Les masques peuvent faire peur pour donner une leçon de morale

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Les masques peuvent faire peur pour donner une leçon de morale
Le Diable, la Mort & Arlequin. Carnaval et Danses masquées
13 février au 29 août 2004
Le masque n'est pas simple faux visage, mais porteur de sens: il se fait inquiétant
pour donner une leçon de morale, il sert à dissimuler un visage pour garantir son
anonymat, ou encore il permet de rendre visible ce qui est invisible. Mais un fait est
certain: dans le monde entier, le masque, symbole de la métamorphose, est un objet
plein de mystère. Que ce soit dans les danses religieuses ou les représentations
théâtrales, dans le culte des morts ou lors des rites initiatiques, des fêtes d'hiver ou
du carnaval – le port du masque marque toujours le passage du monde quotidien à
un autre univers.
La première partie de l'exposition réunit un ensemble de masques issus des quatre
coins du monde, illustrant le rôle des masques dans les différentes cultures et
l'étonnante diversité de leurs formes. Les mascarades et les défilés masqués
tiennent, durant les mois d'hiver, une place importante dans la tradition populaire
européenne. Dans un deuxième volet, l'exposition présente une sélection pittoresque
de costumes masqués et de faces grimaçantes originaires de différentes régions
d'Europe, qui retracent le calendrier des manifestations masquées. On peut y
admirer notamment des masques en bois originaires des pays alpins ainsi que des
personnages du carnaval alémanique. Le troisième volet de l'exposition guide le
visiteur à travers le carnaval bâlois mis en scène dans des salles historiques pleines
d'atmosphère où différents personnages, masques et documents historiques ainsi
qu'une taverne de carnaval font revivre les festivités carnavalesques d'une société
urbaine.
1. Première partie de l'exposition (Rez-de-chaussée):
Ensemble de masques des quatre coins du monde.
Les yeux, le nez, la bouche et les oreilles se prêtent à toutes les mimiques et
confèrent au visage tantôt une expression souriante, tantôt une mine furieuse. Le
visage est un condensé de tout ce qui compose un être humain. Sur le visage de la
personne qui est en face de nous, nous pouvons lire de la sympathie ou de
l'aversion. Nous ressentons parfois le besoin de cacher nos émotions sous un
masque. Derrière chaque visage, derrière chaque masque se cache – ou se révèle –
une histoire unique en soi.
Au rez-de-chaussée, le visiteur rencontre ces "faux" visages et s'initie à leur langage.
S'il jette un regard derrière les masques, il y découvrira diverses interprétations
parfois insolites, qui reflètent les pensées et réflexions de Bâloises et Bâlois sur les
masques. Cette sélection de masques issus de la collection du musée illustre sous
différents angles un phénomène fascinant de l'humanité. De nombreux pays y sont
représentés, notamment l'Inde, Sri Lanka, le Japon, l'Egypte, le Gabon, le
Cameroun, le Canada, la Nouvelle-Calédonie, la Papouasie-Nouvelle Guinée, les
îles Salomon, la Suisse et bien d'autres encore. Les pièces exposées évoquent
différents thèmes, tels la mythologie, l'exorcisme, la méditation, la métamorphose, la
résurrection, la beauté et le pouvoir.
2.
Deuxième
partie
de
l'exposition
(Premier
étage):
Sélection de costumes masqués et de faces grimaçantes
provenant de différentes régions d'Europe
En Europe, les masques et toutes les coutumes qui s'y rattachent font partie des
traditions populaires les plus mystérieuses. C'est avant tout durant les mois d'hiver
que les masques entrent en scène. Pourquoi leur arrivée est-elle si inquiétante et
bruyante durant la période qui précède Noël, autour du Nouvel An ou au moment du
Carnaval? En dépit de toutes les explications, une part d'énigme subsiste. Mais n'estce pas justement ce caractère insaisissable qui nous fascine tant dans les masques?
Avant d'entrer dans la salle d'exposition principale, le visiteur peut admirer à loisir les
prestigieuses figurines traditionnelles de l'artiste Max Sulzbachner. La salle
d'exposition principale, elle, fait le tour des coutumes masquées en les présentant au
fil des mois de l'année.
Le cycle commence par des masques originaires de Suisse, d'Italie et d'Autriche, qui
mettent en scène la mort et le diable, acteurs incontournables du théâtre populaire
religieux. Dans la tradition européenne marquée par le christianisme, le diable est
l'incarnation du mal; les masques démoniaques hantent alors les semaines qui
précèdent Noël, se fixant notamment sur la fête de saint Nicolas. En Pologne, on les
voit sortir autour de Noël et du Nouvel An. Ces masques sont alors associés à la
liturgie de la crèche où le diable et la mort côtoient d'autres personnages, notamment
l'étranger, représenté sous les traits du juif ou du gitan, ainsi que des figures revêtant
des apparences de bêtes. La tradition du carnaval slovène met en scène des
costumes masqués qui annoncent leur venue au bruit de cloches et de chaînes. Les
masques mêlant des traits humains et animaux ainsi que les costumes confectionnés
en peaux de bêtes sont très répandus dans les Balkans.
Les "Fasnachtslarven" (mot qui désigne les masques du carnaval alémanique)
réunissent des exemplaires originaires de divers cantons suisses, dont le
"Schnabelgeiss", une figure masquée largement répandue et très ancienne, qui se
montre tantôt quémandeuse, tantôt dispensatrice. Le Lötschental, tout comme le
pays de Sargans et la Suisse centrale, est connu pour ses masques en bois bruns et
grimaçants. Les masques en bois créés par Albert Anton Willi, sculpteur des Grisons,
évoquent l'art expressionniste et les traditions extra-européennes. Une série de
masques reproduisant les visages de villageois illustre la riche panoplie de types qui
caractérise le pays de Sargans.
L'exposition met en lumière une tradition carnavalesque étrangère à la Suisse, le
fameux "Imster Schemenlaufen", où dansent des figures d'hommes et de femmes
arborant des coiffures fascinantes. (A l'extérieur de cette salle, au rez-de-chaussée,
devant l'escalier qui monte au premier étage, le "Gille" de Binche, en Hainaut, avec
son visage de cire et son chapeau à plumes d'autruche, illustre une tradition belge
qui s'apparente fortement aux coutumes carnavalesques du sud de l'Allemagne.)
Le mercredi des Cendres ne met pas le point final à la ronde des mascarades
européennes. Durant les fêtes qui ponctuent la période allant du printemps à
l'automne, de nombreux masques font irruption. Les costumes sont fabriqués le plus
souvent
en
matières
végétales,
comme
l'illustrent
les
"Paillasses",
le
"Schneggehüsler" et le couple de masques, originaires de France ainsi que des
cantons suisses d'Argovie et de Nidwalden.
Tout autour du pilier qui se dresse au milieu de la salle, on découvre des masques et
des figures du carnaval alémanique, des démons et une sorcière classique. Le
visiteur a aussi l'occasion de s'immerger dans l'univers grotesque et morbide de la
société carnavalesque bâloise "Kuttlebutzer".
3. Troisième partie de l'exposition (Premier étage): Le
Carnaval bâlois.
Le Carnaval bâlois est une fête gigantesque des sons et des couleurs, des rêves et
des fantaisies. Son image actuelle est le résultat d'une évolution qui a débuté il y a
environ cent ans et à laquelle les artistes locaux ne cessent d'apporter leur précieuse
contribution. Cette fête suprême d'une société urbaine offre à ses fervents
participants l'occasion de se dérober aux contraintes des règles quotidiennes et de
laisser libre cours à toutes les inventions. Une fois dans l'année, et pour trois jours,
Bâle vit le monde à l'envers.
Le parcours historique du carnaval bâlois est mis en scène dans des salles pleines
d'atmosphère, datant du 18e/19e siècle, où le visiteur peut saisir la nature véritable
de cette fête citadine et artistique unique au monde.
Le visiteur longe les panneaux éclairés des lanternes du carnaval avant d'entrer dans
la première salle, qui retrace l'histoire du carnaval bâlois, mais fournit aussi une
intéressante documentation sur la poésie et la musique du carnaval, en particulier
sur le "Schnitzelbanksingen", ces couplets satiriques qui font le tour des cafés et
restaurants . Depuis cette salle, mais surtout depuis la prochaine salle, le visiteur
peut jeter un coup d'oeil dans une taverne de carnaval où le Schnitzelbänkler
"Kaffimihli“ entre en action.
La prochaine salle abrite des masques individuels, des masques de cliques et des
têtes monumentales de tambour-major. Ces créations datent pour la plupart de la
seconde moitié du vingtième siècle. Dans la troisième salle, le visiteur remonte aux
origines carnavalesques de Bâle et à l'époque où l'on portait encore des masques en
métal, en bois et surtout en cire. Face à la belle panoplie des masques en cire, il
peut admirer les premiers masques en papier mâché produits à Bâle ainsi que des
exemplaires nés dans l'atelier d'Adolf Tschudin. De tels ateliers sont souvent aussi
chargés de la confection des costumes et de la peinture des lanternes. La
représentation d'un atelier de masques dans la prochaine salle complète ce tableau
du carnaval bâlois.