Comment voir ses foulées - La relation cheval cavalier

Transcription

Comment voir ses foulées - La relation cheval cavalier
Entraînement
Entraînement
sur le plat
à l’obstacle
• Rêne de filet entre le pouce et l’index passant dans la
paume de la main et sortant en dessous de l’auriculaire
(main fermée).
Comment voir ses foulées ?
Savoir évaluer le nombre de foulées qu’il reste à parcourir avant l’obstacle permet de pouvoir ajuster
ses actions pour obtenir un bon saut. Cette faculté ne s’acquiert pas du jour au lendemain. Elle se travaille. Voici quelques conseils et exercices pour mieux visualiser ses abords.
par Nicolas Sanson, photos Catherine Sanson
Cette tenue de rêne va d’une part favoriser le contact franc
et permanent recherché avec le mors de filet et d’autre part
vous obliger à un mouvement de main plus prononcé donc
plus conscient pour agir sur la bride. Cette technique en
séparant clairement les deux rênes engendre une meilleure
compréhension de l’action distincte des deux mors.
Tenue de rêne la plus courante.
Montez au départ avec un mors de
bride sans gourmette. Vos erreurs
ne porteront pas à conséquence.
Exercice n°7 : séparez les rênes à deux endroits
possible vous allez prendre par exemple vos deux rênes de
filet dans la main droite et les deux rênes de bride dans la
main gauche. Votre objectif sera de maintenir un contact
permanent avec les rênes de filet et discontinu avec la
bride en fonction des besoins de légèreté et de contrôle.
Par exemple, si vous trouvez que votre cheval s’appuie ou
est trop dur dans sa bouche, agissez sur le mors de bride.
Dès qu’il s’allège, cédez.
Exercice n°4 : montez avec un mors de bride sans gourmette
Dans cet exercice et le suivant vous allez pouvoir tenir vos
rênes classiquement (voir photo ci-dessus). L’absence de
gourmette limitera la dureté de l’embouchure et ainsi vos
erreurs ne porteront pas à conséquence. Votre objectif sera
de maintenir un contact permanent avec le filet et de vous
amuser à ajuster et relâcher les rênes de bride à volonté.
Vous pourrez également vous entraîner à rallonger et
raccourcir l’ensemble des rênes. Avec certains chevaux, le
simple fait d’avoir deux mors dans la bouche apporte une
décontraction et un contrôle supérieur. En effet, le poids
des deux embouchures et leur volume peuvent susciter le
relâchement de la mâchoire et de la nuque.
Exercice n°5 : montez avec deux mors de filet
Cet exercice est une variante de l’exercice n°4. Certains
cavaliers le considèrent comme une étape avant l’utilisation de la bride dans le dressage de leur monture. À noter :
le deuxième mors de filet qui remplace le mors de bride
doit être placé plus haut que ce dernier.
Exercice n°6 : tenez les rênes « à la française »
• Rêne de bride sous l’auriculaire passant dans la paume
de la main et sortant en dessous du pouce (main fermée).
30 Cavalière#30
La tenue de rêne la plus classique sépare de chaque côté
la rêne de bride et la rêne de filet par l’auriculaire ou l’annulaire. Dans cette méthode il vous suffit d’ajouter une
séparation avec l’index de chaque main. Pour relâcher
rapidement les rênes de bride il vous suffira en gardant le
pouce et l’index fermés d’ouvrir tous les autres doigts.
O
n s’imagine souvent que le meilleur cavalier est celui qui voit ses foulées le plus
loin. On associe d’ailleurs à tort cette
faculté à un 6e sens. En réalité, le cavalier
commence sans le savoir, son apprentissage de la visualisation dès qu’il saute son premier obstacle.
Ensuite cette habileté va s’affiner au fil des années en parallèle des sensations de la locomotion de son cheval.
Visualiser c’est quoi ?
Visualiser, c’est apprécier la distance qui reste à parcourir en nombre de foulées entre l’emplacement où l’on se
situe et l’obstacle à sauter. Cette capacité à visualiser une
distance, nous l’avons acquise comme piéton depuis bien
longtemps. Par exemple, nous savons facilement lever le
pied au bon moment pour monter sur un trottoir. Or,
en équitation, nous avons toujours cette capacité visuelle
mais ce n’est pas nous qui nous déplaçons vers l’obstacle,
mais notre cheval. Et ça change tout ! Visualiser n’est plus
simplement deviner le nombre de foulées mais également
ressentir ces foulées et intervenir sur elles comme si c’était
les nôtres.
Sérénité, équilibre et régularité
La peur de ne pas voir sa foulée - c’est-à-dire de savoir à
quel moment le cheval va « décoller » - devient vite un
cercle vicieux : plus je stresse moins je vois mes foulées,
moins je vois mes foulées plus je stresse.
La zone d’abord engendre alors des actions heurtées, des
déséquilibres, des désaccords au niveau des aides. Ces
comportements parasites sont la première source de difficultés pour vous et pour votre cheval. Plus vous serez
calme et équilibrée, plus il vous sera facile d’évaluer le
nombre de foulées qu’il vous reste à parcourir et d’ajuster
vos actions pour obtenir un saut correct (en demandant à
votre monture d’allonger ou de réduire sa foulée). Cheval
et cavalière, vous avez besoin de repères stables pour vous
situer dans l’espace et dans le temps. Lorsque la vitesse est
suffisante et constante, votre cheval et vous-même feront
moins d’erreur d’appréciation.
« La meilleure façon de voir
est de ne pas regarder »
Pendant longtemps, « les trucs » pour voir ses foulées
étaient de se focaliser sur le haut de l’obstacle ou sur le pied
en fonction du profil. Beaucoup de cavaliers regardent systématiquement par terre ou fixent le bas de l’obstacle. La
perception périphérique de Sally Swift (Équitation centrée,
éditions Belin, 2011) ou encore la vision panoramique de
Michel Robert (Secrets et méthode d’un grand champion,
éditions Arthésis communication, 2003) prônent l’inverse. Il s’agit de ne pas focaliser sur l’obstacle directement
comme point de mire mais sur un point qui se situe toujours plus loin et plus haut que l’obstacle à franchir. Plus
simplement, vous devez être capable de voir (dans votre
vision périphérique) l’obstacle tout en regardant (dans
votre vision focale ou centrale) un autre repère plus loin
et plus haut. Dans d’autres sports, cela s’appelle « déverrouiller le regard » sur une autre cible. Je vois l’obstacle
arriver sur moi mais mon regard ne se « verrouille »
Cavalière#30 31
Entraînement
à l’obstacle
À gauche : regard verrouillé
sur l’obstacle. À droite : regard
déverrouillé vers une cible au loin
Un entraÎnement avec
Nicolas Sanson, écuyer du
Cadre Noir et auteur de
35 exercices pour
s’entraîner, Éditions Belin.
pas dessus mais sur un autre point au-delà. Cette vision
périphérique est spécialisée dans la perception des mouvements : elle permet de percevoir la vitesse de son déplacement et la position de son corps.
Pour tous les exercices qui suivent, pratiquez cette technique de visualisation, vous allez augmenter votre sérénité
en améliorant la coordination entre vos yeux et les autres
parties de votre corps. Vous resterez beaucoup plus réceptive aux sensations de la locomotion.
Exercice 1 : laissez les obstacles venir vers vous et expirez
Réalisez le même exercice juste en sortie de tournant. Au
lieu d’arriver de loin en ligne droite, vous commencez par
effectuer un grand cercle au galop autour de l’obstacle et
des barres. Partez du dispositif avec les deux repères à 12
mètres soit 3 foulées. Une fois bien installée sur le cercle,
vous tournez et aussitôt en ligne droite vous montez vos
trois foulées.
Exercice 6 : sautez des obstacles très « appelés »
ou des triples barres
Triples barres ou barres de spa.
Enchaînez un parcours de triples barres (barres de Spa)
ou d’obstacles appelés. Les profils inclinés vont vous
apprendre à monter dans le mouvement en avant (avec
un cheval dans l’impulsion sur des foulées amples et croissantes) et à trouver des abords réguliers. En effet, si sur un
profil vertical, tous les types d’abords sont possibles (battue d’appel près ou loin de l’obstacle), sur les profils inclinés, compte tenu de l’effort à fournir (saut en largeur), le
cheval s’apercevra très vite qu’il est beaucoup plus facile de
prendre sa battue d’appel près de l’obstacle, en avançant.
Les plans inclinés vont inciter naturellement votre cheval à
se rapprocher des obstacles et à produire le même type de
saut à chaque passage.
Exercice 4 : sautez sur le cercle et jouez sur le diamètre
pour trouver une distance juste
Pour compléter la méthode du « voir sans regarder », imaginez que ce sont les obstacles qui viennent à vous et non
le contraire et expirez dès que vous entrez dans la zone
d’abord. Cette technique va contribuer à augmenter votre
sérénité et le contrôle de votre dos et de votre tête qui souvent ont tendance à précéder le cheval lors du saut dès la
zone d’abord.
Exercice 2 : sautez des obstacles pré-réglés
Exercice 2 : sautez des obstacles
avec une petite croix placée à
environ 15 m devant, pour faire
quatre foulées entre les deux. Vous
allez ainsi affiner vos sensations.
« louper » lors des premiers passages mais ensuite, vous
allez instinctivement trouver le bon moment pour partir
au galop avec une « bonne foulée » à l’arrivée !
Un obstacle très « appelé ».
Vous allez sauter des obstacles en plaçant systématiquement une petite croix devant à environ 15 mètres pour
effectuer 4 foulées régulières entre les deux. Enchaînez
un parcours simple de 3 obstacles avec cette petite croix
devant chaque. Répétez afin de « gymnastiquer » votre
regard et vos sensations de locomotion régulière sur 4
foulées.
Exercice 3 : placez des repères pour « photographier »
la zone d’abord
pubCA108*143_03_11 28/03/11 11:06 Page1
C’est en agrandissant ou en rétrécissant la volte que vous
allez réussir à « tomber juste ». Vous conservez la même
amplitude de galop mais vous variez le tracé en fonction
de la distance qu’il vous reste à parcourir. Si vous estimez
que votre cheval part de trop loin, serrez la volte, s’il est
trop près, évasez. Cette visualisation en courbe est souvent
plus facile car, comme nous venons de le voir, vous pouvez jouer sur le diamètre et votre cheval sera plus engagé
et équilibré qu’en ligne droite. Pratiquez cet exercice dans
toutes vos détentes sur de petits obstacles jusqu’à vous sentir en harmonie avec votre cheval et 100 % sûr de votre
battue d’appel.
Exercice 5 : partez au galop dans la zone d’abord
V OYA G E S
Placer des repères permet de mieux
« photographier » la zone d’abord.
32 Cavalière#30
Vous allez maintenant retirer les petits obstacles de régalage et les remplacer par des barres parallèles entre lesquelles vous passerez pour vous servir de repère visuel.
À 9, 12 ou 15 mètres vous placerez respectivement 2, 3 ou 4
foulées avant le saut (calculez la distance à partir de l’extrémité des barres et commencez à compter dès la première
foulée après le passage entre les barres). Ces distances peuvent varier de ±1 mètre en fonction de votre cheval et de
vos objectifs d’encadrement. La course d’élan est une donnée essentielle dans la réussite d’un saut. Ces repères avant
le saut vont vous aider à préparer un franchissement correct grâce à une bonne visualisation et à la régularité des
foulées. Lorsque vous serez au milieu du couloir de barre,
vous pourrez orienter toute votre attention sur le nombre
et la qualité des foulées qu’il vous reste à réaliser avant le
saut.
E T
T R A D I T I O N S
É Q U E S T R E S
Plus de 100 destinations équestres
en France et dans le monde entier
Placez deux barres parallèles à 15 mètres d’un obstacle,
entrez au trot ou au pas dans les barres et ensuite partez
au galop pour sauter l’obstacle. Cet exercice va d’une part
vous obliger à avoir un cheval obéissant, en avant et droit
et d’autre part à prendre une décision quant à la battue
d’appel. En effet, c’est vous qui allez décider à quelle distance de l’obstacle vous prenez le galop pour aller sauter dans de bonnes conditions. Vous allez peut-être vous
Commandez gratuitement
le Guide du Voyage à Cheval
au 04 72 53 72 10
ou [email protected]
www.cheval-daventure.com
Abord d’un spa.