cette étude servent
de tremplin pour de nouvelles recherches qui pourraient répondre à des questions précises au
sujet des jeunes aveugles et des jeunes ayant une basse vision.
Méthodologie
Une version adaptée d’un questionnaire développé par Dre Karen Wolffe, conseillère en orientation
professionnelle et chercheuse de Austin, dans l’État du Texas, a été utilisée pour la partie
principale de l’étude. Dre Wolffe a offert ses services de consultation dans le cadre de la présente
étude. Trois cent vingt jeunes aveugles et ayant une basse vision ont participé à cette partie de
l’étude. La version adaptée du questionnaire consistait en des questions liées à chacun des
aspects de la vie mentionnés ci-dessus. Spécifiquement, dans le domaine professionnel, les
jeunes devaient répondre à des questions à propos de leurs antécédents professionnels, leur
emploi actuel, leur charge de travail (si actuellement salariés), ainsi que le niveau et le type
d’assistance dont ils ont besoin au travail. Dans le domaine social, les jeunes étaient amenés à
décrire leurs réseaux sociaux et le type d’activités auxquelles ils participaient avec leurs amis,
ainsi que les obstacles auxquels ils devaient faire face dans leur vie sociale. Ils étaient également
invités à indiquer leur état matrimonial ou leur expérience quant à leurs fréquentations.
Enfin, toujours dans le domaine de la vie sociale, il était demandé aux jeunes de discuter du
niveau de support social reçu et de leurs types d’activités sociales et de loisirs. Dans le domaine
scolaire, les jeunes indiquaient leur niveau de scolarité, le ou les types d’écoles fréquentées (ex. :
internat ou non), le niveau d’assistance nécessaire pour accomplir leurs devoirs et leur rendement
scolaire. Finalement, dans le domaine des activités quotidiennes, les jeunes ont exprimé les types
d’activités qu’ils étaient en mesure de faire, le niveau d’assistance nécessaire leur permettant
d’accomplir certaines tâches, dont la cuisine ou le lavage, et s’ils utilisaient des adaptations
spéciales pour y arriver. Ils ont également mentionné dans quelle mesure leurs parents
s’attendaient à ce qu’ils participent à ces activités au cours des ans.
Pendant que tous les participants remplissaient un questionnaire de base (durée d’environ 45
minutes), cinquante et un (51) participants remplissaient également une version étendue du
questionnaire (durée d’environ une heure trente) avec des questions supplémentaires détaillées.
Des renseignements ont été également rassemblés de diverses façons. Spécifiquement, certains
jeunes ont participé à des entretiens en profondeur conçus dans le but d’explorer plus à fond
certaines des questions soulevées dans les questionnaires généraux (ci-dessus). Également,
certains jeunes ont rempli des journaux de l’emploi du temps. Dans les journaux de l’emploi du
temps, les jeunes devaient écrire la nature et le type d’activités qu’ils avaient fait la journée
précédente. Le but des journaux de l’emploi du temps était d’en apprendre davantage sur la façon
dont les jeunes passaient le temps et si trop de temps était consacré à la réalisation d’activités en
iii
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
particulier comme, par exemple, les déplacements. Les groupes de discussion visaient à atteindre
deux objectifs : préparer les questions à poser au cours de l’étude et apporter de l’aide dans
l’interprétation des résultats de l’étude. Enfin, certains parents de jeunes qui avaient participé à
l’étude ont accepté de remplir un questionnaire destiné aux parents. Ce dernier avait un double
objet : l’un visait à obtenir des informations supplémentaires sur la vie des jeunes handicapés
visuels et l’autre visait à se renseigner au sujet de l’expérience des parents qui subviennent aux
besoins d’un enfant ayant un handicap visuel.
Résultats
DOMAINE PROFESSIONNEL
Vingt-neuf pour cent des jeunes ont déclaré être actuellement salariés, ce qui est très homogène
avec la documentation qui indique qu’environ 70 % des personnes vivant avec une déficience
visuelle au Canada ne sont pas des travailleurs pourvus d’un emploi rémunéré (tout comme aux
États-Unis). De tels taux analogues de chômage dans ces contextes significativement différents,
au point de vue de la législation aux États-Unis et au Canada, peuvent indiquer que le stigmate
social concernant la cécité persiste malgré les initiatives pour l’équité et les droits humains. Parmi
les participants salariés, ceux ayant une basse vision étaient plus susceptibles que les participants
aveugles d’avoir déjà occupé un emploi rémunéré et également plus susceptibles de travailler à
l’heure actuelle. Ceci est également homogène avec les conclusions de la documentation
indiquant que le taux de chômage est plus élevé chez les personnes aveugles que chez les
personnes ayant une déficience visuelle moins grave.
Trente-sept pour cent des participants qui n’étaient pas salariés étaient en recherche active de
travail. Cependant, lorsque leur était posée la question à savoir combien de temps par jour
consacraient-ils à la recherche d’emploi, 78 % ont déclaré qu’ils consacraient « une heure ou
moins » par jour à des activités de recherche d’emploi (le choix minimal de l’échelle proposée).
Bien que les participants aveugles et les participants ayant une basse vision se considèrent de
façon égale à la recherche active d’un emploi, le premier groupe était plus susceptible de dire qu’il
consacrait une heure ou moins par jour à la recherche d’un travail. Les participants aveugles
étaient également plus susceptibles de déclarer qu’ils n’avaient pas soumis une seule demande
d’emploi au cours de la dernière année et qu’ils n’avaient pas eu d’entrevue au cours de la
dernière année.
Il est intéressant que de nombreux participants qui déclaraient être en recherche active d’emploi
passaient si peu de temps à des activités liées à la recherche d’un travail et que nombre d’entre
eux n’avaient pas soumis une seule demande d’emploi au cours de la dernière année. Il est
particulièrement intéressant de se demander si les jeunes ayant une déficience visuelle
comprennent que la recherche de travail nécessite un certain nombre de tâches dont fouiller les
petites annonces, activer son réseau de contacts, trouver des renseignements au sujet
d’organisations et, le cas échéant, développer ses compétences. De nouveau, ceci soulève deux
questions : 1. Les jeunes sont-ils informés des différentes tâches nécessaires à une recherche
efficace d’emploi? et 2. Les jeunes sont-ils adéquatement préparés à une vaste gamme de
perspectives d’emploi? Puisque tant de jeunes, de façon générale, n’avaient pas rempli un
formulaire de demande d’emploi ou n’avaient pas eu d’entrevue au cours de la dernière année, il
s’agit d’une source de grande inquiétude pour les jeunes et les professionnels.
iv
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Les participants ont déclaré être à la recherche d’emplois dans les secteurs suivants : le travail de
bureau; le service à la clientèle; les technologies de l’information; la vente au détail; le travail
manuel; les services sociaux et éducatifs; et les arts. Les postes les plus communément
recherchés se trouvent dans les catégories suivantes : le travail de bureau, le service à la clientèle
et les services sociaux et éducatifs. Cette conclusion est homogène avec la documentation du
domaine de la déficience visuelle laquelle indique qu’il est proposé aux jeunes handicapés visuels
une gamme limitée d’options professionnelles en comparaison aux options qui s’offrent réellement
à eux. De l’information anecdotique de la part de conseillers en orientation professionnelle
suggère également que les jeunes ayant une déficience visuelle sont souvent dirigés vers des
types d’emploi en particulier, la plupart du temps à cause de présomptions stéréotypées à propos
du potentiel d’employabilité et des compétences des personnes handicapées visuelles.
Les obstacles ou défis liés à l’emploi déclarés par les participants sont homogènes avec ceux
identifiés dans des études précédentes (les références se trouvent dans le rapport intégral). Ils
comprennent : un accès limité au matériel et à l’équipement adapté ainsi qu’à l’information; une
attitude négative chez les employeurs ou employeurs potentiels; une intolérance des autres, un
manque de sensibilisation du public; un meilleur accès au transport; des problèmes personnels; et
les exigences de l’emploi.
En dépit du fait que les participants ont déclaré avoir rencontré un grand nombre de barrières et
de défis face à l’emploi, ces mêmes participants ont aussi exprimé beaucoup d’optimisme face à
la possibilité de surmonter ces obstacles. Cet optimisme était surtout marqué chez les plus jeunes
participants (100 %); ceci peut s’expliquer du fait que nombre d’entre eux n’avaient pas encore eu
à faire face à ces défis et n’étaient pas encore à un point de leur vie où ils devaient être
financièrement autonomes. Cependant, l’optimisme était également élevé chez les participants
plus âgés (84 %) qui ont probablement eu une expérience directe avec de nombreux obstacles
liés à l’emploi. Cette conclusion se révèle encourageante compte tenu des défis auxquels devront
faire face les jeunes handicapés visuels. Il convient de noter, cependant, que les parents ne
partageaient pas cet optimisme que leurs enfants seraient en mesure de surmonter de tels
obstacles. En effet, environ la moitié des parents interviewés étaient d’opinion que ces obstacles
ne pouvaient être surmontés.
DOMAINE SOCIAL
Aucune différence n’a été relevée en ce qui a trait au soutien social et à l’ampleur du réseau
social chez les participants aveugles et les participants handicapés visuels. Cependant, un
examen des fréquentations et de la vie romantique des participants suggèrent des différences
marquées entre ces deux groupes. Spécifiquement, bien que les participants aveugles et ceux
ayant une basse vision représentent une même probabilité d’être mariés, 28 % des participants
ayant une basse vision et 20 % des participants aveugles ont déclaré avoir un petit ami ou une
petite amie. Également, 56 % des jeunes ayant une basse vision ont déclaré avoir des
fréquentations comparativement à 44 % des jeunes aveugles.
Il a été demandé aux participants s’ils avaient fait l’expérience de défis ou d’obstacles dans leur
vie sociale. Bien qu’environ la moitié des participants aient déclaré avoir fait l’expérience de tels
défis, les participants ayant une basse vision sont plus susceptibles d’en avoir fait l’expérience.
Spécifiquement, 56 % des jeunes ayant une basse vision ont fait l’expérience de tels obstacles
comparativement à 40 % des jeunes aveugles. Également, 54 % des jeunes plus âgés
comparativement à 45 % des plus jeunes ont fait l’expérience de tels obstacles. Les jeunes plus
v
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
âgés font peut-être l’expérience de défis supplémentaires car ils ne se trouvent plus dans un
environnement scolaire, entourés d’amis, mais doivent plutôt se créer un autre environnement
social. Cependant, étant donné un certain nombre de commentaires obtenus au cours des
entrevues qualitatives indiquant que la vie sociale est en réalité plus positive qu’elle ne l’était à
l’école, nous ne pouvons présumer que vieillir entraîne automatiquement une réduction des
occasions sociales. Il est possible que les jeunes plus âgés, cependant, vivent près de leur milieu
de travail lequel n’est peut-être pas idéalement situé pour mener une vie sociale active.
Les jeunes ayant une basse vision peuvent faire face à des défis supplémentaires simplement
parce que leurs activités, telles que les fréquentations, sont plus fréquentes et qu’ils sont plus
susceptibles d’avoir des amis voyants qui les amènent à participer à des activités nécessitant
beaucoup de vision. En outre, les jeunes qui ont une basse vision sont souvent en mesure de voir
ce qu’ils manquent. Des études antérieures et des rapports isolés (ex. : Goffman, 1967) indiquent
que les jeunes ayant une vision partielle sont très conscients du stigmate associé à leur déficience
visuelle et ressentent un grand besoin de s’intégrer. Ne pas être en mesure de conduire une
voiture, par exemple, peut constituer une barrière à la participation aux activités sociales de la part
des jeunes handicapés visuels qui demeurent dans de petites villes où le service de transport est
pauvre ou inexistant et où la plupart des jeunes conduisent une voiture ou un véhicule tout terrain
et où les motos hors route sont de populaires outils récréatifs et sociaux. Dans ces cas, le
manque de capacité visuelle pour opérer les véhicules motorisés peut être décuplé par le manque
d’amis intéressés à les conduire à des activités sociales ou à les inclure d’autres façons.
La conclusion indiquant que les participants ayant une basse vision perçoivent de plus grands
défis tant dans le domaine de l’emploi que dans le domaine social soutient ce qui est avancé dans
la documentation, c’est-à-dire que les personnes ayant une déficience visuelle font face à de plus
grandes difficultés au cours d’activités aux côtés de pairs voyants. Il est possible que les autres
s’attendent à ce qu’ils réussissent à des niveaux comparables aux jeunes voyants. Cette attente
peut dans certains cas être à l’origine du fait que les jeunes voyants ne sont pas conscients de
leur déficience visuelle. En effet, 36 % des participants qui ont une basse vision ont indiqué que
leur déficience visuelle n’était pas apparente aux autres, comparativement à 28 % des participants
aveugles. Ces conclusions étaient plus prononcées chez les participants masculins et plus jeunes
ce qui peut suggérer que a) les jeunes hommes ayant une basse vision font face à des défis
particuliers associés à devoir vivre dans un monde de voyants ou b) les jeunes hommes ayant
une basse vision font de plus grands efforts pour cacher leur déficience visuelle de façon à
« passer » pour voyants.
ACTIVITÉS DE LA VIE QUOTIDIENNE
Dans chacun des sous-domaines du questionnaire des activités de la vie quotidienne (gestion du
temps, gestion du budget, organisation personnelle et économie domestique), les participants
aveugles exécutent moins de tâches que les participants ayant une basse vision. Ces conclusions
concordent avec la documentation qui indique que de faibles niveaux de vision coïncident avec
une faible participation aux activités de la vie quotidienne. (Veuillez consulter le document intégral
pour les références.)
La raison la plus explicite pour laquelle une faible vision est associée à une moindre participation
aux activités de la vie quotidienne s’explique simplement par le fait que ces activités nécessitent
une vision importante. Cependant, un examen des rapports au sein du groupe des jeunes
aveugles révèle une grande variabilité chez les participants dans le nombre et le type d’activités
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La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
exécutées. En effet, ils font appel à un certain nombre de stratégies de façon à effectuer ces
activités. Ces stratégies incluent placer des autocollants en braille sur les fours à micro-ondes afin
de régler les périodes de temps appropriées et utiliser des logiciels adaptés dans le but d’effectuer
des opérations bancaires en ligne. Cette conclusion suggère que la variabilité résulte non
seulement du niveau de vision, mais de l’utilisation de stratégies d’adaptation pour compenser le
manque de vision. En outre, ceci indique qu’avec la pratique et de la formation, de nombreux
jeunes, dont ceux qui ont peu ou pas de vision, pourraient exécuter la plupart ou la totalité des
tâches de la vie quotidienne.
La présente étude a également exploré l’incidence des attentes parentales sur le niveau de
participation des jeunes aux activités de la vie quotidienne. Les données démontrent que plus le
niveau d’attente des parents était élevé lorsque les participants étaient jeunes, plus grande était la
mesure de leur participation aux activités de la vie quotidienne lorsque plus âgés. L’étude
démontre que c’est le cas même après avoir pris en considération un nombre de facteurs
confusionnels tels que l’âge, le niveau de vision et le niveau de scolarité. En outre, plus les
attentes des parents étaient élevées dans le domaine des activités de la vie quotidienne lorsque
les participants étaient jeunes, plus ils sont susceptibles d’être actuellement salariés. L’une des
explications possibles à ces conclusions est que les enfants qui ne sont pas encouragés par les
parents à apprendre les activités de la vie quotidienne n’apprennent pas les habiletés de base de
l’autonomie dont ils auront plus tard besoin dans leur vie afin d’obtenir et de garder un emploi.
Ceci soutient le modèle d’information scolaire et professionnelle proposée par Wolffe et Sacks
(1997) dans lequel on affirme que l’apprentissage des activités de la vie quotidienne constitue un
élément essentiel dans l’acquisition des aptitudes liées à l’emploi. Tout comme pour les enfants
voyants, les familles diffèrent quant au degré d’encouragement à l’autonomie. Cependant, avec
les enfants aveugles, ceci peut s’avérer d’une grande importance à l’âge adulte.
Recommandations
Trois des recommandations tirées de ces conclusions sont les suivantes :
1. Les jeunes sont peut-être mal préparés au processus de recherche d’emploi et peuvent ignorer
ce qui est nécessaire de faire pour trouver du travail. En conséquence, il est important qu’ils
reçoivent une orientation professionnelle approfondie, idéalement, aussi tôt dans leur vie que
possible.
2. Il est important que les parents de jeunes ayant une déficience visuelle soient informés de
l’importance du développement et de l’utilisation des habiletés de la vie quotidienne chez leurs
enfants. Ces habiletés sont essentielles pour l’employabilité future et l’autonomie. Les parents
doivent être informés que leurs enfants sont capables d’apprendre à effectuer ces tâches avec
des adaptations appropriées.
3. Il est important que les conseillers aient une appréciation de certaines des difficultés
auxquelles font face les jeunes ayant une déficience visuelle lorsqu’ils s’engagent dans des
activités aux côtés de pairs voyants qui sont ou non conscients de leur déficience visuelle.
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La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
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La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
TABLE DES MATIÈRES
SOMMAIRE DU RAPPORT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .iii
Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .iii
Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .iv
Domaine professionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .iv
Domaine social et des loisirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .v
Activités de la vie quotidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .vi
Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .vii
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .xi
JUSTIFICATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1
REVUE DE LA DOCUMENTATION CONSULTÉE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1
Emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1
Domaine scolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3
Vie sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4
Activités de la vie quotidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5
Styles de vie et qualité de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5
LA PRÉSENTE ÉTUDE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7
Objectif de l’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7
HYPOTHÈSES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7
Domaine des activités de la vie quotidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7
Domaine social et des loisirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
Domaine scolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
Domaine professionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
Des hypothèses additionnelles visent à explorer les incidences des facteurs
sociodémographiques, les interrelations entre les différents modes de vie
et la qualité de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
HYPOTHÈSES EXPLORATOIRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9
MODÈLE DE RECHERCHE ET MÉTHODES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9
Stratégie générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9
Participants et méthodes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10
Conception . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11
Outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11
Questionnaire des styles de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11
Le questionnaire des parents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11
Journaux de l’emploi du temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12
Analyses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11
RÉSULTATS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12
Statistiques de l’échantillon dans son ensemble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12
Tests d’hypothèses : Comparaison des participants aveugles et des
participants ayant une basse vision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14
Activités de la vie quotidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14
Domaine social et des loisirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16
Domaine scolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17
Domaine professionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17
Autres hypothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20
Attentes des parents et activités de la vie quotidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21
Facteurs ayant une incidence sur la qualité de vie des jeunes aveugles ou des
jeunes ayant une basse vision : l’emploi augmente-t-il la qualité de vie? . . . . . . . . . .22
ix
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Facteurs ayant une incidence sur la participation des jeunes à un niveau
élevé d’activités sociales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22
Facteurs ayant une incidence sur la situation d’emploi des jeunes . . . . . . . . . . . . . . . . . .23
Analyse de données exploratoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23
Domaine professionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23
Situation d’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23
Avez-vous déjà occupé un emploi rémunéré? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23
Le processus de recherche d’emploi — question posée uniquement aux
jeunes en recherche active d’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25
Combien de temps consacrez-vous à la recherche d’un travail? . . . . . . . . . . . . . .25
Combien de demandes d’emploi ont-elles été soumises au cours de
la dernière année? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26
Combien d’entrevues avez-vous eues au cours de la dernière année? . . . . . . . . .28
Expérience de recherche d’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29
Développement des compétences afin d’augmenter l’employabilité . . . . . . . . . . . . . .31
Types d’emploi recherchés par les jeunes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .32
Obstacles à l’employabilité (question posée à tous les participants) . . . . . . . . . . . . . .33
Conseils au sujet de l’employabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .34
Domaine social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35
Réseaux d’amis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35
Bâtir des relations d’amitié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39
Activités avec les amis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39
Relation avec les parents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42
Activités parascolaires et activités de loisirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44
Mariage et fréquentations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44
Défis et obstacles dans la vie sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .45
Vie sociale en ligne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .46
Activités de la vie quotidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .47
Domaine scolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .48
Devoirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .49
Quelle est la moyenne de vos notes en classe? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .49
Où faites-vous vos devoirs? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .49
Recevez-vous de l’aide aux devoirs et, si oui, de la part de qui? . . . . . . . . . . . . . .49
La perspective des parents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .49
Journaux de l’emploi du temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .51
DISCUSSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .51
Domaine professionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .52
Domaine social et des loisirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .57
Activités de la vie quotidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .64
Faiblesses de l’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .66
Recherche future . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .68
CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .68
RÉFÉRENCES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .70
x
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
TABLE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
Tableau
Tableau
Tableau
Tableau
Tableau
1
2
3
4
5
Graphique
Graphique
Graphique
Graphique
Graphique
Graphique
Graphique
TABLEAUX
Activités de la vie quotidienne selon la fréquence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15
Matrice de corrélations des principales variables en régression . . . . . . . . . . . . .20
Types d’emploi recherchés par les jeunes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .32
Barrières ou défis à l’employabilité ou au cheminement de carrière . . . . . . . . .34
Sommaire des données concernant les relations d’amitié . . . . . . . . . . . . . . . . .39
:
:
:
:
:
1
2
3
4
5
6
7
:
:
:
:
:
:
:
Graphique 8 :
Graphique 9 :
Graphique 10 :
Graphique 11 :
Graphique 12 :
Graphique 13 :
Graphique 14 :
Graphique 15 :
Graphique 16 :
Graphique 17 :
Graphique 18 :
Graphique 19 :
Graphique 20 :
Graphique 21 :
Graphique
Graphique
Graphique
Graphique
Graphique
Graphique
Graphique
22
23
24
25
26
27
28
:
:
:
:
:
:
:
GRAPHIQUES
Probabilité d’avoir des fréquentations (selon le niveau de vision) . . . . . . . . . . .17
Probabilité d’avoir occupé un emploi rémunéré (selon le niveau de vision) . . . .18
Probabilité d’être actuellement salarié (selon le niveau de vision) . . . . . . . . . . .18
Défis face à l’emploi ou à l’objectif de carrière (selon le niveau de vision) . . . . .19
Probabilité d’apporter du travail à la maison (selon le niveau de vision) . . . . . .19
Probabilité de recevoir de l’aide au travail (selon le niveau de vision) . . . . . . . .20
Probabilité d’avoir déjà occupé un emploi rémunéré (selon la cohorte
d’âge) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24
Emploi rémunéré (selon la cohorte d’âge) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24
Probabilité d’être à la recherche active de travail (selon la cohorte d’âge) . . . .25
Temps consacré quotidiennement à la recherche d’un travail (selon le
niveau de vision) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26
Temps consacré quotidiennement à la recherche d’un travail (selon la
cohorte d’âge) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26
Nombre de demandes d’emploi soumises au cours de la dernière année (selon le
niveau de vision) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27
Nombre de demandes d’emploi soumises au cours de la dernière année
(selon la cohorte d’âge) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27
Nombre de demandes d’emploi soumises au cours de la dernière année
(selon le sexe) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28
Nombre d’entrevues au cours de la dernière année (selon le niveau de
vision) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28
Nombre d’entrevues au cours de la dernière année (selon la cohorte
d’âge) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29
Nombre d’entrevues au cours de la dernière année (selon le sexe) . . . . . . . . .29
Impression de l’expérience de recherche d’emploi (selon le niveau de
vision) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
Impression de l’expérience de recherche d’emploi (selon la cohorte
d’âge) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
Impression de l’expérience de recherche d’emploi (selon le sexe) . . . . . . . . . . .31
Développement des compétences afin d’augmenter l’employabilité (selon
le niveau de vision) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31
Défis ou barrières à l’emploi (selon le niveau de vision) . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33
Défis ou barrières à l’emploi (selon la cohorte d’âge) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33
Nombre de bons amis (selon le niveau de vision) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35
Nombre de bons amis (selon la cohorte d’âge) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35
Nombre de bons amis (selon le sexe) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36
Niveau de vision de la plupart des amis (selon le niveau de vision) . . . . . . . . . .36
Niveau de vision de la plupart des amis (selon la cohorte d’âge) . . . . . . . . . . . .37
xi
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Graphique 29 : Niveau de vision de la plupart des amis (selon le sexe) . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37
Graphique 30 : Apparence de la déficience visuelle pour les amis (selon le niveau de
vision) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .38
Graphique 31 : Apparence de la déficience visuelle pour les amis (selon le sexe) . . . . . . . . . . .38
Graphique 32 : Apparence de la déficience visuelle pour les amis (selon la cohorte d’âge) . . .38
Graphique 33 : Possibilité de faire des activités avec les amis (selon le niveau de vision) . . . .40
Graphique 34 : Mesure de la participation des jeunes au Niveau passif d’activités sociales,
au Niveau moyen d’activités sociales et au Niveau élevé d’activités sociales . .41
Graphique 35 : Relation avec les parents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42
Graphique 36 : Encouragement à l’autonomie par les parents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42
Graphique 37 : Capacité de parler ouvertement avec les parents (selon le sexe) . . . . . . . . . . .43
Graphique 38 : Encouragement des parents à inviter des amis à la maison . . . . . . . . . . . . . . .43
Graphique 39 : Encouragement des parents à sortir avec les amis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .43
Graphique 40 : État matrimonial (selon la cohorte d’âge) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44
Graphique 41 : Rencontre en ligne de nouvelles personnes (selon le niveau de vision) . . . . . .46
Graphique 42 : Niveau de vie sociale en ligne (selon la cohorte d’âge) . . . . . . . . . . . . . . . . . . .47
Graphique 43 : Niveau de scolarité atteint (selon le niveau de vision) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .48
xii
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
JUSTIFICATION
Au Canada aujourd’hui, on offre aux jeunes handicapés visuels l’occasion de participer à des
programmes d’initiation à la vie professionnelle. Cependant, bien qu’il existe des preuves cliniques
et anecdotiques concernant l’utilité de ces programmes, il existe peu de recherches formelles
démontrant leur efficacité. Une meilleure connaissance de la vie des jeunes canadiens
handicapés visuels augmentera la capacité des programmes d’emploi à répondre aux besoins des
clients. Elle contribuera également à évaluer à quel moment l’initiation à la vie professionnelle doit
débuter. La présente étude est la première à examiner de façon globale les styles de vie et la
qualité de vie des jeunes handicapés visuels au Canada.
Un certain nombre d’études menées au Canada ont exploré la vie des jeunes. Par exemple,
l’étude intitulée National Longitudinal Study of Children and Youth explore les caractéristiques et
l’expérience de vie des enfants et des adolescents canadiens au cours des ans. Cependant, il
n’est pas possible d’extraire de ses résultats des renseignements spécifiques au sujet de jeunes
handicapés visuels. Un certain nombre de questions demeurent sans réponse au sujet de la vie
des jeunes handicapés visuels au Canada, notamment : la nature des activités auxquelles ils
participent (ex. : activités sociales et de loisirs) et les jalons de développement dans leur vie (ex. :
quitter la maison des parents ou se marier). Bien que certaines recherches aient été menées aux
États-Unis (ex. : Wolffe et Sacks, 1977) et en Grande-Bretagne (ex. : Tobin et Hill, 1988) avec des
jeunes handicapés visuels, elles ne sont pas approfondies et on ne peut systématiquement
généraliser leurs conclusions aux jeunes canadiens.
REVUE DE LA DOCUMENTATION CONSULTÉE
Emploi
Le taux de chômage (par opposition au taux d’activité) des personnes handicapées visuelles
demeure autour de 70 % aux États-Unis et au Canada, malgré une législation visant à protéger
les personnes handicapées de la discrimination et malgré des efforts de la part de conseillers en
orientation professionnelle pour faciliter la transition des étudiants de l’école au travail (Sacks,
Wolffe et Tierney, 1998). En outre, le groupe professionnel de cette population est limité
comparativement aux membres voyants de la population (Sacks, Wolffe et Tierney, 1998).
Malgré le faible taux d’emploi de la population handicapée visuelle, ce groupe n’est pas
homogène. Parmi les personnes handicapées visuelles salariées, il existe une grande diversité de
leurs résultats d’emploi qui varient selon des facteurs tels que la nature et la gravité de leur
déficience visuelle et d’autres variables telles que leur niveau de scolarité et leur situation
socioéconomique. Par exemple, le taux d’emploi et le revenu moyen des ménages sont plus
faibles et le recours à l’assistance sociale plus élevé chez ceux dont la cécité atteint les deux yeux
que chez ceux ayant une déficience visuelle moins grave (Houtenville, 2003). Également, de
nombreuses personnes ayant une déficience visuelle sont pourvues d’un emploi rémunéré dans
des postes haut placés. Même ceux qui ne sont pas salariés, selon O’Day (1999), peuvent être
radicalement différents quant à leur relation avec le marché de l’emploi. O’Day (1999) suggère
que les personnes sans emploi et ayant une déficience visuelle peuvent être catégorisées comme
étant « affiliées » (activement à la recherche d’emploi ou en formation); « résignées » (souhaitant
trouver du travail, mais ayant abandonné); ou « transitionnelles » (en transition de la catégorie
« affiliées » à « résignées ».
1
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
« L’emploi est la pierre angulaire d’une intégration constructive » (Lechelt, Moorthy, Brouillet,
Moen, McFee et Hall, 1997, p. 1). L’emploi permet l’autonomie financière et la possibilité d’être en
termes égaux avec les autres. Dans une société fortement orientée vers le travail, l’emploi est
habituellement un précurseur à la valorisation et à l’acceptation par les autres. L’emploi dans la
population en général et chez les personnes handicapées est également lié à l’estime de soi
(Nosek, Hughes, Swedlund, Taylor et Swank, 2003). Le chômage est aussi lié à des problèmes
émotifs et familiaux (Leonard et D’Allura, 1997). En général, l’emploi est associé à une meilleure
qualité de vie.
Un résumé de la documentation dans le domaine de la cécité et de la déficience visuelle révèle un
certain nombre de barrières auxquelles les personnes ayant une déficience visuelle peuvent faire
face au cours de leur recherche d’emploi. Au niveau social, les politiques gouvernementales
peuvent créer des effets dissuasifs sur la volonté de trouver un travail rémunéré (McBroom,
Crudden, Skinner et Moore, 1998). Par exemple, en Ontario, l’assistance sociale est offerte à ceux
qui ne travaillent pas ou qui ont un handicap. Le manuel du Programme ontarien de soutien aux
personnes handicapées stipule que les personnes handicapées peuvent recevoir 160 $ par mois
(235 $ pour les familles) en plus de prestations rattachées aux programmes, mais des gains
supérieurs à ces montants donnent lieu à une réduction de la prestation d’invalidité. En
conséquence, les personnes handicapées peuvent être dissuadées de chercher de l’emploi si
elles n’en trouvent pas qui soit à la fois intéressant et adéquatement rémunéré.
Les prestations d’invalidité provinciales comprennent une aide financière pour des médicaments
d’ordonnance et des appareils fonctionnels, et ces derniers sont également repris lorsque la
personne quitte le programme de soutien pour les personnes handicapées pour occuper un
emploi. Cette perte potentielle de prestations prolongées peut être particulièrement problématique
pour les personnes ayant une déficience visuelle à cause du coût élevé des dispositifs adaptés.
L’Institut Roeher (2002) affirme que les personnes qui effectuent la transition de programmes
provinciaux de soutien du revenu (ex. : programmes de bien-être social et de prestations
d’invalidité) vers un travail rémunéré voient souvent leurs prestations prolongées compromises.
Même quand un délai de grâce de transition est offert dans certains territoires ou provinces au
Canada, les personnes handicapées ne sont pas admises aux prestations une fois ce délai
écoulé. Quand les revenus provenant d’un emploi ne correspondent pas à ceux provenant de
mesures de soutien pour les personnes handicapées, il existe une grande force de dissuasion à
se trouver un emploi. Ceci est particulièrement vrai lorsqu’une personne, qui doit faire face à des
coûts élevés liés à sa déficience, considère une situation d’emploi qui n’offre pas un accès à des
avantages sociaux de valeur analogue aux prestations reçues dans le cadre de mesures de
soutien pour les personnes handicapées.
En plus des politiques qui peuvent représenter des barrières à l’emploi, les employeurs sont
généralement hésitants à embaucher des personnes handicapées visuelles. Selon Wolffe et
Candela (2002), les employeurs sont préoccupés par rapport aux dépenses perçues, associées à
l’adaptation en milieu de travail, aux délais entraînés par les travailleurs handicapés visuels avant
l’atteinte d’une pleine productivité, ainsi que les difficultés potentielles dans le cas d’un renvoi d’un
travailleur handicapé visuel dont le rendement n’est pas à un niveau acceptable. Dans une large
mesure, ces préoccupations reflètent un manque d’expérience dans la manière de traiter avec une
personne handicapée, spécifiquement avec un handicap visuel. Wolffe et Candela (2002) ont
démontré que les employeurs qui ont déjà employé une personne handicapée sont beaucoup plus
susceptibles d’engager de nouveau une personne handicapée. Candela et Wolffe (2001)
suggèrent de plus qu’un consortium de l’emploi devrait inciter les nouvelles entreprises à
2
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
embaucher des personnes handicapées visuelles. Les inquiétudes et la réticence des employeurs
face à l’embauche de personnes handicapées est probablement le reflet de stéréotypes sociaux
associés à la cécité et une crainte par rapport à cette condition. La cécité est historiquement
associée à une perception de dépendance et de passivité (Lukoff et Whiteman, s.d.) et une
réaction de pitié est généralement ressentie envers une personne vivant avec ce handicap. Des
étiquettes telles que malvoyant et aveugle conduisent à la reproduction et au renforcement de
stéréotypes. Ce stigmate porte atteinte à la personne puisqu’il ne cadre pas avec l’idéal d’une
personne travaillante et qui contribue à la société.
Il a été démontré que les facteurs sociodémographiques et psychologiques ont une incidence sur
l’employabilité. Les facteurs sociodémographiques incluent le sexe, l’âge, la race, le niveau de
scolarité et le statut socioéconomique. Bien qu’il ait été également démontré que ces facteurs sont
liés à l’emploi dans la population en général (Nosek, Hughes, Swedlund, Taylor et Swank, 2003;
Leonard et D’Allura, 1997), il est possible qu’ils aient une incidence plus importante chez les
personnes ayant une déficience visuelle. Par exemple, la vie dans une collectivité rurale peut
limiter les occasions d’emploi, car l’accès au transport public n’est pas offert. Les facteurs
psychologiques tels que la motivation à travailler, le développement des compétences, la
connaissance de ses propres capacités, l’estime de soi, le soutien social et la disponibilité des
réseaux sociaux jouent également un rôle important dans l’employabilité (Leonard et D’Allura,
2000).
Domaine scolaire
Bien que le taux de chômage soit très élevé chez les jeunes handicapés visuels, leur taux de
présence dans les établissements postsecondaires est seulement 10 % de moins que les jeunes
en général et considérablement plus élevé que chez les jeunes ayant d’autres types d’incapacités
(Nagle, 2001). Richardson et Roy (2002) proposent en outre que l’avantage relatif d’études
supérieures est même plus important chez les personnes ayant une déficience visuelle aidant
ainsi à pallier ces éventuelles barrières à l’emploi. Selon Cole-Hamilton et Vale (2000), les
étudiants handicapés visuels font souvent face à un certain nombre de défis dans le domaine
scolaire. Certains de ces défis concernent l’obtention de manuels ou de documents en format
approprié, des problèmes à s’y retrouver sur le campus et des difficultés à utiliser les catalogues
de la bibliothèque. Richardson et Roy (2002) remarquent, cependant, que malgré des défis
supplémentaires, le taux d’abandon des jeunes handicapés visuels est égal à celui de leurs pairs
voyants et les diplômes qu’ils recevront seront en bout de ligne les mêmes.
Certains chercheurs et conseillers en orientation professionnelle (ex. : Sacks, Wolffe et Tierney,
1998; Lewis et Iselin, 2002) appliquent un modèle d’information scolaire et professionnelle à la
situation des jeunes handicapés visuels. Ils affirment qu’avec les adaptations nécessaires, les
enfants ayant une déficience visuelle sont en mesure d’effectuer nombre d’activités tout comme
leurs pairs voyants. Cependant, contrairement à leurs pairs voyants qui apprennent beaucoup en
observant ceux qui en ont la garde, les enfants handicapés visuels doivent recevoir un
enseignement direct et des occasions de mettre en pratique leurs habiletés.
À cause de la perception que les enfants aveugles ne sont pas capables, les personnes qui en
ont la garde diminuent leurs attentes et omettent également de fournir la formation directe
nécessaire au développement des compétences. Une incapacité apprise peut en résulter
(Seligman, 1991). À certains égards, ce problème peut même être plus important chez les jeunes
3
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
ayant une basse vision (par opposition aux jeunes complètement aveugles) car il est attendu
d’eux qu’ils soient en mesure d’apprendre spontanément comme leurs pairs (MacCuspie, 1996).
La responsabilité ne se limite pas aux parents parce que les professeurs et les autres
personnes de l’entourage peuvent attribuer de semblables stéréotypes et avoir de faibles
attentes par rapport aux enfants handicapés visuels. Également, sans maîtriser les
connaissances élémentaires, il peut être difficile pour les enfants de développer des habiletés
avancées et d’arriver à un niveau d’autonomie auquel devrait s’attendre un employeur
(McBroom, Crudden, Skinner et Moore, 1998). La persistance de ces lacunes longtemps après
les premières années peut avoir une incidence non seulement sur leur capacité à fonctionner en
milieu de travail, mais également dans d’autres aspects de la vie. Spécifiquement, ils éprouvent
souvent des défis à interagir socialement en milieu scolaire et à effectuer des activités de la vie
quotidienne nécessaires à l’autonomie.
Vie sociale
En plus d’un taux élevé de chômage, les jeunes handicapés visuels ont tendance à s’isoler
socialement dès qu’ils sortent de l’école, et cet isolement s’accroît avec l’âge, ils sont aussi plus
susceptibles de continuer à vivre chez leurs parents après la fin des études Wolffe et Sacks,
1995). Cette tendance vers un isolement social se reflète dans les résultats de l’étude
longitudinale américaine United States Longitudinal Transition Study qui indique que plus de la
moitié des jeunes handicapés visuels ayant participé à l’étude n’étaient pas membres d’un club
social ou communautaire (Valdes, Williamson et Wagner, 1990).
Selon MacCuspie (1996), la capacité limitée des jeunes handicapés visuels d’apprendre
spontanément s’étend à l’apprentissage dans le domaine social. MacCuspie (1996) suggère que :
« En plus de limiter la variété, la fréquence et la nature des expériences sociales à partir d’un
très bas âge, une déficience visuelle semble également s’interposer avec la capacité
d’interpréter les messages sociaux ». Sacks, Kekelis et Gaylord-Ross (1997) suggèrent que des
comportements tels que l’égocentrisme, l’insensibilité aux préoccupations et aux intérêts
d’autrui, des structures linguistiques inhabituelles et une préférence à interagir avec des adultes
sont communs chez les enfants handicapés visuels. Les difficultés associées à des aptitudes
sociales pauvres sont décuplées à l’adolescence lorsque les jeunes ayant une déficience
visuelle doivent non seulement faire face aux défis associés à cette période de développement,
mais aussi aux défis additionnels liés à leur handicap. Selon Rosenblum (2000) ceux-ci peuvent
inclure : un manque de pairs ou de modèles aveugles ou ayant une basse vision, la réalité que
leur handicap devienne plus apparent, un malaise à parler de leur handicap et des défis dans
les amitiés à cause de leur handicap. Une déficience visuelle peut également avoir une
incidence négative sur le statut social; les jeunes peuvent être tolérés sans être réellement
acceptés par leurs pairs (MacCuspie, 1996). En outre, ils peuvent faire l’objet de moqueries à
cause de leur handicap (Rosenblum, 2000).
Selon Wolffe et Sacks (1992), l’enseignement des habiletés sociales est très important pour les
jeunes handicapés visuels; Sacks, Kekelis et Gaylord-Ross (1997) suggèrent que si les enfants
ne développent pas des habiletés sociales fondamentales dès le plus jeune âge, ceci peut avoir,
à l’âge adulte, une incidence sur leur habileté à réussir sur les plans professionnel et personnel.
Cependant, l’une des difficultés associées à l’enseignement des habiletés sociales est que
même si les habiletés sociales peuvent dans une certaine mesure être enseignées directement,
les personnes handicapées visuelles qui ont développé ces habiletés peuvent toutefois avoir
des difficultés à les utiliser à cause « de directives insuffisantes, d’un manque de rétroaction
4
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
honnête de la part des interactants, d’un comportement inapproprié de la part des personnes
voyantes et d’attitudes négatives envers la déficience visuelle dans la société » (ex. : Young-il,
2003, p. 285).
Plus récemment, les jeunes handicapés visuels sont devenus socialement actifs à cause de sites
offerts sur Internet (revue de SCORE II, 2003). Dans un tel contexte, si une jeune personne est
suffisamment experte avec les ordinateurs et la technologie d’adaptation, son handicap visuel peut
occuper moins de place dans ses interactions sociales. En effet, le handicap visuel peut même ne
pas être apparent à des connaissances en ligne. Cependant, un certain nombre de questions
demeurent sans réponse à propos de la socialisation en ligne. Les voici : Quelle est la proportion
des jeunes handicapés visuels qui socialisent en ligne? L’approche en ligne peut-elle à elle seule
offrir à une personne ayant une déficience visuelle un réseau viable de soutien social? Les
habiletés sociales développées dans un contexte en ligne peuvent-elles se transférer aux
rencontres face à face?
Activités de la vie quotidienne
Lewis et Iselin (2002) ont évalué les habiletés de la vie quotidienne d’étudiants handicapés visuels
et d’étudiants voyants selon huit différents domaines d’habiletés : hygiène, habillement, lavage
des vêtements, entretien de la cuisine, entretien de la maison, budget, téléphone et communauté.
Ils ont demandé aux parents si leurs enfants (âgés de 6 à 9 ans) pouvaient accomplir la tâche :
1. De façon autonome, tout le temps, 2. Quelques fois, avec de l’aide ou 3. N’ont jamais accompli
la tâche. Lewis et Iselin ont démontré que les enfants voyants pouvaient accomplir 84 % des tâches
sans aide et 4 % des tâches avec de l’aide alors que les enfants ayant une déficience visuelle
pouvaient uniquement effectuer 44 % des tâches de façon autonome et 14 % des tâches avec de
l’aide. Cette étude suggère que, dans le domaine des activités de la vie quotidienne, il y ait des
différences claires dans les habiletés et les niveaux d’aide entre les enfants qui sont voyants et
ceux qui ont une déficience visuelle. Ces conclusions renforcent également l’importance que place
Wolffe (communication personnelle, 2003) sur l’information scolaire et professionnelle en bas âge.
Styles de vie et qualité de vie
Historiquement, selon Kirchner, McBroom, Nelson et Graves (1992), la recherche concernant les
styles de vie des personnes handicapés visuelles a débuté avec trois études classiques : La
première étude classique par Graham et Robinson (1968) explore les styles de vie de vétérans
aveugles et les attitudes sociales à leur égard. La seconde étude par Josephson (1968) explore la
notion de temps de loisirs et d’identités de loisirs, et comment elles sont formées chez les
personnes aveugles. Josephson conclut également que les éléments qui dérangent le plus les
personnes aveugles sont ces manifestations du handicap qui ont une incidence sur leur habileté à
participer à la vie communautaire : l’immobilité, l’isolement et la dépendance, mais, autrement,
leurs inquiétudes et aspirations sont très semblables à celles des personnes voyantes. La
troisième étude classique par Lukoff et Whiteman (s.d.) traite de l’adaptation des personnes
aveugles au monde social et explore des questions telles que : la classe sociale d’une personne
ou son origine ethnique peuvent-elles influencer son attitude face à sa cécité et à sa capacité
d’autonomie? Et le type d’enseignement reçu a-t-il une incidence sur la façon dont la personne
aveugle s’adapte au monde des voyants?
5
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Depuis ces trois classiques, un certain nombre d’études ont examiné différents aspects du style
de vie des personnes handicapées visuelles. Resnick (1983), par exemple, a étudié la relation
entre le moi psychologique, l’autonomie et le style de vie de personnes aveugles de naissance en
matière d’intégration. Resnick (1983) a utilisé un questionnaire couvrant les catégories suivantes :
l’expérience de la première enfance, la scolarité, la mobilité et l’expérience professionnelle; les
activités de la vie quotidienne; les interactions sociales; la conformité sociale; les habiletés
physiques; la diversité des intérêts; l’attitude envers le handicap; et l’option quant aux facteurs
d’intégration. Elle a attribué des cotes aux participants selon leurs réponses à ce questionnaire et
à un test composé de vingt éléments (lequel évalue le moi psychologique) en matière de positivité
du moi psychologique, du degré d’autonomie et du degré d’intégration. Selon Resnick (1983), le
répondant classique dans son étude était un diplômé de collège, ayant trouvé son propre travail et
participé à des activités parascolaires, et dont les amis sont principalement voyants. Son
échantillon de participants représente à de nombreux égards un sous-groupe de jeunes
handicapés visuels particulièrement bien intégrés et adaptés. Elle a constaté qu’ils avaient surtout
une image positive d’eux-mêmes et un degré élevé d’autonomie, mais des résultats nuancés
quant à leur niveau d’intégration. Les participants à son étude attribuaient leur succès à leur
expérience, leur enseignement, leur scolarité, leurs habiletés et au moi psychologique de la
première enfance. Resnick suggère que le succès relatif des participants de ce groupe pouvait
également être lié au fait qu’ils étaient aveugles de naissance et avaient eu la chance de
s’adapter à leur handicap. Cette étude présente un point de vue positif dans laquelle Resnick
(1983, p. 3) indique que « les personnes handicapées visuelles s’orientent vers l’avenir ».
Kirchner et autres (1992) ont exploré les styles de vie de personnes handicapées visuelles ayant
trouvé un emploi avec succès afin d’en apprendre plus sur la façon dont ils combinaient temps et
argent pour y arriver. Entre autres conclusions, ces chercheurs proposent que les personnes
légalement aveugles soient moins intégrées socialement et participent moins aux rôles familiaux
traditionnels. Cependant, ils suggèrent également, selon les réponses obtenues à plusieurs
questions liées à la qualité de vie, que les personnes légalement aveugles qui sont salariées
profitent d’une qualité de vie analogue à celle des personnes voyantes. Cependant, étant donné
que les participants légalement aveugles à l’étude de Kirchner et autres (1992) avaient un emploi,
ils peuvent ne pas être considérés représentatifs des personnes handicapées visuelles en général
puisque la majorité d’entre eux sont sans emploi.
Wolffe et Sacks (1995) ont mené une étude explorant les domaines scolaires, la vie quotidienne,
les styles de vie sociale et professionnelle de jeunes handicapés visuels. Ces domaines ont été
identifiés comme étant nécessaires aux enfants handicapés visuels pour effectuer une transition
réussie dans le monde des adultes (Wolffe, Sacks et Lewis, 2003) et les éléments eux-mêmes
étaient conçus afin d’explorer « Comment les jeunes (âgés de 15 à 21 ans) partageaient-ils leur
temps entre leurs activités scolaires, sociales, professionnelles et la vie quotidienne en
comparaison aux jeunes voyants? » (Wolffe et autres, 2003, p. 4).
Wolffe et Sacks (1997) ont aussi comparé le style de vie des étudiants aveugles à celui des
jeunes ayant une basse vision. La conceptualisation de style de vie était plus large que celle de
certaines études antérieures lesquelles étaient uniquement orientées sur les habiletés de la vie
quotidienne. Ces conclusions, variées et riches, en font cependant un exercice quelque peu
empirique à cause du petit échantillon de l’étude pilote. Dans le domaine scolaire, de nombreux
étudiants handicapés visuels, particulièrement ceux ayant une basse vision, avaient besoin d’une
aide soutenue pour réussir académiquement dans des environnements scolaires intégrés. Dans le
domaine social, les occasions d’intégration sociale et d’acceptation par les pairs voyants étaient
6
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
limitées et les jeunes devaient travailler fort pour entretenir ces relations. Également, les étudiants
ayant une basse vision étaient essentiellement engagés dans des activités de loisirs de nature
passive telles que regarder la télévision ou écouter la radio. Dans le domaine professionnel, le
type et la nature de l’emploi étaient plus limités pour les étudiants handicapés visuels que pour les
étudiants voyants. L’étude de Wolffe et Sacks (1995) illustre quelques-uns des domaines dans
lesquels les conseillers en orientation professionnelle pourraient répondre à des besoins. Hatlen
(1996) a inclus la formation professionnelle dans le tronc commun élargi des étudiants aveugles
ou ayant une déficience visuelle.
LA PRÉSENTE ÉTUDE
Objectif de l’étude
L’objectif principal de la présente étude visait à mieux connaître les styles de vie des jeunes
aveugles et des jeunes ayant une basse vision, et de comprendre les différences entre ces deux
groupes et les jeunes voyants dans chacun des styles de vie identifiés par Wolffe et Sacks (1995).
Implicitement, nous avons adopté dans notre étude une approche de « différences individuelles »
et une approche « comparative » (Warren, 1994).
La présente étude des styles de vie des jeunes handicapés visuels est en partie une reproduction
de l’étude de Wolffe et Sacks (1995), mais avec un plus grand échantillon et dans un contexte
canadien. Bien que les domaines de Wolffe et Sacks soient utilisés comme cadre général pour
explorer la vie des jeunes handicapés visuels, la présente étude explore ces domaines plus en
détail en approfondissant l’ensemble de leurs questions. Par exemple, des questions concernant
la vie sociale par Internet ont été ajoutées au domaine social. L’étude incorpore également des
questionnaires uniformisés pour explorer la qualité de vie des jeunes handicapés visuels et leur
perception du degré de soutien social. Bien que les notions d’autonomie et d’interdépendance
soient essentiellement des indicateurs de niveau fonctionnel et évaluées dans chacun des
questionnaires concernant les styles de vie, la qualité de vie est un indicateur de satisfaction de
vivre ou de bien-être. La relation entre la qualité de vie et l’autonomie et l’interdépendance dans
chacun des domaines ont fait l’objet d’une analyse afin de mieux comprendre les incidences
possibles des choix et des facteurs liés au mode de vie sur la qualité de vie. Bien que le
questionnaire d’évaluation de Wolffe et Sacks dans le domaine social ait favorisé l’évaluation de la
taille des réseaux sociaux des jeunes, la perception du degré de soutien social a fourni un
indicateur de l’ampleur du soutien dont les jeunes croient avoir en réalité.
HYPOTHÈSES
De façon générale, on prévoyait que les participants aveugles auraient un degré d’autonomie et
de soutien moins élevé, et moins d’occasions de participer à des activités que les jeunes ayant
une basse vision. Les hypothèses précises sont les suivantes :
Domaine des activités de la vie quotidienne
Hypothèse 1 : Les jeunes ayant une basse vision effectuent un plus grand nombre d’activités de
la vie quotidienne que leurs pairs aveugles tant aux notes AVQ que dans chacun des sous-
7
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
domaines du questionnaire des activités de la vie quotidienne (gestion du temps, gestion du
budget, organisation personnelle et économie domestique). La recherche a démontré que les
attentes des parents ou des personnes qui ont la garde d’enfants handicapés visuels sont souvent
très faibles et, tel que prévu, de manière plus marquée chez le groupe de jeunes aveugles. En
conséquence, l’hypothèse postule que les jeunes aveugles sont plus susceptibles de déclarer un
degré d’attentes parentales plus faible en regard aux activités de la vie quotidienne. La fréquence
relative avec laquelle les jeunes effectuent diverses activités de la vie quotidienne (composant
l’échelle des activités de la vie quotidienne) fait également l’objet d’une analyse bien qu’aucune
hypothèse formelle ne soit formulée à cet effet.
Domaine social et des loisirs
Hypothèse 2 : L’hypothèse postule que les jeunes aveugles ont des réseaux sociaux réduits, une
perception d’un soutien social faible et une participation à des activités principalement solitaires.
Également, ils ont moins tendance à avoir une relation sérieuse ou des fréquentations, et sont
plus susceptibles, de façon générale, de faire face à des défis dans leur vie sociale.
Domaine scolaire
Hypothèse 3 : L’hypothèse postule que les jeunes aveugles passent plus de temps à faire leurs
devoirs, requièrent plus d’aide aux devoirs et considèrent leur charge de travail plus difficile.
Domaine professionnel
Hypothèse 4 : L’hypothèse postule des différences entre les jeunes aveugles et ceux ayant une
basse vision dans le domaine professionnel. Spécifiquement, les participants ayant une basse
vision sont plus susceptibles d’être salariés, plus susceptibles d’avoir occupé un emploi rémunéré
et plus susceptibles de percevoir des difficultés dans la recherche d’emploi et le cheminement de
carrière que les participants aveugles.
Hypothèse 5 : L’hypothèse postule que les jeunes aveugles considèrent leur travail plus difficile,
qu’ils ont un rendement inférieur au travail, font plus de travail supplémentaire et nécessitent plus
d’aide avec leur travail que les jeunes ayant une basse vision.
Des hypothèses additionnelles visent à explorer les
incidences des facteurs sociodémographiques, les
interrelations entre les différents modes de vie et la
qualité de vie
Hypothèse 6 : L’hypothèse postule que les attentes des parents quant à la participation aux
activités de la vie quotidienne de leurs enfants sont associées au degré de participation aux
activités de la vie quotidienne des jeunes actuellement, ceci même après avoir pris en
considération des facteurs tels que l’âge, le niveau de vision et le niveau de scolarité.
8
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Hypothèse 7 : L’hypothèse postule qu’une meilleure vision, une scolarité plus élevée, un âge plus
avancé, un soutien social plus important et une plus grande autonomie dans l’exercice des
activités de la vie quotidienne sont associés à la perception d’une meilleure qualité de vie.
Également, occuper un emploi est associé à une meilleure qualité de vie même après avoir pris
en considération ces autres facteurs.
Hypothèse 8 : L’hypothèse postule que le niveau d’intégration sociale des jeunes (évalué par leur
participation relative à un niveau élevé d’activités sociales) est plus élevé avec une meilleure
vision, un âge plus avancé, un emploi et une plus grande autonomie dans l’exercice des activités
de la vie quotidienne.
Hypothèse 9 : L’hypothèse postule que la situation par rapport à l’emploi (occuper un emploi ou
pas) des jeunes handicapés visuels dépend de leur niveau de vision, leur niveau de scolarité, leur
âge, le degré de soutien social qu’ils croient avoir, le type de communauté et leur relative
autonomie en regard des activités de la vie quotidienne.
HYPOTHÈSES EXPLORATOIRES
On a avancé l’hypothèse que des différences existent entre les groupes d’âge et le sexe en
termes de niveaux d’autonomie et d’aide dans chacun des domaines. On s’attendait également à
des différences dans le domaine scolaire entre les jeunes qui fréquentent un internat ou non.
On a avancé l’hypothèse que chaque groupe présenterait une hétérogénéité importante en termes
de niveau d’autonomie. Par exemple, on s’attendait à une hétérogénéité des points de vue chez
les participants quant à leur préparation au monde du travail, leur perception de la difficulté de leur
travail scolaire, leur habileté à établir des réseaux sociaux et leur habileté à effectuer des activités
de la vie quotidienne.
Nous avons analysé le type de préparation que reçoivent les jeunes handicapés visuels pour le
monde du travail. Se sentent-ils adéquatement préparés? Dans quels domaines (s’il y a lieu)
prennent-ils du retard par rapport à leurs pairs voyants et auraient-ils besoin de formation?
Nous nous sommes demandés quelle expérience le groupe plus âgé possède-t-il qui pourrait aider
les participants du groupe plus jeune à favoriser l’autonomie et l’employabilité.
Auprès de qui les jeunes handicapés visuels vont-ils chercher un soutien social? En personne?
Dans des groupes de discussion en direct? Comment développent-ils leurs réseaux sociaux? Qui
fait partie de leurs réseaux sociaux?
MODÈLE DE RECHERCHE ET MÉTHODES
Stratégie générale
Nous avons adopté l’approche quantitative et l’approche qualitative pour notre cueillette de
données et leur analyse. L’approche quantitative a nécessité l’utilisation d’un échantillonnage au
hasard, d’échelles normalisées et d’analyses statistiques pour dégager des tendances générales
9
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
spécifiques aux groupes (participants ayant une basse vision et participants aveugles) ainsi que
les différences qui existaient entre eux. L’approche qualitative nous a permis d’effectuer des
entrevues en profondeur.
Participants et méthodes
Les participants ont été choisis au hasard à partir de la base de données de clients de l’INCA et
également recrutés à l’école pour les aveugles W. Ross MacDonald et au Bureau de l’éducation
spéciale pour les provinces de l’Atlantique. En tout, trois cent trente jeunes aveugles et ayant une
basse vision ont participé à l’étude. L’échantillon a été stratifié selon les caractéristiques suivantes :
le niveau de déficience (c.-à-d. s’ils avaient été classés comme aveugles ou ayant une basse
vision), la province de résidence et l’âge (15 à 21 ans ou 22 à 30 ans). La base de données de
l’INCA comprend non seulement ceux qui reçoivent des services, mais également ceux qui sont
inscrits pour être admissibles à des prestations telles que le transport public gratuit. Le nombre
exact de jeunes handicapés visuels non inscrits dans la base de données des clients de l’INCA
est incertain. Cependant, il a été suggéré que la majorité des jeunes qui sont complètement
aveugles font partie de la base de données de l’INCA, mais qu’un nombre inconnu de jeunes
ayant une basse vision sont inscrits à l’INCA.
Tous les participants choisis au hasard ont rempli le questionnaire principal. Cinquante et un
participants à l’étude ont rempli un long exemplaire du questionnaire (lequel incluait toutes les
questions du formulaire court en plus de questions additionnelles).
Au départ, il était prévu de recruter également un groupe témoin de personnes voyantes en
demandant aux jeunes aveugles et ayant une basse vision d’identifier des pairs voyants.
Cependant, il a été décidé ensuite de ne pas inclure un groupe de personnes voyantes pour un
certain nombre de raisons. D’abord, de façon générale, les jeunes ne souhaitaient pas nommer
des pairs voyants. En second lieu, de façon à obtenir un échantillon de personnes voyantes
vraiment représentatif de jeunes voyants en général, un groupe très large recruté de sources
différentes aurait été nécessaire. Les ressources allouées à ce projet étaient insuffisantes pour
soutenir le recrutement d’un échantillon si important et représentatif de personnes voyantes. De
façon à suppléer à cette modification de la méthode et de l’échantillon, nous avons décidé de
comparer les conclusions de cette étude de jeunes handicapés visuels avec la documentation
existante au sujet des styles de vie des jeunes de façon générale.
Vingt jeunes aveugles et vingt jeunes ayant une basse vision, sélectionnés chez les répondants
au questionnaire, ont également tenu des journaux de l’emploi du temps de façon à en apprendre
davantage sur la façon dont les jeunes passent le temps au cours d’une période de 24 heures. Il
était intéressant, par exemple, de déterminer si les jeunes passaient beaucoup de temps en
déplacement et d’explorer la nature de leurs activités de loisirs.
Onze autres jeunes ont participé à des entretiens qualitatifs en profondeur. Pour ces entrevues, un
effort particulier a été déployé afin de sélectionner des jeunes selon différents profils
socioéconomiques, familiaux et régionaux et avec des niveaux variables de vision. Le but de ces
entretiens était d’obtenir une vue approfondie des préoccupations liées aux styles de vie des
jeunes aveugles ou handicapés visuels et de les questionner relativement aux thèmes explorés
dans le questionnaire.
10
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Deux groupes de discussion ont également été tenus : l’un de ces groupes a été tenu avant
l’étude dans le but de solliciter de l’information à propos de la pertinence des questions posées
dans le questionnaire. Le second groupe, tenu après l’analyse des données et appelé de façon
plus appropriée « table ronde », constituait une occasion pour les jeunes de fournir une
rétroaction quant à nos conclusions. Certains des participants à la table ronde avaient participé à
l’étude et d’autres non.
Les entrevues avec les parents ont eu lieu avec dix-huit d’entre ceux qui avaient participé au
questionnaire principal. Les parents participants ont été recrutés en demandant aux jeunes qui
avaient rempli un questionnaire s’ils souhaitaient fournir les coordonnées de l’un ou l’autre des
parents et une permission de les contacter concernant l’étude. Ces parents devaient répondre à
une série de questions en parallèle à celles posées aux jeunes. Le but du questionnaire aux
parents visait à recueillir de la documentation auxiliaire sur la vie des jeunes handicapés visuels et
à obtenir une idée de la perspective des parents quant à l’éducation d’un enfant ayant une
déficience visuelle.
Conception
OUTILS
Tous les outils ont fait l’objet d’essai pilote auprès de jeunes handicapés visuels âgés de 15 à 30
ans avant le début de la cueillette de données de façon à assurer une utilisation simple dans un
délai raisonnable.
QUESTIONNAIRE DES STYLES DE VIE
Le questionnaire des styles de vie, décrit plus tôt comme étant une version adaptée du
questionnaire de Wolffe et Sacks (1995), incluait des questions avec choix limité de réponses ainsi
que des questions semi-structurées. Les questions à choix limité de réponses ont été utilisées afin
que tous les participants emploient un format de réponses semblable et que l’ensemble des
réponses aux questions soient calculées et comparées entre les groupes et les sous-groupes de
l’échantillon. Les questions semi-structurées ont été utilisées afin d’obtenir de plus amples
renseignements au sujet de thèmes soulevés dans les questions à choix limité de réponses.
Deux échelles normalisées ont été ajoutées au questionnaire des styles de vie : l’outil
Multidimensional Scale of Perceived Social Support [Analyse multidimensionnelle de la perception
du soutien social] (Zimet, Dahlem, Zimet et Farlex, 1988) et l’outil Satisfaction with Life Scale
[Échelle d’évaluation de la satisfaction de vivre] (Diener, Emmons, Larsen et Griffin, 1985). Ce
dernier outil a été utilisé pour mesurer la qualité de vie. Au cours de recherches antérieures, ces
deux échelles ont démontré une validité élevée. La concision de l’Échelle d’évaluation de la
satisfaction de vivre est un avantage supplémentaire.
En plus des échelles normalisées, deux échelles ont été construites à partir d’éléments d’une
adaptation du Questionnaire des styles de vie. Ces éléments ont été regroupés car ils semblaient
faire appel à un même concept. Une autre échelle, ci-après désignée sous le nom d’Échelle
d’activités sociales, visait à évaluer dans quelle mesure les jeunes participaient à des activités
sociales et de loisirs. Cette échelle était composée de trois sous-échelles (basées sur un groupe
d’éléments de l’étude originale de Wolffe et Sacks , 1997). Elles sont les suivantes : Niveau élevé
11
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
d’activités sociales, Niveau moyen d’activités sociales et Niveau passif d’activités sociales. Le
Niveau élevé d’activités sociales inclut sortir dans des discothèques et des soirées à l’école. Le
Niveau passif d’activités sociales inclut regarder la télévision et écouter la radio. Le Niveau moyen
d’activités sociales activités inclut aller au cinéma et parler au téléphone.
Une autre échelle, ci-après désignée sous le nom d’Échelle des activités de la vie quotidienne
(AVQ) était composée de questions au sujet de la participation à diverses activités de la vie
quotidienne. Les sous-échelles de l’AVQ étaient les suivantes : Gestion du temps, Gestion du
budget, Organisation personnelle et Administration de la maison. Ces sous-échelles étaient
également basées à partir de groupes de questions de l’étude pilote de Wolffe et Sacks (1995). La
sous-échelle Gestion du temps incluait des questions telles que « Prenez-vous et allez-vous à des
rendez-vous? » La sous-échelle Gestion du budget incluait des questions telles que « Gérez-vous
un budget? » La sous-échelle Organisation personnelle incluait des questions telles que
« Choisissez-vous vos propres vêtements? » Finalement, la sous-échelle Administration de la
maison incluait des questions telles que « Faites-vous le lavage? »
LE QUESTIONNAIRE DES PARENTS
Ce questionnaire était composé de nombreuses questions provenant du questionnaire destiné aux
jeunes et de questions supplémentaires conçues pour en apprendre davantage sur la perspective
des parents quant à l’éducation d’un enfant ayant une déficience visuelle.
JOURNAUX DE L’EMPLOI DU TEMPS
Un formulaire a été créé pour faire la collecte de renseignements à partir de comptes rendus
d’activités auxquelles les jeunes ont participé pendant les précédentes 24 heures. Les participants
devaient indiquer les activités auxquelles ils avaient participé, s’ils étaient engagés dans des
activités secondaires au même moment et si d’autres personnes s’étaient jointes à eux au cours
de ces activités. Ils devaient également indiquer s’ils utilisaient des adaptations spéciales pour
faciliter leur participation à ces activités.
ANALYSES
Quantitative
Les hypothèses ont été testées statistiquement à l’aide du logiciel d’analyse statistique SPSS
(Statistical Package for the Social Sciences), de tests du chi-carré, de tests-t, d’analyses de
corrélation et de régression. Spécifiquement, des comparaisons entre les groupes de jeunes
aveugles et de jeunes ayant une basse vision ont été effectuées avec des analyses du chi-carré
(dans le cas de données nominales) et de tests-t dans le cas de questions à échelle. Les analyses
de corrélation ont été effectuées pour explorer les associations entre les principales variables de
l’étude et les analyses de régression ont été réalisées pour évaluer dans quelle mesure divers
facteurs étaient associés à l’autonomie dans chacun des quatre modes de vie et à la qualité de
vie. Subséquemment, des analyses exploratoires ont été réalisées en effectuant des analyses par
recoupement et des analyses de fréquence afin d’explorer l’expérience des jeunes au sujet de
thèmes qui ne faisaient pas partie des hypothèses de départ.
Dans le cas des journaux de l’emploi du temps, les activités déclarées par les participants étaient
codées dans l’une des nombreuses catégories. Les catégories suivantes ont été utilisées selon
12
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
des recherches antérieures par Wolffe et Sacks (1995) et basées sur les réponses des
participants :
A. Nombre d’heures consacrées :
• à la préparation pour la journée
• au déplacement seul
• au déplacement avec d’autres
• à l’école
• aux devoirs scolaires
• aux activités de loisirs passives
• aux activités de loisirs actives
• au travail rémunéré
• au travail bénévole
• aux interactions sociales avec les pairs voyants
• aux interactions sociales avec les pairs handicapés visuels
• au sommeil
• à effectuer des tâches
B. Nombre de :
• activités parascolaires
• activités communautaires
• activités en famille
• interactions sociales avec les pairs (inconnu si voyants ou handicapés visuels)
• interactions sociales avec d’autres personnes que les pairs
• interactions sociales avec des proches
Des tests-t ont été effectués afin de comparer les groupes en termes de leur participation relative
dans chacune des activités. Le test-t est un test statistique qui nous permet de déterminer si des
différences entre deux groupes sont statistiquement significatives. En d’autres mots, bien qu’il soit
possible d’observer des différences mesurables entre les groupes (ex. : aveugles et basse vision),
ces différences peuvent ne pas être significatives. Le test-t nous permet de le déterminer.
Qualitative
Les données provenant des entretiens en profondeur ont été classées selon des catégories qui se
sont dégagées des données : enfance, autonomie, attentes des parents, expérience scolaire,
thèmes au sujet de la carrière, vie sociale, loisirs, plus belles réalisations et plus grandes
frustrations et stratifiées selon deux groupes sociodémographiques (personnes aveugles et
personnes ayant une basse vision). L’analyse incluait la génération de thèmes selon deux groupes
sociodémographiques et les interdépendances entre les divers codes.
13
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
RÉSULTATS
Statistiques de l’échantillon dans son ensemble
(c.-à-d. participants aveugles et participants ayant une basse vision)
Personnes aveugles
Personnes ayant une basse vision
Àge
Homme
Femme
15 à 21 ans
33
28
22 à 30 ans
40
30
15 à 21 ans
62
30
22 à 30 ans
53
51
Les résultats sont organisés de la façon suivante : les résultats des tests statistiques pour les
hypothèses formelles sont présentés en premier lieu et les résultats des analyses exploratoires
sont présentés ensuite.
Tests d’hypothèses : Comparaison des participants aveugles
et des participants ayant une basse vision
ACTIVITÉS DE LA VIE QUOTIDIENNE
Hypothèse 1 : Les jeunes ayant une basse vision effectuent un plus grand nombre d’activités de
la vie quotidienne que leurs pairs aveugles tant aux notes AVQ que dans chacun des sousdomaines du questionnaire des activités de la vie quotidienne (gestion du temps, gestion du
budget, organisation personnelle et économie domestique). La recherche a démontré que les
attentes des parents ou des personnes qui ont la garde d’enfants handicapés visuels sont souvent
très faibles et, tel que prévu, de manière plus marquée chez le groupe de jeunes aveugles. En
conséquence, l’hypothèse postule que les jeunes aveugles sont plus susceptibles de déclarer un
degré d’attentes parentales plus faible en regard aux activités de la vie quotidienne. La fréquence
relative avec laquelle les jeunes effectuent diverses activités de la vie quotidienne (composant
l’échelle des activités de la vie quotidienne) fait également l’objet d’une analyse bien qu’aucune
hypothèse formelle ne soit formulée à cet effet.
Tel que postulé, les participants ayant une basse vision ont des notes significativement plus
élevés quant à la note globale AVQ que les participants aveugles. Ils ont également des notes
significativement plus élevées que les participants aveugles en ce qui concerne les sous-échelles
Gestion du temps et Administration de la maison. Les différences entre les sous-échelles
Organisation personnelle et Gestion du budget ne sont pas statistiquement significatives.
Cependant, les moyennes se trouvent toutes dans la direction escomptée, les notes des
participants ayant une basse vision étant plus élevées que celles des participants aveugles.
Pour l’Échelle des activités de la vie quotidienne, les participants devaient dire s’ils effectuaient
diverses activités de la vie quotidienne. Pour certaines questions, ils étaient tenus de simplement
répondre « oui » ou « non ». Pour d’autres, ils devaient choisir entre les réponses suivantes :
« Je le fais moi-même », « Je le fais moi-même occasionnellement, mais j’ai besoin d’aide », « Je
ne peux le faire même avec de l’aide », « Je peux le faire, mais ne le fais pas » et « Je n’ai jamais
14
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
essayé de le faire ». Pour cette analyse préliminaire, de façon à calculer un résultat combiné des
éléments, les trois premières réponses ont été recodées en « oui » et les trois dernières réponses
en « non ».
Le Tableau 1 (ci-dessous) illustre la réponse des participants pour chacun des éléments (après le
recodage ci-dessus mentionné). Les chiffres correspondent au pourcentage des participants ayant
déclaré effectuer une activité en particulier. L’ordre des éléments reflète dans quelle mesure
l’ensemble des participants a déclaré effectuer chacune des activités.
Tableau 1 : Activités de la vie quotidienne selon la fréquence
Personnes
ayant une
basse vision
Jeunes
aveugles
Groupes
combinés
Préparer les repas à l’avance
30,1
35,5
32,2
Coudre des boutons
44,6
31,5
39,4
Repasser
47,2
29,7
40,3
Laver la voiture
54,2
39,2
48,3
Faire la liste pour les courses
47,1
50,4
48,4
Connaissez-vous votre numéro d’assurance sociale?
50
53,1
51,2
Aider avec le jardinage
62
50,4
57,5
Avoir un calendrier
64,8
52,7
60
Cueillette des déchets
73
61,5
68,5
Ranger sa chambre
76,5
69,3
73,7
Dépenser de l’argent
73,2
76,6
74,5
Gérer son argent
77
71,7
74,9
Lavage et séchage des vêtements
76,4
73,6
75,3
Épousseter sa chambre
81,7
67,4
76,1
Sortir les poubelles
81,6
74
78,6
Passer l’aspirateur
84,6
71,1
79,3
Bien organiser la chambre ou le logement
78,6
81,6
79,8
Portez-vous une montre?
82,6
79,7
81,4
Faire les courses ou aider à les faire
84,3
80,8
82,9
Prendre et aller à des rendez-vous
84,1
84,4
84,2
Utiliser une cuisinière
89,3
77,5
84,7
Prendre le courrier
87,2
82
85,2
Payer les factures
86,8
87,8
87,2
Effectuer des transactions bancaires
89,8
83,5
87,3
Élément
15
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Tableau 1 : Activités de la vie quotidienne selon la fréquence
(suite)
Personnes
ayant une
basse vision
Jeunes
aveugles
Groupes
combinés
Porter une pièce d’identité avec soi
92,3
85,9
89,8
Vêtements propres (inversé à cause de la
formulation — en anglais)
89,7
92,1
90,7
Très soigné (inversé à cause de la
formulation — en anglais)
91,3
90,6
91
Laver et sécher
91,4
90,6
91,1
Portefeuille ou sac à main
95,4
90,7
93,5
Préparer les collations
94,9
93
94,1
Utiliser le four à micro-ondes
97,5
95,3
96,6
Urgence
97
96,9
96,9
Vacances
98,5
97,6
98,1
98,4
99,4
99,2
99,4
Élément
Choisir ses propres vêtements
Hygiène personnelle
100
99,5
En ce qui concerne les attentes des parents, il n’y a pratiquement pas de différence entre les
réponses des participants aveugles et celles des participants ayant une basse vision au sujet de la
question « Vos parents s’attendaient-ils à ce que vous participiez aux activités de la vie
quotidienne? »
DOMAINE SOCIAL ET DES LOISIRS
Hypothèse 2 : L’hypothèse postule que les jeunes aveugles ont des réseaux sociaux réduits, une
perception d’un soutien social faible et une participation à des activités principalement solitaires
par rapport aux jeunes ayant une basse vision. Également, ils ont moins tendance à avoir une
relation sérieuse ou des fréquentations, et sont plus susceptibles de faire face à des défis dans
leur vie sociale.
Aucune différence significative n’a été trouvée entre les participants aveugles et les participants
ayant une basse vision par rapport à l’échelle Soutien social, ni dans les sous-échelles Soutien
social (Famille, Amis ou Proches). Dans l’Échelle d’activités sociales, aucune différence n’a été
déterminée quant aux sous-échelles Niveau élevé d’activités sociales et Niveau passif d’activités
sociales. Cependant, les participants ayant une basse vision participent plus significativement à
des activités considérées de niveau moyen (t = 3,6, 325; p <0,001). Tel qu’indiqué plus tôt, les
activités de niveau élevé incluent sortir dans des discothèques et des soirées à l’école. Le Niveau
passif d’activités sociales inclut regarder la télévision et écouter la radio. Le Niveau moyen
d’activités sociales inclut aller au cinéma et parler au téléphone. Il n’y a pas de différence dans le
nombre déclaré de bons amis par les participants de chaque groupe.
16
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Les participants aveugles et les participants ayant une basse vision étaient également
susceptibles d’être mariés. Vingt-huit pour cent des participants ayant une basse vision et 20 %
des participants aveugles ont déclaré avoir à l’heure actuelle un petit ami ou une petite amie.
Parmi ceux qui ne sont pas légalement mariés et qui n’ont pas de petit ami ou de petite amie, les
participants ayant une basse vision (56 %) sont significativement plus susceptibles que les
participants aveugles (44 %) d’avoir des fréquentations (p <= 0,05). D’autre part, les participants
ayant une basse vision sont significativement plus susceptibles que les participants aveugles de
déclarer avoir fait face à des défis ou obstacles dans leur vie sociale (p <= 0,01).
Graphique 1 : Probabilité d’avoir des fréquentations
(selon le niveau de vision)
Pourcentage
NIVEAU DE VISION
60
Jeunes ayant une
basse vision
50
Jeunes aveugles
40
30
20
10
0
Oui
Non
Avez-vous des fréquentations?
(Ne comprend que les personnes qui ne sont pas mariées
ou qui n’ont pas de petit ami ou de petite amie)
DOMAINE SCOLAIRE
Hypothèse 3 : L’hypothèse postule que les jeunes aveugles passent plus de temps à faire leurs
devoirs, requièrent plus d’aide aux devoirs et considèrent leur charge de travail plus difficile que
les jeunes ayant une basse vision.
Cependant, aucune différence significative n’a été déterminée entre les groupes participants quant
aux variables ci-dessus.
DOMAINE PROFESSIONNEL
Hypothèse 4 : L’hypothèse postule des différences entre les jeunes aveugles et ceux ayant une
basse vision dans le domaine professionnel. Spécifiquement, les participants ayant une basse
vision sont plus susceptibles d’être salariés, plus susceptibles d’avoir occupé un emploi rémunéré
et plus susceptibles de percevoir des difficultés dans la recherche d’emploi et le cheminement de
carrière que les participants aveugles.
17
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Des analyses du chi-carré ont révélé qu’il y avait des différences significatives entre les deux
groupes en termes d’un emploi rémunéré (p <0,01). Spécifiquement, 78 % des participants ayant
une basse vision ont occupé un emploi rémunéré comparativement à 61 % des participants
aveugles. On notait également des différences significatives dans la probabilité des participants à
occuper un emploi à l’heure actuelle, avec 36 % des participants ayant une basse vision occupant
un emploi comparativement à 20 % des participants aveugles. Bien que les participants ayant une
basse vision étaient plus susceptibles de déclarer avoir fait face à des obstacles ou défis face à
l’employabilité ou au cheminement de carrière, la différence entre les groupes n’était pas
statistiquement significative.
Graphique 2 : Probabilité d’avoir occupé un emploi rémunéré
(selon le niveau de vision)
NIVEAU DE VISION
80
Jeunes ayant une
basse vision
Pourcentage
70
Jeunes aveugles
60
50
40
30
20
10
0
Oui
Non
Avez-vous déjà occupé un emploi rémunéré?
Graphique 3 : Probabilité d’être actuellement salarié
(selon le niveau de vision)
NIVEAU DE VISION
Jeunes ayant une
basse vision
80
70
Pourcentage
Jeunes aveugles
60
50
40
30
20
10
0
Oui
Non
Occupez-vous actuellement un emploi?
18
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Graphique 4 : Défis face à l’emploi ou à l’objectif de carrière
(selon le niveau de vision)
NIVEAU DE VISION
Jeunes ayant une
basse vision
80
Pourcentage
70
Jeunes aveugles
60
50
40
30
20
10
0
Oui
Non
Défis ou barrières à l'emploi
Hypothèse 5 : L’hypothèse postule que les jeunes aveugles considèrent leur travail plus difficile,
qu’ils ont un rendement inférieur au travail, qu’ils font plus de temps supplémentaire et qu’ils
nécessitent plus d’aide avec leur travail que les jeunes ayant une basse vision.
Aucune différence significative n’a été déterminée entre les participants aveugles et les
participants ayant une basse vision selon leurs perceptions de la difficulté liée à leur travail ni de
leur rendement au travail. Bien que la différence entre les groupes en termes de temps
supplémentaire ne soit pas statistiquement significative, elle a approché la signification statistique
avec les participants aveugles étant plus susceptibles d’apporter du travail à la maison. Les
participants aveugles sont plus susceptibles de recevoir de l’aide avec le travail, mais cette
donnée également approche la signification statistique.
Graphique 5 : Probabilité d’apporter du travail à la maison
(selon le niveau de vision)
NIVEAU DE VISION
80
Jeunes ayant une
basse vision
Pourcentage
70
Jeunes aveugles
60
50
40
30
20
10
0
Oui
Non
Apportez-vous du travail à la maison?
19
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Graphique 6 : Probabilité de recevoir de l’aide au travail
(selon le niveau de vision)
NIVEAU DE VISION
Jeunes ayant une
basse vision
80
70
Pourcentage
Jeunes aveugles
60
50
40
30
20
10
0
Oui
Non
Recevez-vous de l’aide au travail?
AUTRES HYPOTHÈSES
Les hypothèses 6 à 9 identifient des facteurs associés à l’emploi, à la participation aux activités de
la vie quotidienne et à l’intégration sociale. Le tableau suivant est une matrice de corrélations de
ces principales variables de recherche. Les nombres élevés de la matrice correspondent à une
plus grande association entre les variables. L’astérisque (*) indique que la corrélation est
suffisamment grande pour être statistiquement significative. Autrement, veuillez vous référer à
l’interprétation des corrélations indiquée ci-dessous.
Tableau 2 : Matrice de corrélations des principales
variables en régression
Niveau de
vision
Niveau de vision
fonctionnelle
Niveau de
scolarité
-0,140*
1
Âge
-0,013
0,515**
Attentes
des parents
-0,053
0,132*
Activités de la vie
quotidienne
Note globale
-0,200**
0,359**
Qualité de vie
-0,017
20
Attentes
des parents
AVQ
QDV
Situation
d’emploi
1
Niveau de
scolarité
Situation
d’emploi
Âge
0,225**
1
-0,024
1
0,270**
0,303**
1
0,060
-0,162**
0,212**
0,216**
-0,288**
-0,292**
0,162**
-0,210**
1
-0,100
1
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Corrélations significatives en pourpre
* Corrélation significative au niveau 0,05 (bilatéral)
** Corrélation1 significative au niveau 0,01 (bilatéral)
Interprétation des corrélations statistiquement significatives :
1. Une meilleure vision est associée à de plus hauts niveaux de réussite scolaire.
2. Une meilleure vision est associée à une plus grande participation aux activités de la vie
quotidienne.
3. Une meilleure vision est associée à une plus grande probabilité d’occuper un emploi.
4. Le niveau de scolarité augmente avec l’âge.
5. Le niveau d’attentes des parents augmente plus le niveau de scolarité des jeunes est élevé.
6. Le niveau de scolarité augmente plus la participation aux activités de la vie quotidienne
augmente.
7. Un haut niveau de réussite scolaire est associé à une plus grande probabilité d’occuper un
emploi.
8. Le degré de participation aux activités de la vie quotidienne augmente avec l’âge.
9. La perception de la qualité de vie diminue avec l’âge.
10. La probabilité d’occuper un emploi augmente avec l’âge.
11. Les attentes des parents augmentent plus la participation aux activités de la vie quotidienne
augmente.
12. La qualité de vie est perçue comme étant plus élevée plus le niveau d’attentes des parents est
élevé.
13. Les niveaux élevés d’attentes des parents sont associés à une plus grande probabilité
d’occuper un emploi.
14. Une plus grande participation aux activités de la vie quotidienne est associée à une meilleure
perception de la qualité de vie.
15. Une plus grande participation aux activités de la vie quotidienne est associée à une plus
grande probabilité d’occuper un emploi.
ATTENTES DES PARENTS ET ACTIVITÉS DE LA VIE QUOTIDIENNE
Hypothèse 6 : L’hypothèse postule que les attentes des parents sont associées au degré de
participation aux activités de la vie quotidienne, ceci même après avoir pris en considération des
facteurs tels que l’âge, le niveau de vision et le niveau de scolarité.
Une analyse de régression a été effectuée avec la note globale obtenue à l’Échelle des activités
de la vie quotidienne comme variable dépendante. Dans la première partie de l’analyse de
régression, le niveau de vision fonctionnelle, le niveau de scolarité et l’âge ont été utilisés comme
prédicteurs. Chacune de ces variables était significativement prédictive des notes de l’Échelle des
activités de la vie quotidienne, et le modèle dans son ensemble était significatif (p<0,001) et
représentait 15 % de la variance des notes AVQ. Dans la seconde partie, les attentes des parents
ont été ajoutées comme variable. Le nouveau modèle représentait 22 % de la variance des notes
de l’échelle AVQ. La modification R2 était significative (p<0,001) entre les deux modèles, indiquant
que les attentes des parents représentaient une portion significative de la variance des notes AVQ
1 Une corrélation correspond à une association entre deux variables. Dans le tableau ci-dessus, les corrélations avec
un astérisque (*) signifient que les deux variables sont fortement associées. Deux astérisques signifient que l'association
est encore plus grande. Un signe positif signifie que si une variable augmente, l'autre augmente également (ex. : une
plus grande participation aux activités de la vie quotidienne est associée à une meilleure qualité de vie). Un signe
négatif signifie que si une variable augmente, l'autre diminue.
21
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
au-delà de la variance représentée par les autres variables. En fin de compte, ceci signifie que
les attentes des parents ont une profonde influence sur le niveau de participation des
jeunes aux activités de la vie quotidienne même après avoir pris en considération des
facteurs tels que l’âge, le niveau de vision et le niveau de scolarité (des jeunes).
FACTEURS AYANT UNE INCIDENCE SUR LA QUALITÉ DE VIE DES
JEUNES AVEUGLES OU DES JEUNES AYANT UNE BASSE VISION :
L’EMPLOI AUGMENTE-T-IL LA QUALITÉ DE VIE?
Hypothèse 7 : L’hypothèse postule qu’une meilleure vision, une scolarité plus élevée, un âge plus
avancé, un soutien social plus important et une plus grande autonomie dans l’exercice des
activités de la vie quotidienne sont associés à la perception d’une meilleure qualité de vie.
Également, occuper un emploi est associé à une meilleure qualité de vie même après avoir pris
en considération ces autres facteurs.
Une analyse de régression a été menée avec les notes de l’Échelle de la qualité de vie comme
variable du résultat. Dans la première partie, le niveau de vision fonctionnelle, le niveau de
scolarité, l’âge, le soutien social et les notes AVQ étaient incluses comme prédicteurs. Ce modèle
représentait 24 % de la variance des notes QDV et était statistiquement significatif. Des quatre
variables, cependant, seulement l’âge, le soutien social et les notes AVQ étaient significativement
associés à la qualité de vie. Le niveau de scolarité et la vision fonctionnelle n’étaient pas liés à la
qualité de vie. Un second modèle incluant également la situation d’emploi (occupant actuellement
un emploi ou non) a augmenté la variance expliquée à 25 %. Ce changement n’était pas
statistiquement significatif, mais presque (p =0,064). Enfin de compte, l’âge, le soutien social et
la participation aux activités de la vie quotidienne ont une profonde influence sur la
perception de la qualité de vie contrairement au niveau de scolarité et de vision
fonctionnelle. Que les jeunes occupent un emploi ou non n’a pas une incidence
statistiquement significative (mais presque significative) sur la perception de la qualité de
vie une fois ces autres facteurs pris en considération.
FACTEURS AYANT UNE INCIDENCE SUR LA PARTICIPATION DES JEUNES
À UN NIVEAU ÉLEVÉ D’ACTIVITÉS SOCIALES
Hypothèse 8 : L’hypothèse postule que le niveau d’intégration sociale des jeunes (évalué selon
leur participation relative à un niveau élevé d’activités sociales) est plus élevé avec une meilleure
vision, un âge plus avancé, un emploi et une plus grande autonomie dans l’exercice des activités
de la vie quotidienne.
Une analyse de régression a été menée dans laquelle les notes de la sous-échelle Niveau élevé
d’activités sociales de l’Échelle d’activités sociales étaient utilisées comme variables dépendantes.
La vision fonctionnelle, le niveau de scolarité, l’âge, la situation d’emploi et les totaux AVQ ont été
utilisés comme prédicteurs de résultats à la sous-échelle Niveau élevé d’activités sociales. Ce
modèle était statistiquement significatif et représentait 6 % de la variance des notes obtenues au
Niveau élevé d’activités sociales. Le niveau de scolarité (p<0,05), l’âge et les notes AVQ étaient
des prédicteurs significatifs de niveau élevé d’activités sociales. Cependant, la situation d’emploi
et le niveau de vision fonctionnelle n’ont pas d’incidence sur la participation des jeunes à un
niveau élevé d’activités sociales.
22
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
FACTEURS AYANT UNE INCIDENCE SUR LA SITUATION
D’EMPLOI DES JEUNES
Hypothèse 9 : L’hypothèse postule que la situation par rapport à l’emploi (occuper un emploi ou
pas) des jeunes handicapés visuels dépend de leur niveau de vision, leur niveau de scolarité, leur
âge, leur soutien social, le type de communauté dans laquelle ils vivent et leur relative autonomie
en regard des activités de la vie quotidienne.
Une analyse de régression a été menée dans laquelle le niveau de vision fonctionnelle, le niveau
de scolarité, l’âge, les notes AVQ, les notes au niveau du soutien social et le type de communauté
au sein de laquelle vivent les participants ont été utilisées comme variables indépendantes et la
situation d’emploi comme variable dépendante. Le modèle représentait significativement une
variabilité dans la situation d’emploi. Le niveau de vision fonctionnelle, le niveau de scolarité, l’âge
et les notes AVQ étaient des prédicteurs significatifs du modèle. Le type de communauté et le
soutien social n’étaient pas des prédicteurs significatifs (bien que le soutien social s’approche de
la signification statistique).
Analyse de données exploratoires
Les analyses exploratoires suivantes examinent la vie des jeunes concernant des thèmes dont il n’est
pas question dans les hypothèses. Spécifiquement, les réponses des jeunes au sujet de chacun des
thèmes du questionnaire sont fractionnées selon la cohorte d’âge, le sexe et le niveau de vision.
DOMAINE PROFESSIONNEL
Situation d’emploi
Avez-vous déjà occupé un emploi rémunéré?
Dans l’ensemble, 71 % des jeunes ont indiqué avoir occupé un emploi rémunéré. Chez la cohorte
des plus jeunes, 60 % des jeunes avaient occupé un emploi rémunéré et chez la cohorte des plus
vieux, 81 % avaient occupé un emploi rémunéré. Soixante-treize pour cent des jeunes hommes et
69 % des jeunes femmes avaient occupé un emploi rémunéré.
23
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Graphique 7 : Probabilité d’avoir déjà occupé un emploi rémunéré
(selon la cohorte d’âge)
COHORTE D'ÂGE
80
15 à 21 ans
70
22 à 30 ans
Pourcentage
60
50
40
30
20
10
0
Oui
Non
Avez-vous déjà occupé un emploi rémunéré?
Dans l’ensemble, 29 % sont actuellement salariés. Ce graphique indique que 16 % de la cohorte
plus jeune et 41 % de la cohorte plus âgée occupent un emploi. Vingt-neuf pour cent des jeunes
hommes et 30 pour cent des jeunes femmes ont actuellement un emploi.
Graphique 8 : Emploi rémunéré (selon la cohorte d’âge)
COHORTE D'ÂGE
80
15 à 21 ans
70
22 à 30 ans
Pourcentage
60
50
40
30
20
10
0
Oui
Non
Occupez-vous actuellement un emploi?
Dans l’ensemble, 37 % des jeunes qui étaient actuellement sans emploi étaient en recherche
active de travail. Selon le niveau de vision, 38 % des jeunes ayant une basse vision et 36 % des
jeunes aveugles ont déclaré être en recherche active de travail. Dans la jeune cohorte, 33 % des
jeunes ont indiqué être en recherche active de travail comparativement à 43 % chez la cohorte
24
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
plus âgée. Trente-six pour cent des jeunes hommes et 38 % des jeunes femmes sont en
recherche active de travail. Il est important de noter que cette question repose sur une autoévaluation et sur l’interprétation que les jeunes se font de la « recherche active de travail ». Les
questions suivantes explorent plus objectivement le processus de recherche d’emploi.
Graphique 9 : Probabilité d’être à la recherche active de travail
(selon la cohorte d’âge)
COHORTE D'ÂGE
80
15 à 21 ans
70
22 à 30 ans
Pourcentage
60
50
40
30
20
10
0
Oui
Non
Êtes-vous actuellement en recherche active de travail?
Le processus de recherche d’emploi – question posée uniquement aux
jeunes en recherche active d’emploi
Combien de temps consacrez-vous à la recherche d’un travail?
Dans l’ensemble, 78 % des jeunes consacrent « une heure ou moins » de leur temps à la
recherche active d’un travail. Soixante-quatorze pour cent des jeunes ayant une basse vision
consacrent « une heure ou moins » de leur temps à la recherche active d’un travail
comparativement à 83 % des jeunes aveugles. Quatre-vingt-neuf pour cent des membres de la
cohorte plus jeune consacrent une heure ou moins par jour à la recherche d’un travail
comparativement à 70 % chez la cohorte plus âgée. Soixante-dix-sept pour cent des jeunes
hommes et 79 % des jeunes femmes consacrent « une heure ou moins » de leur temps à la
recherche d’un travail. Veuillez consulter le Graphique 12 pour de plus amples renseignements
concernant le temps alloué à la recherche d’un travail.
25
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Graphique 10 : Temps consacré quotidiennement à la recherche d’un travail
(selon le niveau de vision)
NIVEAU DE VISION
Jeunes ayant une
basse vision
80
Jeunes aveugles
Pourcentage
100
60
40
20
0
Une heure
ou moins
Entre une et
deux heures
Plus de deux
heures mais
moins de trois
Plus de
trois heures
Graphique 11 : Temps consacré quotidiennement à la recherche d’un travail
(selon la cohorte d’âge)
COHORTE D'ÂGE
100
15 à 21 ans
22 à 30 ans
Pourcentage
80
60
40
20
0
Une heure
ou moins
Entre une et
deux heures
Plus de deux
heures mais
moins de trois
Plus de
trois heures
Combien de demandes d’emploi ont-elles été soumises au cours de la dernière année?
Dans l’ensemble, chez les répondants ayant déclaré être en recherche active d’emploi, 26 % ont
indiqué ne pas avoir soumis de demande d’emploi au cours de la dernière année. Vingt et un pour
cent des jeunes ayant une basse vision et 33 % des participants aveugles ont déclaré ne pas
26
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
avoir soumis de demande d’emploi au cours de la dernière année. Les résultats démontrent que
20 % de la cohorte plus jeune et 31 % de la cohorte plus âgée n’ont pas soumis de demande
d’emploi au cours de la dernière année. Vingt-neuf pour cent des jeunes hommes et 23 % des
jeunes femmes ont déclaré ne pas avoir soumis de demande d’emploi au cours de la dernière
année. Veuillez consulter le graphique ci-dessous pour de plus amples renseignements
concernant le nombre de demandes d’emploi soumises par les jeunes.
Graphique 12 : Nombre de demandes d’emploi soumises au cours de la
dernière année (selon le niveau de vision)
NIVEAU DE VISION
Jeunes ayant une
basse vision
35
Pourcentage
30
Jeunes aveugles
25
20
15
10
5
0
Aucune
Une
Deux
Trois
Quatre
Cinq
Entre
cinq et
dix
Plus de
dix
Plus de Plus de
vingt cinquante
Graphique 13 : Nombre de demandes d’emploi soumises au cours de la
dernière année (selon la cohorte d’âge)
COHORTE D'ÂGE
30
15 à 21 ans
Pourcentage
25
22 à 30 ans
20
15
10
5
0
Aucune
Une
Deux
Trois
Quatre
Cinq
Entre Plus de
cinq et
dix
dix
Plus de Plus de
vingt cinquante
27
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Graphique 14 : Nombre de demandes d’emploi soumises au cours de la
dernière année (selon le sexe)
SEXE
30
Jeunes hommes
Pourcentage
25
Jeunes filles
20
15
10
5
0
Aucune
Une
Deux
Trois
Quatre
Cinq
Entre
cinq et
dix
Plus de
dix
Plus de Plus de
vingt cinquante
Combien d’entrevues avez-vous eues au cours de la dernière année?
Quarante et un pour cent des jeunes n’ont pas eu d’entrevue au cours de la dernière année.
Selon le niveau de vision, les résultats démontrent que 31 % des jeunes ayant une basse vision et
54 % des jeunes aveugles n’ont pas eu d’entrevue au cours de la dernière année. Selon la
cohorte d’âge, les résultats démontrent que 40 % de la cohorte de jeunes et 42 % de la cohorte
plus âgée n’ont pas eu d’entrevue au cours de la dernière année. Cinquante pour cent des jeunes
hommes et 30 % des jeunes femmes n’ont pas eu d’entrevue au cours de la dernière année.
Graphique 15 : Nombre d’entrevues au cours de la dernière année
(selon le niveau de vision)
Pourcentage
NIVEAU DE VISION
60
Jeunes ayant une
basse vision
50
Jeunes aveugles
40
30
20
10
0
Aucune
28
Une
Deux
Trois
Quatre
Cinq
Entre
cinq
et dix
Plus
de dix
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Graphique 16 : Nombre d’entrevues au cours de la dernière année
(selon la cohorte d’âge)
COHORTE D'ÂGE
50
15 à 21 ans
22 à 30 ans
Pourcentage
40
30
20
10
0
Aucune
Une
Deux
Trois
Quatre
Cinq
Entre
cinq et
dix
Plus de
dix
Graphique 17 : Nombre d’entrevues au cours de la dernière année
(selon le sexe)
SEXE
50
Jeunes hommes
Jeunes filles
Pourcentage
40
30
20
10
0
Aucune
Une
Deux
Trois
Quatre
Cinq
Entre
cinq
et dix
Plus
de dix
Expérience de recherche d’emploi
À la question visant à connaître leur impression de leur expérience de recherche d’emploi (selon
les options : très négative, négative, correcte, positive et très positive), dans l’ensemble, la
réponse la plus fréquente était « correcte ». Veuillez consulter le graphique ci-dessous afin
d’obtenir des renseignements concernant les différences entre les jeunes aveugles et les jeunes
ayant une basse vision. Les participants de la cohorte plus âgée ont déclaré que leur recherche
29
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
d’emploi était « négative » ou « très négative » plus fréquemment que ceux du groupe plus jeune.
Les résultats indiquent que les jeunes femmes ont tendance à avoir une impression plus favorable
de leur expérience de recherche d’emploi que les jeunes hommes.
Graphique 18 : Impression de l’expérience de recherche d’emploi
(selon le niveau de vision)
Pourcentage
NIVEAU DE VISION
50
Jeunes ayant une
basse vision
40
Jeunes aveugles
30
20
10
0
Très négative
Négative
OK
Positive
Très positive
Quelle est votre impression de votre expérience d'emploi?
Graphique 19 : Impression de l’expérience de recherche d’emploi
(selon la cohorte d’âge)
COHORTE D'ÂGE
50
15 à 21 ans
22 à 30 ans
Pourcentage
40
30
20
10
0
Très négative
Négative
OK
Positive
Très positive
Quelle est votre impression de votre expérience d'emploi?
30
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Graphique 20 : Impression de l’expérience de recherche d’emploi
(selon le sexe)
SEXE
60
Jeunes hommes
Pourcentage
50
Jeunes femmes
40
30
20
10
0
Très négative
Négative
OK
Positive
Très positive
Quelle est votre impression de votre expérience d'emploi?
Développement des compétences afin d’augmenter l’employabilité
Dans l’ensemble, 63 % des jeunes (qui étaient en recherche active d’emploi) ont indiqué qu’ils
travaillaient à développer leurs compétences dans le but d’augmenter leurs chances d’obtenir un
emploi. Les jeunes aveugles (72 %) étaient plus susceptibles de travailler au développement de
leurs habiletés que les jeunes ayant une basse vision (54 %). Quarante-huit pour cent de la
cohorte des jeunes et 55 % de la cohorte plus âgée travaillaient à développer ces compétences;
et 61 % des jeunes hommes comparativement à 64 % des jeunes femmes travaillaient à
développer ces compétences.
Graphique 21 : Développement des compétences afin d’augmenter
l’employabilité (selon le niveau de vision)
NIVEAU DE VISION
Jeunes ayant une
basse vision
80
70
Pourcentage
Jeunes aveugles
60
50
40
30
20
10
0
Oui
Non
Développez-vous vos compétences dans le but d’augmenter
vos chances d’obtenir un emploi?
31
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Types d’emploi recherchés par les jeunes
Deux évaluateurs ont examiné les réponses des jeunes à la question « Quels types d’emploi
recherchez-vous? » et se sont entendus quant au procédé de catégorisation ci-dessous. Après le
choix du procédé de catégorisation, les deux évaluateurs ont placé de façon indépendante les
commentaires des participants dans les catégories. Les évaluateurs avaient catégorisé les
réponses des participants pratiquement de la même manière. La fréquence à laquelle les types
d’emploi ont été mentionnés par les participants est indiquée au tableau ci-dessous.
Tableau 3 : Types d’emploi recherchés par les jeunes
Types d’emploi
Exemples
Travail de bureau
(administratif ou
secrétariat)
Comptabilité; adjoint administratif ou
chef de bureau
15
Services à la clientèle
Emplois en centre d’appels; service à la
clientèle; situation d’urgence
13
Informatique
Professeur d’informatique; programmation;
conception de sites Web
5
Ventes au détail
Location vidéos; dépanneur; commerce
de travail
3
Travail manuel
Construction; nettoyage; travail manuel
2
Social (enseignement,
travailler avec les
enfants, etc.)
Travailler avec les enfants; travailler avec des
enfants ayant des besoins spéciaux; enseigner
13
Art
Acteur; création littéraire; auteur-compositeur
et interprète
4
N’importe quoi
Ça n’a pas d’importance, ce qui compte c’est
que ce soit rémunéré; ce que je peux trouver;
n’importe quoi
10
Autre
Travailleur autonome; en affaires; transcription braille
8
32
Fréquence
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Obstacles à l’employabilité (question posée à tous les participants)
Les jeunes devaient indiquer s’ils avaient fait face à des obstacles ou des défis pour se trouver un
emploi ou établir leur cheminement de carrière. Dans l’ensemble, 59 % des jeunes ont déclaré
avoir fait face à des défis ou des obstacles pour se trouver un emploi ou établir leur cheminement
de carrière. Soixante-trois pour cent des jeunes ayant une basse vision et 54 % des jeunes
aveugles disent en avoir fait l’expérience. Quarante-six pour cent de la cohorte des jeunes et 71 %
de la cohorte plus âgée disent avoir fait l’expérience de tels défis.
Cinquante-sept pour cent des jeunes hommes et 63 % des jeunes femmes considèrent avoir fait
face à des défis.
Graphique 22 :
Défis ou barrières à l’emploi
(selon le niveau de vision)
Graphique 23 :
Défis ou barrières à l’emploi
(selon la cohorte d’âge)
80
NIVEAU DE VISION
70
60
COHORTE D'ÂGE
Jeunes ayant une
basse vision
70
15 à 21 ans
60
Jeunes aveugles
22 à 30 ans
40
30
50
Pourcentage
Pourcentage
50
40
30
20
20
10
10
0
0
Les jeunes ont déclaré avoir fait face à une variété de défis ou de barrières. Selon les réponses
des participants, deux évaluateurs sont arrivés au procédé de catégorisation présenté au tableau
ci-dessous. Subséquemment, les deux évaluateurs ont placé de façon indépendante les
commentaires des participants au sujet des obstacles à l’emploi dans les catégories. Les
évaluateurs avaient catégorisé les réponses des participants pratiquement de la même manière.
Dans le tableau ci-dessous, les défis ou les obstacles sont indiqués avec la fréquence selon
laquelle les participants en ont parlé.
33
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Tableau 4 : Barrières ou défis à l’employabilité ou au
cheminement de carrière
Défi ou obstacle
Exemple
Fréquence
Ressources limitées
en termes de matériel,
équipement, information
et connaissance
« Je devais tout écrire en braille; cela prenait
beaucoup de temps et me ralentissait. »
« Obtenir de l’information en format accessible »
7
Attitude des employeurs
ou des employeurs
potentiels
Les employeurs ne sont pas intéressés à prendre
des chances avec une personne handicapées.
Les employeurs ne voulaient pas fournir l’équipement
approprié.
6
Tolérance des autres et
sensibilisation du public
« Ignorance et malaise avec une personne
handicapée visuelle »
3
Transport
« Lieu de travail et transport »
1
Personnel
« Désorganisé et souvent fatigué »
« Problèmes familiaux et consommation de drogue »
5
Exigences de l’emploi
« Nécessité d’avoir un permis de conduire pour
différentes tâches »
« Entrevue au sein d’une compagnie d’assurances
pour classer des dossiers rédigés au crayon —
Impossible de bien les voir »
4
Autre
« Impossible de suivre un cours accrédité tout en
recevant des prestations d’invalidité au Québec. »
« Je suis sans emploi. »
« Je ne crois pas avoir suffisamment de choix. »
6
Cent pour cent des plus jeunes et 84 % du groupe plus âgé sont confiants que de tels obstacles
ou défis peuvent être surmontés. Les jeunes suggèrent que ces obstacles puissent être surmontés
de diverses façons : utilisation de la technologie (ex. : « en apprenant à utiliser la technologie et
en continuant d’essayer »), parrainage et éducation du public (ex. : « en sensibilisant les gens
quant au potentiel des personnes handicapées visuelles »), recherche d’aide financière
supplémentaire (ex. : « avec de l’aide du gouvernement ») ou une attitude positive et de la
persévérance (ex. : en réalisant que tout le monde doit passer par les mêmes étapes »).
Conseils au sujet de l’employabilité
Les jeunes étaient amenés à offrir des conseils à d’autres jeunes aveugles ou ayant une basse
vision à propos de l’employabilité. Les réponses les plus courantes (chez les jeunes qui avaient
déjà travaillé ) étaient les suivantes : 1. Attitude positive et persévérance 2. Autonomie sociale
3. « Vas-y » 4. Sois souple en termes des tâches que tu peux faire. Choisis une carrière que tu
34
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
peux faire selon ta déficience visuelle. 5. Ne laisse pas ta déficience visuelle te limiter dans tes
choix. 6. Essaie de te former le plus possible. 7. Apprends et profite de la technologie qui existe.
DOMAINE SOCIAL
Réseaux d’amis
Lorsqu’on leur a demandé combien d’amis ils avaient, la plus grande proportion des participants
(41 %) ont indiqué qu’ils avaient cinq bons amis ou plus. Certains jeunes dans cette catégorie ont
ajouté qu’ils avaient jusqu’à 40 bons amis. Vingt-deux pour cent des jeunes ont déclaré avoir
quatre bons amis, 23 % ont déclaré en avoir trois, 10 % ont déclaré en avoir deux, 3 % ont
déclaré en avoir un et 2 % ont déclaré ne pas en avoir. Aucune tendance n’a été mise en
évidence lorsque le nombre d’amis a été évalué selon le niveau de vision, la cohorte d’âge ou le
sexe. Les jeunes ont déclaré avoir rencontré la plupart de leurs amis à l’école ou au travail et
quelques-uns dans un camp d’été, à l’église ou par l’intermédiaire de la famille.
Graphique 24 : Nombre de bons amis (selon le niveau de vision)
Pourcentage
NIVEAU DE VISION
50
Jeunes ayant une
basse vision
40
Jeunes aveugles
30
20
10
0
Aucune
Une
Deux
Trois
Quatre
Cinq
Graphique 25 : Nombre de bons amis (selon la cohorte d’âge)
COHORTE D'ÂGE
50
15 à 21 ans
22 à 30 ans
Pourcentage
40
30
20
10
0
Aucune
Une
Deux
Trois
Quatre
Cinq
35
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Graphique 26 : Nombre de bons amis (selon le sexe)
SEXE
50
Jeunes hommes
Pourcentage
40
Jeunes femmes
30
20
10
0
Aucune
Une
Deux
Trois
Quatre
Cinq
Dans l’ensemble, la plus grande proportion des participants (75 %) a déclaré que la plupart de
leurs amis sont voyants. Vingt-deux pour cent des jeunes ont déclaré avoir un nombre égal d’amis
handicapés visuels et voyants; 3 % ont déclaré que la plupart de leurs amis ont une basse vision;
3 % ont déclaré que la plupart de leurs amis sont aveugles; et 1 % des jeunes ont indiqué que
leurs amis ont d’autres incapacités. Il est possible de remarquer au graphique ci-dessous que le
groupe ayant une basse vision semble relativement plus susceptible d’avoir des amis voyants que
le groupe de jeunes aveugles. Le fractionnement selon l’âge et le sexe démontre une tendance
analogue à l’ensemble des conclusions.
Graphique 27 : Niveau de vision de la plupart des amis
(selon le niveau de vision)
NIVEAU DE VISION
Jeunes ayant une
basse vision
80
Jeunes aveugles
Pourcentage
100
60
40
20
0
Voyants
36
Aveugles
Basse
vision
Nombre
Autres
partagé
types de
d'handicapés handicap
visuels et
de voyants
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Graphique 28 : Niveau de vision de la plupart des amis
(selon la cohorte d’âge)
COHORTE D'ÂGE
80
15 à 21 ans
70
22 à 30 ans
Pourcentage
60
50
40
30
20
10
0
Voyants
Aveugles
Basse
vision
Nombre
Autres
partagé
types de
d'handicapés handicap
visuels et
de voyants
Graphique 29 : Niveau de vision de la plupart des amis
(selon le sexe)
SEXE
80
Jeunes hommes
70
Jeunes femmes
Pourcentage
60
50
40
30
20
10
0
Voyants
Aveugles
Basse
vision
Nombre
Autres
partagé
types de
d'handicapés handicap
visuels et
de voyants
Lorsqu’on leur a demandé de dire si leur déficience visuelle était apparente pour leurs amis, 68 %
ont répondu dans l’affirmative. Les résultats démontrent que 57 % de la cohorte plus jeune et
75 % de la cohorte plus âgée ont répondu dans l’affirmative. Cinquante-neuf pour cent des jeunes
hommes et 80 % des jeunes femmes ont déclaré que leur déficience visuelle était apparente pour
leurs amis. Soixante-douze pour cent des jeunes aveugles et 64 % des jeunes ayant une basse
vision ont déclaré que leur déficience visuelle était apparente pour leurs amis.
37
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Graphique 30 : Apparence de la déficience visuelle pour les amis
(selon le niveau de vision)
NIVEAU DE VISION
Jeunes ayant une
basse vision
80
70
Pourcentage
Jeunes aveugles
60
50
40
30
20
10
0
Oui
Non
Graphique 31 : Apparence de la déficience visuelle pour les amis
(selon l’âge)
COHORTE D'ÂGE
80
15 à 21 ans
70
22 à 30 ans
Pourcentage
60
50
40
30
20
10
0
Oui
Non
Graphique 32 : Apparence de la déficience visuelle pour les amis
(selon le sexe)
SEXE
80
Jeunes hommes
70
Jeunes filles
Pourcentage
60
50
40
30
20
10
0
Oui
38
Non
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
La plupart des participants ayant indiqué que leur déficience visuelle n’était pas apparente pour
les autres ont déclaré en avoir parlé dès le début de leur relation l’amitié. D’autres ont indiqué
qu’ils n’en parlaient que si c’était pertinent à la conversation. Quatre-vingt-un pour cent des jeunes
ont déclaré que leurs amis avaient oublié leur déficience visuelle dans le passé. Le tableau cidessous présente la répartition des données. Soixante-douze pour cent des jeunes ayant une
basse vision et 64 % des jeunes aveugles ont déclaré la même chose. Quatre-vingt-six pour cent
de la cohorte plus âgée et 71 % de la cohorte plus jeune ont déclaré la même chose. Soixantedix-huit pour cent des jeunes hommes et 84 % des jeunes femmes ont déclaré que leurs amis
avaient oublié leur déficience visuelle.
Les jeunes ont déclaré que ceci pouvait se produire lorsqu’ils étaient dans un endroit sombre (ex. :
dans un restaurant où leur vision était encore plus limitée) ou lorsqu’ils sortaient d’un endroit
sombre pour revenir à la lumière (ex. : à la sortie d’un restaurant).
Tableau 5 : Sommaire des données concernant
les relations d’amitié
Jeunes ayant
une basse vision
Jeunes
aveugles
Plus
âgés
Plus
jeunes
Femmes
Hommes
Activités
impossibles
avec les amis
67 %
39 %
57 %
48 %
48 %
57 %
Déficience
visuelle apparente
pour les amis
64 %
72 %
75 %
57 %
80 %
59 %
Amis avaient
oublié la déficience
72 %
64 %
86 %
71 %
84 %
78 %
Bâtir des relations d’amitié
Lorsqu’on leur a demandé quelle était la chose la plus difficile pour bâtir des relations d’amitié, la
réponse la plus courante correspondait aux difficultés à rencontrer des gens d’abord et avant tout.
Puisque les jeunes ne peuvent voir les autres (ou ne pas bien les voir), ils ne sont généralement
pas les premiers à initier les contacts. Par conséquent, ils doivent souvent dépendre des autres
pour que ceux-ci viennent à eux. D’autres difficultés majeures déclarées sont : 1. Stéréotypes à
propos de la cécité et de la déficience visuelle, 2. Incertitude (et crainte) à propos de ce que cela
signifie, 3. Malaise chez les personnes voyantes ne sachant pas comment se comporter avec une
personne ayant une déficience visuelle, 4. Difficultés associées à la lecture du langage corporel
et, en conséquence, méconnaissance des façons appropriées de réagir.
Activités avec les amis
Cinquante-trois pour cent des participants ont déclaré qu’il y avait des activités qu’ils ne pouvaient
39
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
pas faire avec leurs amis. Soixante-sept pour cent des jeunes ayant une basse vision
comparativement à 39 % des jeunes aveugles ont déclaré qu’il y avait des activités qu’ils ne
pouvaient pas faire avec leurs amis. Quarante-huit pour cent de la cohorte des plus jeunes et 57 %
de la cohorte plus âgée ont déclaré qu’il y avait des activités qu’ils ne pouvaient pas faire avec
leurs amis. Cinquante-sept pour cent des jeunes hommes et 48 % des jeunes femmes ont déclaré
qu’il y avait des activités qu’ils ne pouvaient pas faire avec leurs amis (consultez le Tableau 5).
Graphique 33 : Possibilité de faire des activités avec les amis
(selon le niveau de vision)
NIVEAU DE VISION
Jeunes ayant une
basse vision
80
Jeunes aveugles
Pourcentage
100
60
40
20
0
Oui
Non
Y a-t-il des activités que vous ne pouvez pas faire avec vos amis?
Les participants devaient parler de leur participation à une vaste gamme d’activités, notamment :
aller au cinéma, regarder la télévision, sortir dans les discothèques, chanter, etc. Ces éléments
composaient l’Échelle d’activités sociales (traitée plus tôt) et ont été divisés en catégories : Niveau
passif d’activités sociales, Niveau moyen d’activités sociales et Niveau élevé d’activités sociales.
Les histogrammes suggèrent une tendance à une participation aux niveaux passif et moyen
d’activités sociales plutôt qu’à un niveau élevé d’activités sociales. (Consultez les graphiques cidessous.)
40
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Graphique 34 : Mesure de la participation des jeunes au Niveau
passif d’activités sociales, au Niveau moyen d’activités
sociales et au Niveau élevé d’activités sociales
Niveau passif d’activités sociales
120
100
Fréquence
80
60
40
Dév. type = .19
Moyenne = .72
N = 328.00
20
0
0.00
.13
.25
.38
.50
.63
.75
.88
1.00
Niveau moyen d’activités sociales
100
Fréquence
80
60
40
Dév. type = .19
Moyenne = .65
N = 328.00
20
0
0.00
.13
.25
.38
.50
.63
.75
.88
1.00
Niveau élevé d’activités sociales
120
Fréquence
100
80
60
40
Dév. type = .20
Moyenne = .39
N = 328.00
20
0
0.00
.13
.25
.38
.50
.63
.75
.88
41
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Relation avec les parents
En ce qui concerne leur relation avec leurs parents, dans l’ensemble, 63 % des jeunes ont déclaré
s’entendre « très bien » avec leurs parents; 36 % ont déclaré s’entendre « plutôt bien » avec
leurs parents et 2 % ont déclaré ne pas bien s’entendre du tout (« pas du tout »). Les tendances
sont semblables entre les participants ayant une basse vision et les participants aveugles, entre
les cohortes d’âge et entre les sexes.
Quatre-vingt-cinq pour cent des jeunes considèrent que leurs parents leur permettent d’être
autonomes. Les tendances sont semblables entre les participants ayant une basse vision et les
participants aveugles, entre les cohortes d’âge et entre les sexes.
Graphique 35 : Relation
avec les parents
80
Graphique 36 : Encouragement
à l’autonomie par les parents
100
70
80
60
50
60
40
30
40
20
20
10
0
Très bien
Plutôt
bien
Pas du
tout
Comment vous entendez-vous avec vos parents?
0
Oui
Plutôt
Non
Vos parents encouragent-ils votre autonomie?
Les participants devaient répondre s’ils avaient l’impression de pouvoir parler ouvertement à leurs
deux parents, 23 % ont déclaré pouvoir parler ouvertement avec un parent, 69 % ont déclaré
pouvoir parler ouvertement aux deux parents et 8 % ont indiqué ne pas pouvoir parler
ouvertement avec l’un ou l’autre des parents. Une tendance analogue est également présente
dans chaque groupe d’âge et chez les groupes de jeunes aveugles et de jeunes ayant une basse
vision. Cependant, lorsque chaque sexe est considéré séparément, il existe une tendance chez
les jeunes femmes d’être plus susceptibles d’indiquer pouvoir parler ouvertement avec seulement
un parent. Spécifiquement, 30 % des jeunes femmes et 18 % des jeunes hommes ont déclaré ne
pas s’entendre avec un parent.
42
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Graphique 37 : Capacité de parler ouvertement avec les parents
(selon le sexe)
SEXE
80
Jeunes hommes
70
Jeunes femmes
Pourcentage
60
50
40
30
20
10
0
L'un deux
Les deux
Ni l'un ni l'autre
Parlez-vous ouvertement à vos parents?
Parmi ceux ayant répondu ne pouvoir parler qu’à un parent, dans 73 % des cas, il s’agissait de la
mère.
Dans l’ensemble, quatre-vingt-trois pour cent des participants ont répondu oui à la question « Vos
parents vous encouragent-ils à inviter des amis à la maison? », 11 % ont répondu « un peu » et
7 % ont répondu « non ». Puisqu’il s’agissait d’une question ouverte, la taille des cellules est trop
petite pour rendre compte des différences entre les sexes, les cohortes d’âge ou les niveaux de
vision.
Graphique 38 : Encouragement
des parents à inviter des
amis à la maison
Graphique 39 : Encouragement
des parents à sortir
avec les amis
100
100
80
80
60
60
40
40
20
20
0
0
Oui
Plutôt
Non
Vos parents vous encouragent-ils
à inviter des amis à la maison?
Oui
Plutôt
Non
Vos parents vous encouragent-ils
à sortir avec des amis?
43
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Dans l’ensemble, 84 % ont répondu « oui » à la question « Vos parents vous encouragent-ils à
sortir avec vos amis? ». Douze pour cent ont répondu « un peu » et 4 % ont répondu « non ».
Puisqu’il s’agissait du long questionnaire, la taille des cellules est trop petite pour rendre compte
des différences entre les sexes, les cohortes d’âge ou les niveaux de vision.
Activités parascolaires et activités de loisirs
Douze pour cent des participants ont déclaré ne pas participer à des activités de loisirs. Vingt et
un pour cent ont déclaré participer à une seule activité de loisirs, 19 % ont déclaré participer à
deux activités de loisirs, 19 % ont déclaré participer à trois activités de loisirs, 12 % ont déclaré
participer à quatre activités de loisirs et 17 % ont déclaré participer à cinq activités de loisirs.
Puisqu’il s’agissait d’une question ouverte, la taille des cellules est trop petite pour rendre compte
des différences entre les sexes, les cohortes d’âge ou les niveaux de vision.
Trente et un pour cent des participants ont déclaré participer à des activités de loisirs avec des
amis, 12 % ont déclaré participer à ces activités avec leurs parents; 26 % ont indiqué participer à
ces activités tant avec les amis que la famille (pas nécessairement de façon simultanée), 2 % ont
indiqué effectuer des activités de loisirs essentiellement seuls et 29 % ont sélectionné « autres »
comme choix de réponse. Puisqu’il s’agissait d’une question ouverte, la taille des cellules est trop
petite pour rendre compte des différences entre les sexes, les cohortes d’âge ou les niveaux de
vision.
Mariage et fréquentations
Dans l’ensemble, 87 % des participants n’ont jamais été mariés, 6 % vivent en union de fait, 7 %
sont mariés (et non séparés), 1 % sont séparés et moins de 1 % sont divorcés. Ces chiffres sont
analogues selon le sexe, mais relativement différents selon les groupes d’âge puisque les
participants de la jeune cohorte sont moins susceptibles d’être mariés.
Graphique 40 : État matrimonial (selon la cohorte d’âge)
COHORTE D'ÂGE
100
15 à 21 ans
22 à 30 ans
Pourcentage
80
60
40
20
0
Célibataire
44
Union
de fait
Marié
et non
séparé
Séparé
Divorcé
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Parmi ceux qui n’ont jamais été mariés, environ 25 % ont à l’heure actuelle un petit ami ou une
petite amie. Vingt-huit pour cent des participants ayant une basse vision et 20 % des participants
aveugles ont déclaré avoir à l’heure actuelle un petit ami ou une petite amie. Vingt-huit pour cent
des membres de la cohorte plus âgée comparativement à 22 % des membres de la cohorte plus
jeune ont à l’heure actuelle un petit ami ou une petite amie. Vingt pour cent des jeunes hommes
et 32 % des jeunes femmes ont un petit ami ou une petite amie.
Chez ceux qui ne sont pas mariés ou qui n’ont pas de petit ami ou petite amie, 37 % de la cohorte
des plus jeunes et 45 % de la cohorte plus âgée indiquent qu’ils ont des fréquentations. Environ
40 % des jeunes hommes et 42 % des jeunes femmes ont des fréquentations.
Parmi ceux qui ont actuellement un petit ami ou une petite amie, 75 % des participants plus
jeunes et 50 % des participants plus âgés indiquent que leur partenaire est handicapé visuel.
Parmi ceux qui sont mariés, seulement 11 % indiquent que leur partenaire est handicapé visuel.
Défis et obstacles dans la vie sociale
Cinquante pour cent des participants ont déclaré avoir fait face à des obstacles dans leur vie
sociale. Les résultats démontrent que 56 % des jeunes ayant une basse vision et 40 % des jeunes
aveugles ont fait face à des obstacles dans leur vie sociale. Quarante-cinq pour cent de la cohorte
âgée entre 15 et 21 ans et 54 % de la cohorte plus âgée ont exprimé avoir fait face à des
obstacles ou des défis. Des proportions semblables de jeunes hommes et de jeunes femmes ont
déclaré avoir fait face à des défis ou des obstacles dans leur vie sociale.
Lorsqu’il leur était demandé quels étaient ces obstacles, les jeunes ont énoncé l’attitude des pairs,
la crainte de ne pas être acceptés des pairs, ne pas être acceptés de fait par des pairs, des
inquiétudes à propos de leurs habiletés sociales, le transport (particulièrement par rapport à leur
incapacité de conduire), les stéréotypes au sujet de la cécité, des préoccupations au sujet
d’idiosyncrasies liées à la cécité (comme un mouvement incontrôlé des yeux) qui pourraient
déranger les pairs et les limitations quant à la capacité de sortir avec les amis (c.-à-d. ne pas
pouvoir aller le soir dans les discothèques ou aux danses). Lorsqu’on leur a demandé s’il y avait
des activités sociales ou de loisirs qu’ils souhaiteraient faire, mais ne le peuvent pas à cause de
leur handicap visuel, 64 % ont répondu dans l’affirmative. La conduite automobile et les sports
sont les réponses les plus courantes.
Cinquante-sept pour cent des jeunes ont exprimé se sentir parfois insécurisés à cause de leur
handicap visuel; 50 % des jeunes hommes et 67 % des jeunes femmes ont exprimé se sentir
parfois insécurisés à cause de leur handicap visuel. Les différences sont minimes entre les
groupes d’âge et les niveaux de vision.
Soixante-cinq pour cent des participants ont dit avoir été taquinés à cause de leur handicap visuel.
Les résultats démontrent que 71 % des jeunes femmes et 60 % des jeunes hommes ont été
taquinés à cause de leur handicap visuel. Les différences sont minimales entre les cohortes d’âge
et entre les participants ayant une basse vision et les participants aveugles.
Quarante et un pour cent des participants ont déclaré avoir fait l’objet d’intimidation à cause de
leur handicap visuel. Quarante-cinq pour cent du groupe de participants plus âgés et 33 % des
plus jeunes ont indiqué avoir fait l’objet d’intimidation. Des proportions semblables de jeunes
hommes et de jeunes femmes et des proportions semblables chez les participants ayant une
basse vision et les participants aveugles ont déclaré avoir fait l’objet d’intimidation.
45
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Vie sociale en ligne
Quarante-huit pour cent des jeunes ont déclaré rester en contact avec leurs amis par
l’intermédiaire de salles de clavardage ou par la messagerie instantanée et le courrier
électronique. En outre, 23 % ont déclaré rester en contact avec leurs amis par l’intermédiaire du
courrier électronique (et non par les salles de clavardage ou la messagerie instantanée) et 5 %
ont indiqué rester en contact par l’intermédiaire de salles de clavardage (et non par courrier
électronique). En conséquence, en tout, 75 % des participants socialisent ou restent en contact
par des moyens électroniques. Une tendance analogue se dessine à tous les niveaux de vision
avec 74 % des jeunes aveugles qui utilisent les moyens de communication en ligne et 76 % pour
les jeunes ayant une basse vision. Soixante-douze pour cent de la cohorte plus âgée et 78 % du
groupe plus jeune utilisent les communications en ligne. Soixante-dix-sept pour cent des jeunes
femmes et 74 % des jeunes hommes utilisent les communications en ligne.
Vingt-six pour cent des participants ont déclaré rencontrer de nouvelles personnes par
l’intermédiaire de moyens électroniques. Les résultats sont semblables chez les différents groupes
d’âge et les deux sexes. Les jeunes aveugles sont plus susceptibles de rencontrer de nouvelles
personnes en ligne que les jeunes ayant une basse vision.
Graphique 41 : Rencontre en ligne de nouvelles personnes
(selon le niveau de vision)
NIVEAU DE VISION
Jeunes ayant une
basse vision
80
70
Pourcentage
Jeunes aveugles
60
50
40
30
20
10
0
Oui
Non
Rencontrez-vous de nouvelles personnes en ligne?
Lorsqu’il leur était demandé dans quelle mesure leur vie sociale se déroulait en ligne, 7 % des
participants ont répondu « la plupart du temps ou tout le temps »; 24 % ont répondu « quelques
fois »; 33 % ont répondu « un peu »; et 36 % ont répondu « aucune ». Les résultats sont
analogues pour chaque groupe de niveaux de vision et pour les jeunes hommes et les jeunes
femmes séparément. Cependant, les membres de la cohorte des plus jeunes sont plus
susceptibles d’indiquer qu’ils socialisent en ligne « la plupart du temps ou tout le temps » ou
« quelques fois » et réciproquement les jeunes plus âgés sont plus susceptibles de déclarer qu’ils
socialisent en ligne « un peu » ou « pas du tout ».
46
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Graphique 42 : Niveau de vie sociale en ligne (selon la cohorte d’âge)
COHORTE D'ÂGE
40
15 à 21 ans
35
22 à 30 ans
Pourcentage
30
25
20
15
10
5
0
La totalité
ou la presque
totalité
Certaine
Peu
Aucune
Dans quelle mesure votre vie sociale se déroule-t-elle en ligne?
Certains participants ont déclaré que l’un des avantages de socialiser en ligne est la réduction de
la barrière liée à la déficience visuelle. Quarante-huit pour cent des jeunes ont déclaré qu’ils sont
traités différemment après avoir dit aux gens qu’ils ont une déficience visuelle. Ces jeunes ont
indiqué que les autres se désengageaient parfois, se sentaient mal à l’aise, les traitaient comme
s’ils étaient moins intelligents et parfois coupaient le contact complètement. Pour certains jeunes,
la communication en ligne leur donne l’occasion de ne pas révéler leur handicap visuel.
ACTIVITÉS DE LA VIE QUOTIDIENNE
L’Échelle des activités de la vie quotidienne (EAVQ) a été développée à partir de l’EAVQ de Wolffe
et Sacks (1995). De façon à déterminer si les jeunes résidant en internat et ceux n’y résidant pas
diffèrent dans l’exécution des activités de la vie quotidienne, les notes de ces deux groupes sur
l’échelle AVQ ont été comparées. Les résultats ont démontré que ceux ayant résidé en internat
sont moins susceptibles de participer aux activités de la vie quotidienne que ceux qui n’y ont pas
résidé. La possibilité d’une confusion a été explorée. Il n’y avait pas de confusion au niveau de
l’âge; cependant, les résultats ont démontré qu’un nombre significativement plus élevé de jeunes
aveugles avaient résidé dans un internat ce qui peut expliquer les conclusions autour des
différences dans la participation aux activités de la vie quotidienne. De façon à déterminer s’il y
avait des différences dans la participation aux activités de la vie quotidienne entre ceux ayant
résidé en internat et ceux n’ayant pas résidé en internat, tout en tenant également compte des
différences au niveau de la vision, une analyse de régression a été effectuée. Le niveau de vision
fonctionnelle et le type d’école fréquentée ont été utilisés dans une équation de régression
permettant de prédire des notes sur l’échelle AVQ. Les résultats ont démontré que même si le
niveau de vision fonctionnelle est prédictif de notes AVQ, le type d’école fréquentée ne nous
permet pas d’ajouter à notre capacité de prédire les notes AVQ. En fin de compte, qu’une
personne ait ou non résidé en internat n’a pas d’incidence sur la participation aux activités de la
vie quotidienne après avoir pris en considération le niveau de vision.
Dans l’ensemble, 4 % des jeunes ont indiqué que leurs parents s’attendaient à ce qu’ils participent
aux activités de la vie quotidienne « un peu »; 32 % ont répondu « assez souvent » et 44 % ont
répondu « beaucoup ». La répartition des données selon le sexe a donné les résultats suivants :
47
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
les jeunes hommes et les jeunes femmes ont répondu « un peu » 25 % du temps; les jeunes
hommes ont choisi « assez souvent » 34 % du temps comparé à 27 % des jeunes femmes et les
jeunes hommes ont sélectionné « beaucoup » 41 % du temps comparé à 44 % du temps pour les
jeunes femmes. Des comparaisons n’ont pas été effectuées entre ceux qui étaient en internat et
ceux qui ne l’étaient pas sur cette question ni sur des questions subséquentes à cause de la
confusion avec le niveau de vision décrite ci-dessus.
Lorsqu’on leur a demandé si, en général, leurs parents étaient satisfaits de la façon dont ils
accomplissaient ces tâches, 92 % des participants ont répondu « oui ». Quatre-vingt-dix-neuf pour
cent des jeunes femmes et quatre-vingt-neuf pour cent des jeunes hommes ont répondu « oui ».
Les participants devaient dire s’il y avait des habiletés qu’ils n’avaient pas apprises, mais dont ils
auraient sans doute tiré avantage. Trente-deux pour cent ont répondu dans l’affirmative. Ils ont
indiqué qu’ils auraient souhaité apprendre des tâches telles que : la cuisine, le repassage et le
travail de couture et de tricot.
DOMAINE SCOLAIRE
Les jeunes devaient indiquer le plus haut niveau de scolarité atteint. Deux pour cent ont indiqué
avoir terminé l’école primaire; 28 % ont terminé quelques années d’étude secondaire; 33 % ont
terminé les études secondaires; 25 % ont terminé quelques années du collégial ou d’université;
11 % ont terminé l’université et 2 % ont terminé une maîtrise. Une répartition des données selon la
vision a révélé qu’une plus grande proportion de jeunes ayant une basse vision que de jeunes
aveugles avaient soit une formation universitaire partielle ou obtenu un diplôme universitaire. La
différence entre les sexes était minimale au niveau de la scolarité. Des comparaisons selon l’âge
ont démontré que la cohorte des plus jeunes était moins susceptible d’avoir un niveau élevé de
scolarité (ce qui est logique compte tenu de leur âge relatif).
Graphique 43 : Niveau de scolarité atteint (selon le niveau de vision)
NIVEAU DE VISION
Jeunes ayant une
basse vision
40
35
Jeunes aveugles
Pourcentage
30
25
20
15
10
5
0
École
primaire
Quelques
années
d'études
secondaires
Études
secondaires
Quelques Université
années du
collégial ou
d’université
Maîtrise
Vingt-cinq pour cent de l’échantillon était actuellement aux études secondaires; 1 % ont indiqué
fréquenter l’école professionnelle ou technique, 8 % vont dans un collège délivrant des diplômes
48
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
après deux années d’étude, 3 % vont dans un collège délivrant des diplômes après quatre années
d’étude, 15 % fréquentent l’université, 1 % des jeunes participent à un programme d’autonomie
aux habiletés de la vie quotidienne et moins de 1 % participent à des cours d’orientation
professionnelle.
Lorsqu’on leur a demandé quel type d’école secondaire ils fréquentent ou avaient fréquenté, 33 %
des jeunes ont indiqué fréquenter une école publique sans professeur itinérant, 3 % fréquentent
une école privée, 37 % fréquentent une école publique avec des professeurs itinérants pour les
jeunes handicapés visuels, 13 % sont en internat, 5 % fréquentent une combinaison internat-école
publique et 9 % ont indiqué que leur école ne se classait dans aucune des catégories ci-dessus
mentionnées.
Devoirs
Les analyses de fréquence suivantes ne comprennent que ceux fréquentant actuellement une
école secondaire, un collège de deux ans, un collège de quatre ans et l’université.
Quelle est la moyenne de vos notes en classe?
Vingt-huit pour cent des jeunes ont indiqué recevoir une majorité de A en classe; 52 % ont indiqué
recevoir surtout des B; 18 % ont indiqué recevoir surtout des C; 1 % ont indiqué recevoir surtout
des D et 1 % ont indiqué recevoir surtout des notes d’échec.
Quatre pour cent ont indiqué qu’ils n’avaient pas de devoir, 45 % ont déclaré qu’ils avaient un peu
de devoirs, 48 % ont déclaré avoir beaucoup de devoirs et 4 % ont indiqué qu’ils avaient trop de
devoirs pour être en mesure de les terminer. Quinze pour cent ont déclaré qu’ils prenaient moins
d’une heure pour terminer leurs devoirs; 40 % ont déclaré qu’ils avaient besoin d’une à deux heures
pour terminer leurs devoirs, 49 % ont indiqué qu’ils avaient besoin de plus de deux heures pour
terminer leurs devoirs et 7 % ont indiqué qu’ils n’arrivaient pas à terminer leurs devoirs en une soirée.
Treize pour cent croient recevoir moins de devoirs que leurs confrères de classe; 81 % ont déclaré
avoir la même charge de travail et 7 % ont indiqué avoir plus de devoirs à faire que leurs pairs.
Où faites-vous vos devoirs?
Quatre-vingt-quinze pour cent ont déclaré travailler seuls à la maison; 12 % ont déclaré qu’ils
travaillent à la bibliothèque publique; 53 % étudient à la bibliothèque de l’école; 22 % étudient à la
maison d’un ami et 18 % ont indiqué qu’ils étudient ailleurs.
Recevez-vous de l’aide aux devoirs et, si oui, de la part de qui?
Quarante-deux pour cent des participants ont déclaré recevoir de l’aide aux devoirs. Parmi eux,
56 % reçoivent de l’aide des parents; 22 % sont aidés d’un frère ou d’une sœur, 44 % d’un ami et
33 % d’un tuteur et 11 % reçoivent de l’aide d’un lecteur rémunéré.
La perspective des parents
Malgré des efforts visant à effectuer un sondage auprès de 50 parents, seul 18 d’entre eux ont
répondu au questionnaire. Des 18 questionnaires, 17 ont été remplis en ligne par les parents
49
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
eux-mêmes. La perspective des parents est présentée et, lorsque possible, des comparaisons
générales entre les jeunes participants et les parents sont décrites. À cause d’un faible nombre de
parents participants, les conclusions de cette section ne sont qu’exploratoires.
Lorsqu’on demandait aux parents s’ils croyaient qu’il existe des obstacles à l’atteinte des rêves de
leurs enfants, 90 % des parents ont répondu dans l’affirmative. Lorsqu’on leur demandait quels
étaient ces obstacles, la majorité des parents ont indiqué que leurs enfants feraient l’objet de
discrimination limitant ainsi leurs options. Par exemple, un parent a déclaré : « Nombreux seront
ceux qui fermeront les portes parce que (mon enfant) a une déficience visuelle ». En termes de
défis liés à l’emploi, un parent a déclaré : « Il est difficile de trouver des gens qui offriront
l’occasion aux personnes handicapées visuelles d’essayer un nouvel emploi, particulièrement si le
travail nécessite, par exemple, une synthèse vocale pour l’ordinateur ». Un autre parent a indiqué :
« Plusieurs des emplois qu’elle a essayés nécessitaient la présence d’une personne pour l’aider ».
Contrairement aux jeunes participants qui étaient essentiellement optimistes que les obstacles liés
à l’emploi pouvaient être surmontés, presque la moitié des parents croient que ces obstacles
peuvent être surmontés, mais la moitié ne le croit pas. Lorsqu’on leur demandait comment de tels
obstacles pouvaient être surmontés, un parent a déclaré que les employeurs devraient « être
prêts à faire l’achat ou l’essai de différentes aides en milieu de travail [pour accommoder le jeune
handicapé visuel] ».
On a demandé aux parents quels formation, habiletés ou programmes supplémentaires seraient
utiles pour leurs enfants. Les parents ont mentionné une gamme d’activités dont le tutorat en
mathématiques et en sciences, des programmes sociaux et de conditionnement physique. Un
parent a exprimé le besoin d’occasions pour le jeune de participer à des activités au cours
desquelles il ne vivra pas d’échec, suggérant ainsi que l’enfant ait besoin de vivre des situations
pour développer sa confiance et son estime de soi plutôt que de recevoir une formation en
particulier.
On a demandé aux parents quels conseils ils offriraient à d’autres parents au sujet de l’éducation
d’un enfant aveugle ou ayant une basse vision. Les parents ont offert un vaste éventail de réponses.
Un parent a mis l’accent sur l’importance de l’autonomie chez les jeunes. Ce parent a déclaré :
Ne soyez pas surprotecteurs, cherchez à développer une bonne relation avec
les professeurs et la commission scolaire. Permettez à votre enfant
d’expérimenter de nouvelles activités à l’intérieur de ses capacités. Soyez prêts
à aider en faisant la lecture, en enregistrant des textes, etc.
Un autre parent à mis l’importance sur le fait que tous les enfants handicapés visuels sont
différents et par conséquent ils ont des besoins différents. Ce parent a déclaré :
Intervenez et parlez avec le personnel de l’école. Il peut y avoir quelque chose
écrit sur papier, mais chaque enfant est différent et les parents savent ce que
leur enfant est capable ou n’est pas capable de faire.
Un parent a exprimé que préparer son enfant pour l’échec était la meilleure option : « Dites à
votre enfant d’essayer, mais préparez-le à l’échec; il n’aura probablement pas d’emploi ». Les
réponses des parents à la question « Combien de temps votre fils ou votre fille consacre-t-il (elle)
à la recherche d’un emploi? » sont homogènes aux réponses des jeunes, c’est-à-dire que de
nombreux jeunes passent une heure ou moins chaque jour à des activités de recherche d’emploi.
50
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
On a demandé aux parents si les amis de leurs enfants étaient en majorité voyants, aveugles, un
mélange égal de personnes voyantes et handicapées visuelles ou ayant d’autres incapacités.
Leurs réponses corroborent celles des jeunes, c’est-à-dire que leurs amis sont principalement
voyants. La majorité des parents ont indiqué qu’il y a des activités auxquelles leur enfant ne peut
participer avec les amis, notamment la conduite automobile ou les sports. Tout comme les jeunes,
les parents croient que leurs enfants s’entendent très bien avec eux et qu’ils peuvent parler
ouvertement avec les deux parents. Les parents ont énoncé un certain nombre d’obstacles
auxquels, selon eux, font face leurs enfants dans leur vie sociale. Ce sont : « ne pas être capable
de reconnaître les gens à distance »; et « ne pas être accepté par le groupe branché ». Les
parents ont déclaré que leurs enfants ont jusqu’à cinq bons amis. Les réponses des parents et des
enfants sont analogues, c’est-à-dire que la réponse modale est que les jeunes ont cinq bons amis.
Lorsqu’on a demandé aux parents quels conseils ils pouvaient offrir à d’autres parents d’enfants
handicapés visuels en ce qui concerne les activités de la vie quotidienne, la réponse dominante
est de ne pas les surprotéger. Un parent, par exemple, a déclaré : « Encouragez-les à participer
aux tâches générales de la maison et de l’extérieur, soyez patients dans leur apprentissage et,
surtout, ne soyez pas trop sévères lorsqu’ils se trompent un peu ». Un autre parent a exprimé :
Essayez de ne pas traiter les enfants comme des bébés, soyez gentils et
patients, mais attendez-vous à ce qu’ils fassent à la maison ce que les autres
enfants font. Leurs réussites leur procureront une plus grande estime de soi. Ils
seront mieux préparés au monde.
On a demandé aux parents quelle était la quantité de devoirs des enfants chaque soir. La majorité
des parents, comme les jeunes, ont indiqué que leurs enfants ont « beaucoup » de devoirs.
Également, comme les jeunes, les parents ont indiqué en majorité qu’il fallait plus de deux heures
aux enfants pour terminer leurs devoirs. La majorité des parents ont déclaré que leurs enfants
reçoivent de l’aide aux devoirs. En revanche, seulement 42 % des jeunes participants ont déclaré
recevoir de l’aide aux devoirs. Ceci peut signifier une tendance à sous-déclarer l’aide reçue et
peut également refléter des différences dans la définition que donnent les participants au mot «
aide ». Étant donné le petit nombre de parents interviewés et le fait que cette comparaison ne soit
pas basée sur des liens égaux entre les enfants et leurs parents, la conclusion devrait être
considérée provisoire.
Journaux de l’emploi du temps
Tel que discuté au chapitre de la méthodologie, les preneurs de notes ont formulé des catégories
à partir de la liste des activités auxquelles les jeunes ont déclaré participer. La liste des catégories
dans lesquelles ces activités ont été classées est présentée au chapitre de la méthodologie de ce
document et provient en partie de l’examen des réponses des participants et du procédé de
catégorisation utilisé par Wolffe et Sacks (1997). Des tests-t ont été effectués pour comparer les
participants aveugles et les participants ayant une basse vision dans chacune des catégories. La
seule différence significative se trouve dans la catégorie Activités de loisirs passives. Spécifiquement,
les jeunes aveugles sont significativement plus susceptibles de participer à des activités de loisirs
passives que les jeunes ayant une basse vision. Également, un examen des écarts-types suggère
qu’à l’intérieur de la plupart des catégories il existe une grande variabilité au sein de chaque
groupe (c.-à-d. au sein des groupes de jeunes aveugles et de jeunes ayant une basse vision).
51
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
DISCUSSION
Dans ce chapitre, une interprétation des conclusions est présentée. Les conclusions à partir de
chaque mode de vie sont présentées, en débutant par celles pertinentes au Domaine
professionnel, puis au Domaine social et des loisirs, au Domaine des activités de la vie
quotidienne, et, enfin, au Domaine scolaire. Une discussion au sujet des conclusions obtenues à
partir du questionnaire principal servira de cadre à ce chapitre et, le cas échéant, des extraits
provenant des entrevues qualitatives, des conclusions obtenues à partir des journaux de l’emploi
du temps et des conclusions obtenues à partir des questionnaires aux parents sont intégrés. Les
extraits des entrevues qualitatives se trouvent en retrait et par conséquent facilement identifiables.
Les faiblesses de l’étude et des suggestions pour des recherches futures font également l’objet
d’une discussion.
Domaine professionnel
Si une personne aveugle dit qu’elle veut faire quelque chose, demandez
« comment » et non « pouvez-vous ».
Vingt-neuf pour cent des jeunes de notre échantillon ont déclaré être actuellement salariés ce qui
est très homogène avec la documentation qui indique qu’environ 70 % des personnes vivant avec
une déficience visuelle au Canada ne sont pas des travailleurs pourvus d’un emploi rémunéré
(tout comme aux États-Unis) (Sacks, Wolffe et Tierney, 1998). De tels taux analogues de chômage
dans ces contextes significativement différents, au point de vue de la législation aux États-Unis et
au Canada, peuvent indiquer que le stigmate social concernant la cécité persiste malgré les
initiatives pour l’équité et les droits humains. Cependant, l’interprétation de notre conclusion doit
se faire avec prudence car nous incluons dans notre échantillon des personnes âgées de 15 à 21
ans et seulement 16,2 % d’entre eux ont indiqué occuper actuellement un emploi. On doit
s’attendre à ce faible résultat puisque de nombreux membres de la cohorte sont aux études
secondaires ou postsecondaires et, par conséquent, moins susceptibles d’être salariés que leurs
pairs voyants. Cependant, un rapport de Statistique Canada (2003) indique que 58 % des
personnes âgées de 15 à 24 ans occupent un emploi. Malgré les trois années de différence, il est
possible de constater que les jeunes handicapés visuels ont un taux de chômage significativement
plus élevé que chez les jeunes en général.
Notre étude a démontré que plus de 40 % des participants âgés entre 22 et 30 ans sont
actuellement salariés et ceci devrait être le résultat de comparaison avec les autres rapports.
Cette conclusion pourrait indiquer que le portrait de la situation s’est amélioré depuis la recherche
sur l’emploi effectuée il y a 10 ans aux États-Unis (Sacks, Wolffe et Tierney, 1998). Elle pourrait
également indiquer que notre taux d’emploi au Canada est meilleur que celui des États-Unis pour
les personnes aveugles ou ayant une basse vision. Ou encore, ceci pourrait signifier que la
question que nous avons posée (« Occupez-vous actuellement un emploi? ») est significativement
différente à cause de la définition d’emploi utilisée dans les autres études.
Par conséquent, le résultat de 29 % pourrait ne pas être très comparable aux statistiques
existantes sur le niveau d’employabilité des jeunes handicapés visuels. C’est parce qu’il s’agit
d’une combinaison de deux très différents pourcentages pour les deux différentes cohortes d’âge
de l’étude.
52
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Parmi les participants salariés, ceux ayant une basse vision étaient plus susceptibles que les
participants aveugles d’avoir déjà occupé un emploi rémunéré et également plus susceptibles de
travailler à l’heure actuelle. Ceci est également homogène avec les conclusions de la
documentation indiquant que le taux de chômage est plus élevé chez les personnes aveugles que
chez les personnes ayant une déficience visuelle moins grave (e.x. : Houtenville, 2003). Les
participants plus âgés sont plus susceptibles d’avoir occupé un emploi et plus susceptibles d’être
actuellement salariés que les plus jeunes participants. Ceci peut refléter le fait que plus de jeunes
dans la cohorte des plus âgés aient terminé les études ou vivent à l’extérieur du foyer familial, et
ils sont, par conséquent, plus susceptibles de travailler ou d’aspirer à travailler à temps plein de
façon à gagner un revenu. Ce résultat est également consistant aux conclusions de Statistique
Canada (2001) qui indiquent que les plus jeunes sont moins susceptibles d’être salariés que les
jeunes plus âgés.
Trente-sept pour cent des participants qui n’étaient pas salariés étaient en recherche active de
travail. Cependant, lorsque leur était posée la question à savoir combien de temps par jour
consacraient-ils à la recherche d’emploi, 78 % ont déclaré qu’ils consacraient « une heure ou
moins » par jour à des activités de recherche d’emploi (le choix minimal de l’échelle proposée).
Bien que les participants aveugles et les participants ayant une basse vision se considèrent de
façon égale à la recherche active d’un emploi, le premier groupe était plus susceptible de dire qu’il
consacrait une heure ou moins par jour à la recherche d’un travail. Les participants aveugles
étaient également plus susceptibles de déclarer qu’ils n’avaient pas soumis une seule demande
d’emploi au cours de la dernière année et qu’ils n’avaient pas eu d’entrevue au cours de la
dernière année.
Il est intéressant de noter que les participants qui déclaraient être en recherche active d’emploi
passaient si peu de temps à des activités liées à la recherche d’un travail et que nombre d’entre
eux n’avaient pas soumis une seule demande d’emploi au cours de la dernière année. Cette
conclusion soulève un questionnement sur la façon dont les participants ont interprété l’expression
« recherche active ». Ils pourraient lui avoir donné le sens de « disponible au travail ». Il est
particulièrement intéressant de se demander si les jeunes ayant une déficience visuelle
comprennent que la recherche de travail nécessite un certain nombre de tâches dont fouiller les
petites annonces, activer son réseau de contacts, trouver des renseignements au sujet
d’organisations et, le cas échéant, développer ses compétences. De nouveau, ceci soulève deux
questions : 1. Les jeunes sont-ils informés des différentes tâches nécessaires à une recherche
efficace d’emploi? 2. Les jeunes sont-ils adéquatement préparés à une vaste gamme de
perspectives d’emploi? Puisque tant de jeunes, de façon générale, n’avaient pas rempli un
formulaire de demande d’emploi ou n’avaient pas eu d’entrevue au cours de la dernière année, il
s’agit d’une source de grande inquiétude pour les jeunes et les professionnels. Il est également
possible que les participants pensent qu’en répondant être à la recherche de travail, leurs noms
seraient transmis aux services professionnels de l’INCA. Les participants ont pu penser que cela
était possible malgré le fait que nous les ayons informés que toute information fournie ne serait
pas transmise à d’autres. Le fait que la recherche soit menée par une agence de services peut,
par conséquent, avoir déformé les conclusions.
Une autre explication, fournie par notre panel d’interprétation composé de jeunes, est qu’une
heure ou moins par jour d’activités liées à la recherche d’emploi représente, en fait, suffisamment
de temps pour vérifier les nouvelles offres d’emploi. Les participants au panel d’interprétation ont
exprimé que cette période de temps était suffisante aux jeunes pour leur permettrent de vérifier
les listes mises à jour sur quelques principaux sites d’emploi et que la technologie de l’information
53
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
aidait à faciliter le processus de recherche d’emploi. Ces données sont en soit intéressantes et
dignes d’exploration. Puisque de nombreux jeunes handicapés visuels considèrent une très petite
fourchette de choix de carrière, ils pourraient être portés à croire qu’il existe un nombre limité de
places appropriées à leur recherche.
On a demandé aux participants de parler des obstacles ou des défis rencontrés au cours du
processus d’emploi. Cette question a été posée à tous les participants (c.-à-d. non seulement à
ceux actuellement salariés) et incluent probablement les barrières associées tant au processus de
recherche d’emploi qu’aux défis rencontrés en milieu de travail. Il est intéressant de noter que les
participants ayant une basse vision perçoivent plus de défis liés à l’emploi que les participants
aveugles. Puisque le taux d’emploi est plus élevé chez les participants ayant une basse vision,
ceci pourrait signifier que lorsqu’il était question des défis liés à l’emploi, ils se référaient au moins
en partie aux défis rencontrés en milieu de travail. Cette conclusion est appuyée par les
commentaires des participants ayant une basse vision concernant les défis en milieu de travail
tels que le fait que les employeurs aient des réticences à fournir les adaptations appropriées.
Chez les participants actuellement salariés, cependant, les personnes aveugles sont plus
susceptibles de rapporter du travail à la maison. Un certain nombre d’explications justifient cette
différence. Les participants aveugles pourraient sentir le besoin d’investir plus de temps à
l’extérieur des heures de travail régulières de façon à compenser la perte de vision ou à cause de
la lenteur de la technologie d’adaptation ou les deux. Ou encore, ils pourraient avoir besoin
d’accumuler des heures additionnelles dans leur travail de façon à être perçus comme étant aussi
capables que leurs collègues voyants. Les participants aveugles sont également plus susceptibles
d’indiquer qu’ils reçoivent de l’aide des autres dans leur travail. Enfin, au cours d’un panel
d’interprétation tenu avec les professeurs à la fin de l’étude, il a été proposé que les employés
aveugles aient déjà été des étudiants avec une charge de travail importante et qu’ils pourraient
avoir développé très jeunes des habitudes de travail telles que rapporter du travail à la maison
pour le terminer.
Une plus grande proportion des jeunes plus âgés a indiqué être à la recherche active d’un travail.
Des indications révèlent également qu’ils sont plus persistants dans leurs recherches d’emploi
puisqu’ils sont moins susceptibles d’indiquer qu’ils passent seulement une heure ou moins par jour
à des activités de recherche d’emploi. Bien que ces conclusions puissent suggérer que les jeunes
plus âgés soient plus engagés dans le processus de recherche d’emploi, en apparente
contradiction avec cette conclusion, les participants plus âgés sont également plus susceptibles
d’avoir déclaré ne pas avoir soumis une seule demande d’emploi au cours de la dernière année.
Une interprétation de cette apparente contradiction est que les jeunes plus âgés continuent de
rechercher activement un emploi mais sont plus sélectifs et stratégiques dans leur recherche. Il
est possible que l’expérience leur ait enseigné que se porter candidat à de nombreux types
d’emploi ne procure que des résultas infructueux. Les participants plus âgés pourraient également
être plus découragés du processus de recherche d’emploi car ils en font partie depuis plus
longtemps que les jeunes participants, ce qui peut contribuer au développement d’une approche
plus sélective et stratégique. Il est également possible que les plus jeunes participants soient
également plus susceptibles de se porter candidats à des postes en ligne, ce qui est une façon
simple et accessible. Faire une demande d’emploi par la poste ou en personne nécessite un
processus beaucoup plus engagé qui pourrait être compliqué par des problèmes liés au transport,
à l’accès à l’information imprimée et autres problèmes d’accessibilité. La recherche de Statistique
Canada sur les jeunes appuie la proposition que les jeunes plus âgés de notre étude sont moins
susceptibles d’utiliser des sites en ligne pour faire des demandes d’emploi. Spécifiquement, les
résultats de l’Enquête sociale générale (2000, Cycle 14) indiquent que 90 % des jeunes âgés de
15 à 19 ans utilisent Internet et seulement 70 % des jeunes âgés de 25 à 29 ans l’utilisent.
54
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
La conclusion indiquant que les participants plus âgés perçoivent plus de défis liés à l’emploi est
consistante avec la conclusion indiquant qu’ils sont plus susceptibles d’être salariés et plus
susceptibles d’être à la recherche d’un emploi : par conséquent, ils auraient plus d’occasions de
faire face à des barrières liées à l’emploi. Il n’est toujours pas clairement établi, cependant,
pourquoi les jeunes hommes sont moins susceptibles que les jeunes femmes d’avoir soumis des
demandes d’emploi au cours de la dernière année et moins susceptibles que les jeunes femmes
d’avoir eu des entrevues au cours de la dernière année. Généralement, les statistiques sur la
population canadienne indiquent que les jeunes hommes sont moins susceptibles d’être salariés
que les jeunes femmes (Statistique Canada, 2001). Un autre facteur concourant à ce phénomène
pourrait être l’accent mis ces dernières années sur l’augmentation de la participation et du
rendement des filles dans les domaines de l’éducation et de l’emploi où elles ont historiquement
été sous-représentées. Une augmentation du soutien scolaire aux filles pourrait mener à des
niveaux plus élevés d’intérêt pour la recherche d’un emploi et d’habiletés connexes. D’autres
tendances émergentes dans le secteur de l’emploi pourraient également être identifiées et
explorées plus à fond. Cependant, il s’agit de tendances générales lesquelles pourraient ne pas
expliquer les différences selon le sexe obtenues dans nos données.
Les participants ont déclaré être à la recherche d’emplois dans les secteurs suivants : travail de
bureau; service à la clientèle; technologie de l’information; ventes au détail; travail manuel;
services sociaux et éducatifs; et les arts. Les postes les plus communément recherchés se
trouvent dans les catégories suivantes : travail de bureau, service à la clientèle et services sociaux
et éducatifs. Cette conclusion est homogène avec la documentation du domaine de la déficience
visuelle laquelle indique qu’il est proposé aux jeunes ayant une déficience visuelle une gamme
limitée d’options professionnelles en comparaison aux options qui s’offrent réellement à eux
(Sacks, Wolffe et Tierney, 1998). De l’information anecdotique de la part de conseillers en
orientation professionnelle suggère également que les jeunes ayant une déficience visuelle soient
souvent dirigés vers des types d’emploi en particulier la plupart du temps à cause de
présomptions stéréotypées à propos du potentiel d’employabilité et des compétences des
personnes handicapées visuelles.
Les entrevues qualitatives ont permis un questionnement en profondeur concernant certains
sujets, tels que les antécédents professionnels, et ont permis d’obtenir une perspective
intéressante sur l’expérience personnelle laquelle ajoute des nuances au portrait plus général.
L’extrait suivant provient d’une entrevue qualitative et décrit les difficultés d’un participant à tracer
son propre cheminement de carrière malgré les suggestions d’un conseiller en orientation
professionnelle :
…à chacune des rencontres (avec un conseiller dans le cadre d’un programme
de soutien provincial pour les personnes handicapées) jusqu’au moment de
mon départ pour Oxford, j’ai trouvé extrêmement frustrant qu’il ne semblait pas
vraiment me comprendre ou être en mesure d’évaluer mes besoins, mes
aptitudes et mes habiletés. Et je crois que si j’avais écouté ses conseils, je ne
serais pas dans une aussi bonne position que je le suis aujourd’hui.
Plusieurs participants aux entrevues qualitatives ont indiqué que leurs décisions concernant leur
carrière ont été influencées par leurs parents et par une vocation qui s’est manifestée en bas âge
pour un type particulier de carrière. Une personne participante a déclaré :
J’ai toujours été fasciné par la filature, le tissage et les arts d’autrefois comme la
fabrication du savon. Alors, lorsque j’ai eu l’occasion d’apprendre le tissage,
55
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
j’étais vraiment content. J’ai appris à tricoter à l’âge de 12 ans. Ça m’a sauvé la
vie d’une certaine manière. C’était une façon pour moi de canaliser mes talents
créatifs. J’ai certainement ouvert les yeux de plusieurs personnes sur ce que
nous pouvons faire. C’était quelque chose qui me fascinait vraiment beaucoup,
alors lorsque les occasions se sont présentées, j’ai été heureux de les saisir.
Bien que cette personne soit très stratégique et orientée buts, d’autres ont tracé un portrait
différent. Par exemple, la personne citée ci-dessous a choisi des études universitaires en
économie, après deux années de refus de la part de divers programmes universitaires, pour se
rendre compte qu’elle avait finalement fait le mauvais choix de carrière :
…si vous souhaitez faire une carrière en économie, vous devez aller chercher
plus de formation encore. J’ai obtenu mon diplôme après trois années d’étude
et j’aurais besoin de faire des études supérieures... alors je crois que je vais
faire autre chose. …à l’heure actuelle j’essaie de me trouver un emploi comme
réceptionniste, je pourrais faire l’acquisition de bonnes habiletés et puis, je
pourrais peut-être me trouver un emploi en relations publiques ou quelque
chose comme ça.
Les exemples ci-dessus illustrent l’importance de fournir un soutien de qualité en information
scolaire et professionnelle. Bien que certains jeunes tirent profit d’un soutien parental ou comptent
sur leur propre initiative pour s’informer à propos des choix de carrière, d’autres dépendent
considérablement des conseillers d’orientation professionnelle.
Les obstacles ou défis liés à l’emploi et déclarés par les participants sont homogènes avec ceux
identifiés dans des études précédentes (Corn, Muscella, Cannon et Shepler, 1995; McBroom,
Crudden et autres, 1998; Crudden et McBroom, 1999 ; Candela et Wolffe, 2001). Les voici :
ressources limitées en termes de matériel adapté, équipement, information et connaissance;
attitude des employeurs ou des employeurs potentiels; tolérance des autres et sensibilisation du
public; transport; problèmes personnels; et exigences de l’emploi.
En dépit du fait que les participants ont déclaré avoir rencontré un grand nombre de barrières et
de défis face à l’emploi, ces mêmes participants ont aussi exprimé beaucoup d’optimisme face à
la possibilité de surmonter ces obstacles. Cet optimisme était surtout marqué chez les plus jeunes
participants (100 %); ceci peut s’expliquer du fait que nombre d’entre eux n’avaient pas encore eu
à faire face à ces défis et n’étaient pas encore à un point de leur vie où ils devaient être
financièrement autonomes. Cependant, l’optimisme était également élevé chez les participants
plus âgés (84 %) qui ont probablement eu une expérience directe avec de nombreux obstacles
liés à l’emploi. Cette conclusion se révèle encourageante compte tenu des défis auxquels devront
faire face les jeunes handicapés visuels. Il convient de noter, cependant, que les parents ne
partageaient pas cet optimisme que leurs enfants seraient en mesure de surmonter de tels
obstacles. En effet, environ la moitié des parents interviewés étaient d’opinion que ces obstacles
ne pouvaient être surmontés.
Lorsqu’on demandait aux participants ce qui les rendaient optimistes que ces obstacles seraient
surmontés, ils ont déclaré qu’ils utiliseraient des stratégies précises pour nourrir leurs intérêts :
utiliser la technologie disponible, faire preuve d’autonomie sociale, informer le public, chercher de
l’aide financière, avoir une attitude positive et persévérer. Comme le présente l’extrait suivant, l’un
des participants à une entrevue qualitative a déclaré que prendre ses affaires en mains et
56
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
exprimer à l’employeur ce dont on a besoin (plutôt que de s’attendre à ce que l’employeur en
fasse l’évaluation) peut aider à atténuer les craintes et préoccupations d’un employeur quant à
l’embauche d’une personne handicapée visuelle.
Quand j’ai eu mon premier emploi, j’ai rencontré les employeurs et ils se sont
rendus compte que j’étais aveugle. Je me suis vraiment concentré sur le fait
que je savais ce dont j’avais besoin, je connaissais les ressources et l’endroit où
les trouver, et j’étais conscient de mes limites et je crois que c’est très important.
Je crois qu’il y a des personnes aveugles qui se disent : « Je ne peux pas
trouver de travail; je ne peux pas faire ça », mais si vous expliquez à votre
employeur ce dont vous avez besoin et quelles sont les ressources offertes, son
attitude sera différente que si vous vous attendez à ce qu’il fasse tout lui-même.
Il est intéressant de noter que la plupart des commentaires des participants concernant les façons
de surmonter les défis ou les barrières liés à l’emploi ont un locus de contrôle interne. Ces jeunes
croient avoir le pouvoir de créer des changements. Bien que cette attitude soit admirable et
optimiste, à certains égards elle est également problématique puisqu’elle peut mener à une sousévaluation du besoin de changement des facteurs externes. Il s’agit d’une conséquence
importante pour les groupes de pression et les responsables des orientations politiques. Les
jeunes personnes handicapées peuvent également être habilitées lorsqu’elles comprennent la
structure sociale dominante et les stratégies de changements sociaux. En outre, les jeunes
handicapés pourraient être désillusionnés et médusés plus tard s’ils n’identifient des possibilités
de changements qu’en eux-mêmes essentiellement.
Domaine social et des loisirs
L’hypothèse postulait que les jeunes aveugles ont des réseaux sociaux réduits, une perception
d’un soutien social faible, une participation à des activités principalement solitaires et sont plus
susceptibles de passer du temps seuls que les jeunes ayant une basse vision. Également, ils ont
moins tendance à avoir une relation sérieuse ou des fréquentations, et sont plus susceptibles, de
façon générale, de faire face à des défis dans leur vie sociale.
Les résultats de cette étude ont révélé qu’il n’y a pas de différence dans la taille des réseaux
sociaux selon le niveau de vision des participants. Cette conclusion est quelque peu contradictoire
à une grande partie de la recherche qui suggère que la déficience visuelle soit associée à une
forte probabilité d’isolement social (Hoben and Lindtrom, 1980; Kelch, 2000; Gupta, 2003).
Cependant, ces conclusions doivent être interprétées avec prudence pour plusieurs raisons. L’une
des raisons est que de nombreux jeunes ont sélectionné l’option « cinq ou plus » pour indiquer le
nombre d’amis qu’ils disent avoir, mais il n’est pas certain qu’une mesure qui différencie entre des
nombres plus grand que cinq auraient révélé des différences entre les groupes de jeunes
aveugles et de jeunes ayant une basse vision.
Il est également nécessaire d’ajouter une autre note de prudence puisque la définition que
donnent les participants de l’expression « bons amis » n’est pas connue : que signifie être bons
amis pour ces jeunes? De nombreux participants qui avaient sélectionné l’option « 5 ou plus » ont
commenté plus tard qu’ils avaient jusqu’à 40 bons amis ce qui soutien la possibilité qu’ils aient
une conceptualisation différente de ce qu’est un bon ami à partir de la compréhension implicite
que nous avons d’un niveau élevé d’intimité. Peut-être les jeunes ont-ils inclus dans le concept les
57
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
connaissances ainsi que les amis intimes. Des tendances apparentes n’ont pas été relevées dans
la comparaison des résultats selon les groupes d’âge ou le sexe. Il est important de noter que la
tendance des participants de cette étude à indiquer un grand nombre de bons amis n’est pas
propre à eux. Spécifiquement, les conclusions de l’Enquête sociale générale (Statistique Canada,
1996, Cycle 11) révèlent que, de façon générale, les jeunes à qui il était demandé d’indiquer le
nombre de bons amis ont démontré une tendance semblable. Spécifiquement, tout comme les
jeunes handicapés visuels de la présente étude, de façon générale, les jeunes ont déclaré une
large fourchette dans le nombre de bons amis, à partir d’aucun jusqu’à 95 bons amis! Également,
tout comme les participants handicapés visuels de cette étude, très peu de jeunes dans l’Enquête
sociale générale ont indiqué ne pas avoir d’amis.
Les résultats obtenus à partir des entrevues qualitatives tracent un portrait relativement différent et
qui se rapproche beaucoup plus des conclusions d’études antérieures voulant que les jeunes
handicapés visuels mènent souvent des vies solitaires. Certains participants ont exprimé avoir peu
ou pas d’amis : « Je n’ai pas vraiment de bons amis voyants pour le moment ». D’autres ont
exprimé qu’ils avaient maintenant de bons amis contrairement à lorsqu’ils étaient plus jeunes :
J’avais de la difficulté à m’intégrer alors j’ai passé beaucoup de temps à y
travailler parce que les petits enfants ne sont habituellement pas très gentils
avec les gens qu’ils perçoivent différemment. Mais d’un autre côté, ça m’a été
utile dans un sens car j’ai passé tant de temps seul et appris beaucoup de
choses que je n’aurais probablement pas apprises autrement.
Lorsque j’étais au secondaire, c’était terrible parce que tout comme les élèves
du primaire, mais en pire, les étudiants du secondaire réalisent que tu es
différent et te le font payer en te rendant la vie aussi difficile que possible, la
plupart du temps.
Cependant, d’autres participants ont déclaré ne pas avoir vraiment fait l’expérience de l’exclusion
des relations sociales lorsqu’ils étaient jeunes. Des entrevues plus en profondeur seraient
nécessaires pour explorer spécifiquement l’aspect de la vie sociale et le sens que les participants
en ont. Clairement, quelques-unes des remarques exprimées au cours des entrevues qualitatives
sont en contradiction avec les données quantitatives. Il est difficile d’en expliquer la raison. Nous
présumons que la question quantitative (« Combien de bons amis avez-vous? ») n’a pas permis
d’obtenir de réponses suffisamment approfondies.
Les participants ont déclaré que l’aspect le plus difficile pour bâtir des relations d’amitié est
d’abord de rencontrer des gens. Puisque l’on pourrait présumer que cette difficulté est plus
importante pour des personnes dont le niveau de vision est plus faible, il est surprenant que la
taille des réseaux sociaux des participants aveugles et des participants ayant une basse vision ne
soit pas différente. En d’autres mots, l’on pourrait s’attendre à ce que le niveau de vision ait une
incidence sur la capacité à se faire des amis. Les résultats révèlent que ça n’est pas le cas. D’un
autre côté, la conclusion affirmant que les participants aveugles et les participants ayant une
basse vision ont des réseaux de même taille est homogène avec la conclusion affirmant qu’il n’y a
pas de différence significative dans l’Analyse multidimensionnelle de la perception du soutien
social, ni dans les sous-échelles de l’instrument : « Famille », « Amis » ou « Proches ».
Particulièrement, la conclusion affirmant qu’il n’y a pas de différence dans la sous-échelle « Amis »
corroborent les conclusions affirmant que la taille des réseaux sociaux des jeunes aveugles et des
jeunes ayant une basse vision est analogue. En résumé, les résultats, s’ils sont interprétés au
58
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
pied de la lettre, suggèrent que les jeunes aveugles et les jeunes ayant une basse vision ne
présentent pas de différence quant à la taille de leurs réseaux sociaux et au soutien qu’ils croient
avoir de leurs amis, de la famille ou des proches.
L’une des raisons pour lesquelles le niveau de déficience visuelle n’est pas lié au soutien social ou
à la taille du réseau social est que de plus en plus de jeunes utilisent des sites sur Internet pour y
rencontrer des amis. « Je passe beaucoup de temps sur Internet pour y faire la lecture… de
nouvelles… [et] clavarder avec mes amis. » Ceci procure également un autre espace de
rencontres pour les jeunes ayant une basse vision. Les résultats de cette étude indiquent qu’un
grand nombre de participants utilisent des sites en ligne pour communiquer avec leurs amis. Ces
sites incluent des salles de clavardage, la messagerie instantanée et le courrier électronique. En
tout, près de soixante-quinze pour cent des participants socialisent ou prennent contact avec leurs
amis par des moyens en ligne. La conclusion affirmant que les participants aveugles sont plus
susceptibles que les participants ayant une basse vision de rencontrer de nouvelles personnes par
des moyens de communication en ligne n’est pas dénuée de sens à cause des défis plus
importants qu’ils rencontrent au début des relations face à face. Le plus grand attrait de la
socialisation en ligne tient du fait que les jeunes ont l’occasion d’interagir avec d’autres dans un
contexte dans lequel leur déficience visuelle n’est pas apparente. Certains jeunes ont déclaré que
sur ces sites en ligne, ils ne faisaient pas état de leur déficience visuelle. Les jeunes voyants
aujourd’hui dépendent aussi d’Internet et du courrier électronique considérablement pour
socialiser avec leurs amis. Une étude indique que 68 % des jeunes voyants participent à des
séances de clavardage (Statistique Canada, 2000). Par conséquent, dans ce contexte, il
semblerait que les jeunes handicapés visuels pourraient ne pas être plus susceptibles de
socialiser en ligne que leurs pairs voyants et peut-être même moins. Il faut pousser d’avantage les
recherches pour savoir dans quelle mesure les occasions de socialiser en ligne réduisent le temps
que les jeunes aveugles consacrent à la socialisation en personne.
Pendant les entrevues qualitatives, plusieurs participants ont fait le lien entre leur niveau de
participation aux loisirs et leurs relations d’amitié :
J’ai les habiletés pour bien m’entendre avec mes amis voyants... J’ai appris à
socialiser, alors lorsque j’irai à l’université, je saurai comment socialiser.
C’était en partie une question de faire des efforts de participer à l’école et à des activités
parascolaires de façon à rencontrer des gens. Ce sont de bons milieux pour rencontrer et
connaître des gens. On partage quelque chose en commun et on fait des choses en commun.
Les participants ayant une basse vision étaient plus susceptibles que les participants aveugles de
dire qu’il y avait des activités auxquelles ils ne pouvaient participer avec des amis. Puisque les
participants ayant une basse vision sont également plus susceptibles que les participants
aveugles d’avoir essentiellement des amis voyants, il semble logique qu’ils se trouvent également
dans des situations où ils ne peuvent participer à des activités comme leurs amis. Cependant, les
entrevues qualitatives ont révélé, comme on pouvait s’y attendre, que les activités parascolaires
au secondaire, au collège et à l’université fournissent de véritables occasions de socialiser :
J’ai demeuré en résidence pendant mes études de droit. J’ai toujours participé à
des activités parascolaires, certaines avec un volet social d’autres plus actives.
59
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Bien que les résultats ne démontrent pas de différences entre les participants aveugles et les
participants ayant une basse vision en termes de soutien social ou de taille de réseaux sociaux,
un examen des fréquentations et des vies amoureuses des participants révèlent des différences
marquées entre les expériences de ces groupes. Spécifiquement, bien que les participants
aveugles et les participants ayant une basse vision aient une probabilité analogue d’être mariés,
les membres du dernier groupe sont plus susceptibles d’avoir un petit ami ou une petite amie et
plus susceptibles d’avoir des fréquentations. Ces conclusions sont homogènes avec
l’interprétation antérieure voulant que les jeunes utilisent Internet pour rencontrer des gens et
soulèvent des questions supplémentaires à propos du sens que donnent les participants aux
relations intimes et de l’importance de l’espace créée par la technologie pour répondre aux
besoins d’intimité.
On avait demandé aux participants d’indiquer les activités sociales et de loisirs auxquelles ils
participent. Cette liste d’éléments s’appelle l’Échelle d’activités sociales. Tel qu’indiqué
précédemment, cette échelle a été fractionnée ensuite en trois sous-échelles (Niveau passif
d’activités sociales, Niveau moyen d’activités sociales et Niveau élevé d’activités sociales)
conformément aux regroupements présentés dans l’étude pilote de Wolffe et Sacks (1995). Le
Niveau passif d’activités sociales inclut regarder la télévision et écouter la radio. Le Niveau moyen
d’activités sociales inclut des activités comme aller au cinéma et parler au téléphone. Le Niveau
élevé d’activités sociales inclut des activités où il y a un niveau élevé d’interactions en personne
dont les sorties dans les discothèques et aux danses. La tendance qui s’est dégagée de nos
données démontre une plus grande participation des participants au Niveau passif d’activités
sociales et au Niveau moyen d’activités sociales plutôt qu’au Niveau élevé d’activités sociales ce
qui est homogène avec les conclusions de la documentation qui indique qu’essentiellement les
jeunes handicapés visuels ont tendance à s’engager à un Niveau passif d’activités sociales. En
outre, la conclusion affirmant que les participants ayant une basse vision sont plus susceptibles de
participer à des activités de Niveau moyen que les participants aveugles est homogène avec la
documentation qui suggère que les personnes ayant de faibles niveaux de vision participent moins
à des activités sociales (ex. : MacAlpine et Moore, 1995)
La conclusion affirmant qu’il n’y a pas différence entre les participants aveugles et les participants
ayant une basse vision dans les sous-échelles Niveau passif d’activités sociales et Niveau élevé
d’activités sociales est inattendue. Ceci signifie que les deux groupes participent de façon égale à
un Niveau passif d’activités sociales ainsi qu’à un Niveau élevé d’activités sociales. Puisque notre
conclusion affirme que le niveau de vision est un facteur ayant une incidence sur la participation
des personnes au Niveau moyen d’activités sociales, il est étrange qu’il ne soit pas un facteur
pour le Niveau passif d’activités sociales et le Niveau élevé d’activités sociales. Une des raisons
qui explique cette conclusion pourrait être qu’il y a une grande variabilité au sein des groupes de
personnes aveugles et des personnes ayant une basse vision en ce qui concerne la participation
des jeunes au Niveau élevé et au Niveau passif d’activités sociales. Par exemple, au sein du
groupe des jeunes aveugles, certains jeunes, contrairement aux stéréotypes, participent beaucoup
à un Niveau élevé d’activités sociales et au sein du groupe de jeunes ayant une basse vision,
certains participants sont très solitaires. Cette conclusion illustre que la variabilité est souvent plus
importante au sein des groupes qu’entre les groupes. Nous concluons que de nombreux autres
facteurs tels que la confiance en soi, l’expérience passée, le nombre d’amis, le style de
personnalité, la vie en milieu urbain ou rural, l’attitude de la famille et les contacts avec l’extérieur
influencent la participation d’une personne à des activités sociales. L’influence de ces facteurs
nécessite une étude plus approfondie et une comparaison définitive avec les normes des
personnes voyantes. Les commentaires obtenus au cours des entrevues qualitatives, tels que
60
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
celui retranscrit ci-dessous, fournissent des indications quant aux domaines de recherche, par
exemple, le rôle de l’environnement local sur l’isolement social.
Si seulement il y avait des options, à la campagne nous n’avons pas de
transport en commun et pour les gens qui ne peuvent facilement se déplacer, et
je ne suis pas le seul dans ma communauté... s’il y avait du covoiturage, une
méthode pour informer les gens : « Je vais à [la ville voisine], quelqu’un veut
venir avec moi? », ce qu’on avait déjà dans le passé, un esprit communautaire,
rendrait probablement l’expérience de la déficience visuelle plus facile.
L’isolement... c’est probablement ma plus grande frustration, je crois.
La force de ce commentaire prend de l’ampleur dans la citation suivante :
…[Ma plus grande frustration est] que je n’ai pas la confiance en moi nécessaire
pour être plus autonome dans mes déplacements… C’est un peu à cause du
fait que je viens de la campagne et je n’ai jamais grandi avec les autobus de
ville et des choses comme ça... Je me sens comme une cible... Je ne sais pas
qui est autour de moi et je suis paralysé par la peur. J’ai fait tous les cours en
orientation et mobilité, mais j’adorerais avoir la confiance nécessaire pour sortir
faire une promenade ou prendre l’autobus pour rencontrer des amis.
Les conclusions obtenues à la suite des analyses des journaux de l’emploi du temps affirmant que
les jeunes ayant une basse vision sont plus susceptibles de participer à des activités de loisirs
passives est relativement incompatible avec le fait qu’il n’y a pas de différence entre les groupes à
la sous-échelle Niveau passif d’activités sociales de l’Échelle d’activités sociales. Cependant, cette
conclusion est homogène aux rapports de la documentation qui indique que les jeunes aveugles
sont plus susceptibles de participer à un niveau passif d’activités sociales (ex. : Wolffe et Sacks,
1997).
On a demandé aux participants s’ils avaient fait l’expérience de défis ou d’obstacles dans leur vie
sociale. Bien qu’environ la moitié des participants aient déclaré avoir fait l’expérience de tels défis,
les participants ayant une basse vision et les participants plus âgés sont plus susceptibles d’en
avoir fait l’expérience. Les jeunes plus âgés font peut-être l’expérience de défis supplémentaires,
car ils ne se trouvent plus dans un environnement scolaire, entourés d’amis, mais doivent plutôt
se créer un autre environnement social. Cependant, étant donné un certain nombre de
commentaires obtenus au cours des entrevues qualitatives indiquant que la vie sociale est en
réalité plus positive qu’elle ne l’était à l’école, nous ne pouvons présumer que vieillir entraîne
automatiquement une réduction des occasions sociales. Il est possible que les jeunes plus âgés,
cependant, vivent près de leur milieu de travail lequel n’est peut-être pas idéalement situé pour
mener une vie sociale active. Dans une des entrevues qualitatives un participant a exprimé ceci :
Je vis en région rurale (pour le travail) et il n’y a donc pas de moyen de
transport accessible. Alors, partout où je vais, je dois prendre un taxi. C’est une
grande déception car si je demeurais dans une grande ville, je pourrais me
déplacer seul.
Les jeunes ayant une basse vision peuvent faire face à des défis supplémentaires simplement
parce que leurs activités, telles que les fréquentations, sont plus fréquentes et qu’ils sont plus
susceptibles d’avoir des amis voyants qui les amènent à participer à des activités ou qui les
61
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
excluent. En outre, les jeunes qui ont une basse vision sont souvent en mesure de voir ce qu’ils
manquent. Des rapports isolés de professionnels en réadaptation et de professeurs indiquent que
les jeunes ayant une basse vision sont très conscients du stigmate associé à leur déficience
visuelle et ressentent un grand besoin de s’intégrer. Ne pas être en mesure de conduire une
voiture, par exemple, peut constituer une barrière à la participation aux activités sociales de la part
des jeunes handicapés visuels qui demeurent dans de petites villes où le service de transport est
pauvre ou inexistant et où la plupart des jeunes conduisent une voiture ou un véhicule tout terrain
et où les motos hors route sont de populaires outils récréatifs et sociaux. Dans ces cas, le
manque de capacité visuelle pour opérer les véhicules motorisés peut être décuplé par le manque
d’amis intéressés à les conduire à des activités sociales ou à les inclure d’autres façons. Un autre
commentaire obtenu lors des entrevues qualitatives illustre d’une autre manière comment le
manque de vision est décuplé par l’orientation très visuelle de nombreuses activités sociales :
Les choses sont souvent très visuelles dans un environnement social et il faut
du temps pour trouver des façons de s’y adapter.
D’autres facteurs ayant une incidence sur la participation à des activités sociales de façon
générale ont également fait l’objet de discussion au cours des entrevues qualitatives comme
l’importance des problèmes de santé et le profil des collègues de travail.
Au cours des deux dernières années, j’ai fait des aller retour à l’école à cause
de mes fréquents séjours à l’hôpital, je n’ai donc pas eu la chance d’être
suffisamment en classe pour rencontrer des gens, les connaître et entretenir
des relations avec eux. Je rencontre toujours des gens et je dois toujours partir.
Il n’y a pas beaucoup de personnes de mon âge (au travail) et plusieurs d’entre elles ont des
familles, ce qui peut être assez restrictif.
Le problème de transport se révèle être un obstacle significatif d’une particulière importance. Ceci
soutient les conclusions d’études antérieures et de rapports isolés affirmant qu’une politique de
transport, particulièrement en banlieue et en région rurale, doit être examinée de plus près pour
des facteurs d’exclusion. Un manque d’accès aux services de transport accessibles semble avoir
une incidence significative sur la capacité des personnes aveugles ou ayant une basse vision de
participer activement dans leurs communautés, que ce soit pour le travail ou les activités de
loisirs. Plus qu’un problème de programme, il s’agit d’une importante question de politique sociale
qui nécessite une étude plus approfondie (consultez Recherche future).
La conclusion indiquant que les participants ayant une basse vision ont une perception de plus
grands défis tant dans le domaine de l’emploi que dans le domaine social soutient ce qui est
avancé dans la documentation, c’est-à-dire que les personnes ayant une déficience visuelle font
face à de plus grandes difficultés au cours d’activités aux côtés de pairs voyants. Ils pourraient se
sentir tenus aux normes de rendement des personnes voyantes. Il existe la possibilité que les
autres s’attendent à ce qu’ils performent à des niveaux comparables aux jeunes voyants. Cette
attente peut dans certains cas être à l’origine du fait que les jeunes voyants ne sont pas
conscients de leur déficience visuelle. En effet, 36 % des participants qui ont une basse vision ont
indiqué que leur déficience visuelle n’était pas évidente aux autres. Comparativement à 28 % des
participants aveugles. Ces conclusions étaient plus prononcées chez les participants masculins et
plus jeunes ce qui peut suggérer que a) les jeunes hommes ayant une basse vision font face à
des défis particuliers associés à devoir vivre dans un monde de voyants ou b) les jeunes hommes
62
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
ayant une basse vision font de plus grands efforts pour cacher leur déficience visuelle de façon à
« passer » pour voyants.
La majorité des participants ont déclaré avoir une relation positive avec leurs parents.
Les citations suivantes provenant des entrevues qualitatives démontrent un fort soutien parental :
Ma mère m’a toujours encouragé. Je crois qu’elle était un peu craintive, mais
elle m’a donné la chance d’essayer. Mon père était plus protecteur… Mais, ils
ne m’ont jamais arrêté.
J’étais un enfant plutôt actif, je dansais la claquette, je faisais de l’équitation. On
m’encourageait à essayer ce qui m’intéressait et ça [la cécité] n’était pas
considérée comme étant un facteur pouvant m’arrêter.
Mes parents étaient vraiment biens et m’encourageaient à participer avec les
autres enfants. Il n’y avait pas d’autres enfants aveugles autour alors ils me
disaient d’essayer.
Ce résultat est très encourageant car il est indicatif d’un niveau élevé d’attentes des parents quant
aux réalisations de leurs enfants. On pourrait présumer que ces attentes sont d’importants
facteurs dans la capacité des jeunes à devenir autonome et à développer les habiletés
nécessaires pour atteindre leurs objectifs. Nous n’avons pas trouvé de différences entre les
groupes d’âge au sujet de la relation des participants avec leurs parents. Malgré de fortes
indications voulant que certains parents aient des attentes très élevées au niveau de la réussite
de leurs enfants, nombreux sont ceux qui continuent d’être protecteurs, ce qui mènent certains
des jeunes plus âgés à poursuivre leur cohabitation avec leurs parents même tard dans la
vingtaine. Bien qu’aucune information qualitative ne nous permette d’illustrer ce phénomène, voici
un commentaire qui décrit assez bien les sentiments de protection de parents. Une personne
participante aveugle, qui est déménagée seule dans une petite ville pour commencer sa carrière
après l’université, croit que ses parents ont eu plus de difficulté qu’elle à s’adapter à son départ :
Au début, ils venaient toutes les fins de semaine. Ça a duré peut-être les six
premiers mois. Je commençais à travailler, à vivre seul en logement. J’ai dû
m’affirmer et leur dire que si j’avais besoin de quelque chose, je téléphonerais.
Malgré les rapports généraux de nombreux amis et de bonnes vies sociales, nos conclusions
indiquent que de nombreux participants ont fait l’expérience de moquerie ou d’intimidation de la
part des pairs. Plusieurs commentaires obtenus au cours des entrevues qualitatives illustrent des
expériences d’intimidation et de moquerie tant au niveau primaire qu’au niveau secondaire. Nous
n’avons pas posé de question à propos de l’intimidation ou de moquerie au cours des entrevues.
Parce que nous avons mené les entrevues qualitatives avant l’analyse des données quantitatives,
nous ne pouvions savoir dans quelle mesure ce problème ferait surface dans les données.
Cependant, nous avons posé des questions au sujet de la vie scolaire et de ses aspects sociaux
et des commentaires ont été exprimés à propos de certaines expériences très difficiles qui ont été
vécues au primaire et au secondaire dans un environnement intégré. La plupart de ces citations
ont été obtenues en entrevues avec des jeunes ayant une basse vision. La première citation est la
seule provenant d’un jeune participant aveugle :
63
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Les étudiants du secondaire réalisent que tu es différent et te le font payer en te
rendant la vie aussi difficile que possible.
(J’ai) toujours fait l’objet de moquerie à l’école primaire... Car je ne pouvais pas
me défendre... ou participer à des trucs, (d’autres étudiants)... se moquaient de
moi. Les professeurs ne faisaient pas grand chose.
(Les enfants voyants) étaient cruels, et lorsque j’y pense maintenant, ça ne
voulait pas dire grand chose, mais à l’âge de huit ans, leurs plaisanteries
signifiaient tout pour moi. Et j’en souffrais tellement. J’ai réalisé alors que je ne
trouverais pas mon sentiment de valorisation à l’école et je n’ai pas trouvé mes
amis à l’école.
J’étais toujours la dernière personne choisie pour former une équipe; c’était une
période très décevante.
Je crois que certains élèves à l’école primaire ne se sont pas rendus compte
qu’ils étaient devenus très blessants quant à leur façon d’être avec moi après
ma perte de vision. Je me souviens qu’une des choses difficiles était de prendre
l’autobus scolaire, j’essayais d’entretenir les mêmes attentes, de continuer
comme d’habitude. Alors je prenais l’autobus scolaire et j’avais de la difficulté à
m’adapter à la lumière et des choses comme ça et je n’étais jamais sûr si mon
arrêt était le suivant. Je demandais alors aux enfants s’il s’agissait de mon arrêt
et ils répondaient oui, mais ça n’était pas vrai. Je suppose qu’ils se croyaient
très drôles.
Généralement, ces problématiques concernant l’intimidation et les moqueries que nous retrouvons
dans les données nous préoccupent beaucoup. Bien qu’elles fassent partie du contexte
contemporain des cultures scolaires en général, elles sont particulièrement inquiétantes à cause
de la vulnérabilité des enfants aveugles ou ayant une basse vision. Il serait intéressant de pousser
la recherche davantage afin d’explorer les façons qu’ont les enfants handicapés visuels de
composer avec ces comportements de la part de leurs pairs et de fournir des indicateurs de
stratégies efficaces pour réduire ce type d’intimidation.
Activités de la vie quotidienne
Il existait un soutien important pour l’hypothèse postulant que dans chacun des sous-domaines du
questionnaire des activités de la vie quotidienne (Gestion du temps, Gestion du budget,
Organisation personnelle et Économie domestique), les participants aveugles exécutent moins de
tâches que les participants ayant une basse vision. Bien que des différences entre ces groupes
étaient seulement significatives aux sous-échelles Gestion du temps et Économie domestique, les
moyennes aux sous-échelles Organisation personnelle et Gestion du budget indiquent, selon nos
attentes, que les jeunes ayant une basse vision étaient plus susceptibles d’accomplir ces tâches
que les jeunes aveugles. Ces conclusions concordent avec la documentation laquelle indique que
de faibles niveaux de vision coïncident avec une faible participation aux activités de la vie
quotidienne (ex. : Marx, Werner, Cohen-Mansfield et Feldman, 1992).
La raison pour laquelle une faible vision est associée à une moindre participation aux activités de
64
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
la vie quotidienne s’explique simplement par le fait que ces activités nécessitent une vision
importante. Cependant, un examen des rapports au sein du groupe des jeunes aveugles révèle
une grande variabilité chez les participants dans le nombre et le type d’activités exécutées. Un
examen des réponses provenant des jeunes aveugles concernant l’Échelle des activités de la vie
quotidienne et de ses sous-échelles indique qu’ils utilisent un nombre de stratégies de façon à
effectuer les activités de la vie quotidienne. Ces stratégies incluent placer des autocollants en
braille sur les fours à micro-ondes afin de régler les périodes de temps appropriées et utiliser des
logiciels adaptés dans le but d’effectuer des opérations bancaires en ligne. Cette conclusion
suggère que la variabilité soit le résultat non seulement du niveau de vision, mais de l’utilisation
de stratégies d’adaptation pour compenser le manque de vision. En outre, ceci indique qu’avec la
pratique et de la formation, de nombreux jeunes, dont ceux qui ont peu ou pas de vision,
pourraient exécuter la plupart ou la totalité des tâches de la vie quotidienne.
La présente étude a également exploré l’incidence des attentes parentales sur le niveau de
participation des jeunes aux activités de la vie quotidienne. Les données démontrent que plus le
niveau d’attente des parents était élevé lorsque les participants étaient jeunes, plus grande était la
mesure de leur participation aux activités de la vie quotidienne lorsque plus âgés. L’étude
démontre que c’est le cas même après avoir pris en considération un nombre de facteurs
confusionnels tels que l’âge, le niveau de vision et le niveau de scolarité. En outre, plus les
attentes des parents étaient élevées dans le domaine des activités de la vie quotidienne lorsque
les participants étaient jeunes, plus ils sont susceptibles d’occuper actuellement un emploi. L’une
des explications possibles à ces conclusions est que les enfants qui ne sont pas encouragés par
les parents à apprendre les activités de la vie quotidienne n’apprennent pas les habiletés de base
de l’autonomie dont ils auront plus tard besoin dans leur vie afin d’obtenir et de garder un emploi.
Ceci soutient le modèle d’information scolaire et professionnelle proposé par Wolffe et Sacks
(1997) dans lequel il est postulé que l’apprentissage des activités de la vie quotidienne constitue
un élément essentiel dans l’acquisition des aptitudes liées à l’emploi. Tout comme pour les enfants
voyants, les familles diffèrent quant au degré auquel elles encouragent l’autonomie. Cependant,
avec les enfants aveugles, ceci peut s’avérer d’une grande importance à l’âge adulte. Les parents
enseignent à leurs enfants les habiletés qu’ils ont besoin de savoir de façon à ce qu’ils fassent
eux-mêmes leurs activités.
La citation suivante, obtenue au cours d’une entrevue qualitative, fournit une richesse de détails à
propos de l’importance des attentes élevées des parents selon la perspective d’une personne
handicapée visuelle :
Ma mère avait décidé que je devais faire tout ce que les autres font, que je
devais tout apprendre, alors elle a imaginé une façon de m’enseigner ces
choses. Je devais réfléchir et apprendre des choses et me comporter autant
que possible comme les personnes voyantes. Elle était vraiment bien pour ça.
Les résultats obtenus des entrevues avec les parents indiquent que certains parents sont
conscients du rôle qu’ils doivent jouer afin de favoriser le développement de diverses habiletés
chez leurs enfants. Par exemple, un parent a exprimé ce qui suit :
Ne soyez pas surprotecteurs, cherchez à développer une bonne relation avec
les professeurs et la commission scolaire. Permettez à votre enfant
d’expérimenter de nouvelles activités à l’intérieur de ses capacités. Soyez prêts
à aider en faisant la lecture, en enregistrant des textes, etc.
65
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
D’autres parents semblent avoir adopté une vision plus pessimiste du potentiel de leurs enfants.
Par exemple, un parent a déclaré : « Dites à votre enfant d’essayer, mais préparez-le à l’échec; il
n’aura probablement pas d’emploi ».
Faiblesses de l’étude
Un certain nombre de facteurs pourraient limiter la généralisabilité des conclusions de cette étude.
D’abord, la majorité des participants à cette étude sont clients de l’INCA. Bien que certains
participants aient été recrutés auprès de la W. Ross MacDonald School for the Blind et du Bureau
de l’éducation spéciale pour les provinces de l’Atlantique, la majorité de ces participants se sont
avérés être inscrits à l’INCA.
Il n’est pas connu dans quelle mesure les jeunes canadiens handicapés visuels sont inscrits dans
la base de données de l’INCA. Cependant, la recherche suggère qu’il y a un nombre plus élevé
de personnes handicapées visuelles qu’il n’y a de clients inscrits à l’INCA (Elliott, Strong, TrukoloIlic, Pace, Plotkin et Bevers, 1998). Il a été proposé que la base de données de l’INCA contienne
les noms de la majorité des jeunes canadiens aveugles, mais qu’un nombre considérable de
jeunes ayant une basse vision n’y soient pas inscrits. En conséquence, bien que les résultats de
cette étude puissent être généralisés aux jeunes aveugles canadiens, il peut exister des limites
quant à la généralisation que l’on peut en faire au sujet des jeunes ayant une basse vision au
Canada. Une meilleure compréhension des facteurs pouvant influencer l’inscription à l’INCA d’un
jeune ayant une basse vision aiderait à déterminer les faiblesses de la généralisabilité des
conclusions.
Une seconde raison de remettre en question la généralisabilité des conclusions est que, de
plusieurs manières, l’échantillon de l’étude est basé sur une auto-sélection. Bien que les
participants potentiels aient été choisis au hasard à l’intérieur des catégories, il a été très difficile
de communiquer avec les gens car nombre d’entre eux n’étaient pas à la maison et de nombreux
numéros de téléphone n’étaient plus en service. Également, un certain nombre de jeunes qui ont
été appelés avaient un autre handicap ce qui les rendaient inadmissibles à l’étude. Il a été si
difficile de joindre des participants qu’un nombre supplémentaire d’appels au hasard a été effectué
dans certains cas afin d’inclure tous les participants au sein de chaque catégorie. En
conséquence, la majorité des jeunes de la base de données de l’INCA, âgés de 15 à 30 ans
(environ 3000), ont été appelés pour être recrutés. Le fait que nous ayons été en mesure
d’interviewer uniquement 320 jeunes suggère que les participants puissent être différents d’une
certaine façon que d’autres qui ne pouvaient être joints. Par exemple, si les personnes salariées
sont occupées et plus difficiles à joindre, peut-être nos conclusions sont-elles ainsi faussées en
faveur des gens qui n’ont pas un emploi rémunéré.
Une troisième faiblesse quant à la généralisabilité de nos conclusions est la sous-représentation
de notre échantillon de jeunes vivant en région rurale. Certains défis ou obstacles peuvent être
particulièrement pertinents pour ceux qui vivent en région éloignée et auraient par conséquent été
plus évidents dans nos conclusions s’il y avait eu plus de participants de régions rurales. Par
exemple, nous savons à partir de recherche antérieure que l’accès au transport est un problème
central pour les personnes aveugles ou handicapées visuelles. Puisque le transport public est
moins ou pas offert en milieu rural, il serait intéressant d’étudier l’importance de l’effet qu’aurait un
service de transport en commun s’il était offert aux consommateurs en milieu rural.
66
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Une autre faiblesse de cette étude réside dans le fait qu’elle n’incluait pas un groupe témoin
composé de voyants. Tel que mentionné antérieurement, le groupe de personnes voyantes n’a
pas été inclus car, selon nous, un groupe représentatif de jeunes canadiens en général ne pouvait
être constitué à l’intérieur du calendrier d’exécution de cette étude. Au contraire, il a été décidé
d’établir des comparaisons à partir de la culture des jeunes dont il est question dans la
documentation. Bien que certains des éléments de cette culture puissent être trouvés, d’autres
n’étaient pas facilement disponibles pour de nombreuses questions.
Toutefois, une autre faiblesse de l’étude concerne le peu d’échelles normalisées utilisées. Ceci
s’explique en grande partie parce que la documentation ne propose pas d’échelles concernant les
questions spécifiques explorées dans cette étude. Cependant, ceci signifie qu’un certain nombre
de conclusions importantes de l’étude dépendent de corrélations et de comparaisons avec des
éléments uniques. Dans certains cas, des éléments ont été regroupés pour former des échelles
spéciales de façon à accéder plus facilement à un concept en particulier. Par exemple, des
éléments concernant des activités de la vie quotidienne ont été regroupés afin de former l’Échelle
des activités de la vie quotidienne. Bien que ces indices à plusieurs éléments étaient composés
d’éléments conceptuellement semblables, la fiabilité et la validité de ces regroupements
d’éléments n’ont pas fait l’objet de beaucoup de discussion dans les recherches antérieures. Les
chercheurs sont invités à tester cette échelle au cours de recherche future.
La longueur des questionnaires pourrait également être considérée comme une faiblesse de
l’étude. Il est possible que la validité des conclusions ait été compromise à cause du seul nombre
de questions posées. Cependant, contrairement à beaucoup de recherches, les sujets dont il était
question dans l’enquête étaient très pertinents à la vie des jeunes et par conséquent les
participants de cette étude ont semblé très intéressés d’un bout à l’autre. Également, les résultats
d’un programme d’évaluation ont indiqué que les participants n’ont en effet pas trouvé que
l’enquête était trop longue. En conséquence, malgré la longueur des questionnaires, il est
probable que les conclusions sont valides.
Enfin, une dernière faiblesse se rapporte au nombre approximatif de 40 journaux de l’emploi du
temps seulement, ce qui fait que l’efficacité statistique pour comparer les groupes de jeunes
aveugles et de jeunes ayant une basse vision n’était pas suffisante pour détecter des différences
entre les groupes. Par conséquent, notre conclusion, affirmant que ces groupes étaient différents
uniquement en termes de leur participation relative aux activités de loisirs passives pourrait
refléter la taille de l’échantillon plutôt que la réalité.
Du point de vue de la logistique de la recherche, les recherches futures pourraient certainement
profiter de logiciels d’entrée de données électroniques de façon à réduire le temps consacré à la
cueillette et à l’entrée des données et permettre également aux participants de remplir le
questionnaire électroniquement. Permettre aux participants de remplir le questionnaire dans leur
temps libre nous aurait permis de joindre des participants qui ont des vies occupées et qui n’ont
pas le temps d’être interviewés. En utilisant un seul formulaire électronique rempli (par
l’interviewer ou par le participant) aiderait à augmenter le niveau de précision en éliminant l’étape
du transfert des données du questionnaire sur papier à la base de données.
67
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
Recherche future
La recherche future pourrait explorer plus en détail les sujets identifiés dans le cadre des modes
de vie. À cause de l’étendue de l’étude, il ne nous était pas possible d’approfondir certains
thèmes. Par exemple, aux questions concernant le transport, nous avons demandé aux jeunes de
nous dire comment ils se déplaçaient vers un certain nombre d’endroits dans la communauté.
Leurs réponses, cependant, ont laissé un élément de vague quant à savoir s’ils étaient
accompagnés au cours de ces déplacements ou si l’accompagnement était nécessaire. Les
questions de transport et leurs implications dans la vie sociale, l’emploi et l’éducation
constitueraient des sujets intéressants pour la recherche future.
Certaines autres conclusions de cette étude méritent également une étude plus poussée. Par
exemple, des résultats suggèrent que les attentes des parents quant à la participation de leurs
enfants aux activités de la vie quotidienne aient une incidence importante sur la participation des
jeunes à de telles activités et sur la probabilité des jeunes d’obtenir un emploi plus tard. La
recherche future pourrait s’orienter spécifiquement sur les mécanismes par lesquels cette relation
se produit. Par exemple, les parents qui encouragent les enfants à participer aux activités de la
vie quotidienne encouragent-ils également leurs enfants à se trouver un emploi? Ou encore, estce à cause de la grande participation des enfants aux activités de la vie quotidienne que ces
derniers sont capables de trouver un emploi et de le garder?
Finalement, la recherche future pourrait explorer la compréhension qu’ont les jeunes du processus
de recherche d’emploi. Tel qu’indiqué dans ce document, même si de nombreux participants ont
déclaré être à la recherche active de travail, bon nombre de ces jeunes consacrent très peu de
temps aux activités de recherche d’emploi et ont fait peu de demandes d’emploi ou pas du tout. Si
la compréhension des jeunes relativement au processus de recherche d’emploi est limitée, ils
profiteraient probablement beaucoup d’orientation professionnelle supplémentaire.
Un aspect important des styles de vie des jeunes dont il n’a pas été question dans cette recherche
est le comportement de santé. Spécifiquement, il serait intéressant de déterminer dans une
recherche future dans quelle mesure les jeunes handicapés visuels portent atteinte à leur santé
par leur comportement (en fumant, buvant, en faisant usage de drogues ou en ayant des
pratiques sexuelles à risque) et dans quelle mesure ils participent à des activités physiques.
CONCLUSION
De façon générale, nos conclusions ont établi un soutien important au modèle d’information
scolaire et professionnelle proposé par Dr Karen Wolffe. Bien qu’il soit important d’utiliser ces
conclusions avec prudence et de ne pas les surinterpréter, notre conclusion générale est que les
jeunes aveugles et les jeunes ayant une basse vision doivent recevoir très tôt une importante
formation dirigée concernant les activités de la vie quotidienne et l’initiation à la vie professionnelle
afin de leur fournir de façon efficace les habiletés et les connaissances nécessaires au monde du
travail.
Les politiques de transport public doivent être étudiées de près afin de mieux répondre aux
besoins des personnes qui en dépendraient si le service leur était offert et s’il était accessible,
particulièrement dans les petites villes et les collectivités rurales. Des études plus poussées sont
nécessaires concernant les relations d’amitié et les relations sociales afin de déterminer si
68
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
l’augmentation de l’activité en ligne a une incidence (positive ou négative) sur la vie sociale des
jeunes handicapés visuels. Dans le domaine de l’emploi, il est clair que les aménagements du lieu
de travail sont très importants pour les jeunes et doivent être améliorés. Les conclusions de la
présente étude ont des répercussions sur les fournisseurs de services d’aides à l’emploi. En
étudiant l’« inclusion », nous devons examiner tous les domaines de la vie des jeunes et, en ayant
demandé aux jeunes eux-mêmes de participer à cette étude, celle-ci offre une meilleure
perspective des quatre domaines d’importance dans la vie des Canadiens. Enfin, nous avons été
très surpris du très grand optimisme chez les jeunes participants à l’étude. Voici le mot de la fin
d’un jeune ayant une déficience visuelle totale. Cette citation est indicative du degré de confiance
que nous souhaitons voir chez un nombre grandissant de jeunes au fur et à mesure que le
modèle d’information scolaire et professionnelle sera adopté par les parents et les fournisseurs de
services.
Je suis tellement fier parce que je peux presque tout faire moi-même. Je peux
habituellement trouver une façon de faire ce que je veux, je n’ai habituellement
pas à me freiner si je veux faire quelque chose qui m’intéresse... Je suppose
que je suis fier de pouvoir trouver une solution chaque fois qu’une personne me
dit que je ne peux pas faire quelque chose.
69
La situation des jeunes canadiens aveugles et ayant une basse vision
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