stratégie compétitivité
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stratégie compétitivité
Lettre de Marché N°2010/223319 Contrat Cadre EuropeAid: 127054/C/SER/multi - Lot 10 Commerce, Standards et Secteur Privé Elaboration de la stratégie de compétitivité Rapport final Août 2010 Etude réalisée par ADE en collaboration avec ABPCD Rue de Clairvaux 40, bte 101 – B 1348 Louvain-la-Neuve – Tel +32 10 45 45 10 – Fax +32 10 45 40 99 E-mail [email protected] – Website www.ade.eu "Ce rapport a été préparé par Patrick Sevaistre (ABPCD) et réalisé avec l'aide de l'Union européenne. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité de ADE et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l'Union européenne." ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Table des matières LISTE DES ACRONYMES 1. RÉSUMÉ EXÉCUTIF ...............................................................................................1 2. ACCÉLÉRER ET CHANGER LE MODÈLE DE CROISSANCE ..................................... 15 3. L’ÉTAT DES LIEUX DE LA COMPÉTITIVITÉ CAMEROUNAISE DE « DÉPART » ........ 21 3.1 3.2 3.3 ANALYSE DES PRINCIPAUX INDICATEURS ....................................................................21 ANALYSE FORCES-FAIBLESSES-OPPORTUNITES-MENACES DE L’ECONOMIE CAMEROUNAISE ........................................................................................30 LES FAIBLESSES STRUCTURELLES ET LES HANDICAPS EN TERMES DE COMPETITIVITE ................................................................................................................37 4. LE CADRE DE PROMOTION DE LA COMPÉTITIVITÉ ............................................ 49 5. LES PARTIES PRENANTES .................................................................................. 57 5.1 5.2 5.3 SECTEUR PRIVE ................................................................................................................57 SECTEUR PUBLIC ..............................................................................................................57 AGENCES D’AIDE / BAILLEURS DE FONDS ...................................................................58 6. ARBRES À PROBLÈMES / ARBRES À OBJECTIFS (ADOPTÉS PAR LES PARTICIPANTS À L’ATELIER DE PLANIFICATION STRATÉGIQUE LE 23 JUIN 2010 À YAOUNDÉ .......................................................................................................... 59 7. OBJECTIFS SPÉCIFIQUES / AXES STRATÉGIQUES / PLAN D’ACTIONS PRIORITAIRES.................................................................................................... 63 7.1 7.2 7.3 7.4 7.5 OBJECTIFS DE LA VISION ET DU DSCE .......................................................................63 LA STRATEGIE DE COMPETITIVITE ...............................................................................65 ARTICULATION ENTRE LA VISION 2035, LE DSCE ET LA STRATEGIE GLOBALE DE RENFORCEMENT DE LA COMPETITIVITE ..............................................71 PLAN D’ACTIONS PRIORITAIRES 2010-2012 .................................................................72 TABLEAU DE COHÉRENCE DE LA STRATÉGIE AVEC LE DSCE ET LES AUTRES PROGRAMMES OU INITIATIVES EN COURS OU ENVISAGÉES EN MATIÈRE DE COMPÉTITIVITÉ .........................................................................................76 8. RECOMMANDATIONS ISSUES DE L’ATELIER FINAL DU 15 JUILLET 2010 ............... 81 9. LE CADRE LOGIQUE (ISSU DE L’ARBRE À PROBLÈMES, DE L’ARBRE À OBJECTIFS, PUIS DES AXES STRATÉGIQUES) ....................................................... 85 10. UNE PRIORITÉ : LA MISE À NIVEAU DES ENTREPRISES CAMEROUNAISES ........... 99 11. DISPOSITIF DE MISE EN ŒUVRE ET DE SUIVI ÉVALUATION DE LA STRATÉGIE .. 103 12. CONCLUSION.................................................................................................... 107 Rapport final – août 2010 Table des matières ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD ANNEXES 1. 2. 3. 4. 5. 6. INDICE DE COMPETITIVITE MONDIALE 2007-2008 DU CAMEROUN CLASSEMENT GCI (GROWTH COMPETITIVE INDEX) .............................................. 113 CLASSEMENT DU CAMEROUN SELON L’ENABLING TRADE INDEX, 2008............ 117 FACTEURS CLES DE SUCCES DES “CHAMPIONS AFRICAINS DE LA COMPETITIVITE” (BOTSWANA, MAURICE, TUNISIE, AFRIQUE DU SUD…) ......... 119 LES GRANDS PROJETS DU CAMEROUN (USD 87 MILLIARDS) ................................. 121 PRATIQUES ET MÉCANISMES ACTUELS DE FINANCEMENT DES PME AU CAMEROUN : ÉTAT DES LIEUX, OUTILS MANQUANTS ET PERSPECTIVES D’AMÉLIORATION ......................................................................................................... 123 LISTE DES INSTITUTIONS/PERSONNES RENCONTRÉES ........................................... 136 Rapport final – août 2010 Table des matières ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Liste des Acronymes ACP Afrique Caraïbes Pacifique AGOA African Growth and Opportunity Act ALUCAM Aluminerie du Cameroun ANEMCAM Association Nationale des Etablissements de Micro finance au Cameroun APD Aide Publique au Développement APE Accords de Partenariat Economique UE-ACP APECAM Association Professionnelle des Banques au Cameroun BAD Banque Africaine de Développement – Fonds Africain de Développement BEAC Banque des Etats de l’Afrique Centrale BM Banque Mondiale C2D Contrat de Désendettement et Développement CDMT Cadre de Dépenses à Moyen Terme CEEAC Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale CEMAC Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale CGI Code Général des Impôts COBAC Commission Bancaire de l'Afrique Centrale COMITE FAL Comité de Facilitation du Trafic Maritime International CTD Collectivités Territoriales Décentralisées DSCE Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi DSRP Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté EMF Etablissement de Micro Finance ETI Enabling Trade Index FMI Fonds Monétaire International FNE Fonds National de l’Emploi FRPC Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance GICAM Groupement Inter patronal du Cameroun GCI Global Competitivness Index HIMO Haute Intensité de Main d’Oeuvre Rapport final – août 2010 Liste des Acronymes ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD IDE Investissements Directs Etrangers MINADER Ministère de l’Agriculture du Développement Rural MINAS Ministère des Affaires Sociales MINATD Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation MINCOM Ministère de la Communication MINCOMMERCE Ministère du Commerce MINDAF Ministère des Domaines et des Affaires Foncières MINEE Ministère de l’Energie et de l’Eau MINEFOP Ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle MINESUP Ministère de l’Enseignement Supérieur MINEPAT Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire MINEPIA Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales MINFI Ministère des Finances MINFOF Ministère des Forêts et de la Faune MINFOPRA Ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative MINIMIDT Ministère de l’Industrie, des Mines et du Développement Technologique MINJUSTICE Ministère de la Justice MINPMEESA Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat MINPOSTEL Ministère des Postes et Télécommunications MINPROFF Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille MINREXT Ministère des Relations Extérieures MINT Ministère des Transports MINTOUR Ministère du Tourisme MINTP Ministère des Travaux Publics MINTSS Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale OHADA Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires OMC Organisation Mondiale du Commerce OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement ONG Organisation Non Gouvernementale ONUDI Organisation des Nations Unies pour le Développements industriel Rapport final – août 2010 Liste des Acronymes ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD PADMIR Projet d’Appui au Développement de la Micro finance Rurale PASAPE Programme d'Appui et de Soutien à l'APE PIB Produit Intérieur Brut PIR Programme Indicatif Régional PIT Peuples Indigènes et Tribaux PME Petite et Moyenne Entreprise PMI Petite et Moyenne Industrie PPMF Projet d’Appui au Programme National de Micro finance PPTE Pays Pauvre Très Endetté PTF Partenaires Techniques et Financiers TCER Taux de Change Effectif Réel TIC Technologies de l'Information et de la Communication TOFE Tableaux d’Opérations Financières de l’Etat TPE Très Petite Entreprise TSPP Taxe Spéciale sur les Produits Pétroliers TVA Taxe sur la Valeur Ajoutée UE Union Européenne WEF World Economic Forum Rapport final – août 2010 Liste des Acronymes ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 1. Résumé exécutif Le contexte • En 2003, le Cameroun s’est doté d’une Stratégie de Réduction de la Pauvreté, laquelle a principalement mis l’accent dans un premier temps sur l’accès aux services sociaux de base, en particulier l’éducation et la santé. Mais le niveau de croissance qu’a entraîné cette stratégie est resté en-deçà du niveau espéré pour résorber substantiellement la pauvreté, ce qui a conduit le Cameroun à adopter en août 2009 une nouvelle stratégie basée sur une vision partagée du Développement au Cameroun à long terme, laquelle vise à faire du Cameroun un pays à revenu intermédiaire à l’horizon 2035 et à atteindre le stade de Nouveau Pays Industrialisé (NPI). • Le Document de Stratégie de Croissance et de l’Emploi (DSCE) formalise cette vision et marque le retour à l’économie planifiée, à laquelle l’État avait renoncé dans les années 1980. Le DSCE, va couvrir les dix premières années de la vision à long terme et sera centré sur l’accélération de la croissance, la création d’emplois formels, la réduction de la pauvreté 1 et l’amélioration de la gouvernance et de la gestion stratégique de l’Etat. L’enjeu est crucial pour le Cameroun qui, pour atteindre les objectifs du DSCE, doit relever à court terme au moins deux grands défis : - Le premier est celui de la croissance économique et de l’emploi. Le Cameroun a en effet connu une légère embellie suite à l’atteinte en 2006 du point d’achèvement PPTE et aussi de la relance des matières premières les deux années qui ont suivi. Aujourd’hui, le taux de croissance réel du PIB est certes positif (2,8 % en 2008, 2% en 2009) mais très en deçà du niveau requis pour faire reculer le taux de pauvreté qui stagne depuis 2001 (40% de la population). La croissance reste fragile tant dans sa dynamique que dans ses effets attendus sur l’amélioration des conditions de vie 2 alors que le pays est confronté à l’arrivée sur le marché du travail d’une population active de plus en plus nombreuse (population qui double tous les 25/30 ans). Cette croissance démographique se caractérise par 1 2 Il vise en conséquence à (i) porter la croissance à 5,5% en moyenne annuelle dans la période 2010-2020 ; (ii) ramener le sous emploi de 75,8% à moins de 50% en 2020 avec la création de dizaines de milliers d’emplois formels par an dans les dix prochaines années ; et (iii) ramener le taux de pauvreté monétaire de 39,9% en 2007 à 28,7% en 2020 La croissance repose à plus de 50% sur la demande intérieure, au détriment de l’investissement, ce, notamment par la consommation des ménages stimulée par la hausse des salaires et celle du nombre des personnels intégrés à la fonction publique depuis 2008 et par les entreprises Individuelles, secteur regroupant en majorité des unités exerçant dans l’informel (agriculture et commerce notamment), et dont les capacités à booster les performances ne peuvent garantir une croissance soutenue. Rapport final – août 2010 Page 1 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD une forte proportion de jeunes qui génère une importante main d’œuvre que le système économique ne peut actuellement contenir et qui de ce fait, est contrainte de se recycler dans des activités informelles, mal rémunérées et sans adéquation avec leur formation. - • Le deuxième, alors que le pays est confronté à la difficulté à se doter d’un secteur industriel compétitif, est celui de l’ouverture progressive, mais inéluctable, des frontières (cf. accord d’étape APE3), avec comme conséquence une exposition accrue des entreprises nationales à la concurrence internationale. Ce, tout en résistant aux chocs externes qui l’ont frappé en 2009, l’économie camerounaise restant vulnérable aux fluctuations de la demande globale et des cours des matières premières, notamment pétrolières. La conjugaison des réponses à ces deux défis (création d’emplois, capacité à résister à l’ouverture des frontières ainsi qu’aux chocs externes), réponses qui ne sont en aucune façon antinomiques, dépend de la capacité de l’Etat et du secteur privé à jouer chacun son rôle, tel que le prévoit le DSCE. - De son côté, L’Etat doit jouer un rôle plus important en matière de planification stratégique du développement, ainsi que dans la mise en œuvre d’une politique de régulation économique et d’interventions ciblées. Il doit veiller, en particulier, à une utilisation efficiente et efficace du potentiel et des ressources humaines, matérielles et financières dont dispose le pays afin de relever progressivement de 17,5% actuellement 4 à 30% (à l’horizon 2020) la part de l’investissement public dans les dépenses totales de l’Etat. Il doit affecter des ressources massives aux dépenses d’équipement/de maintenance des infrastructures existantes et aux grands projets structurants (leviers importants de la croissance et donc de l’emploi) et en finir avec le saupoudrage généralisé actuel de l’investissement public. - Le secteur privé, quant à lui, et tout particulièrement les PME-PMI et TPE, est appelé à augmenter très fortement la part de ses investissements dans le PIB afin d’élargir et de diversifier la base de production afin de relever l’immense défi de l’emploi, l’objectif à l’horizon 2020 étant de résorber complètement le sous emploi visible et de maintenir le taux de chômage élargi à moins de 7% de la population active occupée, contre 11% actuellement. 3 Seul parmi les 8 pays de la configuration de négociation Afrique Centrale, le Cameroun a paraphé le 17 décembre 2007, un Accord dit d’étape, dont la signature et la mise en œuvre ont été différées, à la demande des Autorités camerounaises (Cameroun a officiellement sollicité auprès de la CE le report du démantèlement tarifaire qui aurait dû commencer depuis le 1er janvier 2010) 4 En baisse par rapport à la période 2000-2002 (19%) Rapport final – août 2010 Page 2 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD • Cette capacité du secteur privé national à jouer le rôle qui est attendu de lui, alors que la part des IDE n’augmente pas, est liée à l’amélioration de l’environnement des affaires, lequel n’est pas jusqu’ici considéré comme favorable au développement du secteur privé, en raison notamment d’une corruption perçue comme forte, de la lourdeur et la lenteur des procédures administratives, d’une insécurité juridique et judiciaire préoccupante pour les entreprises, de l’absence de financement et la persistance de problèmes d’infrastructures. Elle est également conditionnée à la mise en œuvre sans tarder d’un grand programme de mise à niveau des entreprises, tout particulièrement des PME-PMI pour renforcer les capacités managériales de leurs dirigeants, relever le niveau technique de leurs outils de production et stimuler leurs investissements (y compris pour se mettre en conformité avec les normes de qualité et de protection de l’environnement) • L’atteinte de ces objectifs du DSCE est aussi très largement dépendante de la levée d’un certain nombre de contraintes et de rigidités institutionnelles et structurelles, tout particulièrement celles concernant les infrastructures de base dont la productivité constitue une source de compétitivité et d’attractivité indispensable pour actionner un certain nombre de leviers importants de la croissance et donc de l’emploi. Parmi ces leviers figurent la mise en œuvre effective des grands projets dans les secteurs de l’énergie et du BTP, laquelle reste tributaire de la capacité du Cameroun à mobiliser les ressources internes et externes. Malgré l’importance des efforts entrepris dans ce sens ces dernières années, beaucoup reste à faire en matière de réformes et de structurations économiques. • Conscientes de ces impératifs, et afin que cette dynamique pour relever tous ces défis et lever ces contraintes soit menée dans un cadre cohérent qui garantisse l’efficacité des actions entreprises, les Autorités camerounaises ont souhaité se doter d’une stratégie globale de renforcement de la compétitivité de l’économie. • Dans ce contexte, une étude a été lancée début 2010, sur un financement de l’Union Européenne dans le cadre du PASAPE 5 afin d’appuyer le MINEPAT (Ministère de l’Economie, du Plan et de l’Aménagement du Territoire) dans l’élaboration d’une telle stratégie et faire en sorte qu’elle puisse fédérer, dans une logique d’optimisation et de non chevauchement, l’ensemble des orientations des stratégies sectorielles existantes en matière de compétitivité ainsi que toutes les initiatives, en cours ou en préparation, 5 Programme d’Appui et de Soutien à l’Accord de Partenariat Economique dont l’objectif spécifique est de soutenir le processus national de négociation de l’APE et d’améliorer la compétitivité de l’économie camerounaise par un appui aux capacités de production, à la mise à niveau des entreprises et au renforcement du système qualité) Rapport final – août 2010 Page 3 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD qui participent ainsi, directement ou indirectement, au renforcement de la compétitivité de l’économie camerounaise. Approche méthodologique L’étude s’est déroulée en deux étapes. La première étape a fait l’objet d’une étude initiale réalisée par un consultant national sur l’état des lieux du cadre de promotion de la compétitivité, à la fois au plan juridique, institutionnel et organisationnel ; elle a donné lieu à un diagnostic de la situation actuelle en matière de compétitivité et un examen de la cohérence des différentes initiatives et programmes en cours en matière de compétitivité. Sur la base de ce diagnostic initial, la seconde étape a été conduite par un consultant international en quatre phases successives : - Une première phase qui a pris le relais des conclusions de l’étude du consultant national portant sur l’état des lieux des initiatives nationales en matière de promotion pour dresser un état des lieux complet de la situation « de départ » de l’économie camerounaise et mettre en avant les principaux facteurs qui bloquent la compétitivité ainsi que leur relation de causalité. - Une deuxième phase qui a été consacrée à la formulation concrète des objectifs à atteindre et des axes d’intervention pour une formulation appropriée des choix stratégiques devant apporter des solutions précises aux problèmes majeurs décelés pendant la phase précédente. - Une troisième phase qui a été consacrée au processus de planification stratégique piloté conformément aux orientations du «Guide méthodologique de planification stratégique» du MINEPAT sur la base d’une approche participative (cf. ateliers du 23 puis du 29 juin organisés par le Ministère à Yaoundé), laquelle a permis au groupe de travail/comité de pilotage public privé mis sur pied à cet effet par le MINEPAT de mettre au point les outils méthodologiques (arbre à problèmes, arbre à objectifs et cadre logique) ayant permis d’élaborer le projet de stratégie figurant dans le rapport provisoire qui a été soumis pour validation à un panel plus large de parties prenantes à l’occasion d’un atelier qui s’est tenu le 15 juillet 2010 à Yaoundé. - Une quatrième et dernière phase avec l’organisation de cet atelier de discussion et de validation dont l’objectif était de présenter à l’ensemble des parties prenantes les résultats et les conclusions de l’étude sur l’élaboration de la stratégie de compétitivité et aussi de recueillir les observations, commentaires et suggestions des participants afin d’en tirer le meilleur parti pour enrichir ce rapport final. Cet exercice de Dialogue Rapport final – août 2010 Page 4 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Public Privé voulu par les Autorités camerounaises pour garantir la prise en compte des points de vue de l’ensemble des acteurs concernés est crucial pour garantir l’appropriation du résultat par tous afin de dégager une vision commune et partagée des enjeux de la compétitivité et des politiques à mettre en œuvre pour la renforcer durablement. Résultat : une stratégie globale de renforcement de la compétitivité qui s’appuie sur cinq piliers Au regard de leur pertinence en matière de contribution aux objectifs du DSCE s’agissant des contraintes institutionnelles et structurelles à lever pour améliorer les déterminants de la compétitivité et des conditions à mettre en place pour réer de nouveaux gains de productivité, cinq piliers ont été sélectionnés pour constituer la stratégie globale de compétitivité : 1) La consolidation des bases de compétitivité, tout particulièrement les infrastructures économiques (capital humain et infrastructures physiques) ainsi que le développement et la diversification des capacités productives nationales (agriculture et filières de croissance) 2) Le renforcement du secteur privé et la mise à niveau des entreprises qui constitue le maillon essentiel de la stratégie de compétitivité. 3) Le renforcement des capacités commerciales et la facilitation du cadre des échanges 4) L’amélioration de l’efficience de l’action publique et de l’efficacité du cadre de promotion de la compétitivité. 5) Le renforcement de l’interface secteur public-secteur privé-société civile au service de la croissance et pour libérer l’initiative privée. • Le premier pilier concerne : - l’amélioration de la disponibilité et de la productivité des infrastructures économiques : les ressources humaines (augmentation de l’offre, de la qualité et de l’adéquation de la formation), combler le retard en matière d’infrastructures physiques (énergie, transport…), les TIC - Une concentration de moyen sur un nombre restreint de filières de croissance prioritaires (où l’avantage concurrentiel est avéré : bois, agro-industries, tourisme, BTP, etc.), avec un accompagnement public susceptible de faire émerger dans chacune de ces filières des entreprises nationales « championnes ». - la levée des principaux obstacles à l’émergence d’une agriculture de seconde génération, c'est-à-dire une agriculture semi intensive et industrielle capable d’assurer la sécurité et l’autosuffisance alimentaire, d’approvisionner l’industrie de Rapport final – août 2010 Page 5 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD transformation et créer un marché et une consommation internes pour les filières extravertie et enfin de développer les exportations et améliorer ainsi la balance commerciale. • Le deuxième pilier est constitué par l’émergence d’un secteur privé camerounais moderne, mis à niveau et compétitif et créateur d’emplois, tout particulièrement par la mise à niveau des entreprises nationales ainsi que par la mise en place d’un environnement de classe international devant faire du Cameroun une destination attractive pour les investisseurs qui opèrent à l’échelle mondiale • Le troisième pilier porte sur le renforcement des capacités nationales à s’adapter aux marchés et sur la facilitation du cadre des échanges. L’objectif recherché est la promotion et diversification des exportations via le développement de la culture qualité, une bonne maîtrise des avantages et contraintes des accords internationaux par le secteur privé et les structures d’appui ainsi qu’un suivi prospectif de l’évolution de la demande mondiale. • Le quatrième pilier se concentre sur l’amélioration de l’efficience de l’action publique et sur l’amélioration de l’efficacité du cadre actuel de promotion de la compétitivité. Ce pilier porte notamment sur le renforcement de la gestion stratégique de l’Etat et des administrations publiques pour la mise en œuvre et l’accélération des réformes et sur le renforcement des capacités administratives en matière de préparation, d'évaluation et d'exécution des projets afin de pouvoir prioriser et sélectionner avec soin les nouveaux projets d’équipement afin de stimuler leur impact sur la croissance. Il cherche également à rendre plus efficace le cadre de promotion, au plan juridique, institutionnel et organisationnel et faire fonctionner les outils mis en place à cet effet. • Le cinquième et dernier pilier vise à dynamiser le cadre de concertation tripartite existant entre les administrations économiques, les différents acteurs du secteur privé, et la société civile afin de passer en revue et de lever les facteurs de blocage à la création d’emplois et de créer une culture de la compétitivité et de l’innovation, tout en faisant de la compétitivité une cause nationale. Un Plan d’action prioritaire sur 2010-2013 - La stratégie compétitivité au cours des trois prochaines années sera axée sur le renforcement du capital humain à travers la réforme du système éducatif, le développement des infrastructures, l’émergence d’un SP compétitif par l’amélioration du climat des affaires et la mise à niveau, l’amélioration de l’efficacité de l’action Rapport final – août 2010 Page 6 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD publique par la mise en place prévue un bureau d’études à participation publique (type Direction des Grands Travaux) et l’amélioration du cadre de promotion par la mise en place d’outil spécifique (mise en place d’un Observatoire de la compétitivité) - Le renforcement du capital humain sera recherché par (1) la réhabilitation/restructuration des structures de formation professionnelle dans le contexte de la promotion des filières de croissance, la création d’un fonds d’appui à la formation professionnelle (avec création d’une taxe sur la formation professionnelle), la mise en place d’un observatoire national des métiers et la poursuite de la densification du répertoire des métiers, (2) la mise en place d’un système national indépendant d’accréditation et de certification des formations universitaires et professionnelles, (3) la création des cadres de concertation et de partenariats entre institutions de formation et milieux socio professionnels dans la perspective d’une adaptation permanente des programmes aux besoins réels de la société, (4) l’adoption d’une réglementation relative à la formation professionnelle visant à encourager les PPP - Le développement des infrastructures portera prioritairement sur les infrastructures énergétiques et de transport : Energie : construction et mise en service avant 2012 de la centrale à gaz KPDC à Kribi, la construction et la mise en eau à l’horizon 2012-2013 d’un barrageréservoir à Lom Pangar, ainsi que la construction d’une centrale hydroélectrique au site de Nachtigal ; ces grands travaux, dont le financement n’est pas complètement bouclé, conditionnent l’avenir des projets « Brownfield 6 » et « Greenfield 7 » d’ALUCAM et RIO TINTO ALCAN. Transport : les routes : bitumage à l’horizon 2012 de 700 km de routes neuves ; démarrage des travaux de construction du tronçon autoroutier YaoundéDouala, construction du second pont sur le Wouri, aménagement des entrées Est et Ouest de Douala, construction et/ou la réhabilitation de certains tronçons des corridors sous régionaux (frontière Nigéria ; frontière Congo, frontière Tchad). 6 7 Projet de modernisation et d’extension du site ALUCAM (de 95 à 300kt) basé notamment sur un nouveau contrat d’énergie conclu avec AES-Sonel de 250 MW et sur un projet de nouvelle centrale hydroélectrique de 330 MW à Nachtigal, Développement en 3 phases d’un projet RIO TINTO ALCAN comprenant plusieurs centrales hydroélectriques de 3000 MW au total (à Song Mbengue, Grand NGodi et un troisième site à définir) et une aluminerie à Kribi avec une capacité ultime estimée à 1,2 Million de tonnes par an. Rapport final – août 2010 Page 7 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Les TIC : mise en place d’une infrastructure de transmission à fibre optique et des points d’atterrissement des câbles sous-marins à fibre optique WACS et ACE, ouverture du marché de la téléphonie mobile aux nouveaux opérateurs pour stimuler la baisse sensible des tarifs des services par le jeu de la concurrence. - Le volet consacré à émergence du secteur privé portera prioritairement et simultanément sur l’amélioration du climat des affaires, la restructuration des organisations du secteur privé et le lancement sans tarder d’un Programme national de Mise à Niveau des entreprises camerounaises. L’amélioration du climat des affaires sera recherchée en priorité par l’appui au Cameroon Business Forum pour la poursuite des réformes et par la mise en place d’outils spécifiques devant assurer la synergie entre services financiers et services non financiers: du marché : Mise en place d’un système de chèques services et de cofinancement destiné à baisser les coûts d’accès à ces services et à encourager la rencontre entre l’offre et la demande, en réduisant le risque financier encouru par les deux parties) ; création d’outils de fonds de garantie dédiés aux PME et gérés sur un mode privé. Le renforcement des capacités des associations professionnelles du secteur privé consistera à favoriser une meilleure organisation et structuration de ces organisations intermédiaires (réorganisation en interprofessions et en chambres de métiers) et à leur permettre de fournir des services à valeur ajoutée à leurs membres L’appui au développement des PME passe par la mise en œuvre de la loi portant promotion des PME et la mise en place d’une « Small Business Administration », le démarrage prochain des centres pilotes des formalités des entreprises à Douala et Yaoundé, la création des pépinières d’entreprises, l’utilisation des résultats de la recherche et le renforcement des capacités des acteurs et de leurs regroupements professionnels La mise à niveau des entreprises doit faire l’objet d’un programme national et suppose une accélération du programme PPAMNQ de l’ONUDI, dont le niveau d’exécution opérationnelle est encore très faible, en raison des nombreux retards dans la mobilisation des ressources humaines et logistiques et aussi par une absence de sensibilisation et de communication de tous les acteurs, à commencer par le secteur privé. Quoiqu’il en soit, un programme de Rapport final – août 2010 Page 8 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD mise à niveau risque d’être un coup d’épée dans l’eau tant que le secteur financier national ne pourra ou ne voudra accompagner la modernisation des entreprises et si rien n’est fait en matière de formation professionnelle, de soustraitance et d’amélioration du niveau de la consultance nationale Etant donné le caractère urgent des conditions à réunir pour un processus de mise à niveau des entreprises camerounaises, il est impératif d’aller maintenant très vite car les PME nationales ne cessent de dénoncer le fait que les derniers grands chantiers nationaux ont été réalisés sans aucune retombée sur les entreprises nationales (cf. cas du Pipe Tchad-Cameroun dont les travaux ont été réalisés par des ouvriers étrangers). A supposer que le projet d’extension d’ALUCAM se confirme (voir p. 11), il est fort probable que les PME soient dans la même situation alors que ALUCAM s’est engagé à ce qu’il y ait 30% de retombées locales (local content). C’est pourquoi ce programme national est crucial et doit faire l’objet d’un pilotage résolu de la part de l’Etat en bénéficiant de ressources pérennes non dépendantes des bailleurs de fonds. La création d’un Fonds d’Appui à la Compétitivité des Entreprises camerounaises (FACEC) a été proposé pour financer des primes financières couvrant une partie du montant des investissements matériels des entreprises dans le cadre de leur mise à niveau, la prise en charge d’une partie des coûts de diagnostics et, dans la limite de plafonds définis préalablement et une partie du montant des investissements immatériels pour les entreprises, toujours dans le cadre de leur plan individuel de mise à niveau - Le volet sur l’amélioration du cadre de promotion portera sur la mise en place d’un Observatoire de la compétitivité, un outil permanent d'observation et d’analyse de l’évolution de la position compétitive du Cameroun. L’Observatoire fonctionnera comme une cellule de veille stratégique chargée de la collecte, de l’analyse et la comparaison des informations existantes relatives à la compétitivité au niveau national et international et l’impact de la mondialisation sur l’économie camerounaise. Mise en œuvre de la stratégie proposée - La mise en œuvre de la stratégie de compétitivité sera assurée par l’Etat qui en sera le maître d’ouvrage principal. Les ministères sectoriels constitueront les acteurs institutionnels de la mise en œuvre de la stratégie. Le secteur privé et la société civile, en Rapport final – août 2010 Page 9 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD tant que partenaires de l’Etat, seront également sollicités pour leur contribution dans la définition et la réalisation de certains volets spécifiques. - Tenant compte du rôle de la stratégie de compétitivité dans le contexte du DSCE, il est proposé que le cadre institutionnel de sa mise en œuvre soit placé sous l’autorité directe du Chef du Gouvernement, Ce cadre sera soit articulé sur deux niveaux : un niveau stratégique et un niveau opérationnel, avec trois structures en charge de la mise en œuvre et du suivi de la stratégie de compétitivité : - Un Comité National de Pilotage de la Compétitivité. Présidé par le Premier Ministre, ce Comité est un cadre d’information, d’orientation et d’échange permettant aux différents segments de la société d’exprimer leurs attentes et analyses et de formuler des orientations sur la mise en œuvre de stratégie de compétitivité. - Un Comité technique de suivi-évaluation de la Stratégie de Compétitivité. Composé des représentants des ministères sectoriels concernés ainsi que des représentants du secteur privé et de la société civile, ce Comité est la cheville ouvrière de l’élaboration de la stratégie de compétitivité. Présidé et animé par le MINEPAT, ce comité sera chargé plus particulièrement d’assurer la coordination des politiques sectorielles et celles à caractère transversal dans la mise en œuvre de la stratégie, de suivre cette mise en œuvre et de dresser un rapport périodique sur son déroulement. Pour ce faire il s’appuiera sur l’Observatoire de la Compétitivité dont la création a été proposée afin de permettre au Gouvernement de disposer d’un outil permanent d'observation et d’analyse de l’évolution de la position compétitive du Cameroun ainsi que d’une batterie d’indicateurs pour mesurer et évaluer les progrès accomplis dans ce domaine. - Des groupes Filières. Avec l’objectif de bâtir autour des filières prioritaires de véritables pôles intégrés de compétitivité, par une mise à niveau et un accompagnement public susceptible de faire émerger dans chacune de ces filières des entreprises nationales « championnes ». Les progrès en matière de compétitivité seront mesurés et évalués par des indicateurs synthétiques de compétitivité au plan quantitatif (croissance du PIB, IDE, performance industrielle et commerciale, GCI et ETI, etc.) et au plan qualitatif (environnement des affaires, entreprenariat, dialogue public privé, évolution de l’informel, progression de Rapport final – août 2010 Page 10 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD l’économie du savoir), ainsi que des indicateurs synthétiques de niveau de vie, de cohésion sociale et de développement durable (indicateur de développement humain, coefficient de Gini, etc.) En conclusion • La mise en œuvre de la vision du développement à long terme ne sera pas chose aisée vu l’instabilité de l’environnement économique international. Les Autorités camerounaises en sont parfaitement conscientes. Jeter les bases d’une croissance forte grâce à d’importants investissements dans les infrastructures, moderniser l’appareil de production, améliorer le climat des affaires et mener des politiques généreuses de promotion de l’emploi vont demander du temps et supposer un changement profond des mentalités, lequel doit se matérialiser par une nouvelle culture de l’innovation et de la compétitivité. • Avec son fort potentiel d’actifs naturels, surtout dans les matières premières, le Cameroun dispose des ingrédients de base pour faire de grands progrès en matière de croissance, mais à condition d’agir tout de suite et de tout mettre en œuvre pour réussir la transition 2012/2013 permettant de mettre la locomotive sur les rails dans la perspective 2035. • Or le pays, et tous les décideurs camerounais ont sont parfaitement conscients, doit prendre en compte un certain nombre de risques qui pourraient nuire à l’atteinte des résultats escomptés, notamment : - Les retards d’exécution des grands projets. Le DSCE indique très clairement que les retards dans la mise en œuvre des grands projets dans les domaines de l’énergie, des BTP, des transports et des télécommunications sont de nature à générer une baisse de l’activité économique, un ralentissement de la croissance et une détérioration de la compétitivité globale de l’économie. Un exemple particulièrement parlant est celui d’ALUCAM menacée d’une fermeture définitive de son usine d’Edea. En effet, le passage de 85.000 à 360.000 tonnes d’aluminium de cette usine est soumis à une contrainte technique préalable : rénover entièrement l’usine et la porter à 100.000 tonnes de capacité. Ce seuil technique minimum nécessite la disponibilité de 180 mégawats qu’AES SONEL s’est engagée à fournir à partir de la centrale à gaz KPDC de Kribi, mais à ce jour seuls les travaux de terrassement ont été effectués et le financement de la centrale n’est toujours pas bouclé tant que les conditions de mise à disposition du gaz et de transport de l’énergie n’auront pas été clarifiées. La production efficiente de l’électricité au Cameroun aujourd’hui commande que les deux barrages hydroélectriques de Song Loulou et d’Edéa disposent d’un débit d’eau à turbiner suffisant tout au long de l’année. Tel n’est plus le cas depuis longtemps. Parallèlement, à Rapport final – août 2010 Page 11 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 85.000 tonnes de production, l’usine d’ALUCAM consomme 35% de l’énergie produite par les deux centrales. C’est pour favoriser le passage en sécurité de la production de 100.000 à 300.000 tonnes d’aluminium qu’il est décidé la construction des deux nouveaux ouvrages. Lom Pangar pour permettre la régulation des débits relâchés en fonction des demandes de Song Loulou, d’Edéa et à terme de Nachtigal ; et Nachtigal pour « restituer » dans le réseau AES le supplément d’énergie qui sera consommé à Edéa et Song Loulou. Autant la direction générale d’EDC (Electricity Development Corporation) se veut rassurante quant au démarrage des travaux de Lom Pangar prévu pour novembre 2010, autant à AES SONEL le mutisme le plus complet est de rigueur. Vingt quatre mois au minimum sont nécessaires pour construire une centrale à gaz, du type de celle qui est envisagée par KPDC à Kribi. Mais au plus haut niveau de la hiérarchie de RIO TINTO ALCAN, une date butoir est arrêtée. Au 1er janvier 2012 ALUCAM à Edéa sera fermé, si l’approvisionnement des 180 MW n’est pas assuré et garanti. - La signature de l’APE sans volet développement. La signature de l’APE sans la prise en compte intégrale du volet développement, notamment la mise à niveau des entreprises locales, engendrerait non seulement une baisse des ressources publiques internes mais également un afflux des importations en provenance de l’UE avec pour conséquence une dégradation de la balance commerciale. En effet, la production des industries locales s’exposerait à la concurrence des produits à bas prix et/ou de meilleure qualité en provenance de l’UE. - La persistance de la crise mondiale. La fragilité de la reprise de l’économie mondiale constitue un risque à la relance de l’activité économique au Cameroun. La persistance de la crise pourrait avoir des effets analogues à ceux enregistrés en 2009, notamment le ralentissement de l’activité économique nationale, la réduction des recettes d’exportations, des transferts de la diaspora, des IDE, de l’aide publique au développement et des autres financements extérieurs. Dans ce contexte, la non-mobilisation de l’intégralité des ressources extérieures attendues est également un risque important. La réussite de la stratégie repose sur l’hypothèse que toutes les ressources attendues soient mobilisées. Les moyens pour minimiser tous ces risques nécessitent de la part des différents acteurs un engagement et une collaboration soutenus. - Des tensions de trésorerie prévisibles. Pour la première fois, après des années d’excédents budgétaires, le budget 2010, malgré des hypothèses plutôt optimistes (croissance de 3,9% et un cours du baril de Brent à 74,5 USD) fait apparaître un déficit de 3,5% du PIB. Avec des dépenses en hausse de 12% par rapport au précédent budget, la loi de finances 2010 entend soutenir l’activité et accélérer le démarrage des grands projets malgré des recettes budgétaires en baisse de 5%. Malgré l’emprunt obligataire que le Gouvernement prévoit de lancer pour un Rapport final – août 2010 Page 12 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD montant pouvant aller jusqu’à 200 Mds FCFA, des tensions de trésorerie sont probables au second semestre 2010. - Le calendrier politique. Au moment où le Gouvernement entame la mise en œuvre de la stratégie pour la croissance et l’emploi, le calendrier électoral actuel pourrait constituer un facteur de risque important si des mesures n’étaient pas prises pour éviter des dérapages budgétaires qui pourraient découler des différentes activités liées aux campagnes électorales. S’agissant du climat des affaires, le contexte électoral pourrait, comme cela s’est vu dans d’autres pays africains, conduire à privilégier des « quick Wins » ayant un impact rapide sur les indicateurs Doing Business, ce, au détriment des réformes en profondeur dont l’impact sur ce type de classement est visible à plus long terme. - D’autres risques, (ou données externes) pouvant avoir un impact direct sur la compétitivité sont à prendre en compte. Il s’agit, notamment, de la monnaie car de plus en plus de voix s’élèvent pour mettre en cause le rattachement du franc CFA à l’euro, non pas nécessairement pour réclamer la dévaluation, dont les conséquences sont redoutées, mais pour une certaine flexibilité dans le système Une autre évolution pourrait avoir des conséquences néfastes sur les projets de développement du Cameroun s’agissant de la filière textile. En effet, l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), lancé en 2000 par le Président Clinton et reconduit à trois reprises, expirera en 2015 et ne sera prolongé jusqu’en 2019 que si, dans le cadre de l’OMC, les négociations sur la libéralisation des échanges du cycle de Doha aboutissent. Ce qui signifie que les Etats-Unis souhaitent étendre les franchises de frais douaniers aux pays pauvres non africains. Le textile africain est directement menacé par cette perspective car exonérer le Cambodge et le Bengladesh, géants du secteur qui produisent déjà cinq fois plus que toute l’Afrique réunie, sera fatal à tous les pays africains qui ont profité de l’AGOA (Kenya, Lesotho, Maurice, Swaziland, etc.) pour développer une industrie textile. -------------- Rapport final – août 2010 Page 13 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 2. Accélérer et changer le modèle de croissance Malgré une timide reprise de la croissance ces trois dernières années (le taux de croissance du PIB est passé en 2006 à 3,8%, contre 2,8% en 2005), les performances économiques du Cameroun restent encore bien en-deçà du potentiel de richesses naturelles dont dispose le pays. Celles-ci n’ont pas permis d’inverser la courbe de la pauvreté dont les effets pernicieux, à l’instar du chômage, notamment celui des jeunes, sont encore visibles particulièrement dans les zones rurales du pays où la pauvreté s’est même aggravée. Cette croissance n’a jamais dépassé 5,5% depuis 1994 et reste tirée par la consommation intérieure et un secteur tertiaire structuré autour d’activités commerciales de faible envergure sans réelle capacité de création productive. Sa principale caractéristique est sa fragilité structurelle due à sa dépendance excessive à l’égard d’un nombre réduit de produits primaires d’exportation (pétrole, bois, cacao, café, coton, banane), ce qui l’expose à des facteurs exogènes en raison de l’instabilité des cours mondiaux de ces produits. Le pays n’a donc pas encore réalisé pleinement ses possibilités de développement et l’investissement productif est lent à redémarrer malgré les frémissements observés dans les secteurs miniers et la téléphonie. Le Cameroun continue de souffrir de la régression (constante tendancielle) du flux d’investissement illustrée par le taux d’investissement qui plafonne depuis 2001 autour de 18% du PIB, dont environ 2% pour l’investissement public et 16% pour l’investissement privé. Au taux de croissance actuel de 3%, il faudrait plus de douze ans au Cameroun pour atteindre un revenu par habitant de 1.000 dollars (le niveau affiché actuellement par des pays comme les Philippines ou le Paraguay) ou presque 25 ans pour dépasser le niveau de la Tunisie et du Brésil, en supposant que ces pays restent à leurs niveaux respectifs actuels. Ce constat a conduit le Gouvernement, à la faveur du franchissement du point d’achèvement de l’Initiative PPTE par le Cameroun en avril 2006, à engager une initiative politique ayant pour objectif de booster le processus de redressement de l’économie à travers la mise en place de conditions devant permettre une croissance rapide, forte et durable axée sur la diversification de l’économie, encore trop largement dépendante de la production pétrolière. Conscient de la nécessité d’une vision prospective partagée comme préalable à toute stratégie de développement, le Cameroun s’est ainsi doté d’un Plan de développement à Rapport final – août 2010 Page 15 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD long terme (Vision du Cameroun à 2035) dans lequel il déclare son ambition de devenir un pays émergent en 2035, l’objectif à moyen terme étant de devenir un Nouveau Pays Industrialisé (NPI) en 2030. Le DSCE formalise concrètement cette vision et constitue désormais, conformément à la Déclaration de Paris, le cadre de référence de la politique et de l’action gouvernementale ainsi que le lieu de convergence de la coopération avec les partenaires au développement. Conçu pour une dizaine d’années, le DSCE est porteur de défis considérables. En effet, cette ambition de devenir un NPI, selon le DSCE, implique que la part de la production manufacturière dans le PIB soit de l’ordre de 23 à 24 %, et que l’exportation de produits manufacturés prenne une place plus importante dans la structure des échanges extérieurs au détriment des produits primaires. Le statut de NPI implique également de devenir à partir de 2035 un pays à revenu intermédiaire avec un revenu par habitant situé entre 2.950 et 3.000 dollars US. L’un des enjeux de cette nouvelle dynamique de croissance est de porter progressivement l’économie camerounaise à un taux d’investissement et de croissance se situant respectivement autour de 25% du PIB (contre 18% 8 actuellement) et de 6 % par an d’ici 2015 9, à l’instar des pays de l’Asie du Sud-est. En effet, ceux-ci, avec des niveaux d’investissement de 30% du PIB réalisés de 1960 à 1990, ont pu amorcer leur décollage économique. Le Cameroun a donc encore beaucoup de chemin à faire pour atteindre l’objectif de devenir un pays à revenu intermédiaire au cours de la présente génération. Le taux de croissance réel du PIB, bien que positif, demeure en effet très en deçà du niveau requis de 7%, pour l’atteinte de l’objectif de réduction de moitié de la pauvreté entre 1990 et 2015 (cf. figure 1). Il est passé de 3,3 % en 2007 à 2,9 % en 2008 et est estimé à 2,0% en 2009. De même, le taux d’investissement est resté faible au cours de la période, avec une moyenne de 17,5% du PIB environ, soit 7,5% en deçà du minimum nécessaire pour assurer une croissance durable 8 dont environ 2% pour l’investissement public et 16% pour l’investissement privé 9 Le taux de croissance actuel devrait être porté de 3,3% actuellement à environ 5,5% l’an sur la période 2010-2020, puis de 6% sur la période 2015-2035 Rapport final – août 2010 Page 16 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ - ADE – ABPCD la croissance du secteur primaire est tombée à 1.9 % en 2009 contre 5.3 % en 2008, à cause de la contre-performance de l’agriculture industrielle et de l’exploitation forestière. En revanche, l’agriculture vivrière, qui bénéficie des programmes d’encadrement des producteurs et de la forte demande sous-régionale, a contribué à soutenir ce secteur. Le secteur primaire qui représentait près de 21.3 % du PIB en 2008 et employait près de 56 % des actifs occupés a contribué pour 1.1 point à la croissance réelle. En 2009, ce secteur devrait croître de 1.9 % et contribuer pour 0.4 point à la croissance réelle, grâce aux mesures prises par le gouvernement, telles que la construction de magasins de stockage et de conservation qui visent à améliorer la commercialisation des produits de cultures vivrières. - Le secteur secondaire, qui représente 25.9 % du PIB, a enregistré une croissance de 2.4 % en 2009 contre 0.6 % en 2008, en raison de la baisse de 13.1 % de la production pétrolière. Le déficit énergétique et la concurrence des produits asiatiques bon marché ont également continué à limiter l’activité industrielle. Néanmoins, le secteur secondaire a été soutenu par la bonne tenue du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) après la normalisation des approvisionnements du marché en ciment. Rapport final – août 2010 Page 17 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ - ADE – ABPCD Le secteur tertiaire qui, depuis 2005, représente près de 45% du PIB, est demeuré particulièrement dynamique. En 2007, il a connu une croissance de 5% grâce à un bon comportement du commerce et des services des télécommunications, mais aussi du fait de la reprise dans les BTP qui s’est répercutée sur les transports. Cette croissance a décéléré en 2008 (2,6%) avant de se redresser en 2009 (4,9%). Toutefois, à la différence des pays avancés qui présentent une part aussi importante du secteur tertiaire dans le PIB, au Cameroun, le sous-secteur du commerce qui représente plus de 30% du PIB sectoriel repose essentiellement sur les produits importés, ceux de la contrebande et les activités informelles. Avec une contribution à la croissance s’élevant à 2,8% en 2008 puis 3,9% en 2009, la demande intérieure reste le moteur de la croissance, mais cette demande est soutenue par la consommation au détriment de l’investissement : En 2009, la consommation (87.7 % du PIB) s’est accrue de 5.8 % alors que l’investissement (18 % du PIB) a augmenté de 4.1 %. Certes, avec son fort potentiel d’actifs naturels, surtout dans les matières premières, le Cameroun dispose des ingrédients de base pour faire de grands progrès en matière de croissance et sortir de ce modèle d’une croissance tirée par la consommation, mais le pays continue de faire face à un certain nombre de défis structurels et de risques qui pourraient nuire à l’atteinte des résultats escomptés (voir ci-après l’analyse Forces-FaiblessesOpportunités-Menaces de l’économie camerounaise) Un des premiers défis à relever pour changer le profil de croissance est celui mis en avant par le secteur privé s’agissant de l’environnement des affaires au Cameroun. En effet pour être en mesure d’assumer pleinement le rôle qui lui est dévolu dans le cadre de l’accélération de la croissance et de la promotion de l’emploi, les organisations du secteur privé (en particulier le GICAM) soulignent que parmi les nombreux défis de compétitivité auxquels les entreprises camerounaises sont confrontées, le plus urgent est celui de l’amélioration du climat des affaires et que, pour y parvenir, il est urgent de remédier aux déficiences des facteurs de production clés que constituent les infrastructures et l’énergie et de mettre à niveau l’environnement financier des PME-PMI camerounaises. L’environnement des affaires est encore tributaire des faiblesses structurelles et des dysfonctionnements qui inhibent la liberté d’entreprise et la créativité et il doit faire face à des lourdeurs bureaucratiques incompatibles avec l’exigence de réactivité du secteur privé et qui renchérissent les coûts de transactions. L’environnement des affaires est également un facteur déterminant dans la mobilisation des investissements porteurs de croissance, mais il n’est pas le seul. L’atteinte des objectifs du Rapport final – août 2010 Page 18 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD DSCE reste liée à l’amélioration des infrastructures économiques et à la mise en œuvre effective des grands projets dans les secteurs de l’énergie et du BTP, la question restant posée sur la capacité du Cameroun à mobiliser les ressources internes et externes. En effet, tout changement important opéré dans le rythme d’exécution des projets dans le domaine de l’énergie10 et des grands chantiers de BTP11, et mal piloté, pourrait avoir un impact négatif fort sur le taux de croissance, et donc sur la création d’emplois et la réduction de la pauvreté. Outre la persistance des rigidités structurelles et le risque de résurgence des chocs exogènes liée notamment à la structure des échanges extérieurs, un des risques majeurs de détérioration de la compétitivité globale de l’économie serait la signature de l’APE entre l’Union Européenne (UE) et l’Afrique Centrale déconnectée de la mise à niveau des entreprises nationales. En effet, en l’absence du soutien aux industries locales, la production des industries locales s’exposerait à la concurrence des produits à bas prix et de meilleure qualité en provenance de l’UE. Cette perte de compétitivité engendrerait inévitablement une baisse de la demande des produits locaux ainsi qu’un déclin de la production des entreprises locales. D’une manière générale, si cette confrontation avec les marchés internationaux, souvent à marche forcée, offre des opportunités nouvelles aux pays du Sud qui peuvent les saisir, elle présente aussi des dangers, aussi bien dans les pays comme le Cameroun où le tissu industriel est encore «en construction» que dans ceux qui vont voir leurs avantages, jusqu’alors compétitifs, menacés. L’intégration de certains d’entre eux sera ainsi rendue difficile par la faiblesse de leur tissu industriel et, plus généralement, par le manque de compétitivité de leur secteur productif. Incapables de combler leur retard en matière d’industrialisation, ils ne pourront pas développer leurs exportations et tirer ainsi partie de l’ouverture commerciale. Dès lors, l’ouverture est porteuse de risques pour un pays comme le Cameroun si des politiques d’accompagnement ne sont pas mises en œuvre. La question n’est plus de mettre en cause l’ouverture économique, mais de chercher à en tirer pleinement profit. Pour cela, des politiques de soutien à la modernisation des secteurs productifs sont impératives, demandant à la fois une volonté politique basée sur une «vision» à moyen terme de l’économie et un environnement propice à l’entreprise et à l’investissement. 10 Le retard des projets prévus dans l’énergie entraînerait une baisse annuelle du taux de croissance du PIB d’environ 0,5 points, soit 5 points de croissance en dix ans (source DSCE) 11 La non réalisation de certains projets d’infrastructures notamment la construction du port en eau profonde de Kribi et les différents projets routiers affecterait négativement la croissance du PIB d’environ 0,4 point par an en moyenne, soit une perte de 4 points de croissance en 10 ans (source DSCE) Rapport final – août 2010 Page 19 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 3. L’état des lieux de la compétitivité camerounaise de « départ » 3.1 Analyse des principaux indicateurs Au plan international, le débat sur la compétitivité 12 est régulièrement relancé suite à la publication des classements (benchmarks) publiés par diverses organisations internationales sur base d’indicateurs synthétiques. Les plus connus proviennent du World Economic Forum (WEF), de l’Institute for Management Development (IMD) et de la Heritage Foundation. Ces classements, très médiatisés auprès du grand public, sont consultés par les investisseurs dans leurs décisions de localisation d’activités économiques. Le World Competitiveness Yearbook du WEF a donné à cette approche de classement de pays sa plus grande notoriété. Son but est de recueillir des éléments comparatifs de base sur les caractéristiques des pays et de les synthétiser sous forme d’un indicateur unique. Ce dernier est sensé classer les pays en fonction de la qualité globale de l’ensemble de l’environnement des affaires. Les données recueillies sont issues de domaines très divers. Certaines proviennent des offices nationaux de statistiques, d’autres sont issues de sondages d’opinion au sein des pays. Dans le domaine sociétal, l’Organisation des Nations Unies (ONU-PNUD) a élaboré au début des années 90 un « indicateur de développement humain ». Celui-ci vise à mesurer la capacité des pays d’offrir à la population des conditions de vie satisfaisantes (santé, éducation, justice, environnement etc.). Ces deux indicateurs (WEF et IDH) sont les seuls qui intègrent l’Afrique dans leur classement. Les autres, comme l’IMD ou les indicateurs sectoriels et thématiques, ont vu le jour plus tard, comme par exemple le « Index of Economic Freedom » de la Heritage Foundation, et ne couvrent pas le continent africain. Mais, au regard de l’acceptation de la compétitivité, le marqueur le plus général de l’évolution de la compétitivité reste l’observation des tendances relatives au niveau de vie moyen de la population À ce jour, le Cameroun affiche de mauvais classements à l’issue de ces exercices d’étalonnage internationaux dans l’évaluation du développement, du niveau de 12 Définie dans le cadre de cette étude comme la capacité d’une nation à améliorer durablement le niveau de vie de ses habitants et à leur procurer un haut niveau d'emploi et de cohésion sociale tout en préservant l’environnement. Elle est déterminée par le niveau de productivité avec lequel une nation utilise ses ressources naturelles, humaines et de capital. (Porter, 1991) ; pour la Banque Mondiale et la BAD, la compétitivité est définie par : «l’ensemble des institutions, politiques et facteurs qui influent sur le niveau de productivité d’un pays » (Rapport sur la Compétitivité en Afrique (WF/BM/BAD) Rapport final – août 2010 Page 21 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD compétitivité et des conditions de croissance de plus d’une centaine de pays, dont ceux du continent africain. • Selon le classement des différents pays selon leur Indice de développement humain (IDH) créé en 1990 par le PNUD et qui permet de mesurer les progrès accomplis sur la voie du développement humain, le Cameroun occupe actuellement la 153ème place sur 182 pays (soit un recul par rapport à 2007/2008, le pays était classé alors 144ème sur 177). Même si le dernier rapport (RMDH 2009), indique que le pays a effectué des avancées entre 1980 et 2007 où il est passé de 0,48 à 0,460 points pour atteindre 0,523 en 2009, il soulève de nombreuses inquiétudes dans divers domaines - - - • • Les données disponibles au niveau national montrent que, même si l'incidence de la pauvreté monétaire a régressé de 13,1 points entre 1996 et 2001 passant de 53,3 % à 40,2 %, elle est restée pratiquement stationnaire entre 2001 et 2007 passant de 40,2 % à 39,9 %. La probabilité de mourir avant 40 ans est de 34,2%, le taux d'adultes analphabètes est de 32%, tandis que l'accès à l'eau potable est de 30% seulement sur l'ensemble du territoire. Les conditions de vie décentes sont évaluées sur la base du pourcentage d'enfants de moins de 5 ans qui soufrent de malnutrition et dont le poids est en deçà de la norme. Dans cette catégorie, le Cameroun est derrière des pays comme le Ghana, le Cap Vert ou encore la Tanzanie. De sérieux problèmes de conditions de vie, d'accès aux soins de santé, à l'éducation, à la nourriture et à l'eau potable sont relevés par le rapport qui place le Ghana au premier rang des pays africains. Le nombre de pauvres a sensiblement augmenté et a atteint 7,1 millions en 2007 contre 6,2 millions en 2001. Le milieu rural reste le plus affecté, avec un taux de pauvreté en augmentation qui est passé de 52,1% en 2001 à 55% en 2007. La pauvreté a, par contre, diminué en milieu urbain de 5,7 points pour se situer à 12,2% en 2007. L’accès à l’eau potable et à l’électricité s’est amélioré d’une manière générale entre 2001 et 2007, plus particulièrement en milieu urbain. Il a, par contre, reculé en milieu rural. En effet, la proportion des ménages en milieu urbain ayant accès à l’électricité est passée de 88,2% en 2001 à 90,4% en 2007 et celle ayant accès à l’eau potable de 61,5% à 75,1%. En milieu rural, cette proportion passe de 24,6% en 2001 à 23,4% en 2007 pour l’électricité et, de 29,3% à 27,7% pour l’eau potable. Dans le domaine de l’emploi, bien que le taux de chômage au sens strict (BIT) reste faible (4,4%), celui des jeunes reste préoccupant (13,7% en 2007). L’essentiel de leur insertion (92%) s’effectue dans l’économie informelle où les Rapport final – août 2010 Page 22 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD emplois sont précaires et peu valorisants. Le sous-emploi reste très élevé (76%) et, nombreux sont les jeunes qui déclarent exercer leur emploi actuel pour leur survie, espérant trouver mieux dans un futur proche. • • S’agissant de la réduction de l'extrême pauvreté et de la faim, le Cameroun se situe parmi les pays en développement les moins performants, avec une ration alimentaire de 2 260 calories/jour/habitant, ce qui oblige le pays à engager plus de 100 milliards de FCFA chaque année pour importer des denrées alimentaires Sur le plan du “genre”, le Cameroun est dernier au classement derrière des pays comme le Nigeria, ou encore les pays arabes à forte tradition répressive à l'égard des femmes. Le taux des femmes âgées de 15 ans et plus est de 77,7%, alors que l'espérance de vie générale à la naissance est de 50 ans. Toujours d’après ce rapport du PNUD de 2009, il est clair qu’au regard de ses résultats actuels, le Cameroun n’atteindra pas les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) à l’horizon 2015. A savoir : réduire l’extrême pauvreté et la faim ; Assurer l’éducation primaire pour tous ; promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ; réduire la mortalité des enfants de moins de cinq ans ; améliorer la santé maternelle ; combattre le VIH-SIDA, le paludisme et les autres maladies ; assurer un environnement durable et mettre en place un partenariat mondial pour le développement.. Le rapport relève le fait que sur les sept objectifs du millénaire pour le développement (OMD), il n’y a qu’un seul pour lequel le Cameroun est crédité d’avoir atteint. Il s’agit de l’éducation pour tous. La non-atteinte de ces objectifs empêche en effet le pays de bénéficier de certains programmes comme celui mis en place par les Américains du Millenium Challenge Corporation. Ce programme retient 17 indicateurs de performance pour bénéficier du Millenium Challenge Account. En 2006, le Cameroun n’était crédité que de quatre de ces indicateurs. « - - Malgré le fait que les OMD sont repris dans le DSCE considérée comme une feuille de route conçue, avec la participation de la société civile et les partenaires au développement, on voit mal comment le Cameroun va pouvoir atteindre tous les OMD d’ici à 2015. De 2001 à 2007, la proportion de la population nationale vivant en dessous du seuil de pauvreté (OMD1) est restée quasiment stable, passant de 40,2 à 39,9, soit très loin des 35% escomptés à cette période pour oser espérer atteindre l’objectif fixé en 2015. Rapport final – août 2010 Page 23 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ - - ADE – ABPCD Pour ce qui est du taux net de scolarisation dans le primaire (OMD 2), estimé à 82,8% en 2008, il reste très éloigné des 92% souhaités. Le taux de mortalité infanto juvénile est de 144% en 2007. L’objectif est de le réduire à 48%. Mais selon la courbe prévisionnelle de cet agent de la fonction publique, il est très peu probable d’atteindre cette cible dans cinq ans. Entre 1998 et 2004, la mortalité maternelle a évolué défavorablement passant de 430 à 669 pour 100.000 naissances. L’objectif est de réduire ce ratio à 167 décès. Mais depuis 2004, la situation semble stagner. L’atteinte des OMD dans ces conditions est alors impossible. Même si dans certains secteurs, des avancées sont observées et que des mesures visant à redresser la tendance sont prises par le gouvernement camerounais. Leurs effets, indique-t-il, ne seront visibles au plutôt qu’en 2020. Soit cinq ans après la date butoir. • Au plan social encore, un coefficient mesure le rapport entre la croissance et les inégalités. Il s’agit de l’évolution du coefficient de Gini 13 lequel montre que si au Cameroun, la croissance enregistrée au cours de la période 1996-2007 ne s’est pas accompagnée d’une hausse des inégalités, comme le montre la baisse de ce coefficient au cours de la période 1996-2007, l’inégalité recule plus fortement dans les villes que dans les campagnes Evolution du Coefficient de Gini entre 1996 et 2007 National Urbain Rural 1996 0,416 0,419 0,344 2001 0,404 0,407 0,332 2007 0,390 0,352 0,322 Sources: ECAM1, ECAM2, ECAM3, INS Les deux autres principaux indicateurs qui permettent de mesurer la compétitivité du Cameroun sont le Growth Competitivness Index (GCI) et le Trade Enabling Index (ETI), ces deux indicateurs sont abondamment utilisés dans le Rapport sur la Compétitivité en Afrique 2009, réalisé conjointement par le World Economic Forum (WEF), la Banque Mondiale et la BAD. • Le Growth Competitiveness Index (GCI) vise à mesurer les perspectives de croissance d’un pays à moyen terme. Cet indice est conçu comme une moyenne 13 Le coefficient de Gini est une mesure du degré d'inégalité de la distribution des revenus dans une société donnée, développée par le statisticien italien Corrado Gini . Il est mesuré par un nombre variant de 0 à 1, où 0 signifie l’égalité parfaite (tout le monde a le même revenu) et 1 signifie l'inégalité totale (une personne a tout le revenu, les autres n'ont rien, cas extrême du maître et de ses esclaves). Rapport final – août 2010 Page 24 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD pondérée d’un ensemble de variables normalisées, considérées comme les déterminants de la compétitivité, comme la croissance du PIB ou le niveau de PIB par tête. La construction du GCI se fonde sur un ensemble d’indicateurs quantitatifs (variables macroéconomiques standard) et sur des indicateurs issus d’enquêtes qualitatives auprès des chefs d’entreprises. Ces indicateurs sont construits sur la base d’un questionnaire dont les variables sont organisées en grands thèmes : environnement macroéconomique, innovation et diffusion technologique ; infrastructures générales ; institutions publiques (contrats et lois) ; gouvernance (corruption) ; concurrence sur le marché intérieur ; développement des clusters ; marche des affaires et stratégie d’entreprises ; politique environnementale. L’expérience montre qu’il convient d’utiliser cet indice avec précaution car il intègre une dose de subjectivité importante, notamment par le biais des réponses aux questions qualitatives et par le choix des pondérations retenues (toujours plus élevées pour les variables quantitatives, en lesquelles les concepteurs de ces indices ont davantage confiance). D’autre part, il repose sur de nombreux a priori quant aux déterminants de la croissance et de la compétitivité. Même s’il n’est pas parfait au plan méthodologique, cet indicateur, comme d’autres, (par exemple Doing Business) a le grand mérite de susciter une concurrence forte entre les pays s’agissant de l’amélioration de leur classement annuel. D’après le classement GCI 2009, le Cameroun est classé 114ème sur 134 pays (score inchangé par rapport à 2008), avec un score de 3,5 qui correspond à celui de la moyenne enregistrée par des pays d’Afrique subsaharienne. Ce classement place le Cameroun derrière la Côte d’Ivoire, le Bénin ou le Ghana. La meilleure note obtenue par le Cameroun est celle de l’indice « stabilité macro-économique » (34° rang sur 134), la plus mauvaise étant celle de l’indice « sophistication du marché financier ». L’examen du classement permet par ailleurs de dresser une liste des facteurs clés de succès des « champions africains » de la compétitivité (voir en annexe). • L’autre indice qui accompagne généralement le GCI est le Enabling Trade Index (ETI). Elaboré par le Forum économique mondial pour mettre en lumière les forces et faiblesses de chaque pays en matière d’obstacles aux échanges et les actions qu’il doit engager pour tirer davantage parti des échanges internationaux, cet indicateur mesure les facteurs, les politiques publiques et les services qui facilitent la libre circulation des biens par-delà les frontières et jusqu’à leur destination. La Rapport final – août 2010 Page 25 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD structure de l’indice scinde les facilitateurs en quatre domaines généraux : l’ouverture aux échanges, l’administration des frontières, les infrastructures de transport et de communication et l’environnement des affaires. Le classement effectué avec cet indice sur 118 pays situe le Cameroun à la 92eme place en 2008, avec un score de 3,42, inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne qui est de 3,90. Ce score médiocre (voir détail en annexe) qui place le Cameroun derrière le Mali, mais devant le Nigeria, le Sénégal et le Bénin, s’explique par la persistance de nombreuses barrières, tarifaires et non tarifaires, à l’accès au marché Camerounais. Cependant, des résultats assez positifs sont enregistrés pour ce qui est de l’environnement du commerce qui bénéficie de la stabilité macroéconomique du pays. De plus, de nombreux efforts ont été faits pour améliorer la transparence de l’administration douanière. Au regard de l’ETI, le point faible du Cameroun réside surtout dans l’état de son infrastructure de transport et de communication. Classé au 21e rang en Afrique et au 112e rang mondial, cet aspect constitue une lourde entrave aux échanges transfrontaliers. Le Cameroun affiche des performances médiocres sur tous les piliers liés à l’infrastructure pris en compte par l’ETI. En particulier, la qualité de l’infrastructure est l’une des plus mauvaises d’Afrique pour tous les modes de transport. • En matière de compétitivité industrielle, et selon l’indice de performance compétitive (IPC) du secteur industriel établi par l’ONUDI, le Cameroun se retrouvait en 1998, avec d’autres pays subsahariens à faible revenu, en bas de l’échelle du classement (75° position sur 87 en 1998 en recul de trois places par rapport à 1985) Il résulte de ce classement que la performance compétitive industrielle des économies subsahariennes à faible revenu (Cameroun, Malawi, Ouganda, RCA, Madagascar, Zambie, Ghana, Tanzanie, Zimbabwe, et Sénégal) s’est détériorée entre 1985 et 1998, ces économies n’ayant pas su améliorer leur structure technologique de production et d’exportation vers des produits à plus grande valeur ajoutée et à plus fort contenu technologique. • S’agissant de l’environnement des affaires, l’indicateur est le classement Doing Business de la Banque Mondiale qui comprend dix indicateurs classiques standards (coût de création d’une entreprise, obtention d’un permis de construire, paiement des taxes, etc.), et ne prend pas en compte la politique macro-économique des pays évalués, la qualité de leurs infrastructures, leur taux de criminalité, la volatilité des taux de change ou encore l’appréciation des investisseurs eux-mêmes. Même Rapport final – août 2010 Page 26 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD imparfait, ce classement annuel est un puissant outil de benchmark qui, là encore, fournit des indicateurs clairs et quantifiables des forces et faiblesses de la réglementation des entreprises dans un pays donné, permettant aux réformateurs de cibler leurs efforts sur des problèmes identifiables. • D’après ce classement, le Cameroun est classé 171ème sur 183 (en recul de 4 places sur 2009 et de 7 places par rapport à 2008) d’après le rapport 2010 Doing Business de la Banque mondiale. Ce recul s’explique essentiellement par les coûts et les délais en matière de création d’entreprise. Mesure de la compétitivité extérieure. Le Rapport du FMI de novembre 2009 montre que le taux de change effectif réel (TCER) du Cameroun est aligné sur son niveau d’équilibre, mais que plusieurs facteurs indépendants des prix, tenant principalement au mauvais climat des affaires, continuent de freiner la compétitivité extérieure du pays., Dans ce rapport, deux méthodes simplifiées de calcul du taux de change d’équilibre ont été utilisées pour évaluer le TCER et la compétitivité du Cameroun: la méthode du panel du Groupe consultatif sur les taux de change, et celle du modèle spécifique au Cameroun (modèle à variables multiples avec correction d’erreur vectorielle). Ces méthodes posent par hypothèse que le TCER d’équilibre est lié à un ensemble de facteurs fondamentaux : termes de l’échange, productivité, investissement, consommation des administrations publiques, avoirs extérieurs nets et ouverture aux échanges. Elles produisent un éventail de résultats allant d’une sous-évaluation de 0,2 % (panel) à une surévaluation de 7 % (modèle spécifique au Cameroun) du TCER. En complément de ces évaluations quantitatives déjà mentionnées, des données d’enquête fournissent des renseignements sur les obstacles structurels à la compétitivité. Au cours des deux dernières années, l’indicateur de compétitivité du FMI et les rapports Doing Business déjà mentionnés ont classé le Cameroun dans le dernier quartile. La part du pays sur les marchés mondiaux des produits non pétroliers a diminué au cours de la dernière décennie (voir tableau ci-après). Ces observations indiquent une érosion de la compétitivité du Cameroun Rapport final – août 2010 Page 27 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ • ADE – ABPCD Un autre indicateur important est celui des IDE (Investissements Directs à l’Etranger). L’attractivité des investissements étrangers est en effet pour un pays un déterminant majeur de sa compétitivité. Selon l’indicateur de performance de la CNUCED en matière d’attractivité d’IDE, le Cameroun est classé 101ème rang sur 141 14 et 112 ème selon l’indicateur de potentiel du même classement. Le Cameroun reçoit très peu d'Investissements directs étrangers. Entre 2007 et 2008, les IDE ont enregistré des flux nets en baisse (284 Millions USD contre 309 millions USD) représentant environ 1,2% du PIB chaque année. Le secteur le plus ciblé reste celui des industries extractives, notamment l’exploitation pétrolière. Les Etats-Unis et la France sont les premiers investisseurs dans le pays. Ces flux d’investissements étrangers entrant au Cameroun restent marginaux par rapport aux flux mondiaux, y compris l’Afrique, malgré son potentiel de ressources naturelles et humaines. D’après les investisseurs étrangers, le Cameroun souffre d’énormes obstacles pour assurer une attractivité réussie et améliorer le montant des investissements étrangers, tout particulièrement son climat des affaires et le sous-développement de son marché financier (trois valeurs seulement cotées à la bourse de Douala). La séduction des investisseurs implique la nécessité de mettre en place une stratégie volontariste du pays hôte pour assurer une attractivité permanente du territoire national pour les investissements étrangers. Celle-ci doit veiller à la recherche d’opportunités d’investissement en phase avec les atouts réels et potentiels du pays : valoriser les avantages géostratégiques pour attirer les délocalisations, favoriser la conclusion d’opérations de partenariat (sous formes de prises de participation, joint-ventures…) entre entreprises locales et firmes étrangères, impulser les investissements des firmes transnationales à la recherche de nouveaux sites d’implantation dans le cadre de la redistribution et la rationalisation de leurs processus de production et attirer les capitaux de la Diaspora. La mise sur pied récente de l’Agence pour la Promotion des Investissements va dans ce sens, à la condition de pouvoir s’appuyer sur un bureau d’études à participation publique (type Direction des Grands Travaux) dont la mise en place est prévue et qui devrait contribuer au renforcement des capacités de l’administration en matière d’identification et d’évaluation des projets utiles au pays. 14 L'indicateur de Performance de la CNUCED est basé sur un ratio entre la part du pays dans le total mondial des IDE entrants et sa part dans le PIB mondial. Rapport final – août 2010 Page 28 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Ces organes devraient permettre de mieux choisir les investissements et de cibler ceux ayant une réelle valeur ajoutée pour l’économie nationale, contrairement à ce qui s’est passé récemment avec les « juniors minières ». C’est ainsi que le Cameroun a accordé en 2007 des permis de prospection, d'exploration et d'exploitation d’immenses gisements miniers à cinq « juniors minières » qui étaient, jusqu’à cette date, ignorées des marchés financiers internationaux et des analystes. Le fait est que ces sociétés ont mené leurs travaux d’exploration minière sans avoir des moyens techniques et logistiques suffisants pour exploiter les gisements qu’elles acquièrent. La plupart d’entre elles, contrats gouvernementaux en poche, se précipitées vers les bourses occidentales pour réaliser une plus value qui, en réalité, devraient revenir au Cameroun. Beaucoup plus volatiles et risquées que les gros producteurs appelés major ou seniors, ces « juniors minières » pèchent généralement par leur financement, leur capacité d’emprunt ainsi que par l’opacité de leur management et de leur stratégie d’entreprise15. Le résultat est qu’aujourd’hui, pas un des de ces permis miniers accordés par le Cameroun n’est opérationnel. La compilation des principaux indicateurs se résume dans le tableau suivant : • • • • • • • 171ème sur 183 d’après le rapport 2010 Doing Business de la Banque mondiale 16 114ème sur 134 d’après l’Indice de compétitivité mondiale du WEF en 2009 (score inchangé par rapport à 2008)17 92° sur 118 sur l’indicateur ETI (Enabling Trade Index), avec un score de 3,42 contre 3,90 pour l’Afrique subsaharienne18 146ème sur 180 en termes d’indice de perception de la corruption de Transparency International 101ème rang mondial en termes d'attractivité des IDE (sur 141) 153ème sur 182 pays dans le Rapport sur le développement humain du PNUD19 l’Indice de transformation de la Fondation Bertelsmann 20 qui donne des informations sur les changements sociétaux des pays en développement en faveur de la démocratie et de l’économie de marché le classe au 101ème rang sur 128 pays en développement 15 C’est le cas de Sundance Resources Ltd qui, avant que le moindre minerai de fer ne soit sorti du sous-sol de Mbalam, distribuait déjà des dividendes et captait la plus-value financière que devrait générer ces gisements en faveur du Cameroun 16 Doing Business 2010 sur http://www.doingbusiness.org 17 19 Rapport 2009-2010 sur la compétitivité mondiale www.weforum.org/en/initiatives/gcp/Global%20Competitiveness%20Report/index.htm Indice de facilitation des échanges élaboré par le WEF d’expliquer l’importance relative des différents types en Afrique par comparaison avec d’autres régions et de mettre en lumière les forces et faiblesses de chaque pays en matière d’obstacles aux échanges et les actions à engager pour tirer davantage parti des échanges internationaux Rapport sur le développement humain 2009 sur : http://hdr.undp.org/en/statistics/ 20 5 http://www.bertelsmann-transformation-index.de/bti/ 18 Rapport final – août 2010 Page 29 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ 3.2 ADE – ABPCD Analyse Forces-Faiblesses-Opportunités-Menaces de l’économie camerounaise Parmi les forces de l’économie camerounaise, les plus importantes peuvent se résumer comme suit : • Une position géographique privilégiée qui permet la desserte obligée de l’hinterland tchadien et centrafricain et qui donne au pays la possibilité de se positionner comme hub régional pour de nombreuses activités industrielles et de services. • Une stabilité politique et macro-économique (34° place sur 134 dans le classement GCI 2009) • Des progrès notables dans la mise en œuvre des réformes en dépit d’une conjoncture internationale difficile ; des efforts indéniables en matière de lutte publique contre la corruption et adhésion à l’ITIE en 200521 ; Des finances publiques stabilisées : l’initiative PPTE a permis de ramener la dette extérieure et la dette publique à un niveau viable (la dette publique extérieure camerounaise est ainsi passée de 6,5 Mds USD à 2,1 Mds USD en 2006) • Dynamisme entrepreneurial reconnu • Un potentiel important au plan hydroélectrique, minier, agricole, énergétique : - 21 Potentiel hydroélectrique, le 1° en Afrique après la RDC (potentiel de production de plus de 13.000 MW) alors que la puissance totale installée actuellement (hydraulique et thermique) n’est que d’environ 930 MW (723 par les 3 centrales hydrauliques et le reste par une quarantaine de centrales thermiques) Initiative sur la Transparence des Industries Extractives qui cherche à améliorer la transparence dans la gestion des revenus issus du secteur extractif Rapport final – août 2010 Page 30 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ 10° ADE – ABPCD 12° 14° 16° LAC TCHAD REPUBLIQUE DU CAMEROUN 12° AR I CH REPA RTITIO N D U POTENTIEL H YDRO ELECTRIQ UE ECON OM IQU EM ENT EQ UIPA BLE K N ga ss aw e 12° al ia o Ts M. ag an a LO Louti 10° ECHELLE 0 100 M 200 km .K e G O N 10° E bi BENO UE Rey ro Fa 8° 8° Ra o Vina 2 TWh B ini 1,8 TWh a et Me ch em M ape Mb 6° 4,5 TWh 6,5 TWh M un er Kim aya M entchie ba m Nd jim re GA g NA in SA 4° Doum e u 71 TWh N Moung o M Ta Sanje un M ab WO UR I D ib am ba N le Foulo 4° ke Nkam di an No Lo 6° L om 4,5 TWh rem iv r em Kadey sR D je ng am Dje os e re Ndj eke Cr r Pangar M tsin uo M ao Vin a Mb Ka Njock K ad ey NYO NG Soa Lokoundje Mv ila 7,5 TWh N TEM 2° 2° N gok o 10° Rapport final – août 2010 Sangha Lobe 5,5 TWh mba Bou ATLANTIQUE D ja Seng Kienke 12° 14° 16° Page 31 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ - - - ADE – ABPCD Potentiel minier : gisement de fer de Mbalam (teneur entre 60 et 65%) dont les réserves sont estimées à 2,4 Mds de T (4° place mondiale et 2° en Afrique) ; gisement de bauxite (1 Md de T de réserve) ; cobalt, nickel... Disponibilité en terres agricoles (36 Mds ha dont 20% sont cultivées) Position dominante dans la CEMAC (avec 20 millions ha, le Cameroun abrite la moitié de la population de la région et son PIB représente le tiers de celui de la CEMAC) Diversification énergétique en cours pour compenser la baisse tendancielle de la production pétrolière : exploitation prochaine du gaz naturel dont les réserves prouvées sont évaluées à 156 milliards de m3 (soit 30 ans d’exploitation). Les faiblesses de l’économie camerounaise, les plus significatives sont les suivantes : 22 • Une compétitivité insuffisante de l’économie camerounaise, compte tenu des potentialités et des opportunités, qui n’augmente pas et qui empêchent le pays de transformer ses avantages comparatifs du pays en avantages concurrentiels • Coûts élevés des facteurs de production qui ne permettent pas d’exploiter la position stratégique du Cameroun en Afrique centrale, de désenclaver les régions agricoles pour permettre aux populations d’accéder aux marchés et aux services sociaux de base, d’améliorer l’accès à l’électricité dans les zones urbaines et rurales) • Déficiences en matière d’environnement réglementaire et normatif, d’infrastructures (transport …), d’accès au capital (frilosité des banques s’expliquant en grande partie par l’insécurité juridique), à la technologie, à l’énergie électrique et à l’eau potable22) • Retard important en matière de développement des TIC (taux d’accès à Internet de 5% seulement, moins de 10% des institutions et des entreprises du pays sont équipées d’un ordinateur ; moins de 30% des administrations sont connectées à Internet et pas plus de 2% de la population y a accès) ; une fracture numérique préoccupante et un cadre réglementaire peu adapté à l’intégration des technologies de l’information et de la communication • Une base de production étroite, fragile, peu intégrée (cf. peu de soustraitance) et peu diversifiée ; faible taux d’utilisation de ces capacités (autour de 70%) – un outil de production souvent obsolète et un patrimoine technologique est précaire et ne se renouvelle que très lentement. Le besoin quotidien en eau potable de la ville de Yaoundé est de 150 000 m3 pour une disponibilité de seulement 97.000 m3 ; à Douala, le gap est encore plus élevé puisqu’il est de 165.0000 m3 par jour Rapport final – août 2010 Page 32 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD • Un dispositif de formation professionnelle globalement inadaptée aux besoins de développement des activités économiques. • Un secteur privé peu compétitif, pas en mesure, dans l’état actuel de son organisation, de jouer le rôle attendu de lui dans le cadre de la vision gouvernementale 2035 • Un dialogue public-privé encore grippé à cause de la permanence de relations de défiance entre l’administration et le secteur public. • Un marché financier qui reste embryonnaire (trios valeurs seulement cotées à la bourse de Douala) • Une agriculture peu productive - grenier de la région et autosuffisance alimentaire mais des déficits entre la demande et l’offre persistent pour des produits de grande consommation tels que le riz, le sucre ou le maïs. • Des exportations peu diversifiées et peu concurrentielles. La part des produits manufacturés dans les exportations est restée fondamentalement faible et les cinq premiers articles d’exportation (pétrole brut, bois semi-ouvré, café, cacao brut en fèves, et bananes fraîches) du pays constituent plus de 80% des exportations camerounaises23. • Secteur informel prospère (90% de l’emploi urbain) ; foisonnement d’initiatives individuelles, mais pas de soutien collectif (absence de politique d’appui au développement du secteur privé). • Faible attractivité des IDE24 : peu de nouveaux investissements, principalement orientés vers le secteur des industries extractives, mais les « anciens » ne quittent pas le pays. • Faible efficience de l’action publique. • Faible taux d’exécution des projets d’investissement public ; faible efficacité de la dépense publique ; absence dans l’administration de culture du résultat et des délais. A la faible part des dépenses de capital, s’ajoutent les difficultés d’exécution du budget d’investissement tenant notamment à la nature, à la maturité et aux coûts des projets inscrits au budget de l’Etat. Ainsi, entre 2004 et 2007, le taux d’exécution du budget d’investissement est resté en deçà de 70%. 23 Le déficit record en 2009 de la balance commerciale (900 Mds FCFA hors pétrole, soit 10% du PIB) traduit la faiblesse structurelle de la base productive de l’économie. La production industrielle baisse ou stagne avec un taux de croissance moyen de 1,4% par an au cours des 6 dernières années. 24 Investissements Directs à l’Etranger Rapport final – août 2010 Page 33 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD • Processus décisionnel peu réactif et lenteurs administrative, d’où d’importants retards d’investissement. • Manque de vision gouvernementale sur les secteurs présentant des avantages comparatifs et la difficulté pour allouer les ressources budgétaires de façon efficace sur les secteurs prioritaires porteurs de développement et d’emplois. • Incapacité à développer un plan d’action ambitieux et visible pour le développement des infrastructures dans le cadre de feuilles de route claires et contrôlables, en termes de responsabilités et de résultats. • Faible coordination ministérielle (approche cloisonnée) ; attitude trop attentiste, et tributaire des « calendriers de visite » d’investisseurs étrangers. • Difficulté à développer une conception holistique à long terme du développement sur la base d’une relation « gagnant-gagnant » pour réorienter le rôle de l’Etat au service d’une stratégie nationale d’amélioration de la productivité de l’économie. • Faible monétisation de l’économie (La masse monétaire est restée en moyenne en dessous de 22% du PIB) Les faiblesses de l’économie camerounaise, les plus significatives sont les suivantes : • Programme important de grands travaux prévus dans le cadre du DSCE (voir liste complète en annexe) avec des retombées potentielles importantes pour le tissu de PME national, notamment - Le projet d’extension d’ALUCAM (triplement de l’usine d’électrolyse d’Edéa pour la porter à 300 000 tonnes par an) et la mise en œuvre du programme de développement intégré de la filière bauxite-aluminealuminium du Cameroun, avec en amont l’exploitation des réserves de bauxite de « Minim Martap » et en aval la construction d’une nouvelle usine de production d’aluminium de capacité nominale 1.250.000 tonnes, en bordure de mer à Kribi accompagnée du développement d’un tissu industriel de deuxième et troisième transformation de l’aluminium. - Le projet de port en eau profonde de Kribi (terminal conteneur, terminal minéralier…). - Le projet de construction d’un barrage réservoir de 6 milliards de m3 à Lom Pangar et d’une centrale hydroélectrique de pied de 30 Mw, afin d’une part, d’assurer un débit régulier de la Sanaga et des barrages en aval, d’autre part d’assurer à la Région de l’Est un approvisionnement continu en électricité. Rapport final – août 2010 Page 34 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD - Le projet d’extension du Chantier Naval et Industriel du Cameroun à Limbé qui fera du Cameroun le hub en technologies navales et en maintenance des infrastructures off-shore le long de l’Atlantique africaine. - Le programme de redynamisation de la filière textile-coton camerounaise adossé sur les deux piliers que sont, d’une part, la CICAM complètement restructurée pour une maîtrise du marché domestique et régional et dotée d’arguments de compétitivité pour un accès au marché de la grande exportation (AGOA) ; et d’autre part, la Sodecoton mise en condition d’épouser harmonieusement la logique d’intégration industrielle pour porter le taux de transformation du coton local de 4% aujourd’hui à au moins 40% à l’horizon de 2015. - Le programme de développement de la filière chimie/pétrochimie. Le Cameroun dispose d’atouts géopolitiques et industriels indéniables pour bâtir un leadership sur les segments amont et aval de l’industrie du raffinage (redéploiement de la SONARA) et de la filière pétrochimie et chimie en général dans le Golfe de Guinée. Deux atouts globaux non exhaustifs concourent à cet avantage ; il s’agit d’une part, de la position géographique médiane du Cameroun, entre les grands champs pétroliers du Nigeria (AKPO) et de l’Angola (GIRASSOL), qui lui donne un net avantage comparatif, conforté par sa stabilité politique et sociale et sa participation dans le montage et la construction du pipe-line DOBA (TCHAD) / KRIBI (CAMEROUN), et, d’autre part, de la perspective de création dans les eaux territoriales camerounaises d’un véritable “hub maritime” incontournable pour l’intense activité pétrolière à destination de l’Amérique, soit à partir du Golfe de Guinée jusqu’en Angola, soit pour les très gros pétroliers venant du Golfe Persique et obligés de passer par le Cap de Bonne Espérance, car trop volumineux pour passer par le Canal de Suez. - Le projet d’exploitation et de valorisation des minerais de fer de Mbalam (Sud) et des Mamelles (Kribi), ceci dans la perspective de la création sur le territoire camerounais d’un des plus grands pôles sidérurgiques en Afrique sub-saharienne à l’horizon de 2015, et de l’induction, dans une synergie de croisement intersectoriel, un développement des métiers de traitement de métal et de mécano-soudure sur un profil d’adaptation aux activités industrielles à moyenne et/ou haute intensité technologique qui conditionnent l’accès aux industries à très haute valeur ajoutée de production des biens d’équipement. - Le projet d’exploitation et de valorisation du cobalt-nickel de Lomié (Est) dont la maîtrise ouvre à l’économie camerounaise une porte d’accès au créneau très fermé des matériaux stratégiques en raison de leur implications dans l’industrie mondiale de l’armement et des techniques sophistiquées connexes (nucléaire, imagerie, radioactivité, radiographie etc.). - Bitumage d’ici 2020 de 3 500 Km de routes et construction de 1 000 Km de voies ferrées pour évacuer les produits miniers vers les ports d’exportation. Rapport final – août 2010 Page 35 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD - Déploiement de la dorsale numérique (3.200 Km) qui doit porter la fibre optique dans toutes les régions - Construction du 2° pont sur le Wouri et de l’autoroute Yaoundé-Douala. • Proximité du Nigeria dont le PIB représente près du double de celui de la CEMAC • L’APE, dont l’accord intérimaire a été signé par le Cameroun (mais dont les négociations s’enlisent) est à la fois opportunité et menace. D’une manière générale, cette confrontation avec les marchés internationaux, souvent à marche forcée, si elle offre des opportunités nouvelles aux pays qui peuvent les saisir, présente aussi des dangers, aussi bien dans les pays où le tissu industriel est encore «en construction» que dans ceux qui vont voir leurs avantages, jusqu’alors compétitifs, menacés. • Une volonté de dialogue qui se développe objectivement chez beaucoup de décideurs publics camerounais, conscients que la légitimité des politiques publiques est désormais conditionnée par leur efficacité au plan socioéconomique. A l’occasion des premières réunions du Cameroon Business Forum début 2010 à Yaoundé, se sont exprimées des personnalités réformatrices favorables aux réformes et au dialogue avec le secteur privé et qui constituent autant de « poches d’efficacité » au sein des pouvoirs publics. Les menaces auxquelles doit faire face l’économie camerounaise sont pour l’essentiel les suivantes • Concurrence avec autres pays de la région (Congo Brazzaville) pour la desserte de pays voisins enclavés. • Risque de retour en force de l’interventionnisme de l’Etat dans le secteur bancaire. Face aux difficultés de plusieurs banques nationales, l’Etat camerounais a réagi en annonçant le déblocage d’une aide financière aux deux banques concernées ainsi qu’une prise de participation de l’Etat dans leur capital. Cet interventionnisme de l’Etat inquiète les acteurs du secteur qui craignent que, prétextant une nécessaire restructuration des banques concernée, l’Etat en revienne à une politique systématique d’immixtion dans le capital des institutions financières camerounaises. • Un repli plus prononcé ou plus durable de la croissance de l'économie mondiale pourrait entraîner une baisse de la demande de matières premières, dont le pétrole, et accentuer la diminution des entrées nettes de capitaux privés et retarder la réalisation de grands projets d'infrastructures, ce qui affecterait les perspectives de croissance du pays et les actions menées pour réduire la pauvreté. Rapport final – août 2010 Page 36 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD • Le sous-emploi reste élevé et risque d’entraîner des désordres et une instabilité sociale. • L’agriculture reste gravement sous-financée et la situation des agriculteurs, qui représente l’immense majorité des pauvres en zone rurale (taux de pauvreté de 90%), a connu une aggravation entre 2001 et 2007 et le fossé entre zones urbaines et zones rurales s’est fortement creusé. • Risque en matière de santé publique. La dépense publique dans le domaine de la santé reste faible au regard des normes internationales : la part du secteur santé dans le total du budget de fonctionnement de l’Etat est estimée à 8%, très audessous de la norme d’Abuja (adoptée par l’Union Africaine en 1991) qui est de 15%. -------------------3.3 • Les faiblesses structurelles et les handicaps en termes de compétitivité la qualité de l’infrastructure économique, élément clé de la compétitivité des entreprises, est pour le moins déficiente, en particulier en ce qui concerne les principaux facteurs de production, le capital physique et humain. Ces derniers présentent des déficiences structurelles que les stratégies sectorielles n’ont pas pu encore totalement résorber. - Absence ou mauvais fonctionnement des infrastructures de base (infrastructures de communication, énergétiques, télécommunications). Ceci entraîne des coûts élevés des facteurs de production qui impactent négativement la productivité des entreprises : en conséquence le Cameroun ne peut exploiter sa position stratégique en Afrique centrale, n’arrive pas à désenclaver les régions agricoles pour permettre aux populations d’accéder aux marchés et aux services sociaux de base, se trouve en difficulté pour améliorer l’accès à l’électricité dans les zones urbaines et rurales. Les faibles capacités de production et la vétusté des installations énergétiques actuelles, d’une part freinent le développement des entreprises et des industries nationales, et d’autre part ne constituent pas une incitation à investir dans un pays dont le potentiel hydroélectrique et gazier autorise pourtant de grands espoirs. L’accès à l’eau potable et aux infrastructures d’assainissement de base en milieu rural est limité. Rapport final – août 2010 Page 37 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ • ADE – ABPCD - Système de formation déficient ; inadéquation entre l’offre et la demande d’emplois ; un dispositif de formation professionnelle globalement inadapté aux besoins de développement des activités économiques. - Retard important en matière de développement des TIC (technologies de l’information et de la communication), taux d’accès à Internet de 5% seulement, moins de 10% des institutions et des entreprises du pays sont équipées d’un ordinateur ; moins de 30% des administrations sont connectées à Internet et pas plus de 2% de la population y a accès) - et un indice d’accès au numérique classant le Cameroun parmi les pays à plus faible accès. Faible croissance de l’économie camerounaise qui résulte de l’atonie des investissements publics et privés (aussi bien locaux qu’étrangers) et des faibles performances du commerce extérieur. Une croissance qui reste faible (le PIB a enregistré un taux moyen de croissance réelle de 3,32% entre 2003 et 2007, en dessous de celle de 4,23 % observée au cours de la période allant de 2000 à 2002) et fragile. Pendant cette période, la demande intérieure a constitué le moteur exclusif de la croissance, avec une contribution moyenne de 3,54%, dont 3,12% pour la seule consommation ; les dépenses d’investissement ont contribué en moyenne pour 0,44%, avec un faible taux d’investissement de 17,8% du PIB en moyenne dans la période 2003-2007. Les exportations nettes s’illustrent, pour leur part, par leur contribution négative (0,22%). • En 2007, le taux de sous-emploi global se situe à 75,8% : beaucoup d’emplois créés l’ayant été plutôt dans le secteur informel qui fournit 90% d’emplois, avec des conditions d’activités précaires. • Une faiblesse structurelle de la base productive dans les secteurs industriel et agricole (voir indicateur GCI) - Tissu industriel peu dense et embryonnaire : un secteur industriel désagrégé et peu intégré, un secteur des services qui donne l’impression de se développer, mais qui reste concentré – la production industrielle n’augmente pas (le taux de croissance moyen de la production est resté à de 1,4 % par an au cours des six dernières années) Rapport final – août 2010 Page 38 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Absence de vision stratégique sur le développement du secteur agroindustriel et de ses interrelations avec le développement du secteur agricole Pas de priorité en matière de développement industriel, des avantages naturels qui restent comparatifs, mais pas compétitifs Peu de sous-traitance et faible taux d’utilisation des capacités installées (autour de 60-65%) Ce tissu reste très extraverti et exposé à la volatilité des cours mondiaux des produits d’exportation primaires. Les grandes entreprises sont peu nombreuses ; souvent créées par les Etats dans les années 70 sur le modèle d’alors de substitution aux importations, elles sont progressivement privatisées. Certaines sont très peu productives, voire en crise (secteur du textile par exemple). Ces entreprises ont par ailleurs un rôle d’entraînement faible sur l’économie car elles ne s’appuient pas sur des réseaux locaux de sous-traitance, la sous-traitance restant encore peu développée. La taille de l’activité manufacturière au Cameroun, concentrée sur des activités traditionnelles à faible valeur ajoutée et peu rémunératrices, est relativement restreinte : la valeur ajoutée manufacturière rapportée par habitant est à peine supérieure au seuil requis (50 dollars) pour le décollage industriel, et il ne semble pas y avoir d’amélioration notable dans le développement de la production industrielle ; la part de l’industrie manufacturière, qui se situe entre 10 à 12% du PIB, restant virtuellement inchangée depuis plus de deux décennies. - Agriculture faiblement compétitive Une agriculture qui n’est plus capable de nourrir la population camerounaise (des déficits entre la demande et l’offre persistent pour des produits de grande consommation tels que le riz, le sucre ou le maïs). Les contraintes qui bloquent la production, sont les suivantes : Vieillissement de la population rurale Difficultés d’accès à la terre ; contraintes foncières limitant l’extension des plantations industrielles Absence d’organisations professionnelles performantes Difficulté d’accès aux intrants (engrais, semences améliorées, etc.) Difficultés d’accès aux techniques agricoles modernes et aux autres innovations de la recherche agronomique Rapport final – août 2010 Page 39 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Difficultés d’accès au crédit Insuffisance des infrastructures d’appui au développement du secteur rural (pistes, routes, magasins de stockages, abattoirs, énergie, irrigation, chaînes de froid etc.) Difficultés de commercialisation de la production, souvent du fait d’une chaîne de commercialisation trop longue qui accapare l’essentiel de la valeur ajoutée agricole et freine le réinvestissement. L’agriculture reste gravement sous-financée et la situation des agriculteurs, qui représente l’immense majorité des pauvres en zone rurale (taux de pauvreté de 90%), a connu une aggravation entre 2001 et 2007 et le fossé entre zones urbaines et zones rurales s’est fortement creusé • Climat des affaires peu incitatif à l’investissement et qui ne s’améliore pas malgré les avancées du Cameroon Business Forum (CBF) ; un secteur privé peu compétitif - Dysfonctionnements pénalisant la liberté d’entreprise et la créativité, lourdeurs bureaucratiques, incompatibles avec l’exigence de réactivité relative au mode opératoire du secteur privé, et renchérissant les coûts de transactions, ce qui entraine un coût élevé de la pratique des affaires au Cameroun, plus élevé que dans la moyenne des pays africains, elle-même plus élevée que dans les autres régions du monde. La pratique des affaires a un impact direct sur les coûts que rencontrent les entreprises et qui impactent leur productivité et leur compétitivité. Ces coûts se répartissent en trois catégories : les coûts directs, les coûts indirects et les coûts invisibles. - - Les coûts directs sont les coûts usine ; ils sont liés au processus même de production, comme la main-d’œuvre, le capital ou l’électricité Les coûts indirects sont ceux qui permettent de commercialiser ce qui a été produit, ainsi que ceux associés à l’environnement au sens large dans lequel les entreprises opèrent. Le coût du transport intérieur constitue un aspect important de la chaîne d’approvisionnement globale. Pour être compétitif, il est indispensable de pouvoir acheminer les marchandises à peu de frais à l’intérieur d’un pays Les coûts invisibles sont les coûts supportés par les entreprises en conséquence de la piètre qualité de l’environnement des affaires, entre autres, le coût des sûretés excessives exigées pour l’obtention d’un crédit, les manques à gagner dus à la mauvaise qualité des services d’infrastructure (coupures d’électricité et retards dans les transports), l’imprévisibilité de l’environnement réglementaire, ainsi que la corruption et l’insécurité… Rapport final – août 2010 Page 40 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Tableau 1 : Estimation des coûts directs, indirects et invisibles dans différentes régions pour une entreprise type (en% du CA) 60 50 40 30 20 10 0 coûts invisibles coûts indirects coûts directs Afrique Asie de Europe Asie du l'Est de l'Est Sud Tableau 2 : Estimation des coûts, comparaison entre différents pays (en % du CA) 80 70 60 50 40 30 20 coûts invisible coûts indirects coûts directs 10 0 - Un secteur informel omniprésent (90% de l’emploi urbain) et une fiscalité qui n’incite pas au passage vers la formalisation du secteur informel - Un dialogue public-privé encore grippé à cause de la persistance de relations de défiance entre l’administration et le secteur public - Un système bancaire « classique » qui n’accompagne pas les entreprises ; des institutions de micro-finance dont la surface financière est encore faible pour accompagner la création d'entreprises modernes (on trouvera en annexe une analyse du consultant sur les pratiques et mécanismes actuels de financement des PME au Cameroun : état des lieux, outils manquants et perspectives d’amélioration) Rapport final – août 2010 Page 41 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD En effet, malgré leur poids dans l’économie camerounaise et leur dynamisme bien connu, les PME camerounaises continuent de souffrir d’un accès au financement limité qui contraint leur émergence et leur développement et qui fait qu’aujourd’hui encore, l’autofinancement et les associations informelles d’épargne et de crédit restent leurs sources principales de financement. Les principaux facteurs qui expliquent cette situation sont d’abord ceux que l’on retrouve classiquement en Afrique subsaharienne, à savoir : une offre de financement insuffisante et difficile d'accès malgré la surliquidité des banques, un secteur bancaire frileux, des promoteurs d'entreprises insuffisamment préparés et mal formés, des entreprises sous capitalisées, des structures d’appui et d'accompagnement peu efficaces, et des institutions de micro-finance dont la surface financière est encore faible pour accompagner la création d'entreprises modernes. Cette défaillance du marché est due à un ensemble de contraintes, avec d'un côté, l'attitude des banques commerciales naturellement pas ou très peu intéressées par le segment de clientèle des TPE/PME qu’elles connaissent peu et qu’elles jugent trop risqué, et, de l'autre, l'incapacité de ces PME à pouvoir fournir les sûretés réelles qui leur sont demandées par les institutions financières en garantie d’un emprunt ainsi que leur réticence à les communiquer qui les handicapent pour formuler des demandes de financement recevables par les institutions financières. C’est particulièrement vrai au Cameroun où l’environnement des affaires n’est toujours pas favorable à la création d’entreprises et où l’asymétrie d’information entre entrepreneurs et banquiers et la difficulté à sécuriser les crédits sur les PME ont un effet dissuasif puisqu’elles conduisent les banques à surévaluer les risques - Des promoteurs d'entreprises insuffisamment préparés et mal formés, des entreprises sous capitalisées, des structures d’appui et d'accompagnement peu efficaces - Des infrastructures publiques d’appui aux entreprises et organisations du secteur privé quasi inexistantes, notamment en matière de formation, de recherche-développement, de promotion économique, d’assistance technique, d’accès à l’information sur les marchés extérieurs. Rapport final – août 2010 Page 42 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD La quasi-totalité des programmes et structures d’appui à la création d'entreprise et de promotion des PME qui avaient été mis en place à la fin des années 70 ont été démantelé, à savoir : • • • Le centre d’assistance aux PME (CAPME) qui offrait aux PME des appuis non seulement des services non financiers mais aussi sur le plan technique ; Le Fonds d’aide et de garantie aux PME (FOGAPE) qui octroyait des concours aux PME tant par caisse (crédit à court ou moyen terme, prêt participatif) que par signature ; La Banque Camerounaise de Développement (BCD) qui mettait à la disposition des PME des lignes de financement pour consolider leurs investissements (haut de bilan) ; Outre la disparition de ces structures qui leur étaient dédiées, les PME ont subi les conséquences de la suppression des financements incitatifs (taux d’intérêt privilégié) qui leur étaient réservés, suite à la restructuration du système bancaire. La fiscalité des PME reste très lourde et, s’agissant de l’impôt sur les sociétés, celles-ci sont soumises au même taux d’imposition que les grandes, voire les très grandes entreprises (38,5 %). Face à cette situation, les pouvoirs publics camerounais ont pourtant mis en œuvre un certain nombre d’institutions ayant notamment pour missions de soutenir le secteur privé mais celles-ci, pour diverses raisons, ne donnent pas encore les résultats attendus par les entreprises malgré, parmi ces structures, citons : 1. les départements ministériels : les ministères des PME, de l’économie sociale et de l’artisanat, de l’agriculture et du développement rural, des pêches et des industries animales, des mines et du développement technologique, du commerce sont officiellement chargés de la promotion des investissements dans leurs secteurs d’activité, en permettant aux entrepreneurs de disposer toutes les informations réglementaires, techniques, commerciales et économiques adéquates. Ces diverses administrations, quoique disposant le plus souvent de l’expertise recherchée, n’ont pas toujours la flexibilité et la disponibilité nécessaire pour faire face aux nombreuses attentes et sollicitations des opérateurs économiques, tout particulièrement des PME. Il n’existe pas aujourd’hui d’instance interministérielle chargée de s’assurer de la cohérence des différentes actions des départements ministériels en faveur du secteur privé. Rapport final – août 2010 Page 43 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Or une telle instance permettrait de définir une stratégie claire, des objectifs précis, des orientations budgétaires en conséquence et un pilotage identifié. 2. les chambres consulaires : la Chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et de l’Artisanat (CCIMA), de même que la Chambre d’Agriculture, des Eaux et Forêts (CHAGRI) ont du mal à atteindre les objectifs notamment de promotion du secteur privé qui leur sont assignés, en raison essentiellement de la faiblesse de leurs moyens matériels, humains et financiers De plus, leur capacité à agir auprès des pouvoirs publics est loin de faire l’unanimité de la part des entrepreneurs. La légitimité de leurs représentants est contestée du fait de leur proximité avec les pouvoirs en place et elles ne parviennent pas à cesser de reproduire les pratiques bureaucratiques des administrations publiques. - Une offre de services privés d’appui non financiers trop limitée pour les besoins des PME. Le marché des PME est jugé peu solvable par les prestataires nationaux dont la gamme des services disponible est aujourd’hui peu lisible. De fait, les prestataires sont souvent généralistes : ne pouvant se positionner spécifiquement sur le marché de l’appui-conseil aux PME jugé peu solvable, ils se tournent la plupart du temps vers des prestations d’étude demandées par les bailleurs de fonds. - Insécurité juridique et judiciaire pour les entreprises, qui dissuade les banques de prendre le risque PME (risques qu’elles ne sont pas en mesure de sécuriser) ; un secteur bancaire restructuré mais pas à l’abri d’une nouvelle crise - Un secteur privé faible, atomisé (quelques grandes organisations, beaucoup de petites) - Foisonnement d’initiatives individuelles, mais pas de soutien collectif (absence de politique d’appui au développement du secteur privé). - Gouvernance d’entreprise : incivisme fiscal et compétences managériales, techniques et commerciales insuffisantes dans les PME/PMI. Cette insuffisance de capital humain se traduit par une insuffisance des capacités de gestion des entreprises, qui explique la très faible diffusion des pratiques modernes de gestion. Elle se traduit également par une offre encore restreinte d’appui technique, même si émerge progressivement une offre de consultants Rapport final – août 2010 Page 44 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ - • ADE – ABPCD Prise de conscience assez récente, et encore insuffisante, des enjeux de la mise à niveau et de la normalisation/qualité. L’absence de laboratoires d’essais et d’analyses accrédités, les insuffisances de l’infrastructure nationale de métrologie et de l’assistance technique expliquent que seulement 6% des entreprises camerounaises soient certifiées (9001 et 14001). Cette situation fragilise les industries camerounaises, pénalisées par des importations qui ne peuvent faire l’objet des contrôles techniques appropriés et la non-conformité de leurs produits aux exigences des marchés internationaux organisés. Faiblesse des performances commerciales et ouverture insuffisante au commerce - Des exportations peu diversifiées et peu concurrentielles. La part des produits manufacturés dans les exportations de marchandises est restée fondamentalement faible (4% en 1980 et 7% en 2002), et les cinq premiers articles d’exportation (pétrole brut, bois brut et semi-ouvré, café, cacao brut en fèves, et bananes fraîches) du pays constituent plus de 80% des exportations camerounaises - La balance commerciale hors pétrole, présente des déficits récurrents depuis 1996. Ces derniers ont d’ailleurs tendance à s’accroître au fil des années avec une moyenne de -432 milliards de déficit sur la période allant de 2003 à 2008. Le déficit record de la balance commerciale hors pétrole (907 milliards FCFA, soit plus de 10% du PIB) traduit bien la faiblesse structurelle de la base productive - Persistance d’obstacles techniques au commerce - Persistance et prolifération des pratiques anti- concurrentielles (contrebande, contrefaçon, dumping, fraude douanière, spéculation, etc.) visant à créer la rareté des biens, le coût élevé du transport et le manque de financement pour le commerce ou encore l’incapacité des entrepreneurs, par manque de savoir-faire, à pénétrer de nouveaux marchés - Les barrières non-tarifaires du Cameroun incluent notamment la lourdeur des règles et des procédures ; l’impraticabilité de certains corridors de transports ; la médiocrité des services de transport ou encore l’absence de système d’entrée unique, conduisant à la double taxation de certains produits. Rapport final – août 2010 Page 45 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ • • ADE – ABPCD Ouverture insuffisante aux échanges (voir indicateur ETI) Un cadre de promotion de la compétitivité insuffisamment efficace - Capacité insuffisante en matière de pilotage et de coordination de l’activité gouvernementale au plan industriel (approches cloisonnées qui neutralisent les effets de synergies et de cohérence entre les projets) - Fossé entre les actions annoncées et leur mise en œuvre effective qui traduit une incapacité réelle du cadre institutionnel à concrétiser les plans d’actions – issus de stratégies, des programmes ou des projets -, à travers l’exécution d’une série d’activités relatives à l’exécution, au suivi et au contrôle d’exécution, à l’évaluation pour la réalisation d’objectifs spécifiques, chiffrés, chronométrés - Un cadre institutionnel qui, mal connu du secteur privé, favorise davantage les lenteurs, l’absence d’arbitrage et de décision, au lieu d’impulser de la flexibilité, et de la mobilité, qui sont les traits majeurs d’une économie mondiale marquée par une compétition intense - Des projets pas toujours cohérents, qui s’effectuent parfois de manière autonome, sans véritable contrôle… - Un dispositif d’appui aux entreprises privées quasi-inexistant, notamment en matière de formation, de recherche-développement, de promotion économique, d’assistance technique, d’accès à l’information sur les marchés extérieurs - Faiblesses relatives à la mise en œuvre des stratégies gouvernementales, à savoir l’absence de feuille de route pour chaque ministère concerné et absence de vision partagée et d’une gestion par objectifs et résultats; le manque de coordination, d’arbitrage et de prise de décisions et l’absence de suivi et contrôle d’exécution des actions. Gouvernance publique : faible efficacité de l’action publique - Beaucoup de réformes restées sans suite, en raison d’une mise en œuvre rendue complexe par un cadre institutionnel inadapté à l’exigence d’efficacité d’une économie moderne. La corruption, la recherche de privilèges et de rentes sont Rapport final – août 2010 Page 46 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD des facteurs aggravants qui bloquent la mise en œuvre des réformes susceptibles de contribuer au redéploiement de différents secteurs productifs - Les flux extérieurs d’aide représentent à peine 3% du PIB par an et ces ressources font l’objet d’un décaissement très faible alors que le pays a un besoin important d’infrastructures pouvant être financés par l’extérieur. La faiblesse des capacités mobilisables est l’une des raisons principales de la lenteur dans le rythme de mise en œuvre des réformes et de la faible efficacité/productivité de la dépense publique - Faible taux d’exécution des projets d’investissement public : faible efficacité de la dépense publique les budgets consacrés à l’investissement ne sont jamais totalement consommés ; ce qui met en évidence le problème de capacité d’absorption des budgets d’investissement que connaît le Cameroun - Pas d’approche globale initiée et coordonnée par le gouvernement pour produire des synergies nécessaires pour accélérer le développement de grands projets, d’où un saupoudrage généralisé de l’investissement public observé dans les dernières années - Faible capacité institutionnelle de pilotage de grands projets, en raison notamment des lenteurs des décisions à prendre sur des aspects environnementaux, légaux et juridiques, financiers et industriels - Un Etat providence qui ne s’est pas encore transformé en Etat facilitateur et catalyseur des entrepreneurs. Rapport final – août 2010 Page 47 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 4. Le cadre de promotion de la compétitivité Le cadre de promotion de la compétitivité comprend essentiellement le cadre juridique, avec tous les textes organiques, fondamentaux et complémentaires qui régissent la promotion de la compétitivité, le cadre institutionnel, composé des organes dont les missions sont fondamentalement dédiées à la promotion de la compétitivité et des structures dont la vocation n’est qu’incidente ou indirecte, et enfin le cadre organisationnel où l’on retrouve projets et programmes. - Le cadre juridique a fait l’objet d’une analyse minutieuse par le consultant national au cours de la phase initiale de l’étude, analyse dont la conclusion montre que si les textes existent, le problème vient de leur application qui n’est pas toujours effective. Des rencontres avec le secteur privé, il ressort en effet que nombre d’opérateurs économiques, qui connaissent mal ce dispositif juridique, se plaignent de ce que les avantages concédés par les textes (cas des exonérations fiscales) sont systématiquement bloqués à l’application par les services compétents. Le consultant a également insisté sur la nécessité d’accélérer la mise en place avant l’échéance de 2013 des organes et instruments prévus par la Charte des Investissements, ce afin d’éviter une nouvelle prorogation susceptible d’entretenir indéfiniment l’application d’un double régime, celui de la charte et celui du code des investissements. Dans le même ordre d’idée, il a recommandé de faire aboutir rapidement les codes sectoriels et le code général des incitations à l’investissement pour donner une plus grande visibilité et de la consistance aux incitations à l’investissement. • S’agissant du cadre institutionnel, le consultant a distingué les organes (institutions) à vocation directe de promotion de la compétitivité, en les classant entre ceux qui sont opérationnels et ceux qui sont non opérationnels ou en cours d’opérationnalisation. o Organes opérationnels : Dans la première catégorie, on trouve le Comité de Compétitivité, le Comité de Facilitation du transport maritime international (FAL), le Guichet Unique des Opérations du Commerce Extérieur (GUCE), les Centres de Gestion Agréés et le Conseil d’Appui à la Réalisation des Contrats de Partenariat (CARPA). Rapport final – août 2010 Page 49 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD o Organes non opérationnels ou en cours d’opérationnalisation : La seconde catégorie comprend l’Agence de Promotion des Investissements (API), nouvellement créée, l’Agence des Normes et de la Qualité et Le Guichet Unique de facilitation des Formalités de création d’entreprises. Parmi les organes à vocation indirecte de promotion de la compétitivité figure le Conseil de Régulation et de Compétitivité. Parmi ces institutions, deux sont plus particulièrement en charge de la promotion du dialogue et du partenariat secteur public secteur privé et, à ce titre, doivent être soutenues, l’un, le Comité de Compétitivité, dans sa mission d’identification et de levée des obstacles à l’investissement et à la compétitivité, l’autre, le Cameroon Business Forum (CBF) qui, nouvellement créé, est chargé d’identifier et implémenter les réformes nécessaires à l’amélioration de l’environnement des affaires. L’expérience montre en effet que la réforme de l’environnement des affaires est un processus complexe qui se déroule à plusieurs niveaux et implique une grande variété de parties prenantes, à commencer par le Gouvernement, qui doit conduire et s’approprier la réforme (adoption d’une feuille de route gouvernementale pour la facilitation de la mise en œuvre concrète des mesures décidées dans le cadre du dialogue public privé). Ce processus repose sur un dialogue public privé construit sur la base d’un diagnostic objectif partagé de part et d’autre et, partant, sur une prise de conscience commune des enjeux d’un mauvais climat des affaires. Cette interaction doit être organisée pour aboutir à des plans d’action simples et lisibles dont la mise en application et le suivi déboucheront sur des changements concrets et significatifs des conditions d’opération des entreprises de toutes tailles. Pour y parvenir, le dialogue public privé doit inclure des mécanismes permettant de gérer le déficit de mise en œuvre qui survient généralement entre l’adoption des propositions et recommandations et l’application concrètes de celles-ci au niveau des entreprises. Il ne suffit pas, en effet, de réunir gouvernement, hauts fonctionnaires et associations professionnelles autour d’une table pour qu’un climat de confiance s’instaure et que des orientations de politique économique soient conjointement et collectivement élaborées. C’est pourquoi, dans la mesure où la prise en compte des attentes du secteur privé constitue la pierre angulaire pour développer l’investissement et relancer la croissance économique au Cameroun, des structures comme le Comité de Compétitivité et le Cameroon Business Forum qui ont été mis en place pour faciliter le DPP (Dialogue Public Privé), doivent être soutenues afin de pouvoir pérenniser un système de dialogue qui Rapport final – août 2010 Page 50 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD soit systématique et non épisodique, sur la base de matrices d’action contraignantes en termes de résultats, de responsabilités et de délais. • Le cadre organisationnel concerne les stratégies, programmes, projets et autres initiatives qui, directement ou de manière transversale, ont un impact en matière de compétitivité. Il est important de souligner que la compétitivité n’est pas un concept nouveau au Cameroun. Les préoccupations de compétitivité au Cameroun remontent en effet aux années 80, bien avant que le pays ne s’engage dans les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS). En effet, des actions de redressement et d’amélioration de la compétitivité avaient déjà été amorcées dans les années 1985/1986 et furent suspendues dès la signature du premier PAS avec les institutions de Bretton Woods. En 2000, la compétitivité est déjà au centre de la convention du projet d’assistance conseil signée avec la République Fédérale d’Allemagne et intitulée « Amélioration des conditions-cadre d’appui au secteur privé » (ACCSP). Le plan d’opération pour la période 03/2001 à 02/2004, issu du cadrage opérationnel du projet ACCSP visait, entre autres, des résultats dont la poursuite constituait le cadre spécifique d’une étude « diagnostic de la compétitivité de l’économie camerounaise ». Cette étude a permis d’identifier et d’analyser, à partir d’une approche critériologique, les secteurs et filières porteurs et les contraintes de compétitivité sectorielles s’y rapportant. Parallèlement elle a également permis de mettre en exergue les potentialités de développement et gisements de croissance par secteur / filière productifs et d’établir une cartographie de ceux-ci. Au final, l’étude diagnostic de la compétitivité de l’économie camerounaise avait préconisé une approche basée sur l’intensification du dialogue entre l’Etat et le secteur privé autour des plans de développement à moyen terme par filière comportant des objectifs clairs de productivité et de compétitivité, en privilégiant les filières ayant un fort potentiel de croissance et de création d’emplois. Cette étude aura surtout permis de montrer que, face à une économie devenue globale, et à la lumière de ce que près de 80% du commerce international tire sa substance des effets d’une meilleure intégration et synergie des filières (value chains), la spécialisation autour des avantages compétitifs et de l’exploitation des interrelations avec les activités connexes pour améliorer la productivité et la compétitivité et créer ainsi plus de valeur ajoutée, amènent aujourd’hui les entreprises à rechercher des positionnements Rapport final – août 2010 Page 51 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD stratégiques rentables au sein des «chaînes de valeur» aussi bien aux plans national, que régional et international. Au vu des premiers résultats encourageants enregistrés dans la redynamisation du secteur productif grâce à la mise en œuvre de cette approche du développement et de relance des filières selon le processus de chaine des valeurs, le gouvernement, par le biais du MINEPAT, a décidé de l’intensifier et de la poursuivre méthodiquement, de manière à couvrir progressivement l’ensemble du tissu économique en y associant les partenaires au développement. • Le Programme d’Appui à la Compétitivité des Filières de Croissance C’est ainsi que dans ce contexte un programme national d’appui à la compétitivité des filières de croissance a été lancé et la première phase en est soutenue par la Banque Mondiale dans le cadre du Projet Compétitivité des Filières de Croissance (PCFC). Les projets prévus dans ce programme, sont exécutés parallèlement avec le déploiement du programme PASAPE dans la perspective précisément de démantèlement progressif des barrières tarifaires et non tarifaires suite à l’Accord de Partenariat Economique conclu avec l’Union Européenne. Pour rappel les composantes essentielles du PASAPE sont l’appui à la compétitivité par la mise à niveau des entreprises et l’appui à la normalisation et à la qualité. Le Programme national d’Appui à la Compétitivité des Filières de Croissance vise donc à contribuer à une accélération durable de la croissance et de l’emploi par l’amélioration de la compétitivité des filières non agricoles prioritaires répertoriées et validées par le Gouvernement (filières bois, textile-confection, tourisme et les Technologies de l’information et de la communication), ce à travers la réduction des coûts, l’amélioration du climat des affaires et de la qualité des infrastructures. Il met en œuvre une masse critique d’interventions de nature à inciter les investissements privés productifs et les exportations autour de ces filières. Le programme se focalise pour l’instant sur un nombre restreint de filières jugées les plus porteuses de croissance, au regard de leur potentiel élevé de création d’emplois, de revenus et des effets multiplicateurs qu’elles induisent. La première phase du Programme National d’Appui à la Compétitivité des Filières de Croissance, soutenue par la Banque Mondiale, donne lieu à un projet financé par la Banque Mondiale, le Projet Compétitivité des Filières de croissance Rapport final – août 2010 Page 52 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD (PCFC), lequel se focalisera sur deux filières prioritaires, transformation durable du bois et éco-tourisme, et comprendra un volet amélioration du climat des affaires. Outre une action - la mise en place d’un fonds d’appui à la compétitivité pour financer les investissements matériels et immatériels nécessaires dans ces deux filières- , le PCFC interviendra de manière transversale en soutien à l’amélioration du climat des affaires, avec un appui : - - • au Cameroon Business Forum (CBF), par le financement d’un fonds d’études et le recrutement d’experts pour appuyer le Secrétaire Permanent du CBF à la Commission Nationale de la Concurrence par le biais d’un fonds d’études qui permettra de mettre en exergue les problèmes de concurrence touchant les filières visées au Comité de Compétitivité par le biais d’un fonds d’études, de mise à disposition d’experts et de renforcement des capacités des membres du Comité. Le programme d’appui à la compétitivité agricole (PACA) Le PACA est le pendant dans le domaine agricole du Programme d’appui à la Compétitivité des Filières de Croissance. Il porte sur le développement des agroindustries, celles-ci constituant un débouché important pour la production agricole et un puissant facteur d’intensification des activités et de transformation des produits du monde rural. Dans une approche privilégiant la promotion de la chaîne des valeurs, le gouvernement entend négocier et mettre en place systématiquement des plans de développement des industries de transformation des produits du terroir (farines locales, sucre, huile de palme, banane-plantain, maïs, cacao, coton, etc.), ainsi que de ceux du sous-secteur des industries animales (abattage, conditionnement, chaîne de froid, etc.). Le programme, également financé par la Banque Mondiale sur crédit IDA (60 millions USD) et logé au MINADER, vise l’accroissement de la compétitivité des petits producteurs agricoles à travers l’amélioration de la productivité et de la qualité des produits, et l’intensification de la commercialisation. Il a démarré en janvier dernier et un coordonnateur national vient d’être recruté. Le projet se concentrera sur un nombre limité de filières agro-pastorales reconnues comme porteuses (riz, maïs, porcs, bovins, volailles, bananes plantain et palmier à Rapport final – août 2010 Page 53 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD huile) et entend développer une complémentarité thématique et géographique avec les projets existants ou prévus dans le même domaine, dont l’ACEFA. • Le Programme d’Amélioration de la compétitivité des Exploitations Agro- pastorales (ACEFA) Ce programme, qui bénéficie du financement de la coopération française à travers le contrat désendettement développement (C2D), vise à permettre à ces exploitants de mieux maîtriser leur gestion technique et économique, d’avoir un meilleur accès aux intrants et de mieux commercialiser leurs produits à travers un développement des organisations professionnelles de deuxième niveau, d’être appuyés dans l’élaboration et la mise en œuvre de leurs projets productifs et le financement de leurs investissements (appui direct aux exploitations). Ce programme d’un montant de 20 millions EUR), qui consiste à mettre en place, à titre pilote, un système d’appui aux groupements d’opérateurs ou à des membres présentés par ces groupements, n’est pas un programme visant à améliorer la compétitivité stricto sensu des exploitations. Mais il y participe dans un processus à plus long terme en vue de l’avènement d’une agriculture de 2° génération, telle que projetée par le DSCE. Les autres projets du secteur agro-industriel sont le Projet d’Amélioration de la Productivité et de la Compétitivité de la filière Palmier à Huile et le Programme de Reconversion Economique de la Filière Banane Plantain (PREBAP) • Le Programme Pilote d’Appui à la Mise à Niveau, la Normalisation et la Qualité au Cameroun (PPAMNQ) Le Programme d’Appui au Plan de Modernisation des Douanes (PADMOD), Le Deux programmes appuyés par l’Union Européenne visent à contribuer directement à l’amélioration de l’économie camerounaise dans le contexte de la mise en œuvre de l’Accord de Partenariat Economique intérimaire signé par le Cameroun. - Le premier, dans le cadre du PASAPE, vise au renforcement de la compétitivité, la mise à niveau des entreprises et le renforcement des systèmes de normalisation et de qualité. Le PPAMNQ (Programme Pilote d’Appui à la Rapport final – août 2010 Page 54 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Mise à Niveau, la Normalisation et la Qualité au Cameroun), est exécuté par l’ONUDI sur financement de l’Union Européenne. D’un coût total de 2.887 K€, dont 2.538K€ financés par l’UE, le PPAMNQ comporte deux phases : une phase pilote (mise à niveau de 15 entreprises dans les secteurs-cibles : agro-alimentaire, bois, textile) et une phase de pérennisation. Le programme sera géré par une structure de coordination et de suivi, et par une unité de gestion bénéficiant de l’assistance technique de l’ONUDI. Ce programme s’inscrit dans un programme global de mise à niveau que le Gouvernement entend déployer dans le cadre de sa politique générale des filières. Le déploiement de ce programme tiendra compte des programmes spécifiques de mise à niveau prévus en accompagnement des grands projets industriels et miniers (cf. extension de la société ALUCAM sur le site d’Edéa). - Le deuxième, le Programme d’Appui au Plan de Modernisation des Douanes (PADMOD), porte sur l’accompagnement des volets relatifs au régime douanier et à la facilitation des échanges dans le cadre de l’APE. Plus spécifiquement, ce projet vise à améliorer l’efficience des services douaniers. • Le Programme National de Gouvernance (PNG) Le PNG approuvé en mai 2000 et révisé en décembre 2005 pour la période 20062010 contribue au renforcement de la compétitivité dans la mesure où ses principaux objectifs sont de promouvoir le partenariat public privé, la culture de responsabilité dans la gestion des affaires publiques ainsi que l’efficience institutionnelle. Le PNG a déjà permis des avancées s‘agissant de la réforme de l’administration publique avec un nouveau statut de la fonction publique et l’amorce de décentralisation de la gestion des effectifs, et s’agissant également de la réforme de la justice et du cadre juridique et institutionnel des marchés publics. Rapport final – août 2010 Page 55 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 5. Les parties prenantes L’analyse Forces/Faiblesses des principales parties prenantes en matière de renforcement de la compétitivité (secteur public, secteur privé, agences d’aide) peut se résumer comme suit : 5.1 Secteur privé Points forts : • • • Dynamisme et diversité de l’entreprenariat Prise de conscience croissante du rôle important du secteur privé Exigence croissante de participation à la gestion de la vie économique. Points faibles : • • • • • 5.2 Disparité de culture entre les entrepreneurs : PME, commerçants, exportateurs, non exportateurs, multinationales Absence de communauté d’intérêts et d’identité commune Recherche de rente et promotion d’agendas individuels Absence d’une capacité commune de veille stratégique Insuffisance de ressources humaines et financières. Secteur public Points forts : • • • Finances publiques stabilisées Réformes en cours dans la gestion des finances publiques Atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) : libération des ressources. Points faibles : • • • • Méconnaissance de l’entreprise et de son mode opératoire Faible appréhension des enjeux et défis associés aux évolutions du monde Faiblesse de gouvernance Justice peu crédible Rapport final – août 2010 Page 57 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ • • • 5.3 ADE – ABPCD Processus décisionnels non transparents et lourds Coordination inefficace Faible réactivité. Agences d’aide / bailleurs de fonds Points forts : • • • • • • Coordination et harmonisation des interventions (CMB : Comité Multi Bailleurs) Capital de confiance auprès du secteur privé Capital de respect auprès des secteurs public et privé Appréhension des défis et des enjeux du secteur privé face aux évolutions Disponibilité des ressources d’expertise pour le renforcement des capacités Disponibilité de ressources financières. Points faibles : • • • • Complexité de leurs procédures de mobilisation des fonds Dispersion dans les interventions Niveau élevé de tolérance Absence de pression pour la mise en œuvre des actions arrêtées. Rapport final – août 2010 Page 58 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 6. Arbres à problèmes / arbres à objectifs (adoptés par les participants à l’atelier de planification stratégique le 23 juin 2010 à Yaoundé Arbre à Problemes / Arbre à Objectifs Rapport final – août 2010 Page 59 Empêche de tirer parti des APE : que des effets négatifs Peu d’emplois créés par le secteur privé Bloque développement mine et agriculture Empêche l’atteinte du DSCE Secteur privé pas en mesure de transformer avantages comparatifs en avantages concurrentiels Incapacité à résister aux chocs externes Incapacité à tirer parti des forces/opportunités des filières de croissance Incapacité à tirer parti des échanges internationaux et de la position stratégique du pays dans la CEMAC Pas de rattrapage technologique Exports peu diversifiées, faible VA et peu concurrentielles Compétitivité insuffisante, compte tenu des potentialités et des opportunités, et qui ne s’améliore pas Secteur privé faible et non compétitif Peu de création d’entreprise / mortalité importante IDE faibles Tissu productif embryonnaire et peu intégré Informel omniprésent Faible productivité industrielle et agricole Pas d’insertion des PME dans les chaînes de valeur Coûts élevés des échanges Faiblesse ressources humaines Faiblesse infrastructures Climat des affaires qui ne s’améliore pas Accès au financement encore difficile Faiblesse F. Professionnelle Compétences managériales, techniques et commerciales insuffisantes dans les entreprises Fiscalité /parafiscalité Pas de marché des BDS Insécurité juridique et judiciaire Faiblesse OI Obstacles techniques au commerce Une assiette fiscale qui ne s‘élargit pas Faiblesse du cadre de promotion de la compétitivité Contribution fiscale du secteur privé insuffisante Faible efficacité de la dépense publique Faiblesses de mise en œuvre des stratégies gouvernementales Déficiences normalisation/ Qualité Couts directs, indirects et invisibles très élevés (% CA) Faible productivité des facteurs de production Pas d’alternative à la diminution de la fiscalité de porte DPP encore faible Ouverture insuffisante aux échanges Faible efficacité des infra de transport Pratiques Anticoncurre ntielles Manque de cohérence des politiques sectorielles Pilotage à vue Retards d’investissement Faible de capacités de pilotage de grands projets Relations de défiance secteurs public-privé Coordination ministérielle insuffisante Pas de vue d’ensemble Pas de vision partagée Stratégie globale de renforcement de la compétitivité de l’économie camerounaise ARBRE A OBJECTIFS Source : modèle conceptuel d’arbre à objectifs du Guide Méthodologique du MINEPAT (figure 7, annexe 4) OBJECTIF GLOBAL : Une économie camerounaise compétitive, harmonieusement intégrée à l’économie mondiale et qui, dans le cadre du DSCE, stimule une croissance consolidée, durable, partagée et créatrice d’emplois OBJECTIF STRATEGIQUE : La compétitivité de l’économie camerounaise est renforcée durablement ; les obstacles qui empêchent l’atteinte du DSCE et de tirer parti de l’ouverture des frontières (APE) tout en résistant aux chocs externes OBJECTIF SPECIFIQUE 1 Développer et consolider les bases de compétitivité de l’économie camerounaise Résultat 1.1 Disponibilité et Productivité des infrastructures économiques sont améliorées OBJECTIF SPECIFIQUE 2 Emergence d’un secteur privé compétitif et créateur d’emplois OBJECTIF SPECIFIQUE 3 Renforcer les capacités commerciales du pays et faciliter le cadre des échanges OBJECTIF SPECIFIQUE 4 Améliorer l’efficience de l’action publique et du cadre actuel de promotion de la compétitivité Résultat 1.2 Résultat 2.1 Résultat 2.2 Résultat 3 Résultat 4.1 Résultat 4.2 Les capacités productives du pays sont accrues et diversifiées : - Filières de croissance - agriculture L’environneme nt des affaires est amélioré Les entreprises sont à niveau / elles sont accompagnées à la certification Les PME-PMI sont accompagnées Les entraves techniques et institutionnelles au commerce sont levées Les institutions concernées sont renforcées et travaillent ensemble Les capacités de l’administration à mobiliser et utiliser les ressources publiques sont renforcées OBJECTIF SPECIFIQUE 5 Améliorer l’interface secteur public-secteur privé-société civile au service de la croissance Résultat 5.1 Résultat 5.2 La compétitivit é devient une cause nationale La culture de l’entreprena riat et de l’innovation se développe ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 7. Objectifs spécifiques / Axes stratégiques / Plan d’Actions Prioritaires 7.1 Objectifs de la Vision et du DSCE Ainsi qu’il est précisé dans le DSCE, lequel devient dans l’esprit de la Déclaration de Paris le cadre de référence du Gouvernement pour l’alignement des interventions de ses Partenaires au développement, la Vision de développement à l’horizon 2035 intègre quatre objectifs généraux à savoir : 1. 2. 3. 4. Réduire la pauvreté à un niveau socialement acceptable, Devenir un pays à revenu intermédiaire, Atteindre le stade de Nouveau Pays Industrialisé, Renforcer l’unité nationale et consolider le processus démocratique. Ces objectifs généraux seront réalisés par l’atteinte d’une série d’objectifs spécifiques qui sont résumés dans le tableau suivant : Objectifs généraux 1. Réduire la pauvreté à un niveau acceptable Objectifs spécifiques - 2. Devenir un pays à revenu intermédiaire - Rapport final – août 2010 Faire de la population un facteur effectif de développement Intensifier les investissements dans les infrastructures et les secteurs productifs Réduire les écarts entre riches et pauvres par l’amélioration des systèmes de redistribution Améliorer l’offre et garantir l’accès de la majorité aux services de santé de qualité Améliorer la protection et la sécurité sociales Augmenter l’offre, la qualité et l’adéquation de la formation Promouvoir la création d’emplois décents Accroître la productivité de l’économie Intensifier les activités sylvo agro pastorales et piscicoles ainsi que d’extraction minière, etc. Préserver la stabilité macroéconomique Promouvoir la mutation et la professionnalisation des services Promouvoir, vulgariser et valoriser les résultats de la recherche Page 63 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ 3. Atteindre le stade de Nouveau Pays Industrialisé (NPI) - 4. Renforcer l’unité nationale et consolider la démocratie - ADE – ABPCD Intensifier les investissements dans les infrastructures et les secteurs productifs Développer un secteur manufacturier sain, compétitif et diversifié, capable d’inverser la structure du commerce extérieur (exportations et importations) Collecter l’épargne, financer la croissance et le développement Modifier la structure des échanges extérieurs et élargir les marchés S’intégrer dans la sphère financière internationale et améliorer l’intermédiation bancaire Renforcer la solidarité nationale Consolider l’Etat, garant de l’intérêt général Promouvoir l’Etat de droit et la crédibilité du système judiciaire Assurer une plus grande participation des populations Consolider les libertés sociales (expression, association,…) Renforcer la sécurité des personnes et des biens Affermir la décentralisation et le développement local Ces quatre objectifs généraux font l’objet d’un découpage sectoriel du DSCE, lequel distingue sept secteurs d’intervention : infrastructures, secteur rural, industries et services, éducation, santé, secteur social et gouvernance. Avec ce découpage sectoriel, le DSCE qui va couvrir les dix premières années de la vision à long terme sera centré sur l’accélération de la croissance, la création d’emplois formels et la réduction de la pauvreté. Dans ce contexte, les engagements du gouvernement sont les suivants 1. Porter la croissance à environ 5,5% en moyenne annuelle dans la période 20102020 2. Ramener le sous emploi de 75,8% à moins de 50% en 2020 avec la création de dizaines de milliers d’emplois formels par an dans les dix prochaines années 3. Ramener le taux de pauvreté monétaire de 39,9% en 2007 à 28,7% en 2020. 4. Réaliser à l’horizon 2020, l’ensemble des objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Pour remplir ces engagements, certains éléments fondamentaux et transversaux peuvent être considérés comme clés, et essentiels pour la mise en route du DSCE : 1. Relever progressivement de 20 à 30% à l’horizon 2020 la part de l’investissement public dans les dépenses totales de l’Etat Rapport final – août 2010 Page 64 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 2. Affecter des ressources massives aux grands projets d’investissements publics afin de trancher avec le saupoudrage généralisé de l’investissement 3. Procéder à des allégements importants sur les procédures de marchés et la nature du contrôle budgétaire. Il compte pour ce dernier point mettre en œuvre et dans les délais annoncés l’ensemble des réformes nécessaire à l’entrée en vigueur effective du nouveau régime financier de l’Etat 4. Canaliser dans une large mesure (au moins 70%) l’APD vers les secteurs prioritaires de l’infrastructure routière pour le désenclavement des bassins de production, le soutien à la production agricole, et la construction des autres infrastructures de base et de service social notamment dans la santé et l’éducation. 7.2 La Stratégie de compétitivité Au regard de leur pertinence en matière de contribution aux objectifs du DSCE s’agissant des contraintes institutionnelles et structurelles à lever pour améliorer les déterminants de la compétitivité et des conditions à mettre en place pour créer de nouveaux gains de productivité, cinq piliers ont été sélectionnés pour constituer la stratégie globale de compétitivité, lesquels portent sur 17 axes stratégiques • Les cinq piliers sont : 1. Développement et la consolidation des bases de compétitivité 2. Emergence d’un secteur privé compétitif et créateur d’emplois 3. Renforcement des capacités commerciales et la facilitation du cadre des échanges 4. Amélioration de l’efficience de l’action publique et de la gouvernance économique) et amélioration de l’efficacité du cadre de promotion de la compétitivité 5. Améliorer l’interface secteur public-secteur privé-société civile au service de la croissance et pour faire de la compétitivité une cause nationale • Les axes stratégiques sont les suivants : 1. 2. 3. 4. 5. 6. Formation professionnelle Infrastructures Dynamiser la R&D nationale Promotion des filières de croissance : Bois, agro-industrie, BTP / Maintenance industrielle tourisme Augmentation de la productivité agricole et levée des obstacles à l’émergence d’une agriculture de 2° génération Amélioration du climat des affaires Rapport final – août 2010 Page 65 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. ADE – ABPCD Mise à niveau individuelle et collective des entreprises (programme ONUDI) Accompagnement des entreprises camerounaises à la certification et développement des systèmes de normalisation Réorganisation du secteur privé et renforcement des capacités de ses organisations Appuyer et accompagner les PME/PMI dans leur développement développer et encourager la sous-traitance Appui et accompagnement des PME/PMI dans leur développement développer et encourager la sous-traitance Renforcement des capacités commerciales et facilitation du cadre des échanges pour permettre aux entreprises camerounaises de tirer profit des différents accords commerciaux et surmonter les entraves techniques au commerce Amélioration de la gestion stratégique de l’Etat et des administrations publiques pour la mise en œuvre et l’accélération des réformes et sur le renforcement des capacités administratives en matière de préparation, d'évaluation et d'exécution des projets afin de pouvoir prioriser et sélectionner avec soin les nouveaux projets d’équipement afin de stimuler leur impact sur la croissance Renforcement des capacités des administrations camerounaises à mobiliser et utiliser efficacement des ressources publiques (amélioration de la gestion des finances publiques et des procédures de passation et d’exécution des marchés publics) Renforcer les capacités des institutions en charge du dialogue public-privé en matière de compétitivité et meilleure coordination de ces institutions et faire en sorte que leurs interventions envisagées, ou en cours, au titre de la compétitivité soient intégrées dans la stratégie globale Dynamisation du cadre de concertation tripartite existant entre les administrations économiques, les différents acteurs du secteur privé, et la société civile afin de passer en revue et de lever les facteurs de blocage à la création d’emplois et de créer une culture de la compétitivité, y compris dans le cadre de la décentralisation, et de l’innovation, tout en faisant de la compétitivité une cause national Amélioration de la perception de l’entreprise et de l’entrepreneuriat auprès des responsables publics et des élus développer la culture de la compétitivité, l’innovation et de l’actionnariat populaire Rapport final – août 2010 Page 66 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD La stratégie de compétitivité se déroule de la manière suivante : 1. Le développement et la consolidation des bases de compétitivité 1.1 Les infrastructures économiques (capital humain et infrastructures physiques, TIC et économie du savoir) Axes stratégiques : - Mettre en œuvre d’une politique de formation professionnelle adaptée aux besoins des entreprises, mise en place d’un cadre juridique adapté et développement d’une culture de l’évaluation dans la formation professionnelle - Mettre en place un réseau d’infrastructures pouvant soutenir efficacement le développement des secteurs productifs ; rattraper le retard accumulé dans la dotation du pays en équipements collectifs adéquats (énergie, transport, équipements portuaires et aéroportuaires, eau potable et assainissement - Développer les TIC comme une infrastructure clé pour accélérer le développement dans les différentes activités économiques, que ce soit dans le renforcement des capacités agricoles, industrielles ou commerciales (développement de l’économie numérique : e-government, e-education, e-banking, ehealth...) - Promouvoir, accompagner et dynamiser la R&D nationale et le transfert de technologie afin d’amener les entreprises à innover davantage (entrée dans l’économie du savoir et de la connaissance) 1.2 Le développement et la diversification des capacités productives du Cameroun Axes stratégiques : - Développer et promouvoir un nombre retreint de filières de croissance prioritaires où l’avantage concurrentiel est avéré, avec un accompagnement public et une concentration de moyens visant à faire émerger des entreprises « championnes » dans ces filières. Cette approche par les filières de croissance, qui est un des piliers essentiel de la stratégie de compétitivité, vise à assurer une forte croissance des filières ciblées avec un effet d’entraînement sur l’ensemble de l’économie et à renforcer la synergie intersectorielle. Chaque filière fera l’objet de plans de développement intégré à moyen terme, visant à stimuler l’investissement, la productivité et la compétitivité des entreprises de la filière Rapport final – août 2010 Page 67 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ - ADE – ABPCD Augmenter la productivité agricole et lever les obstacles à l’émergence d’une agriculture de seconde génération (cf. objectif DSCE) sont levés, c'est-à-dire une agriculture semi intensive et industrielle capable d’assurer la sécurité et l’autosuffisance alimentaire, d’approvisionner l’industrie de transformation et créer un marché et une consommation internes pour les filières extravertie et enfin de développer les exportations et améliorer ainsi la balance commerciale. 2. L’émergence d’un secteur privé camerounais compétitif et créateur d’emplois Axes stratégiques : - Améliorer l'environnement des affaires et le rapprocher des standards internationaux afin de faire du Cameroun une zone d’attractivité pour les investissements nationaux et internationaux, y compris de ceux de la Diaspora - Densifier le tissu industriel et mettre à niveau les entreprise nationales, à la fois pour affronter la concurrence internationale sur leur propres marchés dans le contexte de l’ouverture progressive, mais inéluctable des frontières, mais également pour s’insérer dans les chaînes de valeur des grands groupes et participer au processus de réalisation des programmes et projets nationaux dans le cadre des grands chantiers du DSCE - Favoriser une réorganisation en interprofessions et en chambres de métiers et renforcer les capacités de ces organisations afin de leur permettre de fournir des services à valeur ajoutée à leurs membres - Appuyer et accompagner les PME/PMI dans leur développement développer et encourager la sous-traitance, créer des pôles régionaux de développement et inciter les entreprises du secteur informel à migrer dans l’économie moderne 3. Le renforcement des capacités commerciales et la facilitation du cadre des échanges Axe stratégiques : - Promotion et diversification des exportations via le développement de la culture qualité, une bonne maîtrise des avantages et contraintes des accords internationaux par le secteur privé et les structures d’appui ainsi qu’un suivi prospectif de l’évolution de la demande mondiale. Rapport final – août 2010 Page 68 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD - Amélioration de la performance de la chaine logistique dans le commerce avec la région (corridors) - Facilitation du commerce frontalier - Meilleure utilisation des instruments de défense commerciale - Renforcement des échanges avec le Nigeria - Utilisation plus large des TIC en matière de commerce électronique 4. L’amélioration de l’efficience de l’action publique et de la gouvernance économique) et amélioration de l’efficacité du cadre de promotion de la compétitivité Axes stratégiques 1. Amélioration de l’efficience de l’action publique (articulation entre moyens mis en œuvre et résultats obtenus) - Améliorer la gestion stratégique de l’Etat et des administrations publiques pour la mise en œuvre et l’accélération des réformes et sur le renforcement des capacités administratives en matière de préparation, d'évaluation et d'exécution des projets afin de pouvoir prioriser et sélectionner avec soin les nouveaux projets d’équipement afin de stimuler leur impact sur la croissance - Renforcer les capacités des administrations camerounaises à mobiliser et utiliser efficacement des ressources publiques (amélioration de la gestion des finances publiques et des procédures de passation et d’exécution des marchés publics) - Impulser une gestion moderne des ressources humaines garantissant une disponibilité de personnel de qualité, responsabilisé et motivé - Renforcer la décentralisation et le développement local et renforcer les capacités des collectivités locales avec l’amélioration des moyens en vue d’assurer le financement des infrastructures Rapport final – août 2010 Page 69 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 2. Amélioration de l’efficacité du cadre actuel de promotion de la compétitivité (articulation entre objectifs fixés et résultats obtenus) - Renforcer les capacités des institutions en charge du dialogue public-privé en matière de compétitivité - Assurer une meilleure coordination de ces institutions et faire en sorte que leurs interventions envisagées, ou en cours, au titre de la compétitivité soient intégrées dans la stratégie globale 5. Améliorer l’interface secteur public-secteur privé-société civile au service de la croissance et pour libérer l’initiative privée Axes stratégiques - dynamiser le cadre de concertation tripartite existant entre les administrations économiques, les différents acteurs du secteur privé, et la société civile afin de passer en revue et de lever les facteurs de blocage à la création d’emplois et de créer une culture de la compétitivité, y compris dans le cadre de la décentralisation, et de l’innovation, tout en faisant de la compétitivité une cause nationale - Promotion du partenariat public-privé au sens large - Améliorer la perception de l’entreprise et de l’entrepreneuriat auprès des responsables publics et des élus développer la culture de la compétitivité, l’innovation et de l’actionnariat populaire Rapport final – août 2010 Page 70 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ 7.3 ADE – ABPCD Articulation entre la Vision 2035, le DSCE et la stratégie globale de renforcement de la compétitivité VISION STRATEGIES MISE EN OEUVRE Vision 2035 DSCE (10 ans) Cible 2035 dont OMD (2015) Indicateurs annuels Indicateurs annuels Indicateurs annuels Indicateurs d’impact / de résultats/ objectifs/ind icateurs budgétaires/ macroécono miques Indicateurs d’impact / de résultats/ Objectifs Indicateurs de résultats/réalisa tion/activités/p rocessus/indica teurs de moyens Objectifs p. 72 Rapport final – août 2010 Stratégie de compétitivité PAP 2010-2012, Stratégies sectorielles, programmes et initiatives nationales en matière de compétitivité Page 71 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ 7.4 ADE – ABPCD Plan d’actions prioritaires 2010-2012 1. Développement et la consolidation des bases de compétitivité (les lignes d’actions en gras et en couleur correspondent à celles prioritaires devant être réalisées dans les premières étapes de la mise en œuvre de la stratégie de compétitivité) Objectifs Formation professionnelle Actions prioritaires 1. 2. 3. 4. Infrastructure 5. 6. Dynamiser la R&D nationale Promotion des filières de croissance : filière bois Rapport final – août 2010 Réhabilitation/restructuration des structures de formation professionnelle dans le contexte de la promotion des filières de croissance, Création d’un fonds d’appui à la formation professionnelle (avec création d’une taxe sur la formation professionnelle), Mise en place d’un système national indépendant d’accréditation et de certification des formations universitaires et professionnelles, Création des cadres de concertation et de partenariats entre institutions de formation et organisations professionnelles dans la perspective d’une adaptation permanente des programmes aux besoins réels de la société Construction et mise en service avant 2012 de la centrale à gaz KPDC à Kribi, lancement de la construction et la mise en eau à l’horizon 2012-2013 d’un barrage-réservoir à Lom Pangar, ainsi que la construction d’une centrale hydroélectrique au site de Nachtigal Bitumage à l’horizon 2012 de 700 km de routes neuves ; démarrage des travaux de construction du tronçon autoroutier Yaoundé-Douala, construction du second pont sur le Wouri, aménagement des entrées Est et Ouest de Douala, construction et/ou la réhabilitation de certains tronçons des corridors sous régionaux (frontière Nigéria ; frontière Congo, frontière Tchad). 7. Ouverture du marché de la téléphonie mobile aux nouveaux opérateurs pour stimuler la baisse sensible des tarifs des services par le jeu de la concurrence 8. Politique de promotion de la propriété intellectuelle 9. Promouvoir une synergie d’action entre les acteurs de la recherche et les opérateurs économiques en vue de valoriser les innovations locales 10. Redynamiser le Centre de Promotion du Bois de Yaoundé. 11. Développer des initiatives clusters à Douala, Yaoundé et dans d’autres zones géographiques appropriées, dans le cadre de la promotion de la transformation tertiaire du bois (fabrication des meubles et éléments Page 72 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD de meubles) par des PME locales 12. Prospecter le marché régional, très porteur pour les Filière Agro-Industries produits transformés (Nigeria) 13. Finaliser, faire approuver et mettre en place le code sectoriel sur l’agro-industrie, prévu par la charte des investissements 14. Mettre en place les mécanismes de financement adaptés aux PME agro-industrielles Filière BTP / Maintenance industrielle Filière tourisme 15. Regrouper les entreprises en GIE dans les 13 filières identifies dans le cadre du projet ALUCAM et faire fonctionner les G.I.E (mise à niveau en organisation et en gestion/management de projets et d’entreprises 16. Programme de formation et de qualification de la main d’œuvre dans les secteurs du génie mécanique, du génie civil, du génie électrique des services à l’industrie 17. Programme de compagnonnage industrie 18. Accélérer la mise en place d’un Office National du Tourisme 19. Facilité la délivrance des visa touristiques 20. Valoriser les sites touristiques de classe internationale et mise en place d’offices communaux et inter communaux de tourisme dont les activités seront confiées à une gestion privée ; constituer une réserve foncière pour le développement du tourisme au Cameroun 21. Développer une culture du tourisme par le biais de campagnes d’information et de la formation technique et professionnelle 22. Mettre en place un code d’investissement touristique afin de stimuler l’investissement privé ainsi que la création d’emplois dans cette filière Agriculture 23. Favoriser le regroupement des petits agriculteurs sous forme de coopératives ou de groupements d’initiative commune intégrant différentes actions d’encadrement (ex. formation, financement, commercialisation, organisation) 24. Améliorer la sécurisation des droits d’accès et d’usage au foncier (mise à jour du cadastre) 25. Renforcer les Organisations Professionnelles agricoles 26. Mettre sur pied une banque agricole 27. Elaborer une loi d’orientation agricole 28. Susciter des alliances gagnant – gagnant entre les producteurs et les agro-transformateurs d’envergure visant le marché local ou l’export Rapport final – août 2010 Page 73 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 2. Emergence d’un secteur privé compétitif et créateur d’emplois Objectifs Amélioration du climat des affaires Actions prioritaires 29. 30. 31. 32. 33. 34. Mettre sur pied, dans le cadre du Dialogue Public Privé, une plateforme de toutes les organisations représentatives du secteur privé, désigner une présidence tournante et installer un secrétariat très léger Appui aux Tribunaux de commerce (développement de chambres commerciales dans les tribunaux d’instance) Organiser des séminaires de formation / sensibilisation à l’OHADA pour les magistrats, les auxiliaires de justice et les juristes d’entreprises Mettre à jour le cadastre fiscal afin d’élargir l’assiette fiscale foncière Mettre en place une guillotine réglementaire pour s’attaquer de manière systématique et durable à la prolifération des licences et taxes. Mettre au point une fiscalité incitative à la migration du secteur informel vers le formel 35. Créer le marché des services non financiers pour les PMEPMI par la mise en place des fonds à coûts partagés permettant de rapprocher l’offre et la demande : dispositif de chèques services et de cofinancement destiné à baisser les coûts d’accès à ces services et à encourager la rencontre entre l’offre et la demande, 36. Faciliter l’accès au crédit pour les PME camerounaise en favorisant la synergie entre services financiers et services non financier, notamment par la création d’outils de financement en fonds propres 37. Mise en place d’un fonds de garantie dédié aux PME-PMI Mise à niveau individuelle et collective des entreprises (programme ONUDI) Accompagnement des entreprises à la certification et développement des systèmes de normalisation Réorganisation du secteur Rapport final – août 2010 38. Créer le FACEC (Fonds d’Appui à la Compétitivité des Entreprises camerounaises) dont la faisabilité a été étudiée : fonds un fonds corbeille, à frais partagés, ouvert aux partenaires du développement (bailleurs bilatéraux et multilatéraux) et aux acteurs nationaux (grandes entreprises du type ALUCAM) désireux d’accompagner le gouvernement dans son effort d’amélioration de la compétitivité nationale 39. Lancement du Programme National de Mise à Niveau 40. Renforcer les capacités des prestataires nationaux en vue de la mise à niveau des entreprises ; formation de 150 consultant nationaux 41. Appuyer l’opérationnalisation des laboratoires de contrôle 42. Renforcer les capacités de l’ANOR 43. Promouvoir et sensibiliser les entreprises à la normalisation et au contrôle de la qualité 44. Favoriser une meilleure organisation et structuration Page 74 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ privé et renforcement des capacités de ses organisations Appuyer et accompagner les PME/PMI dans leur développement développer et encourager la sous-traitance ADE – ABPCD de ces organisations intermédiaires : réorganisation en interprofessions et en chambres de métiers 45. Renforcer les capacités de ces organisations afin de leur permettre de fournir des services à valeur ajoutée à leurs membres 46. Simplifier et faciliter les procédures de création d’entreprises : opérationnalisation des centres pilote créés à Yaoundé et Douala en avril dernier pour regrouper physiquement les intervenants 47. Développer des mécanismes d’incubation des PME (pépinières d’entreprises) 48. Politique de discrimination positive en faveur des PMEPMI nationales (Small Business Act camerounais) 49. Organiser la sous-traitance pour tirer parti des grands projets recensés dans le cadre du DSCE 3. Renforcement des capacités commerciales et la facilitation du cadre des échanges Objectifs Actions prioritaires Permettre aux entreprises camerounaises de tirer profit des différents accords commerciaux et surmonter les entraves techniques au commerce 50. Améliorer les prestations du Guichet Unique des opérations extérieures (Guichet électronique) 51. Harmoniser les applications informatiques des principaux acteurs de la place portuaire (Douane, GUCE, CNCC, PAD) pour harmoniser les documents maritimes et des délais de passage. 52. Renforcer les capacités en matière de concurrence et de lutte contre la contrefaçon 53. Renforcer les capacités en matière des droits de propriété intellectuelle. 54. Rapprochement avec le Nigeria en vue du développement des échanges 55. Adapter tant au plan de ses infrastructures TIC que de la sécurisation des moyens de paiements (les textes régissant le commerce électronique ont déjà été élaborés mais ils sont à l’heure actuelle en attente d’approbation par les autorités). 4. Amélioration de l’efficience de l’action publique et de la gouvernance économique) et amélioration de l’efficacité du cadre de promotion de la compétitivité Objectifs Actions prioritaires 56. Mettre en place (prévu) un bureau d’études à participation publique (type Direction des Grands Travaux) 57. Renforcement des capacités des administrations en matière de maîtrise des procédures des bailleurs de fonds 58. Instaurer des contrats de performance avec les agents publics affectés aux projets financés par les PTF Rapport final – août 2010 Page 75 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 59. Renforcement des capacités des institutions de promotion de la compétitivité (Cameroon Business Forum et Comité de Compétitivité) 60. Mettre en place un Observatoire de la Compétitivité, un outil permanent d'observation et d’analyse de l’évolution de la position compétitive du Cameroun. l’Observatoire fonctionnera comme une cellule de veille stratégique chargée de la collecte, de l’analyse et la comparaison des informations existantes relatives à la compétitivité au niveau national et international et l’impact de la mondialisation sur l’économie camerounaise 5. Améliorer l’interface secteur public-secteur privé-société civile au service de la croissance et pour libérer l’initiative privée Objectifs Actions prioritaires 61. Actions de communication et de pédagogie appropriées pour promouvoir l’entreprenariat et ouvrir les esprits à la culture de l’entreprise 62. Actions de sensibilisation (ateliers, séminaires, visites d’entreprises) des responsables d’administrations, élus locaux ainsi que des parlementaires à la réalité de l’entreprise privée 7.5 Tableau de cohérence de la stratégie avec le DSCE et les autres programmes ou initiatives en cours ou envisagées en matière de compétitivité Axes stratégiques Cohérence avec le DSCE et autres programmes ou initiatives en matière de compétitivité sous-ensemble de la politique sectorielle du DSCE sur l’éducation Formation professionnelle Ce sous-ensemble prévoit notamment d’impliquer les milieux socioprofessionnels dans l’élaboration des programmes de formation de l’enseignement technique, technologique et professionnel Infrastructures Cet axe stratégique s’inscrit dans le cadre de la Stratégie sectorielle du DSCE liée aux infrastructures et qui comprend 4 composantes : entretien, réhabilitation, développement des (énergie-transport-TIC) Rapport final – août 2010 Responsabilités / Coût estimatif 2010-2012 (millions de FCFA) MINEFOP Coût : 5.000 - MINTP MINEE MINT MINPOSTEL MINDUH MINDAF Page 76 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD infrastructures et renforcement de capacités institutionnelles Pas de stratégie intégrée pour ce secteur, mais des éléments de planification existent au niveau des ministères (Stratégie des BTP, PDR, PDSE, PANERP…) et ont été mis à contribution Coût : 500.000 Une stratégie nationale des TIC avait déjà été élaborée en 2007 par l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication (ANTIC) Dynamiser la R&D nationale La densification de la R&D et fait partie de la stratégie sectorielle du DSCE portant sur l’industrie et les services MINIMIDT En partenariat avec la Banque Mondiale, le Gouvernement est engagé dans un programme spécial d’appui à la compétitivité des filières de croissance. MINFOF Comité de Compétitivité Coût : 100.000 Filière Bois La première phase du Programme National d’Appui à la Compétitivité des Filières de Croissance est soutenue par la Banque Mondiale donne lieu à un projet financé par la Banque Mondiale, le Projet Compétitivité des Filières de croissance (PCFC), lequel se focalisera sur deux filières prioritaires dont la transformation durable du bois (lancement d’un cluster Bois) Coût : 100.0000 Filières agro-industrielles Le Programme d’Appui à la Compétitivité Agricole est le volet agricole du programme spécial d’appui à la compétitivité des filières de croissance MINADER MINEPIA Comité de Compétitivité Coût : 150.000 Filière BTP/Maintenance industrielle Le développement de cette filière répond à l’objectif du DSCE s’agissant de la mise en place de programmes spécifiques de mise à niveau des entreprises locales, en accompagnement de tout grand projet industriel MINPMEESA ADESCAM Rapport final – août 2010 Coût : 100.000 Page 77 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ Filière Tourisme ADE – ABPCD Le développement et la promotion du tourisme fait partie de la stratégie sectorielle du DSCE portant sur l’industrie et les services (cf. Assurer l’industrialisation à travers la transformation et la valorisation des matières premières locales et la promotion des exportations) MINTOUR MINPOSTEL Augmentation de la productivité agricole et levée des obstacles à l’émergence d’une agriculture de 2° génération Le développement et la promotion du tourisme fait partie de la stratégie sectorielle du DSCE portant sur l’industrie et les services (cf. Assurer l’industrialisation à travers la transformation et la valorisation des matières premières locales et la promotion des exportations) MINADER MINEPIA Amélioration du climat des affaires L’amélioration du climat des affaires est un sous-programme de la stratégie sectorielle du DSCE portant sur l’industrie et les services (cf. Assurer l’industrialisation à travers la transformation et la valorisation des matières premières locales et la promotion des exportations) Services du Premier Ministre Tous les ministères sectoriels CBF Coût : 50.000 Coût : 70.000 Coût : 400.000 L’amélioration du climat des affaires par le Dialogue Public Privé est également une composante transversale du Projet Compétitivité des Filières de croissance (PCFC), lequel prévoit un renforcement des capacités du CBF et du Comité de Compétitivité L’amélioration du l’environnement juridique et judiciaire des entreprises est un sous-programme de la stratégie sectorielle du DSCE consacrée à la gouvernance (cf. Réduire les écarts entre riches et pauvres par l’amélioration de la distribution des retombées de la croissance économique) Ce thème relève également du Programme National de Gouvernance (PNG), approuvé en mai 2000 et révisé en décembre 2005 pour la période 2006-2010 Rapport final – août 2010 Page 78 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD L’amélioration de la justice commerciale rentre également dans le champ du Projet d’Appui au Secteur de la Justice financé par l’UE (10° FED). Ce projet a pour objectif d’améliorer le fonctionnement de la justice commerciale à travers le renforcement de la sécurité judiciaire des transactions et de rendre la justice plus accessible aux opérateurs économiques Mise à niveau des entreprises et accompagnement à la certification La mise à niveau des entreprises est un sous-programme de la stratégie sectorielle du DSCE consacrée à la promotion de l’industrie et des services MIEPAT MINPMEESA ONUDI Coût : 100.000 Elle fait partie des priorités du DSCE et, en prévision du choc attendu de l’ouverture des frontières douanières dans l’APE, le Gouvernement entend déployer, dans le cadre de sa politique générale des filières, un programme global de mise à niveau des entreprises et d’appui à la normalisation et à la qualité. La phase pilote de ce programme, qui bénéficie du soutien technique de l’ONUDI et du soutien financier de l’UE a démarré en 2009 concernera une quinzaine d’entreprises dans les filières d’exportation (PPAMNQ) Appui aux organisations intermédiaires du secteur privé Action en cours dans le cadre du programme PROINVEST MINIMIDT MINPMESA Coût : 130.000 Renforcement du dispositif d’appui à la création et au développement des PME Fait partie de la stratégie sectorielle du DSCE consacrée à la promotion de l’industrie et des services MINPMESA Renforcement des capacités commerciales et facilitation du cadre des échanges L’amélioration des performances commerciales fait partie d’un programme (Développement et promotion de l’accès au marché) dans le cadre de la stratégie sectorielle du DSCE portant sur l’industrie et les services (cf. Assurer l’industrialisation à travers la transformation et la valorisation des MINCOMMERCE Rapport final – août 2010 Coût : 15.000 Coût : 2.000 Page 79 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ matières premières locales promotion des exportations) Amélioration de la gestion stratégique de l’Etat et des administrations publiques Dynamisation du cadre de concertation tripartite existant entre les administrations économiques, les différents acteurs du secteur privé, et la société civile et la Cette composante est partie intégrante de la stratégie sectorielle du DSCE consacrée à la gouvernance (cf. Réduire les écarts entre riches et pauvres par l’amélioration de la distribution des retombées de la croissance économique) Amélioration de la gestion des finances publiques et du système de mobilisation des recettes Renforcer les capacités des institutions en charge du dialogue public-privé en matière de compétitivité ADE – ABPCD Tous les ministères Coût : 150 Coût de l’Observatoire de la Compétitivité : 200 Tous les ministères Coût : 100 idem Prévu dans le cadre du Projet Compétitivité des Filières de croissance (PCFC) CBF Comité de Compétitivité Coût : 100 Cette composante fait partie intégrante de la stratégie sectorielle du DSCE consacrée à la gouvernance (cf. Réduire les écarts entre riches et pauvres par l’amélioration de la distribution des retombées de la croissance économique) Elle a aussi fait partie du Programme d’Appui à la Structuration de la Société Civile (PASOC) financé par l’UE au titre du 9° FED Total coût estimatif de la stratégie sur 2 ans Coût pilotage, suivi-évaluation de la mise en œuvre de la stratégie (sur 2 ans) Total général (2 ans) Millions FCFA Rapport final – août 2010 1.228.180 3.000 1.231.180 Page 80 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 8. Recommandations issues de l’atelier final du 15 juillet 2010 L’objectif de cet atelier qui s’est tenu à Yaoundé (Hôtel Mont Fébé) le 15 juillet 2010 était de présenter, pour validation, à l’ensemble des parties prenantes les résultats et les conclusions de l’étude sur l’élaboration de la stratégie de compétitivité et aussi de recueillir les observations, commentaires et suggestions des participants afin d’en tirer le meilleur parti pour enrichir le rapport final. La discussion a été organisée autour de deux ateliers et a permis d’ajouter un certain nombre de recommandations / propositions de la part des participants s’agissant des pistes de travail ouverts par le consultant national et le consultant international. • Atelier n°1 : Le Cameroun a tous les atouts pour figurer dans le groupe restreint des pays africains dits « champions/leaders de la compétitivité » et jouer l’un des tous premiers rôles dans la croissance mondiale. A partir de ce constat, quelles sont les dix premières réformes (ou décisions) fondamentales qui peuvent être mises en œuvre, et avec quelle priorité, pour améliorer la compétitivité du pays et améliorer son positionnement concurrentiel dans la région ou vis-à-vis des pays voisins ? Recommandations des participants 1. Mise à niveau des entreprises ; 2. Reformer le système éducatif afin de le rendre plus adapté au monde professionnel ; 3. Construire les infrastructures ; 4. Faciliter l’accès au crédit du secteur productif (crédit à long terme) ; 5. Coordonner toutes les initiatives de promotion industrielle ; 6. Renforcer le pouvoir d’achat dans la fonction publique ; 7. Faciliter l’accès à la propriété foncière des opérateurs économiques ; 8. Mise en œuvre rapide de la mesure des 30 % dans le cadre des projets structurants ; 9. Impliquer la diaspora camerounaise au développement économique du Cameroun ; 10. Améliorer la diffusion de l’information commerciale sur les marchés locaux et extérieurs. Rapport final – août 2010 Page 81 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ • ADE – ABPCD Atelier n°2 : - Thème 1 : comment peut-on résoudre efficacement et durablement la problématique de la mise en œuvre des politiques de compétitivité au Cameroun ? Que peut-on envisager en termes de réformes, programmes ou projets pour améliorer l’efficacité du cadre actuel de promotion de la compétitivité et de mise en œuvre des politiques correspondantes ? Comment accélérer la prise de conscience du diagnostic et créer une culture de la compétitivité et de l’innovation au Cameroun ? Sur le thème de la mise en œuvre des politiques de compétitivité Recommandations des participants 1. Mise en réseau des structures en charge de la compétitivité 2. Création au sein du MINEPAT d’un observatoire de compétitivité comme structure de veille stratégique ; 3. Mobilisation des ressources internes et externes notamment la maturation des projets ; 4. Renforcement des capacités des acteurs impliqués dans le pilotage des projets et la mise en œuvre des politiques de compétitivité ; 5. Coordination des actions des PME et du secteur privé ; 6. Élaboration des matrices d’action prioritaires répartissant clairement les rôles des parties prenantes ; 7. Renforcement les capacités nationaux en matière de maîtrise des procédures des bailleurs de fonds. Sur le thème de la culture de la compétitivité et de l’innovation Recommandations des participants 1. Vulgarisation et Sensibilisation ciblée de tous les acteurs sur les questions de compétitivité à travers l’utilisation des vecteurs d’information comme les parlementaires, les CTD et les émissions télédiffusées ; 2. Prise en compte de l’intérêt général en changeant les mentalités à travers le respect de l’imputabilité et des délais ; Rapport final – août 2010 Page 82 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 3. Création des centres d’information sur la propriété intellectuelle ; 4. Promotion de la culture de l’innovation. Thème 2 : Suite au diagnostic présenté, d’identifier quelles sont les stratégies et interventions publiques de développement des filières qui contribuent à la croissance économique ? Comment construire les avantages compétitifs sur les secteurs porteurs de l’économie du Cameroun et comment faire émerger des « champions » nationaux dans ces secteurs ? Recommandations 1. Restructuration des entreprises existantes ; 2. Sensibilisation des acteurs du secteur public aux réalités des entreprises (organisation des visites d’entreprises par exemple); 3. Accélération de la filiarisation du secteur productif et restructuration des entreprises pour leur mise à niveau et leur renforcement des capacités ; 4. Mise en place des benchmarking internationaux par filière de croissance ; 5. Structuration du secteur privé et renforcement des capacités managériale des entreprises. Rapport final – août 2010 Page 83 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 9. Le cadre logique (issu de l’arbre à problèmes, de l’arbre à objectifs, puis des axes stratégiques) Rapport final – août 2010 Page 85 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD CADRE LOGIQUE DE LA STRATEGIE NATIONALE DE COMPETITIVITE Logique d’intervention Indicateurs objectivement vérifiables Sources de vérification Risques et hypothèses Objectif global Une économie camerounaise compétitive, harmonieusement intégrée à l’économie mondiale et qui, dans le cadre du DSCE, stimule une croissance consolidée, durable, partagée et créatrice d’emplois Indicateurs de développement humain et de la pauvreté (IDH) - Statistiques nationales et régionales (CEMAC) Statistiques Nations Unies /FMI, Banque Mondiale, OCDE Rapports Gouvernement et bailleurs de fonds Objectif stratégique La compétitivité de l’économie camerounaise est renforcée durablement ; les obstacles qui empêchent l’atteinte du DSCE et de tirer parti de l’ouverture des frontières (APE) tout en résistant aux chocs externes sont levés - Taux de croissance des flux commerciaux entre le Cameroun, la région, l’UE et le reste du monde - Part dans le commerce mondial - Indicateurs de productivité globale en progression, dont GCI, ETI et Doing Business - Rapport final – août 2010 Statistiques nationales et régionales (CEMAC) Statistiques Nations Unies /FMI, Banque Mondiale, OCDE Rapports Gouvernement et bailleurs de fonds Rapport sur la Compétitivité Afrique (WEF, BM, BAD) Rapport du Comite National de Compétitivité Rapport de l’Observatoire de la compétitivité - Persistance de la crise mondiale pouvant retarder la réalisation des grands projets d’infrastructures - Poursuite des réformes structurelles nécessaires à une croissance durable - Tous les acteurs concernés s’engagent pour assurer le succès de la stratégie de compétitivité - Le Cameroun, la région et l’UE demeurent engagés dans le processus de l’APE - Volonté politique de poursuivre et de conclure les négociations de l’APE et de mettre en œuvre les dispositions de l’accord. Page 86 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ RESULTATS ADE – ABPCD Indicateurs objectivement vérifiables Sources de vérification Risques et hypothèses Résultat 1.1 La disponibilité et la productivité des infrastructures économiques, déterminants de la compétitivité, sont améliorées ; les infrastructures contribuent efficacement au développement de l'économie camerounaise - Indice du niveau général des infrastructures économiques Taux d’extension du parc infrastructurel par type d’infrastructure Niveau de service (indicateur composite) par type d’infrastructure - Données statistiques nationales et régionales Rapport de l’Observatoire de la compétitivité - Les ressources nécessaires sont mobilisées et les capacités d’absorption sont améliorées Les grands chantiers d’infrastructures ne subissent pas de retard Résultat 1.2 Les capacités productives du Cameroun sont accrues et diversifiées Résultat 1.2.1 : Ciblage volontariste, mais non exclusif, sur un nombre limité de filières de croissance prioritaires (où l’avantage concurrentiel est avéré), avec un accompagnement public qui fait émerger des entreprises « championnes » dans ces filières Volume et taux de transformation des produits locaux Nombre de projets prioritaires dans les filières de croissance financée Evolution de la production et productivité des filières Rapport des structures de mise en œuvre et de suivi Rapport de l’Observatoire de la compétitivité Volonté du secteur public et privé à créer un environnement favorable à la compétitivité et à l’investissement dans les filières retenues Résultat 1.2.2 La productivité de l’agriculture est augmentée et les obstacles à l’émergence d’une agriculture de seconde génération sont levés. Niveau de couverture des besoins alimentaires et de celui des agro-industries Statistiques nationales Rapports sectoriels (MINADER) Conditions de vie des populations rurales et un environnement institutionnel propice au développement du secteur Part des investissements privés dans le PIB - Adhésion et motivation du secteur privé Résultat 2 Emergence d’un secteur privé camerounais moderne, compétitif et créateur d’emplois Statistiques nationales Rapport de l’Observatoire de la compétitivité Rapport final – août 2010 Page 87 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ 2.1 Le climat des affaires et l'environnement dans lequel évolue le secteur privé sont plus incitatifs ; L'environnement des affaires est amélioré par le renforcement du dialogue public- privé et la mise en place du dialogue entre opérateurs camerounais et européens 2.2 Les capacités, la productivité ainsi que la structuration du secteur privé sont renforcées - - - ADE – ABPCD Rapports annuels « Doing Business » Rapports du CBF Evaluation externe Rapports activités CCIMA, Rapport d’activités des associations professionnelles (GICAM, SYNDUSTRICAM , FENAP, MECAM) - - Rapports des organisations professionnelles Rapports évaluation et audits des entreprises et organismes intermédiaires bénéficiaires Les réformes structurelles dans les secteurs de production sont effectives Le programme ONUDI démarre – le pilotage de l’Etat est acquis – le financement pour la phase de pérennisation est acquis - Sources douanières - - Rapport de l’Observatoire de la compétitivité Evolution du classement annuel Doing Business de la Banque Mondiale Changements concrets sur les conditions d’opération des entreprises Projets de texte de lois Flux d’IDE Le business dialogue entre opérateurs camerounais et européens est opérationnel (au moins 1 forum organisé) - Capacités renforcée des principales organisations professionnelles renforcées Nombre de d’interprofessions crées Le programme pilote ONUDI est mis en œuvre: diagnostics de 15 entreprises réalisés mise à niveau de 15 entreprises pilotes réalisé Les entreprises camerounaises sont accompagnées à la certification : 18 entreprises certifiées d'ici à la fin du projet : 10 conformément à la norme ISO 9000; 5 conformément à la norme ISO 22 000 (HACCP) 3 conformément à la norme ISO 14 00 - Barrières non tarifaires au commerce international réduites Part des échanges dans le PIB La fluidité des chaînes logistiques est améliorée (durée, coûts) - Le DPP fonctionne et les mécanismes de suivi des décisions prises sont adéquats Adhésion et motivation du secteur privé - Résultat 3. Les entreprises tirent profit des différents accords commerciaux et surmontent les entraves techniques au commerce - Rapport final – août 2010 - Les impacts de l’ouverture du marché sont bien connus L’intégration régionale se poursuit Les échanges avec le Nigeria sont possibles Page 88 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Résultat 4 L’action publique est plus efficiente ; le cadre actuel de promotion de la compétitivité est plus efficace La fonction publique dotée d’une réglementation et d’une gestion satisfaisantes Rétroaction des observateurs externes sur l’image des institutions camerounaises Vision holistique des moyens à mettre en œuvre pour atteindre le DSCE % de ministères produisant des rapports de suivi-évaluation des politiques et programmes selon des méthodologies et procédures harmonisées. - Culture du résultat et des délais dans l’administration Niveau de coordination entre les institutions concernées Rapport des institutions concernées (CBF, Comité de Compétitivité…) Résultat 4.1 Les capacités des administrations camerounaises à mobiliser et utiliser efficacement des ressources publiques sont renforcées Statistique nationales Rétroaction des observateurs externes sur l’image des institutions camerounaises Résultat 4.2 Le cadre institutionnel du pilotage et de la mise en œuvre de la compétitivité est renforcé - Les textes correspondants sont appliqués Consultation préalable, effective et régulière des représentants de la communauté des affaires Résultat 4.3 La coordination des institutions de promotion est améliorée ; les interventions envisagées, ou en cours, au titre de la compétitivité sont intégrées dans la stratégie globale Niveau de cohérence et de complémentarité entre les différentes stratégies/programmes/projets qui touchent à la compétitivité - Rapports de suivi-évaluation - Rapports de l’Observatoire de la compétitivité Rapport final – août 2010 - Les ministères concernés acceptent l’intégration des politiques sectorielles dans la stratégie globale de compétitivité Le dispositif institutionnel est mis en place et fonctionne Page 89 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Résultat 5.1 Les acteurs non étatiques sont impliqués dans la définition, le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre des politiques nationales pour la croissance et l’emploi : la Compétitivité devient une cause nationale - Les organisations de la société civile réalisent régulièrement des activités concertées pertinentes dans le cadre de la compétitivité - 100% des organisations de la société civile affiliées à un réseau - Présence du thème de la compétitivité dans les débats et dans les medias - - Présence du thème de l’entreprise et de l’entreprenariat dans les débats et dans les medias camerounais - Présence du thème dans l’enseignement secondaire et universitaire - Nombre de nouvelles entreprises créées - Séminaires de sensibilisation et renforcement des capacités organisés - Changement d’attitude du secteur public vis-à-vis du secteur privé - Plans et rapports d’activité de ces organisations échanges d’informations entre ces organisations Analyse des media nationaux - - l’implication d’un nombre suffisant d’organisations représentatives Les acteurs de la société civile camerounaise parviennent à s’inscrire dans les dynamiques des sociétés civiles internationales. Résultat 5.2 La perception de l’entreprise et de l’entrepreneuriat est améliorée dans l’opinion publique Les agents de l’Etat, les élus sont sensibilisés à la réalité de l’entreprise privée, ses contraintes, son mode opératoire et l’intérêt pour le pays de voir se développer un secteur privé moderne prospère - Statistiques nationales Revue des media Compte rendus de l’Observatoire de la compétitivité Compte rendus de l’Assemblée Nationale Rapport final – août 2010 Prise de conscience du diagnostic par l’opinion publique et adhésion aux solutions Les « poches d’efficacité » se développent au sein des administrations et l’emportent sur les forces d’inertie et de résistance Page 90 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD ACTIVITES Moyens / coûts Hypothèses Activités liées au Résultat 1.1 R1.1.A1 : - Réhabiliter/restructurer les structures de formation professionnelle dans le contexte de la promotion des filières de croissance Doter les organisations professionnelles d’une ingénierie en matière de formation professionnelle (analyse des besoins en formation, en planification et en suivi-évaluation) Créer un fonds d’appui à la formation professionnelle (avec création d’une taxe sur la formation professionnelle) Des ressources suffisantes sont mobilises Le secteur privé est engagé aux côtés du secteur public et des bailleurs de fonds R1.1.A2 - - Promouvoir la participation du secteur privé au financement des infrastructures de base notamment à la construction, la gestion, l’entretien et leur transfert, notamment dans le cadre de Partenariats PublicPrivé (PPP) Lancer un plan d’action ambitieux et visible pour développer les infrastructures manquantes : infrastructures de communication, énergétiques et de télécommunication, en améliorant les pratiques d’entretien pour en assurer la viabilité Volonté du secteur public et privé à créer un environnement favorable à la compétitivité et à l’investissement R1.1.A3 - La propriété intellectuelle est reconnue comme ayant un rôle important pour la croissance Politique de promotion de la propriété intellectuelle Renforcer les capacités de la recherche nationale R1.1.A4 - Libéraliser les TIC et renforcer la concurrence dans ce secteur Développer les infrastructures appropriées en termes de débit des réseaux, de connectivité, de sécurisation des transactions Renforcer les capacités de l’autorité de régulation indépendante Rapport final – août 2010 Les réformes nécessaires pour créer l’environnement favorable sont menées à terme Page 91 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Activités liées au Résultat 1.2 R1.2.A1 : Promotion et développement durable des filières de croissance prioritaires Une masse critique d’opérateurs dans chaque filière ciblée est identifiée R1.2.A1.1 : Filière Bois - - Redynamiser le Centre de Promotion du Bois de Yaoundé. Développer des initiatives clusters à Douala, Yaoundé et dans d’autres zones géographiques appropriées, dans le cadre de la promotion de la transformation tertiaire du bois (fabrication des meubles et éléments de meubles) par des PME locales- Appui au cluster bois lancé avec l’appui de la Banque Mondiale Prospecter le marché régional, très porteur pour les produits transformés (Nigeria), R1.2.A1.2 : Filière agro-industries 29. Finaliser, faire approuver et mettre en place le code sectoriel sur l’agro-industrie, prévu par la charte des investissements 30. Mettre en place les mécanismes de financement adaptés aux PME agro-industrielles R1.2.A1.3 : Filière BTP / Maintenance industrielle - Développer un partenariat entre les établissements et les opérateurs économiques pour mettre en place un programme de formation et de qualification de la main d’œuvre du génie mécanique Regrouper les entreprises en GIE dans les 13 filières identifies dans le cadre du projet ALUCAM et faire fonctionner les G.I.E (mise à niveau en organisation et en gestion/management de projets et d’entreprises) R1.2.A1.4 : Filière tourisme - - Identifier les sites touristiques et de produits touristiques qui puissent positionner « la destination Cameroun » et organiser leur mise en concession auprès des opérateurs privés qui auraient pour obligation de les promouvoir et /ou de les aménager Faciliter la délivrance des visas touristiques Mettre en place un code d’investissement touristique afin de stimuler l’investissement privé ainsi que la création d’emplois dans cette filière Rapport final – août 2010 Page 92 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD R1.2.A2 : émergence d’une agriculture de 2° génération Importance reconnue au développement agricole vs. Le développement urbain R1.2.A2.1 - Améliorer la sécurisation des droits d’accès et d’usage au foncier ; Mettre à jour le cadastre fiscal afin d’élargir l’assiette fiscale foncière R1.2.A2.2 - Favoriser le regroupement des petits agriculteurs sous forme de coopératives ou de groupements d’initiative commune intégrant différentes actions d’encadrement (ex. formation, financement, commercialisation, organisation). R1.2.A2.3 - Mettre sur pied une banque agricole et développer et encourager la micro-finance rurale. R1.2.A2.4 - Elaborer une loi d’orientation agricole Promouvoir l’entreprenariat agricole et mettre au point un statut de l’entrepreneur en milieu rural Susciter des alliances gagnant – gagnant entre les producteurs et les agro-transformateurs d’envergure visant le marché local ou l’export Activités liées au Résultat 2 : Emergence d’un secteur privé camerounais compétitif et créateur d’emplois Résultat R2.1 : Le climat des affaires et l'environnement dans lequel évolue le secteur privé sont améliorés et plus incitatifs Volonté du secteur public et du secteur privé de créer un climat de confiance mutuelle pour répondre aux défis de la mondialisation et de la compétitivité de l’économie camerounaise R2.1.A1 - Mettre sur pied une plateforme de toutes les organisations représentatives du secteur privé, y compris celle représentant le secteur informel – désigner une présidence tournante et installer un secrétariat très léger Rapport final – août 2010 L’Etat reconnaît les organisations du secteur privé (autres que le GICAM) comme interlocuteur légitime Page 93 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD R2.1.A2 - Appui aux Tribunaux de Commerce (développement de chambres commerciales dans les tribunaux d’instance) Les décisions des « tribunaux de commerce » sont acceptées et reconnues par l’Etat et par les parties intéressées R2.1.A3 - Opérationnaliser les centres de gestion agrées lancés en mars dernier à Douala Achever de raccorder les systèmes informatiques du Ministères des Finances et du Ministère des Forêts Mettre au point une fiscalité incitative à la migration du secteur informel vers le formel Mettre en place une guillotine réglementaire pour s’attaquer de manière systématique et durable à la prolifération des licences et taxes. Engagement et participation des entreprises et des organismes intermédiaires R2.1.A4 - Mettre en place des fonds à coûts partagés permettant de rapprocher l’offre et la demande : mise en œuvre d’un système de chèques services et de cofinancement destiné à baisser les coûts d’accès à ces services et à encourager la rencontre entre l’offre et la demande, en réduisant le risque financier encouru par les deux parties (voir projet d’appui au développement du secteur privé) La consultance nationale est motivée et adhère au projet R2.1.A5 - Créer une institution de financement spécialement dédiée aux PME Appui au FOGAMU (fonds de garantie proposé par le GICAM) Mettre en place des incitations pour le développement des sociétés de capital-risque. Rapport final – août 2010 Les entreprises sont culturellement prêtes à travailler avec des sociétés de capital-risque Page 94 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Résultat R2.2 : Les capacités, la productivité ainsi que la structuration du secteur privé sont renforcées Programme execute par l’ONUDI R2.2.A1 Créer le FACEC (Fonds d’Appui à la Compétitivité des Entreprises Camerounaises) dont la faisabilité a été proposée Pilotage résolu par l’Etat et mise en place de mécanismes de financement pérennes pour la mise à niveau R2.2.A2 Mettre sur pied un programme d’appui au développement du secteur privé axé sur un appui proactif : Adhésion du secteur privé et du secteur bancaire (les banques accompagnent les entreprises) - Au niveau collectif, aux PME-PMI à fort potentiel de croissance ainsi qu’aux les organisations intermédiaires, dans les filières de croissance prioritaires - Au niveau individuel, dans le cadre d’un programme national de Mise à Niveau des entreprises. Celle-ci sera recherchée à travers 3 axes : o Les investissements matériels o Les investissements immatériels o La restructuration financière des entreprises éligibles Dispositif de formation professionnelle qui répond aux besoins des entreprises mises à niveau Les entreprises éligibles à la mise à niveau sont en bonne santé financière R2.2.A3 Renforcer les capacités des prestataires nationaux en vue de la mise à niveau des entreprises ; formation de 150 consultant nationaux 60 consultants formés et enregistrés pour la pérennisation du système d'ici à la fin du projet dans les domaines qualité et certification ISO 9000, ISO 14000 Disponibilité et capacités des consultants locaux à s’engager dans ce processus R2.2.A4 - Appuyer l’opérationnalisation des laboratoires de contrôle Renforcer les capacités de l’ANOR Mettre en place un système national d’accréditation et de certification des produits. Adhésion des chefs d’entreprises Disponibilité des experts et de la logistique Accès au financement des équipements et matériels R2.2.A5 - Favoriser une meilleure organisation et structuration de ces organisations intermédiaires : réorganisation en interprofessions et en chambres de métiers Renforcer les capacités de ces organisations afin de leur permettre de fournir des services à valeur ajoutée à leurs membres Rapport final – août 2010 L’Etat reconnaît les organisations du secteur privé (autres que le GICAM) comme interlocuteur légitime Page 95 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD R2.2.A6 - Simplifier et faciliter les procédures de création d’entreprises : opérationnalisation des centres pilote créés à Yaoundé et Douala en avril dernier pour regrouper physiquement les intervenants Politique de discrimination positive en faveur des PME-PMI nationales (Small Business Act camerounais) Développer des mécanismes d’incubation des PME (pépinières d’entreprises) Activités liées au Résultat 3 - R3.A1 : Améliorer les prestations du Guichet Unique des opérations extérieures (Guichet électronique) R3.A2 : Harmoniser les applications informatiques des principaux acteurs de la place portuaire (Douane, GUCE, CNCC, PAD) pour harmoniser les documents maritimes et des délais de passage. R3.A3 : Renforcer les capacités en matière de concurrence et de lutte contre la contrefaçon Renforcer les capacités en matière des droits de propriété intellectuelle. R3. A4 : Rapprochement avec le Nigeria en vue du développement des échanges R3.A5 : Adapter tant au plan de ses infrastructures TIC que de la sécurisation des moyens de paiements (les textes régissant le commerce électronique ont déjà été élaborés mais ils sont à l’heure actuelle en attente d’approbation par les autorités). La PME camerounaise est reconnue comme étant au cœur du développement Un mouvement de migration du secteur informel vers le formel s’opère Le gouvernement et les administrations reconnaissent le rôle et à la place commerce dans la stratégie de compétitivité Activités liées au Résultat 4 - R4.A1 : Mettre en place (prévu) un bureau d’études à participation publique (type Direction des Grands Travaux) R4.A2 : Renforcer les capacités en évaluation des projets et garantir la maturation des projets inscrits au budget de l’État. R4.A3 : Instaurer des contrats de performance avec les agents publics affectés aux projets financés par les PTF R4.A4 : Mettre en place un Observatoire de la Compétitivité, un outil permanent d'observation et d’analyse de l’évolution de la position compétitive du Cameroun Rapport final – août 2010 Les réformes nécessaires pour créer l’environnement favorable sont menées à terme Les acteurs parviennent à un consensus sur l’évaluation des impacts Le secteur privé est engagé aux côtés du secteur public, de la société civile et des bailleurs de fonds Page 96 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Activités liées au Résultat 5.2 - R.5.2.A1 : Actions de communication et de pédagogie appropriées pour promouvoir l’entreprenariat et ouvrir les esprits à la culture de l’entreprise R5.2.A1 : Actions de sensibilisation des responsables d’administrations ainsi que des parlementaires à la réalité de l’entreprise privée Rapport final – août 2010 Volonté du secteur public et du secteur privé de créer un climat de confiance mutuelle pour répondre aux défis de la mondialisation et de la compétitivité de l’économie camerounaise Page 97 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ 10. ADE – ABPCD Une priorité : la mise à niveau des entreprises camerounaises Pour engager le Cameroun sur un itinéraire de croissance à deux chiffres, la relance des investissements est, comme démontré plus haut, une condition sine qua non. Ces investissements dépendent à la fois de la mise à niveau des infrastructures de base (énergie, eau, communication, etc.) et de la mise à niveau de l’appareil productif. En effet, attirer les investissements directs étrangers (IDE) et canaliser l’épargne locale dans les gisements productifs nationaux exigent au préalable non seulement un environnement institutionnel de confiance propice aux affaires, mais aussi un tissu industriel local apte à participer au processus de réalisation des programmes et projets nationaux dans le cadre des grands chantiers du DSCE La mise à niveau est un enjeu majeur pour le Cameroun, elle et c’est pour répondre à cet objectif que le programme PPAMNQ a été mis sur pied par l’ONUDI dans le cadre du PASAPE. La dimension pilote du programme correspond à la particularité de l’approche décidée conjointement avec l’UE pour le Cameroun, laquelle se veut progressive et pragmatique et tenant compte de l’expérience de programmes similaires dans d’autres pays africains. - La phase pilote porte sur une expérimentation des outils institutionnels et opérationnels. Elle est conduite par la Cellule de Gestion du Programme avec un panel de quinze entreprises sélectionnées après appel à projet, ce dans trois secteurs prioritaires prédéfinis (bois, agro-alimentaire, textile/confection). - Les résultats de cette phase pilote seront valorisés dans le cadre d’une phase ultérieure de pérennisation. Celle-ci permettra au Cameroun de mettre en œuvre un programme national qui sera ouvert à l’ensemble du secteur productif camerounais avec un dispositif institutionnel et financier pérenne. L’évaluation récente du PASAPE montre qu’à ce jour, le niveau d’exécution opérationnelle du Programme est très faible, en raison des nombreux retards dans la mobilisation des ressources humaines et logistiques. D’après ce rapport d’évaluation, « une grande partie des retards trouve son origine dans le manque de transparence et d’information fiable, à disposition des responsables. Le Programme pêche principalement aujourd’hui par une absence de sensibilisation et de communication de tous les acteurs, tant en interne que vis-à-vis des bénéficiaires. Le CTP est en place Rapport final – août 2010 Page 99 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD depuis octobre 2008, les locaux au sein du siège de la Représentation de l’ONUDI pour l’Afrique Centrale à Yaoundé (confusion de genre) sont disponibles depuis avril 2009, ainsi que le personnel national recruté à partir de juin 2009 (dernier recrutement avril 2010). Ils sont constitutifs d’une Unité d’exécution de projet « parallèle »25. Cela étant, la création par le Gouvernement en septembre 2009 et installée en février 2010 de l’ANOR devrait être considérée comme un véritable signal de départ de la mise en force des problématiques de la Normalisation et de la Mise à niveau et les choses devraient maintenant s’accélérer Le cas du projet d’extension d’ALUCAM est particulièrement parlant. En effet, d’importants investissements estimés à près de 1.500 millions de dollars US vont être réalisés pour réaliser cette extension et il a été convenu entre le Gouvernement camerounais et RIO TINTO ALCAN de réserver 30% de ces investissements à la soustraitance camerounaise (local Content). Cet accord stratégique, pour se concrétiser, exige l’accompagnement des entreprises nationales dans une démarche de modernisation compétitive afin de les rendre aptes à affronter la concurrence internationale et à exécuter suivant les standards internationaux, les différents appels d’offres qui seront lancés dans le cadre de ce projet (14 filières ont déjà été pré-identifiées comme éligibles à ces demandes : génie civil, charpente, terrassement, voiries, DRD, cuves, chaudronnerie, maintenance industrielle, montage mécanique, etc.). Considérant, d’une part, les quantités énormes d’intrants nécessaires pour approvisionner ces chantiers à venir et d’autre part, le profil technologique élevé des activités industriellesclés en jeu, le tissu industriel national, pris dans sa configuration actuelle, n’est pas aujourd’hui en mesure de relever le défi de participation active dans les chaînes de soustraitance du projet d’extension d’ALUCAM. Cet exemple justifie la nécessité pour l’Etat de soutenir les entreprises nationales en mettant en place un programme national de mise à niveau qui leur permettra d’atteindre des niveaux de performance identiques à ceux de leurs concurrents extérieurs. En effet, la mise à niveau d’une entreprise vise l’amélioration qualitative de ses différentes fonctions et de son système productif pour acquérir progressivement la capacité de produire selon des standards technologiques et qualitatifs internationaux. Sont éligibles à la mise a niveau, les entreprises potentiellement compétitives ayant des difficultés structurelles et opérationnelles identifiables. 25 Cf. CE 2009 – Lignes directrices d’une AT efficace : Une unité d'exécution des projets est dite parallèle lorsqu’elle est créée et fonctionne en dehors des structures institutionnelles et administratives du pays, sous contrôle d’un bailleur. Au titre des 8 principes clés de la stratégie de la CE, il est souhaitable d’éviter le recours aux unités parallèles d’exécution des projets et promouvoir des dispositifs efficaces d’exécution de projets. Il conviendra d’éviter autant que possible le recours aux unités parallèles d'exécution de projets et de privilégier des dispositifs efficaces de mise en œuvre pleinement intégrées et « redevables » vis-à-vis des structures nationales. Rapport final – août 2010 Page 100 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Mais l’expérience montre que, pour disposer de toutes les chances de réussir, un processus de mise à niveau dépend d’un certain nombre de préalables et de conditions dont les plus importantes sont les suivantes : • L’expression d’une volonté politique forte et un pilotage résolu par l’Etat. Cette condition est indispensable pour faire de la mise à niveau un programme mobilisateur et impulser une dynamique de changement durable. L’expérience tunisienne le montre très bien, le succès repose sur un pilotage « global » des actions en faveur du secteur privé. Or il n’existe pas aujourd’hui au Cameroun d’instance interministérielle chargée de s’assurer de la cohérence des différentes actions des départements ministériels en faveur du secteur privé Si une implication sans réserve de l’Etat, dans son ensemble est indispensable à la crédibilité et à l’efficacité du programme, l’Etat doit garder présent à l’esprit que la Mise à Niveau est un processus fondé sur la demande. A l'image des procédures tunisiennes, la charge du financement de la modernisation incombe bien aux actionnaires et aux banques, non à l'Etat dont le rôle est incitatif et « orientateur ». Les expériences des autres pays montrent que le pilotage résolu par l’Etat ainsi que la mise en place de dispositifs de financement pérennes sont les deux éléments clefs de la réussite d’un programme de mise à niveau : ils permettent en effet d’intégrer des projets de bailleurs de fonds dans une politique nationale, et non l’inverse. • Un cadre institutionnel suffisamment développé qui assure la cohérence des institutions d’appui au tissu productif et commercial. Ce cadre doit dépasser la logique purement administrative au profit d’un véritable accompagnement devant apporter une valeur ajoutée réelle aux entreprises en accélérant la réalisation de leur plan de Mise à Niveau. • Un climat des affaires assaini. Ce n’est possible que si les réformes proposées à cet effet par le Cameroon Business Forum sont mises en œuvre rapidement, sans quoi les recommandations émises depuis plusieurs années par le secteur privé n’ont quasiment aucune chance d’être mises en œuvre, et chacun, public et privé, continuera à se rejeter la responsabilité de l’immobilisme et de ces mauvaises notes attribuées, d’année en année, par les indicateurs de perception du climat des affaires. Mais il ne suffit pas de réunir gouvernement, hauts fonctionnaires et associations professionnelles autour d’une table pour qu’un climat de confiance s’instaure et que Rapport final – août 2010 Page 101 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD des orientations de politique économique soient conjointement élaborées. Des mesures à effet rapide (Quick Wins) peuvent créer un élan de réforme, mais il est essentiel d’adopter une perspective à long-terme qui dépasse largement les aspects concurrentiels des classements émis par Doing Business. • L’identification de secteurs porteurs, avec une masse critique d’entreprises suffisante pour constituer un vivier en vue de la constitution d’une grappe (cluster) • Un tissu d’entreprises qui se densifie par le développement de la sous-traitance. Là encore, l’expérience montre que la densification du tissu d’entreprises est un préalable à toute tentative d’amélioration de sa compétitivité • Des entreprises en bonne santé : la grande majorité des PME camerounaises, y compris celles qui ont un potentiel de croissance, souffre de déséquilibres financiers. Or la restauration de l’équilibre financier représente un élément fondamental de l’amélioration durable de la compétitivité de l’entreprise, puisqu’elle lui permet aussi bien de réduire ses frais financiers, et, par voie de conséquence, ses prix de revient, que de faciliter l’accès a des outils de financement a plus long terme pour réaliser ses investissements et croitre a un rythme soutenu. • Un partenariat solide et durable avec le secteur privé, en particulier avec les organisations professionnelles, notamment pour pouvoir bénéficier d’un dispositif de formation professionnelle répondant aux besoins de l’économie d’un double point de vue, qualitatif et quantitatif et qui fonctionne en partenariat avec les entreprises et qui soit au service du système productif. • Un secteur financier qui accompagne la modernisation des entreprises. Le secteur financier camerounais doit pouvoir accompagner les entreprises une fois «modernisées» ou mises à niveau. Il conviendrait donc de compléter les « trous » dans le paysage financier camerounais en diversifiant et élargissant la gamme des outils disponibles (outils de capital risque, fonds de garantie, etc.). • Une offre d’appui conseil/formation capable d’accompagner les PME dans leurs démarches pour devenir compétitives en termes de prix, qualité, innovation et capables de suivre et de maîtriser l’évolution des techniques et des marchés. On en est encore loin aujourd’hui au Cameroun car, même s’il émerge progressivement une consultance nationale de qualité, sa capacité à faire des diagnostics pas seulement techniques, mais stratégiques, est encore faible Rapport final – août 2010 Page 102 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 11. Dispositif de mise en œuvre et de suivi évaluation de la stratégie La mise en œuvre de la stratégie de compétitivité sera assurée par l’Etat qui en sera le maître d’ouvrage principal. Les ministères sectoriels constitueront les acteurs institutionnels de la mise en œuvre de la stratégie. Le secteur privé et la société civile, en tant que partenaires de l’Etat, seront également sollicités pour leur contribution dans la définition et la réalisation de certains volets spécifiques. Les partenaires au développement seront également mis à contribution pour apporter à l’Etat et aux autres acteurs nationaux du développement ci-dessus cités et en fonction des besoins exprimés, une assistance technique et financière appropriée. Tenant compte du rôle de la stratégie de compétitivité dans le contexte du DSCE, il est proposé que le cadre institutionnel de sa mise en œuvre soit placé sous l’autorité directe du Chef du Gouvernement, signe tangible d’une volonté politique de faire de la compétitivité une cause et une priorité nationales. Il est proposé que ce cadre soit articulé sur deux niveaux : le niveau stratégique et le niveau opérationnel, avec trois structures en charge du la mise en œuvre et du suivi de la stratégie de compétitivité : - Un Comité National de Pilotage de la Compétitivité. Présidé par le Premier Ministre, ce Comité est un cadre d’information, d’orientation et d’échange permettant aux différents segments de la société d’exprimer leurs attentes et analyses et de formuler des orientations sur la mise en œuvre de stratégie de compétitivité. - Un Comité technique de suivi-évaluation de la Stratégie de Compétitivité. Composé des représentants des ministères sectoriels concernés ainsi que des représentants du secteur privé et de la société civile, ce Comité est la cheville ouvrière de l’élaboration de la stratégie de compétitivité. Présidé et animé par le MINEPAT, son rôle principal sera de superviser globalement la mise en œuvre de la stratégie dont le système suivi- évaluation sera fondé sur les principes de la Gestion Axée sur les Résultats (GAR) et basé sur des matrices d’action contraignantes en termes de résultats, de responsabilités et de délais. Rapport final – août 2010 Page 103 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Ce comité sera chargé plus particulièrement d’assurer la coordination des politiques sectorielles et celles à caractère transversal dans la mise en œuvre de la stratégie, de suivre cette mise en œuvre et de dresser un rapport périodique sur son déroulement. Pour ce faire il s’appuiera sur l’Observatoire de la Compétitivité dont la création a été proposée afin de permettre au Gouvernement de disposer d’un outil permanent d'observation et d’analyse de l’évolution de la position compétitive du Cameroun ainsi que d’une batterie d’indicateurs pour mesurer et évaluer les progrès accomplis dans ce domaine. - Des groupes Filières. Les travaux d’élaboration de la stratégie de compétitivité ont permis de dégager une liste de quatre filières de croissance prioritaires où l’avantage concurrentiel est avéré : bois, agro-industries, tourisme, BTP et aussi les TIC etc., Il s’agira de bâtir autour de ces filières de véritables pôles intégrés de compétitivité, par une mise à niveau et un accompagnement public susceptible de faire émerger dans chacune de ces filières des entreprises nationales « championnes ». Dans cette perspective, et comme le prévoit le DSCE, l’Etat son rôle d’Etat stratège et pour chaque grande filière de croissance négociera avec le secteur privé, des plans de développement intégré à moyen terme, visant à stimuler l’investissement, la productivité et la compétitivité des entreprises de la filière. Il accompagnera les efforts propres des entreprises dans la mise en œuvre de ces plans de développement intégré par : (i) des programmes spécifiques d’impulsion de la compétitivité pour les filières les plus porteuses de croissance ; (ii) des programmes spécifiques de mise à niveau pour les PME et PMI dans chacune de ces filières. Les instruments juridiques et financiers pour la mise en œuvre des actions ci-dessus décrites seraient les conventions cadres d’appui direct signées avec les organisations professionnelles des filières. Les progrès en matière de compétitivité seront mesurés et évalués par des indicateurs synthétiques de compétitivité au plan quantitatif (croissance du PIB, IDE, performance industrielle et commerciale, GCI et ETI, etc.) et au plan qualitatif (environnement des affaires, entreprenariat, dialogue public privé, évolution de l’informel, progression de l’économie du savoir), ainsi que des indicateurs synthétiques de niveau de vie, de cohésion sociale et de développement durable (indicateur de développement humain qui se compose par la valeur moyenne de trois indicateurs de base : le PIB par habitant, l’espérance de vie à la naissance et le niveau d’instruction) Rapport final – août 2010 Page 104 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Sur un plan opérationnel, ces indicateurs pourraient ensuite être analysés comme suit : La position du Cameroun serait d’abord analysée par rapport à la moyenne africaine (à partir des pays d’Afrique subsaharienne pour lesquels les données sont disponibles) qui sert de "benchmark ". Si la valeur du Cameroun est alors de 20 % supérieure (ou égale) à la moyenne africaine, alors l’indicateur serait classé "vert" (position favorable). Si la valeur du Cameroun est de 20 % inférieure (ou égale) à la moyenne africaine, alors l’indicateur serait classé "rouge" (position défavorable). Au cas où la valeur du Cameroun se situe entre + 20 % et - 20 % de cette moyenne, alors l’indicateur se classerait en "orange" (position neutre) En liaison étroite avec les institutions du cadre de promotion de la compétitivité, essentiellement le Comité de Compétitivité et le Cameroon Business Forum, ce Comité devrait être la cheville ouvrière d’un dispositif agissant comme le catalyseur d’une mobilisation nationale au Cameroun pour faire évoluer les mentalités. Celle-ci est nécessaire pour libérer la croissance et que l’initiative privée soit véritablement libérée des entraves à son développement. Tous les pays, du Nord comme du Sud, qui ont entrepris avec succès des réformes dans ce domaine se sont appuyés sur une mobilisation de l’opinion ne laissant persister aucune ambiguïté sur le caractère inéluctable des changements structurels à opérer. Réussir la libération de la croissance doit donc être une priorité pour tous. Elle constitue un défi national car la réussite des réformes qu’elle implique n’est possible que si tous les acteurs nationaux, administrations, secteur privé, société civile y participent en prenant conscience que ces réformes ne correspondent pas à des choix partisans ou à des soucis électoraux, mais à des nécessités qui servent le pays entier en lui donnant toutes les chances d’atteindre les objectifs du DSCE. Dans ce contexte, des actions de communication et de pédagogie appropriées sont indispensables pour renforcer le dialogue et le débat autour des questions clés de la stratégie et favoriser la dissémination des informations à tous les niveaux et aussi pour promouvoir l’entreprenariat et ouvrir les esprits à la culture de l’entreprise Rapport final – août 2010 Page 105 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 12. Conclusion Le Cameroun a encore du chemin pour parvenir à lever les obstacles et les goulots d’étranglement, notamment structurels, qui restent nombreux, et pour bâtir les capacités indispensables, tant du côté privé que du côté public, afin de faire face aux enjeux et aux défis du DSCE, et ce faisant, être à même de rejoindre le peloton de tête des « champions » africains. Tous les observateurs s’accordent à dire que le pays en a les moyens à conditions de sortir de l’immobilisme qui a été sa marque de fabrique durant cette dernière décennie et d’en finir avec un certain nombre de paradoxes qui lui sont caractéristiques, notamment : - un pays qui sort difficilement de vingt années d’ajustement structurel et qui, en avance sur beaucoup d’autres, atteint dès 2006 le point d’achèvement de l’initiative des pays pauvres très endettés (PPTE) de la Banque mondiale, ce qui lui a permis de réduire sa dette extérieure, mais son faible taux de croissance, de 3,2 % en moyenne de 2003 à 2008, n’a pas permis pour autant de réduire la pauvreté. - Son élite est réputée bien formée et son produit intérieur brut (PIB) représente le tiers de celui de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), pourtant le pays n’arrive pas à assumer son rôle de leader naturel dans la région - Ses banques sont en « surliquidité », mais elles rechignent à financer les PME-PMI, qui représentent 83 % du secteur productif. Ses entreprises privées sont dynamiques, mais, après huit ans d’existence de la Bourse des valeurs mobilières de Douala, seules trois entreprises y sont aujourd’hui cotées. - Un pays où le dynamisme entrepreneurial est reconnu comme le plus important, et de loi, dans la région, mais où le dispositif public d’accompagnement est le plus faible, alors que le secteur informel assure plus de 90% de l’emploi. - Un pays agricole qui a longtemps été le principal grenier de la sous-région exportant des denrées alimentaires vers les autres pays de la CEMAC, mais qui, d’année en année, importe davantage de denrées alimentaires pour nourrir sa population, notamment 120 000 tonnes de maïs par an Rapport final – août 2010 Page 107 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Pour bâtir ces capacités et sortir de cette image de pays des paradoxes, il lui est nécessaire de rassembler dans une stratégie nationale de compétitivité, tous les ingrédients d’un processus réussi, comme ce rapport le présente, reposent sur trois grands piliers. - Le premier pilier est celui de l’investissement massif dans le capital humain, dans les infrastructures et les TIC, ce qui est aujourd’hui essentiel pour accroître la compétitivité. La constitution d’une capacité commerciale, par le biais d’une plus grande et meilleure formation de la main-d’œuvre et la mise à disposition d’infrastructures adaptées, permet à l’économie de mieux affronter la libéralisation des échanges et d’accroître l’aptitude du pays à attirer des investissements directs étrangers. - Le deuxième pilier est celui d’un secteur privé renforcé et mis à niveau pour être en mesure de lutter à armes égales avec la concurrence internationale pour le maintien et la progression des parts de marchés dans les secteurs porteurs. Pour ce faire, le pays doit agir sans tarder simultanément sur l’amélioration du climat des affaires, le renforcement des organisations du secteur privé et l’appui aux filières porteuses de croissance pour bâtir des avantages concurrentiels nationaux en vue d’appuyer la croissance et le développement de grappes concurrentielles. Le Cameroun risque de perdre ses avantages naturels en termes de concurrence s’il tarde à prendre en compte ces avantages et à en tirer profit. Une fois ces avantages identifiés, le Cameroun doit cibler, en fonction de leur impact fort sur la chaîne de valeur de leur économie nationale, un nombre restreint de filières pour concentrer les moyens d’obtention d’effets d’entraînement, et pour aider des entrepreneurs les plus performants, ou potentiellement performants à identifier les stratégies adéquates pour améliorer ou du moins conserver ces avantages concurrentiels. L’approche « déséquilibrée » sectorielle, qui consiste ainsi à « miser » sur quelques filières prioritaires pour constituer des grappes ou clusters susceptibles de « tirer » le développement de secteurs qui leur sont liés, est mieux adaptée à un contexte en développement où les ressources sont limitées. Tout le monde s’accorde à penser qu’aujourd’hui les pôles d'excellence industriels ou clusters sont pour l’Afrique un vecteur efficace d’insertion dans la mondialisation. - Le troisième pilier est celui d’un Etat renforcé dans son rôle de facilitateur et de régulateur de l’activité économique et disposant des compétences requises pour piloter et mener à bien les politiques nationales en faveur des clusters nationaux et des infrastructures dont ils ont besoin. Pour y parvenir, le Cameroun doit renforcer ses Rapport final – août 2010 Page 108 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD capacités de négociations, d’élaboration et de suivi des politiques publiques et développer des compétences dans la négociation d’accords commerciaux internationaux, la négociation de partenariats publics-privés et de contrats de mise en concessions, etc. Dans ce contexte, le rôle de l’Etat reste primordial, mais force est de constater que, dans son ensemble, l’organisation et les méthodes de travail de l’administration camerounaise sont encore aujourd’hui largement inadaptées aux exigences d’efficacité de l’économie de marché, dans l’environnement concurrentiel de la mondialisation. S’il est affirmé dans le discours officiel que le secteur privé doit être le moteur de la croissance dans le cadre d’une économie libérale, l’Etat Providence ne s’est pas encore transformé en Etat facilitateur et catalyseur des initiatives privées. Cela dit, les choses évoluent et on constate qu’une volonté de dialogue existe objectivement chez beaucoup de décideurs publics africains, conscients que la légitimité des politiques publiques est désormais conditionnée par leur efficacité au plan socio-économique. On commence à pouvoir identifier au sein des gouvernements et des administrations africaines des personnalités réformatrices favorables aux réformes et au dialogue avec le secteur privé et qui constituent autant de « poches d’efficacité » au sein des pouvoirs publics. Cette évolution est porteuse d’espoirs car l’intégration du Cameroun dans une économie mondialisée suppose un changement profond des mentalités. Ce changement doit se matérialiser par une nouvelle culture de l’innovation et de la compétitivité. La réforme doit être le fruit d’une relation « gagnant-gagnant » entre les pouvoirs publics et le secteur privé sur la base d’un processus de vision partagée entre les deux partenaires. L’Etat doit en tirer une plus grande création de richesses dans des conditions de transparence pour le bien général. Le secteur privé doit y trouver une amélioration de ses conditions d’opération et à la fin du compte une amélioration de ses profits. Rapport final – août 2010 Page 109 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Annexes 1. 2. 3. 4. 5. Classement du Cameroun selon l’indicateur Growth Competitive Index Classement du Cameroun selon l’indicateur Enabling Trade Index Analyse des facteurs clés de succès des pays africains « champions » de la compétitivité Liste des grands projets du Cameroun (source Standard Chartered Bank Cameroun) Pratiques et mécanismes actuels de financement des PME au Cameroun : état des lieux, outils manquants et perspectives d’amélioration 6. Liste des personnes rencontrées Rapport final – août 2010 Page 111 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ 1. ADE – ABPCD Indice de compétitivité mondiale 2007-2008 du Cameroun Classement GCI (Growth Competitive Index) Source : Rapport sur la Compétitivité en Afrique 2009 Classement 134 économies Score (1-7) GCI 2008-2009 114 3,5 GCI 2007-2008 (sur 131) 116 3,4 GCI 2006-2007 (sur 122) 109 3,4 Paramètres de base 109 3,7 1° pilier : Institutions 2° pilier : Infrastructures 3° pilier : Stabilité macro-économique 4° pilier : Santé et éducation primaire 116 117 34 125 3,2 2,3 5,5 3,7 Sources d’efficience 120 3,2 5° pilier : formation et enseignement supérieur 6° pilier : Efficience des marchés des produits 7° pilier : Efficience du marché du travail 8° pilier : Sophistication des marchés financiers 9° pilier : Ouverture à la technologie 8° pilier : Taille du marché 121 108 114 124 110 89 2,8 3,8 3,9 3,2 2,6 3,1 Sources d’innovation et de sophistication 108 3,1 11° pilier : Sophistication des entreprises 12° pilier : Innovation 108 108 3,4 2,7 Sources : World Economic Forum, Banque mondiale, BAD Moyenne Afrique subsaharienne Moyenne Amérique latine et Caraïbes Moyenne Asie du Sud-Est BRIC Brésil Chine Inde Rapport final – août 2010 3,5 3,9 4,5 64 30 50 4,1 4,7 4,3 Page 113 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Détail de l’indice de compétitivité mondiale (GCI) INDICATEUR 1er pilier : Institutions Droits de propriété Protection de la propriété intellectuelle Détournement de fonds publics Confiance de la population dans la classe politique Indépendance du pouvoir judiciaire Népotisme dans les décisions des fonctionnaires Gaspillage des fonds publics Poids de la réglementation Efficacité du cadre juridique Information sur les politiques publiques Coût du terrorisme pour les entreprises Coût de la délinquance et de la violence pour les entreprises Crime organisé Fiabilité des services de police Éthique des entreprises Qualité des normes d’audit et de communication financière Efficacité des conseils d’administration Protection des intérêts des actionnaires minoritaires 2e pilier : Infrastructure Qualité de l’infrastructure générale Qualité de l’infrastructure routière Qualité de l’infrastructure ferroviaire Qualité de l’infrastructure portuaire Qualité de l’infrastructure de transport aérien Sièges-kilomètres disponibles (en millions)* Qualité de la fourniture d’électricité Lignes téléphoniques (pour 100 habitants)* 3e pilier : Stabilité macro-économique Excédent/déficit public (% du PIB)* Taux d’épargne national (% du PIB)* Inflation (%)* Écart de taux d’intérêt (%)* Dette publique (% du PIB)* 4e pilier : Santé et enseignement primaire Impact du paludisme sur les entreprises Incidence du paludisme (nombre de cas pour 100 000 habitants)* Impact de la tuberculose sur l’activité des entreprises Incidence de la tuberculose (nombre de cas pour 100 000 habitants)* Impact du VIH/sida sur les entreprises Prévalence du VIH/sida (% de la population adulte)* Mortalité infantile (nombre de décès pour 1 000 naissances vivantes)* Espérance de vie (en années)* Qualité de l’enseignement primaire Scolarisation dans le primaire (taux net, en %)* Dépenses d’éducation (% du RNB)* Rapport final – août 2010 SCORE RANG/134 3,7 3,1 1,7 2,0 2,2 2,6 2,8 2,4 2,9 4,2 5,7 4,1 4,7 4,3 3,2 3,6 4,3 4,3 105 87 133 103 126 101 110 122 112 53 63 98 90 68 125 120 105 84 2,4 2,4 2,2 2,7 3,0 35,3 2,9 0,8 111 113 71 114 125 100 111 123 4,5 17,3 0,9 10,8 15,4 21 88 9 114 19 4,2 4,663,5 4,4 192,0 3,8 5,1 87,0 51,0 3,2 n/a 1,6 117 118 110 104 114 123 121 121 87 n/a 123 Page 114 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ 5e pilier : Enseignement supérieur et formation Scolarisation dans le secondaire (taux brut, %)* Inscriptions dans le supérieur (taux brut, %)* Qualité du système éducatif Qualité de l’enseignement mathématique et scientifique Qualité des écoles de commerce Accès à Internet dans les écoles Services de recherche et de formation locaux Formation du personnel 6e pilier : Efficience des marchés des produits - Intensité de la concurrence locale Concentration du marché Efficacité de la politique de la concurrence Ampleur et répercussions des prélèvements fiscaux Taux d’imposition total (% des bénéfices)* Nombre de démarches nécessaires à la création d’une entreprise* Délai nécessaire à la création d’une entreprise* Coût de la politique agricole Prévalence des obstacles aux échanges commerciaux Droits de douane pondérés par les échanges (% des droits)* Prévalence des intérêts étrangers dans le capital Impact sur les entreprises de la réglementation sur l’IDE Poids des procédures douanières Attitude vis-à-vis des clients Sophistication des acheteurs 7e pilier : Efficience du marché du travail Coopération dans les relations personnel/employeurs Souplesse dans la fixation des salaires Coût du travail hors salaire (% du salaire)* Rigidité de l’emploi (0 à 100, 100 étant le plus mauvais score)* Pratiques d’embauche et de licenciement Coût de licenciement (en semaines de salaire)* Rémunération et productivité Fiabilité de l’encadrement Fuite des cerveaux Participation des femmes à la population active* 8e pilier : Sophistication des marchés financiers Sophistication des marchés financiers Financement via les Bourses locales Facilité d’accès aux prêts Disponibilité du capital-risque Limitation des flux de capitaux Solvabilité des banques Réglementation des Bourses des valeurs mobilières Indice de fiabilité des droits des créanciers et emprunteurs (0 à 10, 10 étant le meilleur score)* Protection des investisseurs (0 à 10, 10 étant le meilleur score)* Rapport final – août 2010 ADE – ABPCD 23,7 6,7 3,2 3,7 3,9 2,0 3,5 3,4 4,6 128 108 85 86 78 121 94 104 90 3,4 3,6 2,8 51,9 13,0 37,0 4,2 4,3 14,1 5,3 4,5 2,8 4,1 2,8 85 78 116 97 108 87 44 92 121 59 104 111 98 113 3,9 4,7 16,0 46,0 4,0 33,0 3,4 3,6 2,6 0,7 108 94 65 93 56 59 115 120 103 91 1,9 2,8 2,1 2,1 3,8 5,4 2,9 3,0 134 119 126 123 106 82 126 93 4,3 86 Page 115 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ 9e pilier : Ouverture à la technologie Disponibilité des technologies les plus récentes Assimilation de la technologie par les entreprises Lois relatives aux TIC IDE et transfert de technologie Abonnés à la téléphonie mobile (pour 100 habitants)* Internautes (pour 100 habitants)* Ordinateurs personnels (pour 100 habitants)* Abonnés Internet large bande (pour 100 habitants)* 10e pilier : Taille du marché Indice de la taille du marché intérieur* Indice de la taille du marché extérieur* 11e pilier : Sophistication des entreprises Nombre de fournisseurs locaux Qualité des fournisseurs locaux Niveau de développement des clusters Nature de l’avantage concurrentiel Position dans la chaîne de valeur Contrôle local de la distribution à l’international Sophistication des processus de production Utilisation du marketing Volonté de déléguer des pouvoirs 12e pilier : Innovation Capacité d’innovation Qualité des établissements de recherche scientifique Dépenses de R&D des entreprises Collaboration universités-entreprises pour la recherche Fourniture de produits techniquement avancés ADE – ABPCD 4,1 4,6 2,3 4,8 18,9 2,2 1,2 0,0 86 78 128 75 113 118 113 121 2,9 3,4 81 97 4,9 3,9 2,6 2,6 2,7 3,7 2,6 3,8 2,7 56 106 124 128 116 99 115 91 129 2,6 3,1 2,6 2,5 3,2 110 116 104 119 99 Pourcentage des réponses Note : Les personnes interrogées devaient désigner, dans une liste de 15 critères, les cinq les plus problématiques, et les classer de 1 (le plus problématique) à 5. Les barres du diagramme correspondent aux réponses pondérées en fonction de leur classement. Rapport final – août 2010 Page 116 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 2. Classement du Cameroun selon l’Enabling Trade Index, 2008 Pays/économie Classement général Ouverture aux échanges Obstacles tarifaires et non tarifaires Propension au commerce Administration des frontières Efficience de l’administr ation des douanes Efficience des procédures d’importexport Infrastructures de transport Disponibilité /qualité infrastructure de transport Disponibilité et qualité des services de transport Rang/118 score Rang/25 score score score Rang/25 score score score Rang/25 score score score Maurice 40 4,50 1 5,29 5,93 4,65 3 4,53 4,43 5,00 3 3,50 4,53 3 Tunisie 49 4,23 13 3,57 3,38 3,76 1 4,73 4,77 4,96 2 3,53 4,27 3,51 Afrique du Sud 59 3,98 6 4,10 3,28 4,92 4 4,21 3,76 4,33 1 3,74 4,12 4,35 Cameroun 92 3,42 12 3,58 3,99 3,17 7 3,43 3,48 4,07 21 2,37 2,44 2,88 4,27 4,04 4,43 4,04 3,74 4,40 3,41 3,89 3,55 Afrique subsaharienne 3,90 Source : Rapport sur la Compétitivité en Afrique 2009 Rapport final – août 2010 Page 117 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ 3. ADE – ABPCD Facteurs clés de succès des “Champions africains de la Compétitivité” (Botswana, Maurice, Tunisie, Afrique du Sud…) Source : Afrique, Rapport sur la compétitivité en 2009 (WEF, BAD et Banque Mondiale) • Le choix de l’insertion dans l’économie mondiale contre le protectionnisme : huit lions africains (RSA, Algérie, Botswana, Egypte, Maurice, Libye, Maroc, Tunisie) ont un revenu par habitant de 10.000 $ (supérieur à celui des BRIC) qui est de 8.800 $ (ces pays enregistrent un très bon score au classement ETI sur la mise en place d’un cadre de facilitation des échanges). Ces pays « tirent » la croissance du continent, laquelle est sur la période 2000-2008 plus élevée que la moyenne mondiale (5,3% contre 4%) et en 2010, malgré la crise mondiale, le taux de croissance africain avoisinera les 4,8%, soit deux fois pus que l’Union Européenne. • Un ancrage dans le commerce sud-sud en complément des liens traditionnels avec l’Europe et les USA. • Ces pays ont développé une conception holistique à long terme du développement sur la base d’une relation «gagnant-gagnant » avec le secteur privé, avec l’effet de réorienter le rôle de l’Etat au service d’une vision nationale claire basé sur un modèle de croissance tirée par les exportations, lequel permet d’importer du capital productif et de la technologie, d’améliorer la productivité de l’économie et donc de produire de la croissance. • Cette vision s’est traduite dans la plupart des cas par des politiques industrielles volontaristes, englobant à la fois une intervention sur l’environnement des affaires, (indispensable pour promouvoir le développement du tissu d’entreprises et améliorer sa compétitivité) et une intervention directe auprès de l’entreprise (de préférence ciblée dans des secteurs peu nombreux mais bien identifiés, où l’avantage concurrentiel est avéré). Ceci afin de l’aider à surmonter l’importance des goulets d’étranglement et les nombreuses imperfections de marché, en particulier dans l’accès très difficile aux capitaux et à l’information, et faire faire éclore des champions nationaux (cf. Etude du BCG en 2010 sur les « African Challengers »). • La plupart des ces économies ont commencé par s’appuyer sur une petite équipe spécialement en charge des réformes et rattachée au sommet de l’Etat. Cette équipe Rapport final – août 2010 Page 119 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD était responsable de l’élaboration et de l’actualisation de la stratégie de réforme, de la négociation avec les parties prenantes, ainsi que de la coordination et mobilisation des ressources nécessaires à la mise en œuvre (exemple du Botswana qui s’est doté d’une cellule de planification économique qui a démarré ses activités en 1965 avec un effectif de deux économistes, cette équipe est rapidement devenue la cellule noyau du ministère des Finances et de la Planification du Développement). Généralement, ces équipes en charge des réformes faisaient partie intégrante du processus politique tout en étant déchargées des questions administratives quotidiennes. Cela s’est avéré la meilleure manière de tirer parti des rares compétences techniques disponibles, d’optimiser l’impact sur la formulation de politiques et d’exécuter les fonctions principales de ces équipes, à savoir la formulation et l’actualisation des stratégies de développement économique, la construction du dialogue public privé et la réduction des résistances de l’administration... • Les pays en tête du classement se sont efforcés d’agir prioritairement sur les facteurs structurels qui affectent à long terme la compétitivité d’une économie, tout particulièrement le capital humain, en développant l’employabilité de leur population active, en améliorant la qualité de la formation et en alignant les programmes de formation sur les besoins du marché du travail. • Ils ont investi significativement dans les infrastructures, la formation de la main d’œuvre, c’est à dire tout ce qui peut aider le secteur productif à répondre à moindre coût et plus rapidement à l’accroissement de la demande. • Ils ont réussi la réforme de leur secteur financier. Trois places africaines (Ghana, Nigeria, Kenya) ont rejoint les dix plus fortes progressions boursières mondiales en 2010. • Ils considèrent l’IDE comme un moyen d’accéder aux technologies Rapport final – août 2010 Page 120 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ 4. ADE – ABPCD Les grands projets du Cameroun (USD 87 milliards) Infrastructures Autoroute Yaounde-Aéroport Nsimalen Coût total (en millions USD) Promoteurs Entité juridique 1,143 Etat du Cameroun; privé A créer Construction et gestion des terminaux du port de Kribi 952 Etat du Cameroun; privé A créer Construction et gestion du port en eaux profondes de Limbe 952 Etat du Cameroun; privé A créer Autoroute Douala-Yaounde 952 Etat du Cameroun; privé A créer Construction du port en eaux profondes de Kribi 410 Etat du Cameroun; privé A créer Deuxième Pont sur le Wouri 229 Réhabilitation des accès ouest et est de Douala 152 Etat du Cameroun Etat du Cameroun Construction de la route Bamenda-Enugu (Nigéria) 152 Etats du Cameroun & Nigéria Etats du Cameroun & Nigéria Construction du yard pétrolier de Limbe 103 MINFI; SNH; CSPH CNIC Rénovation de l'aéroport de Douala 101 Etat du Cameroun; ADC ADC Construction de 1000km supplémentaires de chemin de fer Construction de la route Sangmelima-Frontière Congo Energie Barrage de Mekin Etat du Cameroun 67 Etat du Cameroun; privé TBD Coût total (en millions USD) Etat du Cameroun Promoteurs 62,571 Etat du Cameroun; privé Etat du Cameroun; Sinohydro Corp. Barrage hydroélectrique de Memve'ele 895 Barrage de retenue de Lom Pangar 335 Etat du Cameroun; EDC Centrale à gaz de Kribi 286 Centrale hydroélectrique de Birni a Warak 162 Etat du Cameroun; privé Centrale à fuel de Dibamba Mines & Metallurgie 99 Coût total (en millions USD) Usine d'Aluminium de Kribi (y compris centrale électrique) 8,381 Mines de minerais de fer: CamIron 2,381 Extension de l'usine Alucam Edea 1,238 Mines de diamants 952 Mines de Cobalt, Manganese & Nickel: Geovic 333 Mines de bauxite (y compris chemin de fer) TBD Rapport final – août 2010 Etat du Cameroun; AES Corp. Etat du Cameroun A créer A déterminer Entité juridique A créer A créer A créer KPDC A créer Etat du Cameroun; AES Corp. AES Sonel Promoteurs Entité juridique Etat du Cameroun; Rio A créer Tinto Alcan Etat du Cameroun; CamIron SA Sundance Resources Etat du Cameroun; Rio Alucam Tinto Alcan Etat du Cameroun; C&K Mining Korea C&C Mining; Koko SNI; Geovic Mining Geovic Cameroon Plc Corp. Etat du Cameroun; Cameroon Alumina Ltd Dubai Aluminium; Page 121 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ Telecom & Autres ADE – ABPCD Coût total (en millions USD) Usines d'engrais chimiques Promoteurs Entité juridique 1,874 Etat du Cameroun; privé Deploiement du réseau de fibre optique 810 Developpement d'hyperextensions agro-pastorales 381 Etat du Cameroun; privé Usine de ciment de Limbe Complexe Edeatech MINPOSTEL; Camtel A créer Camtel A créer Afko Cement Production Co. Ltd Edea Techopole Service TBD Etat du Cameroun; privé Corp. 38 AFKO Corporation; Caininvest Les plus avancés Projets et observations Déploiement du réseau de fibre optique Travaux de pose entamés en 2009, achèvement en 2011 USD 70mios levés par GoC (9); Camtel (9mios financés par Standard Chartered Bank) ; China Eximbank (52) Coût total (USD mios) 850 Construction du port en eaux profondes de Kribi Travaux de terrassement entamés USD 40mios mobilisés par le Gouvernement 430 Centrale à gaz de Kribi Construction entamée Négociations avec SNH pour la fourniture en gaz USD 64mios mobilisés par Gouvernement et AES 300 Barrage de retenue de Lom Pangar Etudes environnementales et de faisabilité achevées Recrutement des partenaires BTP Montage d’un crédit relais de ~USD 200mios en cours 350 Centrale à fuel lourd de Dibamba Mise en route en Décembre 2009 Refinancement de USD 80mios de crédits relais en cours 100 Extension de la raffinerie Sonara Travaux en cours Financement local de USD 100mios mobilisé Projet GNL de SNH Appels d’offre restreints pour études de faisabilité et pour conseil financier lancés 600 600 Geovic: mines de cobalt, manganèse et nickel Accès routiers en cours de construction USD 80mios mobilisés par Geovic et SNI Standard Chartered Bank mandaté comme conseil financier 350 Source : Standard Chartered Bank Cameroun Rapport final – août 2010 Page 122 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ 5. ADE – ABPCD Pratiques et mécanismes actuels de financement des PME au Cameroun : état des lieux, outils manquants et perspectives d’amélioration • Un secteur bancaire restructuré, mais pas à l’abri d’une nouvelle crise Après la crise des années 8026, le système bancaire camerounais a été entièrement restructuré et cet assainissement a permis de restaurer la solvabilité et la liquidité de trésorerie des banques dont l’actionnariat s’est privatisé et diversifié. Avec un taux de bancarisation compris entre 5 et 7%, le secteur bancaire compte aujourd’hui douze banques, dont quatre camerounaises, lesquelles opèrent à côté de 600 établissements de micro-finance, dont seulement 450 sont agréés par le ministère des finances. Très liquide, ce qui s’explique par la rareté des possibilités d’emplois sous forme de prêts en combinaison avec les règles prudentielles sur la concentration de prêts et l’absence d’un marché financier moderne sur lequel les banques pourraient diversifier leurs emplois, le secteur bancaire est dominé par deux filiales de banques françaises. Il s’agit de la BICEC, filiale du Groupe Banque Populaire, avec 950 millions de $ d’actifs, suivie par la SGBC, filiale du groupe Société Générale, avec 911 millions de $. Ces deux groupes bancaires bien implantés sur le territoire camerounais (28 agences pour la BICEC et 21 pour la SGBC) sont suivis de près par Afriland First Bank (760 millions de $ d’actifs) et par un certain nombre de banques africaines qui arrivent en force sur le marché camerounais : la Banque Atlantique, qui a repris Amity Bank, Oceanic Bank, qui a repris l’Union Bank of Cameroun, Attijariwafa Bank du Maroc qui est en train de reprendre la SCB/Crédit Agricole du Cameroun et United Bank of Nigeria (UBA) qui, en moins d’un an, a étendu son réseau sur quatre des dix régions du pays. De nouvelles banques arrivent au moment où des banques nationales en difficultés ont été mises sous administration provisoire par la COBAC (Commission Bancaire d’Afrique Centrale). 26 Dans les années 1980, un certain nombre d’établissements bancaires camerounais ont connu la faillite en raison de leur mauvaise gestion par l’Etat, leur principal actionnaire. Tirant les leçons de ces échecs et pour mettre fin aux crédits de complaisance facilités par le chevauchement des intérêts politiques et économiques, l’Etat a alors mis en place une politique plus favorable aux investisseurs étrangers. Rapport final – août 2010 Page 123 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD C’est le cas en 2009 d’Amity Bank reprise par la suite par la Banque Atlantique, de l’Union Bank Cameroon (UBC) et, plus récemment, de la Commercial Bank of Cameroon, ce qui a provoqué des retraits importants (entre 20 et 30 milliards de FCFA depuis novembre dernier). L’Etat camerounais a réagi en annonçant le déblocage d’une aide financière aux deux banques concernées ainsi qu’une prise de participation de l’Etat dans leur capital. Cet interventionnisme de l’Etat inquiète les acteurs du secteur qui craignent que, prétextant une nécessaire restructuration des banques concernée, l’Etat en revienne à une politique systématique d’immixtion dans le capital des institutions financières camerounaises et que, ce faisant, les mêmes causes reproduisent les mêmes effets. • Une défaillance importante du marché camerounais dont les TPE/PME sont les premières victimes Le fait est, et ce que souligne l’administration camerounaise, les banques étrangères ne financent que très peu les PME nationales. C’est vrai de l’ensemble des banques commerciales qui ne sont pas naturellement intéressées par ce segment de clientèle qu’elles connaissent peu et qu’elles jugent trop risqué ; toutes, à quelques exceptions près, mettent en avant l'incapacité des PME à pouvoir fournir les sûretés réelles qu’elles leur demandent en garantie d’un emprunt, leur réticence à les communiquer qui les handicapent pour formuler des demandes de financement recevables par les institutions financières et aussi le faible développement des services d’appui susceptibles de les aider à formaliser des dossiers « bancables ». Les analyses statistiques montrent clairement que l’accès au crédit est en effet fortement tributaire de la taille des entreprises, de leur âge et du secteur d’activité dans lesquelles elles opèrent : ce sont les entreprises de grande taille, filiales de groupes étrangers, âgées de plus de dix ans et évoluant dans le secteur manufacturier qui bénéficient du crédit fournisseur Les PME camerounaises continuent donc de souffrir d’un accès au financement limité qui contraint leur émergence et leur développement ultérieur. L’autofinancement et les associations informelles d’épargne et de crédit (cf. les tontines) restent leurs sources de financement principales, mais ces mécanismes sont cependant peu prévisibles et limités dans leur rôle de mutualisation du risque Rapport final – août 2010 Page 124 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Ce sera le cas aussi longtemps que l’accès aux financements formels restera médiocre. En dépit de la volonté affichée de plusieurs banques commerciales de la place, dont certaines disposent de lignes de crédit dédiées aux PME, et de l’existence de mécanismes de garantie, les PME sont encore considérées, à tort ou à raison, comme une clientèle à haut risque et le niveau d’exigence des banques est souvent très élevé en terme de capacités des entrepreneurs d’une part et en terme de niveau de fonds propres d’autre part. L’accès aux crédits bancaires reste ainsi soumis à la capacité à disposer de garanties et de présenter un projet bancable respectant les ratios d’endettement sur fonds propres. On estime ainsi qu’au moins 30% des demandes de crédits des PME sont rejetées, mention non faite de nombreux emprunteurs potentiels qui recourent à des sources de financements non bancaires. Des recoupements de données permettent de situer les besoins de financements non satisfaits des PME dans une fourchette de 150 à 350 milliards de FCFA. Les raisons fréquentes que les banques évoquent pour le rejet de ces demandes de crédits sont : - le coût élevé du traitement administratif des dossiers insuffisance de fonds propres la perception élevée du risque associé l’absence de garanties l’asymétrie de l’information (informations non disponibles ou peu fiables à la fois sur la viabilité du projet emprunteur et sur son promoteur ou gestionnaire) et propension de beaucoup de PME camerounaises de faire des allers/retours dans le secteur informel, au gré de leurs difficultés et de l’importance du harcèlement fiscal dont elles font régulièrement l’objet. Les intermédiaires financiers non bancaires, tels que les organismes de micro-crédit, pourraient jouer un rôle important dans les prêts aux plus petites des PME, mais ne disposent pas de capacités suffisantes pour suivre leurs clients lorsque ceux-ci se développent. Malgré la surliquidité du secteur bancaire camerounais, les PME continuent à se trouver dans une situation où elles manquent cruellement de moyens financiers à moyen et à long terme pour constituer et acquérir des équipements et financer leur fond de roulement. Cette situation a poussé les bailleurs de fonds à mettre sur pied des outils destinés à appuyer les institutions de micro-finances et à les accompagner dans l’appui aux PME. C’est le cas de l’AFD qui intervient à cet effet à travers quatre instruments : Rapport final – août 2010 Page 125 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD 1. la garantie ARIZ (Assurance pour le Risque des Investissements en ZSP) qui couvre partiellement le risque économique attaché aux prêts ou aux apports en fonds propres en faveur d’entreprises locales, dans une limite de 50 % du montant du prêt des prêts à moyen et long terme accordés aux entreprises par des banques locales agréées. Depuis fin 2001, 67 PME camerounaises ont bénéficié de ce système pour un encours garanti de 8,5 milliards de FCFA. 2. ACEP Cameroun (Agence pour le Crédit à l’Entreprise Privée) est une institution de micro finance prêtant aux TPE en milieu urbain. Créée en 1999 avec l’appui financier de l’UE et de l’AFD, ACEP Cameroun a été privatisée en octobre 2005. Entre cette date et décembre 2006, 5400 crédits ont été octroyés pour un montant total de 7,2 milliards de FCFA (soit une moyenne de 1,3 millions de FCFA par crédit). Dans le cadre de sa facilité micro finance, l’AFD a octroyé à ACEP Cameroun un prêt de 1,5 millions d’Euros libellés en FCFA, prêt décaissé en 2007. 3. PRO-PME, société privée que l’Agence refinance également et qui est issue d’un projet de l’aide canadienne (prêts aux PME de 15 à 60 millions de FCFA). 4. ADVANS Cameroun, un établissement de micro finance créé par La Fayette Investissement (LFI) dont l’actionnariat est composé d’Horus (opérateur technique), la BEI, la SFI, la KfW, le FMO et l’AFD (à hauteur de 14%). Dotée d’un capital de 500 millions de FCFA, la société vise une clientèle de TPE de moins de 20 salariés en milieu urbain. Le marché financier camerounais fait donc l’objet d’une défaillance importante au détriment des PME. En effet, entre le plafond des prêts octroyés par les institutions de microfinance et le plancher du crédit bancaire (50.000 €– 500.000 € environ) se trouve un véritable « trou » où les entreprises ne trouvent pas de financement Rapport final – août 2010 Page 126 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Cette discontinuité dans l’offre financière touche les PME qui n’ont ni la notoriété ni les ressources pour satisfaire aux exigences des banques et dont les besoins de financement ne peuvent être satisfaits. Elle touche également les TPE dont les besoins de trésorerie et d’investissement ne peuvent être couverts par l’offre actuelle de la micro-finance. Si certaines micro-entreprises bénéficient de prêts de la micro-finance pour assurer des problèmes de trésorerie, elles sont sans solution lorsque leurs activités croissent et qu’elles ont besoin de crédits d’investissement à moyen terme. • C’est pour accéder à ces crédits et pallier à cette contrainte touchant aux garanties que le GICAM (Groupement Inter Patronal du Cameroun) a élaboré un projet de Fonds de Garantie Multi-métiers (FOGAMU) qui, avec un capital de 5 milliards de FCFA, visera essentiellement les «grosses » PME dont le concours garanti moyen sera de 200 MFCFA. • Le capital-investissement est également une solution dans la mesure où il permet de combiner partenariat financier (apport en capital et en prêt) et partenariat managérial de proximité permettant à l’investisseur et à l’entrepreneur de suivre ensemble les mêmes indicateurs de performance pour permettre à l’entreprise de devenir progressivement autonome, rentable, éligible aux financements bancaires et capable de reprendre les parts de l’investisseur (exemple de ce que fait Investisseur & Partenaire -I&P). Mais le capital-risque est encore embryonnaire et mal connu au Cameroun, ce en raison de pesanteurs historiques, culturelles, socioculturelles ajoutées à une méconnaissance de la part des entrepreneurs. Ce déficit d’information est générateur de beaucoup de malentendus : alors qu’un nombre croissant d’entrepreneurs camerounais admet l’impact positif pour lui de l’apport non financier du capital-risqueur (réseau international, assistance permettant d’établir des relations consultatives de qualité, un soutien de terme de réflexion stratégique et de projection dans l’avenir, etc.), d’autres, au contraire, continuent de dénoncer le côté intempestif pour eux de l’intervention du capital-risqueur dans la gestion de leur entreprise. • Une offre de services d’appui non financiers trop limitée pour répondre aux besoins des entreprises Le secteur bancaire camerounais met en avant trois faiblesses majeures à ses yeux des PME nationales pour expliquer ses réticences à aborder ce segment de marché : (1) la faiblesse généralisée de leurs fonds propres, (2) l’insuffisance d’organisation Rapport final – août 2010 Page 127 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD en ce qui concerne la gestion, les ressources humaines, la gestion administrative et les fonctions de contrôle et (3) le manque chez elles de vision du futur, trop de PME sont issues d’une initiative plutôt impulsive de l’entrepreneur, sans analyse approfondie du marché et de la concurrence. Ces reproches sont en grande partie justifiés. La plupart des observateurs s’accordent à dire que si au Cameroun en particulier il y a certes un foisonnement d’entrepreneurs, il y a en définitive très peu d’entrepreneurs-managers. La plupart des créateurs d’entreprises agissent encore par mimétisme ou par flair et beaucoup ont du mal à entrer dans une démarche structurée respectant les étapes de création (étude de marché, étude technique, étude financière) sont encore peu respectées. Les besoins d’appui à ce niveau sont certes réels, mais sont beaucoup plus importants dans la phase de décollage des entreprises. En effet, au Cameroun, l’expérience de ces dernières années montre qu’il s’agit moins d’appuyer la création d’entreprise (laquelle est généralement mue par des choix autonomes et individuels) que de pouvoir accompagner les entreprises dans leur phase de décollage, une fois qu’elles ont franchi toutes difficultés initiales au plan financier, organisationnel et socioculturel, pour renforcer leur capacités managériales et pouvoir obtenir les financements nécessaires 27. 27 L’un des obstacles à la création d’entreprises souvent constaté au Cameroun est le délai qui s’écoule entre l’investissement initial et le premier revenu tiré de l’entreprise. De nombreux entrepreneurs abandonnent leur projet en cours de création en raison de la pression exercée par la priorité donnée à la couverture des dépenses familiales. Cela est particulièrement vrai pour les jeunes qui ont souvent dû emprunter pour financer leur formation et qui ont une pression pour rembourser rapidement leur emprunt dès la fin de leurs études. Rapport final – août 2010 Page 128 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD C’est pour répondre à ce besoin que le GICAM a mis sur pied un Business Advisory Service (BAS), un bouquet de services destinés à contribuer au renforcement des capacités du secteur privé, tout particulièrement les PME-PMI dans les domaines qui leur font le plus défaut : le management, les normes et la qualité, l’accès au financement, l’accès à l’information sur les marchés. Mais le marché des PME est jugé peu solvable par les prestataires nationaux dont la gamme des services disponible est aujourd’hui peu lisible, avec la plupart du temps une certaine confusion entre expertise comptable et conseil en management. De fait, les prestataires sont souvent généralistes : ne pouvant se positionner spécifiquement sur le marché de l’appui-conseil aux PME jugé peu solvable, ils se tournent la plupart du temps vers des prestations d’étude demandées par les bailleurs de fonds. Pourtant, la PME camerounaises a besoin, à chaque stade de son évolution, de services d’appui-conseil très spécifiques : - Dans sa phase de création, l’entreprise cherche surtout à ne pas disparaitre, le très court terme est privilégié, la gestion se fait largement au jour le jour de manière très opportuniste. Cette période ne permet réellement l’insertion que du seul entrepreneur. Dans la très grande majorité des cas, l’entreprise reste informelle. Son besoin à ce stade est plus tourné vers des formations collectives : notions de marketing ou de gestion, système comptable - Dans sa phase d’accumulation, l’objectif de l’entreprise est de dégager des marges suffisantes pour sortir de la logique de survie et permettre la mise en place d’une organisation plus structurée et pérenne autour d’une activité principale. Elle passe souvent par l’accès à un marché plus important qui, à travers les moyens financiers qu’il génère, permet de développer le réseau de relations et de renforcer la maîtrise des techniques utilisées. L’entreprise débute sa formalisation en ayant pignon sur rue et paye les taxes les plus courantes (le plus souvent la patente ainsi que la carte de commerçant). Cette phase s’accompagne des premiers recrutements que ce soit de salariés ou d’apprentis. Son besoin, à ce stade, est plus tourné vers de l’appui-conseil en matière de gestion, d’organisation de la production, formation du personnel Rapport final – août 2010 Page 129 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ - ADE – ABPCD Dans sa phase de développement et de diversification, l’entreprise cherche alors à renforcer son avantage comparatif en accédant à des marchés à plus forte valeur ajoutée, ce qui passe le plus souvent par une amélioration significative de la qualité des produits ou de ses services et de l’originalité de sa production. Cette phase, souvent source d’innovations, génère le besoin de compléter la formalisation pour accéder aux marchés ciblés, le développement de ressources humaines spécialisées en est une autre conséquence. Cette phase permet l’emploi d’une main d’œuvre plus diversifiée voir le développement d’une sous-traitance. Son besoin est plus tourné vers du conseil personnalisé en gestion ou marketing, des conseils technologiques, opportunités de contrats de sous-traitance, formation du personnel technique, recherche de partenaires, etc. Mais ces besoins ne sont pas ou très peu couverts par l’offre de services non financiers destinée aux PME/TPE. Celle-ci fait actuellement défaut, en quantité, diversité et pertinence, sur le marché camerounais. La plupart des prestataires professionnels considèrent de toute façon cette clientèle comme non solvable. Les services existants sont insuffisamment adaptés à la situation spécifique des PME ou alors ne sont pas fournis dans le cadre d’une relation commerciale qui pourrait inciter leur adaptation. De leur côté, la plupart des PME qui veulent entrer et se maintenir dans un cycle de croissance savent qu’elles ont besoin de moderniser leur production, d’innover ou de rationaliser leurs modes de gestion et sont conscientes de la nécessité d’une mise à niveau. Mais malgré tout, et on le constate fréquemment dans les enquêtes terrain, (1) les PME/TPE sont très peu portées à acheter des services de conseil dont l’offre est centrée principalement sur l’expertise comptable et sur l’assistance juridique et fiscale et (2) les petits entrepreneurs sont très peu conscients de leurs besoins d’accompagnement et du bénéfice qu’ils pourraient tirer à investir dans des services d’appui…D’autres encore n’ont pas forcément conscience de leur limites ou surestiment leurs capacités, ce qui ne constitue pas un terrain favorable à un processus de mise à niveau. Ce sujet du financement des PME a fait l’objet de nombreuses études et de l’organisation régulière de conférences et ateliers. Les recommandations issues de ces travaux ont rarement été mises en œuvre au-delà de la phase expérimentale, en raison semble-t-il de leur complexité ou de leur coût, et le secteur bancaire ne parvient toujours pas à apporter une réponse adéquate aux besoins des PME. Rapport final – août 2010 Page 130 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Les raisons sont toujours les mêmes : un système judiciaire, foncier, réglementaire, fiscal inadapté favorisant la prégnance du secteur informel, une réglementation bancaire jugée trop contraignante et des règles prudentielles trop strictes, une faible mobilisation de l'épargne locale et régionale, la perception de haut risque attachée aux PME, sans que l'on soit réellement en mesure de faire la part entre la méconnaissance des PME par le secteur bancaire et l'asymétrie de l'information qui poussent les banques à resserrer les crédits et à prendre une position de prudence Cependant, certains observateurs disent que deux éléments pourraient faire évoluer les choses en faveur des PME : (1) le relèvement de un milliard à dix milliards de FCFA du capital minimum des banques et (2) et l'arrivée sur le marché camerounais de banques africaines (Maroc et Nigeria comme UBA, Diamond Bank, Access Bank) dotées de moyens plus importants et de savoir-faire avéré dans le financement des PME, mouvement qui pourrait être accéléré et amplifié par un assouplissement des mesures réglementaires encadrant le crédit aux PME, notamment des mesures de pondération des risques PME. Mais pour le moment, l’accès des PME aux financements long terme pour financer leur projets d’investissement reste difficile et c’est là une contrainte à la mise en œuvre d’un plan de mise à niveau visant à préserver et développer le tissu d’entreprises camerounaises sur les marchés nationaux, régionaux et internationaux dans la perspective d’échéances rapprochées d’ouverture des marchés (cf. APE). C’est pourquoi nous proposons ici deux pistes d’action cohérentes et complémentaires dont la mise en œuvre est simple et qui peuvent avoir des résultats structurants et un impact positif rapide sur les PME prêtes à s’engager dans un processus de mise à niveau, à condition de les déployer conjointement : • Créer le marché des services non financiers en recourant à des fonds à coûts partagés permettant de rapprocher l’offre et la demande Pour survivre et se développer les PME camerounaises ont besoin d’accéder à toute une gamme de services d'appui destinés à améliorer leur productivité et leur compétitivité. Les enjeux sont financiers mais aussi organisationnels, managériaux, commerciaux et techniques Cependant le marché des services d’appui aux PME n’est pas actuellement suffisamment structuré et développé pour répondre à ces besoins, d’où la nécessité Rapport final – août 2010 Page 131 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD d’agir conjointement sur la demande en encourageant les « clients » potentiels à prendre conscience du bénéfice qu’ils peuvent en tirer et sur l’offre, en renforçant les capacités des prestataires de services. Mais les actions d’aide à la formulation de la demande et de renforcement de l’offre de services ne peuvent suffire à elle seules à stimuler le développement du marché des services d’appui aux PME encore embryonnaire au Cameroun. C’est pourquoi nous proposons la mise en œuvre d’un système de chèques services et de cofinancement destiné à baisser les coûts d’accès à ces services et à encourager la rencontre entre l’offre et la demande, en réduisant le risque financier encouru par les deux parties (voir format proposé à l’annexe 2) Ce système agira en faveur des PME (chèques services) pour prendre en charge une partie de leur besoin d’appui (formation de base pour les créateurs et les petites unités, prestations individualisées plus spécialisées destinées à des unités plus importantes) et aussi en faveur des groupements d’entreprises (sectoriels ou géographiques, associations professionnelles et organismes d’appui des PME Cette approche « collective » est indispensable car on voit mieux aujourd’hui la limite des systèmes traditionnels d’appui aux PME. Ceux-ci révèlent leurs principales faiblesses à travers une approche non participative, des concours accordés à des entreprises isolées, à la fois au plan géographique et au plan sectoriel, sans liens de synergies ou inter-actifs, ni avec des institutions publiques (de formation, de recherche) dans le cadre de stratégies visant à renforcer la compétitivité d’un secteur ou d’une filière donnée. Pour répondre aux besoins de renforcement de ces associations professionnelles, groupements et organismes d’appui, le dispositif fournira également des cofinancements. Le principe est identique à celui du chèque conseil, à savoir la prise en charge partielle du coût de la prestation d’appui conseil apportée à l’association, au groupement ou à l’organisme d’appui : prestation en appui à la réalisation d’un projet d’intérêt économique collectif : centrale d’achat, production groupée, coopérative de ventes ou d’exportation, showroom ou point de vente commun, etc. Le choix du prestataire (cabinets comptables, juridiques et fiscaux, bureaux nationaux ou internationaux) est fait conjointement par le bénéficiaire et par l’opérateur du dispositif et deux modalités de prise en charge partielle du coût de la Rapport final – août 2010 Page 132 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD prestation sont possibles : soit le remboursement a posteriori, soit un paiement par tranches, en fonction du niveau de réalisation de la prestation • Assurer la synergie entre services financiers et non financiers en favorisant la création d’outils de financement en fonds propres Le financement des PME ne relève pas d’un outil dédié mais d’une gamme de solutions complémentaires adaptées aux différentes phases de développement de l’entreprise. Or, les financements en fonds propres sont peu disponibles pour les PME, ne permettant pas d’exercer un effet de levier sur l’accès au crédit bancaire. Si des fonds d’investissement se développent sur les pays en développement, l’enjeu est de les amener à intervenir sur des seuils d’intervention bas, permettant au plus grand nombre des PME d’y accéder, notamment en phase de création. Pour cela, il faut imaginer des modes d’intervention et des modèles économiques originaux, au- delà du micro-crédit et en direction de la méso-finance, permettant le développement de l’entreprise moyenne. Mise en place d’un fonds de garantie C’est dans ce contexte de manque évident de produits financiers adaptés aux besoins des PME qu’une synergie avec l’offre de services d’appui non-financiers s’avère pertinente, les services d’appui non financier venant sécuriser l’obtention du crédit et sa bonne utilisation en aval. En effet, la réticence des banques à financer les PME ne sera pas facile à lever car elle est liée à l’environnement très difficile qui est celui des PME ainsi qu’aux défaillances de l’ensemble des structures en charge de faire respecter les contrats, mais il est clair que la mise en place d’un fonds de garantie privé devrait contribuer à augmenter la volonté des banques à aller dans ce sens, les banques rencontrées à Yaoundé comme à Douala y sont favorables.. Mais pour éviter de déresponsabiliser les banques en matière d’octroi de crédit, de recouvrement des créances en souffrance et d’exécution des autres garanties, ce qui est généralement le risque d’un fonds de garantie, un tel fonds interviendrait sous forme de cautionnement simple aux banques créancières à hauteur de 50%, intervention accompagnée de trois types de prestations indispensables pour sécuriser, en amont comme en aval, l’émission de garantie : (1) l’assistance au montage de dossiers « bancables », (2) le suivi des investissements et (3) un suivi accompagnement du débiteur permettant une alerte précoce en cas de possible défaillance. Rapport final – août 2010 Page 133 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Création de société d’investissement dans les PME L’autre solution est de créer une société d’investissement privée, comme dans le cas de SINERGI au Niger mis sur pied grâce à l’ONUDI, qui aurait pour objectif de favoriser la création et le développement de PME formelles par (1) le financement des investissements en haut de bilan (interventions comprises entre 20 et 100 MFCFA constitués à 25% en capital et 75% en prêt d’actionnaire) et (2) l’appui et l’accompagnement des entrepreneurs concernés dans les domaines de la gestion, de la recherche de partenaires techniques et commerciaux. Le modèle SINERGI a fait ses preuves et, à l'exemple de AREVA ou de VEOLIA dans le cas du Niger, les grandes entreprises ou multinationales étrangères présentes au Cameroun (exemple d'ALUCAM, SONARA ou d'AES/SONEL au Cameroun) pourraient trouver un intérêt particulier à participer au tour de table de ce type de société, afin de pouvoir intégrer des PME locales dans leurs chaînes de valeur et susciter le développement d’une sous-traitance motivée et de qualité Le capital risque et le capital développement constituent une formule de financement qui permet de rétablir la confiance entre les différents partenaires. Le partenariat qui naît de ce type de financement spécifique permet aux parties prenantes d’honorer leurs engagements et de respecter le plan de développement et les échéances de paiement. Il constitue une réponse à la sous capitalisation des PME ainsi qu’aux comportements opportunistes de certains dirigeants des ces PME. Il se traduit également par des innovations ad hoc sur le plan stratégique, managérial, technique, financier et organisationnel. C’est une solution efficace à la fragilité, à l’aversion au risque, à la primauté des objectifs personnels, aux carences managériales des dirigeants des PME, aux problèmes d’asymétrie informationnelle, au rationnement du crédit dont souffrent les PME. Pris comme tel, le capital risque, comme le capital développement, est un moyen de financement non seulement efficace mais un véritable outil de contrôle et de développement dans le cadre de la mise à niveau, tant pour les PME à fort potentiel innovant que pour les PME «ordinaires». Rapport final – août 2010 Page 134 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Cela dit, le capital-risque et le capital-développement ne pourront se développer harmonieusement au Cameroun qu’à à la condition d’agir avec pragmatisme et de tenir compte des contraintes camerounaises. Des concertations public privé ont été organisées qui devaient déboucher sur des propositions de loi pour créer un environnement réglementaire et fiscal favorable et incitatif pour les investisseurs dans les opérations de capital-risque (grands groupes, particuliers) et pour la mise en place d’un dispositif national favorisant la profession de capital-risqueur au Cameroun au profit des PME, mais rien à ce jour n’a été concrétisé. ------------ Rapport final – août 2010 Page 135 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ 6. ADE – ABPCD Liste des institutions/personnes rencontrées Groupe de travail mis en place par le MINEPAT sur l’élaboration de la stratégie de renforcement de la compétitivité Mr BONDOMA YOKONO MINEPAT / DGEPIP Coordonnateur Technique Mr NKOU Jean Pascal MINEPAT / DAPE Coordonnateur Technique Adjoint Mr KONO Faustin MINEPAT Supervision méthodologique Mr FOTIE II Hermann MINEPAT / DGEPIP Coordonnateur du Groupe de Travail COMITÉ DE COMPÉTITITVITÉ Coordonnateur du Groupe de Travail Mr NGOUANG Jean-Jacques Mr FONDJA N. Guy Aimé MINEPAT / DPPS Responsable de l’équipe focale /DPPS Mr MENDO Paulin MINEPAT / DGEPIP Mr MPOUAMOUN MFOKEU MINEPAT / DAPE Abdoulaye Mr DASSI Nicolas MINEPAT / DAPE Mr NYONGORO Aristide MINEPAT / DAPE Mr EWANE ASSOUMANE MINEPAT / DAPE Patrick Mme NELEL BOUKONG Carine MINEPAT / DAPE Mr DEFO WAFO Sylvain MINEE Mr DJONTU Michel MINIMIDT Mr AWASUME Bernard MINADER Mr ATANGANA Julien MINPOSTEL Mr NJEUMO Romain MINT Mr BADGA Jean-Marie MINPMEESA Mr NKE Joseph MINJUSTICE Mr YEMENE Samuel CCIMA Mr BOUBA Louis MINTOUR Rapport final – août 2010 Page 137 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ Mr YOMBO Joseph CNSCN-APE Mme DOLINE Romaine GICAM Mr NKOULOU Emmanuel MINCOMMERCE Mme BIDIAS Marcelle MINEPAT / DPPS SERVICES DU PREMIER MINISTRE Mr POEDOGO Conseiller Technique MINPMEESA Mr. J MANDENG NYOBE Conseiller Technique n°1 Mr Jean-Marie BADGA Directeur des PME MINEPAT Mme ELOMBAT Directeur de l’Intégration Régionale ADE – ABPCD API Mme Angeline MINJA Agence pour la Promotion des DG Investissements CCIMA Chambre de Commerce M. Y. TEFAK, Chef de cabinet du Président Mr. L. NOUTCHANG Directeur des Etudes et des Projets Mr Samuel YEMENE Délégation CCIMA Yaoundé CAMEROON BUSINESS FORUM (CBF) Mr Moïse EKEDI Secrétaire Permanent MINJUSTICE Mr Jean-Pascal MARTRES Projet d’Appui à la Justice Camerounaise Team Leader GICAM Mr Olivier BEHLE Président Mr. M. ABEGA Secrétaire Exécutif MOUVEMENT DES ENTREPRENEURS DU CAMEROUN (MECAM) Mr. Toussaint. MBOKA Secrétaire Permanent FÉDÉRATION NATIONALE DES ASSOCIATIONS DE PME (FENAP) Mr SEME NOUNGON Président Mme BISSEME Rapport final – août 2010 Page 138 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD Secrétaire Général APECAM Mr Bénédict BELIBI Secrétaire Permanent GFBC Mr Jacques DUPANLOUP Groupement de la Filière Bois au Délégué Général Cameroun SYNDUSTRICAM Mr METOUK Président Mr Moïse BEKE BIHEGE Secrétaire Général ADESCAM Mr Christian ESSAWE EYOBO Délégué ENTREPRISES : ALUCAM Mr Alain MALONG DG STANDARD CHARTERED BANK CAMEROUN Mr Mathieu MANDENG DG EDC Dr Théodore NSANGOU DG CAMEROON BREUVAGES SA Mr Roger NITCHOUA PDG BIOTROPICAL PFI Mr Jean-Pierre IMELE DG PHP Mr Armel FRANCOIS DG BICEC Mr Pascal REBILLARD DG AFRILAND FIRST BANK Mr HAMADOU O.B. Directeur du Développement AGRO-PME Mr Norbert MONKAM PALLISCO Mr Michel ROUGERON DG ADVANS CAMEROUN Mr Frank SNIEDERS Rapport final – août 2010 Page 139 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ ADE – ABPCD DG SEMME MINERAL WATER PLC Mr Sme NOUNGON Administrateur DG PARTENAIRES AU DEVELOPPEMENT Union Européenne/Délégation de la Commission Européenne • • • • • Mr Dick NAEZER, Chef de Section Questions Economiques et Gouvernance, Mme Delphine TOMMY, Chargée de Programmes, Section Questions Economiques et Gouvernance Mr Thomas KOMBO, Cellule d’Appui à l’Ordonnateur National (CAON), Chargé de Programmes Macroéconomie & Finances Publiques Mr François BLAISE, consultant en charge de l’évaluation du PASAPE Mr Peter SCHIRMANN, consultant CDE • • Mr Gabriel NKODO, responsable de l’antenne CDE au Cameroun Mr Pierre PARIS, consultant BANQUE MONDIALE • • Mr Vincent PALMADE Mme Guillemette JAFFRIN CANADA • Mr Eric DIBEU, Délégué Commercial Principal ONUDI • • • • Mr Franck VAN ROMPAEY, Représentant ONUDI Afrique Centrale Mr Rafik FEKI, Chef de Projet, Projet PPAMNQ Mr KENZARI Sghaler, Conseiller Technique Principal, Projet PPAMNQ Mr Jean-Claude CHIMI, Expert national SFI • Mr Cheick KANTE, Africa Advisory Services, Team Leader AFD • Mr Gilles CHAUSSE, Directeur de l’Agence du Cameroun Rapport final – août 2010 Page 140 ELABORATION DE LA STRATÉGIE DE COMPÉTITIVITÉ • • ADE – ABPCD Mr Mathieu LE GRIX, Chargé de Mission entreprise Mr Philippe DIERICKX, Chargé de Mission agricole Investisseurs étrangers rencontrés pendant la Conférence Africa 21 (17-19 mai 2010 à Yaoundé) • • • • MEDEF (Mouvement des Entrepreneurs de France) – également rencontré pendant sa mission au Cameroun début juillet CBC (Commonwealth Business Corporation) Groupe RIO TINTO Groupe BOLLORE ----------- Rapport final – août 2010 Page 141