Présentation 1 : Etymologie En hébreu, il existe 2 mots pour

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Présentation 1 : Etymologie En hébreu, il existe 2 mots pour
 Présentation 1 : Etymologie En hébreu, il existe 2 mots pour désigner l’amour : « Ahabah » utilisé pour désigner l’amour en général, le contexte de son utilisation se chargeant de préciser sa forme. « Hesed » dont les qualités de fidélité et d'attachement constituent les éléments fondamentaux. Les hébreux pour définir l’amour, en tant qu’amour de Dieu et du prochain, utilisaient le mot « hesed ». En grec il existe 4 mots pour parler de l’amour : « Philia » exprime un attachement amical et personnel. Il est donc limité. « Storgê » ne concerne que l’amour filial. « Eros » comporte, plus ou moins, l’idée de désir et de convoitise et désigne l’amour d’un bien sensible. « Agapé » exprime l’amour entre l’humanité et Dieu qui implique estime et révérence ou l’amour sanctifié par Dieu entre les êtres humains. C’est un amour qui s’exprime dans la plénitude, il est illimité et inconditionnel. La traduction grecque du mot hébreu « hesed » est donc « agapè » Pour apprécier le premier terme « agapè », il faut lire l’extrait de Jean 21, 15‐17 : « Après le repas, Jésus dit à Simon‐Pierre : « Simon fils de Jean, m’aimes‐
tu plus que ceux‐ci ? » Il répondit : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime », et Jésus lui dit alors : « Pais mes agneaux. » Une seconde fois, Jésus lui dit : « Simon, fils de Jean, m’aimes‐tu ? » Il répondit : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » Jésus dit : « Sois le berger de mes brebis. » Une troisième fois, il dit : « Simon, fils de Jean, m’aimes‐tu ? » Pierre fut attristé de ce que Jésus lui avait dit une troisième fois : « M’aimes‐tu ? », et il reprit : « Seigneur, toi qui connais toute chose, tu sais bien que je t’aime. » Et Jésus lui dit : « Pais mes brebis ». Pierre professe à trois reprises sa foi ou son attachement à Jésus (« je t’aime »), comme il l’a renié aussi trois fois. Sa profession de foi est pathétique. Jésus emploie le verbe « aimer ». Notre traduction ne peut pas rendre compte de la subtilité du vocabulaire grec. En Français, nous n'avons qu'un verbe « aimer ». Le grec, lui, emploie deux verbes différents : le premier verbe, « agapao », signifie l'amour sans réserve, Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 1
total et inconditionnel. Le deuxième verbe « phileo » exprime l'amour d'amitié, tendre mais pas totalisant. Les deux premières fois, Jésus demande à Pierre : « Simon... m'aimes‐tu ? » avec le verbe « agapaô », c'est‐à‐dire « m'aimes‐tu de cet amour total et inconditionné dont je t'aime moi‐même ? ». Or, Pierre, lui, surtout, après la triste expérience de son triple reniement dans la nuit de la Passion, ne répond pas par le même verbe. Il utilise le verbe « phileo ». Il aime Jésus, oui, mais à la manière des hommes, pas à la manière de Dieu. La troisième fois, Jésus reprend sa question, mais avec le verbe « phileô ». Le Pape Benoît XVI commentait : « Simon comprend alors que son pauvre amour suffit à Jésus, l'unique dont il est capable... On pourrait dire que Jésus s'est adapté à Pierre, plutôt que Pierre à Jésus. C'est précisément cette adaptation divine qui donne de l’espérance au disciple, qui a connu la souffrance de l'infidélité. C'est de là que naît la confiance qui le rendra capable de suivre le Christ jusqu'à la fin. » En latin, il existe 2 termes pour désigner l’amour : « Amor » est utilisé pour désigner le sentiment d’affection passionnée ou d’attachement pour quelqu’un. « Caritas » c’est l’action de chérir. Il sous‐entend un excessif débordement d’amour. La traduction latine du mot grec « agapè » est « caritas » (utilisé par St Jérôme pour la traduction de la Bible, dite Vulgate). La traduction française du mot latin « caritas » est « charité », signifiant d'abord cherté, puis amour. Présentation 2 : Définition La charité désigne donc l’amour, dans toute sa globalité, et non pas les actes de bienfaisance qui s’y rattachent, qui bien que louables n’en sont que l’expression. Il existe, en effet, une ambiguïté du concept dans la société civile qui le charge, selon certaines sensibilités, de significations dérivées, éloignées du concept initial : La charité est parfois considérée comme une obligation liée à une pratique religieuse, ce qui a pour effet de rendre l'utilisation du mot délicate dans le contexte des sociétés francophones contemporaines laïques, La charité est également perçue, dans certains contextes, comme une relation inégale impliquant une situation humiliante pour la personne Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 2
aidée, et non comme un comportement social réellement bienveillant et utile. Ces dérives de sens ont entraîné d'importantes restrictions d'usage du mot charité, qui a notamment disparu du vocabulaire administratif où il est remplacé par des notions alternatives jugées plus neutres (comme solidarité, action sociale, etc..), et qui est même souvent utilisé avec une connotation péjorative dans le discours public. Si nous reprenons ce qui a été dit dans l’étymologie du mot, nous pouvons dégager les dimensions suivantes pour définir le mot « charité » :  « Amour entre l’humanité et Dieu » : c’est une relation désintéressée,  « Amour sanctifié par Dieu entre les êtres humains » : c’est un sentiment inspiré et porté par Dieu,  « Amour qui s’exprime dans la plénitude, il est illimité et inconditionnel » : il porte la marque de Dieu,  « Qualités de fidélité et d'attachement » : il est à l’image de Dieu,  « Excessif débordement d’amour » : il est folie pour les hommes. L’amour divin : Augustin a dit : « La charité n’est ni un titre, ni une propriété, ni une perfection de Dieu. Elle est la substance de Dieu. » Le Saint‐Esprit, celui qui procède du Père et du Fils, est l’expression de l’amour en Dieu et de Dieu. L’amour humain : La traduction littérale du mot « caritas » est « action de chérir » ou, d’une manière plus moderne « action d’aimer ». La charité est donc la vertu d’aimer d’une manière désintéressée son prochain, et non pas les sens dérivés et particuliers d'indulgence, bienfaisance ou aumône, qui ne sont pas à rejeter, mais qui sont seulement des expressions, des effets parmi tant d’autres de l’action d’aimer. La charité est même opposée à ces derniers sens particuliers dans la lettre de St Paul aux Corinthiens : « Quand je distribuerais tous mes biens aux affamés, s’il me manque l’amour, je n’y gagne rien. » (1 Corinthiens 13, 3). La charité : C’est à la fois l’Amour que Dieu donne à l’homme et l’accueil de cet amour par l’homme. Accueil qui le transforme, le sort de lui‐même et des miroirs qu’il se tend, l’extirpe de sa volonté de tout ramener à lui, lui fait découvrir sa véritable nature qui est d’aimer gratuitement. La révélation de cette charité de Dieu a commencé dans l’Ancien Testament : à l’homme qui imagine Dieu comme le plus fort, le prophète Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 3
Osée répond que Dieu est Dieu parce qu’il aime, et que la manière de comprendre Dieu n’est pas d’imaginer un super chef de guerre, mais un amoureux capable de pardonner sans cesse. Ceci est évidemment largement repris dans le Nouveau Testament où le Christ explique que la charité doit tout englober : c’est le commandement unique. Si on imagine que la charité est de donner trois sous à un être envers lequel on a été injuste, on oublie que saint Paul affirme : la charité n’est pas une vertu à part comme la justice ; mais elle doit donner forme à tout. Tout doit être fait par amour ; elle ne remplace pas la justice, elle doit animer la justice. Saint Paul a décrit les manifestations de la charité en 1 Corinthiens 13, 1‐
8. Saint Jean montre qu’elle est le fruit de la volonté plus que de la passion ou des émotions, et qu’elle se manifeste dans l’obéissance aux commandements de Dieu, ce que nous rappelle Jean : « Car voici ce qu’est l’amour de Dieu : que nous gardions ses commandements. Et ses commandements ne sont pas un fardeau. » (1 Jean 5, 3). Présentation 3 : Source de l’amour Au début de cet exposé, au paragraphe « Etymologie », la définition « d’Agapé » est, entre‐autres, l’amour entre Dieu et le genre humain, c’est‐à‐dire l’amour que Dieu porte à tout être humain ainsi que l’amour reconnaissant que tout être humain croyant porte à Dieu. Comme la Bible nous l’a révélé, Dieu a toujours l’initiative sur l’être humain. Dieu est donc le premier qui a manifesté de la charité. « Mes bien‐aimés, aimons‐nous les uns les autres, car l’amour vient de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu. Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu, puisque Dieu est amour. » (1 Jean 4, 7‐8). Le vocabulaire du « choix » ou de « l’élection » de Dieu prend son origine dans l’expérience religieuse d’Israël. L’élection est une initiative gratuite de Dieu qui choisit par amour et sans cause de mérite. Ainsi, Dieu veut constituer un peuple consacré à son nom. Le Christ Jésus, le fils de Dieu, est l’Elu par excellence, préfiguré par le Serviteur d’Isaïe. A son tour, Jésus choisit douze Apôtres pour poursuivre sa mission en constituant l’Eglise, peuple renouvelé en son sang. Les disciples du Christ eux‐mêmes sont choisis pour porter le Bonne Nouvelle. Aucun ne peut se prévaloir de son élection : elle est signe de l’amour du Père Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 4
pour tout homme. Elle est une grâce. Mais l’élection divine est aussi un appel, une vocation, offerte à tout homme à faire partie de son peuple. Chacun est invité à répondre de la même manière : par amour. Amour pour tous les humains quels qu’ils soient Cette bonté de Dieu prend la forme d’une bienveillance envers tous. Jésus l’affirme dans le Sermon sur la montagne: « Le Père céleste fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » (Matthieu 5, 45) Cette « grâce commune » de Dieu ne suppose pas la capacité des hommes à en être reconnaissants ; seuls ceux qui en sont conscients savent remercier le Seigneur. Plus encore, le Très‐Haut, dit Jésus, « est bon pour les ingrats et pour les méchants » (Luc 6, 35). Le contexte de cette affirmation étonnante indique qu’ainsi Dieu est miséricordieux. Dieu, dans sa pitié, est toujours prêt à soulager la détresse de ceux qui se tournent vers lui et implorent son aide. La miséricorde de Dieu, sa compassion pour ceux qui souffrent est l’antichambre de la grâce de Dieu. Et mieux encore, amour pour ceux qui en ont le plus besoin La grâce de Dieu est l’expression de sa bonté envers ceux qui sont indignes. On ne fait pas grâce aux vainqueurs, mais aux perdants. Telle est la bonté de Dieu envers ceux qui ont perdu ou ont renoncé au droit d’être aimés et qui, par leur nature et par leurs actes, sont sous la condamnation et le jugement. Le père du fils prodigue est l’exemple biblique le mieux connu à juste titre, étant donné le comportement du fils : « Le fils lui dit : « Père j’ai péché envers le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. » (Luc 15, 21). Utilité d’aimer (dans le sens de charité) A. Nous avons vu que la charité c’est l’amour divin pour l’humanité et l’amour fraternel entre les hommes à cause de Dieu. Jean, dans sa première Epître (4,20), nous dit : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne peut pas aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » 1) Quelles autres argumentations pouvez‐vous développer pour justifier le lien indéfectible entre l’amour vers Dieu et l’amour vers le prochain. 1.1 – Qui n’aime pas, n’a pas découvert Dieu. Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 5
C’est ce que nous enseigne Jean : « quiconque aime est né de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu. Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu, puisque Dieu est amour. » (1 Jean 4, 7‐8). L’amour chrétien, venant de Dieu par l’intermédiaire de l’Esprit Saint, ne peut donc être sélectif. 1.2 – Nous sommes égaux devant la grâce de Dieu. A cause de cela, ne pas aimer le prochain, c’est le juger Aimer son prochain, c’est reconnaître que la grâce de Dieu est sur lui comme sur moi malgré nos péchés. Si je n’aime pas mon prochain je viendrai inévitablement à le juger, or le juger c’est accepter la miséricorde divine pour moi tout en considérant que mon prochain est indigne de ce pardon. Jésus nous rappelle ce thème dans la parabole du débiteur insolvable : « Alors, le faisant venir, son maître lui dit : « Mauvais serviteur, je t’avais remis toute cette dette, parce que tu m’en avais supplié. Ne devais‐tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton compagnon, comme moi‐même j’avais eu pitié de toi ? » (Matthieu 18, 21‐35) 1.3 – L’amour fraternel est de reconnaître dans le prochain, l’amour divin que nous avons nous‐mêmes reçu. Nous aimons l’autre parce que nous reconnaissons en lui l’amour divin dont nous bénéficions nous‐mêmes. La charité confère de la valeur à qui elle s’adresse, car elle reconnaît la même image du sacré dans le divin qu’elle adore et dans le prochain qu’elle sert : tous trois, l’amour pour Dieu, l’amour pour le prochain et le prochain sont issus de l’unique Amour de Dieu. Comme a dit le Père Christian Robert dans son homélie du 7.09.14, « Tous fils et filles d’un même Père, nous sommes donc forcément frères et sœurs dans une même famille. » 1.4 – Rencontrer le prochain, c’est rencontrer Dieu C’est ce que Matthieu nous enseigne : « Alors il leur répondra : « En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait. » (Matthieu 25, 31‐46) La question fondamentale de ce texte est au cœur du dialogue entre le « Roi », les justes et les injustes. Et cette question est : « Avez‐vous été capables de reconnaître le Christ lui‐même dans les pauvres et les petits qui vous entourent ? » On pourrait la formuler autrement : si un même amour de Dieu et du prochain emplit votre cœur, êtes‐vous capables, tout au long de votre vie, de rendre aux autres, quels qu’ils soient, le même honneur que celui que vous rendez au Seigneur lui‐même ? Dans ces six œuvres de miséricorde que nomme ce texte (nourrir, abreuver, accueillir, visiter, Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 6
vêtir, consoler), il ne s’agit plus exactement d’un programme éthique, il ne s’agit pas d’être gentil pour faire plaisir à Jésus, il ne s’agit même pas d’imiter la bonté de Jésus‐
Christ lui‐même, c’est mieux que tout cela : il s’agit à travers cet amour du prochain, de rencontrer vraiment le Christ lui‐même. Utilité d’aimer (dans le sens de charité) B. Qu’est‐ce qui nous pousse à aimer Dieu et à aimer notre prochain ? 2) Y‐a‐t‐il une raison humaine ? 2.1 – Aucun motif explicite Aucun intérêt ni calcul ne motive l’amour chrétien : il est gratuit. Il prend pour objet ce qui n’a aucune valeur pour lui en donner une. C’est ce qu’il oppose à l’amour particulier. Ce dernier part d’une valeur de quelqu’un (la beauté, l’intelligence, le courage ou simplement l’affinité), ce qui a pour conséquence de l’aimer. L’amour chrétien part de rien et donne une valeur à ce qu’il touche. La conséquence devient cause, et cela change tout car l’amour chrétien devient alors source inépuisable d’amour. Utilité d’aimer (dans le sens de charité) C. Qu’est‐ce qui nous pousse à aimer Dieu et à aimer notre prochain ? 3) Y‐a‐t‐il une loi divine ? 3.1 – C’est une grâce divine Ce que Jean nous rappelle : « Mes bien‐aimés, aimons‐nous les uns les autres, car l’amour vient de Dieu, » (1 Jean 4, 7‐8). L’amour chrétien vient de Dieu. Sans cette grâce, nous ne pourrions aimer gratuitement. 3.2 – Venant de Dieu, la charité s’impose à nous. C’est Dieu lui‐même qui suscite dans nos cœurs le besoin impérieux de l’aimer. C’est donc un sentiment qui ne s’explique pas, mais qui s’impose. Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 7
« Seigneur, tu as voulu me séduire, et je me suis laissé séduire ; tu m’as fait subir ta puissance, et tu l’as emporté. » (Jérémie 20, 7) Mais cet impératif n’est pas une loi contraignante mais un élan irrésistible. C’est ce que nous dit Matthieu : « car mon joug est doux et mon fardeau léger » (Matthieu 11.30) 3.3 – Dieu nous appelle à cette vocation Dieu a toujours l’initiative. Il est le premier qui a manifesté de la charité. Il a aussi l’initiative de nous appeler. Nous sommes tous appelés, mais cette grâce commune laisse la liberté aux hommes d’y répondre. Matthieu nous rappelle l’universalité de cette grâce : « Le Père céleste fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » (Matthieu 5, 45) 3.4 – L’amour fraternel est une demande expresse du Christ. Peu avant d’être crucifié et d’être glorifié, le Christ a dit : « Voici mon commandement : aimez‐vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 15, 12). Utilité d’aimer (dans le sens de charité) D. Qu’est‐ce qui nous pousse à aimer Dieu et à aimer notre prochain ? 4) Y‐a‐t‐il une nécessité ou un avantage ? 4.1 – Pour qu’il y ait amour, il faut être au moins 2. Pour aimer, il faut être aimé. Pour se sentir aimé, il faut que quelqu’un aime : Dieu source. Pour que l’amour perdure, il faut une réciprocité. 4.2 – La terre sans amour c’est l’enfer. Un monde sans amour est un monde totalitaire, despotique : l’Allemagne d’Hitler, l’U.R.S.S. de Staline, la Chine de Mao. C’est la haine, la violence, la négation de l’homme, l’enfer sur terre. Et l’enfer est la définition exacte, car c’est le domaine où l’amour n’existe pas. Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 8
4.3 – Aimer nous donne la joie C’est ce que proclame Jean : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour. Si vous observez mes commandements, vous demeurez dans mon amour, comme, en observant les commandements de mon Père, je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jean 15, 09‐11). Ainsi, aimer Dieu nous donne la joie parfaite que nul autre ne peut nous donner. La joie est liée à la foi et à l’espérance, c’est pourquoi nous pouvons être joyeux dans l’adversité. La joie exprime le sentiment de la splendeur du réel. Il y a la joie des commencements et celle des accomplissements, celle de la rencontre et celle de la réalisation de soi, et aussi, plus rare, cette source ininterrompue par laquelle l’existence tout entière est considérée comme une grâce. A ce titre la joie est opposable au bonheur que les modernes exigent du pouvoir comme un dû. La joie ne s’achète pas, elle a partie liée avec le risque, l’aventure, l’espérance. 4.4 – Aimer nous donne la paix Paul associe « Amour », « Joie » et « Paix » : « Frères, soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez‐vous, soyez d'accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu d'amour et de paix sera avec vous. » (2 Corinthiens 13, 11) Signe d'une vie qui s'épanouit, la joie était considérée dans l'Ancien Testament comme la caractéristique du temps du salut et de la paix qui s'instaurera à la fin des temps. Quand Jésus parle de joie à ses apôtres, c'est à ce niveau‐là qu'il se place et il en donne la raison : « Prenez courage, j'ai vaincu le monde. » (Jean 16, 33). Le célébrant ou le diacre dit à l’assemblée : « Allez dans la paix du Christ » 4.5‐ Aimer apporte la paix autour de nous. L’Ancien Testament associait déjà l’amour à la paix : « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent. » (Psaume 85, 11) Le psalmiste est‐il bien réaliste ? Il parle comme si l’harmonie régnait déjà sur la terre ; pourtant, il n’est pas dupe, il n’est pas dans le rêve ! Il anticipe seulement ! Il entrevoit le jour qui vient, celui où, après tant de combats et de douleurs inutiles, et de haines imbéciles, enfin, les hommes seront frères. Pour les Chrétiens, ce jour est là, il s’est levé lorsque Jésus‐Christ s’est relevé d’entre les morts, et, à leur tour, les Chrétiens ont chanté ce psaume, et pour eux, désormais, à la lumière du Christ, il a trouvé tout son sens. Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 9
4.6 – Aimer nous permet d’être dès‐à‐présent l’ami de Dieu. « Voici mon commandement: aimez‐vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande » (Jean 15, 12‐14). Etre dans l’amour de Dieu nous permet d’accéder à un statut que notre condition ne pouvait espérer : devenir l’ami de Dieu. L’affirmation de Jésus « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande » n’est paradoxale que si l’on méconnaît le lien qui unit « commander » et « amis ». En vérité, obéissance et amour vont de concert. « Je ferai tout ce que tu voudras » n’est pas une parole de subordonné, mais d’amoureux. Le vouloir de l’aimé devient la loi de l’amant, inscrite dans son cœur, comme l’ont annoncé les prophètes et comme le célèbre et le demande le Psaume 119 : « Que mes actions soient bien réglées, afin que je respecte tes prescriptions! Alors je ne rougirai pas de honte devant tous tes commandements. Je te louerai avec un cœur droit en étudiant tes justes sentences. Je veux respecter tes prescriptions ; ne m'abandonne pas totalement ! Comment le jeune homme rendra‐t‐il pur son sentier? En se conformant à ta parole. Je te cherche de tout mon cœur : ne me laisse pas m'égarer loin de tes commandements ! Je serre ta parole dans mon cœur afin de ne pas pécher contre toi. Béni sois‐tu, Eternel, enseigne‐moi tes prescriptions! De mes lèvres j'énumère toutes les sentences que tu as prononcées. J'ai autant de joie à suivre tes instructions que si je possédais tous les trésors. » (Psaume 119, 5‐14) 4.7‐ Aimer nous donne la vie éternelle. « L’amour ne disparaît jamais ; Les prophéties ? Elles seront abolies. Les langues ? Elles prendront fin. La connaissance ? Elle sera abolie. Car notre connaissance est limitée, et limitée notre prophétie. Mais quand viendra la perfection, ce qui est limité sera aboli. » (1 Corinthiens 13, 8‐10) Paul nous le dit, seul l’Amour subsistera à la fin des temps. Au moment de quitter cette vie, serons‐nous animés par cette dévotion ? Nos actes seront‐ils guidés par ce sentiment ? Car nos actes d’amour seront notre passeport pour l’éternité. La charité, nous envoie directement au Paradis. C’est vraiment la "voie royale", et il n'y en a pas d'autre. Dieu est Amour. Il a créé l'univers, et spécialement les hommes, pour exprimer et contenter cet amour. Son royaume ne peut que lui ressembler : être rempli d'amour. Celui qui aime de son mieux ressemble à Dieu et, par conséquent, il se trouve « en adéquation » pour entrer chez Dieu, en Paradis. Ici, il n’est pas question de récompense : j’aime et Dieu me donnera l’éternité. La question est de savoir où je me situe dans ce présent destiné à disparaître mais dans lequel l’éternité existe déjà depuis la résurrection du Christ : suis‐je accaparé par ce présent ou est‐ce que je chemine déjà à la suite du Christ. Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 10
4.8 – Aimer permet à l’amour divin de se propager. Dieu est Amour. Cet Amour est par essence fait pour être partagé. C’est d’ailleurs pourquoi Dieu a créé l’homme : pour lui donner accès à cet Amour qu’il ne peut et ne veut garder en lui seulement. L’amour chrétien ne peut donc être qu’en expansion perpétuelle. Cet amour, qui implique 2 au départ (moi et Dieu), déborde et devient communautaire. C’est la différence primordiale entre l’Ancien et le Nouveau Testament. L’ancienne Alliance était considérée comme un deal entre l’homme et Dieu : j’obéis à tes commandements et tu me gratifies d’une vie bien remplie (et souvent, je méprise le malheureux, le pauvre ou l’infirme car il n’a rien compris à ce deal), le Christ remet les choses dans l’ordre en témoignant d’un Père qui offre l’amour, la paix, la miséricorde à tous sans exception (parabole de la brebis égarée). Manière d’aimer A. L’Ancien Testament (Deutéronome 6,5) nous donne une première indication : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée. » 5) Pouvez‐vous reformuler la phrase d’une manière plus contemporaine en changeant les mots « cœur », « âme », « force » et « pensée ». 5.1 – Fritz Lang Il y a toute une tradition chrétienne pour dire que l’amour n’est pas seulement qu’un sentiment (cœur), mais aussi une volonté / une organisation / une action (force), une intelligence (esprit) : un engagement de tout l’être (âme). Fritz Lang a repris ce thème dans son film « Métropolis » : pour faire le bien de tous, le cerveau doit commander la main par l’intermédiaire du cœur. Si un de ces trois éléments manque, le bien qui est le but ne peut s’épanouir :  Le cerveau et la main seuls, conduit au despotisme, à l’anéantissement de l’homme même si à l’origine le but est louable (URSS de Staline).  Le cerveau et le cœur seuls, conduit à une foi qui ne produit pas de fruits, à un amour qui ne s’exprime pas et qui se flétrit.  La main et le cœur seuls, conduit à une sensibilité irréfléchie, à l’égarement par le Malin (le suicide assisté que certains considèrent comme un acte de compassion, en est l’exemple). Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 11
Manière d’aimer A. L’Ancien Testament (Deutéronome 6, 5) nous donne une première indication : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée. » Et une seconde (Lévitique 19, 18) : « Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi‐même. Je suis le SEIGNEUR ! » 6) Mettez en évidence le lien entre « aimer le Seigneur », « aimer le prochain » et « s’aimer ». 6.1 – « L’amour de Dieu » et « L’amour du prochain » ont le même niveau d’importance. L’Ancien Testament, repris par Jésus (Luc 10, 25‐37) nous indique les deux commandements : « Jésus lui dit : « Dans la Loi qu’est‐il écrit ? Comment lis‐tu ?» Il lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi‐même. » A noter que dans le texte de Matthieu (22, 36‐40) « Maître, quel est le plus grand commandement dans la Loi ? » Jésus lui déclara : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est là le grand, le premier commandement. Un second est aussi important : tu aimeras ton prochain comme toi‐même. De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les prophètes. », on voit bien que c’est Jésus lui‐même qui, en se référant à l’Ancien Testament, lie expressément le commandement d’aimer Dieu (Deutéronome 6, 5) au commandement d’aimer le prochain (Lévitique 19, 18) en les mettant au même niveau d’importance. 6.2 – Amour divin = Amour circulaire = Amour perpétuel « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. Voici mon commandement : aimez‐vous les uns les autres comme je vous ai aimés. (Jean 15, 9.12) Tout d’abord, il faut noter l’étrangeté de ce commandement ; on aurait pu s’attendre à : « Aimez‐moi comme je vous ai aimés. » Ensuite, il faut admirer, dans ce texte, le mouvement circulaire de l’amour tel que présenté par Jésus :  Comme le Père a aimé le Fils, Jésus a aimé ses disciples,  Ses disciples devront s’aimer les uns les autres comme lui, les a aimés. Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 12
 Ainsi aimeront‐ils Jésus et demeureront‐ils fidèles à ses commandements,  Comme Jésus aime le Père et demeure fidèle à ses commandements.  Là est le secret de la vraie joie (une joie perpétuelle). Le mot clé de la vraie joie est « l’amour » (agapè en grec). Dans ce cas, la restitution et le contre‐don, loi de tout amour, se fait toujours à destination d’un autre partenaire que celui qui a été la source du don. La réponse de Jésus à l’amour du Père est dirigée vers les disciples. De même, la réponse des disciples à l’amour de Jésus pour eux doit se porter sur leurs frères. 6.3 – S’aimer d’abord soi‐même. La Bible (Lévitique) dit : "Tu aimeras le prochain comme toi‐même". Donc c'est l'amour de soi‐même qui est la mesure de l'amour des autres. S'aimer soi‐même est un devoir important. Le proverbe « Charité bien ordonnée commence par soi‐même » n’est pas une réaction égoïste aux problèmes des autres, mais signifie que la manière dont je m’occupe de moi n’est pas sans influence sur la manière dont je m’occupe des autres. S’aimer soi‐même, c'est aimer ce qui est notre vrai bien, non ce qui nous fait immédiatement plaisir. S’aimer soi‐même, c’est reconnaître que l’on a de la valeur aux yeux de Dieu, c’est reconnaître que l’on a des dons mais que l’on a aussi des faiblesses, c’est savoir se pardonner. Manière d’aimer B. Jésus, lui‐même, nous donne une seconde indication : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez‐vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez‐vous les uns les autres. A ceci, tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » (Jean 13, 34‐35) 7) Y‐a‐t‐il opposition entre ces 2 commandements (ancien et nouveau Testament) ? 7.1 – Non Le commandement d’aimer le prochain est ancien « Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi‐même. Je suis le SEIGNEUR ! » (Lévitique 19, 18). L’Ancien Testament connaissait Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 13
cette exigence, et des philosophes païens, bien avant Jésus, avait prêché l’amour des autres, et même l’amour des ennemis. Les commandements de Dieu, résumés dans le Décalogue (Deutéronome 5, 6‐24) ont formé la conscience du judaïsme ancien. Jésus maintient la validité de la Loi. 7.2 ‐ Oui Jésus lui déclara : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est là le grand, le premier commandement. Un second est aussi important : tu aimeras ton prochain comme toi‐même. De ces deux commandements dépendent tout la Loi et les prophètes. » (Matthieu 22, 37‐40) Le commandement d’aimer le prochain est ancien (Lévitique 19, 18). Mais lorsque Jésus le porte à cette hauteur ou à cette profondeur, il est radicalement nouveau. Ce qui en fait la nouveauté, c’est que Jésus lui a redonné la première place, tandis que beaucoup de rabbins l’étouffaient dans le maquis des prescriptions de troisième ou de quatrième ordre. D’autre part, cette consigne dans l’Ancien Testament ne concernait que les juifs entre eux. Manière d’aimer B. Jésus, lui‐même, nous donne une seconde indication : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez‐vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez‐vous les uns les autres. A ceci, tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » (Jean 13, 34‐35) 8) Quelle étape radicale Jésus nous fait‐il franchir ? 8.1 – Le dépassement de soi. « Je vous donne un commandement nouveau : aimez‐vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez‐vous les uns les autres. » (Jean 13, 34) Ce n’est plus la vision minimaliste de l’amour « Aime ton prochain comme toi‐même » qui pourrait s’interpréter comme « ne fait pas aux autres le mal que tu ne voudrais pas que l’on te fasse. », mais l’amour infini « Aimez‐vous les uns les autres comme je vous ai aimés. ». La qualité de l’amour chrétien fait référence à l’amour du Christ lui‐
même. Comment le Christ a‐t‐il aimé ? Dieu en Christ s’est mis sous la dépendance de l’homme pour l’aimer jusqu’au bout, jusqu’à la mort sur la croix. 8.2 – Devenir missionnaire. Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 14
« Je vous donne un commandement nouveau : aimez‐vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez‐vous les uns les autres. A ceci, tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » (Jean 13, 34‐35) Nouveau en ce qu’il est proposé comme l’accomplissement libérant de tous les autres. On peut passer de l’amour de la Loi (ancienne Alliance) à la loi de l’Amour (nouvelle Alliance). Et cette attitude devient naturellement exemple pour les autres. 8.3 – Laisser l’Esprit Saint nous guider. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour » (Jean 15, 9). Cet amour s’enracine dans l’amour du Fils pour les hommes et donc il est théologal, révélateur de la relation d’amour entre Dieu le Père et son Fils, vécue dans la vie de Jésus et son affrontement de la mort. La nouveauté, ce n'est pas le commandement d'aimer, Jésus ne l'invente pas : le commandement d'amour existe bel et bien dans l'enseignement des rabbins de son temps. Ce qui est nouveau, c'est d'aimer comme lui, mais non pas seulement à sa manière, c'est‐à‐dire au point d'être prêt à donner sa vie, en refusant toute puissance, toute domination, toute violence ; ce qui est nouveau, c'est encore plus que cela, c'est d'aimer vraiment comme lui, c'est‐à‐dire en se laissant complètement guidé par son Esprit, comme lui s’est laissé guidé par l’Esprit de son Père. « Mais il y avait en moi comme un feu dévorant, au plus profond de mon être ; Je m’épuisais à le maîtriser, sans y réussir. » (Jérémie 20, 9) Et alors nous comprenons désormais tout autrement la fameuse phrase « Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres ». Bien plus qu'un commandement, c'est un constat : si nous sommes réellement ses disciples, c'est son propre Esprit qui dicte nos comportements. Difficultés et pièges d’aimer A. La première difficulté, c’est d’exprimer un amour sensible pour qui que ce soit, La seconde difficulté, c’est d’aimer ceux avec lesquels nous n’avons aucune affinité ou pire que nous trouvons antipathiques. 9) Comment surpasser ces difficultés ? Quelles appréciations devons‐nous avoir sur autrui pour avoir un regard juste ? Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 15
9.1 – Pratiquer l’amour. La charité est une vertu, et en tant que telle, elle ne peut vivre et survivre en nous que si elle s’exerce. 9.2 – Découvrir la valeur du prochain. Aimer tout le monde, à la manière du Christ, est au‐dessus de nos forces. Mais ce qui est demandé c’est, à travers les apparences, de faire acte de foi en la valeur infinie du premier venu, en sa dignité. 9.3 – Parier sur ce que peut devenir le prochain. Malgré les différences, on doit aimer le prochain pour ce qu’il peut lui arriver de bien dans l’avenir. On peut l’aimer en faisant crédit à la grâce qui est en lui. Ce crédit est lié à la foi car Dieu est justement celui qui va naître en lui. 9.4 – Reconnaître le Christ. Le Christ nous a avertis : c’est lui qui nous attend, qui est caché derrière ce visage inconnu, c’est lui qui a besoin de nous dans cette misère. En évitant d’aimer notre prochain, nous risquons de nous détourner du Christ. Extrait de Matthieu 25, 31‐46 : « Alors il leur répondra : « En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait. » 9.5 – Compter sur l’Esprit Saint. « L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Epître aux Romains 5, 5). Ce que nous ne pouvons pas faire tout seuls, c'est‐
à‐dire aimer vraiment, Dieu vient le faire en nous. Difficultés et pièges d’aimer B. Un premier piège est d’aimer pour être aimé ou pour être valorisé, A l’opposé, un deuxième piège est de renier sa personnalité, Un troisième piège est de séparer l’amour reçu de Dieu et l’amour donné aux autres. 10)
Quelles réflexions pouvez‐vous avoir pour déjouer ces pièges ? Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 16
10.1 – Aimer de tout son être « Estimez les autres supérieurs à vous‐mêmes. » a dit Paul aux Philippiens, cela va loin. Curieuse phrase : est‐ce que chacun de nous doit systématiquement se dévaloriser ? Sûrement pas : le but n’est certainement pas de faire des comparaisons de supériorité ou d’infériorité, c’est totalement contraire à la Bonne Nouvelle d’un Royaume qui ignore toute comptabilité ! Le but n’est pas non plus de se regarder soi‐
même, fût‐ce pour s’humilier ; le but, au contraire, c’est de regarder l’autre avec comme une sorte d’a priori, un regard systématiquement admiratif. Et de regarder en lui, non pas ce qu’il a, mais ce qu’il est. Les différences physiques, culturelles, sociales, crèvent les yeux. Mais tout cela n’est que de l’avoir. Or Paul a bien introduit son propos par l’expression « dans le Christ », ce qui veut dire qu’il ne se situe pas dans le domaine de l’avoir, mais de l’être : « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ. » (Galates 3, 27). Ce que Paul nous dit, c’est « chaque fois que vous rencontrez un autre baptisé, ne regardez que ce qu’il est » ; il est membre du Corps du Christ, lui aussi contribue à sa façon à la construction du Royaume. Il est, lui aussi, le Temple de l’Esprit, il a sa vocation propre, différente de la mienne, indispensable au plan de Dieu, et sans mon admiration, sans mes encouragements, il ne pourra pas la remplir. Or la seule chose qui compte, c’est la mission de chacun et de la communauté tout entière : pour sa mission, mon voisin est meilleur que moi, il est même le seul capable ; pour cette mission, il est rempli de l’Esprit de Dieu, c’est‐à‐dire d’une capacité d’amour infinie ; tout cela vaut bien que je l’admire. « S’il est vrai que dans le Christ on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage dans l’amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la pitié, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l’unité. Ne soyez jamais intrigants ni vantards, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous‐
mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui‐même, mais aussi des autres. » (Philippiens 2, 1‐4) Le Dieu de l’Ancien Testament et le Christ du Nouveau Testament n’ont jamais demandé de se dévaloriser ou de nous effacer pour que l’amour fraternel puisse s’épanouir en nous. Au contraire la Bible nous révèle un Dieu qui veut dialoguer d’égal à égal avec nous. Le fait de renier sa personnalité expose le sujet à la manipulation psychique. L’obsession d’un amour inconditionnel comme don, peut dévier et devenir perversité si un croyant pense devoir, par exemple, tuer dans un sacrifice humain ou un acte terroriste pour apaiser son dieu, lui plaire ou éviter de lui déplaire. Le Dieu de la Bible ne demande pas de telles choses. Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 17
« Jésus lui dit : « Dans la Loi qu’est‐il écrit ? Comment lis‐tu ?» Il lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi‐même. » (Luc 10, 25‐37) 10.2 – Aimer rend libre. L’Evangile est un livre révolutionnaire et hors du commun car il est un message d’amour, il est un message libérateur : il nous considère comme une personne et il libère cette personne des règles établies, des coutumes, des préjugés de sa communauté (aime et fait ce que tu veux). Il met en premier notre conscience personnelle et notre libre‐arbitre pour choisir notre voie vers la vraie vie (la loi de l’Amour au lieu de l’amour de la Loi). 10.3 – Aimer l’autre pour devenir fils de Dieu. « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance vous en‐a‐t‐on ? Car les pécheurs aiment aussi ceux qui les aiment. Et si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance vous en‐a‐ton ? Les pécheurs aussi en font autant. Et si vous prêtez à ceux dont vous espérez qu’ils vous rendent, quelle reconnaissance vous en‐en‐t‐on ? Même des pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent. Mais aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense est grande, et vous serez les fils du Très‐Haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants. » (Luc 6, 32‐36). Rencontre sur la Charité ‐ Mercredi 5 novembre 2014 ‐ Figeac 18