La Marne : un axe stratégique pour Epernay Partie 1

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La Marne : un axe stratégique pour Epernay Partie 1
Ville d'Epernay – Archives municipales
La Marne : un axe stratégique pour Epernay
Partie 1
Une grande rivière…
La Marne est la plus longue rivière de France (526 km). Elle est en constante évolution, puisqu'il
existe parfois 100 m entre son lit d'origine et son cours actuel. Ce phénomène est visible sur certains
plans cadastraux.
Située à l'est du bassin parisien, elle est le principal affluent de la Seine. Elle prend sa source au
plateau de Langres (Haute-Marne), près du village de Balesmes-sur-Marne.
Certains évoquent une autre source à environ 15 km de celle-ci, au village de Paleiseul. Cependant, la
source officielle reste Balesmes-sur-Marne.
La Marne est une rivière naturelle, puis canalisée d’Épernay jusqu'à son confluent, point de
rencontre avec la Seine. Cette canalisation a été initiée en 1837 afin de permettre la navigation
jusqu'en région parisienne.
Ses principaux affluents sont le Fion, la Somme-Soude, le Petit Morin, le Grand Morin, la Saulx, la
Beuvronne, l'Ourcq, la Thérouanne, le Surmelin, le Cubry ...
Elle traverse 6 départements et de nombreuses villes, avant de se jeter dans la Seine entre
Charenton-Le-Pont et Alfortville :
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la Haute-Marne (Chaumont, Saint-Dizier) ;
la Marne (Vitry-le-François, Châlons-en-Champagne, Épernay) ;
l'Aisne (Château-Thierry) ;
la Seine-et-Marne (Meaux, Lagny-sur-Marne, Torcy) ;
la Seine-Saint-Denis (Neuilly-sur-Marne, Noisy-le-Grand) ;
le Val-de-Marne (Nogent-sur-Marne, Créteil, Charenton-le-Pont, Champigny-sur-Marne ...).
Épernay est située sur la rive gauche de la Marne et le quartier de La Villa est situé sur la rive droite.
Un pont relie les deux rives (http://www.epernay.fr/article/histoire-du-pont-de-marne).
…mais parfois dangereuse
Le risque de crue de la Marne était toujours fort en hiver. Mais, comme la Seine, la crue de 1910 est
considérable puisque la Marne déborde deux fois (en début et en fin d'année). Elle atteint plus de 4
m au dessus de l'étiage1 à chaque fois. C'est le commissaire de police qui est chargé des relevés (voir
document joint).
Le 25 janvier 1910, la crue est à son maximum : 4,45 m au-dessus de l'étiage du pont de Damery,
mais en décroissance notable à Épernay. Le quartier de l'Ile-Belon est inondé. Les sapeurs-pompiers
et quelques bateliers ont assuré le ravitaillement et la sécurité des habitants nuit et jour. Seules
quelques familles nombreuses ont été évacuées.
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Des conseils sont donnés à la population : en matière d'hygiène, afin de prévenir les épidémies
(conseils quant à l'utilisation de l'eau et des légumes) ou sur la manière d'assainir les maisons.
Le Conseil municipal décide que, désormais, le service de la voirie informera les habitants et donnera
des préconisations lors de la délivrance des permis de construire.
Enfin, des indemnités de pertes immobilières et mobilières ou de chômage sont rapidement mises en
place par le Gouvernement.
D'autres crues suivront en 1924, 1926, 1932, 1944-1945, 1948 et 1953.
Le réservoir de Champaubert, construit en 1938 pour les limiter, ne sera pas suffisant. Entre 1955 et
1974, le lac du Der-Chantecoq est aménagé pour remédier à cette situation.
Un rôle non négligeable dans l'économie sparnacienne
Jusqu'à la création du canal latéral, Épernay dispose d'un port sur la Marne. Un des principaux
commerces qui s'y exerce est le transport du bois. Les Archives municipales disposent d'une trace,
durant la Révolution, de la présence d'un garde-port (agent chargé de la réception des marchandises
dans un port fluvial). Il semblerait même que l'on y construisait des bateaux. Il est appelé "port au
bois". En 1836, une délibération indique qu'il voit passer tous les ans : 10 000 cordes de bois et 15
000 solives de charpente. Un recensement de l'an IX souligne qu'il y avait à Épernay un marchand de
bois en gros et trois au détail.
Mais la rivière est également importante pour le transport du charbon : 20 bateaux par an. Ce moyen
de transport ne sera pas négligeable pour le ravitaillement durant la Première Guerre mondiale.
Enfin, en 1836 toujours, il est indiqué qu'un million de bouteilles de vin transitent chaque année. En
1908, la sucrerie expédie 3000 tonnes de sucre à Paris via la rivière et les fonderies de Haute-Marne y
font passer leurs tuyaux de fonte. Le transport est en effet moins onéreux sur voie navigable. Les
cargaisons sont chargées par une grue sur les bords de l'eau, ou à dos d'homme pour des charges
moins lourdes. À partir du milieu du XIXe siècle, la concurrence du chemin de fer se fait sentir.
Les eaux de la Marne sont également utilisées à d'autres fins : pour l'alimentation et le
refroidissement des machines. Ce n'est pas un hasard si les ateliers des chemins de fer de l'Est,
l'usine à gaz, la sucrerie et des verreries se sont installées à proximité.
En 1883, Eugène Mercier demande l'autorisation de construire un aqueduc sous la voie de chemin de
fer de Paris à Strasbourg, afin de "conduire dans la Marne les eaux industrielles et pluviales d'un
brasserie en construction par M. Mosser, auquel [il] a vendu le terrain nécessaire à la construction de
cette usine". La compagnie des chemins de fer de l'Est et l’État donnent son accord. Il sera reconduit
en 1893.
L'eau est utilisée également pour un usage domestique. Les lavoirs installés sur le Cubry et les bords
de Marne réunissent les femmes. Elles se déplacent jusqu'à ces installations pour laver le linge de
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leur foyer ou celui des militaires moyennant rémunération. C'est l'occasion pour se retrouver et
échanger des nouvelles d’Épernay et des Sparnaciens. En 1860, les eaux de la Marne sont encore
considérées par le Conseil municipal comme "bonnes à boire, propres à la cuisson des légumes et au
lessivage".
Photographie noir et blanc des bords de Marne (années 1970),
1 Fi non coté, Archives municipales d’Épernay.
Sources
Photographie : photographie noir et blanc des bords de Marne (années 1970), 1 Fi non coté, Archives
municipales d’Épernay.
Document : Dossier relatif aux inondations de 1910 : rapport du commissaire de police Archives
municipales d’Épernay,
Registres des délibérations du Conseil municipal (1790-1982), sous-série 1D, Archives municipales
d’Épernay.
Registres des séances du Conseil municipal (1976-1978), 1 D 53-55, Archives municipales d’Épernay.
Statistiques industrielles, (1789-an IX), 2 F 1, Archives municipales d’Épernay.
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Dossiers sur les crues (an VI-1948), 1 I 15, Archives municipales d’Épernay.
Dossiers relatifs à l'usine à gaz et à la sucrerie (1830-1947), 5 I 2, Archives municipales d’Épernay.
Dossier relatif à la rivière de Marne (1869-1942), non coté, Archives municipales d’Épernay.
Dossier relatif à la création d'un port fluvial (1873-1909), non coté, Archives municipales d’Épernay.
Dossiers relatifs à l'aménagement du quai de l'Ile-Belon, non coté, Archives municipales d’Épernay.
Dossier relatif au projet de canal latéral à la Marne (1835-1837), 3 S 191, Archives départementales
de la Marne.
Dossier relatif à la ligne de chemin de fer Paris-Strasbourg : Épernay (1883), 5 S 69, Archives
départementales de la Marne.
Bibliographie
Gérard Rondeau, La grande rivière Marne, 2010.
Georges Machet, Pages d’histoire d’une rivière champenoise.
JF Wiedemann, Lacs, forêts et rivières de Champagne.
1- Niveau moyen le plus bas d'un cours d'eau, parfois marqué par un zéro pour mesurer la hauteur
des eaux au-dessus de ce point au moyen de chiffres inscrits sur une échelle. Dictionnaire Larousse.