laissez-vous conter
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Villes et Pays d’art et d’histoire laissez-vous conter Lorient L’architecture des lieux de spectacles Une architecture entre libertés et contraintes « Construire un théâtre, c’est d’abord élever un bâtiment public dans la ville ; c’est ensuite mettre un spectacle devant les yeux du spectateur ». François Blondel, 1771. D u théâtre à l’italienne, en passant par le Scénith, le City, le Manège, les Studios, le CDDB, le Grand Théâtre, l’école de musique et de danse de Lorient…. la vie culturelle habite Lorient. Les lieux de spectacle rassemblent, donnent à voir, divertissent, favorisent la réflexion, suscitent des émotions. Sans cesse renouvelées, les spécificités de la salle de spectacle s’expriment à travers l’interaction entre le bâtiment et sa fonction. L’espace est un jeu de contraintes et de libertés. Le spectacle s’accommode au lieu qui lui est offert : un cinéma se transforme en théâtre, un théâtre en cinéma pour les besoins du moment. Toujours en mouvement et en représentation, la salle de spectacle s’est adaptée à l’évolution des techniques et au renouvellement des arts de la scène nourris par la démocratisation culturelle. Le théâtre à l’italienne D ans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Lorient accueille des premières troupes itinérantes, se produisant dans des installations provisoires. C’est seulement en 1780 que le théâtre s’élève au rang d’institution permanente. Dessin du théâtre municipal, AML Couverture : Enfants au cinéma «Armor Palace» en 1958, © Studio Le Lion, AML. page de droite : Le théâtre municipal, AML. Contrairement à la majorité des théâtres imposée aux villes par le pouvoir central, c’est sur l’initiative du Maire M. Esnoul Deschateles que le théâtre voit le jour. Les travaux débutent en 1777. La construction de l’équipement est confiée à l’architecte rennais Détaille de Kerorgan. Son financement est assuré par la contribution de vingt actionnaires privés. Situé en bas du cours de la Bôve, entre les rues Racine et Molière, le nouvel équipement est inauguré le 9 avril 1780. D’allure austère, sans décoration exubérante en façade, il évoque davantage un bâtiment administratif qu’un théâtre. Il représente néanmoins un symbole culturel fort. Toutes les catégories sociales gravitent autour. Opéras, comédies, tragédies, drames, vaudevilles et autres pièces récentes sont présentées à l’affiche. Architecture La façade principale, de registre sobre, est ordonnancée au rez-de-chaussée par cinq arcades, entourées de pilastres, surmontées de cinq fenêtres hautes, avec des balcons à balustres. Dans sa partie supérieure, la façade est ornée d’un écusson monumental encadré de vases et de flambeaux, représentant les armes de la Ville. Sur l’entablement, les mots : « tragédie », « opéra », « comédie », rappellent la fonction du bâtiment. © Coll. Dominique Richard D ans le théâtre à l’italienne, apparu au moment de la Renaissance, la salle et la scène se répondent, elles sont séparées l’une de l’autre par le rideau d’avant-scène et le cadre de scène. La salle est composée d’un parterre, de baignoires, de balcons disposés en fer à cheval sur trois côtés de la salle, incluant des loges sur plusieurs étages. La scène est perçue comme un tableau, de manière à être vu de face. Le théâtre municipal et le café «Louis XV» en ruine suite aux bombardements, 1943-1946, AML. Façade du cinéma «Le Royal,» 1952, © AML. Au XIXe siècle, les noms des dramaturges : Corneille et Molière, des auteurscompositeurs : Meyerbeer, Auber et Rossini sont inscrits sur les linteaux des cinq baies du premier étage. Le théâtre est composé de trois bâtiments différemment étagés, communiquant entre eux : - le premier bâtiment, réparti sur un rezde-chaussée élevé sur caves et deux étages, comprend la salle des pas perdus, le foyer du public et l’appartement du directeur, - le second renferme la salle de spectacle déployée sur six niveaux : sous-sol, rez-dechaussée, trois étages de galeries, un grenier. La forme de la salle de spectacle est inspirée du modèle italien (cf. le théâtre Farnese d’Aleotti – 1628). Elle s’organise autour d’un plan en forme de fer à cheval, avec une séparation entre la salle (composée d’un parterre et de loges) et la scène par le rideau d’avant-scène et le cadre de scène. La capacité d’accueil du théâtre est de 790 places dont 420 debout au parterre, - la conciergerie, les magasins et les loges des artistes sont établis dans le troisième bâtiment. Décoration Comme son architecture, la décoration de la salle correspond à celle d’un théâtre traditionnel, par la composition du cadre et de la scène. Aucun ornement relatif à l’art lyrique ou dramatique n’est affiché. Le rideau de scène, réalisé en 1897, représente la rade de Lorient et l’arsenal. Par manque d’entretien, la décoration subit de nombreuses dégradations dans le temps. Une gestion difficile conjuguée à une alternance de directions différentes empêchent le bon fonctionnement du théâtre. Le 23 janvier 1943, le bâtiment est détruit par les bombardements Alliés. Les dommages de guerre aident au financement d’une nouvelle salle des fêtes au détriment de la reconstruction d’un nouveau théâtre. Lorient fait son cinéma la fin du XIXe siècle, les Lorientais découvrent les premières séquences de cinéma, colportées par des forains. A La population a soif de divertissement, elle se précipite au cinéma. Les salles se multiplient. Le cinéma « éducateur » de patronage, arme contre la laïcisation, apparaît. La sédentarisation du cinéma En 1908, l’Omnia, société de cinéma filiale de Pathé, s’installe au théâtre municipal. Des projections y sont organisées sur une période limitée, sans concurrencer le théâtre. En 1919, l’Electric cinéma ouvre au 4, rue Saint-Pierre (près de l’actuelle place Alsace-Lorraine), sur l’ancien emplacement du music-hall : l’Edenconcert (appelé plus génériquement le Casino). Le cinéma s’implante véritablement à Lorient en décembre 1911 avec l’ouverture sur les quais du Gaumont, dans un modeste bâtiment de plain pied avec un toit plat. Cet établissement ne fut jamais totalement un cinéma. Des pièces de théâtre et des expositions y étaient présentées. Il prospère et devient en 1924 le Royal cinéma. Il est entièrement reconstruit en octobre 1932. En 1916, le Pathé Omnia s’installe dans une salle construite en bois par les architectes Dutartre et Jasseron, au 46, cours de Chazelles (à l’angle de la rue Jules Guesde). Le cinéma fonctionne jusqu’en 1943. Il est considéré comme le « premier cinéma » dans les mémoires des Lorientais. La production est considérablement ralentie pendant la Première Guerre mondiale, alors que la production américaine inonde le marché. Dans les années 1920, le cinéma perd son image de simple divertissement pour devenir un lieu de spectacle à part entière. En 1925, le Select palace, construit par les entrepreneurs Le Saint et Bouysse, s’installe place Bisson dans un bâtiment offrant de nouvelles normes de confort et de sécurité. Il s’agit de la première salle moderne de la ville. Equipée pour le cinéma sonore, elle possède un balcon et peut accueillir 1200 personnes. S’en suit l’ouverture de nouveaux cinémas : l’Armor palace (rue de Larmor) en 1933, l’Omnia en 1934, le Rex en 1937 avec ses 842 fauteuils (rue de la Comédie, actuelle rue Auguste Nayel). Le nom de ce dernier fait référence au Grand Rex parisien. Le cinéma est réquisitionné par les Allemands en 1940. Aucune trace de ces établissements n’est aujourd’hui visible. Tous furent détruits par les bombardements Alliés de 1943. Façade du cinéma «Rex», 1999, © Serge Breuzin, AML. Page de droite : Salle de projection du cinéma éducateur, 1966, © Louis Le Guernevé, AML. Ci-contre : Façade du cinéma «Le Royal « et la place Aristide Briand, 1950-1955, © AML. La Reconstruction En 1946-1947, le cinéma de patronage L’étoile est édifié (rue Claire Droneau) à l’aide des dommages de guerre. Géré par la paroisse Sainte-Jeanne-d’Arc, L’étoile cesse son activité à la fin des années 1960. En 1971, sur l’initiative de Jacques Sinquin (passionné du septième art), la salle est réaménagée et rebaptisée Studio Merville. Une programmation « art et essai » y est présentée. Son activité cesse en 1985. En 1988, le bâtiment est restauré pour accueillir le Théâtre Quai Ouest. En 1996, celui-ci devient le CDDB-Théâtre de Lorient, labellisé en 2002 Centre Dramatique National. En 1951, le cinéma Royal est reconstruit place Aristide Briand sur les plans des architectes Réglain et Grihangne. Celuici est doté d’une façade monumentale en forme d’arc de triomphe, avec deux pans verticaux rythmés par des ouvertures, encadré par une série d’oculi. Le cinéma devient vite le lieu de rendez-vous préféré des Lorientais. Il offre un vaste hall d’accueil, un bar, une salle de 1300 places, répartie sur trois niveaux avec une scène pour les concerts équipée d’un cadre de scène avec fosse et d’un rideau. Dans l’attente d’un nouveau théâtre, la Mairie passe en 1953 un accord avec le Royal afin que celui-ci autorise des représentations de théâtre en son sein. Faute de véritable équipement alloué au théâtre, le cinéma permet ainsi de maintenir une activité de spectacle vivant dans la ville. L’Armor palace, équipé d’une salle unique avec balcon, est réouvert en 1955 à son emplacement initial (rue de Larmor). Il devient le Club au milieu des années 1980, il est aujourd’hui réaménagé en un appartement privé. Le Rex est reconstruit (rue Paul Bert) en 1958. Le bâtiment présente une façade principale concave. Les deux premiers niveaux sont à l’origine entièrement vitrés, les deux niveaux supérieurs sont occupés par des appartements. Le cinéma offre une salle configurée en contre-plongée, avec un balcon suspendu. Un bar, un foyer, un café et une piste de danse animent l’ensemble. Le cinéma le Paris avec une salle unique, ferme dans les années 1980. Il est remplacé un temps par le Zen, et ensuite transformé en l’actuelle salle des ventes de Kerentrech. L’ère des complexes multisalles et des multiplexes Des complexes multisalles font leur apparition en France à la fin des années 1960, pour tenter de limiter la chute de fréquentation des cinémas. Il s’agit, dans un premier temps, de diviser les anciennes salles uniques, devenues trop grandes, en plusieurs salles pour augmenter l’offre de diffusion des films. Lorient n’est concerné par ce phénomène qu’à partir des années 1980. Les salles uniques ferment les unes après les autres, laissant la place aux multiplexes. Une seconde salle est aménagée au Royal en 1979, une troisième en 1981. De 1984 à 1996, le cinéma se modernise au goût de l’époque. La grande salle est détruite, le hall transformé, le son amélioré. L’ensemble est divisé en plusieurs espaces, faisant du cinéma un complexe multisalles de sept écrans très apprécié des jeunes Lorientais. Il ferme ses portes en 2001. En 1981, le Rex est transformé en complexe multisalles : la grande salle unique est divisée en cinq salles distinctes. Deux locaux commerciaux sont aménagés sur les côtés, le vitrage de la façade principale occupant la hauteur des deux premiers niveaux est comblé. En 1999, le cinéma ferme ses portes. En 2002, les propriétaires de l’établissement (la SOREDIC) ouvrent à la place le multiplexe Cinéville, situé près du centre ville, sur le site de l’ancienne gare routière à l’alignement du boulevard Franchet d’Esperey et suivant une courbe sur le boulevard Joffre. L’architecte Jacques Raffegeau a souhaité marquer trois séquences dans la lecture de la façade : la séquence restaurant/ espace culturel, la séquence salles et la séquence hall/entrée affirmant l’identité du lieu. Avec ses onze salles équipées de technologies performantes (son Dolby Digital, Dolby Digital bi-amplification…) et réparties autour d’un hall irrégulier, le cinéma comptent 2090 fauteuils (plus une soixantaine de places pour les personnes handicapées). Dans la zone commerciale de Lanester (près du parc des expositions et de la patinoire), les anciens propriétaires du Royal et la société UGC inaugurent en 1999 le Cinéstars, premier multiplexe de Bretagne. Celui-ci comporte onze salles équipées en Dolby digital avec une capacité de 2200 fauteuils. Avec un plan symétrique proche d’un carré, le Cinéstars (devenu Méga CGR) arbore une façade principale vitrée, des salles disposées le long des trois autres côtés autour d’un vaste hall animé par un bar et un espace d’exposition. La salle des fêtes é difié de 1892 à 1905 d’après le projet de l’architecte Calinaud sur l’emplacement des anciens abattoirs municipaux (détruits et reconstruits à Kerdual) entre le quai des Indes au sud, la rue de la Patrie à l’ouest, la rue de la Comédie (aujourd’hui rue Auguste Nayel) au nord et la rue François-Mazois à l’est, le bâtiment est composé d’une salle des fêtes, d’une école primaire et d’une école primaire supérieure (EPS). C’est l’un des premiers bâtiments construits en France utilisant la technique du ciment armé. Construction du Palladium, Fonds Crolard, 1962, AML. Dans l’attente d’un nouveau théâtre L a salle des fêtes termine la perspective des quais avec majesté. Entre ses murs se déroulent les bals de société, les banquets officiels, des expositions, etc. Pendant la Première Guerre mondiale, les locaux sont réquisitionnés par les autorités et font office d’hôpital. Elle sert de cinéma sous l’Occupation Allemande. Très endommagée par les bombardements de 1943, le bâtiment accueille (dans l’aile droite) la mairie jusqu’aux années 1960. Puis, elle est démolie. A sa place est construit un parking entre la rue Paul Bert et la rue de la Patrie (cf. l’actuel centre commercial Nayel). Deux torchères de la salle des fêtes utilisées pour l’éclairage au gaz avec incandescence sont matérialisées par deux statues en fonte représentant des nymphes. Elles symbolisent l’aurore et le crépuscule. Elles sont toujours visibles au pied de l’escalier d’honneur de l’hôtel de ville. Le Palladium ou « la colline bleue » Cet immense hall est installé en 1962 à l’emplacement actuel des jardins Jules Ferry. Avec 9408m² de surface au sol (168m de longueur, 56m de largeur et 14m de hauteur) le bâtiment est recouvert d’une toiture semi-circulaire en tôles bleues plastifiées de 12 000m². Diverses manifestations s’y déroulent : foires expositions, galas, rassemblements sportifs, salons, kermesses, biennales… jusqu’à sa fermeture en 1969. L’équipement est déplacé sur le site du Rohu à Lanester en 1970 pour y entreposer des produits agroalimentaires. Il est détruit par un incendie en 1988. Ci-contre : Salle des fêtes, Fonds Crolard, 1930-1938, AML. 8 Le palais des Congrès En remplacement de l’ancienne salle des fêtes, le palais des Congrès est édifié par l’architecte Ouvré de 1964 à 1968 en centre ville à l’extrémité sud-est de la place Jules Ferry (quai Mansion). Le bâtiment s’inscrit dans l’axe du bassin à flot, à l’extrémité de la partie comblée. Il fait le lien entre la ville et le port de plaisance. Une façade ouverte trône devant le bassin à flot, tandis qu’un fronton en courbe orne la façade nord. La structure de la toiture en béton armé fait apparaître une casquette en béton brut de décroffrage. L’image de l’équipement, d’inspiration maritime, laisse percevoir de l’extérieur la disposition intérieure aménagée de manière modulable avec : - au rez-de-chaussée, un hall de réception, une salle à manger/ exposition/réception de 1000m², un vestiaire et guichets, une cuisine et des locaux techniques, - au premier étage, un foyer ouvert sur le bassin comprenant : un auditorium de 500 à 800 places, deux espaces d’exposition, des loges, deux salles, une galerie, et des bureaux, - au deuxième étage, des balcons donnant sur la salle des Congrès, six salles, une galerie avec bar, un bureau organisateur. Façade du palais des Congrès, 1991, © Guy Hersant, AML. Le bâtiment à bénéficié d’une rénovation profonde dans les années 1990 avec notamment la création de l’Auditorium à l’étage. Palais des congrès en construction, 1968, © Maurice Normand, AML. 9 Une nouvelle ère : le CDDB et le Grand Théâtre Façade principale du CDDB, © CDDB. Scène Ouverture (11m), largeur de mur à mur (10,45m), largeur entre passerelles de scène (10,45m), profondeur sans proscenium (11,30m), profondeur avec proscenium (14,10m), hauteur sous gril (9m), hauteur sous porteuses (8,50m), hauteur sous passerelles de scène (6,5m). Dessous de scène Ouverture (10m), profondeur (9m), hauteur (2m). Le Centre Dramatique de Bretagne (CDDB) e Centre Dramatique de Bretagne (CDDB) est implanté dans un bâtiment des années 1946-1947, conçu à l’origine sur fond de dommages de guerre pour accueillir le cinéma de patronage l’étoile appartenant à la paroisse Sainte-Jeanne d’Arc, qui se maintient jusqu’à la fin des années 1960. En 1971, ouvre le Studio Merville, cinéma d’art et d’essai (500 places). Son activité cesse en 1985. Le bâtiment est restauré en 1988 pour l’ouverture du Théâtre Quotidien de Lorient, transformé ensuite en Théâtre Quai Ouest labellisé Centre Dramatique Régional. En 1996, Eric Vigner prend la direction du CDDB-Théâtre de Lorient. Des dessous de scène et la cage de scène sont aménagés. En 2002, le CDDB devient Centre Dramatique National. Par convention avec la ville de Lorient, l’établissement dispose de temps de création et de répétition chaque saison au Grand Théâtre, dont il présente l’ensemble de la programmation théâtrale. L Projet artistique La mission du CDDB est la découverte, la production, et l’accompagnement d’artistes de demain dans la perspective « d’inventer l’avenir ». L’équipement accompagne des compagnies en résidence de création en favorisant le croisement des savoirs et des arts. Ses activités principales sont : la création, la diffusion, et les actions spécifiques en direction des scolaires, étudiants, amateurs et professionnels. Salle La non séparation entre la salle et le plateau offre un meilleur rapport entre le public et les artistes. La salle est disposée de manière frontale, en gradins, elle compte 338 places avec le proscenium - 278 places sans le proscenium. A l’étage au-dessus de l’arrière-scène, quatre loges accueillent jusqu’à vingt personnes. A cela s’ajoutent une loge couture et une buanderie à l’entresol. Les bureaux sont situés dans une autre partie du bâtiment, qui fait l’objet d’une extension en 2009. Elévation du CDDB, © CDDB. Salle de spectacle du CDDB, © CDDB. Le Grand Théâtre Le Grand Théâtre est l’œuvre d’Henri Gaudin, architecte né à Paris en 1933. Figure majeure de l’architecture en France, Henri Gaudin se fait architecte de logements sociaux, d’écoles, d’équipements sportifs et culturels. Artiste complet, il alimente ses réflexions avec le dessin, la philosophie, la littérature, l’histoire de l’art, les sciences. Il s’interroge sur le rapport de l’architecture et de l’homme, bâtit avec le béton, la pierre ou encore les mots. L’espace, en tant que bien commun, le captive. Un bâtiment en dialogue avec la ville, en représentation L’opération est construite sur un terrain, entre le stade du Moustoir et l’Hôtel de ville. Ce terrain était jusqu’alors occupé par une salle de sport, des terrains de tennis et un blockhaus. D’une superficie de 7000m², l’ouvrage est achevé en 2003. De type R+3 (4 niveaux) maximum, il est réalisé en béton armé. Les façades sont porteuses et constituent les lignes d’appui des planchers. Les gradins sont préfabriqués et posés sur des poutres crémaillères. Les couvertures en cuivre sont supportées par des charpentes métalliques. Sur les façades, l’ensemble des menuiseries extérieures est réalisé en profil d’aluminium extrudé. Vue extérieure du Grand Théâtre Sur le grand axe de composition du centre ville, de l’estacade au parc du Moustoir, le Grand Théâtre prolonge naturellement la perspective d’ensemble en harmonie avec la façade de l’hôtel de ville, le centre aquatique et la trésorerie principale. De forme elliptique orientée, le bâtiment est légèrement gonflé en direction du port. Entre le Grand Théâtre et le centre aquatique se dessine le parvis avec la fontaine de l’artiste danois Jeppe Hein. Les filets d’eau jaillissent telles les étamines d’une immense fleur qui éclot dans l’axe central de la ville. Le parvis met en relation la ville, le port et la mer. L’équilibre et l’assemblage des masses dialoguent avec le paysage urbain et répondent à la fonction du bâtiment. Finement travaillés, les jeux de toiture, les corniches et les parois animent la combinaison de volumes. Une grande marquise en verre ressemblant à un coquillage désigne l’entrée du bâtiment. Vues intérieures du Grand Théâtre, © Josiane Grand-Colas Un projet artistique en trois actes Les actions du Grand Théâtre, scène conventionnée danse depuis 2008, sont orientées autour de : - la pluridisciplinarité : l’espace culturel, dédié au spectacle vivant, accueille toutes les formes de théâtre, de musique, de danse, d’opéra et des arts du cirque, - la création : accueil d’artistes en résidence, - et d’un travail spécifique autour de la danse. Surface totale construite : 7000m² Capacité de la salle de spectacle : 1037 places Scène : 24,90m de large sur 16,70m de profondeur (pouvant atteindre 22m), et 16,70m de hauteur sous gril. Plateau : 363 m² Fosse d’orchestre : 116m² Début de chantier : 2001 Fin de chantier : 2003 La salle de spectacle La salle de 1038 places (700 en parterre, 338 en balcon) occupe le cœur du bâtiment. Le volume de la cage de scène se dégage comme un lieu d’ancrage à partir duquel s’épanouit au sud le grand volume évasé de la salle proprement dite, et au nord, adossé à la scène, la salle de répétition des choristes et des musiciens en forme d’hémicycle. A l’est, le restaurant, à rez-de-chaussée, est le lieu de convergence des foyers. A l’ouest, un volume vertical se détache. Il abrite un espace initiale prévu pour accueillir un centre de ressources. Le rez-de-chaussée est investi par les dépôts et les ateliers d’entretien et de maintenance du pôle de logistique technique. Les loges et les fonctions administratives sont regroupées aux 2e et 3e étages dans un corps de bâtiment entrecoupé de failles de lumière s’ouvrant sur le stade du Moustoir. Au nord, l’élan donné par la salle de répétition des musiciens est prolongé par 3 volumes nettement découpés qui abritent l’ensemble des salles de travail artistique : salle de répétition et de mise en scène, studio de création, loges et bureaux. Couleur, matière et lumière sont constitutives de l’espace Le projet architectural s’inscrit dans un paysage. La végétation environnante est à la fois conservée et valorisée. Rue Tour des Portes, les espaces verts sont sculptés de manière à écrire le cheminement des visiteurs et des artistes autour du bâtiment pour accéder aux différents espaces. Des lignes végétales vertes et brunes répondent à la linéarité de la façade est, et contrastent avec le jeu de courbes et de contre-courbes. Les salles de spectacle de proximité Le City - Salle Louis Aragon L e premier bâtiment, construit en 1938 est acquis par M. Ménager (propriétaire du cinéma le Royal) pour y projeter des films. Anciennement « salle de patronage » le cinéma de quartier porte le nom de « Family ». Endommagé en 1946 et incendié en 1949, l’équipement est reconstruit au début des années 1950, il devient une salle de spectacle municipale et prend le nom de « City ». La programmation, mise en œuvre par l’association Plateau en toute liberté, avec les acteurs du quartier, est allouée au spectacle vivant. Des spectacles diversifiés accessibles à tous les publics, des créations et des formations y sont organisées. La salle Louis Aragon a une capacité d’accueil de 120 places . Le Scénith Le Scénith est installé dans les locaux de l’école primaire de Bois du Château construits en 1965 dans un quartier périphérique au nord de Lorient. La capacité d’accueil de la salle (aménagée dans les années 1994/95) est de 80 places. Le projet de l’équipement est de donner l’accès aux élèves à un espace d’expression scénique de proximité et d’associer l’école à la vie du quartier. Des spectacles variés portant une attention particulière aux jeunes publics et des résidences d’artistes y sont régulièrement accueillis. La gestion de l’équipement est assurée par un comité de pilotage composé de la Ville de Lorient, l’association Plateau en toute liberté, la maison de quartier de Bois du château, le collège Jean Le Coutaller et les habitants. La compagnie p’tite Chimère La p’tite Chimère est créée en 1977 sur l’initiative de Michel Ecoffard et de Paule Le Diore. Après l’ouverture du « Bateau ivre » à Hennebont où elle organise des spectacles, elle développe à l’échelle de la Bretagne (sous un chapiteau gonflable) une programmation théâtrale et des rencontres hors les murs. En 1999, elle se fixe à Lorient dans les locaux de la Cité Allende. Spectacle d’enfants au City, © Christelle Bellec. Lorient en musique ! Réinterprétation architecturale pour interprétation musicale Façade des «Studios», © Anne-Marie Doledec. Le Manège Scène : largeur (9m), ouverture (7m), profondeur (7m), hauteur (0.90m), hauteur sous grill (6m modulable). Situé à l’emplacement de la chapelle de la maison de la Miséricorde construite en 1782 selon les plans de l’ingénieur Guillois, le site (à l’entrée de la Cité Allendé)connaît différentes fonctions et deux aménagements successifs, pour devenir la salle du Manège en juillet 1994. Façade de la salle du «Manège», © Anne-Marie Doledec. Le Manège L’association Musiques d’Aujourd’hui au Pays de Lorient (MAPL), labellisée Scène de musiques actuelles (SMAC), porte le projet du Manège depuis 10 ans. Elle développe une action culturelle, artistique, professionnelle et éducative, dont l’objectif est de construire un dispositif d’approche globale des musiques actuelles (ensemble d’œuvres et de pratiques multiples) en rapport avec la réalité des modes de création, de production et de diffusion. Le projet s’articule autour de deux axes de développement : éducation artistique et pratique amateur, aide à la création et diffusion. La salle du Manège a une capacité de 300 places debout. Les Studios Le complexe musical les Studios, porté par l’association Musiques d’Aujourd’hui au Pays de Lorient (MAPL) est aménagé par Cap l’Orient en 1996 sur un ancien abris anti-bombes, sous les halles de Merville. En 2001, il bénéficie d’une extension avec bureaux, centre de documentation et pôle de formation. L’équipement regroupe un espace de diffusion, plusieurs studios de répétition, un studio d’enregistrement ainsi qu’un centre de ressources. Répétition et enregistrement, éducation artistique et formation, information, travail en réseau, création et diffusion y sont proposés. Le Manège et les Studios occupent une architecture existante et en exploitent les caractéristiques : l’important volume de la chapelle est transformé en salle de concert et l’espace confiné et insonorisé de l’ancien abri anti-bombes se prête aux fonctions d’enregistrement et de répétition des studios. L’école de musique et de danse de Lorient (EMDL) L’école municipale de musique de Lorient est fondée en 1905 par M. Royer-Dubail. Elle est classée « Ecole nationale de musique » en 1908. L’équipement est dans un premier temps installé place SaintLouis, au-dessus de la Halle au beurre et à proximité de l’église SaintLouis. Suite aux bombardements de 1943, l’école est transférée rue Jule Legrand, dans la chapelle de l’ancien hospice, puis successivement dans les baraquements du Champ des Manœuvres, dans l’ancien collège de Jeunes Filles situé rue de la Belle Fontaine, puis dans la Cité Colbert (devenue Cité Allendé). Depuis 1984, Elevation de l’EMDL, © EMDL. elle a intégré un nouveau bâtiment, conçu par l’architecte Philippe Albert situé près du campus universitaire (rue Armand Guillemot). L’école nationale de musique et de danse fait aujourd’hui partie des 138 écoles territoriales contrôlées par l’Etat. Elle a pour missions : l’enseignement spécialisé de la musique, de la danse, l’enseignement musical en milieu scolaire et auprès des centres sociaux, la diffusion, la création et les partenariats. En 2008, l’école devient un conservatoire à rayonnement départemental, et prend la nouvelle appellation : Ecole de musique et de danse de Lorient (EMDL). Lorient bénéficie d’autres équipements utilisés à diverses occasions : spectacles, concerts, fêtes… : le plateau des 4 vents (ancien cinéma) situé 2, rue du professeur Mazé, ouvert en 1968, l’espace Cosmao Dumanoir (84, boulevard Cosmao Dumanoir). Localisation des équipements 1 LE GRAND THéâTRE Place de l’Hôtel de ville BP 30010 - 56315 Lorient cedex Tél. 02 97 02 22 77 http://grandtheatre.lorient.fr/ 2 LE CENTRE DRAMATIQUE DE BRETAGNE (CDDB) 11, rue Claire Droneau BP 726 - 56107 Lorient cedex Tél. 02 97 83 51 51 Fax. 02 97 83 59 17 [email protected] http://www.cddb.fr 3 4 Le CITY – SALLE LOUIS ARAGON 3, rue Roger Salengro 56100 Lorient Tél. 02 97 83 65 76 [email protected] http://gps.azimut.net LE SCéNITH Ecole primaire Bois du Château Rue Georges Bizet 56100 Lorient Tél. 02 97 88 13 71 5 LA p’tite CHIMèRE 12, rue Colbert - Cité Allende 56100 Lorient Tél. 02 97 64 38 65 [email protected] http://pagesperso-orange.fr/theatredelachimere/accueil.htm 6 LE MANèGE 2 rue Colbert - Cité Allende 56100 Lorient Tél. 02 97 21 32 21 http://www.mapl.biz/ 7 LES STUDIOS 2, rue Jean Le Coutaller 56100 Lorient Tél. 02 97 21 32 21 http://www.mapl.biz/ 8 LE PLATEAU DES 4 VENTS 2, rue du professeur Mazé 56100 Lorient Tél. 02 97 37 53 05 9 L’ESPACE COSMAO DUMANOIR 84, boulevard Cosmao Dumanoir 56100 Lorient Tél. 02 97 35 95 29 10 L’école de musique et de danse de Lorient 7, rue Armand Guillemot 56000 Lorient Tél. 02 97 02 23 00 Fax 02 97 37 01 11 [email protected] http://emdl.lorient.fr 11 L’ANIMATION de l’architecture et DU PATRIMOINE Hôtel Gabriel - Enclos du port 56100 Lorient Tél. 02 97 02 59 31 Fax 02 97 02 59 00 Programmation des grandes et petites salles du Pays de Lorient : http://gps.azimut.net 5 46 lgiq ue in t ru Po nt In de s bd s R. Lae c nne bd Portuaire D'Oradour Guiey sse de Paul t 72 - Sur - Glane orff 4 die Sc 65 du RD RD 7 n rma No de n Verdu rue bd de lgiq ue rue Be .P iaf bd et ud ue de Sa e P. C ostard rue ru eE - f orf Sc Be nue Po n de e nin Lé du ave he 4 Ch ris to p 3 rue bd Mu ller bd Y . De m ain bd 9 e Cosmao Duman - oi r Desserte bd E. Bl um 8 Sv o 5 L. bd Place A. Lorraine Gén éral 1 rc Jule Lecle Hôtel de Ville rue bd J. re i Cla 465 ôve la B de rs cou A. qu ai 11 de sI qu ai u de la rte Po Herriot de e air rtu l éra Gén lle 465 ru avenue Gau ss De RN s se De rue . av Ju Jard les in Fe rry 2 Edouard 2 Jaurès ea 16 J. on Dr ude jula Ker Bd RD rue avenue r ue RN 10 Merville ce an Fr Marne bd 7 nd gra s Le m Blu L. de 6 b de J. avenue l Q nv eu r RN Co lon e r e de la M arin e Hôtel Gabriel nd de es Ro ha n Enclos du port Glossaire Arrière-scène : partie située en arrière de la scène. Elle peut être utilisée comme dépôt à décors ou pour agrandir la scène. Baignoire : loge saillante et arrondie située au rez-de-chaussée, au-dessus du parterre. Balcon : galerie située au-dessus du parterre étendue d’une avant-scène à l’autre. Balustre : colonette faisant partie d’une sorte de barrière souvent ajourée. Cage de scène : partie ressemblant à une cage, visible de la scène et invisible des coulisses comprenant le plateau, le gril, les coulisses, les cintres et les dessous. Dessous de scène : partie de la cage de scène située sous le plateau utilisée pour le stockage et les manœuvres de châssis (sorte de trappes) permettant les apparitions, les escamotages de décors ou de personnes. Entablement : élément architectural appuyé par une colonnade, placé entre le chapiteau (élément de forme évasée qui couronne une colonne) et la corniche. Fosse d’orchestre : espace pour les musiciens situé en avant de la scène et en contre-bas du plateau. Gril : partie haute de la scène où se trouve l’appareillage de la machinerie. Cintre : partie supérieure de la cage de scène où l’on remonte les décors suspendus. Linteau : élément architectural qui sert à soutenir la maçonnerie ou les matériaux du mur audessus d’une ouverture (porte, fenêtre). Coulisse : espace situé à côté de la scène pour le rangement du décor, l’attente de l’entrée sur scène des artistes. Parterre : partie du sol de la salle placée devant l’avant-scène occupée par le public (assis ou debout). Pilastre : élément porteur incrusté dans un mur, terminé par une base (dans sa partie basse) et un chapiteau (dans sa partie haute). Porteuse : perche utilisée pour porter des décors lourds. Proscenium : partie du plateau située en avant de l’avant-scène. Rideau de scène : dans le théâtre à l’italienne, le rideau s’ouvre par le milieu. Les deux parties sont relevées en diagonale. Rideau d’avant-scène : il sert de « frontière », sans véritablement cacher. Salle : espace occupé par les spectateurs. Scène ou plateau : espace sur lequel s’implante le décor et où les artistes jouent. La salle principale du palais des Congrès avant rénovation, 1991, © Christian Dorley -Brown, AML. Laissez-vous conter Lorient, Ville d’art et d’histoire… … en compagnie d’un guide-conférencier agréé par le ministère de la Culture. Le guide vous accueille. Il connaît toutes les facettes de Lorient et vous donne les clefs de lecture pour comprendre l’échelle d’une place, le développement de la ville au fil de ces quartiers. Le guide est à votre écoute. N’hésitez pas à lui poser vos questions. Le Service de l’animation de l’architecture et du patrimoine coordonne les initiatives de Lorient, Ville d’art et d’histoire. Il propose toute l’année des animations pour les Lorientais et pour les scolaires. Il se tient à votre disposition pour tout projet. Détail de la toiture du Palais des Congrès, © Maurice Normand, 1968, AML. Animation de l’architecture et du patrimoine Hôtel Gabriel - Enclos du port- 56100 Lorient Tél. : 02 97 02 59 31 - Fax. : 02 97 02 59 00 Office de Tourisme de Cap l’Orient Maison de la mer - Quai de Rohan - 56100 Lorient Tél. : 02 97 21 07 84 - Fax : 02 97 21 99 44 Plus d’informations Site de la ville de Lorient : www.lorient.fr Site de l’Office de Tourisme : www.lorient-tourisme.fr Textes : Anne-Marie Doledec ; Stéphanie Le Lu Remerciements à Claire Le Bloa Iconographies : Archives municipales de Lorient (AML) Graphisme : Imprimerie municipale de Lorient Impression : Imprimerie de Basse Bretagne, Hennebont Vue intérieure du Grand Théâtre, ©Josianne Grand-Colas.