La recherche dans le domaine de la santé au travail, dans un
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La recherche dans le domaine de la santé au travail, dans un
La recherche dans le domaine de la santé au travail, dans un monde du travail en mouvement Karel Van Damme Centre de génétique humaine, KUL Le grand écart entre les diverses couches sociales de la population en matière d'espérance de vie et de santé demeure une des plus grandes injustices de notre société. On peut se demander si nous sommes actuellement en état d'expliquer ce phénomène. Plus précisément, se pose la question de la part des conditions de travail, et des conditions de vie qui leur sont liées, dans ces différences. A l'heure actuelle, la réponse est que nous en savons beaucoup plus, à travers une quantité de recherches scientifiques, sur les effets de l'utilisation d'une souris d'ordinateur non-ergonomique, que sur les raisons pour lesquelles une vie plus courte et en moins bonne santé est le sort des travailleurs non-qualifiés . En liaison avec une croissance exponentielle de la concurrence, dictée par la globalisation, le travail est réorganisé depuis de nombreuses années à grande échelle. Le manque d'explication systématique, scientifiquement fondée, des disparités sociales relatives à la maladie et à la mort, nous nous permet pas d'apporter une réponse fiable à la question de la mesure et du sens de l'influence de ce monde du travail en changement sur ce phénomène. Globalisation de l'activité économique, standardisation, et leur impact sur la politique en matière de santé au travail. Le processus de globalisation des activités économiques implique qu'un grand nombre d'entraves à la libre circulation des biens entre les pays doivent être être éliminées. C'est pourquoi, à l'intérieur de l'Union Européenne, des normes Européennes de standards sont élaborées, par exemple concernant la sécurité des machines ou l'étiquetage des produits chimiques avec indication de leurs effets possibles. Ces normes ne favorisent pas seulement la libre circulation des biens, mais ont aussi un effet normatif de fait sur un grand nombre d'aspects des conditions de travail. En principe, de telles normes peuvent contribuer à l'amélioration des conditions de travail. Il ne sera toutefois pas toujours tenu compte des travailleurs les plus sensibles ou les plus faibles lors de la fixation de ces normes. Par ailleurs, il n'existe que peu, ou pas, de normes relatives à l'organisation du travail et au rythme de travail. Ces deux éléments sont cependant très importants, si l'on veut que le travail reste accessible au plus grand nombre de personnes possible, sans compromettre leur sécurité ou leur santé. Le contenu du travail et les relations humaines au travail sont également importants pour le bien-être et pour les chances d'insertion professionnelle, mais ces aspects du travail se laissent encore moins aisément traduire en normes. Des normes, parfois discutables en elles-mêmes, n'appréhendent qu'une partie des éléments pertinents pour la protection de la santé en situation de travail, et peuvent avoir pour conséquence l'exclusion sociale. Il existe pourtant, tant dans notre pays que dans d'autres, un courant qui veut voir limiter autant que possible les obligations des employeurs en matière de protection de la sécurité et de la santé au travail au respect des normes susdites. Cette approche normalisante, théorique et assez minimaliste, postule implicitement l'existence d'un "travailleur standard", que l'on peut décrire comme un travailleur sain et n'étant quasiment pas prédisposé aux maladies. La priorité dans cette approche n'est pas de laisser des espaces suffisants pour adapter les conditions de travail, de telle sorte que pratiquement tous les candidats puissent aussi être des travailleurs aptes. Non, dans certains cercles économiques - en Europe et ailleurs, c'est l'appel à la sélection du travailleur le plus "adapté " ou le plus productif qui résonne de plus en plus fort. Nous devons nous attendre à une sorte de nouveaux centres de services, qui vont proposer aux employeurs des tests génétiques et des profils médicaux de leurs candidats-travailleurs, dans un but de sélection du candidat "le plus adapté". Le concept familier en médecine du travail d'adaptation du travail et des conditions de travail à la sensibilité individuelle de (candidats-) travailleurs, qui contribue à ce que chaque personne qui possède les habiletés requises puisse aussi être mise au travail, risque de ce fait d'être compromis. Dans une perspective historique, ceci signifie un recul dans le temps. De la "survie du plus adapté" nous avons évolué vers un système élaboré de protection sociale, incluant la recherche de la protection (de l'accès et de la conservation) du travail et de la santé pour chacun. Nous évoluons actuellement toujours davantage vers un système de standardisation, qui peut de lui-même conduire à l'exclusion de bien des travailleurs "sensibles". Ce phénomène va de pair avec une demande croissante de "sélection du plus adapté". Réorganisation du marché du travail et problèmes en matière de santé au travail. Beaucoup de grandes entreprises mènent une politique qui repose sur le maintien d'un pôle central d'activités, couplé à l'externalisation d'autres activités. Ce faisant, ce sont surtout les activités présentant les plus grands risques pour la santé et la sécurité des travailleurs qui atterrissent, sous forme de commandes, dans des entreprises plus petites, qui sont généralement moins bien structurées sur le plan de la prévention que l'entreprise d'origine. Ceci va non seulement de pair avec des facteurs de risques au travail très changeants, mais conduit bien plus souvent à des conditions de travail moins agréables et parfois même pénibles. Un tel travail s'accompagne bien souvent d'une grande rotation de la main d'oeuvre. Sous-traitance, travail intérimaire, contrats de travail temporaire et flexibilité sont les concepts-clefs de ce nouveau marché du travail. Une flexibilité croissante du marché du travail implique, entre autres, que le lien entre l'individu et son employeur devient de nature plus temporaire. Les activités économiques elles-mêmes sont éparpillées de façon plus fragmentée entre différents employeurs. Les contrats qui sont conclus mutuellement entre employeurs dans ce marché très compétitif, réduisent les degrés de libertés de fait pour une politique de santé au travail. C'est comme si la concertation entre employeurs et travailleurs en matière de conditions de travail était remplacée par la concertation entre employeurs. Les nouvelles carrières professionnelles se construisent en faisant son shopping sur le marché du travail et en zappant. Cette image ne convient absolument pas pour les moins scolarisés et les plus faibles. Au lieu de faire du shopping, ils doivent plutôt mendier sur le marché du travail, avec toutes les conséquences que cela implique en matière de sécurité sociale, y compris pour la protection de leur santé. On peut s'attendre à ce qu'un tel revirement dans les rapports de travail tire profit d'un contrôle plus strict de l'observation de règles plus claires pour la protection de la santé au travail. Sur le terrain, nous voyons véritablement le contraire. L'accent est de plus en plus mis sur la responsabilité individuelle de chaque personne impliquée dans une situation de travail. Ce principe se substitue même en quelque sorte au principe de l'employeur "bon père de famille". Un discours en faveur du recours au principe du consentement individuel et informé (informed consent) gagne du terrain, en complément ou en remplacement des réglementations sociales. Un tel discours se déroule entre des partis de puissance inégale. C'est d'autant plus le cas, à mesure que la main d'oeuvre est moins scolarisée. Sur cette toile de fond, la sécurité et la santé des travailleurs doivent être garanties, d'une part, parce que l'employeur (ou le donneur d'ordre) respecte une série de normes, et d'autre part, parce que le travailleur (ou le contractant) veille sur lui-même après avoir reçu les informations et la formation nécessaires dans ce but. Il ne faut que peu d'imagination pour arriver à la conclusion qu'un tel scénario serait très désavantageux pour les moins scolarisés. Par ailleurs, une telle approche limite sans doute la responsabilité pénale des employeurs ou des donneurs d'ordre. Recherche scientifique et santé au travail. La volonté d'améliorer les conditions de travail est indissociablement liée à la volonté d'étendre la connaissance en matière de santé au travail au moyen d'une recherche scientifique de qualité. Une grande attention doit en outre être accordée aux connaissances qui ne trouvent pas immédiatement leur application sur le terrain, aux connaissances qui conduisent à des avis qui peuvent être significatifs à long terme pour la protection des travailleurs et, plus largement, pour la santé publique. La valeur d'une telle recherche, surtout épidémiologique, en matière de santé au travail doit être examinée selon trois critères. Objectivité C'est un objectif que l'on cherche à atteindre par une qualité aussi bonne que possible des données d'étude, par l'utilisation de la meilleure méthode possible, par un regard (auto)critique et par la compétence de l'équipe de recherche. Impartialité C'est un devoir. L'impartialité a tout à voir avec le bannissement de tout parti-pris lorsque l'on entame une recherche. Neutralité On ne peut feindre la neutralité. Quasiment chaque recherche dans ce domaine se déroule en effet dans un contexte social passionnel. Les résultats de recherche seront toujours l'objet d'une interprétation, qui devient très importante dans ce contexte. De plus, le choix même de l'hypothèse de recherche reflète une prise de position sociale déterminée. Certains scientifiques nous soutiennent que des valeurs-limites d'exposition offrent une bonne protection ou que l'on peut catégoriser les candidats-travailleurs en "aptes" et "moins aptes" sur base d'un test génétique, et que l'on peut, de cette manière, réduire dans une large mesure le problème des maladies professionnelles; ou encore, que l'on peut, à condition de revoir certaines normes en matière de charge psychosociale et de conception ergonomique du travail, maximaliser la productivité. D'autres scientifiques nous apprennent par ailleurs combien les valeurs-limites d'exposition sont relatives; que les soidisants gênes prédisposants sont bien moins déterminants que l'on pourrait être enclin à le croire; que la recherche de susceptibilité génétique pour les maladies professionnelles nous en apprend plus sur les différences insaisissables entre les êtres humains que sur les similitudes prévisibles face au risque, entre les sous-groupes; que les gens réagissent très différemment à des situations ergonomiques ou psychosociales, et que le travailleur moyen n'existe pas. On peut aussi constater que des études (épidémiologiques), qui se basent sur les mêmes données, ne conduisent pas toujours aux mêmes conclusions. L'examen des points de vue des scientifiques et de leurs activités de recherche selon ces trois critères peut aider à comprendre ces différences. Problèmes pour la recherche scientifique en matière de santé au travail. Les conditions et le contexte de la recherche scientifique en matière de santé au travail ont subi et subissent des glissements. 1. La concentration croissante de la puissance industrielle dans des entreprises actives au niveau mondial semble aller de pair avec une emprise grandissante des mêmes entreprises sur la recherche scientifique en matière de facteurs menaçant la santé au travail. Des épidémiologues sont engagés par ces entreprises afin d'exécuter sur la population des travailleurs des recherches, qui, depréférence, ne devraient pas déboucher sur des résultats pouvant nuire à l'intérêt économique de l'entreprise. A cet effet, un certain nombre de raisons sont à retenir : - L'identification de caractéristiques dangereuses des produits est l'objet d'une réglementation internationale (dans le cadre de la suppression d'entraves au commerce). Ces procédures peuvent donner lieu à une classification officielle d'un produit, par exemple comme carcinogène ou mutagène, avec des conséquences commerciales directes. - Dans une partie du monde industrialisé, d'éventuelles victimes d'exposition ont la possibilité d'introduire des plaintes colossales en dommages et intérêts à l'encontre d'entreprises. Tant les travailleurs que d'autres citoyens le peuvent. - L'estimation du niveau d'exposition à partir duquel des effets déterminés se produisent, peut donner lieu à un renforcement des valeurs-limites d'exposition, ce qui peut élever les coûts de production. En conséquence de ces tendances, apparaît aussi un accès inégal aux données de recherche entre chercheurs partiaux et impartiaux. Ce faisant, les données, qui après la recherche peuvent conduire à des connaissances importantes pour la protection des personnes, deviennent de moins en moins un bien public. Sans préjudicier de cette tendance, nous avons l'impression qu'il y a, d'une manière générale, relativement plus de bonne volonté à mettre les données des recherches à disposition dans des pays disposant d'un système de protection sociale solidement établi, incluant la sécurité sociale et un système socialement contrôlé et dirigé de médecine du travail. 2. Les grands intérêts qui sont liés à la commercialisation de tests génétiques conduiront à l'extension de l'application de ces tests vers des domaines dans lesquels ils n'ont guère de sens, ou sont inacceptables du point de vue de la protection sociale. La sélection de travailleurs sur base de tests génétiques est un tel domaine. Par la mise à dispositions de ces tests, on va s'adresser aux utilisateurs potentiels avec un discours "scientifique", qui ne repose pourtant pas sur des fondements scientifiquement défendables, mais qui spécule aisément, dans de nombreux cas, sur une pensée déterministe non-scientifique. 3. La probabilité qu'un certain nombre de problèmes qui nécessitent une analyse scientifique urgente, soit aussi effectivement l'objet d'une recherche scientifique systématique ne paraît pas très grande. Nous pensons ainsi par exemple à l'espérance de vie remarquablement faible des moins scolarisés. Le fait qu'il existe en Europe des instituts de recherche importants et réputés, dont la plupart sont dirigés sur une base tripartite, ne semble pas y changer grand'chose. Bien que de tels constats soient à la base de la justification de l'existence et de l'extension de tels instituts, il semble y avoir une certaine hésitation à creuser ce type de thèmes. 4. A un marché du travail flexible correspondent des populations de recherche instables. La meilleure manière de découvrir les effets d'agents sur les êtres humains, consiste à étudier ces effets sur des populations qui ont subi un haut niveau d'exposition. Le fait que ceux qui courent les plus grands risques professionnels se trouvent dans des situations de travail de plus en plus instables, rendra la recherche épidémiologique des effets des agents sur les personnes de plus en plus difficile, pour de multiples raisons pratiques. Il en va du reste de même pour l'identification des maladies professionnelles dans ces catégories de travailleur : beaucoup d'entre eux - et souvent les plus faibles - ne seront pas systématiquement revus lors de l'examen médical périodique, pour la simple raison qu'ils ne travailleront plus dans la même entreprise. 5. Ces dernières années, le concept de protection de la vie privée a également été en vogue, et a été traduit en lois qui n'ont pas suffisamment mis en balance l'importance de la protection de la vie privée et d'autres intérêts sociétaux. Un effet pervers est que l'accès aux données pour la recherche scientifique en est rendu plus difficile. De plus, l'inégalité réelle dans l'accès à certaines données entre chercheurs potentiellement partiaux ou impartiaux,menace de ce fait d'être aiguisée. Il est regrettable que la législation actuelle donne une définition bien trop vague de ce qui peut être considéré comme de la recherche scientifique. La pure recherche de marché, réalisée avec des objectifs commerciaux directs, est considérée comme équivalente à la recherche épidémiologique qui vise à pister les causes des cancers. Protection sociale et recherche scientifique en matirèe de santé au travail. Nous savons que, dans de nombreux cas, une exposition moindre provoquera moins de maladies. Cette affirmation est étayée par la surveillance en médecine du travail, qui est une émanation de la recherche en toxicologie. Nous savons que l'abaissement du rythme de travail provoque dans de nombreux cas une diminution visible des affections musculo-squelettiques. Nous savons, simplement par la réflexion et l'appel à notre propre expérience, que les chefs qui respectent véritablement leurs employés et qui ne leur imposent pas plus de tâches qu'ils ne peuvent en supporter, sont les remèdes-clefs contre le stress. Cette connaissance ne diminue cependant pas le besoin de recherche scientifique dans ces domaines. La question cruciale en relation avec la protection sociale est de savoir quel axe de recherche nous privilégions, entre l'adaptation de l'homme au travail, disons la sélection des hommes, d'une part, et l'adaptation du travail à l'homme d'autre part. Les connaissances scientifiques nécessaires afin d'étayer une stratégie de protection sociale ne pourront être générées que si les instances publiques soutiennent la recherche poursuivant ce but, par la mise en oeuvre de programmes de recherche. Nous avons besoin de davantage de recherche toxicologique financée par les pouvoirs publics. Tout d'abord afin d'empêcher que les quelques effets sur la santé étudiés et déjà connus de certaines expositions sur le lieu de travail soient présentés comme les seuls effets sur la santé possibles. Deuxièmement, pour éviter que les valeurs-limites d'exposition soit-disant fondées scientifiquement soient gelées sans plus au niveau actuel. Nous avons besoin de plus de recherche ergonomique financée par les pouvoirs publics. C'est seulement de la sorte que l'on pourra empêcher que l'ergonomie ne sombre dans une logique, qui tourne uniquement autour de la productivité. Cette recherche est aussi nécessaire pour parvenir à une meilleure identification et à une meilleure solution des problèmes ergonomiques, afin d'éviter que davantage encore de personnes plus faibles soient exclues du marché du travail. Nous avons besoin de plus de recherche psycho-sociale financée par les pouvoirs publics, si l'on veut continuer à s'opposer contre le courant qui veut réduire le problème du stress à un problème individuel de personnalité des victimes, ou encore si l'on veut, par exemple, en procédant surtout à des nominations, pouvoir distinguer les gens qui, sur le plan humain, pourront donner des directives, et ceux qui ne le pourront pas. Nous avons besoin de davantage de recherche sur la susceptibilité génétique aux maladies professionnelles financées par les pouvoirs publics, pour nous assurer que les tests génétiques seront seulement utilisés lorsqu'ils sont sensés et acceptables. Il n'est pas impensable que des centres de services commerciaux viennent à apparaître, qui proposeraient aux employeurs des tests génétiques et des profils médicaux de leurs candidats-travailleurs. Le discours scientifique impartial sur la pertinence ou la non-pertinence de ces pratiques menace d'être étouffé par les grands intérêts commerciaux qui iraient de pair avec l'implantation de tels centres. Il faudra peut-être lutter constamment contre un discours "scientifique" gauchi sur la susceptibilité génétique. Sans un réseau de recherche impartial fortement établi, on n'aura pas de réplique à opposer, dans un nécessaire débat démocratique, à l'égard de telles initiatives, dont nous pouvons pourtant prévoir qu'elles proposeront et appliqueront des pratiques non-pertinentes et, de ce seul fait, inacceptables. La recherche financée par les autorités publiques doit prendre position en faveur d'une recherche impartiale. Une recherche mise en place et financée par l'industrie elle-même peut tout autant être impartiale, mais c'est la présence d'un réseau de recherche très puissamment structuré et financé publiquement, qui formera le stimulant à l'impartialité de toute recherche, y compris celle qui sera financée par d'autres sources. Lors de l'élaboration des programmes de recherche en matière de santé et de sécurité au travail, on doit se garder d'une fragmentation en champs partiels et l'on doit, selon nous, opter pour une recherche thématique. Dans la recherche thématique, différentes disciplines et sous-disciplines construisent de manière complémentaire leurs activités de recherche. Le point de départ est, en outre, que la santé est une et indivisible (holistique), et englobe l'ensemble des bien-êtres physique, psychique et social. Ceci n'empêche pas qu'un travail de recherche spécialisé très long et approfondi n'ait lieu isolément, dans une discipline ou une sous-discipline. Une approche thématiquement orientée crée l'espace où traduire les connaissances accumulées, d'une manière qui permette d'étudier les dimensions sociales d'un problème. Une fragmentation directe des programmes de recherche en matière de santé au travail en champs de recherche isolés rend ceci difficile. La recherche fragmentée semble être le complément d'une approche, insuffisante, de normalisation des problèmes de santé au travail. La Belgique a une tradition très riche en matière de médecine du travail et d'inspection du travail, et s'illustre également, en ce qui concerne l'étude des risques professionnels, comme un pionnier en Europe et dans le monde. Aujourd'hui, dans beaucoup de domaines, la qualité de notre travail de recherche n'a rien à envier à celle du travail presté ailleurs en Europe ou dans le monde, et, dans certains cas , nous sommes mêmes considérés comme ceux qui donnent le ton. En ce qui concerne l'ampleur de nos capacités de recherches, nous sommes depuis longtemps rattrapés par de nombreux Etats-membres européens. Peut-être les temps sont-ils mûrs pour prévoir d'une manière stable les moyens nécessaires afin de consolider et d'étendre les capacités de recherche existantes et les réseaux de recherche en matière de santé au travail. La Belgique doit à son histoire et à ses ambitions sociales de redevenir un pionnier visible de la recherche scientifique en santé au travail.