Améliorer les médicaments pour enfants au Canada
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Améliorer les médicaments pour enfants au Canada
Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Le comité d’experts sur les produits thérapeutiques pour les nourrissons, les enfants et les adolescents Le savoir au service du public AMÉLIORER LES MÉDICAMENTS POUR ENFANTS AU CANADA Le comité d’experts sur les produits thérapeutiques pour les nourrissons, les enfants et les adolescents ii Améliorer les médicaments pour enfants au Canada LE CONSEIL DES ACADÉMIES CANADIENNES 180, rue Elgin, bureau 1401, Ottawa (Ontario) Canada K2P 2K3 Avis : Le projet sur lequel porte ce rapport a été entrepris avec l’approbation du conseil des gouverneurs du Conseil des académies canadiennes (CAC). Les membres du conseil des gouverneurs sont issus de la Société royale du Canada (SRC), de l’Académie canadienne du génie (ACG) et de l’Académie canadienne des sciences de la santé (ACSS), ainsi que du grand public. Les membres du comité d’experts responsable du rapport ont été choisis par le CAC en raison de leurs compétences spécifiques et dans le but d’obtenir un éventail équilibré de points de vue. Ce rapport a été préparé pour le gouvernement du Canada en réponse à la demande du ministre de la Santé. Les opinions, constatations et conclusions présentées dans cette publication sont celles des auteurs, à savoir les membres du comité d’experts sur les produits thérapeutiques pour les nourrissons, les enfants et les adolescents, et ne reflètent pas nécessairement les points de vue des organisations où ils travaillent ou auxquelles ils sont affiliés. Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada Améliorer les médicaments pour enfants au Canada / Le Comité d’experts sur les produits thérapeutiques destinés aux nourrissons, aux enfants et aux adolescents. Publié aussi en anglais sous le titre : Improving medicines for children in Canada. Comprend des références bibliographiques et un index. Publié en formats imprimé(s) et électronique(s). ISBN 978-1-926558-87-5 (relié).--ISBN 978-1-926558-88-2 (pdf) 1. Pharmacologie pédiatrique. 2. Pharmacologie pédiatrique--Canada. 3. Médicaments-Effets physiologiques. I. Conseil des académies canadiennes. Comité d’experts sur les produits thérapeutiques destinés aux nourrissons, aux enfants et aux adolescents auteur RJ560.I6714 2014 615.1083 C2014-904319-8 C2014-904320-1 Ce rapport peut être cité comme suit : Conseil des académies canadiennes, 2014. Améliorer les médicaments pour enfants au Canada. Ottawa, ON : Le comité d’experts sur les produits thérapeutiques pour les nourrissons, les enfants et les adolescents, Conseil des académies canadiennes. Avis de non-responsabilité : Au meilleur de la connaissance du CAC, les données et les informations tirées d’Internet qui figurent dans le présent rapport étaient exactes à la date de publication du rapport. En raison de la nature dynamique d’Internet, des ressources gratuites et accessibles au public peuvent subséquemment faire l’objet de restrictions ou de frais d’accès, et l’emplacement des éléments d’information peut changer lorsque les menus et les pages Web sont modifiés. © 2014 Conseil des académies canadiennes Imprimé à Ottawa, Canada Cette évaluation a été rendue possible grâce au soutien du gouvernement du Canada. Le Conseil des académies canadiennes iii Le Conseil des académies canadiennes Le savoir au service du public Le Conseil des académies canadiennes (CAC) est un organisme indépendant à but non lucratif qui soutient des évaluations spécialisées indépendantes, étayées scientifiquement et faisant autorité, qui alimentent l’élaboration de politiques publiques au Canada. Dirigé par un conseil de 12 gouverneurs et conseillé par un comité consultatif scientifique de 16 membres, le CAC a pour champ d’action la « science » au sens large, ce qui englobe les sciences naturelles, les sciences humaines et sociales, les sciences de la santé, le génie et les lettres. Les évaluations du CAC sont effectuées par des comités pluridisciplinaires indépendants d’experts provenant du Canada et de l’étranger. Ces évaluations visent à cerner des problèmes nouveaux, des lacunes de nos connaissances, les atouts du Canada, ainsi que les tendances et les pratiques internationales. Ces études fournissent aux décideurs gouvernementaux, aux universitaires et aux parties prenantes l’information de grande qualité dont ils ont besoin pour élaborer des politiques publiques éclairées et innovatrices. Tous les rapports d’évaluation du CAC sont soumis à un examen formel. Ils sont publiés en français et en anglais, et mis à la disposition du public sans frais. Des fondations, des organisations non gouvernementales, le secteur privé et tout palier de gouvernement peuvent soumettre au CAC des questions susceptibles de faire l’objet d’une évaluation. Le CAC bénéficie aussi du soutien de ses trois académies membres fondatrices : La Société royale du Canada (SRC) est le principal organisme national regroupant d’éminents scientifiques, chercheurs et gens de lettres au Canada. La SRC a pour objectif premier de promouvoir l’acquisition du savoir et la recherche en arts et en sciences. La Société est composée de près de 2 000 membres, hommes et femmes, choisis par leurs pairs pour leurs réalisations exceptionnelles en sciences naturelles, en sciences sociales, en sciences humaines et dans les arts. La SRC s’attache à reconnaître l’excellence universitaire, à conseiller les gouvernements et les organisations, ainsi qu’à promouvoir la culture canadienne. L’Académie canadienne du génie (ACG) est l’organisme national par l’entremise duquel les ingénieurs les plus chevronnés et expérimentés du Canada offrent au pays des conseils stratégiques sur des enjeux d’importance primordiale. Fondée en 1987, l’ACG est un organisme indépendant, autonome et à but non lucratif. Les membres de l’ACG sont nommés et élus par leurs pairs en reconnaissance de leurs réalisations exceptionnelles et de leurs longs états de service au sein iv Améliorer les médicaments pour enfants au Canada de la profession d’ingénieur. Au nombre d’environ 600, les membres de l’ACG s’engagent à faire en sorte que les connaissances expertes en génie du Canada soient appliquées pour le plus grand bien de tous les Canadiens. L’Académie canadienne des sciences de la santé (ACSS) reconnaît les personnes qui ont à leur actif de grandes réalisations dans le domaine des sciences de la santé au Canada. Fondée en 2004, l’ACSS compte quelque 400 membres et en élit de nouveaux chaque année. L’organisation est dirigée par un conseil d’administration et un comité exécutif bénévoles. La première fonction de l’ACSS consiste à fournir en temps opportun des évaluations éclairées et impartiales sur des questions urgentes qui touchent la santé des Canadiens et des Canadiennes. L’ACSS surveille également les événements mondiaux reliés à la santé, afin d’améliorer l’état de préparation du Canada en la matière, et assure une représentation du pays en sciences de la santé sur le plan international. L’ACSS fait autorité au nom de la collectivité multidisciplinaire des sciences de la santé. www.sciencepourlepublic.ca @scienceadvice Le comité d’experts sur les produits thérapeutiques pour les nourrissons, les enfants et les adolescents v Le comité d’experts sur les produits thérapeutiques pour les nourrissons, les enfants et les adolescents Stuart MacLeod, MACSS, président, professeur de pédiatrie, Faculté de médecine, Université de la Colombie-Britannique (Vancouver, C.-B.) Denise Avard, ancienne directrice de la recherche, Centre de génomique et de politiques; professeure agrégée, Département de génétique humaine, Faculté de médecine, Université McGill (Montréal, Qc) Luis Barreto, conseiller spécial - programme de vaccination, portefeuille Thérapeutiques en santé humaine, Conseil national de recherches Canada; président, Dr Luis Barreto & Associates (Toronto, Ont.) Brian Feldman, chef de rhumatologie et scientifique principal, Child Health Evaluative Science, Hospital for Sick Children; professeur de pédiatrie, et Institute of Health Policy Management and Evaluation, Université de Toronto (Toronto, Ont.) Terry Klassen, MACSS, directeur de la recherche, Manitoba Institute of Child Health (Winnipeg, Man.) David Knoppert, chercheur, Division de la santé et de la thérapeutique pédiatrique, Children’s Health Research Institute (London, Ont.) Michael Kramer, MACSS, MSRC, professeur, Département d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail, et Département de pédiatrie, Faculté de médecine, Université McGill (Montréal, Qc) Catherine Litalien, pédiatre intensiviste et directrice médicale, Unité de pharmacologie clinique du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine (Montréal, Qc) Robert Nelson, éthicien pédiatrique principal/médecin en chef, Bureau de la thérapeutique pédiatrique, FDA (Silver Spring, MD) Martin Offringa, néonatologiste en milieu hospitalier et chercheur principal, Child Health Evaluative Sciences, Hospital for Sick Children; professeur de pédiatrie et Institute of Health Policy Management and Evaluation, Université de Toronto (Toronto, Ont.) Robert Peterson, directeur administratif, Réseau sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments, Instituts de recherche en santé du Canada (Ottawa, Ont.) vi Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Michael Rieder, professeur, Département de pédiatrie, de physiologie et de pharmacologie et de médecine, Université Western (London, Ont.) Agnès Saint-Raymond, chef, Médicaments à usage humain, Domaines spéciaux, Agence européenne des médicaments (Londres, Royaume-Uni) Wendy Ungar, économiste de la santé et chercheuse principale, Child Health Evaluative Sciences, Hospital for Sick Children; professeure agrégée, Institute for Health Policy Management and Evaluation, Université de Toronto (Toronto, Ont.) Message du président vii Message du président Au Canada, les enfants ont souvent été laissés de côté dans la recherche menant à la mise au point de médicaments, les essais thérapeutiques cliniques et la surveillance réglementaire en matière de pharmacologie clinique. Cela s’est traduit par des risques inutiles d’effets nocifs pour les millions d’enfants qui, chaque année, ont besoin de médicaments. Dans l’avenir, l’amélioration des recherches sur cette population cruciale contribuera de manière importante à réduire les inégalités en santé et à améliorer les données probantes qui éclairent la pratique médicale pédiatrique. Au bout du compte, les enfants malades ont besoin de traitements adaptés à leur âge et à leur stade de développement mental et physique. Le comtié d’experts espère que ce rapport alimentera un dialogue continu au Canada et à l’étranger, afin de soutenir le recours à des thérapies validées adaptées à l’âge des patients et de stimuler d’autres recherches essentielles dans ce domaine. Le comité d’experts sur les produits thérapeutiques pour les nourrissons, les enfants et les adolescents apprécie grandement l’occasion qui lui a été offerte d’explorer cette importante question, de même que les intrants et l’assistance dont il a bénéficié tout au long de ses travaux. Plusieurs personnes et organismes ont fourni des conseils et une aide très utiles dès le début de cette évaluation. En particulier, J. Patrick Stewart, directeur exécutif principal intérimaire, Bureau de la directrice générale, Direction des produits thérapeutiques, Santé Canada, et Kendal Weber, directrice générale, Direction des politiques, de la planification et des affaires internationales, Direction générale des produits de santé et des aliments, Santé Canada, ont fourni d’excellents renseignements sur le travail de Santé Canada et des conseils liés aux motivations de cette évaluation. Daniel Keene, évaluateur médical, Bureau des produits biologiques, biotechnologiques et de santé naturels commercialisés, Santé Canada, et Agnes Klein, directrice, Centre d’évaluation des produits radiopharmaceutiques et biothérapeutiques, Direction des produits biologiques et des thérapies génétiques, Santé Canada, ont donné des conseils qui ont contribué à définir la portée des questions de cette évaluation. Le comité tient à remercier Anne Junker, directrice scientifique du Réseau de recherche en santé des enfants et des mères (MICYRN — Maternal Infant Child and Youth Research Network of Canada), qui a fourni des données scientifiques solides et utiles sur l’état de la recherche clinique pédiatrique au Canada et viii Améliorer les médicaments pour enfants au Canada sur les travaux du MICYRN. Le comité apprécie l’information fournie par les associations de soutien aux enfants et aux familles touchés par des troubles qui surviennent au cours de l’enfance. Il exprime en outre sa gratitude aux organismes qui ont fourni de l’information sur les points de vue de l’industrie en matière de recherche-développement de médicaments pour enfants. Ces importantes contributions ont aidé à compléter et à valider les données recueillies par le comité, ainsi qu’à assurer la grande qualité des données probantes présentées dans son rapport final. Le comité tient également à remercier IMS Santé Canada inc., qui a fourni une analyse originale de l’utilisation de médicaments sur ordonnance par les enfants canadiens, afin d’aider à définir le contexte de ce rapport. Enfin, le comité est très reconnaissant envers le personnel du Conseil des académies canadiennes pour son appui exceptionnel tout au long de cette évaluation. Le président du comité d’experts sur les produits thérapeutiques pour les nourrissons, les enfants et les adolescents, Dr Stuart MacLeod, MACSS Personnel responsable du projet au Conseil des académies canadiennes ix Personnel responsable du projet au Conseil des académies canadiennes Équipe de l’évaluation : Andrew Taylor, directeur de programmes Emily Maddocks, associée de recherche Jennifer Basset, associée de recherche Megan Dodd, stagiaire Weronika Zych, coordonnatrice de programmes Andrea Dowdall, coordonnatrice de programmes Avec la participation de : Carolyn Brown, révision du texte anglais Joanna Odrowaz, révision du texte anglais Benoît Thouin, TETRACOMM inc., traduction de l’anglais au français Mary-Christine Thouin, TETRACOMM inc., relecture du texte français Accurate Design & Communication, conception graphique x Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Examen du rapport Ce rapport a été examiné, à l’état d’ébauche, par les personnes mentionnées ci‑dessous. Celles-ci ont été choisies par le Conseil des académies canadiennes pour refléter une diversité de points de vue, de domaines de spécialisation et d’origines, dans les secteurs des établissements universitaires, de l’entreprise privée, des politiques et des organisations non gouvernementales. Ces examinateurs ont évalué l’objectivité et la qualité du rapport. Leurs avis — qui demeureront confidentiels — ont été pleinement pris en considération par le comité d’experts, et un grand nombre de leurs suggestions ont été incorporées dans le rapport. Nous n’avons pas demandé à ces personnes d’approuver les conclusions du rapport, et elles n’ont pas vu la version définitive du rapport avant sa publication. Le comité d’experts qui a effectué l’évaluation et le Conseil des académies canadiennes assument l’entière responsabilité du contenu définitif de ce rapport. Le CAC tient à remercier les personnes suivantes d’avoir bien voulu examiner le rapport : Lesia Babiak, directrice générale, Affaires gouvernementales et politiques, Johnson et Johnson (Canada) inc.; directrice générale, Affaires gouvernementales, Produits médicaux LifeScan Canada (Toronto, Ont.) Daniel K. Benjamin Jr., professeur distingué Kiser-Arena de pédiatrie, Université Duke; professeur-directeur associé, Institut de recherche clinique de l’Université Duke; président, Pediatric Trials Network (Durham, NC) Tammy J. Clifford, vice-présidente, Initiatives stratégiques, et experte scientifique en chef, Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) (Ottawa, Ont.) Susan S. Ellenberg, professeure, Division de la biostatistique, Département de biostatistique et d’épidémiologie, Faculté Perelman de médecine, Université de la Pennsylvanie (Philadelphie, PA) Conrad Fernandez, professeur et chef de la Division d’hématologie-oncologie pédiatrique, Centre de santé IWK, Université Dalhousie (Halifax, N.-É.) William Fraser, MACSS, directeur et professeur, Département de gynécologieobstétrique, Université de Montréal (Montréal, Qc) Examen du rapport xi J. Steven Leeder, titulaire de la chaire Marion-Merrell-Dow/Missouri de pharmacologie clinique pédiatrique; directeur, Division de pharmacologie clinique, toxicologie et innovation thérapeutique, Département de pédiatrie, Children’s Mercy Kansas City et Université du Missouri à Kansas City (Kansas City, MO) Murray M. Lumpkin, sous-directeur, Affaires réglementaires, Fondation Bill-et-Melinda-Gates (Seattle, WA) Nathalie Seigneuret, gestionnaire principale de projets scientifiques, Initiative pour les médicaments innovants (IMI) (Bruxelles, Belgique) Stephen P. Spielberg, rédacteur en chef, Therapeutic Innovation and Regulatory Science, revue officielle de la DIA (Drug Information Association — Association pour l’information sur les médicaments) (Horsham, PA) John van den Anker, chef, Pharmacologie, Système national de santé pour les enfants (Washington, DC) Sunita Vohra, MACSS, professeure, Département de pédiatrie, Faculté de médecine et dentisterie et École de santé publique, Université de l’Alberta (Edmonton, Alb.) La procédure d’examen du rapport a été supervisée, au nom du conseil des gouverneurs et du comité consultatif scientifique du CAC, par Judith G. Hall, O.C., MSRC, MACSS, professeure émérite de pédiatrie et de génétique médicales, Université de la Colombie-Britannique. Son rôle était de veiller à ce que le comité d’experts prenne en considération de façon entière et équitable les avis des examinateurs. Le conseil des gouverneurs du CAC n’autorise la publication du rapport d’un comité d’experts qu’une fois que la personne chargée de superviser l’examen du rapport confirme que le rapport satisfait bien aux exigences du CAC. Le CAC remercie Mme Hall d’avoir supervisé consciencieusement l’examen du rapport. La présidente-directrice générale du Conseil des académies canadiennes, Elizabeth Dowdeswell, O.C. xii Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Sommaire Conscient de l’importance de mettre au point des médicaments sûrs et efficaces conçus spécifiquement pour les enfants, le ministre de la Santé, au nom de Santé Canada, a demandé au Conseil des académies canadiennes (CAC) d’effectuer une évaluation, fondée sur des données probantes et faisant autorité, sur l’état de la recherche et de la réglementation conduisant à l’approbation de produits thérapeutiques pour les enfants, au Canada et à l’étranger. Plus précisément, cette évaluation vise à répondre aux questions suivantes : Quel est l’état actuel des connaissances en pharmacologie clinique, au Canada et à l’étranger, qui peuvent servir à la mise au point éthique de produits pharmaceutiques et biologiques sûrs et efficaces, déclarés comme traitements destinés aux nourrissons, aux enfants et aux adolescents? • Comment le développement de l’être humain, de la naissance à l’adolescence, affecte-t-il la pharmacologie clinique et donc éclaire-t-il les études sur les médicaments pédiatriques? • Quelles sont les pratiques exemplaires à adopter pour mener de manière éthique des études scientifiquement solides mais adaptées visant à confirmer l’innocuité et l’efficacité de médicaments pour les nourrissons, les enfants et les adolescents? • Lorsque la participation de nourrissons, d’enfants et d’adolescents à des études sur des médicaments n’est pas possible, quelles sont les pratiques exemplaires à adopter pour confirmer l’innocuité et l’efficacité de médicaments chez ces populations? • Quels atouts du Canada lui permettent de contribuer aux efforts mondiaux de pharmacovigilance quant aux médicaments qui peuvent être bénéfiques aux nourrissons, aux enfants et aux adolescents? Pour répondre à ces questions, le CAC a formé un comité pluridisciplinaire de 14 experts canadiens et étrangers. La composition du comité d’experts reflète un équilibre de compétences, d’expérience et d’influence prouvée dans les milieux universitaires et cliniques, l’industrie pharmaceutique, le domaine de la réglementation et les disciplines médicales. Chacun des membres du Sommaire xiii comité a siégé à titre de personne informée plutôt que comme représentant d’une discipline, d’un bailleur de fonds, d’un organisme, d’une région ou d’un ensemble donné de valeurs. Après avoir examiné l’état actuel des données probantes, le comité a fait cinq constatations importantes qui répondent au mandat confié par Santé Canada. Voici un résumé de ces conclusions, qui font l’objet d’une discussion plus élaborée dans le rapport complet du comité. 1 . LE S ENFANT S P RE NNE NT DE S MÉDIC AMENTS, DONT U N G R A ND NOM BR E N’ONT PAS FAIT LA PR EU V E DE LEU R I N N O CU I T É E T DE L E U R E F F I CAC ITÉ POU R L’U SAGE A UQ U E L I L S S ONT DE S T I NÉ S . L’utilisation de médicaments chez les enfants canadiens est chose courante. Chaque année, environ la moitié des nourrissons, des enfants et des adolescents canadiens prennent au moins un médicament sur ordonnance. Il s’agit souvent de médicaments courants tels que des antibiotiques, mais des enfants ont aussi besoin de médicaments pour traiter des affections rares, graves et multiples. Il manque de données publiquement accessibles sur l’utilisation par les enfants de médicaments, qu’ils soient sur ordonnance ou en vente libre, de sorte que toute discussion sur cette question est forcément imprécise. Quoi qu’il en soit, le besoin de médicaments pour les enfants ne fait aucun doute. Mais peu de médicaments disponibles au Canada sont homologués pour des enfants. Les fabricants ne sont pas obligés de produire et ne fournissent pas de données sur l’innocuité et l’efficacité de médicaments chez les enfants. Santé Canada peut demander à un fabricant de remettre les résultats de telles études, mais il ne peut pas en faire une obligation. Lorsqu’il n’y a pas assez de données, l’étiquette et l’information posologique indiquent que les données probantes sont insuffisantes pour utiliser le médicament. Par conséquent, la plupart des médicaments administrés à des enfants le sont d’une manière non conforme (en dérogation aux directives de l’étiquette), sans examen réglementaire des données sur leur innocuité et leur efficacité, et sans indication des doses, des formes et des formules appropriées. Dans certains cas, aucune étude démontrant l’innocuité et l’efficacité de médicaments chez les enfants n’a été effectuée. Mais dans d’autres cas, de telles études ont été effectuées à l’étranger ou pour des fins de publication, mais les résultats de ces études ne sont pas présentés dans le cadre du processus d’approbation des médicaments au Canada. Il se peut dont que l’information existe, mais qu’elle ne soit pas exploitée pour la santé des enfants canadiens. xiv 2. Améliorer les médicaments pour enfants au Canada LE S E N FA N T S RÉ AGI S S E NT AU X M É D IC AMENTS D I FFÉ R E M M E NT DE S ADU LT E S ; L E S MÉDIC AMENTS D O I VE N T D O NC FAI R E L’OB JE T D’É T U DES C H EZ LES E N FA N TS E T Ê T RE F OR M U L É S P OU R L ES ENFANTS. La réaction des enfants aux médicaments est différente de celle des adultes et varie aussi d’un enfant à l’autre. D’importants changements liés au développement, en particulier jusqu’à l’âge d’un an, ont des effets sur la manière dont l’organisme des enfants réagit aux médicaments et sur la manière dont les médicaments affectent leur organisme. Pour produire des données probantes largement utilisables, la recherche sur les médicaments doit tenir compte de cette variabilité. Les médicaments pour enfants doivent être étudiés sur des enfants, dans les groupes susceptibles d’utiliser ces médicaments, sous des formes et selon des formules en fonction de l’âge qui permettent de les administrer avec précision et d’une manière acceptable. L’information sur le développement de l’être humain et la pharmacologie clinique chez les enfants peut éclairer les études sur les médicaments pédiatriques selon plusieurs avenues : • Le scénario idéal pour le traitement d’enfants fait intervenir des formes et formules disponibles dans le commerce, adaptées à l’âge des patients et dont la biodisponibilité est connue. En l’absence de telles formules, des conseils sur les modifications appropriées amélioreraient l’innocuité et l’efficacité des médicaments. Des recettes précises, détaillées, normalisées et fondées sur des données probantes de formules extemporanées devraient être fournies. • Une ressource pancanadienne de prescription, par exemple une liste de médicaments, pourrait guider les prescripteurs en leur fournissant des normes claires d’administration de médicaments à des enfants. Une telle ressource devrait être exhaustive, spécifique aux enfants, à jour et accessible dans tout le pays; elle pourrait améliorer la constance et l’exactitude de l’utilisation réelle des médicaments. • La collaboration pourrait favoriser la documentation, la diffusion et la synthèse des connaissances disponibles, afin de maximiser l’exploitation de l’information existante et de réduire la duplication d’efforts et le fardeau des recherches futures. Des réseaux pourraient en outre permettre d’appliquer en milieu clinique des connaissances pédiatriques spécifiques, afin d’éclairer les décisions en matière de prescription. • Un programme coordonné entre secteurs serait bénéfique pour orienter des efforts à grande échelle et concertés, liés à la pharmacologie clinique pédiatrique; ces efforts pourraient comprendre des études menées par plusieurs centres et l’élaboration par des réseaux de recherche de données probantes variées. Sommaire 3 . xv I L E ST T OU J OU RS P OS S I B L E D ’ÉTU DIER LES M É D I CAM E NT S S U R DE S E NFA NTS, ET C ELA E S T DANS L E U R M E I L L E U R I NTÉR ÊT. L’hypothèse selon laquelle les enfants devraient être protégés de la recherche est mal fondée. Les enfants devraient être protégés grâce à la recherche. Malgré les nombreux défis posés par la recherche sur des enfants, divers protocoles et méthodes sont de plus en plus reconnus comme éthiques et scientifiquement solides. Il est toujours faisable et souhaitable de démontrer l’innocuité et l’efficacité d’un médicament par des études sur des enfants. On reconnaît maintenant à l’échelle mondiale que la communauté médicale, l’industrie pharmaceutique et les organismes de réglementation ont une responsabilité éthique de concevoir, mener et rapporter des études de grande qualité sur des médicaments administrés aux enfants. Même s’ils ne sont pas toujours bien compris par les chercheurs et les organismes de réglementation, de nombreux types d’études sont possibles et appropriés à la recherche pédiatrique. Par exemple, les essais cliniques peuvent être modifiés pour surmonter certains problèmes liés aux jeunes populations et la réticence à utiliser des placebos. L’opportunité de diverses méthodes varie selon les objectifs de l’étude, les données disponibles et l’accumulation de données probantes. Les recherches menées avec des enfants sur des médicaments obligent les chercheurs et les organismes de réglementation à être ouverts et souples dans la conception de leurs études. Cela exige une culture qui appuie les recherches sur l’innocuité et l’efficacité de médicaments pédiatriques ainsi que des échanges utiles entre ceux qui font des recherches et ceux qui les utilisent : • Les chercheurs et les organismes de réglementation pourraient entretenir un dialogue ouvert sur des types d’études réalisables par les chercheurs et acceptables en vue de l’homologation de médicaments destinés à un usage pédiatrique. Les organismes de réglementation peuvent ensuite enrichir cette compréhension commune en fournissant des conseils concrets sur des situations où d’autres études peuvent être considérées comme probantes et en encourageant le recours à de telles études par les chercheurs. Cela permettrait aux deux parties d’acquérir davantage d’expérience de ces méthodes. • Les conseils fournis par les organismes de réglementation pourraient encourager la recherche pédiatrique dans des voies nouvelles réalisant un équilibre entre la faisabilité, la qualité des données et les besoins des enfants. Lors de l’examen et de l’homologation de médicaments pour enfants, le moment des études (p. ex. une étude préalable à la commercialisation est-elle nécessaire, ou une étude postcommercialisation serait-elle plus appropriée?) et la disponibilité de données probantes sont deux éléments importants. xvi Améliorer les médicaments pour enfants au Canada La consignation de données spécifiquement pédiatriques et leur disponibilité en libre accès dans des bases de données sur la santé et sur les effets indésirables sont cruciales pour soutenir les recherches futures. 4. A UX É TATS - U NI S E T DANS L’U NI ON EU R OPÉENNE, LA R E C HE R C HE S U R DE S M É DI CAM E NT S PÉDIATR IQU ES E S T E N C O URAGÉ E , OB L I GAT OI R E E T SU R V EILLÉE SELON D E S M O D A L I T É S QU I C ONS T I T U E NT DES LEÇ ONS U TILES P O UR LE C ANADA. Au Canada, une mesure réglementaire incitative encourageant les fabricants à présenter des données sur l’usage pédiatrique de médicaments a connu un succès limité. C’est un domaine où le Canada pourrait tirer parti des expériences d’autres organismes de réglementation, afin de créer des politiques pour le bénéfice de la santé des enfants. Cependant, toute politique doit tenir compte du contexte propre au Canada, des points forts et des limites du cadre actuel, ainsi que du besoin d’une réponse adaptée. Aujourd’hui, Santé Canada peut demander à un fabricant de remettre des données pédiatriques ou de faire une demande d’indication pédiatrique, mais il ne peut pas en faire une obligation. Pour cette raison, il arrive souvent que Santé Canada ne prenne pas connaissance de données qui permettraient d’approuver l’utilisation de médicaments chez les enfants canadiens. Par contre, dans d’autres pays, les fabricants remettent aux organismes de réglementation des données sur l’innocuité et l’efficacité de médicaments pédiatriques, que ce soit en raison d’exigences réglementaires ou en réponse à des mesures incitatives. Souvent, les mêmes données pourraient servir à un examen réglementaire au Canada, mais elles ne sont tout simplement pas présentées. Cela signifie que les enfants canadiens ne peuvent pas profiter d’études soumises ailleurs et peuvent même faire face à des risques accrus d’effets nocifs. Si les fabricants présentaient les données existantes et que les organismes de réglementation s’en servaient, il y aurait davantage de médicaments sûrs et efficaces disponibles pour les enfants au Canada. Les enfants bénéficieraient d’un référentiel de données probantes sur les médicaments, appuyé par une réglementation, des normes éthiques, des mesures incitatives et une infrastructure appropriées. Par exemple : • Au Canada, il n’y a aucun référentiel ou source centralisée d’information sur l’innocuité, l’efficacité et l’acceptabilité des formes et formules médicamenteuses pour enfants. Des travaux sont toutefois en cours à l’échelle internationale pour obtenir des données claires et transposables sur les excipients, la palatabilité, les dispositifs d’administration, la dispensation des Sommaire xvii médicaments et les formules adaptées à l’âge. De nombreuses possibilités s’offrent au Canada de se joindre à ces efforts internationaux afin qu’au bout du compte, les enfants reçoivent en temps voulu des doses exactes et bien administrées de médicaments. Beaucoup de ces initiatives sont des partenariats inédits regroupant des universités, des milieux cliniques, des entreprises et des organismes de réglementation. La collaboration entre secteurs et les échanges d’information sont importants pour améliorer l’innocuité et l’efficacité des médicaments pour enfants. • Des mécanismes exigeant effectivement des études sur l’emploi non conforme de médicaments aideraient à obtenir des données sur l’utilisation de médicaments en pédiatrie. De tels mécanismes pourraient compléter une démarche plus dynamique de la mise au point et de la surveillance de médicaments, avec une meilleure intégration de données précommercialisation et postcommercialisation sur leur innocuité. Des études pré-homologation sur des enfants appuieraient le suivi post-homologation en permettant de détecter de possibles effets indésirables à surveiller de manière continue. L’utilisation de base de données compatibles conçues pour contenir des données pédiatriques permettrait d’établir de meilleurs liens entre les données existantes. L’intégration des données contribuerait à une surveillance constante des signaux de sécurité provenant de diverses sources. 5 . LA R ECH E RC H E S U R L E S M É DIC AMENTS PÉDIATR IQU ES C O N S T I T U E U N AT OU T DU CANADA, MAIS ELLE DOIT Ê TR E RE NF OR CÉ E E T B É NÉ F I CIER D’U NE C APAC ITÉ ET D ’ I N F RAS T R U C T U R E S DU R ABLES POU R R ÉALISER SON P LE I N P OT E NT I E L . L’un des atouts du Canada réside dans la capacité collective des patients, des familles, des soignants, des chercheurs, des organismes de réglementation, des experts de l’industrie, des éthiciens et des bailleurs de fonds. Beaucoup des ressources nécessaires à une collaboration entre ces acteurs sont déjà en place, sous forme d’expertise technique et clinique, d’installations de formation, de réseaux de recherche et d’infrastructures de base de données. Même si aucun effort unifié n’a encore été défini, il y a des possibilités de renforcer la recherche sur les médicaments pédiatriques au Canada et à l’échelle internationale. Par exemple : • Le Canada dispose de réseaux de recherche pédiatrique d’une capacité considérable. Cette capacité pourrait être favorisée et développée encore davantage. Il est essentiel d’encourager des efforts complémentaires — plutôt que la concurrence — au moyen d’essais multicentres, de réseaux et de l’utilisation de données probantes existantes. La participation de chercheurs canadiens à la définition de règles formelles sur les normes éthiques dans de xviii Améliorer les médicaments pour enfants au Canada nouveaux domaines tels que la recherche en génétique, ainsi qu’à l’élaboration de tranches d’âge normalisées, illustre cette capacité du Canada. Les chercheurs canadiens pourraient être soutenus dans ces efforts continus de normalisation. • Il y a des avantages pour les enfants et les familles à participer activement à la conception, à l’analyse et à la diffusion de la recherche. Les recherches à venir devraient promouvoir une communication précoce entre, d’une part, les chercheurs ou les cliniciens et, d’autre part, les patients ou leur famille, sur des concepts fondamentaux comme de définir et choisir les résultats qui comptent. Un changement de culture qui favorise l’ouverture à participer à la recherche (chez les cliniciens, les patients et les familles) pourra aider à développer des connaissances plus scientifiques sur les médicaments pour enfants. L’impact d’un tel changement a été démontré en oncologie pédiatrique, et des bénéfices semblables sont possibles dans toutes les disciplines et pour le traitement de toutes les maladies. • Les infrastructures d’essais cliniques pourraient être de beaucoup étayées, et les chercheurs et organismes canadiens disposent de capacités considérables en la matière. Ces capacités sont diversifiées, exploitant une variété de points de vue cliniques pour produire un ensemble de compétences complémentaires propre au Canada. Cette valeur et cet esprit de collaboration pourraient être officiellement renforcés. Un processus harmonisé d’examen des propositions de recherche au sein d’institutions savantes ou d’organismes d’agrément (p. ex. conseils d’éthique de la recherche) accélérerait les essais cliniques; un tel processus pourrait être mis sur pied grâce à la collaboration entre institutions, et au besoin par une autorité centralisée appuyant une telle collaboration. • Le Canada constitue une société multiculturelle formée de populations et de milieux diversifiés. Les chercheurs pourraient mettre à profit cette diversité et élaborer des connaissances sur les questions d’innocuité et d’efficacité dans un éventail de populations. Table des matières Table des matières 1Introduction............................................................................. 1 1.1 1.2 1.3 1.4 Contexte et objet de l’évaluation : Les enfants sont différents.......2 Mandat du comité d’experts............................................................4 Démarche et méthodologie du comité d’experts............................6 Structure du rapport.......................................................................10 2 Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments.......... 12 2.1 Utilisation et réglementation actuelles des médicaments pour enfants.............................................................14 Besoin de recherches sur des enfants............................................35 Répondre aux besoins de recherches............................................38 Résumé du chapitre........................................................................55 2.2 2.3 2.4 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments.................................... 57 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 Variabilité des réactions aux médicaments chez les enfants.........59 Pharmacocinétique et développement de l’être humain.............61 Pharmacodynamique et développement de l’être humain ..........82 Pharmacogénomique et pharmacogénétique chez l’enfant.........85 Méthodes d’études pharmacocinétiques et pharmacodynamiques chez les enfants..........................................88 Combler les lacunes de nos connaissances....................................95 Résumé du chapitre......................................................................101 3.6 3.7 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants........................................................................ 103 4.1 Fabriquer des médicaments que les enfants peuvent et vont prendre...............................................................105 Observance d’un traitement médicamenteux.............................105 Création de la dose prescrite d’un médicament.........................107 Formes médicamenteuses, voies et dispositifs d’administration...........................................................................119 Combler les lacunes de nos connaissances sur les formules, formes et dispositifs d’administration de médicaments..............123 Résumé du chapitre......................................................................128 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 xix xx Améliorer les médicaments pour enfants au Canada 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants..................................... 131 5.1 5.2 Étude de l’efficacité des médicaments chez les enfants..............132 La place des essais d’efficacité dans la mise au point de médicaments............................................................................133 Étude de l’efficacité des médicaments chez les enfants : aperçu des difficultés....................................................................138 Essais cliniques aléatoires.............................................................141 Modification de la conception d’ECA afin de mieux les adapter à la recherche pédiatrique........................................149 Techniques d’analyse qui appuient les essais pédiatriques.........165 Défis à relever dans les études d’efficacité chez les enfants........169 Résumé du chapitre......................................................................185 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 5.8 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques........................................... 187 6.1 6.2 6.3 6.4 Surveillance et études d’innocuité...............................................189 Introduction à la pharmacovigilance postcommercialisation.....189 Méthodes d’identification de signaux de sécurité.......................194 Méthodes d’évaluation des risques et des mécanismes d’effets indésirables......................................................................209 Relever les défis de la surveillance et de l’étude de l’innocuité des médicaments chez les enfants........................219 Vers une approche intégrée de l’innocuité postcommercialisation au Canada...............................................228 Résumé du chapitre......................................................................232 6.5 6.6 6.7 7 Vers des produits thérapeutiques sûrs et efficaces pour les enfants................................................................... 235 7.1 Comment le développement de l’être humain, de la naissance à l’adolescence, affecte-t-il la pharmacologie clinique et donc éclaire-t-il les études sur les médicaments pédiatriques?..........................................................236 Quelles sont les pratiques exemplaires à adopter pour mener de manière éthique des études scientifiquement solides mais adaptées visant à confirmer l’innocuité et l’efficacité de médicaments pour les nourrissons, les enfants et les adolescents?.......................................................240 7.2 Table des matières 7.3 7.4 7.5 7.6 Lorsque la participation de nourrissons, d’enfants et d’adolescents à des études sur des médicaments n’est pas possible, quelles sont les pratiques exemplaires à adopter pour confirmer l’innocuité et l’efficacité de médicaments chez ces populations?.......................................245 Quels atouts du Canada lui permettent de contribuer aux efforts mondiaux de pharmacovigilance quant aux médicaments qui peuvent être bénéfiques aux nourrissons, aux enfants et aux adolescents?..............................247 Questions à explorer dans l’avenir..............................................249 Observations finales du comité....................................................250 Références...................................................................................... 252 Appendice : Contributions supplémentaires d’information........ 306 xxi xxii Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Liste des figures Figure 2.1 Types de médicaments couramment utilisés par des enfants en 2012........................................................18 Figure 2.2 Processus d’évaluation actuel des produits de santé de Santé Canada.....................................................20 Figure 2.3 Médicaments faisant l’objet d’une protection des données, par exercice financier.....................................40 Figure 3.1 Facteurs qui influent sur les variations des réactions aux médicaments chez les enfants................................................ 60 Figure 3.2 Les cinq stades du développement de l’être humain..........61 Figure 3.3 Composition estimative du corps chez les nouveau-nés, les nourrissons, les bambins, les jeunes enfants et les adultes............................................67 Figure 4.1 Nouveaux dispositifs d’administration et formes médicamenteuses....................................................123 Figure 5.1 Le processus de mise au point des médicaments au Canada............................................................................135 Figure 5.2 Relever les défis des études d’efficacité chez les enfants............................................................................140 Figure 5.3 Choix d’un type d’essai pour l’étude de l’efficacité d’un médicament chez les enfants...................150 Figure 6.1 Méthodes de pharmacovigilance........................................192 Liste des tableaux Liste des tableaux Tableau 2.1 Population pédiatrique canadienne.....................................14 Tableau 2.2 Premiers médicaments selon leur part des demandes de règlement, en 2012.........................................16 Tableau 2.3 Cas d’emploi non conforme.................................................24 Tableau 3.1 Résumé et conséquences des changements pharmacocinétiques liés au développement........................76 Tableau 3.2 Changements liés au développement quant aux cibles des médicaments et conséquences potentielles chez les enfants.................................................84 Tableau 3.3 Nouvelles techniques d’étude pharmacocinétique chez les enfants......................................................................93 Tableau 4.1 Quelques excipients et risques connus en matière d’innocuité chez les enfants..................................113 Tableau 4.2 Facteurs qui influent sur le choix des saveurs de formules pédiatriques....................................................117 Tableau 5.1 Études, autres que des essais en parallèle, qui répondent aux préoccupations d’acceptabilité perçue.........................................................156 Tableau 5.2 Méthodes d’essais sur de petites populations cibles..........162 Tableau 5.3 Initiatives clés en matière de recherche pédiatrique.........169 Tableau 6.1 Considérations liées à divers types d’études postcommercialisation........................................................216 Tableau 6.2 Surveillance et étude postcommercialisation de l’innocuité de médicaments dans la population pédiatrique.......................................................223 Tableau 6.3 Exigences réglementaires concernant le signalement d’événements indésirables et les études postcommercialisation, au Canada et à l’étranger.............230 xxiii 1 Chapitre 1 Introduction 1 Introduction • Contexte et objet de l’évaluation : Les enfants sont différents • Mandat du comité d’experts • Démarche et méthodologie du comité d’experts • Structure du rapport 2 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada 1 Introduction 1 . 1 C O N TE XTE E T OBJ E T DE L’É VAL U AT I ON : LES ENFANTS S O N T D I FFÉ RE NT S Les enfants ont droit à la santé et au bien-être, et les enfants malades ont besoin d’un traitement qui convienne à leur âge et à l’état de leur développement physique et mental. Des médicaments conçus pour les adultes peuvent de pas répondre à ce besoin. Cependant, les affections des adultes ont souvent la priorité sur les traitements pour enfants dans les discussions sur le fardeau de la maladie, la faisabilité de la recherche et les bénéfices que l’on peut en attendre, de même que sur les perspectives commerciales, la mise au point et l’homologation de médicaments. Par conséquent, les enfants ont souvent été laissés de côté dans la recherche-développement de médicaments et dans la réglementation canadienne. À une certaine époque, les chercheurs n’incluaient des enfants dans leurs recherches qu’en dernier recours. Cette façon de voir les choses a changé ces dernières années. On considère maintenant que l’inclusion d’enfants dans la recherche est un moyen important de réduire les inégalités en santé et d’améliorer les données probantes qui éclairent la pratique médicale. Ce point de vue est en accord avec la Convention relative aux droits de l’enfant, adoptée par les Nations Unies en 1989 et dont le Canada est signataire. Les États parties à la Convention reconnaissent que les enfants ont droit à une aide spéciale, y compris des soins de santé, afin de « jouir du meilleur état de santé possible » (ONU, 1989). Cela suppose un équilibre entre, d’une part, la disponibilité de traitements reconnus comme sûrs et efficaces pour les enfants et, d’autre part, la reconnaissance des difficultés liées aux recherches sur des enfants. Conformément à cette évolution des points de vue, de nouvelles politiques dans le milieu mondial des médicaments accordent plus d’importance aux attentes en matière de recherche sur des populations pédiatriques (voir la sous-section 1.3.1). Depuis une décennie, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) parraine une initiative internationale « pour des médicaments au format enfant » (OMS, 2014b). Conçue pour favoriser la sensibilisation de même que la diffusion d’information en vue de la mise au point et de l’utilisation de médicaments pour enfants, cette campagne coïncide avec des réformes menées chez les principaux partenaires commerciaux du Canada. Avec le renforcement de la capacité internationale de recherche sur les médicaments pédiatriques, les législateurs ont adopté des lois qui permettent aux organismes Chapitre 1 Introduction 3 de réglementation des médicaments de définir des normes nouvelles et plus sévères dans leurs politiques. Depuis plusieurs années, l’Agence européenne des médicaments (EMA — European Medicines Agency) et l’Administration américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA — Food and Drug Administration) utilisent le pouvoir que la loi leur accorde d’exiger des études sur des enfants et mettent de l’avant des mesures favorisant de telles recherches. Des données montrent que ces règlements et ces mesures ont bénéficié aux enfants de ces pays, mais non aux enfants canadiens. Le Canada pourrait s’aligner sur les modifications à la réglementation adoptées à l’étranger à propos de la mise au point de médicaments pédiatriques. Dans une étude sur les médicaments pharmaceutiques, le Sénat du Canada (par le truchement de son comité permanent sur les affaires sociales, les sciences et la technologie) examine les aspects législatifs de l’amélioration de l’accès aux médicaments, et Santé Canada, l’organisme de réglementation en la matière, répond activement aux constatations de l’étude en cours. Pour soutenir l’accroissement de la recherche au Canada, Santé Canada a récemment mis sur pied une base de données publique des essais cliniques en cours au Canada et a proposé un nouveau cadre réglementaire sur les médicaments orphelins pour guider l’homologation et la surveillance des médicaments destinés à combattre les maladies rares. Au moment des délibérations du comité, de nouvelles modifications proposées à la Loi sur les aliments et drogues étaient soumises au gouvernement dans le projet de loi C-17. Les modifications proposées toucheraient les pouvoirs conférés à Santé Canada. Par exemple, elles donneraient à l’organisme de réglementation le pouvoir d’ordonner le rappel de médicaments, d’exiger des fabricants qu’ils fournissent à Santé Canada l’information dont ils disposent, d’exiger des modifications aux étiquettes de produit, ainsi que d’imposer des sanctions pour le non-respect de la réglementation (Chambre des Communes, 2013). Ces changements ne concernent pas uniquement les traitements médicamenteux pour enfants; ils pourraient toutefois permettre de faire progresser les connaissances sur les médicaments pour enfants et d’améliorer la disponibilité de ces médicaments, comme on le verra plus loin dans le rapport. De plus, les innovations dans les méthodes de recherche facilitent la production de nouvelles connaissances d’une manière qui protège les intérêts des enfants de tous âges. Dans ce contexte, le comité d’experts a eu une occasion unique d’examiner tous les aspects de la situation actuelle au Canada, l’état des connaissances en pharmacologie clinique, de même que les leçons tirées d’expériences menées à l’étranger. Les travaux du comité occupent donc une place privilégiée dans les efforts visant à faire progresser la recherche sur les médicaments pédiatriques au Canada. 4 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada 1 . 2 M A N D AT D U COM I T É D’E X P E RT S Conscient de l’importance de mettre au point des médicaments sûrs et efficaces conçus spécifiquement pour les enfants, le ministre de la Santé, au nom de Santé Canada, a demandé au Conseil des académies canadiennes (CAC) d’effectuer une évaluation fondée sur des données probantes et faisant autorité sur l’état de la recherche et de la réglementation conduisant à l’approbation de produits thérapeutiques pour les enfants, au Canada et à l’étranger. Cette évaluation met l’accent sur la mise au point éthique de produits thérapeutiques sûrs et efficaces — tant pharmaceutiques que biologiques, y compris les vaccins (voir la sous-section 1.3.1) — pour les nourrissons, les enfants et les adolescents. Elle examine les lacunes des connaissances actuelles et fait état des possibilités de renforcement des connaissances sur des médicaments pédiatriques sûrs et efficaces. Plus précisément, cette évaluation vise à répondre aux questions suivantes : Quel est l’état actuel des connaissances en pharmacologie clinique, au Canada et à l’étranger, qui peuvent servir à la mise au point éthique de produits pharmaceutiques et biologiques sûrs et efficaces, déclarés comme traitements destinés aux nourrissons, aux enfants et aux adolescents? • Comment le développement de l’être humain, de la naissance à l’adolescence, affecte-t-il la pharmacologie clinique et donc éclaire-t-il les études sur les médicaments pédiatriques? • Quelles sont les pratiques exemplaires à adopter pour mener de manière éthique des études scientifiquement solides mais adaptées visant à confirmer l’innocuité et l’efficacité de médicaments pour les nourrissons, les enfants et les adolescents? • Lorsque la participation de nourrissons, d’enfants et d’adolescents à des études sur des médicaments n’est pas possible, quelles sont les pratiques exemplaires à adopter pour confirmer l’innocuité et l’efficacité de médicaments chez ces populations? • Quels atouts du Canada lui permettent de contribuer aux efforts mondiaux de pharmacovigilance quant aux médicaments qui peuvent être bénéfiques aux nourrissons, aux enfants et aux adolescents? Chapitre 1 Introduction 5 Pour répondre à ces questions, le CAC a formé un comité pluridisciplinaire de 14 experts canadiens et étrangers. La composition du comité d’experts reflète un équilibre de compétences, d’expérience et d’influence prouvée dans les milieux universitaires et cliniques, l’industrie pharmaceutique, le domaine de la réglementation et les disciplines médicales. Les membres du comité ont apporté des connaissances dans les domaines de la pharmacologie, de l’épidémiologie, de la santé publique, de l’éthique et de la pédiatrie. Chacun des membres du comité a siégé à titre de personne informée plutôt que comme représentant d’une discipline, d’un bailleur de fonds, d’un organisme, d’une région ou d’un ensemble donné de valeurs. Sur une période de 14 mois, le comité a tenu cinq réunions en personne pour affiner sa réponse aux questions posées. Au début du processus d’évaluation, le comité a rencontré le commanditaire pour bien comprendre son mandat et recevoir des précisions supplémentaires : • Les produits thérapeutiques comprennent les produits pharmaceutiques et biologiques destinés à l’être humain, y compris les vaccins. • Le comité considère que la population pédiatrique englobe les gens âgés de moins de 18 ans et qu’elle comprend les bébés nés prématurément. Les médicaments qui peuvent être transmis aux nourrissons et aux enfants par le lait maternel ne sont à considérer pour cette évaluation que lorsqu’ils sont donnés à la mère qui allaite comme voie d’administration destinée à son enfant. L’évaluation exclut les risques de transmission non voulue ou les risques pour la santé maternelle en général. • Les pratiques exemplaires à adopter pour mener de manière éthique des études scientifiquement solides sur des médicaments comprennent un éventail de solutions de rechange aux essais cliniques conventionnels. Des pratiques nouvelles comme des pratiques établies sont à prendre en considération. Même si le mandat parle de confirmer l’innocuité et l’efficacité de médicaments, le comité interprète cette précision comme le fait d’étudier ou de déterminer leur innocuité et leur efficacité. • L’évaluation concerne les efforts mondiaux portant non seulement sur la pharmacovigilance, mais aussi sur toutes les dimensions de la pharmacologie clinique pédiatrique. 6 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada 1.2.1 Portée de l’évaluation Ce rapport aborde : • les données probantes sur l’innocuité, l’efficacité, de même que les formes et formules optimales des médicaments pédiatriques; • les questions éthiques liées à la participation de nourrissons, d’enfants et d’adolescents à des recherches; • la totalité du cycle d’homologation des médicaments, dont la recherche précommercialisation, l’autorisation de mise sur le marché, ainsi que la surveillance et le suivi postcommercialisation; • les pratiques exemplaires en matière de systèmes de réglementation, de suivi et de surveillance, au Canada et à l’étranger; • les pratiques exemplaires en matière d’essais cliniques et d’autres types d’études; • les infrastructures de soutien à la recherche-développement, ainsi qu’à la surveillance de l’étiquetage des médicaments pour les nourrissons, les enfants et les adolescents. Ce rapport n’aborde pas : • les politiques d’assurance-médicaments et les variations entre provinces quant aux coûts et aux médicaments couverts; • les facteurs qui contribuent aux pénuries de médicaments et les mesures adoptées en réponse à ces pénuries; • les processus d’évaluation de rentabilité; • un éventail étendu de maladies ou produits thérapeutiques connus; • la découverte et la commercialisation de médicaments; • les produits de santé naturels tels que les vitamines et les remèdes à base de plantes; • les pratiques de prescription et les décisions prises par les professionnels, les parents et les patients en matière de produits thérapeutiques. 1 . 3 D É M A R C HE E T M É T H ODOL OGI E DU COMITÉ D’EX PERTS L’évaluation par le comité de l’état de la pharmacologie clinique repose sur des données probantes de diverses sources. Pour recueillir des données, le comité a notamment examiné : • des articles savants, publiés dans des publications à comité de lecture, sur le développement de l’être humain, ainsi que sur les méthodes de recherche et les pratiques exemplaires quant aux études portant sur des nourrissons, des enfants et des adolescents; • des rapports gouvernementaux accessibles au public sur le contexte de réglementation et des initiatives précises en matière de politiques; • des outils choisis de prise de décision en pharmacologie clinique pédiatrique; Chapitre 1 Introduction 7 • d’autres documents de littérature grise1 liés à la recherche sur des nourrissons, des enfants et des adolescents. Pour trouver les documents les plus pertinents et de nouvelles données probantes, le comité a effectué des recherches dans la littérature spécialisée à l’aide de mots-clés. Les stratégies de recherche ont été différentes selon les sujets abordés dans le rapport et ont évolué à mesure que le comité évaluait la disponibilité de l’information la plus récente. Le comité a également consulté des chefs de file de l’industrie et de la recherche. Pour ce faire, il a envoyé une invitation ciblée à des associations canadiennes liées à des maladies et affections qui touchent les enfants, de même qu’à des fabricants faisant de la recherche-développement dans le domaine des médicaments pour enfants. Le comité voulait ainsi s’assurer d’étudier les normes récentes et nouvelles, en particulier sur des sujets moins souvent abordés dans des documents publiés, par exemple la participation des patients et de leur famille à des recherches et les pratiques exemplaires en recherche. Les réponses obtenues ont complété la recherche documentaire, validant les constatations effectuées et indiquant d’autres données probantes publiées et de grande qualité que le comité a utilisées dans ses délibérations. L’appendice donne la liste des organismes qui ont répondu à l’invitation du comité. Pour compléter encore davantage l’information obtenue grâce à sa recherche documentaire et pour améliorer sa réponse aux questions de son mandat, le comité a examiné certaines analyses originales de nouvelles données. Il a commandé à IMS Santé Canada inc. une analyse originale de demandes de règlement présentées en 2012 auprès de régimes d’assurance privés pour des médicaments sur ordonnance (IMS, 2013). En utilisant une méthode semblable à celle adoptée lors d’une recherche antérieure (Abi Khaled et al., 2003), le comité a examiné ce sous-ensemble de demandes de règlement pour caractériser la fréquence de l’utilisation de médicaments sur ordonnance par des enfants au Canada. Le présent rapport résulte des délibérations du comité sur les questions de son mandat et sur les données probantes disponibles. Les travaux du comité ont produit des interprétations et un point de vue nouveaux sur ces données. Le rapport a été officiellement soumis à des pairs afin d’en assurer la qualité et l’objectivité. Tous les commentaires des examinateurs ont été pris en considération par le comité même s’ils n’ont pas tous entraîné des modifications au rapport. 1 Le terme littérature grise désigne divers types de documents produits par des administrations gouvernementales, des universitaires, des entreprises et d’autres organismes, sans être soumis au cadre d’une publication commerciale (GreyNet, 2014). 8 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada 1.3.1 Termes clés Le comité a défini certains termes au cœur de son mandat, selon son interprétation de l’intérêt du commanditaire. Ces définitions diffèrent parfois du sens traditionnellement donné à ces concepts. Les choix du comité résultent d’une lecture attentive des questions de son mandat et, dans certains cas, de la combinaison de définitions avancées dans d’autres sources. L’adjectif pédiatrique porte sur les divers stades du développement de l’être humain, de la naissance jusqu’au 18e anniversaire de naissance. Même si d’autres classifications distinguent les diverses phases du développement à l’intérieur de cette période (ACOG, 2013), le comité a adopté des tranches d’âge à partir de normes internationalement reconnues (ICH, 2000a). La Conférence internationale sur l’harmonisation des critères d’homologation des produits pharmaceutiques à l’usage de l’homme (ICH — International Conference on Harmonisation) a défini un ensemble de catégories servant à indiquer les stades du développement de l’être humain : nouveau-nés prématurés (moins de 37 semaines de gestation); nouveau-nés à terme (de 0 à 27 jours); nourrissons et bambins (de 28 jours à 23 mois); enfants (de 2 à 11 ans); adolescents (de 12 à 16 ou 18 ans, selon les régions) (ICH, 2000a). Certains concepts concernent des sous-ensembles de la population pédiatrique, mais d’autres englobent l’ensemble de cette population. Le terme enfants désigne selon le cas la totalité de la population pédiatrique ou plus spécifiquement les 2 à 11 ans. La pharmacologie clinique est l’étude scientifique de tous les aspects de la relation entre les êtres humains et les médicaments, dans le but d’établir des données probantes visant à éclairer l’utilisation thérapeutique de médicaments. Même si certains considèrent la pharmacologie clinique comme une spécialité médicale distincte (Gray et al., 2007), elle peut dans son sens large englober une variété de disciplines et de professionnels. La pharmacologie clinique pédiatrique englobe la connaissance approfondie de la physiologie et du développement de l’être humain, en lien avec l’absorption, la distribution, le métabolisme, l’excrétion, l’efficacité, et les risques des médicaments chez les enfants. Les réactions aux médicaments dans des situations réelles relèvent de la pharmacologie clinique. Ce domaine fait intervenir diverses méthodes, dont une variété d’essais cliniques et d’autres types d’études. Conformément à la définition de Santé Canada, les médicaments comprennent les produits biologiques (médicaments issus de la biotechnologie ou d’êtres vivants) et les vaccins, ainsi que les produits pharmaceutiques (médicaments composés de petites molécules, principalement des composés chimiques). Comme les questions d’innocuité et d’efficacité sont semblables pour les médicaments sur ordonnance Chapitre 1 Introduction 9 et sans ordonnance — ou en vente libre — (p. ex. Santé Canada (2009a)), les deux catégories de médicaments sont incluses dans l’évaluation effectuée par le comité. Celle-ci exclut toutefois les appareils médicaux, les tissus et organes, ainsi que les produits de santé naturels. Le mot remède est employé dans la langue populaire somme synonyme de médicament. Dans la présente évaluation, le terme médicament est employé dans le contexte d’utilisations thérapeutiques, à l’exclusion de toute utilisation — souvent illégale — d’agents pharmacologiques actifs à des fins de loisir ou pour l’amélioration des performances. L’éthique est une vaste discipline qui s’intéresse aux options morales dans des domaines donnés. La présente évaluation met l’accent sur la bioéthique, domaine de l’éthique qui étudie les répercussions des progrès de la biomédecine sur l’humanité et son environnement. Il s’agit d’un domaine pluridisciplinaire et en évolution constante de réflexion et de recherche fondé sur des principes de justice, de respect des personnes et de souci du bien-être. La recherche en pédiatrie reconnaît la vulnérabilité des enfants et repose sur la conviction qu’il faut respecter leur meilleur intérêt, leur dignité et leurs droits. Les questions d’éthique en recherche pédiatrique sont également cruciales, en raison des graves abus contre les droits humains commis dans le passé au nom de la recherche, parfois sur des enfants (Shuchman, 2013). Les études menées sur des médicaments comprennent deux grandes catégories — les essais cliniques et les études observationnelles. Dans un essai clinique, les chercheurs décident quels participants font l’objet d’une ou plusieurs interventions en matière de santé, définies selon un plan ou protocole de recherche, afin d’évaluer les effets de ces interventions sur la santé. En général, dans les études observationnelles, les chercheurs évaluent l’utilisation et les résultats réels de médicaments sur des patients faisant l’objet de diverses interventions prescrites par un médecin sur une base individuelle. Contrairement à ce qui se passe dans les essais cliniques, les participants aux études observationnelles ne se voient pas attribuer d’interventions précises décidées par les chercheurs. Le comité a mis l’accent sur les études portant sur des médicaments, mais des essais cliniques et des études observationnelles peuvent également porter sur des procédures, des appareils, des thérapies comportementales ou d’autres interventions (NIH, 2012a; OMS, 2013a). La pharmacovigilance englobe la science et les activités visant la détection, l’évaluation, la compréhension et la prévention des problèmes liés à des médicaments, y compris les effets indésirables (OMS, 2002). Elle comprend le suivi et l’analyse continuelle des bienfaits et des effets nocifs avant l’homologation d’un médicament pour la vente de même qu’après sa commercialisation. 10 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Le mandat du commanditaire fait référence à des médicaments sûrs et efficaces. Un médicament est efficace s’il produit la réaction voulue dans la pratique réelle de la médecine. Dans le contexte de la recherche sur les médicaments, le comité s’est penché sur l’efficacité des médicaments, c’est-à-dire leur capacité à produire un effet souhaité, généralement dans des situations d’études contrôlées (Artlett et al., 2005). Un médicament efficace produit cet effet souhaité tout en satisfaisant à des normes d’innocuité et de qualité. Le comité a mis l’accent sur les méthodes de vérification de l’efficacité (chapitre 5) et de l’innocuité (chapitre 6) des médicaments, reconnaissant qu’il s’agit là d’attributs importants des médicaments. 1 . 4 S TR UC TUR E DU RAP P ORT Le présent rapport contient une évaluation approfondie de l’état des connaissances à propos des relations entre la pharmacologie clinique, le développement de l’être humain et les recherches sur les médicaments pédiatriques. Il se veut donc un outil à la disposition des ministères et organismes gouvernementaux, ainsi que des chercheurs intéressés, pour éclairer les programmes de recherche et l’élaboration de politiques. Il pourra également être utile à divers intervenants qui s’intéressent aux questions scientifiques d’une grande importance en santé publique, ainsi qu’aux soignants qui exercent au Canada. Le comité espère que son évaluation éclairera un dialogue continu sur les produits thérapeutiques pour les enfants partout au Canada, à l’étranger, ainsi que dans de nombreux secteurs. Le chapitre 2 expose comment les médicaments sont actuellement utilisés chez les enfants et le rôle actuel de l’organisme de réglementation canadien dans l’orientation de la mise au point de médicaments pour enfants. Il explique aussi comment les lois et règlements de l’Union européenne et des États-Unis ont suscité des mesures incitatives différentes pour la recherche sur les médicaments pédiatriques. Le chapitre 3 présente les meilleures connaissances disponibles sur la manière dont le développement de l’être humain influe sur la réaction aux médicaments. Le chapitre 4 expose comment ces connaissances peuvent s’appliquer à la mise au point de médicaments, avec des formes et formules spécifiques pour la population pédiatrique. Chapitre 1 Introduction 11 Le chapitre 5 porte sur les études centrées sur l’efficacité des médicaments, alors que le chapitre 6 aborde les difficultés et les possibilités d’études axées sur l’innocuité des médicaments. Le chapitre 7 présente la synthèse des connaissances sur les sous-questions de l’évaluation, en mettant en évidence, s’il y a lieu, les points forts du Canada. Il contient aussi les observations finales du comité. 12 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada 2 Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments • Utilisation et réglementation actuelles des médicaments pour enfants • Besoin de recherches sur des enfants • Répondre aux besoins de recherches • Résumé du chapitre Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 2 13 Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments Principales constatations • Au Canada, les nourrissons, les enfants et les adolescents bénéficient de médicaments pour leur santé et leur bien-être. Chaque année, environ la moitié d’entre eux se font prescrire au moins un médicament. Bien que la plupart de ces enfants prennent un ou deux médicaments par année, certains qui ont de graves problèmes de santé peuvent prendre de nombreux médicaments en parallèle ou exiger une thérapie médicamenteuse pendant de longues périodes. Ils ont besoin de médicaments dont l’innocuité et l’efficacité sont prouvées dans leur cas. • Au Canada, peu de produits thérapeutiques sont homologués pour les nourrissons, les enfants ou les adolescents. Par conséquent, l’emploi non conforme de médicaments — en l’absence d’information appropriée sur les doses, les formes et les formules — est répandu. • Au Canada, les fabricants ne sont pas obligés de produire ou de fournir des données sur l’innocuité et l’efficacité de médicaments chez les enfants. Santé Canada peut demander à un fabricant de remettre les résultats d’études effectuées sur les nourrissons, les enfants et les adolescents, mais il ne peut pas en faire une obligation. Lorsqu’il n’y a pas assez de données, l’étiquette et l’information posologique indiquent que les données probantes sont insuffisantes pour utiliser le médicament. • Il n’y a aucun recueil validé et exhaustif sur lequel les prescripteurs puissent fonder leurs décisions concernant les médicaments pour enfants au Canada. Les prescripteurs prennent des décisions sur l’utilisation de médicaments à partir d’autres données, dont des études publiées, des manuels et listes de médicaments d’hôpitaux, de même que leur propre expérience. La solidité scientifique de cette information peut être difficile à vérifier. • Au Canada, une mesure réglementaire incitative encourageant les fabricants à présenter des données sur l’usage pédiatrique de médicaments a connu un succès limité. Aux États-Unis et dans l’Union européenne, la recherche sur les médicaments pédiatriques est encouragée, obligatoire et surveillée selon des modalités qui ont amélioré la qualité et la quantité de recherches et de médicaments pour enfants. Ces mesures législatives et réglementaires constituent des leçons pour les législateurs canadiens. 14 2 . 1 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada UTI LI S ATI O N E T R É GL E M E NTAT I ON A C TU ELLES D E S M É D I C A M E NT S P OU R E NFANT S Au Canada, les nourrissons, les enfants et les adolescents représentent quelque sept millions de personnes, soit environ 20 % de la population. Selon le plus récent recensement canadien (tenu en 2011), la majorité de la population pédiatrique est constituée d’enfants (53 %), et la plus petite fraction est celle des nourrissons et bambins (11 %). Voir le tableau 2.1. Tableau 2.1 Population pédiatrique canadienne Tranche d’âge Population de la tranche d’âge Fraction de la population pédiatrique totale (%) Fraction de la population canadienne totale (%) Nouveau-nés, nourrissons et bambins (0–24 mois) 756 311 11 2 Enfants (2–11 ans) 3 694 842 53 11 Adolescents (12–17 ans) 2 489 979 36 7 Source des données : Calculs du comité fondés sur Statistique Canada (2013a) Dans ce tableau, les nouveau-nés, les nourrissons et les bambins sont regroupés dans une même catégorie, car les chiffres de population ne sont disponibles que par année complète dans le recensement canadien. Noter que l’âge est donné en nombre d’années au dernier anniversaire. La santé globale du Canada dépend de la santé de ses enfants; la santé de toute personne pendant son enfance joue un rôle dans son bien-être pendant toute la vie, et les enfants canadiens de tous âges bénéficient de thérapies médicamenteuses pour l’amélioration de leur santé et de leur bien-être. Les médicaments jouent un rôle dans le traitement d’affections communes qui peuvent toucher de nombreux enfants (Abi Khaled et al., 2003; Zhang et al., 2013). Chaque année, la moitié des enfants se font prescrire au moins un médicament, selon de récentes estimations effectuées en Colombie-Britannique (Zhang et al., 2013). Des proportions semblables ont été rapportées au Danemark et en Italie (Thrane et Sorensen, 1999; Clavenna et al., 2009). Dans le cas des enfants de moins d’un an, cette proportion est encore plus élevée, atteignant 79 % selon l’étude menée en ColombieBritannique (Zhang et al., 2013). Elle varie chez les nourrissons de 60 à 92% en Italie, au Danemark et aux Pays-Bas (Thrane et Sorensen, 1999; Schirm et al., 2000; Clavenna et al., 2009). Même si au cours d’une année donnée, de nombreux enfants n’utilisent qu’un ou deux médicaments sur ordonnance, un petit groupe de patients pédiatriques en utilisent davantage pour le traitement d’affections plus complexes (Abi Khaled et al., 2003). Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 15 Certaines de ces affections touchent davantage les enfants que les adultes. À titre d’exemple, l’asthme est davantage prévalent chez les enfants plus jeunes que chez les enfants plus âgés et les adolescents, et cette prévalence diminue à l’âge adulte (Brownell et al., 2012; Statistique Canada, 2013b). D’autres maladies, par exemple le diabète de type II et la polyarthrite rhumatoïde, sont plus courantes chez les adultes mais touchent néanmoins un pourcentage élevé d’enfants (Statistique Canada, 2013c, 2013d). L’accès à des médicaments sûrs et efficaces n’est pas moins important pour ceux qui vivent avec une maladie rare, définie par Santé Canada comme une affection touchant moins de 1 personne sur 2000 (p. ex. la fibrose kystique) (Santé Canada, 2012d). Alors que certaines maladies peuvent être guéries à l’aide d’une thérapie médicamenteuse de courte durée, d’autres affections chroniques exigent un traitement plus long pouvant même durer toute la vie. Il est incontestable que les enfants canadiens ont besoin de médicaments et en prennent pour traiter un éventail d’affections, mais l’innocuité et l’efficacité des médicaments utilisés par la population pédiatrique ne sont pas aussi certaines. Les enfants ne sont pas de petits adultes, de sorte que des versions plus petites de médicaments pour adultes ne conviennent pas. Par contre, on sait de mieux en mieux comment optimiser l’exposition et la réaction aux médicaments pour enfants administrés aux doses appropriées (voir les chapitres 3 et 4). Une étude menée il y a une décennie a montré que plus de 50 % des enfants canadiens couverts par un régime d’assurance privé ont reçu au moins une prescription au cours d’une année (Abi Khaled et al., 2003). Les médicaments les plus souvent prescrits étaient des agents anti-infectieux, notamment des antibiotiques. Dans le but de mettre à jour cette information, le comité a demandé à IMS Santé Canada inc. d’examiner les données sur l’utilisation de médicaments par les enfants canadiens de moins de 13 ans couverts par un régime privé de règlement direct des médicaments d’ordonnance (IMS, 2013)2. Ces données ne portent que sur les demandes de règlement direct faites du 1er janvier au 31 décembre 2012 pour des médicaments prescrits en clinique externe, ce qui exclut l’utilisation de médicaments en milieu hospitalier et ceux dont le coût est assumé par le régime public d’assurance-maladie — y compris la plupart des vaccins —, ainsi que les demandes de remboursement; d’autre part, ces données excluent les adolescents. Sur quelque 3,3 millions d’enfants canadiens de cet échantillon admissibles au règlement direct des médicaments 2 Selon l’évaluation que le comité a faite des données probantes disponibles, l’utilisation de médicaments par les adolescents peut se rapprocher de celle des adultes; l’analyse met donc l’accent sur les enfants plus jeunes, afin de donner des renseignements nouveaux sur l’utilisation des médicaments. 16 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada d’ordonnance, 1 513 789 ont présenté au total 5 682 997 demandes de règlement. Ces données confirment qu’environ la moitié des enfants ont reçu au moins un médicament sur ordonnance au cours de l’année 2012. Comme on en sait peu sur les aspects quantitatifs et qualitatifs de l’utilisation de médicaments pédiatriques, ces données offrent un nouveau point de vue sur l’utilisation actuelle de médicaments par ce sous-ensemble des enfants canadiens. Le tableau 2.2 énumère les 40 premiers médicaments selon leur part des demandes de règlement. La figure 2.1 montre les classes de médicaments les plus souvent utilisées et la répartition des demandeurs et des demandes de règlement pour chaque domaine thérapeutique. Tableau 2.2 Premiers médicaments selon leur part des demandes de règlement, en 2012* Médicament Fraction des demandes de règlement (%) Amoxicilline 14,5 Chlorhydrate de méthylphénidate 7,4 Salbutamol 6,9 Propionate de fluticasone 5,8 Clarithromycine 4,0 Azithromycine 3,3 Cefprozil 2,5 Montélukast sodique 2,4 Fuorate de mométasone 2,3 Acétate d’hydrocortisone 2,1 Dimésylate de lisdexamfétamine 1,8 Adrénaline (épinéphrine) 1,5 Amoxicilline–Acide clavulanique 1,5 Acide fusidique 1,4 Chlorhydrate de ciprofloxacine– dexaméthasone 1,4 Chlorhydrate d’atomoxétine 1,2 Monohydrate de céphalexine 1,2 Phosphate sodique de prednisolone 1,1 Lansoprazole 1,1 Sels mixtes d’amphétamine 1,0 Valérate de bétaméthasone 1,0 suite à la page suivante Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 17 Médicament Fraction des demandes de règlement (%) Rispéridone 0,9 Sulfaméthoxazole–Triméthoprime 0,8 Hydrocortisone 0,8 Ciclésonide 0,7 Chlorhydrate de ranitidine 0,7 Érythromycine 0,6 Céfixime 0,5 Cholécalciférol 0,5 Mupirocine 0,5 Acide fusidique–Acétate d’hydrocortisone 0,5 Chlorhydrate d’olopatadine 0,5 Chlorhydrate de moxifloxacine 0,5 Chlorhydrate de clonidine 0,5 Dipropionate de béclométasone 0,5 Vaccin contre les hépatites A et B 0,5 Nystatine 0,4 Sulfate de gentamicine 0,4 Valérate d’hydrocortisone 0,4 Chlorhydrate d’hydroxyzine 0,4 Source des données : Base de données des régimes privés de règlement direct des médicaments d’ordonnance, IMS Santé Canada inc. (2013) * Le comité a tenté de classer les médicaments en notant ceux qui ont une indication pédiatrique approuvée. Cependant, peu de médicaments sont homologués ou non pour tous les âges et stades de développement de l’enfant, de sorte que toute caractérisation cohérente de l’information donnée sur les étiquettes est difficile et même souvent impossible. L’analyse commandée à IMS Santé Canada inc. est semblable aux résultats de l’étude d’Abi Khaled et al. (2003). Les deux ne sont toutefois pas directement comparables parce qu’elles utilisent des tranches d’âge et classifications de médicaments différentes. Cependant, lorsqu’on les examine en parallèle, les deux rapports indiquent une augmentation de l’utilisation de médicaments qui agissent sur le système nerveux central. Ce phénomène a également été observé dans d’autres études (Mayes et al., 2008; Pringsheim et al., 2011b; Sharma et Shaw, 2012; Zuvekas et Vitiello, 2012). Cette catégorie comprend les médicaments prescrits à des enfants pour le traitement de diverses affections, dont le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (Purdue Pharma, 2013; Shier et al., 2013), la douleur (CPhA, 2013b), les convulsions (CPhA, 2013a), les troubles autistiques 18 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Médicaments cardiovasculaires ■ ■ Proportions des demandes de règlement Proportions des demandeurs Hormones et substituts synthétiques (p. ex. contraceptifs) Classe de médicaments Médicaments gastro-intestinaux (p. ex. antiacides, antidiarrhéiques) Préparations pour les yeux, les oreilles, le nez ou la gorge (p. ex. médicaments contre les allergies) Préparations pour la peau ou les muqueuses (p. ex. nettoyants, hydratants) Agents de traitement broncho-pulmonaire (p. ex. médicaments contre la toux) Médicaments agissant sur le système nerveux central (p. ex. sédatifs, stimulants, analgésiques) Agents anti-infectieux (p. ex. antibiotiques, antiviraux) 0 10 20 30 40 50 60 70 Répartitions des demandes de règlement et des demandeurs (%) Source des données : Base de données des régimes privés de règlement direct des médicaments d’ordonnance – IMS (2013) Figure 2.1 Types de médicaments couramment utilisés par des enfants en 2012 Cette figure montre certains des types de médicaments les plus couramment utilisés par des enfants de moins de 13 ans. Les classes de médicaments qui y figurent représentent la majorité des utilisations en 2012. Certains médicaments (p. ex. agents anti-infectieux) sont utilisés par un grand nombre de patients, alors que d’autres (p. ex. médicaments agissant sur le système nerveux central) sont utilisés par une population plus restreinte. Les proportions de demandeurs totalisent plus de 100 %, puisque certains ont présenté des demandes de règlement pour plus d’une classe de médicaments. Les classes thérapeutiques sont définies selon la classification pharmacologique et thérapeutique de l’American Hospital Formulary Service. Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 19 (Sharma et Shaw, 2012) et la schizophrénie (Masi et al., 2006). On sait peu de chose à propos des effets — y compris les effets nocifs — de l’utilisation à long terme de ces médicaments sur le développement (Meijer et al., 2009), dont leurs répercussions sur l’apprentissage et les fonctions cognitives, de même que sur le métabolisme et la santé cardiovasculaire (APA, 2013; Ijff et Aldenkamp, 2013). Les recherches possibles dans ce domaine sont présentées aux chapitres 5 et 6. Même s’ils sont souvent donnés à des enfants, de nombreux médicaments ne sont pas homologués pour une telle utilisation par Santé Canada et n’indiquent donc pas dans leurs renseignements destinés au consommateur et dans leur information posologique s’ils peuvent être administrés de manière sûre et efficace à des enfants. Cette situation d’utilisation de médicaments non homologués pour des enfants vient souvent du cadre réglementaire actuel d’homologation de médicaments pédiatriques au Canada. 2.1.1 Processus d’examen réglementaire des médicaments au Canada Pour être autorisé à vendre un médicament au Canada, le fabricant doit fournir à l’organisme fédéral de réglementation, Santé Canada, la preuve de l’innocuité, de l’efficacité et de la qualité de fabrication du médicament. Santé Canada contrôle l’homologation des médicaments au Canada en vertu des dispositions de la Loi sur les aliments et drogues et du Règlement sur les aliments et drogues (Santé Canada, 2006). Pour s’assurer que les produits répondent aux normes d’innocuité et d’efficacité énoncées dans les lois et règlements, Santé Canada exige des données probantes d’études cliniques de chaque produit proposé. Les normes sur la manière de mener la recherche sont internationalement reconnues. La Conférence internationale sur l’harmonisation des critères d’homologation des produits pharmaceutiques à l’usage de l’homme (ICH — International Conference on Harmonisation), au sein de laquelle le Canada joue un rôle central à titre d’observateur actif, a élaboré un ensemble de documents d’orientation. Ceux-ci précisent les directives adoptées par Santé Canada et par d’autres organismes de réglementation pour les recherches menées sur des êtres humains et portant sur des médicaments. L’autorité de Santé Canada concerne plusieurs aspects du processus de recherche. À chacune de ces étapes, les fabricants doivent démontrer à Santé Canada que leurs produits sont sûrs, efficaces et de qualité appropriée. Comme le montre la figure 2.2 et comme on le décrit ci-après, le rôle de Santé Canada est centré sur les aspects suivants : • autorisation des essais cliniques; • évaluation de la présentation en vue de l’homologation; • pharmacovigilance postcommercialisation. 20 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Études précliniques Autorisation d’essai clinique Évaluation de la présentation Essais cliniques Évaluation de l’innocuité, de l’efficacité et de la qualité Présentation réglementaire Activités après la mise en marché Accès public Décision d’autorisation de mise en marché Surveillance, inspection et enquêtes Modifications après la mise en marché = Autorité réglementaire actuelle de Santé Canada ©Tous droits réservés. Cadre de vigilance des produits de santé. Santé Canada, 2012. Reproduit avec l’autorisation du ministre de la Santé, 2014 (Santé Canada, 2012g) Figure 2.2 Processus d’évaluation actuel des produits de santé de Santé Canada Les nouveaux produits thérapeutiques sont évalués par Santé Canada avant leur homologation pour la vente et l’utilisation au Canada. La figure montre les étapes de l’examen des produits. Les fabricants mènent des études et soumettent les données d’essais des médicaments à plusieurs étapes : avant les essais sur des personnes (essais précliniques, en général in vitro et sur des animaux); tests d’innocuité, d’efficacité et de qualité sur des personnes (essais cliniques); données finales avant l’autorisation de mise sur le marché (évaluation de la présentation); études de suivi après la mise sur le marché des médicaments (surveillance postcommercialisation). Cette figure ne présente pas tous les aspects de l’autorité de Santé Canada. Par exemple, l’organisme de réglementation a une influence de facto sur les études précliniques et peut fournir des conseils scientifiques. De plus, il inspecte et étudie les sites d’essai clinique, afin de s’assurer que les patients reçoivent toujours des produits de grande qualité. Pour plus de détails, voir le chapitre 5 et la figure 5.1. Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 21 Santé Canada a adopté des lignes directrices qui appuient l’utilisation de données d’autres pays dans les décisions en matière de réglementation (Santé Canada, 2003). Ces normes permettent de diminuer la duplication d’efforts à l’échelle internationale et facilitent l’obtention de conclusions sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments, mais ce sont les fabricants qui décident de demander ou non l’autorisation de vendre un produit thérapeutique au Canada. Même si des données peuvent être présentées à Santé Canada par les fabricants à l’appui d’indications pédiatriques et d’étiquetage en ce sens, les normes d’évaluation de ces indications ne sont pas connues et peuvent différer de celles d’autres organismes de réglementation. Dans l’état actuel des lois et règlements, un fabricant n’est pas tenu de fournir des données sur l’innocuité et l’efficacité de médicaments en vue d’une indication pédiatrique, même si l’on peut prévoir que le produit est susceptible d’être prescrit à des enfants, peu importe que ces données aient été produites au Canada ou à l’étranger. Santé Canada peut demander à un fabricant de présenter une proposition pour une indication pédiatrique, mais il ne peut en faire une obligation (Santé Canada, 2012f). Si aucune donnée probante sur l’innocuité et l’efficacité d’un médicament pour les nourrissons, les enfants et les adolescents n’est présentée, l’étiquette et l’information posologique doivent indiquer que les données probantes sont insuffisantes pour employer le médicament chez les populations pédiatriques (Peterson et al., 2011). Si le fabricant présente des données de recherche pour obtenir l’homologation de l’utilisation d’un médicament chez les enfants, il doit montrer qu’il a tenu compte de la variabilité venant des processus de développement de l’être humain et des besoins qui en découlent de médicaments propres aux populations pédiatriques. Santé Canada doit se fier aux données probantes d’essais cliniques pour répondre à cette exigence (le chapitre 5 donne plus d’information sur les exigences réglementaires concernant les essais cliniques). Les essais cliniques ont des normes qui satisfont au besoin de données sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments. Comme on le voit dans l’encadré 2.1, l’information résultant d’essais cliniques pédiatriques peut se traduire par des instructions claires, tant pour l’organisme de réglementation que pour les praticiens, sur la manière d’utiliser un médicament pour traiter des enfants. Cependant, les médicaments récemment homologués au Canada ont rarement une indication pédiatrique, même s’ils sont prescrits pour des enfants et adolescents (Abi Khaled et al., 2003). 22 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Encadré 2.1 Étude de cas — Utilisation pédiatrique de la fluticasone La fluticasone, qui fait partie des médicaments les plus souvent prescrits aux enfants canadiens, est l’un des rares pour lesquels l’organisme de réglementation dispose de données prouvant son innocuité et son efficacité, et pour lesquels il y a des instructions claires à l’intention des praticiens sur son emploi approprié dans les populations pédiatriques. La fluticasone est utilisée pour le traitement de l’asthme et la prévention des maladies inflammatoires des voies respiratoires chez les adultes, les adolescents et les enfants. Elle consiste en un corticostéroïde que l’on inhale pour diminuer et maîtriser les réactions inflammatoires dans les poumons. Ce médicament est généralement considéré comme sûr en raison de sa faible biodisponibilité systémique (c.-à-d. que la concentration systémique du médicament est minime après l’inhalation locale). La fluticasone est actuellement commercialisée sous diverses marques par son fabricant d’origine et des fabricants de médicaments génériques, mais elle est couramment connue sous les noms de FloventMD HFA (aérosol pour inhalation) et FloventMD DiskusMD (poudre à inhaler). La fluticasone a été homologuée aux États-Unis par la FDA en 2004 pour les adultes et les adolescents d’au moins 12 ans; l’indication pour les enfants âgés de 4 à 11 ans a été ajoutée en 2006. Au Canada, le FloventMD DiskusMD a été homologué en 1998 et le FloventMD HFA en 2001. Depuis 2012, la monographie canadienne du produit indique que le médicament est homologué pour des enfants d’au moins 4 ans dans le cas du FloventMD DiskusMD, et d’au moins 12 mois dans le cas du FloventMD HFA (GSK, 2013). La fluticasone a été homologuée pour les adultes et les adolescents sur la base de trois essais cliniques aléatoires (ECA) portant sur 980 patients. Ces essais ont montré que le médicament est efficace par rapport à un placebo, et l’un des trois essais a également montré que la fluticasone diminue la dose nécessaire de prednisone — corticostéroïde par voie orale utilisé pour le traitement de maladies inflammatoires — chez les patients qui prennent ce dernier médicament (Noonan et al., 1995). L’indication de la fluticasone a été étendue aux enfants âgés de 4 à 11 ans, sur la base de son efficacité démontrée dans un ECA supplémentaire portant sur 241 patients de ces tranches d’âge ainsi que d’études supplémentaires confirmant sa faible biodisponibilité systémique (CDER, 1997; suite à la page suivante Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 23 GSK, 2010). Les études menées sur des enfants démontrent l’efficacité du médicament pour maîtriser les symptômes de l’asthme, mais les données sont contradictoires quant aux effets nocifs liés à l’inhalation de corticostéroïdes, dont les retards de croissance et la diminution de la concentration de cortisol (Turktas et al., 2001; Allen, 2002; Carlsen et al., 2005; Ducharme et al., 2009; GSK, 2010). La FDA a rapporté que, de 2004 à 2010, 23,1 millions de prescriptions de FloventMD HFA ont été données à 6,4 millions de patients distincts, dont 40 % avaient 16 ans ou moins (CDER, 2010). L’analyse de données effectuées par le comité montre que la fluticasone vient au quatrième rang des médicaments les plus prescrits pour les enfants couverts par un régime privé de règlement direct des médicaments d’ordonnance au Canada en 2012 (voir le tableau 2.2), avec près de 6 % des demandes de règlement. 2.1.2 Qu’est-ce qu’un emploi non conforme? L’homologation d’un médicament porte précisément sur la dose, la voie d’administration, l’étiquetage, la formule, la méthode de fabrication et les conditions rattachées à un produit3. Un emploi est dit non conforme (ou en dérogation aux directives de l’étiquette) s’il diffère de ce qui a été homologué par Santé Canada et peut correspondre à toute dérogation par rapport à cette homologation4. Par exemple, un produit pourrait être prescrit pour une affection autre que celles qui sont indiquées, ou être utilisé chez un patient d’un âge différent (Kimland et Odlind, 2012). Le tableau 2.3 résume certains cas d’emploi non conforme et en donne un exemple de chacun. 3L’étiquette d’un produit est l’ensemble de la documentation écrite qui accompagne, complète ou explique le produit. Cependant, le terme étiquette désigne souvent l’information réglementaire finale approuvée, en particulier les indications d’emploi. L’emballage et la monographie du produit qui donnent de l’information au prescripteur et au consommateur omettent souvent les instructions concernant les enfants, ou indiquent que l’innocuité et l’efficacité du produit n’ont pas été établies pour les enfants. Cela signifie que Santé Canada n’a pas reçu de données sur l’innocuité et l’efficacité du produit pour un usage pédiatrique, que ces données existent ou non. Par conséquent, un prescripteur ou un parent qui lit l’emballage ou la monographie d’un produit trouvera relativement peu d’information indiquant si un médicament peut être administré en toute sécurité à un enfant et à quelle dose. 4 Il ne faut pas confondre l’emploi non conforme et la prescription de produits non homologués, qui n’ont fait l’objet d’aucune approbation par l’organisme de réglementation. Les produits non homologués sont rarement disponibles au Canada, puisqu’ils ne peuvent pas y être vendus. Comme dans le cas d’un emploi non conforme, l’absence d’autorisation pour un produit non homologué pourrait être due au fait que le fabricant n’en a pas demandé l’homologation au Canada. Elle ne signifie pas nécessairement qu’il n’y a aucune donnée probante sur l’innocuité et l’efficacité de l’utilisation pédiatrique d’un médicament. 24 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Tableau 2.3 Cas d’emploi non conforme Emploi non conforme Intervention Utilisation homologuée Utilisation non conforme Emploi d’un médicament pour un âge différent de ce qui est homologué Mométasone en inhalation — agent de prévention utilisé seul ou en combinaison Traitement de l’asthme chez les patients âgés d’au moins 12 ans Enfants de moins de 12 ans Emploi d’un médicament pour une affection différente de ce qui est homologué DianeMD-35 — contenant de la cyprotérone et de l’éthinylœs-tradiol, pour la régulation des hormones qui affectent la peau Traitement à court terme de l’acné chez les jeunes filles Contraception Emploi d’un médicament sous une forme différente de ce qui est homologué Lopinavir–ritonavir pour le traitement d’une infection par le VIH-1 Comprimés pelliculés de forces diverses pour le traitement du VIH-SIDA Comprimés écrasés et mêlés à de la nourriture pour augmenter leur palatabilité Emploi d’un médicament avec une voie d’administration différente de ce qui est homologué Adrénaline pour faciliter la respiration en cas de réaction allergique et d’anaphylaxie Injection intraveineuse Inhalation du brouillard formé à partir du liquide à l’aide d’un nébuliseur Emploi d’un médicament en l’absence d’information pédiatrique Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) et inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN), p. ex. la venlafaxine Traitement de la dépression chez les adultes Enfants de moins de 18 ans Emploi d’un médicament même s’il est contre-indiqué pour les enfants Célécoxib, un anti-inflammatoire non stéroïdien Traitement à court terme de la douleur aiguë chez les adultes, notamment en cas de polyarthrite rhumatoïde Arthrite juvénile idiopathique Source des données : Abi Khaled et al. (2003); Zhang et Sanguebsche (2005); Best et al. (2011); Vlahovic-Palcevski et Mentzer (2011); Kimland et Odlind (2012); AbbVie (2013); CPhA (2013c); EMA (2013a); Santé Canada (2013a); Lilly (2013b); Pfizer (2013); Sellers (2013) 2.1.3 Jusqu’à quel point l’emploi non conforme est-il répandu dans les populations pédiatriques? Les estimations de la prévalence de l’emploi non conforme (ou en dérogation aux directives de l’étiquette) sont variables. Au cours d’un examen récent des soins de santé primaires et en milieu hospitalier dans les pays européens, Kimland et Odlind (2012) ont constaté que la plupart des enfants avaient Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 25 reçu au moins un médicament de manière non homologuée. Dans le cas des patients hospitalisés, la prévalence de l’emploi non conforme a varié de 10 à 65 %, alors que Shah et al. (2007) ont constaté que 78 % des patients de 38 hôpitaux pédiatriques aux États-Unis ont reçu au moins un médicament en dérogation aux directives de l’étiquette. Dans le cas des patients non hospitalisés, on a constaté qu’entre 11 et 31 % des prescriptions dérogeaient aux directives de l’étiquette (Kimland et Odlind, 2012). Une étude récente sur les consultations médicales par des enfants et adolescents pour obtenir des antidépresseurs aux États-Unis a montré que dans moins d’un cas sur dix (9,2 %) la prescription correspondait à l’âge et à l’indication homologuée par l’organisme de réglementation (Lee et al., 2012); autrement dit, plus de 90 % de ces consultations ont donné lieu à une prescription non conforme d’antidépresseurs. Selon des études menées à l’extérieur du Canada, l’emploi non conforme est plus répandu chez les enfants plus jeunes (Chalumeau et al., 2000; Vlahovic-Palcevski et Mentzer, 2011; Kimland et Odlind, 2012) et dans les contextes de soins intensifs que dans la pratique médicale en général (Chalumeau et al., 2000; O’Donnell et al., 2002). Selon une étude canadienne sur l’utilisation des médicaments par les adultes, pas moins de 11 % de toutes les prescriptions de médicaments se font en dérogation aux directives de l’étiquette, et 79 % de ces emplois non conformes ne s’appuient pas sur de solides données probantes (Eguale et al., 2012). Aucune étude connue ne montre comment les prescriptions à des enfants en dérogation aux directives de l’étiquette au Canada varient selon les affections ou les classes de médicaments. De fait, on ne connaît pas l’ampleur de l’emploi non conforme de médicaments dans la population pédiatrique canadienne, même si l’on avance communément que pas moins de 75 % de toutes les prescriptions pourraient déroger aux conditions d’homologation (SOCI, 2012). L’encadré 2.2 donne un exemple canadien de données qui laissent entendre qu’un médicament est prescrit en dérogation aux directives de l’étiquette pour des enfants. Il est difficile de faire des estimations statistiques précises; en effet, l’information sur les prescriptions données à des enfants est dispersée dans plusieurs sources différentes car les hôpitaux, les pharmacies de détail de même que les régimes publics et privés d’assurance-médicaments tiennent des registres distincts. De plus, mis à part dans les hôpitaux, les données sur les prescriptions sont rarement liées à un diagnostic. Le dossier d’un patient dans un cabinet de médecin indique quelle affection ou quels symptômes sont traités, de même que l’âge et le poids du patient, mais son dossier à la pharmacie ne donne que les médicaments qui lui ont été remis. À partir du seul dossier de prescription, il est difficile d’évaluer si un médicament a été fourni pour une utilisation homologuée (Abi Khaled et al., 2003). 26 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Encadré 2.2 Étude de cas — Utilisation pédiatrique de l’olanzapine L’olanzapine a été homologuée pour la première fois aux États-Unis et au Canada en 1996. On l’emploie chez les adultes pour le traitement de la schizophrénie, de troubles psychotiques connexes et du trouble bipolaire. L’olanzapine atténue de manière sélective les effets de certains neurotransmetteurs (p. ex. la dopamine et la sérotonine) pour maîtriser une psychose. Cependant, son mécanisme d’action précis est inconnu. On en parle parfois comme d’un neuroleptique atypique parce qu’on croit que, par rapport à des neuroleptiques plus anciens, il a moins d’effets secondaires extrapyramidaux provoquant l’altération ou le déclenchement involontaire de mouvements. L’olanzapine est actuellement commercialisée sous différentes marques par son fabricant d’origine et des fabricants de médicaments génériques. En 2009, l’olanzapine a été homologuée aux États-Unis par la FDA pour les adolescents âgés de 13 ans et plus, principalement sur la base de deux ECA — l’un portant sur des adolescents de 13 à 17 ans atteints de schizophrénie, et l’autre sur des adolescents de 13 à 17 ans atteints de trouble bipolaire (CDER, 2009a). À cause de certains doutes sur l’innocuité de l’olanzapine et d’écarts entre les résultats des deux études principales sur son efficacité, la FDA a également exigé du fabricant des études supplémentaires avant d’homologuer ce médicament pour les adolescents (CDER, 2009b). Par contre, au Canada, l’olanzapine n’est pas indiquée pour des patients de moins de 18 ans, et la monographie canadienne du produit contient un avertissement selon lequel son efficacité et son innocuité n’ont pas été établies pour cette population, citant comme préoccupation importante la plus grande fréquence d’événements indésirables chez les adolescents (Lilly, 2013a). Des données sur l’utilisation de l’olanzapine par des adolescents atteints de schizophrénie et de trouble bipolaire ont été soumises à l’Agence européenne des médicaments (EMA) en 2008, mais le médicament n’a pas été homologué. L’étiquette des produits commercialisés dans l’Union européenne a été mise à jour avec l’information issue de ces études pédiatriques quant à l’innocuité de l’olanzapine (EMA, 2013d). Bien que ni les États-Unis ni le Canada n’aient homologué l’emploi de l’olanzapine chez les enfants de moins de 13 ans, des chercheurs ont fait état d’une multiplication par 10 du nombre de neuroleptiques récents (dont l’olanzapine) prescrits à des enfants de moins de 14 ans en Colombie-Britannique entre 1997 et 2007. On croit que, dans cette tranche d’âge, l’olanzapine est prescrite non seulement pour le traitement de la schizophrénie, de troubles psychotiques connexes ou du trouble bipolaire, mais aussi pour des troubles du comportement, indication qui déroge elle aussi aux directives de l’étiquette. La prescription de ce médicament à des enfants est le signe d’un écart entre l’information donnée sur le médicament et les habitudes de prescription des médecins qui traitent des enfants, et constitue un exemple courant d’emploi non conforme. Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 27 Dans une étude récente sur l’utilisation de médicaments à des enfants dans un hôpital canadien, Doherty et al. (2010) ont examiné si les prescriptions correspondaient aux spécifications de l’homologation documentée dans la monographie des produits. En examinant les dossiers de l’hôpital, qui contiennent plus de renseignements sur le diagnostic que les dossiers de prescription, les auteurs ont pu étudier si le but visé par les prescriptions correspondait à l’utilisation homologuée des médicaments. Ils ont constaté que près de 60 % des prescriptions dérogeaient aux directives de l’étiquette. Par contre, reconnaissant que de nombreux praticiens utilisent d’autres sources d’information en ce qui concerne les médicaments prescrits à des enfants, les chercheurs ont également consulté une référence pédiatrique de prescription — le SickKids Drug Handbook and Formulary (voir ci-après) — à titre d’autre norme d’évaluation de l’utilisation de médicaments. En comparant les prescriptions telles que consignées dans les dossiers de l’hôpital avec les recommandations de la référence de SickKids, ils ont constaté que moins de 10 % des prescriptions n’étaient pas conformes à ces lignes directrices (Doherty et al., 2010). Le Drug Handbook and Formulary est un manuel de référence préparé par le comité des médicaments et de thérapeutique de l’Hôpital pour enfants de Toronto (SickKids). Il est bien connu sous l’appellation SickKids Drug Handbook and Formulary. Ses politiques et recommandations sont élaborées et approuvées par ce comité pluridisciplinaire à titre de thérapies médicamenteuses raisonnables. La liste de médicaments5 s’autofinance par le produit des ventes à l’extérieur de l’hôpital. Cette référence donne à l’intention des praticiens en milieu hospitalier de l’information sur l’utilisation recommandée de médicaments dans des populations pédiatriques. La fiche de chaque médicament est rédigée par des pharmaciens, avec la collaboration du service d’information de l’hôpital sur les médicaments, à partir de recherches publiées, mais aussi de l’expertise interne acquise à l’hôpital. Les recommandations sont fondées sur des données probantes et reflètent les connaissances à jour sur les aspects pharmacocinétiques et pharmacodynamiques. Le SickKids Drug Handbook and Formulary est publié annuellement et mis à jour au fur et à mesure de l’évolution des données probantes disponibles (E. Lau, communication personnelle, 2014). C’est là un exemple de manuel et de liste de médicaments propres à un hôpital. 5 De telles listes (en anglais formularies) énumèrent souvent des médicaments spécifiquement recommandés ou couverts dans le cadre d’un régime donné d’assurance-maladie. 28 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Les prescripteurs consultent une variété de sources pour éclairer leurs actes de prescription. Ces sources comprennent les monographies de produit, dont beaucoup sont compilées dans le Compendium des produits et spécialités pharmaceutiques (le CPS), publié par l’Association des pharmaciens du Canada sur papier (mis à jour annuellement) et en ligne (mis à jour de manière continue). Les fabricants sont invités à remettre les monographies approuvées pour qu’elles soient incluses dans le CPS, mais ils ne sont pas obligés de le faire. En plus des monographies fournies par les fabricants, le CPS contient les avis de Santé Canada concernant les produits énumérés, de même que des monographies écrites par son personnel de rédaction à partir de sources publiées indépendantes. Ces sources comprennent des lignes directrices de pratique clinique, la littérature scientifique et d’autres monographies de produit émanant des fabricants. Le CPS illustre certaines difficultés liées à la synthèse des connaissances sur les médicaments pour les enfants en développement. Dans une monographie : la section des indications peut ne pas dire si le médicament est homologué pour des enfants; la section des mises en garde et des précautions donne les renseignements connus sur l’innocuité du produit ou indique qu’une information claire à ce sujet n’est pas disponible dans le cas des enfants (peu importe que les indications d’emploi comprennent ou non les enfants); les lignes directrices concernant la posologie peuvent révéler ou non s’il y a des options de prescription en pédiatrie. Certains médicaments homologués pour les enfants peuvent ne pas mentionner les utilisations pédiatriques dans les indications tout en mentionnant la posologie pour une indication pédiatrique homologuée dans les lignes directrices concernant la posologie. Dans le cas des médicaments homologués pour les enfants, la plupart des monographies énumèrent les affections ou les autres médicaments non compatibles avec le produit. De nombreuses monographies décrivent comment l’utilisation du produit peut changer selon les stades du développement. Plusieurs médicaments sont recommandés pour certaines tranches d’âge mais non pour d’autres. Même si certains produits sont homologués pour les enfants et que d’autres sont contre-indiqués pour une certaine partie de la population pédiatrique, dans la plupart des cas il est indiqué que l’innocuité et l’efficacité du produit chez les enfants sont inconnues (Uppal et al., 2008; Doherty et al., 2010). Des études effectuées aux États-Unis (Field et al., 2013) et en Australie (Tan et al., 2003) ont mis au jour plusieurs lacunes des étiquettes de produit utilisées dans ces pays — dont des données posologiques pédiatriques inadéquates et incohérentes. L’analyse du CPS effectuée par le comité donne lieu à des observations semblables au Canada. Les monographies de produit ne sont pas structurées de manière à communiquer clairement l’information Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 29 pertinente pour le traitement d’enfants, et elles sont souvent rédigées d’une manière peu claire. Étant donné ces problèmes avec les étiquettes de produit, de nombreux cliniciens se tournent vers la littérature publiée (Gaifulina, 2011; Field et al., 2013) et les lignes directrices de pratique clinique dans leur spécialité; par contre, ces sources ne fournissent pas nécessairement la même information sur les bienfaits et les effets nocifs des médicaments. Les cliniciens peuvent recourir à l’une des nombreuses références et listes de médicaments pédiatriques disponibles dans les hôpitaux (Dayneka, 2003). Lorsqu’elles sont fondées sur des données probantes examinées par des pairs, ces ressources spécifiquement pédiatriques peuvent constituer des sources d’information crédible sur la prescription de médicaments à des nourrissons, à des enfants et à des adolescents. Cependant, le comité a noté que la compilation de données probantes publiées est sujette à un biais de publication, car les recherches mettant au jour des problèmes d’innocuité et des manques d’efficacité sont plus susceptibles de ne pas être publiées (Dwan et al., 2008). En plus de faire appel à des données probantes examinées par des pairs, les listes de médicaments établies par les hôpitaux recommandent parfois une posologie fondée sur l’opinion d’experts, ce qui est communément interprété comme une source de données de moindre qualité. Les listes de médicaments élaborées par les hôpitaux portent sur les médicaments disponibles dans un seul établissement et ne sont pas approuvées à l’échelle nationale ou par des organismes représentant des médecins spécialistes. De plus, les pratiques de prescription peuvent correspondre ou non à l’information posologique officielle indiquée dans la monographie des produits. Même si elles reposent sur l’usage conseillé aux praticiens d’un hôpital donné, certaines listes de médicaments sont utilisées au-delà de l’établissement où elles constituent une politique officielle. Aucune évaluation connue n’a établi dans quelle mesure de telles références contribuent à une meilleure pratique ou à de meilleurs résultats. Les cliniciens peuvent aussi recourir à des sources d’information en matière médicamenteuse telles que LexicompMD, ressource en ligne mise à la disposition des praticiens par Wolters Kluwer Health Clinical Solutions. Même s’il existe des données sur l’adoption de LexicompMD, aucune évaluation connue n’a établi dans quelle mesure de telles références contribuent à une meilleure pratique ou à de meilleurs résultats. Dans d’autres pays, certains documents de référence financés à l’échelle nationale mettent l’accent sur la prescription de médicaments à des enfants. La liste British National Formulary for Children a été élaborée à partir de sources multiples, dont les documents soumis à l’organisme de réglementation pour l’homologation des médicaments. Cependant, cette liste « contient aussi beaucoup de conseils 30 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada qui vont au-delà des autorisations de commercialisation (licences de produit). Cela est nécessaire parce que, souvent, les indications homologuées ne couvrent pas les besoins cliniques des enfants. » (traduit de BNF, 2013). Cette liste de médicaments inclut en outre les contributions de conseillers experts, de la littérature spécialisée et d’autres sources de référence (Elias-Jones et Rylance, 2005; BNF, 2013). Les Pays-Bas ont également investi dans la mise sur pied d’une liste nationale de médicaments (Ceelie et al., 2011), dans le cadre de leur politique nationale sur les médicaments. L’Australian Medicines Handbook offre maintenant un supplément intitulé Children’s Dosing Companion (AMH, 2013a, 2014). Son contenu, fondé sur des données probantes et examiné par des pairs, comprend des données posologiques organisées par indication et par tranche d’âge. Chaque monographie précise les utilisations qui dérogent aux directives de l’étiquette et s’il y a d’autres traitements préférentiels pour certaines indications (AMH, 2013b). Ces ressources, qui reposent sur une information allant au-delà des données soumises pour l’homologation des médicaments, sont constamment disponibles sous plusieurs formes et régulièrement mises à jour. Les ressources disponibles pour les prescripteurs canadiens sont dans bien des cas ambiguës en ce qui concerne l’adéquation des médicaments pour tous les âges et les stades de développement de l’enfant. Même s’il y a plusieurs sources d’information, il n’existe aucune source validée, exhaustive et faisant autorité sur laquelle les prescripteurs puissent fonder leurs décisions concernant la prescription de médicaments à des enfants. Pour répondre aux besoins des enfants, les praticiens doivent, au-delà des monographies de produit, chercher des références pédiatriques spécifiques qui rassemblent des données probantes fiables. Par contre, des exemples d’autres pays montrent qu’il peut y avoir une manière de combiner l’information approuvée et les données d’autres sources. La section 2.3 présente certaines options qui permettraient d’améliorer l’information disponible pour prendre des décisions concernant les médicaments, y compris, de la part de l’organisme de réglementation, le fait d’exiger toute l’information disponible sur un médicament. 2.1.4 Un emploi non conforme est-il inapproprié? L’emploi non conforme d’un médicament n’est pas illégal au Canada, même s’il comporte certains risques6. L’inconvénient possible pour le patient réside dans l’exposition à un produit ou à une dose inefficace, de même que des effets 6 Santé Canada ne réglemente pas l’emploi de médicaments en dérogation aux directives de l’étiquette. Par contre, le Règlement sur les aliments et drogues interdit aux fabricants de promouvoir les utilisations non conformes de médicaments (GdC, 2013). De la même manière, aux États-Unis, l’organisme fédéral de réglementation ne réglemente pas les pratiques individuelles de prescription. L’Académie américaine de pédiatrie a récemment énoncé une politique précisant que l’emploi non conforme n’est pas inapproprié ou illégal et qu’il est souvent nécessaire pour fournir le traitement le plus adéquat aux patients pédiatriques (AAP, 2014). Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 31 secondaires inconnus ou non désirés. Lorsqu’un médicament est homologué, on estime que ses bienfaits l’emportent sur tous les effets nocifs connus liés à son utilisation selon les modalités et pour les fins spécifiées. Tout écart par rapport à la démarche thérapeutique recommandée peut modifier le profil des bienfaits et effets nocifs d’un médicament. Un emploi non conforme est associé à un plus grand risque d’événements indésirables et d’effets secondaires plus sérieux que dans le cas d’une utilisation approuvée (Vlahovic-Palcevski et Mentzer, 2011; Kimland et Odlind, 2012; Bellis et al., 2013). Une modification de l’utilisation recommandée — comme une modification de la forme du médicament (p. ex. en écrasant des comprimés pour mêler le médicament à de la nourriture) — peut aussi avoir pour effet de diminuer les bienfaits du médicament pour le patient (Best et al., 2011) (le chapitre 4 donne plus d’explications à ce sujet). L’emploi non conforme d’un médicament peut avoir des conséquences pour le prescripteur quant à sa responsabilité professionnelle et sur le plan moral. Les praticiens ont l’obligation déontologique de donner de l’information sur un traitement qu’ils prescrivent ainsi que de faire part des bienfaits et des effets nocifs de toute prescription au patient ou, si celui-ci est d’âge mineur, au parent ou tuteur. Une prescription en dérogation aux directives de l’étiquette peut, par sa nature même, comporter moins de certitude quant à cette information. Si un médicament est connu pour avoir un profil défavorable des bienfaits et effets nocifs chez les adultes, les cliniciens peuvent ne pas pouvoir le prescrire avec confiance à des enfants en dérogation aux directives de l’étiquette. De plus, le profil des bienfaits et effets nocifs peut être différent chez les enfants de ce qu’il est pour les adultes (Ungar, 2012). Malgré ces implications déontologiques, la plupart des praticiens préfèrent offrir un traitement en dérogation aux directives de l’étiquette plutôt que de laisser un patient sans traitement (Bright, 2006). Un emploi non conforme s’appuie parfois sur d’autres données probantes. Cela signifie que Santé Canada peut ne pas avoir autorisé une utilisation particulière, mais que de l’information sur l’innocuité et l’efficacité d’un médicament soit disponible à partir d’autres sources que son étiquette canadienne (décrite plus haut), notamment après son arrivée sur le marché. Par conséquent, certains chercheurs font la distinction entre un emploi non conforme bien fondé sur des données probantes publiées après examen par des pairs, sur des lignes directrices de pratique ou sur des manuels, et un emploi non conforme mal fondé (discutable) (Gazarian et al., 2006; Gijsen et al., 2009). L’encadré 2.3 décrit un cas où de l’information facilement disponible à l’étranger pourrait constituer la base d’un emploi non conforme bien fondé au Canada. 32 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Encadré 2.3 Étude de cas — Utilisation pédiatrique du célécoxib Le célécoxib a été homologué pour la première fois aux États-Unis en 1998 comme anti-inflammatoire. Ce médicament représentait une amélioration par rapport à d’autres produits semblables, avec un potentiel moindre d’événements gastro-intestinaux sérieux (CPhA, 2013b). Le célécoxib est commercialisé sous la marque CelebrexMD. En 2002, le fabricant a entrepris un ECA sur des patients atteints d’arthrite juvénile idiopathique (Pfizer, 2008). Sur la base des résultats de cette étude, un comité consultatif de la FDA a voté à 15 contre 1 pour une extension de l’homologation du médicament. En décembre 2006, la FDA a approuvé l’extension de l’homologation du CelebrexMD au traitement de l’arthrite juvénile idiopathique chez les enfants âgés de 2 ans et plus, déclarant : « D’autres médicaments sont homologués pour le traitement de cette affection, mais chez certains enfants ils peuvent être d’une efficacité limitée ou causer des effets secondaires intolérables. Le CelebrexMD constituera une option de traitement additionnelle nécessaire pour les enfants. » (traduit de FDA, 2006). Au Canada, le CelebrexMD a été homologué en 1999. Malgré des modifications aux données d’étiquetage du médicament aux États-Unis, la monographie canadienne du CelebrexMD fait toujours état d’une contre-indication d’utilisation chez des patients de moins de 18 ans (Pfizer, 2013). De plus, dans la section des usages indiqués, la monographie du produit précise que l’innocuité et l’efficacité du CelebrexMD ne sont pas établies pour la population pédiatrique. Par conséquent, l’emploi du CelebrexMD pour des patients pédiatriques au Canada est non conforme, alors qu’il est autorisé aux États-Unis. Cela constitue un exemple d’écart dans l’information de prescription accessible aux médecins qui traitent des enfants dans différents pays. Certains renseignements qui pourraient être utilisés pour l’étiquetage au Canada représentent une occasion manquée de traiter des enfants. 2.1.5 Mieux connaître les produits en surveillant les emplois non conformes La surveillance et l’analyse des emplois non conformes de médicaments constitueraient un moyen de mieux connaître leur innocuité et leur efficacité. L’observation des emplois non conforme donne de l’information sur des populations qui pourraient ne pas avoir été incluses dans les essais cliniques pour des raisons éthiques et pratiques. À cause de cela, il y a souvent peu ou pas de données sur la manière dont ces groupes sont susceptibles de réagir à un Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 33 médicament. Les enfants font souvent partie des groupes exclus de la recherche précommercialisation. Même lorsque des études pédiatriques sont menées pour déterminer l’innocuité et l’efficacité d’un médicament, elles peuvent ne pas examiner les effets sur certains sous-groupes de la population pédiatrique, par exemple les patients qui ont d’autres affections (comorbidité) ou qui prennent d’autres médicaments. Un suivi attentif de l’utilisation réelle de produits dans ces diverses populations constitue une source potentiellement riche de données sur leur innocuité et leur efficacité. La collecte et l’utilisation d’information sur l’emploi réel de médicaments posent toutefois des défis supplémentaires. Dans le système canadien actuel, les mécanismes de signalement en matière d’innocuité (décrits en détail au chapitre 6) sont limités et informels. À cause de cela, l’information tirée des emplois non conformes de médicaments est de piètre qualité, de sorte que l’on n’acquiert ainsi de manière systématique et en temps voulu que peu ou pas de connaissances sur leur innocuité et leur efficacité. D’autres chapitres abordent les méthodes d’étude (y compris celles qui vont au-delà des essais cliniques conventionnels) qui pourraient fournir de manière plus souple des données probantes plus utiles sur les médicaments pour enfants au Canada. 2.1.6 Facteurs politiques et sociaux qui influent sur l’utilisation de médicaments chez les enfants De nombreux facteurs — comme la géographie, les coûts et les préférences personnelles — peuvent contribuer à déterminer quels médicaments sont disponibles et effectivement utilisés par un patient. Ces facteurs interviennent à l’échelle des systèmes provinciaux de soins de santé, des soignants, ainsi que des patients et de leur famille. Le présent rapport met l’accent sur les connaissances scientifiques disponibles qui éclairent les décisions des organismes de réglementation, mais ces autres facteurs deviennent prépondérants une fois qu’un produit est homologué. Contrairement à d’autres formes de soins de santé, l’accès aux médicaments n’est pas garanti par la Loi canadienne sur la santé. L’évaluation des bienfaits et effets nocifs relatifs des médicaments ne relève pas de Santé Canada. Une fois qu’ils sont homologués par Santé Canada, l’accès aux médicaments sur ordonnance dépend principalement des régimes publics provinciaux d’assurancemédicaments, des régimes privés d’assurance-médicaments et du paiement par les patients et leur famille. À l’heure actuelle, il y a au Canada de grandes variations dans l’inclusion des enfants dans les régimes provinciaux d’assurancemédicaments (Ungar et Witkos, 2005). Les régimes privés d’assurance-maladie, comme ceux qui font partie des avantages sociaux dans le cadre d’un emploi, demeurent la principale source de couverture des médicaments pour de nombreux enfants canadiens (ICIS, 2013). 34 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Les régimes publics et privés d’assurance-médicaments déterminent quels médicaments sont couverts. Les participants doivent parfois assumer une partie du coût des médicaments sous forme de coassurance ou de franchise. Dans le cas des médicaments qui ne font pas partie de la liste approuvée par le régime d’assurance-médicaments, la famille du patient ou l’institution soignante doit en assumer le coût total. Au Canada, pour toutes les provinces sauf le Québec, les recommandations quant aux médicaments à inclure dans les listes provinciales de médicaments sont préparées par le Comité canadien d’expertise sur les médicaments (CCEM) nommé dans le cadre du Programme commun d’évaluation des médicaments (PCEM) de l’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) (ACMTS, 2013). Même s’il est indépendant des évaluations effectuées par Santé Canada, le CCEM utilise des données semblables à celles de Santé Canada dans son processus d’évaluation, par exemple les données fournies par les fabricants sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments. Le PCEM considère en outre les données sur les coûts et avantages soumises par le fabricant. Dans l’élaboration de son rapport sur un médicament, le CCEM examine des recherches supplémentaires, les avis de groupes de patients, ainsi que le coût et les bienfaits thérapeutiques du produit par rapport à des traitements existants. Son rapport et les recommandations qu’il contient sont ensuite étudiés par les régimes d’assurance-médicaments participant au PCEM, qui décident de l’inclure ou non dans leur liste de médicaments. Le travail du PCEM a souvent pour effet de restreindre l’emploi conforme d’un médicament, en suggérant une couverture pour un sous-ensemble de la population ou pour des indications plus limitées. Souvent, les données ne sont pas rapportées à un niveau de détail suffisant pour permettre une interprétation objective des bienfaits et des effets nocifs pour divers sous-groupes. Les listes des régimes d’assurance-médicaments reposent donc sur ces recommandations. Les régimes provinciaux d’assurance-médicaments peuvent considérer les recommandations du CCEM, mais ils ne sont pas tenus de les suivre. Certains régimes provinciaux d’assurance-médicaments font leur propre examen des données probantes avant de décider d’inclure ou non un médicament dans la liste provinciale. Les examens effectués par le PCEM constituent un intrant de ce processus, au même titre que les priorités et les ressources de chaque régime. Les disparités dans l’adoption de recommandations, et dans le moment où survient une telle adoption, peuvent créer des différences entre provinces quant aux médicaments couverts par le régime public. S’ajoutent à cela les différences entre les régimes publics et privés, tant pour les médicaments couverts que pour les personnes qui bénéficient de cette couverture (Ungar et Witkos, 2005). Tout cela résulte en une disparité d’accès aux médicaments. Souvent, un régime Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 35 public ou privé ne couvre pas les patients d’une tranche d’âge autre que celle pour laquelle un médicament a été homologué. Par conséquent, l’emploi non conforme d’un médicament peut souvent ne pas être couvert. Pour ce qui est des soignants, les praticiens prescripteurs décident du traitement pour chaque patient. Comme on l’a décrit plus haut, ils peuvent se fier aux données de la monographie des produits, mais également à d’autres sources, en particulier dans le cas d’un emploi non conforme. Ils peuvent aussi être influencés par leur expérience clinique personnelle des bienfaits et effets nocifs potentiels de divers produits. Du point de vue des patients, les besoins et les préférences de chacun influent au bout du compte sur l’observance du traitement médicamenteux prescrit, à l’intérieur des options fournies. Dans le cas notamment des enfants non autonomes, le traitement fait souvent intervenir un cercle plus large de personnes. Les membres de la famille et ceux qui prennent soin des enfants influencent ou parfois même prennent les décisions quant aux options de traitement. Et ces décisions ont à leur tour des répercussions sur la vie des personnes qui entourent le patient (Ungar et Gerber, 2010). Ainsi donc, une fois que Santé Canada a reconnu l’innocuité et l’efficacité d’un médicament, les décisions des gestionnaires des régimes provinciaux et privés d’assurance-médicaments, des prescripteurs, des patients et des personnes qui s’en occupent, influent sur la manière dont un médicament est ultimement utilisé. Parmi les facteurs qui interviennent, il y a la comparaison entre le médicament et d’autres traitements, les résultats sur le patient, les coûts, les effets à long terme autres que sur la santé, de même que les préférences personnelles. 2 .2 B E S OI N DE RE C H E R CH E S S U R DES ENFANTS Pour remédier au manque d’approbation d’indications pédiatriques et aux emplois non conformes qui en résultent, il faut mener des recherches sur des enfants de sorte que des médicaments sûrs et efficaces soient homologués pour une utilisation pédiatrique. En plus d’éclairer les thérapies médicamenteuses pour des populations pédiatriques, la recherche clinique peut avoir des avantages supplémentaires comme un accès précoce à des traitements expérimentaux (Yusuf et Cairns, 2012). Des enfants canadiens participent à de nombreux essais cliniques, mais, comme on le voit plus loin dans ce chapitre, les bénéfices qui en résultent pour les enfants au Canada ne sont pas tout à fait clairs. Santé Canada a récemment rendue accessible au public une base de données sur les essais qu’il a étudiés (Santé Canada, 2013b). Cependant, cette base de données contient des détails limités sur chaque recherche, comme le numéro et le titre du protocole, le nom du médicament, l’affection en cause et la population étudiée. Santé Canada a également annoncé qu’il allait continuer d’exiger la divulgation des données sur les essais cliniques par le truchement d’un registre 36 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada existant. Même si l’accès public aux données et l’inscription des essais cliniques dans un registre ne sont pas exclusifs aux essais pédiatriques, ces changements pourront entraîner des bénéfices particuliers pour la recherche sur des enfants. Le libre accès aux données des essais menés sur des enfants peut encourager davantage les échanges sur les méthodes et les résultats entre chercheurs et avec le public (Santé Canada, 2012c, 2012e). L’OMS exploite un portail consultable d’essais cliniques contenant des données provenant de 12 registres dans le monde (OMS, 2013a). En 2010, le Réseau de recherche en santé des enfants et des mères (MICYRN) a publié une analyse des essais cliniques pédiatriques rapportés dans le portail de l’OMS (Junker, 2010). Le comité a tenu compte des données de l’analyse du MICYRN dans son évaluation de l’ampleur de la recherche pédiatrique au Canada. La Dre Anne Junker, directrice scientifique du MICYRN, a présenté au comité une mise à jour de l’analyse de 2010, en utilisant une méthode semblable fondée sur une recherche dans le portail de l’OMS. Cette recherche montre que de nombreux essais cliniques comprennent la participation d’enfants canadiens, malgré les difficultés de la recherche sur des médicaments pédiatriques. Au moment de l’analyse effectuée par le comité (en avril 2013), le portail de l’OMS contenait des renseignements sur 9059 essais cliniques pour lesquels on recrutait activement des participants jusqu’à l’âge de 18 ans. À ce moment-là, 43 % de ces essais cliniques avaient lieu aux États-Unis, et 8 % au Canada (données non illustrées). Pour offrir un portail unique donnant des renseignements détaillés sur chacune de ces recherches, l’OMS utilise des données contenues dans divers registres et fournit aussi un portrait instantané de l’activité des essais cliniques. Bien que le vérificateur général du Canada ait récemment formulé des recommandations à Santé Canada concernant une plus grande transparence de toutes les activités d’essai clinique (BVG, 2011), il n’y a actuellement aucun registre de ce type au Canada. Les chercheurs peuvent enregistrer volontairement leurs travaux dans des portails exploités par les États-Unis (www.clinicaltrials.gov), et Santé Canada les encourage à le faire mais ne les y oblige pas. De fait, à l’heure actuelle, Santé Canada n’a aucune exigence formelle de divulgation publique — au moyen par exemple d’un registre existant — concernant les protocoles ou les essais en cours au Canada, ou les résultats des essais lorsqu’ils sont terminés, sauf pour ceux qui sont financés par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Il y a beaucoup d’intérêt envers une divulgation plus complète de l’activité de recherche. L’initiative AllTrials, née récemment de la collaboration de revues scientifiques, d’universités et d’instituts de recherche, encourage l’enregistrement de tous les essais cliniques et la publication de tous leurs Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 37 résultats (AllTrials, 2014). Des bailleurs de fonds publics et des éditeurs de publications de recherche exigent l’enregistrement public des essais qu’ils soutiennent7, mais les fabricants privés prennent leurs propres décisions quant à la publication des résultats. Un registre des essais cliniques fournirait un portrait plus complet et exact des bienfaits et des effets nocifs potentiels des produits; il pourrait rendre compte des patients qui ont été éliminés de l’étude et de ceux pour lesquels aucun résultat n’est indiqué dans les données soumises pour l’homologation d’un médicament. De plus, un tel registre comprendrait les essais qui ont échoué (résultats négatifs) et les résultats concernant des médicaments pour lesquels aucune demande d’homologation n’a été faite ou dont l’homologation au Canada a été refusée. Le portail de l’OMS et la base de données de Santé Canada peuvent tous deux contribuer à une meilleure transparence concernant les essais cliniques. Un référentiel des résultats des essais cliniques, qui permet par exemple de faire des méta-analyses, est un outil totalement différent. Le comité n’est pas au courant qu’une telle ressource soit disponible à propos des essais cliniques menés au Canada. Une infrastructure qui permet la diffusion de connaissances peut contribuer à résoudre certaines difficultés de la recherche clinique. On sait que les essais cliniques sont coûteux et complexes, en particulier pour les médicaments pédiatriques (Matsui et al., 2003; Rieder, 2003; Li et al., 2007; Vanchieri et al., 2008). Le comité a eu connaissance de plusieurs initiatives visant à rendre le Canada plus attrayant pour y mener des essais cliniques pédiatriques. Le MICYRN relie 19 organismes de recherche sur la santé situés dans des centres universitaires de santé au Canada, de même que des réseaux de recherche situés dans des milieux cliniques (MICYRN, 2013). Le MICYRN coordonne plusieurs initiatives nationales visant à supprimer les barrières et à améliorer la collaboration en matière de recherche clinique, notamment : • en améliorant la cohérence et en diminuant les dédoublements dans les examens éthiques; • en améliorant l’analyse systématique des ressources de recherche, grâce à des modèles et à la formation; • en diffusant des programmes et des normes afin d’augmenter la mise en commun et la comparabilité des données. 7 La Politique inter-conseils, qui oriente la manière de mener des recherches financées par les conseils subventionnaires fédéraux canadiens, exige que les essais cliniques soient inscrits dans un registre public avant le début du recrutement (Trois Conseils, 2010). D’autres implications de cette politique étendue sont élaborées plus loin dans le rapport. De plus, pour pouvoir donner lieu à une publication dans une revue biomédicale, un protocole doit être inscrit dans un registre public (ICMJE, 2013). Cependant, une étude récente laisse entendre que cette inscription peut néanmoins être inadéquate ou complètement absente pour une majorité d’essais cliniques faisant l’objet de publications (Mathieu et al., 2009). 38 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Le site Web du MICYRN (MICYRN, 2013) donne plus de renseignements sur chacune de ces initiatives. Au moment de la présente évaluation, ces propositions étaient préliminaires et n’avaient pas encore été complètement mises en œuvre ou évaluées. D’autres initiatives améliorent de manière plus générale le soutien aux activités d’essai clinique. En 2011, un Sommet national sur les essais cliniques, parrainé par l’Association canadienne des institutions de santé universitaires, les IRSC et les compagnies de recherche pharmaceutique du Canada (Rx&D), a réuni des représentants de la recherche universitaire et industrielle, ainsi que d’organismes gouvernementaux et connexes (Rx&D et al., 2012). Dans le plan d’action qui a résulté de ce sommet, les participants ont formulé neuf recommandations visant à améliorer l’environnement des essais cliniques au Canada. Depuis ce sommet, ses organisateurs ont accompli des progrès dans la mise en œuvre de certaines recommandations et la planification de certaines autres. Au stade actuel, ces efforts portent exclusivement sur les essais dont les participants sont des adultes. La recherche sur des enfants est notablement absente du plan d’action et des recommandations du sommet, ainsi que des mises à jour qui ont suivi. Par contre, au chapitre des initiatives relatives au soutien des essais cliniques, les progrès du MICYRN dans l’harmonisation des examens éthiques sont cités comme un modèle de processus de collaboration (Martz et al., 2012). Avec les travaux en cours du Comité permanent du Sénat sur les affaires sociales, les sciences et la technologie (présentés au chapitre 1), la collaboration des organismes qui ont parrainé ce sommet contribue à améliorer l’environnement des essais cliniques au Canada. Bien que ces efforts soient préliminaires et que l’on ne puisse en évaluer la mise en œuvre et les effets, le comité a noté qu’ils constituent des occasions d’améliorer l’environnement des essais pédiatriques, qui demeurent la source la plus recherchée de données probantes sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments. 2 . 3 R É P O N D R E AU X B E S OI NS DE RE C H E R C H ES L’ampleur de l’emploi non conforme en dit long sur la demande de recherches à propos des médicaments pédiatriques. Comme on l’a mentionné plus haut, le milieu de la recherche a défini et travaille à mettre en œuvre des infrastructures et des procédures de soutien afin d’éliminer certains obstacles à de telles recherches. Il faut toutefois préciser que le Canada n’est pas absent de toute activité de recherche, mais plutôt qu’il est actif en matière d’essais cliniques. Selon une analyse effectuée par le MICYRN sur des données du portail de l’OMS, il y a davantage de sites d’essais cliniques par habitant au Canada qu’au Royaume-Uni et qu’aux États-Unis. Le comité en a déduit que le Canada est tout à fait prêt à faire de la recherche, mais que cette recherche n’est pas Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 39 pleinement orientée vers le soutien du processus d’examen réglementaire. Le fait d’être prêt à mener des essais cliniques est nécessaire mais non suffisant pour que des données probantes se traduisent par l’homologation de nouveaux médicaments, de sorte que les pays qui participent à la recherche peuvent ne pas toujours bénéficier des résultats de ces essais par l’homologation de médicaments pour les enfants. Comme le montre le cas du célécoxib (voir l’encadré 2.3), les essais cliniques qui ont servi à évaluer son innocuité et son efficacité ont eu lieu en partie au Canada, et ont donc inclus des enfants canadiens, mais ils n’ont pas entraîné l’homologation du médicament comme sûr et efficace pour les enfants au Canada (Pfizer, 2008). Par conséquent, l’emploi du CelebrexMD chez les patients pédiatriques au Canada demeure en dérogation aux directives de l’étiquette. Comme on l’a mentionné plus haut, en vertu de la législation actuelle, Santé Canada n’exige aucune recherche ou donnée à l’appui d’une indication d’emploi dans les populations pédiatriques, mais il met de l’avant des mesures incitatives pour encourager la recherche sur les indications pédiatriques. Un fabricant d’un médicament innovant 8 jouit d’une protection de ses données pendant une période de huit ans, au cours de laquelle personne d’autre ne peut s’appuyer sur ses données ou s’en servir pour obtenir l’homologation du même produit ou d’un produit semblable tel qu’une version générique 9 du médicament. Lorsqu’un fabricant fournit aussi les résultats d’essais cliniques conçus pour augmenter les connaissances sur l’innocuité et l’efficacité du médicament en vue d’une utilisation pédiatrique, la protection des données est prolongée de six mois (Santé Canada, 2011c). Il n’est pas nécessaire que l’information pédiatrique fournie appuie une nouvelle indication pédiatrique, mais elle pourrait confirmer une contre-indication ou une mise en garde contre une utilisation pédiatrique. Les connaissances résultant des études pédiatriques sont alors accessibles au public par le truchement d’une modification de l’étiquette ou de la monographie du produit. Ainsi, qu’ils soient positifs ou négatifs, les résultats d’essais peuvent contribuer à fournir des données probantes sur l’innocuité et l’efficacité d’un médicament chez les enfants. Depuis que la disposition sur la protection des données a été introduite au Canada en 2006, 43 nouveaux médicaments ont bénéficié de la prolongation de six mois liée à l’inclusion d’information sur leur utilisation pédiatrique 8 Un médicament innovant contient un ingrédient médicinal qui n’a jamais été homologué auparavant en vue d’une utilisation dans un médicament au Canada pour une indication quelconque (SC, 2011c). 9 Un médicament générique contient des quantités identiques des mêmes ingrédients médicinaux, sous des formes comparables, mais ne contient pas nécessairement les mêmes ingrédients non médicinaux que le produit de marque original (GdC, 2013). 40 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada (BMBL, 2013; Santé Canada, 2014a). Cependant, comme le montre la figure 2.3, le nombre de médicaments homologués sans cette prolongation est demeuré constamment plus élevé que le nombre de médicaments homologués avec des données probantes quant à leur utilisation pédiatrique. Dans son examen des projets de recherche sur des médicaments, le comité de pédiatrie de l’EMA a constaté que 30 % des médicaments à l’étude ne convenaient pas ou pouvaient être nocifs pour des enfants (EMA, 2012e). Le comité en déduit que, pour les deux tiers des médicaments, on pourrait s’attendre à ce qu’ils aient une indication pédiatrique. ■ ■ Médicaments faisant l’objet d’une protection des données sans prolongation pédiatrique Médicaments faisant l’objet d’une protection des données avec prolongation pédiatrique 35 Nombre de médicaments 30 25 20 15 14 27 12 5 12 11 10 9 12 6 5 4 0 2006–2007 16 15 2007–2008 2008–2009 2009–2010 2010–2011 2 2011–2012 5 2012–2013 Exercice financier © Tous droits réservés. Registre des drogues innovantes. Santé Canada, 2014. Reproduit avec l’autorisation du ministre de la Santé, 2014 (Santé Canada, 2014a). Figure 2.3 Médicaments faisant l’objet d’une protection des données, par exercice financier Depuis l’introduction de la prolongation de la protection des données pour les fabricants qui fournissent des données sur l’innocuité ou l’efficacité des médicaments chez les enfants, seule une minorité de médicaments innovants homologués par Santé Canada et faisant l’objet d’une protection des données comportaient des données pédiatriques. Selon des données venant de l’étranger, les deux tiers des médicaments pourraient avoir une indication pédiatrique (EMA, 2012e). La figure montre le nombre de prolongations pour données pédiatriques accordées au Canada aux cours des sept années suivant l’introduction de cette mesure incitative. Il n’a pas été possible de déterminer le nombre de produits pour lesquels aucune donnée pédiatrique n’a été fournie à Santé Canada alors qu’ils étaient admissibles à une prolongation. Comme Santé Canada accorde à un fabricant une période de cinq ans après l’homologation initiale (pour adultes) pour soumettre une demande supplémentaire en vue d’une prolongation, des médicaments homologués depuis 2009 peuvent avoir fait l’objet d’une telle demande. Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 41 En plus de la prolongation de la protection des données pour de l’information sur une utilisation pédiatrique, Santé Canada a mis de l’avant plusieurs dispositions visant à accélérer et à simplifier le processus d’homologation, afin de soutenir la recherche sur des questions prioritaires. Même si ces dispositions ne sont pas propres aux études pédiatriques, elles peuvent s’appliquer à la recherche pédiatrique dans leurs champs d’application respectifs. • Examen prioritaire : dans le cas de traitements prometteurs d’affections mettant la vie en danger ou gravement invalidantes pour lesquelles aucun produit semblable n’est actuellement commercialisé, ou lorsque le médicament proposé améliore de manière significative les traitements existants (c.-à-d. qu’il est plus efficace ou diminue le risque d’effet nocif). Les demandes d’homologation doivent inclure les renseignements habituels, mais Santé Canada s’engage à les examiner plus rapidement (Santé Canada, 2006). L’examen prioritaire a été proposé comme mesure incitative aux fabricants de médicaments pédiatriques (Santé Canada, 2012f). • Homologation de médicaments génériques : dans le cas de produits qui contiennent la même quantité des ingrédients médicinaux qu’un produit existant et homologué (Santé Canada, 2012b; SOCI, 2012). L’homologation d’un médicament générique n’exige pas autant de données probantes et elle peut être accordée à partir de données de biodisponibilité et d’essais cliniques de phase I. Une demande d’homologation d’un médicament générique admissible après l’expiration du brevet et de la période de protection des données du produit d’origine peut être examinée par Santé Canada dans le cadre d’un processus abrégé (Santé Canada, 2013c). • Médicaments orphelins : dans le cas de médicaments conçus pour le traitement de maladies rares, définies par Santé Canada comme des affections mettant la vie en danger ou gravement invalidantes, ou encore graves et chroniques, touchant moins de 1 personne sur 2000 (Santé Canada, 2012a). Santé Canada élabore actuellement une démarche d’encouragement à de telles recherches. Comme ces affections touchent un petit nombre de personnes, des bénéfices économiques moindres s’ajoutent aux difficultés de mise au point et de commercialisation des médicaments orphelins. En vertu d’un cadre réglementaire proposé, les médicaments orphelins constitueraient une passerelle vers des mesures incitatives pour les fabricants et des dispositions plus souples pour l’organisme de réglementation. Les promoteurs de la mise au point de médicaments orphelins auraient droit à des conseils de Santé Canada en matière de protocole scientifique et clinique, ainsi qu’à un examen prioritaire de leurs demandes d’homologation. Ils auraient l’obligation d’enregistrer tous les essais cliniques et de faire un suivi après l’homologation de ces médicaments (Santé Canada, 2012a). De plus, le Canada participe aux efforts internationaux d’élaboration et d’échange de connaissances sur les maladies rares (IRDiRC, 2013; Orphanet, 2013). 42 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Ces dispositions font en sorte que, lorsque le besoin est plus pressant, des médicaments peuvent être homologués avec souplesse sans sacrifier l’innocuité, l’efficacité ou la qualité. Le processus d’homologation comporte alors un examen accéléré des demandes par Santé Canada et, dans le cas des produits génériques, des exigences limitées quant aux données. Ces dispositions pourraient servir à encourager la recherche pédiatrique sur des médicaments admissibles, et aussi être adaptées de manière plus générale aux médicaments pédiatriques, pour faire en sorte que les enfants aient accès en temps voulu à des médicaments appuyés par de solides données probantes. 2.3.1 Expérience des médicaments pédiatriques à l’étranger Les récentes initiatives législatives et réglementaires des États-Unis et de l’Union européenne en matière de recherche sur des médicaments pédiatriques ont montré qu’il est possible de mettre au point des outils efficaces pour accroître la qualité et la quantité des recherches sur des médicaments pédiatriques. Ces expériences pourraient inspirer le Canada. À première vue, certaines caractéristiques des systèmes des États-Unis et de l’Union européenne sont semblables. Les deux offrent des mesures incitatives financières pour encourager la recherche sur les indications pédiatriques, en plus d’exiger comme condition d’homologation de tout médicament de prendre en considération son utilisation pédiatrique possible (Boots et al., 2007; Olski et al., 2011; Hoppu et al., 2012). Dans les deux cas, l’organisme de réglementation contrôle certaines fonctions centrales, comme la capacité de définir les priorités de recherche et de donner des conseils à propos de la conception d’études menées sur des enfants. L’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux Aux États-Unis, la FDA est l’agence fédérale chargée d’homologuer les médicaments. Les premières mesures législatives visant à stimuler la recherche sur des médicaments pédiatriques aux États-Unis ont été mises en œuvre en 1997. Même si elles ont évolué depuis une décennie, ces mesures sont encore centrées sur des incitatifs à la recherche pédiatrique. De manière générale, ces dispositions concernent le pouvoir d’exiger des études pédiatriques dans des circonstances particulières et la possibilité d’offrir une exclusivité supplémentaire de commercialisation10 pour la présentation de telles études pédiatriques. 10 Lorsqu’elle est accordée par la FDA en échange de la remise de données pédiatriques, l’exclusivité supplémentaire consiste à donner le droit exclusif de vendre le produit, ainsi que toutes les formes de la molécule active commercialisée par le demandeur, peu importe l’âge des patients, pour une période supplémentaire de six mois suivant l’expiration du brevet ou de la protection des données. Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 43 Depuis leur introduction, respectivement en 1997 et 1998, ces deux dispositions ont été reconduites sous diverses formes11. En 2002, la disposition d’exclusivité a été incluse dans la loi BPCA (Best Pharmaceuticals for Children Act), et les exigences d’études en vertu du règlement pédiatrique ont été remplacées en 2003 par la loi PREA (Pediatric Research Equity Act). Reconduites de nouveau en 2007, ces dispositions sont devenues tout récemment permanentes dans le cadre de la loi de 2012 intitulée FDA Safety and Innovation Act (Congrès des États-Unis, 2012). Dans leurs versions successives, ces dispositions ont pour effet de stimuler la recherche sur des médicaments pédiatriques. La BPCA offre des mesures incitatives financières pour mener des études pédiatriques, lorsqu’il y a un besoin thérapeutique, pendant que les produits font l’objet d’une protection par des brevets ou par d’autres mesures d’exclusivité des données. Dans le cadre de ce programme, la disposition d’exclusivité pédiatrique accorde six mois supplémentaires d’exclusivité commerciale si l’entreprise qui fait une demande d’homologation effectue les études pédiatriques demandées par la FDA. Dans sa demande écrite, la FDA précise la ou les indications à étudier, les tranches d’âge concernées, les formules à étudier — et, au besoin, à mettre au point — ainsi que d’autres exigences concernant le type d’étude12 (Li et al., 2007; Benjamin et al., 2009). La demande écrite peut faire état d’une extension aux enfants de l’étiquette du médicament pour adulte, ou d’une utilisation en dérogation aux directives de l’étiquette. Elle peut être suscitée par un promoteur (au moyen d’une offre à la FDA), ou émaner de la FDA ou des Instituts nationaux de la santé des États-Unis (NIH). Si un promoteur ne donne pas suite à la demande écrite, peu importe que le produit soit encore ou non protégé par un brevet, la FDA peut transmettre la demande d’étude aux NIH. Ainsi, alors que la disposition d’exclusivité encourage la recherche sur des produits qui sont encore protégés par des brevets, la BPCA fournit également un mécanisme qui encourage la recherche sur des produits qui ne sont plus protégés par des brevets. Les NIH tiennent à cette fin une 11 La FDA a introduit les premières mesures incitatives pour la recherche sur les médicaments pédiatriques — sous le titre Pediatric Exclusivity Provision — dans la loi de modernisation de la FDA de 1997. L’année suivante, dans le cadre du règlement pédiatrique (Pediatric Rule), la FDA a affirmé son autorité d’exiger des études sur des populations pédiatriques dans des demandes d’homologation de nouveaux traitements et de nouvelles indications (Frakking et al., 2009). 12 Une demande écrite précise en outre les études non cliniques (s’il y a lieu), les types d’études et leurs objectifs, les critères d’inclusion et d’exclusion, les critères d’évaluation ainsi que des considérations statistiques (dont la taille de l’échantillon). La nature des études exigées varie selon les connaissances disponibles et les objectifs de la recherche. Ces études ne sont pas toujours des essais cliniques portant sur l’innocuité et l’efficacité de médicaments (Dunne et al., 2011). 44 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada liste des priorités thérapeutiques pédiatriques qui ne font plus l’objet d’une telle protection et peuvent financer des études portant sur ces priorités si le promoteur ne donne pas suite à la demande écrite de la FDA (IOM, 2012b). Lorsqu’il entreprend une recherche en vertu de la PREA, un promoteur soumet un plan d’étude pédiatrique (PEP) qui résume les recherches prévues, leurs objectifs et leur conception, les tranches d’âge, les critères d’évaluation pertinents, la démarche statistique et les plans de développement de formules pédiatriques, conformément aux lignes directrices fournies par la FDA (FDA, 2013a). Le promoteur soumet le PEP à la FDA après la fin des études de phase II chez les adultes ou avant le début des études de phase III. Le PEP est passé en revue par le comité d’examen pédiatrique de la FDA, qui tient compte des questions scientifiques et éthiques liées à toute recherche et donne aussi son avis sur un vaste éventail d’autres questions liées à la BPCA et à la PREA (IOM, 2012b). À ce stade, le promoteur précise également s’il a l’intention de demander une exemption ou un report, s’il estime avoir des raisons de ne pas étudier le médicament chez toutes les populations pédiatriques. Une telle demande n’est toutefois pas définitive avant l’obtention de l’homologation et peut être modifiée entre-temps par le promoteur, avec l’accord de la FDA. Un promoteur peut demander d’être exempté de devoir faire une étude sur des populations pédiatriques si : • le médicament n’apporte pas de bienfait thérapeutique significatif par rapport à des traitements pédiatriques existants; • le médicament n’est pas susceptible d’être utilisé par un nombre substantiel de patients pédiatriques; • les études nécessaires seraient impossibles ou difficilement réalisables; • des données probantes laissent entendre que le médicament serait inefficace ou non sûr pour toutes les tranches d’âge de la population pédiatrique; ce renseignement doit faire partie de l’étiquette du produit. (IOM, 2012b) Une exemption partielle de la nécessité d’étudier une ou plusieurs tranches d’âge de la population pédiatrique peut être accordée si l’un des critères ci-dessus s’applique à ces tranches d’âge en particulier, ou si le promoteur peut démontrer que des tentatives raisonnables pour produire une formule pédiatrique convenant à ces tranches d’âge ont échoué. Une explication des raisons pour lesquelles une formule ne peut pas être produite doit alors être accessible au public dans le site Web de la FDA. Au moment de la rédaction de ce rapport, cette disposition d’exemption n’avait été invoquée qu’une seule fois (S. Nelson, communication personnelle, 2013). Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 45 Le PEP initial doit également comprendre tout projet de demander un report des études pour quelques-uns ou tous les groupes de la population pédiatrique. La FDA peut accorder un tel délai des études pédiatriques requises si : • le produit pharmaceutique ou biologique est prêt à être homologué pour les adultes avant que les études pédiatriques ne soient terminées; • les études pédiatriques devraient être retardées jusqu’à ce que des données supplémentaires sur l’innocuité ou l’efficacité du médicament chez les adultes aient été recueillies; • il y a un autre motif valable de report. (IOM, 2012b) Si elles sont reportées, les études pédiatriques demeurent nécessaires, mais elles sont effectuées ou terminées après l’homologation du médicament pour une indication chez les adultes. Les exigences postcommercialisation peuvent aussi comprendre des études pédiatriques supplémentaires si la demande initiale ne portait pas sur tous les âges ou toutes les indications. Les résultats de ces études postcommercialisation peuvent modifier l’homologation du médicament. La FDA exige alors que l’étiquette du produit soit modifiée pour inclure non seulement les nouvelles indications pédiatriques ou les nouveaux renseignements posologiques, mais aussi les résultats des études qui répondent aux préoccupations d’innocuité ou d’efficacité dans le cas des populations pédiatriques (Benjamin et al., 2009; IOM, 2012b). Lorsque les recherches pédiatriques sont complétées, le promoteur soumet les résultats des études cliniques et toute modification nécessaire à l’étiquette du produit en même temps que la demande d’homologation. Ce dossier, appelé évaluation pédiatrique, contient les données permettant d’établir l’innocuité et l’efficacité du médicament pour les indications faisant l’objet de la demande chez toutes les sous-populations pédiatriques pertinentes. Cette évaluation porte sur une formule appropriée à chaque tranche d’âge et appuie la posologie et la voie d’administration établies pour chaque tranche d’âge (FDA, 2005b). En vertu de la BPCA, une prolongation de l’exclusivité commerciale est accordée si les méthodes, les résultats et le compte rendu de l’étude satisfont aux conditions de la demande écrite, quelles que soient les conclusions (GAO, 2007, 2011). Comme la prolongation de l’exclusivité commerciale s’applique à toutes les formes d’un médicament qui contiennent le même principe actif, le bénéfice financier que tire le promoteur de la disposition d’exclusivité est plus grand dans le cas de médicaments dont la marge de profit est élevée pour une utilisation chez les adultes (IOM, 2012b). Par contre, en vertu de la PREA, la FDA peut exiger une évaluation pédiatrique dans les demandes d’homologation, sans accorder d’exclusivité supplémentaire, pour 46 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada un médicament qui contient un nouveau principe actif, ou dans le cas d’une nouvelle indication, d’une nouvelle forme, d’un nouveau schéma posologique, d’une nouvelle voie d’administration, si ces nouveaux produit, indication et voie d’administration conviennent pour des enfants (FDA, 1999; FDA PeRC, 2010). Aux États-Unis, l’évolution de la législation a permis de clarifier et d’augmenter les attentes. Au bout du compte, elle s’est traduite par un accroissement du nombre d’études pédiatriques et de l’information donnée sur les étiquettes concernant l’utilisation de produits pharmaceutiques ou biologiques chez des enfants. Dans les 16 années suivant l’adoption de la disposition d’exclusivité (1997–2013), une exclusivité commerciale a été accordée pour 199 produits (FDA, 2014a), et des études supplémentaires ont entraîné 500 modifications d’information sur les étiquettes de produit (FDA, 2013b). Le nombre de demandes écrites a atteint un sommet en 1999; même si le nombre de demandes écrites a diminué depuis lors, la FDA a fait appel plus souvent aux exigences énoncées dans la PREA (IOM, 2012b). Le Bureau de responsabilité gouvernementale des États-Unis (GAO — Government Accountability Office) a mené une enquête sur la mise en œuvre de la législation concernant les médicaments pédiatriques. À partir d’un échantillon portant sur quatre années d’études motivées par la disposition d’exclusivité pédiatrique, le GAO a constaté qu’une majorité de promoteurs de produits brevetés a répondu favorablement aux demandes écrites d’études pédiatriques adressées par la FDA (GAO, 2007). Des données rétrospectives montrent que la plupart des demandes écrites ont en fait résulté de démarches de promoteurs — même si elles ont ensuite été formulées par la FDA — et qu’environ 10 % des demandes d’homologation ont été fondées sur une nouvelle analyse de données existantes plutôt que sur de nouvelles études (IOM, 2012b). Des études plus ciblées ont fourni d’autres évaluations des effets de la législation. Une analyse récente de Laughon et al. (2014) laisse entendre que les nouveau-nés peuvent ne pas profiter autant que d’autres sous-groupes pédiatriques des modifications d’étiquette. Des recherches ont montré que le coût des études pédiatriques demandées par la FDA varie considérablement, en partie selon le type d’étude requis (Li et al., 2007). Dans presque tous les cas, la recherche sur l’utilisation pédiatrique de médicaments brevetés a entraîné un bénéfice économique net pour les promoteurs (Li et al., 2007; Baker-Smith et al., 2008). Par contre, pour les produits non protégés par des brevets, les promoteurs n’ont pas donné suite à la plupart des demandes (GAO, 2007). Comme les produits non protégés par des brevets ne sont pas admissibles à l’exclusivité commerciale, le financement fourni par les NIH en vertu de la BPCA vise à permettre la réalisation d’études pédiatriques. Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 47 Répercussions de la recherche sur les médicaments pédiatriques aux États-Unis L’Institut de médecine des États-Unis (IOM — Institute of Medicine) a formé un comité pour examiner la BPCA et la PREA. Dans son rapport déposé en 2012, ce comité a relevé plusieurs aspects du cadre politique qui pourraient être renforcés. Certaines suggestions ont été incluses dans la loi de 2012, et d’autres pourraient être considérées dans l’avenir : • améliorer la clarté des examens de la FDA en ce qui concerne la justification de l’utilisation d’autres critères d’évaluation et d’extrapolations, la justification d’essais contrôlés avec placebo et les bienfaits attendus pour la santé; • recourir davantage à des études de suivi à long terme postcommercialisation; • renforcer les schémas d’étude dans les PEP; • diffuser davantage les conclusions des examens de la FDA — par exemple, dans PubMed ou dans les registres d’essais — pour corriger les lacunes en matière de reddition de comptes. (IOM, 2012b) La loi intitulée FDA Safety and Innovation Act, adoptée en 2012, introduit quelques améliorations suggérées lors d’examens antérieurs. La nouvelle loi : • accorde plus d’importance aux études néonatales en exigeant une justification de l’exclusion des nouveau-nés dans des demandes écrites; • améliore la capacité de la FDA d’examiner les PEP et les évaluations par l’ajout de personnel expert en néonatalogie; • exige le téléchargement dans le site Web de la FDA de renseignements complets tirés d’études médicales, statistiques et de pharmacologie clinique portant sur des produits qui ont fait l’objet d’une exclusivité pédiatrique et d’une modification d’étiquette de 2002 à 200713; • donne à la FDA le pouvoir de pénaliser les promoteurs qui ne remettent pas les résultats des études pédiatriques convenues. (Congrès des États-Unis, 2012) Ces dispositions sont trop récentes pour pouvoir être évaluées. Cependant, la loi prévoit une évaluation cinq ans après sa mise en œuvre et précise des indicateurs de reddition de compte qui devront être fournis au gouvernement et accessibles au public. 13 La BPCA exigeait le téléchargement de résumés. En 2007, la Food and Drug Administration Amendments Act (FDAAA) a exigé le téléchargement des examens à venir dans le cadre de la PREA comme de la BPCA. La FDASIA a étendu de manière rétroactive l’obligation de téléchargement aux examens des produits couverts par la BPCA présentés de 2002 à 2007 (Congrès des États-Unis, 2012). 48 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada L’Agence européenne des médicaments L’EMA coordonne le système de réglementation et de surveillance des médicaments pour les États membres de l’Union européenne (EMA, 2014b). Dans le cadre de ce système, des médicaments peuvent être homologués de manière centralisée — par la Commission européenne, sur la base d’opinions scientifiques fournies par l’EMA — ou par le truchement d’une procédure décentralisée ou une reconnaissance mutuelle de procédures nationales d’homologation par les différents pays. Les médicaments de certaines catégories désignées doivent être homologués de manière centralisée. L’EMA est le seul organisme à donner des avis scientifiques sur la désignation de médicaments orphelins et sur la classification des produits médicinaux de thérapies avancées. Il constitue le centre de référence en cas de désaccord entre les États membres. À d’autres stades du processus de mise au point des médicaments (p. ex. l’autorisation d’essais cliniques, la fixation des prix, les remboursements ainsi que la protection par des brevets), la responsabilité est purement nationale. Certaines autres activités — comme les avis scientifiques sur la mise au point de produits de même que la pharmacovigilance — peuvent être gérées de manière centralisée ou à l’échelle nationale (EMA, 2014a, 2014b). Le soutien de la recherche sur les médicaments pédiatriques a été inclus dans la Réglementation pédiatrique, entrée en vigueur en 2007, qui énumère de nouvelles responsabilités, tant pour les promoteurs de nouveaux produits que pour l’organisme de réglementation (Olski et al., 2011). En vertu de cette réglementation, toute demande d’homologation d’un médicament doit considérer l’utilisation pédiatrique potentielle du produit. Le promoteur doit proposer et en venir à un accord sur un plan de développement, appelé plan d’investigation pédiatrique (PIP), soumis après les études pharmacocinétiques chez l’adulte (Olski et al., 2011). Ce document présente les études pharmaceutiques, non cliniques et cliniques, à mener pour établir l’efficacité, l’innocuité et la qualité du médicament chez les nouveau-nés, les nourrissons, les enfants et les adolescents. Le PIP précise en outre le moment des investigations pédiatriques par rapport aux études menées sur des adultes. Il expose aussi les mesures d’adaptation de la forme et de la formule du médicament pour des populations pédiatriques, de même que la conception, les critères d’inclusion, les critères d’évaluation, la durée et les comparateurs des essais cliniques (Olski et al., 2011; EMA, 2012e, 2014c). Le Comité pédiatrique (PDCO — Pediatric Committee)14 évalue chaque PIP et fournit au promoteur un avis : exemption, report, approbation du PIP proposé ou modifié, ou avis défavorable. Cet avis est suivi d’une décision exécutoire de l’EMA (Olski et al., 2011). Lorsqu’un PIP est soumis, le PDCO peut lever l’exigence 14 Le Comité pédiatrique est formé de délégués des 28 États membres de l’Union européenne, de la Norvège et de l’Islande, ainsi que de professionnels de la santé et de représentants d’associations de patients (Olski et al., 2011; A. Saint-Raymond, communication personnelle, 2014). Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 49 d’étudier certaines tranches d’âge ou l’ensemble de la population pédiatrique si l’affection visée par le produit n’affecte pas les populations pédiatriques ou s’il est probable que le produit soit inefficace, non sûr, ou qu’il n’apporte aucun bénéfice par rapport à des traitements existants. Selon les données des cinq premières années d’application de la Réglementation pédiatrique, des données pédiatriques ont été requises pour la majorité des demandes d’homologation. Avant que la Réglementation pédiatrique ne soit en vigueur, seulement 30 % des médicaments étaient homologués pour une indication pédiatrique. Par contre, en 2011, 30 % des PIP ont donné lieu à une exemption complète, de sorte que les 70 % restants des avis du PDCO ont recommandé des recherches sur des populations pédiatriques (EMA, 2012e). Cela laisse entendre que les exigences introduites dans la Réglementation pédiatrique ont plus que doublé la proportion des demandes d’homologation de nouveaux médicaments qui seront accompagnées de données pédiatriques. Le PDCO peut aussi reporter les recherches pédiatriques « afin de ne pas retarder l’homologation pour des adultes et d’effectuer des études sur des enfants lorsqu’il est sécuritaire de le faire » (traduit de EMA, 2012e). Au cours des trois premières années d’application de la Réglementation pédiatrique, 82 % des essais pédiatriques ont été reportés jusqu’après l’homologation du produit pour adultes, le délai moyen étant de trois à cinq ans après la présentation du PIP (Olski et al., 2011). Dans de nombreux cas, le PDCO demande des modifications au PIP proposé (Olski et al., 2011). Ces modifications peuvent être de diverses natures. En voici quelques exemples : • encouragement à l’extrapolation des données sur l’efficacité à partir d’essais sur des adultes, afin que moins d’enfants aient à participer à des essais cliniques (EMA, 2012e) (voir aussi le chapitre 5); • demande de recherches supplémentaires pour répondre à des préoccupations connues sur les formes et formules du médicament, comme l’innocuité des excipients et la palatabilité (EMA, 2012e) (voir aussi le chapitre 4); • demande d’études sur des tranches d’âge supplémentaires, par exemple ajout de la participation de nouveau-nés (Olski et al., 2011); • augmentation ou diminution du nombre de patients participant aux essais (Olski et al., 2011). Grâce au processus d’approbation de PIP, l’organisme de réglementation peut influer sur les études pourtant sur de nouveaux produits. De plus, les médicaments déjà commercialisés et encore protégés par des brevets sont soumis à la Réglementation pédiatrique lorsqu’une demande d’homologation pour une nouvelle indication, une nouvelle voie d’administration ou une nouvelle forme pharmaceutique est présentée (Olski et al., 2011). Comme dans le cas des dispositions de prolongation en vigueur au Canada et aux États-Unis, la 50 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Réglementation pédiatrique prévoit une prolongation de brevet de six mois lorsque toutes les études sont terminées conformément au PIP approuvé, quelles qu’en soient les conclusions (EMA, 2012e). Par contre, un brevet ne peut être prolongé qu’une seule fois, alors que les obligations liées au PIP peuvent se répéter si une demande d’homologation du produit est présentée pour de nouvelles indications ou affections, formes ou voies d’administration (Olski et al., 2011). La Réglementation pédiatrique prévoit aussi des mesures incitatives pour augmenter les connaissances sur les produits prioritaires commercialisés non brevetés. Le PDCO tient une liste des médicaments pédiatriques non brevetés pour lesquels des études sont prioritaires, et la Commission européenne finance des recherches sur certains de ces traitements (EMA, 2012e). De plus, un fabricant qui met au point des formes pédiatriques de médicaments auparavant homologués pour des adultes peut bénéficier d’une protection des données et d’une exclusivité commerciale pendant 10 ans par le truchement d’une autorisation de mise sur le marché en vue d’un usage pédiatrique (PUMA — Paediatric Use Marketing Authorization) (EMA, 2012e). Effets de la Réglementation pédiatrique Une évaluation de la Réglementation pédiatrique effectuée cinq ans après son entrée en vigueur (EMA, 2012e) a montré que cette réglementation avait stimulé l’homologation de médicaments ayant une indication initiale pédiatrique, suscitant directement 30 nouvelles indications pédiatriques. Un suivi subséquent a fait état de 15 nouvelles formes pharmaceutiques adaptées aux enfants et de 387 modifications d’étiquette supplémentaires fondées sur des essais et études pédiatriques (EMA, 2013c). Par contre, l’évaluation a révélé que la disposition de PUMA était sous-utilisée, illustrant les difficultés liées aux produits existants homologués pour les adultes mais beaucoup employés en dérogation aux directives de l’étiquette chez les enfants. L’évaluation a aussi révélé que les dispositions relatives à la protection des données peuvent ne pas constituer une mesure incitative suffisante pour les médicaments non brevetés, en particulier sous leur forme pédiatrique (EMA, 2012e). Le PIP fournit à l’organisme de réglementation une occasion d’intégrer les besoins pédiatriques dans la mise au point de produits viables. L’évaluation mentionnée au paragraphe précédent a permis de constater que la présentation du PIP est souvent en retard par rapport au calendrier de mise au point du produit pour adultes, car de nombreux fabricants présentent leur PIP après la date limite. Comme le PIP est censé éclairer la conception des études, ces retards peuvent constituer « des occasions ratées de dialogue précoce avec l’organisme de réglementation » (traduit de EMA, 2012e). Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 51 D’autre part, la Réglementation pédiatrique a également favorisé la transparence en forçant la présentation d’études pédiatriques anciennes (antérieures à 2007) en vue de leur publication dans une base de données d’essais cliniques de l’Union européenne, fournissant ainsi un portail consultable d’accès public à l’information sur les protocoles et les résultats (Parlement européen et Conseil de l’Union européenne, 2006)15. De la même manière, la Réglementation pédiatrique oblige les fabricants à déclarer aux organismes de réglementation tout essai pédiatrique d’un produit homologué dans les six mois suivant la fin de l’essai. De plus, tout essai pédiatrique doit être enregistré, ainsi que ses résultats, dans la base de données des essais cliniques de l’Union européenne (Parlement européen et Conseil de l’Union européenne, 2006). Ces données laissent entendre que les connaissances sur les médicaments pédiatriques continuent d’augmenter depuis l’entrée en vigueur de la Réglementation pédiatrique. Cette dernière a modifié le portrait des études sur les médicaments pour enfants dans l’Union européenne, avec des répercussions sur les études actuelles et futures ainsi que pour les médicaments existants. Suite à ces changements, les données probantes sur l’utilisation de médicaments pédiatriques s’accumulent grâce aux PIP pour les nouveaux produits et aux études reportées résultant de PIP antérieurs. 2.3.2 L’expérience canadienne et les leçons pour le Canada Depuis que les États-Unis ont adopté des lois pour améliorer les données probantes disponibles permettant d’utiliser des médicaments innovants chez les enfants, le Canada n’a présenté qu’une seule mesure incitative financière en vertu des règlements sur la protection des données, avec un succès limité en ce qui concerne la stimulation de la recherche sur des médicaments pédiatriques. Le Canada n’a suivi ni les États-Unis ni l’Union européenne quant aux exigences législatives visant à améliorer l’utilisation sûre et efficace de médicaments chez les enfants. De plus, il semble y avoir d’importantes lacunes dans la présentation de données existantes d’essais pédiatriques à l’organisme canadien de réglementation. Comme le montre la figure 2.3, depuis l’entrée en vigueur de la prolongation de la protection des données en 2006, seulement 43 demandes d’homologation de nouveaux médicaments soumises à Santé Canada étaient accompagnées de données pédiatriques suffisantes pour justifier une prolongation de la protection des données. Aux États-Unis par contre, suite à une autre démarche de réglementation de la recherche sur les médicaments, 15 Cette base de données énumère environ 3000 rapports d’étude. Quelque 3000 autres rapports ont été versés dans la base de données, mais ne sont pas encore accessibles. Le nombre total d’études anciennes est d’environ 20 000, correspondant à 1200 substances actives — ingrédients pharmaceutiques actifs de médicaments. La base de données est accessible à l’adresse http://art45-paediatric-studies.ema.europa.eu/clinicaltrials/index.php. 52 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada plusieurs centaines de demandes ont conduit à des changements d’étiquette qui accroissent les indications pédiatriques, ce qui a entraîné l’homologation de nombreux médicaments pour une utilisation pédiatrique à l’étranger mais non au Canada. Globalement, les affections qui touchent le plus les enfants ne sont pas les plus étudiées dans les recherches sur des médicaments (Bourgeois et al., 2014). Les mesures financières encourageant l’étude de populations pédiatriques peuvent ne pas être suffisantes pour motiver des demandes d’homologation pour des indications pédiatriques. De plus, les médicaments étudiés dans le cadre des dispositions d’extension pédiatrique peuvent ne pas être ceux dont les enfants ont le plus besoin (Boots et al., 2007; Hoppu et al., 2012). Par conséquent, d’autres pays ont combiné des mesures incitatives et des exigences d’études pédiatriques pour l’homologation de tout médicament. Dans l’Union européenne, l’impulsion pour la recherche sur des médicaments pédiatriques est venue d’une seule réglementation, alors que le modèle américain a fait intervenir des modifications progressives de la législation. Grâce à ces réformes politiques, les organismes de réglementation ont maintenant le pouvoir d’exiger des études sur des populations pédiatriques. La FDA et l’EMA exigent toutes deux des documents consolidés propres aux aspects pédiatriques et soumis à l’avis d’experts, afin d’améliorer la qualité de la recherche. Les organismes de réglementation peuvent également prendre des décisions centralisées quant aux priorités de recherche sur des médicaments pédiatriques. Aux États-Unis comme dans l’Union européenne, les lois et règlements ont accru de manière mesurable la quantité et la qualité de la recherche sur les médicaments pour enfants. Mais il se peut que les exigences réglementaires et le soutien financier ne suffisent pas; la recherche est stimulée par une infrastructure forte qui permet et favorise les activités complexes des études sur les médicaments. La recherche pédiatrique est favorisée par des mesures incitatives et de soutien qui ont des effets sur les possibilités offertes aux fabricants. Mentionnons les suivantes : • Aux États-Unis comme dans l’Union européenne, des bases de données sur les essais cliniques visent : à augmenter la transparence quant à la portée, à la nature et aux résultats des recherches en cours; à réduire la duplication des efforts de recherche; à diminuer le biais sélectif de compte rendu des résultats; à connaître les tendances en matière de recherche (EMA, 2012e; Field et al., 2013). • Les États-Unis et l’Union européenne ont tous deux établi une liste de priorités de recherche sur des médicaments pédiatriques (EMA, 2012e; IOM, 2012b), afin d’orienter les activités de leurs chercheurs et de leurs organismes de réglementation. Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 53 • Les organismes de réglementation des médicaments collaborent déjà pour optimiser l’utilisation des ressources de recherche sur les médicaments : 77 Des réunions mensuelles d’un groupe pédiatrique formé de représentants de la FDA, de l’EMA, de Santé Canada et de l’organisme de réglementation japonais des médicaments (Saint-Raymond, 2013) permettent de discuter des produits présentés à la FDA et à l’EMA. Ce groupe délibère sur de nombreuses questions, notamment en matière d’éthique, de conception des études et d’innocuité. Ces discussions permettent d’adopter une démarche commune à communiquer aux promoteurs. 77 Les organismes de réglementation ont également mis sur pied des actions de collaboration propres à certaines maladies. À titre d’exemple, au sein du groupe international de travail sur la maladie inflammatoire de l’intestin, des représentants des mêmes organismes de réglementation travaillent à définir des attentes plus cohérentes en matière d’essais cliniques. À l’occasion de téléconférences mensuelles, le groupe de travail discute de normes concernant des études appropriées sur les plans scientifique et éthique, ainsi que de méthodes d’évaluation de leurs résultats, dans le but de définir des mesures harmonisées acceptées à l’échelle internationale (Sun et al., 2014). • Des réseaux de recherche ont été mis sur pied pour établir des liens entre experts, identifier les points forts et les lacunes, soutenir les infrastructures de recherche et diminuer la duplication d’efforts : 77 Le Réseau européen de recherche pédiatrique de l’EMA (Enpr-EMA) est un réseau virtuel de collaboration entre réseaux nationaux et européens spécialisés dans des études sur des populations pédiatriques (EMA, 2012e). L’Enpr-EMA a défini des critères de qualité pour les normes d’un réseau de recherche. Le MICYRN du Canada (voir la section 2.2) est membre de l’Enpr-EMA et est représenté au sein de son groupe de coordination. 77 Aux États-Unis, le Réseau d’essais pédiatriques (PTN — Pediatric Trials Network) est un réseau multi-institutionnel dont l’objectif premier est de fournir une infrastructure efficace pour la réalisation éthique d’essais cliniques pédiatriques, dont des études pharmacocinétiques ainsi que des études d’innocuité et d’efficacité, qui seront présentés à la FDA (IOM, 2012b; PTN, 2014). 77 Le chapitre 5 donne d’autres exemples d’initiatives, par exemple le Réseau de recherche sur les médicaments pour enfants (MCRN — Medicines for Children Research Network) et l’Organisation internationale des études en rhumatologie pédiatrique (PRINTO — Pediatric Rheumatology International Trials Organization), qui améliorent la constance d’un essai à l’autre ainsi que l’adéquation des essais aux normes réglementaires. 54 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada • Des conseils scientifiques et de l’aide en matière de réglementation sont fournis par les comités d’examen et d’homologation pédiatriques rattachés à la FDA et à l’EMA (FDA PeRC, 2010; EMA, 2012e). Dans ses avis sur les PIP, le PDCO met en évidence les possibilités de désignation de certains médicaments ou affections comme orphelins. Il est aussi en contact avec le programme des médicaments orphelins de l’EMA, reconnaissant les liens étroits entre les médicaments orphelins et la recherche pédiatrique (EMA, 2012e). Le comité voit une occasion pour les législateurs canadiens de remédier aux disparités dans l’homologation de médicaments pour utilisation pédiatrique et de s’attaquer aux fréquentes prescriptions de médicaments pédiatriques en dérogation aux directives de l’étiquette au Canada. Même si les mesures incitatives financières ne peuvent probablement pas donner les mêmes rendements au Canada qu’aux États-Unis ou que dans l’Union européenne, les dispositions de protection des données pourraient compenser une nouvelle exigence réglementaire concernant la remise aux organismes canadiens de réglementation de données existantes présentées antérieurement dans d’autres pays. Comme le montrent les différentes approches de la recherche sur des médicaments pédiatriques aux États-Unis et dans l’Union européenne, aucune formule ne convient à toutes les situations. Le Canada a ses particularités et a besoin d’un modèle qui lui soit propre, compatible avec la taille du marché des médicaments et avec l’influence des décisions prises dans d’autres pays en matière de réglementation. La forme et l’ampleur des mesures incitatives peuvent ne pas être identiques à celles des États-Unis ou de l’Union européenne, mais elles peuvent être adaptées aux ressources disponibles et aux réponses escomptées. Des décisions qui ont des effets sur l’accès des patients aux médicaments sont prises aux échelons fédéral et provincial. Les expériences d’autres pays peuvent néanmoins suggérer des possibilités en ce qui concerne le cadre politique fédéral au Canada. En plus de bénéficier de l’expérience des autres pays en matière de stimulation de la recherche sur les médicaments pédiatriques, le Canada pourrait s’intéresser aux occasions d’harmonisation avec des politiques efficaces adoptées à l’étranger. Le Canada a déjà exploré cette avenue. Le projet de loi C-51, intitulé Loi modifiant la Loi sur les aliments et drogues, a été déposé en 2008 mais n’a pas été adopté avant la fin de la session parlementaire (Tiedemann, 2008). Au moment des délibérations du comité, une nouvelle proposition de modification de la Loi sur les aliments et drogues contenant des dispositions semblables était soumise au gouvernement dans le projet de loi C-17. Les modifications proposées toucheraient les pouvoirs conférés à l’organisme fédéral de réglementation. Par exemple, elles donneraient à Santé Canada le pouvoir d’ordonner le rappel Chapitre 2Le contexte actuel de la mise au point, de la réglementation et de l’utilisation des médicaments 55 de médicaments, d’exiger des fabricants qu’il fournissent l’information dont ils sont responsables, d’exiger des modifications aux étiquettes de produit, ainsi que d’imposer des sanctions pour le non-respect de la réglementation (Chambre des Communes, 2013). Bien que des observateurs aient relevé des possibilités d’élargir encore davantage le pouvoir de réglementation de Santé Canada, par exemple en rendant obligatoire l’enregistrement des essais cliniques et la publication des résultats des études (Herder et al., 2014), de même qu’en instituant des examens spécifiques d’innocuité pour les enfants après l’homologation de médicaments (SOCI, 2014), cet accroissement du mandat de Santé Canada pourrait amener le cadre réglementaire canadien au niveau de celui d’organismes de réglementation d’autres pays en ce qui concerne l’obtention des données probantes nécessaires pour homologuer des indications pédiatriques. 2 .4 R É S U M É DU C H AP I T R E Chaque année, environ la moitié des quelque sept millions d’enfants qui vivent au Canada se voient prescrire au moins un médicament. Cependant, toutes proportions gardées, peu de médicaments sont homologués pour les nourrissons, les enfants et les adolescents. À cause de la rareté de l’information sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments pour les populations pédiatriques, l’emploi non conforme de médicaments chez les enfants est répandu. Même si les enfants bénéficient de ces médicaments pour le traitement d’un vaste éventail d’affections, ils peuvent être victimes d’effets nocifs lorsqu’ils prennent un médicament dont l’innocuité et l’efficacité ne sont pas prouvées dans leur cas. Cette situation résulte du cadre réglementaire actuel d’homologation des médicaments pédiatriques au Canada. Santé Canada supervise la mise au point de médicaments sûrs et efficaces, et offre divers soutiens pour la recherche, notamment des normes ainsi que des mesures incitatives pour la recherche sur des questions prioritaires. À l’heure actuelle, Santé Canada n’a pas le pouvoir d’exiger que les fabricants soumettent des données sur l’utilisation pédiatrique des médicaments. Les fabricants sont toutefois encouragés à étudier l’innocuité et l’efficacité des médicaments chez les enfants et à présenter cette information. Malgré cela, l’étiquette et l’information posologique indiquent souvent que l’utilisation pédiatrique des médicaments ne s’appuie pas sur des données probantes. Pour leur part, les prescripteurs prennent des décisions concernant l’emploi de médicaments sur la base de diverses sources d’information, qui ne satisfont pas toutes à des normes de rigueur quant à la qualité des données. Les mesures incitatives actuelles de l’organisme de réglementation visant la présentation d’information sur les médicaments pédiatriques peuvent être insuffisantes pour que les fabricants mènent des recherches supplémentaires. 56 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada La recherche pour la mise au point de médicaments pour enfants est exigée, encouragée et surveillée au moyen d’obligations et de mesures incitatives différentes mais efficaces aux États-Unis et dans l’Union européenne. Le succès de ces initiatives à l’étranger peut également être attribuable à d’autres éléments de leur contexte. Par exemple, la recherche est favorisée par un milieu et des infrastructures qui encouragent et permettent les activités complexes que supposent les études sur les médicaments. Ce milieu et ces infrastructures peuvent comprendre les priorités collectives de la recherche sur des médicaments pédiatriques, ainsi que des portails d’échange d’information sur les essais, leurs constatations et leurs résultats. Ces caractéristiques réunies peuvent améliorer la communication sur la cohérence de l’ensemble des efforts de recherche. Des interactions qui améliorent la correspondance entre les propositions des promoteurs et les besoins de données probantes de l’organisme de réglementation, par exemple des étapes obligatoires d’examen comportant des avis scientifiques, pourraient contribuer à de meilleurs résultats des efforts de recherche, sous forme de médicaments homologués. Une infrastructure de soutien à la recherche sur des médicaments pédiatriques pourrait également comprendre des réseaux augmentant la capacité de recherche, en facilitant la tenue d’essais dans plusieurs centres, en s’attaquant aux difficultés de la recherche et en suscitant une culture davantage centrée sur la recherche. Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments • Variabilité des réactions aux médicaments chez les enfants • Pharmacocinétique et développement de l’être humain • Pharmacodynamique et développement de l’être humain • Pharmacogénomique et pharmacogénétique chez l’enfant • Méthodes d’études pharmacocinétiques et pharmacodynamiques chez les enfants • Combler les lacunes de nos connaissances • Résumé du chapitre 57 58 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments Principales constatations • Au cours de leur croissance, les enfants vivent d’importants changements liés à leur développement, qui ont des effets sur la manière dont leur organisme réagit aux médicaments et sur la manière dont les médicaments affectent leur organisme. Les changements physiologiques liés à l’âge les plus spectaculaires surviennent avant l’âge d’un an. • Ces changements entraînent des réactions variables aux médicaments selon les stades de développement (p. ex. un nouveau-né ne réagit pas de la même manière qu’un enfant), ainsi que des réactions différentes chez les enfants et les adultes; il faut donc tenir compte des changements liés au développement pour traiter les enfants d’une manière sûre et efficace. • De façon générale, les nouveau-nés prématurés, les nouveau-nés à terme et les jeunes nourrissons ont un métabolisme et des mécanismes d’excrétion immatures, et ont donc besoin de doses de médicaments plus faibles que les adultes; les bambins et les enfants ont une clairance médicamenteuse plus rapide (normalisée selon le poids corporel) que les adultes et ont donc besoin d’une dose plus forte par rapport à leur poids pour éviter l’échec thérapeutique; les données pour les adultes sont généralement plus facilement transposables aux adolescents. Chacune de ces stratégies de dosage peut être grandement affectée par d’autres facteurs au cours des divers stades de croissance et de maturation. • Les réactions des enfants aux médicaments sont fortement affectées par les variations génétiques entre individus et entre groupes. Étant donné l’accélération des découvertes de variations génétiques susceptibles d’entraîner des réactions différentes aux médicaments, la pharmacogénomique est porteuse de promesses pour expliquer et prévoir les différences entre individus en ce qui concerne l’efficacité des médicaments et les réactions indésirables. • Pour combler les lacunes de nos connaissances, la recherche sur les médicaments pédiatriques peut exploiter de nouvelles méthodes comme la modélisation, la simulation et de nouvelles techniques de prélèvement d’échantillons, afin de maximiser l’innocuité et de minimiser la détresse chez les enfants participants. • Malgré les progrès récents, il y a encore un manque général d’information pharmacocinétique, pharmacodynamique et pharmacogénomique en ce qui concerne les enfants, en particulier les nouveau-nés et les jeunes nourrissons. Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 3 .1 59 VA R I A BI L I T É DE S R É ACT I ONS AU X MÉDIC AMENTS C HE Z L E S E NFANT S Au cours de leur croissance, les enfants vivent d’importants changements liés à leur développement, qui ont des effets sur la manière dont leur organisme réagit aux médicaments (pharmacocinétique) et sur la manière dont les médicaments affectent leur organisme (pharmacodynamique). À cause de ces changements, la réaction des enfants aux médicaments est différente de celle des adultes et peut varier selon les stades de développement (p. ex. un nouveau-né ne réagit pas de la même manière qu’un enfant). Les réactions peuvent également varier en raison d’un certain nombre de facteurs, non liés à l’âge ou au développement, qui peuvent avoir des effets pharmacocinétiques et pharmacodynamiques : bagage génétique, sexe, traitements concomitants, type de dysfonctionnement ou état de santé, diète, environnement, santé physique ou mentale, et bien d’autres facteurs. Par conséquent, une même dose d’un médicament peut être efficace ou non — ou même toxique — selon des facteurs liés au développement de chaque individu. La figure 3.1 présente un cadre concernant ces facteurs; elle décrit comment les variations des processus pharmacocinétiques et pharmacodynamiques interagissent pour influer sur la réaction clinique à un médicament; elle met en évidence l’ensemble des facteurs qui déterminent les variations d’un individu à l’autre en ce qui concerne la réaction au médicament. Pour assurer des soins efficaces et de grande qualité, et pour éviter des événements indésirables, il faut considérer la combinaison de ces facteurs lorsque l’on met au point un traitement médicamenteux pour les enfants, et aussi lorsque l’on prescrit et que l’on administre des médicaments à cette population. Ce chapitre donne un aperçu des facteurs liés au développement responsables des différences entre les enfants et les adultes, de même qu’entre les tranches d’âge pédiatriques, en ce qui concerne les réactions aux médicaments. Il explique aussi comment le bagage génétique sous-jacent contribue à ces variations et comment il faut interpréter les données pharmacogénomiques dans le contexte de la croissance et de la maturation. Il aborde en outre comment cette information pourrait éclairer de futures études pharmacologiques cliniques. D’autres facteurs (p. ex. état de santé, diète, environnement) illustrés dans la figure 3.1 débordent du cadre de ce rapport. Ce chapitre met surtout l’accent sur une revue de la littérature, qui démontre clairement pourquoi des recherches sur des enfants sont essentielles à la mise au point de médicaments pour cette population. Le chapitre 4 aborde les questions des formes et formules médicamenteuses pour les enfants. Les difficultés des recherches sur des enfants sont abordées de manière plus précise dans les chapitres 5 et 6. 60 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada A Pharmacocinétique Dose Niveau d’exposition (concentration dans le sang) B Pharmacodynamique Concentration au site d’action Activité pharmacologique Réaction clinique (efficacité et toxicité) Pharmacocinétique • Processus ADME • Détermine les variations de l’exposition au médicament (et à ses métabolites actifs, le cas échéant) Développement de l’être humain Génétique et génomique Sexe État de santé ou dysfonctionnement Diète Autres médicaments Environnement Autres Formes et formules Variations de la réaction au médicament chez les enfants Pharmacodynamique • Interactions avec les cibles du médicament (récepteurs, canaux ioniques,enzymes, protéinesporteuses) et mécanismes de signalisation • Détermine les variations au site d’action (variations dans les effets biochimiques et physiologiques du médicament) Figure 3.1 Facteurs qui influent sur les variations des réactions aux médicaments chez les enfants (A) Le niveau d’exposition (c.-à-d. la concentration du médicament dans la circulation systémique) dépend de processus pharmacocinétiques — absorption, distribution, métabolisme et excrétion. Selon le niveau d’exposition, les processus pharmacodynamiques, par exemple les interactions du médicament avec des récepteurs, modulent l’activité du médicament au site d’action. (B) Les variations dans les réactions des enfants à un médicament sont déterminées par des processus pharmacocinétiques et pharmacodynamiques, qui sont tous affectés par les changements liés au développement et de nombreux facteurs propres à chaque patient (présentés au chapitre 3), y compris le bagage génétique. La forme ou la formule d’un médicament a des effets sur son degré d’acception par les enfants (p. ex. observance médicamenteuse) et peut affecter sa biodisponibilité (voir le chapitre 4). D’autres facteurs illustrés dans cette figure (p. ex. état de santé, diète, environnement) débordent du cadre de ce rapport. À cause de l’importance des changements liés au développement pour la santé et la réaction aux médicaments, l’ICH a établi la terminologie des tranches d’âge qui correspondent de manière générale aux stades du développement (voir la figure 3.2) (ICH, 2000a). Ces stades de développement servent de points Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 61 de référence dans ce chapitre pour expliquer les différences entre catégories d’enfants, même si les variations observées liées au développement de l’être humain en ce qui concerne la disponibilité des médicaments, les récepteurs et les mécanismes de signalisation peuvent ne pas correspondre exactement à ces tranches d’âge. Au bout du compte, ce chapitre se sert de ces stades pour montrer que les changements continus liés au développement, combinés à des facteurs individuels génétiques et autres, rendent difficile la mise au point de lignes directrices posologiques fondées sur des données probantes dans le cas des enfants, et qu’il faut tenir compte de ces stades dans les études menant à la mise au point de médicaments. Nouveau-nés prématurés Nouveau-nés à terme Nourrissons et bambins Enfants Adolescents Moins de 37 semaines de gestation De 0 à 27 jours De 28 jours à 23 mois De 2 à 11 ans De 12 à 17 ans Source des données : ICH (2000a) Figure 3.2 Les cinq stades du développement de l’être humain L’ICH a défini un ensemble de catégories qui correspondent aux stades du développement de l’être humain : nouveau-nés prématurés (moins de 37 semaines de gestation); nouveau-nés à terme (de 0 à 27 jours); nourrissons et bambins (de 28 jours à 23 mois); enfants (de 2 à 11 ans); adolescents (de 12 à 16 ou 18 ans, selon les régions) (ICH, 2000a). Ces stades aident à distinguer les différents groupes d’enfants. 3 .2 P HA RM ACOC I NÉ T I QU E E T DÉ V ELOPPEMENT D E L’ Ê T RE H U M AI N La pharmacocinétique est l’ensemble des processus physiologiques qui touchent les médicaments administrés. Ces processus comprennent l’absorption, la distribution, le métabolisme et l’excrétion, appelés collectivement processus ADME (van den Anker et al., 2011). Les processus ADME, qui déterminent la 62 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada concentration résultante d’un médicament dans la circulation systémique, sont touchés par les changements physiologiques majeurs qui se produisent chez les enfants pendant leur développement. Les enfants sont plus susceptibles de recevoir des médicaments par voie orale que par toute autre voie d’administration (sauf pour ce qui est des vaccins) (Rakhmanina et van den Anker, 2006). Or les médicaments administrés par voie orale subissent des processus ADME plus complexes que les médicaments administrés par d’autres voies (p. ex. par voie intraveineuse). Ce chapitre décrit en détail chacun des processus ADME et leurs relations avec le développement de l’être humain. Le tableau 3.1 résume les modifications de ces processus pharmacocinétiques précis pour chaque stade de développement, de même que leurs conséquences sur l’efficacité et l’innocuité des médicaments. C’est sur cette information que reposent les lignes directrices de pratique suivies par les cliniciens pour déterminer les doses appropriées et par les chercheurs pour mettre au point des médicaments sûrs et efficaces pour les enfants à divers stades de développement. 3.2.1 Absorption L’absorption d’un médicament décrit son déplacement de l’endroit où il est administré jusque dans la circulation sanguine (circulation systémique), y compris la vitesse de ce déplacement (et la mesure dans laquelle il a lieu). C’est à partir de la circulation que le médicament atteint son site d’action. L’absorption dépend de la voie d’administration (p. ex. orale, rectale), de la physiologie du patient (p. ex. la vitesse de son métabolisme intestinal et hépatique) et des caractéristiques physico-chimiques (p. ex. poids moléculaire, solubilité, degré d’ionisation) du médicament (Johnson, 2011). Elle joue un rôle important dans la détermination de la biodisponibilité — le pourcentage d’une dose qui atteint la circulation systémique sans modification de sa forme (Holford, 2009). Les médicaments administrés par voie intraveineuse entrent immédiatement dans la circulation sanguine, et leur biodisponibilité est généralement de 100 %. Par contre, les médicaments administrés par des voies extravasculaires, par exemple entérale (orale et rectale), percutanée (en application locale), intramusculaire (en injection), sous-cutanée (en injection) ou intrapulmonaire (en inhalation), doivent franchir de nombreuses barrières chimiques, physiques, mécaniques et biologiques avant d’atteindre la circulation systémique (Tayman et al., 2011). Chaque voie d’administration comporte ses avantages et ses inconvénients, selon le stade de développement de l’enfant, qui peuvent varier en fonction de particularités génétiques. Les paragraphes qui suivent décrivent les diverses voies d’administration et les paramètres à prendre en considération pour déterminer dans quelle mesure chaque voie est appropriée. Les paramètres spécifiques Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 63 mentionnés (p. ex. évacuation gastrique, épaisseur de la peau) ont été jugés les plus pertinents pour une discussion des changements liés au développement qui influent sur l’absorption de médicaments. D’autres facteurs, comme l’état nutritionnel16, les maladies présentes ou les particularités génétiques, peuvent entraîner des variations supplémentaires dans l’absorption d’un médicament. L’information sur les modalités d’absorption est nécessaire pour bien choisir le type de médicament et la dose appropriée selon le stade de développement. Absorption entérale après administration par voie orale La voie orale est la plus couramment employée pour l’administration des médicaments pédiatriques (à l’exclusion des vaccins). L’évolution du pH de l’estomac au cours du développement peut influer sur la stabilité et le degré d’ionisation des médicaments, qui affectent à leur tour la quantité de médicament disponible pour absorption (Kearns et al., 2003). Chez les nouveau-nés et les très jeunes nourrissons, la solubilité des médicaments lipophiles, par exemple les vitamines liposolubles, est plus faible en raison de la faible production de sels biliaires, ce qui se traduit par une moindre absorption (Johnson, 2011). La lenteur de l’évacuation gastrique (sortie d’un médicament de l’estomac) chez les nouveau-nés et les jeunes nourrissons peut retarder l’absorption de médicaments, puisque la plupart des médicaments sont absorbés dans l’intestin grêle (Strolin Benedetti et Baltes, 2003; Johnson, 2011). Les jeunes enfants ont un transit intestinal rapide, ce qui entraîne une absorption inefficace de certains produits à libération prolongée (Bartelink et al., 2006). Après leur absorption, les médicaments administrés par voie orale subissent l’effet de premier passage. Cet effet, qui combine la métabolisation des médicaments par les enzymes gastro-intestinales et hépatiques, ainsi que l’action des transporteurs intestinaux de médicaments, peut modifier la concentration de médicament qui atteint la circulation systémique sans transformation (Johnson, 2011). Le cytochrome P450 3A4 (ou CYP3A4) et la glycoprotéine P (voir respectivement les sous-sections 3.2.3 et 3.2.5) contribuent de manière importante à limiter l’absorption de médicaments à l’échelle des entérocytes. Le CYP3A4 intestinal est beaucoup moins actif chez les nouveau-nés que chez les enfants de plus de 12 ans (Johnson et al., 2001). Une altération de l’expression d’enzymes qui métabolisent les médicaments et de transporteurs peut entraîner une augmentation ou une diminution de la biodisponibilité ou de l’activité d’un médicament. Par exemple, un nouveau-né peut être moins affecté par l’effet de premier passage qu’un enfant plus âgé, en raison de l’immaturité des enzymes gastro-intestinales et hépatiques, ce qui entraîne une plus grande biodisponibilité de médicaments chez les nouveau-nés (Johnson et Thomson, 2008; Johnson, 2011). 16 La diète varie considérablement pendant l’enfance (du lait maternel et du lait maternisé à une diète d’adulte, en passant par des aliments en purée), et l’on sait très peu de chose à propos des répercussions de la diète d’un enfant sur l’absorption de médicaments. 64 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Absorption entérale après administration par voie rectale La voie rectale peut être utile lorsque l’ingestion par la bouche est impossible (p. ex. lorsqu’un enfant vomit). Comme les médicaments administrés par voie rectale sont soumis au métabolisme hépatique de premier passage, la biodisponibilité des médicaments fortement métabolisés administrés par voie rectale peut être meilleure chez les nouveau-nés et les très jeunes nourrissons, en partie du fait de l’immaturité de leur métabolisme hépatique (Johnson, 2011). La formule administrée par voie rectale (p. ex. suppositoire, liquide) est un autre déterminant de la vitesse d’absorption et de la quantité absorbée. Par exemple, lorsque l’on administrait du diazépam par voie rectale sous forme de solution à des nourrissons d’un à deux ans qui avaient des convulsions fébriles, des concentrations thérapeutiques du médicament étaient atteintes en quelques minutes. Par contre, l’absorption du médicament sous forme de suppositoires était lente, erratique et incomplète (Knudsen, 1977). Le temps de rétention dans le rectum a également un effet sur l’absorption. Les enfants d’un à quatre ans ont davantage de contractions rectales pulsatiles de grande amplitude que les enfants plus âgés, ce qui favorise l’expulsion des médicaments sous forme solide (suppositoires) et diminuent d’autant leur absorption (Di Lorenzo et al., 1995). Absorption percutanée (c.-à-d. à travers la peau) L’administration par voie percutanée est couramment utilisée chez les enfants pour des indications cutanées (qui concernent la peau). L’absorption à travers la peau est favorisée par un ratio plus élevé de l’aire de la surface de la peau sur le poids corporel, comme c’est le cas chez les nouveau-nés, les nourrissons et les bambins. Cela entraîne des concentrations plus élevées dans la circulation systémique et une possible intoxication. L’état d’hydratation et l’épaisseur de la peau influent aussi sur l’absorption; par rapport aux adultes, l’absorption est plus importante chez les nouveau-nés prématurés à cause de leur peau plus mince, de même que chez les nouveau-nés (prématurés et à terme) et les nourrissons en raison de leur épiderme plus hydraté (Kearns et al., 2003). Absorption intramusculaire Pour éviter des douleurs non nécessaires et des dommages potentiels aux tissus, l’administration par voie intramusculaire n’est pas une pratique courante en pédiatrie. Lorsque l’on doit y recourir, on utilise de préférence des médicaments hydrosolubles, afin de prévenir la précipitation des médicaments au site d’injection (Berlin, 2013). Les contractions musculaires (qui assurent la dispersion des médicaments) sont inefficaces chez les nouveau-nés, ce qui réduit le flux sanguin dans les muscles squelettiques. La moindre masse musculaire Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 65 a en outre pour effet de diminuer la vitesse d’absorption intramusculaire (Kearns et al., 2003). De plus, les nouveau-nés malades et immobiles dans les unités de soins intensifs néonatals peuvent ne pas avoir de mouvements musculaires (Tayman et al., 2011), ce qui peut nuire à la biodisponibilité des médicaments. Par contre, ces facteurs peuvent être compensés par la plus grande densité de capillaires dans les muscles chez les nouveau-nés, qui permet une absorption efficace. Absorption intrapulmonaire (c.-à-d. par inhalation dans les poumons) L’administration par voie intrapulmonaire est couramment utilisée chez les nourrissons et les jeunes enfants, en particulier pour le traitement de l’asthme (Fink, 2012). Les particules d’un aérosol entrent de manière moins efficace chez les nourrissons de moins de six mois, à cause du faible volume d’air entrant et sortant, de l’incapacité d’inspirer profondément et de la brièveté du cycle respiratoire. Par conséquent, les particules restent moins longtemps dans les voies respiratoires; il faut tenir compte de cela et du poids corporel pour prescrire une dose appropriée (Fink, 2004). La taille des particules inhalées a également son importance chez les enfants plus jeunes. Les particules d’aérosol sont habituellement conçues pour des adultes et des enfants plus âgés, et des particules d’aérosol volumineuses ne conviennent pas aux nouveau-nés, aux nourrissons et aux enfants, dont les voies pulmonaires (p. ex. les bronchioles) sont plus étroites (Amirav et Newhouse, 2012). L’administration par voie intrapulmonaire peut être suivie d’une absorption systémique et entraîner une intoxication (p. ex. inhibition de la croissance associée à l’inhalation de corticostéroïdes) (Kearns et al., 2003). La section 4.4 présente certains dispositifs d’administration de médicaments qui améliorent le dépôt de particules dans les poumons des enfants. 3.2.2 Distribution Après avoir atteint la circulation sanguine, les médicaments sont distribués aux divers organes, tissus et cellules du corps. Le volume apparent de distribution est le volume qui serait nécessaire pour contenir le médicament présent dans le corps à la même concentration que celle qu’il a dans le sang. Même si le volume de distribution n’est qu’une quantité théorique, il indique l’endroit où le médicament est susceptible d’être présent dans le corps (Holford, 2009). Par exemple, un médicament dont le volume de distribution est faible (p. ex. 0,15 L/kg de poids corporel) est probablement concentré dans la circulation sanguine, alors qu’un médicament dont le volume apparent de distribution est plus élevé (p. ex. 30 L/kg) est probablement lié à des tissus ou 66 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada entreposé dans le gras. Pour éviter une concentration trop faible de médicament et obtenir un effet thérapeutique, on peut avoir besoin d’administrer une dose d’attaque dans le cas d’un médicament dont le volume de distribution est élevé. La distribution des médicaments est modifiée pendant l’enfance, principalement à cause des changements liés au développement dans la composition du corps, la fixation aux protéines plasmatiques et la perméabilité membranaire. Ces paramètres peuvent influer sur la concentration d’un médicament dans le sang et à son site d’action, et donc avoir des effets sur la réaction au médicament (Johnson, 2011; Tayman et al., 2011). La composition du corps change avec l’âge. La figure 3.3 compare la composition du corps des nouveau-nés prématurés, des nouveau-nés à terme, des nourrissons, des bambins et des jeunes enfants avec celle d’adultes âgés de 30 ans. Elle montre que les pourcentages d’eau extracellulaire et d’eau totale (par rapport au poids corporel) sont plus élevés chez les nouveau-nés que chez les adultes, alors que les pourcentages de protéines et de gras sont plus faibles. Les quantités relatives d’eau corporelle totale et d’eau extracellulaire diminuent toutes deux rapidement au cours de la première année de vie. À partir de l’âge d’un an, le pourcentage d’eau extracellulaire continue de diminuer lentement, alors que celui de l’eau corporelle totale demeure relativement constant (à environ 60 % du poids corporel) (Kauffman, 2010). Dans le cas des médicaments hydrosolubles, l’importance relativement plus grande des compartiments de l’eau extracellulaire et de l’eau corporelle totale chez les nouveau-nés et les jeunes nourrissons résulte en des concentrations sanguines de médicaments plus faibles que chez les enfants plus âgés et les adultes (Kearns et al., 2003). Des mesures permettant de comparer la concentration des médicaments dans les tissus autres que le sang, ainsi que d’autres paramètres comme le poids corporel, peuvent servir à élaborer un schéma posologique conçu pour obtenir la concentration cible voulue. Des enfants peuvent aussi avoir une composition tissulaire modifiée en raison d’affections non liées à l’âge, comme un surcroît de gras (obésité) ou une accumulation anormale de liquide (œdème); il peut être alors nécessaire de faire des ajustements supplémentaires des doses de médicament administrées (Holford, 2009). Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 67 Eau corporelle totale ■ Eau extracellulaire ■ Eau intracellulaire ■ Protéines ■ Gras ■ Autres Pourcentage du poids corporel total (%) 100 80 60 40 20 0 Prématuré Nouveau-né 4 mois 12 mois 24 mois 36 mois Adulte Stade de développement Tiré de Friis-Hansen (1961) et de Kauffman (2010) Figure 3.3 Composition estimative du corps chez les nouveau-nés, les nourrissons, les bambins, les jeunes enfants et les adultes Les proportions d’eau, de gras et de protéines par rapport au poids corporel total changent avec l’âge et peuvent, ainsi que les caractéristiques de solubilité du médicament, influer sur la concentration de ce dernier dans le sang (Johnson, 2011). La composition du corps des enfants à divers stades de développement est différente de celle d’adultes âgés de 30 ans. Les valeurs illustrées dans la figure sont des moyennes de données sur la composition du corps (en pourcentages estimatifs) selon la tranche d’âge. La figure a été produite à partir de moyennes tirées des sources indiquées. La fixation des médicaments aux protéines du plasma circulant, par exemple l’albumine et l’alpha-1 glycoprotéine acide, influe aussi sur leur distribution dans l’ensemble du corps. Seuls les médicaments qui ne sont pas fixés à des protéines (la fraction libre) peuvent traverser les membranes, être distribués à leur site d’action ou à des tissus, puis être métabolisés et excrétés. La fixation aux protéines est réduite chez les nouveau-nés, à cause d’une plus faible concentration de protéines fixatrices et d’une moins grande capacité de fixation des protéines qui sont présentes (Bartelink et al., 2006). De plus, des molécules présentes en grande quantité dans le corps, telles que la bilirubine et les acides gras libres, 68 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada dont les concentrations sont plus élevées chez les nouveau-nés, peuvent se fixer aux protéines plasmatiques et déloger les médicaments de leurs sites de fixation. Tous ces facteurs peuvent accroître la fraction libre des médicaments qui ont une forte tendance à se fixer à des protéines, de sorte que les nouveau-nés risquent d’avoir des effets indésirables ou des effets thérapeutiques exagérés (Tayman et al., 2011). Une augmentation de la fraction libre d’un médicament peut également influer sur son taux de métabolisme et d’excrétion. De fait, on remet en question l’effet réel de la fixation aux protéines plasmatiques sur les effets pharmacologiques d’un médicament (Holford, 2009). Lorsque la quantité de médicament libre dans le plasma augmente, son taux d’élimination augmente lui aussi puisqu’il est directement proportionnel à la concentration du médicament libre; il se peut donc que le résultat clinique demeure le même (Holford, 2009). Lorsque l’élimination ne se fait pas assez vite, une plus grande quantité du médicament peut être distribuée dans d’autres tissus (p. ex. le cerveau), entraînant une intoxication. Si les cellules constituant un tissu ont des membranes plus perméables (c.-à-d., si les molécules d’un médicament peuvent entrer plus facilement dans les cellules), cela peut stimuler les effets thérapeutiques d’un médicament, mais aussi entraîner une intoxication si la plus grande perméabilité touche un tissu où les effets sont indésirables. Par exemple, la barrière hémato-encéphalique, qui restreint normalement la distribution d’un médicament dans le cerveau, est davantage perméable chez les nouveau-nés ainsi qu’après une infection, un traumatisme ou une intervention chirurgicale. Comme les nouveau-nés ont également un taux plus faible de fixation aux protéines plasmatiques (et donc une fraction libre accrue du médicament), le médicament a davantage tendance à franchir cette barrière (Johnson, 2011). En plus des processus de diffusion, la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique est également fonction de l’expression relative des transporteurs des flux entrants et sortants (abordés à la sous-section 3.2.5), que l’on connaît mal après la période néonatale. Bien qu’ils débordent du cadre de ce chapitre, d’autres facteurs associés au développement ou à la maladie, comme des modifications du flux sanguin dans une région, l’équilibre acido-basique et le débit cardiaque, peuvent influer sur la distribution d’un médicament (Rakhmanina et van den Anker, 2006). Pour assurer l’efficacité du traitement, il faut ajuster la posologie en fonction des modifications développementales pathologiques de ces paramètres, par exemple le volume de distribution (Holford, 2009). Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 69 3.2.3 Métabolisme La notion de clairance médicamenteuse est la plus importante lorsque l’on recherche un schéma posologique rationnel pour l’administration à long terme d’un médicament. La clairance médicamenteuse est une mesure de l’efficacité du corps à éliminer un médicament. Elle dicte la dose d’entretien à administrer pour obtenir une concentration sanguine cible d’un médicament. La clairance médicamenteuse résulte de deux types d’élimination : le métabolisme et l’excrétion. Le métabolisme d’un médicament est le processus par lequel le médicament est transformé par les systèmes du corps. Même si le métabolisme d’un médicament est généralement associé au foie, d’importantes activités métaboliques ont également lieu dans d’autres organes tels que l’intestin (voir la sous-section 3.2.1) ou les reins. Le foie transforme souvent les médicaments en métabolites qui sont davantage solubles dans l’eau et donc plus facilement excrétés. Le métabolisme peut transformer les médicaments en des formes plus faibles ou inactives, ou en des formes actives ou toxiques (Johnson, 2011). Chacun de ces métabolites peut parvenir aux tissus cibles et avoir un effet avant d’être décomposé davantage et excrété. Par exemple, l’emploi de la codéine comme analgésique dépend en grande partie de sa métabolisation en morphine, principal métabolite actif responsable de l’effet analgésique. Cette réaction est catalysée par le cytochrome P450 2D6 (ou CYP2D6) (Dayer et al., 1988). Cette enzyme est immature chez les nouveau-nés et les nourrissons — c’est vers l’âge de cinq ans que sa compétence avoisine celle que l’on trouve chez l’adulte (Treluyer et al., 1991; Hines, 2008). On sait aussi que le CYP2D6 est hautement polymorphe (Madadi et Koren, 2008). Par conséquent, l’activité du CYP2D6 peut varier considérablement d’un individu à l’autre selon son âge et son bagage génétique. Le métabolisme d’un médicament chez l’être humain comporte deux grandes catégories de réactions : les réactions de phase I (qui comportent l’altération de la structure d’une molécule médicamenteuse) et les réactions de phase II (qui comportent la conjugaison avec une autre partie de molécule souvent davantage hydrosoluble) (Strolin Benedetti et Baltes, 2003). Enzymes de phase I Les cytochromes P450 (CYP) sont les enzymes responsables d’une grande partie des réactions de phase I du métabolisme d’un médicament (Johnson, 2011). Le génome humain compte près de 60 gènes CYP, qui codent les différents cytochromes P450. Des enzymes codées par 3 des 18 familles de CYP (de CYP1 à CYP3) interviennent dans la plus grande partie du métabolisme 70 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada d’un médicament (Hines, 2008; Nebert et al., 2013). Les enzymes métaboliques comme celles de la superfamille P450 peuvent être activées ou inhibées par des médicaments, de sorte que les médicaments qui sont principalement métabolisés par ces enzymes sont à risque d’interactions médicamenteuses (Krau, 2013). Les changements liés au développement modifient de manière importante les schémas d’expression de ces enzymes. À la naissance, la concentration hépatique totale des enzymes cytochromes P450 est d’environ 30 % de ce qu’elle est chez l’adulte. L’expression et l’activité de la plupart des enzymes sont faibles ou absentes chez le fœtus, et leur développement est déclenché au moment de la naissance. On décrit trois principaux groupes d’enzymes cytochromes P450 selon l’évolution de leur activité métabolique après la naissance (Cresteil, 1998). Le premier groupe est caractérisé par une expression relativement forte pendant la vie fœtale, qui décline rapidement après la naissance pour devenir faible ou indétectable chez la plupart des adultes. Les enzymes du deuxième groupe ont un niveau d’expression relativement constant chez le fœtus, après la naissance et à l’âge adulte. Le troisième groupe comprend des enzymes dont l’expression est faible ou absente chez le fœtus et qui deviennent actives à la fin de la grossesse, après la naissance ou avant l’âge d’un ou deux ans. La vitesse de maturation des diverses enzymes CYP est propre à chaque variante isomorphe; certaines enzymes atteignent avant l’âge d’un an leur plein niveau d’activité de l’âge adulte (p. ex. le CYP3A4), alors que d’autres l’atteignent plus tard (p. ex. tard au cours de l’enfance pour le CYP1A2) (Hines, 2008, 2013). Les modifications de l’expression d’enzymes métaboliques autour de la naissance peuvent expliquer la toxicité de certains médicaments chez les nouveau-nés (Kearns et al., 2003; Rakhmanina et van den Anker, 2006). De plus, certains médicaments pris par la mère pendant la grossesse ont la capacité d’activer ces enzymes et d’altérer le métabolisme d’un médicament chez le nouveau-né (Koren, 2009). L’encadré 3.1, qui décrit comment le métabolisme et l’élimination du midazolam sont différents chez le nouveau-né et chez l’adulte, met en évidence les effets de l’immaturité métabolique d’enzymes CYP450 sur la réaction à des médicaments au début de la vie. L’altération de l’activité enzymatique a un effet important sur le métabolisme de nombreux médicaments administrés aux enfants et a donc des conséquences sur les schémas posologiques dans cette population. Le défaut de tenir compte de ces différences du métabolisme liées à l’âge peut entraîner des effets cliniques indésirables. Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 71 Encadré 3.1 Comment le métabolisme réduit des nouveau-nés peut modifier la réaction au midazolam Le midazolam, benzodiazépine d’action brève, est communément employé dans les unités de soins néonatals ou de soins intensifs pédiatriques pour la sédation d’enfants qui ont besoin d’une ventilation mécanique prolongée ou qui doivent subir des procédures effractives. Le midazolam est fortement métabolisé par les cytochromes P450 de la sous-famille 3A en un métabolite hydroxylé important (le 1-OH-midazolam), qui est actif et excrété par les reins. La clairance du midazolam est beaucoup plus faible chez les nouveau-nés prématurés que chez les enfants plus âgés et les adultes (près de 10 fois moindre après une administration par voie orale et de 1,5 à 5 fois moindre après une administration par voie intraveineuse), et sa demi-vie d’élimination est beaucoup plus longue (de six à huit heures chez les nouveau-nés prématurés, contre une à trois heures chez les adultes). Cela est dû à l’immaturité du métabolisme hépatique du CYP3A4 (c.-à-d. une faible activité du CYP3A4) (De Wildt et al., 2001, 2002). Par conséquent, les nouveau-nés prématurés ont besoin de doses beaucoup plus faibles de midazolam et d’intervalles plus longs entre deux doses successives (dans le cas d’une administration par voie orale). Le défaut de tenir compte des effets du développement sur la clairance du midazolam est associé à de nombreux et importants effets indésirables potentiels, dont la dépression respiratoire, l’instabilité hémodynamique, ainsi qu’une sédation excessive et prolongée entraînant un allongement de la ventilation mécanique et du séjour aux soins intensifs. Récemment, « une fonction de maturation in vivo de la clairance du midazolam, du nouveau-né prématuré à l’adulte, a été mise au point et peut servir à calculer des doses fondées sur des données probantes pour les enfants » [traduction] de toutes les tranches d’âge (Ince et al., 2013). De nombreuses études in vivo ont montré que les médicaments métabolisés par le foie voient leur clairance (normalisée en fonction du poids corporel) diminuer chez les enfants à mesure que ceux-ci vieillissent, de 1 à 2 ans jusqu’à l’âge de 10 ans. Par conséquent, les bambins et les enfants ont besoin d’une dose relativement plus élevée que les nourrissons par rapport à leur poids pour éviter l’échec thérapeutique. Les mécanismes exacts à l’origine de cette observation ne sont pas parfaitement connus. Une petite étude in vitro n’a pas permis de détecter de différences liées au développement dans la quantité par hépatocyte d’enzymes catalytiquement actives métabolisant les médicaments (Blanco et al., 2000). 72 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Une autre explication de la clairance médicamenteuse plus élevée chez les enfants que chez les adultes est la taille relativement plus élevée du foie des enfants par rapport à leur corps. La masse du foie, en pourcentage du poids corporel, est maximale entre l’âge d’un et deux ans et diminue jusqu’à la valeur de l’adulte au cours de l’adolescence (Johnson et al., 2005; Seyberth et Kauffman, 2011). Pour soutenir cette explication, une étude évaluant la pharmacocinétique d’énantiomères de la warfarine chez des patients japonais prépubères, pubères et adultes a montré que la masse du foie influe sur la capacité métabolique hépatique. La clairance de la warfarine S libre après administration par voie orale était significativement plus élevée chez les enfants prépubères que chez les enfants pubères ou les adultes après ajustement en fonction du poids corporel total ou de l’aire de la surface corporelle, mais non après ajustement en fonction du poids estimatif du foie (Takahashi et al., 2000). Cependant, ce résultat n’a pas été reproduit dans une étude sur la clairance de l’antipyrine; il y avait une corrélation significative entre cette clairance et l’âge, même après correction en fonction du poids du foie (Murry et al., 1995). Enzymes de phase II Même si l’influence du développement sur l’expression des enzymes de phase II est moins bien établie que dans le cas des enzymes de phase I, le défaut de reconnaître les effets des changements liés au développement sur les réactions de conjugaison peut avoir de graves conséquences (p. ex. la pancytopénie associée à l’administration de chloramphénicol à des nouveau-nés). À titre d’exemple, dans le cas des glucuronosyltransférases (UGT), les différences entre variantes isomorphes ne donnent aucun schéma clair quant à l’évolution de l’activité des UGT au cours de l’enfance. Il faut tester l’activité de chaque variante isomorphe avec un substrat d’essai hautement sélectif (c.-à-d. un composé qui est métabolisé spécifiquement par cette variante). Le chevauchement des caractéristiques de diverses variantes isomorphes et le manque de substrats d’essai spécifiques ont nui à la capacité de caractériser l’activité des UGT au cours du développement. Cependant, beaucoup de données probantes sont disponibles en ce qui concerne les changements liés au développement dans le cas d’une variante isomorphe précise d’UGT et de la morphine. La glucuronidation de la morphine à médiation par l’UGT2B7 est présente chez les prématurés dès 24 semaines d’âge gestationnel. La clairance de la morphine est cinq fois moins élevée chez les nouveau-nés que chez les enfants âgés de 1 à 16 ans; le niveau de clairance de l’adulte est atteint à l’âge de 2 à 30 mois selon le modèle utilisé (modèle en fonction du poids en kg, ou modèle allométrique fondé sur le poids0,75 en kg), avec aucune évolution apparente au cours de l’adolescence (De Wildt et al., 1999). Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 73 Le développement d’autres enzymes de phase II est également propre à chaque variante isomorphe. Même si certaines sont très actives à la naissance (p. ex. les sulfotransférases), d’autres n’atteignent pas avant l’âge d’un an le niveau d’activité présent chez l’adulte (p. ex. les N-acétyltransférases) (Tayman et al., 2011). 3.2.4 Excrétion Le second type d’élimination d’un médicament est l’excrétion. L’excrétion est l’élimination d’un médicament ou de ses métabolites (actifs ou inactifs) de l’organisme, principalement par les reins et dans une moindre mesure par le système biliaire (Johnson, 2011). Les médicaments peuvent être éliminés du plasma sans avoir été transformés, ou après avoir été métabolisés dans le foie. Certains médicaments passent par un cycle dans le foie et l’intestin avant d’être réabsorbés dans le sang et de revenir dans le foie (cycle entérohépatique) (Tetelbaum et al., 2005). Si ce cycle est incomplet, le composé est excrété dans les selles (Johnson, 2011). La plupart des variations liées au développement dans l’excrétion des médicaments sont dues au degré de maturation des reins. À la naissance, les reins sont anatomiquement et fonctionnellement immatures, et le rythme auquel ils peuvent filtrer du liquide (appelé débit de filtration glomérulaire) est beaucoup plus faible que chez l’adulte. Le débit de filtration glomérulaire augmente rapidement pendant les deux semaines qui suivent la naissance, en raison d’une augmentation du débit sanguin rénal, et approche des valeurs de l’adulte avant l’âge d’un an (Tayman et al., 2011). De même, la sécrétion tubulaire, processus de transport actif qui se déroule dans les reins, est immature à la naissance et atteint la capacité de l’adulte avant l’âge d’un an. L’immaturité de ces processus peut toucher de manière spectaculaire la clairance des médicaments, d’où la nécessité de schémas posologiques adaptés à l’âge (Rakhmanina et van den Anker, 2006). À titre d’exemple, la clairance de la digoxine, qui est éliminée par filtration glomérulaire ainsi que par sécrétion tubulaire active, est plus faible chez les nouveau-nés que chez les nourrissons et les bambins, et un défaut d’ajustement des doses peut entraîner une grave intoxication (Halkin et al., 1978). 3.2.5 Transporteurs de médicaments Les réactions aux médicaments résultent d’interaction complexes entre de multiples processus pharmacocinétiques et pharmacodynamiques. Depuis plusieurs décennies, on se rend compte de plus en plus que des intermédiaires appelés transporteurs jouent un rôle crucial dans la pharmacocinétique de nombreux médicaments. Les transporteurs sont des protéines qui s’expriment à la surface des cellules de pratiquement tous les organes et tissus du corps, dont les cellules épithéliales intestinales, les hépatocytes (cellules du foie), les cellules des tubules rénaux, ainsi que la barrière hémato-encéphalique (Neville et al., 2011; Thompson, 2011). 74 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Les transporteurs peuvent limiter ou faciliter l’absorption d’un médicament, influer sur sa distribution aux organes cibles, et permettre son absorption et son élimination des hépatocytes et des cellules des tubules rénaux (influant ainsi sur son excrétion rénale et biliaire) (Thompson, 2011). Les transporteurs peuvent donc avoir un effet important sur le déroulement d’un traitement. L’action des transporteurs peut varier selon l’âge et le stade de développement, de même que d’un individu à l’autre en fonction de différences génétiques (Neville et al., 2011). On connaît relativement mal les effets du développement sur l’expression de divers transporteurs, mais ce domaine fait l’objet d’intenses recherches (Thompson, 2011). Dans la mise au point d’un médicament, la recherche se concentre sur les interactions entre le médicament et les transporteurs sortants et entrants. Les transporteurs sortants sont ceux qui font sortir des cellules les molécules du médicament, alors que les transporteurs entrants sont ceux qui les font entrer dans les cellules. Deux groupes principaux de transporteurs sortants ont des effets pharmacocinétiques démontrés chez les enfants : les transporteurs de protéines ABC (ces protéines comportent une cassette de fixation de l’ATP, en anglais ATP-binding cassette, d’où leur nom) et les transporteurs de solutés (SLC — solute carriers). Les transporteurs de protéines ABC sont en grande partie responsables du transport de substances toxiques et de médicaments à l’extérieur des membranes cellulaires; ces transporteurs sortants sont situés sur les cellules épithéliales intestinales, les cellules épithéliales hépatiques, la barrière hémato-encéphalique, les cellules épithéliales des tubules rénaux et le placenta (Thompson, 2011). Ils comprennent la glycoprotéine P (P-gp, aussi appelée MDR1 ou ABCB1), la protéine de résistance au cancer du sein et des protéines associées à la multirésistance aux médicaments. La P-gp diminue la biodisponibilité des médicaments administrés par voie orale en limitant leur absorption intestinale. Elle peut aussi limiter l’entrée de divers médicaments dans le système nerveux central (SNC) (Giacomini et al., 2010). Peu de données sont disponibles sur les effets du développement de l’expression de la P-gp chez les enfants. Une étude menée en 2013 a montré que l’expression de la P-gp intestinale (mesurée par l’ARN messager) était très variable chez les enfants âgés de 2 mois à 18 ans, sans trajectoire claire de maturation (Mizuno et al., 2014). Dans une autre étude de l’ARN messager de la P-gp chez des fœtus, des nouveau‑nés et des adultes, on a trouvé une expression relativement faible de cet ARN messager dans l’intestin grêle à tout âge sauf chez les jeunes adultes (de 15 à 38 ans) (Miki et al., 2005). Selon un rapport préliminaire plus récent, il n’y a aucune différence significative entre les nouveau-nés et les adultes pour ce qui est de l’expression de l’ARNm de la P-gp (voir Mooij et al., 2013a, dans Mizuno et al., 2014). Selon un autre rapport préliminaire récent, l’expression de la P-gp hépatique (mesurée par l’ARN messager) était de 25 à 60 fois plus faible chez les fœtus, les nouveau-nés, les nourrissons et les enfants que chez les adultes (Mooij et al., 2013b). Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 75 La P-gp est présente dans le cerveau des nouveau-nés (dès après 22 semaines de gestation), mais en quantité moindre que chez les adultes (Daood et al., 2008). Chez les enfants, les variations de l’expression de la P-gp dans le SNC pourraient entraîner une plus grande toxicité des médicaments du SNC. Ces variations peuvent également entraîner des réponses variables à la chimiothérapie (Neville et al., 2011). Par exemple, selon certaines études, une plus grande activité de la P-gp dans les cellules leucémiques est associée à une issue médiocre chez les patients atteints de leucémie aiguë (Steinbach et Legrand, 2007). Le pronostic est généralement plus mauvais chez les adultes que chez les enfants, ce qui pourrait s’expliquer par l’observation suivante : dans le cas des personnes atteintes de leucémie lymphoblastique, l’activité de la P-gp est généralement plus grande dans les cellules leucémiques des adultes que dans celles des enfants (Plasschaert et al., 2003). Les transporteurs de solutés font partie des transporteurs de médicaments « en grande partie responsables de l’absorption à travers de nombreuses barrières membranaires, notamment dans les cellules épithéliales intestinales, les hépatocytes et les cellules des tubules proximaux des reins » (traduit de Thompson, 2011). Les transporteurs de cations et anions organiques appartiennent à ce groupe. On a montré que les variations d’une personne à l’autre en ce qui concerne ces transporteurs sont à l’origine de différences dans la capacité de métaboliser certaines catégories de médicaments (Neville et al., 2011). De plus, diverses données indiquent que les transporteurs de ce groupe viennent à maturité graduellement et que les transporteurs de cations organiques deviennent fonctionnels plus lentement que les transporteurs d’anions organiques (Neville et al., 2011). Les transporteurs intestinaux de peptides peuvent en outre se lier au lait. Les peptides du lait sont probablement répartis de manière continue le long de la muqueuse intestinale chez les nourrissons qui ont une diète à base de lait; ces peptides peuvent entrer en concurrence avec les médicaments pour se lier aux transporteurs intestinaux de peptides (Funk et al., 2012). Selon de récentes données, les variations dans les gènes codant pour les transporteurs de solutés peuvent être associés à la cardiotoxicité qui suit le traitement d’enfants avec une classe spécifique de médicaments utilisés en chimiothérapie (Visscher et al., 2012). Un certain nombre de transporteurs de médicaments peuvent être à l’origine de différences entre les enfants et les adultes en ce qui concerne le processus de distribution, au point où un médicament efficace chez les uns peut être inefficace chez les autres, ce qui a des conséquences sérieuses sur la mise au point et l’utilisation de médicaments. Ce domaine est encore à l’état embryonnaire, mais d’autres études sur les effets du développement de l’être humain sur les transporteurs de médicaments pourraient permettre d’améliorer les recherches à venir et la qualité des soins pour les enfants. Nouveau-né prématuré Semblable à celui du nouveau-né. Irrégulière et plus lente que celle de l’adulte. Peut être variable (selon la composition du repas). Paramètre physiologique Absorption entérale — pH de l’estomac Absorption entérale — Évacuation gastrique (rythme d’élimination à partir de l’estomac) Irrégulière et plus lente que celle de l’adulte. Peut être variable (selon la composition du repas). Neutre à la naissance (pH de 6 à 8); chute à un pH de 1 à 3 au bout de 24 heures; redevient neutre avant 8 jours, puis commence à baisser lentement. Nouveau-né (0–27 jours) Lente et variable chez le jeune nourrisson; voisine de celle de l’adulte vers 6 à 8 mois, puis devient plus rapide que celle de l’adulte. Commence à baisser lentement environ une semaine après la naissance. Semblable à celui de l’adulte (pH de 2 à 3) avant l’âge de 2 ans. Nourrisson et bambin (28 jours–23 mois) Légèrement plus rapide que celle de l’adulte. Semblable à celui de l’adulte. Enfant (2–11 ans) Tableau 3.1 Résumé et conséquences des changements pharmacocinétiques liés au développement Semblable à celle de l’adulte. Semblable à celui de l’adulte. Adolescent (12–17 ans) suite à la page suivante Une évacuation gastrique lente entraîne un retard dans l’absorption de médicaments. La concentration maximale peut être moindre et survenir plus tard (mais l’aire de la surface sous la courbe n’est généralement pas affectée). Les médicaments labiles en milieu acide sont absorbés plus efficacement au début de la vie. Les médicaments ionisés sont faiblement liposolubles, de sorte qu’ils ne peuvent pas traverser facilement les membranes biologiques; par conséquent, les médicaments qui sont des acides organiques faibles et demeurent non ionisés dans un milieu très acide sont plus facilement absorbés dans un milieu à faible pH. Les médicaments basiques sont absorbés plus rapidement dans un milieu à pH élevé. Conséquences pharmacocinétiques 76 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Nouveau-né prématuré Inconnu. Inconnu. Inconnu. Inconnue. Paramètre physiologique Absorption entérale — Transit intestinal Absorption entérale — Métabolisme Intestinal du CYP3A4 Absorption entérale — Transport intestinal à médiation par la P-gp* Absorption rectale Peut augmenter en raison de la diminution de l’effet de premier passage (en partie à cause de l’immaturité des enzymes hépatiques qui métabolisent les médicaments). La formule (liquide ou suppositoire) peut avoir une influence. Données limitées et aux résultats contradictoires. Activité moindre que chez l’enfant âgé de plus de 12 ans. Peut être plus lent que celui de l’adulte à cause de la moins grande motilité intestinale, mais il peut être variable selon l’alimentation ou un dysfonctionnement comme la diarrhée, qui accélère le transit. Nouveau-né (0–27 jours) Légèrement plus rapide que celui de l’adulte. Enfant (2–11 ans) Semblable à celui de l’adulte. Adolescent (12–17 ans) Peut augmenter en raison de la diminution de l’effet de premier passage (en partie à cause de l’immaturité des enzymes hépatiques qui métabolisent les médicaments). La formule (liquide ou suppositoire) peut avoir une influence. Presque semblable à celle de l’adulte. Semblable à celle de l’adulte. Données limitées qui laissent entendre que le schéma de transport de l’adulte est atteint avant l’âge de 2 mois. Pas de différence statistiquement significative de l’âge de 3 mois jusqu’à l’adolescence. Plus rapide que celui de l’adulte, à cause de la plus grande motilité intestinale. Nourrisson et bambin (28 jours–23 mois) suite à la page suivante Lorsque les médicaments ont la formule appropriée, l’administration par voie rectale peut être très efficace chez le nouveau-né et le jeune nourrisson. Pas d’effets constants liés au développement. Un taux élevé de P-gp peut limiter l’entrée des médicaments dans les cellules intestinales, et donc en diminuer la biodisponibilité. Une activité intestinale moindre du CYP3A4 diminue l’effet de premier passage, ce qui augmente la biodisponibilité du médicament. Un transit lent peut favoriser l’absorption des médicaments faiblement hydrosolubles. Lorsque le transit intestinal est plus rapide, les produits à libération prolongée ne sont pas facilement absorbés. Conséquences pharmacocinétiques Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 77 Nouveau-né prématuré Semblable à celle du nouveau-né, sauf que la couche externe de l’épiderme est plus mince. Semblable à celle du nouveau-né, sauf que, chez un nouveau-né prématuré malade et immobile, l’absorption peut être moins efficace parce qu’il y a moins de contractions musculaires. Le nouveau-né prématuré a une fréquence respiratoire élevée. Les particules d’aérosol restent donc moins longtemps dans les voies respiratoires inférieures, ce qui diminue l’efficacité des aérosols. Paramètre physiologique Absorption percutanée Absorption intramusculaire Absorption intrapulmonaire Aérosols moins efficaces que chez l’enfant âgé de plus de 6 mois et l’adulte. Moins de particules de grande taille se déposent dans les poumons que chez l’enfant de plus de 4 ans et l’adulte. Des contractions musculaires inefficaces et une irrigation sanguine moins bonne des muscles réduisent l’absorption, mais ces facteurs peuvent être compensés par une plus grande densité de capillaires dans les muscles. Le ratio de l’aire de la surface de la peau sur le poids corporel est plus élevé. La peau est plus hydratée. Nouveau-né (0–27 jours) Semblable à celle du nouveau-né. Les facteurs comportementaux sont importants (p. ex. les pleurs diminuent le dépôt des particules d’aérosol). Les alvéoles continuent de se développer jusqu’à l’âge d’environ 2 ans. Semblable à celle du nouveau-né dans le cas d’un jeune nourrisson. Semblable à celle du nouveau-né. Nourrisson et bambin (28 jours–23 mois) Moindre dépôt des particules de grande taille jusqu’à l’âge de 4 ans, parce que ces particules sont coincées dans les voies respiratoires étroites. Semblable à celle de l’adulte. Presque semblable à celle de l’adulte. Enfant (2–11 ans) Semblable à celle de l’adulte. Semblable à celle de l’adulte. Semblable à celle de l’adulte. Adolescent (12–17 ans) suite à la page suivante De meilleurs résultats thérapeutiques pourraient être obtenus chez l’enfant en utilisant des aérosols dont les particules sont plus petites. La dose doit être ajustée avec soin pour tenir compte de la moindre efficacité du dépôt de particules chez l’enfant. La moins bonne distribution des médicaments peut en diminuer l’absorption chez le nouveau-né, mais une plus grande densité de capillaires dans les muscles peut augmenter l’efficacité de cette absorption. Le nouveau-né (en particulier prématuré) et le nourrisson absorbent de manière plus efficace les médicaments appliqués localement, d’où un potentiel d’intoxication. Il faut diminuer la quantité des médicaments appliqués sur la peau. Conséquences pharmacocinétiques 78 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Nouveau-né prématuré La proportion de l’eau corporelle totale peut être très élevée. Elle peut être encore plus élevée en cas d’affections, comme la persistance du canal artériel, qui entraînent une surcharge hydrique. La proportion de gras peut être aussi faible que 1 % du poids corporel chez le prématuré extrême. Inconnue. Paramètre physiologique Distribution — Composition du corps Distribution — Concentration des protéines plasmatiques La concentration des protéines fixatrices dans le plasma est plus faible que chez l’adulte. Les protéines plasmatiques ont une capacité de fixation moindre. Proportion relativement élevée de l’eau corporelle totale (~80 % du poids corporel) et extracellulaire (~40 %). Faible proportion de gras (~15 %). Nouveau-né (0–27 jours) Semblable chez le jeune nourrisson à celle du nouveau-né. Les concentrations de protéines plasmatiques de l’adulte sont atteintes avant l’âge d’un an. Proportion encore élevée de l’eau corporelle totale (~60 % du poids corporel vers 6 à 12 mois), avec une diminution de l’eau extracellulaire (~30 % vers 6 à 12 mois). Augmentation de la proportion de gras (~25 % à 4 mois). Nourrisson et bambin (28 jours–23 mois) Semblable à celle de l’adulte. Proportion de l’eau corporelle totale semblable à celle de l’adulte (~60 % du poids corporel). La proportion de l’eau extracellulaire diminue progressivement avec l’âge au cours de l’enfance. Enfant (2–11 ans) Semblable à celle de l’adulte. Semblable à celle de l’adulte. Adolescent (12–17 ans) suite à la page suivante Chez le nouveau-né, la fraction libre des médicaments qui se fixent beaucoup à des protéines est plus élevée, ce qui augmente leur toxicité potentielle. Chez le nouveau-né et le jeune nourrisson, la plus grande quantité d’eau par rapport au poids corporel total se traduit par un volume apparent de distribution plus élevé, et donc une concentration sanguine moins élevée des médicaments distribués dans les compartiments liquidiens. Dans le cas des médicaments qui se fixent sur les muscles ou le gras, le volume apparent de distribution est réduit. Conséquences pharmacocinétiques Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 79 Nouveau-né prématuré La barrière hématoencéphalique n’est pas développée (elle est plus perméable). Activité métabolique réduite par rapport à celle du nouveau-né à terme. Activité métabolique inconnue. Paramètre physiologique Distribution — Perméabilité membranaire Métabolisme — Enzymes CYP450 Métabolisme — Enzymes de phase II Glucuronidation et acétylation déficientes; sulfoconjugaison efficace. L’activité de la plupart des enzymes CYP450 est beaucoup plus faible que chez l’adulte. L’expression d’autres enzymes (p. ex. CYP3A7) disparaît après la naissance. La barrière hématoencéphalique n’est pas encore mature à la naissance, mais sa perméabilité commence à diminuer après la naissance. Nouveau-né (0–27 jours) L’activité de certaines enzymes CYP450 demeure réduite et peut ne pas atteindre celle de l’adulte avant l’âge de 5 ans (CYP2D6) ou à la fin de l’enfance. Chez le nourrisson plus âgé et l’enfant, la clairance hépatique par rapport au poids corporel est plus élevée que celle de l’adulte. Inconnue. Enfant (2–11 ans) Semblable à celle de l’adulte. Inconnue. Adolescent (12–17 ans) Profil développemental propre à chaque variante isomorphe. Expression très variable de toutes les enzymes de phase II. L’activité de certaines enzymes CYP450 augmente au cours de la première année de vie, pour atteindre celle de l’adulte (CYP2C9, CYP2C19, CYP3A4). Inconnue. Nourrisson et bambin (28 jours–23 mois) suite à la page suivante Chez le nouveau-né, il faut diminuer la dose et augmenter l’intervalle entre deux doses successives des médicaments métabolisés par glucuronidation ou acétylation. Chez le nouveau-né et le jeune nourrisson, il faut diminuer la dose et augmenter l’intervalle entre deux doses successives pour éviter l’intoxication. Chez le nourrisson plus âgé et l’enfant, il faut administrer une dose plus forte par rapport au poids corporel pour que le traitement soit efficace. Chez le nouveau-né (en particulier le nouveau-né prématuré), les médicaments peuvent pénétrer dans le système nerveux central et entraîner une intoxication. Conséquences pharmacocinétiques 80 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Débit de filtration glomérulaire plus faible que chez le nouveau-né à terme; le fonctionnement augmente avec l’âge gestationnel et le poids corporel (et est donc plus déficient chez le nouveau-né très prématuré). Élimination — Fonction rénale La filtration glomérulaire et la sécrétion tubulaire deviennent matures à l’âge d’environ 12 mois. Nourrisson et bambin (28 jours–23 mois) Semblable à celle de l’adulte. Enfant (2–11 ans) Semblable à celle de l’adulte. Adolescent (12–17 ans) Chez le nouveau-né et le jeune nourrisson, les médicaments excrétés par voie rénale s’accumulent, et la demi-vie d’élimination est plus longue. Il faut ajuster la dose de manière à éviter l’intoxication Conséquences pharmacocinétiques Source des données : Treluyer et al. (1991); van den Anker (1996); Kearns (2000); Johnson et al. (2001); Alcorn et McNamara (2002); Kearns et al. (2003); Strolin Benedetti et Baltes (2003); Fink (2004); Miki et al. (2005); Bartelink et al. (2006); Rakhmanina et van den Anker (2006); OMS (2007); Hines (2008); Johnson et Thomson (2008); van den Anker (2010); Johnson (2011); Tayman et al. (2011); Amirav et Newhouse (2012); Berlin (2013); Mizuno et al. (2014) Les reins sont anatomiquement et fonctionnellement immatures; le débit de filtration glomérulaire et la sécrétion tubulaire sont plus faibles. Nouveau-né (0–27 jours) * Données dérivées de l’expression de l’ARNm pour la P-gp intestinale (ABCB1). Nouveau-né prématuré Paramètre physiologique Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 81 82 3 . 3 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada P HA R M A C O DY NAM I QU E E T DÉ V E L OPPEMENT D E L’ Ê TR E H U M AI N Le terme pharmacodynamique désigne de manière générale l’ensemble des effets biochimiques et physiologiques d’un médicament ainsi que son ou ses mécanismes d’action. Il décrit la relation entre la concentration du médicament à son site d’action et l’effet qui en résulte, dont l’évolution au cours du temps ainsi que l’intensité des effets thérapeutiques et indésirables (Johnson, 2011). Comme le montre la figure 3.1, le développement de l’être humain, ainsi que des facteurs comme le bagage génétique, l’état de santé et l’état nutritionnel, peuvent influer sur la pharmacodynamique (et la pharmacocinétique) et la réaction clinique d’ensemble à un médicament. La pharmacodynamique fait intervenir des variables nombreuses et complexes, dont les cibles du médicament (récepteurs, canaux ioniques, enzymes et protéines transporteuses), les mécanismes de signalisation, les effecteurs et les interactions chimiques (Tayman et al., 2011). Le nombre de récepteurs présents (voir la sous-section 3.3.1), leur emplacement dans les différents tissus et leur probabilité de liaison avec les médicaments sont tous des facteurs qui peuvent changer au cours du développement de l’être humain. Par conséquent, une démonstration d’efficacité chez les adultes ne garantit pas les mêmes effets bénéfiques et la même innocuité chez les enfants, et des essais pédiatriques sont nécessaires pour évaluer l’efficacité et la toxicité d’un médicament chez les enfants. Combinée à l’information pharmacocinétique, la pharmacodynamique contribue à expliquer la relation entre la dose d’un médicament et les effets observés. Elle joue un rôle central dans la détermination du schéma posologique optimal (Tayman et al., 2011). Par exemple, des études ont montré que, par rapport aux adultes, les enfants prépubères réagissent davantage à la warfarine (anticoagulant couramment administré à des enfants). Cette plus grande sensibilité à la warfarine semble être indépendante des différences pharmacocinétiques (c.-à-d. que même si l’on ajuste les doses pour produire des concentrations sanguines semblables de warfarine libre chez les enfants et les adultes, l’effet anticoagulant peut quand même être plus important chez les enfants), en vertu d’un mécanisme qui demeure inconnu. Il faut donc tenir compte à la fois de la pharmacocinétique et de la pharmacodynamique pour éviter un échec thérapeutique (dans ce cas-ci, l’apparition ou la progression de caillots) ou des effets indésirables (risque accru d’hémorragie) (Takahashi et al., 2000). Un autre exemple est donné par les conséquences du développement de l’être humain sur les effets immunosuppresseurs de la cyclosporine. Il est démontré que la réaction d’immunosuppression est plus importante chez les nourrissons Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 83 que chez les enfants plus âgés et les adultes. Ce phénomène est probablement lié à l’immaturité de la réponse des lymphocytes T chez les nourrissons et a des conséquences thérapeutiques importantes en ce qui concerne la posologie (Marshall et Kearns, 1999). Même s’il y a actuellement peu de données à propos des effets pharmacodynamiques du développement, certaines données probantes concernant les répercussions spécifiques du développement de l’être humain sur les récepteurs des médicaments sont disponibles. La sous-section ci-après n’est qu’une brève introduction à l’état actuel des connaissances en la matière, en raison de la rareté des données disponibles et du manque de recherches dans ce domaine important. 3.3.1 Récepteurs des médicaments Les récepteurs des médicaments sont généralement définis comme des composants biologiques situés à la surface des cellules et qui se lient de manière sélective aux signaux moléculaires de médicaments et déclenchent des réponses pharmacologiques (Lambert, 2004; Tayman et al., 2011). On distingue quatre catégories principales de récepteurs : les canaux ioniques sensibles à un ligand, les récepteurs couplés à une protéine G, les récepteurs liés à une enzyme (p. ex. récepteurs couplés à la tyrosine kinase) et les récepteurs nucléaires (p. ex. récepteurs stéroïdiens) (Lambert, 2004). Chacune de ces catégories correspond à différents types de médicaments et de molécules. Par exemple, les récepteurs couplés à la tyrosine kinase réagissent à des produits biologiques tels que l’insuline et les hormones de croissance, alors que les récepteurs couplés à une protéine G réagissent aux opiacés tels que la morphine (Lambert, 2004). Des données de modèles animaux ont montré l’effet du développement sur l’expression des récepteurs des opiacés : certains types de récepteurs sont davantage présents juste après la naissance, alors que d’autres émergent plus tard au cours de l’enfance (Neville et al., 2011). Le tableau 3.2 donne certains renseignements sur le développement de diverses cibles de médicaments chez les animaux ou les êtres humains. Il met en évidence les conséquences potentielles de ces variations liés au développement de l’organisme sur la réaction des enfants aux médicaments. 84 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Tableau 3.2 Changements liés au développement quant aux cibles des médicaments et conséquences potentielles chez les enfants Exemple de cible des médicaments Classe de médicaments Profil de développement Source des données sur le développement Conséquences potentielles chez les enfants Canal ionique sensible à un ligand Antiépileptiques qui ciblent le système GABAergique* Le GABA passe d’un neurotransmetteur excitateur à un neurotransmetteur inhibiteur peu après la naissance; la densité et la répartition des récepteurs GABAA changent au cours du développement. Animaux et humains Convulsions paradoxales Protéine transporteuse Antidépresseurs qui inhibent le transport neuronal (recapture) de la noradrénaline Retard neurodéveloppemental du système noradrénergique Animaux Absence d’effet des antidépresseurs tricycliques Récepteur couplé à une protéine G Analgésiques opioïdes Modification de l’expression des récepteurs des opiacés Animaux Sensibilité accrue aux analgésiques opioïdes Canaux ioniques Médicaments cardiovasculaires qui prolongent l’intervalle QT (p. ex. sotalol, amiodarone) Maturation des canaux potassiques du myocarde Animaux Propension accrue à la prolongation de l’intervalle QT, ce qui peut provoquer une arythmie cardiaque Source des données : Lambert (2004); Mulla (2010) * GABA est l’abréviation d’acide gamma amino-butyrique. Il manque de l’information à propos des effets du développement de l’être humain sur les variations du nombre et de l’affinité des récepteurs et à propos des conséquences de ces variations sur la réaction aux médicaments. Certaines données indiquent que des variations concernant les récepteurs peuvent contribuer aux réponses pharmacologiques en fonction de l’âge. Par exemple, les bambins qui ont une respiration sifflante réagissent médiocrement à une classe de médicaments contre l’asthme — les agonistes adrénergiques bêta-2 —, et cela peut s’expliquer en partie par un nombre réduit de récepteurs adrénergiques bêta-2 (Seyberth et Kauffman, 2011). Un second exemple est celui du trouble dépressif majeur, diagnostiqué chez 2,5 à 4 % des enfants Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 85 (Bylund et Reed, 2007; Murrin et al., 2007). Alors qu’un éventail d’antidépresseurs peuvent constituer des traitements efficaces chez les adultes, seuls certains antidépresseurs de la classe des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) ont prouvé leur efficacité clinique chez les enfants et les adolescents. Des études récentes menées sur d’autres classes d’antidépresseurs, comme les antidépresseurs tricycliques et les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO), n’ont pas montré leur efficacité clinique chez les enfants (Murrin et al., 2007). Cette différence vient du fait que le système touché par les antidépresseurs tricycliques et les IMAO (le système noradrénergique) atteint sa maturité plus lentement que le système sérotoninergique ciblé par les ISRS. Des études menées sur des animaux et sur l’être humain indiquent que la liaison aux récepteurs de la sérotonine, la capacité de synthèse de la sérotonine et la recapture de la sérotonine sont généralement plus élevées dans le cerveau en développement que chez l’adulte et diminuent jusqu’aux valeurs de l’adulte avant la puberté (Chugani et al., 1999; Murrin et al., 2007). Pour la majorité des antidépresseurs, même dans les situations où leur efficacité clinique peut avoir été prouvée, les effets bénéfiques peuvent ne pas l’emporter sur les risques chez les enfants (Bylund et Reed, 2007; Mulla, 2010). 3 .4 P HA RM ACOGÉ NOM I QU E E T P HA R M ACOGÉ NÉ T I QU E CH E Z L’ENFANT La pharmacogénomique est l’intégration de la pharmacologie et de la génomique. Elle consiste à appliquer les technologies et stratégies liées au génome afin d’identifier de nouvelles cibles en ce qui concerne le diagnostic ou l’évolution de la maladie, la mise au point de médicaments, les facteurs prédictifs de l’efficacité thérapeutique et le risque d’effets indésirables. La pharmacogénétique est l’étude des variations génétiques qui entraînent des réactions diverses aux médicaments selon les individus (Neville et al., 2011). Ces domaines d’étude ont pris de plus en plus d’importance pour la mise au point et la prescription de médicaments efficaces ainsi que pour faire progresser la compréhension des variations dans les processus pharmacocinétiques et pharmacodynamiques ainsi que dans l’ensemble des réactions aux médicaments (Piana et al., 2012). Par exemple, une dose normale d’un même médicament peut être d’une efficacité médiocre chez 20 à 30 % des patients et poser des problèmes d’innocuité dans 5 à 15 % des cas. Avant l’avènement de la pharmacogénomique, on savait que cela résultait de différences entre individus quant à la clairance métabolique ou à des facteurs de morbidité, mais l’origine de ces différences était inconnue (Piana et al., 2012). La pharmacogénomique (y compris la pharmacogénétique) montre maintenant que les variations génétiques sont responsables au moins en partie de ces différences entre individus. Les chercheurs doivent donc tenir 86 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada compte non seulement de l’évolution des processus ADME et des différences pharmacodynamiques au cours du développement de l’être humain, mais aussi des variations génétiques chez les individus et les populations. À titre d’exemple, des recherches ont révélé d’importantes variations d’origine génétique entre groupes ethniques dans la réaction aux médicaments, notamment dans le cas du cytochrome CYP2D6. Un polymorphisme du CYP2D6 qui augmente le risque de graves événements indésirables dus à la codéine est beaucoup plus répandu chez les enfants d’ascendance méditerranéenne ou africaine que chez ceux dont les ancêtres sont du Nord de l’Europe (Madadi et al., 2007). Un autre exemple porte sur les variations génétiques entre individus quant au récepteur adrénergique bêta-2 qui peuvent entraîner une diminution de la réponse au salbutamol (albutérol) après un usage répétitif (Neville et al., 2011). Lorsque l’on traite des enfants qui font de l’asthme, la connaissance de leurs caractéristiques génétiques et de leur stade de développement peut aider à prescrire des médicaments et des doses efficaces (Finkelstein et al., 2009). Cette connaissance est également utile pour la mise au point future de nouveaux médicaments. Voici d’autres exemples d’importantes recherches canadiennes sur les interrelations entre le développement de l’être humain, la pharmacocinétique, la pharmacodynamique et les variations génétiques : • variations d’origine génétique dans l’activité des transporteurs de médicaments et la toxicité de l’anthracycline chez des enfants atteints du cancer à London, en Ontario, et à Vancouver, en Colombie-Britannique (Visscher et al., 2012); • mécanismes de toxicité otovestibulaire de la cisplatine liés à la génétique chez des enfants de Vancouver, en Colombie-Britannique (Ross et al., 2009; Pussegoda et al., 2013); • déterminants génétiques de la réponse aux corticostéroïdes d’enfants asthmatiques à Montréal, au Québec (Ducharme, 2013). Les données pharmacogénomiques peuvent influer sur la qualité des soins prodigués aux enfants, en fournissant des connaissances permettant d’élaborer des pharmacothérapies personnalisées qui maximisent l’efficacité et minimisent la toxicité (Ma et al., 2012). Les variations génétiques peuvent toucher des enzymes, des transporteurs et des récepteurs qui ont des effets sur la réponse pharmacologique aux médicaments. Citons par exemple les risques courus par les enfants qui ont peu de CYP2D6 ou par ceux qui métabolisent très rapidement les médicaments décomposés par ce cytochrome. Dans le cas de la codéine, un enfant qui métabolise mal le médicament est incapable de transformer la codéine en morphine, de sorte que le résultat thérapeutique souhaité de soulagement de la douleur ne peut être atteint; à l’inverse, un enfant qui métabolise très rapidement la codéine en transforme une trop grande quantité en morphine et peut subir des effets indésirables (p. ex. dépression respiratoire) (Wong et al., 2012). On peut également citer Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 87 l’exemple du risque de syndrome de Stevens-Johnson potentiellement mortel chez les enfants épileptiques qui possèdent l’allèle HLA-B*15:02 et qui sont traités avec de la carbamazépine (Mrazek et Lerman, 2011). L’information pharmacogénomique est très pertinente pour la pratique clinique lorsqu’une variation génétique dans la réaction à un médicament donné a des conséquences pharmacologiques significatives, lorsque cette variation génétique est répandue dans la population ou lorsque les données génétiques sont faciles à obtenir (Ma et al., 2012). Des tests génétiques pourraient s’avérer utiles pour mettre au point des schémas thérapeutiques efficaces dans le cas d’enfants atteints de certaines affections pour lesquelles il y a des variations génétiques connues et d’une grande pertinence clinique. De plus, la technologie de la collecte et de l’analyse de l’information génétique évolue constamment et offre de nouvelles possibilités en matière de recherche et de soins. Par exemple, de nouvelles méthodes d’analyse de l’information génétique permettent d’identifier plus rapidement, à moindre coût et à partir d’un plus petit nombre de patients les gènes responsables d’une maladie (Majewski et al., 2011; Boycott et al., 2013). Grâce à ces méthodes, les chercheurs en apprennent davantage sur l’étiologie génétique des maladies, ce qui peut améliorer l’exactitude des diagnostics et la qualité des traitements. La relation entre génotype et phénotype (l’ensemble des caractéristiques physiques ou biochimiques observables d’un organisme, déterminées par le bagage génétique et les influences du milieu) n’est pas toujours simple. Alors que le génotype d’un individu demeure le même pendant toute sa vie, l’expression des gènes peut changer pendant la croissance et le développement, donnant lieu à différents phénotypes. La mesure dans laquelle le génotype d’un individu correspond à son phénotype s’appelle la concordance génotype–phénotype. Cette question est particulièrement importante chez les nouveau-nés, car les discordances entre génotype et phénotype sont souvent constatées à la naissance. Par exemple, des tests génétiques peuvent indiquer que le génotype d’un nouveau-né est associé à une certaine pharmacocinétique, alors que ce n’est pas le cas dans la réalité, d’où des conclusions erronées en matière de posologie. Si la concordance génotype–phénotype est inconnue, un traitement fondé sur les données pharmacogénétiques suppose que : « (i) la nature de la relation génotype– phénotype a été établie chez une population adulte; (ii) l’activité de l’enzyme qui métabolise le médicament ou du transporteur chez les patients pédiatriques qui se situent aux extrémités de la répartition des phénotypes (c.-à-d. ceux qui métabolisent mal le médicament ou ceux qui le métabolisent très rapidement) a atteint une maturité telle que ces patients peuvent être classés à partir des données sur leur génotype de manière aussi fiable que les adultes » 88 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada (traduit de Leeder et Kearns, 2012). Pour compliquer encore la chose, des facteurs supplémentaires tels que les interactions médicamenteuses ou l’état de santé (p. ex. infection, inflammation) peuvent influer sur cette relation génotype– phénotype. Au bout du compte, même si le diagnostic et la thérapie médicamenteuse fondés sur la génétique sont très prometteurs, ils ont néanmoins des limites quant à leur capacité de permettre la définition d’une thérapie médicamenteuse optimale. Ces limites comprennent le besoin d’une corrélation entre génotype et phénotype, et la possibilité qu’une approche génétique (p. ex. typage d’antigènes d’histocompatibilité) prive d’un traitement utile des enfants qui auraient pu par ailleurs le tolérer. 3 . 5 M É THO D E S D ’É T U DE S P H ARM ACOC I N ÉTIQU ES ET P HA R M A C O DY NAM I QU E S CH E Z L E S ENFANTS 3.5.1 Modélisation et simulation La modélisation est l’utilisation d’un langage mathématique pour décrire et quantifier des systèmes biologiques et leurs interactions avec des entités chimiques et biologiques (c.-à-d. des produits pharmaceutiques et biologiques). La simulation est l’utilisation de ces modèles pour prédire de manière quantitative le comportement et la dynamique de systèmes biologiques (Manolis et Pons, 2009; Bellanti et Della Pasqua, 2011). Le recours à ces méthodes pour la mise au point de médicaments pédiatriques et en pharmacothérapie a gagné en popularité, car des progrès majeurs des technologies informatiques se traduisent par de nouvelles possibilités d’analyse de données et permettent le cas échéant de diminuer le nombre d’enfants à inclure dans des essais cliniques. Types de modèles Les techniques de modélisation et simulation (M-S) permettent d’utiliser de manière optimale les données pharmacocinétiques liées au développement de l’être humain pour prédire les relations entre dose et exposition dans différentes tranches d’âge (p. ex. pharmacocinétique des populations et modèles pharmacocinétiques physiologiques). Comme les données sur les effets pharmacodynamiques de l’âge sont limitées (voir la section 3.3) et que les mesures des résultats ne sont pas toujours normalisées ou applicables aux enfants (voir la sous-section 5.7.3), les modèles pharmacodynamiques permettant de prédire les relations entre exposition et effets chez les enfants sont plus rares (Manolis et al., 2011; Barrett et al., 2012). Au lieu de prédire la dose à administrer aux enfants en faisant des calculs à partir de doses d’adulte à l’aide de paramètres comme le poids corporel, ce qui ne tient pas compte des différences liées au développement dans les processus ADME présentés à la section 3.2 (Johnson, 2008), ces modèles pharmacocinétiques et pharmacodynamiques peuvent ultimement aboutir à des recommandations posologiques pour enfants fondées sur des données probantes. Avant d’utiliser dans des essais cliniques ou Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 89 dans la pratique clinique des algorithmes de posologie fondés sur des modèles, il est important de faire des validations interne et externe appropriées de ces modèles, afin d’en tester la solidité ainsi que la fiabilité de leurs prédictions. Même si la M-S ne peut pas remplacer les études cliniques menées sur des enfants, elle est souvent utilisée en conjonction avec des essais cliniques. Des techniques de M-S peuvent être employées avant un essai clinique pour en optimiser la conception (p. ex. comme outils de décision pour choisir les fourchettes de doses, les règles d’échantillonnage et les critères de mesure des résultats) ou après un essai clinique (p. ex. comme outils d’analyse des données pharmacocinétiques et pharmacodynamiques d’études pédiatriques) (Bellanti et Della Pasqua, 2011; Barrett et al., 2012). Pour construire un modèle pharmacocinétique physiologique, on utilise des paramètres anatomiques, physiologiques, biochimiques et pharmacogénétiques pertinents des processus ADME pour élaborer des équations mathématiques qui prédisent la pharmacocinétique d’un médicament (Manolis et al., 2011). Les intrants nécessaires pour élaborer un modèle pharmacocinétique physiologique comprennent des données sur les propriétés du médicament, la connaissance de ses organes cibles (c.-à-d. selon des données chez l’animal ou l’adulte), la voie d’administration et la dose utilisées, ainsi que la physiologie du sujet pédiatrique (p. ex. poids de l’organe, irrigation sanguine de l’organe, stade de développement des mécanismes de clairance) (Barrett et al., 2012). La prédiction de l’exposition à un médicament à l’aide de modèles pharmacocinétiques physiologiques est particulièrement intéressante dans le cas des nouveau-nés et des jeunes nourrissons. Les modèles pharmacocinétiques d’une population portent sur une population plutôt que sur un individu, permettant de faire des estimations qui tiennent compte des variations chez un sujet et entre sujets ainsi que d’identifier les caractéristiques des patients (appelées covariables) qui sont des prédicteurs de ces variations (p. ex. âge, sexe, poids corporel, génotype, groupe ethnique, fonctions hépatique et rénale, autres médicaments, état de santé) (Anderson et al., 2006; Vinks, 2011). Les modèles pharmacocinétiques d’une population font intervenir trois composantes fondamentales : (i) un modèle pharmacocinétique structuré; (ii) un modèle statistique décrivant les variations chez un individu et entre individus; (iii) un modèle d’erreurs tenant compte de la variabilité résiduelle. Après avoir défini un modèle de base, on met à l’épreuve les covariables pouvant expliquer les variations entre individus. Comme la croissance et le développement sont deux éléments importants qui influent sur les processus ADME chez les enfants et non chez les adultes, ils sont toujours étudiés en utilisant le poids et l’âge comme covariables 90 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada (Bellanti et Della Pasqua, 2011; Vinks, 2011). Les modèles pharmacocinétiques d’une population permettent d’analyser des données sur des patients recueillies dans différentes études pour prédire le comportement d’un médicament. Cette démarche offre la possibilité d’obtenir une information pharmacocinétique intégrée à partir de données éparses (Bellanti et Della Pasqua, 2011), mais aussi de données relativement denses ou d’une combinaison des deux. On peut effectuer une simulation de l’ensemble d’un essai clinique, afin de mettre à l’épreuve un nouveau type d’étude et prédire le résultat de l’essai en question. Une telle simulation exige : des données pharmacocinétiques et pharmacodynamiques pour élaborer un modèle du médicament; une connaissance de la maladie à l’étude pour construire un modèle de la maladie; d’autres éléments d’information — par exemple sur le taux d’observance et le taux d’abandon prévus — pour élaborer un modèle de l’essai clinique (Bellanti et Della Pasqua, 2011). Avantages de la modélisation et de la simulation pour les études pédiatriques Dans le contexte de la mise au point de médicaments pédiatriques, la M-S présente l’avantage important de permettre l’étude de différents scénarios cliniques avant toute participation d’enfants à un essai clinique. De plus, elle permet de tester des situations impossibles à créer dans des essais cliniques réels, par exemple l’administration de surdoses (Bellanti et Della Pasqua, 2011). En ayant recours à la M-S pour choisir les fourchettes de doses initiales et prendre des décisions éclairées sur la conception d’une étude, les chercheurs peuvent éviter d’inclure des groupes de traitement non nécessaires ou non pertinents, diminuant d’autant le nombre total d’enfants à recruter pour les essais cliniques. Comme on le mentionne plus haut ainsi qu’à la sous-section 3.6.1, les modèles d’une population, par exemple les modèles pharmacocinétiques, ont de multiples caractéristiques idéales pour des enfants. Ils permettent par exemple d’étudier au besoin de petites populations, puisque l’on peut exploiter des données recueillies auprès de petites cohortes de patients dans différentes études. Cela peut être particulièrement utile pour l’étude de médicaments chez des enfants atteints de maladies rares, où le nombre de participants est extrêmement limité (Bellanti et Della Pasqua, 2011). Même lorsqu’il y a davantage de participants, cette méthode peut être utile lorsqu’il faut réduire le nombre total de prélèvements effectués sur chaque patient (Manolis et al., 2011). De plus, les modèles d’une population offrent de la souplesse quant aux moments des prélèvements, qui peuvent coïncider avec les procédures cliniques ou les rendez-vous en clinique externe (Anderson et al., 2006). Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 91 Utilisations actuelles et futures des techniques de modélisation et simulation Avec l’introduction de nouveaux règlements, comme la Réglementation pédiatrique de l’EMA, les promoteurs, les chercheurs et les organismes de réglementation sont mieux familiarisés avec les techniques de modélisation et en reconnaissent la valeur pour aider à la planification d’études sur des médicaments pédiatriques (Barrett et al., 2012). En vertu de la Réglementation pédiatrique, les plans d’investigation pédiatrique (PIP) sont évalués par le Comité pédiatrique, qui émet un avis favorable ou défavorable (voir la sous-section 2.3.1). Une étude de tous les avis favorables concernant des PIP de juillet 2007 à janvier 2010 montre que 47 PIP sur 210 mentionnaient spécifiquement la M-S (Manolis et al., 2011). L’industrie pharmaceutique a contribué aux progrès de la modélisation pour la mise au point de médicaments avec la création du simulateur SimcypMD. Ce progiciel disponible dans le commerce fonctionne à l’échelle des populations et est utilisé par de nombreuses grandes sociétés pharmaceutiques. Au départ, c’était un simple calculateur d’interactions médicamenteuses. Grâce aux intrants d’un consortium d’importantes sociétés pharmaceutiques ainsi qu’à la collaboration avec des organismes de réglementation et des centres universitaires, ce calculateur est devenu un logiciel capable de faire de la modélisation pharmacocinétique fondée sur la physiologie de tout l’organisme, de la modélisation pharmacodynamique ainsi que de la modélisation de la physiologie des enfants au fur et à mesure de leur développement (Jamei et al., 2013). De fait, un simulateur spécifique aux enfants (SimcypMD Paediatric) a également été conçu (Simcyp, 2014). Il faut maintenant davantage de données publiquement accessibles pour valider et améliorer les modèles. Au cours d’une étude, la validité prédictive d’un modèle pharmacocinétique physiologique élaboré à l’aide du logiciel SimcypMD a été testée pour 11 médicaments sur 2000 sujets virtuels âgés de 0 à 18 ans. Avec ce modèle, de 70 à 100 % des valeurs de clairance prédites se situaient entre la moitié et le double des valeurs observées. Les prédictions les moins précises concernaient les nouveau-nés, et les plus précises portaient sur les nourrissons et les adolescents (Johnson et al., 2006). Le rendement du modèle n’a pas fait l’objet d’une évaluation prospective (les valeurs observées provenaient d’études déjà publiées). Alors que la validité des modèles pharmacocinétiques physiologiques a été démontrée pour des médicaments administrés par voie intraveineuse, leur capacité de prédire l’exposition systémique à un médicament administré par voie orale est beaucoup moins certaine (Barrett et al., 2012). De plus, même si les modèles pharmacocinétiques physiologiques et les modèles pharmacocinétiques d’une population sont mieux réalisés et compris par les fabricants de médicaments et les organismes de réglementation, il faut davantage 92 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada d’information sur les effets pharmacodynamiques du développement de l’être humain pour perfectionner les modèles qui ont une composante pharmacodynamique (Manolis et al., 2011). La M-S continuera probablement de jouer un rôle de plus en plus grand dans la mise au point de médicaments pédiatriques, notamment en aidant les chercheurs à naviguer dans l’arbre de décision des études pédiatriques de la FDA pour établir quelles études sont nécessaires, comment elles seront conçues et si elles permettront de recourir à des extrapolations (voir le chapitre 5 à propos du recours à l’extrapolation et de l’arbre de décision de la FDA) (Bellanti et Della Pasqua, 2011; Manolis et al., 2011). 3.5.2 Démarches visant à faciliter les études pharmacocinétiques chez les enfants Les techniques traditionnelles de prélèvement d’échantillons biologiques chez les adultes peuvent devoir être modifiées pour être mieux adaptées aux besoins des enfants. Comme on le mentionne à la sous-section 3.6.1, la procédure typique d’une étude pharmacocinétique chez les adultes (prélèvement de multiples échantillons sanguins d’un volume relativement important) peut ne pas convenir à de jeunes enfants, puisque leur volume sanguin total est inférieur à celui des adultes (Laughon et al., 2011). Les études pharmacocinétiques peuvent être modifiées de plusieurs manières afin de réduire la douleur, la détresse et la perte de sang chez les enfants (en particulier les nouveau-nés). Ces méthodes sont approuvées par des organismes importants comme la FDA et l’OMS (FDA, 1998; OMS, 2011). On peut par exemple prélever de la salive au lieu du sang, utiliser des restes du sang prélevé pour des soins médicaux, faire des prélèvements moins fréquents, recueillir de très faibles volumes de sang sur du papier buvard, faire des microdosages ou des dosages multiples (mesurer simultanément la concentration de plusieurs médicaments dans un même échantillon) (Ashman et al., 2011; Laughon et al., 2011). Ces techniques ont été exploitées avec succès pour analyser la concentration de plusieurs antimicrobiens et antiviraux dans des populations pédiatriques (voir une recension de ces études dans Laughon et al. (2011)). Les prélèvements d’ADN peuvent se faire dans des échantillons de salive plutôt que de sang. Les différences génétiques dans les enzymes qui métabolisent les médicaments peuvent être détectées par l’analyse d’échantillons d’ADN (Dempsey et al., 2013) (voir la section 3.4 sur la pharmacogénomique et la pharmacogénétique). Le tableau 3.3 résume les avantages et inconvénients de ces méthodes. Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 93 Tableau 3.3 Nouvelles techniques d’étude pharmacocinétique chez les enfants Technique Avantages Inconvénients Techniques de collecte d’échantillons Prélèvement de salive au lieu de sang • Technique non effractive. • Permet de mesurer la concentration de plusieurs substances (p. ex. caféine, anticonvulsivants, codéine) et de prélever de l’ADN pour un génotypage. • Les enfants plus âgés n’ont qu’à cracher dans un gobelet. Les enfants plus jeunes peuvent mâcher de la gaze ou une SalivetteMD (tampon de coton conditionné dans un tube de plastique). • Dans le cas de nourrissons prématurés, les produits disponibles dans le commerce comme les SalivetteMD sont difficiles à utiliser, et les volumes de salive prélevés sont insuffisants. • Il faut étudier avec soin la corrélation entre les concentrations dans le sang et dans la salive pour valider cette méthode. Utilisation de restes du sang prélevé pour des soins médicaux • Aucun risque supplémentaire d’inconfort pour l’enfant, puisqu’il n’y a pas à le piquer uniquement pour les fins de l’étude. • Plusieurs échantillons sont probablement disponibles dans le cas des nourrissons. • Le moment du prélèvement n’est pas contrôlé avec exactitude par le chercheur, de sorte que le prélèvement peut ne pas être utile pour certaines analyses. • Les résultats peuvent être moins fiables, en raison d’incertitudes concernant l’entreposage de l’échantillon et le moment du prélèvement. • Le volume de sang disponible peut être faible. Prélèvements peu fréquents, combinés à un modèle pharmacocinétique d’une population • Un petit nombre d’échantillons • Ces études peuvent être (p. ex. de 2 à 4 par patient) peut être complexes à planifier : la prélevé lors de diverses visites de population étudiée doit routine dans le cas de patients qui comporter suffisamment de reçoivent déjà le médicament pour patients de chaque tranche un traitement. d’âge à laquelle le médicament • Les échantillons sont prélevés dans est destiné et suffisamment une population plus nombreuse que de patients chez qui les autres pour une étude pharmacocinétique facteurs à étudier en relation traditionnelle, de sorte que le stress avec le médicament sont subi par chaque patient est minimisé. présents ou absents (p. ex. • Si l’étude est bien conçue, l’analyse affections déjà présentes). des données à l’aide d’un modèle • Une certaine connaissance pharmacocinétique d’une population de la pharmacocinétique du peut prédire le comportement médicament peut être nécessaire moyen d’un médicament dans pour définir un schéma une population donnée ainsi que d’échantillonnage approprié. les variations chez un patient et entre patients. suite à la page suivante 94 Technique Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Avantages Inconvénients Prélèvement de quelques gouttes de sang sur du papier buvard • Volume très faible de prélèvement requis. • Simplicité technique (les parents ou les enfants plus âgés peuvent prélever eux-mêmes du sang par une piqûre au doigt ou au talon) qui permet de faire des prélèvements loin des centres d’étude. • Une fois séchés, les échantillons de sang peuvent être entreposés à la température ambiante et envoyés par la poste. • La facilité d’expédition permet un traitement centralisé des échantillons dans un même laboratoire, ce qui diminue les variations entre sites d’étude. Microdosage • Permet d’analyser la concentration • La spectrométrie de masse du médicament sur des volumes exige un équipement coûteux extrêmement réduits (moins de ainsi que du personnel 0,1 mL), à l’aide d’une combinaison spécialement formé. de chromatographie en phase • D’autres techniques de microdosage liquide et en phase gazeuse et (p. ex. immunodosage) sont plus de spectrométrie de masse. simples et plus faciles à automatiser, • Permet de mesurer plusieurs mais il y a des problèmes médicaments sur un même de réactivité croisée entre échantillon au cours d’une des composés qui ont une même opération (voir ci-dessous structure similaire. Dosages multiples). Dosages multiples • Permet de mesurer au cours d’une même opération la concentration de plusieurs médicaments, ce qui fournit un maximum de données à partir d’un minimum de matériau biologique et de charge de travail d’analyse. • Méthode idéale pour les enfants, qui sont souvent traités avec plusieurs médicaments à la fois (p. ex. antimicrobiens). • Peut accroître l’efficacité dans un contexte d’essai clinique, du fait qu’il n’est pas nécessaire d’élaborer des dosages individuels pour chaque médicament. • Il est généralement impossible d’effectuer un deuxième dosage sur l’échantillon, parce que la plupart des dosages doivent se faire sur la totalité de la goutte de sang prélevée. • Cette technique n’est pas encore reconnue comme une pratique standard et doit être validée (p. ex. en comparant les résultats obtenus sur une goutte de sang séché et sur un prélèvement traditionnel chez des adultes). Techniques d’analyse • Les moments de prélèvement doivent être choisis avec soin pour obtenir des échantillons de plusieurs médicaments. • Mêmes problèmes techniques que pour les microdosages ci-dessus. Source des données : FDA (1998); Garcia et al. (2006); Ashman et al. (2011); Laughon et al. (2011); Brandhorst et al. (2012) Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 95 D’autres techniques non nécessairement destinées à des analyses pharmacocinétiques illustrent les rapides progrès qui rendent le suivi et la recherche pédiatriques moins stressante pour les enfants. Par exemple, l’oxymétrie de pouls est une méthode non effractive de mesure du taux de saturation en oxygène, que l’on ne pouvait connaître auparavant qu’en analysant des échantillons sanguins. L’oxymétrie de pouls repose sur le principe que l’hémoglobine du sang absorbe différentes longueurs d’onde de lumière selon son degré d’oxygénation. On peut donc mesurer le taux de saturation en oxygène à l’aide d’un appareil comprenant un émetteur de lumière ainsi qu’un capteur optique mesurant les longueurs d’onde qui traversent les tissus. Il suffit de fixer l’appareil à un doigt ou au lobe d’une oreille. La surveillance continue de l’oxymétrie de pouls est habituelle dans les unités de soins intensifs pédiatriques (Sinha et al., 2013; Ross et al., 2014). Plus récemment, la spectroscopie dans l’infrarouge proche a été mise au point comme outil diagnostique non effractif pour surveiller l’oxygénation, et donc l’état d’irrigation, de tissus d’une région du corps. Elle permet de « surveiller de manière continue et simultanée l’irrigation des tissus dans différents organes au chevet du patient sans interrompre les soins de routine » (traduit de Marin et Moore, 2011). Cette technique est prometteuse à titre de moyen non effractif d’évaluer l’efficacité ou l’innocuité de diverses interventions pharmacologiques sur des enfants (Chock et al., 2011). La réticence à effectuer des études pharmacocinétiques sur des enfants est alimentée — du moins en partie — par la perception selon laquelle les défis techniques que cela comporte sont insurmontables. Cependant, bien que certaines populations, comme les nourrissons et enfants dans un état critique, posent des difficultés techniques spécifiques, les chercheurs effectuent depuis de nombreuses années des études pharmacocinétiques dans ces populations, même si ces études exigent de multiples échantillons sanguins de chaque participant (voir p. ex. Reed et al. (1996)). De plus, des innovations comme les techniques de M-S et les microdosages éliminent certains problèmes, ce qui facilite d’autant la réalisation d’études sur des enfants. Il faut néanmoins davantage de recherches, en particulier sur les populations vulnérables sous-étudiées comme les prématurés, les enfants qui ont besoin de moyens extracorporels de maintien des fonctions vitales et les enfants obèses (Laughon et al., 2011). 3 .6 C O M B L E R L E S L ACU NE S DE N OS C ONNAISSANC ES 3.6.1 Pharmacocinétique et pharmacodynamique La nécessité de surveiller la concentration des médicaments au moyen de plusieurs prélèvements sanguins constitue un obstacle aux études pharmacocinétiques. De tels prélèvements peuvent être difficiles chez les nouveau-nés, en particulier les prématurés (Laughon et al., 2011). Comme on l’a mentionné à la section 96 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada précédente, certaines méthodes et technologies nouvelles permettent de minimiser le stress des patients et d’obtenir les données voulues. Celles-ci peuvent ensuite être analysées à l’aide de méthodes qui prédisent le comportement d’un médicament à partir de données d’une variété d’individus, telles que les modèles pharmacocinétiques d’une population et les modèles pharmacocinétiques physiologiques (Bellanti et Della Pasqua, 2011). De plus, de nouveaux types d’études où les données pharmacocinétiques sont obtenues dans le cadre de soins habituels ont été mis de l’avant et semblent constituer des solutions intéressantes dans certaines situations. À titre d’exemple, aux États-Unis, le Réseau d’essais pédiatriques a entrepris en 2011 l’étude PTN POPS (sur la pharmacocinétique de médicaments sous-étudiés administrés aux enfants dans le cadre de soins habituels) (PTN, 2013). Cette étude recrute des enfants d’âges divers, qui reçoivent déjà des médicaments prescrits par leur médecin. Lorsqu’une prise de sang est effectuée pour d’autres analyses de laboratoire, un échantillon supplémentaire est prélevé pour des études pharmacocinétiques. L’étude PTN POPS vise à élaborer des lignes directrices posologiques propres aux populations pédiatriques en caractérisant la pharmacocinétique des médicaments administrés aux enfants grâce à une méthode qui minimise les interventions effractives, les inconvénients et le stress pour les participants. Malgré ces progrès, il y a encore un manque général de données sur les effets des processus de développement chez l’enfant qui interviennent dans la pharmacocinétique. Cette lacune est surtout manifeste pour les nouveaunés prématurés et à terme ainsi que les nourrissons, soit les groupes qui subissent les changements liés au développement les plus importants pour ce qui est de l’action des médicaments (changements qui surviennent avant l’âge d’un an). L’une des difficultés de l’administration de médicaments aux nouveaunés consiste à tenir compte de l’évolution rapide de la clairance médicamenteuse au cours de la première semaine suivant la naissance, souvent en raison de modifications des enzymes qui métabolisent les médicaments. La clairance de certains médicaments peut être beaucoup plus faible chez les nouveau-nés le lendemain de leur naissance que chez les adultes, mais elle peut augmenter très rapidement dès la première semaine, d’où la nécessité de doses plus élevées pour maintenir l’efficacité d’un traitement (Mukherjee et al., 2009). Même si elles sont également lacunaires en ce qui concerne les adolescents, les connaissances pharmacocinétiques acquises chez les adultes sont généralement plus facilement transposables à cette tranche d’âge. Cependant, des données viennent appuyer l’hypothèse que, pendant la puberté, les hormones sexuelles et de croissance altèrent les enzymes qui métabolisent les médicaments. Un programme de recherche visant à enrichir ces données a été élaboré lors d’un important atelier en 1994, mais l’information dans ce domaine demeure limitée (Kennedy, 2008). Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 97 Le développement de l’expression des transporteurs de médicaments — de plus en plus reconnue comme un déterminant crucial de l’innocuité et de l’efficacité de nombreux médicaments — est essentiellement inconnu chez l’être humain. De plus, l’information sur les changements liés au développement dans l’expression des transporteurs chez les animaux concerne principalement le transport de nutriments (c.-à-d. SGLT1, GLUT2, PEPT1) plutôt que de médicaments (Funk et al., 2012). Des efforts coordonnées pour accroître la base de connaissances dans ce domaine contribueraient à la mise au point de meilleures options de traitement et de nouveaux médicaments efficaces pour les enfants. Un réseau international connu sous le sigle ITC (International Transporter Consortium), formé de scientifiques appartenant à des universités, entreprises et organismes de réglementation, a été récemment mis sur pied pour définir le rôle des transporteurs dans l’action des médicaments, notamment dans une perspective de mise au point de nouveaux médicaments (Zamek-Gliszczynski et al., 2012). Il n’existe pas de consortium équivalent au Canada, mais les résultats de certains essais en cours peuvent contribuer aux connaissances en pharmacodynamique pédiatrique (par exemple, des recherches prometteuses sur les transporteurs de médicaments et l’intoxication à la méthadone chez les nourrissons sont en cours à Toronto et à London, en Ontario (M. Rieder, communication personnelle, 2013)). Un grand nombre de changements liés au développement surviennent entre la naissance et l’adolescence, et les effets de ces changements ne peuvent pas être pris en considération dans des recherches pédiatriques dont les données ne couvrent pas toutes les tranches d’âge. De plus, ces changements ne sont pas linéaires et peuvent survenir à des vitesses différentes selon les individus. Étant donné que les niveaux d’exposition systémique varient après l’administration d’un médicament selon le stade de développement de l’enfant (p. ex. l’exposition chez un nouveau-né n’est pas la même que chez un enfant plus âgé), il faut des recherches approfondies couvrant tout le continuum du développement pour avoir un tableau complet des effets des changements physiologiques liés à l’âge sur la pharmacocinétique des médicaments pédiatriques. Peu de telles recherches ont toutefois été effectuées. Selon une analyse récente, seulement 24 % des 1081 essais en cours sur des enfants de moins de 12 ans et inscrits au registre international des essais cliniques de l’OMS comportaient la collecte de données pharmacocinétiques (Viergever et al., 2011). Les chercheurs ont conclu que la proportion d’études pharmacocinétiques sur des enfants actuellement menées dans le monde ne répond pas adéquatement au besoin de connaissances dans ce domaine. C’est aussi le cas au Canada, où il y a peu d’efforts coordonnés pour améliorer les données pharmacocinétiques chez les enfants. En l’absence d’un mandat concerté, diverses études peuvent contribuer à l’amélioration des connaissances en pharmacocinétique pédiatrique, 98 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada mais sans aller au-delà d’une augmentation des données disponibles. De plus, dans certaines sous-spécialités pédiatriques (p. ex. médecine de l’adolescent, pédiatrie développementale, néonatalogie), on s’attend à ce que le nombre insuffisant de médecins résidents en formation au Canada entraîne une pénurie de personnel qualifié pour élaborer de telles études (Piedboeuf et al., 2012). Cela est particulièrement vrai en pharmacologie clinique pédiatrique. En 2012, aucun poste de résidence dans cette sous-spécialité n’a été comblé au Canada (CaRMS, 2012). Enfin, une collecte inadéquate de données pharmacocinétiques pédiatriques au cours des premières phases de recherche sur un médicament peut nuire aux essais subséquents d’innocuité et d’efficacité, en particulier lorsque ces essais échouent. À défaut de données concernant la relation entre dose et exposition sur un grand intervalle de doses, il est difficile de déterminer si le manque d’efficacité d’un médicament est dû à une exposition inadéquate (problème pharmacocinétique) ou à des différences dans la voie métabolique de la réponse au médicament (problème pharmacodynamique) (Benjamin et al., 2008). Au cours des dernières décennies, les aspects pharmacodynamiques du développement de l’être humain ont fait l’objet de beaucoup moins d’attention que les aspects pharmacocinétiques, et il y a un manque général de données et de documentation pédiatriques sur les effets pharmacodynamiques de l’âge. On ne possède aucune description du développement de nombreux récepteurs importants des médicaments chez les enfants, et une partie de l’information sur les aspects pharmacodynamiques du développement utilisée par les prescripteurs provient d’essais sur des animaux plutôt que sur des humains (Mulla, 2010), ce qui est loin d’être idéal. Davantage de données pharmacodynamiques seraient utiles pour comprendre les différences liées à l’âge et éclairer la mise au point de médicaments efficaces pour les enfants, en particulier les nouveau-nés (Tayman et al., 2011), puisque des études menées sur des animaux laissent entendre que de nombreux récepteurs atteignent leur expression maximale peu après la naissance (Funk et al., 2012). 3.6.2 Pharmacogénomique et pharmacogénétique Une grande partie des données pharmacogénomiques et pharmacogénétiques provient de populations adultes, de sorte qu’il est difficile de traduire ces connaissances en lignes directrices cliniques appropriées à des enfants. Cependant, un certain nombre de méthodes de collecte de données pharmacogénomiques et pharmacogénétiques chez des enfants font leur apparition. Pour détecter des cas bien caractérisés d’effets indésirables et les lier à des variantes génétiques, des recherches pharmacogénomiques sont généralement menées sur des données Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 99 de surveillance de l’innocuité de médicaments et sur des études d’association pangénomiques (GWAS — Genome-Wide Association Studies). Cette information peut aussi être obtenue à partir de recherches plus ciblées portant sur les gènes les plus susceptibles d’être pertinents (Carleton, 2010). Les études GWAS visent à identifier de nouvelles cibles thérapeutiques et à prédire des associations entre le bagage génétique et les réactions aux médicaments (Neville et al., 2011). Parmi les affections qui touchent les enfants et pour lesquelles des études GWAS ont été complétées, mentionnons la maladie de Kawasaki, la leucémie aiguë lymphoblastique, l’asthme précoce et la maladie inflammatoire de l’intestin chez l’enfant (Neville et al., 2011). Bien que ces méthodes soient prometteuses, les recherches fondées sur des études GWAS ne vont pas sans difficulté. Pour obtenir des résultats statistiquement significatifs dans une étude où l’on examine des dizaines de milliers de gènes, il faut de fortes compétences en génétique statistique pour distinguer les signaux significatifs du bruit de fond (Martin et al., 2009). Un autre problème — commun à toutes les études génétiques mais particulièrement présent dans les études GWAS — est celui de la reproduction des résultats et de la validation fonctionnelle, afin de connaître l’aspect biologique et les mécanismes sous-jacents des effets étudiés (Stranger et al., 2011). Cela est essentiel par exemple pour mettre au point une intervention ou une thérapie concomitante. Sachant cela, des recherches ciblées sont plus susceptibles de produire des résultats pertinents pour des mécanismes connus, mais avec une capacité bien moindre de détecter des associations auparavant inconnues. Pour donner un exemple de recherche ciblée, mentionnons l’identification des variantes génétiques associées à la perte d’audition provoquée par la cisplatine chez les enfants atteints de cancer (Ross et al., 2009; Pussegoda et al., 2013). Une combinaison d’autres études GWAS et de recherches ciblées portant sur des enfants sera nécessaire pour continuer d’enrichir cet important fonds de données probantes. Des réseaux comme le Réseau canadien pharmacogénomique pour la sécurité des médicaments (CPNDS — Canadian Pharmacogenomics Network for Drug Safety) ont été mis sur pied pour aider à l’acquisition de données pharmacogénomiques sur les enfants. Le CPNDS est un réseau pancanadien de cliniciens de 12 hôpitaux — ils étaient 10 à l’origine — d’enseignement de la pédiatrie (Carleton et al., 2009; CPNDS, 2012). Son rôle est d’évaluer les effets indésirables et les variations génétiques spécifiques qui peuvent aider à les prédire. Par exemple, des études du CPNDS sur la mortalité due à la codéine chez les nourrissons allaités ont entraîné des modifications de l’information posologique et des mises en garde de santé publique concernant les produits contenant de la codéine aux États-Unis et au Canada (Carleton, 2010). Cette initiative est abordée plus en détail à la sous-section 6.4.3. 100 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Malgré les espoirs qu’elles suscitent d’aider à expliquer les variations des réactions aux médicaments, les recherches en pharmacogénomique et en pharmacogénétique posent aussi un certain nombre de problèmes. Des questions éthiques importantes et complexes sont soulevées par la collecte de données génétiques chez des enfants. Les chercheurs doivent obtenir le consentement des parents ou tuteurs à la participation d’enfants à toute étude génétique, et spécifiquement au prélèvement d’échantillons biologiques, même s’il s’agit d’une étude à long terme qui analyse le risque d’événements indésirables lorsque l’enfant aura atteint l’âge adulte. Il y a aussi un certain nombre d’obstacles techniques, comme les problèmes pratiques liés à l’obtention d’échantillons biologiques (le chapitre 5 aborde plus en détail les difficultés pratiques de la recherche pédiatrique). D’autre part, de nombreux systèmes de surveillance détectant les effets indésirables de médicaments sont fondés sur des signalements volontaires et comportent peu de rapports, ce qui résulte souvent en des données insuffisantes pour entreprendre une investigation appropriée (le chapitre 6 aborde plus en détail les systèmes de surveillance). En outre, les chercheurs manquent souvent des sujets témoins correspondants nécessaires pour déterminer les différences génétiques; de nombreux témoins sont issus de populations adultes et d’autres études qui peuvent ne pas être directement comparables pour des enfants (Carleton, 2010). Des recherches récentes mettent l’accent sur les modifications de l’expression génétique ou du phénotype résultant de mécanismes distincts de la séquence génétique. Beaucoup de ces modifications semblent dues à la méthylation de l’ADN ou à la modification d’histones, qui peuvent toucher l’expression d’un gène sans changer le code génétique de base (on parle souvent de changements épigénétiques) (Zilbauer, 2013). Par exemple, de nouveaux travaux laissent entendre que les différences dans la méthylation de l’ADN jouent un rôle important en ce qui concerne la croissance et le développement du fœtus (Banister et al., 2011). L’épigénétique est toutefois un domaine relativement nouveau, et ses implications cliniques pour les traitements médicamenteux chez les enfants sont encore peu explorées. À titre d’exemple, une grande partie de la recherche génétique en biologie du développement est actuellement menée sur des modèles animaux. Il sera important d’étendre ces travaux aux enfants pour montrer les effets cliniquement significatifs des changements épigénétiques, y compris la réponse aux thérapies médicamenteuses. La concordance génotype–phénotype est également difficile à étudier à grande échelle; les études existantes ont été menées sur des adultes et ne reflètent donc pas les différences de concordance génotype–phénotype chez les enfants pendant leur développement. De plus, même si plusieurs études ont révélé des associations entre des variantes génétiques et les phénotypes d’exposition ou de Chapitre 3 Les enfants ne sont pas de petits adultes : différences dans les réactions aux médicaments 101 réaction à un médicament chez les enfants, les lignes directrices posologiques fondées sur cette information sont actuellement absentes. Pour combler cette lacune, un consortium de mise en œuvre de la pharmacogénétique clinique (CPIC — Clinical Pharmacogenetics Implementation Consortium) travaille à l’élaboration de lignes directrices qui permettront de traduire les résultats de tests génétiques en décisions de prescription pour des médicaments donnés. L’intégration de la pharmacogénomique dans les soins cliniques exigera un processus normalisé de liaison entre génotypes donnés et phénotypes, et ultimement avec des recommandations cliniques (Caudle et al., 2014). 3 .7 R É S U M É DU C H AP I T R E Du point de vue de la pharmacologie clinique, des données probantes montrent clairement que les enfants ne sont pas des petits adultes. Au cours de leur développement, ils vivent un certain nombre de changements importants qui ont des effets sur la manière dont leur organisme réagit aux médicaments et sur la manière dont les médicaments affectent leur organisme. Ces changements font en sorte que les enfants réagissent aux médicaments différemment des adultes et peuvent aussi entraîner des réactions variables aux médicaments selon les stades de développement (p. ex. un nouveau-né ne réagit pas comme un enfant plus âgé). Même s’il y a des changements liés au développement de la conception jusqu’à l’adolescence, les changements physiologiques liés à l’âge les plus spectaculaires surviennent avant l’âge d’un an, et ces populations sont pourtant les plus souvent laissées de côté dans les études. Cependant, de nouvelles méthodes de prélèvement d’échantillons biologiques et d’analyse de petits échantillons améliorent la faisabilité des études sur des nouveau-nés et des nourrissons. Les changements liés au développement ne sont pas linéaires et ne surviennent pas tous à la même vitesse. Parallèlement à cela, un certain nombre d’aspects liés au bagage génétique de chaque individu peuvent affecter les changements liés au développement, ce qui constitue un autre facteur de variabilité dans la réaction aux médicaments. Il y a certaines variations et même des contradictions dans les processus pharmacocinétiques (p. ex. le plus grand volume de distribution des médicaments hydrosolubles chez les nouveau-nés devrait diminuer la concentration de ces médicaments, mais en même temps l’immaturité du métabolisme hépatique des nouveau-nés contribue à augmenter la concentration des médicaments). Cependant, de manière générale, les données disponibles montrent que les nouveau-nés prématurés, les nouveau-nés à terme et les jeunes nourrissons ont un métabolisme hépatique et des mécanismes d’excrétion rénale immatures, de sorte que la dose absolue de médicament qu’il faut leur administrer pour éviter une intoxication est plus faible que chez l’adulte, alors 102 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada que les bambins et les enfants ont une clairance médicamenteuse (normalisée selon le poids corporel) plus rapide que les adultes et ont donc besoin d’une dose plus forte par rapport au poids pour éviter l’échec thérapeutique. Par contre, les connaissances pharmacocinétiques acquises chez les adultes sont plus facilement transposables aux adolescents. Malgré ces nouvelles connaissances, il y a encore un manque général d’information pharmacocinétique, pharmacodynamique et pharmacogénomique en ce qui concerne les enfants, en particulier les nouveau-nés prématurés et à terme ainsi que les jeunes nourrissons. Cette lacune est même plus prononcée en ce qui concerne la pharmacodynamique, la génétique et la recherche sur l’administration personnalisée de médicaments, car il s’agit de domaines relativement nouveaux dont les implications cliniques pour les traitements médicamenteux chez les enfants sont encore peu explorées. Pour assurer des soins efficaces et de grande qualité, et pour éviter des événements indésirables, il faut considérer ensemble ces facteurs lorsque l’on met au point un traitement médicamenteux pour les enfants, et aussi lorsque l’on prescrit et que l’on administre des médicaments à cette population. La M-S constitue une nouvelle manière d’exploiter les données pharmacocinétiques et pharmacodynamiques liées au développement pour prédire l’exposition et la réaction à un médicament, aidant ainsi à planifier les études posologiques pédiatriques et à en analyser les données. Divers essais cliniques et études continueront à enrichir ces connaissances; cependant, des efforts à grande échelle, coordonnés et concertés, visant à augmenter les connaissances dans ces domaines seront davantage à même de contribuer à la mise au point de meilleures options de traitement et de nouveaux médicaments efficaces pour les enfants. Ces efforts pourraient comprendre : la promotion et le soutien d’un programme coordonné mettant en valeur de multiples formes de recherche sur des enfants; l’appui à des études multicentres et à des réseaux de recherche contribuant à l’obtention de données variées et exploitant de manière optimale les capacités de recherche du Canada et de plusieurs pays; la promotion de la documentation (p. ex. au moyen d’une banque de données pharmacocinétiques) et de la synthèse des connaissances disponibles, afin de maximiser l’utilisation de l’information existante et de réduire la duplication d’efforts et le fardeau des recherches. 103 Chapitre 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants • Fabriquer des médicaments que les enfants peuvent et vont prendre • Observance d’un traitement médicamenteux • Création de la dose prescrite d’un médicament • Formes médicamenteuses, voies et dispositifs d’administration • Combler les lacunes de nos connaissances sur les formules, formes et dispositifs d’administration de médicaments • Résumé du chapitre 104 4 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Formulation et administration de médicaments pour enfants Principales constatations • De nombreux médicaments administrés aux enfants n’ont pas de formes ou formules adaptées à leur âge disponibles dans le commerce, ce qui entraîne des manipulations de doses conçues pour les adultes. L’absence de formes et formules médicamenteuses appropriées aux enfants peut se traduire par un risque accru d’erreur, l’exposition à des ingrédients non sûrs, la non-observance du traitement et l’échec thérapeutique. • Les excipients, c’est-à-dire les ingrédients d’un médicament autres que les agents pharmaceutiques actifs, sont associés à des intoxications, réactions allergiques et intolérances chez les enfants; certains peuvent également affecter la biodisponibilité du médicament. Le choix des excipients est donc crucial dans la formulation de médicaments pour enfants. • La disponibilité de formes et formules pédiatriques convenables est cruciale pour assurer un dosage exact et facilement ajustable, et ultimement le succès du traitement chez les enfants. En l’absence de formes et formules pédiatriques convenables, des conseils appropriés et une normalisation de la préparation de formules extemporanées peuvent améliorer l’efficacité et l’innocuité du médicament. • La mise au point de formules qui correspondent aux préférences des enfants en matière d’aspect, de goût, d’odeur et de texture peut avoir des effets sur l’observance médicamenteuse et la qualité des soins. • Alors que, dans le passé, la mise au point de médicaments pédiatriques mettait surtout l’accent sur la forme liquide, elle s’orientera dans l’avenir vers des comprimés solubles, des minicomprimés, des dispositifs d’administration et d’autres formes nouvelles permettant une administration plus exacte, plus souple et plus acceptable de médicaments. • À l’échelle internationale, divers travaux sont en cours pour obtenir des données claires et transposables sur les excipients, la palatabilité, les dispositifs d’administration, la dispensation des médicaments et les formules adaptées à l’âge. Beaucoup de ces initiatives sont des partenariats inédits regroupant des universités, des milieux cliniques, des entreprises et des organismes de réglementation. Elles illustrent l’importance de la collaboration entre secteurs et des échanges d’information pour améliorer l’efficacité et l’innocuité des médicaments pour enfants. Chapitre 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants 4 .1 105 FA B R I QU E R DE S M É DI C AM E NTS QU E LES ENFANTS P E UV E NT E T V ONT P RE NDR E Comme le décrivent le chapitre 3 et la figure 3.1, un certain nombre de facteurs liés au développement de l’être humain ainsi que de nombreux facteurs propres à chaque patient influent sur la réaction des enfants aux médicaments. Ces facteurs doivent être pris en considération dans la mise au point de produits thérapeutiques. Les options de formulation et d’administration de médicaments dépendent des caractéristiques propres aux enfants. Une formule médicamenteuse résulte de la combinaison d’un ou plusieurs ingrédients pharmaceutiques actifs (IPA) et d’ingrédients non actifs — appelés excipients — pour créer un médicament. La forme d’un médicament est sa configuration physique générale (p. ex. comprimé, poudre, capsule, liquide). La formule et la forme d’un médicament ont des répercussions sur son efficacité et son innocuité en faisant en sorte que le médicament soit dispensé à la dose et au site d’action appropriés; elles peuvent aussi influer sur la biodisponibilité du médicament (voir les sous-sections 3.2.1 et 4.3.1). L’exactitude de la dose, l’effet des excipients, la palatabilité du médicament et son conditionnement, ainsi que la voie et le dispositif d’administration (p. ex. inhalateur ou seringue), sont des aspects particulièrement importants à considérer. Ce chapitre passe en revue ces considérations et les défis à relever pour créer des formes et formules médicamenteuses appropriées aux enfants. Au-delà des questions d’innocuité et d’efficacité, les formes et formules interviennent de manière importante dans l’acceptabilité des médicaments par les enfants et leur observance d’un protocole de traitement, y compris dans les essais cliniques. Une acceptabilité appropriée fait en sorte que les enfants reçoivent en temps voulu des doses de médicaments exactes et bien administrées. 4 .2 O B S ER VANC E D’U N T R AI T E M ENT MÉDIC AMENTEU X En plus du rôle du prescripteur dans la détermination du médicament et du schéma posologique appropriés à un patient donné, des soins efficaces font intervenir l’observance17 médicamenteuse, définie comme le respect par le 17 En anglais, le terme compliance est souvent employé pour décrire dans quelle mesure le comportement d’un patient correspond aux recommandations du prescripteur; son emploi tend cependant à diminuer, parce qu’il néglige l’aspect de l’engagement du patient. On a adopté dans la version anglaise du rapport le terme adherence, qui met davantage l’accent sur le rôle actif du patient dans la détermination de traitements appropriés, en accord avec le prescripteur. Le terme français observance traduit également cette idée. Toujours en anglais, et surtout au Royaume-Uni, le terme plus récent concordance met l’accent sur l’existence d’un accord entre un clinicien et un patient quant à l’opportunité d’une médication et à la manière de prendre les médicaments. Cet accord intègre le point de vue du clinicien tout en respectant les croyances et les souhaits du patient (Horne et al., 2005). 106 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada patient des recommandations du prescripteur convenues entre les deux parties (Haynes et al., 1979). Dans le cas des enfants, l’observance concerne aussi le comportement des parents ou tuteurs en ce qui concerne l’administration adéquate de médicaments aux nouveau-nés, aux nourrissons et aux enfants, selon l’horaire, la dose et la voie d’administration prescrits. La non-observance médicamenteuse peut avoir des conséquences significatives sur la qualité des soins et la réponse au traitement. Dans le cas des adolescents, qui peuvent s’administrer eux-mêmes leurs médicaments, les changements émotionnels et sociaux qu’ils connaissent peuvent entraîner des difficultés à observer les traitements prescrits, notamment en cas de maladie chronique. La compréhension de ces difficultés et de leurs effets sur la qualité des soins peut aider à concevoir et à appliquer des interventions visant à améliorer l’observance médicamenteuse. L’observance par le patient d’un schéma posologique prescrit peut influer sur le résultat du traitement des affections aiguës aussi bien que chroniques. Chez les enfants et adolescents atteints d’affections chroniques, la nonobservance médicamenteuse est considérée comme la principale cause de l’échec du traitement (Quittner et al., 2008). Une observance médiocre peut se traduire par l’absence de guérison ou de soulagement des symptômes, ce qui peut avoir des effets nocifs à long terme. Une observance médiocre peut aussi amener le prescripteur à croire que le médicament est inefficace et à soumettre le patient à des tests diagnostiques ou à des modifications de posologie inutiles. À l’inverse, l’amélioration de l’observance médicamenteuse peut se traduire par une plus grande efficacité du traitement (Horne et al., 2005; Haynes et al., 2008). Une observance médiocre pendant des essais cliniques peut nuire non seulement au patient traité, mais aussi aux futurs utilisateurs du médicament à l’essai; elle peut être une cause de résultats incohérents, d’un refus d’homologation ou d’indications erronées quant à la dose et à la fréquence d’administration (Tebbi, 1993). Dans le même ordre d’idées, une mauvaise observance d’un traitement aux antibiotiques peut entraîner le développement de souches antibiorésistantes, ce qui peut affecter des populations entières (Pritchard et al., 2003; Baguley et al., 2012). Un traitement prescrit peut indiquer la dose, la fréquence, la durée et le moment de l’administration d’un médicament. Étant donné la diversité des facteurs qu’un patient doit respecter pour observer le traitement prescrit, il y a une diversité semblable de manières de ne pas observer le traitement et d’affecter la qualité des soins (Quittner et al., 2008). Même s’ils peuvent varier selon un certain nombre de facteurs (p. ex. la complexité de la maladie), les taux d’observance rapportés chez les nourrissons, les enfants et les adolescents se situent entre 25 et 60 %, le plus souvent en bas de 50 %, et ce sont les Chapitre 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants 107 adolescents qui ont généralement les taux d’observance les plus faibles, selon la maladie et le traitement (Costello et al., 2004; Quittner et al., 2008; Fredericks et Dore-Stites, 2010). On dit qu’il y a non-observance « lorsque le non-respect du traitement est suffisant pour nuire de manière appréciable à l’atteinte de l’objectif thérapeutique » (traduit de O’Hanrahan et O’Malley, 1981). La non-observance peut être le fait de comportements intentionnels ou non, et peut résulter de nombreux facteurs dus au soignant ou au patient adolescent, comme la distraction, l’omission de doses, le manque d’information, des facteurs émotionnels dont ceux qui sont associés au développement, les contraintes financières, les effets secondaires nocifs, le manque d’accès au médicament, l’ignorance du degré d’évolution de la maladie, ou encore le manque de compréhension des conséquences immédiates et à long terme (La Greca et al., 2003; Bell et al., 2007; Bullington et al., 2007). D’autres facteurs liés à la prescription peuvent également contribuer à la nonobservance médicamenteuse : prescription de multiples médicaments et schéma posologique complexe; défaut d’expliquer les bienfaits et les effets secondaires du traitement; défaut de tenir compte du mode de vie du patient ou du coût des médicaments; relation globalement médiocre avec le patient (Bell et al., 2007). Les adolescents peuvent faire face à d’autres facteurs qui leur sont propres, comme l’évolution des relations au sein de la famille, les problèmes d’identité, le désir d’autonomie et la dépression (Dunbar et Waszak, 1990). Les nourrissons et les enfants peuvent aussi avoir des difficultés liées à la forme ou à la formule des médicaments. Certains enfants peuvent être incapables d’avaler des comprimés ou des capsules, ou peuvent ne pas aimer ou refuser des médicaments en raison de leur saveur ou de leur texture (Mirochnick, 2000). Étant donné toutes ces difficultés possibles, il est important d’explorer les facteurs qui interviennent dans la dispensation de médicaments et de doses convenant aux enfants de tous âges. Comme le disent Tuleu et Breitkreutz (2012), « un médicament que l’enfant refuse de prendre a une biodisponibilité nulle » [traduction]. La suite de ce chapitre s’attarde à ces facteurs, en mettant l’accent sur les données qui permettent de créer des médicaments sûrs et efficaces, qui seront effectivement pris par les enfants lorsqu’ils seront commercialisés. 4 .3 C R É AT I ON DE L A DOS E P R E S CR ITE D’U N MÉDIC AMENT À mesure que les enfants grandissent, la fourchette de doses efficaces de n’importe quel médicament peut changer — parfois dans des limites très étroites — par rapport à leurs dimensions (c.-à-d. le poids, la taille ou l’aire de la surface corporelle) et à leur développement. Des soins de qualité pour les enfants dépendent donc de la disponibilité de médicaments sous une variété de formes dispensant des doses exactes et faciles à ajuster en fonction 108 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada de l’évolution de ces exigences (Nunn et Williams, 2005). De nombreux enfants, en particulier avant l’âge de sept ans, ne peuvent pas avaler de manière fiable de gros médicaments solides, ce qui rend les formes liquides populaires et souhaitables (Standing et Tuleu, 2005; EMA, 2006a). Par contre, de nombreux médicaments n’ont pas de forme liquide convenable ou disponible dans le commerce, ce qui oblige les pharmaciens à manipuler des formes existantes. La nécessité d’une variété de formes pouvant correspondre aux besoins évolutifs des enfants devrait se traduire par la disponibilité de diverses préparations industrielles des médicaments pour enfants. 4.3.1 Manipulation des médicaments et biodisponibilité des ingrédients pharmaceutiques actifs La forme et la formule d’un médicament peuvent toutes deux influer sur la biodisponibilité des IPA. La composition chimique d’un ingrédient pharmaceutique peut exiger qu’il soit produit sous une certaine forme, par exemple un comprimé plutôt qu’un liquide, afin de préserver son potentiel thérapeutique. Cela peut toutefois être problématique dans le cas de jeunes enfants, qui sont généralement incapables d’avaler de gros comprimés. De plus, la dose peut devoir être ajustée en fonction de la taille et du stade de développement de l’enfant. Il est donc pratique courante en pédiatrie de recourir à des formules extemporanées — médicaments manipulés par des pharmaciens pour produire des formes convenant aux enfants lorsqu’aucune forme appropriée n’est disponible dans le commerce (Brion et al., 2003). La manipulation peut consister à écraser des comprimés ou à ouvrir des capsules et à faire une solution ou une suspension du médicament dans un excipient liquide, afin de produire diverses doses de formules à administrer par voie orale. Des formules extemporanées peuvent également consister à couper des comprimés en portions plus petites correspondant approximativement aux doses voulues (Brion et al., 2003). La manipulation de la forme d’origine d’un médicament peut en altérer la biodisponibilité, à un degré qui est généralement inconnu. Par exemple, des études menées sur des comprimés d’antirétroviraux utilisés chez des enfants pour traiter le VIH-SIDA laissent entendre que ces médicaments pourraient avoir des degrés d’efficacité différents selon que les comprimés sont écrasés ou non. Une petite étude a comparé le niveau d’exposition au lopinavir et au ritonavir, antirétroviraux contenus dans des comprimés de Kaletra MD que l’on a administrés entiers ou bien écrasés à 12 patients âgés de 10 à 16 ans (Best et al., 2011). Les résultats ont montré que l’exposition systémique aux deux antirétroviraux diminuait d’environ 45 % chez les patients qui prenaient des comprimés écrasés par rapport à ceux qui les prenaient entiers. Ces résultats laissent entendre qu’une dose inconnue plus élevée du médicament Chapitre 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants 109 pourrait devoir être administrée aux enfants qui ingèrent la forme écrasée pour atteindre la même concentration thérapeutique, et qu’il faudrait assurer une surveillance plus étroite pour garantir l’innocuité et l’efficacité du médicament. C’est pourquoi la forme écrasée n’est pas recommandée en pratique (Best et al., 2011). Cet exemple met en évidence l’importance d’élaborer des formes de médicament appropriées aux enfants et les conséquences possibles sur la qualité des soins lorsque de telles formes ne sont pas disponibles. L’étude montre aussi que des manipulations de la forme commercialisée d’un médicament peuvent en modifier la biodisponibilité d’une manière qui n’est pas nécessairement évaluée ou déclarée au cours de la phase d’essais cliniques, de sorte que les résultats de n’importe quel essai ne sont plus aussi généralisables. La durée de conservation et l’entreposage des médicaments comptent également, tant d’un point de vue pratique que pour la qualité des soins, lorsque l’on détermine la forme optimale d’un médicament pour enfants (Nunn et Williams, 2005). Par exemple, même si les liquides sont généralement préférables aux comprimés pour les nourrissons, les formules liquides ont habituellement une durée de conservation plus courte, doivent souvent être réfrigérées, sont associées à des problèmes d’exactitude des doses, peuvent avoir un goût désagréable et doivent parfois inclure davantage d’excipients pour améliorer le goût et préserver la stabilité des IPA (Standing et Tuleu, 2005). De nombreux excipients n’ont pas été testés sur de jeunes enfants et pourraient avoir des effets secondaires (voir la sous-section 4.3.2). On sait que les erreurs de dosage et de calcul sont plus courantes dans le cas des médicaments pour enfants que pour adultes (Lesar, 1998; Kozer et al., 2006b; Crouch et al., 2009), avec des taux d’incidence variant de 4 à 30 %, selon la définition de l’erreur médicamenteuse et la méthode de détection (IOM, 2007). Des études ont montré que les erreurs médicamenteuses les plus courantes chez les enfants viennent de la confusion d’unités de mesure ou d’erreurs de dispensation (Crouch et al., 2009; Doherty et Mc Donnell, 2012). Des erreurs peuvent toutefois survenir à toutes les étapes de prescription, transcription, préparation de formules extemporanées, ou administration. Une erreur courante consiste à prescrire ou à administrer une dose dix fois plus forte ou dix fois plus faible que la dose recommandée, en raison d’une erreur de calcul ou de transcription (p. ex. confusion sur la place de la virgule décimale ou emploi d’unités erronées (Kozer et al., 2006a). Ce type d’erreur est plus souvent associé à des intoxications et à des décès que tout autre type d’erreur de dosage chez des enfants. Selon une étude menée à partir de données déclarées au Centre antipoison des États-Unis, la majorité des erreurs de dosage par un facteur de dix touchent des nourrissons (Crouch et al., 2009). Une 110 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada analyse canadienne des signalements volontaires de problèmes d’innocuité à l’Hôpital pour enfants de Toronto a révélé que la morphine était le médicament le plus souvent cité, et que les opiacés en général constituaient la classe de médicaments pour laquelle le plus grand nombre d’erreurs de dosage par un facteur de dix étaient rapportées (Doherty et Mc Donnell, 2012). Des erreurs de dosage et de calcul surviennent dans le cas d’enfants pour plusieurs raisons : les médicaments sont davantage utilisés en dérogation aux directives de l’étiquette et sans recommandations quant aux doses standard; de nombreuses formes de médicament doivent être manipulées pour obtenir la dose convenant au poids ou à l’aire de la surface corporelle d’un enfant, ce qui exige des calculs susceptibles d’erreur humaine et peut créer de la confusion lorsque les recommandations en fonction de l’âge et du poids sont différentes; les décisions cliniques peuvent ne pas tenir compte des données pharmacocinétiques liées à l’âge (Kozer et al., 2006a). À l’extérieur des milieux cliniques, les enfants dépendent souvent d’adultes pour l’administration de leurs médicaments. Le risque d’erreur peut augmenter avec le nombre de personnes qui s’occupent du patient (p. ex. parents, grands-parents, personnel de garderie) et le nombre de lieux où des médicaments lui sont administrés (p. ex. résidence principale, résidence de membres de la famille étendue, garderie). En plus des erreurs de calcul, les formules extemporanées ajoutent un risque d’inexactitude et de plus grandes variations lorsque les médicaments ne sont pas préparés de manière industrielle. Par exemple, le tacrolimus est un immunosuppresseur de première intention dans les cas de greffe d’organe sur des enfants, mais aucune formule pédiatrique n’est disponible dans le commerce (sauf au Japon). Il faut manipuler les capsules pour adultes afin d’obtenir une suspension administrée par voie orale aux jeunes patients. Une étude a évalué la concentration de 11 suspensions orales de tacrolimus préparées dans des pharmacies de détail locales pour 9 enfants qui avaient subi une greffe d’organe. Dans le cas de deux greffés du foie, la concentration de tacrolimus dans les suspensions était inférieure à un dixième de la concentration voulue. Dans le cas d’un patient, la concentration de tacrolimus dans le sang a chuté sous le seuil thérapeutique et il y a eu des signes de rejet (Lapeyraque et al., 2009). Même si cette étude portait sur un petit nombre de patients, cet exemple met en lumière les risques potentiels associés à la manipulation de médicaments et confirme le besoin de formes et formules pour enfants disponibles dans le commerce. Cela diminuerait le besoin de manipulation, réduisant les erreurs et améliorant l’efficacité et l’innocuité des médicaments. De plus, en cas de pénurie des formules pédiatriques appropriées, les professionnels de la santé qui auraient à préparer des formules extemporanées bénéficieraient de lignes directrices fondées sur des données probantes pour manipuler les médicaments. Chapitre 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants 111 4.3.2 Choix des bons excipients Les excipients influent sur la fabrication, la consistance, la stabilité, le niveau de stérilité et le volume d’un médicament, et donc sur sa facilité d’administration; ils permettent de dispenser les IPA à leur site d’action et ont des effets sur la stabilité thérapeutique, la conservation, le goût, l’aspect et l’arôme du médicament (Fabiano et al., 2011). Les excipients étaient autrefois considérés comme inactifs et généralement testés uniquement dans la population adulte, mais certains excipients ont été associés à des intoxications, réactions allergiques et intolérances chez les enfants (Fabiano et al., 2011). Même si les excipients sont beaucoup utilisés dans les médicaments pour enfants, les effets de la plupart d’entre eux au cours du développement de l’être humain sont inconnus (Ivanovska et al., 2013). Cela constitue un défi pour la production de formules qui procurent des traitements sûrs, efficaces et de qualité. Le choix des excipients pour des formules médicamenteuses dépend des propriétés des IPA à administrer, du profil du produit pédiatrique et de la biodisponibilité voulue. Les excipients peuvent avoir des rôles fonctionnels différents selon le calibre, le type et la source choisis pour chaque formule thérapeutique précise (Mills, 2007). L’ajout, la modification ou la suppression d’un seul excipient dans une formule médicamenteuse peut changer, sans qu’on le veuille, la biodisponibilité d’un principe actif (Tuleu et Breitkreutz, 2012). Par exemple, dans le cas d’une formule liquide, la perméabilité intestinale à un substitut du sucre peut être moindre que pour le sucre, ce qui peut ralentir le rythme d’absorption du principe actif à travers la muqueuse intestinale (Chen et al., 2007). Des sucres sont souvent employés comme édulcorants dans les formes liquides, et des recherches ont révélé les effets différents de divers sucres sur le transit gastro-intestinal (Chen et al., 2007). Une étude récente a porté sur les effets du sorbitol (substitut du sucre qui ne cause pas la carie dentaire) et du sucrose sur la bioéquivalence de la ranitidine (médicament gastrointestinal auquel l’intestin est très perméable) et du métoprolol (médicament cardiovasculaire auquel l’intestin est peu perméable) (Chen et al., 2007). La quantité totale de ranitidine entrant dans la circulation sanguine (qui constitue une mesure de la dose dispensée dans le corps) était réduite de 45 % dans une formule au sorbitol par rapport à une formule au sucrose, alors que cet effet n’était pas observé dans le cas du métoprolol. La plupart des effets sur la biodisponibilité résultant de changements d’excipient ne sont pas détectés, à moins que l’on n’effectue des études de bioéquivalence, ce qui est rarement le cas pour les enfants, d’où des problèmes potentiels d’innocuité et d’efficacité. Des excipients généralement considérés comme sûrs et inertes chez les adultes peuvent avoir des effets toxiques chez les enfants. Par exemple, l’alcool benzylique et le propylèneglycol sont communément employés pour respectivement 112 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada préserver et dissoudre des IPA (Shehab et al., 2009). Ces excipients n’ont pas de toxicité aiguë aux quantités auxquelles ils sont administrés dans des doses individuelles. Par contre, chez les nouveau-nés, dont les systèmes métaboliques sont immatures, ces excipients peuvent s’accumuler en cas d’administration répétée ou continue, au point de devenir toxiques (Shehab et al., 2009; Whittaker et al., 2009). Des cas d’hyperosmolarité (glycémie élevée), de neurotoxicité et de convulsions dus au propylèneglycol chez des nouveau-nés ont été rapportés (Breitkreutz et Boos, 2007). L’alcool benzylique a été lié à des cas d’hémorragie intraventriculaire, d’acidose métabolique, de neurotoxicité ainsi qu’à une mortalité accrue chez les nouveau-nés, en particulier ceux dont le poids à la naissance était faible (Menon et al., 1984; Breitkreutz et Boos, 2007). Malgré ces constatations et ces contre-indications documentées, des formules contenant ces deux excipients sont encore administrées à des nouveau-nés et à des nourrissons (Shehab et al., 2009). Une étude récente menée pendant un an sur l’exposition des nourrissons au propylèneglycol et à l’alcool benzylique a révélé que, sur plus de 1000 nourrissons âgés de moins de 28 jours qui avaient été admis dans les unités de soins néonatals et de soins intensifs pédiatriques d’une seule institution, environ 40 % avaient reçu des médicaments contenant de l’alcool benzylique ou du propylèneglycol (Shehab et al., 2009). Dans le cas des patients qui avaient été traités par perfusion continue, la dose médiane reçue était respectivement de 21 et de 180 fois la dose quotidienne acceptable d’alcool benzylique et de propylèneglycol. Cette étude de Shehab et al. (2009) met en évidence le besoin de déterminer les conséquences cliniques associées à l’exposition des nourrissons aux excipients. La voie d’administration (p. ex. intraveineuse par opposition à orale) et la forme (p. ex. solide par opposition à liquide) d’un médicament peuvent aussi influer sur la toxicité des excipients (Breitkreutz et Boos, 2007; Whittaker et al., 2009). Il peut y avoir des risques toxicologiques élevés chez les enfants dans le cas d’un certain nombre d’excipients qui n’ont pas fait l’objet de recherches approfondies, et les nourrissons constituent la population pour laquelle on possède le moins de données. Le tableau 4.1 montre quelques exemples d’excipients utilisés dans des formes liquides et des comprimés administrés par voie orale, ainsi que leur rôle dans une formule médicamenteuse, dans les cas où des risques pour les enfants ont été documentés. Il mentionne aussi la réglementation en vigueur connue. But visé Donner aux comprimés un poids et une taille qui les rendent commodes à ingérer; faciliter la fabrication. Faciliter la fabrication et empêcher les poudres de coller à l’équipement de fabrication. But visé Constituer un véhicule pour aider à la formulation de médicaments sous forme liquide. Excipients pour comprimés Diluants (agents de remplissage) Lubrifiants Excipients pour liquides Solvants et cosolvants Eau, propylèneglycol, glycérol, huile de ricin, huile d’arachide, éthanol. Exemples Stéarate de magnésium, talc, acide stéarique. Lactose, maltodextrine, mannitol, cellulose microcristalline, sorbitol, amidon, sucrose, xylitol. Exemples • L’éthanol peut causer des intoxications, de la léthargie ou une dépression respiratoire. • Le propylèneglycol est associé à des événements indésirables touchant le SNC des nouveau-nés, ainsi qu’à l’hyperosmolarité. Problèmes d’innocuité documentés chez les enfants • Le talc est généralement non toxique lorsqu’il est ingéré, mais son inhalation peut causer de la détresse respiratoire chez les enfants. • Des nouveau-nés ont une intolérance congénitale au lactose, dans des proportions variables selon les groupes ethniques. • Le sucrose et le sorbitol sont toxiques chez les nouveau-nés qui ont une intolérance héréditaire au fructose; le sucrose est mal toléré en cas de déficit en sucrase-isomaltase. Problèmes d’innocuité documentés chez les enfants Tableau 4.1 Quelques excipients et risques connus en matière d’innocuité chez les enfants suite à la page suivante • Éthanol : Aux États-Unis, quantités maximales autorisées dans les produits en vente libre : 0,5 % pour les enfants de moins de 6 ans; 5 % pour les 6 à 12 ans; 10 % pour les enfants de plus de 12 ans. • Propylèneglycol : Limite arbitraire de l’OMS de 25 mg/kg/jour pour les adultes. Réglementation • Aucune connue. • Aux États-Unis, quantité limitée dans les médicaments en vente libre en vertu de la législation. Réglementation Chapitre 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants 113 But visé Prévenir la contamination. Contrôler l’oxydation des IPA. Aider au mouillage et à la dispersion d’un principe actif hydrophobe, d’un agent de conservation ou d’un antioxydant. Rendre le médicament plus palatable et masquer les saveurs ou odeurs désagréables. Excipients pour liquides Agents de conservation Antioxydants Agents mouillants Édulcorants et aromatisants Sorbitol, saccharine, aspartame, acésulfame, menthe poivrée, caramel écossais. Polysorbates, esters de sorbitan. BHT, BHA, acide ascorbique, gallate de propyle. Benzoate de sodium, acide benzoïque, hydroxyanisol butylé, sorbate de potassium, acide sorbique, parabènes, thimérosal, éthanol benzylique. Exemples • L’aspartame est nocif pour les personnes atteintes de phénylcétonurie. • Le sorbitol peut causer une diarrhée osmotique. • Le sucrose et le dextrose peuvent causer des caries dentaires. • Les polysorbates 20 et 80 ont été associés à de graves événements indésirables, y compris l’insuffisance hépatique ou rénale et la mort chez des nouveau-nés. • On a rapporté chez des nourrissons une petite éclosion de méthémoglobinémie due au BHA, au BHT et au gallate de propyle. • À hautes doses, le thimérosal peut causer une intoxication du SNC au mercure. • L’alcool benzylique est potentiellement toxique pour les nouveau-nés (en particulier si de fortes doses s’accumulent en cas de perfusion continue). • Parabènes : Il manque de données sur les humains; les données sur des animaux laissent entendre qu’ils sont sûrs à faible dose chez les enfants d’au moins 2 ans; pour les nouveau-nés, dont les enzymes qui métabolisent le propylparaben sont peut-être moins développées, les taux sécuritaires sont inconnus. • Le benzoate de sodium peut causer des réactions cutanées (p. ex. urticaire) chez les enfants. Problèmes d’innocuité documentés chez les enfants • Aucune connue. • Aucune connue. • Aucune connue. suite à la page suivante • Le thimérosal a été interdit en 1999 par la FDA dans les vaccins pédiatriques, et l’EMA décourage son emploi. Réglementation 114 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Prévenir l’évaporation et la condensation sur le col du flacon, pour que le couvercle ne se bloque pas. Accroître la palatabilité du médicament en le scellant à l’intérieur d’une capsule ou d’un comprimé; fournir une résistance à la dégradation dans l’estomac avant l’absorption dans l’intestin; contrôler la libération du médicament dans les préparations à libération modifiée. Favoriser l’acceptation du médicament par les patients et ajouter une couleur complémentaire aux médicaments aromatisés. Humectants Plastifiants Colorants Colorants azoïques (p. ex. tartrazine). Phtalates (DBP, DEP, PVAP, acétophtalate de cellulose, HPMCP). Propylèneglycol, glycérol, sorbitol. Exemples • L’innocuité de la tartrazine fait l’objet de controverses. Elle a été associée à l’urticaire et à la bronchoconstriction, principalement chez les personnes déjà atteintes respectivement d’urticaire récurrente ou d’asthme. • Sur la foi de données non cliniques, la Commission européenne a classé le DBP comme toxique pour la reproduction. • Le sorbitol peut causer une diarrhée osmotique. • Glycérol : Des concentrations et volumes importants peuvent causer une inflammation d’une muqueuse ou la diarrhée. Problèmes d’innocuité documentés chez les enfants • Aux États-Unis, l’étiquette des médicaments contenant de la tartrazine comporte une mise en garde. • Dans l’Union européenne, l’emploi de la tartrazine dans les formules pédiatriques est déconseillé. • Dans l’Union européenne, tout dispositif contenant du DBP doit être étiqueté en conséquence, et le fabricant doit justifier sa présence dans des dispositifs destinés aux enfants ainsi qu’aux femmes enceintes ou qui allaitent. • L’EMA a élaboré des lignes directrices d’exposition au DBP, au DEP et au PVAP, afin d’en limiter l’utilisation. • Aucune connue. Réglementation Abréviations : BHT (butylhydroxytoluène); BHA (hydroxyanisol butylé); DBP (phtalate de dibutyle); DEP (phtalate de diéthyle); PVAP (acétate phtalate de polyvinyle); HPMCP (acétate phtalate d’hydroxypropylméthylcellulose) Source des données : Rosensweig (1975); Nitzan et al. (1979); Ali et al. (1998); IOM (2001); Breitkreutz et Boos (2007); Elhkim et al. (2007); Mills (2007); Strickley et al. (2008); Shehab et al. (2009); Nunn (2011); Mori et al. (2012); EMA (2013b, 2013e); Ivanovska et al. (2013) But visé Excipients pour liquides Chapitre 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants 115 116 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada 4.3.3 Palatabilité d’un médicament La palatabilité d’un médicament inhalé ou administré par voie orale est son aptitude à se faire accepter pour son goût, son arrière-goût, son odeur, sa grosseur et sa texture (OMS, 2012). Étant donné que la plupart des médicaments administrés aux enfants le sont par voie orale (Walsh et al., 2011), la palatabilité est un élément important de leur mise au point. Des parents ont indiqué que la palatabilité des antibiotiques, en particulier leur goût, constitue le critère le plus important après l’innocuité et l’efficacité (Matsui, 2007). Il faut tenir compte d’un certain nombre d’éléments de palatabilité dans la formulation du goût, de l’odeur, de la texture et de la couleur des médicaments, y compris les paramètres chimiques et physiques de ces médicaments. L’absence de saveurs inhabituelles et de mélanges gustatifs complexes peut augmenter la probabilité d’acceptation d’une formule (EMA, 2006a). Les préférences de goût et les expériences sensorielles des enfants diffèrent de celles des adultes; à titre d’exemple, les enfants préfèrent les saveurs sucrées et ont plus de répugnance vis-à-vis des saveurs amères (EMA, 2006a; Ventura et Mennella, 2011). La plupart des médicaments composés de petites molécules ont un goût amer qui doit donc dans une certaine mesure être masqué. On peut ajouter des saveurs aux préparations liquides et enrober les comprimés d’agents masquants. Des facteurs culturels, l’âge et le sexe, les différences génétiques, l’affection médicale traitée et le besoin de compenser les saveurs désagréables des IPA peuvent influer sur la palatabilité des médicaments (EMA, 2006a). Le tableau 4.2 énumère ces facteurs, en donnant une description et des exemples de considérations qui influent sur la palatabilité lorsque l’on cherche le profil de saveur optimal de médicaments pour enfants (EMA, 2006a). À cause des différences de goûts entre les adultes et les enfants, des études de palatabilité devraient être effectuées sur des enfants et faire appel à des techniques comme l’enregistrement d’avis spontanés ou d’expressions faciales (Matsui, 2007). Ces techniques peuvent toutefois poser des problèmes dans le cas de jeunes enfants, de sorte que des analyses supplémentaires à l’aide d’un dispositif électronique de dégustation pourraient être utiles (Gupta et al., 2010). Par exemple, des langues électroniques comme αAstree ou le système de dégustation InsentMD utilisent des membranes de détection et des techniques électrochimiques pour détecter des substances distinctes et des mélanges complexes dans des formules médicamenteuses (Woertz et al., 2011). Chapitre 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants 117 Tableau 4.2 Facteurs qui influent sur le choix des saveurs de formules pédiatriques Facteur Description Exemples Aspect culturel Les saveurs préférées diffèrent selon les régions géographiques et les cultures. • Les Européens préfèrent les agrumes et les baies rouges. • Les Scandinaves préfèrent la réglisse. • Les Américains préfèrent la gomme à bulles, le raisin et la cerise. • Les Japonais préfèrent les saveurs moins sucrées. Âge et sexe Le degré de sensibilité pour certaines saveurs varie selon la tranche d’âge et le sexe. • Les filles âgées de 4 à 12 ans sont plus sensibles aux saveurs sucrées et salées que les garçons. Différences génétiques dans l’appréciation du goût Le choix des saveurs pour les diverses formules devrait correspondre aux goûts de la majorité des patients. • La génétique et l’âge jouent un rôle dans l’aversion aux saveurs amères. Association avec des affections médicales Certaines saveurs sont plus communément associées à certains symptômes ou maladies. • Saveurs de cerise, banane et caramel pour les médicaments contre la douleur, la fièvre, les allergies ou les infections. • Saveurs d’agrumes ou menthe poivrée pour les antiacides administrés en cas d’indigestion. • Saveurs de cassis, citron, limette, mandarine et orange pour les multivitamines. Compensation de saveurs désagréables Il faut connaître le profil de goût d’une formule avant d’ajouter des saveurs pour le masquer. • La cerise et les agrumes compensent les saveurs acides. • Le caramel et la vanille compensent les saveurs salées. Source des données : EMA (2006a); Mennella et Beauchamp (2008); Lipchock et al. (2012) L’odeur et la texture ont aussi des effets sur la palatabilité des médicaments administrés par voie orale ou intranasale, ou en application locale. La conception des médicaments administrés par voie intranasale devrait tenir compte des effets de l’odeur et du goût, puisque ces médicaments peuvent couler au fond de la gorge et avoir mauvais goût (Scadding, 2009). La texture peut jouer un rôle important dans la palatabilité pour les enfants, mais elle a fait l’objet de peu d’attention dans la mise au point de produits pharmaceutiques (EMA, 2006a). La couleur et l’aspect des formules médicamenteuses peuvent aussi influer sur leur palatabilité et leur acceptabilité. La couleur et la forme peuvent aussi jouer un rôle dans la prévention des erreurs d’administration, en différenciant clairement les médicaments les uns des autres (EMA, 2012a). Même si des 118 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada préparations aux couleurs vives sont préférables pour les enfants et peuvent servir à déclencher la reconnaissance d’une saveur, de nombreux colorants ne sont pas acceptés dans le monde en raison de rapports sur leurs effets secondaires chez les enfants (EMA, 2006a). Les conclusions de diverses études publiées appuient (Bateman et al., 2004; McCann et al., 2007) ou nient (Mattes et Gittelman, 1981) les effets de colorants artificiels sur l’hyperactivité, ou ne sont pas claires à ce sujet (Nigg et al., 2012). L’intolérance gastro-intestinale (p. ex. douleurs abdominales, indigestion, vomissements) et les réactions cutanées (Scadding, 2009) font partie des autres effets secondaires rapportés. On évite donc généralement d’utiliser des colorants artificiels lorsque ce n’est pas nécessaire, mais il faut davantage de recherches pour clarifier les possibles effets secondaires des colorants chez les enfants à différents stades de développement. Selon les lignes directrices de l’EMA, une demande d’homologation doit justifier la nécessité d’inclure un colorant dans une formule médicamenteuse ainsi que le choix d’un colorant donné (EMA, 2012a). La mise au point de formules qui correspondent aux préférences des enfants en matière d’aspect, de goût, d’odeur et de texture peut influer sur l’observance médicamenteuse et la qualité des soins. Il y a aussi des considérations d’innocuité et d’éthique liées à la fabrication de médicaments qui ressemblent trop à des bonbons, ce qui augmente le risque de surdose et laisse entendre que les médicaments n’ont pas à être pris au sérieux. Par conséquent, lorsqu’ils mettent au point des formes et formules médicamenteuses pour enfants, les chercheurs et l’industrie doivent relever d’une manière éthique et sûre d’importants défis liés à tous ces aspects. 4.3.4 Emballage d’un médicament L’emballage d’un médicament joue le double rôle de préserver le médicament, afin d’en maintenir l’efficacité, et d’indiquer à qui il est destiné. Étant donné les répercussions significatives de l’emballage sur l’utilisation effective d’un traitement, de même que les considérations particulières dans le cas des enfants, les stratégies permettant d’assurer une administration sûre et exacte des médicaments ainsi que des lignes directrices pour la définition de normes appropriées sont importantes. Des indications claires, de même que l’emploi de couleurs vives et d’images sur l’emballage d’un médicament, peuvent aider à indiquer qu’il convient à des enfants et diminuer l’administration accidentelle de formules pour adultes. L’emballage protège aussi le médicament du milieu extérieur (p. ex. eau, air, contamination et dégradation par oxydation) et, à l’aide de contenants ou d’autres moyens, protège le contenu contre un accès sans surveillance Chapitre 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants 119 (Mills, 2010). Les fabricants doivent s’assurer que tout emballage, y compris les dispositifs d’administration, qui vient en contact avec le médicament soit propre et sûr. 4 .4 FO R ME S M É DI CAM E NT E U S E S , V OIES ET D I S P O S I T I F S D’ADM I NI S T RAT ION Il faut un éventail d’options de formules médicamenteuses pour répondre à des exigences différentes selon les stades de développement de l’enfant. Ces options peuvent comprendre des dispositifs d’administration qui procurent des doses plus précises par la voie d’administration appropriée. De nouveaux dispositifs qui présentent des avantages par rapport aux méthodes traditionnelles ont été mis au point. Cependant, étant donné la gamme de produits sur le marché, leur précision et leur constance peuvent varier, de même que leurs avantages et inconvénients selon le stade de développement visé. De plus, tout dispositif d’administration de médicament doit tenir compte du fait que les parents ou d’autres personnes qui s’occupent de l’enfant doivent pouvoir lui administrer la dose voulue. De nombreux dispositifs d’administration de médicaments pédiatriques sont disponibles pour les diverses voies d’administration. Les plus répandus sont les cuillères et gobelets doseurs, les seringues, les inhalateurs et les flacons munis d’un compte-gouttes. (Walsh et al. (2011) décrivent en détail ces dispositifs, avec leurs avantages et inconvénients.) Certaines voies d’administration sont jugées plus appropriées que d’autres selon l’âge, le stade de développement et l’état de santé de l’enfant, mais la précision des dispositifs associés à ces voies d’administration constitue toujours un défi. Par exemple, les médicaments liquides administrés par voie orale sont plus souvent employés pour les nourrissons, les bambins et les jeunes enfants, en raison de la souplesse de dosage et parce qu’il n’y a pas besoin d’avaler de gros comprimés ou capsules (Walsh et al., 2011). Cependant, des cuillères sont le plus souvent utilisés pour administrer ces médicaments (Walsh et al., 2011), et beaucoup d’entre elles constituent des mesures imprécises et non standardisées (EMA, 2006a). Pour de jeunes enfants en particulier, les cuillères sont difficiles à contrôler et le médicament peut se renverser. Les seringues peuvent être plus précises et appropriées à des médicaments dont la fourchette thérapeutique est étroite, et peuvent faciliter les ajustements de dose (EMA, 2006a; Walsh et al., 2011). 120 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada De la même manière, de nombreux dispositifs pulmonaires (p. ex. les inhalateursdoseurs pressurisés) exigent un degré de coordination que ne possèdent pas les nourrissons et les jeunes enfants, pour inspirer au bon moment afin de recevoir la dose voulue de médicament. D’autres dispositifs (p. ex. inhalateur à brouillard léger, inhalateur à poudre sèche) et accessoires (p. ex. chambre de retenue valvée) peuvent diminuer le degré de coordination nécessaire, limitant le dépôt de médicament dans les voies respiratoires supérieures et assurant qu’il se rende bien dans les poumons (Walsh et al., 2011). La précision et la souplesse demeurent des défis clés avec de nombreux dispositifs traditionnels d’administration, et de nouveaux dispositifs et formes médicamenteuses sont nécessaires pour résoudre ces problèmes. 4.4.1 Nouveaux dispositifs d’administration et formes médicamenteuses Un certain nombre de nouveaux dispositifs d’administration et formes médicamenteuses visant à améliorer la précision et la facilité de dispensation de médicaments sont en cours de mise au point. De nombreuses méthodes différentes d’administration par voie orale ont été développées spécifiquement pour les enfants. Par exemple, une dose orale peut être administrée à un nourrisson à l’aide d’une tétine modifiée fixée à une sucette ou à l’aide d’une MediBottleMD qui comprend un distributeur oral (Walsh et al., 2011). Certains fabricants ont mis au point des pâtes thérapeutiques qui se forment lorsqu’une cuillère contenant un médicament en poudre est trempée dans l’eau (Walsh et al., 2011) (voir la figure 4.1A). Des formes existantes peuvent également être modifiées afin d’être plus précises et efficaces pour des nourrissons et des jeunes enfants. Les minicomprimés sont des versions plus petites de comprimés, plus faciles à avaler que des comprimés et capsules de grande taille. Les minicomprimés offrent en outre une plus grande souplesse de dosage. Même s’il y a assez peu de données sur l’acceptabilité des grosseurs de comprimés ou de capsules chez différentes tranches d’âge, les très jeunes enfants ont de la difficulté à avaler de gros comprimés et peuvent s’étouffer (EMA, 2012a). Une étude récente sur l’observance médicamenteuse avec des minicomprimés de 2 mm par rapport à des formules liquides chez des enfants âgés de six mois à six ans a montré que les minicomprimés sont aussi bien sinon mieux acceptés que les formules liquides, même chez les nourrissons âgés de 6 à 12 mois (Spomer et al., 2012) (voir la figure 4.1B). De plus, les enfants étaient plus susceptibles de refuser de prendre le liquide que des minicomprimés. Cela peut être avantageux dans le cas d’ingrédients pharmaceutiques qui sont plus faciles à formuler ou plus stables en comprimés. Chapitre 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants 121 D’autres versions modifiées des comprimés administrés par voie orale sont les comprimés dispersibles et orodispersibles. Les comprimés dispersibles se dissolvent facilement dans l’eau ou un autre liquide. Les comprimés orodispersibles sont des comprimés non enrobés contenant des excipients comme la crospovidone, la croscarmellose sodique, l’alginate de sodium et des dérivés de l’acide acrylique, qualifiés de super désintégrants, qui provoquent la désintégration du comprimé dans la bouche en environ 60 secondes (Dey et Maiti, 2010). Des formes semblables comportent une pellicule ou un cachet. Elles sont avantageuses pour les jeunes enfants et gagnent en popularité parce qu’elles évitent le besoin d’avaler des comprimés entiers. Elles sont en outre stables, faciles à fabriquer et ne subissent pas l’effet de premier passage (l’absorption directe dans la bouche augmente la biodisponibilité) (Dey et Maiti, 2010). Un exemple de nouveau dispositif d’administration par voie orale est le ClarosipMD, qui utilise une paille aromatisée pour dispenser des microgranules de clarithromycine (un antibiotique) (Ivanovska et al., 2013). De plus, des sucettes, gommes à mâcher et bonbons gélifiés médicamenteux ont été conçus comme dispositifs d’administration attrayants pour les enfants (Ivanovska et al., 2013). Même si ces nouveaux dispositifs peuvent améliorer l’observance médicamenteuse, ils peuvent poser des problèmes d’innocuité et d’éthique lorsque les médicaments ressemblent trop à des bonbons (p. ex. risque accru de surdose). Dans le cas des nourrissons prématurés et nés à terme, la vaccination prénatale et la transmission d’anticorps par l’intermédiaire du lait maternel sont des voies d’administration possibles explorées pour leurs effets chez les enfants (voir l’encadré 4.1). Les nouveaux dispositifs d’administration pulmonaire pour les enfants comprennent diverses chambres adaptées à des inhalateurs (Walsh et al., 2011) (voir la figure 4.1C). L’avantage de ces dispositifs est qu’ils limitent le débit d’inhalation tout en offrant une stimulation visuelle et auditive (p. ex. couleurs vives, visages souriants, bruits de sifflet) pour les rendre plus attrayants. D’autres dispositifs comprennent des doseurs de nanoparticules, mieux adaptés pour atteindre les voies respiratoires distales, et donc plus efficaces, mais dont le rendement de dépôt dans les poumons demeure médiocre (Giacoia et al., 2012). Des dispositifs sans aiguille pour la dispensation parentérale (par injection ou perfusion) d’insuline, de vaccins et d’hormones de croissance ont aussi été mis au point pour diminuer la peur chez les enfants tout en améliorant l’innocuité (Walsh et al., 2011). 122 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Les nouveaux dispositifs d’administration de médicaments pour enfants combinent de plus en plus appareil et médicament; aux États-Unis, la FDA définit ces produits mixtes comme formés de deux ou plusieurs composantes réglementées (p. ex. produit pharmaceutique, appareil, produit biologique) qui sont physiquement, chimiquement ou autrement combinés ou mélangés dans une seule entité (Mills, 2010). Un exemple d’une telle combinaison est celui d’un inhalateur à poudre sèche, dans lequel l’ingrédient pharmaceutique est chargé au préalable dans le dispositif d’administration (voir la figure 4.1D). Encadré 4.1 Transmission intentionnelle d’anticorps maternels aux nouveau-nés, aux nourrissons et aux bambins Les mères récemment vaccinées peuvent utiliser l’allaitement comme moyen de transmettre des anticorps potentiellement protecteurs à leurs nouveau-nés qui sont trop jeunes pour être vaccinés (Maertens et al., 2014). En général, les vaccins vivants qui contiennent des pathogènes viables (p. ex. rougeole, oreillons et rubéole) peuvent théoriquement constituer un risque pour les femmes enceintes ou qui allaitent; par contre, les vaccins inactivés (p. ex. diphtérie, tétanos, coqueluche) ne présentent aucun risque supplémentaire et peuvent procurer une immunité à l’enfant comme à la mère (Hubka et Wisner, 2011). Même si des données laissent entendre que la vaccination pendant la grossesse donne des taux plus élevés d’anticorps spécifiques des pathogènes visés dans le lait maternel (Halperin et al., 2011), très peu de données sont disponibles sur la protection fournie par ces anticorps. Jusqu’à maintenant, l’effet protecteur a été le plus clairement démontré chez les nourrissons dont la mère avait été vaccinée contre la grippe (vaccin inactivé) (Maertens et al., 2014). Les recommandations quant à la vaccination des femmes enceintes ou qui allaitent émanent des centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC, 2013) et de Santé Canada. Santé Canada reconnaît le risque théorique des vaccins vivants, mais affirme que, « en général, les vaccins systématiquement recommandés peuvent être administrés sans danger aux femmes qui allaitent » et conseille de vacciner les femmes qui allaitent et qui n’ont pas reçu toutes les immunisations recommandées pour les adultes (ASPC, 2012a). La transmission de la protection de la mère à l’enfant n’est pas spécifiquement mentionnée dans le Guide canadien d’immunisation (ASPC, 2012a). Cependant, une étude canadienne a clairement documenté cet avantage chez les animaux (Elahi et al., 2006). La transmission de médicaments d’une mère qui allaite à son enfant peut être d’un point de vue éthique difficile à étudier, d’où un manque général d’information à ce sujet. Chapitre 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants A B 1 3 2 4 C 123 5 D Gracieuseté de : (A) Egalet, Inc.; (B) Spomer et al. (2012) (BMJ Publishing Group); (C) Walsh et al. (2011); (D) Cleveland Clinic (2014) Figure 4.1 Nouveaux dispositifs d’administration et formes médicamenteuses Des chercheurs travaillent à la mise au point d’un certain nombre de dispositifs pour améliorer l’exactitude des doses et la facilité d’administration de médicaments à des enfants. La figure en montre quelques exemples : (A) cuillères submersibles mises au point par ParvuletMD; (B) minicomprimés de 2 mm; (C) dispositifs d’inhalation BabyhalerMD, VortexMD et WatchhalerMD; (D) dispositif d’inhalation de poudre sèche. 4 .5 C O M B L E R L E S L ACU NE S DE N OS C ONNAISSANC ES S UR L E S F OR M U L E S , F ORM E S ET DISPOSITIFS D ’ A D M I NI S T R AT I ON DE M É DIC AMENTS 4.5.1 Lacunes en ce qui concerne les formules Les exigences propres aux formules pour enfants posent des problèmes pour la mise au point de médicaments, mais certaines initiatives ont été mises de l’avant pour résoudre ces problèmes. Aux États-Unis, une initiative de formulation pédiatrique connue sous le sigle PFI (Pediatric Formulation Initiative) a été mise sur pied par l’Institut national Eunice-Kennedy-Shriver de la santé des enfants et du développement humain (NICHD) en 2005 pour définir les problèmes et difficultés de la mise au point de formules pour enfants, accroître la sensibilisation à ces questions, et faciliter la préparation de médicaments sûrs et efficaces pour les enfants. Un groupe 124 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada de travail économique a été mis sur pied au sein de la PFI, afin d’identifier les obstacles économiques à la création de produits rentables et formulés de façon appropriée pour des médicaments employés de manière non conforme en pédiatrie, de proposer des mécanismes de création de tels produits ainsi que d’en assurer la distribution et la disponibilité (Milne et Bruss, 2008). En Europe, une initiative de formulation pédiatrique (EuPFI — European Paediatric Formulation Initiative) constitue un autre exemple de consortium à grande échelle qui travaille à l’amélioration des connaissances sur la mise au point de formules et de meilleurs médicaments pour enfants. L’EuPFI résulte d’une collaboration unique entre des universités, des milieux cliniques, l’industrie et des organismes de réglementation. Elle met à profit l’expertise des secteurs pertinents de la pharmacologie clinique pour améliorer les connaissances disponibles. De plus, l’EuPFI collabore régulièrement avec son homologue américaine (EuPFI, 2014). Elle travaille à l’élaboration de données probantes concernant les excipients, la palatabilité, les dispositifs d’administration, la dispensation de même que les formules appropriées selon l’âge des patients. Même si aucune initiative de ce genre n’existe au Canada, il y a beaucoup de possibilités de travaux semblables et de collaboration avec ces groupes étrangers. Le scénario idéal pour le traitement d’enfants fait intervenir des formes et formules disponibles dans le commerce, adaptées à l’âge des patients et dont la biodisponibilité est connue grâce à des études adéquates de bioéquivalence. En l’absence de telles formules, des lignes directrices sur les manipulations appropriées de formes et formules existantes amélioreraient l’efficacité et l’innocuité des médicaments. Pour répondre au besoin mondial constant de formules médicamenteuses extemporanées efficaces destinées aux enfants (Nahata et Allen Jr, 2008), un rapport récent de l’OMS donne certaines instructions générales sur la manipulation de formes pour adultes et des conseils concernant l’administration de médicaments à des enfants (Nunn, 2011). Le rapport renvoie au jugement professionnel du pharmacien de nombreuses décisions sur l’arrondissement de doses ou la substitution de médicaments afin d’obtenir des formes plus appropriées (Nunn, 2011). Pour appuyer l’élaboration à venir de lignes directrices sur la manipulation de formes médicamenteuses pour les enfants, un projet de définition d’une démarche systématique d’examen de la littérature scientifique et des données probantes sur la manipulation de médicaments — intitulé Pediatric Formulations Platform — a été lancé en 2009 dans le cadre d’un accord entre la FDA et le NICHD (NIH, 2012b). Le premier rapport issu de ce projet présente un ensemble de formules orales, qui vise à fournir de l’information de base pour la mise au point de nouvelles formules d’API nouveaux et existants. Le rapport Chapitre 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants 125 énumère 382 produits homologués pour enfants et les classe selon leurs propriétés de dissolution, de solubilité et de perméabilité intestinale (NICHD et FDA, 2011). Des initiatives coordonnées comme celle-ci aideront à améliorer nos connaissances sur des formes et formules efficaces de médicaments déjà homologués et à venir pour enfants. Même s’il y a peu de données concernant les effets des excipients sur les enfants, il y a un certain nombre de défis associés à la réalisation d’essais cliniques visant à évaluer l’ampleur des risques liés aux excipients. Au cours d’un essai récent mené sur des nouveau-nés pour évaluer l’innocuité du propylèneglycol, on a examiné : les différences entre diverses formules du même composé; la disponibilité de techniques de mesure précise des excipients; les inexactitudes dans la distinction entre les propriétés pharmacocinétiques d’un excipient, les symptômes de maladie et les facteurs d’accumulation; les difficultés de déterminer des variables utiles mesurant les résultats pharmacodynamiques, puisque les indicateurs existants peuvent être fondés sur des valeurs chez l’adulte (Kulo et al., 2012). En raison du peu d’essais portant sur l’innocuité des excipients, il est difficile de relever ces défis et d’élaborer des solutions — situation susceptible de se reproduire dans d’autres essais portant sur des excipients et menés sur des enfants. L’EMA a récemment publié un document de fond sur le rôle des excipients dans les médicaments pour enfants (EMA, 2012f). De plus, l’EMA a revu les lignes directrices de la Commission européenne sur les excipients (Commission européenne, 2003), afin d’inclure leurs effets chez les enfants, et a élaboré, sous le titre Guideline on Pharmaceutical Development of Medicines for Paediatric Use, des lignes directrices concernant les médicaments pour enfants selon lesquelles le profil d’innocuité des excipients fait partie de l’évaluation des formules pédiatriques pour les tranches d’âge visées (EMA, 2012a). Ces lignes directrices donnent des exemples de questions auxquelles il faut répondre pour vérifier l’innocuité d’un excipient et les voies d’investigation correspondantes. Cela pourrait constituer un cadre utile pour l’évaluation des doses d’excipients et de leur innocuité. En Europe, la base de données sur l’innocuité et la toxicité des excipients utilisés en pédiatrie (base de données STEP — Safety and Toxicity of Excipients for Pediatrics) vise à combler les lacunes des connaissances à l’échelle mondiale grâce à des collaborations entre les initiatives PFI de l’Union européenne et des États-Unis. La base de données STEP contient des recensions détaillées des excipients utilisés dans les formules pédiatriques. Elle permet aussi de cerner les lacunes de nos connaissances et les problèmes d’innocuité tôt dans le processus de mise au point d’un médicament, tout en réduisant les retards 126 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada et les duplications d’efforts (Salunke et al., 2012). Au Canada, il n’y a aucun référentiel d’information sur les excipients, mais Santé Canada publie un index de la nomenclature des ingrédients non médicinaux, afin d’encourager l’uniformité et d’éviter les confusions (Santé Canada, 1996). Il y a des possibilités d’étendre les ressources comme celle-ci afin d’inclure de l’information sur la toxicité et l’innocuité, ainsi que de collaborer avec les autres pays qui mettent de l’avant des initiatives ayant des buts semblables. Même si la palatabilité est reconnue comme un facteur important pour les enfants, il n’y a pas assez d’études formelles sur la relation entre la palatabilité et l’observance médicamenteuse (Matsui, 2007; Giacoia et al., 2012). Ces études ne font pas partie des exigences réglementaires standard définies par l’ICH. De plus, le besoin de comprendre les variations ethniques et régionales est connu mais non complètement documenté. C’est aussi le cas des influences du milieu et du soutien familial sur les préférences en matière de goût et l’observance médicamenteuse à tous les stades du développement (Giacoia et al., 2012). Les évaluations de goût chez les adultes peuvent ne pas s’appliquer aux enfants pour les raisons décrites plus haut, et les essais sur des adolescents présentent certaines difficultés particulières. Par exemple, on considère que les enfants âgés d’au moins quatre ans sont capables de participer à des tests de dégustation, afin d’évaluer de manière qualitative la palatabilité de médicaments. Cependant, la plupart des tests se limitent à quatre médicaments par séance pour éviter le risque de confusion des goûts ou de fatigue (EMA, 2006a). Les tests de dégustation sur des médicaments administrés à long terme ne sont pas faisables, car la plupart des essais étudient les préférences après une ou quelques doses. De plus, l’information donnée par les tests de dégustation avec la participation d’enfants est limitée à une réaction générale au médicament plutôt qu’à une différenciation entre le goût et la texture (Matsui, 2007). D’autre part, les effets de la couleur sur les préférences de goût n’ont pas été bien étudiés (Matsui, 2007), et il faut aussi faire des recherches sur les effets secondaires possibles des colorants artificiels (Nigg et al., 2012). Lors de son deuxième atelier sur les formules pédiatriques organisé en 2012, la PFI a précisé qu’aux États-Unis les exigences réglementaires sont limitées en ce qui concerne la palatabilité. Des propriétés sensorielles désagréables comme les saveurs amères ne sont pas reconnues avant qu’un médicament atteigne la première phase des essais cliniques (Giacoia et al., 2012). Il s’agit là d’un obstacle à la mise au point de médicaments palatables pour les enfants. Même si les tests effectués par des consommateurs potentiels sont considérés comme la meilleure manière d’évaluer la palatabilité, d’autres méthodes telles Chapitre 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants 127 que les modèles animaux, les capteurs de goût ou les langues électroniques peuvent permettre d’évaluer de manière quantitative des caractéristiques de goût et d’odeur (Lorenz et al., 2009; Gupta et al., 2010). 4.5.2 Lacunes en ce qui concerne les formes et dispositifs d’administration La détermination de la forme appropriée d’un médicament pour les enfants à divers stades de leur développement exige certaines évaluations. Un certain nombre de facteurs interviennent pour déterminer si des comprimés ou des capsules constituent des formes appropriées à de jeunes enfants. L’EMA a élaboré une matrice qui combine de l’information sur les tranches d’âge, les voies d’administration et les formes médicamenteuses, pour montrer les variations dans la capacité des enfants d’avaler des médicaments sous forme solide (EMA, 2006a). Par exemple, selon cette matrice, les comprimés sont potentiellement acceptables (même s’ils ne constituent pas la forme préférentielle) à partir de l’âge de trois ans, et que leur acceptabilité augmente à partir de l’âge de six ans (Ivanovska et al., 2013). De nombreuses autres formes médicamenteuses sont mises en évidence et codées d’une manière qui les classe par ordre d’acceptabilité selon les tranches d’âge. Au bout du compte, étant donné certaines difficultés propres à la population pédiatrique en ce qui concerne les traitements, il y a une demande pour de nouveaux dispositifs susceptibles d’aider à dispenser des médicaments de manière constante et précise. Aux États-Unis, dans le cadre de la PFI, un groupe de travail formé de représentants d’universités, de l’industrie et du gouvernement a été mis sur pied en 2011 pour définir et classer par ordre de priorité les objectifs de nouveaux moyens techniques et systèmes de dispensation de médicaments. Alors que dans le passé la mise au point de médicaments a surtout été centrée sur les formes liquides, l’avenir réside clairement dans les comprimés solubles, les minicomprimés et d’autres dispositifs nouveaux qui permettent d’administrer des médicaments d’une manière plus constante et facilement acceptable (Giacoia et al., 2012). Au Canada, il y a des possibilités de collaboration semblable entre les universités, les milieux cliniques, l’industrie et les organismes de réglementation, afin d’accélérer l’innovation et de faire progresser les connaissances dans ce domaine. Des développements importants pourraient ensuite faire l’objet d’échanges avec d’autres projets couronnés de succès à l’étranger. La popularité croissante des produits mixtes sur le marché est une source de défis particuliers sur le plan de la réglementation, puisque ces produits peuvent être évalués selon des processus différents en fonction de leur mode d’action principal. De plus, ces produits doivent être évalués de manière approfondie 128 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada avant d’être homologués pour des enfants. Aux États-Unis, la FDA a compilé dans son site Web un certain nombre de documents d’orientation qui décrivent en détail les exigences d’homologation et de fabrication de produits mixtes. Santé Canada a également une politique, entrée en vigueur au début de 2006, concernant les produits qui combinent un médicament et un autre dispositif. En vertu de cette politique, les produits mixtes sont assujettis au Règlement sur les instruments médicaux ou au Règlement sur les aliments et drogues, selon le principal mécanisme d’action par lequel l’effet ou le but visé est atteint. Cette politique est censée servir de mécanisme réglementaire temporaire en attendant que la Loi sur les aliments et drogues, le Règlement sur les aliments et drogues, et le Règlement sur les instruments médicaux soient modifiés de manière à fournir un cadre réglementaire plus approprié aux nouveaux produits thérapeutiques qui sont difficiles à classer dans le cadre du système actuel (Santé Canada, 2005a). Cette lacune du cadre réglementaire n’incite pas les promoteurs à mettre au point de nouveaux produits médicaux mixtes, parce que leur approbation ne se fait pas dans le cadre d’un seul ensemble de règles. La Direction des produits thérapeutiques et la Direction des produits biologiques et des thérapies génétiques ont reconnu cette lacune (Santé Canada, 2005a). Selon le document de politique publié en 2005, elles « estiment que les risques associés à de tels produits peuvent être convenablement gérés à l’aide d’une seule réglementation » (Santé Canada, 2005a). Le document poursuit en disant qu’une nouvelle approche « faciliterait l’harmonisation des exigences réglementaires et la conclusion d’ententes de reconnaissance réciproque avec les États-Unis et l’Union européenne » (Santé Canada, 2005a). Des progrès en ce sens faciliteraient la mise au point de nouveaux produits mixtes pour les enfants de même que leur apparition sur le marché canadien. 4 . 6 R É S UM É D U CH AP I T RE Un certain nombre de facteurs liés au développement et propres aux enfants doivent être pris en considération dans la formulation et l’administration de médicaments. L’absence de formes et formules médicamenteuses répondant aux besoins des enfants peut se traduire par un risque accru d’erreur, l’exposition à des ingrédients non sûrs, la non-observance du traitement et l’échec thérapeutique. La manipulation de la forme d’origine d’un médicament peut en altérer la biodisponibilité et affecter la qualité des soins. Des manipulations de la forme commercialisée d’un médicament peuvent en modifier la biodisponibilité d’une manière qui n’est pas nécessairement étudiée au cours de la phase d’essais cliniques, de sorte que les résultats de n’importe quel essai ne sont plus aussi généralisables. Des soins de qualité pour les enfants dépendent donc de la disponibilité de médicaments sous une variété de formes faisant en sorte que Chapitre 4 Formulation et administration de médicaments pour enfants 129 ces médicaments soient dispensés avec exactitude et de manière à ce que les doses puissent être facilement ajustées en fonction de l’évolution des exigences aux divers stades du développement. Le scénario idéal pour le traitement d’enfants fait intervenir des formes et formules adaptées à l’âge disponibles dans le commerce et dont la biodisponibilité est connue. En l’absence de telles formules, des lignes directrices sur les manipulations appropriées de formes et formules existantes amélioreraient l’efficacité et l’innocuité des médicaments. Des recettes précises, détaillées et fondées sur des données probantes pour la préparation de formules extemporanées devraient être fournies pour favoriser la normalisation de ce processus. Même si les excipients sont beaucoup utilisés aujourd’hui dans les médicaments pour enfants, les effets de la plupart d’entre eux au cours du développement de l’être humain sont inconnus, et de nombreux excipients généralement considérés comme sûrs et inertes chez les adultes peuvent avoir des effets toxiques chez les enfants. L’ajout, la modification ou la suppression d’un seul excipient dans une formule médicamenteuse peut changer sans qu’on le veuille la biodisponibilité d’un principe actif, d’une manière qui peut demeurer en grande partie non détectée en l’absence d’études adéquates de bioéquivalence. Étant donné que la plupart des médicaments administrés aux enfants le sont par voie orale, la palatabilité est un élément important de leur mise au point. La mise au point de formules qui correspondent aux préférences des enfants en matière d’aspect, de goût, d’odeur et de texture peut avoir des effets sur l’observance médicamenteuse et la qualité des soins. Certaines voies d’administration sont jugées plus appropriées que d’autres selon l’âge, le stade de développement et l’état de santé de l’enfant. Les médicaments liquides administrés par voie orale sont plus souvent employés pour les nourrissons, les bambins et les jeunes enfants, en raison de la souplesse de dosage et parce qu’il n’y a pas besoin d’avaler de gros comprimés ou capsules. Cependant, il est difficile d’obtenir une dose précise et normalisée avec des médicaments sous forme liquide. Un certain nombre de nouveaux dispositifs d’administration ont été récemment mis au point pour cibler des voies d’administration appropriées aux enfants, et leur utilisation à grande échelle pourrait contribuer à améliorer la qualité des soins. Les produits disponibles sur le marché peuvent avoir une précision et une constance variables. Ils peuvent aussi comporter différents avantages et inconvénients selon le stade de développement qu’ils visent. Alors que dans le passé la mise au point de médicaments pédiatriques mettait surtout l’accent sur la forme liquide, elle s’orientera dans l’avenir vers des comprimés solubles, des minicomprimés, 130 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada des dispositifs d’administration et d’autres formes nouvelles permettant d’administrer des médicaments d’une manière plus exacte et plus acceptable tout en donnant la possibilité d’ajuster la dose avec souplesse. Au Canada, il n’y a aucun référentiel ou source centralisée d’information sur les formes et formules médicamenteuses acceptables et sûres pour les enfants. Par contre, divers travaux sont en cours dans le monde pour élaborer des données claires et transposables concernant les excipients, la palatabilité, les dispositifs d’administration, la dispensation de même que les formules appropriées selon l’âge des patients. Beaucoup de ces initiatives sont des partenariats inédits regroupant des universités, des milieux cliniques, des entreprises et des organismes de réglementation. Elles montrent l’importance de la collaboration entre secteurs et des échanges d’information pour améliorer l’efficacité et l’innocuité des médicaments pour enfants. Au-delà des questions d’innocuité et d’efficacité, les formes et formules interviennent de manière importante dans l’acceptabilité des médicaments par les enfants. Le Canada a de nombreuses possibilités de se joindre à ces efforts internationaux afin qu’au bout du compte, les enfants reçoivent en temps voulu des doses exactes et bien administrées de médicaments. Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants • Étude de l’efficacité des médicaments chez les enfants • La place des essais d’efficacité dans la mise au point de médicaments • Étude de l’efficacité des médicaments chez les enfants : aperçu des difficultés • Essais cliniques aléatoires • Modification de la conception d’ECA afin de mieux les adapter à la recherche pédiatrique • Techniques d’analyse qui appuient les essais pédiatriques • Défis à relever dans les études d’efficacité chez les enfants • Résumé du chapitre 131 132 5 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants Principales constatations • Le milieu médical, l’industrie pharmaceutique et les organismes de réglementation ont une responsabilité éthique de concevoir et de mener des études de grande qualité sur les médicaments chez les enfants, ainsi que d’en rapporter les résultats. • En matière d’efficacité clinique des médicaments, les essais cliniques aléatoires (ECA) procurent les données probantes les plus solides et sont les moins sujets à des biais. Des ECA sont faisables dans la plupart des cas pour évaluer l’efficacité d’un médicament chez les enfants, mais une certaine souplesse et des modifications peuvent être nécessaires. • Les défis liés aux ECA sur des enfants comprennent le besoin de souplesse dans la conception d’essais en parallèle classiques, des problèmes d’acceptabilité perçue quant à l’inclusion d’enfants dans des ECA (en particulier ceux qui comportent un groupe de contrôle avec placebo) et le recrutement d’un nombre suffisant de patients (notamment dans le cas de maladies rares). • Les ECA peuvent être modifiés pour être mieux adaptés à l’étude de l’efficacité de médicaments pédiatriques : conception d’études séquentielles ou adaptatives; utilisation de comparateurs actifs au lieu de placebos; études menées dans plusieurs centres afin de mieux résoudre les difficultés liées aux études sur ces patients. • Des techniques innovatrices, comme les séries d’essais à effectif unique, l’analyse bayésienne et l’extrapolation, peuvent appuyer des ECA pédiatriques en aidant à tirer le maximum de petits ensembles de données et d’études antérieures. • Des lignes directrices récentes visent à aplanir les difficultés liées aux essais pédiatriques, et des groupes de recherche normalisent les tranches d’âge et les mesures de résultats des ECA. On pourra augmenter la quantité de données probantes disponibles sur la santé des enfants en favorisant une culture qui appuie les études d’efficacité de médicaments pédiatriques et en fournissant des conseils sur l’emploi de diverses méthodes. 5 . 1 É TUD E D E L’E F F I C ACI T É DE S M É DI CAMENTS C HE Z LE S E N FANT S Les organismes de réglementation exigent des données probantes sur l’efficacité et l’innocuité de chaque traitement proposé pour homologuer un médicament et en autoriser la commercialisation. Ces données probantes viennent en général d’essais cliniques, qui fournissent une information traduisible en conseils clairs (pour les organismes de réglementation et les praticiens) sur la manière Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 133 dont un médicament peut être employé pour traiter des enfants. Cependant, comme on l’a mentionné au chapitre 2, de nombreux médicaments administrés à des enfants n’ont pas fait l’objet d’essais adéquats sur cette population et sont prescrits en dérogation aux directives de l’étiquette, en l’absence de données scientifiques solides. Le manque d’essais cliniques pédiatriques résulte de divers obstacles. Ce chapitre met l’accent sur les pratiques exemplaires de recherche en matière d’étude de l’efficacité des médicaments chez les enfants, en suggérant des manières de relever les défis qui se présentent. Il aborde en premier lieu la question des essais cliniques aléatoires (ECA) et les difficultés perçues de cette méthode en recherche clinique pédiatrique. Il passe ensuite en revue certaines modifications d’ECA et techniques d’analyse qui répondent à des préoccupations propres à la recherche pédiatrique. Il conclut ensuite en présentant certains problèmes généraux et des solutions correspondantes en matière d’études d’efficacité des médicaments pédiatriques, qui peuvent s’appliquer de manière générale à de nombreux types d’études. Les pratiques de recherche et les défis liés aux études d’innocuité chez les enfants font l’objet du chapitre 6. 5 .2 LA P L AC E DE S E S S AI S D’E F F I CAC ITÉ DANS LA MISE A U P O I NT DE M É DI C AM E NT S La figure 5.1 donne un aperçu du processus de mise au point d’un médicament. Un nouveau produit fait d’abord l’objet de tests in vitro (à l’extérieur de tout organisme vivant) et sur des animaux, qui donnent une information préliminaire sur son efficacité, son innocuité et sa toxicité. Dans le cas des produits qui franchissent avec succès cette phase préclinique, le fabricant demande à la Direction générale des produits de santé et des aliments (DGPSA) de Santé Canada l’autorisation d’effectuer des essais cliniques sur des sujets humains (Santé Canada, 2006). Les essais cliniques commencent par un essai de phase I, qui porte sur les processus pharmacocinétiques — absorption, distribution, métabolisme et élimination — (voir le chapitre 3) et le profil d’innocuité, avec une fourchette étendue de doses du médicament. Les essais de phase I peuvent faire appel à des volontaires en santé ou à des personnes atteintes de l’affection pour laquelle le médicament est mis au point. Des enfants en santé ne peuvent participer à un essai de phase I que dans des circonstances bien précises (voir la sous-section 5.7.2). 134 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada L’essai de phase II porte sur une fourchette plus étroite de doses potentiellement thérapeutiques. Cette phase fournit des données préliminaires sur l’efficacité du médicament, souvent à l’aide d’indicateurs de substitution18 qui montrent si le produit peut arrêter la progression ou atténuer les symptômes chez des patients atteints de la maladie que le médicament vise à traiter. Les données sur la relation dose-effet fournies par les essais de phase I et de phase II définissent la limite inférieure d’efficacité du produit et la limite supérieure au-delà de laquelle on n’observe aucune amélioration supplémentaire ou on constate une toxicité inacceptable. L’essai de phase III est plus exigeant en ce qui concerne le nombre de participants, les mesures d’efficacité (quantifiées à l’aide de critères cliniques réels comme la progression de la maladie) et la durée (pour mesurer les effets d’une utilisation prolongée) (Yaster et al., 2012). Après des essais cliniques prometteurs, un fabricant peut déposer une « présentation de drogue nouvelle » à la DGPSA (Santé Canada, 2006). Une fois qu’un médicament est homologué, tout événement indésirable est consigné à l’aide de diverses méthodes de pharmacovigilance (voir le chapitre 6). En plus de la surveillance d’innocuité, l’évaluation continue des médicaments est importante pour connaître leur efficacité dans des conditions normales d’utilisation (c.-à-d. dans des situations réelles — en anglais effectiveness) plutôt que dans le contexte contrôlé idéal d’un essai clinique (en anglais efficacy) (Artlett et al., 2005). Le processus par étapes décrit ci-dessus est rarement suivi lorsque la recherche porte sur des médicaments pour enfants. Les enfants sont moins susceptibles de participer aux essais de phase I et de phase II. Cela signifie que les essais pédiatriques de plus grande envergure que sont les essais de phase III peuvent être élaborés principalement à partir de données portant sur des adultes et de certaines études pharmacocinétiques pédiatriques (Iyasu et Murphy, 2007). Dans certains cas, les essais d’efficacité pédiatriques commencent alors que le médicament est déjà commercialisé pour des adultes. Ils peuvent donc même être considérés comme des études d’efficacité postcommercialisation au moment 18 Dans les essais cliniques, des indicateurs de substitution (comme la modification de variables physiologiques ou de mesures biologiques) remplacent souvent les résultats cliniques (qui modifient directement de manière significative la santé d’un sujet, par exemple la prévention de mortalité ou de morbidité, ou l’amélioration de la qualité de vie) (Yaster et al., 2012). Les indicateurs de substitution sont généralement obtenus plus rapidement ou à moindre coût, mais ils peuvent être trompeurs s’ils ne sont pas validés avec soin pour vérifier qu’ils peuvent prédire un résultat clinique selon des données scientifiques. Selon Hirschfeld (2010), « des patients qui ont des résultats positifs selon un indicateur de substitution médiocre peuvent ne pas obtenir de bénéfice clinique réel » [traduction] si, par exemple, il y a une relation de corrélation mais non de cause à effet entre l’indicateur de substitution et le résultat clinique. à la DGPSA de Santé Canada Demande d’autorisation d’essai clinique Phase III • Confirmation d’efficacité et d’innocuité • Effets d’une utilisation à long terme • De 1000 à 10 000 sujets Phase II • Étude préliminaire d’efficacité et de toxicité • Détermination de la fourchette des doses potentiellement thérapeutiques • De 100 à 200 sujets atteints de l’affection pour laquelle le médicament est étudié Phase I • Pharmacologie de base (ADME) • Profil d’innocuité • De 20 à 80 sujets Essais cliniques • Nouvelle demande d’homologation à la DGPSA • Décision d’homologation • Monographie du produit Autorisation Études postcommercialisation • Essais cliniques • Études observationnelles Suivi et surveillance • Surveillance passive • Rapports sur des cas et séries de cas • Stimulation de déclaration • Surveillance active Pharmacovigilance Après la commercialisation Dans le cas des adultes, l’efficacité d’un médicament est surtout étudiée avant son homologation (autorisation de commercialisation). Les études préalables à la commercialisation comportent quatre phases : études précliniques (non sur des humains), puis trois phases d’essais sur des humains. Après l’homologation du médicament, le fabricant peut effectuer des études postcommercialisation, afin par exemple de déterminer son efficacité dans des sous-populations comme celle des enfants ou en combinaison avec d’autres médicaments. Figure 5.1 Le processus de mise au point des médicaments au Canada • In vitro • In vivo (animaux) • Mesure du degré d’efficacité et de la toxicité possible Études précliniques Avant la commercialisation Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 135 136 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada où ils sont effectués sur des enfants. Afin d’éviter toute confusion, le comité définit comme suit les études précommercialisation et postcommercialisation menées sur un médicament : • Études précommercialisation : études d’efficacité ou d’innocuité effectuées avant l’homologation du médicament pour quelque indication que ce soit (c.-à-d. avant la mise sur le marché du médicament pour le traitement de n’importe quelle maladie, quelle que soit la tranche d’âge). • Études postcommercialisation : études d’efficacité ou d’innocuité effectuées après l’homologation du médicament pour au moins une indication dans une tranche d’âge. Ces études peuvent être liées à l’indication ayant fait l’objet de l’homologation (p. ex. études qui portent sur les effets nocifs, les bienfaits et l’utilisation optimale à long terme du médicament) ou tester l’efficacité et l’innocuité pour de nouvelles sous-populations telles que les enfants (FDA, 2013c). Nous verrons au chapitre 6 que les études postcommercialisation constituent la principale méthode d’investigation des effets indésirables possibles dans la population réelle. Qu’elles surviennent avant ou après l’homologation du médicament, les études d’efficacité sont généralement des essais cliniques (et non des études observationnelles). Ce n’est toutefois pas toujours le cas (voir plus loin). Dans un contexte postcommercialisation, un scénario qui concerne souvent les enfants consiste à utiliser une étude d’efficacité pour faire des tests sur une nouvelle tranche d’âge ou sous-population, ou encore mettre à l’épreuve une nouvelle formule ou une nouvelle posologie. Dans ces deux derniers cas, on compare souvent un traitement établi et efficace (comparateur actif — voir la sous-section 5.5.2) à la nouvelle formule ou posologie, afin de déterminer si ces modifications rendent le nouveau traitement plus efficace que le traitement établi (Scheifele et al., 2007; Faye et al., 2012). Un autre type d’analyse postcommercialisation fait appel à une méthode plus répandue pour détecter les effets indésirables d’un médicament (abordés au chapitre 6). Cette méthode repose sur des initiatives de surveillance et des études observationnelles subséquentes pour continuer de recueillir et d’analyser après l’homologation du médicament de l’information sur son efficacité. Un élément obligatoire de cette façon de procéder est la gestion d’un réseau de bases de données qui fournit un accès centralisé à divers types de données sur la santé d’une personne. Le ministère de la Santé du Manitoba possède un tel réseau; celui-ci comprend plusieurs bases de données informatisées (p. ex. le Réseau pharmaceutique informatisé et le système MIMS — Manitoba Immunization Monitoring System — de suivi des immunisations) qui peuvent être reliées par Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 137 un numéro unique de services de santé attribué à chaque personne. Ces bases de données ont servi à surveiller l’efficacité du vaccin contre la grippe H1N1 en reliant l’information contenue dans la MIMS sur l’état d’immunisation des personnes et les résultats de tests effectués au laboratoire de santé publique de la province (le Laboratoire provincial Cadham). L’examen de l’état d’immunisation contre le virus H1N1 des personnes testées positives et négatives pour la grippe a permis de déterminer que le vaccin était très efficace chez les personnes âgées de 6 à 35 mois et de 3 à 49 ans, et moins efficace chez les personnes âgées de 50 ans et plus ou immunodéficientes (Mahmud et al., 2011). Comme la vaccination a pour objectif de produire une immunité à long terme, d’autres éléments étudiés à propos des vaccins après leur commercialisation comprennent la baisse d’efficacité avec le temps ou résultant d’une combinaison de vaccins. À titre d’exemple, Tomovici et al. (2012) ont effectué un ECA multicentre pour évaluer la persistance des anticorps après une seule dose de rappel du vaccin dTca (contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche acellulaire) chez les adolescents et les adultes. Avant la dose de rappel, de nombreux participants n’avaient pas d’anticorps détectables contre les antigènes de la coqueluche, donnant à penser qu’ils étaient susceptibles d’attraper la coqueluche à cause de la baisse de leur immunité après leur vaccination pendant l’enfance. Dix ans après la dose de rappel, la plupart des participants étaient encore séropositifs pour au moins un antigène de la coqueluche, mais à des niveaux significativement moindres. Par conséquent, la baisse d’efficacité du vaccin dTca, combinée à des taux insuffisants de dose de rappel, contribue au maintien du réservoir de la coqueluche. C’est là une source importante de préoccupation en ce qui concerne l’efficacité du traitement, en particulier pour les jeunes nourrissons, qui sont davantage vulnérables à la morbidité et à la mortalité due à la coqueluche (Tomovici et al., 2012). Un problème supplémentaire d’efficacité peut survenir dans le cas de vaccins combinés. Par exemple, lorsque l’on combinait un vaccin dTca avec un vaccin contre Haemophilus influenzae de type b (Hib), le vaccin combiné produisait beaucoup moins d’anticorps contre Hib que lorsque le vaccin contre Hib était administré séparément. Par contre, des études observationnelles ont montré que le vaccin combiné était quand même capable de protéger les enfants contre la maladie due à Hib (Eskola et al., 1999; Denoël et al., 2007). 138 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Ces exemples prouvent l’utilité des données sur l’efficacité des médicaments homologués recueillies après leur mise sur le marché. Ils mettent également en lumière les objectifs variés des études d’efficacité et la gamme de méthodes que l’on peut employer pour atteindre ces objectifs. 5 . 3 É TUD E D E L’E F F I C ACI T É DE S M É DI CAMENTS C HE Z LE S E N FANT S : AP E R ÇU DE S DIFFIC U LTÉS L’étude de l’efficacité des médicaments chez les enfants pose certains défis particuliers (résumés à la figure 5.2). Comme on l’a mentionné plus haut, les études d’efficacité de médicaments sont généralement des essais cliniques; la plupart des défis à relever ont donc trait à la réalisation d’ECA. Avant de planifier un essai clinique, il est utile de tenir compte de l’information disponible, afin d’exploiter au maximum les connaissances acquises et de diminuer le fardeau de la recherche. Un examen systématique et une méta-analyse des données disponibles (concernant des animaux, des adultes et des enfants) peuvent permettre le cas échéant d’éviter d’autres essais cliniques ou d’en réduire la portée si les données requises existent ou si une extrapolation est possible (voir la sous-section 5.6.2). Même si un essai clinique est nécessaire, l’information existante est probablement utile pour la planification de la nouvelle étude. Par exemple, les données d’études précédentes peuvent aider les chercheurs à décider quels patients recruter pour un essai à venir, notamment pour des thérapies où les facteurs individuels ont des effets positifs ou négatifs importants sur l’efficacité du traitement. Il peut s’agit de biomarqueurs liés à la probabilité d’un effet pharmacologique chez une personne (p. ex. un biomarqueur indiquant la présence d’un récepteur du médicament à l’étude) ou de mutations des gènes qui codent les enzymes métabolisant le médicament (voir le chapitre 3). La prise en considération de ces facteurs contribue à l’atteinte des objectifs ultimes de la recherche clinique sur des médicaments, à savoir évaluer l’innocuité et l’efficacité d’un traitement médicamenteux chez des patients individuels plutôt que l’effet moyen du traitement dans un groupe de patients un peu semblables atteints d’affections similaires. Le Groupe d’oncologie pédiatrique (COG — Children’s Oncology Group) utilise cette méthode en accumulant de l’information pour concevoir des protocoles cliniques pour de nouveaux médicaments contre le cancer. Dans un premier temps, des essais de plus grande ampleur, menés sur des populations plus nombreuses, peuvent révéler des caractéristiques moléculaires (p. ex. expression de molécules spécifiques par les tissus tumoraux) associées à des sous-types donnés de maladie qui répondent de manière différente au traitement. Des essais plus restreints sont ensuite menés avec des traitements ciblant des sous-types moléculaires précis de la maladie (Gajjar et al., 2013; Gamis et al., 2013). Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 139 Si l’on prévoit effectuer un ECA d’efficacité pédiatrique, il faut s’attaquer à un éventail de difficultés, répartis dans la figure 5.2 en quatre catégories principales : • Éthique : Beaucoup des préoccupations éthiques de la recherche clinique sont amplifiées dans le cas d’enfants, puisque ceux-ci ne sont pas en mesure de comprendre l’information concernant les risques et les bienfaits de la participation à un essai et ne sont pas juridiquement aptes à donner un consentement éclairé (Trois Conseils, 2010). Cependant, par rapport à la version de 1998 de la politique nationale canadienne sur l’éthique de la recherche — l’Énoncé de politique des trois Conseils : Éthique de la recherche avec des êtres humains (Trois Conseils, 2005) —, la version à jour reflète un point de vue plus réceptif à la recherche sur des enfants. Par exemple, elle reconnaît que même si certaines populations, comme les enfants, ont une capacité réduite d’exercer leur autonomie (c.-à-d. « de délibérer au sujet d’une décision et d’agir en conséquence »), la participation de ces populations à la recherche peut être « précieuse, juste, voire nécessaire » si des mesures appropriées sont prises pour leur assurer une protection suffisante (Trois Conseils, 2010). • Acceptabilité : Le milieu de la recherche reconnaît l’importance de la participation d’enfants à des études de pharmacologie clinique. Cependant, il y a parfois certaines réticences à recruter des enfants, à cause de leur vulnérabilité (Pickler et Martin, 2010), et ils ont été exclus pour cette raison de tous les types de recherche (Grondin et Glantz, 1994). Avec le temps, cette situation a rendu les enfants orphelins thérapeutiques (Kodish, 2005; Avard et al., 2009). • Rareté : Dans le cas de beaucoup d’affections pédiatriques, le nombre d’enfants atteints est faible, en particulier s’il s’agit de maladies rares ou qui touchent les enfants d’une tranche d’âge précise. • Normalisation : L’absence de normes claires et appropriées ainsi que de critères d’évaluation validés pour les essais pédiatriques nuit à la constance d’exécution de ces essais et rend difficiles les comparaisons entre différentes études portant sur un même médicament. Ces difficultés concernent les études pédiatriques en général, et d’autres problèmes s’ajoutent quant aux exigences d’ECA menés en parallèle sur plusieurs groupes (voir la section 5.4), qui peuvent être difficiles à satisfaire lorsque les essais portent sur des enfants. Après un exposé sur les ECA, la suite de ce chapitre présente des solutions possibles (modifications de conception, techniques d’analyse, clarifications des lignes directrices) aux problèmes que posent les essais d’efficacité pédiatriques. 140 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Étude de l’efficacité d’un médicament chez les enfants Quelle information est déjà disponible? Faire une revue systématique et une méta-analyse de toutes les sources disponibles (concernant des adultes, des animaux et des enfants). D’autres essais cliniques d’efficacité sont-ils nécessaires? Consulter des cliniciens, des patients et l’organisme de réglementation. Tenir compte par exemple des besoins médicaux non satisfaits et des données probantes exigées par l’organisme de réglementation. Non Demander l’homologation Faire au besoin une extrapolation pour produire les données nécessaires à l’homologation. Voir également si des études pharmacocinétiques supplémentaires sont nécessaires pour déterminer la dose appropriée. Non Effectuer un essai non aléatoire (p. ex. étude observationnelle) Oui Un essai clinique aléatoire est-il réalisable en pratique? Un échantillonnage aléatoire est généralement préférable, avec de rares exceptions où des motifs incontestables laissent entendre que ce n’est pas nécessaire. Oui Prévoir et résoudre les difficultés générales suivantes dans la conception et la réalisation d’un essai clinique sur des enfants : Éthique Acceptabilité • Effets nocifs et bienfaits de la recherche • Consentement éclairé à la recherche • Assentiment ou dissentiment à la recherche • Communication des résultats • Conservation et utilisation secondaire de spécimens prélevés • Médecine de précision • Rémunération • Lignes directrices de recrutement • Réticences à inclure des enfants dans des études d’efficacité (cliniciens, administrateurs, parents) Rareté (pas assez d’enfants pour effectuer l’essai) • Moins d’enfants que d’adultes • Maladies rares • Inquiétudes des parents Normalisation • Absence de normes quant aux tranches d’âge • Manque de résultats standard et validés, et problèmes de reddition de comptes sélective Le choix d’un type d’essai précis présente aussi des difficultés liées à la rareté et à l’acceptabilité. Il y a également la question de la souplesse que certains types d’essai permettent. La sous-section 5.4.2 et la figure 5.3 montrent les liens entre ces difficultés et le type d’essai. Figure 5.2 Relever les défis des études d’efficacité chez les enfants Avant de planifier un essai clinique pédiatrique, il est utile de tenir compte de l’information disponible, afin, le cas échéant, d’éviter d’autres essais cliniques ou d’en réduire la portée. Si l’on décide d’effectuer un ECA, les chercheurs doivent affronter certaines difficultés propres aux essais sur des enfants. Celles-ci concernent les aspects éthiques, l’acceptabilité, la rareté (nombre d’enfants participants) et la normalisation. Il faut aussi tenir compte de ces difficultés lorsque l’on choisit un type d’essai précis (voir la figure 5.3). Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 5 .4 141 E S S A I S C L I NI QU E S AL É AT OI RES La Deuxième Guerre mondiale est citée comme une « ligne de démarcation majeure en recherche médicale » (traduit de Kaptchuk, 1998). Avant cette période, la recherche clinique reposait en grande partie sur le jugement humain. Par la suite, les essais contrôlés ont acquis le statut de méthode préférentielle d’établissement de nouveaux traitements (Sacks et al., 1982). Au début, la répartition aléatoire des participants en un groupe de traitement et un groupe témoin n’était pas répandue, mais elle a été établie par la suite comme moyen de diminuer les biais, faire des études avec insu et produire des conditions se rapprochant de celles des tests statistiques (Chalmers, 1981). Les médecins étaient au départ réticents à accepter les résultats d’ECA, en particulier lorsque les conclusions de ces essais s’éloignaient de leur opinion personnelle. De plus, certains jugeaient les ECA contraires à l’éthique, puisque les patients sont traités en fonction du hasard plutôt que d’une opinion clinique. D’autre part, les promoteurs des essais non aléatoires reconnaissaient qu’un « biais inconscient peut fausser les résultats d’un essai » [traduction] et que lorsque les effets d’un traitement sont incertains, un ECA constitue de fait la manière la plus éthique de faire les recherches (Chalmers, 1981). Dans certains cas, des ECA ont prouvé que des traitements supposés bénéfiques étaient en fait inefficaces ou même nocifs. Les organismes de réglementation exigent maintenant des ECA pour l’homologation de la plupart des nouveaux médicaments, et des ECA ont été utilisés avec succès pour tester des traitements pour la plupart des maladies importantes (DeMets, 2002). 5.4.1 Principes des essais cliniques aléatoires Dans la recherche clinique actuelle, les ECA sont d’abord conçus avec soin pour tester une hypothèse. Après les étapes de planification et d’approbation éthique de l’essai, on procède au recrutement de patients appartenant à la population visée. Une étape de dépistage permet de recueillir de l’information sur l’état clinique de base des patients et de déterminer leur admissibilité à l’essai clinique. Après avoir confirmé par un consentement écrit leur participation volontaire à l’ECA, les personnes admissibles sont réparties au hasard en un groupe de traitement et un groupe témoin (ce que l’on appelle l’échantillonnage aléatoire). Cette répartition aléatoire minimise la possibilité que les caractéristiques de base de chaque groupe soient systématiquement différentes (biaisées) en ce qui concerne leur état clinique, leurs données démographiques et leurs facteurs de pronostic (Cipriani et Geddes, 2009). Cette répartition est généralement effectuée à l’aide d’une suite aléatoire produite par des logiciels ou tables de nombres aléatoires facilement disponibles (Hartling et al., 2012a). Lorsque le groupe de traitement et le groupe témoin sont comparés de manière simultanée, on dit qu’il s’agit d’un essai en parallèle (Cochrane Collaboration, 2013). 142 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Un autre aspect clé d’un ECA est la possibilité de dissimulation de l’affectation des sujets aux groupes d’étude, processus empêchant de savoir, entre le moment où un patient est jugé admissible à l’ECA et le moment de la répartition aléatoire, à quel groupe il sera affecté. Un autre élément souhaitable est l’insu, processus par lequel on fait en sorte que les sujets, les chercheurs et les autres intervenants (p. ex. les évaluateurs des résultats) ne soient pas au courant de l’intervention subie par un patient. Cela vise à assurer que tous les sujets des divers groupes soient traités de la même manière et que l’évaluation des résultats ne soit pas biaisée (Hartling et al., 2012a). Les revues scientifiques emploient souvent le terme de double insu. Il n’y a pas de définition normalisée du double insu, qui peut désigner toute combinaison d’insu (p. ex. participants et chercheurs ou cliniciens, ou participants et évaluateurs des résultats). Par conséquent, la description de la méthodologie d’un ECA donné devrait idéalement comprendre une description explicite de la procédure d’insu adoptée (Cipriani et al., 2008). Le dernier point crucial consiste à assurer un suivi complet de tous les patients qui participent à un essai; si des patients ne sont pas suivis ou abandonnent l’essai, les motifs et leur groupe d’appartenance sont notés, et il faut fournir une méthode d’analyse des données concernant ces patients. La répartition aléatoire, la dissimulation de l’affectation des sujets aux groupes d’étude, l’insu et le suivi complet visent tous à éviter les biais dans les essais cliniques. Réduction des biais grâce aux ECA Il ne faut pas confondre biais (erreur systématique) et imprécision (erreur aléatoire). Une étude peut être imprécise, c’est-à-dire avoir une conception rigoureuse mais produire des résultats différents chaque fois qu’elle est effectuée, à cause du petit nombre de participants, de l’utilisation d’une mesure des résultats peu fiable ou pour d’autres raisons. Par contre, une étude biaisée comporte des lacunes de conception qui se traduisent par une surestimation ou une sous-estimation des effets réels de l’intervention, et donnerait encore des résultats incohérents même si les autres paramètres, comme le nombre de participants, étaient adéquats (Higgins et Altman, 2008; Hartling et al., 2012a). Il y a biais de confusion « lorsque l’estimation d’une mesure d’association entre l’exposition à un médicament et l’état de santé est faussée [biaisée vers le haut ou vers le bas] du fait d’une ou plusieurs autres variables qui constituent aussi des facteurs possibles du résultat étudié » (traduit de Csizmadi et al., 2005). Ces variables peuvent influer sur la relation entre l’exposition à un médicament et l’état de santé (p. ex. empirer une réaction indésirable) ou rendre plus difficile la démonstration que l’exposition au médicament a eu un effet authentique sur le résultat. Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 143 La conception d’ECA prévient divers types de biais, dont le biais de confusion. En faisant en sorte que les caractéristiques de base de chaque groupe ne comportent pas de différences systématiques, l’échantillonnage aléatoire aide à prévenir le biais d’indication, qui est un cas particulier de biais de confusion19. Si la répartition aléatoire se fait à l’insu des chercheurs, ceux-ci ne sont pas portés à fournir inconsciemment de manière systématique un niveau de soins différent aux patients des divers groupes (biais de co-intervention). De plus, l’insu prévient une analyse différente des données des résultats selon les groupes (biais de mesure). Les participants peuvent également être affectés par le manque d’insu. S’ils découvrent quel traitement ils reçoivent, cela peut modifier leur comportement et leur compte rendu de symptômes subjectifs tels que la douleur (ce qui constitue également un biais de mesure) (Higgins et Altman, 2008). Il est préférable d’utiliser des résultats pertinents, validés et objectifs (p. ex. résultats d’analyses de laboratoire, mortalité de toutes causes) pour prévenir ces biais 20; par contre, dans la plupart des situations, les résultats déclarés par les patients peuvent jouer un rôle important dans la mesure des effets d’un traitement (Matza et al., 2013). Bien qu’un essai clinique idéal cherche à éliminer la plupart des sources potentielles de biais, il faut considérer le degré auquel un type donné de biais affecte une étude ainsi que le sens dans lequel va ce biais. Par exemple, si un essai comporte des biais potentiels qui pourraient diminuer la magnitude de l’effet d’un traitement, mais que l’ECA montre tout de même que le traitement est efficace, les résultats peuvent alors être considérés comme valides (Higgins et Altman, 2008). Le problème vient de ce que le sens dans lequel va le biais sur l’effet du traitement est souvent inconnu. De plus, un ECA peut 19 Si l’affectation de patients aux groupes de traitement se fait sans échantillonnage aléatoire, ceux qui ont certaines caractéristiques de base (p. ex. un bon état général de santé) peuvent se voir prescrire un traitement A, et ceux qui ont d’autres caractéristiques (p. ex. un état de santé médiocre) recevoir un traitement B. Une étude observationnelle peut conclure à tort que le traitement A donne de meilleurs résultats, alors que les patients de ce groupe étaient déjà en meilleure santé. C’est ce que l’on appelle le biais d’indication (Jepsen et al., 2004). 20 Les termes employés pour désigner les divers types de biais varient à cause de différences terminologiques entre domaines de recherche ou en raison de distinctions subtiles entre les situations décrites par ces termes. Par exemple, on parle parfois de facteurs confondants plutôt que de biais de confusion parce que les biais sont des erreurs systématiques qui doivent être prévenues à l’étape de conception de l’ECA, alors que les facteurs confondants peuvent être écartés lors de l’analyse des données. Cependant, en pratique, on ne fait pas toujours cette distinction, car il peut être impossible d’obtenir une estimation suffisamment précise de l’effet d’un facteur confondant donné (Csizmadi et al., 2005). 144 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada comporter des problèmes de généralisation qui ne peuvent pas nécessairement être contrôlés à l’étape de conception. Un exemple est celui du biais de volontariat, où des différences systématiques peuvent survenir lorsque les participants sont uniquement des personnes désireuses de participer à l’essai; ces personnes peuvent connaître des expositions ou des résultats différents de celles qui refusent (Jordan et al., 2013). Risques de biais dans un ECA pédiatrique Hartling et al. (2012a) ont récemment fait état de trois études portant sur les risques de biais dans des essais cliniques pédiatriques. Ces études ont fait appel à l’outil de Cochrane pour mesurer le risque de biais (Hartling et al., 2009; Crocetti et al., 2010; Hamm et al., 2010). Dans deux de ces études, le risque global de biais était indéterminé ou élevé pour la majorité des essais. De plus, ces essais montraient des effets exagérés du traitement par comparaison avec les essais ayant un faible risque de biais (Hartling et al., 2009; Hamm et al., 2010). Deux des domaines les plus problématiques étaient ceux de la production d’une suite aléatoire (méthode employée pour affecter de manière aléatoire les sujets aux groupes de traitement) et la dissimulation de l’affectation des sujets aux groupes d’étude (méthode employée pour s’assurer que la suite aléatoire est inconnue des participants et de ceux qui les recrutent). Par conséquent, les méthodes actuelles d’essais cliniques pédiatriques peuvent se traduire par des essais comportant un risque élevé de biais, d’où le besoin d’autres recherches sur les causes de ces risques et les stratégies pour les atténuer (Hartling et al., 2012a). Groupes témoins dans les ECA Le but principal de l’inclusion d’un groupe témoin à des fins de comparaison est de faire la distinction entre, d’une part, les effets du traitement à l’étude sur l’évolution des patients (p. ex. évolution des symptômes, des signes ou d’autres indicateurs de morbidité) et, d’autre part, les effets d’autres traitements, de la maladie elle-même ou de l’absence de traitement (ICH, 2000b). La FDA et l’ICH décrivent quatre types d’essais comportant des groupes témoins en parallèle (c.-à-d. des essais en parallèle) : placebo, comparateur actif, absence de traitement, et dose-effet (ICH, 2000b; FDA, 2010a). Le type de groupe témoin le plus répandu et largement reconnu est le type placebo (Streiner, 2007). Un placebo consiste en un traitement sous forme de comprimés ou d’injections qui ne contiennent pas le produit à l’étude mais lui ressemblent autant que possible quant à leurs caractéristiques physiques (ICH, 2000b). Les groupes placebo Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 145 servent à distinguer les effets du médicament de l’effet placebo (améliorations réelles ou perçues) et à maintenir l’insu. Ces groupes sont parfois appelés groupes témoins négatifs. Un ECA qui comporte un groupe témoin placebo est conçu pour répondre à la question : « Le traitement fonctionne-t-il? » Un comparateur actif (c.-à-d. un traitement éprouvé qui est efficace et constitue généralement la norme de traitement de l’affection en cause) peut être utilisé au lieu d’un placebo comme point de comparaison (Fleming, 2008). Un ECA qui fait appel à un comparateur actif est conçu pour répondre à la question : « Le traitement fonctionne-t-il par comparaison avec les soins habituels? » Les comparateurs actifs sont abordés plus en détail à la sous-section 5.5.2. Un essai peut également comporter un groupe témoin avec absence de traitement. Comme on ne fait aucun effort pour dissimuler l’affectation aux groupes de traitement, les sujets et les chercheurs savent qui appartient à quel groupe (absence d’insu), ce qui accroît le risque de biais. Ce type d’essai peut être utile dans les situations où l’insu est difficile à réaliser (p. ex. traitements dont les effets secondaires sont faciles à percevoir). Les essais dose-effet comprennent des groupes qui reçoivent différentes doses d’un traitement, afin de déterminer la dose la plus susceptible de donner la réponse voulue. Ces essais peuvent également comporter des groupes placebo ou avec comparateur actif (ICH, 2000b). 5.4.2 Difficultés du choix d’un type d’étude pour la recherche pédiatrique On reconnaît maintenant à l’échelle mondiale que la communauté médicale, l’industrie pharmaceutique et les organismes de réglementation ont une responsabilité éthique de concevoir, mener et rapporter des études de grande qualité sur des médicaments administrés aux enfants (Shaddy et Denne, 2010; Hartling et al., 2012b). Pour assumer cette responsabilité, les ECA avec groupe témoin placebo sont acceptables dans le cas d’enfants, à condition d’être justifiés sur les plans scientifique et éthique, comme dans les cas d’incertitude absolue sur l’efficacité relative de la thérapie administrée à chaque groupe de traitement lors d’un essai (Freedman, 1987). L’emploi d’un placebo est justifié dans certaines circonstances, par exemple « lorsqu’il n’y a aucun autre traitement communément accepté pour l’affection en cause » [traduction] ou lorsque l’efficacité ou le profil des bienfaits et effets nocifs du médicament couramment employé sont remis en question (Shaddy et Denne, 2010). L’encadré 5.1 donne un exemple d’un ECA avec placebo sur des nourrissons. 146 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Encadré 5.1 Un succès canadien en matière d’ECA sur des nouveau-nés : la caféine dans le traitement de l’apnée du prématuré Les nourrissons prématurés ont souvent une affection appelée apnée du prématuré, qui comporte des pauses dans la respiration et l’arrêt du flux respiratoire. Les interventions cliniques pour traiter cette affection comprennent la ventilation spontanée avec pression expiratoire positive et un traitement médicamenteux (Stokowski, 2005). Depuis des décennies, on traite cette affection à l’aide de méthylxanthines (p. ex. la caféine), qui font partie des médicaments les plus communément prescrits en médecine néonatale (Millar et Schmidt, 2004; Conroy et McIntyre, 2005). Malgré son usage répandu, une forme homologuée de caféine pour administration chez des nouveau-nés n’est disponible qu’aux États-Unis et en Europe (Conroy et McIntyre, 2005; EMA, 2009). Les méthylxanthines réduisent l’apnée du prématuré au moyen de plusieurs mécanismes, dont l’un fait intervenir les récepteurs de l’adénosine. Comme l’adénosine joue un rôle protecteur du cerveau, la découverte de ce mécanisme a suscité des questions sur les effets indésirables possibles des méthylxanthines sur la croissance, le développement neurologique et le comportement. De plus, la plupart des recherches sur l’efficacité des méthylxanthines s’étaient concentrées sur ses bienfaits à court terme (Millar et Schmidt, 2004). Pour répondre à ces questions sur l’innocuité et l’efficacité des méthylxanthines, un essai novateur d’initiative canadienne — l’étude sur la caféine pour l’apnée du prématuré (CAP) — a été lancé en 1999 (ClinicalTrials.gov, 2013). L’étude CAP est un essai clinique aléatoire multicentre avec groupe témoin placebo, dont les participants sont au Canada, aux États-Unis, en Australie, en Europe et en Israël. Ses premiers résultats ont confirmé les bienfaits à court terme de la caféine (moins longue période de ventilation spontanée avec pression expiratoire positive et taux réduit de dysplasie bronchopulmonaire, une affection pulmonaire chronique) (Schmidt et al., 2006). Un suivi effectué à l’âge corrigé de 18 à 21 mois a révélé une incidence réduite de la paralysie cérébrale et des retards cognitifs chez les nourrissons traités à la caféine (Schmidt et al., 2007). À l’âge de cinq ans, il n’y avait plus de différence entre le groupe traité et le groupe placebo pour ce qui est des fonctions motrices et cognitives, en partie à cause d’une baisse générale du taux de déficience cognitive de l’âge de 18 mois à l’âge de 5 ans dans les deux groupes. L’absence de tout effet indésirable chez les enfants traités à la caféine constitue un résultat rassurant de ce suivi à long terme (Schmidt et al., 2012). Les chercheurs suite à la page suivante Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 147 de l’étude CAP continueront de suivre cette cohorte afin d’examiner les résultats à l’âge de 11 à 12 ans. En étudiant une pratique adoptée depuis des décennies sans données adéquates sur son innocuité ou son efficacité, les chercheurs de l’étude CAP ont réduit l’incertitude entourant l’emploi de la caféine pour le traitement de l’apnée du prématuré, permettant aux cliniciens de la prescrire sans crainte d’effets indésirables à long terme. Certaines limites perçues des ECA avec placebo (et d’une manière générale des ECA menés en parallèle) font en sorte qu’ils semblent moins appropriés à l’étude de produits thérapeutiques chez les enfants que chez les adultes. Ces limites peuvent souvent être surmontées, comme on le voit en Europe et aux États-Unis, et comme le montre l’encadré 5.1. Beaucoup de ces limites sont présentes chez les adultes, mais peuvent être magnifiées chez les enfants. • Absence perçue de souplesse — On croit souvent que les ECA ont des règles rigides qui ne peuvent pas être modifiées après le début d’un essai sans en invalider les résultats. En réalité, il n’est pas rare de modifier les procédures d’essai (p. ex. critères d’admissibilité, durée du traitement, critères d’évaluation) ou les aspects statistiques (p. ex. nombre de participants, méthodes d’analyse des données), car davantage d’information sur un traitement devient disponible après le début de l’essai (Chow et Chang, 2008). Ce scénario peut être plus fréquent avec des enfants, puisque ceux-ci sont moins susceptibles de participer à des essais de phase I et de phase II. Il se peut donc qu’un essai pédiatrique de phase III soit conçu avec peu d’information spécifiquement pédiatrique (Iyasu et Murphy, 2007). Par exemple, il peut être difficile de prédire le nombre de participants nécessaires pour faire la démonstration d’une différence minimalement importante si la population pédiatrique visée n’a pas été étudiée antérieurement (van der Lee et al., 2008, 2010; van der Tweel et al., 2012). Dans les années 1970, des chercheurs ont commencé à mettre au point des méthodes mathématiques permettant des tests répétés sur des données d’essai et la modification subséquente de paramètres tels que le nombre de participants (Pocock, 1977; O’Brien et Fleming, 1979). Ces méthodes sont maintenant employées dans des essais cliniques depuis de nombreuses années (Chow et Chang, 2008). Par contre, certaines adaptations plus récentes sont moins bien comprises et ne font pas encore couramment partie du processus de planification des ECA (FDA, 2010c). 148 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada • Considérations éthiques et manque perçu d’acceptabilité — Même s’il y a des éléments d’éthique à prendre en considération dans les ECA sur des adultes comme sur des enfants, ces éléments sont amplifiés dans le cas d’enfants à cause de leur vulnérabilité perçue. On peut considérer comme contraire à l’éthique d’affecter des enfants au groupe placebo d’un essai, sauf en cas d’incertitude absolue (Baiardi et al., 2011) ou si un traitement efficace est disponible en dehors de l’essai. Par contre, selon des analyses d’essais cliniques, les nouveaux traitements mis à l’épreuve dans ces essais sont tout aussi susceptibles d’être moins bons que d’être meilleurs que les traitements standard (Kumar et al., 2005; Soares et al., 2005). De plus, lorsque des préoccupations éthiques perçues ont été utilisées comme motif de ne pas mener de recherche pédiatrique, des enfants en ont subi dans certains cas des conséquences indésirables; beaucoup des catastrophes médicales du XX e siècle ont touché des enfants (Saint-Raymond et Brasseur, 2005), et l’évaluation de ces médicaments sur des enfants dans des ECA auraient pu en révéler les risques. De nombreux chercheurs reconnaissent que les groupes placebo ne sont pas en soi contraire à l’éthique s’ils constituent la manière la plus scientifique d’évaluer l’efficacité et l’innocuité d’un médicament (Saint-Raymond et Brasseur, 2005). Cependant, des parents peuvent hésiter à faire participer leurs enfants à un essai s’ils savent que ces derniers pourraient recevoir un placebo au lieu d’un traitement potentiellement bénéfique, même si ce traitement en est encore au stade de la recherche (Smith et al., 2008). Les médecins peuvent être davantage susceptibles d’encourager les patients à participer à des essais avec comparateur actif plutôt que placebo, en partie à cause de l’opinion selon laquelle un essai avec comparateur actif offre aux patients une plus grande possibilité de bienfait personnel (Halpern et al., 2002). • Rareté — Pour qu’un ECA soit statistiquement significatif, il se peut que des données de centaines ou même de milliers de participants soient nécessaires. Il peut être difficile de recruter le nombre voulu d’enfants parce que, dans la plupart des pays, il y a moins d’enfants que d’adultes (Banque mondiale, 2013), et parce que le nombre de participants potentiels peut être encore plus faible si l’affection en cause est rare ou si la maladie touche une tranche d’âge précise. Un faible recrutement peut également découler des inquiétudes des parents concernant la participation de leurs enfants à un protocole de recherche (Pickler et Martin, 2010; Dunne et al., 2011), peut-être à cause de la crainte de procédures effractives comme des prises de sang. Il peut aussi découler d’exigences précises comme une tranche d’âge étroite. Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 5 .5 149 M O D IF I CAT I ON DE L A CONC EPTION D’EC A AFIN DE M I E U X L E S ADAP T E R À L A R EC H ER C H E PÉDIATR IQU E Diverses modifications peuvent aider à surmonter les limites perçues des ECA pour des études d’efficacité de médicaments sur des enfants. La figure 5.3 donne des exemples des questions auxquelles les chercheurs peuvent réfléchir lorsqu’ils planifient une étude d’efficacité différente d’un ECA classique en parallèle 21. Certaines des modifications possibles décrites ci-après produisent des résultats comportant un risque plus élevé de biais, ce qui augmente la probabilité de conclusions erronées (FDA, 2012b). D’autres modifications n’augmentent pas le risque de biais, mais limitent les types de questions qui peuvent faire l’objet de recherches, et donc les conclusions que l’on peut tirer de l’essai. Certains organismes de réglementation étrangers, comme la FDA et l’EMA, reconnaissent généralement les réserves associées aux ECA modifiés et les précautions à prendre lorsqu’une demande d’homologation s’appuie sur de tels ECA (EMA, 2012b; FDA, 2012b). D’autre part, comme le recours à des ECA modifiés pour l’homologation d’un médicament ne constitue pas une pratique standard, les chercheurs auraient avantage à discuter de la conception de leur ECA avec l’organisme de réglementation avant le début de l’essai, afin de s’assurer que ce dernier sera suffisant pour appuyer l’homologation du médicament à l’étude. 5.5.1 Recours à des essais qui procurent plus de souplesse Les ECA peuvent être modifiés de nombreuses manières qui en augmentent la souplesse, et les chercheurs en pédiatrie peuvent estimer que ces essais modifiés sont particulièrement avantageux. La souplesse accrue vient de la possibilité d’effectuer des analyses sur les données à mesure qu’elles sont recueillies au cours de l’essai. On peut subdiviser ces études en essais séquentiels et essais adaptatifs (Vandemeulebroecke, 2008). Les essais séquentiels peuvent contribuer à une plus grande efficacité de la recherche tout en répondant à des préoccupations éthiques. Au lieu de recruter et de répartir de manière aléatoire des enfants jusqu’à ce que l’on atteigne un nombre préétabli de participants, ces essais permettent aux chercheurs de vérifier à plusieurs reprises si assez d’information a été recueillie pour déterminer quelle intervention est la meilleure. Cela peut permettre de couper court à un essai, et donc d’économiser des ressources, de diminuer le nombre d’enfants qui reçoivent un traitement inefficace et de diminuer le nombre total d’enfants nécessaires pour compléter l’essai (van der Lee et al., 2008, 2010). L’essai peut conserver sa validité même si l’on ne spécifie pas à l’avance le nombre et le 21 Le comité reconnaît qu’il y a divers types d’ECA, mais pour faciliter la discussion, il appelle ECA modifié tout type d’ECA autre qu’un essai en parallèle. 150 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Choix d’un type d’essai pour un nouveau médicament prometteur Déterminer le protocole qui allie souplesse et acceptabilité tout en tenant compte de la rareté Souplesse Prévoit-on avoir besoin d’un type d’essai souple? Oui Envisager une étude qui permet de modifier les procédures d’essai ou les aspects statistiques en fonction des données recueillies : • essai adaptatif • essai séquentiel Y a-t-il des traitements établis et efficaces, appuyés par des données probantes? Oui Envisager un comparateur actif : • essai de non-infériorité • essai de supériorité Choisir la dose et le comparateur en fonction d’un examen systématique, d’études antérieures ou d’études nouvelles complétées S’il y a un nombre adéquat de participants, envisager : • de multiples essais à effectif unique • un essai multicentre ou en réseau Considérations éthiques et acceptabilité Non Rareté Non Utiliser un groupe témoin placebo Choisir un type d’essai approprié Considérer les types d’essai qui pourront améliorer l’acceptabilité en diminuant la durée d’administration du placebo ou en faisant en sorte que tous les patients reçoivent au bout du compte le traitement : • ECA en parallèle • phases de placebo aléatoires • expériences croisées • essai avec phase d’enrichissement Dans des circonstances exceptionnelles, envisager une étude observationnelle. Noter que le risque de biais est plus élevé dans les études observationnelles. Figure 5.3 Choix d’un type d’essai pour l’étude de l’efficacité d’un médicament chez les enfants Un ECA classique en parallèle peut être modifié de nombreuses manières qui le rendent plus approprié pour l’étude de l’efficacité d’un médicament chez les enfants. Des ajustements intermédiaires planifiés, en fonction des données recueillies, peuvent aider à accroître la souplesse de l’essai. Cette démarche peut être particulièrement utile pour des enfants, puisqu’il y a probablement moins d’information disponible avant le début de l’essai. Si un traitement efficace connu est déjà disponible, un comparateur actif (plutôt qu’un groupe témoin placebo) peut être approprié. Un essai conçu de manière à réduire la durée d’administration du placebo ou à faire en sorte que tous les patients reçoivent au bout du compte le traitement — p. ex. phases de placebo aléatoires ou expériences croisées — peut aider à améliorer l’acceptabilité perçue par les patients, les parents et les chercheurs, et ainsi faciliter le recrutement. S’il est difficile de recruter assez de patients pour un essai (p. ex. dans le cas d’une maladie rare), des essais multicentres ou de multiples essais à effectif unique constituent des solutions possibles. Si, en raison de circonstances exceptionnelles, aucune étude expérimentale n’est possible, on peut envisager une étude observationnelle. Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 151 moment des analyses intermédiaires (Lan et DeMets, 1983). Par contre, une fois qu’un essai séquentiel est commencé, il n’est pas possible d’en modifier la conception d’origine, par exemple en augmentant le nombre de participants (Vandemeulebroecke, 2008). Les essais adaptatifs sont essentiellement des essais séquentiels plus souples, puisqu’ils permettent des adaptations en fonction d’analyses intermédiaires (Vandemeulebroecke, 2008). Une fois que des modifications sont effectuées, une nouvelle phase de l’essai commence. Toutes les phases font l’objet d’analyses distinctes, et les valeurs p de chacune sont combinées selon une règle prédéfinie (van der Lee et al., 2008) (voir la sous-section 5.6.1 à propos des valeurs p). En général, afin d’assurer la validité des résultats, un protocole détaillé d’autorisation de modifications doit être défini pendant la planification de l’essai; la décision de faire des modifications est prise au cours du déroulement de l’essai, en fonction de l’analyse des données (FDA, 2010c). La FDA insiste sur une différence cruciale entre les analyses intermédiaires avec insu (c.-à-d. lorsque l’affectation des sujets aux groupes de traitement est inconnue) et les analyses intermédiaires sans insu. Même si une planification à l’avance est préférable, il est quand même acceptable de faire des modifications non prévues, à condition que le personnel ne connaisse pas l’affectation des sujets aux groupes de traitement. Par contre, les analyses sans insu doivent être planifiées avant le début de l’essai, sinon la possibilité de biais peut être une source de préoccupation majeure (FDA, 2010c). De manière générale, les essais adaptatifs ne devraient pas constituer des solutions pour compenser une planification inadéquate (Gallo et al., 2006). Ils peuvent être utiles pour des études pédiatriques difficiles à planifier en raison des lacunes de l’information disponible. Par exemple, pour calculer le nombre approprié de participants, il faut de l’information donnée par des études antérieures (portant sur des populations d’enfants semblables à celle de l’essai actuel), mais cette information peut ne pas être disponible (van der Tweel et al., 2012). Dans un essai adaptatif, le nombre de participants peut être augmenté après une analyse intermédiaire, afin de maintenir la qualité de l’étude, ou l’essai peut être prolongé pour donner d’autres critères d’évaluation (FDA, 2010c). 152 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Les essais séquentiels sont mieux établis que les essais adaptatifs et ont été utilisés dans plusieurs études pédiatriques. Dans un examen systématique d’essais menés sur des enfants (de la naissance à 18 ans) jusqu’en juillet 2007, van der Lee et al. (2010) ont trouvé 24 ECA qui ont fait appel à des essais séquentiels. Treize d’entre eux ont été effectués dans un contexte de soins intensifs néonatals. Par exemple, Lin et al. (1999) ont étudié l’efficacité d’un traitement précoce à la dexaméthasone pour prévenir une maladie pulmonaire chronique chez les nouveau-nés prématurés. L’étude a été interrompue lorsque des analyses séquentielles ont donné des résultats statistiquement significatifs en faveur de la dexaméthasone. Pour atteindre le degré voulu de signification statistique, il fallait 12 paires où un nourrisson avait une maladie pulmonaire chronique et l’autre non (Lin et al., 1999). Il n’y a pratiquement pas d’exemple publié d’essai pédiatrique adaptatif, mis à part un cas controversé concernant l’efficacité de l’oxygénation extracorporelle sur oxygénateur à membrane (OEOM) pour des nouveau-nés atteints d’insuffisance respiratoire, par rapport au traitement avec un respirateur conventionnel (Bartlett et al., 1985). Cette étude a fait appel à un échantillonnage aléatoire adaptatif réactif, dans lequel la probabilité d’être affecté au groupe du traitement le plus couronné de succès augmente continuellement avec l’accumulation de données sur son efficacité (Friedman et al., 2010). Dans son guide sur les essais cliniques adaptatifs, la FDA (2010c) mentionne deux problèmes principaux de ce type d’essai. Le processus d’adaptation peut : (i) entraîner des « lacunes de conception, d’analyse ou d’exécution se traduisant par des biais qui augmentent la probabilité de conclure faussement que le traitement est efficace (erreur de type I) » [traduction]; (ii) produire « des résultats positifs difficiles à interpréter » [traduction]. Une phase de planification plus longue et plus coûteuse est probablement nécessaire, en raison de la complexité des essais adaptatifs, et ces essais eux-mêmes peuvent devoir durer plus longtemps s’il faut davantage d’événements (FDA, 2010c). De plus, les résultats intermédiaires peuvent varier au début d’un essai, et l’adaptation de celui-ci en fonction de tendances qui émergent ou disparaissent peut constituer une réaction excessive et entraîner des décisions inappropriées dans la gestion de l’essai (Friedman et al., 2010). Malgré ces problèmes potentiels, les essais adaptatifs peuvent être utiles et méthodologiquement solides si les questions statistiques et organisationnelles sont abordées avec soin (Mehta et al., 2009; Mehta et Pocock, 2011). Même si les spécialistes de la méthodologie montrent de plus en plus d’enthousiasme pour ce type d’essai, les chercheurs et les promoteurs ont été jusqu’à maintenant réticents à y faire appel en pratique (Mehta et Pocock, 2011). La FDA encourage les chercheurs à acquérir de l’expérience d’essais de ce type au cours de la Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 153 phase exploratoire de la mise au point d’un médicament, où des études initiales peuvent orienter les décisions à venir sur les meilleures méthodes d’essai du médicament (FDA, 2010c). Même lors de phases ultérieures, des essais adaptatifs peuvent être utiles en cas de contraintes de temps, de ressources et de nombre de patients disponibles, puisqu’ils peuvent fournir avec plus d’efficacité la même information qu’un essai conventionnel (FDA, 2010c; Baiardi et al., 2011). 5.5.2 Utilisation d’un comparateur actif Les essais comportant divers types de groupes témoins peuvent tous fournir des données probantes sur l’efficacité d’un médicament. Les études qui font appel à des comparateurs actifs peuvent chercher à montrer que le médicament à l’étude est plus efficace (essai de supériorité) ou n’est pas moins efficace (essai de non-infériorité) que celui auquel on le compare. Dans ce dernier cas, il faut un critère externe explicite — appelé marge — pour définir une différence clinique pertinente (p. ex. une amélioration égale ou inférieure à 10 % du résultat principal est considérée comme une non-infériorité, alors qu’une amélioration de plus de 10 % est considérée comme une supériorité). Ainsi, alors que le nouveau traitement peut ne pas être équivalent au comparateur actif, un essai de non-infériorité vise à montrer que la différence entre les deux traitements est suffisamment faible pour considérer que le nouveau médicament se situe dans la même fourchette d’efficacité clinique que celui auquel il est comparé (FDA, 2010a). Autrement dit, l’objectif est de démontrer que le traitement expérimental « n’est pas plus mauvais à un point inacceptable » [traduction] que le comparateur actif (Fleming et Powers, 2008). Le choix du comparateur actif devrait reposer sur les données probantes disponibles. La FDA et l’EMA ont publié des documents donnant des conseils sur des questions telles que le choix d’une marge de non-infériorité appropriée ainsi que l’interprétation des résultats d’essais de supériorité et de non-infériorité (EMA, 2000, 2005; FDA, 2010a). Lorsqu’il existe un traitement établi et efficace, l’affectation aléatoire de patients à un groupe témoin placebo peut être considérée comme contraire à l’éthique. Par conséquent, comme les essais avec comparateur actif posent moins de problèmes d’acceptabilité, il est plus facile de recruter un grand nombre de participants, ce qui est particulièrement bénéfique pour les essais sur des enfants à propos de maladies rares (Abrahamyan et al., 2014). De plus, contrairement aux essais avec placebo, qui peuvent seulement démontrer qu’un nouveau traitement est meilleur que l’absence de traitement, les essais avec comparateur actif peuvent déterminer une efficacité relative (c.-à-d. si un traitement est plus efficace qu’un autre). Les médecins peuvent considérer cette information comme plus utile puisqu’elle peut les aider dans leurs décisions de prescription (Halpern et al., 2002). 154 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Voici quelques points à prendre en considération lorsque l’on interprète les données d’essais avec comparateur actif. Premièrement, ces essais reposent sur des données démontrant l’efficacité du comparateur actif; sans ces données probantes, une démonstration d’efficacité dans un essai de non-infériorité est impossible (ICH, 2000b). Par contre, un essai de supériorité peut être possible sans données probantes sur l’efficacité du comparateur actif, si le traitement constituant la norme n’a pas fait la preuve de son efficacité. Par exemple, dans certaines situations, un groupe témoin placebo peut être considéré comme contraire à l’éthique, mais il se peut qu’aucun traitement disponible n’ait démontré hors de tout doute son efficacité dans des essais avec placebo (p. ex. dans le cas de certains types de cancer ou de maladies rares). Le médicament à l’étude peut alors être comparé au traitement standard dans un essai de supériorité (EMA, 2005). Deuxièmement, le choix d’un comparateur actif peut constituer un défi. Pour pouvoir évaluer de manière fiable l’efficacité du nouveau médicament, le rendement du comparateur actif dans le contexte de l’essai en cours doit être semblable à son rendement dans les essais antérieurs (ce que l’on appelle souvent l’hypothèse de la constance) (Fleming, 2008). Troisièmement, il peut être difficile d’établir pour l’essai une marge de non infériorité qui soit crédible et significative sur le plan clinique (FDA, 2010a). Enfin, étant donné qu’un essai de non-infériorité peut entraîner l’homologation d’un traitement même s’il est moins efficace que celui auquel il est comparé, il se peut qu’au bout de plusieurs essais de non-infériorité successifs dans lesquels chaque nouveau médicament est légèrement moins efficace que son prédécesseur, un traitement inefficace soit faussement considéré comme efficace (Fleming, 2008; Everson-Stewart et Emerson, 2010). 5.5.3 Acceptabilité perçue et essais autres que des essais aléatoires en parallèle Il y a de nombreuses manières de modifier un ECA pour en améliorer l’acceptabilité perçue. Si aucun traitement établi n’est disponible, mais que les parents et les médecins sont quand même réticents à inscrire des enfants dans un essai avec placebo, on peut envisager des essais qui diminuent la durée d’administration du placebo ou qui font en sorte que tous les patients reçoivent au bout du compte le traitement à l’étude. Dans certaines circonstances, comme des cas de vie ou de mort où le temps compte, il peut être difficile d’obtenir Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 155 à l’avance un consentement éclairé. Même s’il existe des modalités établies permettant de surseoir temporairement à l’obligation d’obtenir un consentement, cela peut ne pas être possible dans tous les cas. De plus, un ECA peut ne pas être réalisable ou même nécessaire pour étudier certaines interventions sur des enfants atteints de maladies aux taux de mortalité extrêmement élevés; des études observationnelles combinées à des cas témoins antérieurs peuvent alors être plus appropriées. Des situations où les effets du traitement sont spectaculaires (p. ex. immédiats, rapides, ou encore bénéfiques chez une grande proportion des patients) et faciles à distinguer de l’évolution naturelle (sans traitement) peuvent ne pas exiger d’ECA (Glasziou et al., 2007). Un exemple d’une telle situation est celui de l’hypophosphatasie sévère périnatale ou infantile, affection qui entraîne une déficience de la minéralisation osseuse et la mort éventuelle par insuffisance respiratoire. Il n’existe aucun traitement médical homologué. Dans une étude publiée en 2012, tous les patients participants étaient atteints d’hypophosphatasie mettant la vie en danger ou invalidante. Tous ont eu une enzymothérapie de remplacement, qui a donné des améliorations spectaculaires chez tous les patients ayant complété au moins une année de traitement (Whyte et al., 2012). Le tableau 5.1 résume plusieurs modifications d’un ECA ainsi que d’autres types d’études qui peuvent répondre aux préoccupations d’acceptabilité. • Chaque patient reçoit deux ou plusieurs traitements dans un ordre aléatoire (p. ex. le groupe placebo et le groupe de traitement sont intervertis au milieu de l’étude). Expériences croisées • Les patients prennent d’abord un placebo et commencent le traitement à divers moments dans un ordre aléatoire. • Si le traitement est efficace, les patients qui le reçoivent plus tôt ont une probabilité plus forte d’y réagir plus tôt. Phases de placebo aléatoires Caractéristiques de l’étude Avantages • Permet de comparer plusieurs traitements chez le même patient, ce qui donne des résultats moins variables et permet donc de faire l’étude sur un moins grand nombre de participants. Inconvénients • Inapproprié aux traitements ayant des effets prolongés, permanents ou curatifs. • L’affection doit être chronique et stable. • Limité aux médicaments dont la demi-vie est brève et qui n’ont pas d’effets différés. Avantages • Tous les patients finissent par recevoir le traitement. • Les sujets et les chercheurs ignorent quand se fait le changement. Inconvénients • Limité aux traitements puissants ayant des effets rapides (les effets du traitement sont probablement impossibles à détecter si le temps de réponse au traitement est long et très variable). • Efficacité statistique moindre qu’avec un ECA classique, de sorte qu’un plus grand nombre total de participants peut être nécessaire. • Impossible de comparer directement le placebo et le traitement actif. Avantages et inconvénients • Étude des effets de la gentamicine administrée par voie nasale sur les patients atteints de fibrose kystique (maladie chronique génétique). • Traitement efficace chez les patients ayant un certain type de mutation. • Étude choisie à cause du tableau clinique variable de la maladie (propice à des comparaisons chez un même patient). (Wilschanski et al., 2003) • Étude de l’efficacité du rituximab, produit biologique pour le traitement de la myosite réfractaire de l’adulte et juvénile. • Pas de différence significative entre les divers groupes de traitement pour ce qui est du temps de réaction clinique. • Effet du traitement trop lent pour mesurer la différence. (Oddis et al., 2013) Exemple d’étude publiée de ce type Tableau 5.1 Études, autres que des essais en parallèle, qui répondent aux préoccupations d’acceptabilité perçue suite à la page suivante • Traitement réversible. • Médicament qui agit et qui est éliminé relativement rapidement. • Courant en recherche pédiatrique. • Étude d’un traitement curatif ou symptomatique pour lequel il est impossible ou inacceptable d’avoir un groupe témoin à long terme. Contexte dans lequel ce type d’étude peut être employé 156 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Avantages et inconvénients • Le produit est testé sur une population « enrichie ». • Dans un premier temps, tous les patients sont traités; l’essai se poursuit uniquement avec ceux qui répondent au traitement; ceux-ci sont répartis de manière aléatoire en un groupe de traitement et un groupe témoin. Avantages • Pouvoir de comparaison accru en ne poursuivant l’essai qu’avec ceux qui répondent au traitement, ce qui permet d’obtenir plus facilement des résultats significatifs avec moins de participants. • Diminution de la durée d’administration du placebo. • Les patients qui prennent le placebo peuvent recevoir à nouveau le traitement une fois que leurs symptômes réapparaissent. Inconvénients • Arrêt du traitement pour les enfants qui en bénéficient mais qui sont affectés au groupe placebo. • Limité aux médicaments dont la demi-vie est brève et qui n’ont pas d’effets différés. • Pas de comparaison directe avec la réaction au placebo ou au traitement témoin. Essai avec phase d’enrichissement, puis retrait aléatoire Caractéristiques de l’étude • Étude de l’efficacité d’une immunothérapie de l’arthrite juvénile idiopathique. • Le traitement a réduit de manière significative le risque de récurrence des symptômes. • Tous les patients (y compris ceux qui ne répondaient pas au traitement) se sont vu offrir le traitement pendant 5 autres années, et le traitement s’est même avéré efficace chez certains participants qui n’y répondaient pas au départ. (Ruperto et al., 2008, 2010) Exemple d’étude publiée de ce type suite à la page suivante • Traitement réversible. • Lorsqu’un essai en parallèle avec placebo est jugé inapproprié. • Beaucoup utilisé dans des essais pédiatriques en rhumatologie. Contexte dans lequel ce type d’étude peut être employé Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 157 • On choisit de manière prospective une issue (p. ex. survie), une population d’intérêt (p. ex. nourrissons prématurés) et au moins deux interventions (p. ex. traitement et absence de traitement). • Les patients sont recrutés selon des critères préétablis d’admissibilité, mais ils sont traités de manière individuelle plutôt que d’être affectés au hasard à une intervention. • Peut faire appel à l’appariement des coefficients de propension*. Étude observationnelle prospective Caractéristiques de l’étude Avantages • Les patients sont traités au cas par cas, ce qui peut être la seule possibilité lorsqu’une répartition au hasard est inacceptable. • Les parents sont plus susceptibles de donner leur consentement (chaque enfant aura des soins individuels). • Plus pratique pour les interventions thérapeutiques urgentes, où le court délai et le niveau de stress des parents peuvent rendre difficile le recrutement pour un ECA. Inconvénients • Risque de biais de confusion (notamment le biais d’indication), qui survient lorsqu’une exposition semble influer sur le résultat, alors qu’en réalité le résultat est dû à un autre facteur associé à l’exposition. Avantages et inconvénients • Comparaison en milieu hospitalier de la morbidité et de la survie de nourrissons extrêmement prématurés qui ont reçu ou n’ont pas reçu de traitement antihypotenseur. • Une étude antérieure a montré qu’un ECA n’était pas réalisable (problème important d’absence de consentement parental). • Certaines morbidités étaient plus communes chez les nourrissons traités, mais, selon l’analyse globale de régression, il n’y a eu aucune différence de survie ou de morbidité entre les deux groupes. (Batton et al., 2012, 2013) Exemple d’étude publiée de ce type suite à la page suivante • Expositions rares (petit nombre de sujets admissibles). • Lorsqu’un ECA est jugé irréalisable. • Le plus souvent utilisé pour des études d’innocuité (et non d’efficacité). Contexte dans lequel ce type d’étude peut être employé 158 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Avantages et inconvénients • Examen des effets d’un traitement antiviral sur la durée du séjour à l’hôpital d’enfants atteints de façon critique par la grippe. • Il y a eu appariement des coefficients de propension des patients traités et non traités. • Les données provenaient de la base de données PHIS (Pediatric Health Information System). • Le traitement a été associé à un séjour plus court à l’hôpital. (Coffin et al., 2011) • Expositions rares (petit nombre de sujets admissibles). • Lorsqu’un ECA est jugé irréalisable. • Le plus souvent utilisé pour des études d’innocuité (et non d’efficacité). Contexte dans lequel ce type d’étude peut être employé Source des données : Campbell et al. (1998); ICH (2000b); Feldman et al. (2001); Elbourne et al. (2002); Jepsen et al. (2004); Reed (2004); Strom (2005b); OMS (2007); Baiardi et al. (2011); Batton et al. (2012); IOM (2012a); Abrahamyan et al. (2014) Avantages • Les problèmes d’éthique entourant les études expérimentales ne se posent pas, puisque les données sont recueillies après coup. • Un consentement éclairé n’est pas nécessaire pour l’utilisation des données contenues dans les dossiers des patients. Inconvénients • Il peut être difficile de comparer des données entre groupes, à cause de données absentes dans les dossiers, les bases de données, etc., ainsi que des méthodes variables de collecte. • Risque de biais et de confusion, à moins d’utiliser des méthodes mathématiques telles que l’appariement des coefficients de propension pour égaliser les groupes. Exemple d’étude publiée de ce type * L’appariement des coefficients de propension est une méthode de correction de biais qui améliore la comparabilité entre groupes. On attribue un coefficient de propension à chaque individu selon ses caractéristiques de base, puis on classe les groupes à l’aide de ce coefficient, et les données peuvent être ajustées en conséquence. Les méthodes qui font appel à des coefficients de propension permettent d’effectuer des études rétrospectives à l’aide de données d’observation (p. ex. dossiers de patients) et de diminuer après coup le biais de confusion pour fournir une estimation non biaisée de l’effet du traitement. Ces méthodes permettent aussi de faire des études observationnelles prospectives sur des groupes non comparables en raison d’une répartition non aléatoire. Point important à souligner, toute méthode de correction ne peut s’appliquer qu’à des variables de confusion qui sont connues et mesurées, et certaines sont plus susceptibles d’être mesurées que d’autres (Johnson et al., 2012; Abrahamyan et al., 2014). • Comme ci-dessus, on choisit une issue, une population et au moins deux interventions. • Les données sont recueillies de manière rétrospective, dans des dossiers de patients, des registres, des bases de données, etc. • Peut faire appel à l’appariement des coefficients de propension. Étude observationnelle rétrospective Caractéristiques de l’étude Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 159 160 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Des études reposant sur des ECA modifiés peuvent être particulièrement attrayantes dans le cas d’enfants, pour de multiples raisons. Premièrement, elles permettent à tous les participants d’obtenir un nouveau traitement potentiellement bénéfique. Cela peut rendre l’essai plus acceptable pour les chercheurs, les parents et les enfants, d’où un plus grand nombre de participants (Baiardi et al., 2011; Abrahamyan et al., 2014). Deuxièmement, certains de ces essais peuvent fonctionner avec des participants moins nombreux puisqu’ils augmentent la puissance de comparaison (essais avec phase d’enrichissement) ou permettent de comparer plusieurs traitements chez un même patient (expériences croisées), de sorte qu’ils sont statistiquement significatifs avec moins de participants. Même s’ils ont effectivement des limites (p. ex. plusieurs ne fonctionnent qu’avec des traitements réversibles d’action brève et aux effets non curatifs), les ECA modifiés peuvent permettre de réaliser certaines études là où un ECA en parallèle classique n’est pas faisable. Dans certains cas rares et extrêmes (p. ex. lorsqu’il est difficile d’obtenir le consentement parental), il se peut que des études observationnelles doivent remplacer un ECA. Les études observationnelles peuvent être particulièrement importantes pour les maladies pédiatriques rares; les patients atteints sont souvent suivis dans des centres spécialisés où ils peuvent être observés collectivement (Abrahamyan et al., 2014). Par contre, un inconvénient majeur des études observationnelles est leur incapacité à maîtriser les biais potentiels inconnus ou non observés. De plus, leur validité repose sur des données probantes montrant que l’effet constaté dans des études observationnelles est suffisamment solide pour contourner le besoin d’un groupe témoin parallèle. Les études observationnelles conviennent davantage aux études d’innocuité postcommercialisation, qui visent à quantifier les risques de réactions indésirables (voir le chapitre 6). Néanmoins, une exigence centrale de l’étude de médicaments pédiatriques est la volonté d’envisager d’autres méthodes lorsqu’un ECA en parallèle est inacceptable ou irréalisable. Comme on l’a mentionné plus haut, les chercheurs devraient consulter l’organisme de réglementation avant d’utiliser des méthodes modifiées pour étudier l’efficacité d’un médicament, si ces études sont effectuées dans un but d’homologation. Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 161 5.5.4 Essais sur de petites populations cibles À cause de l’incidence plus faible de certaines affections, par exemple le cancer (Unguru, 2011) ou les maladies rénales (Foster et Warady, 2009), chez les enfants que chez les adultes, et de la faible participation aux essais cliniques pédiatriques pour des raisons comme l’anxiété des parents, il est difficile de recruter assez d’enfants pour faire un ECA adéquat. La faible incidence d’une maladie peut faire en sorte que très peu de patients admissibles reçoivent des soins dans une même institution. Des essais multicentres peuvent constituer une solution, puisqu’ils permettent d’inclure dans un même ECA des personnes géographiquement dispersées. Des démarches multicentres adoptées par des groupes de recherche en collaboration comme le Groupe d’oncologie pédiatrique (COG — Children’s Oncology Group) (voir l’encadré 5.2), constituent un très bon moyen de mener des études d’efficacité sur des enfants. Dans certains cas, il se peut que le nombre de patients participants admissibles ne soit pas suffisant pour mener un ECA dans un seul centre, mais que le réseau de ressources nécessaire à un essai multicentre ne soit pas en place. On peut tenter de résoudre ce problème en menant de multiples essais à effectif unique, qui consistent à mesurer l’efficacité d’un traitement par rapport à un placebo sur un même patient (échantillon d’une seule personne), qui agit comme son propre sujet témoin. Au cours de plusieurs périodes successives, on administre le placebo ou le traitement de manière aléatoire et à double insu, et l’on mesure la réaction du patient au bout de chaque période (Johannessen, 1991). L’essai à effectif unique a pris plus de place dans la littérature médicale au milieu des années 1980, et des chercheurs canadiens ont été des chefs de file de son développement (Gabler et al., 2011). À titre d’exemple, Guyatt et al. (1990) ont mis sur pied en 1988 un service pour aider les cliniciens à mener des essais à effectif unique et ont par la suite publié des lignes directrices détaillées permettant aux cliniciens de mener leurs propres essais. Nikles et al. (2006) ont adopté une démarche de service pour aider les cliniciens à déterminer le meilleur traitement médicamenteux pour des enfants atteints de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Le tableau 5.2 présente les avantages et inconvénients des études multicentres et des essais à effectif unique. • Suppose la collaboration de plusieurs sites. • Repose souvent sur des réseaux de recherche et registres internationaux (p. ex. le registre NAPRTCS — North American Pediatric Renal Trials and Collaborative Studies). Essai multicentre Description de la méthode Avantages • Idéal dans le cas de maladies rares pour lesquelles peu de patients sont disponibles dans chaque centre. • Les résultats peuvent être davantage généralisables, puisque les participants couvrent une aire géographique plus étendue. Inconvénients • Il peut y avoir des différences entre les centres d’essai en ce qui concerne les protocoles d’essai, l’exécution des procédures et la mesure des résultats. • Chaque site participant doit obtenir l’approbation de son comité d’éthique de la recherche (CER). Avantages et inconvénients Tableau 5.2 Méthodes d’essais sur de petites populations cibles Contexte dans lequel ce type d’étude peut être employé suite à la page suivante • Évaluation de l’efficacité d’une • Tout essai chimiothérapie intensive avec thérapeutique. administration d’imatinib chez les enfants atteints de leucémie aiguë lymphoblastique à haut risque. • Enfants traités dans plusieurs centres par des chercheurs affiliés au Children’s Oncology Group (Groupe d’oncologie pédiatrique). • Par rapport à des témoins traités antérieurement uniquement par chimiothérapie, l’ajout de l’imatinib a amélioré la survie sans événement indésirable. (Schultz et al., 2009) Exemple d’étude publiée de ce type 162 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Avantages et inconvénients • Au cours de plusieurs périodes successives, on administre le placebo ou le traitement de manière aléatoire et à double insu. • Le patient agit comme son propre sujet témoin. Contexte dans lequel ce type d’étude peut être employé * L’analyse bayésienne est abordée à la sous-section 5.6.1. • Traitement réversible. • Utilisation d’une série d’essais à • Médicament effectif unique et de l’analyse qui agit et qui est bayésienne* pour étudier l’efficacité éliminé relativement comparée d’une combinaison de deux rapidement. médicaments contre les nausées et les • Situation où vomissements par rapport à un seul la rareté de médicament, dans le cas d’enfants la maladie empêche atteints d’une tumeur au cerveau et le recours à soumis à une chimiothérapie causant un ECA en parallèle. beaucoup de nausées. • Des données de 10 patients ont laissé entendre que le traitement combiné était supérieur à la monothérapie. (Nathan et al., 2006) Exemple d’étude publiée de ce type Source des données : Johannessen (1991); Greene et Geiger (2006); Foster et Warady (2009); Unguru (2011); Abrahamyan et al. (2014) Avantages • On peut recourir à une série d’essais à effectif unique et à l’analyse bayésienne pour étudier l’efficacité d’un traitement pour une population donnée. • Permet une utilisation efficace des ressources et des patients disponibles lorsqu’un ECA en parallèle de grande ampleur n’est pas possible. • Le nombre de périodes de traitement et de placebo et la durée totale de l’essai peuvent être différents pour chaque sujet. • Aide à mettre au point des régimes thérapeutiques adaptés à chaque patient. Inconvénients • Semblables à ceux des expériences croisées (voir le tableau 5.1); les effets du traitement ne peuvent pas être prolongés ou curatifs. • L’affection doit être assez stable et de longue durée pour permettre des périodes répétées de traitement et de placebo. • Un médicament agissant rapidement est préférable (pour que les périodes de traitement soient plus courtes).). MEssais multiples à effectif unique Description de la méthode Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 163 164 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Encadré 5.2 Pleins feux sur des essais multicentres effectués par le Groupe d’oncologie pédiatrique (COG — Children’s Oncology Group) L’oncologie pédiatrique est considérée comme l’un des meilleurs exemples d’intégration des soins aux patients et de la recherche médicale (Unguru, 2011). Environ 70 % des enfants atteints de cancer participent à un essai clinique au cours de leur maladie (Joffe et al., 2006). Les premiers succès du traitement de la leucémie infantile ont conduit à l’élaboration de principes et lignes directrices applicables à d’autres cancers pédiatriques. Les progrès accomplis dans ce domaine ont résulté de la prise de conscience que des groupes de collaboration de grande ampleur seraient nécessaires pour étudier les cancers pédiatriques, étant donné leur rareté. Le premier de ces groupes a été le comité national de chimiothérapie anticancéreuse (Cancer Chemotherapy National Committee), constitué aux États-Unis en 1954 par le chercheur Sidney Farber. Un an après sa formation, près de 40 hôpitaux participaient déjà à des essais multicentres visant le cancer. Plusieurs autres groupes ont été mis sur pied par la suite, aboutissant à l’actuel Groupe d’oncologie pédiatrique (COG — Children’s Oncology Group). Le COG compte des membres de 240 centres de traitement de cancers pédiatriques dans sept pays, dont le Canada (Unguru, 2011). Avec la complexité croissante de la classification des principaux types de cancers infantiles, il est devenu encore plus difficile de recruter suffisamment de participants pour une maladie donnée, ce qui a entraîné une intensification de la collaboration internationale. Dans chaque centre membre du COG, les patients sont traités selon les protocoles standard du COG (O’Leary et al., 2008). Cela constitue un avantage important, non seulement dans le cadre d’une étude multicentre, mais aussi lorsque l’on considère plusieurs études. Par exemple, Schultz et al. (2009) ont fait appel à un groupe témoin de patients qui avaient été traités antérieurement. Même si l’on peut juger risqué de comparer des groupes traités à des époques différentes dans des essais différents, la normalisation des protocoles d’essai au sein du COG permet de faire des comparaisons indirectes qui soient valides et raisonnables. Ces essais sont souvent complexes, avec la participation de plusieurs groupes de traitement ayant des doses, des calendriers et des traitements différents, et il est donc commode d’éviter d’ajouter un traitement qui a déjà été mis à l’épreuve dans un essai précédent du COG. Le pouvoir de la collaboration est ultimement démontré par des publications qui passent en revue des décennies d’essais multicentres. Par exemple, une étude menée par le COG en 2010 a comparé les résultats de 13 298 patients atteints de leucémie aiguë lymphoblastique et traités selon 16 protocoles différents (Gaynon et al., 2010), ce qui a suscité plusieurs observations cruciales sur le succès des traitements et la conception des essais. Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 165 Les études multicentres sont très efficaces lorsqu’il n’y a pas assez de participants. Dans le cas de maladies infantiles rares, elles peuvent être le seul moyen d’effectuer des ECA en parallèle d’une ampleur suffisante pour obtenir de l’information utile. Si divers éléments sont en place, par exemple une infrastructure d’essai bien développée et un centre de coordination clinique en contact régulier avec les chercheurs et le personnel de soutien des divers sites, un essai multicentre peut constituer la meilleure solution pour des échantillons de petite taille (Foster et Warady, 2009). Même si l’on considère que les ECA en parallèle produisent l’évaluation la plus probante de l’effet d’une intervention thérapeutique (Baiardi et al., 2011), il ne faut pas écarter des méthodes telles qu’une série d’essais à effectif unique. Des organismes de réglementation comme l’EMA reconnaissent que les essais à effectif unique peuvent constituer une solution de rechange légitime lorsque des ECA en parallèle sont impossibles (EMA, 2006b). Pour certaines maladies infantiles rares, il se peut qu’il n’existe pas de réseau de recherche établi tel que le COG (voir l’encadré 5.2), et une série d’essais à effectif unique donnent une possibilité supplémentaire d’inclure des enfants dans la recherche. Cependant, comme pour les autres types d’essais modifiés, les chercheurs devraient consulter l’organisme de réglementation, puisque les essais à effectif unique ne sont pas encore considérés comme une pratique standard. 5 .6 TE C HNI QU E S D’ANALY S E QU I APPU IENT LE S E S S AI S P É DI AT R I QU E S La section 5.5 porte sur des modifications de conception des essais qui peuvent en améliorer la souplesse, l’acceptabilité et la faisabilité, favorisant la réalisation d’études d’efficacité de médicaments chez les enfants. En plus de cela, diverses méthodes analytiques peuvent aider à planifier les essais et à en analyser les données. Ces méthodes peuvent être utiles pour appuyer des ECA classiques en parallèle ou des essais modifiés. 5.6.1 Analyse bayésienne La méthode traditionnelle d’analyse de données dans le domaine médical s’appelle la statistique inférentielle. Elle s’appuie sur un indice appelé « valeur p » pour mesurer le caractère probant des données. La valeur p est définie comme la probabilité d’obtenir, avec l’hypothèse nulle (c.-à-d. selon laquelle les résultats sont dus au seul hasard) un résultat égal ou plus extrême par rapport au résultat observé. Avec cette méthode mathématique, l’information contextuelle et les aspects biologiques sont considérés de manière moins formelle, de même que les résultats des tests de signification, dans l’interprétation des résultats cliniques (Goodman, 1999b). Les méthodes bayésiennes autant qu’inférentielles sont instructives et peuvent jouer des rôles complémentaires dans l’analyse des effets d’un traitement. 166 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Contrairement aux méthodes inférentielles, les méthodes bayésiennes permettent de combiner de manière intuitive des données d’expériences différentes (Goodman, 1999a). Une analyse bayésienne intègre les données d’études antérieures et celles de l’étude en cours, pour donner une nouvelle distribution de probabilité à partir de laquelle on peut tirer des conclusions (Abrahamyan et al., 2014). Comme cette méthode tire parti de toute l’information disponible sur un traitement expérimental donné, l’étude en cours peut se contenter d’un nombre moins grand de sujets. Cette situation est idéale dans le cas d’enfants, parce qu’il est souvent difficile de recruter assez de participants pour un essai. De plus, de l’information antérieure portant sur des adultes peut parfois être utilisée dans l’analyse des données pédiatriques (Schoenfeld et al., 2009; Baiardi et al., 2011). À titre d’exemple, Goodman et Sladky (2005) ont étudié comment des méthodes bayésiennes pourraient servir à déterminer l’efficacité relative de deux traitements (plasmaphérèse et administration d’immunoglobulines par voie intraveineuse) d’une maladie extrêmement rare chez les enfants (le syndrome de GuillainBarré). Les auteurs ont utilisé des données antérieures sur l’efficacité du traitement chez des adultes pour construire une courbe de probabilité applicable à de petits ensembles de données pédiatriques (Goodman et Sladky, 2005). De plus, contrairement à l’analyse inférentielle, l’analyse bayésienne donne une probabilité directe concernant le traitement à l’étude. Ainsi, les méthodes bayésiennes sont aussi particulièrement utiles dans le cas de maladies rares, puisqu’elles permettent de réanalyser de petits ECA, ce qui peut procurer une information utile à partir d’études qui n’avaient pas permis de conclure d’un point de vue inférentiel (Abrahamyan et al., 2014). Les analyses bayésiennes sont probablement le plus utiles dans des situations où des données antérieures pertinentes sont disponibles. Cependant, Abrahamyan et al. (2014) mentionnent que l’utilisation d’information antérieure est controversée. Certains pourraient douter de l’exactitude de cette information. De plus, la manière dont elle est utilisée est subjective (mais, au moins, elle est explicite) (Spiegelhalter et al., 2000). Il existe toutefois des méthodes qui permettent de composer avec ces incertitudes. Les chercheurs peuvent choisir d’utiliser des a priori non informatifs (sans hypothèse sur les données antérieures) ou une famille d’a priori (p. ex. optimistes et sceptiques) qui devraient satisfaire tous les utilisateurs de la recherche. La méthode bayésienne peut également être employée dans un essai adaptatif (voir la sous-section 5.5.1) afin de modifier un essai en fonction de probabilités prédictives mises à jour. Cette méthode est complexe, mais les progrès des techniques de calcul en facilitent l’application (Howard et al., 2005). Malgré Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 167 les controverses dont elles font l’objet, les méthodes bayésiennes peuvent être particulièrement utiles dans le cas d’essais d’efficacité chez les enfants, en particulier lorsque les données sont limitées par le faible nombre de sujets. 5.6.2 Extrapolation En 1994, la FDA a mis la dernière main à un ensemble de conditions qui doivent être remplies pour que l’on puisse extrapoler des données sur l’efficacité de médicaments à partir d’adultes vers des enfants ou à partir de patients pédiatriques d’une tranche d’âge vers une autre (Dunne et al., 2011). La PREA (Pediatric Research Equity Act) permet l’extrapolation de données sur l’efficacité, mais non de données sur l’innocuité ou la posologie. À cause des différences liées au développement entre les adultes et les enfants, la pharmacocinétique pédiatrique et l’innocuité sont généralement difficiles à prédire à partir de données sur des adultes, et doivent donc être étudiées à l’aide d’essais menés sur des enfants (FDA, 2013d). Une extrapolation complète, expliquée ci-dessous, suppose qu’un médicament dont l’efficacité est prouvée chez les adultes sera également efficace chez les enfants (pour la même indication) si les paramètres suivants sont semblables dans les deux populations : • l’évolution de la maladie; • la relation entre exposition et effets (c.-à-d. que lorsque le médicament atteint une concentration sanguine chez les enfants équivalente à ce qu’elle est chez les adultes, il produit des effets semblables); • le résultat du traitement (c.-à-d. l’effet global du médicament et donc la réponse au traitement médicamenteux sont semblables). (ICH, 2000a; Bellanti et Della Pasqua, 2011; Dunne et al., 2011; FDA, 2013d) La démarche de la FDA est généralement appuyée par l’ICH et l’EMA; cependant, l’EMA met plus explicitement l’accent sur l’élaboration et la mise à l’épreuve d’hypothèses concernant les différences pharmacologiques cliniques liées à l’âge, et prône la définition d’un ensemble plus complet de démarches et de règles méthodologiques (ICH, 2000a; EMA, 2012b). La FDA a mis au point un arbre de décision des études pédiatriques, afin de guider les chercheurs dans le processus permettant de déterminer si l’extrapolation peut contribuer à l’homologation d’un médicament donné. Si aucune des conditions ci-dessus n’est satisfaite, un programme complet d’études peut alors être nécessaire, y compris des études pharmacocinétiques pour déterminer la dose, ainsi que des essais d’innocuité et d’efficacité. Si toutes les conditions sont remplies, seules des études pharmacocinétiques (pour obtenir des taux de médicament semblables à ceux des adultes) et d’innocuité sont nécessaires, et l’on parle alors d’extrapolation complète. Si les conditions sont satisfaites à l’exception de la relation entre exposition et effets, il faut alors des études pharmacocinétiques et pharmacodynamiques pour lier le niveau d’exposition aux mesures des 168 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada résultats (p. ex. biomarqueurs des critères de résultat clinique) pour appuyer une extrapolation partielle de l’efficacité du médicament (EMA, 2012b; Nelson, 2013). Comme on le mentionne à la sous-section 3.5.1, la modélisation et la simulation peuvent appuyer certaines de ces options (p. ex. par le choix de la fourchette de doses à étudier) (Manolis et al., 2011; FDA, 2014b). Avantages et limites de l’extrapolation Pour les raisons exposées plus haut dans ce chapitre — comme les réticences des parents et le petit nombre de candidats potentiels à des études — moins d’enfants que d’adultes sont disponibles pour des essais cliniques. Par conséquent, en réduisant le nombre et la complexité des essais cliniques nécessaires à l’homologation de médicaments pédiatriques, l’extrapolation peut diminuer le fardeau que représente pour les enfants la mise au point de médicaments, tout en rendant le processus plus rapide et plus efficace (Dunne et al., 2011; FDA, 2014b). Dans une recension des études pédiatriques présentées à la FDA de 1998 à 2008 en réponse à des demandes écrites, Dunne et al. (2011) ont constaté que l’on recourait souvent à l’extrapolation, et que les médicaments étaient plus susceptibles de faire l’objet d’une nouvelle indication pédiatrique ou de l’extension à une nouvelle tranche d’âge lorsque l’extrapolation était utilisée. Par contre, ce résultat était attribué au moins en partie au fait que les maladies pour lesquelles l’extrapolation est impossible ne font pas en général l’objet d’autant de recherches, peut-être parce qu’elles sont spécifiquement pédiatriques; par conséquent, les essais d’efficacité peuvent souffrir de ce manque de connaissances (p. ex. critères de résultat appropriés) et être davantage susceptibles d’échouer (Dunne et al., 2011). À titre d’exemple, l’extrapolation ne convient pas pour les cancers pédiatriques, puisque les tumeurs pédiatriques sont biologiquement différentes de celles des adultes (FDA, 2014b). Dunne et al. (2011) précisent dans leur étude que moins de 15 % des produits ont fait l’objet d’une extrapolation complète (où seules des études pharmacocinétiques et d’innocuité — ou, dans de rares cas, seulement des études d’innocuité — ont été menées sur des enfants). De plus, il s’agissait surtout d’appuyer l’extension d’indications ou de tranches d’âge, ou encore l’approbation de nouvelles formules, pour des médicaments déjà homologués chez les enfants, plutôt que d’extrapolations des adultes vers les enfants. Il y avait beaucoup plus souvent une extrapolation partielle, qui supposait tout de même au moins un essai d’efficacité pédiatrique. Comme le disent Dunne et al. (2011), « il n’existe pas de formule simple permettant de déterminer s’il y a des données probantes à l’appui d’une décision d’extrapoler l’efficacité d’un médicament à la population pédiatrique » [traduction]. Les méthodes d’extrapolation continuent d’évoluer avec l’enrichissement de nos connaissances. Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 5 .7 169 D É FI S À R E L E V E R DANS L E S ÉTU DES D’EFFIC AC ITÉ C HE Z L E S E NFANT S En plus des difficultés méthodologiques liées à la recherche sur l’efficacité des traitements pédiatriques, il faut aussi considérer soigneusement les défis concernant l’éthique et la normalisation. La plupart de ces questions s’appliquent à un vaste éventail de types d’études plutôt qu’à certains en particulier. C’est pour cela qu’on les aborde ici en termes généraux. 5.7.1 Initiatives importantes concernant les difficultés de la recherche pédiatrique Il y a un consensus international sur l’importance d’améliorer la quantité, la qualité et l’accessibilité des données sur les essais pédiatriques. Plusieurs initiatives (voir le tableau 5.3) ont été mises sur pied pour élaborer des lignes directrices, des normes et des bases de données visant à faciliter l’acquisition éthique et cohérente de données, ainsi que le compte rendu et le stockage de l’information sur des bases logiques. En plus d’améliorer la normalisation, l’Union européenne et ses États membres reconnaissent le besoin de réseaux de soutien pour s’attaquer aux problèmes logistiques des essais cliniques. L’encadré 5.3 présente le Réseau de recherche sur les médicaments pour enfants au Royaume-Uni. Tableau 5.3 Initiatives clés en matière de recherche pédiatrique StaR Child Health (StaR Child Health, 2012) (Standards for Research in Child Health — Forum international sur les normes pour la recherche sur des enfants) Année de fondation 2009 Mandat « Améliorer la conception, la réalisation et le compte rendu de la recherche pédiatrique, en élaborant et en diffusant des normes fondées sur des données probantes. » (traduit de Hartling et al., 2012b). Exemples d’organismes affiliés • GRiP Activités • Élaboration d’un ensemble de normes d’essais sur des enfants dans des domaines délicats de la recherche pédiatrique, dont l’éthique et la validité statistique suite à la page suivante 170 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada GRiP (GRiP, 2014) (Global Research in Paediatrics — Recherche mondiale en pédiatrie) Période de financement 2011–2015 Mandat « Faciliter la mise au point et promouvoir la disponibilité de médicaments pour enfants. » (traduit de GRiP, 2013). Exemples d’organismes affiliés • SickKids • NICHD • EMA • OMS Activités • Efforts pour diminuer la fragmentation de la recherche actuelle en pédiatrie et élaborer des normes, méthodes et outils harmonisés pour les chercheurs dans des domaines comme les essais cliniques, les études postcommercialisation et la mise au point de médicaments pour nouveau-nés • Élaboration d’un programme de formation en pharmacologie clinique pédiatrique reconnu à l’échelle internationale NICHD (NICHD, 2014) (National Institute of Child Health and Human Development — Institut national de la santé des enfants et du développement humain) Année de fondation 1962 Mandat Étudier le « processus complexe de développement de l’être humain, de la conception à la vieillesse. » (traduit de NICHD, 2012). Exemples d’organismes affiliés • Le NICHD est l’un des instituts des NIH. Activités • Recherche; financement de recherches, de prix et de programmes de formation; conseils aux chercheurs • En 2009, lancement d’une initiative d’harmonisation de la terminologie pédiatrique, afin de créer une bibliothèque de termes facilitant la comparaison et la combinaison de données recueillies par des chercheurs différents (NICHD, 2011) Organisation mondiale de la santé — Programme de médicaments essentiels pédiatriques (OMS, 2014b) Année de fondation 2007 Mandat S’attaquer aux nombreuses lacunes mondiales concernant la mise au point, la formulation, la réglementation et la distribution des médicaments pour enfants (AMS, 2007). Exemples d’organismes affiliés • Santé Canada • EMA • FDA • Swissmedic Activités • Contribution à la normalisation et à l’harmonisation des essais pédiatriques, en publiant des documents d’orientation tels que OMS (2011) • Gestion d’un portail d’essais cliniques sur des enfants à l’intérieur de son registre international des essais cliniques, ainsi que d’un Réseau des autorités de réglementation des médicaments pédiatriques (PmRN) (OMS, 2014a) suite à la page suivante Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 171 Réseau européen de recherche pédiatrique de l’EMA (Enpr-EMA) (EMA, 2012e) Année de fondation 2009 Mandat • Grâce à une collaboration efficace, former et renforcer des compétences scientifiques, techniques et administratives en matière d’essais cliniques pédiatriques. • Réduire la duplication d’efforts, améliorer l’utilisation efficace des infrastructures et élaborer des méthodologies communes. Caractéristiques des membres affiliés : • Expérience et capacité en recherche • Organisation et processus en réseau • Compétences scientifiques • Gestion de qualité • Capacité de formation et d’enseignement • Engagement public Exemples de réseaux affiliés • MICYRN • MCRN • PRINTO • PENTA Activités • Forum de communication avec des représentants de l’industrie et des patients • Élaboration de modèles communs et d’outils d’éducation, afin d’accroître la sensibilisation envers les essais et d’augmenter le recrutement, ainsi que d’améliorer la planification et la mise en œuvre des essais • Élaboration de réseaux spécialisés pour stimuler la mise sur pied de nouveaux réseaux paneuropéens d’essais cliniques • Modèle de plans d’investigation pédiatrique (PIP) Abréviations : EMA (European Medicines Agency — Agence européenne des médicaments); FDA (U.S. Food and Drug Administration — Administration américaine des produits alimentaires et médicamenteux); MICYRN (Maternal Infant Child and Youth Research Network — Réseau de recherche en santé des enfants et des mères); MCRN (Medicines for Children Research Network — Réseau de recherches sur les médicaments pour enfants); NIH (U.S. National Institutes of Health — Instituts nationaux de la santé des États-Unis); PRINTO (Pediatric Rheumatology International Trials Organisation — Organisation internationale des études en rhumatologie pédiatrique); PENTA (Paediatric European Network for Treatment of AIDS — Réseau pédiatrique européen pour le traitement du SIDA); SickKids (Hôpital pour enfants de Toronto); Swissmedic (Institut suisse des produits thérapeutiques). 172 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Encadré 5.3 Soutien aux ECA sur des enfants au Royaume-Uni : le MCRN Les chercheurs peuvent se sentir dépassés par les nombreux aspects logistiques à prendre en considération lors de la planification et de la mise en œuvre d’essais cliniques pédiatriques. En 2005, le Royaume-Uni a mis sur pied un réseau de recherches sur les médicaments pour enfants (MCRN — Medicines for Children Research Network), afin d’« améliorer la coordination, la rapidité et la qualité des essais cliniques aléatoires et d’autres études bien conçues sur des médicaments pour enfants et adolescents » (traduit de MCRN, 2011a). Même si le MCRN ne donne aucune subvention, il offre une infrastructure complète facilitant les études financées par des organismes publics ou par l’industrie pharmaceutique. Le MCRN a été créé en partie pour faire face à l’augmentation prévue de la demande d’essais pédiatriques financés par des entreprises suite à l’entrée en vigueur de la Réglementation pédiatrique dans l’Union européenne (Nunn, 2009). Grâce au centre de coordination du MCRN, aux groupes d’études cliniques (spécialisés dans divers domaines de la santé des enfants comme les troubles métaboliques, les neurosciences et la rhumatologie) et aux réseaux locaux de recherche, les chercheurs des universités et de l’industrie peuvent obtenir de l’aide pour préciser les questions à étudier, mettre sur pied des collaborations, concevoir des études, effectuer des évaluations de faisabilité (afin de déterminer si une étude est susceptible d’être couronnée de succès), mettre sur pied des sites d’essai (y compris obtenir les approbations voulues en matière d’éthique), recruter des patients, gérer le personnel de recherche et satisfaire aux exigences réglementaires à la fin des travaux (MCRN, 2011b). Le MCRN supervise le déroulement de toutes les phases des études, pour s’assurer qu’elles commencent, recrutent des patients et se terminent au moment voulu (Nunn, 2009). L’objectif général du MCRN est de créer une culture de soutien de la recherche et de réduire le fardeau des chercheurs, afin de les encourager à diriger et à effectuer des projets de recherche pédiatrique (MCRN, 2009). 5.7.2 Aspects éthiques des essais pédiatriques Dans les années 1970, suite aux critiques à l’endroit de plusieurs projets de recherche discutables sur le plan éthique, le Congrès des États-Unis a mis sur pied une commission qui a publié un rapport intitulé The Belmont Report: Ethical Principles for Protection of Human Subjects of Research. Dans ce rapport, la commission recommandait la mise en œuvre de trois principes éthiques dans la recherche sur des sujets humains : le respect des personnes, le principe de bienfaisance (préoccupation en faveur du bien-être) et le principe de justice (National Commission, 1979). Ces mêmes principes fondamentaux sont au centre Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 173 de la politique nationale sur l’éthique de la recherche au Canada — Énoncé de politique des trois Conseils : Éthique de la recherche avec des êtres humains, qui en est maintenant à sa deuxième édition (EPTC 2) (Trois Conseils, 2010). Ce qui est toutefois propre aux enfants et aux autres personnes qui ne sont pas en mesure d’exercer leur autonomie, c’est le fait que ceux qui agissent en leur nom doivent le faire dans le meilleur intérêt des personnes qu’ils représentent. D’autres questions doivent être prises en considération lorsque l’on applique ces principes à des enfants. Sans exposer en détail tout l’éventail des questions d’éthique qui se posent dans les essais cliniques menés sur des enfants, cette sous-section met l’accent sur des points précis : respect de l’autonomie ou du manque d’autonomie des enfants; effets nocifs et bienfaits; consentement éclairé; assentiment ou dissentiment à un essai; communication des résultats; conservation d’échantillons prélevés; génomique; rémunération; lignes directrices de recrutement. Les sous-sections 5.4.2 et 5.5.3 abordent les préoccupations que le public (p. ex. les parents) et les cliniciens peuvent avoir à propos de l’acceptabilité d’essais cliniques menés sur des enfants. Les comités d’éthique de la recherche (CER) fournissent un point de vue supplémentaire. Au Canada, un traitement expérimental ne peut être administré sans que le protocole de recherche ait été approuvé par un CER. Les cliniciens et les CER peuvent avoir des opinions différentes sur ce qu’est un traitement expérimental, innovateur ou communément accepté (Patenaude et al., 2008), et le contenu de documents comme les formulaires de consentement rédigés par les CER peuvent varier considérablement d’un centre à l’autre (Dove et al., 2013). Pour contribuer à l’harmonisation des normes éthiques dans les recherches sur des enfants et des adolescents, ainsi que pour guider les chercheurs et les CER, le Centre de génomique et politiques (CGP) de l’Université McGill et le Réseau de recherche en santé des enfants et des mères (MICYRN) ont produit le rapport intitulé Best Practices for Health Research Involving Children and Adolescents (CGP et MICYRN, 2012). Ce document constitue le point culminant de deux ans de consultations approfondies partout au Canada et a bénéficié des travaux de plusieurs sommités (Joffe et al., 2006; Ross, 2006; Graham et al., 2013). Il donne un aperçu des normes éthiques canadiennes, étrangères et internationales, et résume des problèmes bien connus des essais pédiatriques ainsi que plusieurs nouveaux aspects (décrits ci-dessous). Prière de consulter CGP et MICYRN (2012) pour un examen plus détaillé de ces questions. 174 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Effets nocifs et bienfaits de la recherche Les procédures canadiennes en matière d’éthique de la recherche reflètent les conventions internationales sur l’importance d’évaluer les bienfaits potentiels de la recherche, ainsi que la probabilité et l’ampleur de ses effets nocifs possibles (CGP et MICYRN, 2012). Ces effets peuvent être physiques (p. ex. douleur), psychologiques (p. ex. peur), sociaux (p. ex. discrimination) ou pratiques (p. ex. absentéisme de l’école). Toute analyse des bienfaits et des effets nocifs devrait tenir compte de l’effet cumulatif des effets nocifs et du point de vue de l’enfant. L’EPTC 2 énonce que les enfants et les autres personnes inaptes à exercer leur autonomie peuvent participer à des recherches uniquement si ces dernières ont un effet bénéfique direct sur leur santé, comportent des risques minimaux ou peuvent être bénéfiques à d’autres enfants (Trois Conseils, 2010). Certains pays, par exemple les États-Unis (CGP et MICYRN, 2012), sanctionnent la participation à des recherches qui présentent des risques légèrement plus élevés que minimaux sans bénéfice direct pour les participants. Mais les différences apparentes entre pays en ce qui concerne les risques acceptables peuvent en réalité refléter des différences d’évaluation et d’interprétation des diverses autorités. CGP et MICYRN (2012) énoncent que, selon la définition la plus généralement acceptée, un risque est considéré comme minimal s’il n’est pas supérieur aux risques de la vie quotidienne ou d’un examen médical de routine. Même si l’on dispose d’une définition normalisée d’un risque minimal, celle-ci reste difficile à appliquer de manière précise pour déterminer s’il est éthique de rechercher la participation d’enfants dont l’état de santé n’est pas le même. Il est vrai que ce qui constitue une procédure médicale de routine pour un enfant gravement malade est rarement nécessaire pour un enfant en santé. Par conséquent, les éthiciens font valoir qu’une mesure du risque minimal reposant sur l’expérience de procédures médicales de routine est déficiente comme fondement théorique et justification éthique (CGP et MICYRN, 2012). Si les risques sont minimes, ou si l’enfant doit bénéficier du traitement à l’étude (p. ex. un vaccin ou un traitement préventif), quelques normes canadiennes et étrangères permettent d’inclure dans la recherche des personnes mineures en santé. Dans ces situations, il faut si possible étudier en premier lieu les sujets les moins vulnérables (p. ex. des enfants plus âgés). De la même manière, il faut réfléchir avec soin aux bienfaits et effets nocifs de la recherche sur des enfants malades en phase terminale, à cause de leur grande vulnérabilité (CGP et MICYRN, 2012). Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 175 Consentement éclairé à la recherche Un élément central du principe du consentement éclairé en éthique biomédicale est la participation volontaire des personnes à toute recherche. Les objectifs, les bienfaits et les effets nocifs doivent être présentés aux participants potentiels d’une manière aussi claire et complète que possible. Dans le cas d’un enfant qui n’a pas la capacité de bien comprendre cette information, une tierce personne autorisée, le plus souvent l’un de ses parents, donne un consentement éclairé au nom de l’enfant (Trois Conseils, 2010). Au Canada, selon les provinces, les adolescents peuvent être considérés comme juridiquement aptes à donner un consentement éclairé lorsqu’ils atteignent l’âge de la majorité ou lorsqu’ils sont jugés matures (CGP et MICYRN, 2012). Dans un contexte de recherche, il est toujours difficile de donner assez d’information pour respecter les lignes directrices sans toutefois accabler inutilement les parents, les enfants et les adolescents (Caldwell et al., 2012). De plus, les chercheurs et les cliniciens doivent faire attention de ne pas créer de méprise thérapeutique22, en aidant les patients et leur famille à faire la distinction entre un traitement ayant un bénéfice médical clair et un essai clinique dont les bienfaits thérapeutiques sont inconnus (Durand-Zaleski et al., 2008). Assentiment ou dissentiment à la recherche Selon la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, accord international juridiquement contraignant dont le Canada est signataire, les enfants ont le droit d’exprimer leur point de vue sur toute question qui les concerne (ONU, 1989). Si l’on suppose qu’un enfant est capable de se former une opinion, celle-ci devrait être prise en considération en proportion de l’âge, du degré de maturité, des aptitudes cognitives et du développement de l’enfant. De plus, toute personne d’âge mineur devrait être informée par les chercheurs selon sa capacité personnelle de compréhension. Cela ne peut toutefois pas être lié à un âge particulier. On emploie le terme assentiment plutôt que consentement à propos de l’accord donné par un enfant pour participer à une recherche. De la même manière, un enfant a droit au dissentiment de participer à une recherche, à condition qu’il soit en mesure de comprendre l’importance de la recherche en question ou du rôle qu’il y jouerait (Dove et al., 2013). Lorsque, au cours d’une recherche, un enfant ou un adolescent atteint l’âge légal ou est considéré assez mature pour donner son consentement, ce dernier devrait être obtenu. Le comité de bioéthique du COG fournit des lignes directrices détaillées à ce sujet, appuyées par CGP et MICYRN (2012). Selon le COG, 22 Le terme méprise thérapeutique désigne « la notion selon laquelle, sauf si on les informe du contraire, les participants à une recherche (en particulier, mais non exclusivement, une recherche thérapeutique) supposent que les décisions quant aux soins sont prises uniquement à leur avantage. » (traduit de Appelbaum et al., 1982). 176 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada « la participation des enfants aux décisions concernant une recherche doit être vue comme un continuum allant d’une participation nulle... à un plein pouvoir de décision » (traduit de Joffe et al., 2006). Aux points intermédiaires de ce continuum, les chercheurs devraient tenir compte des souhaits exprimés par l’enfant, mais lui expliquer clairement si les décisions finales seront fondées ou non sur ces souhaits (Joffe et al., 2006). Communication des résultats Des questions nouvelles et pressantes se posent sur la communication et la remise des résultats de la recherche. Par exemple, va-t-on donner ou non à chaque participant à une recherche ses résultats individuels d’une technique appelée séquençage du génome entier (WGS)? Les débats sur les circonstances dans lesquelles les constatations prévues et non prévues — ces dernières sont appelées constatations fortuites — devraient être communiquées aux participants soulèvent des questions sur la responsabilité professionnelle des chercheurs. En général, l’enfant ou ses parents devraient être informés des résultats de la recherche qui les concernent individuellement ou des constatations fortuites qui ont une importance clinique au cours de l’enfance. Une constatation a une importance clinique si elle permet de prévenir une maladie ou de dicter des décisions de traitement au cours de l’enfance. La nature complexe de l’équilibre entre les bienfaits et les effets nocifs de la communication des constatations fortuites ne fait aucun doute. Les parents devraient être assurés de recevoir l’information importante sur le plan clinique pour leurs enfants, en particulier si l’étude révèle une maladie évitable pour laquelle des options de traitement sont disponibles au cours de l’enfance (CGP et MICYRN, 2012; Dove et al., 2013). Conservation et utilisation secondaire d’échantillons prélevés Les biobanques — une biobanque est une « collection organisée de matériel biologique humain et de l’information associée, conservés pour les fins d’une ou plusieurs recherches » (traduit de HumGen International, 2013) — jouent un rôle de plus en plus central dans la recherche clinique au Canada, car elles fournissent une information précieuse permettant d’évaluer des facteurs de santé et de maladie. Par contre, les biobanques soulèvent aussi des questions sur l’accès aux données qu’elles contiennent, de même que les utilisations possibles et la confidentialité de ces données, en particulier dans le contexte de la recherche pédiatrique. L’élaboration de politiques propres à la recherche pédiatrique suppose de résoudre des questions telles que les suivantes : la participation à long terme (p. ex. 25 ans) d’enfants à une étude; l’utilisation à long terme d’échantillons prélevés chez des enfants au cours d’une recherche; la maturité croissante de l’enfant; la capacité de l’enfant à prendre des décisions de manière autonome; l’assentiment ou le consentement Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 177 de l’enfant à l’utilisation d’échantillons biologiques et de données après la fin de l’essai. Les opinions diffèrent dans le monde sur ces questions : certaines politiques suggèrent le recours à un consentement élargi (dans le contexte où les biobanques sont des ressources), alors que selon d’autres, une telle pratique est contraire à l’éthique (CGP et MICYRN, 2012). Un consentement élargi « autorise l’utilisation continue d’échantillons et de données pour des projets de recherche futurs non spécifiés [sous réserve d’un examen des aspects éthiques] sans que de nouveaux consentements soient nécessaires » (traduit de CGP et MICYRN, 2012). L’étendue de l’autorité parentale à donner un consentement élargi à la contribution de leur enfant à une biobanque est compliquée par le fait que l’enfant peut acquérir la capacité juridique de donner lui-même son consentement au cours de l’étude. Les chercheurs doivent tenir compte à l’avance de ces questions, afin d’éviter des problèmes d’éthique. Par exemple, les échantillons prélevés chez un enfant devraient pouvoir être retracés (au lieu d’être anonymes), afin qu’il soit possible de communiquer (lorsque c’est faisable) avec l’enfant une fois qu’il a l’âge de donner son consentement (CGP et MICYRN, 2012). Les formulaires de consentement devraient décrire clairement les politiques d’accès et de confidentialité de l’étude. Dans la mesure du possible, les chercheurs pourraient aussi mettre sur pied des mécanismes de communication comme des bulletins d’information ou des sites Web énumérant tous les projets approuvés qui ont eu accès aux données ou aux échantillons des participants (Dove et al., 2013). Médecine de précision Le séquençage du génome entier, même s’il est actuellement surtout restreint au domaine de la recherche, pourrait permettre d’améliorer la prédiction des effets nocifs et, ultimement, du traitement et des soins en milieu clinique (voir le chapitre 3). L’adoption graduelle du séquençage du génome entier et d’autres formes de médecine de précision qui font intervenir une analyse bio-informatique de données complexes sur les biomarqueurs soulève inévitablement un certain nombre de questions éthiques concernant l’information produite. Le séquençage du génome entier et l’analyse bio-informatique d’échantillons prélevés chez des enfants peuvent produire une énorme quantité d’information touchant la santé future de ces enfants (p. ex. statut de porteur ou non d’une maladie, d’un gène, d’une mutation, etc., information génomique prédictive ou présymptomatique, prédisposition à des affections répandues, information pharmacogénomique et information sur des traits non médicaux). Par conséquent, les décisions des parents et des soignants sur le traitement de cette information auront des conséquences importantes sur l’avenir de l’enfant. En général, les lignes directrices cliniques stipulent que les tests de nature génomique sur des enfants 178 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada ne sont recommandés que si des traitements établis et efficaces sont disponibles pendant l’enfance (ESHG, 2009). Sinon, les tests devraient être reportés jusqu’à ce que l’enfant soit en âge de faire un choix éclairé (Knoppers et al., 2014). Rémunération Les mesures incitatives financières favorisant la participation à la recherche peuvent être controversées et le sont encore davantage lorsque des enfants sont en cause (Grady, 2005). Alors que le remboursement des dépenses (p. ex. transport, repas) et le versement de compensations aux parents (p. ex. pour la perte de revenus, le temps passé et les inconvénients) ou aux enfants (p. ex. jouets souvenirs, chèques-cadeaux) sont raisonnables, les parents ne devraient pas recevoir de paiements incitatifs indus les encourageant à inscrire leur enfant à une recherche qui pourrait avoir des effets nocifs (Trois Conseils, 2010; Caldwell et al., 2012; CGP et MICYRN, 2012). Ce problème se pose avec une acuité particulière pour les protocoles de recherche pédiatrique dans les pays en développement, où une modeste allocation de transport et de subsistance peut représenter plusieurs fois le salaire minimum quotidien (Caldwell et al., 2012). Les paiements de compensation et les mesures incitatives financières supposent tous deux le versement de sommes d’argent aux participants pour leur contribution à une étude. Cependant, une compensation peut impliquer l’estimation d’une rémunération horaire raisonnable et du temps consacré à l’étude, puis le calcul des sommes à verser en fonction de ces quantités (ce que l’on appelle modèle de rémunération), alors qu’une mesure incitative financière pourrait consister à augmenter la rémunération horaire jusqu’à une valeur garantissant un nombre suffisant de participants (Bagley et al., 2007). Il y a peu de recherches à ce sujet, mais une étude menée par Bagley et al. (2007) laisse entendre qu’un modèle de rémunération pourrait être approprié pour compenser les enfants plus âgés et les adolescents, qui comprennent généralement le rôle et la valeur de l’argent et la signification d’une rémunération. D’autre part, pour des enfants plus jeunes qui n’ont pas la même compréhension, une compensation sous forme de cadeaux convenant à leur âge pourrait être plus appropriée (Bagley et al., 2007). Lignes directrices de recrutement Dans le but de prévenir la discrimination et de permettre la généralisation des résultats à une population diversifiée, les cliniciens devraient éviter de choisir à l’avance les familles qui participeront à des essais cliniques. Dans certains cas, un clinicien pourrait tenter de protéger une famille en particulier des inconvénients prévus s’il croit qu’un essai pourrait être trop pénible pour l’enfant ou la famille (Caldwell et al., 2012). Cependant, selon des données Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 179 empiriques, les parents préfèrent que cette décision leur revienne après que leur médecin leur ait donné toute l’information sur la participation à l’essai (Caldwell et al., 2003). Les chercheurs et les cliniciens devraient recruter avec précaution des participants dans des milieux à risque ou défavorisés sur le plan socio-économique. En général, il devrait y avoir de bonnes raisons scientifiques d’inclure des participants de ces milieux, et les bienfaits et risques devraient être partagés équitablement entre les groupes de participants potentiels. Cependant, les points de vue de parents et d’enfants de ces groupes concernant la participation à des recherches n’ont pas fait l’objet d’études approfondies (Caldwell et al., 2012). 5.7.3 Normalisation des essais Le manque de normalisation dans des domaines comme la définition des tranches d’âge et le choix des résultats à mesurer dans des études d’efficacité peuvent rendre difficiles l’interprétation et la comparaison des résultats d’essais pédiatriques. Des enfants d’âges relativement voisins peuvent avoir des réactions très différentes à des médicaments; par conséquent, des tranches d’âge non constantes peuvent conduire à des résultats variables d’essais portant sur un même médicament. Les ensembles de résultats doivent être normalisés d’un essai à l’autre et aussi être choisis en fonction de leur pertinence pour des enfants. À titre d’exemple, la capacité d’un enfant à participer à des activités physiques (p. ex. des sports) peut être plus instructive qu’un résultat clinique (p. ex. rendement à un test respiratoire). L’incapacité de comparer des essais où des questions semblables sont posées constitue un problème en recherche pédiatrique, puisque les résultats choisis, leur définition, ainsi que les méthodes et les moments de mesure manquent souvent de cohérence (Sinha et al., 2012a). Normalisation des tranches d’âge Des organismes importants comme l’ICH reconnaissent que la répartition des enfants en diverses catégories d’âge est « dans une certaine mesure arbitraire » (traduit de ICH, 2000a). Même si l’âge peut constituer un marqueur approprié de certains phénomènes biologiques ou psychologiques, il peut dans d’autres cas constituer un indicateur médiocre (Williams et al., 2012). Les tranches d’âge devraient être choisies selon le médicament et la maladie à l’étude ainsi que d’après l’information pharmacologique pertinente. Par conséquent, même si une classification normalisée générale peut constituer un point de départ utile, elle n’est pas uniformément applicable (ICH, 2000a). Une recension des ECA publiés dans la revue Pediatrics pendant les six premiers mois de 2011 a révélé que seulement 25 % des études présentaient des analyses par tranche d’âge (Contopoulos-Ioannidis et al., 2012). Cette information peut ne pas être cruciale dans le cas d’un médicament qui agit de la même manière 180 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada peu importe la tranche d’âge. Par contre, à titre d’exemple, si un médicament est efficace chez les nourrissons (de 28 jours à 12 mois) mais non chez les bambins (de 13 mois à 2 ans), une étude qui combine les deux tranches d’âge pourrait conclure de manière erronée que, en moyenne, le médicament est ou n’est pas efficace, selon la représentation des deux tranches d’âge dans la population étudiée (Williams et al., 2012). Même si un seul essai peut ne pas être suffisant pour détecter les interactions entre l’âge et un traitement, l’inclusion constante d’information en fonction de l’âge peut faciliter les méta-analyses futures (Contopoulos-Ioannidis et al., 2012). Le forum StaR Child Health suggère que les tranches d’âge proposées par le NICHD, qui ont été élaborées en consultation avec plusieurs organismes importants, soient utilisées comme point de départ puis ajustées pour une étude donnée. Ces tranches d’âge sont semblables à celles qu’utilise l’ICH (voir le chapitre 3), avec quelques catégories supplémentaires (p. ex. les nourrissons et les bambins forment des catégories distinctes, de même que la petite enfance et la seconde enfance). De plus, StaR Child Health a mis au point un schéma pour aider les chercheurs à déterminer jusqu’à quel point les différences entre tranches d’âge peuvent avoir des répercussions sur un essai et si des analyses par tranche d’âge sont justifiées (Williams et al., 2012). Choix d’un ensemble standard de mesures de résultats Les essais cliniques sont conçus pour déterminer les bienfaits et les effets nocifs d’un traitement en mesurant l’effet du traitement sur divers critères d’évaluation cliniques. Ces critères peuvent être finals (résultats cliniques définitifs comme le prolongement de la vie dans le cas d’une affection en phase terminale) ou intermédiaires (changements dans des marqueurs de substitution qui témoignent d’un contrôle ou d’une progression de la maladie) (Sinha et al., 2008). Pour que les résultats d’un essai soient utiles, les critères d’évaluation cliniques et les mesures de résultats choisis doivent être pertinents pour les patients, les cliniciens et les décideurs (Sinha et al., 2012a; Williamson et al., 2012). Des mesures moins efficaces des résultats sont souvent des marqueurs de substitution, comme la régression tumorale dans des essais portant sur un cancer, qui peuvent ne pas représenter d’amélioration pour ce qui est de la survie ou de la qualité de vie (Holloway et Dick, 2002). Il peut même être encore plus difficile de choisir des mesures utiles de résultats pour des essais pédiatriques, puisque les critères d’évaluation communément mesurés dans les essais sur des adultes peuvent être inappropriés à des enfants. Par exemple, des mesures déclarées par les patients, où les sujets doivent indiquer comment ils se sentent ou fonctionnent, sont impossibles ou non fiables dans certaines tranches d’âge (Sinha et al., 2012a). Au moment de la publication de ce rapport, un groupe de travail de la Société internationale de pharmacoéconomie et de recherche sur les résultats (ISPOR — International Society for Pharmacoeconomics and Outcomes Research) élaborait des lignes directrices Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 181 pour la conception et l’utilisation d’instruments de déclaration de résultats par des patients pédiatriques. Le groupe de travail recommande plusieurs pratiques exemplaires de recherche, comme de s’assurer que l’instrument de déclaration de résultats par les patients convienne à la tranche d’âge ciblée, en le perfectionnant après l’avoir mis à l’épreuve sur des enfants (Matza et al., 2013). Les incohérences d’un essai à l’autre constituent un autre sujet majeur de préoccupation. Lorsque des chercheurs qui étudient le traitement d’une affection évaluent des critères différents ou évaluent un même critère avec des mesures de résultats différentes, il est impossible de comparer les résultats d’un essai à l’autre ou de faire des méta-analyses (Sinha et al., 2012a). Une solution de ce problème, ainsi que du problème de la déclaration sélective des résultats mesurés (voir plus loin), est de définir des critères d’évaluation et mesures de résultats standard, qui sont toujours utilisés et rapportés pour les essais sur le traitement d’une affection donnée, peu importe les autres mesures de résultats que les chercheurs peuvent choisir d’inclure (Williamson et al., 2005). C’est ce que l’on appelle un ensemble de mesures essentielles de résultats (Sinha et al., 2008, 2012a). L’encadré 5.4 décrit la mise au point d’un ensemble de mesures essentielles de résultats pour des essais portant sur l’asthme infantile. Un autre exemple vient du domaine de la rhumatologie — un chef de file de l’adoption d’ensembles de mesures essentielles de résultats. Au début des années 1990, le Collège américain de rhumatologie et une initiative internationale appelée OMERACT (à l’origine le sigle d’Outcome Measures in Rheumatoid Arthritis Clinical Trials et couvrant maintenant le domaine plus vaste de la mesure des résultats en rhumatologie) ont collaboré à la définition d’un ensemble de mesures essentielles de résultats à utiliser dans tous les essais cliniques portant sur la polyarthrite rhumatoïde chez l’adulte (Felson et al., 1993; Tugwell et al., 2007). Ces efforts ont eu pour effet de diminuer de manière spectaculaire le nombre de mesures de résultats différentes dans les essais cliniques en rhumatologie (Tugwell et al., 2007). PRINTO, organisme spécifiquement pédiatrique ayant un mandat semblable, a également défini un ensemble de mesures de résultats (Ruperto et al., 2011). Même si elle ne concerne pas spécifiquement les enfants, l’initiative COMET (Core Outcome Measures in Effectiveness Trials) a été lancée en 2010, dans le but de créer une base de données, accessible au public, d’ensembles de mesures essentielles de résultats pour diverses affections et de fournir des conseils concernant la mise au point d’ensembles normalisés de mesures de résultats (COMET, 2011). COMET a établi un partenariat avec un projet de recherche canadien intitulé PORTal (Primary Outcomes Reporting in Trials). Alors que l’initiative COMET met l’accent sur les mesures de résultats qui devraient être employées, le projet PORTal se concentre sur la manière dont ces mesures peuvent être effectuées pour en assurer la validité et la fiabilité (COMET, 2014). 182 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Encadré 5.4 Mise au point d’un ensemble de mesures essentielles de résultats pour des essais cliniques portant sur l’asthme infantile Lorsque des chercheurs choisissent des mesures de résultats à utiliser dans des essais cliniques, ils peuvent avoir de la difficulté à savoir lesquelles sont les plus importantes dans le cas d’une affection donnée. Les chercheurs désireux de mettre au point des ensembles de mesures essentielles de résultats ont très peu de conseils à leur disposition. Une méthode peut consister à considérer les mesures de résultats utilisées dans des essais cliniques antérieurs, mais cela peut donner trop d’importance à des mesures peu pertinentes que l’on utilise néanmoins de façon routinière et exclure d’autres mesures qui seraient importantes pour les patients. Un ensemble de mesures essentielles de résultats n’a pas besoin d’être étendu, mais il doit inclure des mesures de résultats particulièrement significatives pour les patients, les familles et les cliniciens, qui permettent de connaître le degré de succès du traitement. Dans le cas d’essais menés sur des enfants, il faut adapter les ensembles de mesures de résultats en tenant compte d’éléments supplémentaires (Sinha et al., 2012b). Pour mettre au point un ensemble de mesures essentielles de résultats d’essais cliniques portant sur l’asthme infantile, Sinha et al. (2012b) ont utilisé une enquête Delphi à deux tours pour recueillir l’opinions de cliniciens, de membres du personnel infirmier, d’adolescents asthmatiques (âgés de 13 à 15 ans) et de parents d’enfants asthmatiques (les critères d’évaluation indiqués par les parents d’enfants d’âge préscolaire et d’enfants d’âge scolaire ont été considérés séparément). La méthode Delphi est une « méthode structurée d’atteinte d’un consensus, par laquelle les participants remplissent des questionnaires successifs, les résultats de chaque questionnaire servant de base pour l’élaboration du questionnaire suivant » (traduit de Sinha et al., 2012b). Les enquêtes demandaient aux participants quels critères d’évaluation ils examinaient en général lors des visites cliniques pour prendre des décisions concernant des modifications de traitement. Dans le cas des enfants d’âge préscolaire et scolaire, la fréquence et la gravité des crises et des symptômes (le jour et la nuit) ainsi que la qualité de vie d’ensemble faisaient partie des cinq premiers critères d’évaluation. La capacité de faire des activités normales et des activités physiques, comme de l’exercice ou des sports, faisait partie des 10 premiers critères pour les enfants d’âge scolaire. Les cliniciens et les parents avaient en général des avis concordants, mais les parents accordaient plus d’importance aux effets bénéfiques à long terme du traitement (Sinha et al., 2012b). suite à la page suivante Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 183 Une constatation importante de cette étude a été la place centrale de la qualité de vie liée à la santé. Une étude antérieure des mêmes auteurs avait conclu que les ECA menés sur des enfants asthmatiques tendaient à se concentrer sur l’activité à court terme de la maladie plutôt que sur l’évaluation des effets des traitements sur la qualité de vie ou l’évolution à long terme (Sinha et al., 2009). Avec la participation des cliniciens, des patients et de leur famille, et en mettant l’accent sur des critères utilisés pour la prise de décisions dans la pratique clinique, les auteurs ont défini un ensemble de mesures essentielles de résultats pertinent pour les personnes qui prescrivent ou suivent un traitement. Après avoir défini des critères d’évaluation communs, les chercheurs devraient les mesurer d’une manière uniforme et en rendre compte dans la publication finale quels que soient les résultats (Sinha et al., 2012a). L’omission intentionnelle des résultats de certaines mesures, appelée biais sélectif de compte rendu des résultats, est définie comme « la sélection fondée sur les résultats d’un sous-ensemble des variables mesurées, à des fins de publication » (traduit de Williamson et al., 2012). Le biais sélectif de compte rendu des résultats d’un ECA constitue un problème important dans les publications spécialisées et peut fausser les conclusions de recensions systématiques ultérieures (Kirkham et al., 2010). 5.7.4 Questions concernant l’éthique et la conception des essais Malgré les progrès accomplis dans les domaines abordés plus haut, de nombreuses questions demeurent sans réponse concernant l’éthique ainsi que la conception et l’analyse des essais. En voici des exemples : • Lorsque les participants à une recherche reçoivent une compensation, quel montant d’argent ou autre récompense les amènerait à ignorer les risques? Y a-t-il des situations où il est éthique de payer les parents (au-delà du remboursement des frais) pour la participation de leur enfant à une recherche (Caldwell et al., 2012)? • Comment les lignes directrices de recrutement pour un essai s’appliquent-elles aux enfants de milieux à risque ou défavorisés sur le plan socio-économique? Quelle est l’opinion des parents et des enfants qui appartiennent à ces populations vulnérables sur le fait d’être invités à participer à un essai (Caldwell et al., 2012)? • Les risques liés aux procédures d’un essai devraient-ils être évalués du point de vue d’un enfant (p. ex. le stress mental lié à des procédures médicales comme les injections, qui sont sûres au plan physique, serait-il jugé inacceptable) (CGP et MICYRN, 2012)? Y a-t-il des circonstances extraordinaires qui pourraient justifier un essai pédiatrique comportant des risques non minimaux avec la participation d’enfants en santé qui ne bénéficieraient probablement 184 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada pas de l’intervention à l’essai (Commission de bioéthique, 2013b)? Un niveau de risque encore plus élevé est-il acceptable pour des enfants atteints d’affections sérieuses ou mettant la vie en danger? • Dans quelles conditions les constatations fortuites d’une recherche pédiatrique devraient-elles être communiquées aux participants? Étant donné la grande quantité de données qui peuvent découler d’études pharmacogénomiques, les constatations fortuites devraient être communiquées si elles sont scientifiquement valides (sur les plans analytique et clinique), si elles ont des conséquences significatives pour la santé de l’enfant, et si un traitement ou des moyens de prévention efficaces sont disponibles au cours de l’enfance ou de l’adolescence. Le comité d’éthique de la recherche devrait donner son approbation et les constatations devraient être confirmées avant toute communication (RMGA, 2013). Un rapport produit en 2013 par la Commission présidentielle d’étude sur les questions de bioéthique portait précisément sur cette question (Commission de bioéthique, 2013a). • Lorsque l’on établit les tranches d’âge pour un essai, de fines variations d’âge sont-elles nécessaires pour comprendre l’innocuité et l’efficacité du médicament, ou vont-elles entraîner l’inclusion de groupes non nécessaires et donc d’un plus grand nombre de sujets (Williams et al., 2012)? • Jusqu’à quel point les méthodes d’étude non traditionnelles sont-elles acceptables pour les organismes de réglementation tels que Santé Canada et pour d’autres agences qui influent sur l’accès aux médicaments? Par exemple, la FDA a défini en 1994 des lignes directrices concernant l’extrapolation de données sur l’efficacité de médicaments à partir d’adultes vers des enfants, et cette méthode a été employée en conjonction avec des données probantes d’études pédiatriques pour l’homologation de plusieurs médicaments pour enfants (Dunne et al., 2011). Cependant, même si d’autres méthodes sont abordées dans des documents d’orientation produits par l’EMA et la FDA (EMA, 2006b; FDA, 2010c, 2012b), on ne sait pas précisément jusqu’à quel point ces méthodes ont été utilisées en pratique pour obtenir l’homologation de médicaments pédiatriques. Certaines de ces questions peuvent devoir être étudiées au cas par cas par des comités d’éthique et de réglementation, alors que pour d’autres il serait avantageux de disposer de normes et lignes directrices bien définies. En favorisant une culture qui appuie les études d’efficacité de médicaments pédiatriques et en fournissant des conseils sur l’emploi de diverses méthodes, on pourrait augmenter la quantité de données probantes disponibles sur la santé des enfants (voir l’encadré 5.3 sur le MCRN). Chapitre 5 Améliorer les méthodes actuelles d’étude d’efficacité des médicaments chez les enfants 5 .8 185 R É S U M É DU C H AP I T R E Les ECA en parallèle classiques constituent encore la méthode préférée des décideurs et sont possibles dans de nombreuses études d’efficacité de médicaments sur des enfants, en particulier si l’on recourt à des essais multicentres pour avoir assez de participants. Cependant, les méthodes présentées à la section 5.5 montrent clairement qu’il y a d’autres moyens que les ECA en parallèle d’obtenir des données probantes permettant d’évaluer l’efficacité de médicaments. Un élément essentiel de la conception d’études d’efficacité de médicaments pédiatriques est la souplesse. Dans le cas d’enfants, il peut être difficile de prédire certains paramètres de conception d’un essai (p. ex. le nombre de participants nécessaire pour faire la démonstration d’une différence minimalement importante) si la population pédiatrique à l’étude n’a pas fait l’objet de recherches antérieures. On peut obtenir la souplesse voulue grâce à diverses modifications comme des études adaptatives ou séquentielles. Il est important d’intégrer les points de vue des enfants, des parents et des cliniciens. Les enfants n’ont pas la capacité de comprendre les bienfaits et les effets nocifs d’un essai clinique. Étant donné la vulnérabilité des enfants, il se peut que les parents et les cliniciens hésitent à faire participer des enfants à des ECA, notamment ceux où il y a un groupe témoin placebo. De plus, en raison de la faible prévalence de certaines affections pédiatriques, il peut être difficile de recruter assez de patients pour un ECA en parallèle. Si le recrutement est le facteur limitant, il peut être nécessaire de recourir à des études et analyses innovatrices pour obtenir plus d’information d’enfants individuels ou de petits groupes. La meilleure solution du problème des petites populations cibles est l’ECA multicentre. Les études observationnelles constituent une option si des études expérimentales ne sont pas réalisables, mais elles conviennent davantage aux études d’innocuité que d’efficacité. Même si certaines de ces méthodes peuvent produire des données moins rigoureuses qu’un ECA en parallèle à grande échelle, il demeure préférable d’obtenir certaines données sur lesquelles pourront s’appuyer des recherches et décisions cliniques futures plutôt que d’éviter toute évaluation d’un médicament chez les enfants, ce qui pourrait mener à l’utilisation de médicaments inefficaces ou non sûrs. Des progrès ont été accomplis au cours des dernières années sur le front de l’éthique et de la normalisation dans les recherches portant sur les médicaments pour enfants. La politique nationale du Canada en matière d’éthique de la recherche, énoncée dans l’EPTC 2, contient de nombreuses références aux enfants. Par contre, c’est un document d’une grande portée, qui ne peut aborder toutes les questions concernant la population pédiatrique. Produit en 2012, le document intitulé Best Practices for Health Research Involving Children and Adolescents (voir la sous-section 5.7.2) offre beaucoup de conseils supplémentaires aux chercheurs canadiens concernant les préoccupations éthiques traditionnelles 186 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada et nouvelles de la recherche sur la santé des enfants (CGP et MICYRN, 2012). Même si les conseils ne sont pas aussi bien établis dans d’autres domaines comme la conception et la réalisation d’essais, des initiatives internationales telles que StaR Child Health visent l’harmonisation de la recherche pédiatrique par l’élaboration de stratégies uniformes de choix des tranches d’âge et des mesures de résultats à utiliser dans des études portant sur une affection donnée (Hartling et al., 2012b). Des réseaux de recherche capables de faciliter les essais multicentres constituent le moyen idéal d’étudier l’efficacité de médicaments chez les enfants. Le COG aux États-Unis et le MCRN au Royaume-Uni en ont fait la preuve. Les protocoles normalisés utilisés par le COG permettent de faire des comparaisons entre études, et le MCRN fournit une infrastructure de soutien de tous les aspects des essais cliniques, de la conception de l’étude à la fin des travaux, en passant par le recrutement et la gestion. En plus d’offrir de précieux outils, ces réseaux favorisent une culture d’appui à la recherche pédiatrique. 187 Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques • Surveillance et études d’innocuité • Introduction à la pharmacovigilance postcommercialisation • Méthodes d’identification de signaux de sécurité • Méthodes d’évaluation des risques et des mécanismes d’effets indésirables • Relever les défis de la surveillance et de l’étude de l’innocuité des médicaments chez les enfants • Vers une approche intégrée de l’innocuité postcommercialisation au Canada • Résumé du chapitre 188 6 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques Principales constatations • Même si les effets indésirables communs peuvent être détectés pendant les essais cliniques préalables à la commercialisation d’un médicament, la détection des effets indésirables rares ou inattendus exige souvent la collecte et l’analyse postcommercialisation de données d’innocuité (pharmacovigilance). • Étant donné l’absence fréquente d’essais précommercialisation de médicaments sur des enfants et l’emploi non conforme qui s’ensuit, il arrive souvent que l’innocuité d’un médicament pour les enfants ne soit évaluée qu’après sa commercialisation. • Les méthodes de pharmacovigilance peuvent être subdivisées en deux catégories : identification de signaux de sécurité (indications préliminaires d’un effet indésirable possible); évaluation des risques et des mécanismes d’effets indésirables possibles. • Les problèmes d’innocuité sont signalés dans le cadre d’une surveillance postcommercialisation qui assure le suivi des événements indésirables (surveillance passive, stimulation de déclaration, surveillance active) ainsi que par les cas rapportés dans la littérature. Pour interpréter ces signaux (c.-à-d. déterminer si des médicaments sont à l’origine d’effets indésirables, et en calculer le risque), il faut des données probantes fournies par des études épidémiologiques contrôlées. • Bien que les données probantes les plus solides confirmant ou infirmant des relations causales soient fournies par des ECA, beaucoup d’effets indésirables sont rares et difficiles à détecter même dans le cas de grands ECA multicentres. Des études observationnelles sont donc généralement nécessaires pour évaluer l’innocuité d’un médicament après sa mise sur le marché. De plus, des algorithmes et études spécifiques qui évaluent les mécanismes biologiques d’un effet indésirable peuvent aussi aider à cerner des relations causales. • L’étude de l’innocuité des médicaments chez les enfants présente davantage de défis, et ce pour de nombreuses raisons. Voici des moyens de relever certains de ces défis : programmes de surveillance active qui enregistrent une information complète dans des bases de données et registres reliés entre eux, et permettant d’extraire les données concernant les enfants; collecte à long terme de données, afin d’étudier des effets indésirables moins immédiats mais qui peuvent avoir des conséquences durables; meilleur signalement par les médecins, même dans le cas d’effets indésirables résultant d’un emploi non conforme. • Santé Canada n’a pas actuellement le pouvoir d’exiger des études post commercialisation, mais il a pris des mesures pour favoriser les plans de gestion des risques liés aux médicaments et mettre sur pied des réseaux de recherche sur l’innocuité des médicaments. Aux États-Unis et en Europe, les homologues de Santé Canada ont davantage le pouvoir de demander ou d’exiger des études d’innocuité. Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 6 .1 189 S UR V E I L L ANC E E T É T U DE S D’INNOC U ITÉ La pharmacovigilance englobe « la science et les activités visant la détection, l’évaluation, la compréhension et la prévention des problèmes liés à des médicaments, y compris les effets indésirables » (traduit de OMS, 2002). Même si on dit souvent qu’elle consiste à surveiller les événements indésirables une fois que les médicaments ont été homologués et sont disponibles au public, la pharmacovigilance peut aussi comprendre des études d’innocuité avant la commercialisation d’un médicament et pendant les essais cliniques (Santé Canada, 2012g). Comme de nombreux médicaments ne font pas l’objet d’études sur des enfants avant leur mise sur le marché pour les adultes, ce chapitre met l’accent sur la pharmacovigilance postcommercialisation et sur la détection des effets indésirables rares. Il a pour objectifs : de décrire les principales tâches que comporte la pharmacovigilance et d’examiner des exemples d’initiatives ou de types d’études pour chacune23; de mettre en évidence les avantages, les difficultés et les considérations pédiatriques de chaque type de méthode; de présenter les défis spécifiques que posent la surveillance et les études d’innocuité des médicaments chez les enfants, et certaines démarches possibles pour relever ces défis. 6 .2 I N TR O DU CT I ON À L A P H ARM A C OV IGILANC E P O S TC OM M E RC I AL I S AT I ON 6.2.1 Distinction entre les données d’innocuité préalables et postérieures à la commercialisation Avant sa mise sur le marché, un médicament fait l’objet d’une évaluation de son innocuité dans des études non cliniques (p. ex. in vitro et sur des animaux) et des essais cliniques préalables à son homologation. Ces études permettent d’assurer que le médicament ne causera pas d’effets indésirables graves chez une grande proportion des personnes; par contre, elles révèlent peu de chose sur les effets indésirables moins fréquents. Les essais précommercialisation sont généralement effectués sur des groupes peu nombreux et relativement uniformes, parce qu’ils visent à démontrer de manière efficace d’importants avantages cliniques; en ce qui concerne les effets indésirables, ces essais ne sont donc utiles que pour détecter ceux dont l’incidence est relativement grande (Vlahovic-Palcevski et Mentzer, 2011). Étant donné que de nombreux effets indésirables sérieux ont une incidence cumulative inférieure à 1 sur 1000, ils ne sont généralement pas détectés avant l’homologation du médicament 23 Le comité emploie le terme surveillance d’innocuité pour désigner toutes les formes d’activités de surveillance, dont la surveillance passive, la stimulation de déclaration et la surveillance active. D’autre part, il emploie le terme études d’innocuité à propos des études observationnelles et des essais cliniques. Toutes ces activités sont décrites en détail à la section 6.2. 190 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada (Rieder, 2012). En outre, comme des populations plus diversifiées et vulnérables, y compris les enfants, sont souvent exclues des essais précommercialisation, peu de données pédiatriques sont susceptibles d’être disponibles avant la mise sur le marché du médicament (Etwel et al., 2008). Si les enfants sont exclus de tous les essais préalables à la commercialisation d’un médicament (la recherche sur les vaccins constitue une exception, puisque des enfants y participent presque toujours), tous les effets indésirables détectés pendant ces essais le sont uniquement chez des adultes; les effets indésirables chez les enfants qui prennent le même médicament peuvent être très différents (Iyasu et Murphy, 2007). L’étude postcommercialisation de l’innocuité d’un médicament porte donc sur une plus grande variété de personnes et de circonstances que les études préalables à la commercialisation (Vlahovic-Palcevski et Mentzer, 2011). Comme elle touche des situations réelles d’une portée plus vaste, une étude postcommercialisation peut conduire à la détection d’effets indésirables nouveaux et rares, notamment chez les enfants, ainsi qu’à l’identification d’effets indésirables propres aux enfants, que le médicament leur soit administré conformément ou en dérogation aux directives de l’étiquette. La distinction entre emploi conforme et emploi non conforme est importante du point de vue de la pharmacovigilance chez les enfants. Certaines études postcommercialisation sont conçues pour porter uniquement sur les signaux de sécurité résultant d’une utilisation conforme aux directives de l’étiquette (Santé Canada, 2011a). De telles études ne sont toutefois pas toujours utiles dans le cas des médicaments pédiatriques, qui sont souvent prescrits en dérogation aux directives de l’étiquette (sauf les vaccins, qui sont rarement employés de manière non conforme). Les activités de surveillance détectent généralement les effets indésirables causés par les emplois conformes aussi bien que non conformes des médicaments. Elles sont donc pertinentes pour les enfants, à condition que l’on prenne note des affections et des tranches d’âge pour lesquelles les médicaments sont utilisés. Après la commercialisation d’un médicament, la méthode typique d’étude de ses effets indésirables consiste à recueillir des rapports de cas individuels d’événements indésirables spontanés soumis par des professionnels de la santé au fabricant ou aux organismes gouvernementaux de réglementation des médicaments24. Ces rapports doivent ensuite faire l’objet d’une analyse qui 24 Santé Canada et l’ICH définissent tous deux un événement indésirable comme « toute manifestation médicale importune se manifestant chez un patient qui a reçu un produit médicinal, et ne devant pas nécessairement présenter une relation de cause à effet avec le traitement en cours » (traduit de ICH, 1994, dans Santé Canada, 2011a). Le comité parle donc d’événement indésirable ou d’effet indésirable possible à propos de réactions dont le caractère d’effet indésirable n’a pas encore été confirmé. Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 191 évalue la relation entre l’exposition au médicament et l’événement indésirable subséquent, afin de confirmer (ou d’infirmer) le lien supposé, et de quantifier tout risque accru, de manière relative et absolue. Dans l’éventualité où un produit est largement utilisé, ce qui est le cas de nombreux vaccins, des analyses de causalité peuvent comprendre des études sur de vastes populations et utiliser de grandes bases de données administratives sur les soins de santé (Velentgas et al., 2012). On tente maintenant d’adopter des méthodes de surveillance plus proactives (Strom, 2005a), qui peuvent être particulièrement utiles dans le cas des enfants. D’autres études postcommercialisation peuvent porter sur l’innocuité d’une nouvelle formule médicamenteuse ou sur l’innocuité d’une formule existante pour une nouvelle tranche d’âge ou une souspopulation différente (p. ex. personnes atteintes d’une affection sous-jacente) (Millot et al., 2011; Faye et al., 2012; Palma et al., 2012); toutes ces circonstances sont éminemment pertinentes pour les enfants. Chacune de ces méthodes est abordée plus loin dans ce chapitre. 6.2.2 Le système actuel de pharmacovigilance au Canada Même si la pharmacovigilance fait intervenir de nombreuses parties prenantes, un rôle important de l’organisme de réglementation est de détecter les dangers et les effets nocifs, et d’agir sur l’information en la matière. Santé Canada fournit un système de signalement d’événements indésirables, dans lequel les consommateurs et les praticiens peuvent verser volontairement de l’information (Santé Canada, 2012g). De plus, les fabricants et les distributeurs sont tenus de communiquer à Santé Canada toute nouvelle information sur l’innocuité (p. ex. effets indésirables potentiels) ou l’efficacité (p. ex. défaut de produire l’effet souhaité) d’un médicament après son homologation (Santé Canada, 2012g). Les fabricants présentent des rapports sommaires annuels qui mettent à jour le profil d’innocuité et d’efficacité de leurs produits (Santé Canada, 2012g). Santé Canada fait en outre des investigations de routine chez les fabricants en testant des lots de produits (Santé Canada, 2001) et en faisant des vérifications postcommercialisation pour s’assurer que les exigences de reddition de comptes sont satisfaites (Santé Canada, 2012g). De plus, Santé Canada collabore avec ses partenaires en santé publique aux échelons fédéral, provincial et territorial, ainsi qu’avec ses homologues d’autres pays (p. ex. la FDA, l’EMA), pour échanger de l’information et mener des activités conjointes de pharmacovigilance (Santé Canada, 2012g). Lorsqu’il dispose d’assez de données probantes sur l’innocuité et l’efficacité discutables d’un produit commercialisé (utilisé conformément ou en dérogation aux directives de l’étiquette), Santé Canada peut réagir : (i) en demandant des changements touchant l’étiquette, l’emballage ou la fabrication du produit; (ii) en mettant fin à la vente du produit; (iii) en demandant un rappel du produit 192 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada (Santé Canada, 2001, 2012g). Dans bien des cas, Santé Canada communique par plusieurs moyens les risques connus et nouveaux aux praticiens, aux fabricants et au public, ainsi qu’aux organismes de réglementation d’autres pays (Santé Canada, 2012g). 6.2.3 Cadre conceptuel de la pharmacovigilance dans un contexte pédiatrique Le travail de pharmacovigilance comporte deux tâches principales : (i) l’identification de signaux de sécurité; (ii) l’évaluation des risques et des mécanismes d’effets indésirables (voir la figure 6.1). MÉTHODES DE PHARMACOVIGILANCE Identification de signaux • Surveillance passive • Rapports sur des cas et séries de cas • Stimulation de déclaration • Surveillance active Évaluation des risques et mécanismes Études observationnelles • Rétrospectives • Prospectives Essais cliniques et études de mécanismes Capacité de vérifier et de quantifier les risques Plus faible Plus forte Capacité de détecter de nouveaux effets indésirables possibles Plus forte Plus faible Figure 6.1 Méthodes de pharmacovigilance Le travail de pharmacovigilance comporte deux tâches principales : (i) l’identification de signaux; (ii) l’évaluation des risques et des mécanismes. Les signaux de sécurité résultent de diverses initiatives de surveillance postcommercialisation qui recherchent des effets indésirables potentiels dans des bases de données. Des signaux peuvent également résulter de cas rapportés dans la littérature. Ces méthodes signalent uniquement les cas de personnes exposées, sans sujets témoins correspondants, et peuvent donc rarement produire par elles-mêmes des données concluantes sur les relations de cause à effet entre médicaments et effets indésirables possibles. Cependant, des algorithmes de causalité peuvent aider à déterminer la probabilité qu’un événement donné soit dû à un médicament, et donc éclairer la prise de décisions dans des cas individuels. Pour avoir un tableau plus complet des relations de causalité et des risques, il faut des données probantes fournies par des études contrôlées (p. ex. études observationnelles ou essais). Ces études donnent une estimation directe de l’effet de l’exposition à un médicament sur le risque d’un événement indésirable. Bien que des études expérimentales comme des ECA fournissent les données probantes les plus solides confirmant ou infirmant des relations causales, de nombreux effets indésirables sont suffisamment rares pour que même de grands ECA multicentres aient de la difficulté à détecter des différences chez les personnes exposées à un médicament. Noter que dans le contexte de ce chapitre, les études observationnelles sont des études opportunistes de l’utilisation réelle de médicaments (observation des effets chez des patients prenant des médicaments qui leur ont été prescrits personnellement par des médecins), alors que les essais cliniques sont des études expérimentales (où des participants sont affectés par les chercheurs à des groupes donnés de traitement, selon un protocole conçu à l’avance). Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 193 Un signal de sécurité est une indication préliminaire d’un effet indésirable possible d’un médicament (Santé Canada, 2011d). Un signal de sécurité est défini officiellement comme « une préoccupation à propos d’une quantité excessive d’événements indésirables par rapport à ce que l’on pourrait attendre avec l’utilisation d’un produit » (traduit de FDA, 2005a). Comme on l’explique à la section 6.3, ces signaux peuvent résulter de diverses initiatives de surveillance postcommercialisation (p. ex. surveillance passive, stimulation de déclaration, surveillance active), qui recherchent des effets indésirables potentiels dans des bases de données. Les effets indésirables peuvent également être décrits dans des rapports sur des cas et séries de cas publiés dans la littérature (autre activité de surveillance passive). Les organismes de réglementation travaillent aussi à l’amélioration de divers outils d’exploration de données, afin de découvrir plus rapidement des signaux de sécurité dans des bases de données d’événements indésirables (voir la sous-section 6.3.5). À l’occasion, des chercheurs peuvent évaluer quels cas suspects parmi un ensemble de cas individuels répondent aux critères d’effets indésirables certains ou probables (Kramer et al., 1979). Ces décisions peuvent être rendues moins subjectives à l’aide d’algorithmes de causalité, qui font généralement appel à une série de questions pour déterminer la probabilité qu’un événement donné soit dû à un médicament. Les algorithmes de causalité sont difficiles à mettre au point et beaucoup d’entre eux ne sont pas adaptés à des enfants (Rieder, 2012). Cette question est abordée plus en détail à la sous-section 6.3.6. Même si l’identification de signaux de sécurité est une étape cruciale de l’étude d’effets indésirables, il faut généralement analyser les signaux de sécurité de manière approfondie, à l’aide d’études contrôlées avec groupes témoins, pour déterminer si ces signaux représentent vraiment un risque potentiel de sécurité et pour faire une estimation directe de l’effet de l’exposition à un médicament sur l’accroissement du risque d’événements indésirables (voir la section 6.4). Dans les études observationnelles, les chercheurs ne contrôlent pas l’affectation de patients à des groupes de traitement ou à des groupes témoins. Par conséquent, contrairement aux ECA, ces études ne peuvent pas garantir que les sujets traités et non traités sont semblables quant aux autres facteurs qui pourraient influer sur le risque d’événements indésirables. Les ECA fournissent les données probantes les plus solides confirmant ou infirmant des relations causales. Par contre, de nombreux effets indésirables sont rares, de sorte que même de grands ECA multicentres ont de la difficulté à détecter des différences entre groupes pour ce qui est des événements indésirables. Par conséquent, de nouveaux effets indésirables sont souvent le mieux détectés à l’aide d’initiatives de surveillance, puis analysés grâce à des études observationnelles à grande échelle. Il est à noter qu’une démarche linéaire allant de signaux d’effets indésirables à des 194 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada études de causalité n’est pas toujours nécessaire. D’autres données (p. ex. un mécanisme possible d’effet indésirable) peuvent être suffisantes pour justifier des études contrôlées sans attendre la détection de signaux. Ensemble, ces méthodes aident à élaborer un tableau complet des relations de cause à effet et des risques. Par exemple, le système VAERS (Vaccine Adverse Event Reporting System) de signalement des événements indésirables liés à la vaccination, commandité conjointement par la FDA et les centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC — Centers for Disease Control and Prevention), fait l’objet d’analyses régulières à la recherche de signaux de réactions indésirables autrefois insoupçonnées à des vaccins (VAERS, 2014). Ces signaux peuvent susciter des études observationnelles (de cohorte) contrôlées, qui utilisent de grandes bases de données administratives sur les soins de santé pour explorer la relation entre l’exposition à un vaccin et un événement indésirable subséquent. Ainsi, de telles études confirment (ou infirment) l’association supposée entre l’exposition et l’événement indésirable, et quantifient tout risque accru, de manière relative et absolue. Le processus d’analyse de réactions indésirables potentielles a été illustré par le signalement dans le VAERS de cinq cas de syndrome de Guillain-Barré (SGB) chez des adolescents qui avaient reçu le vaccin antiméningococcique tétravalent. Ces cas sont survenus dans les 14 à 31 jours suivant la vaccination et dans les huit mois suivant la distribution du vaccin aux États-Unis. Les études de cohorte menées par la suite, à l’aide de données administratives et de demandes d’indemnisation de plusieurs régimes d’assurance-maladie, ont estimé le risque de SGB associé au vaccin à 1,5 cas par million de doses — c.-à-d. aucun accroissement du risque après la vaccination (Velentgas et al., 2012). Une estimation de ce niveau de risque relativement faible n’a été rendue possible que grâce à l’étude d’une population nombreuse et elle n’aurait pas pu se faire dans le cadre d’un essai précommercialisation. D’autres exemples sont donnés dans les pages qui suivent. 6 . 3 M É THO D E S D ’I DE NT I F I CAT I ON DE S IGNAU X D E S É C UR I TÉ De nouveaux effets indésirables sont souvent détectés pour la première fois grâce à la production de signaux de sécurité postcommercialisation. Comme ces signaux sont issus de groupes de cas individuels qui surviennent une fois qu’un médicament est utilisé par une population nombreuse et diversifiée, ils permettent parfois de détecter des effets indésirables particulièrement rares. Les méthodes d’identification de signaux de sécurité comprennent Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 195 généralement la surveillance passive, la stimulation de déclaration et la surveillance active. Les signaux de sécurité peuvent également provenir de rapports sur des cas et séries de cas publiés (autre activité de surveillance passive). Toutes ces méthodes ont une limite en commun : elles ne donnent de l’information que sur les personnes qui ont subi un effet indésirable après avoir été exposées à un médicament, et non sur celles qui n’ont eu aucun effet indésirable après exposition ou qui n’ont pas été exposées. Il faut donc analyser ces signaux plus en profondeur pour pouvoir en tirer des conclusions sur des relations causales ou le risque relatif 25. Ces méthodes représentent néanmoins une composante importante des premières phases de recherche sur l’innocuité d’un médicament, et il est important de comprendre l’intérêt, les avantages et les difficultés de chaque méthode. 6.3.1 Surveillance passive — Signalement spontané Un mécanisme de surveillance passive est le signalement spontané d’un effet indésirable possible par un praticien, un enfant ou un parent. Dans un contexte postcommercialisation, un signalement spontané ne porte pas sur un produit pris dans le cadre d’une étude ou d’une initiative organisée de collecte de données. Santé Canada surveille les effets indésirables des médicaments par le truchement d’un système de surveillance passive appelé Programme Canada Vigilance, qui reçoit des signalements d’effets indésirables fournis par des fabricants, des praticiens et des consommateurs. Mis à part les rapports obligatoires remis par les fabricants, le système actuel de surveillance des effets indésirables au Canada dépend en grande partie de signalements volontaires (Carleton et al., 2007; CastroPastrana et Carleton, 2011). Une base de données en ligne de ces signalements d’effets indésirables (la base de données en ligne de Canada Vigilance) peut être consultée à partir de termes décrivant des effets indésirables. Les formulaires de signalement comprennent une zone pour l’âge du patient, et la base de données peut être interrogée sur une fourchette d’âge précise, ce qui permet d’extraire des données pédiatriques. De nouveaux renseignements sur les effets indésirables sont également diffusés dans des mises à jour trimestrielles (Santé Canada, 2014b). Les signalements spontanés peuvent aussi être facilités par une infrastructure publique spécifique; par exemple, au Canada, les incidents consécutifs à la vaccination sont suivis et évalués à part des autres effets indésirables. Le système de surveillance des immunisations comporte plusieurs composantes : le Système canadien de surveillance des effets secondaires suivant l’immunisation (SCSESSI) (ASPC, 2012b); le Programme canadien de surveillance active de l’immunisation 25 Dans le domaine de la pharmacovigilance, le risque est défini comme la probabilité qu’un médicament cause un effet nocif, et le risque relatif est le rapport du risque dans une population exposée sur le risque dans une population non exposée (OMS-UMC, 2013) 196 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada (IMPACT) (SCP, 2012) (voir la section 6.3.4); le Comité consultatif sur l’évaluation de la causalité (CCEC) (ASPC, 2012c). Le SCSESSI regroupe des rapports des autorités de santé publique sur des réactions qui pourraient être liées à une immunisation. L’information est transmise à l’unité fédérale de l’innocuité des vaccins, qui examine également les rapports des fabricants de vaccins. Même si elles ont par ailleurs un système de signalement volontaire semblable à celui de Santé Canada, certaines provinces exigent que les soignants rapportent tout événement indésirable potentiellement lié à une immunisation (ASPC, 2012b). Les États-Unis ont le VAERS, un système semblable de signalement concernant les vaccins, qui est également distinct du système de signalement des autres effets indésirables (VAERS, 2014). Avantages de la surveillance passive Les rapports de surveillance passive peuvent signaler des réactions rares qui n’ont pas été détectées lors des essais cliniques (Carleton et al., 2007). Le signalement spontané est une méthode de surveillance relativement rapide et peu coûteuse. Il produit des signaux de sécurité qui peuvent indiquer les groupes susceptibles de faire l’objet d’une investigation plus approfondie, en particulier pour des effets indésirables rares mais sérieux (OMS, 2007; Castro-Pastrana et Carleton, 2011). Les signalements spontanés peuvent révéler des éléments qui vont au-delà des données fournies dans les dossiers cliniques et administratifs; à titre d’exemple, il a été démontré que les signalements d’effets indésirables fournis par les patients donnent des renseignements uniques non rapportés par les praticiens (Blenkinsopp et al., 2007). Les signalements spontanés constituent en outre la seule manière de connaître les réactions indésirables associées à l’utilisation de produits en vente libre, qui ne figurent pas dans les dossiers de prescription (Lexchin, 2006). Ils produisent donc des signaux uniques d’effets indésirables possibles. L’encadré 6.1 donne un exemple d’un médicament qui est maintenant contre-indiqué pour les enfants après la publication de cas d’effets indésirables à partir d’une base de données de signalements spontanés. Défis de la surveillance passive Tant qu’elle n’a pas été analysée plus en profondeur (p. ex. dans le cadre d’une étude observationnelle rétrospective), l’information fournie par les systèmes de surveillance passive ne permet pas de comparer des fréquences, de distinguer les incidences, de faire une estimation du risque absolu ou de déterminer les facteurs de risque (Castro-Pastrana et Carleton, 2011; Härmark, 2012). Un autre problème important de l’information recueillie par surveillance passive est la piètre qualité des données. Souvent, les signalements sont incomplets et omettent de mentionner l’issue du cas (p. ex. si le patient est décédé ou si un algorithme a été appliqué pour évaluer une éventuelle relation de cause à effet Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 197 Encadré 6.1 Effets indésirables associés à l’utilisation de la codéine chez les enfants La codéine est utilisée pour le traitement de la douleur chez les enfants et les adultes. Comme on l’a mentionné au chapitre 3, un polymorphisme du gène qui code le cytochrome CYP2D6 peut se traduire par des variations du métabolisme. Ceux qui métabolisent mal la codéine peuvent ne pas être adéquatement soulagés, alors que ceux qui la métabolisent rapidement peuvent produire des taux élevés de morphine, avec des effets secondaires potentiellement mortels (p. ex. dépression respiratoire) (Niesters et al., 2013). De sérieux doutes concernant l’innocuité de la codéine chez les enfants ont été émis récemment. En 2012, des chercheurs nord-américains ont fait état de trois cas mortels ou mettant la vie en danger d’intoxication aux opiacés chez des enfants après l’administration de codéine (Kelly et al., 2012). Ces trois patients subissaient une adéno-amygdalectomie pour le traitement d’un syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS). Un cas similaire avait été relevé au Canada en 2009 (Ciszkowski et al., 2009). Dans trois des quatre cas, les enfants métabolisaient la codéine très rapidement. Comme les enfants atteints de SAOS sont déjà à risque de complications respiratoires et qu’une intervention chirurgicale ne peut pas toujours résoudre le problème du SAOS, le traitement de ces enfants avec de la codéine peut entraîner une dépression respiratoire mettant la vie en danger (Kelly et al., 2012). Les autres facteurs de risque de taux élevés de morphine comprennent la déficience rénale (Niesters et al., 2013) et l’excès de poids (puisque les doses sont établies en fonction du poids et que la morphine s’accumule très peu dans les tissus adipeux) (Kelly et al., 2012). Des facteurs liés à l’âge (p. ex. une barrière hémato-encéphalique immature) peuvent constituer des risques supplémentaires pour les enfants (MacDonald et MacLeod, 2010). En raison de ces inquiétudes, et après un examen des cas rapportés dans son système de signalement d’événements indésirables, la FDA a ajouté à l’étiquette de la codéine une contre-indication pour le traitement de la douleur chez les enfants après une amygdalectomie ou une adénoïdectomie (Kuehn, 2013). Santé Canada recommande maintenant l’utilisation de la codéine uniquement chez des patients âgés d’au moins 12 ans (Santé Canada, 2013a), et un certain nombre de centres de soins de santé pédiatriques ont retiré la codéine de leur liste de médicaments au profit de la morphine, qui constitue une solution de rechange plus prévisible (Wong et al., 2012). 198 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada entre le médicament et l’événement indésirable) (Carleton et al., 2007). Des formulaires peuvent être soumis par du personnel médical et non médical, ce qui entraîne des variations dans la qualité de l’information. De plus, les termes employés par différents médecins pour indiquer le diagnostic peuvent ne pas être les mêmes (IOM, 1994). Un autre défi potentiel est celui de la gestion de dossiers en double. Plusieurs personnes peuvent faire des signalements distincts d’un possible effet indésirable chez un même patient, et il se peut que seule une recherche manuelle permette de détecter ces doubles dans une base de données (IOM, 1994). Enfin, le problème du sous-signalement d’effets indésirables dans les systèmes de signalement spontané est largement documenté. Une recension d’études menées dans 12 pays, y compris le Canada, a donné une estimation du taux de sous-signalement médian de 94 % selon le contexte. Elle a conclu que le sous-signalement est un phénomène majeur et répandu, même dans le cas d’effets indésirables sérieux et graves (Hazell et Shakir, 2006). Le sous-signalement dans un système de surveillance passive peut donc être la cause de lacunes majeures des données utilisées pour surveiller l’innocuité des médicaments. D’autres défis de la surveillance passive ont trait à la collecte et à la gestion des données. Santé Canada a des lignes directrices qui orientent l’utilisation de l’information de diverses sources pour la prise de décisions en matière de réglementation (Santé Canada, 2003). Un audit récent a relevé que Santé Canada compte sur un processus coûteux en ressources pour entreposer les signalements d’effets indésirables, ce qui peut limiter sa capacité de détection, de surveillance et de gestion des risques. Ce rapport a notamment fait état d’une sous-utilisation des signalements d’événements indésirables provenant de l’étranger dans le système national de pharmacovigilance (BVG, 2011). Cela laisse entendre que, en plus des problèmes de qualité des données (c.-à-d. des dossiers inexacts et incomplets), des obstacles à la consolidation de l’information de sources multiples peuvent masquer des signaux de sécurité. 6.3.2 Rapports sur des cas et séries de cas La littérature médicale qui décrit les détails d’un événement indésirable unique ou d’une série d’occurrences, sous la forme de rapports sur des cas ou séries de cas, constitue une source supplémentaire de signalement d’effets indésirables auparavant inconnus. De fait, beaucoup de nouveaux effets indésirables sont mentionnés pour la première fois dans des articles scientifiques (Stricker et Psaty, 2004; Etwel et al., 2008). Un rapport bien documenté sur un cas donné peut être considéré comme un signal d’un effet indésirable, en particulier s’il donne : les caractéristiques du patient (p. ex. utilisation concomitante de médicaments ou affections sous-jacentes); l’expérience antérieure du patient avec le médicament; le moment de l’événement indésirable par rapport à l’administration du médicament; une explication du mécanisme de l’événement; les manifestations cliniques et résultats de laboratoire pertinents; les résultats de l’arrêt ainsi que de la réintroduction du médicament (FDA, 2005a). Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 199 Avantages des rapports sur des cas et séries de cas Les rapports sur des cas donnent généralement plus de détails que les signalements spontanés versés dans des bases de données de surveillance. De plus, comme ils sont publiés dans des revues scientifiques, ils font l’objet d’un examen par des pairs qui en évaluent la qualité (Stricker et Psaty, 2004). Les rapports sur des cas ont aussi l’avantage d’un auditoire immédiat; ainsi, contrairement aux signalements spontanés recueillis dans le cadre d’initiatives de surveillance, qui peuvent rester non analysés pendant des années, les rapports publiés peuvent être lus par d’autres témoins d’événements indésirables semblables. Même s’ils ne suffisent pas à établir des liens de cause à effet, un cas ou une série de cas bien documentés peuvent fournir assez de données probantes pour justifier une mise en garde concernant un médicament, en particulier si l’effet indésirable met la vie en danger (voir l’encadré 6.1). Défis des rapports sur des cas et séries de cas À l’instar des événements indésirables signalés aux systèmes de surveillance, les rapports sur des cas ne décrivent pas nécessairement de véritables effets indésirables (Stricker et Psaty, 2004). Comme ils sont publiés avant la réalisation d’analyses épidémiologiques, ils peuvent être à la source d’inquiétudes prématurées et de confusion dans le grand public, en particulier s’ils sont montés en épingle par les médias. Ce fut le cas des événements indésirables rapportés après l’administration du vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) (Deer, 2011; Godlee et al., 2011). 6.3.3 Stimulation de déclaration Les méthodes dites de stimulation de déclaration, qui encouragent le signalement d’événements indésirables, peuvent accroître les flux d’information sur l’innocuité des médicaments. La stimulation peut venir d’un commanditaire, d’une entreprise, d’une autorité centrale ou d’un chercheur. La stimulation de déclaration peut porter sur la motivation à rapporter des faits en mettant en évidence l’information de sécurité pertinente, en insistant sur les précautions d’utilisation et en fournissant un canal prédéfini de déclaration (OMS, 2007). Par exemple, les étiquettes de produit peuvent servir à faire connaître les risques et à insister sur l’importance de signaler toute réaction indésirable liée à l’emploi du médicament (Lexchin, 2006; Rawson, 2013; SOCI, 2013). La déclaration peut aussi être stimulée par des demandes directes. À titre d’exemple, le Programme canadien de surveillance pédiatrique (PCSP) suit les maladies et affections pédiatriques rares et graves. Chaque mois, les praticiens participants sont invités à déclarer le nombre de cas qu’ils observent et à remplir un questionnaire détaillé sur chaque cas. En 2004, le PCSP a lancé une étude permanente sur les effets indésirables en demandant aux 200 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada praticiens participants de soumettre des rapports sur tous les effets indésirables sérieux et mettant la vie en danger qu’ils avaient vus. Le PCSP confirme les cas de réactions indésirables en faisant un suivi pour identifier les produits associés à ces réactions et les types de réactions, et pour savoir quelles réactions n’ont pas été déjà rapportées au programme national Canada Vigilance (PCSP, 2009; Zimmerman, 2012). Chaque année le PCSP publie ses résultats dans un rapport qui résume les classes de médicaments les plus souvent soupçonnées de provoquer des effets indésirables au cours de l’année écoulée (PCSP, 2013). Les analyses de causalité ne constituent pas l’objectif premier du PCSP. Ses rapports annuels et les enquêtes qu’il mène sur des effets indésirables précis n’en contiennent généralement pas (PCSP, 2009). Le PCSP représente néanmoins une source précieuse de données pédiatriques spécifiques qui peuvent alimenter des recherches ultérieures. Avantages de la stimulation de déclaration Par rapport aux données de dossiers administratifs — hospitalisations, indemnités d’assurance ou résultats de laboratoire — les rapports résultant d’une stimulation de déclaration sont produits en temps plus opportun (Ugnat et al., 2011). Les programmes de stimulation de déclaration tels que le PCSP ont la capacité de produire des dossiers plus normalisés et plus complets, ce qui constitue un avantage majeur. Selon l’échelle d’évaluation de qualité utilisée par l’OMS, l’information recueillie par le PCSP est considérée comme bonne à excellente (Zimmerman et al., 2011). D’autres études ont également mesuré que diverses interventions se traduisaient par des améliorations dans la qualité des rapports sur les effets indésirables (Pedros et al., 2009; Johansson et al., 2011). Défis de la stimulation de déclaration Les programmes de stimulation de déclaration peuvent nécessiter un investissement important en ressources (p. ex. personnel et infrastructure) (Carleton et al., 2009). Toute stimulation doit aussi surmonter les inconvénients réels ou perçus liés à la production de rapports (Ugnat et al., 2011; Zimmerman et al., 2011). Malgré les encouragements externes, la stimulation de déclaration est sujette aux mêmes défauts que la surveillance passive, à savoir les réponses sélectives et une information incomplète (OMS, 2007). De plus, les mesures incitatives et les campagnes d’information ont souvent une durée limitée, et les taux plus élevés de signalement ne persistent pas après la fin des mesures incitatives (McGettigan et al., 1997; Figueiras et al., 2006). 6.3.4 Surveillance active Les systèmes de surveillance active font intervenir un processus de demande d’information plus structuré et continu que dans le cas des mécanismes passifs (OMS, 2007). La surveillance active peut comporter un suivi par un ou Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 201 plusieurs moyens tels que l’examen de dossiers ou des entrevues dans quelques sites sentinelles, des contacts avec des patients ou des praticiens en fonction des dossiers de prescription, ou encore l’examen de données dans un registre de maladies. De nombreuses initiatives de surveillance active sont propres au milieu hospitalier, et la plupart font intervenir des ressources humaines ou infrastructures supplémentaires consacrées à l’effort de surveillance. Par rapport aux systèmes de surveillance passive et de stimulation de déclaration, qui souvent ne permettent pas de saisir une information précise ou normalisée, la surveillance active donne une information plus complète sur les patients et les caractéristiques d’exposition (OMS, 2007). Il existe un certain nombre de méthodes de surveillance active. Certaines comprennent la recherche active d’événements indésirables (ou de risques potentiels identifiés lors de recherches antérieures) à l’aide de plusieurs jeux de données existantes (p. ex. information provenant de sites sentinelles). D’autres méthodes mettent davantage l’accent sur la combinaison de données existantes avec les connaissances issues de la collecte d’information nouvelle et continue sur une certaine période (p. ex. création et utilisation de registres de patients). Utilisation d’information de sites sentinelles La participation continue d’un échantillon de sites ou de praticiens constitue un type de surveillance active. Dans ce genre de surveillance, l’information sur l’utilisation de médicaments peut venir de l’examen — manuel ou électronique — de dossiers, d’entrevues avec des patients et des praticiens, ou de rapports fournis par ces personnes. Les données obtenues de cette manière peuvent être plus complètes que celles résultant d’une surveillance passive et comprennent souvent davantage de rapports sur des sous-groupes plus précis. Ainsi, la surveillance de sites sentinelles permet de cibler les ressources afin de faire un suivi sur des questions prioritaires (OMS, 2007; Matlow et al., 2011). La FDA mène une expérience de surveillance active postcommercialisation avec son système Sentinel Initiative, qui utilise des bases de données existantes de sources multiples pour faire le suivi de médicaments et produits médicaux homologués par la FDA. Dans le modèle des sites sentinelles, les données restent dans leur milieu d’origine au lieu d’être regroupées de manière centralisée, mais les priorités d’analyse sont définies par une direction centrale. Le centre de coordination traite les questions de la FDA sur l’innocuité des médicaments et élabore des programmes d’analyse utilisés par les partenaires pour faire des recherches dans les données. Les partenaires fournissent des sommaires d’information au centre de coordination et à la FDA (FDA, 2010b). Le programme a atteint son objectif initial de couvrir 25 millions de personnes avant 2010. 202 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Le modèle des sites sentinelles présente plusieurs avantages par rapport à la surveillance postcommercialisation traditionnelle. Le suivi se fait pratiquement en temps réel, de sorte que les données sont plus à jour qu’avec des rapports traditionnels sur papier ou la surveillance passive. Exploitant à la fois des demandes électroniques de règlement de soins médicaux et des données administratives sur les soins de santé, le modèle des sites sentinelles a une couverture plus exhaustive que la surveillance dans un milieu précis comme le milieu hospitalier. En utilisant plusieurs jeux de données, il constitue des échantillons assez nombreux pour étudier des populations particulières qui pourraient autrement être trop réduites pour permettre une analyse utile (FDA, 2010b). Par contre, le modèle des sites sentinelles a plusieurs limites en ce qui concerne le suivi de l’innocuité des médicaments chez les enfants. En particulier, les données sur lesquelles il repose n’accordent pas beaucoup d’importance aux populations pédiatriques, et les systèmes de codification des bases de données sont conçus pour des données sur des adultes plutôt que sur des enfants (voir le tableau 6.2). Création et utilisation de registres de patients L’utilisation de registres de patients — système structuré de collecte d’information sur des patients, d’une manière uniforme dans le temps — est une autre des nombreuses méthodes de surveillance active. Ces registres peuvent servir à évaluer des résultats spécifiques dans des populations qui ont des affections ou facteurs de risque donnés (registres de maladies) ou qui reçoivent certains produits ou services de santé (registres de médicaments) (OMS, 2007; AHRQ, 2010). Les registres de maladies permettent de comparer les patients qui reçoivent différents traitements, les patients d’un même registre qui ont diverses affections, ou les patients d’un registre avec ceux d’un autre registre comparable. Les registres de médicaments peuvent porter sur diverses populations exposées à un médicament donné au cours d’une certaine période. Non seulement beaucoup de registres sont utilisés pour décrire l’évolution naturelle d’une maladie, déterminer l’efficacité d’interventions cliniques et mesurer la qualité des soins, mais étant donné qu’ils recueillent activement toutes les issues des traitements (qu’elles soient positives ou négatives), les registres sont aussi extrêmement utiles pour mesurer et surveiller les événements indésirables (AHRQ, 2010). Les registres sont conçus en fonction d’objectifs définis avec précision avant toute collecte ou analyse de données; ils ne reposent pas uniquement sur les données disponibles dans des référentiels existants (autrement dit, il arrive souvent que certains renseignements ne soient recueillis que pour les fins d’un registre). Les données des registres sont normalisées (c.-à-d. qu’elles sont précises, bien définies et recueillies avec la même fréquence et de manière uniforme) et complètes, et elles correspondent à l’information nécessaire pour Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 203 prendre des décisions cliniques appropriées (AHRQ, 2010). Les registres sont donc extrêmement utiles pour saisir et rapporter des événements indésirables touchant des enfants, notamment lorsqu’ils sont créés pour des affections spécifiquement pédiatriques. À titre d’exemple, le Registre canadien sur la fibrose kystique, maintenu par Fibrose kystique Canada, a été créé au début des années 1970. Il contient une information complète et continue provenant de 42 centres de soins de santé au Canada, avec pour objectif de surveiller les tendances concernant l’évolution de la maladie et les soins reçus par les personnes atteintes. Les données recueillies servent à mettre au point de meilleures options de soins et à répondre à des enjeux émergents; elles sont extrêmement utiles pour détecter tout événement indésirable lié à des médicaments établis ou nouveaux utilisés pour combattre la fibrose kystique chez les enfants (FKC, 2014). La principale limite des registres est leur taux de couverture d’une population donnée. Même s’ils sont utiles dans le cas d’une maladie ou d’un traitement particuliers, ils ne peuvent rendre compte d’effets indésirables au sein d’une population plus étendue. Ainsi, la plupart des enfants qui reçoivent des médicaments ne seraient pas inclus dans un tel système. Un exemple canadien prometteur : IMPACT (Programme de surveillance active de l’immunisation) Au Canada, le Programme de surveillance active de l’immunisation connu sous l’acronyme IMPACT est un réseau de surveillance en milieu hospitalier qui suit les événements indésirables pouvant survenir après une immunisation. Douze hôpitaux et centres de santé pour enfants canadiens participent au programme IMPACT, et chacun affecte une personne à la transmission de rapports au SCSESSI (voir la sous-section 6.3.1). Le système est conçu pour recueillir activement de l’information sur tout événement exigeant une hospitalisation et lié chronologiquement à une immunisation. La personne affectée au programme IMPACT sert en outre d’agent de liaison si le CCEC (Comité consultatif sur l’évaluation de la causalité) demande plus d’information. Parmi les événements indésirables qui surviennent après une immunisation, le CCEC analyse les plus graves ou ceux qui sont inattendus (SCP, 2012). Avantages de la surveillance active La surveillance active est plus propice que la surveillance passive à une interaction entre les organismes de réglementation et les cliniciens. Le personnel affecté à la surveillance active peut faire part en temps voulu aux organismes de réglementation de doutes spécifiques concernant l’innocuité d’un médicament, et les programmes de collecte de données peuvent être ajustés au besoin, selon la nouvelle information d’innocuité émanant de l’organisme de réglementation 204 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada (Castro-Pastrana et Carleton, 2011). La surveillance active est particulièrement bien adaptée aux milieux institutionnels ou cliniques qui ont déjà une infrastructure de tenue de dossiers; la surveillance peut aussi faire appel à des réseaux existants de praticiens (Ugnat et al., 2011). Les rapports produits à l’aide de ces méthodes peuvent donner davantage de détails sur le médicament et sur les réactions qu’il a provoquées : moment de leur apparition, durée et effets sur la santé (Carleton et Smith, 2005). Lorsque la collecte de données est normalisée, divers jeux de données peuvent être combinés — par exemple entre institutions ou régions — pour augmenter la taille de l’échantillon et donc permettre une analyse plus approfondie (Castro-Pastrana et Carleton, 2011). Grâce à des dossiers plus complets et plus nombreux, les données résultant de la surveillance active permettent de mieux comprendre les facteurs en cause, par exemple les classes de médicaments associées à des événements indésirables (Matlow et al., 2011). Défis de la surveillance active Toute méthode de surveillance active exige d’investir des ressources, par exemple du personnel et une infrastructure pour le suivi des cas, et comporte donc des coûts (Carleton et al., 2009). Les initiatives de surveillance active sont généralement plus ciblées que la surveillance passive (p. ex. IMPACT ne recueille que des données provenant d’hôpitaux) et peuvent donc être plus utiles à ceux qui travaillent en milieu institutionnel que dans d’autres contextes. Par contre, si l’information est versée dans d’autres bases de données plus complètes ou combinée à de l’information obtenue grâce à des activités de surveillance passive, elle peut être considérée comme partie intégrante d’une base de données probantes plus vaste et plus exhaustive (p. ex. les données d’IMPACT sont versées dans le SCSESSI et transmises au CCEC pour compléter d’autres données de surveillance). 6.3.5 Découverte d’effets indésirables potentiels à l’aide d’algorithmes d’exploration de données L’exploration de données est « l’utilisation d’algorithmes informatiques pour découvrir des schémas cachés d’associations ou des occurrences inattendues (c.-à-d. des “signaux”) dans de grandes bases de données » (traduit de Almenoff et al., 2005). Les associations sont fondées uniquement sur la fréquence à laquelle des médicaments et des événements sont signalés ensemble; les résultats de l’exploration de données peuvent donc faciliter la formulation d’hypothèses à étudier plus en profondeur dans le contexte d’autres données disponibles. Cette technique offre un moyen systématique d’analyser, au moment opportun et avec constance, l’information abondante contenue dans les grandes bases de données postcommercialisation sur l’innocuité des médicaments (Almenoff et al., 2005). Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 205 Deux techniques statistiques communément employées en exploration des données sont deux formes d’analyse de disproportionnalité : les méthodes bayésiennes et les méthodes qui produisent des ratios de signalement. Dans les méthodes bayésiennes, des algorithmes servent à calculer pour des paires médicament– événement des scores de signalement, qui représentent la force d’une association entre un médicament et un signalement. On peut aussi calculer des scores pour des événements indésirables résultant de combinaisons de médicaments. Cette méthode détecte les signaux constants et reproductibles tout en minimisant les configurations aléatoires (Szarfman et al., 2002; Almenoff et al., 2005). Les méthodes qui produisent des ratios de signalement calculent des rapports du nombre de fois où une paire médicament–événement est citée dans des signalements d’événements indésirables, sur le nombre de fois où la même paire serait citée si la mention du médicament et la mention de l’événement étaient indépendantes l’une de l’autre (Almenoff et al., 2005). Des algorithmes de modélisation multivariée (p. ex. de régression logistique) sont également évalués (Harpaz et al., 2013). Un critère important lorsque l’on utilise de tels algorithmes est de trouver un équilibre approprié entre la sensibilité (capacité de détecter de réels effets indésirables) et la spécificité (capacité de reconnaître correctement l’absence d’effets indésirables) (Cochrane Collaboration, 2013; Harpaz et al., 2013). Une analyse de divers algorithmes de détection de signaux effectuée à partir de données du système de signalement d’événements indésirables de la FDA (FAERS — FDA Adverse Event Reporting System) a laissé entendre que la plupart de ces algorithmes sont raisonnablement précis pour ce qui est de prédire les effets indésirables et les distinguer d’associations vraisemblablement fausses (Harpaz et al., 2013). Dans cette étude, les modèles multivariés se sont avérés supérieurs à ceux qui reposaient sur une analyse de disproportionnalité : à un niveau de sensibilité prédéfini, ils avaient une meilleure spécificité. Étant donné que les méthodes multivariées exigent de sélectionner à l’avance les prédicteurs (p. ex. médicaments et covariables telles que l’âge) à inclure dans le modèle, elles peuvent être avantageuses en pédiatrie. Par contre, ces méthodes font intervenir des décisions de modélisation plus complexes et peuvent donc exiger plus de temps de calcul. La base de données EudraVigilance (mise sur pied par l’EMA) a aussi été analysée pour vérifier la valeur de l’exploration de données. Dans une étude faisant appel à une méthode de ratios de signalement, 54 % des signaux qualifiés d’événements médicaux importants ont été détectés plus tôt à l’aide d’un algorithme d’exploration de données qu’avec les procédures standard de pharmacovigilance telles que les rapports périodiques actualisés de pharmacovigilance (PSUR — Periodic Safety Update Report). Dans les cas où 206 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada une détection plus rapide est possible, les auteurs de l’étude ont estimé que les algorithmes d’exploration de données pourraient éviter un délai moyen de détection de 2,45 ans. Cependant, l’étude a souligné que de nombreux signaux sont détectés pour la première fois grâce à la surveillance active, à des recensions, à des essais cliniques et à des PSUR, de sorte que l’exploration de données devrait être considérée comme une méthode de soutien des activités standard de pharmacovigilance (Alvarez et al., 2010). L’évaluation du rendement des algorithmes d’exploration de données présente des difficultés importantes. Premièrement, il n’y a pas de mesure objective de ce qui constitue une vraie relation de cause à effet (c.-à-d. une norme de référence). Deuxièmement, on ne peut augmenter la sensibilité qu’aux dépens de la spécificité et inversement, et aucune valeur critique de ces paramètres n’est définie. Sans de telles normes, il est difficile d’évaluer de manière précise et constante la sensibilité, la spécificité et la valeur prédictive des algorithmes de détection de signaux. De plus, il est difficile de mesurer le rapport entre les coûts (p. ex. efforts nécessaires pour effectuer des analyses et examiner des signaux qui pourraient être de faux positifs) et les avantages (p. ex. effets positifs sur la santé publique) de l’exploration de données (Almenoff et al., 2005; Alvarez et al., 2010). 6.3.6 Évaluation de la causalité dans des cas individuels d’événement indésirable Les algorithmes de causalité peuvent servir à analyser la probabilité qu’un événement indésirable donné chez un individu soit lié à un médicament. Ces algorithmes guident le chercheur à l’aide d’un ensemble de questions sur l’événement lui-même (p. ex. l’événement pourrait-il être dû à une maladie sous-jacente? y a-t-il eu amélioration après l’arrêt du médicament, puis rechute après la réintroduction du médicament?) et de toute information contextuelle qui pourrait être utile (p. ex. si des données probantes appuient un mécanisme causal ou si des événements similaires ont été décrits antérieurement). Les algorithmes de causalité peuvent prendre la forme d’une suite de questions où chaque réponse a une valeur numérique, ou encore d’un organigramme. Selon le score total résultant de toutes les réponses ou selon la position finale dans l’organigramme, l’effet indésirable est classé comme improbable, possible, probable ou certain (Rieder, 2012). Parfois, l’événement indésirable peut survenir si soudainement et avec une telle force que l’association peut être plus clairement définie comme une relation probable de cause à effet. Un exemple classique est celui des réactions allergiques immédiates aux antibiotiques bêta-lactamines comme les pénicillines et les céphalosporines (Atanaskovic-Markovic et al., 2005; Novembre et al., 2009). D’autres associations peuvent être beaucoup moins nettes. Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 207 Les algorithmes de causalité les plus connus et les plus largement acceptés sont les critères de Bradford Hill, un ensemble de questions servant à caractériser les aspects d’une association, afin de savoir dans quelle mesure cette association est susceptible d’être une relation causale (Hill, 1965). Ces critères comprennent la force de l’association, sa constance, sa spécificité, sa temporalité, le gradient biologique, la plausibilité biologique et la cohérence avec ce que l’on sait de la maladie. Les critères de Bradford Hill sont utilisés dans les évaluations de pharmacovigilance (Shakir et Layton, 2002; Perrio et al., 2007) ainsi que par les organismes de réglementation pour l’évaluation d’événements indésirables résultant de la vaccination (NVAC, 2010). À partir des travaux du Conseil des organisations internationales des sciences médicales (CIOMS — Council for International Organizations of Medical Sciences) et d’un groupe de travail conjoint du CIOMS et de l’OMS, l’OMS a publié un manuel comprenant une liste de vérification et un algorithme qui utilise des critères semblables pour l’évaluation de la causalité d’événements indésirables survenus après des immunisations (CIOMS, 2012; OMS, 2013b). Les algorithmes de causalité ont plusieurs avantages. En plus d’évaluer la causalité dans des cas individuels, ils peuvent aussi contribuer à éclairer de futures études épidémiologiques. Si un algorithme laisse entendre que plusieurs cas d’événements indésirables suggèrent l’existence d’un nouvel effet indésirable, des études épidémiologiques à grande échelle peuvent être menées en vue d’une analyse plus approfondie. De meilleurs outils d’évaluation de causalité peuvent être utiles pour les soins individuels aux patients, la prise de décisions cliniques et la surveillance d’innocuité dans des établissements de soins de santé. Des algorithmes conviviaux peuvent aider les cliniciens à prendre des décisions rapides sur la poursuite ou l’arrêt de thérapies médicamenteuses. Des procédures normalisées de surveillance, d’analyse et de documentation d’événements indésirables peuvent contribuer à détecter les déclencheurs d’effets indésirables (Du et al., 2012; Rieder, 2012). Il n’est pas facile de mettre au point des algorithmes de causalité valables et cohérents. On leur reproche d’être longs et de prendre beaucoup de temps, d’être incomplets, parfois utilisables uniquement dans le cas d’organes précis, arbitraires quant à leur système de notation, et potentiellement non valides et non fiables dans un contexte pédiatrique (Du et al., 2012). Un algorithme couramment employé est celui de Naranjo, mis au point pour évaluer les effets indésirables chez des adultes traités avec des médicaments neurotrophiques (Rieder, 2012) mais conçu pour être applicable à une variété de situations cliniques 208 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada (Naranjo et al., 1981). Certains outils plus récents d’évaluation de la causalité ont fait la preuve d’une plus grande fiabilité d’un utilisateur à l’autre et d’une plus grande validité que l’algorithme de Naranjo (Gallagher et al., 2011; Du et al., 2012). L’un d’eux a été mis au point à partir des données de patients d’une unité de soins intensifs néonatals, dans le but de créer un outil plus fiable d’évaluation d’effets indésirables chez des nourrissons (Du et al., 2012). Même si de tels algorithmes peuvent contribuer aux soins individuels et à l’établissement d’un lien entre un événement donné et un médicament, ce genre d’analyse n’aide pas à déterminer l’effet de l’exposition à un médicament sur le risque d’événements indésirables à l’échelle d’une population. 6.3.7 Prédiction d’effets indésirables à l’aide de modèles mathématiques Un inconvénient inévitable des méthodes de surveillance est que des patients doivent subir des événements indésirables désagréables et potentiellement dangereux avant que des données soient recueillies et des schémas reconnus. De nouvelles méthodes de réseaux calculatoires sont actuellement élaborées pour prédire : des effets indésirables possibles à partir des données disponibles sur les effets indésirables connus (p. ex. bases de données de suivi d’événements indésirables); les propriétés intrinsèques des médicaments; les protéines ciblées par les médicaments; les interactions connues entre médicaments ou entre un médicament et une maladie (Atias et Sharan, 2011; Cami et al., 2011, 2013; Huang et al., 2011). Les méthodes statistiques antérieures de détection de tels problèmes d’innocuité reposaient sur l’analyse de données postcommercialisation accumulées pendant de longues années, souvent après que de nombreuses personnes aient vécu un événement indésirable (Cami et al., 2013). Ces nouveaux modèles mathématiques ont le potentiel de prédire plus tôt des effets indésirables, peut-être même avant que des essais ne soient menés sur des êtres humains (Cami et al., 2011; Huang et al., 2011). En général, cette méthode de modélisation prédictive comporte la mise sur pied d’un réseau complexe possédant des centaines de nœuds. Chaque nœud représente un médicament donné ou une catégorie précise d’effets indésirables, et les liens entre nœuds représentent une association entre un médicament et un effet indésirable ou une interaction entre deux médicaments. Cami et ses collègues ont mis au point deux nouvelles méthodes de modélisation : une pour les associations entre un médicament et un effet indésirable, appelée réseau prédictif de pharmacosécurité (PPN — Predictive Pharmacosafety Network); une pour les interactions médicamenteuses, appelée réseau prédictif de pharmaco-interaction (PPIN — Predictive Pharmacointeraction Network) Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 209 (Cami et al., 2011, 2013). Ils ont mis à l’épreuve ces deux modèles en comparant leurs prédictions avec de nouvelles données d’innocuité rendues disponibles à partir de la même base de données qui avait servi à construire les modèles. Les deux modèles ont montré que les méthodes fondées sur des réseaux pourraient être utiles pour prédire des effets indésirables inconnus. Même si la modélisation mathématique n’a pas été beaucoup utilisée pour la pharmacovigilance, elle pourrait servir dans d’autres domaines, par exemple celui de la vaccination, où il est difficile de déterminer la probabilité d’effets indésirables très rares. Une limite de la modélisation prédictive des effets indésirables en pédiatrie vient du besoin de grandes quantités de données existantes, qui ne sont pas actuellement disponibles dans le cas des enfants. 6 .4 M É TH ODE S D’É VAL U AT I ON DES R ISQU ES ET D E S MÉ C ANI S M E S D’E F F E T S INDÉSIR AB LES Pour pouvoir établir de façon certaine la relation de cause à effet entre un médicament et un événement indésirable, il faut habituellement analyser les signaux de sécurité provenant d’essais contrôlés, qui permettent de faire une estimation directe de l’effet de l’exposition à un médicament sur l’occurrence d’un événement indésirable. Des études observationnelles contrôlées permettent de calculer le risque relatif en comparant le nombre d’occurrences d’un événement indésirable chez les personnes exposées et non exposées (IOM, 1994). Il peut être possible d’effectuer ces études de manière rétrospective si les données sur des personnes exposées et non exposées sont disponibles (p. ex. dans des bases de données de services de santé comme dans l’exemple de l’encadré 6.5). Il est en outre important d’étudier les mécanismes biologiques des effets indésirables; la connaissance d’un mécanisme prouvé ou plausible renforce le caractère probant d’une relation causale entre un médicament et un effet indésirable (voir la sous-section 6.4.3). 6.4.1 Motivations des études postcommercialisation Des études postcommercialisation peuvent être entreprises pour diverses raisons. Comme on l’a mentionné plus haut, elles sont souvent menées pour examiner les signaux de sécurité qui découlent de signalements spontanés. L’encadré 6.2 donne un exemple de la manière dont une investigation d’innocuité peut se dérouler, des signalements spontanés jusqu’à des études observationnelles contrôlées. 210 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Encadré 6.2 Association possible entre les médicaments modifiant les propriétés des leucotriènes et le comportement suicidaire chez les enfants L’asthme est une affection chronique commune qui exige une pharmacothérapie et qui touche environ 10 % des enfants âgées de deux à sept ans au Canada (Thomas, 2010; Société canadienne de l’asthme, 2014). Le montélukast (SingulairMD) est un médicament modifiant les propriétés des leucotriènes (LTMA — leukotriene-modifying agent) administré par voie orale à la place de corticostéroïdes pour aider à maîtriser l’asthme (Schumock et al., 2012). En 2008, la FDA a publié une mise en garde sur un lien possible entre le montélukast et « des changements de comportement ou d’humeur, des tendances suicidaires (idées et comportements suicidaires) et le suicide » (traduit de FDA, 2008). La monographie de produit du SingulairMD a été mise à jour aux États-Unis et au Canada pour inclure ces perturbations psychiatriques parmi les effets indésirables possibles (Santé Canada, 2009b). La mise en garde de la FDA a été par la suite étendue à d’autres LTMA (FDA, 2009c). La FDA a commencé son examen d’innocuité en demandant aux fabricants de LTMA de présenter des données, provenant d’essais cliniques contrôlés précédents avec placebo, sur les événements indésirables liés aux tendances suicidaires et à d’autres changements d’humeur ou de comportement. Au total, 97 essais cliniques (portant sur 19 214 patients qui avaient reçu un LTMA et 13 502 qui avaient reçu un placebo) ont révélé trois cas de tendances suicidaires, dont deux chez des patients qui avaient reçu un placebo (FDA, 2009b). En 2009, les Laboratoires de recherche MerckMD ont publié des données sur l’innocuité du montélukast chez les enfants, provenant d’une série d’essais à double insu avec placebo ainsi que d’essais ouverts. Un cas de tendances suicidaires a été détecté chez un patient âgé de 12 ans qui recevait du montélukast dans le cadre d’un essai ouvert, mais l’incident a été jugé non lié au médicament (Bisgaard et al., 2009). Aucune de ces données n’a suggéré une association entre les LTMA et les tendances suicidaires. suite à la page suivante Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 211 Par la suite, une recherche dans la littérature et dans le FAERS a révélé 838 cas d’événements indésirables de nature suicidaire liés à des LTMA. Ce nombre peut sembler alarmant, mais presque tous les cas (96 %) sont survenus en 2008 et en 2009, après la mise en garde de la FDA. Cela donne à penser que cette hausse spectaculaire peut avoir été influencée par la mise en garde (Schumock et al., 2011). De la même manière, 12 des 13 signalements d’effets indésirables soumis à Santé Canada et associant des tendances suicidaires ou de l’automutilation au montélukast sont survenus après la mise en garde de la FDA (Santé Canada, 2009b). Enfin, en 2012, une première étude observationnelle à grande échelle (étude cas-témoins) a été menée pour analyser le lien entre les LTMA et les tentatives de suicide chez des enfants et des jeunes adultes. Même si aucune association n’a été trouvée, l’étude a suggéré l’existence d’un risque accru chez les patients âgés de 19 à 24 ans et évoqué le besoin de recherches plus approfondies (Schumock et al., 2012). À l’heure actuelle, l’étiquette du SingulairMD aux États-Unis et au Canada contient une mise en garde sur de possibles événements neuropsychiatriques, mais le médicament n’est pas contre-indiqué pour les enfants (Merck, 2012, 2013). En plus du manque de données probantes sur une association entre les LTMA et les tendances suicidaires, il n’y a pas de mécanisme pharmacologique clair expliquant comment les LTMA pourraient être la cause d’effets neuropsychiatriques (Schumock et al., 2011). En plus de porter sur des questions d’innocuité, des études postcommercialisation peuvent aussi être menées : • comme condition d’homologation — Un exemple de cette situation est l’obligation de mener des études pédiatriques en vertu de la PREA (Pediatric Research Equity Act) aux États-Unis; l’homologation d’un médicament peut être accordée à condition que des études pédiatriques soient complétées après sa mise sur le marché (FDA, 2005b). • pour étudier l’innocuité et l’efficacité d’une utilisation non homologuée — Des études peuvent être menées sur les médicaments commercialisés en vue de leur utilisation pour le traitement d’une autre affection, pour une autre tranche d’âge ou une autre sous-population (p. ex. les personnes atteintes d’une affection sous-jacente comme le SIDA ou l’insuffisance rénale), ou pour tester l’innocuité et l’efficacité d’une nouvelle formule ou d’une autre dose (FDA, 2009a). • dans le cadre d’un examen réglementaire continu d’innocuité — La FDA a établi en 2002, en vertu de la BPCA, puis étendu en 2007 en vertu de la PREA, l’obligation d’un examen d’innocuité des médicaments un an après leur homologation pour les enfants. En 2012, en vertu de la FDA Safety and Innovation Act (FDASIA), ce délai d’examen a été reporté à 18 mois (Congrès des États-Unis, 2012). Supervisé 212 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada par le Comité consultatif pédiatrique de la FDA, ce processus comporte un examen : des données des essais originaux; des tendances d’utilisation du médicament par les adultes et les enfants; des événements indésirables signalés; de l’étiquette du produit; d’autres données cliniques pharmacologiques et statistiques publiées. Depuis 2003, la plupart de ces examens n’ont soulevé aucun doute en matière d’innocuité, mais il y a eu dans certains cas des recommandations de modification de l’étiquette afin de mieux mettre en évidence des problèmes potentiels d’innocuité. À titre d’exemple, des doutes ont été émis à propos de l’innocuité de certains médicaments psychiatriques, d’inhibiteurs de la pompe à protons ainsi que de solutions utilisant de l’alcool et du propylèneglycol (IOM, 2012b; Murphy et al., 2014). 6.4.2 Exigences réglementaires et mesures incitatives concernant les études postcommercialisation Santé Canada n’a pas le pouvoir d’exiger des études postcommercialisation (Santé Canada, 2011b). Cela soulève des questions sur ce qui peut déclencher de telles études au Canada. En l’absence d’incitatifs de nature réglementaire, le gouvernement du Canada finance des études postcommercialisation par le truchement du Réseau sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments (RIEM), mis sur pied par les IRSC pour augmenter et améliorer les études sur les médicaments commercialisés (voir l’encadré 6.3). Encadré 6.3 Le Réseau sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments Pour répondre à un besoin reconnu d’études postcommercialisation sur l’utilisation réelle des médicaments, Santé Canada et les IRSC ont mis sur pied le RIEM en 2009. Le RIEM est formé d’équipes virtuelles reliant plus de 150 chercheurs et des centres de traitement de données (Peterson, 2012). À ce jour, les équipes du RIEM ont une centaine de projets en cours ou terminés (RIEM, 2013), dont 11 sont centrés sur l’utilisation pédiatrique de médicaments (Peterson, 2012). Les travaux du RIEM répondent à des demandes de gestionnaires de régimes d’assurance-médicaments, de décideurs aux échelons fédéral, provincial et territorial, d’évaluateurs de technologie de la santé ainsi que de Santé Canada (SOCI, 2013). Fortes de compétences et de moyens d’action dans des domaines tels que la surveillance active, les études observationnelles, les études comparatives et prospectives d’efficacité, la pharmacogénomique des effets indésirables et la méta-analyse en réseau, les équipes du RIEM sont une source de données probantes postcommercialisation sur l’innocuité et l’efficacité comparée de médicaments, en vue de décisions concernant les soins de santé. suite à la page suivante Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 213 L’une des sept équipes du RIEM est le Réseau canadien pour les études observationnelles sur les effets des médicaments (RCEOEM), dont le but premier est « de fournir rapidement des réponses aux questions sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments, grâce à des méthodes de collaboration centrées sur les populations » (traduit de RCEOEM, 2013). Le RCEOEM a accès aux dossiers administratifs de santé et aux dossiers de prescription de plus de 40 millions de personnes : données de sept provinces canadiennes; contenu de la base de données General Practice Research Database, au Royaume-Uni; contenu de la base de données MarketScan, aux États-Unis (Filion et al., 2014). Grâce à des données abondantes et à des méthodes d’études épidémiologiques, le RCEOEM a la capacité de détecter des événements indésirables rares et de faire une estimation des avantages et des risques des médicaments (RCEOEM, 2013). Le RCEOEM doit encore étudier les réactions indésirables aux médicaments chez les enfants. Il se fie aux données des régimes d’assurance-maladie publics des provinces et du gouvernement fédéral. Comme de nombreux enfants ne sont pas couverts par les régimes provinciaux d’assurance-médicaments, et que ces régimes varient considérablement pour ce qui est des conditions d’admissibilité et des médicaments couverts (Ungar et Witkos, 2005), le RCEOEM pourrait se heurter à certaines limites en ce qui concerne les études pédiatriques; de telles études sont néanmoins possibles. En plus de répondre aux demandes des décideurs, le RIEM a lancé deux programmes de subventions qui visent précisément la recherche sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments pédiatriques (Peterson, 2012). Le RIEM ne répond pas directement aux demandes d’études émanant de chercheurs, du public, d’entreprises à but lucratif ou d’organisations bénévoles (SOCI, 2013); il se concentre plutôt sur les besoins des décideurs (Peterson, 2012). Il se peut donc que les chercheurs en pédiatrie voient les sujets qui les intéressent laissés de côté jusqu’à ce ceux-ci soient jugés utiles dans le cadre des priorités de Santé Canada ou d’autres décideurs de haut niveau. Néanmoins, le comité consultatif scientifique du RIEM constitue un forum qui permet aux chercheurs du réseau de présenter les sujets qui, à leur avis, pourraient être étudiés tout en comblant des besoins de recherche (RIEM, 2013). Plusieurs projets ont été lancés de cette manière (p. ex. une proposition d’examiner les profils génétiques correspondant à de meilleurs taux de réponse et à moins d’événements indésirables avec les nouveaux médicaments contre l’hépatite C). La recherche financée par le RIEM vise à répondre aux besoins des organismes de réglementation et des décideurs provinciaux qui donnent accès aux médicaments. Elle permet donc de fournir directement des données probantes à l’appui de décisions en matière de réglementation et de listes de médicaments couverts (RIEM, 2013). 214 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada 6.4.3 Évaluation d’un mécanisme potentiel de causalité L’une des questions à laquelle des chercheurs peuvent vouloir répondre, à l’aide de rapports de cas ou d’études épidémiologiques contrôlées, est celle de savoir si des données probantes appuient un mécanisme de causalité d’un effet indésirable (Gallagher et al., 2011). Autrement dit, y a-t-il de l’information disponible pour expliquer le processus biologique pouvant être à l’origine de l’effet indésirable (c.-à-d. pourquoi et comment cet effet survient)? Certains effets indésirables ont des mécanismes biologiques bien caractérisés. Par exemple, tout en étant généralement rares, les effets indésirables dus au système immunitaire sont la cause de plusieurs réactions potentiellement mortelles (Rieder, 2012). D’autres effets indésirables possibles n’ont pas de mécanisme connu mais demeurent biologiquement plausibles, ce qui signifie qu’ « une personne connaissant le sujet pourrait postuler un mécanisme plausible » [traduction] par lequel le médicament pourrait provoquer l’événement indésirable (IOM, 1994). L’encadré 6.1 donne un exemple d’effet indésirable potentiel qui a apparemment un mécanisme biologiquement plausible, alors que l’encadré 6.2 donne un exemple d’effet indésirable potentiel sans mécanisme biologique plausible apparent. Une plausibilité biologique démontrée signifie que le mécanisme de l’effet indésirable a été confirmé par des études in vitro ou sur des animaux (IOM, 1994). Certains effets indésirables peuvent être dus à des variations des gènes qui codent des protéines telles que des enzymes qui métabolisent des médicaments. Le Réseau canadien pharmacogénomique pour la sécurité des médicaments (CPNDS — Canadian Pharmacogenomics Network for Drug Safety) étudie ce phénomène. Connu à l’origine sous le nom de projet GATC (Genotype-specific Approaches to Therapy in Childhood), le CPNDS compte des cliniciens affectés à la surveillance dans 12 hôpitaux pédiatriques d’un bout à l’autre du Canada (Carleton et al., 2009; CPNDS, 2012). À chaque endroit, des médecins, des pharmaciens et des membres du personnel infirmier collaborent « à identifier et recruter des patients qui subissent des effets indésirables d’un médicament ainsi que des patients qui reçoivent le même médicament sans avoir d’effet indésirable (témoins), et à recueillir des données et des échantillons biologiques de ces personnes » (traduit de Carleton et al., 2009). Tous les échantillons font l’objet d’un génotypage, ce qui permet aux chercheurs de repérer les différences génétiques pouvant être liées à un effet indésirable (Carleton, 2010). Grâce à cette méthode de cas-témoins, le CPNDS a réussi à trouver des facteurs génétiques responsables de la perte d’audition due à la cisplatine (agent chimiothérapeutique beaucoup utilisé) (Ross et al., 2009), de l’intoxication aux opiacés provoquée par la codéine chez les nourrissons allaités (Madadi et al., 2009), ainsi que de l’intoxication cardiaque due aux anthracyclines (également utilisés en chimiothérapie) (Visscher et al., 2012, 2013). Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 215 6.4.4 Définition d’une étude postcommercialisation d’évaluation des risques Le comité a choisi de distinguer deux types d’études postcommercialisation : les études rétrospectives (qui font appel à des données existantes, recueillies notamment dans le cadre d’initiatives de surveillance) et les études prospectives (qui reposent sur la production de nouvelles données). Les études prospectives peuvent être des études observationnelles (où il n’y a pas d’affection des participants à un groupe de traitement donné) ou des essais contrôlés (généralement aléatoires). Ces deux types d’études peuvent être lancées volontairement ou suite à une demande de la FDA ou de l’EMA (mais non de Santé Canada) (FDA, 2011; Santé Canada, 2011b; EMA, 2013f). Les ECA sont les études les plus convaincantes, qu’il s’agisse d’efficacité ou d’innocuité. Comme l’affectation aux groupes est aléatoire, les ECA sont les moins susceptibles d’être affectés par des variables confondantes et donc les plus susceptibles de détecter de véritables relations de causalité (Strom, 2005b). Cela n’en fait toutefois pas nécessairement l’option la plus pratique pour une étude d’innocuité postcommercialisation. Si le but de l’étude est de démontrer l’efficacité d’un médicament (p. ex. tester une nouvelle formule pour une nouvelle tranche d’âge), un ECA est effectivement approprié (IOM, 2012a). Par contre, si l’objectif visé est d’étudier un effet indésirable potentiel que l’on croit rare, un ECA est probablement trop coûteux, malcommode sur le plan logistique et trop long, du fait qu’il exige un trop grand nombre de participants. La durée d’un ECA peut en outre être inappropriée lorsqu’il s’agit d’étudier des questions urgentes d’innocuité (Strom, 2005b). Le type d’étude qui convient dépend des objectifs visés. Dans certains cas, plusieurs types d’études peuvent intervenir dans l’investigation d’un même médicament. L’investigation peut commencer par des rapports de cas et se poursuivre par des études observationnelles rétrospectives, et au besoin de grandes études prospectives. Le niveau des éléments probants nécessaires peut dépendre de l’importance et du caractère unique du médicament, ainsi que de la gravité et de la fréquence de l’effet indésirable. Si des médicaments semblables sont disponibles et que l’effet indésirable met la vie en danger, le médicament peut être plus rapidement retiré du marché et contre-indiqué pour une population précise, même sans de solides données probantes comme celles que procure une étude prospective postcommercialisation — voir l’exemple donné dans l’encadré 6.1 (Strom, 2005b). Par contre, un tableau complet et probant des relations de cause à effet et des risques ne pourra être obtenu qu’à l’aide d’études épidémiologiques ou d’ECA. Le tableau 6.1 résume certains des avantages, des inconvénients et des considérations pédiatriques de chaque type d’étude postcommercialisation. Avantages, inconvénients et considérations pédiatriques Avantages • L’utilisation de données existantes peut permettre d’obtenir des résultats rapidement et à faible coût. • Particulièrement utile pour des effets indésirables rares, qui pourraient être longs à étudier de manière prospective. Inconvénients • Les dossiers existants peuvent être de piètre qualité (incomplets, inexacts ou peu clairs). • Il peut être difficile de trouver des données existantes sur des groupes témoins. • Moins susceptible de tenir compte de toutes les sources de biais. Considérations pédiatriques • Les bases de données peuvent ne pas prévoir l’extraction de données pédiatriques (voir la section 6.5). Type d’étude Étude observationnelle rétrospective • Les données sur la population à étudier sont extraites de sources existantes. • Les personnes sont comparées selon qu’elles ont eu ou non un effet indésirable, ou selon qu’elles ont été exposées ou non à un médicament. • L’objectif est de déterminer si l’exposition à certains médicaments peut être associée à des effets indésirables précis. Tableau 6.1 Considérations liées à divers types d’études postcommercialisation Rétrospective (utilisation de données existantes) suite à la page suivante • Étude observationnelle rétrospective pour déterminer le risque de syndrome de Guillain-Barré (SGB) après immunisation avec un vaccin antiméningococcique conjugué (MCV4). • Sur 12,6 millions de sujets âgés de 11 à 21 ans, plus de 1,4 million ont été vaccinés avec le MCV4 de mars 2005 à août 2008. • Aucun des 99 cas confirmés de SGB n’est survenu moins de 6 semaines après la vaccination, d’où un taux nul d’incident. (Velentgas et al., 2012) Exemple pédiatrique 216 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Avantages, inconvénients et considérations pédiatriques Avantages • Les données sont plus susceptibles d’être de grande qualité (plus détaillées, complètes et exactes) que des données rétrospectives. • Les données sur l’exposition (et d’autres) peuvent être obtenues à chaque visite pendant la période de suivi, selon des procédures normalisées, ce qui favorise la création d’un ensemble abondant de données et simplifie les comparaisons entre groupes. Inconvénients • Peut demander de nombreuses années. • Moins susceptible de tenir compte de toutes les sources de biais. • Il peut être difficile de recruter assez d’enfants exposés pour pouvoir étudier les effets indésirables rares. Considérations pédiatriques • Les difficultés de recrutement peuvent être exacerbées dans le cas d’enfants, puisque le réservoir potentiel de patients est déjà plus petit. • Une étude observationnelle prospective peut être nécessaire s’il n’est pas possible d’extraire de l’information spécifiquement pédiatrique des ensembles de données existants. Type d’étude Prospective (création de nouvelles données) Étude observationnelle prospective • La population à risque d’avoir un effet indésirable est suivie pendant une certaine période. • Les groupes de comparaison sont souvent choisis selon divers niveaux d’exposition au produit (p. ex. aucune exposition ou exposition à différentes doses). suite à la page suivante • Étude observationnelle prospective pour comparer l’innocuité et l’efficacité d’un traitement quotidien et d’un traitement intermittent aux glucocorticoïdes chez des garçons (âgés de 3 à 15 ans) atteints de dystrophie musculaire progressive type Duchenne. • Après l’âge de 7 ans, les garçons prenant les médicaments de manière intermittente ont décliné plus rapidement; par contre, davantage de patients prenant les médicaments tous les jours ont eu des effets secondaires de modérés à graves. (Ricotti et al., 2013) Exemple pédiatrique Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 217 Essai clinique aléatoire (ECA) Avantages • Par rapport aux études observationnelles, les données sont plus susceptibles d’être de grande qualité et libres d’autres sources de biais. • Un ECA donne les preuves les plus fortes de relations causales. Inconvénients • Peut exiger le recrutement d’un grand nombre de participants, ce qui peut être difficile, en particulier si le traitement est disponible en dehors de l’essai. • Dans le cas d’effets indésirables rares, il peut être difficile, même pour de grands ECA multicentres, de détecter des différences entre les groupes de traitement. • Coûteux et long. Considérations pédiatriques • Il y a peu d’exemples d’ECA pédiatriques à grande échelle postcommercialisation menés uniquement pour examiner une question d’innocuité. • Les ECA postcommercialisation sur des enfants servent plus souvent à étudier de nouvelles doses, formules pédiatriques, tranches d’âge, etc., pour lesquelles le médicament n’a pas encore été homologué; ces essais mettent l’accent sur l’efficacité du médicament, mais comprennent généralement une composante d’innocuité. Essai clinique aléatoire • Essai clinique avec groupes témoins et affectation aléatoire des participants. • ECA multicentre sans insu pour examiner l’innocuité et l’efficacité à long terme de l’étanercept (un produit biologique) seul ou combiné au méthotrexate (un médicament antirhumatismal courant) chez les enfants atteints d’arthrite juvénile idiopathique. • Les taux d’événements indésirables ont été semblables dans tous les groupes de traitement et ont confirmé les conclusions d’études précédentes. • Le profil d’innocuité des divers protocoles de traitement a été jugé acceptable. • L’efficacité a été semblable dans tous les groupes de traitement et l’amélioration a été maintenue pendant 3 ans. (Giannini et al., 2009) Exemple pédiatrique Source des données : Strom (2005b); OMS (2007); IOM (2012a); EMA (2013f) Avantages, inconvénients et considérations pédiatriques Type d’étude 218 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 6 .5 219 R E LE V E R L E S DÉ F I S DE L A S UR V EILLANC E ET D E L’ É T U DE DE L’I NNOCU I T É D ES MÉDIC AMENTS C HE Z L E S E NFANT S La pharmacovigilance est un domaine plein de défis. Peu importe la population suivie ou étudiée, il faut parfois plusieurs décennies pour découvrir des effets indésirables rares (Strom, 2005a). Un exemple est celui de la pémoline, un léger stimulant du système nerveux central homologué en 1975 pour le traitement du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Ce n’est qu’au milieu des années 1990 qu’elle a été reconnue comme cause possible de l’insuffisance hépatique aiguë. Finalement, après une période de 25 ans pendant laquelle les enfants qui prenaient de la pémoline risquaient sans le savoir des effets indésirables mortels, le médicament a été retiré du marché au Canada et aux États-Unis, en 1999 et en 2005 respectivement (Etwel et al., 2008). Pour un certain nombre de raisons, il est encore plus difficile de produire après la commercialisation d’un médicament des données sur son innocuité dans le cas des enfants que dans celui des adultes. Certaines des principales difficultés sont présentées ci-après et dans le tableau 6.2. • Manque de données précommercialisation pour appuyer des activités proactives de surveillance postcommercialisation — Il est difficile de mettre sur pied des initiatives proactives de surveillance pour des médicaments prescrits en dérogation aux directives de l’étiquette ou non, homologués pour les enfants, puisque leur utilisation pédiatrique peut ne pas être bien connue. De plus, si aucune étude n’a été menée sur des enfants avant la commercialisation d’un médicament, il peut être difficile de prédire les populations (p. ex. tranche d’âge, comorbidité) dans lesquelles un effet indésirable pourrait être le plus prévalent. • Manque de corrélation entre les profils d’innocuité chez les adultes et les enfants — La nature, la gravité ou la fréquence d’un effet indésirable peuvent être différentes chez les enfants et les adultes qui prennent un même médicament. Par exemple, les enfants ont plus souvent que les adultes des réactions ressemblant à une maladie sérique lorsqu’ils prennent du céfaclor (un antibiotique) (Stricker et Tijssen, 1992; Vial et al., 1992). De fait, le profil d’innocuité d’un médicament chez les adultes est un prédicteur médiocre de son profil d’innocuité chez les enfants. • Nombre moins grand d’enfants que d’adultes — La rareté de certains effets indésirables rend leur détection difficile, et ce problème est exacerbé chez les enfants parce que la population d’utilisateurs potentiels d’un médicament donné est petite. De plus, si un effet indésirable ne survient que dans une tranche d’âge précise, sa fréquence est encore moindre. 220 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada • Évolution de la prédisposition aux effets indésirables au cours de la vie d’un patient et effets indésirables ayant une longue période de latence — Dans certains cas, un stade particulier de croissance ou de développement peut être étroitement associé à un effet indésirable donné. Dans d’autres cas, un effet indésirable peut ne pas se manifester avant qu’un patient ait suivi un traitement à long terme s’étendant sur plusieurs stades de développement. Une autre situation est celle des effets indésirables qui ont une longue période de latence (c.-à-d. qui ne se manifestent que longtemps après l’exposition à un médicament). Ces scénarios sont difficiles à détecter à moins de mener des activités de surveillance (p. ex. une surveillance active à l’aide de registres de patients) et des études qui portent sur des enfants de diverses tranches d’âge suivis pendant un certain temps. L’encadré 6.4 évoque une étude à long terme sur l’évolution d’enfants qui avaient reçu des stimulants pour le traitement du TDAH, ce qui met en évidence l’importance d’analyses longitudinales. • Bases de données sur l’innocuité non propices à l’extraction de données proprement pédiatriques — Même si des initiatives de surveillance prospective sont en place, elles peuvent ne pas être utiles à l’étude des médicaments pédiatriques si elles ne permettent pas d’extraire facilement des données telles que l’âge de l’enfant, sa diète et son état nutritionnel, les médicaments concomitants, la maladie pour laquelle les médicaments à l’étude ont été prescrits, ainsi que d’autres données contextuelles. • Réticence à signaler des événements indésirables, en particulier s’ils résultent d’un emploi non conforme — Les médecins peuvent être réticents à signaler des événements indésirables qui surviennent après la prescription de médicaments en dérogation aux directives de l’étiquette, de peur d’être tenus responsables de ces événements. Alors que certaines de ces difficultés sont spécifiques aux enfants, d’autres ont une plus grande portée mais prennent plus d’importance dans le cas des enfants. Le tableau 6.2 présente quelques solutions possibles à ces problèmes. Même si des solutions précises sont suggérées pour chaque type de problème, les progrès réalisés dans un domaine ont certainement des répercussions positives dans d’autres domaines (p. ex. des formulaires de signalement simplifiés pour les médecins pourraient se traduire par des taux de signalement plus élevés, des bases de données plus complètes et, au bout du compte, une meilleure détection des effets indésirables). Comme on l’a mentionné plus haut, des effets indésirables qui se manifestent après un traitement à long terme ou longtemps après l’exposition à un médicament sont particulièrement susceptibles de toucher les enfants. Des effets indésirables graves et potentiellement mortels surviennent souvent rapidement, parfois même immédiatement après l’administration d’un médicament. Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 221 Un exemple classique est celui des réactions allergiques immédiates aux antibiotiques bêta-lactamines, comme les pénicillines et les céphalosporines (Atanaskovic-Markovic et al., 2005; Novembre et al., 2009). D’autres effets indésirables peuvent prendre des jours ou même des années à se manifester et ont une importance particulière pour les enfants s’ils affectent leur développement physique ou psychologique. Les effets indésirables de certains médicaments sur le système nerveux central sont aussi une source de préoccupation dans le cas des enfants. Par exemple, les antihistaminiques employés pour le traitement d’allergies peuvent avoir un effet sédatif sur les enfants d’âge scolaire et nuire à leurs capacités d’apprentissage (Vuurman et al., 1993; Ng et al., 2004). Les antiépileptiques peuvent avoir de multiples effets cognitifs, notamment sur la mémoire, l’attention et le langage. Les personnes qui prennent ces médicaments pendant leur enfance peuvent avoir des déficits à long terme dans des domaines comme la lecture et la communication verbale (Ijff et Aldenkamp, 2013). Les stimulants utilisés pour le traitement du TDAH ont également suscité des inquiétudes (voir l’encadré 6.4). De plus, des neuroleptiques sont prescrits à des enfants pour traiter les comportements agressifs associés au TDAH, ainsi que d’autres troubles du comportement, des troubles de l’humeur et des psychoses. Les données d’essais pédiatriques indiquent que les neuroleptiques peuvent avoir des effets métaboliques et neurologiques indésirables, comme la prise de poids, un taux élevé de cholestérol et des troubles du mouvement (Pringsheim et al., 2011a). Cela est particulièrement préoccupant puisque, de 2005 à 2009, les prescriptions de neuroleptiques à des enfants canadiens ont augmenté beaucoup plus que les prescriptions de stimulants (Pringsheim et al., 2011b). En septembre 2013, la Société américaine de psychiatrie a publié un ensemble de recommandations concernant l’usage des neuroleptiques, indiquant que, en raison des sérieux effets nocifs potentiels de ces médicaments, les médecins et les patients devraient remettre en question leur utilisation routinière comme traitement de première intention pour les enfants (APA, 2013). En Colombie-Britannique, plusieurs initiatives récentes, dont le programme provincial de santé mentale et métabolique de l’Hôpital pour enfants de la Colombie-Britannique et l’Alliance canadienne pour la surveillance de l’efficacité et de l’innocuité des neuroleptiques (CAMESA — Canadian Alliance for Monitoring Effectiveness and Safety of Antipsychotics), ont été mises sur pied pour aider les parents et les médecins à surveiller et à gérer les effets secondaires des neuroleptiques (Di Pietro et Illes, 2013). 222 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Encadré 6.4 Effets sur la santé de l’utilisation de médicaments stimulants chez les enfants atteints de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) Une étude canadienne récente (Currie et al., 2013) a profité de l’adoption au Québec en 1997 d’une loi rendant obligatoire une assurance couvrant les médicaments sur ordonnance. Avec l’expansion de la couverture d’assurance des médicaments, l’utilisation de médicaments stimulants chez les enfants atteints de TDAH a augmenté au Québec par rapport au reste du Canada. Les auteurs ont examiné si cela se traduisait par une amélioration de la santé des enfants atteints de TDAH. Ils se sont servi pour leur étude de données de l’Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes (ELNEJ), qui avait commencé en 1994. Les résultats à court terme du traitement (p. ex. sur les plans comportemental, social, scolaire et émotionnel) ont été mesurés chez les enfants plus jeunes. Les enfants plus âgés ont été suivis jusqu’à 11 ans après l’adoption de la loi (jusqu’en 2008), et les auteurs ont qualifié de résultats à long terme les mesures effectuées à ce moment-là. L’étude a trouvé peu de preuves d’amélioration du rendement et de l’état émotionnel des enfants atteints de TDAH après une utilisation accrue de médicaments stimulants. De fait, à court terme, une utilisation accrue de médicaments était associée à une augmentation de la tristesse, à une détérioration des relations avec les parents et à de moins bons résultats scolaires. À long terme, les garçons qui prenaient des stimulants étaient plus susceptibles d’abandonner l’école et les filles étaient plus susceptibles de recevoir un diagnostic de trouble mental ou émotionnel (Currie et al., 2013). Cette étude n’établit pas clairement si l’évolution des enfants plus âgés était due à un long traitement avec des médicaments stimulants, à une longue période de latence, ou simplement à la prise de médicaments à un âge plus avancé. Ces données démontrent néanmoins qu’il faut étudier non seulement les médicaments qui ont des effets indésirables immédiats et graves, mais aussi ceux qui pourraient affecter le développement émotionnel des enfants. Augmenter le nombre et la pertinence des études précommercialisation sur des enfants, afin d’éclairer les initiatives de surveillance active • L’idéal serait de favoriser une démarche ciblée et proactive afin de connaître les effets indésirables d’un médicament chez les enfants, sa pharmacologie précise en fonction de tranches d’âge normalisées, son innocuité et son efficacité pour des formules et voies d’administration données. Les médicaments identifiés comme potentiellement problématiques au cours des essais cliniques (p. ex. ceux qui sont homologués pour le traitement d’affections pédiatriques chroniques) pourraient faire l’objet d’une surveillance à long terme à l’aide de registres ou d’études de cohorte. Augmenter le nombre d’études et d’analyses d’innocuité centrées sur les enfants • Dans le cas d’un médicament commercialisé depuis des décennies, une analyse rétrospective des signalements d’effets indésirables chez des enfants peuvent suffire pour des modifications d’homologation, en particulier si l’effet indésirable met la vie en danger. Les médicaments pédiatriques plus récents donnent la possibilité de mettre sur pied des études prospectives ou des initiatives de surveillance active, susceptibles de produire des données afin d’étudier le risque d’effets indésirables avec le temps et de signaler rapidement tout effet indésirable, accélérant d’autant l’action des organismes de réglementation et prévenant d’autres effets indésirables. Des études sur les mécanismes des effets indésirables sont également importantes, tant pour les médicaments anciens que récents. Adopter des démarches proactives sans données précommercialisation suffisantes • Il est normal que des initiatives de surveillance active suivent les essais cliniques préalables à la commercialisation d’un médicament. Cependant, si un médicament est prescrit en dérogation aux directives de l’étiquette ou sans homologation, il peut ne pas être bien su que des enfants reçoivent ce médicament, et il peut donc être difficile de mettre sur pied des initiatives proactives de surveillance. De plus, en cas d’inquiétude sur l’innocuité du médicament, les données des essais préalables à la mise sur le marché ne seront pas immédiatement disponibles comme point de départ d’un examen d’innocuité. Prédire la probabilité d’un effet indésirable chez les enfants alors que les seules données d’innocuité disponibles concernent les adultes • Le profil d’innocuité d’un médicament chez les adultes est un prédicteur médiocre de son profil d’innocuité chez les enfants de divers groupes. Les études prospectives à grande échelle sur l’innocuité d’un médicament peuvent être limitées aux adultes, mais ces données ne prédisent pas nécessairement ce qu’il en est pour les enfants. suite à la page suivante Solution possible Défi à relever Tableau 6.2 Surveillance et étude postcommercialisation de l’innocuité de médicaments dans la population pédiatrique Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 223 Mettre au point de meilleures techniques d’analyse, afin de détecter plus tôt les signaux d’effets indésirables rares • Après un premier signal (p. ex. des rapports d’événements indésirables soumis aux organismes de réglementation ou publiés dans la littérature), il faut rechercher les liens de cause à effet possibles entre un médicament et un événement indésirable; cela peut se faire en appliquant des algorithmes de causalité aux données disponibles et en lançant des études observationnelles contrôlées ou des études des mécanismes en cause, afin d’examiner plus en profondeur les liens de cause à effet possibles. Mettre sur pied davantage d’initiatives de surveillance active • La surveillance active présente de nombreux avantages par rapport à la surveillance passive pour la détection d’effets indésirables. Elle permet de produire des jeux de données complets et instructifs; elle peut être adaptée au médicament (p. ex. études à long terme au besoin), à la tranche d’âge (p. ex. suivi physiologique des nourrissons qui ne peuvent pas encore exprimer leurs symptômes) et aux effets secondaires attendus (p. ex. suivi attentif de la fonction hépatique). • Les bases de données et les registres de patients conçus pour recueillir des données longitudinales normalisées (p. ex. le Registre canadien sur la fibrose kystique ou l’Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes — voir l’encadré 6.4), même si ce n’est pas uniquement dans le but de surveiller les effets indésirables, sont essentiels pour réaliser à long terme des études épidémiologiques contrôlées; les identificateurs de patient sont extrêmement utiles dans un système de plusieurs bases de données (p. ex. les bases de données des services de santé de la Saskatchewan — voir l’encadré 6.5), puisqu’ils permettent de relier des éléments d’information conservés dans des bases de données distinctes. Détecter des effets indésirables qui sont particulièrement rares • Les effets indésirables graves sont généralement rares; si un effet indésirable donné ne survient que dans une tranche d’âge précise de la population pédiatrique (p. ex. en raison de caractéristiques physiologiques), il est alors encore plus rare et donc plus difficile à détecter. Améliorer la détection des effets indésirables, en particulier ceux qui apparaissent tardivement • Les signalements spontanés peuvent moins bien convenir en pédiatrie, à cause du faible nombre de patients et donc du petit nombre d’effets indésirables possibles, et parce que les nourrissons et les enfants ne peuvent pas reconnaître ou exprimer leurs symptômes, ce qui se traduit par un soussignalement des événements indésirables chez les enfants. • La vulnérabilité aux effets secondaires d’un médicament peut se manifester bien après qu’un enfant ait commencé à prendre le médicament (p. ex. il se peut qu’un médicament soit pris à partir d’un très jeune âge pour le traitement d’une affection chronique, mais que l’effet indésirable ne devienne apparent que plus tard au cours du développement); dans le cas d’une maladie chronique, le traitement dure plus longtemps s’il commence au cours de l’enfance, ce qui peut accroître le risque d’effets indésirables (voir l’encadré 6.4). suite à la page suivante Solution possible Défi à relever 224 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Concevoir des bases de données avec une meilleure codification de l’information pédiatrique • Les bases de données devraient contenir et permettre d’extraire des données normalisées en fonction de l’âge, d’autres renseignements contextuels (p. ex. médicaments concomitants) et des paramètres tels que l’indication de traitement (c.-à-d. l’affection pour laquelle le médicament a été prescrit), pour permettre de suivre les effets des emplois non conformes; le système informatisé de prescription MOXXI (Medical Office for the XXI century — Pratique médicale de l’avenir) utilisé au Québec a démontré l’avantage de consigner les indications de traitement dans les bases de données de gestion des médicaments. Encourager et simplifier les signalements • Les programmes conçus pour augmenter le taux de signalement des événements indésirables, comme celui du PCSP, peuvent augmenter le taux de signalement de la part des médecins. • Les médecins ont indiqué que plus d’information sur les effets indésirables (p. ex. conseils et rappels), des réactions sensées et utiles à leurs signalements (p. ex. y a-t-il eu d’autres signalements d’événements indésirables semblables?) et un questionnaire simplifié ont rendu le signalement d’événements indésirables plus accessible et plus significatif, et ont donc augmenté la probabilité qu’ils fassent s’il y a lieu un signalement. • Les fabricants et les organismes de réglementation devraient encourager le signalement de tout effet indésirable soupçonné, même s’il résulte d’un emploi non conforme ou non homologué; ceux qui font de tels signalements devraient avoir l’assurance que leurs renseignements personnels seront protégés. Extraire des données pédiatriques spécifiques des bases de données sur l’innocuité des médicaments • Les bases de données qui contiennent de l’information sur les effets indésirables sont parfois mal structurées, de sorte qu’il est difficile de les consulter et d’interpréter leur contenu; il se peut donc qu’il soit impossible d’extraire des données sur certaines tranches d’âge. Vaincre les réticences à signaler des événements indésirables • Les médecins peuvent être réticents à remplir des rapports d’événements indésirables, parce qu’ils sont très occupés et considèrent que cette tâche prend beaucoup de temps. De plus, ils peuvent douter de la valeur de cet exercice en raison du manque de retour sur la manière dont l’information est utilisée. • Lorsque des médecins prescrivent des médicaments à des patients pédiatriques en dérogation aux directives de l’étiquette, ils peuvent hésiter à signaler les événements indésirables résultant de cette pratique, de peur d’être tenus responsables de ces événements. Source des données : EMA (2007); Etwel et al. (2008); Eguale et al. (2010, 2012); Vlahovic-Palcevski et Mentzer (2011); Zimmerman et al. (2011); Sysak (2012); Vogel et Sysak (2012); Kuehn (2013); Niesters et al. (2013) Solution possible Défi à relever Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 225 226 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Des solutions possibles pour améliorer la pharmacovigilance pédiatrique peuvent être imaginées tout au long d’une période qui commence dès avant la commercialisation d’un médicament. En menant des essais cliniques sur des enfants au lieu de compter sur l’emploi non conforme d’un médicament, on peut détecter les effets indésirables pédiatriques les plus communs avant que le médicament ne soit mis sur le marché. Même s’ils constituent l’idéal, de tels essais et signalements sont rares. Sachant qu’un essai clinique n’est en général pas conçu pour mesurer tous les aspects de l’innocuité d’un médicament et ne mesure habituellement que quelques facteurs, si les effets indésirables détectés dans les essais préalables à la mise sur le marché sont suffisamment fréquents et graves, cela peut conduire à une contre-indication de l’emploi pédiatrique du médicament. Des préoccupations moins sérieuses peuvent servir à justifier des études d’innocuité postcommercialisation. Une fois qu’un médicament est mis sur le marché, même si aucun doute n’a été émis quant à son innocuité pendant des essais précommercialisation, une surveillance active ciblée est la méthode de choix pour le suivi de l’innocuité d’un médicament. La surveillance passive a de nombreuses lacunes (voir la section 6.3), notamment des taux élevés de non-signalement (Hazell et Shakir, 2006). Cependant, comme la surveillance active peut ne pas être réalisable pour tous les médicaments, en particulier dans un grand pays comme le Canada, des programmes d’encouragement aux signalements et de meilleures techniques de détection et d’analyse des signaux de sécurité seraient bénéfiques. Le succès de ces initiatives de sécurité postcommercialisation dépend de la qualité des bases de données utilisées pour recueillir de l’information. Le codage de données pédiatriques (p. ex. données telles que l’âge du patient et la formule médicamenteuse) est souvent insuffisant pour permettre l’analyse des effets indésirables chez les enfants. La base de données en ligne de Canada Vigilance maintenue par Santé Canada est décrite comme mal structurée et difficile à interpréter. Il arrive souvent qu’un enregistrement mentionne plusieurs médicaments et de multiples événements indésirables, ce qui rend les effets indésirables soupçonnés difficiles à identifier (Sysak, 2012; Vogel et Sysak, 2012). Un système de bases de données normalisées et liées entre elles d’un bout à l’autre du pays, ou couvrant même plusieurs pays, aiderait beaucoup à la surveillance des effets indésirables pédiatriques, car dans le cas des effets indésirables rares, il amènerait la taille des échantillons à des niveaux permettant des analyses solides (Neubert et al., 2008). Des données pédiatriques suffisamment nombreuses faciliteraient les comparaisons entre les adultes et les enfants pour détecter les cas où l’incidence des effets indésirables chez les enfants justifierait une démarche différente ou une sensibilisation accrue des enfants, des parents et des soignants. Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 227 Les bases de données des services de santé de la Saskatchewan (voir l’encadré 6.5) constituent un ensemble exemplaire de bases de données canadiennes efficaces et conviviales, ainsi qu’un modèle utile de ce genre de système reliant diverses sources de données. Encadré 6.5 Les bases de données des services de santé de la Saskatchewan Lorsqu’ils s’inscrivent au régime d’assurance-maladie de la Saskatchewan les résidents de la province sont admissibles à un régime d’assurance-médicaments qui couvre tous les produits sur ordonnance énumérés dans la liste de médicaments de la Saskatchewan. Chaque résident reçoit un numéro de services de santé (HSN — Health Services Number) utilisé lorsque de l’information est saisie dans n’importe quelle base de données des services de santé, ce qui permet de relier le contenu de ces différentes bases de données. Les principales bases de données comprennent le registre de la population, la base de données des médicaments sur ordonnance, la base de données des services hospitaliers et la base de données des services de médecin. Parmi les zones de la base de données des médicaments sur ordonnance, il y a l’âge du patient, la formule et la dose (force) du médicament, ainsi que le numéro du principe actif du médicament (attribué par Santé Canada). Toutes ces zones sont utiles pour des analyses pédiatriques. Le lien entre les bases de données à l’aide du HSN permet de regrouper des données et de les classer selon l’âge, le sexe, le diagnostic et de nombreux autres paramètres. Même si elles n’ont pas été conçues pour des fins de recherche, les bases de données des services de santé de la Saskatchewan ont servi à de nombreuses études, dont des études à long terme sur l’exposition à un médicament et ses effets sur la santé, notamment les effets indésirables à long terme (Downey et al., 2005). Les études à long terme sont particulièrement bénéfiques pour la santé des enfants, en ce qui concerne les effets différés sur la croissance ou le développement (voir l’encadré 6.4). Dans une perspective nationale, une limite du système de données sur les médicaments de la Saskatchewan vient de ce qu’il est fondé sur un régime public d’assurance-médicaments, qui varie d’une province à l’autre en ce qui concerne les enfants (Ungar et Witkos, 2005). Par conséquent, si un système semblable était mis en œuvre dans tout le Canada, les données de certaines populations pédiatriques seraient saisies dans certaines provinces mais non dans d’autres. 228 6 . 6 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada VE R S UN E A P P R OCH E I NT É GRÉ E DE L’INNOC U ITÉ P O S TC O M M E R CI AL I S AT I ON AU C ANA DA 6.6.1 Intégration des données de diverses méthodes passives et actives De nombreuses méthodes permettent de recueillir et d’analyser l’information dans un contexte postcommercialisation. Bien que l’utilité de chacune puisse dépendre du problème spécifique d’innocuité soulevé, l’investigation portant sur un médicament donné fera probablement intervenir plusieurs méthodes, en commençant par des processus rapides et peu coûteux jusqu’à des méthodes qui exigent davantage de temps et de ressources (Strom, 2005b). Dans un premier temps, des signaux de sécurité peuvent être détectés grâce à une surveillance passive ou active, à des cas rapportés dans la littérature ou à un examen ciblé de bases de données d’événements indésirables (p. ex. la base de données en ligne des réactions indésirables de Canada Vigilance ou le système de signalement des événements indésirables de la FDA). Lorsqu’un signal de sécurité est détecté, les cas d’événements indésirables peuvent être d’abord analysés individuellement à l’aide d’algorithmes de causalité, et ensuite évalués dans une étude rétrospective contrôlée, afin de confirmer un lien de cause à effet entre un médicament et un événement indésirable, et de faire une estimation de la probabilité de cet effet indésirable. Les initiatives de surveillance active facilitent les analyses sur des ensembles de données plus complets. Des bases de données qui suivent l’évolution des patients sur une certaine période ou des études portant sur des enfants d’âges différents sont essentielles pour détecter les effets indésirables qui surviennent après un traitement à long terme ou une longue période de latence. En pédiatrie, les études observationnelles rétrospectives présentent plusieurs avantages par rapport aux études prospectives : résultats plus rapides; meilleure adaptation à des populations peu nombreuses; plus grande sensibilité pour des événements rares (tels que les effets indésirables dus à des médicaments prescrits pour des maladies pédiatriques rares). Qu’il s’agisse d’études observationnelles ou d’ECA, les études prospectives peuvent connaître des difficultés de recrutement d’un nombre suffisant d’enfants pour détecter en temps opportun des effets indésirables rares. Comme on l’a mentionné plus haut, même si les ECA sont généralement réputés produire des données probantes de la plus grande qualité, ils peuvent ne pas être réalisables en pratique, notamment si les conclusions doivent venir rapidement. De plus, une décision d’un organisme de réglementation à propos d’un médicament pédiatrique peut ne pas exiger le degré de rigueur des données probantes fournies par un ECA, en particulier dans le cas d’un effet indésirable mettant la vie des enfants en danger. Par contre, des ECA sont généralement nécessaires si des fabricants ou des chercheurs ont besoin de données d’efficacité pour une nouvelle indication d’un médicament (p. ex. une nouvelle formule ou l’homologation pour une nouvelle tranche d’âge). Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 229 6.6.2 Approche axée sur le cycle de vie Santé Canada reconnaît le besoin d’une approche axée sur le cycle de vie, qui suppose une évaluation continuelle des risques, des bienfaits et des utilisations recommandées d’un médicament, après sa mise sur le marché et sur une longue période. Une composante majeure de cette approche est constituée des plans de gestion des risques (PGR), notamment pour les produits qui sont mal caractérisés ou dont on sait qu’ils présentent des risques plus élevés. Un PGR comprend un résumé de l’information d’innocuité disponible sur le produit, des plans d’étude des problèmes d’innocuité connus ou potentiels, ainsi que des plans visant à minimiser les risques d’innocuité identifiés ou potentiels. À l’heure actuelle, les fabricants soumettent des PGR à Santé Canada de façon volontaire (Santé Canada, 2012g). Une clé de la mise en œuvre d’une stratégie de cycle de vie consiste à améliorer l’intégration des activités précommercialisation et postcommercialisation, de même que la communication entre l’organisme de réglementation (Santé Canada), les agences de santé publique et les parties prenantes de l’industrie. Les praticiens en santé publique interviennent généralement dans la phase postcommercialisation, étudiant l’innocuité des médicaments après leur homologation par l’organisme de réglementation. Cependant, les regroupements de santé publique peuvent être en mesure de jouer un rôle dans la période préalable à la commercialisation, en aidant à identifier les problèmes d’innocuité potentiels et les populations précises dans lesquelles ils pourraient survenir. Il pourrait être commode pour Santé Canada de collaborer avec l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) — l’agence nationale qui s’intéresse aux maladies infectieuses, aux affections chroniques, aux blessures ainsi qu’à la santé des enfants, dans une perspective de santé des populations. L’ASPC pourrait contribuer à éclairer les décisions prises avant et après la commercialisation des médicaments, et à ajouter une perspective de santé publique dans les discussions avec les fabricants avant l’homologation de produits. Pour qu’une approche axée sur le cycle de vie bénéficie aux enfants, il sera important de veiller à ce que ceux-ci soient inclus dans toutes les phases du processus de recherche sur les médicaments et que leurs besoins soient satisfaits grâce à une adaptation des pratiques standard chez les adultes. 6.6.3 Leçons en matière de réglementation postcommercialisation pour le Canada Plus haut dans ce chapitre, on a mentionné certaines différences entre les exigences réglementaires de divers pays en ce qui concerne la production et l’analyse de données d’innocuité postcommercialisation. Le tableau 6.3 résume ces exigences. 230 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Tableau 6.3 Exigences réglementaires concernant le signalement d’événements indésirables et les études postcommercialisation, au Canada et à l’étranger Organisme de réglementation Exigences de signalement des événements indésirables Pouvoir d’exiger des études postcommercialisation Santé Canada • Tout DAMM* doit signaler tout effet indésirable soupçonné à la Direction des produits de santé commercialisés de Santé Canada. • Des rapports d’effets indésirables intérieurs (c.-à-d. qui surviennent au Canada suite à l’utilisation d’un produit commercialisé au Canada) doivent être présentés pour les effets indésirables sérieux et les incapacités inhabituelles**. • Des rapports d’effets indésirables extérieurs (c.-à-d. qui surviennent à l’extérieur du Canada suite à l’utilisation d’un produit commercialisé au Canada) doivent être présentés pour les effets indésirables sérieux inattendus (réactions incompatibles avec celles qui sont décrites dans l’étiquette ou la monographie canadiennes du produit). • À l’heure actuelle, Santé Canada n’a pas le pouvoir d’exiger d’un DAMM de nouvelles données sur l’efficacité thérapeutique ou l’innocuité d’un médicament au moment de son homologation. • La base de données des essais cliniques de Santé Canada ne contient pas d’essais postcommercialisation. FDA • Le signalement des événements indésirables est obligatoire pour les fabricants, mais facultatif pour les professionnels des soins de santé et les consommateurs. • Les signalements sont saisis dans les bases de données FAERS et VAERS, et peuvent faire l’objet d’analyses plus approfondies dans le cadre du système Sentinel Initiative (voir la sous-section 6.3.4). • Avant 2007, la FDA demandait des études postcommercialisation dans un nombre limité de situations, dont celle d’études pédiatriques reportées (voir les explications concernant la PREA, à la sous-section 2.3.1). • En 2007, la FDA a reçu l’autorisation d’exiger, s’il y a des inquiétudes à propos de risques sérieux, des études postcommercialisation au moment de l’homologation d’un médicament ou après cette homologation. • Des recherches peuvent être menées pour évaluer un risque connu ou des signaux de risque, ou pour identifier un risque inattendu. • Des examens d’innocuité supervisés par le Comité consultatif pédiatrique de la FDA sont exigés 18 mois après l’homologation d’un médicament, afin d’évaluer de manière continue les risques potentiels venant des modifications d’étiquette des médicaments pédiatriques. suite à la page suivante Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 231 Organisme de réglementation Exigences de signalement des événements indésirables Pouvoir d’exiger des études postcommercialisation EMA • Une législation concernant la pharmacovigilance est entrée en vigueur en juillet 2012. • Les DAMM ont l’obligation légale de surveiller et de signaler tout effet indésirable soupçonné et, dans certains États membres, le signalement est obligatoire pour les professionnels des soins de santé et encouragé (non obligatoire) pour les consommateurs. • L’EMA ne reçoit pas directement de signalement d’événements indésirables; ces signalements sont plutôt faits aux autorités compétentes de chaque État membre. • Les autorités compétentes (c.-à-d. les organismes de réglementation ayant l’autorité juridique) doivent avoir des systèmes en place pour recueillir et enregistrer les rapports d’événements indésirables qui leur sont transmis par des DAMM, des professionnels des soins de santé ou des consommateurs; les autorités transmettent à l’EMA cette information, afin qu’elle puisse être consolidée dans la base de données centrale de l’UE (EudraVigilance) et analysée. • Les autorités compétentes de l’UE exigent des plans de gestion des risques (méthodes visant à prévenir et à minimiser les effets indésirables) et peuvent demander des études d’innocuité ou d’efficacité après l’homologation d’un médicament. • Comme dans le cas de la FDA, une étude d’innocuité ou d’efficacité à effectuer après l’homologation d’un médicament peut être exigée comme condition d’homologation, ou après l’homologation du médicament s’il y a des inquiétudes à propos de risques liés au produit. • Les fabricants ne sont pas autorisés à promouvoir l’emploi non conforme de leurs produits, mais l’EMA surveille étroitement ces utilisations à l’aide de plans de gestion des risques. De plus l’EMA demande que l’âge ou la tranche d’âge d’un patient qui prend un médicament figure dans le signalement à EudraVigilance d’un événement indésirable, afin que des signaux de sécurité propres à certains sous-groupes puissent être identifiés. Source des données : Santé Canada (2002, 2011a, 2011b, 2013b); FDA (2005b, 2011, 2012a); EMA (2007, 2012c, 2012d, 2013f) * Les détenteurs d’une autorisation de mise sur le marché (DAMM) sont aussi appelés promoteurs ou fabricants. Au Canada, un « DAMM est l’entité légale qui détient l’Avis de conformité, le numéro d’identification du médicament (DIN), le numéro d’homologation des matériels médicaux, le numéro d’autorisation de mise sur le marché du produit ou qui a eu l’autorisation d’entreprendre des essais cliniques au Canada » (Santé Canada, 2005b). ** Une incapacité inhabituelle correspond à la détérioration de l’état d’un patient parce qu’un médicament ne produit pas l’effet escompté. Ce pourrait être par exemple « un cas où un état jusque-là bien stabilisé se détériorerait quand le patient change de marque de médicament ou reçoit une nouvelle ordonnance » ou le cas « d’une infection pouvant être mortelle où l’incapacité de produire l’effet prévu semble due au développement d’une nouvelle souche résistante de la bactérie, auparavant considérée comme sensible » (Santé Canada, 2011a). 232 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Santé Canada a moins de pouvoirs que les organismes de réglementation d’autres pays, et il est reconnu que son système actuel de pharmacovigilance a besoin d’amélioration. Un rapport produit en 2013 par le Comité permanent du Sénat sur les affaires sociales, les sciences et la technologie a conclu que les études postcommercialisation sont nécessaires pour mesurer avec exactitude l’innocuité et l’efficacité réelles des médicaments, et que les signalements d’événements indésirables reçus par Santé Canada sont insuffisants (SOCI, 2013). Le comité sénatorial a donc recommandé que Santé Canada ait le pouvoir d’exiger des études postcommercialisation et a fait plusieurs autres recommandations pour améliorer la surveillance des médicaments après leur mise sur le marché au Canada, y compris une analyse à grande échelle du rendement, de l’organisation et des besoins budgétaires du Réseau sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments (RIEM) (voir l’encadré 6.3). Le comité sénatorial a de plus affirmé que de meilleures études postcommercialisation sont particulièrement importantes dans le cas des populations vulnérables telles que les enfants. Si un médicament n’a pas fait l’objet d’études approfondies dans une population donnée au cours des essais précédant son homologation, les études postcommercialisation constituent alors une occasion de savoir quels sous-groupes réagissent bien au médicament et lesquels sont à risque de graves effets indésirables. Pour s’attaquer à cette question, le comité sénatorial a recommandé la mise en œuvre d’une stratégie postcommercialisation donnant la priorité à l’étude des nouveaux médicaments dans des sous-groupes pertinents de la population (SOCI, 2013). 6 . 7 R É S UM É D U CH AP I T RE Même si des études d’innocuité sont menées avant la commercialisation d’un médicament, les essais cliniques de phase I, II et III sont généralement trop restreints pour détecter les effets indésirables rares, de même que pour détecter les effets indésirables plus communs dans des sous-populations, dont les enfants. De plus, étant donné le manque d’essais précommercialisation de médicaments sur des enfants et l’emploi non conforme qui s’ensuit, il arrive souvent que l’innocuité d’un médicament pour les enfants ne soit évaluée qu’après sa mise sur le marché, dans des contextes d’utilisation réelle. Cependant, même la surveillance postcommercialisation peut ne pas détecter certains effets indésirables chez les enfants, en raison de plusieurs facteurs : faible nombre de signalements volontaires, en particulier en cas d’emploi non conforme; incapacité des enfants, en particulier les plus jeunes, à reconnaître et à exprimer des symptômes; bases de données qui ne sont pas propices à l’extraction de données proprement pédiatriques Chapitre 6 Surveillance et étude de l’innocuité des médicaments pédiatriques 233 et qui ne sont pas définies pour la collecte de données longitudinales visant à surveiller les effets indésirables qui apparaissent longtemps après l’utilisation d’un médicament ou seulement après son utilisation pendant une longue période. Ces lacunes de la détection des effets indésirables et ces déficiences touchant la sécurité médicamenteuse des enfants mettent aussi en lumière des problèmes de la surveillance postcommercialisation et du système d’essais cliniques au Canada. La surveillance est surtout passive, avec peu d’initiatives de stimulation de déclaration ou de surveillance active; aucune mesure n’incite les fabricants à mener d’autres études sur des groupes précis de patients après la commercialisation des médicaments. D’autres pays ont adopté des lignes directrices ou des règlements afin d’améliorer la surveillance et la recherche clinique continue postcommercialisation. Au Canada, la mise sur pied du RIEM pourrait favoriser la recherche ciblée postcommercialisation. Le RIEM a déjà lancé des programmes de subventions qui encouragent la recherche pédiatrique, et des équipes du RIEM ont entrepris deux grands projets centrés sur l’innocuité des médicaments chez les enfants (Dormuth et al., 2013; Filion et al., 2014). La mise au point de médicaments plus sûrs et plus efficaces pour les enfants bénéficierait d’initiatives de surveillance active permettant d’enregistrer une information complète dans des bases de données ou registres conviviaux et reliés entre eux, avec un meilleur codage des données pédiatriques; cela faciliterait la réalisation d’études observationnelles postcommercialisation capables de détecter des relations de cause à effet entre médicaments et événements indésirables. Dans le cas des enfants, il est particulièrement important de veiller à ce que les effets indésirables qui peuvent affecter le développement physique ou psychologique fassent l’objet d’études de suivi à long terme; des bases de données ou des registres contenant des données longitudinales faciliteraient de telles études. Les algorithmes les plus employés pour juger de la probabilité d’un lien de causalité dans des cas individuels d’événement indésirable ne sont pas toujours valables ou fiables pour des effets indésirables chez les enfants. Des chercheurs travaillent à la mise au point d’outils d’évaluation de relations de causalité spécifiques aux populations pédiatriques. De nouvelles méthodes sont élaborées pour faire progresser la surveillance des médicaments. Mentionnons la mise sur pied de réseaux de calcul qui intègrent de multiples sources d’information (p. ex. bases de données d’événements indésirables, pharmacocinétique du développement, données génétiques) pour prédire des effets indésirables. La surveillance active 234 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada sert aussi à évaluer les mécanismes des effets indésirables, en les couplant à des tests de dépistage des variantes génétiques qui prédisposent certaines personnes à des effets indésirables (Carleton, 2010). Une combinaison de surveillance active pour détecter plus rapidement des signaux d’effets indésirables, d’algorithmes centrés sur les populations pédiatriques, d’études observationnelles pour vérifier et quantifier les risques, ainsi que d’outils permettant de prédire la probabilité d’un effet indésirable en fonction de la génétique et d’interactions médicamenteuses, contribuera à assurer l’innocuité des médicaments pour enfants. 235 Chapitre 7 Vers des produits thérapeutiques sûrs et efficaces pour les enfants 7 Vers des produits thérapeutiques sûrs et efficaces pour les enfants • Comment le développement de l’être humain, de la naissance à l’adolescence, affecte-t-il la pharmacologie clinique et donc éclaire-t-il les études sur les médicaments pédiatriques? • Quelles sont les pratiques exemplaires à adopter pour mener de manière éthique des études scientifiquement solides mais adaptées visant à confirmer l’innocuité et l’efficacité de médicaments pour les nourrissons, les enfants et les adolescents? • Lorsque la participation de nourrissons, d’enfants et d’adolescents à des études sur des médicaments n’est pas possible, quelles sont les pratiques exemplaires à adopter pour confirmer l’innocuité et l’efficacité de médicaments chez ces populations? • Quels atouts du Canada lui permettent de contribuer aux efforts mondiaux de pharmacovigilance quant aux médicaments qui peuvent être bénéfiques aux nourrissons, aux enfants et aux adolescents? • Questions à explorer dans l’avenir • Observations finales du comité 236 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada 7 Vers des produits thérapeutiques sûrs et efficaces pour les enfants Le besoin de médicaments pédiatriques ne fait aucun doute. Chaque année, environ la moitié des sept millions d’enfants qui vivent au Canada prennent au moins un médicament sur ordonnance. Beaucoup de ces prescriptions se font en dérogation aux directives de l’étiquette, sans homologation officielle, ce qui peut constituer un risque inutile d’effets nocifs pour les enfants qui ont besoin de médicaments. Une mesure réglementaire incitative actuellement en vigueur pour encourager les fabricants à présenter des données sur l’usage pédiatrique de médicaments a connu un succès limité. Pour faire en sorte que les traitements donnés aux enfants canadiens soient efficaces, les médicaments utilisés par les enfants doivent être testés de manière appropriée sur des enfants, et l’organisme de réglementation peut avoir besoin de moyens d’exiger la présentation des résultats de ces études. Dans ce contexte, le comité a eu le mandat de répondre à la question suivante : Quel est l’état actuel des connaissances en pharmacologie clinique, au Canada et à l’étranger, qui peuvent servir à la mise au point éthique de produits pharmaceutiques et biologiques sûrs et efficaces, déclarés comme traitements destinés aux nourrissons, aux enfants et aux adolescents? Pour faire cette évaluation, le comité a examiné des données de diverses sources. Les chapitres 2 à 6 exposent ces connaissances. Le présent chapitre résume l’état des données probantes, mentionne des possibilités de politiques et de recherches futures, et présente les conclusions et observations finales du comité. Chacune des sous-questions du mandat du comité fait l’objet d’une section de ce chapitre. 7 . 1 C O M M E N T L E DÉ V E L OP P E M E NT DE L’ÊTR E H U MAIN, D E LA N A I S S ANC E À L’ADOL E S C E NCE, AFFEC TE-T-IL LA P HA R M A C OL OGI E CL I NI QU E E T D ONC ÉC LAIR E-T-IL LE S É TUD E S S U R L E S M É DI CAM E NT S PÉDIATR IQU ES? Les enfants sont différents des adultes. De la naissance à la fin de l’adolescence, ils connaissent des changements importants liés au développement de l’être humain. Ces changements ont des effets sur la manière dont leur organisme réagit aux médicaments (pharmacocinétique) et sur la manière dont les médicaments affectent leur organisme (pharmacodynamique). Pour tenir compte de ces facteurs, il ne suffit pas d’ajuster des doses pour adulte. Les systèmes physiologiques qui Chapitre 7 Vers des produits thérapeutiques sûrs et efficaces pour les enfants 237 traitent les médicaments évoluent avec le temps, et les changements physiologiques liés à l’âge les plus spectaculaires surviennent avant l’âge d’un an. Un nouveauné ne réagit pas à un médicament comme un adolescent, et ces variations ne constituent pas une évolution linéaire, mais plutôt un processus dynamique qui dépend de l’âge et du poids de l’enfant, des médicaments et des affections en cause, ainsi que de facteurs individuels et environnementaux. Il est donc important de tenir compte de diverses fourchettes d’âge et de poids, et de faire participer à la recherche en pharmacologie clinique des enfants à tous les stades du développement. Les enfants sont également différents les uns des autres. Des variations génétiques, interprétées dans le contexte de la croissance et de la maturation, peuvent influer sur la réaction des enfants aux médicaments. La pharmacogénomique et la pharmacogénétique nous donnent espoir de mieux comprendre et prédire les réactions différentes selon les enfants, y compris les effets indésirables des médicaments. En examinant l’état des connaissances actuelles, le comité a constaté que nous disposons de plus de données probantes pharmacocinétiques que pharmacodynamiques. De plus, il y a un manque général d’information pharmacocinétique, pharmacodynamique et pharmacogénomique en ce qui concerne les enfants, en particulier les nouveau-nés prématurés et à terme ainsi que les jeunes nourrissons. Dans la recherche pharmacogénomique et personnalisée sur des médicaments, cette lacune est encore plus prononcée, puisqu’il s’agit de domaines relativement nouveaux dont les implications cliniques en matière de thérapie médicamenteuse chez les enfants demeurent largement inexplorées. Les différences liées au développement et génétiques doivent être prises en considération pour donner des traitements médicamenteux sûrs, efficaces et optimaux, de la naissance jusqu’à la fin de l’adolescence. Diverses études continueront à enrichir petit à petit ces connaissances en pharmacocinétique, en pharmacodynamique et en pharmacogénomique. Même si toute recherche dans ces domaines est utile, des efforts à grande échelle, coordonnés et concertés sont nécessaires pour mettre au point de meilleures options de traitement et de nouveaux médicaments efficaces pour les enfants. Les progrès des connaissances en matière de méthodes de recherche et en pharmacologie clinique peuvent orienter ces investigations. Par exemple, de nouvelles méthodes de prélèvement d’échantillons biologiques (p. ex. utilisation de restes du sang prélevé pour des soins médicaux) et d’analyse de petits échantillons peuvent contribuer à minimiser la détresse chez les enfants et à augmenter l’efficacité d’une étude. L’information sur les effets du développement de l’être humain et de traits individuels sur les processus 238 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada pharmacocinétiques et pharmacodynamiques peut éclairer la conception de recherches sur les médicaments pédiatriques. Les techniques de modélisation et simulation (M-S) tirent parti de l’information pour prédire l’exposition à un médicament et les réactions qui en résultent chez les enfants, et peuvent ainsi aider à la planification des essais et à l’analyse de leurs résultats. Les enfants peuvent réagir différemment à des médicaments non seulement en raison des effets de l’âge et de la génétique, mais aussi selon leur état de santé, leur environnement, ainsi que leurs caractéristiques sociales et démographiques. La recherche sur des médicaments pédiatriques doit donc clairement établir quelles populations sont traitées en toute innocuité avec différents médicaments. Une approche exhaustive de la population pédiatrique tiendrait compte de tous les âges, d’une variété d’affections et d’une diversité de circonstances et d’environnements socio-économiques. Les futures recherches en pharmacologie clinique donneront des résultats d’autant plus applicables qu’elles auront porté sur des participants diversifiés. Les connaissances concernant les effets du développement de l’être humain ainsi que des caractéristiques individuelles et environnementales sur les réactions des enfants aux médicaments permettront de mettre au point des traitements plus spécifiques, aux profils d’innocuité et d’efficacité potentiellement uniques. Les responsables de la formulation et de l’administration de médicaments doivent tenir compte des caractéristiques propres aux enfants, tant dans la recherche que dans ses applications concrètes. La disponibilité de formes et formules pédiatriques convenables est cruciale pour favoriser un dosage exact et facilement ajustable d’un médicament, en optimiser la biodisponibilité, et assurer l’efficacité et l’innocuité du traitement chez les enfants. Les médicaments devraient être disponibles sous une variété de formes, pour faire en sorte que ces médicaments soient dispensés avec exactitude et de manière à ce que les doses puissent être facilement ajustées en fonction de l’évolution des exigences aux divers stades du développement. Des formules qui correspondent aux préférences des enfants en matière d’aspect, de goût, d’odeur et de texture peuvent favoriser l’observance des traitements médicamenteux. Au bout du compte, l’exactitude de la dose, l’effet des excipients, la palatabilité du médicament et son conditionnement, ainsi que le choix d’une voie et d’un dispositif d’administration appropriés (p. ex. inhalateur ou seringue), sont tous des aspects particulièrement importants à considérer pour des patients pédiatriques. Certains nouveaux dispositifs d’administration ciblant des voies d’administration appropriées aux enfants ont été récemment mis au point. L’absence de formes et formules médicamenteuses appropriées peut se traduire par un risque accru d’erreur, l’exposition à des ingrédients non sûrs et de façon générale une efficacité médiocre. Pour ces raisons, il est beaucoup plus avantageux de disposer de formes et formules spécifiques pour la population pédiatrique que de s’en remettre à des formes et formules pour adultes. Chapitre 7 Vers des produits thérapeutiques sûrs et efficaces pour les enfants 239 Des travaux sont en cours dans le monde pour obtenir des données claires et transposables sur les formes et formules médicamenteuses, dont les excipients appropriés, la palatabilité, les dispositifs d’administration, la dispensation des médicaments, de même que les formules extemporanées et adaptées à l’âge. Beaucoup de ces initiatives sont des partenariats inédits regroupant des universités, des milieux cliniques, des entreprises et des organismes de réglementation. La collaboration entre secteurs et les échanges d’information sont importants pour améliorer l’innocuité et l’efficacité des médicaments pour enfants. Le Canada a de nombreuses possibilités de se joindre à ces efforts internationaux afin qu’au bout du compte, les enfants reçoivent en temps voulu des doses exactes et bien administrées de médicaments. Regard sur l’avenir — L’occasion de faciliter la mise au point de médicaments réservés aux populations pédiatriques • L’ensemble des données disponibles en pharmacologie clinique pédiatrique pourrait être renforcé si l’organisme de réglementation avait le pouvoir d’exiger la présentation de toutes les données des études; Santé Canada n’a pas ce pouvoir à l’heure actuelle. • Le comité voit pour le Canada une occasion de créer une source de données pédiatriques à jour, afin d’éclairer l’utilisation des médicaments dans la pratique quotidienne. Une ressource exhaustive de prescription adoptée partout au Canada comblerait un important manque d’information en matière de soins de santé pédiatriques. Pour soutenir des pratiques éclairées de prescription, cette ressource donnerait des lignes directrices claires de posologie pour toutes les tranches d’âge et toutes indications pour lesquelles des données probantes sont disponibles. Elle pourrait être fondée sur les études scientifiques menées en vue de l’homologation des médicaments, ainsi que sur d’autres sources de données probantes telles que des études publiées après examen par des pairs. Cette ressource serait validée par des pairs ou selon un autre mécanisme reconnu. Elle serait mise à jour à intervalles réguliers et accessible à tous les prescripteurs. • Un programme coordonné entre secteurs est nécessaire pour orienter des efforts à grande échelle et concertés, liés à la pharmacologie clinique pédiatrique. Ces efforts comprennent de meilleures possibilités d’enseignement et de formation dans ce domaine, davantage de recherches pharmacocinétiques et pharmacodynamiques chez les enfants, et l’appui à des études multicentres et à des réseaux de recherche contribuant à l’obtention de données variées et exploitant de manière optimale les capacités de recherche de plusieurs pays. Ce genre de collaboration pourrait favoriser la documentation (p. ex. banque de données pharmacocinétiques), la diffusion et la synthèse des connaissances disponibles, afin de maximiser l’utilisation de l’information existante et de réduire la duplication d’efforts et le fardeau des recherches. Les réseaux peuvent 240 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada en outre constituer un canal permettant de transmettre de manière efficace les connaissances dans les milieux éducatifs et cliniques, afin d’éclairer les décisions de prescription. • Les données pharmacogénomiques peuvent améliorer la qualité des soins prodigués aux enfants, en permettant d’élaborer des thérapies cliniques personnalisées qui maximisent l’efficacité et minimisent la toxicité. Des tests génétiques devraient s’avérer utiles pour mettre au point des schémas thérapeutiques efficaces dans le cas d’enfants atteints de certaines affections pour lesquelles il y a des variations génétiques connues et d’une grande pertinence clinique. Étant donné que la technologie de la collecte et de l’analyse de l’information génétique évolue constamment, il y aura de nouvelles possibilités en matière de recherche et de soins personnalisés. • Alors que dans le passé la mise au point de médicaments a surtout été centrée sur les formes liquides, l’avenir réside dans les comprimés solubles, les minicomprimés, des dispositifs d’administration et d’autres formes nouvelles permettant de donner des médicaments d’une manière plus exacte et plus acceptable tout en permettant d’ajuster la dose avec souplesse. • Le scénario idéal pour le traitement d’enfants fait intervenir des formes et formules disponibles dans le commerce, adaptées à l’âge des patients et dont la biodisponibilité est connue. En l’absence de telles formules, des conseils sur les modifications appropriées amélioreraient l’innocuité et l’efficacité des médicaments. Des recettes précises, détaillées, normalisées et fondées sur des données probantes de formules extemporanées devraient être fournies. 7 . 2 Q UE LLE S S ONT L E S P RAT I QU E S E X E M PLAIR ES À A D O P TE R P O U R M E NE R DE M ANI È R E ÉTH IQU E DES É TUD E S S C I ENT I F I QU E M E NT S OL I DE S MAIS ADAPTÉES VI S A N T À C O NF I R M E R L’I NNOC U I T É ET L’EFFIC AC ITÉ D E M É D I C A M E NT S P OU R L E S NOU R RISSONS, LE S E N FA N T S E T L E S ADOL E S C E NT S ? Comme pour les adultes, la meilleure manière d’étudier l’efficacité d’un médicament pour enfants est l’essai clinique aléatoire (ECA). Cependant, avant de planifier un tel essai clinique, il est essentiel de faire une synthèse rigoureuse des données probantes existantes. Une analyse des données disponibles (concernant des animaux, des adultes et des enfants) peut permettre, le cas échéant, d’éviter d’autres essais cliniques ou d’en réduire la portée si les données requises existent ou si une extrapolation est possible; si des essais cliniques sont jugés nécessaires, cette analyse est également susceptible de donner de l’information utile pour la planification de ces essais. Chapitre 7 Vers des produits thérapeutiques sûrs et efficaces pour les enfants 241 Des ECA menés à plusieurs endroits ont l’avantage d’accroître la puissance statistique et la validité des études lorsque peu d’enfants sont admissibles ou disponibles, ce qui arrive souvent dans le cas de maladies rares. Des études multicentres menées par des groupes de recherche en collaboration, comme le Groupe d’oncologie pédiatrique (COG — Children’s Oncology Group), sont la solution idéale du problème des petites populations cibles. Ces initiatives facilitent les ECA multicentres qui utilisent des protocoles normalisés pour faire des recherches sur différents traitements d’une même affection, ce qui permet de faire des comparaisons portant sur des milliers de patients, même pour des maladies rares. Des formes et formules normalisées spécifiques pour la population pédiatrique, évaluées à l’aide de mesures de résultats propres aux enfants, aideraient à produire des données pertinentes de la plus grande qualité. De plus, des organisations internationales travaillent à la normalisation des tranches d’âge et des résultats dans les populations pédiatriques. Des ECA menés sur des enfants au Canada bénéficieraient de ces efforts visant à maximiser la valeur de l’information provenant de plusieurs endroits. Le rapport intitulé Best Practices for Health Research Involving Children and Adolescents: Genetic, Pharmaceutical and Longitudinal Studies, est un important document de référence canadien qui fournit des conseils d’éthique dans des domaines nouveaux comme la recherche en génétique et les biobanques; par contre, des normes concrètes n’ont pas encore été élaborées dans certains de ces nouveaux domaines, que ce soit au Canada ou à l’étranger (CGP et MICYRN, 2012). D’autre part, la politique nationale canadienne sur l’éthique de la recherche — l’Énoncé de politique des trois Conseils : Éthique de la recherche avec des êtres humains — a été récemment mise à jour; elle reconnaît la valeur et l’importance de la recherche sur des enfants (Trois Conseils, 2010). Il y a de nombreuses manières de modifier les ECA pour en augmenter la souplesse. Les chercheurs en pédiatrie peuvent bénéficier des ECA modifiés pour rendre les essais plus acceptables pour les patients et leur famille (p. ex. en diminuant la durée d’administration du placebo, afin qu’au bout du compte tous les patients reçoivent le traitement, ou en adaptant les essais en fonction des données accumulées). Des méthodes souples peuvent permettre d’inclure des enfants dans les recherches plutôt que de se fier à tort aux recherches sur des adultes. Lorsqu’une conception modifiée est nécessaire, les études peuvent quand même être menées de façon rigoureuse. Une recherche peut commencer par une étude modifiée; ensuite, à mesure que les données probantes s’accumulent, elle peut se poursuivre par un ECA classique en parallèle, notamment si la disponibilité de ressources et d’infrastructures permet de faire un essai multicentre. 242 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada S’il constitue la meilleure manière d’étudier l’efficacité des médicaments, l’ECA n’est par contre probablement pas l’idéal pour étudier leur innocuité. Même si les effets indésirables communs peuvent être détectés pendant un ECA préalable à la commercialisation d’un médicament, la détection des effets indésirables rares exige souvent la collecte et l’analyse de données d’innocuité postcommercialisation. Dans ce contexte, même de grands ECA multicentres peuvent passer à côté d’effets indésirables rares mais sérieux. L’étude postcommercialisation de l’innocuité d’un médicament comporte plutôt l’identification de signaux de sécurité grâce à des initiatives de surveillance. La détection de tels signaux est suivie d’une analyse de causalité et, le cas échéant, d’études observationnelles à grande échelle qui visent à en évaluer l’incidence et les risques. Les pratiques exemplaires comportent alors : la mise sur pied d’initiatives de surveillance active qui permettent de consigner une information complète sur les effets indésirables dans des bases de données conviviales contenant des données propres à la population pédiatrique; la mise au point d’outils valides et fiables visant à déterminer les relations de causalité dans les cas d’effet indésirable; l’utilisation de l’information disponible pour mener des études observationnelles rétrospectives à partir d’une exploration efficace et systématique de bases de données. Différents types d’effets indésirables peuvent donner lieu à différentes méthodes d’étude. Par exemple, les événements rares ou qui surviennent longtemps après l’administration d’un médicament peuvent mieux se prêter à une étude observationnelle rétrospective. D’autre part, comme pour les études d’efficacité, la détermination de l’innocuité de médicaments pour enfants peut faire intervenir diverses méthodes et demander de la souplesse pour passer d’une méthode à une autre. Des investigations qui commencent par des rapports de cas et l’analyse de bases de données de surveillance peuvent se poursuivre par des études cas-témoins ou des études de cohorte et, si c’est nécessaire et faisable, par des ECA visant à faire une estimation de l’incidence et du risque relatif d’effets indésirables. Des études conformes aux pratiques exemplaires peuvent être combinées à des méthodes de surveillance active. Cette démarche intégrée est plus prometteuse que les seules méthodes passives de détection d’effets indésirables rares. Une approche plus dynamique axée sur le cycle de vie peut mieux intégrer les données d’innocuité obtenues avant et après la mise sur le marché des médicaments. Des études pré-homologation sur des enfants appuieraient le suivi post-homologation en permettant de déterminer les possibles effets indésirables à surveiller de manière continue. Il y a aussi une possibilité d’établir de meilleurs liens entre les données existantes grâce à des bases de données Chapitre 7 Vers des produits thérapeutiques sûrs et efficaces pour les enfants 243 compatibles conçues pour contenir des données pédiatriques. L’intégration des données contribuerait à une surveillance constante des signaux de sécurité provenant de diverses sources. Il y a plusieurs possibilités de normalisation des études sur l’innocuité comme sur l’efficacité des médicaments : harmonisation des examens effectués au sein des comités d’éthique de la recherche; mise au point de modèles communs et de mesures normalisées de résultats; recours à de nouvelles méthodes de recherche et de collecte de données. Cela pourra aider les chercheurs à tirer le meilleur parti de ressources de recherche souvent limitées et de comparer plus facilement leurs constatations. Les scientifiques et les organismes de réglementation ont aussi la possibilité de rendre le processus d’homologation de médicaments plus souple et adaptable tout en maintenant la rigueur scientifique, en définissant les données probantes admissibles. Ces exigences peuvent ensuite être incorporées dans la conception d’études dès le début du processus de planification. De la même manière, l’organisme de réglementation peut déterminer le moment des études pédiatriques par rapport aux essais sur des adultes, en tenant compte du fait que cela a une influence sur la disponibilité du médicament. Des études d’innocuité post-homologation avec un suivi à long terme pourraient également faire partie des conditions d’homologation d’un médicament si l’on s’attend à ce que certains effets indésirables soient différés. Les efforts à venir de surveillance pourraient en outre comprendre un meilleur suivi et une meilleure compréhension des emplois non conformes. Regard sur l’avenir — L’occasion d’encourager la recherche pédiatrique • Même si les enfants sont physiologiquement différents des adultes, les pratiques scientifiques et éthiques exemplaires de la recherche sur des adultes sont facilement transposables à la recherche sur des enfants. Le Canada bénéficierait d’un système qui favorise les études sur les enfants, reconnaissant que les enfants ont besoin d’être protégés grâce à la recherche plutôt que de la recherche. Un tel système devrait aussi encourager la synthèse des connaissances disponibles, afin de maximiser l’utilisation de l’information existante et de réduire la duplication d’efforts et le fardeau des recherches. • Le comité voit pour les organismes de réglementation canadiens une occasion de faire appel à des politiques plus variées. Les mesures législatives et réglementaires en vigueur aux États-Unis et dans l’Union européenne tracent en partie la voie, et le Canada peut choisir les options qui correspondent le mieux aux besoins des enfants canadiens et aux capacités des chercheurs canadiens. Ce pourraient être des mesures de soutien (p. ex. financement de la recherche ou de la protection des données), mais aussi des exigences 244 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada officielles et des règlements (p. ex. obligation de présenter des données sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments chez les enfants). Les mesures incitatives en faveur de la recherche pourraient favoriser des essais de grande qualité et d’un coût raisonnable, ayant une conception optimale et au besoin innovatrice. Les essais sont souvent menés dans des conditions qui ne répondraient pas aux normes réglementaires (p. ex. nombre insuffisant d’enfants participants), ce qui limite la pertinence des résultats pour établir l’efficacité et l’innocuité d’un médicament. Les organismes de réglementation pourraient s’attarder à la qualité nécessaire, tout en envisageant une souplesse appropriée dans la définition des données probantes exigées pour l’homologation d’un médicament. • Un programme de recherche pancanadien, ou une initiative portant sur la mise au point de médicaments pédiatriques, avec la participation de toutes les parties prenantes — patients, familles, soignants, chercheurs, organismes de réglementation, experts de l’industrie, éthiciens et bailleurs de fonds — pourrait faire progresser la pharmacologie clinique pédiatrique au Canada et ailleurs dans le monde. Beaucoup des ressources nécessaires à un tel programme (p. ex. expertise technique et clinique, installations de formation, réseaux de recherche et infrastructures de base de données) sont en place, mais il reste à définir un effort concerté. En plus de participer directement à des projets de collaboration à l’échelle mondiale, le Canada peut profiter de l’expérience d’autres pays pour promouvoir des réseaux canadiens efficaces. Cette expérience comprend des infrastructures permanentes et durables, capables d’appuyer des études individuelles et d’augmenter la constance et la comparabilité d’une étude à l’autre. La définition d’un cadre juridique efficace pour harmoniser les processus de recherche serait également utile. Un effort conjoint de recherche pourrait améliorer les résultats des études et les amener à la hauteur des normes d’homologation. • Le développement et le soutien de réseaux pancanadiens, ainsi que de la collaboration entre les centres de soins de santé et les chercheurs qui mènent des essais, sont porteurs de promesses. Il est essentiel d’encourager des efforts complémentaires — plutôt que la concurrence — au moyen d’essais multicentres, de réseaux et de l’utilisation de données probantes existantes. • Il y a des avantages pour les enfants et les familles à participer activement à la conception, à l’analyse et à la diffusion de la recherche. Les recherches à venir devraient promouvoir une communication précoce entre chercheurs et organismes de réglementation (p. ex. quant aux données probantes acceptables), entre chercheurs et cliniciens (p. ex. à propos des formes et formules employées dans les études qui doivent être utilisées dans des situations réelles), de même qu’entre les chercheurs, les patients et leur famille (p. ex. sur les résultats qui comptent ainsi que sur les bienfaits et les effets nocifs de divers traitements). Chapitre 7 Vers des produits thérapeutiques sûrs et efficaces pour les enfants 7 .3 245 LO R SQU E L A PART I C I PAT I ON DE NOU R R ISSONS, D ’ E N FANT S E T D’ADOL E S CE NTS À DES ÉTU DES SU R D E S M É DI CAM E NT S N’E S T PA S POSSIB LE, QU ELLES S O N T L E S P RAT I QU E S E X E M P LAIR ES À ADOPTER P O UR CONF I R M E R L’I NNOC U I TÉ ET L’EFFIC AC ITÉ DE M É D ICAM E NT S CH E Z CE S P OPU LATIONS? Le comité conclut qu’il est toujours possible et réalisable, tant sur le plan éthique que méthodologique, de démontrer l’innocuité et l’efficacité d’un médicament à l’aide d’études comportant la participation d’enfants26. Il peut toutefois y avoir des circonstances où des études de médicaments avec la participation d’enfants posent des difficultés. Par exemple, dans le cas d’une affection rare, il peut être difficile de trouver assez d’enfants participants. De plus, si la participation d’un enfant signifie qu’il pourrait ne pas recevoir un nouveau traitement, ses parents peuvent refuser de donner leur consentement à sa participation. Le comité a noté des options qui permettent de résoudre ces difficultés. Beaucoup de ces options exigent que les chercheurs fassent preuve de souplesse dans leur méthode. Le comité souligne que de nombreux types d’études sont possibles et appropriés à la recherche pédiatrique, mais ils sont parfois mal compris, en particulier les études adaptatives. Dans les rares cas où il est impossible d’étudier l’efficacité d’un médicament chez les enfants à l’aide d’un ECA, des études observationnelles sont possibles, mais elles conviennent davantage aux études d’innocuité postcommercialisation. Malgré le manque de compréhension à leur égard, certaines nouvelles méthodes sont porteuses de promesses pour l’amélioration de l’efficacité des études sur des enfants. Pour que cela se réalise, il doit y avoir un changement de culture dans la recherche pédiatrique et la réglementation. La participation d’enfants à la surveillance et à des études d’innocuité postcommercialisation pose moins de problèmes, puisque la plupart des méthodes utilisées après la mise sur le marché d’un médicament font intervenir des activités de surveillance ou des études observationnelles, moins effractives que les essais expérimentaux. À titre de pratique exemplaire, on encourage les chercheurs à utiliser la surveillance active, qui facilite davantage que la surveillance passive ou la stimulation de déclaration la collecte de données mieux normalisées et plus complètes sur les effets indésirables. Un système bien intégré de bases de données sur la santé peut faire en sorte que des données 26 Une exception à la fois rare et notable est celle des mesures contre les attaques terroristes, où les questions éthiques constituent un obstacle majeur à la participation d’enfants à des essais. Ces situations débordent toutefois le cadre de la présente évaluation. 246 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada sur les cas vécus (personnes qui vivent un événement indésirable) et les témoins (celles qui n’ont pas d’événement indésirable) peuvent être disponibles, ce qui permet d’effectuer par la suite des études observationnelles rétrospectives. Regard sur l’avenir — L’occasion de promouvoir la souplesse en recherche • Le comité voit pour les organismes de réglementation une occasion d’encourager la recherche pédiatrique en réalisant un équilibre entre la faisabilité des études et les besoins des enfants. L’évaluation des pratiques pédiatriques exemplaires de mise au point de médicaments dans le cadre de la réglementation d’autres pays montre que le choix du moment des études (avant ou après la commercialisation des médicaments) et la disponibilité des données probantes (c.-à-d. l’enregistrement d’information spécifiquement pédiatrique dans des bases de données sur la santé et les effets indésirables, ainsi que le libre accès à ces données) sont deux éléments importants à prendre en considération. Le cadre réglementaire pourrait favoriser la souplesse et une ouverture envers différents types de recherche. • L’adoption d’une approche souple dans le choix des types d’étude et des techniques d’analyse offre beaucoup de possibilités. Des études adaptatives et innovatrices facilitent la réalisation d’essais avec la participation d’enfants. À mesure qu’ils acquièrent de nouvelles connaissances, les chercheurs peuvent passer progressivement à des études de plus grande ampleur, plus solides et plus complètes. • Il y a une occasion de dialogue ouvert entre les chercheurs et les organismes canadiens de réglementation sur des types d’études souples qui soient réalisables pour les chercheurs et acceptables dans le contexte de l’homologation de médicaments pour les enfants. Encore une fois, le comité estime que l’étude de médicaments sur des enfants est presque toujours faisable sur le plan méthodologique, mais il n’est pas certain à l’heure actuelle que les organismes de réglementation accepteront d’homologuer des médicaments à partir de données résultant d’études non standard. Si les organismes canadiens de réglementation fournissaient des lignes directrices concrètes quant aux situations où de telles études pourraient être acceptées, cela encouragerait le recours à ces études par les chercheurs, donnant aux deux parties l’occasion d’acquérir davantage d’expérience de ces méthodes. Chapitre 7 Vers des produits thérapeutiques sûrs et efficaces pour les enfants 7 .4 247 Q UE L S AT OU T S DU C ANADA L U I PER METTENT D E C ONT RI B U E R AU X E F F ORT S MONDIAU X DE P HA R M ACOV I GI L ANCE QU AN T AU X MÉDIC AMENTS Q UI PE U V E NT Ê T R E BÉ NÉ F I QU ES AU X NOU R R ISSONS, A UX E NFANT S E T AU X ADOL ESC ENTS? Dans l’esprit du comité, la pharmacovigilance va au-delà de la surveillance de l’innocuité et des effets indésirables des médicaments. Elle comprend aussi l’étude de leur efficacité et de leur innocuité pendant toute la durée de leur cycle de vie. Il y a dans le monde toute une gamme de pratiques exemplaires et de normes concernant les essais cliniques, les études de recherche et les activités de pharmacovigilance, et Santé Canada pourrait envisager d’exiger que les chercheurs s’y conforment. Cependant, le Canada possède aussi des infrastructures et des ressources humaines qui ont la capacité et la volonté de produire de nouvelles connaissances sur les médicaments pour enfants. Selon l’évaluation qu’il a faite des données probantes, le comité est d’avis que l’information pédiatrique contenue dans les bases de données pourrait être améliorée, et les liens entre les diverses bases de données renforcés. Mais même les bases de données actuelles constituent d’importants investissements inexploités qui contiennent une information précieuse sur la santé de la population et sur l’utilisation de médicaments par les enfants. Ces bases de données représentent une ressource canadienne — tant l’expérience acquise par la construction et la gestion de ces bases de données que les données qu’elles contiennent — qui pourrait être mise en commun dans le cadre d’un effort mondial de pharmacovigilance. À titre d’exemple, le Réseau canadien pour les études observationnelles sur les effets des médicaments (RCEOEM) a fait la preuve de l’utilité d’exploiter le contenu de plusieurs bases de données canadiennes et étrangères pour effectuer des études à grande échelle sur les effets indésirables des médicaments. Pour sa première étude, le RCEOEM a utilisé les dossiers administratifs de sept provinces canadiennes ainsi que deux bases de données étrangères (du Royaume-Uni et des États-Unis) (Dormuth et al., 2013). Un meilleur codage de l’information pédiatrique dans les bases de données faciliterait l’utilisation de dossiers administratifs pour étudier les effets indésirables des médicaments chez les enfants. Le Canada possède, même s’ils ne sont pas mis en œuvre à l’échelle nationale, quelques systèmes bien organisés de bases de données liées entre elles pour la collecte de données sur les soins de santé (p. ex. les bases de données des services de santé de la Saskatchewan, présentées au chapitre 6). 248 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Le Canada a fait ses preuves en recherche pédiatrique. Des chercheurs de plusieurs hôpitaux canadiens de renom pour enfants ont dirigé des études internationales de grande qualité et très connues (p. ex. l’étude sur la caféine dans le traitement de l’apnée du prématuré, décrite au chapitre 5). Cela illustre la capacité des chercheurs et institutions de recherche du Canada, dont plusieurs collaborent au sein de réseaux bien établis et avec de tels réseaux. Certains de ces réseaux sont entièrement canadiens : le Réseau de recherche en santé des enfants et des mères (MICYRN); le Réseau sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments (RIEM); le Réseau canadien pharmacogénomique pour la sécurité des médicaments (CPNDS). Ils témoignent de la position de chef de file du Canada et regroupent des chercheurs compétents qui travaillent sur des sujets semblables. Des chercheurs canadiens soutiennent d’autres réseaux, comme GRiP et StaR Child Health, en collaboration avec des collègues d’autres pays. Les collaborations internationales sont sources de liens officiels avec des organismes de réglementation et des chercheurs à l’étranger — comme les liens entre le MICYRN et le réseau Enpr-EMA du Comité pédiatrique de l’EMA (PDCO) — et attirent l’attention sur des domaines où des réussites à l’étranger pourraient guider le Canada dans sa réflexion sur des politiques possibles concernant certaines questions. Le Canada a aussi mis sur pied de nouvelles initiatives de surveillance des effets à long terme de médicaments destinés au traitement de troubles du comportement, de troubles de l’humeur et de psychoses. Il s’agit là d’une question importante en pédiatrie, puisque les enfants prennent de plus en plus ces médicaments et que ceux-ci ont des effets à long terme reconnus mais peu étudiés qui peuvent avoir des répercussions négatives sur le développement physique ou psychologique. Ces nouvelles initiatives canadiennes (p. ex. l’Alliance canadienne pour la surveillance de l’efficacité et de l’innocuité des neuroleptiques) adoptent une approche multidimensionnelle qui fait intervenir les parents dans la surveillance et la gestion des effets indésirables associés aux médicaments (Di Pietro et Illes, 2013). Regard sur l’avenir — L’occasion d’apprendre ensemble • Le comité voit une occasion de créer une infrastructure de recherche solide, capable de permettre l’enrichissement des connaissances scientifiques sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments chez les enfants. Cette infrastructure suppose le développement de réseaux, où le Canada jouit d’une capacité considérable qui pourrait être mise de l’avant et augmentée encore davantage. • Le Canada constitue une société multiculturelle formée de populations et de milieux diversifiés. Les chercheurs pourraient mettre à profit cette diversité et élaborer des connaissances sur les questions d’innocuité et d’efficacité dans un éventail de populations. Chapitre 7 Vers des produits thérapeutiques sûrs et efficaces pour les enfants 249 • Les chercheurs et organismes canadiens font preuve d’une grande capacité en matière d’infrastructures d’essais cliniques. Cette capacité a un caractère interdisciplinaire, faisant appel à un vaste éventail de perspectives cliniques pour produire un ensemble de compétences complémentaires propre au Canada. Ces infrastructures pourraient être renforcées de manière significative. 7 .5 Q UE S T I ONS À E X P L OR E R DANS L’AV ENIR En examinant les données dont il disposait, le comité a constaté que certains aspects de son mandat étaient difficiles à évaluer et pourraient être matière à de futures recherches : • Comment les données accumulées de diverses études sur la pharmacocinétique, la pharmacodynamique et la pharmacogénomique du développement de l’être humain, ainsi que sur les formes et formules convenant à différentes tranches d’âge et populations, pourraient-elles être rendues disponibles et systématiquement intégrées dans les recherches sur les médicaments ainsi que dans les pratiques de prescription en milieu clinique? • Les résultats des études pédiatriques menées au Canada et à l’étranger sont rarement présentés à Santé Canada dans le cadre du processus d’homologation des médicaments. Cela a des conséquences pour la pharmacologie clinique, les pratiques de prescription et l’accès à des médicaments sûrs et efficaces. Quels mécanismes pourraient aider les chercheurs à présenter ces résultats à l’organisme canadien de réglementation et à tirer le maximum des investissements consentis dans la recherche sur des enfants? • La variété des processus mis en œuvre dans de nombreux sites en vue de l’homologation de médicaments au Canada est un obstacle important à la réalisation d’études multicentres solides. Des données probantes montrent les avantages d’une meilleure harmonisation et de l’établissement de liens entre institutions universitaires ou organismes d’agrément tels que les comités d’éthique de la recherche en ce qui concerne les processus d’homologation. Quelle autorité est la mieux placée pour donner le mandat et la protection juridique voulus, afin de soutenir cette nouvelle collaboration en matière de processus d’examen? • Comment les organismes de réglementation peuvent-ils favoriser des études sur l’emploi de médicaments en dérogation aux directives de l’étiquette? La solution la plus évidente est de donner aux organismes canadiens de réglementation le pouvoir d’exiger des études avant et après la mise sur le marché de médicaments. Y a-t-il d’autres mesures incitatives qui pourraient encourager les chercheurs à étudier chez les enfants les emplois non conformes de médicaments déjà homologués pour les adultes? Lorsque plusieurs entreprises commercialisent de multiples versions d’un même produit, qui l’organisme de réglementation encourage-t-il à faire ce genre d’étude? • Quels mécanismes pourraient favoriser un changement de culture incitant les cliniciens, les patients et les familles à envisager de participer à des recherches? 250 7 . 6 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada O B S E R VATI O NS F I NAL E S DU C OM I T É Les études scientifiques éclairent les décisions en matière de réglementation tout en étant le fondement de la pratique de la médecine. Un manque de preuves scientifiques à l’appui de pratiques cliniques peut exposer les patients à des risques inutiles d’effets nocifs; certains aspects des médicaments pédiatriques comportent de nombreuses inconnues. Pour d’autres traitements, il existe une information crédible, mais à défaut d’utiliser cette information, on expose les personnes qui ont besoin de soins à des risques d’effets nocifs. L’enrichissement des connaissances suppose de recourir à des méthodes scientifiques pour obtenir des données probantes, mais une utilisation éthique de ces données exige aussi de faire preuve de prudence. Le comité a reconnu l’apport de données solides et fondé son évaluation sur des faits crédibles et considérés avec rigueur. Qu’ils soient scientifiques, chercheurs ou cliniciens, tous les membres du comité ont été choisis pour leurs connaissances et leur expérience; en examinant les données disponibles selon les philosophies et les points de vue de disciplines différentes, ils en sont arrivés à un consensus sur des valeurs communes. Les travaux du comité ont été guidés par ces valeurs et principes enracinés non seulement dans les faits, mais aussi dans la responsabilité sociale qui sous-tend une activité scientifique consciencieuse. Les enfants ont droit à la santé et au bien-être Le droit des enfants à la santé comprend le droit à des médicaments bien étudiés et homologués pour leur tranche d’âge. Les enfants méritent un accès en temps voulu et équitable à des traitements et à des soins sûrs et efficaces, y compris la participation à des recherches. Les enfants sont différents des adultes Les enfants ne réagissent pas aux médicaments comme les adultes. La différence est d’abord biologique, mais elle comporte aussi des facteurs liés au développement et des facteurs sociaux qui influent sur l’administration des médicaments, la conception des études, la surveillance des problèmes d’innocuité et la réponse à ces problèmes. Chapitre 7 Vers des produits thérapeutiques sûrs et efficaces pour les enfants 251 Dans un pays comme le Canada, où la population est variée et dispersée, des facteurs comme les revenus et la géographie peuvent influer sur l’accès aux soins et la possibilité de participer à des recherches. Avec les progrès réalisés en matière d’accès universel aux soins de santé et en matière de politiques sociales, le Canada a vu s’améliorer la santé et le bien-être de ses plus jeunes citoyens. Par exemple, il y a eu une diminution spectaculaire des maladies infectieuses qui peuvent être prévenus par la vaccination (ASPC, 2009). Par contre, les bienfaits de ces progrès ne se sont pas fait sentir également, et certains enfants sont plus à même que d’autres de jouir d’une vie saine. Les enfants canadiens n’ont pas tous le même accès aux soins, selon la langue, la culture, la géographie, les revenus, et souvent une combinaison de ces facteurs. Fait important étant donné la démographie du Canada, des recherches ont documenté les réalités sociales qui exposent les enfants des collectivités autochtones a plus de facteurs de risque de blessures et de certains types de maladies (Brownell et al., 2008; Banerji et al., 2009; Banerji, 2012; Irvine, 2012). Les nourrissons, les enfants et les adolescents sont tous vulnérables, mais ils ne forment pas un groupe homogène. Les enfants ont besoin d’être protégés Les enfants devraient être protégés grâce à la recherche plutôt que de la recherche. Les enfants méritent d’être protégés de tout effet nocif qui pourrait non seulement survenir pendant des recherches sur de nouveaux médicaments ou résulter de l’utilisation de ces médicaments, mais aussi des risques liés à l’emploi non conforme de médicaments dont on sait qu’ils sont sûrs et efficaces pour la population. Les enfants ont besoin de recherches souples et adaptables La recherche pédiatrique peut être solide sur les plans éthique et scientifique, et donner des options médicamenteuses fondées sur des données probantes. Ceux qui travaillent à la recherche et à la réglementation en matière de médicaments doivent aborder la science avec la souplesse voulue pour répondre aux besoins spécifiques des enfants tout en maintenant des normes scientifiques rigoureuses et solides. 252 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Références Références 253 AAP, 2014 – American Academy of Pediatrics. « Off-label use of drugs in children », Pediatrics, vol. 133, no 3, p. 563-567. AbbVie, 2013 – AbbVie. « Kaletra® », dans Compendium des produits et spécialités pharmaceutiques, Ottawa, ON, CPhA. Abi Khaled et al., 2003 – Abi Khaled, L., F. Ahmad, T. Brogan, J. Fearnley, J. Graham, S. MacLeod et J. McCormick. « Prescription medicine use by one million Canadian children », Paediatrics & Child Health, vol. 8, suppl. A, p. 6A-56A. Abrahamyan et al., 2014 – Abrahamyan, L., I. R. Diamond, S. R. Johnson et B. M. 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En sollicitant ces contributions, le comité voulait s’assurer d’étudier les normes récentes et nouvelles, en particulier sur des sujets moins souvent abordés dans des documents publiés, par exemple la participation des patients et de leur famille à des recherches et les pratiques exemplaires en recherche. Les réponses obtenues ont complété la recherche documentaire, validant les constatations effectuées et indiquant d’autres données probantes publiées et de grande qualité. Le comité a communiqué avec huit associations représentant des enfants qui vivent avec des maladies. Les six organismes suivants ont répondu en fournissant des données pour la présente évaluation : • Conseil C17 (Edmonton, Alb.) — www.c17.ca • Coalition canadienne pour la santé des enfants et des jeunes (London, Ont.) — www.ccyhc.org • Organisation canadienne pour les maladies rares (CORD) (Toronto, Ont.) — www.raredisorders.ca • Institut des familles pour la santé mentale des enfants et des jeunes (IFCYMH) (Vancouver, C.-B.) — www.instituteoffamilies.ca/ • JointHealth (Vancouver, C.-B.) — http://jointhealth.org • Réseau de recherche en santé des enfants et des mères (MICYRN) (Vancouver, C.-B.) — www.micyrn.ca Le comité a communiqué avec quatre associations représentant le milieu de la recherche-développement de médicaments pour enfants. Les deux organismes suivants ont répondu en fournissant des données pour la présente évaluation : • Les compagnies de recherche pharmaceutique du Canada (Rx&D) (Ottawa, Ont.) — www.canadapharma.org • Fédération internationale des associations de fabricants de produits pharmaceutiques (IFPMA) (Genève, Suisse) — www.ifpma.org 308 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Évaluations du Conseil des académies canadiennes Les rapports d’évaluation ci-dessous peuvent être téléchargés depuis le site Web du CAC (www.sciencepourlepublic.ca) : • Améliorer les médicaments pour enfants au Canada (2014) • Culture scientifique : Qu’en est-il au Canada? (2014) • Promouvoir la durabilité dans un monde interconnecté (2014) • Incidences environnementales de l’extraction du gaz de schiste au Canada (2014) • Sécurité alimentaire dans le Nord du Canada – État des connaissances (2014) • Les sciences de la mer au Canada : Relever le défi, saisir l’opportunité (2013) • Effets sur la santé de l’utilisation des armes à impulsions (2013) • L’état de la R-D industrielle au Canada (2013) • Incidences de l’innovation : mesure et évaluation (2013) • L’eau et l’agriculture au Canada : vers une gestion durable des ressources en eau (2013) • Renforcer la capacité de recherche du Canada : La dimension de genre (2012) • L’état de la science et de la technologie au Canada, 2012 (2012) • Éclairer les choix en matière de recherche : Indicateurs et décisions (2012) • Nouvelles technologies et évaluation de la sécurité chimique (2012) • Des animaux en santé, un Canada en santé (2011) • La taxonomie canadienne : explorer la biodiversité, créer des possibilités (2010) • Honnêteté, responsabilité et confiance : Promouvoir l’intégrité en recherche au Canada (2010) • Meilleure recherche = Meilleur management (2009) • La gestion durable des eaux souterraines au Canada (2009) • Innovation et stratégies d’entreprise : pourquoi le Canada n’est pas à la hauteur (2009) • Vision pour l’initiative canadienne de recherche dans l’Arctique – Évaluation des possibilités (2009) • La production d’énergie à partir des hydrates de gaz – potentiel et défis pour le Canada (2008) • Petit et différent : perspective scientifique sur les défis réglementaires du monde nanométrique (2008) • La transmission du virus de la grippe et la contribution de l’équipement de protection respiratoire individuelle – Évaluation des données disponibles (2007) • L’État de la science et de la technologie au Canada (2006) Évaluations du Conseil des académies canadiennes 309 Les évaluations suivantes font présentement l’objet de délibérations de comités d’experts : • L’accès en temps opportun aux données sur la santé et sur les conditions sociales pour la recherche sur la santé et l’innovation du système de santé • La capacité potentielle des technologies nouvelles et émergentes de réduire les incidences environnementales de l’exploitation des sables bitumineux • La compétitivité de l’industrie canadienne au regard de l’utilisation de l’énergie • L’avenir des modèles canadiens de maintien de l’ordre • Les besoins futurs en compétences en STGM • Les éoliennes, le bruit et la santé humaine • Les institutions de la mémoire collective et la révolution numérique • LES RISQUES : Le message passe-t-il? 310 Améliorer les médicaments pour enfants au Canada Conseil des gouverneurs du Conseil des académies canadiennes* Margaret Bloodworth, C.M., présidente, ancienne sous-ministre au fédéral et conseillère nationale pour la sécurité (Ottawa, Ont.) Graham Bell, MSRC, président, Société royale du Canada; directeur de recherche, professeur titulaire de la chaire James McGill, Département de biologie, Université McGill (Montréal, Qc) John Cairns, MACSS, président, Académie canadienne des sciences de la santé; professeur de médecine, Université de la Colombie-Britannique (Vancouver, C.-B.) Henry Friesen, C.C., MSRC, MACSS, vice-président, professeur émérite distingué et membre principal du Centre pour le progrès de la médecine, Faculté de médecine, Université du Manitoba (Winnipeg, Man.) Carol P. Herbert, MACSS, professeure de médecine familiale, Université Western (London, Ont.) Claude Jean, premier vice-président et directeur général, Teledyne DALSA, Semiconducteur (Bromont, Qc) Peter MacKinnon, O.C., ancien président et vice-recteur, Université de la Saskatchewan (Saskatoon, Sask.) Jeremy McNeil, MSRC, professeur invité Helen Battle de chimie écologique, Département de biologie, Université Western (London, Ont.) Axel Meisen, C.M., MACG, ancien président, Prévision, Alberta Innovates – Technology Futures (AITF) (Edmonton, Alb.) Lydia Miljan, professeure agrégée en sciences politiques et directrice du programme des arts et des sciences, Université de Windsor (Windsor, Ont.) Ted Morton, chercheur principal, École de politiques publiques, professeur de sciences politiques, Université de Calgary (Calgary, Alb.) P. Kim Sturgess, MACG, présidente-directrice générale et fondatrice, Alberta WaterSMART (Calgary, Alb.) *Renseignements à jour en juin 2014 Comité consultatif scientifique du Conseil des académies canadiennes 311 Comité consultatif scientifique du Conseil des académies canadiennes* Susan A. McDaniel, MSRC, présidente, directrice de l’Institut Prentice; titulaire de la Chaire de recherche du canada de premier niveau sur la population mondiale et le cours de la vie; titulaire de la chaire de recherche Prentice en démographie et économie mondiales, professeure de sociologie, Université de Lethbridge (Lethbridge, Alb.) Lorne Babiuk, O.C., MSRC, MACSS, vice-président à la recherche, Université de l’Alberta (Edmonton, Alb.) Murray S. Campbell, premier responsable, Programme de recherche en analytique des affaires, Centre de recherche T.J. Watson d’IBM (Yorktown Heights, NY) Clarissa Desjardins, ancienne présidente-directrice générale, Centre d’excellence en médecine personnalisée (Montréal, Qc) Jean Gray, C.M., MACSS, professeure émérite de médecine, Université Dalhousie (Halifax, N.-É.) John Hepburn, MSRC, vice-président à la recherche et aux affaires internationales, Université de la Colombie-Britannique (Vancouver, C.-B.) Gregory S. Kealey, MSRC, professeur, Département d’histoire, Université du Nouveau-Brunswick (Fredericton, N.-B.) Daniel Krewski, professeur d’épidémiologie et de médecine communautaire, directeur scientifique du Centre R. Samuel McLaughlin d’évaluation du risque sur la santé des populations, Université d’Ottawa (Ottawa, Ont.) Avrim Lazar, ancien président et chef de la direction, Association des produits forestiers du Canada (Ottawa, Ont.) Norbert Morgenstern, C.M., MSRC, MACG, professeur émérite d’université en génie civil, Université de l’Alberta (Edmonton, Alb.) Sarah P. Otto, MSRC, professeure et directrice du Centre de recherche sur la biodiversité, Université de la Colombie-Britannique (Vancouver, C.-B.) *Renseignements à jour en juin 2014 Conseil des académies canadiennes 180, rue Elgin, bureau 1401 Ottawa (Ontario) K2P 2K3 Tél. : 613-567-5000 www.sciencepourlepublic.ca
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