Rencontres nationales de acteurs de la ville de Tours
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Rencontres nationales de acteurs de la ville de Tours
Les Rencontres nationales des acteurs de la ville, qui se sont tenues à Tours les 30 et 31 mars 1999 sur le thème : “ l’éducation, une responsabilité partagée ”, ont été organisées à l’initiative du Ministère délégué à la ville, par la Délégation interministérielle à la ville. Durant deux jours, elles ont rassemblé 1700 participants : acteurs de l’éducation, représentants d’associations nationales et locales, des services de l’école, des collectivités locales… Ces actes reflètent la richesse des interventions et la diversité des points de vue. Ils annoncent également les grandes orientations de la politique de la ville en matière éducative. Délégation interministérielle à la ville R e n c o n t r e s éducation D A N S L A V I L L E Rencontres 194, avenue du Président Wilson Une responsabilité partagée n a t i o n a l e s des acteurs de la vi ll e E L L I V A L S N DA 93217 Saint-Denis La Plaine To u r s Tél : 01 49 17 46 46 30 & 31 mars 1999 Site internet : www.ville.gouv.fr ISBN - ISSN : en cours D É L É G A T I O N Les éditions de la DIV INTERMINISTÉRIELLE À L A V I L L E Tours mars 1999 Prix : 60 F / 9,15 € Les éditions de la DIV L’ é d u c a t i o n dans la ville : une responsabilité partagée L’ é d u c a t i o n dans la ville : une responsabilité partagée Rencontre nationale des acteurs de l’éducation TOURS - 30 et 31 mars 1999 D É L É G A T I O N INTERMINISTÉRIELLE À L A V I L L E Les éditions de la DIV Rencontres n a t i o n a l e s des acteurs d e l a ville La rencontre de Tours avait un objectif avoué : affirmer que l’acte éducatif est une responsabilité partagée et qu’il implique collectivement enseignants, associations, élus et parents pour donner à l’enfant sa vraie place dans la cité et préparer la réussite de tous. Cela ressemble à une évidence et pourtant cette affirmation de bon sens est souvent battue en brèche, dans les faits, par des changements très profonds de l’organisation de notre société, les déséquilibres qu’ils ont engendrés et l’écart qui existe entre les différentes structures mises en place et les besoins réels. édito Pour un projet éducatif local fort et ambitieux Les difficultés économiques des familles, le chômage massif, qui tend à régresser mais qui a frappé de plein fouet les quartiers de la politique de la ville, les pertes de repères, les transformations très rapides dans la vie des enfants avec le développement des médias, contribuent à une déstabilisation des adultes qui, dans l’école ou en dehors de l’école, se sentent responsables mais se heurtent au quotidien à la complexité de la tâche éducative. Ce débat sur l’éducation dans la ville était donc tout à fait nécessaire et il n’est pas clos. Les thèmes développés lors de la rencontre par les acteurs, les pistes de travail qu’ils ont lancées, et leurs conclusions provisoires, renforcent la nécessité d’un projet éducatif local fort et ambitieux. Le concept de projet éducatif local n’est pas nouveau, mais il n’est pas encore assez développé. Il se heurte aux difficultés de coordination et aux changements qu’il faut opérer pour décloisonner les pratiques et les habitudes. Mais il est l’indispensable chemin pour une vision novatrice de l’éducation. C’est la demande des acteurs qui émerge le plus fortement dans les comptes-rendus des ateliers. … Des chantiers doivent s’ouvrir partout dans le cadre des volets éducation des contrats de ville pour repenser globalement la politique éducative en rassemblant et en coordonnant les initiatives, en resserrant les objectifs et les forces sur l’essentiel, c’est-à-dire sur le renversement de la logique d’échec. Il faut que chaque enfant puisse, quel que soit son milieu social, quel que soit son parcours scolaire, envisager son avenir sous l’angle de la réussite. La délégation interministérielle à la ville a la charge d’animer cette politique en lien étroit avec les services des autres ministères concernés, l’Éducation nationale bien sûr mais aussi la Jeunesse et les Sports, la Culture, la Santé et les partenaires comme les Caisses d’allocation familliales et le Fonds d’action sociale. Des programmes de travail sont mis en place pour aider les acteurs à construire, en fonction des besoins locaux, leur action éducative de solidarité pour les années à venir. L’écoute, le suivi éducatif des enfants et des jeunes tout au long du parcours éducatif jusqu’à l’âge adulte sans rupture négative, le développement d’actions permettant un passage plus facile de l’école à l’emploi, telles sont les voies principales que nous avons choisies. La tâche éducative est la plus vivante, la plus importante de notre société, mais elle suscite de l’angoisse chez les adultes comme chez les enfants. Il faut réduire cette angoisse, réduire ce sentiment d’impuissance et d’injustice que certains éprouvent parce qu’ils ont eu au départ des conditions d’existence plus difficiles. La politique de la ville entend y contribuer. Claude BARTOLONE Ministre délégué à la Ville édito … 8 Ouverture de la rencontre par Claude BRÉVAN Déléguée interministérielle à la Ville 10 Table ronde inaugurale : l’éducation, une responsabilité partagée 13 Intervention de Ségolène ROYAL Ministre déléguée à l’Enseignement scolaire 22 Table ronde A : une nouvelle place pour les familles dans la vie de la cité 28 Table ronde B : la ville et l’école, espaces de lien social et de mixités 36 Table ronde C : les stratégies éducatives pour la réussite 47 Table ronde D : pour un projet éducatif local 56 Intervention de Marie-George BUFFET Ministre de la Jeunesse et des Sports 64 Intervention de Philippe MEIRIEU Directeur de l’Institut national de recherche pédagogique 67 Intervention de Catherine TRAUTMANN Ministre de la Culture et de la Communication 74 Synthèse des travaux en ateliers et propositions d’actions 78 Intervention de Claude ALLÈGRE Ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie 100 Table ronde de clôture : l’éducation, un débat de société 107 Discours de clôture par Claude BARTOLONE Ministre délégué à la Ville 115 Sommaire des annexes 125 Sommaire Ont participé à la préparation de la rencontre nationale des acteurs de l’éducation /8 Ont participé à la préparation de la rencontre nationale des acteurs de l’éducation • Louis-Marc ABIBOU, chargé de mission à la délégation au développement et à l’aménagement du territoire au ministère de la culture • Béatrice AUXENT, CAUE du Nord • Arnold BAC, chargé de mission à la Ligue française de l’enseignement • Jocelyne BAC, directrice du département développement évaluation méthode au fonds d’action sociale • Joël BALAVOINE, directeur de la jeunesse et de la vie associative au ministère de la jeunesse et des sports • Claudine BANSEPT, chargée de mission au conseil national des villes • Isabel de BARY, ”Ne pas plier” • Francis BELTRAM, principal du collège Victor Hugo de Noisy-le-Grand • Marie Clémentine BENDO, Association femmes relais Pantin • Bernard BIER, chargé d’études à la mission évaluation recherche du ministère de la jeunesse et des sports • Daniel BLARY, chargé de mission à la délégation interministérielle à l’insertion des jeunes • Remy BLONDEL, secrétaire général aux affaires régionales, région Centre • Marie BONNAFE, ACCES • Alain BOURGAREL, secrétaire de l’observatoire des zones d’éducation prioritaires • Patrick BRAOUEZEC, député maire de St Denis • Hubert BRIN, président de l’UNAF • Dominique BROSSIER, directrice au bureau des méthodes de l’action éducative de la protection judiciaire de la jeunesse • Guy CAILLAT-GRENIER, chargé de mission ville à la Préfecture d’IIle-de-France • Michel CANTAL-DUPART, architecte et urbaniste, professeur au CNAM • Hubert CHARDONNET, adjoint au maire de Rennes • Patrick CHOROWICZ, chargé de mission au département initiatives et insertion au ministère de la jeunesse et des sports • Suzanne CITRON, maître de conférences honoraire à l’université de Paris Nord • Michel DAVID, secrétaire général adjoint à la mairie de St Fons • Mr DEPLANQUE, les Francas • Patrick DION, inspecteur d’académie du Loir et Cher, correspondant académique ZEP • Mr DOUARD, INJEP • Yvan DRUON, Président CEMEA Lille• Georges DUPON-LAHITTE, président de la fédération des conseils de parents d’élèves • Sylvie DURAND-SAVINA, chef de projet DSU Les Mureaux • Jean-Claude EMIN, chef du bureau du réseau scolaire de la direction de l’enseignement scolaire du ministère de l’éducation nationale • Michel EVZLINE, réalisateur • Béatrice FABIUS, chargée de mission à la direction de l’action sociale du ministère de l’emploi et de la solidarité • Eric FAVEY, secrétaire national de la Ligue française de l’enseignement • Pilar FIGUEIRAS, secrétaire générale de l’association internationale des villes éducatives• JeanClaude FORTIER, recteur de l’académie de Lille • Georges FOTINOS, chargé de mission à la délégation interministérielle à la famille • Jean-Pierre FOUQUET, directeur de la maison des associations des Courtillères à Pantin • Ghislaine GARRIN-FERRAZ, Cité + • Corinne GAUCHER, coordinnatrice ZEP à Bourges • François GEINDRE, maire d’Hérouville St-Clair • François GEISMAR, chef de projet Athis-Mons • Sophie GENELOT, présidente AD Francas 21 • Jean Patrick GILLE, Président mission locale, premier adjoint au maire de Tours • Jean-Pierre GOUDAILLER, professeur à Paris V • François HANNOYER, ADELS • Sonia HENRICH, inspectrice d’académie 13 • Denis HOCHEDEZ, chargé de mission à la délégation interministérielle à la famille • Christian JANET, président de la fédération des parents d’élèves des écoles publiques • Yves JANIN, directeur d’école à Vaulx en Velin • Guy JANVIER, maire de Vanves, conseiller à la délégation interministérielle à la famille • Cécile JONATHAN, adjointe au maire de Tours • Françine LABADIE, chargée de mission au commissariat général du plan • François LAGIERE, chef de cabinet du maire de Tours • Catherine LAPORTE, chef de bureau à la DPM • Marie LAZARIDIS, professeur formateur au CEFISEM de l’académie de Créteil • Franck LEPAJE, FFMJC • Frédérique LEPRINCE, CNAF • Patrick LETERJEUX, FOL 35 • Marie-Pierre de LIEGE, CNV • Chantal de LINARES, chef de la mission évaluation recherche du ministère de la jeunesse et des sports • Bénédicte MADELIN, Profession banlieue • Elisabeth MARTIN, professeur au centre Alain Savary INRP •Isabelle MAUPILIER, étudiante Paris XIII • Philippe MEIRIEU, directeur de l’INRP • Pierre MICHEL, CSAIO, académie de Rouen • Annie MILON, chef de la mission rythme de vie de l’enfant et du jeune du ministère de la jeunesse et des sports • Blandine MOREAU, chef de projet Tours • Hélène MOUCHARD-ZAY, adjointe au maire d’Orléans • Francis OUDOT, ANDEV • Emmanuel PARENT, réalisateur • Sylvie PAYAN, chef de projet DSU Montreuil • Gilles PETREAULT, IEN Dijon • Hubert PEURICHARD, délégué interministériel à l’insertion des jeunes • Liliane POIRRIER, DESCO MEN • Donatelle POINTEREAU, principale de collège à Champigny • Roselyne POUSSON, DJVA • Pierre-Louis REMY, délégué interministériel à la famille • J.P RICHEZ, adjoint au maire de Strasbourg • Marie-Agnès RIVIERE, étudiante à Paris XIII • Jean-Pierre ROGER, chef de projet DSU à Bourges • Mr RONGIER, STAJ • Robert RYSMAN, directeur de EVB • Jean SALADIN, chargé de mission politique de la ville, rectorat de Nice • Gérard SALMONA, HAVISO • Sylvia SANCHEZ-JOUSSET, Directrice Mission Locale, Blois • Carlos SEMEDO, mairie Aubervilliers • Fabienne SICARD, conseillère technique de service social, collège Noisy-le-Grand • Gilbert SMADJA, DDAJ • JeanPaul TAUVEL, responsable du centre de ressources VEI du CNDP • Charles de TERLIKOWSKI, chef de projet DSU Gennevilliers • Philippe THILLAY, secrétaire national des Francas • JeanPierre TILLY, IEN Chanteloup • Bernard TOULEMONDE, directeur de la direction de l’enseignement scolaire du ministère de l’éducation nationale • Thierry TUOT, directeur du fonds d’action sociale • Eric TUDAL, coordonnateur ZEP Gennevilliers • Alain TYRODE, Directeur de la santé de la ville de Gennevilliers • Hubert VALADE, sous-directeur à la direction de la population et des migrations • Mr VAN STYVENDAEL, Scouts de France • Mireille VIVANT, FOL Drôme • Georges VISSAC, chercheur en sociologie au Centre Michel Delay • Arlette WEBER, CRDP Créteil • F. WOLKRINGER, Centre A-Savary. Avec la participation de l’AJIS, association des journalistes de l’information sociale et de l’ARPEJ, association région presse enseignement jeunesse. /9 Le comité scientifique • président : Jean BAUBEROT, président de l’Ecole pratique des Hautes Etudes et Directeur du groupe de sociologie des religions et de la laïcité au CNRS • Jean-Louis AUDUC, directeur adjoint de l’IUFM de Créteil • Pascal BAVOUX, directeur de Trajectoires • Jacky BEILLEROT, professeur en sciences de l’éducation université Paris X Nanterre, président de l’association organisatrice des Biennales de l’éducation et de la formation • Patrick BOUVEAU, professeur à l’IUFM de Dijon • André BRUSTON, chargé de la recherche à la DIV • Evelyne BURGUIERE, maître de conférence INRP • François CARDI, maître de conférences Paris XIII • André CHAMBON, chargé de recherche INRP • Gérard CHAUVEAU, chargé de recherche INRP, unité CRESAS • Jacqueline COSTA-LASCOUX, juriste, psychosociologue, directrice de recherche au centre d’études de la vie politique française CEVIPOF-Paris • Françoise CROS, responsable de la mission innovation et recherche INRP • Claudine DANNEQUIN, professeur des universités à l’Ecole normale Supérieure • Martine FOURIER, chargée de mission ONISEP • Jean-Pierre GOUDAILLIER, directeur du département de linguistique de l’université René Descartes • Jean-Claude GUERIN, inspecteur général de l’éducation nationale • Gabriel LANGOUET, professeur des universités Paris V Sorbonne, Directeur de l’observatoire de l’enfance • Françoise LORCERIE, chargée de recherche à l’IREMAM/CNRS • Michel LUSSAULT, professeur à l’université de Tours, Maison des sciences de la ville, Tours • Catherine MOISAN, inspectrice générale de l’éducation nationale • Jean-Paul PAYET, maître de conférences à l’université Louis Lumière Lyon II • Agnès van ZANTEN, chargée de recherche à l’observatoire sociologique du changement/CNRS-Fondation nationale des sciences politiques . Ouverture L'éducation dans la ville Claude BRÉVAN Déléguée interministérielle à la ville “L 'essence de la politique de la ville réside dans sa capacité à mettre en relation, sur un territoire identifié, la politique publique avec d'autres champs d'action portés par d'autres institutions et d'autres acteurs de la lutte contre l'exclusion. La mise à l'écart de la dynamique économique, sociale et culturelle d'un fragment de ville et de ses habitants procède d'une chaîne d'exclusion dont tous les maillons sont étroitement dépendants. Notre capacité à inverser ces processus de refus dépend de notre volonté de reconstituer un engrenage cohérent entre les différentes facettes de la vie dans ces territoires. La rencontre, qui nous réunit actuellement, va nous permettre de préciser en quoi la politique de la ville est directement concernée par l'éducation et comment elle peut contribuer à mieux prendre en charge la tâche éducative qui nous concerne tous", énonce en ouverture de la rencontre de Tours, Claude Brévan, Déléguée interministérielle à la ville. "Le problème de l'éducation ne se borne pas à la ville", ajoute-t-elle. "Il est un des problèmes majeurs de notre temps. La ville, forme moderne par excellence de la vie sociale, ne fait qu'en révéler l'ampleur". Mais quel sens donner au mot éducation ? /10 L'éducation est l'ensemble des chemins que l'on fait parcourir à un enfant pour le conduire à l'âge adulte. Sans doute souffrons-nous aujourd'hui d'une panne de modèle. Toutefois, un modèle unique aurait-il un sens, dans notre société caractérisée par les deux mouvements contradictoires que sont l'uniformisation du territoire national et la grande diversité des modes de vie à l'intérieur des territoires urbains ? Les repères sont multiples, et nombreux sont les acteurs qui accompagnent l'enfant et le jeune dans leur cheminement : parents et enseignants bien sûr, mais aussi tous ceux qui forment l'environnement social et culturel des enfants. Par ses caractéristiques propres, la ville peut constituer un problème spécifique. Par sa structuration et par le tri social qu'elle opère sans bruit, elle joue un rôle déterminant dans les chances d'accès des jeunes au statut de citoyen. “ La ville révèle que l'éducation est un problème que nul ne peut prétendre résoudre à lui seul. L'éducation résulte de l'action conjuguée de tous, pour construire sur un territoire déterminé une véritable chaîne éducative. “ Cette chaîne éducative est, plus qu'ailleurs, indispensable dans les territoires qui concentrent des difficultés de tous ordres. Chacun a un rôle à jouer : parents, enseignants, élus locaux, anima- Ouverture Nous disposons aujourd'hui d'une série de procédures pertinentes mais dont l'architecture d'ensemble n'est pas visible, et dans laquelle chacun, notamment les parents, a du mal à se repérer. La préparation des nouveaux contrats de ville doit nous permettre de requalifier ces procédures, de les relier, et de donner du sens au cadre général. Claude BRÉVAN C'est en raison du bilan dressé de la génération des contrats de ville qui s'achèveront fin 1999. L'éducation est souvent restée l'affaire d'un nombre trop limité d'intervenants, isolés, travaillant en l'absence de projet collectif cohérent. Depuis plus de 10 ans, nous avons innové, structuré des procédures et engagé des moyens importants. Vous avez déployé une énergie considérable dans la lutte quotidienne contre l'exclusion des enfants en grande difficulté de l'appareil éducatif. La famille reste l'unité de vie de l'enfant et son premier lieu d'éducation, le plus déterminant du choix des itinéraires qu'il empruntera. Contrairement à ce qui est dit couramment, les parents ne se désintéressent ni de la réussite, ni des échecs de leurs enfants. Ils ont souvent à faire face à de multiples problèmes, et ils éprouvent des difficultés à s'informer ou à accéder aux institutions dont ils sont étroitement dépendants. Leur mission éducative leur paraît trop lourde à porter. Sans jamais nous substituer à eux, nous approfondirons les démarches visant à les aider à se rencontrer, à s'informer, à se former, à s'adresser aux institutions et donc à pouvoir accompagner la réussite de leurs enfants, qui sera aussi un peu la leur. La ville et l'école comme lieux d'éducation La ville est un champ de socialisation implicite. Spontanément éducative, elle est lieu de découverte et de rencontre, de confrontation, mais aussi lieu de tentation et de transgression. Le fragment de ville auquel chacun se sent appartenir peut être ouvert à de larges horizons ou … Déléguée interministérielle à la ville Pourquoi s'intéresser et approfondir aujourd'hui le thème de l'éducation dans la ville ? La place des familles dans la vie de la cité /11 teurs, services sociaux, associations, mais aussi voisins, commerçants, îlotiers, employés municipaux, grands-parents, etc. L'éducation doit être volontariste. Il s'agit de redonner à chacun un réflexe éducatif d'adulte, pour accompagner les efforts quotidiens des parents et des responsables institutionnels de l'éducation. Ces deux jours de rencontre, annonce Claude Brévan, sont organisés autour de quatre thèmes : Ouverture au contraire isolé. Nous devons avoir la volonté de rendre la ville plus habitable, plus accessible, et plus belle. C'est par l'école républicaine que les enfants entrent dans une culture universelle partagée et qu'ils échappent aux particularismes. Les inégalités qui marquent l'ensemble de notre territoire mettent en danger le principe d'égalité fondateur de l'école. La ville a la capacité d'organiser ou de désorganiser la diversité sociale en son sein. Permettre dans et autour de l'école la rencontre d'enfants d'origines culturelles différentes favorise l'apprentissage de la citoyenneté et donne davantage de chances de réussite aux enfants dont les familles sont en difficulté. Sans jamais entériner les principes ségrégatifs, il faut pourtant apporter des réponses immédiates à leurs conséquences. La diversité des voies qui conduisent à la réussite La société ne peut accepter qu'une partie de ses jeunes arrivent à l'âge adulte sans qualification, mais surtout sans confiance en eux-mêmes et en leur avenir. Il faut s'attaquer aux racines de l'échec scolaire en agissant sur l'environnement, en n'hésitant pas à aborder l'acquisition des connaissances fondamentales par des chemins de traverse mettant en valeur les compétences propres à chaque enfant. La diversité des /12 Claude BRÉVAN Déléguée interministérielle à la ville … offres de soutien et d'accompagnement scolaire est déjà importante. Leur efficacité sera renforcée par une meilleure coordination. Il faut en outre pouvoir donner une nouvelle chance au jeune sorti du système scolaire sans qualification diplômante, afin de lui redonner confiance en ses potentialités. C'est par le contact et le travail avec des adultes appartenant au monde professionnel que les potentialités du jeune seront révélées. Le projet éducatif local Il faut avoir la même ambition pour les jeunes de nos territoires aux difficultés multiples que pour ceux qui habitent la ville dont ils dépendent. C'est le sens que doit prendre la définition d'un véritable projet éducatif local. Les différents acteurs doivent analyser la situation, identifier les besoins, les blocages, mais aussi les ressources. Ensemble, ces acteurs doivent fixer les priorités d'intervention et les hiérarchiser, afin de coordonner leurs actions. Le projet éducatif local va ouvrir des perspectives d'actions qui laissent toute leur place à l'intelligence et à l'originalité des situations locales. Il intègrera le contrat de ville qui va être conclu pour les sept prochaines années. Il est de notre responsabilité à tous, adultes, professionnels et élus, de lui donner une dimension prospective. T a b l e r o n d e i n a u g u r a l e Jean BAUBEROT, président de l’école pratique des hautes études Jacky BEILLEROT, professeur en sciences de l’éducation, Paris X Nanterre Jean-Claude FORTIER, recteur de l’académie de Lille Annette PEULVAST-BERGEAL, députée, maire de Mantes la Ville François GEINDRE, maire d’Hérouville Saint-Clair, membre de conseil national des villes Pierre-Louis REMY, délégué interministériel à la famille Thierry TUOT, directeur du fond d’action sociale Agnès VAN ZANTEN, chargée de recherche à l’observatoire sociologique du changement L’éducation, une responsabilité partagée Quels concepts, quelles orientations les nouveaux contrats de ville doivent-ils retenir en matière d’éducation ? Le débat organisé entre spécialistes, représentants d’institutions, acteurs de la ville et de l’éducation, a permis de tracer quelques pistes. éducation Table-ronde animée par Gérard LECLERC, journaliste à France 2, avec : Jean Bauberot, président de l’école pratique des hautes études et directeur du groupe de sociologie des religions et de la laïcité au CNRS, évoque en avant-propos les principes fondateurs de l’éducation dans la ville : “ la ville se caractérise par une concentration d’êtres humains qui engendre à la fois l’isolement et le rassemblement. Elle a été – et peut encore être – un lieu de progrès technologique et intellectuel important. Elle est un lieu d’isolement qui traduisait, à l’origine, une émancipation à l’égard des notables, du voisinage et des stéréotypes. Seule cette émancipation rend possible l’innovation, la créativité et le non-conformisme. Mais la ville est aussi un lieu de rassemblement qui permet la mise en commun de ces innovations et de ces créations. Elle est constituée d’êtres hétérogènes qui se fondent dans son creuset pour former un universalisme en mouvement. … /13 Au-delà de cette vision idyllique, la ville est un lieu où tous les problèmes sont accentués par la concentration. L’individu s’y sent en perte de maîtrise, dominé par des savoirs et des techniques qui lui échappent. L’isolement engendre solitude, privation d’histoire, et perte de relation humaine de proximité. Le rassemblement peut générer des mouvements de foules incontrôlés, ou bien nier les individualités et privilégier une production de masse réduite au minimum commun partagé par tous.“ T a b l e r o n d e i n a u g u r a l e … “ L’éducation doit s’efforcer de minimiser tous les inconvénients que je viens de décrire “, poursuit Jean Bauberot. “ La responsabilité de l’éducation est évidemment partagée. Elle demande à chacun, dans le cadre de sa fonction propre, d’assumer son rôle d’éducateur. Le partage se fait entre les différents éducateurs, mais également entre éducateurs et éduqués, avec une réciprocité qui peut permettre à l’éducateur de bénéficier à son tour de ce que l’éduqué lui renverra de créativité et d’invention. La ville a été le creuset de l’universalisme et de la laïcité. Nous sommes aujourd'hui appelés à gagner ensemble un nouveau combat “ “ Depuis des décennies, l’éducation en France est pensée et mise en œuvre par deux institutions : l’école et la famille. Or ce face à face ne suffit plus à résoudre les problèmes “, constate Jacky Beillerot, professeur en sciences de l’éducation, à Paris X Nanterre. Il soumet aux participants quatre propositions qui lui semblent correspondre aux mutations observées : ■ Première proposition : “ si l’école (et son avenir) suscite tant de controverses, c’est en raison de son isolement qui l’amène à tout faire, y compris l’impossible. L’idée d’une politique éducative qui comprend mais dépasse la politique scolaire est une idée neuve, en tant qu’elle permet de mettre fin au mythe de l’opposition instruction / éducation. Il n’y a pas d’instruction sans éducation, ni d’éducation sans enseignement. “ ■ Deuxième proposition : “ il n’y a pas d’éducation sans éducation permanente tout au long de la vie. Il convient donc de ré-interroger les fondements de la formation professionnelle continue, et notamment le choix de départ consistant à la lier à l’emploi et à sa localisation. “ Troisième proposition : “ l’éducation populaire en France jouit d’une histoire riche. Elle est active, toujours vivante et inventive. Si les pratiques et la gestion de cette éducation sont à dépoussiérer, il est indéniable que l’on peut attendre beaucoup des initiatives citoyennes collectives ou individuelles. ■ Quatrième proposition : “ une politique éducative coordonnant les initiatives et développant des projets, dans l’esprit d’un service public local, nécessitera pour en assurer la cohérence la désignation d’un responsable reconnu. Il pourra s’agir d’un élu, d’un fonctionnaire, d’un délégué, etc. Le débat est ouvert.“ /14 ■ T a b l e “ J’estime que les élus locaux doivent devenir des interlocuteurs à part entière dans la réflexion sur l’élaboration des cartes scolaires. L’éducation nationale doit également favoriser le partenariat avec les élus locaux en matière de rythme scolaire, de calendrier scolaire, de fermeture de classe, etc. Il n’est pas possible de penser l’éducation dans les quartiers sensibles sans un travail en partenariat au quotidien. J’estime que l’éducation nationale doit mettre en place, dans les quartiers difficiles, des enseignants qui ont envie d’y enseigner, de travailler en équipe et d’être confrontés à une réalité sociale difficile. Il faut également que ces enseignants reçoivent une formation initiale et continue spécifique à l’enseignement en milieu difficile, et qu’ils bénéficient au besoin d’un suivi psychologique. Les nominations ne doivent plus être le fait d’un certain hasard.” “ Encore faut-il que les rôles de chacun soient parfaitement définis et identifiés, afin d’éliminer la peur de voir l’autre empiéter sur son territoire “, poursuit Annette Peulvast-Bergeal, députée, maire de Mantes-La-Ville. “ Plus le nombre d’intervenants est élevé et plus la présence d’un chef d’orchestre est nécessaire. Il appartient à l’élu local de remplir cette fonction pour harmoniser les interventions des uns et des autres. “ L’éducation, une responsabilité partagée “ Dans le cadre de nos fonctions d’élus locaux, nous accompagnons l’enfant ou le jeune tout au long de son parcours vers l’âge adulte (crèche, école, activités sportives et culturelles, formation professionnelle, missions locales pour l’emploi, transport…). A chacun de ces stades, nous exerçons envers le jeune une responsabilité qui est toujours partagée. C’est le cas notamment dans le cadre de l’école. “ … /15 François Geindre, maire d’Hérouville Saint-Clair et membre du conseil national des villes, réaffirme la nécessité du travail partenarial entre école et collectivité locale : “ nous devons donner à l’école les moyens de travailler autrement, de s’ouvrir à son milieu et à son quartier.“ “ Nous avons créé à Hérouville un espace éducatif concerté, dans lequel tous ceux qui concourent à l’éducation se rassemblent pour réfléchir ensemble à la cohérence d’un projet commun. “ éducation r o n d e i n a u g u r a l e T a b l e r o n d e i n a u g u r a l e … “ S’il est vrai que l’école subit très fortement les phénomènes de ségrégation urbaine et l’aggravation de la situation économique de certains quartiers, elle a peut-être trop facilement tendance à rejeter la responsabilité des problèmes qu’elle rencontre sur la ville “, remarque Agnès Van Zanten, chargée de recherche à l’observatoire sociologique du changement. “Or l’école peut contribuer à aggraver la ségrégation, y compris de façon non délibérée, en créant des phénomènes d’échec scolaire, en excluant les élèves des établissements ou en créant des classes de niveau. En adaptant leurs pratiques et leurs attentes au niveau de leurs élèves, les enseignants et les acteurs sociaux travaillant dans les quartiers difficiles, pourtant animés des meilleures intentions, produisent par là même diverses formes de ségrégation.“ “ Il n’est pas question de mettre en cause qui que ce soit, et je n’ai de cesse de louer les efforts accomplis par le personnel scolaire. Je suis néanmoins inquiète, en tant que sociologue de l’école, de constater le manque de coordination des actions éducatives menées dans les quartiers. Je n’ai pas de solution miracle à proposer, mais je tiens à évoquer quelques pistes d’amélioration. “ “ Tout ne peut être résolu par l’école et de nombreux phénomènes sont inhérents à la situation sociale et économique des quartiers. Mais l’école joue un rôle important, et rien ne peut se faire sans une attitude volontariste du personnel scolaire. J’estime que l’amélioration de la situation n’est possible que par l’expression d’une volonté à un échelon plus large (ville, département, région). Il est essentiel de laisser de côté les logiques bureaucratiques et clientélistes. Il existe actuellement un certain laxisme institutionnel qui ne permet pas de mener des actions coordonnées, alors que le besoin est important, notamment dans les domaines suivants : la distribution de l’offre de formation, par l’éducation nationale et les différentes institutions nationales ou locales ; les mouvements de populations (dérogations, carte scolaire…) ; l’aide aux élèves en difficulté, dans et hors de l’école. “ /16 Sur le rôle de la famille en matière d’action éducative, Pierre-Louis Rémy, délégué interministériel à la famille, remarque : “ les difficultés de relation entre l’école et la famille ne sont pas nouvelles. Aux difficultés traditionnelles s’ajoute T a b l e r o n d e i n a u g u r a l e ■ Reconnaître les parents. Dans leur immense majorité, les parents souhaitent s’occuper de leurs enfants. N’oublions pas que lorsque les parents sont dévalorisés, les enfants perdent leurs repères. ■ Accepter le regard de l’autre. Le monde de l’école et de l’éducation est encore marqué par une certaine tradition individualiste. Il faut apprendre à rendre compte et à être évalué par d’autres que par ses pairs stricts. L’éducation, une responsabilité partagée Dans ce contexte, des progrès sont à réaliser pour parvenir à la coordination de l’action éducative. Cette coordination ne sera possible que sous certaines conditions : éducation aujourd'hui le fait que les repères ne se situent plus “ au coin de la rue ”. Certaines structures éducatives intermédiaires, comme l’éducation populaire, ont perdu de leur influence. La société, plus mobile et éclatée, propose une grande multiplicité de modèles. Clarifier les rôles des différents acteurs. On ne peut tout attendre de l’école. Il faut prendre en compte et clarifier le rôle des différents intervenants éducatifs (école, famille, associations, ville, médias, etc.), en sachant que l’éducation passe aujourd’hui par la construction de repères sociaux, par l’acquisition de connaissances, mais aussi par l’acquisition de réflexes de recherche et d’analyse d’une information qui est plus que jamais accessible et disponible. ■ “ Je suis convaincu que les familles ont un rôle fondamental à jouer, même s’il n’est pas exclusif. Il s’agit du premier lieu de la construction des repères. Aider les familles à construire une relation avec l’enfant est une priorité.“ … /17 Il faut se garder de la tentation dangereuse de faire entièrement prendre en charge les enfants par la collectivité. “ la question de l’articulation entre les temps professionnels et les temps familiaux est indissociable aujourd'hui de la problématique de l’éducation. A l’heure où la société est de plus en plus efficace et donc capable de libérer du temps, la question de son utilisation est fondamentale. Elle pose le problème de la place respective que l’on entend accorder aux familles et aux autres intervenants dans l’éducation. “ T a b l e r o n d e i n a u g u r a l e … La question de la place des immigrés dans le partage des responsabilités éducatives est ensuite abordée. “ La réalité de ce que vivent les populations immigrées semble assez éloignée de nos débats “, commente Thierry Tuot, directeur du fonds d’action sociale. “ Il se trouve que nous avons “ loupé ” une génération dans les années 80, en promettant l’intégration aux enfants d’immigrés qui obtiendraient un diplôme. Aujourd’hui, les enfants de la troisième génération ne sont plus dupes de ce discours, dans la mesure où le taux de chômage chez les populations d’origine immigrée est de deux à trois fois supérieur à la moyenne nationale.“ “ Si nous ne parvenons pas à partager la responsabilité de l’éducation avec les parents immigrés, nous ne respectons pas les principes républicains.“ Cela suppose de reconnaître avant tout les parents immigrés et les parents français d’origine étrangère comme des interlocuteurs à part entière, en sortant d’une logique d’assistanat. Cette reconnaissance passe par le discours et la parole. Nous avons le devoir de leur tendre la main en leur indiquant qu’ils ont leur place à nos côtés. A nous de leur donner les moyens d’exercer pleinement leur responsabilité éducative, en tant que citoyens, en facilitant leur accès aux droits et aux institutions, à commencer par l’école, en tant que parents, en soutenant les associations familiales de toutes natures, en leur donnant les moyens de maîtriser les repères sociaux. Il est temps d’adapter la formation initiale et continue des enseignants. En effet, on ne sait pas forcément régler tous les problèmes en sortant de l’IUFM. Ce principe est également vrai pour les employés municipaux, les sous-préfets ville, les éducateurs, etc. Dans ce domaine, il faut aller au-delà de ce qui est une forme d’incompétence de notre part, et non pas une difficulté inhérente aux populations immigrées. /18 La politique d’intégration et la politique éducative peuvent, si on les traite simultanément, créer des interactions extrêmement positives qui permettront de surmonter les difficultés administratives et les querelles de pouvoirs et de financement qui nous séparent. Nous avons tous la même responsabilité dans l’intégration des immigrés. L’intégration est d’ailleurs au premier rang des objectifs de la nouvelle politique de la ville engagée depuis le mois de juin.“ T a b l e “ Nous avons tous conscience que la République et les citoyens que nous sommes n’avons pas été pleinement à la hauteur de son idéal. La République n’a pas su gérer, depuis 50 ans, des enjeux pourtant susceptibles de menacer son existence même (politique d’urbanisme, politique d’occupation des sols, comportement des citoyens), “ reconnaît Jean-Claude Fortier. “ A partir de ce constat, comment pouvons-nous concrètement travailler ensemble, plus étroitement et plus efficacement ? “ L’éducation, une responsabilité partagée L’éducation consiste à travailler à l’épanouissement de l’individu ; l’intégration vise à reconnaître son identité. Travailler sur ces deux sujets simultanément permet de réinscrire un enfant d’immigré dans la mémoire de son ascendance, de reconnaître son origine, de lui rendre un trajet, une destinée, et par “ ricochet ”, de faciliter l’intégration de ses parents. Cette tâche est importante et nous ne serons jamais assez nombreux à œuvrer dans ce sens. Si nous ne parvenions pas à réussir la nouvelle génération des dispositifs mis en place à destination des populations immigrées, je pense que nous risquerions de voir la situation de nos villes s’aggraver, avec des zones urbaines isolées les unes des autres et de véritables ghettos de citoyens. Nous ne réussirons cette nouvelle politique de la ville qu’à la condition de considérer l’intégration comme une priorité.“ éducation r o n d e i n a u g u r a l e “ Je dirige une académie qui n’est pratiquement qu’une immense zone urbaine, et qui a connu de surcroît l’effondrement de ses industries de main-d’œuvre, le taux de chômage atteignant 20 % dans bien des secteurs géographiques. Nous sommes donc au cœur des problèmes d’exclusion. Par ailleurs, la région a connu par le passé trois vagues d’immigration successives qui ont contribué à former une identité sociale particulière. Dans ce contexte, la responsabilité de l'école est immense. … /19 L’école est le dernier service public à demeurer dans les quartiers en difficulté. Il ne faut jamais l’oublier, car cela explique qu’elle soit souvent prise pour cible. Tous les autres services, publics ou privés, sont absents. L’école est là, avec ses limites et ses insuffisances. L’Éducation nationale ne s’appartient pas : elle appartient au T a b l e r o n d e i n a u g u r a l e … pays, il est donc naturel qu’elle témoigne de sa volonté d’un travail en commun. Cependant, cette démarche n’est pas simple. “ Première proposition : “ le temps scolaire ne prétend pas se distinguer à l’excès du temps éducatif global de l’enfant. Notre rencontre doit permettre d’isoler un certain nombre d’actions à améliorer dans le cadre de la contractualisation, afin de bien articuler le temps éducatif global autour du temps scolaire. L’école n’a pas l’ambition de tout régenter, mais elle souhaite que le passage de la transmission du savoir à l’éducation globale soit parfaitement pris en compte dans les différents partenariats. Les projets d’école en témoignent déjà. “ ■ Deuxième proposition : “ la relation avec les parents, certainement la plus complexe, doit être améliorée. Pour des raisons sociologiques, parce que nous n’avons pas été à la hauteur des enjeux de solidarité de la République, les associations de parents qui sont nos interlocuteurs ne sont pas nécessairement représentatives aujourd'hui des problèmes les plus lourds auxquels l’école doit faire face. ■ Il faut trouver ensemble les moyens d’assurer le contact entre l’école et la société. Comment, dans notre action commune de service public, donner à l’ensemble des acteurs de l’éducation, ainsi qu’aux usagers, une plus grande visibilité des différents dispositifs existants ? La réponse à cette interrogation est le préalable indispensable à un meilleur partenariat. Nous parlons bien de la répartition des rôles et non pas de celle des pouvoirs.“ /20 Sur la question des temps de l’articulation entre temps éducatif et temps scolaire, Annette Peulvast-Bergeal enchaîne : “ en tant qu’élue locale, je suis en permanence à la recherche de solutions pragmatiques pour faire évoluer les situations. Il existe trois temps dans la vie de l’enfant : le temps scolaire, le temps familial et le temps social. Il a été dit que la collectivité ne devait pas prendre en charge les jeunes de façon permanente. Or la demande de nombreux parents va dans ce sens. Ils réclament des activités périscolaires avant le temps scolaire et à après celui-ci, jusqu’à des heures de plus en plus tardives. Certains enfants entrent dans l’établissement scolaire dès 7 heures 30 le matin et n’en sortent qu’à 18 heures 30, ce qui est inadmissible et insupportable. Je comprends que les familles ont besoin d’être aidées, mais cela pose tout de même un problème sérieux. “ T a b l e r o n d e i n a u g u r a l e L’éducation, une responsabilité partagée /21 Je rappelle que, “ dès l’origine de l’école laïque, le temps scolaire a été “ troué ” en son milieu, le jeudi, afin que les parents conservent une part de responsabilité éducative sur leurs enfants. La prise en charge des enfants est certes quelque chose de très important, mais elle doit être coordonnée et cohérente, tout en répondant aux urgences. On ne peut pas imaginer une société dans laquelle cette prise en charge serait totale. La société comporte obligatoirement une part de risque, elle est incomplétude, et c’est ce qui fait la beauté et la fragilité de la démocratie. Elle exige de l’organisation, de la rigueur, du doigté et du partage.“ éducation “ Comment appuyer et reconnaître la fonction parentale s’il n’y a plus de temps de relation entre parents et enfants ? “ interroge pour sa part PierreLouis Rémy. “ Il s’agit d’un enjeu de société majeur et je m’étonne qu’un tel argument n’intervienne pas plus souvent dans le cadre des négociations sur les 35 heures “, conclut-il. Intervention /22 Ségolène ROYAL Ministre déléguée à l’enseignement scolaire “J e salue à travers vous l’ensemble de ceux qui s’efforcent de faire vivre l’éducation pour ce qu’elle est : une responsabilité partagée. Cette responsabilité partagée est la raison commune de notre engagement conjoint sur le terrain de l’éducation en ville. Les acteurs et les services du ministère de l’Éducation nationale ont apporté tout leur soutien à l’organisation de cette rencontre programmées, à l’initiative de Claude Bartolone. Il s’agit de l’illustration de la volonté du Gouvernement qui se veut exemplaire en matière de coopération interministérielle pour résoudre aux mieux les problèmes identifiés. Donner plus à ceux qui ont moins L’école et la ville sont aujourd'hui étroitement liées, pour le meilleur bien davantage que pour le pire, et pour la réussite plus que pour l’échec. C’est tout le sens de la nouvelle impulsion que nous entendons donner à la coopération sur le terrain, par la relance de l’éducation prioritaire ou par l’intégration de la préoccupation éducative dans les contrats de ville. Donner plus à ceux qui ont le moins était l’adage qui a prévalu à la création des ZEP en 1981 et qui prévaut à la relance de l’éducation prioritaire aujourd'hui. Cet adage a également conduit à la mise en place d’une politique volon- taire de la ville, fondée sur le refus du libéralisme absolu et du redoublement mutuel des ségrégations sociales, spatiales et scolaires. Cette ambition partagée ne va pas sans un partage du travail, ni sans une clarification des missions respectives favorisant une mobilisation convergente de tous les acteurs de l’école et de la ville. Donner plus, mais aussi donner mieux, tel est le pas qu’il nous faut franchir ensemble. “ Le temps des prés carrés est révolu. Etre fidèle à sa mission ne peut signifier l’exercer en solitaire. “ L’expérience nous prouve que lorsque les efforts convergent, le succès est au rendez-vous. Toutefois, dans l’intérêt des élèves, des repères clairs doivent être maintenus. Partenariat ne signifie pas confusion des temps et des rôles. L’école reste ce qu’elle est, avec sa mission d’instruire, ses exigences spécifiques, ses règles de vie, et l’autonomie pédagogique des enseignants. Je n’ignore pas qu’il puisse survivre par endroits certaines des méfiances d’antan. Je crois cependant que l’impulsion donnée est suffisamment forte et l’expérience quotidienne suffisamment probante pour que nous tenions le cap du partenariat. Laissons dire les détracteurs de l’école. L’important est ailleurs et s’invente au plus près des difficultés vécues, là où l’imagination et la solidarité sont indispensables. On le sait : “ là où croît le péril croît aussi ce qui sauve ”. Et dans ce domaine, les ZEP ont effectivement permis de tirer le système éducatif vers le haut. Je suis attachée à la relance de l’éducation prioritaire : 1 600 établissements scolaires supplémentaires viennent Les contrats de réussite L’action des pouvoirs publics s’inscrit désormais dans des bassins scolaires mieux adaptés à un pilotage de proximité. Ainsi, les contrats de réussite fixent des exigences communes pour permettre l’accès de tous au savoir. Une idée forte a récemment été émise lors des assises nationales des ZEP. Il s’agit du maintien des exigences scolaires et du refus d’une école à plusieurs vitesses. Les contrats de réussite mettent l’accent : Ségolène ROYAL Les relations ville / école ont fait l’objet de faux et de vrais débats, de nombreuses expérimentations fructueuses, mais également de quelques dérives. Néanmoins, rares sont aujourd'hui sur le terrain les tenants rigides de l’école comme sanctuaire. Rares sont également les partisans d’une école démagogiquement ouverte à tous les vents et, partant, oublieuse de sa tâche. Restent les questions plus concrètes des liens utiles à tisser localement, des leviers à mobiliser et des compétences à croiser, afin que l’école assure tous les apprentissages qui sont sa raison d’être, et consolide avec tous ce “ vouloir vivre ensemble ” qui fait la force du quartier et du pays. d’entrer dans cette dynamique alors que 500 en sont sortis. Cela traduit un effort budgétaire accru illustrant les choix solidaires du Gouvernement. Mais il ne s’agit pas uniquement de priorités budgétaires. Il s’agit d’épauler plus efficacement les acteurs de première ligne. Tel est le but des réseaux d’éducation prioritaire (REP), qui favorisent, audelà du seul établissement scolaire, la mutualisation des ressources pédagogiques et qui permettent de cibler le soutien nécessaire tout en désenclavant les établissements classés. ■ sur la maîtrise de la lecture et des langages ; ■ sur le développement des activités culturelles ; ■ sur l’éducation à l’image ; … /23 La relance de l’éducation prioritaire Ministre déléguée à l’enseignement scolaire Intervention Intervention … ■ sur la scolarisation précoce, en rappel- lant le rôle essentiel de l’école maternelle dans la lutte contre les inégalités ; ■ sur le soutien aux élèves les plus fragiles et sur les actions de tutorat ; ■ sur le renforcement de l’éducation à la citoyenneté ; ■ sur le lien avec les familles. Le triptyque clarté des enjeux ambitions éducatives - solidarité locale doit permettre de redonner à l’école tout son sens et à l’étude cette part de plaisir sans laquelle les efforts restent inachevés. La reconnaissance du rôle des différents acteurs Pour prendre la mesure des difficultés à vaincre, il convient d’être attentif aussi bien à la lassitude qui étreint parfois les enseignants dans les salles de classe, qu’à l’ardeur obstinément déployée par ces mêmes enseignants jour après jour et aux réussites qui en résultent. La reconnaissance de l’engagement des professeurs pour que l’école soit à la hauteur de sa promesse est essentielle. Ils et elles inventent parfois sans le savoir l’école de demain et gagnent en première ligne la bataille de la réussite scolaire. /24 Le rôle des tous les autres acteurs consiste à soutenir ce qui se passe tous les jours dans les classes, car c’est là que se gagne le combat contre les inégalités scolaires et donc contre les inégalités sociales. Reconnaître la contribution des différents acteurs qui apportent leur concours à l’entreprise éducative permet de tordre le cou à bien des idées reçues et des préjugés tenaces. Maintenir le fil de la réussite scolaire “ J’affirme qu’il existe dans les ZEP de véritables pôles d’excellence. Dans certaines zones, les enseignants obtiennent de leurs élèves, lors des évaluations nationales de CE2 et de sixième, des résultats supérieurs à la moyenne nationale. “ Entre les meilleurs élèves des ZEP et ceux d’ailleurs, l’écart est infime. Une “ élite ” scolaire émerge donc bien dans les ZEP et dans les générations issues de l’immigration. Notre volonté politique est d’accélérer l’émergence de ces générations. C’est pour cette raison que j’ai décidé de créer à destination des élèves de troisième, sur le modèle des concours IPES, des bourses qui leur permettront de se projeter dans les études supérieures, et notamment vers les métiers de l’enseignement. Il est en effet regrettable de Intervention Les exemples de réussite ne doivent pas dissimuler les nombreuses situations d’élèves en échec et en souffrance scolaire, en retrait, voire en position de rejet de l’école. Toutefois, les performances réalisées en ZEP montrent que l’échec scolaire n’est pas une fatalité. Il est possible d’inverser des tendances réputées désespérément lourdes. Il s’agit d’une raison supplémentaire pour resserrer les actions solidaires et multiplier les rencontres comme celles-ci, afin de conforter et d’étendre les expériences positives. L’école ne doit pas avoir à en rabattre sur ses ambitions dans les quartiers populaires. “ A défaut des mots qui anticipent le devenir des quartiers et des établissements scolaires, peut-être suffit-il de retrouver un vocabulaire qui n’est en rien dépassé. Ségolène ROYAL Le système scolaire a besoin de cette nouvelle génération. J’entends en outre œuvrer pour donner à ces élèves de meilleures conditions de travail (internats, foyers collégiens). “ Certains mots pèsent lourd et figent par le langage des perceptions qui vont à l’encontre des actions que nous menons. Je pense au concept d’éducation populaire. Derrière ce terme se profile la reconnaissance de la culture des quartiers du même nom. Certes, en termes statistiques, l’inégalité des chances existe. On en déduit souvent hâtivement que les mêmes causes produisent immanquablement les mêmes effets, et que dans les quartiers populaires, tous les enfants portent le même fardeau d’un “ handicap socioculturel ” ou d’une absence de “ capital culturel ”. J’estime que ce déterminisme-là tourne … /25 constater que des élèves de ZEP ou issus de l’immigration, dont les résultats en collège sont bons, plongent souvent au niveau du lycée ou du supérieur. Il nous appartient de tenir le fil de la réussite scolaire pour ces élèves, afin de leur donner toutes leurs chances. Il est temps de nous défaire de certaines appellations dont nous affligeons les quartiers et les établissements scolaires dits “ difficiles ” et “ défavorisés ”. Ce n’est pas leur rendre justice que de les appréhender en les nommant de la sorte, uniquement sous l’angle des problèmes qu’ils posent ou de ce qui leur fait défaut. Ministre déléguée à l’enseignement scolaire Des termes inappropriés Intervention … le dos à une réalité infiniment plus complexe. On constate effectivement que, placés dans les mêmes conditions apparentes, les uns échouent là où d’autres réussissent. Comment ne pas river les enfants à la défaite scolaire que semble leur promettre leur origine ? Comment faire le pari obstiné que des destins singuliers sont possibles et assigner à l’école la tâche de multiplier ces destins de réussite ? Le “handicap socioculturel ” n’explique pas tout et dispense même parfois de chercher plus avant les raisons profondes du succès ou de l’échec. Bien des recherches font état depuis dix ans du danger des explications convenues, qui ne permettent pas la compréhension des choses et légitiment bien des renoncements. Cela devrait nous inciter à remettre en cause ces façons de dire qui sont aussi des façons de penser. La démission supposée des familles /26 Je tiens à m’élever contre la supposée démission des familles populaires et leur soi-disant désintérêt pour l’école. Nous savons d’expérience que la situation est tout autre. Chaque jour apporte son lot d’exemples de parents qui font preuve d’un courage admirable alors qu’ils ont le plus grand mal à surmonter leurs diffi- cultés économiques. Nous savons l’espoir que placent, pour leurs enfants, les parents dans l’école. Nous savons également le respect qu’ils lui témoignent, parfois mêlé de crainte, au point de ne pas oser y pénétrer. A nous de faire en sorte qu’ils y viennent. “ Les contrats éducatifs locaux peuvent contribuer à faire pénétrer les parents dans une école prête à les accueillir et à reconnaître leur qualification. “ Il faut pour cela s’appuyer sur les associations et notamment sur les femmes relais, que chaque ZEP est invitée à mettre en place. Il nous faut explorer ensemble les voies d’un nouveau dialogue au sein des écoles et collèges. Les actions menées tous les jours dans les ZEP, si elles concernent l’école, concernent également toutes celles et ceux qui œuvrent pour que la ville soit accueillante envers tous ses habitants. L’école de demain Le problème de la diversité et de l’hétérogénéité des élèves par rapport au métier de l’enseignant est au cœur des réflexions actuelles du Ministère. Le combat pour la réussite scolaire en quartier populaire mobilise aujourd'hui de nouveaux moyens et de nouveaux partenaires. Il nous faut persévérer ensemble dans cette voie, afin que les performances de ces élèves de toutes origines prennent place parmi les plus belles réussites du pays. Raccrocher ceux qui décrochent et ne pas décevoir ceux qui s’accrochent est une façon de construire la France, dans l’école et dans la ville. Ségolène ROYAL A ce titre, les journées de la lecture et des langages se dérouleront à Nantes en mai prochain. Elles réuniront des enseignants, des formateurs, des chercheurs et des partenaires de l’école, porteurs de savoir-faire et de réalisation, convaincus que le langage oral, écrit ou celui de l’image sont les langages que l’école doit apprendre à conjuguer. En effet, il est nécessaire que le pouvoir de dire, de lire, d’écrire, de penser, de se construire, de faire comprendre, soit aujourd'hui un bien commun équitablement partagé. Je considère cette priorité comme la pierre angulaire de tous les chantiers scolaires que je m’efforce de conduire. Elle donne tous son sens à l’action menée dans les ZEP, à la réflexion sur l’évolution du collège dans les années 2000 et aux chantiers contre les violences scolaires. Car la violence est souvent “ de la parole inaboutie qui échoue à repasser par les circuits langagiers ”. “ Le langage est un enjeu scolaire, mais également politique, au sens de son origine grecque associant ville et démocratie. /27 “ Ministre déléguée à l’enseignement scolaire Intervention T a b l e r o n d e /A éducation Table ronde animée par François LIMOGE, journaliste à Espace Social Européen, avec : Cécile JONATHAN, adjointe au maire à la petite enfance à Tours Frédérique LEPRINCE, sous-directrice à l’action sociale de la CNAF Hubert BRIN, président de l’UNAF Michel DIDIER, responsable du centre de ressources DIV Guy JANVIER, maire de Vanves, chargé de mission à la DIF Modérateur : Gabriel LANGOÜET, professeur à Paris V, directeur de l’observatoire de l’enfance. Une nouvelle place pour les familles dans la vie de la cité “ L’école peut beaucoup, mais elle ne peut pas tout. On peut certes avoir le sentiment qu’elle a mené à bien la “ commande ” qu’on lui avait passée d’élever le niveau d’études moyen, en amenant 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat. Mais le problème est aussi celui des 20 % de quasi-laissés pour compte et notamment de ceux, environ 10 %, qui sortent du système sans qualification, avec un très faible niveau scolaire et de très faibles chances d’insertion professionnelle. Pour ces jeunes-là notamment, c’est d’insertion sociale avant tout qu’il convient de parler, plutôt que d’insertion scolaire “, introduit en préambule de la table-ronde Gabriel Langouët, professeur des Universités Paris V Sorbonne et directeur de l’observatoire de l’enfance. Et la jeunesse en difficulté apparaît d’autant plus démunie, voire abandonnée, que l’état social des jeunes est globalement plutôt satisfaisant. “ Le clivage entre une certaine jeunesse “ facile ” et cette jeunesse démunie se développe “, comme indiqué dans l’ouvrage collectif publié par l’observatoire “ L’état de l’enfance en France. ” Avec des situations parfois de véritable détresse, qui appellent “ des réponses sociales fortes, tant au niveau du traitement des cas rencontrés que des indispensables actions de prévention.“ /28 Tenir compte avant tout des inégalités sociales… plutôt que des transformations familiales. Gabriel Langouët, condamne à ce propos un certain nombre de préjugés sur la famille, selon lui “ tenaces et néfastes “. T a b l e r o n d e /A préjugé : “ On avance facilement l’idée que les familles sont désormais démissionnaires, qu’elles vont mal, qu’elles ne promeuvent plus aucun système de valeurs digne de ce nom. Sur ce dernier point notamment, je veux signaler qu’il ne faut pas confondre “ évolution forte ” et “ disparition ” : “ la famille ne va pas mal, elle va différemment.“ ■ Troisième idée reçue : la majeure partie des cas de déscolarisation sont des conséquences de divorce des parents. “ Certes, on ne peut nier que le divorce des parents a des conséquences sur le comportement et la psychologie des enfants. Mais s’interroge-t-on suffisamment sur les conséquences tout aussi, voire encore plus néfastes qu’aurait, dans bien des cas, l’absence de divorce ? “ Une nouvelle place pour les familles dans la vie de la cité ■ Deuxième a-priori mis en évidence : les familles ne “ dureraient ” plus. “Or cela est faux “, estime Gabriel Langouët : “ les familles, depuis au moins un siècle, n’ont jamais eu qu’une durée d’existence de 15 à 18 ans. Simplement, jadis, au terme d’une petite vingtaine d’années de vie commune, les gens... mouraient. Aujourd’hui, la forte hausse de l’espérance de vie a considérablement modifié cette donnée structurelle. “ éducation ■ Premier Les problèmes familiaux seraient largement surestimés. On peut encore citer le cas des enfants issus de familles monoparentales. Certes, statistiquement et dans l’absolu, il semble que les scolarités de ces enfants soient d’une qualité inférieure à la moyenne. Mais rapportés aux niveaux de vie des familles concernées, les résultats scolaires de ces enfants sont sensiblement équivalents à ceux qui sont issus des familles “ traditionnelles ”, voire “ recomposées.” “ Nous avons besoin d’une politique rénovée. Il s’agit de donner plus, mais surtout de donner mieux. Nous devons considérer comme central le problème de la résorption des inégalités sociales ”, avance Gabriel Langouët. … /29 Pour Hubert Brin, président de l’UNAF, il est aussi “ impropre “ de parler de démission des familles. “ Si tel était le cas, c’est à une explosion sociale, ou à une implosion de la société, nous aurions assisté, et ce depuis un certain temps déjà.“ “ Songeons par exemple au rôle considérable joué par les familles auprès des jeunes de 20-25 ans aujourd’hui : sur le plan financier, les familles se comportent comme de véritables ASSEDIC au quotidien. En revanche, il est certain qu’il existe T a b l e r o n d e /A … un profond désarroi chez les parents à propos par exemple de la conception de l’alternance des séquences autorité / liberté dans l’éducation des enfants. “ Il cite en illustration le cas de deux enfants punis de deux heures de retenue un samedi matin pour avoir jeté des pierres sur une voiture stationnée dans la rue. L’une des deux familles concernées considérait la sanction comme légitime et appropriée, l’autre s’en est offusquée. Il évoque également un père RMIste qui, essuyant le refus de son fils jeune adolescent de se soumettre à son interdiction de sortir le soir, s’est vu opposer l’argument suivant : “ je suis le seul qui travaille ici (sous-entendu : en me rendant chaque jour à l’école) ; j’ai donc le droit de disposer librement de mes loisirs. ”. “ Il est de plus en plus difficile de déterminer des limites, règles, principes unanimement reconnus et applicables.“ Certes, certaines familles dysfonctionnent gravement et sont proches de ce que certains nomment démission. Face à des situations si exacerbées, si atypiques, s’exprime un besoin de mesures personnalisées, adaptées avec le plus grand soin à chaque cas particulier. C’est à ce titre qu’on ne peut que rejeter des mesures à l’emporte-pièce, comme celle portant sur la suspension, on pourrait dire la prise en otage, des allocations familiales pour les parents d’enfants “ déviants ”. Une position partagée par Frédérique Leprince, sous-directrice à l’action sociale de la CNAF : “ cette mesure a des effets pervers : elle peut risquer d’intensifier les problèmes, par exemple en renforçant le pouvoir des enfants sur les parents, en particulier sur les comportements d’achat et les modes de consommation. Il ne faut pas tomber dans le piège de l’individualisation des problèmes alors que ce sont les réponses sociétales, collectives qui manquent. Il est particulièrement inopportun de tenter de prendre des mesures à caractère d’urgence à propos de problèmes de fond. “ /30 Pour Michel Didier, responsable du centre de ressources de la délégation interministérielle à la Ville, “ l’idée de la “ démission ” des familles n’a pas de fondement réel. Mais il est également vrai que les difficultés économiques et sociales qui accablent certaines familles tendent à produire des effets qui peuvent faire penser à T a b l e Contrairement aux préjugés qui ont cours, il existe bien souvent un véritable surinvestissement des familles étrangères dans l’espace scolaire : “ il y a là un véritable gisement de pistes d’action. Il faut notamment promouvoir la création de lieux d’échanges et de rencontres.“ Sur cette idée de lieux d’échanges, Cécile Jonathan, adjointe au Maire de Tours chargée de la petite enfance, évoque la mise en place d’ateliers permettant de réunir parents, enfants et professionnels de l’éducation. “ Ils favorisent grandement l’implication des parents dans l’espace public. Le changement du regard des pères sur les capacités de leurs enfants est particulièrement remarquable. C’est une véritable consolidation, parfois même une reconstitution, des liens entre parents et enfants qui s’opère là. Nous comptons développer ce programme, notamment avec l’ouverture prévue en septembre prochain d’une ludothèque dans l’unique ZEP de Tours. Nos initiatives se veulent sans prétention mais significatives.“ Une nouvelle place pour les familles dans la vie de la cité ceux résultant d’une telle démission. Il ne faut pas négliger le regard culpabilisateur que portent bien souvent les institutions de notre pays sur le rôle des parents dans l’éducation de leurs enfants. Il ne faut pas oublier que le système éducatif français s’est construit, au cours du XIXe siècle, contre la famille. Depuis cette époque, à tout le moins, il existe une dialectique riche mais complexe à propos du partage des rôles entre la société, l’Etat et la famille dans l’éducation des enfants.“ éducation r o n d e /A Guy Janvier, Maire de Vanves et conseiller à la délégation interministérielle à la Famille, évoque l’instauration sur l’ensemble du territoire de réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents. “ Le dispositif s’adresse à toutes les familles, de manière à développer l’entraide “, annonce-t-il au public de la table ronde. … /31 Le soutien de la mise en place des réseaux d’écoute des parents figure également parmi les objectifs prioritaires du plan d’action 1997/2000 de la CAF. Selon Frédérique Leprince, sans désavouer l’action sociale de la CNAF“ 100 millions de francs seront ainsi consacrés en 1999 au soutien de la fonction parentale, T a b l e r o n d e /A … à travers l’aide aux centres sociaux mais aussi aux petites structures associatives fonctionnant dans des quartiers pour certains dépourvus de centres sociaux (ces aides sont expérimentées par une vingtaine de Caisses). Par ailleurs, poursuit-elle, nous finançons également des lieux d’accueil des parents, comme les Maisons Vertes que nous aidons depuis 1995. Nous participons également à la mise en place de contrats locaux d’accompagnement scolaire, qui visent l’amélioration des liens parents / enfants autour de la scolarité. L’une des caractéristiques essentielles de ces contrats consiste à devoir prendre en compte de manière optimale la disponibilité effective des parents “. La DIV, consacre également un volet important des contrats de ville à la politique de la famille. Nous menons des actions d’alphabétisation, de soutien scolaire, de création de lieux d’accueil parents / enfants. Nous contribuons aussi à la formation des enseignants et des acteurs éducatifs à la connaissance des quartiers et de leurs acteurs qui peuvent être amenés à jouer le rôle de médiateurs. Nous aidons également la mise en place de régies de quartier, de services de proximité et de tous dispositifs qui permettent aux habitants, et tout particulièrement aux parents, d’être acteurs de leur lieu de vie. “ Les quartiers sont un gisement extraordinaire d’expériences innovantes, et je suis particulièrement d’accord avec Guy Janvier sur l’idée qu’il faut s’appuyer sur les dispositifs locaux existants. Il faut capitaliser et diffuser les réussites.” /32 Mais comment résoudre une contradiction, entre la nécessité de laisser aux parents plus de temps pour se consacrer à leurs enfants, et dans le même temps, répondre à une demande exprimée auprès des élus locaux de créer des garderies ouvertes de 6 à 21 heures ? Pour Gabriel Langouët, “ il ne faut pas confondre le temps d’ouverture des structures d’accueil, qui ne peut que croître, et le temps de présence effectif des enfants dans ces lieux. Il y a là un problème d’organisation sociale. Mon hypothèse de chercheur, qui, je tiens à le souligner, peut avoir des raisons de différer de celle d’un acteur de terrain, est qu’il faut chercher à augmenter l’amplitude des plages d’ouverture des lieux d’accueil tout en s’évertuant à permettre aux parents d’y avoir moins recours. Il me paraît significatif, et dommageable, de constater que ce point est complètement délaissé dans le cadre des négociations et des débats portant sur la réduction du temps de travail ou le travail des femmes “ T a b l e r o n d e /A “ Nous militons à l’UNAF pour que le congé parental d’éducation puisse être pris pendant les six premières années d’un enfant, et non pas seulement pendant les trois premières, ainsi que le stipule actuellement le Code du travail “, ajoute pour sa part Hubert Brin . “ Les parents ont besoin de passer du temps avec leurs enfants, et pas seulement pour les aider à faire leurs devoirs.“ Une nouvelle place pour les familles dans la vie de la cité Cela dit, nous expérimentons quelques dispositifs destinés à pallier ces contradictions, comme le couplage de certaines crèches avec des réseaux d’assistantes maternelles qui prennent le relais avant ou à partir d’une certaine heure. Cette solution présente en outre l’avantage d’éviter que les enfants séjournant le plus tardivement dans les lieux d’accueil soient confrontés à une trop grande solitude. “ éducation Selon Frédérique Leprince, “ il faut cependant bien voir que des problèmes de coût se posent inéluctablement. Il est financièrement quasi impossible de maintenir une crèche ouverte pour seulement un ou deux enfants qui resteraient tard le soir. “ A Tours, non seulement nous sommes bien conscients que le temps de présence des enfants ne doit pas être confondu avec le temps d’ouverture des structures, mais nous avons en outre développé des temps de transition, c’est-à-dire des moments que les parents peuvent partager avec leurs enfants au sein des structures ““ conclut Cécile Jonathan. La période de l’adolescence, moment où “ la loi du quartier risque de s’imposer à la loi de la famille “, a également été abordée en fin de table-ronde, ainsi que le rôle joué par l’ensemble de la structure parentale. … /33 “ Force est de constater que nous vivons actuellement un véritable non-sens généalogique. Dans nombre de familles, ce sont les grands frères et non les pères qui sont pourvoyeurs de revenus. Le chômage dévalorise les pères dans des proportions qui sont parfois difficiles à imaginer “, remarque Hubert Brin. T a b l e r o n d e /A … Un participant dans la salle s’étonne du découpage de la population en tranches d’âge. “ Nous manquons de transversalité générationnelle. Le manque d’espaces communs à des individus de générations différentes favorise l’émergence d’un “ racisme ” anti-vieux ou anti-jeunes. Certains prés carrés administratifs, typiquement français, ne sont pas non plus sans poser quelques problèmes en la matière. “ observe-t-il. “ A Gennevilliers, nous menons des actions de “ réhabilitation ” des parents. L’un des problèmes de nos sociétés consiste en ce que le prestige d’une personne provient en premier lieu de l’argent qu’elle gagne. Or on ne saurait perdre de vue l’idée qu’un père au chômage n’est pas forcément un homme qui n’a plus rien à transmettre à ses enfants. “ Michel Didier répond : “ Nous constatons effectivement que la restauration de l’image du père a un impact fortement positif sur la psychologie et le comportement des jeunes. Le problème des adolescents est crucial. La coopération à mettre en place entre les parents et ces autres référents adultes que peuvent être les habitants du quartier, les professeurs, les policiers, les juges ou les gardiens d’immeuble constitue un enjeu véritablement stratégique. On a pu noter que si l’établissement des règles faisait l’objet d’un projet commun à ces différents référents potentiels, alors le respect était plus grand de la part des enfants, même si ceux-ci peuvent éventuellement choisir un référent principal autre que leurs parents. En la matière, propose-t-il en guise de conclusion, il convient de mobiliser les réseaux naturels, tout en favorisant la coopération des différentes instances concernées. “ /34 Un participant sociologue et président de deux associations, dont le Conseil français des droits d’origine et de parent, fait également remarquer : “ je suis frappé par le poids du discours selon lequel dans notre pays, l’Etat aurait la possibilité dans bien des cas de réussir à se substituer aux parents. C’est pourquoi je pense que nous avons besoin d’une véritable révolution culturelle qui verrait l’Etat renoncer à une telle substitution. Les pères ont de moins en moins l’occasion aujourd’hui de convier leurs fils à venir jeter un œil à leur bureau, leur atelier. Les fils ont ainsi de moins en moins l’occasion de dire leur fierté d’avoir un père exerçant tel ou tel métier. Il existe une profonde blessure de l’idée de parenté dans notre pays. L’association que je préside s’est donnée pour tâche de travailler à y remédier. “ T a b l e “ Les enfants français d’origine étrangère sont par ailleurs confrontés à de graves difficultés en matière d’insertion, notamment professionnelle. Je peux donner l’exemple d’un jeune ingénieur black, parfaitement qualifié, tout autant que ses homologues français “ de souche ”, qui a dû émigrer en Hollande pour trouver du travail. L’Etat doit agir pour éviter ce genre de situations regrettables “, préconise-t-elle. “ Même si leurs parents peinent à s’intégrer, les enfants nés en France doivent pouvoir y trouver leur place : ils ne connaissent pas d’autre culture et, par ailleurs, ils représentent l’avenir de ce pays “. Une nouvelle place pour les familles dans la vie de la cité Le rôle des espaces de paroles parents/enfants est en outre souligné par une participante, membre d’une association de femmes - relais : “ les familles étrangères seraient littéralement perdues à leur arrivée en France sans l’aide que leur apportent des associations comme celle dont je suis membre. Dans la cité des Courtilières à Pantin, nous avons mis en place des permanences dans les écoles et des ateliers parents/enfants qui sont autant d’espaces de parole indispensables. Je veux moi aussi m’opposer à ceux qui se rallient à l’idée d’une “ démission ” des parents. Certes, certains d’entre eux éprouvent des difficultés extrêmes qui rejaillissent sur l’éducation qu’ils sont en mesure de donner à leurs enfants. Mais des efforts importants sont constamment entrepris, appuyés avec efficacité par des acteurs de terrain comme les femmes médiatrices qui du reste, dans la précarité, exercent une activité insuffisamment reconnue “. éducation r o n d e /A /35 Aussi “ la lutte contre la discrimination ethnique et sociale constitue l’un des axes forts des prochains contrats de ville “, conclut Michel Didier. T a b l e r o n d e /B éducation Table-ronde animée par Jean-Marc PLANTADE, journaliste au Parisien, avec : Patrick DION, inspecteur d’académie, Loir et Cher, coordonnateur académique pour l’éducation prioritaire Annette PEULVAST-BERGEAL, députée, maire de Mantes la Ville Claude LANVERS, délégué adjoint DIV Hubert VALADE, sous-directeur des communautés immigrées à la direction de la population et des migrations Georges VISSAC, chercheur en sociologie au centre Michel DELAY de Vénissieux Modérateur : Jean-Paul PAYET, maître de conférence à l’Université Lyon II La ville et l’école, espaces de lien social et de mixités Comment repenser la ville et l’école pour éviter une irréparable inégalité entre les enfants ? Selon Jean-Paul Payet, maître de conférence à l’université Lyon II. Il est d’autant plus difficile de cerner en introduction toute la complexité du sujet que “ la notion de ségrégation scolaire a longtemps été et est encore un sujet tabou pour l’institution. Au-delà de l’état des lieux que l’on peut dresser dans ce domaine, et au-delà du constat de ségrégation lui-même, nous éprouvons des difficultés pour trouver des moyens d’action permettant de résoudre les problèmes posés. La ségrégation sociale ne se décrète pas. Aussi les solutions dirigistes et centralisatrices sont-elles idéologiques et souvent irréalistes. “ “ Nous savons que la société urbaine est animée depuis une trentaine d’années de tendances ségrégatives. Les études démontrent clairement que les populations se mélangent de moins en moins au niveau de l’habitat, et qu’au sein même des milieux populaires, une fracture est en train de se mettre en place entre les fractions les plus intégrées et les fractions les plus exclues. Les populations immigrées maghrébines et africaines sont l’objet de la plus forte exclusion résidentielle. Or la ségrégation résidentielle a une incidence évidente sur la composition des publics scolaires.” /36 Dès lors, il convient d’analyser les processus de ségrégation, notamment dans les interactions entre école et ville. Jean-Paul Payet lance la réflexion à travers cinq interrogations : T a b l e r o n d e /B Première question : peut-on parler de ségrégation intentionnelle, voire de discrimination ? “ Les responsabilités sont partagées : la ségrégation correspond à une agrégation de facteurs. Ces phénomènes résultent parfois de situations paradoxales. Ainsi, l’un des moyens dont disposent les chefs d’établissement pour résister à la ghettoïsation consiste à répondre aux attentes de la population sur le point de quitter l’établissement. De ce fait, la mixité globale est maintenue en pratiquant une ségrégation interne qui consiste à composer des classes regroupant les publics par niveau scolaire, mais également par origine sociale ou nationale. “ ■ Troisième question : “ Quels sont les effets d’une mise à jour des phénomènes de ségrégation ? La doctrine républicaine “ d’indifférence aux différences ” cède de plus en plus le pas à des explications plus immédiates et plus irrationnelles. Il faut considérer les problèmes du point de vue des populations immigrées, en commençant par abandonner l’idée éculée de leur inintérêt à l’égard de l’école.” La ville et l’école, espaces de lien social et de mixités Deuxième question : “ la ségrégation sociale ne s’accompagne-t-elle pas d’une ségrégation ethnique ? Il est clair que de plus en plus, la proportion de population immigrée intervient comme un facteur important dans l’appréciation ordinaire de la qualité des établissements.“ ■ éducation ■ ■ Quatrième question : quelle est la dimension locale de l’école ? “ L’école est aujourd’hui investie d’une fonction de représentation – positive ou négative – de l’image du quartier.“ ■ Cinquième question : Enfin, une fois dressé l’état des lieux de la mixité ou de la ségrégation scolaire en France, préalable indispensable, quelles réponses apporter à la ségrégation ? “ Dans le contexte français, la notion de mixité a une connotation tout à fait positive, à l’inverse de celle de ségrégation. Il me semble que tout n’est pas si simple.“ … /37 “ La sur-valorisation de la notion de mixité peut conduire à l’occultation de processus temporels par lesquels la ségrégation, du point de vue de la population immigrée, peut avoir du sens et produire à terme de l’intégration. Dès lors, comment peut-on penser la ségrégation non pas en termes d’éradication immédiate, mais en T a b l e r o n d e /B … termes de gestion de situations héritées qui sont complexes, et qui ne peuvent changer du jour au lendemain ? L’objectif ambitieux de cette démarche est de construire un bien commun qui ne passe pas obligatoirement pas la juxtaposition des populations.“ “ Je suis toujours choqué d’entendre parler d’interculturalité uniquement dans les établissements dans lesquels sont scolarisées les populations étrangères, alors que la question de l’interculturalité peut se poser dans tous les établissements. L’observation régulière de la situation des collèges me fait dire que le problème le plus important à résoudre ne se situe pas tant dans les établissements de banlieues populaires que dans les collèges “ ordinaires ”, poursuit Jean-Paul Payet. “ En effet, c’est dans ces derniers, qui ne sont pourtant pas “ dos au mur ”, que l’on constate chez certains enseignants des réactions particulièrement défensives niant la réalité actuelle “. Patrick Dion, coordonnateur académique pour l’éducation prioritaire dans le département du Loir-et-Cher, établit quant à lui une distinction entre l’école et les collèges : “ En ce qui concerne les écoles, il est possible pour un maire de jouer avec les découpages de périmètres pour favoriser la mixité du recrutement ; au niveau des collèges, il est souvent impossible, même en jouant sur les périmètres, de modifier la composition des établissements et quand bien même, des stratégies d’évitement évoluées se mettraient alors en place. C’est à ce niveau que notre intervention en faveur de la mixité est la plus importante, car nous devons intervenir en amont. La tâche n’est certes pas facile. Il est indispensable que nous inversions les termes de la problématique. Il nous faut affirmer que la mixité est une valeur positive au cœur même de l’acte pédagogique et des établissements. En effet, à côté de la ségrégation provenant de l’extérieur, il existe bel et bien une ségrégation qui naît à l’intérieur des établissements. A ce titre, je souhaite que la relance des ZEP soit autre chose qu’une affaire de moyens et permette de ressouder l’école de la République. /38 Sur ce point, Claude Lanvers, délégué adjoint à la DIV, enchaîne : “ Je tiens à dire combien je suis surpris que l’on évoque toujours la ségrégation et le communautarisme dans nos quartiers alors que l’on n’en parle jamais chez les “ riches ”. On ne parle pas de développement communautaire dans le 16ème arrondissement T a b l e “ Le message qui nous est transmis par les habitants des quartiers, notamment par les jeunes, témoigne d’un sentiment assez fort d’abandon du service public à leur égard. Ne pas pouvoir accéder aux services liés à l’emploi ou au logement, ou encore aux services culturels, est plus mal ressenti que le fait de ne pas disposer de succursales administratives directement au pied de l’immeuble. Il me semble plus urgent d’agir sur le comportement des institutions vis-à-vis des populations en difficulté que de se lancer dans la construction d’agences administratives de proximité. Ainsi, de nombreux habitants considèrent les plates-formes multiservices mises en place dans leur quartier comme des sous-services. Ils aspirent à bénéficier d’un service équivalent à ce qui se fait ailleurs. “ La ville et l’école, espaces de lien social et de mixités de Paris, alors qu’il y aurait sans doute beaucoup à dire. Il serait intéressant d’y réfléchir, ne serait-ce que pour ne pas nous contenter d’un regard misérabiliste sur les quartiers dont nous parlons. A ce propos, un récent sondage a démontré que les habitants des quartiers difficiles ne ressentaient pas forcément la ségrégation dont on parle à leur sujet. Cette constatation doit nous conduire à réintroduire la prise en compte des attentes de ces habitants dans les schémas de politique publique actuels. “ éducation r o n d e /B “ La ségrégation, qu’elle soit sociale ou ethnique, concerne des populations captives. Dans ma circonscription se trouvent la plus grande ZEP et la plus grande ZUP de France, ainsi que la plus grande zone franche de métropole”témoigne pour sa part Annette Peulvast-Bergeal, députée-maire de Mantes-la-Ville. “ Les populations de ces zones sont dans l’impossibilité de s’installer ailleurs. Dans ce contexte, les principes républicains d’égalité sont totalement oubliés, voire bafoués.” … /39 “ Au fil des discussions que je peux avoir avec mes concitoyens, je constate que les termes de ségrégation et de mixité n’ont pas la même connotation selon les individus. Je considère pour ma part que le vocable de ségrégation est négatif, ce qui ne correspond pas toujours à la façon de penser des jeunes qu’il m’est donnée de rencontrer. Ils appréhendent leur école ou leur quartier à la fois comme un ghetto et comme un refuge. Notre travail d’élus consiste à requalifier ces T a b l e r o n d e /B … quartiers en repensant totalement la gestion de l’urbanisme. La remotivation des enseignants est également un point essentiel. Je suis toujours étonnée de la volonté de parvenir à des résultats dont font preuve les enseignants qui officient en ZEP depuis de nombreuses années. A côté de cela, je vois de jeunes enseignants arriver remplis d’enthousiasme et s’user à force d’être confrontés à une réalité qui ne correspond pas toujours à ce qu’ils avaient imaginé. J’estime qu’il est de notre devoir d’élus de prêter une attention toute particulière aux sentiments de ces enseignants qui sont en permanence en première ligne. Dans ma ville, je tente de mettre en place quartier par quartier des structures permettant d’asseoir les différents acteurs autour d’une table pour favoriser le dialogue et surtout l’échange d’informations. En effet, chaque acteur dispose d’informations précieuses sur des situations particulières et peut, en les portant à la connaissance de tous, permettre de dénouer de nombreuses situations par des actions simples “ Georges Vissac, chercheur en sociologie au centre Michel Delay de Vénissieux, a réalisé une étude sur les collèges de l’agglomération lyonnaise, concernant environ 700 000 habitants, “ afin de déterminer si le terme même de ségrégation scolaire avait du sens “. Il a établi un certain nombre de constats : “ J’ai souhaité savoir si les collèges reflétaient fidèlement la ségrégation des quartiers. Or dans le cadre de mon étude, il faut avoir le courage d’annoncer que les collèges affichent une ségrégation en termes d’origine des populations (familles ouvrières ou familles de cadres, d’origine française ou étrangère) qui va largement au-delà de la ségrégation géographique et sociale des quartiers. Sachez simplement que les quatre collèges qui comptent le moins d’enfants d’ouvriers, les quatre collèges qui comptent le moins d’étrangers, les quatre collèges qui comptent le plus d’enfants d’ouvriers et les quatre collèges qui comptent le plus d’étrangers sont tous plus ségrégatifs que les quatre quartiers correspondant à chacune de ces catégories. /40 “ Pour mieux comprendre les processus de ségrégation, il faut avoir à l’esprit cette réflexion faite à l’occasion d’une étude sur le racisme dans les entreprises. Lorsque l’on constate qu’une entreprise donnée ne recrute jamais d’ouvriers étrangers, la première réaction du chercheur, même le plus neutre, est d’imaginer qu’il doit exister quelque part dans l’entreprise un ou plusieurs “ salauds ”, responsables de cet état de fait. On peut avoir la même réaction face à la ségrégation dans l’école. Or lorsqu’on les examine en détail, les situations apparaissent comme plus T a b l e r o n d e /B Aussi, pour la direction de la population et des migrations (DPM), la ville représente-t-elle un enjeu central. “ En croisant les données, on constate qu’un taux de chômage de 40 à 45 % en vigueur dans ces quartiers va concerner un jeune Maghrébin sur deux, alors qu’il ne concernera qu’un jeune Français sur dix... reprend Hubert Valade. “ Nous considérons que la réussite de la politique de la ville est essentielle pour réussir l’intégration et lutter contre les discriminations. Pour cela, des réformes doivent être entreprises en faveur de la mixité sociale en matière de logement, ce qui relève des politiques publiques. D’autre part, il est nécessaire de réhabiliter les quartiers afin d’en modifier l’image. C’est à ce niveau que la DPM intervient. Changer la représentation des quartiers suppose que l’on réussisse l’accueil des personnes arrivant en France, de telle sorte qu’elles aient le plus La ville et l’école, espaces de lien social et de mixités Hubert Valade, sous-directeur des communautés immigrées à la Direction de la population et des migrations, reconnaît que les thèmes de la ségrégation scolaire et de la discrimination provoquent en France “ un certain malaise “. “ J’en veux pour preuve le mal que nous avons à organiser des rencontres avec les partenaires sociaux – y compris avec ceux que l’on pourrait croire les plus proches de notre philosophie – sur les discriminations dans l’entreprise. A l’inverse de ces deux sujets, nos concitoyens évoquent plus volontiers les inégalités sociales et l’exclusion, plus admissibles dans l’inconscient républicain, peut-être parce qu’elles nous renvoient à la lutte des classes. Il faut savoir que les populations immigrées hors Union Européenne appartiennent à 80 % aux catégories sociales les plus pauvres. Il existe donc un croisement entre les notions de discrimination et d’exclusion.” … /41 “ Enfin, il conviendrait d’être plus attentif à la notion de pôle d’excellence, régulièrement présentée comme un moyen efficace de lutte contre la ségrégation. J’ai en effet pu constater sur l’agglomération lyonnaise que ces pôles jouaient à l’inverse quasi-exclusivement un rôle de pôles de ségrégation, qu’il s’agisse de sections internationales, bilingues, sport-études, musicales ou autres. “ éducation complexes. Ainsi, sur l’agglomération lyonnaise, la premier facteur de ségrégation est la scolarisation en établissement privé ou public. L’ensemble des collèges privés de la zone étudiée accueillent moins d’élèves étrangers qu’un seul collège public de cette même zone… “ T a b l e r o n d e /B … rapidement possible la faculté de communiquer avec leurs voisins. L’intégration passe par le mélange et le dialogue. Il est tout aussi nécessaire de réussir la médiation, et le dispositif des “ femmes-relais ” est intéressant à ce titre. Le rôle de ces médiateurs entre enseignants et parents est stratégique. Par ailleurs, un effort est nécessaire au niveau de la formation des enseignants, afin qu’ils aient bien conscience que les parents immigrés sont dans les mêmes dispositions que les parents français. Ils souhaitent la réussite de leurs enfants, ils veulent les accompagner dans une école qu’ils considèrent comme un facteur déterminant dans la réduction des inégalités. Il ne faut pas les décevoir à ce niveau.” Jean-Paul Payet propose deux autres pistes d’actions : tout d’abord, la maîtrise du recrutement et de la mobilité enseignante. “ Comment permettre la constitution d’équipes enseignantes dans les quartiers, autour de projets d’établissement, plutôt que des recrutements individuels ? Il s’agit d’un levier d’action possible en matière de mixité, de ségrégation et d’adaptation à un public particulier. A Vaulx-en-Velin, il semble que la première promotion du lycée soit sortie avec des résultats tout à fait honorables, grâce, entre autres, au recrutement d’enseignants volontaires, favorisant une empathie positive et une ambition scolaire forte à l’égard de ces publics.” Deuxième idée : agir sur “ la dimension symbolique du bâti “ . “ Il me semble qu’une réflexion doit être menée sur le bâti et l’architecture de l’établissement scolaire, et sur son environnement immédiat, en termes de frontière avec le quartier (portail, sécurité, accueil des publics…). Cet aspect est particulièrement important dans des cités qui souffrent par ailleurs d’un sentiment de relégation.“ /42 Patrick Dion renchérit : “ les équipes qui donnent les meilleurs résultats sont celles qui ont su développer une forte cohérence, un sentiment d’appartenance puissant et une importante reconnaissance réciproque. Comme toute autre organisation, les ZEP ont besoin à la fois de stabilité, de mémoire, de proximité, et de changement. Toute la difficulté consiste à savoir doser le sang neuf et la mémoire. La démarche des contrats de réussite, qui consiste à rendre visibles certains indicateurs, à fixer des objectifs connus de toute la communauté, a une fonction de reviviscence du lien social dans les établissements. A travers cette démarche, nous recréons un lien social dans et hors de l’établissement. “ T a b l e On ne peut pas faire porter aux enseignants la responsabilité de l’image de leur établissement. En effet, la valeur d’un établissement dépend moins de sa qualité intrinsèque que de la perception qu’en ont les usagers. Il existe donc bel et bien un problème de ségrégation, avec des parents qui refusent de voir leur enfant côtoyer des enfants d’origine étrangère, ou des parents qui, ne pouvant quitter un quartier, souhaitent que leur enfant en quitte l’école. A ce titre, le concept de réseau La ville et l’école, espaces de lien social et de mixités Pour Georges Vissac, “ prétendre que les meilleurs enseignants placés dans les quartiers difficiles règleraient les problèmes actuels risque d’accréditer la théorie selon laquelle le niveau pédagogique de l’établissement et la réalité du travail qui y sont menés, sont , plus ou moins, à l’origine des phénomènes d’évitement et de ségrégation dont il font l’objet. Or j’ai fait un constat différent. Certains établissements sont littéralement évités avec, certaines années, jusqu’à 70 % des élèves devant entrer en sixième pour lesquels les parents demandent une autre affectation. Ne restent dans les collèges que ceux qui n’ont pas pu aller ailleurs, ce qui crée de véritables phénomènes de captivité. A l’inverse, les établissements les plus demandés ne sont pas nécessairement les meilleurs. Ce sont souvent d’anciens premiers cycles de lycée, qui jouissent d’une bonne image sans que celle-ci soit obligatoirement conforme à la qualité réelle de l’établissement. … /43 “ On le voit, les questions statutaires et les problèmes de recrutement sont essentiels. Le ministère de l’Éducation nationale met d’ailleurs en œuvre un mouvement national déconcentré qui n’a pas d’autre objectif que d’essayer de mieux gérer les ressources humaines. Toutefois, au-delà des questions statutaires, le fond du problème concerne l’organisation du travail et la coopération dans le travail. La demande que m’adressent les enseignants dans les ZEP n’est pas fondée sur une rémunération supplémentaire. Ils souhaitent disposer de temps supplémentaire pour s’approprier les objectifs fixés et réfléchir sur leurs élèves. En ZEP, encore moins qu’ailleurs, les professeurs ne peuvent se contenter d’être disciplinaires. Ils doivent être et ils sont des professeurs de citoyenneté dans l’établissement. Cette approche globale et fédérée de l’établissement se perçoit très bien à l’extérieur. C’est cette synergie interne que nous tâchons de développer, et cela me semble encore plus important que les questions d’ordre statutaire. “ éducation r o n d e /B T a b l e r o n d e /B … d’éducation prioritaire me semble porteur d’espoir, en ce qu’il permet d’envisager les établissements non plus comme des entités individuelles et concurrentes les unes des autres, mais comme des entités appartenant à un même bassin d’éducation. Il est tout à fait souhaitable que des collèges puissent travailler collectivement à l’échelle d’un bassin. “ “ J’aimerais revenir sur la notion de “ panne de trajectoire résidentielle ” évoquée par Annette Peulvast-Bergeal. Ce n’est pas tant la situation instantanée de la mixité qui est préoccupante que le fait que sa dynamique soit ainsi stoppée “, analyse Claude Lanvers.“ Depuis quelques années, il est de plus en plus difficile de construire des logements sociaux hors des quartiers pour injecter une quelconque dose de mixité. Jean-Paul Payet évoque une ségrégation non intentionnelle, mais ceux d’entre vous qui ont assisté à une commission d’attribution peuvent témoigner que l’intention n’est pas toujours absente. Comment faire en sorte que la mobilité résidentielle redémarre ? Une première solution peut être l’utilisation de la loi contre l’exclusion. Celle-ci comporte un certain nombre de dispositifs relativement complexes qui buttent non pas sur des éléments techniques mais sur des points plus politiques touchant à la discrimination ethnique. L’application de ces dispositifs suppose une coopération plus importante entre les différents acteurs, sur un périmètre élargi.” “ La deuxième solution consiste à faire en sorte que des individus appartenant à des catégories plus aisées viennent s’installer dans les quartiers. Peut-être s’agitil d’un mythe, mais on a longtemps imaginé qu’il suffisait de construire des duplex dans les tours pour que les leaders d’opinion viennent s’y installer. Or rien ne s’est fait et la question soulève encore de profonds débats, dans la mesure où, souvent, les politiques menées dans les quartiers le sont en pensant à ceux que l’on voudrait y voir résider beaucoup plus qu’à ceux qui y vivent déjà… /44 Néanmoins, le sujet mérite réflexion, car certains grands projets montrent que l’on peut commencer à modifier et à renouveler le tissu urbain. Cette démarche est complexe et coûteuse, elle suppose un véritable projet politique et social qui dépasse le projet urbain, mais nous y travaillons. Compte tenu du nombre de logements concernés, on mesure l’ampleur de la tâche à accomplir.” T a b l e En ce qui concerne la carte scolaire, Patrick Dion intervient : “ nous savons pertinemment que les décisions réglementaires imposées ne fonctionnent pas. Les familles inventent toujours des stratégies de contournement. Face à cela, nous ne La ville et l’école, espaces de lien social et de mixités En réponse à une intervention de la salle sur la dimension “ mythique “de la mixité, Hubert Valade répond : “ notre République ne sait pas parler de ce problème. Nous avons besoin ensemble de poser un diagnostic commun. La ville est l’occasion de lancer une démarche territoriale entre élus, Etat et associations, qui doit permettre d’adopter une position commune par rapport aux problèmes sociaux posés. Je n’ai pas érigé les valeurs républicaines comme uniques solutions aux problèmes. J’ai indiqué qu’il fallait travailler sur les représentations. Il faut mettre en place une véritable médiation, afin que les différentes parties de la population se rencontrent, et afin que les populations immigrées puissent s’adresser aux services sociaux et aux enseignants. Il faut que les associations familiales aient conscience qu’elles doivent aller dans les territoires difficiles et s’ouvrir aux populations immigrées. Il faut en outre former les enseignants plus spécifiquement. Enfin, les associations de parents d’élèves, comme les associations familiales, doivent s’intéresser aux familles immigrées. “ … /45 La troisième solution consiste à travailler pour les résidents des banlieues difficiles, “ afin d’augmenter les chances de voir les autres citadins revenir dans des quartiers “, poursuit Claude Lanvers. “ Il s’agit de s’attacher à rendre à ces quartiers toute leur dignité, en considérant que des personnes y habitent, et qu’il est préférable que les poubelles soient ramassées tous les jours et non pas tous les 4 jours, ou que l’éclairage public soit aussi efficace qu’ailleurs. Il est également souhaitable que l’ensemble des acteurs y travaillent en parfaite coordination, avec des partenariats locaux, rendant aux habitants toute leur place. Le respect des populations résidentes passe par la prise en compte de leurs besoins et de leurs attentes, qui seule permet de lutter contre leur sentiment d’abandon. Ces populations sont souvent consultées sur des projets qui ne les concernent pas directement, alors que leurs attentes quotidiennes sont ignorées “. éducation r o n d e /B T a b l e r o n d e /B /46 La ville et l’école, espaces de lien social et de mixités éducation … disposons que de deux solutions. La première consiste à rendre les établissements attractifs pour compenser les déficits. Cette approche a déjà montré ses limites. La seconde, qui recueille aujourd'hui la faveur de notre institution, consiste à travailler par bassin, c’est-à-dire par groupe d’établissements, où la concurrence laisse la place à des finalités communes. Cette conception est tout à fait satisfaisante, car l’exclusion est avant tout une agrégation de difficultés de tous types (sociales, familiales, financières, culturelles, etc.). De plus, on augmente les difficultés en les concentrant dans un même établissement. “ Jean-Paul Payet conclut : “ il est frappant de constater que c’est à ce moment que se pose politiquement et publiquement la question de la discrimination visà-vis notamment des populations immigrées. Il existe une dimension politique dans le rapport à l’école de ces populations. Il faut s’attacher à répondre à la demande de justice et de restauration identitaire qui émane d’elles. On ne peut comprendre par exemple la réticence des familles immigrées ou de leurs enfants face à l’orientation professionnelle qu’en gardant à l’esprit l’attente très forte qu’ils nourrissent vis-à-vis de l’école. “ T a b l e r o n d e /C Hubert PEURICHARD, délégué interministériel à l'insertion des jeunes Catherine MOISAN, inspectrice générale de l'éducation nationale Suzanne CITRON, maître de conférence honoraire à l'université Paris Nord Pierre BOURGUIGNON, député maire de Sotteville-les-Rouen et président de l'association villes et banlieues Geneviève ELRICH, membre du conseil d'administration de la fédération des conseils de parents d'élèves Philippe THILLAY, secrétaire national adjoint des Francas Modératrice : Françoise CROS, responsable de la mission innovation et recherche à l'institut national de recherche pédagogique Les stratégies éducatives pour la réussite éducation Débats animés par Bernard LOCHE, rédacteur en chef de l'émission Saga Cités sur France 3, avec : Que signifie le concept de “stratégies éducatives pour la réussite “ ? Françoise Cros, responsable de la mission innovation et recherche à l’Institut de recherche pédagogique, en éclarcit le sens dans un commentaire sans concession : “pour la majorité des jeunes, la réussite signifie avoir un emploi, une maison, une voiture pour s'intégrer tout en étant autonome. Cet axe repose sur l'idée que chaque jeune peut réussir mais qu'il faut pour cela que l'école s'adapte préalablement. L'école n'est plus en phase avec les données économiques et sociales actuelles et ne permet donc plus à chacun de réaliser son potentiel. Le refrain sur l'égalité des chances est désormais insuffisant car la massification de l'éducation implique une diversification des méthodes d'éducation et des modalités de qualification, susceptibles d'exprimer la richesse et les talents des jeunes, aussi bien à l'école qu'en dehors. “ … /47 “ D'autre part, l'école ne peut pas tout et doit s'appuyer sur des compétences externes pour cesser de laisser sur le carreau des milliers de jeunes sans aucune qualification. L'école ne peut plus faire cavalier seul dans notre société “ scolarocentrée. Pour répondre au désarroi des jeunes, l'école de la deuxième chance, par exemple, constitue un maillon indispensable de la chaîne éducative. “ T a b l e r o n d e /C … “ De même, de nouveaux modes de certification et de validation des acquis remplacent les classiques examens-couperets. Nous avons également des méthodes modernes adaptées pour la maîtrise de la langue et l'apprentissage des jeunes enfants. Nous développons aussi des activités en partenariats éducatifs extrêmement larges. On considère donc que le monde ne s'arrête pas à la porte de l'école, ni à celle de la famille, ni à l'influence parfois oppressante des médias qui véhiculent des images violentes en permanence. Dans le cas des médias, les adultes doivent apprendre aux jeunes à mettre de la distance critique par rapport aux informations qu'ils reçoivent, à juger de la pertinence des images montrant une violence artificielle. “ Face à ces changements et à ces complexités, les quatre instances que sont l'école, la ville, le mouvement associatif et la cellule familiale jouent un rôle décisif. Je vous propose donc de discuter du rôle de ces quatre instances.“ Catherine Moisan, inspectrice générale de l’Éducation nationale, annonce le chiffre de 57 000 jeunes qui sortent chaque année du circuit scolaire sans qualification, “et qui ont abandonné toutes sortes d'études, soit à la sortie du collège, soit après une première année d'apprentissage en lycée professionnel. “ “ Depuis dix ans, c'est-à-dire depuis la création de la loi d'orientation, ce nombre a chuté de moitié. Mais depuis trois ans, il connaît de nouveau un palier, une résistance à la baisse. En dehors de cette classification uniforme qui favorise leur dénombrement, on ne sait pas véritablement qui sont ces jeunes sans qualification et on a du mal à appréhender leurs problèmes. 15 % d’entre eux n'ont jamais travaillé, ni fait de stage au cours de cette période.” /48 Une problématique que connaît bien Hubert Peurichard, délégué interministériel à l’Insertion des jeunes. “Les missions locales ont été créées au début des années 80 pour répondre aux besoins de tous ordres, tant sociaux que de formation, des jeunes sans qualification. Le problème est que le niveau de ces personnes baisse de plus en plus. Or cette dégradation sensible est un obstacle à l'insertion sociale et professionnelle car la qualification reste un atout majeur. Les missions locales constituent une stratégie éducative alternative de réussite par rapport à l'école, mais il faut absolument réduire les périodes d'errance entre la sortie des jeunes du système scolaire et leur intégration dans des dispositifs d'insertion. T a b l e r o n d e /C Geneviève Elrich, membre du conseil d’administration de la Fédération des conseils de parents d’élèves, partage ce constat : “ Malgré les quelques adaptations, l'Éducation nationale raisonne encore trop selon un schéma de transmission passive du savoir. L'inadaptation entre l'école et les élèves est patente car l'école postule l'existence fictive d'un élève moyen en fonction duquel elle établit les rythmes et les programmes scolaires. Face à cette logique d'accumulation passive des connaissances, il convient d'adopter un enseignement permettant aux jeunes de développer leurs compétences. Ceci implique une éducation interactive qui offre davantage d'espace à toutes les formes d'expression et de production des jeunes, sans pour autant exclure le savoir indispensable.“ Les stratégies éducatives pour la réussite L'autre effort de reconceptualisation consiste à casser la logique napoléonienne de transmission des savoirs et à remettre le sujet au centre du système scolaire. Il faut donc penser la transmission du savoir d'une part, comme une transmission de tout ce qui forme le sujet (c'est-à-dire les langages sous toutes leurs formes et la créativité corporelle et manuelle) et, d'autre part, comme une logique de perception du réel qui implique les échanges entre disciplines et la considération du savoir comme un objet de connaissances. Nous devons donc tous faire l'effort d'une double transformation mentale pour espérer sauver les jeunes sans qualification.“ … /49 Pour Suzanne Citron, maître de conférence honoraire à l’Université Paris Nord, c’est bien l’école qui est en partie inadaptée. “Elle nécessite une révolution copernicienne de la conception que nous avons de la société française et de la conception, héritée du XIXème siècle, que nous avons des contenus des programmes scolaires et de l'organisation cloisonnée des disciplines, surtout au collège. Il faut penser autrement, changer notre modèle de société, issu de la III ème République, qui privilégie une structure extrêmement hiérarchisée, dirigée par une élite sociale, et méprise le travail manuel et les cols bleus. éducation Je crois que la solution réside dans l'élaboration d'un véritable partenariat entre l'Éducation nationale et les missions locales. Nous devons travailler ensemble et définir une stratégie éducative globale et commune. C'est la condition sine qua non pour réussir à réintégrer ces jeunes.“ T a b l e r o n d e /C … Pour Philippe Thillay, secrétaire national adjoint des Francas, “ l’école demeure un élément central de l’éducation, mais les parents jouent également un rôle non négligeable, et le temps libre revêt un enjeu considérable auquel il convient de porter une attention particulière. Enfin, certains acteurs de l'éducation font défaut, au premier rang desquels figurent les entreprises.“ Pierre Bourguignon, député-maire de Sotteville-les-Rouen et président de l’association Villes et banlieues, réaffirme également “l'importance fondamentale de l'école. L'école est bien souvent la seule représentation de proximité de l'Etat républicain et des valeurs de respect, de tolérance et de laïcité. L'école est aussi, à la fois, le lieu de la transmission des savoirs et celui de l'apprentissage de la vie en société.“ “ Pour autant, les partenariats, en amont comme en aval, sont nécessaires. Or l'élu local n'est pas responsable des objectifs développés par l'Éducation nationale dans le cadre de la politique de la ville, à savoir l’amélioration des résultats scolaires, l'insertion sociale et professionnelle des jeunes. Néanmoins, l'élu local est partie prenante dans la mesure où il remplit son rôle de coordination des différents intervenants. L'exemple de la sécurité et de la prévention montre bien ce paradoxe. Cela fait seulement un an que les élus peuvent faire travailler de concert la justice, la police et les acteurs éducatifs, sociaux et locaux.” “D'autre part, les entreprises sont indispensables pour ranimer les tissus urbains dégradés. L'amont est donc du seul ressort de l'école, tandis que l'aval pose le problème de la maîtrise d'œuvre et de la coordination entre l'école et les autres acteurs éducatifs.“ La scolarité dès deux ans constitue pour Catherine Moisan, “ une politique permanente et durable pour prévenir l’échec scolaire. En tout état de cause, ces systèmes doivent être développés, mais ils nécessitent des choix politiques car tous les enfants n'en ont pas également besoin.“ /50 “ Concernant les dispositifs destinés à prévenir la période d'errance des jeunes sans qualification, il faut faire un effort considérable pour réussir à ramener à zéro pour un maximum de jeunes le délai existant à l'heure actuelle entre la fin de leur T a b l e Dans ce cadre, l'école a besoin d'être secondée par les élus locaux pour entreprendre le démarchage des entreprises. D'autre part, un axe d'amélioration non négligeable réside dans l'accroissement de la mobilité géographique de ces jeunes qui sont beaucoup trop attachés à leur quartier et manquent, de ce fait, des opportunités porteuses d'avenir. Là encore, un partenariat permettrait de faire sortir de leur cadre naturel et de leur environnement néfaste certains jeunes ayant un projet professionnel. Les stratégies éducatives pour la réussite scolarité et leur entrée dans des organismes d'insertion. L'école doit prévenir et agir avant que les jeunes sortent du système scolaire, par exemple au moyen du dispositif relais et de la protection judiciaire de la jeunesse. De même, un partenariat actif est nécessaire pour réintégrer les jeunes en situation de rupture qui ont pourtant l'âge scolaire. L'école doit aussi jouer le rôle de maître d'œuvre pour garder un certain nombre de jeunes et les orienter, en partenariat avec les entreprises, vers des formations qualifiantes les plus diverses possibles, que ce soit en lycée professionnel, en apprentissage ou en contrat de qualification. éducation r o n d e /C Le problème du racisme par la discrimination à l'embauche ou au contrat requiert également un partenariat avec les entreprises et les hommes politiques, de façon à ce que, à compétences égales, ces jeunes ne subissent pas un préjudice injustifié et injustifiable.“ “ Naturellement, l'école ne peut mener seule cette transformation et cette adaptation de fond. Elle doit être épaulée par les entreprises et les employeurs en général pour réussir ce défi dont elle prend toujours plus conscience. Pour mener cette bataille, il faut quelques grandes orientations nationales et une mise en œuvre locale “, observe Hubert Peurichard. Pierre Bourguignon défend “ l'importance de l'enseignement fondamental, pré-élémentaire, élémentaire et secondaire. “ … /51 “ Personnellement, je maintiens la distinction opérée entre amont et aval parce que l'amont, autrement dit, l'Éducation nationale est le lieu fondamental de l'apprentissage de la sociabilité républicaine, au plein sens du terme. On peut, toutefois, T a b l e r o n d e /C … ajouter des stratégies complémentaires, qu'elles soient visibles, c'est-à-dire élaborées par les mairies, ou diffuses, c'est-à-dire mises en œuvre par la classe sociale dominante pour que ces enfants soient toujours les meilleurs dans le système éducatif. “ “ Au nom de la transparence, je n'admets pas qu'on remette en cause l'enseignement général pour les lycées des banlieues, sous prétexte que les programmes spécialisés sont plus adaptés aux capacités de ces jeunes en difficulté. En la matière, la superstructure de l'éducation nationale fait preuve d'une hypocrisie éhontée.“ “ Enfin, je ne veux pas qu'on mélange l'amont et l'aval dans le débat car l'aval inclut la dimension professionnelle de la formation dispensée par l'Éducation nationale.” Pour Philippe Thillay, “ le manque de mobilité géographique est une vraie difficulté. Ainsi, plus de 50 % des jeunes de quatorze à seize ans de la ZUP de Champigny ne sont jamais allés à Paris parce qu'ils ne savent pas prendre le métro ou le bus. Or en région parisienne, la majorité des emplois sont concentrés dans la banlieue Ouest. Il ne suffit donc pas que ces jeunes aient une qualification pour trouver un emploi et réussir leur insertion sociale et professionnelle. La stratégie éducative globale doit intégrer ce nécessaire apprentissage de la ville et cette formation à l'occupation des territoires urbains. D'autre part, les causes de l'échec de ces jeunes est à rechercher dans l'évolution des enfants de la tranche d'âge dix/douze ans. Ces enfants, qui quittent le CM2, aspirent à l'autonomie et délaissent toute forme d'intégration sociale, comme en témoigne la baisse des effectifs des associations sportives pour ces tranches d'âge. Où sont donc ces jeunes pendant cette période ? Que font-ils ? Qui s'occupent d'eux, sachant que 85 % des mères concernées travaillent ? On n'est pas en mesure de répondre à ces questions, c’est pourquoi nous devons mieux étudier ces cas pour prévenir les échecs futurs. /52 Geneviève Elrich suggère, pour remédier au sentiment d’anonymat et d’abandon des enfants à l’école, de privilégier les structures à taille humaine, c'est-à-dire ayant moins de six cents ou mille élèves selon qu'il s'agit d'un collège ou d'un lycée. “ Les jeunes ont besoin de se connaître et de se sentir connus et reconnus. L'apprentissage de la citoyenneté, dont on parle beaucoup, implique la connaissance de son environnement, sinon elle est assurément vouée à l'échec.” T a b l e Pour les ZEP, une des difficultés consiste à faire émerger au sein de la politique de la ville, une représentation collective, véritable et démocratique des parents de milieux populaires. Il n'y a pas, à l'heure actuelle de délégués représentatifs de ces parents. Dans les ZEP, les principales difficultés ne viennent pas de la violence des jeunes, mais des rapports délicats entre les parents d'élèves et les professeurs. La qualification passe par un parcours conjoint avec les entreprises pour favoriser la socialisation. Certaines expériences, dont celle de la mission d'insertion de Nancy, montrent que le double discours de l'école et des organismes extérieurs, comme les entreprises, permettent d'améliorer la socialisation par la confrontation de deux mondes différents car l'école ne constitue pas la totalité du monde réel. “ “ Cela met en lumière la nécessaire émergence d'une éducation multipolaire qui prenne aussi en compte le temps libre “ rebondit Philippe Thillay. “ Je rappelle que l'école fonctionne 975 heures par an, tandis que les centres de loisirs en milieu urbain sont ouverts 2 000 heures par an. Aujourd'hui, on est dans un contexte très porteur et très favorable pour les jeunes, lorsqu'on considère le nombre de dispositifs efficaces élaborés à leur intention tels les contrats éducatifs locaux, les contrats de ville, les contrats temps libres des CAF ou le dispositif emploi-jeune. Nombre d'opportunités existent donc, il nous appartient de les rendre cohérentes et globales pour améliorer leur efficacité.“ Les stratégies éducatives pour la réussite Catherine Moisan réconcilie les positions en observant : “ je souhaite réunir l'amont et l'aval dans le but de trouver des perspectives et des issues aux difficultés des jeunes en échec. Tant que personne n'a pris le relais de l'école pour apporter une qualification à ces jeunes, l'Éducation nationale doit se sentir responsable d'eux. Il faut aller au-delà de la scolarité obligatoire pour assurer une qualification à tous. … /53 “ Je pense qu'on vit un blocage complexe de l'Éducation nationale lié à l'absence de projet global pour la scolarité obligatoire “, estime pour sa part Suzanne Citron. “ Sur le terrain, les professeurs font tout leur possible, mais, faute de projet directeur, ils ont tendance à se replier sur leur discipline de spécialisation et à occulter la dimension globale de l'éducation. L'amont est donc essentiel et nécessite un véritable projet. “ éducation r o n d e /C T a b l e r o n d e /C … Par ailleurs, il y a aussi un vrai travail de qualification à mener sur le pôle loisirs, qui compte cent cinquante mille animateurs professionnels dont le seul diplôme est le BAFA, c'est-à-dire huit jours de formation. Ce secteur est celui qui crée le plus d'emplois en France, or c'est un des rares métiers que les jeunes ne peuvent pas apprendre à l'école. Il convient de créer des formations plus poussées pour ces animateurs sous-qualifiés, à l'instar de celles proposées par les IUT-carrières sociales. Enfin, il y a un vrai problème d'information sur ce que font les jeunes enfants et la manière dont ils s'occupent en dehors de l'école, alors qu'en revanche on dispose d'études extrêmement complètes sur les pratiques culturelles des Français de plus de quinze ans et qu'on est capable de décrire par le menu les comportements des jeunes à l'intérieur de l'école. Il faut aussi une revalorisation du rôle des partenaires de l'école pour structurer notre action sur le temps libre, dont le secteur marchand a bien saisi les enjeux .” Hubert Peurichard pose la question du financement : “ nous avons évoqué un droit des jeunes à la qualification et à l'insertion, présent dans la loi de lutte contre les exclusions. Mais avons-nous dégagé des moyens suffisants pour répondre à ces attentes ? Je ne le crois pas. Il faut faire des propositions alternatives aux jeunes qui s'apprêtent à quitter le système scolaire. Il faut anticiper les ruptures, proposer des projets mobilisateurs et tenir nos promesses, nos engagements. /54 Révélation d’une tension forte entre le professionnel, le social et le scolaire, suppression de la division amont/aval au profit d'une logique de passage de relais, existence de pré-carrés, de logiques professionnelles qui conduisent trop souvent à des montages précaires négligeant les jeunes et qui font perdre de vue aux partenaires l’objectif poursuivi, à savoir l'intégration des jeunes…, les écueils qui mènent aux stratégies éducatives pour la réussite sont nombreux. T a b l e r o n d e /C Je terminerai par une idée implicite à nos échanges : nos sociétés actuelles connaissent une phase de transition dans laquelle les institutions traditionnelles sont remises en cause et doivent se repositionner, et dans laquelle de nouveaux acteurs institutionnels émergent… Les stratégies éducatives pour la réussite “ Tout le monde s'accorde sur le fait de dire que l'école ne peut plus tout faire toute seule. Néanmoins, si son rôle diminue, l'école conserve un sens symbolique extrêmement fort. Il ne faut pas chercher à faire une loi, un décret ou un manifeste national sur le partenariat ou une stratégie éducative nationale, mais promouvoir des actions locales différenciées. Il faut mettre en place des dispositifs pragmatiques et à taille humaine. Nous avons aussi besoin de faire des efforts sur la construction de projets car, à l'heure actuelle, ne peuvent élaborer de projets que les jeunes qui ont déjà une certaine autonomie et une liberté de choix. éducation Des solutions consensuelles ont toutefois été dégagées par Françoise Cros : /55 Ces repositionnements institutionnels, qui entraînent des repositionnements identitaires, expliquent une bonne partie de nos difficultés.“ T a b l e r o n d e /D éducation Table-ronde animée par Olivier SAMIN, journaliste à Europe 1, avec : Arnold BAC, chargé de mission à la ligue française de l’enseignement. Pascal BAVOUX, directeur de Trajectoires. Hubert CHARDONNET, adjoint au maire de Rennes. Sonia HENRICH, inspectrice d’académie des Bouches-du-Rhône. Dominique PAPIN, membre du conseil national de la fédération des parents d’élèves des écoles publiques. Francine LABADIE, chargée de mission au commissariat général du plan. Modératrice : Françoise LORCERIE, chargée de recherche à l’IREMAM/CNRS. Pour un projet éducatif local Faire travailler ensemble, et non pas côte à côte, tous les acteurs qui participent à l’acte éducatif sur le terrain, tel est l’enjeu du projet éducatif local. “ Cette notion, de conception nouvelle, suppose que chacun se projette dans l’avenir afin de participer à la construction d’un système organisé pour combattre des situations vécues comme difficiles ”, définit en introduction Françoise Lorcerie, chargée de recherche à l’IREMAN (Institut de recherche sur le monde arabe et musulman). “ Les bonnes volontés, même réunies, ne suffisent pas.“ /56 “ Il semble en effet que, dans la pratique, les acteurs des projets éducatifs éprouvent des difficultés à identifier la logique de fonctionnement des projets. Les acteurs souhaiteraient parfois faire coexister simultanément plusieurs logiques. Cela me semble très difficile. Nous pouvons en effet recenser plusieurs logiques différentes, voire divergentes. Certaines réclament une participation accrue des acteurs et en appellent à la citoyenneté des jeunes et des familles : la logique relève alors de la démocratie participative et implique une réflexion quant à la place d’une telle légitimité dans notre système de relance de la politique de la ville. D’autres logiques privilégient l’implication des municipalités et préconisent un fonctionnement démocratique organisé autour des institutions existantes. Enfin, il est possible de s’orienter vers une logique de type technocratique, fondée sur le travail d’institutions à même de s’entourer d’associations. Le principe de ce mode de fonctionnement repose sur une capitalisation des compétences et des énergies. “ T a b l e r o n d e /D Pour un projet éducatif local “ La notion de projet éducatif local soulève également des questions complexes. Il importe en premier lieu de définir précisément le champ opératoire de manière à ce que les intentions soient suivies d’effets. Pour cela, il convient entre autres de déterminer les acteurs et les bénéficiaires du projet. Tout d’abord, il est important que le projet éducatif local concerne tous les jeunes, et pas seulement les jeunes en difficulté. Nous devons penser les dispositifs et les formes d’encadrement dans une optique globale, qui regroupe la diversité des intérêts. Le fait d’initier un projet éducatif local dans des quartiers où existent des difficultés ne doit pas non plus conduire à un nivellement de la qualité par le bas ; au contraire, il faut offrir ou rendre accessible à tous la meilleure qualité possible. “ éducation “ L’articulation de ces logiques reste à discuter. C’est un travail délicat puisque l’éducation rassemble un grand nombre d’instances et de personnes compétentes et intéressées : les parents, l’école et l’Éducation nationale, mais aussi les collectivités locales et un grand nombre d’associations. “ “ Enfin, la mobilisation et la satisfaction des bénéficiaires supposent que soient mis en place des mécanismes de dialogues “. Sur le terrain, ces caractéristiques génèrent un certain nombre de questions pratiques : comment organiser ces convergences éducatives à l’échelle d’un quartier et dans la durée, comment traiter les divergences d’appréciation et comment prendre des décisions qui garantissent la meilleure efficacité en satisfaisant l’ensemble des acteurs ? … /57 “ Les aspects matériels sont très importants “, souligne Françoise Lorcerie. “ La mise en place d’un projet éducatif doit en premier lieu résoudre les problèmes de locaux. Il faut définir un espace partagé dans lequel les différents représentants des acteurs de l’éducation pourront se rencontrer pour éprouver la convergence des projets dont ils sont porteurs, pour améliorer l’articulation de ces projets ou pour développer des aspects particuliers. En outre, la dénomination de ce lieu commun revêt une importance toute particulière et doit notamment être lisible de tous, et notamment des jeunes et des parents. “ T a b l e r o n d e /D … Pour assurer la convergence du projet, il peut être utile de désigner un référant qui coordonne les réflexions et intègre dans le projet éducatif local, non seulement la dimension scolaire, mais aussi les différentes facettes de l’éducation hors école. Dans un souci de convergence des idées, il importe d’instaurer un partenariat qui dépasse une simple logique de services et qui s’oriente vers des objectifs de diagnostic, de délibération, de régulation et d’inter-évaluation. Les acteurs doivent donc organiser une forme de réciprocité et faire valoir leurs expériences.” Pascal Bavoux, sociologue et directeur du cabinet d’études Trajectoires, a pour sa part étudié 214 contrats de ville en cours. Il en dégage des grandes tendances : “ dans le volet “ éducation ” des contrats de ville existants, l’éducation apparaît comme une thématique importante puisque plus de 90 % des contrats la mettent en avant. Dans le même temps, force est de constater que l’approche est principalement centrée sur la réussite scolaire et l’obtention du diplôme. Il n’y a donc pas l’élaboration d’un discours spécifique de la politique de la ville dans le domaine de l’éducation : globalement, la politique de la ville s’est appuyée sur l’institution centrale qu’est l’Éducation nationale ; Il est à présent souhaitable d’accentuer la composante “ éducation ”, ce qui ne signifie pas qu’il faille éluder la question de la réussite scolaire. Mais la lutte contre l’exclusion dans le domaine de l’éducation ne peut pas se traduire uniquement par la lutte contre l’échec scolaire.” “ Je pense qu’il faut donc engager une réflexion quant aux éléments du contrat de projet éducatif local. La réussite scolaire est la mission prioritaire de l’Éducation nationale, celle-ci peut donc légitimement demander à bénéficier d’aides dans le cadre du projet éducatif local. Mais il ne faut pas négliger les autres aspects : la responsabilité partagée suppose que les acteurs du processus éducatif se penchent sur un certain nombre d’éléments relatifs aux processus producteurs d’exclusion dans la vie de l’enfant et dans la vie du jeune, y compris lorsque celui-ci va entrer dans vie active “. /58 Pour Francine Labadie, chargée de mission au commissariat général du plan, des enseignements intéressants peuvent être tirés de l’expérimentation d’aménagement des rythmes scolaires : à cette occasion, “ nous avons constaté que la T a b l e r o n d e /D “ Je pense également qu’une volonté politique forte est un atout essentiel. La dimension politique suppose notamment une adhésion de l’ensemble des acteurs autour de valeurs déterminantes, qui peuvent être les droits de l’enfant, mais aussi l’égalité des chances. Il est important de situer les actions politiques dans le contexte de la transformation de l’action publique en France, et notamment dans le cadre de la rénovation de l’action publique territoriale. Depuis la décentralisation et la crise de l’état social, la régulation politique a évolué et l’Etat est amené à co-construire ses actions avec une pluralité d’acteurs : collectivités territoriales, associations, acteurs privés du secteur marchand… Cette façon de produire l’action publique traduit une recherche nouvelle de la légitimité du politique : c’est un point important qui dépasse largement la question de l’efficacité. L’originalité des politiques publiques telles que préfigurée dans le projet éducatif local réside dans la tentative d’articuler l’efficacité et la légitimité des acteurs. “ Pour un projet éducatif local Nous pouvons attendre beaucoup de ce partenariat éducatif, notamment en termes de pratiques pédagogiques. Nous assistons dans ce domaine à des innovations importantes basées sur des actions communes et globales. Les parents s’inscrivent de plus en plus dans la démarche éducative, et participent fortement à la dimension évaluation. De la même manière, il apparaît que les associations peuvent se positionner autrement qu’en tant que prestataires de services.” éducation notion de partenariat éducatif avait fortement progressé. S’agissant d’une politique qui s’inscrit dans la durée, les acteurs ont donc pris l’habitude de travailler ensemble. “ Enfin, je tiens à aborder l’évolution de la notion de territoire. Nous ne nous trouvons plus dans le cadre classique des constructions de territoires politico-administratifs telles que la répartition des compétences le prévoyait, ni dans des territoires d’espaces de gestion au sens de zones particulières : nous sommes dans des espaces politiques nouveaux qui sont des espaces de sens partagé entre acteurs.” … /59 Dans ce contexte, quelle doit être la place des municipalités ? Selon Hubert Chardonnet, adjoint au maire de Rennes, “ on entend ainsi parler, à propos de T a b l e r o n d e /D … l’intervention dans l’école d’acteurs extérieurs, d’une soumission à l’arbitraire des politiques électoralistes de certaines municipalités. Une telle analyse révèle une forte méconnaissance des réalités du terrain et de l’action des municipalités depuis quinze ans. En effet, le risque de municipalisation est un fantasme. Le soupçon de municipalisation veut-il dire que toutes les actions nationales seraient par essence porteuses de toutes les qualités, et garantes des cohérences éducatives, alors que les actions locales seraient par nature suspectées de desseins inavouables et motivées par des raisons électoralistes, les élus étant prêts à soumettre l’école à leurs intérêts personnels ? Il ne peut pas y avoir de partenariat, et donc de construction en commun d’un projet éducatif local, si la légitimité de chacun n’est pas reconnue. “ L’importance du formalisme est aussi à souligner. “ Il n’est pas aisé de bâtir ensemble un projet à partir de démarches de partenariat. L’expérience montre que l’institutionnalisation est un élément favorable à une telle construction. Pour éviter des modifications dans le temps, les partenaires ont besoin de dispositifs contraignants qui créent l’obligation d’une contractualisation, d’un travail en commun, et qui délimitent un territoire. Sans cela, il est très délicat de définir des objectifs communs, des méthodes, des moyens et des outils de suivi et d’évaluation. Sur ces questions, je pense que le contrat éducatif local est le premier texte ministériel qui non seulement reconnaît formellement dans son contenu la notion de projet éducatif local, mais encore met en place un dispositif contraignant, amenant les uns et les autres, y compris les municipalités, à entrer dans ces démarches. C’est un point essentiel.” “ Le risque de municipalisation est en effet une critique fréquemment adressée par les syndicats enseignants. Cette notion est apparue au moment de la création de la charte pour l’école du 21ème siècle, mais aussi dans le cadre des contrats éducatifs locaux “ commente Sonia Henrich, Inspectrice d’Académie des Bouchesdu-Rhône. “ Ma position personnelle est claire : il ne peut y avoir risque de municipalisation (encore faudrait-il définir précisément cette notion) que lorsque l’Éducation nationale ne joue pas son rôle. /60 Dès lors que l’un des acteurs abandonne une partie de ses prérogatives, il est évident qu’il peut y avoir des dérives : cela est déjà arrivé. Le moyen simple pour éviter de telles situations consiste à adopter une attitude de travail d’équipe solidaire autour du projet d’établissement. A partir de ce moment-là, le travail avec les communes ne peut se faire qu’en cohérence. “ T a b l e “ Pour répondre aux questions soulevées par Françoise Lorcerie, je vais m’appuyer sur les éléments que j’ai découvert en gérant ce projet dans la durée. Je suis convaincue que le partenariat se construit, et qu’en aucun cas il ne s’improvise. Lors du développement de notre projet, nous avons observé une construction progressive du partenariat. Nous avons tout d’abord bénéficié du soutien des associations, puis la région nous a apporté son concours : bien que n’étant pas directement concernée par la situation des collèges et des écoles, elle s’est fortement engagée dans le processus en demandant en contrepartie que le projet intègre la dimension de l’emploi. Par la suite, la ville de Marseille s’est jointe à nos efforts, de même que le ministère de la Jeunesse et des Sports et la Direction régionale des actions culturelles. Nous avons alors mis en place un comité de pilotage dirigé par le maire.“ Pour un projet éducatif local “ L’académie des Bouches-du-Rhône a acquis une expérience en menant un certain nombre de projets d’importance. Il y a quatre ans, nous avons par exemple initié un projet d’aménagement des rythmes scolaires ; ce projet éducatif local a rapidement évolué pour devenir un projet de quartier. L’objectif de ce projet consistait à mettre en place un système qui prenne en compte l’enfant dans sa globalité et à ne plus le traiter uniquement comme un élève. C’est à l’initiative d’un établissement scolaire - un collège - d’un quartier difficile que l’on doit la démarche : pour remédier au fait que les élèves étaient toujours fatigués l’après-midi, ce collège a envisagé de modifier les horaires, sans grandes précisions, mais sur la base de principes importants. A partir de là, les innovations sont venues du terrain.” éducation r o n d e /D “ Dans le cadre du projet que je vous ai présenté, les associations ont tardé à intervenir parce qu’elles éprouvaient des difficultés à se positionner. Dès qu’elles ont compris quel était l’intérêt de l’enfant et comment elles pouvaient faire évoluer leur participation sur le quartier en s’intégrant au projet, elles sont devenues extrêmement actives. “ … /61 Comment les parents d’élèves et les familles peuvent-ils trouver leur place dans la définition d’un projet éducatif local ? Selon Dominique Papin, membre du conseil national de la fédération des parents d’élèves des écoles publiques (PEEP), “ cela fait un certain nombre d’années que la PEEP considère que l’enfant doit être considéré dans sa globalité, et non pas de manière dissociée, en fonction de diverses T a b l e r o n d e /D … plages horaires ou de périodes de l’année. L’enfant doit être au centre de tous les dispositifs qui le concernent. A l’heure actuelle, nous assistons à un certain empilement de dispositifs qui nous laisse à penser que l’enfant n’est pas toujours au cœur des préoccupations. Chaque dispositif s’attache à améliorer ce qui existe, mais, en l’absence de centralisation, les mesures mises en place s’éloignent peu à peu des besoins réels de l’enfant. Pour appréhender au mieux ces besoins, il est nécessaire d’établir un diagnostic précis ; la réussite du projet en dépend, même si cela prend initialement beaucoup de temps. La période d’évaluation est également très importante. Nous avons trop souvent assisté à la mise en place d’expériences et de dispositifs sans aucun suivi en termes d’évaluation concrète. La bonne lisibilité du projet est aussi une condition essentielle. En favorisant la compréhension des dispositifs, nous permettrons aux parents d’élèves d’assumer leur position, à l’heure où un certain nombre d’entre eux n’osent plus franchir le seuil de l’école parce qu’ils se sentent eux-mêmes en difficulté par rapport à l’institution. “ /62 Arnold Bac, chargé de mission à la ligue française de l’enseignement suggère : “ Pour que les acteurs du projet éducatif local conservent un esprit critique à l’égard du dispositif qui les concerne, il me semble intéressant de faire appel à des chercheurs, mais aussi aux associations, qui sont à même de présenter un point de vue collectif, mais distancié par rapport à ce qui se passe sur le terrain. Il faut en effet analyser régulièrement la traduction concrète et locale du dispositif pour savoir si la trajectoire des objectifs initialement proclamés est toujours respectée et si le sens des actions engagées est toujours le bon. Un bon partenariat peut être amené, au cours du temps, à modifier les principes initiaux. Il est fondamental de garder à l’esprit les raisons qui ont motivé le projet éducatif local parce que le quotidien fait parfois oublier ces éléments. Je pense que les gens qui agissent sur le terrain sont les mieux placés pour évaluer la qualité des actions et pour mesurer l’écart entre la théorie et la pratique. Ils sont le meilleur révélateur de la réalité du terrain. “ Les différentes interventions ont prouvé qu’il fallait dépasser la logique instrumentale telle qu’elle a prévalu dans les démarches contractuelles au cours des années 80. Nous sommes désormais confrontés à des enjeux majeurs, qui touchent à la démocratie et à la manière de vivre ensemble “ déclare Francine Labadie. T a b l e Pour Françoise Lorcerie, “ il est question d’une nouvelle façon de concevoir les décisions et de les mettre en œuvre : cette nouvelle volonté gouvernementale pourrait faire l’objet d’un code qui encadrerait la façon dont les institutions, les collectivités et les associations sont amenées à travailler autour du projet éducatif local. Nous avons parlé de sens (sens partagé, territoire du sens…), mais je pense que nous n’avons pas assez insisté sur les divergences et les conflits qui sont pourtant fréquents sur le terrain “. Pour un projet éducatif local “ La question éducative est centrale par rapport à cet enjeu démocratique qui doit guider les acteurs, principalement les acteurs politiques. Il me semble que la principale question concerne plus aujourd’hui le rôle de l’Etat que celui des collectivités et des acteurs locaux. Il faut redéfinir le rôle de l’Etat, qui peut jouer un rôle essentiel en matière de régulation : il est garant d’un certain nombre de principes de fonctionnement, de l’égalité, de la justice sociale, de l’équité. Cette orientation est très importante “. éducation r o n d e /D /63 Car la question du langage commun et de la communication est fondamentale. “ Souvent, ce sont les associations qui servent d’intermédiaires sur le terrain et de fournisseurs d’un langage commun entre les différents acteurs et les parents et les jeunes “, résume en conclusion Françoise Lorcerie. “ Il reste à définir les lieux et les espaces de transition dans lesquels cette transmission peut s’opérer, espace qui permettrait aux parents d’acquérir les compétences nécessaires à l’interpellation des institutions, des associations et des services municipaux. Cet espace pourrait également être utile aux professionnels de l’école. Les enseignants pourraient ainsi s’approprier les formes d’échanges, les formes verbales qui prévalent dans tel ou tel espace et avec lesquelles ils ne sont pas forcément familiers. J’ai l’impression que cette idée de langage commun à acquérir devrait donner lieu à plus de réflexion. “ Intervention Les actions en direction des jeunes e veux poursuivre le débat sur les eunes en détaillant les quelques pistes que l'on peut modestement avancer. La ville est à la fois unique et multiple, c'est un lieu de souffrance et d'espoir, de violence et de solidarité. Quant à la jeunesse, elle est aussi diverse et ambivalente que la ville. J'en ai assez des études compassionnelles, tout comme Philippe Meirieu, et, surtout, tout comme les jeunes concernés. Ministre de la jeunesse et des sports “ Je voudrais que ces jeunes aient davantage la parole car ils sont en recherche de comportements adultes, d'accompagnement, de respect, de considération, de reconnaissance, de visibilité et de dialogue. “ Malgré leur méfiance justifiée, du fait de leur manque de perspectives, ils aspirent au contact et à la discussion. Les actions mises en place En juin 1997, à l'occasion des rencontres locales de la jeunesse, lorsque je leur ai proposé une loi générale sur les droits des jeunes, ils m'ont répondu qu'ils ne voulaient plus de ce genre d'initiatives confinant au vœu pieux et qu'ils préféraient des actions moins spectaculaires mais immédiates, concrètes, pratiques et /64 Marie-George Buffet “J décentralisées. A l'issue de ces rencontres, j'ai donc élaboré soixante-dix mesures, directement applicables, en collaboration avec les représentants des cent mille jeunes présents. Cependant, l'innovation ne suffit pas à obtenir l'efficacité et la consultation est aussi difficile qu'elle nécessite de temps. L'autre problème réside dans le risque de coupure vis-à-vis de la base et d'institutionnalisation des représentants des jeunes au contact des entourages locaux des préfets et des ministères concernés. Le forum est donc difficile à faire vivre et à animer car ces espaces de dialogue, ces agoras peuvent très vite se refermer sur eux-mêmes. J'insiste donc sur le fait que la responsabilité des adultes est d'essayer de répondre aux désirs de suivi et d'accompagnement formulés par la jeunesse. Les jeunes éprouvent et expriment un besoin fort de parrainage ou de tutorat. Et s'il est vrai que les jeunes s'engagent insuffisamment aujourd'hui, ils bénéficient quand même d'un passé riche et divers qu'il nous appartient de révéler et de faire fructifier grâce à un travail constructif de confrontation. L'éducation doit aussi se faire par l'emploi. En ce sens, les emplois-jeunes permettent à ces derniers de découvrir le salariat, la citoyenneté et l'utilité sociale. Ces jeunes qui travaillent et que j'ai rencontrés, la semaine passée, se sentent reconnus et compétents. Cette expérience du travail les transforme complètement et leur donne des envies de formation supplémentaire et de professionnalisation accrue. L'emploi demeure naturellement une réponse clé aux besoins des jeunes. Je voudrais, à présent, parler des contrats éducatifs locaux qui constituent une autre forme de participation éducative. Je suis allée voir mes collègues pour amorcer une action interministérielle durable destinée à satisfaire les jeunes et les enfants. “ Cette action s'est concrétisée par la création de ces contrats éducatifs locaux qui consacrent l'existence d'un partenariat actif de tous au service de la jeunesse. Marie-George Buffet Plus largement, il s'agit de réfléchir à la façon dont nous pouvons donner la possibilité aux jeunes de s'exprimer à travers le sport, l'art ou la culture. Cela implique l'évocation de la notion d'éducation populaire, qui n'est pas qu'une réussite passée et qui doit être remise à l'ordre du jour après une redéfinition de ses missions. L'éducation populaire passe, entre autres, par le mouvement associatif. C'est une dimension nouvelle que nous avons reconnue et consacrée lors des assises de la vie associative. Je me félicite donc de toutes les ouvertures faites en direction des associations juniors pour favoriser l'engagement, l'implication et la prise de responsabilité des jeunes. Quand je suis arrivée au ministère, je me suis aperçue que l'on multipliait les expériences et les dispositifs dérogatoires. J'ai trouvé ces formules formidables car elles encouragent la réalisation, l'épanouissement des jeunes et permettent une égalité des chances. Mais ces formules sont aussi insuffisantes car elles ne demeurent que des expériences faites par mon seul ministère. “ Les besoins de formation exprimés par les jeunes révèlent des demandes diverses et différenciées qui appellent des réponses aussi variées et ayant recours au sur-mesure, au cas par cas. Il faut donc un travail interministériel soutenu pour satisfaire ces aspirations légitimes. Enfin, je souhaite évoquer le sport. L'exploit de la Coupe du Monde, c'est bien sûr Zidane, mais c'est aussi une équipe et un enthousiasme général, une … /65 Les perspectives à venir Ministre de la jeunesse et des sports Intervention Intervention convivialité solidaire et festive. Le sport peut donc favoriser la victoire de l'éducation et de la citoyenneté au travers d'un bonheur partagé. Par conséquent, nous avons lancé avec Claude Bartolone l'initiative “ 1-2-3 à vous de jouer ”, qui vise à permettre aux jeunes de réaliser des /66 Ministre de la jeunesse et des sports Marie-George Buffet … projets d'ouverture aux autres, en les aidant sur le long terme et en les impliquant fortement dans la réalisation de tels projets. “ En définitive, je veux rappeler que l'éducation ne signifie pas seulement apprendre, mais aussi apprendre à se connaître soi-même et apprendre à être bien dans sa peau. “ Intervention Introduction En guise d'introduction, je voudrais vous parler du roman de Russel Banks intitulé “ De beaux lendemains ”. Dans ce livre, un avocat cherche à comprendre pourquoi un car scolaire américain s'est écrasé un jour dans un ravin, tuant ainsi plusieurs enfants. L'avocat mène son enquête et constate que, finalement “ les enfants ont disparu depuis qu’ils sont violents dans les rues, comateux dans les centres commerciaux ou hypnotisés devant les télévisions. Par conséquent, tenter de protéger les enfants n'est guère plus qu'un exercice complexe de refus. Les fanatiques religieux et les super patriotes tentent de protéger leur progéniture en la rendant schizophrène. Ils l'abandonnent progressivement à des pensionnats privés ou religieux et divorcent afin d'assouvir une sexualité débridée. Les classes moyennes achètent ce qu'elles peuvent et transmettent ces “ valeurs ” tels des bonbons empoisonnés pendant que les noirs des villes et les blancs pauvres des campagnes vendent leur âme, par convoitise vis-à-vis de ceux qui justement tuent leurs enfants. Seule la rage permettra, conclut-il, de retrouver un peu d’espoir. ” Philippe MEIRIEU entends réfléchir avec vous sur quelques questions susceptibles de nous faire progresser ensemble sur les rapports entre l'éducation et la ville. Le thème de l'éducation et de la transmission des valeurs est un thème d'actualité particulièrement difficile. Dans un premier temps, je voudrais rappeler que la transmission sous toutes ses formes est au cœur du processus éducatif et, partant, au cœur de la construction de la société humaine dans son ensemble. J'évoquerai ensuite le fait que la transmission ne se réduit pas à la seule transmission de valeurs. Dans un troisième temps, je montrerai que, très souvent, la transmission prend aujourd’hui la forme d'une transmission de codes sociaux au travers de processus de communautarisation qui ne sont pas forcément constitutifs d'une socialité solidaire. Puis, je m'interrogerai sur la façon dont nous pourrions créer un partenariat susceptible de dépasser la logique de communautarisation, de fonder un lien social, une éthique du vivre-ensemble. Enfin, je montrerai que cette éthique ne pourra être crédible pour les jeunes que si elle s'inscrit dans une promesse politique forte. La transmission sous toutes ses formes est au cœur de l'éducation Transmettre est un impératif, ne pas transmettre est une démission. En effet, l'enfant qui vient au monde est infiniment démuni et il faut l’introduire dans le monde. La transmission est d’abord une socialisation, c’est l’apprentissage des règles de la domus qu'il faut accepter … /67 “J’ Directeur de l'Institut national de recherche pédagogique L'éducation et la transmission des valeurs Intervention … malgré tout ce qu'elles comportent de contraintes et d'obligations. L'intégration dans la domus suppose une certaine domestication de l'enfant, qui doit se soumettre à des horaires et à des codes. “ Sans doute, une partie de la crise de notre société tient au fait que toute une part de la transmission assurée traditionnellement par le tissu familial ne l'est plus aussi bien qu'elle l'a été. “ De même, la transmission faite par le milieu associatif est de moins en moins efficace du fait de la dérive de ce mouvement vers la consommation standardisée de loisirs au détriment de l'apprentissage du vivre-ensemble et des règles de la vie collective. On ne fait plus quinze jours de camp pour apprendre à vivre en société, on préfère trois jours de canoë-kayak, deux jours de parapente et un jour de peinture sur soie. /68 Nous sommes dans un univers où la transmission transgénérationnelle, tant scolaire qu'éducative, ne fonctionne plus aussi bien. L'école n'est qu'un des éléments du système éducatif, à côté des parents et des corps sociaux constitués, qu'ils soient politiques, religieux, sportifs ou culturels. Ce qui ne se transmet plus et ce que nous pourrions essayer de transmettre Sans être outrancièrement bourdivin, on peut reconnaître que la transmission des codes sociaux a été instrumentalisée très largement dans des rapports de domination. J'ai appris comme beaucoup d’adultes d’aujourd’hui à ne pas répondre aux adultes, à respecter mes professeurs. Nous avons appris qu'à l'école, le problème n'est pas de savoir mais de montrer qu'on sait, surtout quand on ne sait pas. Nous avons appris que dans bien des situations sociales, le respect formel de la discipline est plus important que l'adhésion aux valeurs construisant ces situations. D'aucuns regrettent avec nostalgie ce temps d’une transmission transgénérationnelle qui paraissait efficace tandis que d'autres se réjouissent du fait que les codes sociaux ne fonctionnent plus autant et de façon aussi discriminatoire que par le passé. Nous avons en réalité, davantage reçu de nos professeurs et de nos parents des codes sociaux que des véritables valeurs. Les vraies valeurs ne se reçoivent pas. Elles se construisent et font l’objet d’une adhésion. Notre univers social est frappé aujourd'hui par une communication de connivence sociale, culturelle, générationnelle, ethnique ou politique. Cette connivence Au travers de la culture-jeune, les adolescents adhèrent de façon aveugle à des règles communautaires, qui leur fournissent une satisfaction immédiate ou l'espérance d'une satisfaction future. “ Dans le même temps, ils rejettent les règles sociales assurant la coexistence pacifique des communautés entre elles. Les bandes sont les formes les plus radicales des communautés de jeunes, parmi lesquelles on compte aussi un certain nombre de clubs sportifs et de groupes de musique. Or il est intéressant de relever que le fonctionnement de ces communautés est autrement plus autoritaire que celui de la société en marge de laquelle elles s'inscrivent. Il est donc hâtif de prétendre que les jeunes rejettent l'autorité sous prétexte qu'ils refusent l'autorité des adultes, Une communauté se développant sur ce type de fonctionnement ne parvient pas facilement à accepter l'existence de valeurs au-dessus de la communauté. Trop souvent, les jeunes ne font pas la différence entre les règles communautaires librement choisies et acceptées et la nécessaire adhésion à des règles sociales régissant la vie des hommes en société. Ainsi les communautés sont de formidables machines à dévoyer les valeurs telles que la solidarité, le courage, la patience, la ténacité, le pardon, la tolérance : ces valeurs, dès lors qu'elles sont mises au service d'une logique communautaire, peuvent perdre leur caractère de véritable valeur sociale. Paul Valéry rappelait en 1918 que la pire des découvertes n'est pas la capacité destructrice de l'homme mais la possible mise au service des valeurs à des idéaux pervers et tragiques. Il disait aussi que, pendant la première guerre mondiale, les grandes vertus des peuples ont engendré plus de maux que l'oisiveté n'a jamais créé Philippe MEIRIEU “ puisqu'au contraire, ils revendiquent parfois une soumission à l'autorité tyrannique des chefs de bandes. Beaucoup de jeunes, aujourd’hui, ne se déplacent qu'en groupes, qu'en bandes, engendrant ainsi un phénomène fusionnel à l'origine de leur conception des relations humaines et urbaines comme des rapports de force. … /69 est le signe de la montée en puissance très prononcée de la communautarisation. La communauté est différente de la société. La communauté se fonde sur l'existence de forces centripètes où les individus adhèrent à un même idéal, s'incarnent dans un même leader ou partagent leurs goûts dans le cadre des mêmes loisirs. Nous ne saurions vivre sans communautés de proximité sécurisantes. Directeur de l'Institut national de recherche pédagogique Intervention Intervention … de vices. “ Tant d'horreurs n'auraient pas été possibles sans tant de vertus et d'application à les mettre en œuvre. ” Les communautés constituent un outil dévastateur de recyclage des valeurs en autant d'instruments d'intolérance et de barbarie. La communautarisation doit être impérativement accompagnée d'une formation à la socialisation /70 Comme Clisthène il y a vingt cinq siècles, nous devons fonder un forum, une agora qui permette de surseoir à la violence et facilite la discussion constructive. C'est d'ailleurs cette même recherche des fondements de la socialité au travers des chevaliers de la Table Ronde que l'on retrouve dans l'Essai sur le don de Marcel Mauss. La socialisation suppose une loi indiscutable, précisément parce qu'elle permet de discuter de tout le reste. Cette loi impose le sursis à la violence et permet l’accès à la parole socialisée. Mais elle recèle une difficulté éducative majeure en ce qu'elle représente elle-même une violence à l'égard de ceux sur lesquels elle s'exerce. La socialité citoyenne doit promouvoir des règles universelles au-dessus des règles communautaires ou affinitaires, même si pour cela nos “ enfants bolides ”, qui passent à l'acte en permanence, doivent inévitablement consentir des sacrifices. En effet, les enfants, de quelque milieu qu'ils soient, passent de plus en plus rapidement à l'acte dès qu'ils sont mécontents, inquiets ou troublés, sans avoir recours à la réflexion et au sursis qu'offrent la parole et le dialogue. La crédibilité de l'éthique du vivre-ensemble suppose une promesse politique forte Les responsables éducatifs comme les responsables politiques doivent favoriser la promotion de règles sociales et non communautaires. J'ai fait partie de ceux qui ont placé l'affection réciproque entre les membres d'une société comme étant la finalité à atteindre avant tout. Désormais, je ne le crois plus. Je crois aujourd'hui que la responsabilité politique et sociale en matière éducative implique l'apprentissage du vivre-ensemble même si l'on ne s'aime pas, même si l'on ne partage pas des valeurs identiques, même si l'on ne croit pas à un idéal similaire. La force de la société est de construire des règles permettant à des individus dissemblables de cohabiter pacifiquement. La vie en société, pour autant qu'elle est indispensable, n'en est pas moins difficile. En tout état de cause, elle requiert l'abandon des initiatives ou des pratiques compassionnelles simplistes qui ne font qu'encourager les tendances communautaristes. En effet, favoriser la communautarisation, c'est prendre des risques graves, c'est s'interdire de réfléchir aux conditions d'existence de la société, c'est-à-dire à la Intervention La loi suppose toujours l'acceptation d'un interdit, il serait démagogique de dire le contraire. L'interdit est toujours là : en particulier, l’interdit de la violence est indispensable. Pour autant, un interdit n'est éducatif que lorsqu'il promet, laisse espérer des satisfactions futures supérieures, en compensation des frustrations immédiates que l’on accepte de consentir. “ L'école a longtemps mis en avant les chances de promotion économique et sociale. Elle permettait une ascension et une mobilité sociales motivantes. On se soumettait donc aux règles en vue d'obtenir une promotion future, ce qui nous a valu de faire d'un petit-fils d'agriculteur un Président de la République, en la personne de Georges Pompidou. Or plus rien de tout ceci ne se vérifie aujourd'hui; nous savons aujourd’hui que nos enfants auront, pour la première fois de notre histoire, un niveau de vie inférieur au nôtre et que la promotion sociale est désormais davantage incarnée par un parcours tel que celui de Zinedine Zidane que par l'école. D'ailleurs, les musiciens des groupes I'AM ou NTM s'enorgueillissent de ne pas avoir fini leur scolarité. Comment satisfaire les jeunes qui rechignent à suivre le précepte “ travaille et tu réussiras ”, répété de façon toujours moins crédible par leurs parents, des jeunes qui s'adonnent sans cesse davantage aux logiques des bandes dont la perspective de plaisir immédiat est toujours plus tentante ? Le sursis à la violence doit donc comporter une Philippe MEIRIEU La pérennité de la société exige ce que Jürgen Habermas appelle un “ patriotisme constitutionnel “, autrement dit une volonté d'accepter une règle commune, une loi fondatrice qui ne se transmet pas mais se construit. Simplement, le patriotisme était plus facile à l'époque de Jules Ferry où il se constituait sur la recherche d'un bouc émissaire. Aujourd'hui, le nécessaire patriotisme constitutionnel est donc très difficile à enseigner et à transmettre. Il doit sans doute être construit par le travail commun des tissus locaux, politiques, scolaires et parentaux autour de la refondation du forum, de l'agora, du lieu d'expression du discours raisonnable. Certes, mes propos sont faciles à tenir et difficiles à mettre en œuvre, mais leur objectif doit être absolument poursuivi. … /71 cohabitation des différentes communautés au sein d'un même espace social. Directeur de l'Institut national de recherche pédagogique “ Tout le problème est donc de pouvoir promettre aux jeunes un avenir qui les fasse renoncer à la violence et accepter l'interdit fondateur de l'organisation sociale et de la citoyenneté. Intervention … promesse suffisamment forte pour susciter l'adhésion des jeunes au respect du pacte démocratique. La question des valeurs pose celle du sens même de notre vie collective. Les partenaires éducatifs sont-ils capables de convaincre les jeunes du fait que notre projet social vaut bien plus que le sacrifice des feuilletons télévisés, la renonciation à l'école buissonnière et toutes ces autres choses qui semblent, à court terme, infiniment plus attractives ? Auparavant, les promesses étaient tenues grâce aux possibilités qu'offrait le boom économique ; dorénavant, nous promettons mais presque plus rien n'arrive, les jeunes ne nous croient plus. “ Il nous appartient de réfléchir à la construction d'espaces de socialisation, d'intersection communautaire pour déterminer ce que nous pourrons véritablement promettre aux jeunes qui joueront le jeu du respect de la parole socialisée. “ /72 Si nous ne pouvons pas toujours leur promettre de l'emploi, il faut quand même leur promettre quelque chose dans lequel ils puissent se reconnaître, s'impliquer et trouver, à terme, plus de satisfaction que dans la violence gratuite immédiate. Pour autant, je ne sais malheureusement pas si nous sommes capables d'incarner cette promesse-là et de la manifester dans notre vie quotidienne. C’est là le défi auquel nous sommes confrontés et devons répondre, tant au niveau local que national. En réponse aux questions de la salle, Philippe Meirieu propose quelques clés pour aider les acteurs éducatifs à formuler “ une promesse crédible et soutenable “ : J'essaie, pour ma part, de faire se rencontrer des communautés différentes autour de la médiation d'un objet artistique ou théâtral. Cela ne constitue pas une solution miraculeuse, mais c'est une bonne manière de sortir du face à face ou du corps à corps intercommunautaire. Sortir de l'épreuve de force, c'est se donner une réalité objectale permettant de découvrir l'accession à la socialité et les richesses du sursis à la violence. En effet, on ne traite pas le malaise des prédélinquants en les isolant, mais au contraire en augmentant la mixité sociale et en introduisant un objet tiers, ce qui permet de dépasser les réactions de violence initiales. L'activité artistique favorise une meilleure connaissance de soi et conduit à des réalisations dont on peut tirer satisfaction. “ Ils doivent convaincre les jeunes du fait que les savoirs scolaires ne sont pas des outils fossilisés utilisés dans une sorte de parcours du combattant qui leur est imposé par des professeurs sadiques. Au contraire, la culture représente ce qui nous permet de nous relier aux autres, de communiquer sans violer sa propre intimité, sans “ se faire psychanalyser ”. Je pense que beaucoup de jeunes en ont assez qu'on interprète leur malaise et qu'on leur fasse des leçons sur leur Oedipe. L'exigence intellectuelle, l’échange autour de médiations culturelles doivent être impérativement préférés à la compassion clinique. J'ai l'intime conviction que l'existence des communautés est légitime, mais qu'il faut lutter contre leurs tendances exclusives et tyranniques. Ceci est aussi valable pour les groupes d'adultes, ceux, par exemple, où le téléphone est utilisé en permanence pour rappeler à chaque instant la primauté de la communauté sur la personne et sa vie privée. Les communautés sont satisfaisantes dès lors qu'elles ne sont pas mortifères et qu'elles n'emprisonnent pas leurs membres dans leur logique exclusive, c'est-à-dire dès lors qu'elles autorisent le dialogue intra et inter communautaire. Je suis favorable à une sensibilisation accrue des parents, à un renouveau associatif qui mette le holà à la consommation effrénée de produits standardisés, et préfère le développement des médiations culturelles. Il faut montrer que la transmission des savoirs n'est pas un obstacle à l’épanouissement de chacun mais, au contraire, un moyen de comprendre qui nous sommes et de savoir que nous ne sommes pas seuls. Pour ambitieux qu'il est, ce programme n'en est pas moins réalisable car l'accès à la vie sociale, comme transcendance à l'appartenance communautaire, est un déclic qui, une fois qu’il s’est produit, peut modifier radicalement le destin et les perspectives de quelqu’un. Les partenaires éducatifs doivent refonder l'agora pour reconstruire notre société et éviter le pire de ce qu’a produit notre fin de siècle : le syndrome Sarajevo. Philippe MEIRIEU Les professeurs doivent désormais substituer une promesse endogène de satisfaction des jeunes, à la promesse exogène, aujourd'hui peu accessible, de promotion sociale. /73 “ Directeur de l'Institut national de recherche pédagogique Intervention Intervention La culture et les jeunes /74 Catherine TRAUTMANN Ministre de la Culture et de la Communication “J’ ouvrirai mon propos par une phrase d'une jeune fille de seize ans, issue des quartiers difficiles de Strasbourg, qui disait : “ Lorsque je vais au théâtre, je veux y découvrir qui je suis ”. Je commence avec cette phrase car elle souligne l'important rôle de la culture au service du social. Or ce rôle est trop souvent négligé par les metteurs en scène, alors même qu'il soulève un problème identique à celui de l'éducation dans la ville. Pour moi, l'éducation dans la ville n'est pas du seul ressort de l'école, elle requiert l'implication du quartier, de la cité et de la ville qui sont le creuset d'une éducation. L'école ne peut donc pas assumer seule le travail d'éducation, c'est la raison pour laquelle nous avons mis en œuvre une coopération interministérielle. Cependant cette collaboration n'est pas toujours simple et nécessite la mobilisation de toutes les compétences. Eduquer, former, transmettre, ces axes sont au cœur de mon engagement politique et représentent des objectifs prioritaires pour l'ensemble des responsables. L'éducation est une responsabilité collective partagée par tous les adultes, tous les citoyens face à des jeunes inquiets, sceptiques ou en proie au doute. Les résultats de l'enquête sur les pratiques culturelles des Français montrent que l'offre culturelle s'est développée de façon considérable et a permis des progrès notables, mais que le problème réside dans le fait que le public touché est toujours identique. L'ouverture de lieux de culture à d'autres publics ne s'est donc pas réellement faite. La nouvelle action concertée de Claude Bartolone témoigne de cette volonté de sortir de ce cercle vicieux. Le siècle à venir révélera l'avènement des nouvelles technologies de l'information et de la communication et posera de la sorte la question de l'adaptation de l'éducation de façon cruelle. L'école devra intégrer le poids croissant de l'image et des industries culturelles pour réussir sa mutation. En effet, l'accélération du temps et la surabondance de l'information constituent un défi majeur à relever. La culture et les activités artistiques au service de l’éducation des jeunes Le projet éducatif est constitutif de la ville, constitutif de la cité dès lors qu'il est fondé sur l'égalité urbaine. Tous les membres d'une ville doivent avoir les mêmes facilités d'accès à une offre éducative démultipliée s'adaptant aux parcours de chacun, c'est-à-dire proposant à la fois une formation initiale classique et une formation continue tout au long de la vie. Dans ce cadre, la mobilisation des retraités inactifs pourrait favoriser la transmission continue, importante et solidaire de leurs compétences et de leurs expériences. sation des établissements culturels dans le sens d'une ouverture aux jeunes et aux pratiques amateurs. Le souci de la démocratisation de la culture implique donc de préférer la culture créative et vivante à la stricte culture cultivée. Une attention particulière portée à ces dimensions pourrait sans doute limiter leurs épisodiques explosions de violence, qu'ils attribuent à leur impossibilité de s'extraire de leur logement, de leur condition, de leur famille ou de leur école. Une circulation et une mobilité géographiques sont donc nécessaires. Par conséquent, nous devons nous interroger sur le fait de savoir quelle réponse la culture peut apporter à ces besoins exprimés par les jeunes. Pour ma part, je reste modeste parce que tout ce que j'ai pu expérimenter jusqu'à présent m'a montré qu'il n'existait pas de solution miracle unique. Je souhaite donc une rupture par rapport à un schéma de pensée qui invite à découvrir le projet salvateur car la culture requiert de la durée, mais aussi des relais et une pluralité de compétences. Je pense que les lieux culturels sont encore des lieux trop fermés, surtout pour ce qui concerne les théâtres et les opéras. La multiplication de l'offre culturelle ne suffit pas à créer la demande et à susciter le désir des jeunes en particulier. Il faut donc certainement rendre les contenus culturels plus proches des centres d'intérêts et des formes d'expression des jeunes et des publics cibles. Il faut également développer et institutionnaliser les pratiques amateurs. La multiplication des équipements culturels doit être accompagnée d'un véritable projet éducatif. Si cela n’est pas engagé, la culture continuera à s'adresser aux “ héritiers de la culture ” car la proximité géographique n'est pas la proximité sociale. C'est pourquoi j'ai demandé aux musées, aux centres d'art, aux théâtres d'inscrire dans leur mission cette priorité de l'éducation. La mise en œuvre de cette position passe par l'élaboration décentralisée de toute une série d'actions telles la création et le développement des contrats éducatifs locaux ou l'introduction d'une éducation artistique à l'école ou encore la remobili- Le contact entre les artistes et les jeunes, même s'il est parfois dur, revêt une importance décisive, tant pour les jeunes que pour le parcours des artistes en raison de sa qualité d'expérience enrichissante et stimulante. “ Catherine TRAUTMANN Il convient de savoir que les jeunes aspirent d'abord et avant tout au décloisonnement, à la liberté et à l'autonomie. … /75 “ Ministre de la Culture et de la Communication Intervention Intervention … “ Les lieux culturels ne sont, pas plus que l'école, des temples surannés du savoir destinés à accueillir les héritiers de la culture, mais doivent permettre l'initiation et l'éducation de tous. “ En ce sens, l'action des collectivités territoriales s'avère décisive et nous devons travailler de concert et sur le long terme pour mener à bien ce défi de l'accès à l'image, aux livres et aux œuvres. Offrir des activités artistiques aux jeunes en dehors des institutions scolaires permet de donner un nouveau cadre à l'éducation culturelle. Les nouvelles technologies, l’architecture et l’histoire, domaines privilégiés /76 Mon ministère a par exemple soutenu les espaces culture-multimédia tant ruraux qu'urbains à l'occasion de la fête de l'Internet, ce qui montre que cette logique de solidarité, de contact, de diffusion culturelle et de travail commun peut tirer un large profit des nouvelles technologies. Ce chantier de la révolution technologique est ouvert, même si nous ne sommes pas encore tous à l'aise avec ces moyens de communication modernes. En tout état de cause, mon ministère a été le premier à créer un site Internet et à numériser les collections du patrimoine culturel, ce qui a permis une diffusion accrue. Enfin, l'éducation dans la ville n'a de sens que s'il existe aussi une éducation à la ville. L'enseignement de l'architecture fait maintenant son apparition dans le cursus scolaire à titre expérimental et j'espère généraliser cette pratique qui favorise la nécessaire appropriation des lieux quotidiens de vie. Les modalités d'action doivent favoriser le traitement au cas par cas, sans pour autant dériver vers un traitement en ghettos. L'enjeu majeur de toute politique culturelle demeure donc bien l'identification et l'appropriation des lieux de culture et de l'environnement urbain. Nous avons réintégré dans nos murs la direction de l'architecture car, de même que le droit à la culture est inscrit dans notre constitution, l'architecture appartient à tout le monde et doit être ouverte à tous. Il faut gommer le clivage entre les villes délaissées, dont les habitants subissent la violence de la composition et l'agressivité de l'environnement, et les villes protégées et réglementées où les habitants jouissent des monuments historiques, des bâtiments classés et des quartiers préservés. Le dessin de la ville, la composition de l'environnement urbain prennent la dimension de fait de société en raison de l'influence qu'ils exercent sur les habitants. L'architecture doit donc participer de ce mouvement profond de “ Le rapport à l'histoire est fondamental et doit être pensé par rapport à cette mixité de la jeunesse d'aujourd'hui. “ Quant à la religion, la référence à l'Islam témoigne d'une appartenance culturelle à une communauté, même si elle ne s'accompagne pas d'une pratique assidue. Il faut réaffirmer et clarifier la laïcité qui respecte la liberté de croyance de chacun tout en dénonçant le prosélytisme et les signes ostentatoires d'appartenance à une communauté religieuse, de façon à renforcer le pacte républicain. “ Il faut donc un travail commun de tous les responsables éducatifs pour ranimer le pacte républicain, qui n'est rien d'autre que le vivre-ensemble réussi et revendiqué. “ Catherine TRAUTMANN Enfin, pour être pleinement assumées, la laïcité et la multiculturalité doivent prendre en compte les rapports historiques avec le Maghreb de manière objective, ce qui n’est pas le cas car l'histoire inculquée aux jeunes Maghrébins comporte des lacunes inadmissibles. La citoyenneté ne se décline pas sur une langue ou une nationalité mais sur les droits et la liberté. Les langues minoritaires doivent être enseignées sous peine d'un sentiment de mutilation ressenti par les jeunes. Le pacte républicain exige une rénovation. Et l'éducation civique n'y suffira pas car il existe des discriminations, notamment à l'embauche. /77 prise en compte des aspirations individuelles et collectives pour œuvrer à une éducation de tous. Le patrimoine ancien en tant que porteur d'identité et de cultures communes doit être rendu accessible à tous. Ministre de la Culture et de la Communication Intervention S y n t h è s e des travaux Synthèse animée par André BRUSTON, chargé de recherche à la DIV. atelier Synthèse des travaux d’atelier et des propositions d’action Jean-Louis AUDUC, directeur adjoint de l’IUFM de Créteil Jocelyne BAC, directrice du département développement, évaluation, méthode au FAS Claudine BANSEPT, chargée de mission au Conseil National des Villes Claude RENARD, chargée de mission à la DIV La ville et l’école, espaces de lien social et de mixités par Jean-Louis Auduc Rendre compte de la richesse des trois ateliers du thème B consacrés à la ville et l’école, espaces de lien social et de mixités, est une tâche rude. En effet, les débats, les discussions dans les ateliers “Aménagement urbain et éducation ”, “ la carte scolaire ”, “ la ville, espace de mixités ” ont été très fructueux. Je me contenterai ici de rapporter pour l’essentiel la synthèse des propositions qui ont été présentées. Les trois ateliers ont considéré qu’il était très important tant dans le domaine de l’urbanisme, que dans celui des transports ou de l’éducation, de mettre en avant deux nécessités : Ne pas faire seulement pour, mais avant tout AVEC les habitants en ne laissant personne au bord du chemin, afin que chacun puisse s’approprier les décisions prises, les aménagements effectués. ● ● L’exigence d’une politique forte, d’un message fort de l’Etat au travers de toutes ses institutions, tous ses services publics. Cette politique forte doit se traduire non seulement au niveau des textes, mais avant tout dans les pratiques. La question des ségrégations est un enjeu fondamental pour le Partenariat entre collectivités territoriales, associations, services publics de l’Etat. Il y a aujourd’hui, pour reprendre l’expression entendue dans un atelier, des quartiers, des établissements scolaires, qui sont dans des situations d’extrême urgence concentrant des populations en difficulté de toutes sortes (emploi, santé, logement...). /78 Des actions menées en commun par les collectivités locales, les institutions d’Etat, le mouvement associatif et l’école, souvent le seul Service Public présent en S y n t h è s e des travaux La ville et l’école, espaces de lien social et de mixités Dans cette logique, toutes les dimensions doivent être présentes dans les projets urbains, et notamment la dimension scolaire pour éviter que se mettent pas en place des établissements scolaires, concentrant des populations en situation difficile, tournant le dos à la nécessaire mixité sociale. Les établissements scolaires subissent les effets de la ségrégation urbaine. L’école est soumise aux effets des dynamiques urbaines : politiques de constructions, mouvement de population, concentration des populations modestes, aggravation des conditions de vie. atelier permanence dans ces quartiers, s’imposent d’évidence pour éviter que ces situations ne perdurent et également pour éviter qu’elles ne se créent. La question de la mixité sociale se joue au niveau de la ségrégation sociale et spatiale. L’école subit les effets de cette ségrégation urbaine dans la mesure où l’image du quartier déteint sur l’image de l’école. Cette constatation implique d’unifier les programmes et de traiter globalement les questions : rénover, réhabiliter les HLM, en oubliant de rénover ou réhabiliter l’école qui est en bas, c’est ne pas appliquer la nécessaire cohérence des interventions. De la même manière, la mise en place d’une mission pour l’emploi, le travail de prévention ne doivent laisser à l’écart ni un quartier, ni un service public, ni le mouvement associatif. Toute opération d’urbanisme devrait donc comporter une étude d’impact scolaire à l’image de l’étude d’aujourd’hui effectuée sur l’environnement, afin d’éviter les conséquences dommageables au niveau des établissements scolaires. Lutter pour une véritable mixité urbaine retissant du lien entre les quartiers, c’est permettre que la ville fasse sens aux yeux des habitants de tous les quartiers; cela passe notamment par une réflexion sur l’implantation, l’architecture, l’accessibilité de tous les équipements, sur les réseaux de transports, sur la diversification des formes d’habitat, sur des espaces d’écoute, de parole, de participation ouverts à tous. … /79 La ville doit se vivre en tant que lieu d’accueil et non d’exclusion. La ville est un lieu privilégié pour le développement de programmes de médiation, pour que tous les acteurs puissent se rencontrer, apprendre, travailler, évoluer et vivre ensemble, parce qu’elle rassemble et oppose, parce qu’elle est le lieu des expériences quotidiennes les plus douloureuses comme les plus stimulantes, parce qu’elle est le lieu de vie des jeunes et des moins jeunes. S y n t h è s e des travaux … La ville est trop souvent un espace de juxtapositions des quartiers et un lieu de cumul d’exclusions (chômage, logement...) ce qui la fait vivre comme un lieu d’atomisation et de segmentation. La ville doit être un espace de mixité retissant des solidarités, se posant la question des zones de contact, des coutures, des lieux de rencontres entre les quartiers pour que des femmes et des hommes d’origines diverses se rencontrent, parlent, s’entendent. Faire de la ville, non un archipel de quartiers à connotation spécifique sans lien, mais un espace citoyen ouvert à tous les habitants, imposent de refuser toute ghettoisation d’équipements. L’école, espace laïque de savoir et de citoyenneté, doit être ouverte sur son environnement et doit être un espace de mixités sociales, ce qui implique de réfléchir à l’évitement de certains établissements par des familles de classes moyennes ou des franges des classes populaires et à la constitution dans des établissements des classes “ ségrégataires ”. La logique du marché ne doit pas dicter la politique municipale, celle des divers services publics, notamment des transports, les stratégies des familles ou des établissements. Permettre de construire un projet citoyen de ville c’est : ■ Refuser l’enclavement de certains quartiers. Les transports, les politiques d’équipement doivent permettre à tous ceux qui habitent dans une ville de s’approprier l’ensemble des espaces et du patrimoine de la ville. ■ Faire de la population un acteur de ce qui la concerne. Les décideurs, les responsables des services publics, ne doit pas seulement agir pour, mais surtout avec les habitants. ■ Recomposer le fonctionnement urbain et social de la ville en permettant à tous les habitants d’avoir accès à des services publics de qualité, en inscrivant l’école, ses bibliothèques, ses gymnases dans un espace urbain ouvert à tous. ■ Favoriser la vie associative comme lieu d’engagement citoyen et d’actions dans les domaines sociaux, culturels et sportifs. le partenariat entre la ville, les services publics, dans le mouvement associatif dans une optique de prévention et d’accompagnement des diverses politiques menées. /80 ■ Développer Des questions ont surgi dans ce domaine concernant la responsabilité de l’Etat. La ville et l’école, espaces de lien social et de mixités La ville est le lieu de la communication ouverte, le lieu de l’intégration de populations diverses et aux normes culturelles et sociales variées se côtoient et s’articulent espaces fermés et espaces ouverts, espaces séparés et espaces fluides, espaces fonctionnels et espaces différenciés, espaces publics et espaces privés. Si toutes les cultures et les identités, si toutes les langues doivent être également prises en considération et respectées, la ville est et doit rester le lieu d’ouverture, du contact contre les fragmentations sociales, spatiales et linguistiques et “ contre ” l’exclusion qu’elles viennent du centre de la société, ou qu’elles viennent de la fermeture sur soi dans des quartiers: la ville doit être l’espace de la citoyenneté. atelier S y n t h è s e des travaux ■ Est-ce qu’une politique de mixité sociale ne nécessite pas une transformation profonde de la politique de l’Etat dans le domaine du logement pour que l’égoïsme local ne prenne pas le pas sur les valeurs républicaines ? ■ N’avons-nous pas des Services publics qui ont quelquefois des pratiques contraires aux principes dont ils sont porteurs ? Il faut également réfléchir sur les niveaux, les échelons des instances de régulation. Ne serait-il pas utile de réfléchir à des découpages administratifs plus proches des enjeux urbains, permettant aux citoyens d’être réellement acteurs de leur environnement ? Si l’on pense aux questions de transport, d’urbanisme, d’emploi, à la continuité du système scolaire de la maternelle à l’université, l’échelon de l’agglomération est un niveau particulièrement pertinent. La réflexion sur l’implantation des établissements scolaires: école, collège, lycée, IUT, Université, des filières, des options, est une question qui concerne tous les partenaires de la politique de la ville. … /81 En effet, la gestion de la - des - carte(s) scolaire(s) implique en aval et en amont tous les partenaires. Même si les responsabilités sont différentes : commune pour les écoles, éducation nationale pour les collèges et les lycées, il est clair que les différentes cartes s’influencent les unes les autres et qu’on ne peut les traiter isolément. L’Etat doit avoir exigences fortes et ses services doivent exercer un contrôle ferme contre toutes les dérives. S y n t h è s e des travaux … L’articulation des diverses cartes scolaires: école, collège, lycée, supérieur est un enjeu essentiel de partenariat entre les collectivités locales et les services de l’Etat. Aujourd’hui, la quasi totalité des jeunes sont scolarisés jusqu’en troisième, mais la mise en place d’un collège unique pour tous les jeunes a entraîné de nouvelles inégalités : ■ les différenciations se sont accrues entre les collèges; ■ 10% des inscrits des collèges publics ne sont pas dans leur secteur scolaire; ■ des classes de niveaux, des classes “ protégées ” se sont créées dans un certain nombre d’établissements. Cinq questions ont été proposées aux débats de l’atelier : ■ Comment prendre la question de la carte scolaire, du territoire scolaire le plus en amont possible? ■ Quelle cohérence entre l’offre scolaire et les politiques de logement et les transports? ■ Comment tirer parti des contrats d’agglomération, y articuler tous les éléments, y compris par exemple l’existence d’établissements privés? ■ Quels débats menés avec les familles? Quelles informations faire passer? ■ Comment rendre attractif un établissement scolaire sans y faire de ségrégation interne? Les intervenants dans le débat ont insisté sur plusieurs éléments : ■ Aujourd’hui d’après les études présentées, 20% des collèges des quartiers classés sensibles sont victimes d’évitement assez fort (le chiffre de 40% a été cité) et deviennent de plus en plus des collèges ethniques. Les établissement connaissent à l’heure actuelle une forte instabilité de leur personnel enseignant et apparaissent concentrer de telles difficultés que l’Ecole ne semble même plus en situation de pouvoir exercer sa mission. demandes de dérogation ont avant tout pour motifs : la mauvaise réputation de l’établissement; sa fréquentation qui peut avoir une mauvaise influence sur les élèves qui y sont scolarisés; les problèmes de sécurité. /82 ■ Les S y n t h è s e des travaux L’équipe de l’établissement en liaison avec les collectivités locales et les partenaires doit gérer l’efficacité pédagogique pour tous les élèves, la mixité et l’hétérogénéité sociale de ceux qui fréquentent l’établissement et les aspirations légitimes des familles à mettre leurs enfants sur un parcours de réussite. Quelques idées fortes sont venues dans le débat pour faire des établissements scolaires de véritables espaces de mixité sociale. atelier La construction de pôles d’excellence dans les établissements est un problème complexe. Cela peut certes entraîner une ségrégation interne, mais cela peut aussi redresser l’image de l’établissement, stabiliser les enseignants et éviter de perdre un certain nombre d’élèves. La ville et l’école, espaces de lien social et de mixités ■ ■ On ne combattra pas l’évitement de la part de certaines familles par des mesures purement administratives. Tout au plus pourra-t-on le freiner pour un temps limité. Il faut dans ce domaine tenir des comptes des aspirations des familles, en sachant que le reconnaître ne veut pas dire les agréer et donc présenter la mixité sociale comme un plus pédagogique et non comme une contrainte supplémentaire. ■ Pour des jeunes qui resteront dans le système éducatif en moyenne 18 ans, toutes les cartes scolaires s’imbriquent et tous les niveaux sont concernés. En vingt ans, le centre de gravité du système scolaire s’est modifié. En 1975, on était dans les 50% les plus instruits du pays quand on dépassait la classe de 3ème; en 1999 on est dans les 50% les plus instruits quand on dépasse Bac + 2. Ce déplacement considérable du curseur concernant la scolarité change le positionnement dans le système scolaire des collèges et des lycées fréquentés aujourd’hui par la grande majorité de la classe d’âge. Il est donc nécessaire concernant l’offre scolaire aux divers niveaux d’articuler les cartes scolaires. Cela implique une réflexion au niveau de l’agglomération concernant les options, les filières, les classes post-bac, les implantations universitaires. ■Travailler à refuser la ghettoïsation de certains établissements implique un engagement, un message fort de tous les partenaires pour : … /83 • Valoriser le parcours de réussite des jeunes ayant fréquenté les établissements des quartiers réputés difficiles. Il est souvent plus important de valoriser des parcours réussis de jeunes, plutôt que l’établissement abstraitement. S y n t h è s e des travaux … • Faire des établissements des pôles d’excellence pédagogique, des lieux d’efficacité pédagogique ce qui implique une politique claire de tous ceux qui sont concernés. L’Etat doit mettre en oeuvre des dispositifs permettant de mieux former les enseignants (cela commence à se faire dans certains IUFM) aux réalités du métier, de les stabiliser dans ces établissements. Il faut également envisager des formations communes à tous les agents des services publics et des collectivités locales intervenant sur le terrain. Les collectivités locales doivent prévoir pour ces établissements des équipements performants en matière de salles scientifiques, de multimédia, de CDI. La localisation des établissements scolaires, comme leur architecture doivent être soigneusement étudiés si l’on souhaite une ouverture maîtrisée de l’école sur la ville et ses habitants, et des espaces d’écoute et de paroles pour les élèves, les parents et les personnels. ■ Toutes les actions ne peuvent se mener qu’à moyen et long terme. Cela implique une politique claire des établissements. Attention à ne pas s’intéresser plus à la population qu’on veut accueillir plutôt qu’à celle qui y est actuellement. Cela nécessite également une politique de contractualisation concernant les postes et les financements afin de pouvoir mener sur la durée une politique de valorisation de l’établissement. construction d’outils de régulation à l’échelle locale (ville, agglomération) permettant la gestion de l’offre scolaire, la prévision d’effectifs, etc... passe par une contractualisation locale des moyens. Pour agit sur l’image des établissements, pour construire des filières de réussite pour tous les élèves, pour lutter contre les phénomènes de ségrégation, les stratégies sont obligatoirement à moyen et long terme. Elles impliquent donc une contractualisation dans la durée entre l’Etat, les collectivités locales et le mouvement associatif des moyens nécessaires au fonctionnement des établissements et aux activités post et péri-scolaires. /84 ■ La S y n t h è s e des travaux Les Contrats de Ville ou mieux d’Agglomération doivent permettre de poser collectivement et publiquement toutes les questions concernant le découpage des secteurs scolaires, la place de l’enseignement privé, les cartes des options, des filières, qui sont décisives pour éviter la ghettoïsation de certains établissements et peuvent permettre de faire que tous les acteurs de la Ville parlent d’une seule voix notamment pour expliquer - ce qui est la réalité confirmée par toutes les recherches - que l’hétérogénéité, la mixité des élèves d’origine, des couches sociales diversifiées est un facteur de réussite pour tous les élèves. La ville et l’école, espaces de lien social et de mixités Ces contrats sont une opportunité pour pouvoir, entre l’Etat, ses Services Publics, les collectivités locales, aborder de front un certain nombre de questions, décider ensemble une politique claire et forte en matière de mixité sociale, dans les établissements scolaires notamment en articulant les diverses cartes scolaires. atelier L’ensemble de ces points doit pouvoir se retrouver dans les Contrats de Ville ou d’Agglomération. Plus que d’autres peut-être, les questions relatives à la ségrégation, à la fracture scolaire, à l’évitement de certains établissements, sont des questions où il y a souvent un grand écart chez les enseignants, les responsables d’établissement, les élus locaux entre les discours et leurs pratiques. Cet écart entre le dire et le faire doit cesser. L’Etat, ses administrateurs, ses institutions doivent avoir un message, des consignes, des pratiques fermes concernant les valeurs républicaines. Nous sommes là dans un domaine où l’Ethique citoyenne, l’éthique républicaine individuelle et collective doit être au centre des réflexions. /85 Il n’est plus possible que des acteurs de l’éducation parlent en permanence de changer l’école et pour leur cas se contentent trop souvent de changer d’école. S y n t h è s e des travaux Une nouvelle place pour les familles dans la vie de la cité Une nouvelle place pour les familles dans la vie de la cité atelier par Jocelyne BAC Face à certains discours qui culpabilisent trop facilement les familles, nous avons convenu qu’elles n’étaient pas démissionnaires mais démunies et en désarroi. En conséquence, toute mesure de culpabilisation et d’individualisation des familles est dangereuse. Il convient au contraire de penser en termes d’appui et de mesures sociales générales. Reconnaisance des parents, valorisation des enfants Les familles connaissent actuellement des évolutions lourdes, qui ne sont pas toutes néfastes. Faut-il regretter le modèle patriarcal, et ses relations très peu individualisées avec les enfants ? La famille est peut-être simplement en train d’adopter des modèles parentaux plus équilibrés, et on ne peut pas vraiment le déplorer. En cette période de disqualification sociale des parents, notamment à cause du chômage, les familles sont plus que jamais dans l’obligation de régler les problèmes que posent les enfants. N’est-il pas possible de faire davantage confiance au pouvoir de ce formidable levier qu’est l’envie de voir ses enfants réussir ? Dans ce cas, tout doit être fait pour donner confiance aux parents, et pour les rassurer sur leurs compétences. La reconnaissance des parents doit transparaître dans le dialogue qui s’instaure avec les autres éducateurs de l’enfant. A ce titre, les lieux d’accueil parents-enfants jouent un rôle essentiel. Par ailleurs, on a beaucoup prétendu que les parents avaient démissionné à propos de l’école, alors que nous connaissons au contraire une situation de surinvestissement du scolaire. Ce surinvestissement peut nuire à la relation parents-enfants, dans la mesure où l’échec scolaire atteint alors des proportions dramatiques, l’élève prenant, aux yeux des parents, le pas sur l’enfant. Il faut absolument proposer d’autres entrées possibles pour la reconnaissance de la réussite des jeunes. La valorisation des enfants et de leurs compétences est importante. /86 Je souhaite également insister sur la responsabilité des institutions dans le regard disqualifiant porté sur les familles. Que faire face à la demande inflationniste des S y n t h è s e des travaux Une nouvelle place pour les familles dans la vie de la cité La formation à la communication est apparue essentielle pour tous les métiers qui ont trait à l’enfance et à la famille. La communication doit être permanente, et non pas seulement limitée aux situations de crises. Tous les lieux d’accueil de jeunes doivent privilégier la communication avec la famille, non pas pour rejeter sur elle la responsabilité des problèmes, mais dans un but de construction et de co-éducation. Cette communication nous met tous en situation de changement et de fragilité. Les professionnels que nous sommes se remettent également en jeu. Le rôle du chef d’établissement en termes d’impulsion a été souligné, tout comme le rôle de toutes les personnes qui peuvent aider les parents et les enseignants dans la relation qui doit se créer. Deux mots ont été évoqués à plusieurs reprises : le respect et le partage. atelier parents en matière d’extension de l’ouverture des équipements collectifs ? Cette demande doit s’analyser dans sa légitimité (éclatement des horaires, amplitude des besoins de garde), tout en trouvant des solutions adaptées, afin de faciliter la transition entre le collectif et l’individuel. Le refus du fatalisme culturel ou social a souvent été cité. Il n’existe pas de fatalisme. Tout peut être discuté et débattu, et il est essentiel de ne pas cataloguer les enfants en fonction de leur origine. En outre, il a été constaté que la négociation sur les 35 heures n’accordait aucune place à la famille. Elle n’est abordée pour l’heure que du point de vue de l’entreprise. Cela pose le problème de la reconnaissance du rôle social des familles. En outre, il a été proposé d’étendre la plage du congé parental jusqu’à l’âge de 6 ans au lieu de 3 ans, afin de laisser le choix aux familles de la période à laquelle leur enfant a le plus besoin d’un appui. La question des passeurs, des passerelles et des médiations a été abordée. L’un des enjeux des diagnostics locaux sera d’identifier tous les lieux qui font office de passerelle entre l’enfant et la famille ou le quartier, afin que l’enfant puisse y trouver une reconnaissance sans être immédiatement institutionnalisé. Les problèmes de méthode identifiés … /87 Il doit y avoir création d’un objet commun entre parents et éducateurs. Le projet ne doit pas être délivré tout fait avec une injonction d’adhésion aux parents. S y n t h è s e des travaux /88 Une nouvelle place pour les familles dans la vie de la cité atelier … Il s’agit de trouver par le dialogue cet objet levier qui va permettre la mise en mouvement cohérente de tous les acteurs autour des jeunes, dans le cadre des dynamiques de développement local. Il est nécessaire de recréer de la vie et de la communication, c’est-à-dire une société vivante, de créer les conditions de l’accueil (respect, confiance), et de prendre conscience de la notion de temps. Il faut effectivement du temps pour que des relations puissent se nouer au sein de lieux d’échanges où s’élaborent les projets. La nécessité de reconnaître les actions portées par les habitants telles qu’elles sont et pour ce qu’elles sont a également été évoquée. On nous a rappelé de façon salutaire que les dispositifs d’accompagnement scolaire ont été créés à l’origine par les familles. Au lieu de monter des projets relativement lourds, il est préférable de favoriser les démarches, même modestes, issues du terrain et des familles, et de les aider à se développer à leur échelle. Il convient de mettre au centre du projet éducatif les partenaires, les habitants, non pas assistés mais étayés et appuyés, en reconnaissant toutes les fonctions de médiateurs existantes. Est-on certain que les contrats proposés aux parents sont réellement des contrats ? S’agit-il bien d’une discussion d’égal à égal ? Il semblerait qu’il s’agisse davantage d’injonctions formalisées. En résumé, la question posée au cours de ces ateliers consiste à savoir comment parvenir à s’apprivoiser de façon réciproque. La réussite du jeune ne se limite pas au scolaire. Il est même parfois nécessaire d’emprunter des chemins détournés pour réussir. S y n t h è s e des travaux Les stratégies éducatives pour la réussite : la nécessité d’une révolution copernicienne ! Tout d’abord, il convient de souligner un paradoxe. En voulant parler de la réussite, nous avons d’abord parlé d’échec, de déscolarisation précoce, de manque d’issues. Les stratégies éducatives pour la réussite Une école en difficulté atelier par Claudine BANSEPT*, rapporteur, chargée de mission au Conseil National des Villes Nous avons évoqué l’échec scolaire des élèves et aussi de l’échec de l’école avec eux, surtout en banlieue. Un constat est partagé par tous, l’école n’est plus en phase avec les mutations économiques et sociales et ne répond pas correctement aux besoins, qu’il s’agisse des besoins des élèves “ qui suivent ”, comme des besoins des élèves “ qui ne suivent pas ”. Dans les quartiers défavorisés de nos villes, l’école est bien souvent, alors que d’autre ont renoncé, l’institution qui est toujours là, mais, si elle assure effectivement l’accès de tous en son sein, elle est loin d’assurer l’égalité des chances pour tous. De très nombreux jeunes, environ 57 000, sortent chaque année de l’école sans qualification. Et, si avec les efforts produits, ces dernières années, leur nombre s’est sensiblement réduit, l’écart s’est accru entre le moment où ils sortent de l’école et le moment où ils ont enfin accès à un emploi. La nécessité d’un véritable bouleversement *Auteur de “ Changer l’école : prévenir l’exclusion ” Une publication de la Fondation Franco-Américaine - Juin 1995. … /89 Pour faire face à cette situation, une conviction est partagée. Il faut effectuer une révolution copernicienne, ainsi que l’a suggéré, madame Suzanne Citron, dans le feu de son exposé. Nous devons opérer un véritable bouleversement dans notre manière d’enseigner et d’éduquer. Nous devons réfléchir aux compétences qui seront nécessaires, non seulement aujourd’hui, mais dans 10 ans ou 20 ans, et réviser fondamentalement la transmission des savoirs et la manière d’apprendre. L’enseignement doit sortir de la logique exclusive des disciplines et favoriser l’interdisciplinarité et la construction du projet - celui des élèves, des enseignants et des établissements. Il faut sortir du face à face stérile entre instruction et éducation. S y n t h è s e des travaux La vie des élèves comme celle des professeurs et des autres membres des équipes, fait partie de l’école. Le bonheur d’apprendre et d’enseigner, le bonheur de vivre ensemble, fait aussi partie de la réussite et de la scolarité. Il est trop souvent négligé ou nié. L’apprentissage doit être davantage centré autour de l’enfant et favoriser sa participation active à la construction de projets individuels et collectifs, son sens critique, son implication dans la collectivité et son ouverture au monde. Il faut aussi revoir les manières de valoriser le savoir et le système des notations. Un exemple, tout simple, a été donné par un participant. Lorsqu’un élève fait 20 fautes dans une dictée. Il à zéro. Si, la semaine suivante, il n’en fait que quinze, il a toujours zéro. Ce n’est guère encourageant. On ne retient que les erreurs et on ne prend pas en compte les progrès, les évolutions, les autres compétences de l’enfant, comme l’imagination, la capacité à mettre en scène une histoire etc.... Sur cette question, les pédagogues ont travaillé et de nombreuses propositions existent, elles demandent encore à être véritablement diffusées et intégrées dans l’Education nationale. Quels sont les finalités et les choix éducatifs ? Il faut, a-t-on dit , revoir le projet de la scolarité obligatoire et retenir la qualité des relations entre les personnes comme une partie intégrante de la réussite scolaire et éducative. Il faut également dans ce bouleversement bénéfique, réintroduire les valeurs. Cette question est à poser dès l’amont. Quels sont, en effet, les valeurs transmises par les éducateurs ? Quels sont les finalités éducatives et les choix éducatifs qui en découlent ? L’organisation adoptée est-elle pertinente pour en assurer la réalisation ? Quelle place accorde-t-on à ce questionnement dans la formation des enseignants et des éducateurs ? Sont-ils formés aussi au contexte et aux richesses culturelles des quartiers et des villes dans lesquelles ils vont intervenir ? Nous connaissons la réponse : non ou si peu. /90 Monsieur Meirieu a développé, hier, dans sa conférence, cette nécessité impérative, d’identifier des valeurs nouvelles, de s’interroger sur leur sens, mais surtout de rechercher en tant que collectif d’éducateurs et de citoyens, les modalités claires de leur transmission. Il nous a engagé à ne pas fuir les confrontations entre les communautés et leurs intérêts particuliers, mais plutôt à les rechercher pour définir ensemble des règles d’intérêt général et une loi commune partagée. Nos discussions sont allées dans le même sens et nous avons insisté sur la nécessité de créer formellement le lieu de ce collectif d’éducation, qu’il a réclamé, en interne dans chaque établissement et à l’échelle de la ville. S y n t h è s e des travaux Nous pouvons le déplorer mais c’est ainsi. Et en effet, les statistiques le démontrent, plus le niveau de diplôme est élevé, plus l’accès à l’emploi se produit. Mais ce constat, trop général, n’est pas si idyllique. Certaines filières et diplômes conduisent directement et sûrement à un emploi, d’autres n’y conduisent pas. Sans rentrer dans le débat idéologique, qui je le sais agite et partage certains enseignants, celui de savoir si l’école doit ou non préparer à un métier et répondre aux besoins des entreprises, nous devons essayer de rechercher des solutions et favoriser l’accès à l’emploi. Les stratégies éducatives pour la réussite Je vais à présent aborder les représentations que l’on a de la réussite. Aujourd’hui, encore, il y a une grande identification entre la réussite scolaire, professionnelle et sociale et l’obtention d’un diplôme. atelier Réussite scolaire et diplôme, accès à l’emploi ? des améliorations à apporter. Pour les diplômés ? Plusieurs pistes nous ont été proposées. Elles sont connues mais restent à mettre en œuvre : ■ la mise en valeur des secteurs porteurs et une meilleure collaboration avec les entreprises. ■ l’appui aux projets locaux ; trop souvent, tel projet, bien ciblé, élaboré longuement et qui recueille tous les concours extérieurs, se trouve bloqué du seul fait du veto d’un responsable administratif, sans autre motif que son désaccord personnel. ■ la mise en place d’une unité interministérielle entre les diplômes. De nombreux diplômes dépendent de ministères différents, éducation nationale, jeunesse et sports, agriculture, action sociale etc... ; une mise à plat, un “ lissage ” des exigences et des compatibilités entre les différentes politiques, et les différents niveaux de diplômes devrait être réalisé. ■ l’application … /91 sur le terrain des lois existantes et des règles. Nous l’avons constaté dans un des ateliers, certains éducateurs ignorent, encore aujourd’hui, l’existence des classes-relais. Autre exemple nous a été donné concernant la valorisation continue des compétences, en formation initiale ou en formation continue et permanente, prévue par des dispositions récentes (loi de 89 et 92). Ces dispositions sont soit inappliquées, soit détournées purement et simplement. Ainsi, tel jury de professionnels-entrepreneurs qui se réunit dans ce but et qui, au lieu de juger sur S y n t h è s e des travaux … le dossier soigneusement établi, n’en tient pas compte ,et, s’instaurant en jury de concours, met le candidat dans l’incapacité de répondre à ses questions et n’accorde presque jamais la validation des compétences ! Ou non diplômés ? Je vais aborder, maintenant, plus particulièrement, la question des jeunes sans diplômes. Trop de jeunes “ décrocheurs ” ou en échec scolaire “ de longue durée, sortent aujourd’hui du collège ou du lycée sans diplôme. A leur sujet, on dit un peu trop aisément qu’ils ne supportent pas l’école où qu’ils n’y ont pas leur place. On s’interroge à l’inverse, assez peu, sur les raisons de leur échec scolaire et de leur absence de motivations. Des dispositifs tentent, avec difficulté souvent, et aussi avec succès, de leur faire reprendre le chemin de l’école et d’une possible insertion professionnelle : il s’agit des classes-relais ou des dispositifs de formation en alternance dits de “ troisième chance ”. L’atelier qui a abordé ces dispositifs a essayé de dégager les améliorations à apporter. Ces préconisations rejoignent des propositions émanant d’autres ateliers de ce colloque ayant des thématiques différentes. Il faudrait : ■ mettre ■ qu’il de la cohérence entre les interventions qui se succèdent, y ait un projet d’un collectif d’adultes autour du projet du jeune, ■ assurer dans ces dispositifs la pluridisciplinarité professionnelle, ■ valoriser les innovations, deux questions récurrentes ont eté abordées, celle de l’offre d’emploi qui ne dépend pas directement des enseignants, et celle des discriminations racistes à l’embauche. Beaucoup de jeunes, d’origine étrangère, français ou non, sortent de l’école avec des diplômes mais ils sont discriminés à l’embauche. Cette difficulté raciale spécifique qui s’ajoute à une situation économique difficile pour tous, n’encourage pas les enfants en difficulté à persévérer pour atteindre une réussite scolaire. Ces discriminations des entrepreneurs pèsent beaucoup sur les jeunes, mais aussi sur leurs éducateurs. /92 ■ enfin, S y n t h è s e des travaux D’autres appellations sont possibles et elles induisent, lorsqu’on les utilise, des rapports différents entre les gens et dans leurs manières de produire. Ainsi, un bel exemple nous a été donné. Il nous vient du Québec, si attaché à la langue française et à sa souveraineté. On ne dit pas forcément , là-bas, d’un enfant qu’il est francophone ou anglophone, arabophone. On dit qu’il est “ allophone ”, sous-entendant ainsi qu’il possède déjà une autre langue et qu’il va en apprendre une seconde, devenir bilingue. Il ne s’agit pas seulement d’un changement d’intitulé, mais bien aussi d’un changement de posture, d’attitudes, qui a des conséquences sur la production commune des enfants et des adultes. Elle induit la reconnaissance d’une double culture, voire d’une binationalité qui n’est pas vécue comme incompatible avec une réelle intégration. Les stratégies éducatives pour la réussite Je vais aborder enfin, le thème du troisième atelier consacré au dialogue et au lien social. Nous y avons entendu que les mots sont importants et que nous devions nous interroger sur les termes que nous utilisons et sur les blessures que les mots malheureux occasionnent : on est heureux d’appartenir à une rue, à un immeuble mais on est malheureux d’être tous mis dans le même sac, “ les gens des quartiers ”, “ les quartiers défavorisés ”… dans une distinction qui déjà, en elle-même, nous sépare de la ville et nous met tous du côté des méchants et au ban de la ville. atelier Dialogue et lien social : étiquetage ou reconnaissance des gens ? Le règne de l’incompréhension et de la rupture Il n’a pas été question seulement de terminologie. Il a aussi été question de langues, mais aussi de langages. Malheureusement nous avons disposé de trop peu de temps ensemble pour démêler les notions et parvenir à des représentations et des référents communs. … /93 Mes propos sont donc, à cause de cela, relatifs. Ainsi, il nous a été dit que les adultes et les jeunes si ils parlent, parfois, la même langue, ne parlent pas le même langage. Il règne bien souvent entre les adultes enseignants et les jeunes, l’incompréhension et surtout la rupture de communication. Nous avons convenu que la maîtrise de la lecture, de l’écriture, de la parole, facilitait l’expression, même si elle S y n t h è s e des travaux … n’engage pas obligatoirement, la communication, l’existence d’un dialogue,une expression collective et la construction d’un projet qui ait du sens pour tous. Un effort particulier et très original mérite d’être mis en exergue. Il nous a été fourni par le représentant de la ville d’Aubervilliers, Monsieur Carlos Sémedo. L’écriture, la lecture et la langue, les langues, sont le pivot sur lesquels reposent toutes les actions contractualisées avec l’Etat, qu’il s’agisse du contrat local de sécurité, du contrat éducatif local ou encore du contrat de ville. La plupart des actions étant elles-mêmes développées avec la collaboration active des artistes en résidence, démontrant si besoin en était, que la culture fait partie intégrante de l’action éducative de la cité. Quelques obstacles aux changements désirés Avant d’aborder ma conclusion, je voudrais m’arrêter sur plusieurs obstacles identifiés au cours de nos échanges qui empêchent les changements désirés. Le premier est lié à l’affectation des personnels dans l’éducation nationale et plus généralement dans la fonction publique. Je sais que cette question est délicate, fâche les institutions et certains syndicats ou personnels, mais elle est incontournable. François Geindre, Maire d’Hérouville Saint-Clair, s’en est fait le porte parole, à plusieurs reprises. Et il n’a pas été démenti. Il faudrait accepter des zones de liberté et d’expérience dans certaines villes volontaires - notamment celles en contrat de ville - et nommer des gens compétents et volontaires pour venir travailler dans des lieux qui cumulent des inégalités et des difficultés. Trop de personnes semblent nommées contre leur gré, d’autres qui voudraient venir ne le sont pas, d’autres enfin ne veulent pas s’impliquer dans des changements et des projets d’établissements, soutenus pourtant par une partie de leurs collègues et des parents. /94 Il faut donc dégager quelques marges de manœuvre et que tous les personnels qui sont volontaires puissent être recrutés, que l’on facilite le départ de ceux qui ne veulent pas rester et que l’on récompense d’une manière plus sérieuse l’investissement collectif et les succès. S y n t h è s e des travaux Dans le cadre de la politique de la ville, nous avons un devoir de conscience et devoir professionnel particuliers, celui d’accepter la co-responsabilité des difficultés et de co-produire des actions efficaces. Cela a été répété à plusieurs reprises, certaines difficultés peuvent trouver un remède grâce à quelques améliorations internes et une meilleure coordination. D’autres, en revanche, demandent une réévaluation des problèmes à résoudre, des réponses, la définition de nouvelles actions et de nouveaux agencements. Les stratégies éducatives pour la réussite Deux autres obstacles très importants ont été soulignés, le maintien des cloisonnements institutionnels et l’incapacité à réévaluer les politiques et les dispositifs et à les changer. La première conséquence du cloisonnement des institutions est l’absence de représentations communes des situations et des problèmes à résoudre. Chacun voit, comme le dit le dicton “ midi à sa porte ” et reporte les responsabilités sur d’autres… A l’occasion, cela sera les familles démissionnaires, l’école, la police, etc… atelier Le cloisonnement institutionnel et l’incapacité du changement Il faut accepter de refondre la politique scolaire et éducative dans les villes de banlieues qui connaissent un grave échec dans la scolarité, la formation, l’insertion professionnelle et sociale d’un très grand nombre de jeunes et des adultes. Comment construire cette cité éducative ? Nous pouvons nous poser cette question : construire une cité éducative, est-ce s’accorder sur le dénominateur minimum commun où sur le dénominateur commun maximum ? … /95 La plupart d’entre nous, intervenant ou participant, et c’est un grand changement culturel, ressent la nécessité de pouvoir discuter collectivement des valeurs, des finalités, des choix, des améliorations, de lier le projet scolaire ou éducatif à un projet de société. L’un et l’autre sont liés. Est-ce inutile de le rappeller ? Pour le moment, personne n’est mandaté dans la ville pour être en quelque sorte le “ chef d’orchestre “ de ces questionnements et surtout de ces productions éducatives nouvelles. S y n t h è s e des travaux … Les maires ont reconnu, durant ce colloque, leur responsabilité et se sont proposés pour en être les maîtres d’ouvrage. D’ailleurs, des villes ont déjà crée un réseau des villes éducatives et une charte commune d’interventions, anticipant la revendication de ce colloque : partager la responsibilité de l’Education dans la ville. Certains, des représentants de l’Etat, se sont demandés si les maires étaient légitimes à s’emparer de cette maîtrise d’oeuvre ? J’aurais tendance à répondre par l’affirmative. Les maires, en effet, représentants locaux des citoyens ont vocation à interpeller les institutions qui ne sont pas adaptés aux besoins. Les citoyens, eux, n’ont que des recours assez rares pour dénoncer les dysfonctionnements et lorsqu’ils le font c’est sur le mode essentiellement individuel. Le maire représente le collectif de ses citoyens et est le garant d’un bon gouvernement local et de la démocratie. Il peut aider à vaincre les réticences au dialogue des services publics et d’autres partenaires. Il a la légitimité pour s’assurer que les conditions d’un bon dialogue et d’un partenariat complet sont réunies, questionner les défaillances du système scolaire ou éducatif , favoriser des orientations qui fassent sens et produisent de la réussite, pour les intervenants, pour les enfants et pour les adultes. Pouvons-nous nous accommoder d’un futur sans avenir ? /96 Je voudrais enfin, conclure ce rapport par une interrogation personnelle que je me permets de vous soumettre. Hier, Monsieur Meirieu, encourageait les changements à l’école parce que, disait-il, beaucoup, diplômés ou non, seront à la sortie, sans emploi et exclus. Avant, nous a-t-il dit, on apprenait dans la douleur et, la satisfaction, la réussite sociale et professionnelle “ assurée ”, venait après. Aujourd’hui, l’avenir est bouché, l’emploi, la satisfaction professionnelle et sociale ne sont plus assurés. Il a encouragé les enseignants à offrir des satisfactions immédiates dans l’apprentissage. “ Il faut se payer sur la bête ”, cela a été son expression. S y n t h è s e des travaux Les stratégies éducatives pour la réussite Cette incohérence n’est pas un phénomène particulier, ponctuel lié à quelques personnes ou quelques groupes. Il est généralisé à l’ensemble de la population adulte, ainsi qu’aux structures éducatives et politiques. Les écarts entre notre langage et notre agir, nos principes pédagogiques et nos pratiques professionnelles, entre notre conscience critique et nos engagements politiques, sont tels qu’ils font songer à une schizophrénie collective. Lorsque nous parlons qualité, service d’excellence aux enfants, nous devons songer à l’excellence du service éducatif. Devons-nous accommoder d’un futur sans avenir, perdre la foi en l’avenir et en la vie et nous satisfaire de systèmes désincarnés, désabusés? Ma conviction - j’espère que nous sommes nombreux à penser ainsi - est que les professionnels de l’éducation ne peuvent rester à la remorque des changements qui se feraient et jouer les victimes innocentes des crises. Ils doivent savoir, eux aussi, choisir l’avenir qui leur apparaît le plus désirable et le construire ! /97 Le mérite d’une telle conférence est de faire réfléchir et discuter. Cette approche et cette analyse m’ont tourmentée. Je me suis demandée, si nous pouvions décemment nous accommoder de cette situation. Ma réponse est négative et je vais dire pourquoi. Nous disons sans cesse que l’enfant a besoin de cohérence et d’exellence éducatives de la part de ses parents et des adultes qui s’occupent de lui : les équipes de travail et les établissements scolaires. Or, le développement actuel de l’enfant est affecté par les incohérences et les contradictions (non assumées) des adultes. atelier Un besoin de cohérence et d’excellences éducatives S y n t h è s e des travaux Pour un projet éducatif local Pour un projet éducatif local atelier Claude RENARD Le premier atelier a énormément travaillé sur les méthodes susceptibles de répondre à l’urgence actuelle, notamment dans le domaine de la formation et de la mise en place d’instruments permettant aux acteurs de partager leur expérience et de faire avancer l’action locale. L’accent a également été mis sur la difficulté à raisonner en termes de contenu des contrats éducatifs locaux. Le contrat de ville en lui-même pose la question de la visibilité d’un certain nombre d’actions dans le cadre de la transformation urbaine qu’il implique. L’éducation dans la ville renvoie à un invisible qui fait toute la richesse de la politique de la ville aujourd'hui, mais qui ne simplifie pas son appropriation par l’ensemble des acteurs. D’aucuns ont affirmé que rien ne serait pire qu’une circulaire fixant les modalités de mise en place du projet local. En effet, le projet local doit être préalable à tout dispositif, les dispositifs n’étant que des outils permettant de mener à bien ce projet. A travers sa construction, le projet local permet d’acquérir une culture commune, un langage commun permettant de partager des histoires. L’élaboration du projet éducatif global se fait sur le territoire de la cité, au sens athénien du terme. Il pose la question de la démocratie locale dans ses différentes formes territorialisées. Au cours de sa mise en œuvre, le projet doit pouvoir évoluer, afin que les habitants puissent participer à la politique de la ville et à la vie de la cité. Cela pose également la question de la recomposition de l’action publique et de la nouvelle posture de l’Etat. La recherche de nouveaux fonctionnements implique de nouvelles articulations, qui soulèvent la problématique du temps. En effet, les mutations et le travail coordonné prennent du temps. Or toutes les institutions ne disposent pas du même temps pour évoluer. /98 Il faudra également du temps pour faire naître cette nouvelle culture qui n’existe pas encore après 20 ans de politique de la ville, et malgré toutes les initiatives. Cette culture commune devra être interculturelle, interprofessionnelle et inter-institutionnelle. C’est autour d’un projet global local et concerté que des progrès seront réalisés. Les réponses techniques et les dispositifs ne doivent absolument pas contraindre le projet. Ce projet ne s’improvise pas, il nécessite un véritable effort de formation des acteurs. Jusqu’à présent, le développement local renvoyait à des notions économiques. On considère aujourd'hui le développement éducatif comme la base même du développement local. On est sorti de la logique de territoire éducatif particulier pour raisonner en termes d’espace partagé. Pour un projet éducatif local La dimension locale ne doit pas remettre en cause la notion de service public. La municipalisation n’est pas souhaitable, même si les collectivités locales accompagnent le jeune tout au long du projet éducatif local. Tous les acteurs doivent s’efforcer, ensemble, d’enrichir le projet. Pour cela, il est nécessaire d’apprendre à écouter l’autre. A ce titre, les associations de proximité sont les oreilles qui permettent de transformer le bruit en propositions. atelier S y n t h è s e des travaux /99 “ Pour éduquer un enfant, il faut un village ” affirme un proverbe africain. Je pense, comme cela a été indiqué, qu’il faut aussi savoir sortir de ce village pour mieux l’appréhender. Intervention Les actions en direction des jeunes /100 Claude ALLEGRE Ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie “V ous le savez, je tente de conduire les évolutions de notre système éducatif qui me semblent nécessaires. Face aux enjeux lourds que sont le chômage, la difficulté des familles et leurs inquiétudes pour leurs enfants, j’ai la volonté d’aider une école qui agit au sein de la cité, une école dont les enseignants sont au cœur de la transformation de la société.” La fin de l’école sanctuaire L’école, comme le lycée et l’université, a longtemps été un sanctuaire. Songez que les professeurs d’université ont inventé la première grève sous Blanche de Castille parce que les sergents du guet avaient osé pénétrer à l’intérieur du Quartier latin ! Cette époque est restée très profondément ancrée dans de nombreux esprits. Or on voit bien aujourd'hui que le modèle du sanctuaire vole en éclat. En ce qui concerne l’école, ce modèle a sérieusement été érodé depuis Jules Ferry. Le vocable d’école “ communale ” témoignait déjà de l’intégration de l’école dans la ville. En ce qui concerne l’université, on a cru plus longtemps à une zone pouvant exister hors de la ville. On a d’ailleurs inventé les campus. Mais la ville de Tours est l’exemple de la réussite d’un choix inverse, avec une université de centre ville qui s’est développée deux à trois fois plus rapidement que celles des villes voisines ayant opté pour le campus. Dans le monde actuel, et notamment aux Etats-Unis, l’université n’est plus seulement un lieu de création et de transmission du savoir. C’est aussi un lieu auprès duquel se créent des entreprises et de la richesse économique. Je suis satisfait de constater que vos travaux ont souligné que, dans les quartiers difficiles et alors que tout se désagrège, l’école reste le cœur de la cité, le cœur de la “ résistance ”, le lieu où s’enseignent encore les valeurs fondamentales de la République. Le rôle des enseignants qui œuvrent dans ces quartiers difficiles ne sera jamais suffisamment reconnu et magnifié. La politique de la ville Je crois à la politique de la ville. En investissant dans les quartiers les plus fragiles, en soutenant les initiatives locales, l’Etat fait son devoir et construit l’avenir de tous. Car l’avenir de notre démocratie se joue là. La richesse de notre pays est avant tout sa jeunesse, y compris lorsqu’elle est en révolte. A nous de l’entendre, de la comprendre et de lui tendre la main. Nous avons tenté de le faire au moment des mouvements lycéens. Cependant, il faut être franc et ne rien masquer des difficultés qu’il y a à faire vivre localement ce type de politiques au quotidien. Les acteurs sont multiples, chacun avec ses compétences et son temps d’action. Une rencontre comme celle Intervention Je crois à une politique de la ville animée par une tenace et profonde volonté politique. Qui d’entre nous n’est pas las d’entendre chaque jour la litanie des incidents violents survenus dans une banlieue ou une école, accolée aux résultats de la Bourse ? La ville ne se résume pas à cela. Elle représente également le labeur de ceux qui reconstruisent patiemment le tissu social, la qualité et le dévouement des enseignants, l’effort des jeunes conscients qu’aujourd'hui encore, l’éducation, l’instruction et le diplôme restent les meilleures protections contre le chômage. Les parents d’élèves le savent La première condition à la mise en œuvre d’une politique pour les villes de ce pays est de définir des enjeux clairs pouvant être partagés. Il faut engager tous les acteurs dans une politique de justice sociale, forte de ses priorités, qui donne réellement plus à ceux qui ont moins. “ Ce slogan, simple à énoncer, est difficile à appliquer, notamment lorsque les structures confondent depuis des années égalité et égalitarisme. Ségolène Royal a évoqué hier devant vous la relance des zones d’éducation prioritaires, qui s’inscrit dans le cadre des efforts accomplis en faveur de la ville. La deuxième condition à la mise en œuvre d’une politique de la ville est la réponse aux iniquités économiques et sociales de toutes natures dont sont victimes les habitants de certains quartiers. Notre objectif politique est de donner à tous une place au sein de la République et de faire vivre pour tous ses valeurs. Claude ALLEGRE “ ■ … Ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie Je crois aux politiques de la ville pourvu qu’elles soient cohérentes. La ville n’est pas seulement un espace peuplé analysable uniquement en termes économiques ou sociaux. C’est un espace public et symbolique, représentant la vie en commun, la concrétisation et le levain de la politique. Je sais que Claude Bartolone s’intéresse comme moi aux différents moyens de donner la parole aux habitants, aux jeunes, de faire vivre la citoyenneté et de rendre à la ville son sens culturel et politique. Dès sa nomination, l’une de ses premières préoccupations a précisément été l’école. pertinemment qui apportent un soutien profond aux indispensables réformes du système éducatif. /101 d’aujourd'hui est fondamentale, car elle permet de tisser des liens et de faire dialoguer les différents acteurs ensemble, afin de faire émerger des réponses. Intervention … ■ La troisième condition est de partir des villes et des quartiers eux-mêmes pour élaborer cette politique et la nourrir par le dialogue, par l’écoute, mais aussi par l’action. L’éducation dans la ville L’éducation et la ville sont profondément et consubstantiellement liées. Je ne considère pas la citoyenneté comme un mot galvaudé et je ne crains pas non plus de parler de morale. La ville n’est plus une communauté et, en ce sens, l’éducation porte en elle l’avenir de la ville. L’éducation est un travail collectif, accompli par toute une société. Elle est une responsabilité partagée, comme l’affirme la devise de ce colloque. /102 L’école est un sujet de débat général qui concerne l’ensemble de la nation. Il n’est pas réservé aux seuls spécialistes. Je n’affirme rien d’autre en déclarant que l’élève est au centre du système éducatif. Cela ne signifie pas que les enseignants ne sont pas tout contre l’élève. Le débat sur l’avenir, la place et l’évolution de notre école doit redevenir un grand débat de société. Je suis d’ailleurs heureux de constater qu’il le redevient progressivement, même si cela se fait parfois de manière un peu bruyante… L’éducation est un devoir collectif des adultes à l’égard de tous les jeunes. Cette dimension collective de l’éducation est essentielle et fragile. Le chômage a fait son œuvre, et nous nous attachons à juste titre à le réduire. Le chômage des jeunes est le facteur le plus destructeur de la société et de l’école. L’éducation nationale a relevé plus vite que quiconque le défi des emplois jeunes. 60 000 aides-éducateurs sont aujourd'hui dans nos écoles, et ils ont su fabriquer, avec les enseignants, de nouveaux métiers. Ces métiers ont été inventés par les acteurs de terrain, car le pouvoir central ne peut se substituer à l’imagination du local. L’école a continué à assumer ses responsabilités. Elle est présente dans tous les quartiers difficiles souffrant d’un déficit de services publics. Il existe dit-on des quartiers de non droit. Il n’existe pas de quartiers sans école. Cette présence est possible grâce au dévouement sans limite de milliers d’enseignants qui, dans des conditions difficiles, font bien souvent plus que leur métier, par engagement, par conviction et par générosité. Je rends hommage à tous ces enseignants grâce auxquels l’école est encore bien souvent un cœur vivant dans des quartiers tentés par le désespoir. N’oublions pas non plus que les citoyens bénévoles, les mouvements associatifs, les parents d’élèves, les municipalités sont aussi dévoués et actifs derrière et avec leur école. Il faut que les enseignants de ces quartiers soient mieux reconnus, mieux récompensés et plus aidés. Lorsqu’on Intervention “ En l’absence d’un projet éducatif collectif, l’école a eu parfois tendance à se replier sur elle-même. Il faut admettre l’idée d’une école ouverte vers l’extérieur, acceptant les expériences professionnelles pour les valider par des diplômes, et acceptant le va-et-vient entre les enseignants et les acteurs de la cité. Cette école sera ouverte à tous et partout. Claude ALLEGRE A être si souvent isolée, l’école s’est vue investie de missions parfois excessives et contradictoires qu’elle ne pouvait assumer avec ses seules forces. Elle porte aujourd'hui toutes les contradictions de la société. Elle supporte des tensions excessives qui aboutissent à des actes de violence. Cette violence ne s’explique pas seulement par l’absence d’éducation civique. Il faut – c’est certain – développer l’éducation, l’instruction et même la morale civique. Mais la violence naît avant tout d’un sentiment d’injustice que nous avons laissé monter en laissant la ségrégation s’imposer, en tolérant trop souvent l’intolérable. Dans une société où les savoirs augmentent de plus en plus rapidement, il faut accepter la notion d’éducation et de formation tout au long de la vie. “ Chaque talent qui n’a pas été reconnu doit pouvoir se dire qu’il aura l’occasion de revenir à l’école. Cette école-là sera de nouveau le cœur de notre République, car elle portera les espoirs de tous. L’école du XXI e siècle C’est parce que je crois à la force du lien qui unit l’éducation à la ville que mon ambition a été avant tout de redéfinir des missions pour l’école et de lui proposer des … /103 affirme qu’il existe en France des enseignants qui gagnent 40 000 francs par mois, je m’en réjouis. Mais j’aimerais qu’il s’agisse des enseignants de ces quartiers-là. C’est en effet là où le travail est le plus difficile qu’il doit être le plus récompensé. Je souhaite que l’on puisse donner des points d’ancienneté à ces enseignants. Ils sont également en droit de prendre leur retraite plus tôt que d’autres. Ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie Je ne crois pas que l’école soit un sanctuaire : elle est au cœur de la cité. Intervention … pistes d’évolution interne. J’aimerais évoquer à présent la charte pour l’école du XXI e siècle. Il était avant tout nécessaire de recentrer l’école sur les grands apprentissages. Lorsque le savoir augmente de façon exponentielle, il est indispensable, au lieu d’alourdir les programmes, de se recentrer sur les fondamentaux pour mieux les maîtriser. C’est de cette façon que nous fabriquerons des citoyens et des hommes libres. Courir derrière les savoirs est une course perdue d’avance. Il est nettement préférable de savoir parler, lire, écrire, compter, mais également de maîtriser des savoirs fondamentaux, de s’ouvrir aux disciplines artistiques, sportives, ou encore à l’expérimentation scientifique. “ L’école doit être son propre recours, car comment penser que l’école de la République puisse se désintéresser de ceux qui ne réussissent pas du premier coup ? “ /104 Il faut accepter d’aider les élèves : les cours en effectifs réduits seront plus nombreux et des cours particuliers seront payés aux enfants des familles modestes. Parallèlement, les enseignants doivent passer moins de temps en classe pleine et consacrer plus de temps à l’aide aux élèves. Toutes ces réformes doivent se faire dans l’optique d’une école ouverte. L’école de la République doit établir l’égalité des chances entre tous les élèves et toutes les collectivités. L’ouverture vers les communes me semble notamment nécessaire. Les contrats éducatifs locaux, lancés et suivis par Ségolène Royal, apportent un cadre et une régulation aux partenariats locaux. Il nous faut à présent étendre notre action à l’échelle des bassins d’éducation, permettant de garantir la cohérence de tout le système éducatif. L’égalité des chances passe avant tout par la reconnaissance de la diversité des talents. Il n’existe pas de filières nobles et de filières secondaires. L’enseignement professionnel ne doit pas être un enseignement par défaut. Il s’agit d’un de nos meilleurs enseignements. Il donne un diplôme, un métier et un emploi. On affirme parfois que l’ascenseur social est cassé. Je n’aime pas la notion d’ascenseur social. Je lui préfère la notion d’escalier social, car l’ascenseur mène directement à l’étage correspondant au diplôme obtenu, sans possibilité d’évolution ultérieure. L’escalier rend possible une ascension permanente jusqu’au sommet, pour peu que l’on se donne la peine d’en gravir les marches. Le premier axe de ce programme consiste à ne jamais cesser de suivre un élève qui nous a quittés en cours de route tant que le relais n’a pas été pris. Cette responsabilité est lourde et difficile à mettre en œuvre. Il faudra du temps, de l’énergie et de l’imagination pour mener à bien cette entreprise. Ce programme sera piloté par Catherine Moisan. Nous comptons parvenir à des résultats en encourageant au maximum les initiatives qui sont prises ici ou là et qui, si elles étaient mieux connues et mieux soutenues, permettraient de résoudre ce problème. Je ne prétends rien réinventer, et je tiens à favoriser le réservoir immense d’initiatives positives existant dans notre pays. Les innovations n’émanent pas de la rue de Grenelle, mais bien du terrain. “ Aucun jeune ne peut être considéré comme définitivement perdu. “ Il faut en outre prévenir les ruptures scolaires au niveau du collège, en portant une attention particulière aux élèves de Segpa et à ceux qui échappent à la scolarité obligatoire. Pour les seconds, des projets pilotes seront mis en place à la rentrée 1999, avec le Ministère de la ville, la DASS, la PJJ, etc. Le troisième axe consiste à construire des parcours très souples de formations en liaison avec les entreprises. Nous avons entrepris une rénovation du lycée professionnel, acceptée par tous les partenaires, à la fois les syndicats d’enseignants, les PME et le patronat. Il faut que, dans ce domaine plus que dans d’autres, nous pensions à la réinsertion des jeunes qui sortent du système éducatif sans qualification. Claude ALLEGRE Nous avons lancé le programme “ nouvelle chance ”, destiné à tous ceux qui sortent du système éducatif sans qualification. Ils étaient 200 000 il y a quelques années et sont encore 60 000 aujourd'hui. Aimé Jacquet, orienté vers une filière professionnelle, et Gérard Depardieu, déclaré inapte à l’école, travaillent aujourd'hui à nos côtés respectivement pour la promotion des lycées professionnels et pour celle du théâtre... La prévention de la violence La violence menace nos villes. Nous avons engagé une action de prévention qui a donné par endroits de très bons résultats (Lyon, Marseille). Nous avons placé près de 6 000 personnes supplémentaires dans 400 établissements scolaires, … /105 Le programme “ nouvelle chance ” Ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie Intervention Intervention /106 Claude ALLEGRE Ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie … et nous allons lancer un second plan violence à l’issue du conseil interministériel qui se tiendra sur ce sujet. Je ne ferai aucune annonce sur ce plan qui va se mettre en place progressivement. Les mesures prises auront pour objectif de ne pas tolérer l’intolérable, car on n’est jamais obligé de sombrer dans la délinquance lorsqu’on rencontre des difficultés. Toutefois, nous n’oublions pas non plus qu’un jeune peut toujours être récupéré et qu’il ne faut prendre aucune décision irréversible. Conclusion Notre ambition est bien de donner plus à ceux qui ont moins. Il ne s’agit cependant pas de tirer tout le monde vers le bas et de refuser l’excellence. Il s’agit au contraire d’amener tout le monde vers elle. Nous ne voulons pas que l’école de la République soit moins stricte sur ses principes et moins exigeante sur ses valeurs. Nous souhaitons simplement offrir le maximum de possibilités au plus grand nombre. N’oublions pas qu’à l’époque de la Convention, les optimistes pensaient qu’un jour peut-être 15 % des Français sauraient lire, les pessimistes estimant que nous ne dépasserions pas les 6 %. N’oublions pas non plus que le premier Socialiste à avoir annoncé, il n’y a pas si longtemps, que la France compterait un jour 1 million d’étudiants s’est fait traité de fou. On en compte 2 millions aujourd'hui. L’apprentissage est l’élément le plus important dans le fonctionnement du cerveau. La science nous apprend que l’acquis est plus fort que l’inné, et c’est ce qui guide mon engagement politique. Je souhaite que tout le monde, à tout moment de sa vie, puisse avoir accès au savoir. Voilà pourquoi l’éducation nationale est au cœur de la cité. Voilà pourquoi elle croit à la politique de la ville et s’associe au Ministère de la ville afin de faire en sorte que les enfants des quartiers difficiles puissent avoir leur part de réussite dans le XXI e siècle. T a b l e r o n d e d e c l ô t u r e L’éducation : un débat de société Comment placer l’éducation au cœur du débat républicain ? A cette interrogation, Jacqueline Costa-Lascoux, juriste, psychosociologue et directrice de recherche au CEVIPOF, propose la réponse suivante : “ Eduquer ne consiste pas uniquement à instruire, c’est-à-dire à transmettre des savoirs disciplinaires. Cela consiste également à donner le goût d’apprendre, à partager des valeurs et des cultures communes et à relier les savoirs aux pratiques et aux valeurs. Il s’agit précisément du programme de l’éducation à la citoyenneté. Or aujourd'hui encore, on entend parler d’instruction civique et non pas d’éducation civique, comme s’il suffisait de présenter un organigramme des institutions et une liste de devoirs et d’interdictions, avec les sanctions correspondantes, pour éduquer à la citoyenneté “. Un débat de société Patrick BRAOUEZEC, député-maire de Saint-Denis Jacqueline COSTA-LASCOUX, juriste, psychosociologue, directrice de recherche au CEVIPOF Eric FAVEY, secrétaire général de la ligue française de l’enseignement Pilar FIGUEIRAS, secrétaire générale de l’association internationale des villes éducatrices Bernard TOULEMONDE, directeur de la direction de l’enseignement scolaire du Ministère de l’éducation nationale éducation Table ronde animée par Jérôme BOUVIER, journaliste à France Culture, avec : “ Si l’on admet que l’éducation est une façon d’apprendre à devenir citoyen, la citoyenneté ne peut pas avoir une fonction thérapeutique, notamment face à la violence des banlieues. L’éducation à la citoyenneté vise tous les élèves. Elle n’a pas non plus une fonction de cadrage institutionnel : les règl·ements intérieurs, fussent-ils bien reformulés, ne suffisent pas à former les citoyens de demain. L’éducation est un apprentissage du jugement personnel et de l’autonomie. “ … /107 “ En matière d’éducation à la citoyenneté, l’appropriation des savoirs par le sujet élève est un principe fondamental. Cela signifie que l’on doit être prêt à rediscuter les concepts, les valeurs, le sens et les finalités de l’école, et parfois le contenu même des savoirs.” T a b l e r o n d e d e c l ô t u r e … “ En tant qu’élu local, je m’attache à faire en sorte que l’éducation corresponde à l’apprentissage de quelques principes, quelques repères, quelques valeurs communément partagées, définies et réciproquement exigées “ témoigne Patrick Braouezec, député-maire de Saint-Denis. “Nous tentons de multiplier les moments et les lieux d’échanges et de partage de pratiques. Je pense qu’il faut dépasser le débat qui oppose l’aspect communautaire, quel qu’il soit, à l’aspect laïque, national ou intercommunautaire. Historiquement, nombreuses sont les communautés qui sont arrivées en région parisienne et ont commencé par se rassembler en un même lieu, autour de leurs pratiques culturelles, repliées dans un premier temps sur ellesmêmes avant de s’ouvrir à la société environnante. Il est vrai que longtemps le travail a joué un rôle important, et qu’il ne le joue plus aujourd'hui.” “Au niveau de Saint-Denis, nous avons vécu lors de la Carnavalcade de 1998, un grand moment de citoyenneté et d’éducation. L’espace public est devenu pendant un moment la propriété de tous, mais selon des règles établies, admises et assimilées. Chacun, quelle que soit sa situation, a su trouver sa place et collaborer avec des personnes qui ne lui ressemblaient pas. Il me semble que les élus locaux doivent impérativement veiller à ne pas enfermer les individus dans des pratiques, qu’elles soient festives, culturelles, sportives ou autres. Il faut encourager l’intergénérationnel, l’interculturel, les relations entre les quartiers et les territoires. Il faut également cesser de stigmatiser ces quartiers et leurs habitants.” “ En tant qu’élu national cette fois, il me semble important de définir un projet politique commun, qui sache fédérer les citoyens et non pas les diviser.” /108 Pour Bernard Toulemonde, directeur de l’enseignement scolaire du ministère de l’Éducation nationale, “ éduquer doit consister avant tout à former des citoyens. La spécificité de notre institution tient dans le fait que pour former ces citoyens, nous devons d’abord assurer leur réussite sur le plan scolaire. Deux éléments me paraissent essentiels à ce niveau : tout d’abord le centrage des apprentissages sur les savoirs fondamentaux. Parmi les facteurs de réussite majeurs en ZEP, ce recentrage sur les savoirs fondamentaux (écrire, lire, compter, parler) figure en bonneplace. Or l’inégalité des chances des enfants sur ce plan est profonde, en raison de leur situation sociale, culturelle ou économique. Les difficultés rencontrées par les élèves doivent donc être éradiquées dès l’origine. C’est dans cet esprit que la charte de l’école du XXI e siècle a été élaborée. T a b l e Eric Favey, Secrétaire général de la ligue française de l’enseignement, attribue au mot “ éduquer “ un sens littéral, c’est-à-dire à la fois “ s’adapter ” et “ s’arracher.” “ Reste à savoir à quoi l’on s’adapte et pourquoi l’on s’arrache ! “ analyse-t-il. “ Cela pose la question de la transmission, de l’héritage, mais aussi du projet éducatif. Cette question est spécifique à l’éducation et aux éducateurs, mais elle se pose également pour les parents, et pour l’ensemble des institutions publiques qui ont des prétentions d’éducation. J’estime à ce titre que l’éducation fait cruellement défaut dans le débat sur la loi d’orientation de l’audiovisuel public. On ne peut pourtant pas ignorer qu’un enfant de 12 ans entrant au collège a déjà une année entière d’écran de télévision derrière lui ! “ Un débat de société Deuxième point : la qualification, qui n’est peut-être pas le nec plus ultra de la réussite. Néanmoins, il s’agit statistiquement d’un facteur déterminant de l’intégration sociale des élèves. Tous nos efforts doivent tendre vers une qualification pour tous. D’importants progrès ont été réalisés dans ce domaine, mais 60 000 élèves sortent encore chaque année sans qualification. Nous allons donc poursuivre nos efforts. En outre, la qualification ne concerne pas que la formation initiale : elle concerne également la validation des acquis professionnels et la formation continue.” éducation r o n d e d e c l ô t u r e “ La double question qui se pose à nous consiste à déterminer la part de ce dont nous avons hérité et qu’il nous faut transmettre, et la part de ce qu’il nous faut inventer, afin que les situations bloquées auxquelles nous sommes confrontés puissent être dépassées. Kant disait en d’autres temps que “ jamais l’éducation ne devait laisser les enfants devant le seul état présent de la société mais devant un meilleur état futur à venir.” “ Notre débat est donc de nature éminemment politique.” … /109 L’exemple et l’expérience de l’association des villes éducatrices est ensuite citée par Pilar Figueiras, secrétaire générale de l’association internationale : “ Nous avons lancé notre démarche à Barcelone en 1987. Nous avons souhaité profiter de l’impulsion donnée par les Jeux olympiques pour faire avancer la ville de Barcelone dans de nombreux domaines. C’est ainsi que nous avons pris conscience que la ville était un réel lieu d’éducation. Nous nous sommes inspirés d’un ouvrage de l’Unesco qui parlait de “ villes éducatives ” pour lancer l’idée selon laquelle la famille et l’école n’étaient pas les acteurs exclusifs de l’éducation. Nous avons organisé une rencontre en 1990 à Barcelone, et de nos réflexions est née une charte T a b l e r o n d e d e c l ô t u r e … des villes éducatrices, autour de laquelle se sont réunies à ce jour plus de 130 villes. Au travers de leur adhésion à cette charte, les villes reconnaissent qu’elles peuvent transmettre de l’éducation, non pas uniquement aux jeunes, mais à l’ensemble de leurs citoyens. En ville, l’apprentissage du citoyen est permanent. Il n’y acquiert pas seulement des savoirs “ utiles ”, il est quotidiennement confronté à de nouvelles situations qui le poussent à adopter de nouveaux comportements et à ouvrir son esprit.“ “ L’éducation dans la ville nécessite des échanges, du dialogue et de la participation. Dans ce contexte, souligne Pilar Figueiras, la place et les attributions de l’école doivent faire l’objet d’une réflexion approfondie.“ Mais comment tracer un cadre éducatif dans lequel le jeune peut se retrouver alors que l’ensemble des adultes qui l’entourent semble aujourd'hui douter de tout ? Jacqueline Costa-Lascoux, répond “ qu’il convient d’expliciter le doute, car dans ce domaine comme pour les sciences, le doute permet d’avancer. Il convient également d’expliciter les conflits, les malentendus, de mettre sur la table toutes les données. La pire des choses que nous ayons vécues ces dernières années a été le déni des problèmes, notamment au niveau des conflits culturels. Il existe une autre façon de travailler, nous avons besoin aujourd'hui d’un nouveau discours de la méthode. Nous sommes obligés de sortir des implicites. Les détails sont enseignés alors que ce qui est tu est le plus important. Il me semble nécessaire d’accepter de reconnaître ce que sont nos problèmes et nos interrogations. Notre attitude sera beaucoup plus rationnelle, scientifique et donc pédagogique si nous acceptons les doutes, les conflits et les difficultés et si nous travaillons dessus. Je garde personnellement un très bon souvenir de l’expérience des classes nouvelles que j’ai fréquentées dans les années 50.“ /110 “ Pour avoir, compte tenu de mon passé culturel et politique, longtemps vécu dans les certitudes, j’en suis venu à préférer le doute “ estime pour sa part Patrick Braouzec. “Mais je pense qu’il nous appartient de tenter de le rationaliser, en faisant participer les citoyens à une réflexion autour de la justification de ce doute. D’autre part, en termes de décision politique, il faut bien à un moment donné que le doute débouche sur des choix. Mais là encore, ces choix doivent être partagés par le plus grand nombre.“ T a b l e Un débat de société “ Mon expérience d’élu local confirme qu’on ne peut faire aujourd'hui l’économie de phases de conflit. Il est indispensable de passer de l’implicite et du non dit à l’affirmation, même si celle-ci se fait avec violence. En effet, si on ne fait pas émerger les conflits latents, le pire est à craindre pour les mois ou les années à venir. Pour favoriser l’émergence des interrogations, il convient d’élaborer des perspectives communes. J’aimerais illustrer mon propos par un exemple. Nous avons organisé en 1993 une rencontre avec les habitants du quartier jouxtant le site du futur Stade de France. Les doléances qui nous ont été adressées à cette occasion concernaient essentiellement l’état de la voirie ou la propreté des trottoirs. Dès que la décision de construction du Grand Stade a été prise, nous sommes retournés dans ce quartier. Les mêmes habitants que nous avions rencontrés trois mois auparavant nous ont tenu un tout autre discours. Face à cette perspective d’avenir, ils se sont, d’un seul coup, projetés dans le temps et dans l’espace, faisant des propositions d’aménagement urbain, posant des questions sur les retombées économiques, s’inquiétant des problèmes de circulation, de violence, etc. Les doutes que chacun avait à l’esprit, ainsi exprimés, nous ont enfin permis d’avancer.“ éducation r o n d e d e c l ô t u r e Et s’il n’est pas question de revenir aux cours de morale du siècle dernier, Bernard Toulemonde considère que “ nous avons besoin d’un discours sur les valeurs et sur l’éthique. On voit très bien dans le système éducatif comment les pressions externes ou internes ont pu faire péricliter les valeurs du service public. Nous avons besoin de nous recentrer sur ces valeurs, en particulier sur l’égalité des chances.“ “ La difficulté des éducateurs aujourd'hui est que la pratique se fonde sur l’affirmation de valeurs qui, quoique pertinentes, sont contredites avec beaucoup de sagacité par les enfants “ remarque Eric Favey. “ Ces derniers voient partout, dans la vie publique et y compris dans nos associations, poindre des contradictions par rapport à ces valeurs. Ainsi, la transparence est une valeur qui est totalement mise en défaut par les services publics eux-mêmes, car personne n’en comprend tout à fait le fonctionnement.“ … /111 “ Par ailleurs, une étude a démontré que les quatre sujets de conversation revenant systématiquement au cours des repas de famille sont : l’école, “ qui n’apprend plus rien ” ; les hommes politiques, “ qui sont tous corrompus ” ; la télévision, T a b l e r o n d e d e c l ô t u r e … “ qui a instauré le règne de l’argent ” ; le chômage, “ qui est une fatalité puisque aucune politique n’a pu en venir à bout depuis “ 20 ans ”. Ces sujets restent dans l’espace privé et ne sont pas abordés dans l’espace public, autrement que par démagogie. Il est donc nécessaire de recréer des lieux de discussion, notamment avec les jeunes, pour évoquer ces sujets-là et pour leur montrer que ces sujets ont fait l’objet d’âpres combats, de luttes et de revendications, et qu’ils seront, en tant que futurs adultes, probablement amenés eux-mêmes à mener à l’avenir leurs propres combats.” Parmi les questions au cœur du débat républicain, celle de l’éducation à la citoyenneté. Un thème qui suscite l’intervention de Pilar Figueiras : “j’aimerais vous faire part d’une expérience nommée “ budgets partagés ”, menée à Porto Allegre, au Brésil, et qui consiste, dans le cadre de la transparence des administrations, à expliquer aux citoyens la façon dont sont élaborés les budgets, la raison des choix qui sont faits et la façon dont l’argent accordé est dépensé. Il s’agit d’une démarche longue, complexe, mais particulièrement stimulante. Cet exemple montre qu’avec une réelle volonté d’éduquer et d’expliquer, il est possible de faire comprendre les choses les plus compliquées. Cela suppose d’écouter les autres, d’analyser, de penser et d’agir. Il faut également susciter la participation, savoir faire preuve de pédagogie et bénéficier de la complicité des concitoyens. Tous ces éléments font aussi partie de l’éducation.” “ Globalement, l’ensemble des intervenants dans le domaine de l’éducation entretiennent aujourd'hui une véritable culture de la compétition à tout prix et de la marchandise. Nous devons nous intéresser, à tous les niveaux, à une autre forme de culture, basée sur le désintéressement “, répond Eric Favey. “ Il est possible d’être considéré en dehors de tout signe extérieur de richesse et sans avoir nécessairement écrasé son voisin. Cela peut s’apprendre à travers des éléments relativement simples.” /112 Ainsi, il ne faut pas limiter l’éducation à la citoyenneté, la culture démocratique, à des interstices où elle serait enfermée. Il faut en faire un véritable continuum de l’ensemble de nos actions. Cela passe notamment par la confiance accordée aux jeunes à qui l’on permet de conduire seuls des projets. Ils risquent de commettre des erreurs, mais la démocratie rend nécessaire cette prise de risque. Toutefois, cette confiance ne pourra être accordée que si nous valorisons un certain nombre T a b l e “ J’aimerais ajouter à la liste des domaines sur lesquels doit porter l’éducation, la tolérance, le respect et le partage. L’éducation à la citoyenneté est tout à fait d’actualité, à condition qu’elle soit bien liée aux droits de l’homme ”, préconise Patrick Braouzec.“ “ Par ailleurs, j’estime que la distinction entre éducation et enseignement n’est pas encore suffisamment claire. On ne peut pas non plus lier l’éducation à la seule réussite scolaire, car cela n’aurait aucun sens. Il nous incombe à ce sujet d’être vigilants et de ne pas véhiculer des images néfastes. Ainsi, l’aînée de mes enfants n’a pas eu le baccalauréat, alors que nous lui en avions pourtant fait comprendre les enjeux. Cela ne l’a pas empêchée d’entrer dans la vie d’adulte dans les meilleures conditions, en bonne citoyenne, éduquée, adaptée à la société dans laquelle elle évolue, mais animée néanmoins du désir de la changer.“ Un débat de société d’éléments qui ne sont pas ceux que nous valorisons aujourd'hui dans la société. Nous sous-estimons d’ailleurs à ce sujet les effets ravageurs des images véhiculées, souvent de façon sournoise, par la télévision. Ces images ont sur la jeunesse des conséquences néfastes qui sont considérables. Elles posent la question de la continuité éducative dans ce pays, autour des valeurs que l’on entend faire partager, non seulement à l’école, mais aussi au travers de tous les services publics. éducation r o n d e d e c l ô t u r e De même, l’enfant doit sentir la continuité de l’action éducative, notamment entre l’école, le quartier et les associations. A cet égard, Patrick Braouzec regrette l’absence “d’un certain nombre d’interlocuteurs essentiels “ : les représentants des jeunes et des parents, mais aussi les représentants des entreprises, publiques ou privées, qui, selon lui, “devraient également avoir aujourd'hui un rôle moteur en matière d’éducation. Si le terme d’entreprises citoyennes a un sens, c’est par le rôle qu’elles peuvent jouer au niveau de la ville et du quartier auxquels elles appartiennent. Il ne s’agit pas d’assujettir le projet éducatif au monde de l’entreprise, mais des liens étroits doivent être tissés “. … /113 “ Le pouvoir local, les entreprises, mais également les mouvements associatifs sont des partenaires de l’action éducative de la ville “, renchérit Pilar Figueiras. “ J’estime que tout projet éducatif dans la ville passe d’abord par une coopération T a b l e r o n d e d e c l ô t u r e Un débat de société éducation … et une co-responsabilisation des différents partenaires, dans le respect du rôle et de la spécificité de chacun. Il n’existe pas de formule unique pour les projets éducatifs de la ville. Chaque ville doit élaborer son projet, car pour chacune de ces villes, la situation, l’histoire, les partenaires et les opinions sont différents.“ “ Par ailleurs, les villes ne doivent pas être assimilées à des contre-pouvoirs. Ce sont des lieux permettant de trouver des solutions au plus près des citoyens, et il faut tirer partie de cette possibilité.” Pour Eric Favey, “ si nous devions désigner une priorité aujourd'hui, ce serait la nécessité de rendre aux familles “ populaires ” leur digne place dans la cité et leur droit de parole. Ces familles doivent trouver la reconnaissance des cultures dont elles sont porteuses, ce qui va demander de notre part un important changement de mentalité. Le tissu associatif et l’éducation populaire doivent faire de cette priorité leur principal chantier, et travailler à la diversité des expressions culturelles dans la cité.” /114 “ Aussi l’éducation dans la ville nous pousse-t-elle à reconsidérer la question de la diversité, autour d’un véritable projet impliquant les partenaires du début à la fin, dans un processus continu “, estime Jacqueline Costa-Lascoux. “ Il convient également de raisonner en termes d’emboîtement d’échelles. J’ai l’impression qu’il n’est pas possible en France de penser à la fois local et national. Le raisonnement national s’oppose trop souvent au raisonnement local, alors qu’il faudrait également raisonner au niveau européen. Il conviendrait enfin d’accepter la notion de responsabilité, jusque dans les budgets et les fonctions, en accordant notamment un droit à l’erreur. Il serait souhaitable que les décideurs de ce pays acceptent ce que les jeunes appellent un droit à l’erreur, c’est-à-dire un droit à la rectification tel que je l’ai vu pratiqué au Québec ou en Belgique.” D i s c o u r s d e c l ô t u r e L’éducation, une responsabilité partagée Les quatre socles fondamentaux de l’action éducative sont les suivants : ■ Le rôle des parents La famille est le premier lieu d’éducation. Or des transformations économiques et sociales profondes ont bouleversé les repères parentaux, plus particulièrement dans les quartiers en difficulté. Je tiens toutefois à affirmer que les parents au chômage ne sont pas, de ce seul fait, de mauvais parents. Leurs difficultés doivent être prises en compte, et justifient un soutien particulier. Les aides aux familles ne sont pas facultatives. Elles sont la juste réponse de la République qui inscrit aux frontons de ses mairies et de ses écoles le mot “ égalité.” … Ministre délégué à la Ville L’objectif phare de la politique de la ville est la lutte obstinée contre tous les processus d’exclusion des enfants et des jeunes dans les territoires en difficulté. Son ambition est la réussite scolaire et sociale de tous les jeunes. L’homme se construit peu à peu, et il est peut-être temps de reconsidérer les temps d’apprentissage, leur modalité et leur durée afin que chacun ait le sentiment de progresser sur “ l’escalier social ” tout au long de sa vie. “ Claude BARTOLONE e tiens à vous remercier toutes et tous pour le travail effectué au cours de ces deux journées. Elles ont démontré que l’éducation était au cœur du projet de société porté par la politique de la ville. La participation de cinq membres du gouvernement atteste que nous parlons d’une éducation au sens large. Comment supporter que près de 60 000 enfants sortent de l’école sans diplôme chaque année ? Comment faire en sorte qu’ils reconquièrent leur dignité ? Comment renforcer le rôle de l’école tout en ouvrant des brèches d’espoir et de réussite dans d’autres lieux ? Comment reconnaître les compétences de ces jeunes ? Comment consolider les stratégies éducatives qui ont parfois fait reculer la fatalité de l’échec scolaire ? /115 “J “ L’éducation concerne tout le monde. C’est une responsabilité partagée. Je revendique une société et une ville éducatives, car sur l’acte éducatif repose la cohésion sociale. Eduquer pour ne pas avoir à réparer, telle devrait être notre mot d’ordre à tous. D i s c o u r s d e c l ô t u r e … La politique de la ville doit faciliter la participation des parents à la vie de la communauté éducative. De trop nombreux parents, notamment lorsqu’ils sont issus de l’immigration, restent aux portes des écoles qui leur paraissent infranchissables. Ils ignorent les programmes scolaires et les règles du jeu éducatif, alors que leur collaboration avec l’école est une des conditions de réussite des enfants. Le gouvernement a décidé de soutenir en 1999 la réhabilitation des écoles dans les communes les plus en difficulté, et pour lesquelles un vrai projet d’intégration des parents sera mis en œuvre. Il s’agira par exemple de faciliter l’aménagement dans les établissements d’une salle des parents. La politique de la ville contribuera à la création de réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents. ■ L’école républicaine /116 L’éducation nationale est un point d’ancrage crucial de la société. Elle porte le poids particulièrement lourd d’une part importante de l’éducation de nos enfants. Les réformes engagées par Claude Allègre et Ségolène Royal sont déterminantes pour la politique de la ville (relance des ZEP, classes relais, charte de l’école du XXIè siècle). Cependant, il ne faut en aucun cas se décharger sur la seule éducation nationale de toutes les responsabilités de l’acte éducatif. Cela aurait des conséquences graves pour l’institution aussi bien que pour les enfants. L’acte éducatif concerne l’ensemble des habitants de la cité. Jusqu’à lors, les pratiques éducatives du Ministère de l’éducation nationale et celles de la politique de la ville ont été construites et mises en œuvre sans réelle coordination, et c’est un euphémisme. “ Le moment est venu de franchir une étape décisive dans la coopération. La contractualisation entre l’Etat et les villes est une façon moderne d’organiser le projet éducatif local en favorisant la concertation. Ne ratons pas cette occasion. “ Les débats passionnés dans et sur l’école devraient déborder largement sur la ville. Evoquons à ce sujet la crainte de la municipalisation de l’école. Elle n’est pas d’actualité et ne le sera jamais. Le Gouvernement est très attaché au service public d’enseignement et compte le renforcer. En revanche, il est essentiel que tous les acteurs s’orientent dans la même direction pour lutter contre l’exclu- D i s c o u r s d e c l ô t u r e Je demande en outre aux préfets, aux élus, aux responsables de l’éducation nationale et aux chefs de projet, de veiller à ce que tous les enseignants travaillant dans les quartiers de la géographie prioritaire soient pleinement associés à l’élaboration des volets éducation des contrats de ville. “ Enfin, les lieux-ressource, les centresressource “ ZEP ” et les centres-ressource “ politique de la ville ” doivent se constituer en réseaux, afin de mêler les publics qui sont bien souvent les mêmes. Nous travaillons avec Ségolène Royal à l’élaboration d’un texte de cadrage relatif à la coopération entre l’éducation nationale et la politique de la ville. Si ce texte devient le vôtre, il permettra de rendre légitime ce qui passait souvent pour facultatif. Il créera les conditions d’une Claude BARTOLONE “ … Ministre délégué à la Ville L’ouverture que réclame la politique de la ville doit se faire dans le respect des compétences réciproques. Le contrat éducatif local marque en ce sens une étape importante, car il permet de mobiliser la volonté des élus et les savoir-faire associatifs. Ce projet global commun garantit la cohérence éducative nécessaire à la réussite des enfants. Une ouverture des établissements hors temps scolaire est nécessaire, et nous soutenons à ce titre le dispositif “ école ouverte ”, qui permet aux enfants des quartiers de continuer les apprentissages pendant les vacances. Tous les enfants ont droit à des loisirs intelligents qui favorisent leur capacité de réflexion et la construction de leur autonomie. L’école n’est pas menacée par l’ouverture sur la ville. Malgré les doutes légitimes de certains, l’immobilisme serait une redoutable erreur. L’éducation est toujours en mouvement, comme les enfants, qui n’attendront pas que nous nous soyons mis d’accord pour grandir. Nous sommes dans la nécessité du changement. Pour accélérer les changements, la formation des acteurs est incontournable. Nous contribuerons à développer les actions de formation spécifiques qui leur sont destinées. /117 sion des jeunes. Je n’ignore pas les conditions de travail parfois difficiles que rencontrent les enseignants. Je sais aussi toute l’énergie que beaucoup d’entre eux mettent au service de la réussite des élèves. C’est précisément en coordonnant leur travail sur des objectifs communs que nous connaîtrons nos plus belles réussites. D i s c o u r s d e c l ô t u r e … relation quotidienne dans les habitudes de travail de chacun. les besoins des enfants. Ce contrat permet l’accès de tous à la culture. ■ La La mobilisation de tous les habitants est un facteur incontournable de l’intégration des enfants dans l’espace social. Il s’agit de développer une veille citoyenne, c’est-à-dire un état d’alerte tranquille mais constant pour protéger les jeunes. J’en profite pour saluer la place toute particulière qu’ont prise les femmes, notamment les femmes relais, dans la mission pour la politique de la ville. socialisation Cette tâche est accomplie par les adultes qui s’engagent dans une relation de confiance avec les enfants, et leur donnent à voir ce qu’être adulte veut dire. De nombreuses municipalités et associations se sont lancées dans cette démarche. “ La politique de la ville reconnaît le travail considérable accompli par les associations. Elles sont les passerelles qui favorisent les interactions école famille - ville essentielles à la vie démocratique du pays. “ Nous avons d’ailleurs arrêté des mesures de simplification des procédures de financement pour faciliter la vie de ces associations. /118 Les associations sont les actrices principales du contrat éducatif local. Celui-ci fédère les acteurs de l’éducation et les réunit autour d’objectifs communs pour accompagner le parcours des enfants après l’école. Il constitue un pôle majeur du volet éducation du contrat de ville. Il doit respecter les métiers et compétences de chacun, avec le souci de bien comprendre ■ La parole donnée aux jeunes eux-mêmes Le dialogue des jeunes entre eux et avec les adultes est la condition de leur participation à la vie de la cité. Le Conseil interministériel des villes a fait de la participation des habitants l’un des enjeux majeurs de la préparation des nouveaux contrats de ville. Les jeunes ne peuvent en être exclus. Le dialogue avec les jeunes et la prise en compte de leur point de vue sur l’avenir, ne sont pas encore entrés dans les habitudes des adultes. C’est pourtant grâce à ce dialogue qu’un nombre important de conflits et de peurs mutuelles peuvent être évités. Les jeunes ne cessent de réclamer qu’on les écoute. Il est indispensable qu’ils participent à l’élaboration des contrats de ville qui contribueront à leur préparer un meilleur avenir. “ C’est pourquoi nous allons mettre en place dès septembre une offre plus diversifiée et plus souple en direction des jeunes. “ Le programme de jeunesse citoyenne Partout dans les villes de très nombreuses associations contribuent à une meilleure participation des jeunes dans la vie de la cité. Ces actions doivent être coordonnées entre elles. Avec celles de l’école, elles doivent faire bloc pour montrer qu’elles constituent un axe fort du projet éducatif local. Elles doivent également s’inscrire dans la durée. Il faut pour cela une volonté politique forte, ainsi que des moyens financiers et humains. C’est pourquoi je souhaite encourager les initiatives au sein d’un ambitieux programme de jeunesse citoyenne capable de créer les conditions nécessaires pour que les objectifs que je viens de définir soient atteints. Il s’agira de mettre en place, dans chaque contrat de ville, les outils, les acteurs et les dynamiques susceptibles de porter dans la durée la parole et les projets des jeunes dans les quartiers. Claude BARTOLONE Les enfants et les jeunes apprennent également la ville entre eux, souvent pour le meilleur et parfois pour le pire. Ces apprentissages sont l’occasion de faire des rêves et des projets de réussite possible qui peuvent leur donner force et confiance en eux. Nous expérimenterons les chèques association, permettant aux enfants de payer eux-mêmes les activités qu’ils ont choisies dans leur quartier. D’autre part, la mise en place progressive des fonds de participation des habitants dans chaque quartier facilitera les initiatives des jeunes, telles que les juniors associations. … /119 Aider les jeunes à maîtriser l’usage de la langue est l’une des dimensions les plus nobles de la politique de la ville, tant le pouvoir des mots est fondamental. C’est pour cette raison que j’ai souhaité le développement national des classes de villes, qui peuvent être organisées pendant le temps scolaire par les enseignants ou en dehors de celui-ci par des associations. Les enseignants qui ont expérimenté ce dispositif m’ont tous affirmé qu’il favorisait une nouvelle relation entre les jeunes et leur ville. Ministre délégué à la Ville D i s c o u r s d e c l ô t u r e D i s c o u r s d e c l ô t u r e … Le programme de jeunesse citoyenne a vocation, dès 1999, à permettre la consultation des enfants et des jeunes pour la construction des contrats de ville. Il permettra d’assurer le suivi des actions et de favoriser l’écoute et l’échange permanent entre les jeunes et les adultes, par des activités adaptées. Il contribuera à aider les jeunes à réaliser leur projet, et facilitera l’organisation et le suivi des classes de ville. La politique de la ville appuiera ce programme sur la base d’un cahier des charges concerté. Des équipes d’aide aux projets auront mission d’identifier les besoins, d’aider aux diagnostics et d’apporter toute la technicité nécessaire à ce type d’actions. Si le besoin s’en fait sentir, des emplois jeunes viendront appuyer les équipes locales. Il sera possible de mobiliser à cet usage les crédits d’ingénierie du dispositif nouveaux emplois / nouveaux services et des crédits de formation. La DIV apportera le soutien technique nécessaire à ce programme prioritaire des contrats ville. La ville en tant qu’espace éducatif /120 On ne peut plus penser l’éducation comme on le faisait au temps de la France rurale ou avant l’avènement d’Internet. Les solutions ne consistent plus à délimiter les espaces. Ce sont les lieux qui comptent (maisons de quartier, de la justice et du droit, centres culturels) mais aussi les liens et les réseaux de solidarité. On définit souvent la ville comme un univers guerrier dont il s’agit de se défendre. C’est bien pour corriger les intolérables inégalités de relégation que la politique de la ville a mobilisé ces 20 dernières années des ressources considérables. Cependant, ravaler les murs ne ravale pas les esprits, et l’imaginaire urbain se construit lentement. La ville est désormais notre culture, avec ses maux et ses richesses. La politique de la ville ne consiste pas à résister à la ville mais bien à organiser la vie de ses habitants dans le souci de développer le meilleur et de corriger le pire. Il nous faut penser l’espace urbain pour les jeunes, qui ont trop souvent le sentiment d’être rejetés et confinés. Nous devons leur proposer dans la ville des espaces d’expression et d’échange à la hauteur des ambitions que nous avons pour eux. Les mairies, les conseils généraux et régionaux ont un rôle déterminant à jouer à cet égard, chacun dans son domaine de compétences. L’une des direction forte de votre réflexion a porté sur la mixité sociale et scolaire. D i s c o u r s d e c l ô t u r e En ce sens, la relance des ZEP et l’élargissement aux REP sont conçus comme une ouverture sur le reste de la ville et une façon de sortir du ghetto. La ségrégation sociale et scolaire est le fruit d’une sorte de consensus secrété par les citoyens eux-mêmes. Dès qu’ils accèdent à un certain mieux être, ils fuient les quartiers. Comment leur en vouloir ? La solution consiste à requalifier ces quartiers en leur rendant une habitabilité réelle, en leur donnant une qualité de vie suffisante pour que les habitants qui y sont souvent attachés aient envie d’y rester. La ségrégation scolaire est indiscutablement liée à cette condition. La stratégie d’évitement de certains parents, quoique compréhensible, a des effets désastreux et tire vers le bas les établissements scolaires. Pour rompre avec cette tendance, il faut une fois de plus penser les politiques L’importance de l’implication des élus Les élus sont les porteurs des initiatives locales. Ils fédèrent les acteurs et créent une dynamique, associant l’ensemble de la ville à l’acte éducatif. Ils ont un rôle clé à jouer dans la définition des projets éducatifs locaux. Je suis du reste persuadé que nous saurons aller au-delà de la problématique du pouvoir qui a pu être évoquée, dès lors que le projet commun aura été établi. Claude BARTOLONE “ La démocratie dans nos cités est à ce prix : des individus qui se parlent et qui organisent ensemble une société plus juste. Conclusion Marguerite Duras a décrit dans “Pluie d’été” l’écart existant entre des mondes qui cœxistent, se frôlent mais ne se rencontrent pas. Ce livre conte l’histoire d’une famille d’immigrés vivant sous le périphérique parisien et dont le fils surdoué apprend en tournant autour de l’école et en écoutant la rumeur qui traverse les murs. Il refuse d’aller à l’école parce qu’on y apprend des choses … Ministre délégué à la ville Tout doit être entrepris pour que les habitants et les enfants de la République soient éduqués ensemble. Nous ne voulons pas d’écoles pauvres pour des quartiers pauvres. /121 “ de façon globale. Nul ne parviendra à améliorer la situation des villes dégradées par la pauvreté s’il travaille seul. D i s c o u r s d e c l ô t u r e … qu’il ne connaît pas. Quant à ses parents, ils ont peur de l’instituteur et pensent que toute autorité contrôlée par l’Etat est judiciaire. Ces familles, qui vivent sous le seuil de la pauvreté et de la dignité, sont tout près de nous. C’est pour elles que nous devons accentuer nos efforts et inventer des modes de reconnaissance et de valorisation qui leur donnent toutes leurs chances. Depuis plusieurs années, le marquage territorial et la multiplication des zones, qui avaient auparavant vocation à appréhender la situation pour commencer à l’améliorer, sont devenus dépréciatifs et ont engendré des effets pervers. Qui aime vivre ou apprendre dans une zone ? On a également laissé les institutions développer leurs actions dans des logiques parallèles. Au-delà des déclarations de partenariat, les acteurs sont souvent demeurés éloignés, car partager des projets sur le papier n’a rien à voir avec l’effort constant nécessaire au dialogue et à l’action commune au jour le jour. /122 Nous devons renverser la logique de l’échec. Apprendre est souvent à l’image de la dictée : dès que l’on commence, on commet des fautes et on perd des points. Il conviendrait au contraire de commencer par s’appuyer sur les compétences des enfants, afin de les aider à acquérir les connaissances et les savoir-faire nécessaires à leur réussite. Seule la valorisation des acquis leur permettra d’être fiers d’eux, d’avoir envie d’apprendre et de s’insérer dans la société. Nous avons des progrès à réaliser dans ce sens au niveau de notre système éducatif, de l’école, de la ville et en définitive de la société tout entière. Il ne s’agit plus seulement de combler les manques. Il faut promouvoir une logique de projets et d’actions communes. C’est ce que j’appelle de mes vœux pour les volets éducation des contrats de ville. “ J’ai souhaité, au travers de l’organisation de ces journées, réaffirmer fortement que l’acte éducatif est le premier fondement de notre pacte républicain et qu’il mérite un débat. Une société a l’éducation qu’elle mérite. Une société qui a peur de ses enfants tourne le dos à son avenir. Si nous voulons une société plus juste et plus démocratique, alors il convient de repenser l’acte éducatif et transformer nos pratiques. “ Tel est notre projet politique, et votre participation à ces journées de réflexion témoigne de ce que vous souhaitez que nous puissions, tous ensemble, donner corps à ce projet. Il vous appartient à présent de multiplier les débats et les discussions à l’occasion des futurs contrats de ville, afin qu’il ne s’agisse pas uniquement d’un engagement de papier. La parole, les échanges et les confrontations qui vont intervenir nous serviront à déterminer la règle du jeu qui nous permettra, entre 2000 et 2006, de fabriquer les villes citoyennes du XXI e siècle. Claude BARTOLONE Cet acte éducatif refondé est justement la promesse enfin tenue d’un avenir pour les jeunes. Par cette refonte, nous nous promettons d’enrayer les mécanismes d’exclusion, de faire de la ville le champ des possibles de toutes les réussites et de toutes les solidarités. /123 A vous de jouer. Ministre délégué à la ville D i s c o u r s d e c l ô t u r e Le volet éducation des contrats de ville 126 ■ Extrait du CIV du 30 juin 1998 142 ■ Les Partenaires - Ministère de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie 145 - Ministère de la Justice : Protection judiciaire de la jeunesse 148 - Ministère de l’Emploi : Direction de la population et des migrations Direction de l’action sociale 151 156 - Ministère de la Jeunesse et des Sports 158 - Ministère de la Culture et de la Communication 161 - Délégation interministérielle à la famille 165 - Délégation interministérielle à l’insertion des jeunes 167 - Fonds d’action sociale 169 ■ Bibliographie 173 ■ Programme 182 /125 ■ Sommaire A n n e x e s A n n e x e s Volet éducation Evaluation du volet éducation des contrats de ville du XI ème plan Une étude menée pour la délégation interministérielle à la ville a permis d’évaluer la politique suivie en matière d’éducation dans les actuels contrats de ville. L’éducation a une place reconnue dans les contrats de ville puisque quatre sur cinq ont inclus un chapitre spécifique, mais le plus souvent, elle est appréhendée dans sa dimension scolaire : le titre du chapitre est “scolaire” dans 50 % des cas, “éducation” dans 30 % et un mixte de plusieurs thèmes pour 13 %. Plus fondamentalement encore que les termes utilisés, les objectifs énoncés manifestent l’importance accordée à l’axe scolaire : dans 2 cas sur 3 il s’agit de favoriser la réussite scolaire, alors que des objectifs tels que l’insertion dans le monde professionnel ou la formation du citoyen ne sont mentionnés que dans 1 cas sur 3. Il faut souligner qu’ainsi l’ensemble des acteurs se positionne sur un objectif immédiat, la réussite scolaire, spécifique à l’un d’eux (Éducation nationale), sans que soit mis en avant un objectif plus éloigné, l’insertion, qui est commun à tous. Les actions prises en compte par le contrat de ville sont largement dominées par tout ce qui relève du soutien scolaire (accompagnement, soutien, action éducative péri scolaire…) qu’elles se passent à l’école ou en dehors de l’école, qu’elles s’adressent à l’élève, à l’enfant ou au jeune habitant du quartier. 75 % des contrats mentionnent des activités de soutien scolaire tant dans l’école que hors l’école tandis que 50 % mentionnent des actions en direction des familles et 11% des actions visant le développement de la citoyenneté. /126 Si le scolaire est prépondérant dans les représentations, les objectifs et les actions, il est quelque peu paradoxal d’observer qu’il est très rarement fait référence aux projets d’école, d’établissement, ou projet de zones d’éducation prioritaire. De la même manière, l’École est rarement identifiée comme le promoteur A n n e x e s Les contrats de ville ont souvent repris des actions existantes. Les contrats de ville dans lesquels on perçoit, soit la volonté d’étendre à toute la ville des expériences conduites ponctuellement ou sur une ZEP, soit le désir d’engager de nouvelles orientations, sont très minoritaires (8 %). Le volet éducation des contrats de ville apparaît donc souvent comme l’occasion de reprendre l’ensemble des actions initiées par les acteurs locaux, souvent mobilisés, et de leur assurer des cofinancements, mais plus rarement de construire un véritable projet éducatif cohérent et adapté au contexte local. Les textes mêmes des contrats de ville sont éloquents à cet égard : un peu moins de la moitié s’appuie sur un diagnostic local (49 %) et une minorité seulement fait référence à un positionnement théorique (19 %) et quelques rares contrats seulement mettent en avant une démarche d’évaluation. Volet éducation des projets : dans 72 % des cas où on a pu le discerner, il s’agissait de la ville. L’Éducation nationale apparaît seule dans 18 % des cas. Enfin, dans moins de 10 % des cas on peut identifier des copilotes. Ainsi, la réflexion sur le domaine de l’éducation ne paraît pas à la hauteur de celle que l’on peut repérer dans ces mêmes contrats pour d’autres domaines (logement, transports…). Cette faiblesse ne s’explique-t-elle pas par le fait que les enseignants ont rarement été associés à l’élaboration des volets éducation des contrats de ville ? Nous en voulons pour preuve la rareté des références au projet ZEP et l’absence de citations des procédures zones d’éducation prioritaire, contrat d’aménagement du temps de l’enfant, aménagement des rythmes de l’enfant et du jeune, dans la quasi totalité des contrats alors même que cette procédure de contractualisation de la politique de la ville devait intégrer l’ensemble des dispositifs de lutte contre l’exclusion. … /127 Ces éléments d’analyse confirment l’insuffisante coordination entre les procédures ZEP et politique de la ville, qu’il s’agisse de la situation institutionnelle au niveau central ou de celle du niveau d’élaboration des contrats. Autrement dit, au niveau départemental et d’une façon globale, politique de la ville et ZEP A n n e x e s … ne paraissent pas davantage très articulées et le contrat de ville n’est pas l’expression de la réalité des dynamiques existantes sur les quartiers. D’autre part, ne semble pas prise en compte l’acception plus large du terme “ éducation ” au bénéfice de la seule conception pédagogique. Les dimensions transversales à l’acte éducatif sont le plus souvent ignorées (déplacement des jeunes dans la ville, espaces de loisirs et culturels, aménagement urbain, santé, participation, etc.). Le volet éducation des contrats de ville nouvelle génération L’éducation dans la politique de la ville La politique de la ville promeut une définition large de l’éducation qui doit comprendre l’ensemble des influences, maîtrisables ou non, qui concourent au développement et à la socialisation de l’individu. Autrement dit, l’éducation contribue à l’accès aux savoirs fondamentaux de l’enfant ou du jeune mais aussi à son apprentissage de la vie sociale, à sa préparation à l’entrée dans la vie professionnelle, à sa capacité à se situer et à envisager sa place dans le monde, à se constituer comme sujet. L’éducation s’inscrit ainsi dans une continuité d’actions et dans une multiplicité de lieux : la maison, l’école, le quartier, la ville. /128 Le champ d’action du domaine de l’éducation dans la politique de la ville est donc large. Il concerne la vie quotidienne de l’enfant et du jeune et les conditions requises pour son insertion future comme adulte dans la société. La politique de la ville s’attache à la réussite de l’enfant ou du jeune tant scolaire que sociale. Elle vise notamment à rééquilibrer la valeur respective des compétences intellectuelles avec les compétences pratiques, artistiques, sportives, relationnelles. Elle doit avoir pour ambition un droit permanent à la réussite pour tous par l’apprentissage des valeurs et des règles de vie commune comme par le développement des potentiels et des aspirations de chacun. La politique de la ville se doit donc d’apporter son soutien à l’ensemble des acteurs éducatifs d’un territoire. Elle appuiera l’Education nationale, notamment dans le cadre de la relance des ZEP et la création des réseaux d’éducation prioritaire, et organisera la mobilisation de tous pour lutter contre l’exclusion et inscrire cette priorité dans la construction conjointe du volet éducation des futurs contrats de ville. En ce sens, le CIV du 30 Juin 1998 dessine les grandes orientations d’une politique de la ville nouvelle en matière d’éducation. Les objectifs La ligne de force du volet éducation du contrat de ville doit être de mobiliser et de fédérer, à tout moment du projet et de l’action, tous les acteurs de l’éducation dans un projet éducatif global cohérent. Il s’agit de développer une prise en charge collective de l’enfant, du jeune. Volet éducation A n n e x e s On peut identifier quatre types d’acteurs : Les éducateurs de la sphère privée : les parents, les frères et sœurs, la famille et les amis. ■ Les enseignants et les acteurs du système éducatif (conseillers d’éducation, infirmières, aides éducateurs, agents techniques de service des écoles maternelles…) ■ Les autres acteurs relevant d’une institution éducative : les travailleurs sociaux, les animateurs, les responsables des structures culturelles, les éducateurs. ■ Enfin, les autres adultes de la ville dont la mission n’est pas toujours explicitement l’éducation : les agents des collectivités locales (gardiens d’équipements, agents de voirie ou d’entretien, policiers municipaux…), les agents de l’Etat (îlotiers, facteurs…), les personnels des bailleurs (gardiens, agents d’accueil…), les élus, les habitants, les commerçants, les étudiants… … /129 ■ A n n e x e s … Pour chacun de ces groupes, il s’agit de développer une stratégie pertinente pour qu’il soit informé, mobilisé et impliqué, à chaque étape de l’élaboration du projet puis dans sa mise en œuvre. L’éducation de l’enfant ou du jeune résulte de l’action conjuguée de chacun de ces acteurs, ce qui entraîne une responsabilité partagée de l’éducation sur un territoire. En conséquence, s’engager dans le champ de l’éducation au sein de la politique de la ville, nécessite de se centrer sur la lutte contre toutes les formes d’exclusion. Cela implique de partager collectivement la responsabilité de l’éducation de l’enfant et du jeune, de reconnaître le rôle et les compétences spécifiques de chacun, de construire un projet commun dans un souci d’ouverture et de respect des prérogatives des uns et des autres, de construire des attitudes éducatives cohérentes et complémentaires. L’équipe de direction du contrat de ville doit donc créer les conditions de transversalité nécessaires pour que le volet éducation des contrats de ville concerne tous les partenaires et la globalité de l’éducation. Ceci s’applique aux différentes phases du travail, depuis la définition des orientations, le guidage et la mise en œuvre des actions et l’évaluation. En ce sens, on veillera très précisément à articuler le volets éducation du contrat de ville avec les dispositifs mis en place par l’Education nationale, notamment dans les ZEP. Par ailleurs, le contrat éducatif local, envisagé de façon ambitieuse et dynamique, pourra constituer un des outils pertinents, en particulier en ce qui concerne le programme d’accompagnement scolaire. Le diagnostic /130 Le diagnostic du volet éducation du contrat de ville doit être conduit en relation très étroite avec le diagnostic général nécessaire à l’ensemble du contrat de ville. A n n e x e s Quels en sont les symptômes ? Quelles sont les difficultés que l’on peut identifier et qui vont entraver le parcours scolaire, culturel, sportif, social de l’enfant ou du jeune ? Quelles sont les compétences qui font aujourd’hui défaut à de nombreux jeunes pour entrer dans la vie sociale et professionnelle ? Mais aussi quelles sont les capacités que l’on peut identifier pour organiser une stratégie de la réussite ? C’est sur de tels processus que le diagnostic doit se centrer pour déterminer une série d’enjeux bien identifiés et propres au territoire qu’il s’agira ensuite de hiérarchiser. Le diagnostic ne doit pas seulement identifier les difficultés, il doit aussi permettre de repérer les ressources disponibles. Il doit s’appuyer sur les compétences existantes au niveau des organisations et des acteurs sur le territoire du quartier, de la ville et de l’agglomération. Il doit également permettre d’inscrire les actions engagées dans une dynamique globale, et le cas échéant de les infléchir ou de les intensifier. Volet éducation Dans ce cadre, il s’agit de déterminer des priorités d’intervention. C’est le rôle du diagnostic qui répond aux questions suivantes : Quels sont les processus producteurs d’exclusion aujourd’hui dans la vie quotidienne de l’enfant ou du jeune, et demain, au moment de son entrée dans le monde adulte. Le diagnostic doit également procéder à une analyse institutionnelle : liens et ruptures entre les différents degrés d’enseignement, carte scolaire, état des locaux éducatifs, procédure d’orientation, etc. Ce diagnostic doit être débattu au niveau des acteurs directement impliqués pour être validé. Le partage du diagnostic est essentiel à la mobilisation de l’ensemble des partenaires de l’éducation. … /131 Un autre aspect du diagnostic consistera à évaluer les difficultés rencontrées dans l’organisation générale et la coordination des dispositifs existants et des actions. On fera un état des lieux technique et concret des méthodes de partenariat pratiquées, des modes d’organisation retenus jusqu’alors, dans une perspective d’amélioration générale du travail commun. A n n e x e s … La définition des orientations Le diagnostic ayant déterminé les enjeux prioritaires, les ressources disponibles et l’état des actions en cours, il faut alors définir les orientations du volet éducation du contrat de ville. Cette phase est importante car va se constituer là, le référentiel d’action de la politique de la ville dans le domaine de l’éducation. Pour éviter les dérives d’un contrat de ville perçu comme un “guichet”, il est important de faire apparaître des priorités claires. Il est impératif de veiller au respect des compétences de chacun et à la mise en œuvre d’une véritable complémentarité des interventions. Le contrat de ville doit permettre de renforcer la cohérence et l’efficacité du dispositif général d’intervention publique. Les orientations doivent bien entendu intégrer celles liées aux différentes procédures existantes. Elles doivent constituer l’ossature du projet éducatif local. Ce sont elles qui vont guider les choix pour la sélection des projets retenus. C’est à partir de ces orientations que l’évaluation doit d’ores et déjà être prévue. La formalisation du volet éducation Le volet éducation doit être autre chose qu’une agrégation de moyens financiers et d’actions. Il définit un dessein éducatif commun où chaque partenaire affirme les termes de son engagement dans une recherche de convergence. Il présente un contenu opérationnel qui situe l’action dans le temps et dont les progrès sont susceptibles d’être mesurés. /132 Le projet qui sous-tend le volet éducation peut se construire à différentes échelles, agglomération, ville, quartier, qui doivent s’articuler de façon cohérente. Il est l’expression de tous les acteurs du domaine de l’éducation et particulièrement de ceux qui sont directement en situation d’action avec l’enfant ou le jeune. Le projet doit être formalisé par écrit et être diffusé largement. A chaque niveau, les partenaires éducatifs sont informés de la démarche mise en œuvre pour construire le volet éducation du contrat de ville et doivent pouvoir s’y impliquer. A n n e x e s Sur la base de l’état des lieux des avancées ou des difficultés rencontrées lors de l’élaboration du volet éducation du contrat de ville du XIème plan, on réfléchira à une forme d’organisation efficace tant pour la phase préparatoire que pour la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation. On s’appuiera sur les dispositifs généraux de négociation et de pilotage existants en évitant les superpositions de coordination. On veillera particulièrement à la bonne articulation avec les dispositifs ZEP. Selon les différents niveaux d’intervention (départemental, intercommunal, local, infracommunal), on organisera de façon concrète une consultation de l’ensemble des responsables des différentes institutions intervenant dans le domaine de l’éducation : enseignement, animation, insertion sociale et professionnelle, ainsi que les institutions concernées, notamment les associations de parents d’élèves. Un interlocuteur Education nationale, représentant l’ensemble des degrés et des structures de l’institution, devra être clairement désigné. Volet éducation La structuration du dispositif Au niveau départemental, le groupe de pilotage prévu pour les contrats éducatifs locaux, pourra servir de pôle de convergence des interventions de l’Etat dans le champ de l’éducation. Il devra donc comprendre l’ensemble des services déconcentrés de l’état concerné (DDJS, IA, DDPJJ, DDASS, DRAC…) et d’autres institutions concourant à la politique de la ville (CAF, FAS…). Il aura pour mission de constituer le point de vue de l’Etat, d’informer largement les partenaires locaux des intentions de l’Etat, des modalités de mise en œuvre, et des moyens pouvant être accordés. … /133 La confrontation des points de vue entre l’Etat et les différentes collectivités (communes et leurs groupements, conseils régionaux, conseils généraux) devra ensuite être organisée. Si nécessaire, on prévoira des groupes de travail thématiques qui auront également en charge de veiller aux croisements avec les autres travaux menés dans d’autres domaines, emploi et sécurité, notamment. Un responsable du volet éducation sera désigné afin de coordonner les travaux et d’en assurer le suivi. A n n e x e s Des orientations pour l’action Pour construire le volet éducation de contrat de ville, le débat pourrait s’organiser autour des priorités suivantes : ■ La place de la famille et des parents dans l’acte éducatif, ■ Le partenariat avec l’Education nationale, ■ La socialisation, les associations, les habitants, ■ La parole et les projets des enfants et des jeunes. On pourra de plus s’appuyer sur des réflexions transversales concernant l’organisation de l’espace urbain en lien avec les questions éducatives (périmètre de recrutement des écoles et des collèges, les espaces pour les jeunes, l’architecture et emplacement des lieux éducatifs, les transports, etc.). Les parents La famille, premier lieu d’éducation, a subi de profondes transformations et les inégalités de traitement sont apparues avec leur cortège de stigmatisation et de dépréciations. L’intervention publique en ce domaine doit avant tout permettre de reconnaître la prépondérance de l’autorité parentale et de savoir appuyer ceux qui en ont besoin. La politique de la ville doit donc envisager de faciliter l‘entrée des parents dans l’école et leur place dans la communauté éducative. Elle aidera les communes les plus pauvres à reconstruire ou à réhabiliter les écoles pour lesquelles un vrai projet d’intégration des parents sera mis en œuvre (école avec une salle des parents, école dont l’architecture est ouverte sur le quartier, école avec une BCD ouverte aux parents, etc). /134 On devra réfléchir également aux stratégies à mettre en place pour faciliter une meilleure coopération école-ville. En effet, de très nombreux parents restent A n n e x e s Un autre exemple de difficulté majeure des familles est la garde des enfants. Notamment après six ans, souvent en raison du coût financier, les parents ne peuvent plus l’organiser. Ainsi, de très nombreux enfants sont laissés sans surveillance. C’est une source d’angoisse pour les familles et les enfants eux-mêmes. Le volet éducation du contrat de ville pourrait, en s’appuyant sur les ressources et les actions locales, réfléchir et organiser la garde des enfants selon des modalités variées. Enfin un programme d’aide aux familles avec la Délégation interministérielle à la famille, la DAS et la DPM a été mis en place avec la création de réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents. L’organisation très souple de ces réseaux incombe aux acteurs en tenant compte des différences locales. Leur développement pourra être envisagé. Volet éducation aux portes des écoles qui leur paraissent infranchissables. Par exemple, on pourrait fournir en début d’année des informations relatives aux programmes des élèves, aux règles du jeu du système scolaire, en dehors de l’école pour créer un sas psychologique. L’Education nationale Les enseignants rencontrent de multiples difficultés dans l’exercice de leur fonction. La politique de la ville doit les soutenir et renforcer leur action sans se substituer à eux. Il s’agit d’organiser une coopération au bénéfice des enfants qui en ont le plus besoin, car ils mobilisent énergie, imagination et pratiques constamment renouvelées. … /135 Une des difficultés du travail des enseignants est leur isolement. Ils sont tenus à l’écart des informations liées à la politique de la ville. C’est pourquoi il s’agit de faire en sorte que tous les enseignants soient informés et associés aux travaux qui s‘engagent cette année dans le cadre du contrat de ville, non seulement dans le domaine de l’éducation mais plus largement à l‘ensemble des négociations. A n n e x e s … Les domaines suivants peuvent être l’objet de diagnostics, de discussions et de projets communs : ■ Mobilisation des responsables et des acteurs ■ Organisation des dispositifs et modalités : contrat de réussite, contrat éducatif local, école du XXI ème siècle, etc. ■ Mixité sociale et scolaire, ■ Aménagement des locaux scolaires, ■ Ouverture de l’école, ■ Relations école/parents, ■ Politiques de prévention coordonnées, ■ Dispositifs d’aide aux jeunes les plus en difficulté, ■ Accueil et formation des acteurs. L’école et la ville doivent désormais travailler ensemble et le partenariat doit devenir habituel. Mais, on veillera précisément à la bonne articulation entre les différentes logiques professionnelles mobilisées en définissant des objectifs communs dans le respect des compétences respectives. Associations et habitants L’acte éducatif repose également sur les acquisitions de la socialisation, tâche accomplie notamment par les associations. La relation adultes/enfants, en dehors des relations d’autorité ou d’apprentissage au sens strict, est une des composantes essentielles de la structuration des enfants et de leur intégration à la vie collective. /136 En ce sens, le contrat éducatif local qui organise les activités des jeunes hors temps scolaire et permet une simplification des dispositifs antérieurs est bien sûr un des axes forts du volet éducation. Il doit être envisagé avec beaucoup d’ambition tant il est vrai que les activités des enfants les plus en difficulté méritent A n n e x e s Des mesures facilitant le financement des associations ont été prises (cf CIV du 2 Décembre 1998). La participation des habitants est une des conditions essentielles de la construction des contrats de ville, notamment des volets éducation. L’ensemble des citoyens est concerné par l’éducation des jeunes dans la ville. On pourrait réfléchir à la façon de mobiliser tous les adultes dans une sorte de veille éducative autour des enfants et des jeunes. Il s’agit d’une veille citoyenne, c’est-à-dire d’un état d‘alerte tranquille mais constant pour que les jeunes soient protégés des dangers y compris de ceux qu’ils génèrent. Volet éducation d’être de très grande qualité. L’exigence d’un apprentissage permanent, à travers les activités culturelles et de loisirs, ainsi que la nécessité d’une information précoce et continue à la citoyenneté peuvent être les priorités. Il ne s’agit pas de développer un discours éducatif unique mais de tenir des discours convergents, bienveillants et exigeants. Il faut que les jeunes sentent que leurs parents, leurs enseignants, mais aussi leurs voisins, les commerçants, les adultes anonymes dans la cité, veillent sur eux. Enfin, la santé des enfants et des jeunes est une des conditions essentielles de leur réussite et de leur intégration dans l’espace urbain. Cela concerne l’ensemble des adultes dans leurs tâches et rôles éducatifs (nutrition, suivi, écoute, prévention de conduites à risques). … /137 Dans tous les lieux de vie des enfants, l’attention et le soutien éducatif en vue d’une amélioration de leur état de santé doivent être constamment présents. Le dépistage des troubles de tous ordres par les adultes (professionnels ou parents) nécessite compétences spécifiques, partage des connaissances et cohérence dans les interventions. L’analyse partagée des modalités d’éducation à la santé est un préalable incontournable pour assurer une égalité de traitement de chaque enfant. A n n e x e s La parole et les projets des enfants et des jeunes La participation des jeunes à la vie de la cité Elle reste insuffisante. Le dialogue avec les jeunes et la prise en compte de leurs points de vue sur la ville ne sont pas encore suffisamment entrés dans les habitudes. C’est pourtant dans l’instauration régulière de ce dialogue qu’un nombre important de conflits et de dérèglements tant institutionnels que relationnels peuvent être évités. Mais le dialogue ne s’improvise pas. Cela requiert le partage d’une parole écoutée, assumée, responsable et la parole fait très souvent défaut aux exclus. La volonté politique est nécessaire mais il faut également mettre en œuvre des techniques facilitatrices de la communication, notamment de tous les modes d’expression langagiers. La langue est le moyen privilégié du dialogue et de l’échange, de la participation au débat d’idées et donc de l’exercice de la citoyenneté. C’est un élément fondamental du lien social et c’est pourquoi aider les jeunes à maîtriser l’usage de la langue dans toute sa variété est un des facteurs déterminants de la réussite scolaire mais aussi de l’insertion sociale et professionnelle. Il s’agit de faciliter cet accès au pouvoir des mots en procurant aux jeunes des moyens adaptés, par exemple l’utilisation du langage de l’image (caméra, photos). Mais aussi de tout ce qui facilite la parole (radio jeunes, interview, etc). /138 En cette année d’élaboration des contrats de ville, il est indispensable que soit prise en compte la parole des jeunes pour l’élaboration du diagnostic commun sur la ville. La représentation qu’ils ont de l’espace urbain, l’idée qu’ils se font de leur ville est à considérer avec la plus grande attention. Il en est de même pour l’organisation future de la cité qui va directement concerner les enfants d’aujourd’hui. Les enfants et les jeunes doivent pouvoir donner leurs idées pour la ville. On pourrait envisager des concours ou toute autre forme d’activités laissant parler l’imagination créative des jeunes. On pourra s’appuyer sur l’école (par exemple, consultation de tous les enfants de 5 ème dans les collèges). A n n e x e s Le bénéfice est évidemment double puisque, par ce biais, on touche aussi les parents. Les classes de ville peuvent être également une bonne modalité d’action pour rassembler les enfants, jeunes et adultes dans l’école et en dehors de l’école. Ce peut être le lieu pour installer cette relation nouvelle des jeunes avec leur ville. Ils doivent l’apprendre, la comprendre et en devenir les acteurs (une plaquette de présentation est disponible à la Délégation interministérielle à la ville). Les projets des jeunes Les enfants et les jeunes ont des projets, des rêves qu’ils n’ont pas les moyens de mettre en œuvre, alors ils se désoeuvrent. L’espace scolaire n’est pas toujours celui de la réussite aussi doit-on trouver des stratégies de réussite en dehors de l’école pour s’appuyer sur elles et permettre aux enfants, forts de leurs talents conquis, de retourner aux apprentissages scolaires avec succès. L’essentiel est que tous puissent agir et mettent en pratique leurs idées. On sait que plus les enfants avancent en âge, plus les inégalités se creusent. Il convient donc d’engager des actions très en amont mais également de les diversifier. Volet éducation Faire parler de la ville pour la faire, tel pourrait être le mot d’ordre. Plusieurs objectifs peuvent être mis en œuvre : Les chèques associatifs, qui seront expérimentés dès la rentrée 1999, aideront les enfants à accéder à un certain nombre d’activités très différentes dans leur quartier. ■ Les Fonds de participation des habitants, qui ont vocation à être généralisés, pourront également être mobilisés pour des projets de jeunes. ■ Enfin, toutes les actions mises en place qui donnent la possibilité aux enfants, très tôt de proposer des projets qu’ils réalisent entre eux sous le contrôle des adultes. … /139 ■ A n n e x e s … La politique de la ville doit pouvoir accompagner et aider ces projets. Cela pourrait être l’occasion de réfléchir à un programme d’ingénierie éducative. Des aides financières mais aussi en moyen humain devrait être apportées. Des emplois jeunes assistants des équipes et les acteurs déjà en place, pourraient porter une nouvelle mission qui consiste à veiller, à consulter les enfants et les jeunes et à assurer le suivi des actions et des projets décidés. Ils pourraient également organiser les classes de ville. Le montage de ce nouveau pôle des compétences pourrait mobiliser les crédits d’ingénierie du dispositif “emplois nouveaux services” puisqu’il s’agit d’un nouveau métier pour la ville et des crédits de formation pourraient être mis en œuvre. Une formation initiale pourrait être mise en place : communication, médiation, stratégies d’écoute, politique de la ville, encadrement, projet, etc. Une ville aussi pour les jeunes /140 On pourra par ailleurs réfléchir à la place des jeunes dans l’espace urbain. On posera en termes positifs la question de leur place dans l’espace public : espaces culturels, sportifs, de loisirs. On considérera la ville, comme mise en forme d’un projet social, qui offre aux jeunes de nos quartiers une compréhension du monde. Il s’agit de faire de l’espace de la ville un espace éducatif, hospitalier, rassurant, en faire un lieu d’apprentissage, d’échanges et de rencontres, là où il est trop souvent “l’école de la rue”. Il importe de prévoir pour les enfants des lieux d’expression, mais aussi de leur permettre l’accès à l’analyse et à la compréhension de leur environnement. Contrairement à d’autres pays, les villes françaises, et plus encore les quartiers populaires, n’ont pas été conçus pour que les jeunes y trouvent leur place. La politique de la ville doit permettre de repenser cette place, et de faire en sorte que les jeunes soient acteurs de cette transformation des villes. /141 La question de la mobilité des enfants et des jeunes dans l’espace urbain doit être prise en compte. Leurs trajets quotidiens, les divers modes de déplacement pratiqués suivant les âges, les espaces publics, de jeux, les lieux de vie collective doivent veiller à respecter les exigences propres à chaque âge. On privilégiera des programmes d’aménagement qui permettent et favorisent des relations intergénérationelles. Ces déplacements, et ceux de jeunes enfants accompagnés, sont naturellement à intégrer dans le plan de déplacement urbain en privilégiant sur ces parcours l’accessibilité aux services. Volet éducation A n n e x e s A n n e x e s Extrait du relevé de décisions du Comité interministériel des villes du 30 Juin 1998 Comité interministériel L’éducation L’éducation est un facteur majeur d’intégration et de lutte contre l’exclusion, notamment dans les quartiers en difficulté. L’Education nationale contribue à le mise en oeuvre de cette priorité de la politique de la ville en assurant partout la présence du service public. La relance des zones d’éducation prioritaire (ZEP), le lancement des réseaux d’éducation prioritaire, la mise en place des contrats éducatifs locaux et la préparation des futurs contrats de ville doivent être l’occasion de faire émerger des priorités fortes : la prévention de la violence et l’apprentissage de la citoyenneté, le soutien aux acteurs du système éducatif en particulier les parents, la santé, l’ouverture des écoles et des établissements sur la ville et le retour en formation des jeunes qui connaissent des difficultés d’insertion. Au-delà de l’école, une action éducative est menée par différents partenaires, caractérisée par ses dimensions volontaire et collective, permettant aux enfants et aux jeunes une organisation globale de leur temps, tenant compte de leurs besoins afin de favoriser leur développement par des pratiques culturelles, sportives et d’expression. Ces pratiques sont un moyen privilégié de prendre une part active à la vie sociale par l’échange, l’expérience, le partage, la responsabilité. A ce titre, elles constituent un mode de prévention par l’éducation. Les contrats éducatifs locaux développés avec le ministère de la jeunesse et des sports, le ministère de la culture et de la communication et le ministère de l’emploi et de la solidarité, en seront un outil privilégié. /142 ■ La prévention de la violence et l’apprentissage de la citoyenneté doivent être des préoccupations constantes des acteurs et être intégrées à tous les dispositifs éducatifs dans l’école et hors l’école, dès la maternelle. Les comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté, développés prioritairement dans les zones d’éducation prioritaires et les zones sensibles, devront veiller à une articulation étroite avec les conseils communaux de prévention et les stratégies conduites dans le cadre des contrats locaux de sécurité. Les contrats éducatifs locaux et les contrats de ville doivent à ce titre prendre en compte l’apprentissage vivant, concret et continué de la citoyenneté et de la démocratie, à travers par exemple le développement d’actions liées à la pédagogie de l’espace urbain et de l’environnement, ou l’apprentissage de la communication. Un soutien sera apporté aux campagnes de mobilisation et de promotion de la morale citoyenne organisées à l’initiative des enseignants, des élèves et des habitants. La création d’espaces de dialogue et de médiation, soit dans les établissements scolaires, soit dans la ville sera également encouragée, de même que la mise en place de lieux d’accueil pour les jeunes en voie de déscolarisation comme les classes-relais et les foyers du collégien. ■ Le soutien aux parents et aux acteurs du système éducatif privilégiera le développement des formations partenariales de proximité afin d’instaurer de nouvelles pratiques durables, notamment dans le cadre des contrats éducatifs locaux. Un accompagnement actif pour l’accueil des parents, des nouveaux enseignants et aide-éducateurs, sera par ailleurs encouragé, par la constitution de centres de ressources. Enfin, la création et la diffusion d’outils méthodologiques privilégiant le recours aux technologies de l’information et de la communication, ainsi que des innovations pédagogiques comme celles du professeur Charpak (“la main à la pâte”), constitueront une priorité de la politique de la ville. Comité interministériel A n n e x e s ■ Le gouvernement considère comme essentiels le renforcement des dispositifs permettant la relation entre la politique de santé scolaire et celle des PMI, le suivi sanitaire des élèves de la petite enfance à l’adolescence, le soutien aux actions de prévention de la toxicomanie. … /143 ■ Afin de contribuer au renforcement des liens entre l’école et le ville, la politique de la ville soutiendra les projets d’ouverture des locaux en dehors des heures scolaires, dans le cadre notamment de l’opération ”Ecole ouverte”, d’une meilleure utilisation des bibliothèques centres documentaires (BCD) en ZEP, des A n n e x e s /144 Comité interministériel … centres de documentation des établissements du second degré (CDI), et des divers équipements, notamment informatiques, à destination des élèves et d’autres publics potentiels. ■ Les jeunes en échec scolaire doivent pouvoir bénéficier d’un retour vers une formation adaptée pour envisager une insertion professionnelle de qualité. On pourra promouvoir et valoriser les expérimentations qui s’appuient sur les structures de formation professionnelle proposant aux jeunes des formules individualisées de retour en formation. Les expériences d’écoles de la deuxième chance, qui permettent d’impliquer les entreprises dans la formation et les débouchés des stagiaires, seront particulièrement soutenues avec l’appui des financements européens. ■ A titre exceptionnel, et pour tenir compte de la situation financière difficile de certaines communes, la réhabilitation d’écoles maternelles et primaires sera financée sur le fonds social urbain dans les quartiers dont la liste sera arrêtée par un prochain comité. Ces opérations doivent être l’occasion de redéfinir un espace scolaire qui favorise sociabilité et apprentissage. Les locaux seront adaptés aux besoins exprimés par les enseignants et les familles. A n n e x e s p a r t e n a i r e s La relance de l’éducation prioritaire, engagée résolument au profit des établissements et des écoles qui se situent dans des secteurs défavorisés, ne portera ses fruits que si elle est associée au souci d’intégrer véritablement les quartiers concernés au sein des villes et des agglomérations auxquelles ils appartiennent. Des objectifs et des actions : Limiter les phénomènes de ségrégation, préserver ou instaurer une mixité sociale entre et dans les établissements scolaires, revoir les périmètres et les secteurs scolaires en liaison avec les politiques d’urbanisme et de logement ; ■ Favoriser les activités permettant la mise en valeur de la ville et de tous ses quartiers aux yeux des élèves et de leurs parents et faisant de toute la ville un lieu et un thème d’apprentissage ; ■ Développer les partenariats avec tous les ”pôles d’excellence“, culturels, sportifs, scientifiques et économiques, etc. afin d’ouvrir l’école et le quartier sur un environnement large et riche ; … /145 ■ Resserrer les liens de l’école avec les parents, en donnant ou redonnant à tous confiance en l’école, alors que certains manifestent, à son égard, à la fois une certaine défiance et de grandes attentes ; de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie Si l’école a pour mission première la réussite scolaire et la qualification professionnelle de tous les jeunes, elle ne peut atteindre seule ces objectifs, auxquels s’attache une légitime exigence d’équité. C’est ce qui fonde la recherche de partenariats et la nécessité d’une articulation de son action avec la politique de la ville. En effet, la réussite de tous passe par la lutte contre la ségrégation urbaine, sociale et scolaire. Ministère L’éducation dans la ville A n n e x e s p a r t e n a i r e s … ■ Faciliter l’intégration des personnels nouvellement nommés dans les équipes, les quartiers et les villes où ils exercent, afin de leur permettre d’en apprécier la spécificité et d’y développer le partenariat ; ■ Participer, avec tous les partenaires concernés, à une politique plus efficace d’accès aux soins et de prévention en matière de santé et de conduites à risques ; ■ Augmenter le nombre des classes relais qui permettent d’accueillir temporairement de jeunes collégiens rejetant l’institution scolaire ; ■ Promouvoir la scolarisation précoce dont on sait qu’elle est particulièrement bénéfique pour les enfants des milieux les moins favorisés ; ■ Mettre en place les contrats éducatifs locaux qui organisent le temps périscolaire et extra scolaire de l’enfant et articulent les actions d’accompagnement scolaire ; ■ Poursuivre l’opération ”école ouverte“ qui concerne aujourd’hui les enfants des écoles élémentaires et non plus seulement ceux des collèges ; /146 ■ Améliorer les relations des établissements scolaires et du tissu économique proche : solliciter les entreprises comme lieux de formation et de partenariat ; explorer les contributions que certains établissements professionnels et technologiques peuvent apporter au développement local. A n n e x e s p a r t e n a i r e s Une action partenariale en développement : La finalité des classes relais consiste à favoriser, par un accueil spécifique temporaire, une réinsertion effective des élèves concernés dans une classe ordinaire de formation, sous statut scolaire ou, le cas échéant, sous contrat de travail. Dans cette perspective, les classes relais fédèrent les énergies et les ressources d’un ou plusieurs collèges, s’appuient sur un partenariat résolu avec la protection judiciaire de la jeunesse, avec les collectivités territoriales - conseils généraux et communes - avec le tissu associatif de proximité et, dans la mesure du possible, avec les familles. Le conseil de sécurité intérieure du 27 janvier 1999 a décidé de développer les dispositifs relais. Ce développement aura des aspects tant quantitatifs que qualitatifs : 250 classes relais devraient fonctionner au cours de l’année scolaire 1999-2000, et grâce à l’ouverture d’une trentaine d’internats, notamment urbains, le dispositif devrait se diversifier encore plus pour s’adapter aux besoins. /147 Dans le cadre du développement des dispositifs relais, l’articulation avec le volet éducation des contrats de ville sera systématiquement recherchée. de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie L’organisation d’une classe relais vise un double objectif de resocialisation et de rescolarisation pour de jeunes collégiens entrés dans un processus évident de rejet de l’institution scolaire. Ministère Les classes relais A n n e x e s p a r t e n a i r e s La protection judiciaire de la jeunesse La PJJ participe à différents niveaux aux dispositifs de la politique de la ville. Elle met en œuvre des actions qui s’inscrivent dans le souci de répondre, au plus près, aux besoins des jeunes les plus en difficulté, en voie de marginalisation ou sous mesure de justice. de la Justice Ministère … Elle est en particulier pleinement associée à la politique de prévention de la délinquance urbaine au plan national comme au plan local. La prévention de la délinquance juvénile passe par une détection précoce et un traitement immédiat et en profondeur des difficultés d’insertion sociale auxquelles sont confrontés les jeunes et ce, tant dans le cadre de l’assistance éducative, qu’en matière pénale. Au plan national La Direction de la PJJ entretient des relations étroites avec la Délégation Interministérielle à la Ville, qui se traduisent par la mise à disposition d’un directeur et par sa participation aux réunions interministérielles (cellule nationale Ville, Vie, Vacances - préparation des CIV, des contrats de plan Etat Région ou des contrats de ville) à des travaux ou à des colloques. Elle souhaite renforcer ses moyens d’intervention dans le cadre de la politique de la ville et impulser de nouvelles actions locales de prévention et d’éducation à l’égard des jeunes les plus exclus, dans les domaines de la citoyenneté, de l’accès au droit, du sport et des loisirs ou des activités culturelles. Au plan départemental /148 Les directions départementales de la PJJ, en applications des textes sur la politique de la ville, collaborent activement aux différentes instances départementales, présidées par les Préfets. Le directeur départemental participe aux réunions inter services d’attribution des Fonds Interministériels à la Ville. Ils siègent avec les Procureurs aux CDPD et participent aux Plans de sécurité ainsi qu’aux Plans Départementaux de Prévention de la Délinquance dont l’objectif A n n e x e s p a r t e n a i r e s Les directeurs départementaux sont souvent sollicités par les Préfets pour apporter une contribution technique sur la prévention de la délinquance des mineurs, la lutte contre la drogue et la toxicomanie et sur leur connaissance des publics difficiles. Au plan territorial Par délégation, directeurs de services ou autres personnels, représentent la PJJ et la Justice dans une grande majorité des CCPD existants et déclinent au plan local la politique de la PJJ en matière de la prévention de la délinquance et de lutte contre l’exclusion des jeunes les plus marginalisés. Ainsi, de nombreuses actions se sont-elles développées au plan local dans le cadre des politiques de la ville. De multiples relations de partenariats sont mises en œuvre avec les institutions en charge de jeunes, en particulier avec l’Education Nationale, sur la question du signalement et des réponses aux phénomènes de violences en milieu scolaire. Elles se sont traduites par la mise en place de dispositifs relais pour les jeunes déscolarisés ou en voie d’exclusion scolaire, dont 40 fonctionnent avec un personnel éducatif de la PJJ. Plusieurs directeurs départementaux sont cosignataires des conventions départementales sur les violences scolaires ou sur le signalement des enfants en danger. … /149 La PJJ participe localement à la création et au fonctionnement des Maisons de Justice et du Droit (MJD) à partir desquelles elle concourt au développement d’une justice de proximité par la mise en œuvre de permanences éducatives, de mesures de réparation pour les mineurs ou à un travail sur l’accès au droit pour les jeunes. de la Justice Avec les DASS et DDJS, ils sont les coanimateurs des cellules départementales Ville, Vie, Vacances et instruisent, suivent et évaluent les actions proposées par les associations qui sont les opérateurs. Ministère vise à renforcer les actions de prévention à destination des jeunes les plus fragiles. Ils participent à la mise en place des contrats locaux de sécurité. A n n e x e s p a r t e n a i r e s A partir des MJD, ou dans d’autres lieux, des personnels participent à des points écoute pour les jeunes, telle l’expérience du “ Point droit ” dans le quartier de l’Ousse des Bois à Pau. Enfin, la PJJ a élaboré, dans le cadre du partenariat et de la politique de la ville des outils d’apprentissage de la citoyenneté : de la Justice ■ L’Université du Jeune Citoyen, à Marseille, qui s’adresse aux jeunes des quartiers de la ville et de la région PACA et qui est en cours de modélisation sur plusieurs régions. /150 Ministère … ■ L’exposition “ 13-18 question de justice ” qui est animée par des personnels PJJ au sein des collèges et qui vise à sensibiliser les élèves au droit et leur faire prendre conscience de leurs devoirs. A n n e x e s p a r t e n a i r e s La Direction de la population et des migrations Compte tenu de la concentration des populations issues de l’immigration dans les grandes agglomérations, la DPM inscrit pleinement son action dans le cadre de la politique de la ville. Appuyée sur des diagnostics locaux, reposant sur des démarches territoriales associant à l’Etat, les collectivités locales et les forces économiques et sociales des agglomérations, la politique de la ville développe des thématiques qui rejoignent celles de la politique d’intégration. … /151 Le rôle déterminant de l’éducation dans l’intégration des enfants immigrés, et particulièrement les primo arrivants, n’est plus à démontrer ; maîtrise de la langue française, acquisition d’une formation reconnue, socialisation, partage des valeurs et de la culture de la société d’accueil en constituent les principaux enjeux. Ce projet éducatif n’est cependant légitime que s’il met en œuvre l’égalité des chances de tous les enfants, quelle que soit leur origine culturelle ou sociale. Si la responsabilité en est partagée par tous les acteurs de l’éducation, parents, associations, collectivités territoriales, c’est en ce domaine l’institution scolaire qui reste au cœur de la lutte contre les inégalités sociales. Les populations immigrées sont de ce point de vue particulièrement concernées, en raison de leur appartenance massive aux catégories sociales défavorisées. de l’Emploi et de la Solidarité La DPM a la responsabilité d’animer les politiques d’accueil et d’intégration des populations immigrées ; elle s’appuie principalement sur les services déconcentrés du Ministère, DDASS, DRASS et assure la tutelle de Fonds d’Action Sociale, pour les immigrés et leurs familles. Les actions d’accueil, d’alphabétisation, d’insertion sociale, économique et culturelle des personnes issues de l’immigration, notamment des jeunes et des femmes, constituent les axes prioritaires de la politique menée par la DPM et le FAS. Cependant, la réussite de l’intégration repose aussi sur les politiques de droit commun qui concourent à la lutte contre l’exclusion, qu’il s’agisse de politiques de l’emploi, de l’éducation, du logement ou de l’accès à la santé. Ministère Relations familles-écoles A n n e x e s p a r t e n a i r e s … Ainsi les familles étrangères constituent 20% de la population des territoires concernés par la politique de la ville ; les familles de nationalité française issues de l’immigration forment une autre part appréciable des populations de ces quartiers. Quelques indicateurs illustrent les difficultés sociales de ces familles : ■ L’importance du nombre de personnes peu ou faiblement qualifiée (80% des étrangers hors union européenne). ■ Le niveau de chômage (1/3 des étrangers hors union européenne). ■ Les conditions de logement au regard du confort et de la suroccupation (une famille sur trois a trois enfants et plus). ■ La part des revenus de transferts et le rôle des minima sociaux (1 Rmiste sur trois est un étranger en Ile de France). Les études montrent que si les parents immigrés éprouvent une grande attente envers l’institution scolaire, ils rencontrent des difficultés à assurer le suivi scolaire de leurs enfants. De même la discussion sur l’orientation scolaire avec les enseignants est limitée, voir inexistante, et les enjeux en sont mal perçus par les parents. Par ailleurs il faut souligner que dès l’approche du monde du travail (apprentissage, stages en entreprise dans les LEP), les jeunes issus de l’immigration font l’expérience de la discrimination, ce qui peut dévaloriser considérablement les diplômes et l’institution scolaire aux yeux des jeunes. /152 L’enjeu des démarches territoriales (ville, ZEP, CEL) en matière d’éducation est d’accroître la cohérence des actions en respectant les compétences et les responsabilités de chacun en particulier le rôle central de l’école et des parents. Il ne faut pas perdre de vue que la réussite scolaire reste au centre du projet éducatif global du jeune. Les démarches territoriales devront ainsi privilégier quelques axes forts : ■ Etablir un diagnostic sur les besoins des populations ; ■ Repérer notamment le flux des primo arrivants pour dresser un état des besoins en CLIN, CLAD et en dispositifs d’accompagnement 16/18 ans pour les jeunes adolescents arrivés peu avant la fin de l’obligation scolaire ; A n n e x e s Etudier les besoins de scolarisation précoce (deux ans) et de prise en charge de la petite enfance ; ■ Renforcer les liens des enseignants avec les parents. Médiation culturelle et linguistique assurée par les femmes relais ; ■ Expliquer le système éducatif français et les moments clefs de l’orientation ; ■ S’appuyer sur les associations de parents d’élèves et les associations familiales pour associer les parents issus de l’immigration aux questions d’éducation et scolarité ; ■ Mieux répondre aux besoins d’aide aux devoirs et d’accompagnement scolaire. A l’extérieur de l’école il s’agit notamment de mobiliser autour des élèves les réseaux de solidarité locale articulés avec les enseignants dans le cadre des contrats éducatifs locaux lorsqu’ils existent : Mettre l’éducation à la lutte contre les discriminations au cœur de l’instruction civique ; ■ Préparer l’insertion économique en développant un partenariat avec les entreprises pour éviter les préjugés (parrainage etc.) ; ■ Mieux former les membres des équipes éducatives, enseignants, chefs d’établissement, conseillers, exerçant dans ces quartiers, sur la base de programmes types élaborés à l’échelle nationale entre le Ministère de l’Education nationale et le Ministère de l’Emploi et de la Solidarité ; ■ Maintenir la mixité des publics scolarisés. … /153 ■ de l’Emploi et de la Solidarité ■ Ministère p a r t e n a i r e s A n n e x e s p a r t e n a i r e s … Une expérience de rapprochement menée à Nantua A l’initiative de la Direction de la Population et des Migrations, des postes d’agents de développement local pour l’intégration (ADLI) ont été mis en place dans plusieurs régions pour faciliter le dialogue entre les personnes d’origine turque, l’ensemble de la population et les institutions françaises. A Nantua, dans l’Ain, l’intervention de l’ADLI a concerné notamment les relations entre les familles turques et le collège. De la part des enseignants, il était souvent question du manque de contacts avec les parents turcs, leur absence aux réunions du collège, du désintérêt supposé des parents à l’égard de l’avenir scolaire de leurs enfants. Quant aux parents turcs, dès l’instant où leurs enfants pénètrent dans la sphère scolaire, tout devient l’affaire de l’école. En dépit de leur difficulté à maîtriser le français, de leur trajectoire scolaire très faible, ils ont le sentiment de s’intéresser à la scolarité de leur enfant. Ils pensent remplir leur rôle dès lors qu’ils achètent le matériel demandé, qu’ils habillent décemment leurs enfants, au prix parfois de sacrifices personnels. En cas d’échec, c’est l’école qui est fautive à leurs yeux ; la mise en œuvre de pratiques familiales de suivi de scolarité n’a pas de sens et ne peut relever que des compétences pédagogiques des enseignants. /154 Le constat faisait donc apparaître un manque de dialogue direct entre enseignants et parents, mais aussi le partage du même objectif essentiel de réussite scolaire. A n n e x e s A travers des réunions organisées par l’ADLI, l’essentiel n’est pas le traitement de telle ou telle question, mais le fait que l’on s’achemine vers une normalisation du dialogue entre parents et enseignants, pour que les parents deviennent des interlocuteurs directs en banalisant les contacts entre les parents et les enseignants, en créant un climat de confiance, d’écoute et d’humanité. Ces réunions ont rendu l’école plus accessible aux parents turcs ; du côté des enseignants, elles ont levé les représentations globalisantes et stigmatisantes par rapport aux parents turcs. A l’issue de ces rencontres, le principal du collège remarquait “ en fait, les parents turcs posent les mêmes questions que les autres parents ; ils ont les mêmes préoccupations...” CONTACT : Monsieur Mehmet ERTUGRUL CREFE Ain-Rhône - 298, cours Lafayette 69000 LYON - Tél : 04 72 36 31 05 Fax : 04 72 68 05 73 C re fe @ as i.fr … /155 ■ de l’Emploi et de la Solidarité L’action de l’ADLI a donc consisté à permettre aux parents de s’approprier le fonctionnement du collège, à valoriser le rôle de l’enseignant (il travaille dans l’intérêt de l’enfant, il a raison par rapport à l’élève), à créer des espaces et des moments de rencontre et de dialogue entre parents et enseignants, sur la scolarité en général et pas seulement sur des problèmes individuels. Connaissant bien les communautés turques, parfaitement bilingue, appuyé par les pouvoirs publics locaux, l’ADLI dispose de la crédibilité requise pour renouer cette communication, sans jamais se substituer ni aux parents, ni aux enseignants ou aux chefs d’établissements. Ministère p a r t e n a i r e s A n n e x e s p a r t e n a i r e s … La Direction de l’action sociale La politique d’action sociale impulsée par l’Etat et animée par les services déconcentrés du Ministère de l’Emploi et de la Solidarité (DDASS et DRASS) vise à lutter contre toutes les formes de précarisation et d’exclusion et, à promouvoir l’amélioration de la vie familiale et sociale de l’ensemble des habitants. Deux axes essentiels constituent les points forts de cette politique, d’une part, les décisions de la Conférence de la Famille avec notamment la mise en place de réseaux d’aide à la parentalité et, d’autre part, le programme de la loi contre les exclusions. Ces orientations s’appliquent de manière prioritaire dans les zones urbaines en difficulté qui relèvent de la politique de la ville et où se trouvent concentrées plus qu’ailleurs, les personnes en situation familiale ou sociale difficile ou victimes de discriminations et de rejets. Aide aux parents pour l’éducation de leurs enfants Dans un contexte marqué par de profondes mutations qui rendent plus difficile l’exercice de la parentalité, la famille demeure le lieu privilégié où se construit l’enfant et où il doit trouver des repères. En 1999, diverses réponses d’aide et d’appui aux parents seront mises en place ou renforcées : ■ Réseau d’aide à la parentalité, ■ Développement d’initiatives et d’actions adaptées aux adolescents, ■ Actions liées à la scolarité, notamment des actions “petits-déjeuners dans les écoles”, ■ Accompagnement scolaire qui agit auprès de l’enfant et de ses parents dans le souci de renforcer et d’améliorer les relations école / famille / enfant. /156 Les principaux dispositifs (actions éducatives péri-scolaires, Réseaux Solidarité École, Contrats locaux d’accompagnement scolaire, école ouverte) qui ont fait leurs preuves et auxquels les DDASS apportent leur appui dans un cadre de partenariat, ont vocations à s’harmoniser avec les nouveaux contrats éducatifs locaux impulsés à la rentrée scolaire 1998 par les Ministères de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse et des Sports. A n n e x e s p a r t e n a i r e s Lutte contre les exclusions Dans le cadre du programme de lutte contre les exclusions, l’Action Sociale privilégie toutes les formes d’actions qui rendent les personnes “acteurs” plutôt que dépendants des systèmes d’aides, tout en garantissant à tous l’accès aux droits fondamentaux. L’accès à l’emploi correspond particulièrement aux préoccupations de la politique de la ville et aux quartiers qui connaissent un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale. Les jeunes en grande difficulté constituent une cible prioritaire de la lutte contre les exclusions. Le programme TRACE, destiné aux jeunes les plus éloignés de l’emploi, concerne d’abord les jeunes des quartiers en difficulté. L’Action Sociale participe à ce programme à travers les fonds d’aide aux jeunes. De même que seront développés, pour les jeunes en situation d’errance ou de rupture familiale ou scolaire, les Réseaux des points d’Accueils Jeunes, situés en priorité dans les grandes agglomérations urbaines et par ailleurs, l’Appui social individualisé, pour ceux qui sont durablement éloignés du marché du travail. Enfin, les emplois-jeunes doivent être développés en direction des jeunes des quartiers de la politique de la ville, soit par l’emploi des jeunes eux-mêmes, soit par le développement d’activités socialement utiles aux habitants de ces quartiers. /157 La mise en œuvre des orientations de l’Action Sociale résulte de l’initiative d’opérateurs de terrain auxquels sont apportés par ses services, conseils techniques et appui financier dans le cadre de contractualisation pluri-partenariales, ces interventions ne pouvant se concevoir sans une recherche de cohérence et de complémentarité avec les différentes institutions, associations et acteurs intermédiaires concernés. de l’Emploi et de la Solidarité Les DDASS, partenaires très engagés des opérations Ville, Vie, Vacances, exercent une vigilance particulière sur la portée éducative des actions et leur accès effectif, pour les adolescents et jeunes, les plus en retrait des structures habituelles et la prise de responsabilité des adultes. Ministère Prévention de la délinquance A n n e x e s p a r t e n a i r e s de la Jeunesse et des Sports Ministère Pour un projet éducatif global Dès l’origine, le ministère de la jeunesse et des sports a affirmé sa préoccupation éducative dans un espace qui est celui des loisirs sportifs et culturels, et dans un temps qui va de l’enfance à la fin de la vie - en lien avec les fédérations d’éducation populaire et de jeunesse -. La finalité en est le développement de chacun, l’émancipation individuelle et collective par l’acquisition de savoirs, savoir-faire et savoir être, en valorisant le rôle de l’expérience, de la sensibilité et du collectif dans les apprentissages. En outre, en tant que service de l’Etat, il se doit de faciliter à la fois la nécessaire transmission du patrimoine et des valeurs fondatrices de notre société et la prise en compte de ”l’intérêt supérieur de l’enfant“. Il doit aussi permettre de répondre à un certain nombre de mutations : la socialisation et l’apprentissage des jeunes se font de plus en plus entre pairs ; un tiers temps social tend à développer entre l’école et la famille, qui peut être, ou temps de construction de soi et d’inscription sociale, ou temps de vacuité, ceci dans un contexte institutionnel transformé - celui de la décentralisation - où cohabitent des acteurs éducatifs multiples. Ceci l’a conduit à mettre en œuvre et à soutenir plus particulièrement des politiques éducatives partenariat, ayant le souci du développement personnel des enfants et des jeunes. Ainsi ceux-ci peuvent se confronter à une diversification des modes d’apprentissage, dans un cadre collectif et dans la réciprocité des échanges ; ils peuvent faire appel à toutes leurs ressources et découvrir leurs potentialités, dans une pédagogie de la réussite. Ils peuvent alors développer une meilleure connaissance de leur environnement social et culturel et accroître leurs capacités à y participer en termes de citoyenneté - cette dernière implique l’apprentissage et l’exercice du débat critique -, nécessaire tant à la construction de soi qu’au fonctionnement démocratique. Cette démarche participe de la politique du Ministère de la Jeunesse et des Sports qui vise à développer l’information, la formation et l’expression des jeunes. /158 Ces engagements supposent un projet global d’éducation sur un territoire et avec ses habitants. Ils appellent un processus de diagnostic et de concertation entre les services de l’Etat, les familles, les collectivités locales, les partenaires A n n e x e s p a r t e n a i r e s Saint-Fons, un espace éducatif Saint-Fons depuis plusieurs années a organisé un espace éducatif global et concerté afin de faciliter l’intégration de l’enfant et du jeune dans son espace de vie, de l’aider à grandir, à faire des rencontres, à construire et développer son projet personnel. L’enjeu est de le préparer à sa future citoyenneté. Des expériences menées depuis 1971 (école ouverte, centre social, école maternelle intégrée, passeport-loisirs ouvrant l’accès gratuit à toutes les activités culturelles et sportives de la cité) ont abouti à la mise en place en 1981 d’un large projet d’aménagement des rythmes de vie de l’enfant qui, dès 1982, bénéficiait à toutes les écoles publiques de la commune. Deux concepts fondent cette politique : Une cohérence horizontale qui doit éviter le découpage du temps de vie de l’enfant en tranches séparées, s’ignorant les unes les autres et qui prend en compte, temps scolaire, temps périscolaire, mercredis après-midi, week-end et vacances ; ■ Une cohérence verticale qui permet le suivi des dernières étapes ; crèches, écoles maternelles, primaires, collège... Cette cohérence ne pouvait exister que par une meilleure gestion des espaces, du temps et la définition d’un projet éducatif et ce, dans le cadre d’une concertation de tous les acteurs éducatifs. … /159 ■ de la Jeunesse et des Sports Ce souci de développement harmonieux de l’enfant, du jeune dans tous les temps de sa vie quotidienne, est inséparable de la reconnaissance à priori de sa place et de ses droits, de ses compétences et de sa personnalité, condition de son adhésion au pacte social et à sa projection dans un devenir-citoyen. Cette question de la place des jeunes, de leur citoyenneté active, apparaît aujourd’hui comme décisive et est au cœur de l’intervention du ministère de la jeunesse et des sports dans son incitation au développement de politiques locales de jeunesse. Ministère associatifs et privés, et leur inscription dans un projet commun, dans le respect des compétences, et la reconnaissance de la légitimité à part entière de chacun des acteurs éducatifs. A ce titre ils participent d’une politique sociale et d’une dynamique de développement territorial concerté. A n n e x e s p a r t e n a i r e s L’école est le creuset de cet espace éducatif. L’enfant est placé au centre des actions afin de lui permettre d’accéder aux activités de base des apprentissages intellectuels fondamentaux mais aussi à la culture. De nouveaux rythmes scolaires pour toutes les écoles maternelles, primaires, de la ville ainsi que du collège, ont été alors mis en place : Lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi : de la Jeunesse et des Sports Ministère … ● Matin : 08h30 - 12h00 ● Après-midi 13h30 - 15h00 (à l’exception du mercredi). Les matinées sont coupées d’une récréation de 20’ avec petits déjeuners et distribution de lait gratuit à tous les enfants. A partir de 15 heures 30, et jusqu’à 17 heures ou 18 heures, tous les enfants sont accueillis dans les ateliers, encadrés par plus de 200 animateurs. Les principes posés sont : ■ La ■ le gratuité, libre choix par l’enfant de l’activité, ■ la non-obligation, la non-possibilité par l’enfant de choisir toute la semaine la même activité. Aujourd’hui, ce sont plus de 90% des enfants des écoles qui fréquentent régulièrement les activités chaque jour. Le choix se porte à 50% sur des activités à caractère sportif (de l’athlétisme à l’équitation en passant par tous les sports, collectifs, duaux et de combats), à 30% sur des activités à dominante culturelle (théâtre, musique, art plastique, bibliothèque), à 20% sur des activités plus ludiques (cuisine, jeux de société...). /160 Tout ce dispositif fonctionne dans le cadre de centres de loisirs, avec un coordonateur par école et un éclatement vers toutes les structures sportives, culturelles, sociales et de loisirs de la ville qui sont réservées à cet effet. ■ Plus 600 000 heures - enfants par an sont organisées pour un coût de 8,35 F par enfant. ■ Plus de 4 000 heures - stagiaires pour la formation, la concertation, ont été dégagées au profit des enseignants et des animateurs l’an passé. A n n e x e s p a r t e n a i r e s Voulant dépasser à la fois une logique de l’offre et une logique territoriale limitée aux quartiers, les quelques principes qui sous-tendent cette intervention du ministère de la culture et de la communication, rejoignent les objectifs redéfinis de la politique de la ville : ■ mobiliser l’ensemble des acteurs de la culture, tant les artistes, les architectes et urbanistes que les professionnels de la culture ; ■ redonner à l’espace commun de la ville son rôle de creuset et sa capacité d’intégration ; ■ faire participer les habitants aux projets artistiques et culturels ; ■ inscrire l’action dans la durée. Le but final de la mise en œuvre d’une véritable politique de démocratisation culturelle étant d’ouvrir à chacun l’accès à toutes les formes de culture, c’est-àdire de donner les moyens et le désir de s’en saisir. Cette politique passe d’abord par l’éducation et par l’école : l’ensemble des acteurs (enseignants, artistes intervenants, professionnels de la culture), des équipements et structures culturels, doivent être mobilisés par cette entreprise. Elle sera mise en œuvre prioritairement dans les secteurs où les jeunes sont éloignés de l’art et de la culture pour des raisons géographiques ou sociales : particulièrement dans les zones urbaines. … /161 L’ensemble des actions conduites à ce jour a permis un foisonnement d’initiatives individuelles et collectives qui constituent, à l’échelle du territoire, de véritables réseaux ; il faut appuyer sur ces réseaux l’action du ministère de la culture et de la communication et celle des partenaires institutionnels. Un ensemble de dispositifs et de moyens spécifiques encadrent aujourd’hui leur intervention : deux circulaires récentes ouvrent en particulier de nouvelles de la Culture et de la Communication La contribution ancienne et importante du ministère de la culture et de la communication dans la politique de la ville s’inscrit aujourd’hui dans le cadre d’une politique globale de démocratisation dont la Ministre a fait sa priorité. Ministère La place de la culture dans la dimension éducative de la politique de la ville A n n e x e s p a r t e n a i r e s … perspectives au développement de l’éducation artistique et culturelle, grâce à des collaborations interministérielles. Dans le cadre scolaire : la circulaire commune ministère de la culture et de la communication / ministère de l’éducation, du 22 Juillet 1998, sur l’éducation artistique et culturelle, a pour objectif de démultiplier les actions en milieu scolaire sur des champs artistiques dont les spécificités nécessitent la présence d’intervenants aux côtés des enseignants et de tendre vers la généralisation de ces dispositifs. D’ores et déjà, ces interventions peuvent faire l’objet d’une collaboration régulière et continue tout au long de l’année scolaire, avec l’instituteur ou le professeur des écoles. Des résidences d’artistes, ou toute forme d’opération plus ponctuelle, favorisent la rencontre des jeunes avec la création artistique. Ces actions et projets spécifiques font l’objet de partenariats dans le cadre de conventions entre les D.R.A.C. et les rectorats, ou de jumelages entre un établissement culturel et un établissement scolaire, qui permettent de cofinancer des ateliers de pratiques artistiques et la mise à disposition des établissements scolaires de professionnels des structures culturelles. /162 La circulaire de juillet 1998 qui vise à renforcer et encadrer ces dispositifs, définit un certain nombre de priorités : ■ l’éducation à l’image : d’ores et déjà, l’image cinématographique est par les programmes “Ecole au cinéma” depuis 1994 et “Collège au cinéma” ; ■ l’accès au livre ; BCD, CDI, BU vont être progressivement mises en réseau avec les bibliothèques municipales et départementales ; ■ la sensibilisation à l’espace construi : il est important de faire prendre conscience aux enfants et adolescents du patrimoine architectural et urbain et d’y reconnaître l’expression de mémoires collectives, en particulier dans le cadre des classes de ville ; ■ la pratique du théâtre et de toute autre pratique artistique en amateur ; A n n e x e s p a r t e n a i r e s Par ailleurs, des ateliers d’expression artistique et culturelle seront créés dans tous les lycées en partenariat avec les professionnels de la culture et des espaces pour l’art et la culture seront progressivement ouverts dans les collèges et lycées. La circulaire concernant la mise en œuvre des contrats éducatifs locaux (BO du 16 Juillet 1998) co-signée par 4 ministres (éducation nationale, culture, jeunesse et sports, ville) propose un cadre nouveau pour le développement de l’art et de la culture dans le cadre d’un projet éducatif et pose le principe d’une implication forte des acteurs de terrain (artistes, responsables associatifs, enseignants, professionnels de la culture...) En marge et en dehors du temps scolaire et de l’école, les activités proposées aux enfants et aux jeunes doivent, dans la mesure du possible, viser à compenser les inégalités actuelles d’accès à la culture et aux savoirs en participant à leur éducation, leur épanouissement et au développement de leur sensibilité. Les initiatives dans ce domaine sont, on le sait, nombreuses et importantes de la part d’un grand nombre de partenaires : celles du monde associatif, avec notamment le soutien du ministère de la culture et de la communication, comme par exemple sur le registre de la petite enfance (“Enfance et Musique”, “Accès”...) ; ■ celles des établissements culturels ; ■ celles des ministères de la culture dans le cadre des dispositifs comme les conventions “ville, lecture”, les conventions “villes d’art et d’histoire” ou des programmes comme “un été ciné”, aujourd’hui “Cinévilles”, mis en place par le CNC et labellisé VVV ; … /163 ■ de la Culture et de la Communication une place importante est réservée à la place de la musique à l’école : des liens entre les écoles de musique ou les conservatoires d’une part, et les établissements scolaires d’autre part, seront renforcés afin de limiter les inégalités socio-économiques réelles dans ce secteur. Une attention particulière sera portée aux enfants des écoles primaires. Ministère ■ enfin, A n n e x e s p a r t e n a i r e s … ■ celles des autres ministères comme ceux de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports et de la ville. ■ la mobilisation par et pour tous les partenaires locaux de toute l’information sur les ressources et forces culturelles existantes ; de la Culture et de la Communication ■ le /164 Ministère Enfin, quatre leviers essentiels devront être utilisés pour concourir à la réussite d’une telle politique culturelle éducative : renforcement des services éducatifs des structures culturelles par le ministère de la culture et de la communication : scènes nationales, musées, bibliothèques, centres d’art, expositions, etc. ■ l’intégration de l’initiation et de la familiarisation aux nouvelles technologies et le recours aux espaces culturels multimédia (ECM), outils d’accès à la culture, aux savoirs et à la création ; ■ le développement d’efforts en matière tarifaire, la gratuité pour les scolaires en particulier, contribuant fortement, on le sait, à réduire les barrières à la fréquentation des équipements culturels. A n n e x e s p a r t e n a i r e s Le dispositif qui vous est présenté est le fruit d’un travail collectif entre les services de l’Etat, ceux de la Caisse Nationale des Allocations Familiales et de grands réseaux associatifs qui ont déjà une expérience dans ce domaine de l’écoute, de l’appui et de l’accompagnement des parents. Ce dispositif a pour objectif d’aider les parents dans l’exercice de leur fonction parentale, avec une double préoccupation : favoriser le développement des relations entre les parents ; faciliter leur accès à de l’information et, si nécessaire, le contact avec des professionnels susceptibles de les aider. Il s’adresse à toutes les familles. Il s’appuie sur les initiatives très nombreuses qui existent déjà, menées souvent dans un cadre associatif. Il s’agit à la fois de les renforcer, de les développer et d’en susciter de nouvelles, avec le souci constant de mettre en réseau les différents intervenants, en respectant leur diversité et en s’efforçant de construire une cohérence et une visibilité de l’action. La charte, construite dans le cadre d’un travail partenarial, sera le lien entre toutes les initiatives. Les actions consisteront par exemple, à : créer des lieux de rencontre entre parents, afin de faciliter les échanges sur les difficultés de la vie quotidienne, la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, les relations avec l’école..., dans le but de trouver ensemble des solutions appropriées (“réseaux de parents”) ; ■ organiser des groupes de parole pour les parents sur les questions relatives à la vie commune, aux relations avec leurs enfants... ■ favoriser des lieux d’accueil parents / jeunes enfants, des lieux de médiation parents / adolescents ; … /165 ■ interministérielle à la famille Le principe de cette action a été arrêté à la Conférence de la famille du 12 juin 1998 par le Premier Ministre et la ministre de l’emploi et de la solidarité. Délégation Le dispositif d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents A n n e x e s p a r t e n a i r e s interministérielle à la famille Délégation … ■ encourager les initiatives susceptibles de soutenir les parents immigrés dans leur fonction parentale, en prenant en compte leurs difficultés d’intégration dans la société d’accueil. Afin d’assurer la cohérence et l’impulsion nécessaire, un comité d’animation sera mis en place dans chaque département, à l’initiative du Préfet (dans les gros départements, pourront exister plusieurs comités d’animation). Il regroupera les associations, les services de l’Etat, les Caisses d’Allocations Familiales, les élus, qui sont à même de développer des actions d’accompagnement de la fonction parentale. Il aura pour mission d’organiser la circulation de l’information entre les différentes opérations, la confrontation et l’évaluation des pratiques, la capitalisation des savoirfaire. Il organisera également les conditions d’information des habitants sur les actions d’appui aux parents. Au niveau national, un comité de pilotage, animé par le délégué interministériel à la famille, regroupera les principales administrations, institutions et grands réseaux associatifs partenaires de ce dispositif, ainsi que des personnalités qualifiées et des élus. Il s’appuiera sur une cellule technique chargée d’apporter un appui technique à la mise en place d’initiatives locales, de favoriser le lien entre les réseaux, les comités d’animation départementaux et d’être, pour tous les intervenants, un centre de ressources. Dès 1999, l’Etat et la CNAF ont mis des moyens importants à la mise en œuvre du dispositif : ■ 63 MF de crédits supplémentaires sur le chapitre 47-21 du ministère de l’emploi et de la solidarité (qui s’ajoutent aux 20 MF qui finançaient déjà des actions de ce type) ; ■ 100 MF individualisés sur l’aide à la fonction parentale dans le budget du FNAS de la CNAF. /166 Une première évaluation du dispositif sera effectuée lors de la prochaine conférence de la famille. A n n e x e s p a r t e n a i r e s Les missions locales et les PAIO Elle gère les moyens attribués par l’Etat au fonctionnement du réseau des missions locales et des Permanences d’Accueil, d’Information et d’Orientation (PAIO). ■ Elle anime, évalue et coordonne l’activité de ce réseau. ■ Elle assure dans un cadre interministériel, la promotion et le développement des actions mises en œuvre par les pouvoirs publics en faveur de l’insertion professionnelle et sociale des jeunes. ■ Elle conduit son action en liaison avec le Conseil National des Missions Locales. Le réseau des missions locales et des PAIO 331 missions locales, 293 PAIO en contact avec 1,3 millions de jeunes. 6 000 salariés. 3 000 points d’accueil. Les missions locales et les PAIO assurent une mission d’accueil, d’information, d’orientation et de suivi personnalisé des jeunes de 16 à 25 ans, dans une perspective d’insertion professionnelle et sociale. Ce réseau a pour objectif d’apporter des réponses adaptées à l’ensemble des demandes formulées par les jeunes (formation, santé, logement, culture, loisirs, etc.) et plus particulièrement dans le domaine de l’accès à l’emploi. … /167 Elles constituent un mode d’organisation et de mobilisation du partenariat local au travers de leurs structures où sont représentés de nombreux partenaires : élus, collectivités territoriales, partenaires économiques et sociaux, associations. Grâce à ce partenariat, des initiatives et des actions locales concrètes sont mises en place. interministérielle à l’insertion des jeunes ■ Délégation La DIIJ est placée sous la tutelle de la ministre de l’emploi et de la solidarité : A n n e x e s p a r t e n a i r e s Créées à l’initiative de l’Etat et des collectivités locales, les missions locales, présidées par un élu, sont constituées en association ou Groupements d’Intérêt Public. Leur financement est assuré par l’Etat et les collectivités territoriales, ainsi que, le cas échéant, par d’autres partenaires. ■ Le réseau des missions locales et des PAIO s’implique dans la politique de la ville. interministérielle à l’insertion des jeunes ■ Les /168 Délégation … missions locales et PAIO couvrent la totalité des sites de la politique de la ville. Des antennes ont été mises en place dans les quartiers en difficulté. ■ Les jeunes de ces sites bénéficient particulièrement du programme TRACE, dont les missions locales et les PAIO assurent le pilotage, et des emplois-jeunes (20% de ces emplois). Les missions locales et PAIO sont prises en compte dans la négociation actuelle des contrats de ville. ■ ■ La DIIJ participe aux travaux du Conseil National des Villes. A n n e x e s p a r t e n a i r e s L’intégration est une démarche active Deux processus doivent se conjuguer : “le processus de s’intégrer”, pour l’immigré ; “le processus d’intégrer” pour la société française. Une démarche doublement volontaire des personnes à intégrer, d’une part, et de tous ceux composant la mythique “société d’accueil”, services publics, personnes morales, citoyens, d’autre part. Ce qui résulte de l’intégration n’est pas la “Société d’accueil”, additionnée d’immigrés, ayant bénéficié d’ont on ne sait quelle promotion sociale. Ce qui résulte de l’intégration, c’est la nation française, qui tire sa vitalité de son renouvellement et de sa transformation constante. Les interventions du FAS Fonds d’action sociale Le Fonds d’action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles est un établissement public à caractère administratif chargé d’une mission de service public, clairement définie comme étant d’œuvrer à l’intégration en France des populations immigrées. Les moyens d’intervention du FAS se traduisent par le soutien de programmes d’actions, dont les principaux bénéficiaires sont toujours directement ou indirectement les immigrés. Les principes d’actions du FAS sont guidés par les éléments dynamiques du processus d’intégration et par le caractère essentiel des étapes de la vie. … /169 Ces divers moyens agissent en premier lieu sur les moments clés du processus d’intégration, tels que l’accueil des familles rejoignantes, l’acquisition d’une maîtrise minimale de la langue française, la petite enfance, l’aide à la scolarité, l’accès à l’emploi. En second lieu, ils doivent permettre d’inciter les services de droit commun à prendre en compte les difficultés particulières des personnes les plus fragilisées, telles que l’accès aux droits sociaux, à l’information et à la lutte contre les discriminations. A n n e x e s p a r t e n a i r e s … Enfin, le caractère inacceptable des discriminations appelle des actions de formes multiples touchant l’accès au travail, l’éducation, le logement ou la culture. Les interventions du FAS s’inscrivent dans une logique territoriale, premier cadre d’une intégration sociale. Il faut souvent agir simultanément sur plusieurs obstacles à l’intégration et c’est ce que sous tendent les politiques transversales, gérées selon les principes du partenariat. Pour le XIIème plan, l’Etat inscrit l’intégration des populations immigrées comme une dimension permanente et transversale des contrats de ville (CIV des 30 juin 1998 et 2 décembre 1998). La politique d’intégration : un engagement fort de l’Etat en articulation avec la politique de la ville, comme le soulignait Madame AUBRY lors de la communication le 21 octobre 1998 au Conseil des ministres ; “ La société française s’est construite par le mélange, en référence à ses valeurs historiques : celles de la liberté, de la solidarité, de l’égalité, dans le respect des droits et devoirs de chacun... La force de ce modèle vient précisément de sa capacité d’adaptation aux changements. Nous devons ainsi réaffirmer que les principes de notre politique d’intégration doivent nous permettre de mieux vivre ensemble.” /170 “ Les moyens de cette politique sont les mêmes pour tous. Ce sont les moyens des différentes politiques publiques : l’éducation, le logement, la formation ou l’accès à l’emploi, à la culture ou aux pratiques sportives. Bien entendu, la politique de la ville et l’engagement de l’Etat avec les collectivités territoriales, sur certains territoires concourent à la réalisation de cet objectif. Comme cela a été décidé lors du comité interministériel à la ville du 30 juin 1998, l’Etat inscrira systématiquement la politique d’intégration parmi les éléments des prochains contrats de ville. L’intégration est possible : elle passe par le respect des droits et devoirs de chacun et des valeurs de notre société, tout en assurant à tous une place digne.” A n n e x e s Le diagnostic des contrats de ville doit nous permettre de répondre à la question : Quels sont les processus producteurs d’exclusion et de freins aux processus d’intégration dans les parcours scolaires, dans l’accès aux droits, aux loisirs, à une vie sociale culturelle et à l’insertion professionnelle pour tous les jeunes. Une attention particulière sera portée à la situation des jeunes filles. Quelques principes régissent le soutien du FAS dans le champ de l’éducation ■ De par son universalité, par son rôle et ses principes, l’école reste le plus efficace lieu d’intégration, d’où l’intervention du FAS en complémentarité avec l’éducation nationale, ■ L’accompagnement scolaire, s’il peut partir de l’aide aux devoirs, ne peut s’y résumer : l’éveil de l’enfant, l’ouverture à des pratiques culturelles en est une dimension majeure, ■ L’action péri scolaire est une action efficace par sa précocité à condition de s’inscrire dans le temps et dans le local, ■ L’appui à la fonction éducative, en particulier par la valorisation et la reconnaissance des familles par la qualification de l’encadrement et la professionnalisation des actions, ■ Le soutien aux initiatives, à la prise de responsabilités, à la création. Le FAS entend associer les jeunes à une pratique de la citoyenneté et à faciliter la possibilité de prendre la place qui leur revient dans la société avec les droits et les contraintes qu’elle impose. … /171 Le FAS partenaire de la politique de la ville, de par sa mission, n’a pas vocation à devenir un acteur de droit commun des politiques éducatives mais il peut apporter sa connaissance des situations dans le domaine de l’intégration, en particulier des phénomènes de discrimination et des obstacles dans l’accès aux droits. Il concentre son action sur les secteurs ou des difficultés sont identifiées pour les populations immigrées. Fonds d’action sociale p a r t e n a i r e s A n n e x e s p a r t e n a i r e s /172 Fonds d’action sociale … Soutien au développement d’initiatives de proximité. Le FAS, aux côtés des partenaires des contrats de la ville, contribuera à la définition et la mise en œuvre, d’une politique de réussite de tous les jeunes. ” Chacun, quelles que soient ses origines, son lieu de résidence et son statut social doit se sentir appartenir à la même communauté de vie et de destin ” (CIV du 30 juin 1998). A n n e x e s Claire HEBER-SUFFRIN, Philippe MEIRIEU. Desclée de Brouwer, 1998. Les transferts de connaissance. ■ ■ Sophie GENELOT. Milan, Mars 1998 Philippe MEIRIEU, Camille THOUVENOT. L’Harmattan, 1998. Territoires à vivre : quels aménagements pour les enfants et les jeunes ? ■ L’éducation en débats : la fin des certitudes. 1997 Jacky BEILLEROT. L’Harmattan, 1998. ■ Education : la politique de la ville. Pour une prise en compte spécifique de l'éducation par la politique de la ville : de la réussite scolaire au développement d'une capacité d'insertion. ■ Pascal BAVOUX, Véronique GAMON, Elisabeth GAGNEUR-LACOIN, Raphaële VERDIER. Groupe de recherche et d'études (GRE), Trajectoire Réflex, Septembre 1998. L'école ou la guerre civile. Philippe MEIRIEU, Marc GUIRAUD. Plon, Septembre 1997. ■ L'école dans la ville. In : Les annales de la recherche urbaine, N°75, Juin 1997. ■ Des écoles innovantes pour réussir. Autour du pacte de relance. Profession banlieue, Juin 1997. ■ Les institutions scolaires et universitaires. ■ Jean-Louis AUDUC. Nathan université, 1998. In : Urbanisme, N°297, Novembre 1997. Lettre à quelques amis politiques sur la République et l’état de son école. ■ Philippe MEIRIEU. Plon, 1998. Bibliographie 1998 ■ Les savoirs, la réciprocité et le citoyen. A la recherche du quartier : entretien avec André BRUSTON. ■ L’école en France. Jean-Louis AUDUC, Christian FORESTIER. Nathan, 1997. La scolarisation dans les milieux “ difficiles “. ■ Agnès VAN ZANTEN. INRP, 1997. … /173 L’école dans la ville A n n e x e s ■ L'école en banlieue. Université Paris VIII, Mars 1996. … ■ Métamorphoses de la formation. F. CARDI, A. CHAMBON. L’Harmattan, 1997. ■ L’innovation en éducation et en formation. Françoise CROS, Georges ADAMEZEWSKI. INRP, 1996. ■ 1996 ■ Les politiques publiques favorisent-elles les quartiers pauvres ? Le cas de l'éducation nationale. Carine TREGUER. Observatoire de l'économie et des institutions locales, Novembre 1996. ■ A l'école de la république. In : Hommes et migrations, Septembre 1996. ■ ■ Évaluation réseaux-solidarité-école 1996. François SICOT, Jean-Paul PAYET. ARIESE réseau, 1996. ■ Pour une approche clinique du savoir. Jacky BEILLEROT, Claudine BLANCHARD-LAVILLE, Nicole MOSCONI. L’Harmattan, 1996. 1995 Enseigner en banlieues. Jean-Louis AUDUC. Hachette, 1996. ■ Travailler en banlieue. Éducation civique et initiation juridique dans les collèges. Élisabeth Beautier. L’Harmattan, 1995. François AUDIGER, Guy LAGELEE, Jacqueline COSTA-LASCOUX. INRP, 1996 ■ Le volet éducation dans les contrats de ville. ■ ■ Lire la ville. Marie RAYNAL. 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French-American foundation, Juin 1995. ■ A l'école des banlieues. Gérard CHAUVEAU, Eliane ROGOVAS-CHAUVEAU. ESF éditeur, Avril 1995. ■ L'école éclatée. Claire SUFFRIN-HEBER, Marc SUFFRIN-HEBER. Desclée de Brouwer, 1994. ■ L'école dans la ville. Accords et désaccords autour d'un projet politique. Agnès HENRIOT-VAN ZANTEN, Jean-Paul PAYET, Laurence ROULLEAU-BERGER. L'Harmattan, 1994. ■ Grande pauvreté et réussite scolaire. Changer de regard. ■ Philippe JOUTARD. Centre régional de documentation pédagogique de Midi-Pyrénées, Avril 1995. Rennes le 14 décembre 1994. Actes du Forum – Préfecture de Bretagne, préfecture du pays de La Loire, DIV. ■ Collège de banlieue : ethnographie d’un monde scolaire. ■ L'école dans la ville : ouverture ou clôture ? Jean-Paul PAYET. Méridiens Klincksieck, 1995. In : Migrants, N°97, Juin 1994. ■ L’école et ses sociologies. Jean-Manuel de QUEIROZ, François de SINGLY. Nathan uviversité, 1995 Bibliographie OCDE, 1995. École et quartiers dans la ville. ■ École et lien social : cultures, intégration et citoyenneté. Elisabeth BAUTIER, Agnès HENRIOT-VAN ZANTEN. Université Paris VIII, 1994. … /175 ■ A n n e x e s … ■ Les territoires désajustés : de la recomposition d’espaces éducatifs locaux au marché sans frontières ? In : L’école et le territoire, 1994. ■ La France, un territoire à ménager. ■ L’histoire de France, un autre regard. Suzanne CITRON. L’atelier, 1992. R. BRUNET. Edition N° 1, 1994. ■ ■ L’école et le territoire. Bernard CHARLOT. Armand Colin, 1994. La démocratisation de l’enseignement aujourd’hui. ■ Gabriel LANGOUËT. ESF, 1994. ■ La lutte contre l’exclusion Françoise LORCERIE. In : Cahiers pédagogique, N° 328, Novembre 1994. 1993 Les Zones d’éducation prioritaire (ZEP) 1998 - 1997 ■ Enseigner en ZEP : quelles perspectives pour la formation ? Actes des rencontres nationales des 23 et 24 Mai 1997 à Lille. CRDP du Nord-Pas-de-Calais, Avril 1998. ■ ■ L'école et la ville. Michel WIEVIORKA. Centre d'analyse et d'insertion sociologiques, Juin 1993. 1992 - 1991 /176 ■ L’enfant, l’école et le quartier. Claudine DANNEQUIN. L’Harmattan, 1992. Le mythe national. Suzanne CITRON. L’atelier, 1991 Mémoire de ZEP pour l’avenir. Observatoire des zones prioritaires, 1998. ■ Enseigner en ZEP. Patrick BOUVEAU. CRDP Nord-Pas-de-Calais, 1998. ■ Les ZEP, entre école et société. Patrick BOUVEAU, Jean-Yves ROCHEX. Hachette éducation, Centre national de documentation pédagogique, 1997. A n n e x e s Les relations famille-école ■ Quartiers populaires : l’école et les familles. Daniel THIN. Presses universitaires de Lyon, 1998. 1999 L’école face aux parents : analyse d’une médiation. 1997 ■ Patrick BOUVEAU, Olivier COUSIN, Joëlle FAVA. ESF, 1999. 1998 ■ Éducation : le partenariat entre les parents et les professionnels reste à définir. Marielle AULAGNIER, Christine OLN, Marie-Odile SIMON. 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L’Harmattan, 1998 L’accompagnement scolaire /180 ■ Cinq questions sur l'accompagnement scolaire et éducatif. Journées nationales de Rennes. Anne CHAPOUTOT. Ville de Rennes, La ligue de l'enseignement, Novembre 1997. 1998 ■ Les violences scolaires : ni fatalité, ni impuissance. Jean-Louis LORRAIN. Sénat, 1998. 1997 ■ Violences à l'école. Etat des savoirs. Bernard CHARLOT, Jean-Claude EMIN. Armand Colin, Août 1997. ■ La médiation scolaire. Etude comparative France-Etats-Unis. Jean-Pierre BONAFE-SCHMITT. GLYSI, CNRS-MRASH, Université Lumière Lyon II, Juin 1997. A n n e x e s Institut des hautes études de la sécurité intérieure, Juin 1997. ■ Les violences de l'école. Bernard LEMPERT. Audijuris éditions, Février 1997. L’école et le local ■ L’action éducative à l’échelon municipal : rapport aux valeurs, orientation et modes d’intervention. François CARDI, André CHAMBON. L’Harmattan, 1997. ■ L’école et la commune. Jean ROUCOU, A. DERRIEN, Jean-Pierre MURET. Pro-Edi, 1993. L’école et l’immigration ■ L’école et la question de l’immigration. Jean-Paul PAYET, Agnès VAN ZANTEN. In : Revue française de pédagogie, N°117, Octobre-Décembre 1996. ■ Scolarisation des enfants immigrés. Bibliographie ■ Le signalement des violences scolaires. Françoise LORCERIE. Confluences Méditerranée, N°14, printemps 1995. L’université plus proche du “ local “: un “ plus “ pour les usagers. In : L’école et le territoire : nouveaux espaces, nouveau enjeux. Armand Colin, 1994. Les jeunes ■ Outrances verbales ou mal de vivre chez les jeunes des cités. ■ Les politiques municipales d’éducation : un exemple de mobilisation locale des acteurs de l’éducation. Claudine DANNEQUIN. In : Migrants formation, N°108, Mars 1997. A. HENRIOT VAN ZANTEN. Armand Colin, 1994. Jean-Pierre GOUDAILLIER, Claude HAGEGE. Maisonneuve et Larose, 1997. ■ Comment tu tchatches ! A. HENRIOT VAN ZANTEN, J.P. PAYET, L. ROULLEAU-BERGER. L’Harmattan, 1994. /181 ■ L’école dans la ville. Accord et désaccords autour d’un projet politique. A n n e x e s mardi 30 mars 1999 8h30 - 10h00 Programme Accueil des participants au Palais des Congrès du Vinci à Tours. 10h00 – 10h30 •ANNETTE PEULVAST-BERGEAL, DÉPUTÉE, MAIRE DE MANTES-LA-VILLE •FRANÇOIS GEINDRE, MAIRE D’HÉROUVILLE SAINT-CLAIR, MEMBRE DU CONSEIL NATIONAL DES VILLES Allocution de bienvenue, Salle François 1er. •PIERRE-LOUIS RÉMY, DÉLÉGUÉ • JEAN GERMAIN, MAIRE DE TOURS, PREMIER VICE-PRÉSIDENT DE LA RÉGION CENTRE •THIERRY TUOT, DIRECTEUR DU FONDS D’ACTION SOCIALE 10h15 – 10h30 Accueil - Salle François 1er. • CLAUDE BARTOLONE, MINISTRE DÉLÉGUÉ À LA VILLE 10h30 – 10h45 Intervention - Salle François 1er. • CLAUDE BREVAN, DÉLÉGUÉE INTERMINISTÉRIELLE À LA VILLE 10h45 – 12h00 Table ronde : L’éducation, une responsabilité partagée, Salle François 1er. Animée par : • GÉRARD LECLERC, FRANCE 2, avec : • JEAN BAUBEROT, PRÉSIDENT DE L’ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES • JACKY BEILLEROT, PROFESSEUR EN SCIENCES DE L’ÉDUCATION PARIS X NANTERRE /182 •JEAN-CLAUDE FORTIER, RECTEUR DE L’ACADÉMIE DE LILLE INTERMINISTÉRIEL À LA FAMILLE •AGNÈS VAN ZANTEN, CHARGÉE DE RECHERCHE À L’OBSERVATOIRE SOCIOLOGIQUE DU CHANGEMENT. L’éducation pour la politique de la ville est à considérer au sens large. Elle résulte des nombreuses interactions entre le monde des adultes, tous les adultes, et celui des enfants. C’est pourquoi, les acteurs, familles,enseignants, associations, élus, citoyens, doivent se mobiliser pour organiser une responsabilité partagée de l’éducation dans la ville. Des difficultés en effet persistent pour mettre en place des politiques éducatives concertées sur un territoire, notamment dans le cadre des volets éducation des contrats de ville. Les répartitions de compétences, les réformes de l’éducation nationale en cours, les contrats éducatifs locaux, provoquent parfois la crainte d’une municipalisation de l’éducation. A n n e x e s D’autre part, des logiques concurrentielles peuvent nuire à la bonne cohérence des projets éducatifs locaux. • SÉGOLÈNE ROYAL, MINISTRE DÉLÉGUÉE À L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 12h30 – 14h30 Déjeuner. Espace Daniel Bourdu - Niveau -2. 14h30 – 16h00 4 Tables rondes, lancées, chacune par un court film de présentation. ■ Une nouvelle place pour les familles dans la vie de la cité. Salle Ronsard - Niveau +1. Animée par : • FRANÇOIS LIMOGE, JOURNALISTE À ESPACE SOCIAL EUROPÉEN, avec : Modérateur : • GABRIEL LANGOUËT, PROFESSEUR À PARIS V, DIRECTEUR DE L’OBSERVATOIRE DE L’ENFANCE • FRÉDÉRIQUE LEPRINCE, SOUS-DIRECTRICE À L’ACTION SOCIALE DE LA CNAF Chacun reconnait que la famille est le premier lieu de l’éducation. Elle a subi de plein fouet les transformations sociales et les violences économiques, sans pour autant trouver sa vraie place dans la cité. La perte des repères et les destabilisations qui s’en suivent ont accru les inégalités, notamment dans le rapport des institutions. Entre trop ou trop peu d’interventions, la marge de manoeuvre est faible mais l’action de solidarité est nécessaire. ■ La ville et l’école, espaces de lien social et de mixités. Salle Descartes - Niveau +1. Animée par : • JEAN MARC PLANTADE, LE PARISIEN, avec : • HUBERT BRIN, PRÉSIDENT DE L’UNAF • MICHEL DIDIER, RESPONSABLE DU CENTRE DE RESSOURCES DIV Modérateur : • GUY JANVIER, MAIRE DE VANVES, CHARGÉ DE MISSION À LA DIF • PATRICK DION, IA LOIR ET CHER, • CÉCILE JONATHAN, ADJOINTE AU POUR L’ÉDUCATION PRIORITAIRE MAIRE POUR LA PETITE ENFANCE À TOURS • JEAN-PAUL PAYET, MAÎTRE DE CONFÉRENCES À L’UNIVERSITÉ LYON II COORDONNATEUR ACADÉMIQUE • CLAUDE LANVERS, DÉLÉGUÉ ADJOINT DIV … /183 Intervention - Salle François 1er. Programme 12h00 – 12h30 A n n e x e s … • HUBERT VALADE, SOUS-DIRECTEUR DES COMMUNAUTÉS IMMIGRÉES À LA DIRECTION DE LA POPULATION ET DES MIGRATIONS • GEORGES VISSAC, CHERCHEUR EN SOCIOLOGIE AU CENTRE MICHEL DELAY DE VÉNISSIEUX Il s’agit de repenser la ville et l’école pour éviter que les espaces de ségrégation urbaine et les barrières sociales entraînent une irréparable inégalité entre les enfants. ■ Les stratégies éducatives pour la réussite - Salle Rabelais - Niveau + 2. Animée par : • BERNARD LOCHE, JOURNALISTE À SAGACITÉS, avec : Modératrice : • FRANÇOISE CROS, PROFESSEUR DES UNIVERSITÉS, RESPONSABLE DE LA MISSION INNOVATION ET RECHERCHE À L’INRP • PIERRE BOURGUIGNON, DÉPUTÉ MAIRE DE SOTTEVILLE LES ROUEN • SUZANNE CITRON, PROFESSEUR HONORAIRE DE L’UNIVERSITÉ PARIS NORD • GENEVIÈVE EHRLICH, MEMBRE DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA FÉDÉRATION DES CONSEILS DE PARENTS D’ÉLÈVES /184 • CATHERINE MOISAN, INSPECTRICE GÉNÉRALE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, MEN • HUBERT PEURICHARD, DÉLÉGUÉ INTERMINISTÉRIEL À L’INSERTION DES JEUNES • PHILIPPE THILLAY, SECRÉTAIRE NATIONAL DES FRANCAS, RESPONSABLE PROGRAMME “PLACE DE L’ENFANT” Chaque année, plus de 50 000 enfants quittent l’école sans aucun diplôme et en situation grave d’échec scolaire. De nouvelles chances doivent leur être données. Mais il faut également, en amont, penser à s’appuyer sur des stratégies de la réussite et veiller à ce que l’acte d’apprendre, pour chaque enfant, se fasse en situation de sécurité et de confiance. La réussite dépasse largement le cadre de la réussite scolaire et doit pouvoir être le résultat de parcours diversifiés permettant d’envisager une insertion professionnelle de qualité. Les stratégies éducatives pour la réussite mettent en cause les idées reçues, les pratiques routinières et le fatalisme social. ■ Pour un projet éducatif local, Salle François 1er - Niveau -1. Animée par : • OLIVIER SAMIN, EUROPE 1, avec : Modératrice : • FRANÇOISE LORCERIE, CHARGÉE DE RECHERCHE À L’IREMAM / CNRS • ARNOLD BAC, CHARGÉ DE MISSION À LA LIGUE FRANÇAISE DE L’ENSEIGNEMENT • PASCAL BAVOUX, DIRECTEUR DE TRAJECTOIRES • HUBERT CHARDONNET, ADJOINT AU MAIRE DE RENNES • SONIA HENRICH, INSPECTRICE D’ACADÉMIE DES BOUCHES DU RHÔNE • CHRISTIAN JANET, PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION DES PARENTS D’ÉLÈVES DES ÉCOLES PUBLIQUES • FRANCINE LABADIE, CHARGÉE DE MISSION AU COMMISSARIAT GÉNÉRAL DU PLAN Construire un partenariat efficace et mobiliser l’ensemble des habitants, afin de définir de façon concertée le projet éducatif local, sur lequel s’appuieront les volets éducation des contrats de ville : tel est l’enjeu. entre tous les adultes qui contribuent à l’éducation d’un enfant. Un certain nombre de concepts méritent d’être revissés, la question de la morale civique notamment, afin de leur redonner tout leur sens. 17h30 – 18h00 Intervention - Salle François 1er. • MARIE-GEORGE BUFFET, MINISTRE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS 18h00 – 18h30 Intervention - Salle François 1er. Programme A n n e x e s • CATHERINE TRAUTMANN, MINISTRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION 19h15 Cocktail, à la Mairie de Tours 16h00 – 16h30 Pause. - Espace bar - Niveau - 1. 16h30 – 17h30 Expositions permanentes : Foyer François 1er. - Niveau -1. Conférence, débat : “ L’éducation et la transmission des valeurs ” Salle François 1er. - Niveau -1, par : • “ La morale dans la ville ” : CRDP de l’académie de Créteil DE LA RECHERCHE PÉDAGOGIQUE) Il s’agit de repenser et d’actualiser les valeurs nécessaires à l’éducation. L’acte éducatif repose trop souvent sur de l’implicite et n’est pas suffisamment un espace de dialogue partagé • “ La petite enfance ” : ville de Tours • “ 13 - 18... Questions de justice ” : Protection Judiciaire de la Jeunesse Librairie du Centre national de documentation pédagogique. CDDP Tours … /185 • PHILIPPE MEIRIEU, DIRECTEUR DE L’INRP (INSTITUT NATIONAL A n n e x e s … mercredi 31 mars • EVELYNE BURGUIERE, 9 h 00 - 11 h 00 MAÎTRE DE CONFÉRENCES, Ateliers de Production • JEAN PIERRE FOUQUET, ■ Place des familles dans l’école Salle Rabelais. 1. - Niveau +2. CHARGÉ DE MISSION À LA DÉLÉGATION INTERMINISTÉRIELLE À LA FAMILLE • JACQUES MAHIEUX, CHARGÉ DE MISSION À LA DIV • CATHERINE RICHARD, CHARGÉE DE MISSION DIV TERLIKOWSKI, GENNEVILLIERS CHEF DE PROJET À • ERIC TUDAL, COORDONATEUR ZEP À GENNEVILLIERS • MIREILLE VIVANT, FOL VALENCE Les familles les plus en difficulté se sentent rejetées par l’école tout en fondant sur elle leurs attentes et leurs espoirs. Quelle place leur donner (informer, écouter, associer) pour instaurer les nécessaires relations de confiance ? ■ Temps scolaire, familial, social Salle Courteline 1 - Niveau +2. Modérateur : • JOËL BALAVOINE, DIRECTEUR DE LA JEUNESSE ET DE LA VIE ASSOCIATIVE AU MINISTÈRE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS /186 DES COURTILIÈRES À PANTIN CHARGÉE DE MISSION À L’ONISEP • GEORGES FOTINOS, DE DIRECTEUR DE LA MAISON DE QUARTIER • MARTINE FOURIER, Modérateur : • CHARLES INRP • ANNIE MILON, CHEF DE LA MISSION RYTHME DE VIE DE L’ENFANT ET DU JEUNE AU MINISTÈRE J.S • ALAIN TYRODE, DIRECTEUR DE LA SANTÉ À LA MAIRIE DE GENNEVILLIERS Les différents temps, scolaire, familial et social, correspondent à des modalités de vécus dont les codes et les règles sont souvent hétérogènes, voire se contredisent. Il s’agit de les articuler pour permettre aux adultes d’aider les enfants et les jeunes à se construire. ■ Participation et médiations Salle Balzac 6. - Niveau +2. Modératrice : • JOCELYNE BAC, DIRECTRICE DU DÉPARTEMENT DÉVELOPPEMENT, MÉTHODE ET ÉVALUATION AU FAS • MARIE CLÉMENTINE BENDO, ASSOCIATION FEMMES MÉDIATRICES DE PANTIN • CLAUDINE DANNEQUIN, MAÎTRE DE CONFÉRENCES À L’ECOLE NORMALE SUPÉRIEURE • EMMANUEL DUPONT, CHARGÉ DE MISSION À LA DIV • FABIENNE SICARD, CONSEILLÈRE TECHNIQUE DE SERVICE SOCIAL AU COLLÈGE VICTOR HUGO À NOISY LE GRAND Les enfants et les adolescents, que leurs parents confient à l’école, y passent un temps important de leur vie. Les uns et les autres sont-ils suffisamment associés, dans les différentes instances, aux décisions qui les concernent ? Des médiations peuvent faciliter la participation. ■ Aménagement urbain et éducation Salle Balzac 5. - Niveau +2. ■ La carte scolaire - Salle Rabelais 2. Niveau +2. Modérateur : • JEAN-CLAUDE EMIN, • MICHEL CANTAL-DUPART, ARCHITECTE ET URBANISTE, PROFESSEUR AU CNAM • BÉATRICE AUXENT, CHARGÉE DE MISSION AU CAUE DU NORD • ALAIN BOURGAREL, ASSOCIATION OBSERVATOIRE DES ZONES PRIORITAIRES • GUY CAILLAT-GRENIER, CHARGÉ DE MISSION VILLE À LA PRÉFECTURE IDF • FRANÇOIS CARDI, MAÎTRE DE CONFÉRENCES PARIS XIII. EVRY • BLANDINE MOREAU, CHEF DE PROJET, CHARGÉE DE L’ACTION SOCIALE, MAIRIE DE TOURS • JEAN PIERRE TILLY, IEN À CHANTELOUP DIRECTION DE SCOLAIRE DU MEN CHEF DE BUREAU À LA L’ENSEIGNEMENT • JEAN LOUIS AUDUC, DIRECTEUR ADJOINT DE L’IUFM DE L’ACADÉMIE DE CRÉTEIL • GÉRARD CHAUVEAU, CHARGÉ DE RECHERCHE À L’INRP • YVES DURAND, DÉPUTÉ MAIRE DE LOMME • FRANCIS OUDOT, PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION NATIONALE DES DIRECTEURS ENSEIGNEMENT DES VILLES • GILLES PETREAULT, IEN DÉLÉGUÉ ACADÉMIQUE AUX FORMATIONS ET À L’INNOVATION - ACADÉMIE DIJON L’école reste un des facteurs essentiels de socialisation dans les quartiers. La … /187 Modérateur : EN SOCIOLOGIE À Les établissements scolaires, tant par leur architecture que par leur implantation, relèvent de compétences partagées entre l’état et les collectivités territoriales. L’ensemble des partenaires doivent être associés pour tenir compte des besoins des usagers et assurer leur diversité. Au delà même, quels dispositifs proposer pour initier les futurs adultes, qui sont et seront les acteurs de leur cité, à la compréhension de celle-ci ? Programme A n n e x e s A n n e x e s … situation présente est marquée par une hiérarchisation excessive entre établissements scolaires et, parfois, par de fortes différenciations entre classes au sein même des établissements scolaires. Ces phénomènes aboutissent à une certaine ségrégation sociale, creusent les inégalités des chances, contrairement à l’idéal de l’école républicaine qu’il s’agit de réaffirmer. ■ La ville, espace de mixités Salle Balzac 2 - Niveau +2. Modérateur : • ANDRÉ BRUSTON, CHARGÉ DE LA RECHERCHE À LA DIV • ISABELLE DE BARY, ASSOCIATION “ NE PAS PLIER ”, OBSERVATOIRE DE LA VILLE, IVRY SUR SEINE • FRANÇOIS GEISMAR, CHEF DE PROJET À ATHIS MONS • SOPHIE GENELOT, PRÉSIDENTE DES FRANCAS DE LA CÔTE D’OR • MICHEL LUSSAULT, PROFESSEUR À L’UNIVERSITÉ DE TOURS, DIRECTEUR ADJOINT DE LA MAISON DES SCIENCES DE LA VILLE • GÉRARD SALMONA, DÉLÉGUÉ DU GROUPE HABITAT VILLE SOCIÉTÉ /188 Le mode de vie urbain tend à devenir dominant : la ville constitue aujourd’hui le cœur des échanges écono- miques et culturels mais selon des logiques souvent ségrégatives. Comment faire en sorte que chacun, quel que soit son quartier de résidence, puisse éprouver son appartenance à une même communauté de vie ? ■ Chances et nouvelles chances Salle Balzac 1. - Niveau +2. Modératrice : • DOMINIQUE BROSSIER, DIRECTRICE AU BUREAU DES MÉTHODES DE L’ACTION ÉDUCATIVE À LA PJJ • DANIEL BLARY, CHARGÉ DE MISSION À LA DÉLÉGATION INTERMINISTÉRIELLE À L’INSERTION DES JEUNES • ELISABETH MARTIN, DIRECTRICE DU CENTRE DE RESSOURCES A. SAVARY À L’INRP • JEAN SALADIN, CORRESPONDANT ACADÉMIQUE POUR L’ÉDUCATION PRIORITAIRE À NICE Depuis quelques années, le nombre de jeunes sortant du système éducatif sans qualification a fortement diminué mais reste néanmoins trop important. Des solutions nouvelles ont été proposées dans le cadre de nombreux dispositifs qui offrent une seconde chance à ces jeunes. Une mobilisation de toutes les énergies est nécessaire autour de cette priorité. A n n e x e s et réussite Courteline 2. - Niveau +2. Modératrice : • SYLVIA SANCHEZ-JOUSSET, DIRECTRICE DE LA MISSION LOCALE DU BLÉSOIS • FRANÇOIS CARDI, PROFESSEUR À L’UNIVERSITÉ D’EVRY VAL D’ESSONNE • JEAN-CLAUDE GUERIN, INSPECTEUR GÉNÉRAL DE L’EDUCATION NATIONALE • JEAN PATRICK GILLE, TOURS, PRÉSIDENT DE LA MISSION LOCALE • YVES JANIN, DIRECTEUR DE L’ÉCOLE GAGARINE B À VAULX EN VELIN • PIERRE MICHEL, CHEF DU SERVICE ACADÉMIQUE D’INFORMATION ET D’ORIENTATION DE L’ACADÉMIE DE ROUEN, L’obtention d’un diplôme accroît de façon importante les chances d’insertion professionnelle mais ne convientil pas de s’interroger sur l’articulation entre diplôme et réussite aussi bien en regard des jeunes sans diplôme qu’en fonction des exigences professionnelles ? Quelles formes nouvelles de certification ? ■ Dialogue et lien social Salle Balzac 3. - Niveau +2. Modératrice : PROFESSEUR DE LINGUISTIQUE ET DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT DE LINGUISTIQUE À PARIS V • MARIE LAZARIDIS, PROFESSEUR FORMATEUR AU CEFISEM DE L’ACADÉMIE DE CRÉTEIL • CARLOS SEMEDO, RESPONSABLE DU SERVICE VIE ASSOCIATIVE À LA MAIRIE D’AUBERVILLIERS Le sentiment d’exclusion et d’injustice que les jeunes éprouvent relève souvent d’une sorte d’apartheid des langages : langages des jeunes, de l’école, de l’institution judiciaire, des parents, etc. Le dialogue tant réclamé est très difficile à mettre en oeuvre et conditionne néanmoins la qualité des relations dans la ville comme, d’une certaine façon, la paix sociale. ■ Le partenariat : valeurs, intérêts et cultures professionnelles Salle Balzac 4. - Niveau +2. Modératrice : • ANITA WEBER, DÉLÉGUÉE AU DÉVELOPPEMENT ET À L’ACTION TERRITORIALE AU MINISTÈRE DE LA CULTURE • MARIE BRITTEN, CHARGÉE DE MISSION À LA • JEAN-PIERRE GOUDAILLER, DIV • MARIE BONNAFE, PSYCHIATRE, RESPONSABLE À L’ASSOCIATION ACCES … /189 ADJOINT AU MAIRE DE • YVAN DRUON, MAIRE D’HARNES, CONSEILLER GÉNÉRAL, PRÉSIDENT DES CEMEA - LILLE Programme ■ Diplômes A n n e x e s … • PATRICK LE RESTEUX, FÉDÉRATION DES OEUVRES LAÏQUES DU 35 • BÉNÉDICTE MADELIN, DIRECTRICE DE PROFESSION BANLIEUE • SYLVIE PAYAN, CHEF DE PROJET À LA MISSION DSU DE MONTREUIL Le caractère global de l’éducation renvoie à une responsabilité partagée qui rend nécessaire le partenariat de tous les acteurs concernés. Pour que ce lieu de tensions multiples devienne le point de convergence de compétences spécifiques qui, dans le respect de leur identité, se mettront au service d’objectifs communs, il convient de l’organiser. ■ Les articulations entre les politiques éducatives Salle Descartes. - Niveau +1. Modérateur : • PATRICK BOUVEAU, PROFESSEUR À L’IUFM DE DIJON • FRANCIS BELTRAN, PRINCIPAL DU COLLÈGE DE VICTOR HUGO NOISY-LE-GRAND • CHRISTOPHE BORGEL, PRÉSIDENT DE L’AFEV • CORINNE GAUCHER, COORDONNATRICE ZEP À BOURGES • JC RICHEZ, ADJOINT AU MAIRE, JEUNESSE, ÉDUCATION POPULAIRE À STRASBOURG /190 • JP ROGER, CHEF DE PROJET À BOURGES Les politiques éducatives, institutionnelles et/ou territoriales sont contractualisées dans le cadre de dispositifs multiples : contrat de réussite, contrat éducatif global, contrat de ville. Il apparaît nécessaire aujourd’hui, pour ne pas disperser les énergies, de les élaborer de façon concertée et de les mettre en cohérence avec ces dispositifs. ■ Le projet éducatif local Salle Ronsard. - Niveau +1. Modérateur : • ANDRÉ CHAMBON, CHARGÉ DE RECHERCHE À L’INRP • MICHEL DAVID, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT À LA MAIRIE DE ST FONS • ALAIN DENOYELLE, DIRECTEUR D’UNITÉ RATP, “MON TERRITOIRE C’EST MA VILLE” • FRANÇOIS HANNOYER, DIRECTEUR DE L’ADELS • CHANTAL DE LINARES, CHEF DE MISSION ÉVALUATION, RECHERCHE DIRECTION DE LA JEUNESSE ET DE LA VIE ASSOCIATIVE À LA JS • HÉLÈNE MOUCHARD-ZAY, ADJOINTE AU MAIRE D’ORLÉANS • MARIE-CHRISTINE PORTET-SALOMON, DIRECTRICE ACTION ÉDUCATIVE ENFANCE À LA MAIRIE DE PERPIGNAN La prise en compte de la réalité de l’environnement des structures éduca- A n n e x e s • CLAUDINE BANSEPT, CHARGÉE DE MISSION AU CONSEIL NATIONAL DES VILLES • CLAUDE RENARD, CHARGÉE DE MISSION À LA 11h00 – 11h30 Pause – Espace bar. - Niveau -1. 11h30 – 12h30 Forum des partenaires Espace Agnès Sorel. - Niveau +2. Carrefour d’échanges et d’informations pratiques animé par des associations ou des institutions. Communications sur des dispositifs mis en œuvre et présentations d’outils et d’activités sur des espaces dédiés. 12h30 – 14h30 DIV 15h15 – 16h30 Table ronde L’éducation : un débat de société Salle François 1er. Animée par : • JÉRÔME BOUVIER, DIRECTEUR À FRANCE CULTURE • PATRICK BRAOUEZEC, DÉPUTÉ-MAIRE DE SAINT-DENIS • JACQUELINE COSTA-LASCOUX, JURISTE, PSYCHOSOCIOLOGUE, DIRECTRICE DE RECHERCHE CEVIPOF Déjeuner Espace Daniel Bourdu - Niveau -2. • ERIC FAVEY, SECRÉTAIRE NATIONAL DE LA LIGUE FRANÇAISE DE L’ENSEIGNEMENT 14h30 – 15h15 • PILAR FIGUEIRAS, SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DE L’ASSOCIATION Synthèse des travaux d’ateliers et des propositions d’action Salle François 1er. - Niveau -1. • JEAN-LOUIS AUDUC, DIRECTEUR ADJOINT DE L’IUFM DE CRÉTEIL • JOCELYNE BAC, DIRECTRICE DU DÉPARTEMENT DÉVELOPPEMENT, ÉVALUATION, MÉTHODE AU FAS Programme • ANDRÉ BRUSTON, CHARGÉ DE LA RECHERCHE À LA DIV INTERNATIONALE DES VILLES ÉDUCATIVES • KARINE SAPORTA, DIRECTRICE ARTISTIQUE DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE DE CAEN • BERNARD TOULEMONDE, DIRECTEUR DE LA DIRECTION DES ENSEIGNEMENTS SCOLAIRES AU MEN … /191 tives, sur un territoire, est déterminante pour la mise en cohérence des objectifs de celles-ci dans le cadre d’un projet éducatif local fédérant l’ensemble des acteurs et inscrivant une réelle synergie entre tous les dispositifs. A n n e x e s /192 Programme … Il s’agit, délibérément, de considérer les stratégies éducatives en amont, avant même que la question de la prévention ne se pose. Il s’agit d’éduquer pour ne pas avoir à réparer. Cela nécessite un changement de posture puisque, selon une dérive qui a désormais imprégné la société et qui distord le sens du mot prévention, on agit plus volontiers lorsque la violence est déjà là. La société a besoin d’un nouveau débat pour enrayer le processus d’exclusion à l’oeuvre dans certains quartiers, pour favoriser l’émergence d’un projet éducatif ambitieux et cohérent qui prenne en compte les changements sociaux et culturels et pour promouvoir le droit permanent à la réussite de tous les jeunes. 15h15 – 16h30 Intervention Salle François 1er. • CLAUDE ALLEGRE, MINISTRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, DE LA RECHERCHE ET DE LA TECHNOLOGIE 15h15 – 16h30 Clôture des travaux Salle François 1er. • CLAUDE BARTOLONE, MINISTRE DÉLÉGUÉ À LA VILLE Les éditions de la DIV Directrice de la publication : Claude BRÉVAN, Déléguée interministérielle à la Ville Responsable des éditions : Nadia SALEM, directrice de la communication Diffusion : Délégation interministérielle à la Ville 194, avenue du Président Wilson 93217 Saint-Denis La Plaine cedex Tél : 01 49 17 46 74 – Fax : 01 49 17 46 37 Site internet : www.ville.gouv.fr Direction artistique : Dominique SAMBOU Exécution : Véronique LAGET Imprimé en France par Maulde et Renou Compagnie ISSN ISBN : en cours Dépôt légal : Juillet 1999 Bon de réservation A retourner par fax ou par courrier à la DIV Je désire recevoir gratuitement la cassette vidéo de la Rencontre nationale des acteurs de l’éducation qui s’est tenue les 30 et 31 mars 1999 à Tours. Institution : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fonction : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse professionnelle : . . . . . . . . . . . . . . . . . . ................................... Code postal : . . . . . . . .Ville : . . . . . . . . . . . . . Tél :. . . . . . . . . Fax : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nota : Un questionnaire portant sur l’utilisation de la cassette ✂ sera joint à l’envoi. Contact DIV : Jean ROUCOU Tél : 01 49 17 46 40 - Fax : 01 49 17 46 94