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■ Questions
PRÉPARATION
m Question
1
Ce que l’on vous demande
• Analysez les titres des œuvres dont sont extraits les textes. Éventuellement, explicitez-en le sens.
©HATIER
Ici, « Confessions » : vient du latin confiteor, « avouer » ; a une connotation
religieuse. C’est l’acte par lequel on confesse les péchés qu’on a commis,
on avoue ses erreurs. Plus généralement, c’est le récit de sa vie dans lequel
on fait part de ses sentiments et réflexions les plus intimes et personnels. La
confession appelle le pardon de Dieu, de l’autre ou du lecteur.
Les Confessions était le titre de l’œuvre de saint Augustin, évêque au Ve siècle ;
il y raconte sa vie spirituelle, son initiation mystique et sa conversion au
christianisme ; il y avoue ses fautes mais surtout il y célèbre la gloire de Dieu.
• Analysez ensuite les connotations attachées aux différents mots : qu’évoque
le mot « maison », par exemple ? Que signifie la préposition « de » dans Le
Livre de ma mère ?
• Ensuite, dites à quoi s’attend, d’après ces titres, le lecteur qui n’a pas
encore lu les extraits : genre des œuvres, registres, sujets principaux…
Faites des références précises aux textes.
Question 2
Ce que l’on vous demande
• Relevez les différents présents dans les extraits.
• Faites, en travail préliminaire, la liste des valeurs du présent que vous
connaissez.
• Classez les différents verbes au présent, selon leur valeur.
• Faites une phrase de conclusion sur l’ambiguïté du présent dans le récit
biographique ou autobiographique.
Les valeurs du présent
1. Le présent d’énonciation
Il se réfère au moment où le locuteur (ou le narrateur) parle ; il fait donc
partie de la situation d’énonciation.
Exemple : J’avais sept ou huit ans quand un camarade m’offrit une boîte
de fer que j’ai perdue depuis. Je vois encore (= maintenant où je parle)
cette boîte… mais je ne sais pas où je l’ai mise.
Le présent d’énonciation dans le récit au passé permet :
– de mesurer le temps qui s’est écoulé entre les événements et le
moment où le narrateur raconte ;
– d’introduire une réflexion du narrateur au moment même où il est en
train de parler ou d’écrire. C’est pour cela qu’il est fréquent dans l’autobiographie (= récit de sa propre vie).
Exemple : J’étais jeune quand je pris le commandement de ce régiment.
Maintenant je suis vieux et je n’ai plus ma force d’autrefois.
©HATIER
2. Le présent de narration
Il sert à raconter ; c’est un temps de base du récit au passé.
• Il met en relief des événements importants, si le reste du récit est au
passé.
Exemple : On annonça l’arrivée du maître de maison ; il salua tout le
monde, se pencha pour caresser un enfant. Tout à coup, un étranger à la
mine peu engageante l’empoigne et le ceinture. Il tente de résister.
• Il peut être employé tout au long du récit pour raconter tous les
événements.
Exemple : On annonce l’arrivée du maître de maison ; il salue tout le
monde, se penche pour caresser un enfant. Tout à coup, un étranger à la
mine peu engageante l’empoigne et le ceinture. Il tente de résister.
• Il est coupé de la situation d’énonciation, c’est-à-dire du présent de
celui qui parle.
• Quand il s’agit du récit d’événements historiques, on parle du présent
historique.
Exemple : Napoléon décide alors de faire un coup d’État.
Le présent de narration donne une impression d’actualité, introduit de la
vivacité dans le récit, crée un effet de direct, « comme si on y était ».
3. Le présent de vérité générale
Il sert à exprimer une idée qui est toujours vraie, quels que soient
l’époque et le lieu (son sujet est alors souvent : on, l’homme, les
hommes).
Exemple : Il avait très envie de se battre. L’homme est en effet un être
cruel et obéit souvent à ses instincts animaux.
4. Surtout dans le langage parlé, le présent sert aussi à exprimer :
– un passé récent. Exemple : Tu peux voir ton père : il rentre juste.
– un futur proche. Exemple : Le train arrive dans une heure.
Dans le biographique, il est parfois difficile de distinguer si le présent
renvoie au passé ou au présent, parce qu’il y a un brouillage et une combinaison du présent de narration (qui renvoie au passé) et du présent de
l’écriture – celui de l’auteur. Ainsi, dans ses Confessions, Rousseau
raconte sa rencontre avec Mme de Warens ; il écrit : « J’arrive, je la
revois. » Il y a ambiguïté sur le second verbe : c’est la vision d’autrefois,
assurément, mais Rousseau, quand il écrit, la revoit sans doute.
©HATIER
CORRIGÉ DES QUESTIONS
m Question 1
• Le titre d’une œuvre est le premier contact que le lecteur a avec elle et il
oriente le choix et la lecture qu’on en fait. Les titres des trois textes proposés donnent ainsi une indication sur leur genre, leur contenu et leur but.
• Le premier, Les Confessions de Rousseau, nous indique qu’il s’agit vraisemblablement d’une autobiographie. Avec sa connotation religieuse, il
nous laisse aussi entendre que, dans cette autobiographie, nous seront
révélées des fautes dont l’auteur veut que le lecteur et la société l’absolvent.
On s’attend donc à une série d’aveux sans complaisance. Et en effet, dans
le texte, Rousseau raconte comment il a été conduit à son premier vol, tout
en se donnant des circonstances atténuantes : il a été poussé par un adulte
qui lui a fait « faire le premier pas vers le mal », alors qu’il répugnait à ce
« péché » (« je disputai beaucoup », « je me rendis »).
• Le titre de Colette, La Maison de Claudine, nous donne peu d’indications
sur le genre de l’œuvre. Cependant il semble indiquer le type de texte qui
nous sera proposé : on peut s’attendre à la description d’une « maison », du
cadre de vie d’un personnage féminin (« Claudine »), peut-être la narratrice.
Le nom « maison » fait penser à un endroit familial, à des « racines » ou du
moins au cadre qui a servi de décor à une partie de vie. Effectivement, le
texte décrit une « grande maison grave » et son « jardin ».
• Enfin, le titre du livre d’Albert Cohen suggère une biographie. Un doute
peut s’installer sur le sens de la préposition « de » : s’agit-il de l’histoire d’un
livre qui a appartenu à sa mère ? ou d’un livre dédié à sa mère (les premiers
mots dissipent cette ambiguïté) ? Plus probablement, le lecteur imagine un
livre consacré à la mère de l’auteur, donc à une biographie. Le titre indique
que la mère sera le personnage principal de l’œuvre et souligne – par
l’adjectif possessif « ma » – les liens affectifs qui unissent l’auteur à sa mère.
On peut penser à un hommage rendu à une mère aimée. Le texte confirme
ces conjectures : Cohen vient de perdre sa mère (« Elle est morte ») et lui
offre ce livre de souvenirs (« je me souviens ») en hommage. Les premiers
mots du texte semblent aussi indiquer que cette œuvre s’apparentera un
peu à une autobiographie.
m Question 2
• Le présent est le temps qui offre l’éventail le plus vaste de valeurs : il
existe le présent d’énonciation (qui correspond au moment où la personne
parle ou écrit), le présent de narration (qui renvoie à un événement passé et
le fait en quelque sorte revivre) et le présent de vérité générale (que l’on
trouve dans les maximes, les proverbes ou les considérations de portée uni©HATIER
verselles). L’écriture biographique – qui implique des époques différentes
(celle de l’écriture et celle du temps passé) et qui incite l’auteur à revenir sur
son passé pour en tirer des conclusions d’ordre moral, des considérations
sur l’homme – joue souvent sur les valeurs de ce présent.
• Ainsi, dans les textes de Colette et de Cohen, le présent correspond au
temps de l’énonciation, donc de l’écriture : « je sais », « ce qui s’attache de
splendeur, dans mon souvenir, aux cordons » et « vivent encore » (texte de
Colette) ; « Je me souviens » et « Je revois » (à deux reprises, dans le texte
de Cohen) pourraient être accompagnés de l’expression « aujourd’hui, alors
que j’écris… ». À cet emploi on peut rattacher « Elle est morte » qui clôt le
texte de Cohen, qui n’est pas un passé composé, mais bien un présent du
temps de l’écriture qui contraste pathétiquement avec les temps du passé
du reste du texte qui a recréé le passé.
• Le texte des Confessions de Rousseau ne comporte que trois verbes au
présent (le récit est mené au passé simple et à l’imparfait) : « Ce sont
presque toujours de bons sentiments mal dirigés qui font faire aux enfants
le premier pas vers le mal. » L’adverbe « toujours » et la teneur de la phrase
indiquent qu’il s’agit là d’une vérité générale, d’une conclusion à laquelle
Rousseau est arrivé à la suite de son expérience d’enfant. On retrouve le
même présent à la fin du récit : « Voilà comment en tout état le fort coupable se sauve aux dépens du faible innocent. » La généralisation se
marque ici aussi par les expressions « en tout état » et par l’article défini « le
fort coupable » et « du faible ». Il s’agit en somme d’une morale. Cet emploi
du présent correspond bien au projet de Rousseau dans ses Confessions :
exposer aussi, à partir de sa propre expérience, sa conception du monde.
■ Commentaire
PRÉPARATION
m Trouver les idées directrices
Faites, pour vous aider, la « définition » du texte qui peut vous ouvrir des
pistes (voir sujet n° 1, p. 24). Analysez avec précision les termes de la
« définition ». Ici, par exemple : Retour amusé, plein d’humour et ému sur un
épisode de son enfance et hommage à une mère disparue.
Première piste
– Demandez-vous à quoi sert l’humour. Il sert souvent à prendre de la distance quand l’émotion risque de devenir trop forte.
Appréciez l’effet produit sur le lecteur par cet humour : rire ? sourire ?
©HATIER
Relevez les détails qui font rire ou sourire.
Quelles formes de l’humour trouvez-vous dans le texte : autodérision, caricature, hyperboles, effets de décalage, etc. ?
– Caractérisez l’émotion de l’auteur quand il raconte (émotion qui rejaillit sur
le lecteur). Qu’éprouve-t-on devant ce portrait de la mère, devant sa fragilité, devant la solitude de la mère et du fils, devant leur connivence :
attendrissement ? pitié ?
– Recherchez les mots qui marquent la délicatesse, par exemple.
– Étudiez enfin le « mélange » de l’humour et de l’émotion : pour cela, analysez les changements de registre, les ruptures de tonalité.
• Deuxième piste
– Le texte semble être un « hommage ». Dans un hommage, se mêlent soumission, respect et vénération ; c’est une offrande faite à quelqu’un en signe
de respect ou d’amitié, d’amour. Ici, le titre indiquait déjà (voir question 1)
cet aspect de l’œuvre de Cohen.
– Vous devez chercher dans le texte ce qui témoigne du respect, de l’amour
et de la reconnaissance de Cohen à l’égard de sa mère.
– Analysez quelle image Cohen donne de sa mère :
physiquement (élégance, etc.) ;
surtout moralement : ses sentiments pour son fils, sa douceur, sa modestie.
– Montrez que c’est une figure centrale : analysez pour cela la syntaxe
(forme des phrases), le nombre de lignes qui lui sont consacrées…
CORRIGÉ DU COMMENTAIRE
Attention ! Les indications entre crochets ne sont qu’une aide à la lecture et
ne doivent pas figurer dans votre rédaction.
[Introduction]
Presque toutes les autobiographies reconnaissent l’influence fondatrice des
parents sur une vie : règlement de compte avec des adultes jugés trop durs,
comme chez Vallès, ou souvenir émerveillé et reconnaissant comme chez
Rousseau… l’autobiographe revient sur les pas de son enfance.
Dans Le Livre de ma mère Cohen, déjà âgé, fait revivre avec émotion le souvenir de sa mère disparue. Il se retourne vers ses souvenirs d’enfance, vers
leurs loisirs tout simples du dimanche à Marseille qui leur paraissaient pourtant merveilleux parce qu’ils étaient ensemble. Sa mère n’est plus, et pour
ne pas laisser sa peine prendre le dessus, il rapporte ces moments avec
une certaine distance ironique. Dans une tonalité en demi-teinte, entre
humour et émotion, il rend un hommage vibrant à cette mère si aimante et
tant aimée.
©HATIER
[1. L’humour et l’émotion]
Pour évoquer ces moments de bonheur simple partagé, le narrateur semble
vouloir prendre un certain recul en les évoquant avec humour : mais ce
détachement, on le verra, n’est qu’une façon de contenir, tant bien que mal,
l’émotion qu’entraînent à leur suite les souvenirs.
[1.1. Le rappel du passé : entre objectivité et déformation
humoristique]
Le texte s’ouvre par quelques notations objectives sur les circonstances de
ces « promenades du dimanche » « en été », le seul loisir que leur permettent des moyens modestes (« On n’était pas riches »).
Puis Cohen abandonne ce ton neutre pour faire un portrait presque caricatural
de sa mère et de lui-même. Par quelques comparaisons drôles parce qu’inattendues, il nous rend sensible le décalage qu’il semble trouver maintenant
comique (« ridiculement » « inopportun ») entre leur excessive élégance vestimentaire et la modestie de leur promenade et des lieux qu’ils fréquentent.
Ce n’est plus le petit Albert et sa mère mais une famille royale qui s’embarque
dans le « tramway », un « petit prince » et la reine mère, avec ce qu’implique
ironiquement de légendaires origines orientales le titre de « reine de Saba »
pour cette épouse d’un petit commerçant juif ! On a l’impression que le narrateur est complètement détaché de « ces » personnages – il s’agit pourtant de
sa mère et de lui-même ! – dont il parle à la troisième personne, comme s’il ne
pouvait plus se reconnaître en eux : « Ils s’habillaient très bien […] ». C’est que
leur tenue endimanchée les métamorphose totalement : ils sont en représentation, comme des acteurs – « des chanteurs d’après-midi mondaine » précise
malicieusement Cohen –, soucieux de tenir leur rôle – ici celui d’une respectable famille en promenade –, et, dans leur naïveté, ils en font un peu trop.
Cohen poursuit dans l’autodérision en se décrivant, enfant, comme une
espèce d’androgyne « avec un visage de fille, angélique », éperdu d’admiration au point d’en avoir « la chair de poule » devant le président de la
République. Le narrateur adulte dégonfle par une formule assassine le prestige qu’il trouvait, quand il était enfant, à ce personnage officiel, « gros
rouge ordinaire » : cette épithète caricature ce notable de la IV e République,
avec son embonpoint et son teint couperosé dus à des banquets bien
arrosés, ce qui justifie d’autant plus son assimilation à du « gros rouge
ordinaire », un vin médiocre, à l’image de ce personnage médiocre !
[1.2. L’émotion sincère devant l’amour et la simplicité
de cette mère et de son fils]
Mais cet humour n’empêche pas l’émotion d’affleurer. Cohen sourit mais il
s’attendrit aussi et prend « pitié » de ces « deux faibles ».
©HATIER
C’est d’abord leur amour mutuel qu’il souligne par une hyperbole (« aimant
à en remontrer à Dieu ») presque blasphématoire si elle n’était justement la
preuve de la profondeur de cet amour. On le sent ému par la fragilité, la
maladresse de ce couple insolite, isolé dans son univers d’amour, décalé
par rapport au reste du monde ; il multiplie les expressions qui traduisent
cette inadaptation ; ils sont « empotés », « peu dégourdis » « égarés », ressentent de la « gêne », se comportent « timidement ».
Pourtant, dans leur simplicité, ils font preuve d’une vraie sagesse et, paradoxalement, le prix qu’ils accordent à leur simple « tour de la Corniche »
dévalorise et montre la vanité de ces loisirs luxueux, « villégiatures »,
« mondanités », « chasse à courre » tels que peuvent les décrire les magazines consacrés aux célébrités. Bienheureux ces pauvres en argent mais
riches en amour qui transfigurent un casino hideux et un bar minable en un
palais des mille et une nuits seulement par les « splendeurs orientales » et
« les merveilles » des spécialités méditerranéennes préparées par la mère.
[1.3. Des étrangetés de style trahissent l’émotion]
L’étrangeté de certaines tournures syntaxiques, de quelques usages lexicaux contribue aussi à rendre cette émotion, tels que le tour « aimant à en
remontrer à Dieu » qui paraît un peu vieilli, ou « luxueuse », que l’on
n’emploie guère pour une personne. Dans l’avant-dernière phrase : « Elle
me tendait […] », on aurait attendu « une serviette qu’elle avait amoureusement repassée » et non « repassée par ma mère », qui introduit un étrange
effet de dédoublement. Ces écarts stylistiques, ces altérations inattendues
font penser à la tonalité mineure qui introduit, dans un morceau musical,
une atmosphère particulière, triste ou nostalgique.
La dernière phrase : « Elle est morte », dans sa sécheresse, avec le retour
brutal au présent, libère toute l’émotion jusqu’alors retenue. C’est un
constat terrible, par tout l’implicite que la phrase contient, la certitude qu’il
ne reste qu’un malheur irréversible et quelques pauvres souvenirs.
[2. Un hommage rendu par Cohen à sa mère]
Mais le titre même de l’œuvre indique que Cohen, dans son livre, a l’intention non seulement d’exhaler son chagrin mais aussi de rendre à sa mère un
hommage plein de respect et d’admiration.
[2.1. Sa place centrale dans l’œuvre et dans le texte]
Personnage central du livre qui lui est dédié (Le Livre de ma mère), la mère
est la figure autour de laquelle est construit ce passage. La plupart des
phrases commencent par le pronom « elle », comme si le narrateur voulait,
par une espèce d’incantation, faire revenir cette présence.
©HATIER
[2.2. La valorisation de son apparence physique]
La mère est d’abord valorisée pour l’élégance de son apparence digne de la
« reine de Saba ». La précision de la description de sa tenue du dimanche,
avec « ses longs gants de dentelle noire, son corsage à ruches avec des
plissés, des bouillons et des fronces », la fait voir avec une netteté quasi
photographique, bien qu’elle ne soit ici qu’une silhouette gracieuse, car les
traits de son visage ne sont pas décrits.
[2.3. Une beauté intérieure]
Mais Cohen insiste surtout sur la douceur de ses sentiments et son total
dévouement à son fils : cette mère est tout entière dans l’expression « elle
me servait », qui montre comment elle s’est véritablement consacrée au
service de son fils, dans ses actions les plus concrètes, les plus modestes
comme le repassage d’une serviette ou la confection des plats qu’il préfère.
Elle ne vit pas cela comme une tâche domestique ingrate mais plutôt
comme les gestes d’un culte qu’elle accomplit avec bonheur et gaieté, « en
fredonnant » un air d’opéra.
À cette époque, sa mère est encore tout pour Albert ; ils vivent en complète
harmonie : « elle et moi », et plus loin « Moi […] », « Elle […] », mais le plus
souvent ils sont tous deux réunis par un « nous » ou un « on » plus familier.
[Conclusion]
Marcel Pagnol, qui a lui-même si bien parlé de sa mère, notamment dans Le
Château de ma mère de sa trilogie provençale, admirait Le Livre de ma
mère : « un livre unique et qui durera. La plus belle histoire d’amour ». C’est
le livre d’un fils, mais aussi de tous les fils, de tous ceux qui un jour regretteront de s’être montrés ingrats, indifférents ou incompréhensifs, comme en
avertit Cohen : « Aucun fils ne sait vraiment que sa mère mourra et tous se
fâchent, s’impatientent contre leurs mères, les fous si tôt punis. »
■ Dissertation
PRÉPARATION
m Comprendre le sujet
• Le sujet se présente sous la forme d’une question : la problématique est
clairement isolée. Pour mieux assimiler la question, reformulez-la avec vos
©HATIER
propres mots, sous des formes variées : « Pourquoi les auteurs qui racontent leur propre vie accordent-ils autant d’importance au récit de leur
enfance ? »
• Subdivisez cette question, relativement simple, en sous-questions qu’elle
vous suggère : « Pourquoi un autobiographe raconte-t-il son enfance ? » ;
« Que recherche l’autobiographe dans son enfance ? du point de vue des
émotions ? de sa personnalité ? » ; « De qui (quels types de personnes),
vraisemblablement, l’autobiographe parle-t-il quand il raconte son
enfance ? »
• Vous vous demanderez aussi, plus généralement : « Pourquoi l’enfance
est-elle importante pour un individu ? » ; « Qu’est-ce qui différencie
l’enfance de l’âge adulte ? »
Ces questions doivent vous aider à trouver des idées.
• Assortissez chaque idée trouvée d’un ou deux exemples précis, que vous
développerez brièvement. Pensez à utiliser les textes du corpus.
• Pour l’introduction, vous pouvez partir de titres de certaines œuvres autobiographiques (L’Enfant de J. Vallès, Enfance de N. Sarraute, etc.).
CORRIGÉ DE LA DISSERTATION
Attention ! Les indications entre crochets ne sont qu’une aide à la lecture et
ne doivent pas figurer dans votre rédaction.
[Introduction]
L’Enfant de Vallès, Enfance de Nathalie Sarraute, Une enfance créole de
Patrick Chamoiseau ; « Je suis né à Genève en 1712 », commence Rousseau
au seuil de ses Confessions. Presque toutes les autobiographies accordent
une large place à l’enfance, alors même que c’est sans doute la période de la
vie que l’on a le plus de difficulté à se rappeler. Comment expliquer ce
phénomène ? Pourquoi un autobiographe revient-il sur son enfance ? Il faut
chercher une réponse dans la réserve de souvenirs que constitue l’enfance,
mais aussi dans le fait que, dans cette période de la vie, l’être humain est
confronté au monde adulte et vit des expériences pour la première fois, expériences fondatrices de l’adulte qu’il est devenu quand il écrit.
[1. À la recherche du temps perdu]
[1.1. La recherche d’un paradis perdu et une réserve
de bonheur inaltérable]
L’enfance est le plus souvent une période d’innocence, d’insouciance, de
bonheur, une sorte d’âge d’or, où l’être n’est pas encore déchiré entre
©HATIER
passé et futur, où « le cerveau fonctionne au présent » (Emmanuel Laborit,
Le Cri de la mouette). L’autobiographe, plongé dans le monde des adultes
quand il écrit, cherche alors, à travers le récit de ses premières années, à
revivre les moments heureux de liberté et de jeu, passés dans l’absence de
souci, ou les moments d’intense émotion vécus sans le contrôle tyrannique
de la raison, de la morale et des contraintes : « L’homme veut son enfance,
veut la ravoir », dit Albert Cohen. C’est Rousseau qui revit avec délice sa
rencontre avec Madame de Warens : le lecteur ne sait pas vraiment si le
présent qu’emploie Rousseau a une valeur narrative ou s’il renvoie au
moment de l’écriture : « J’arrive enfin, je vois Mme de Warens »… Sans doute
aurait-il pu écrire : « je la revois ». Plus loin, se remémorant son retour chez
sa « Maman », le cœur battant à nouveau au moment où il écrit : « Que le
cœur me battit en approchant de la maison de M me de Warens ! […] Je tressaillis au premier son de sa voix, je me précipite à ses pieds, je colle ma
bouche sur sa main ». Le passage au présent de narration indique assez
que Rousseau est revenu, le temps de l’écriture du moins, à ces temps
heureux.
La remontée des souvenirs lointains de l’enfance s’accompagne souvent de
la nostalgie de ces temps révolus, mais l’écrivain trouve un plaisir dans
cette nostalgie même… « Les vrais paradis sont les paradis perdus », dit
Proust. Mais ce sont encore des paradis ! Et l’on peut même, en période de
malheur, trouver là une compensation – au moins mentale – à la dure réalité
d’adulte. Rêverie retranchée de la vie, morceaux de bonheur en réserve sur
lequel rien, pas même le présent, n’a de prise : quelque chose de gagné à
tout jamais.
Nathalie Sarraute, dans Enfance, essaie de rendre compte de ce frémissement : « c’est encore tout vacillant […], aucune parole ne l’a encore touché,
il me semble que ça palpite faiblement… hors des mots… comme toujours…
des petites boutes de quelque chose d’encore vivant… ».
[1.2. La recherche d’une origine]
Parler de soi enfant c’est aussi se rassurer : l’autobiographe, à la recherche
de ses origines, de son passé qui lui fait prendre pied de façon solide dans
la vie se rassure sur ses « racines ». Si Rousseau écrit : « Je suis né à
Genève en 1712 de… ; », si Marguerite Yourcenar dit : « L’être que j’appelle
moi vint au monde un certain lundi 8 juin 1903 vers les huit heures du matin,
à Bruxelles, et naissait d’un Français appartenant à une vieille famille du
Nord, et d’une Belge… » (Souvenirs pieux), en le formulant même ils se font
exister, s’inscrivent dans une lignée humaine, ancrés dans le temps et dans
un lieu, dans un réseau de relations humaines qui leur donne leur statut et
leur assurera la reconnaissance du regard d’autrui.
©HATIER
[1.3. Se créer une cohérence, anéantir l’écartèlement
entre passé et présent : « Je suis encore cet enfant. »
Retenir le temps et s’arrêter de vieillir…]
« Pauvre gosse dans le miroir. Tu ne me ressembles plus, pourtant tu me
ressembles », dit Aragon dans Le Mentir-vrai. Pour résoudre ce paradoxe un
peu destructeur, l’évocation et la résurrection de l’enfance conduisent
l’autobiographe à se redonner ou à se fabriquer une cohérence, une unité
qui, une fois ces moments revécus et fixés dans les pages, réduit ou même
annihile l’écartèlement entre le passé et le présent et permet de sentir l’unité
de son être. L’écrivain peut alors embrasser l’ensemble de sa vie et se dire :
« Je suis encore cet enfant ». Marguerite Yourcenar écrit, au seuil de Souvenirs pieux : « Que cet enfant soit moi, je n’en puis douter sans douter de
tout. » Il s’agit là en effet d’une certitude qui soutient toutes les autres.
Cette cohérence une fois retrouvée, l’autobiographe a l’impression de
retenir le temps et de s’arrêter de vieillir, de garder vivante cette partie de
lui-même et de maintenir le lien entre l’enfance et le temps présent.
[2. L’enfant face aux parents, aux adultes :
hommage ou revanche ?]
Mais le récit d’enfance n’a pas pour seul sujet l’auteur lui-même. Qui dit
« enfance » dit « parents » ou du moins « adultes », ces êtres qui ont, positivement ou négativement, marqué l’enfant, qui l’ont accompagné dans ses
premières années, avec qui la relation – bonne ou mauvaise – est toujours
forte. Or, tout ce qui a marqué mérite qu’on le mentionne. Ainsi, les raisons
pour lesquelles on « raconte » ses parents ou les adultes peuvent être de
deux types, radicalement opposés.
[2.1. L’hommage aux parents]
Certains autobiographes ressentent le besoin de rendre hommage à leur
mère, pour son amour et sa tendresse, pour son dévouement sans faille : le
cinéaste Verneuil, dans son autobiographie « Mayrig » (« Maman » en arménien), s’émerveille de cette figure de mère qui l’a fait « milliardaire en
amour » et il ne se lasse pas de se remémorer les doux moments passés
avec elle. Il entreprend son autobiographie au moment même où sa mère
meurt, tout comme Albert Cohen qui intitule Le Livre de ma mère l’œuvre
que l’on pourrait considérer comme son autobiographie, dont cependant le
centre ne serait pas le « je » de l’écrivain mais sa mère qui a accompagné
son enfance. Déjà Montaigne, dans ses Essais, dit son admiration pour son
père si patient qui le faisait réveiller en douceur et en musique pour ne pas
le brusquer et avec qui il révisait son latin ! Le récit d’enfance devient alors
un tribut, un hommage à ceux qui ont donné la vie et guidé avec tendresse
©HATIER
les premières années, sorte de dette morale dont il est doux de s’acquitter.
Le récit de l’enfance est alors aussi un moyen de garder l’image d’êtres
chers désormais disparus.
[2.2. Une revanche ? Il faut régler ses comptes]
Au contraire, Jules Vallès dans L’Enfant ou Hervé Bazin dans Vipère au poing
semblent faire de leur autobiographie – qu’elle soit romancée ou non – une
revanche contre celle qui leur a volé leur enfance : une mère sans cœur et
impitoyable à qui leurs enfants n’ont su parler vraiment que par livre interposé. Le livre est alors un moyen de « dire » dans la solitude de l’écrivain ce
que l’enfant n’a pu ou su exprimer, de ne pas laisser muette et enfouie une
rancœur ou une souffrance d’autant plus douloureuse qu’elle est ancienne.
[2.3. Présenter aux adultes une image d’eux-mêmes,
faire connaître le monde des enfants : un miroir tendu]
Les adultes, assez souvent, ne se rendent pas – ou plus ? – compte de
l’impact que leur attitude peut avoir sur un enfant et ils ont oublié comment de
petits faits peuvent le marquer. Ils voient le monde avec leurs yeux de grandes
personnes, oublieuses du monde enfantin. L’autobiographe qui relate son
enfance leur rappelle cette vision du monde qui a été autrefois la leur et en
même temps leur tend un miroir. De la contemplation de cette image ils
doivent tirer des conclusions ; parfois, il s’agit d’un « plus jamais ça ! ». Ainsi
Nathalie Sarraute, dans Enfance, tend à sa mère son image, celle d’une
femme égoïste qui n’a pas su comprendre le besoin d’affection de sa fille ni
son admiration et qui l’a rejetée ; à Véra elle renvoie l’image d’une véritable
marâtre qui l’a fait souffrir… Quel adulte voudrait, après avoir lu ces lignes, se
comporter comme elle ? L’autobiographe, involontairement, donne là aux
adultes une leçon par l’exemple, ou le contre-exemple, et semble leur dire :
« Souvenez-vous comment c’est, d’être enfant ! Remettez-vous à leur place ! »
[3. L’adulte dans l’enfant : une période de construction]
[3.1. Une période de formation : une clé pour se comprendre
adulte]
L’enfance est aussi le moment des événements fondateurs de la personnalité. Parler de son enfance marque aussi le besoin de saisir ce qui a
structuré sa personnalité, toutes ces impressions fortes, ces événements
dont le retentissement est encore sensible dans l’adulte et souvent permanent. Les rechercher et en comprendre l’importance en les racontant permet
de mieux « expliquer » l’adulte que l’on est devenu.
Ce sont le plus souvent des traumatismes, physiques ou affectifs, qui ont
marqué cette période de formation. Ainsi, Michel Leiris raconte comment il
©HATIER
fut « victime d’une agression », l’ablation des végétations, et conclut : « Ce
souvenir est… le plus pénible de mes souvenirs d’enfance […] Toute ma
représentation de la vie en est restée marquée : le monde, plein de
chausse-trappes n’est qu’une vaste prison ou salle de chirurgie. »
Premières empreintes, mais empreintes durables, qui éclairent l’adulte et
son « moi » profond.
[3.2. Se confesser ? Se donner une excuse ?]
Certaines de ces expériences sont des actions répréhensibles dont l’autobiographe a été l’auteur et dont il a à rougir, qu’il pourrait occulter. L’écriture
offre alors l’occasion de faire la paix avec sa conscience et de dissiper les
malentendus parfois entretenus. Albert Cohen reconnaît ne pas avoir agi
avec sa mère comme il aurait dû, il donne ce conseil aux « fils des mères
encore vivantes » : « Aimez-la mieux que je n’ai su aimer ma mère », et
confesse ses ingratitudes d’adolescent envers sa mère ; son livre est son
rachat…
Rousseau aussi se « confesse », mais il semble en même temps dire : « Je ne
suis pas responsable », quand il fait cette série d’aveux des fautes qu’il a commises enfant : le vol d’asperges dans un potager, le vol de pommes dans une
remise, la fausse accusation de vol qu’il porte contre une servante innocente,
etc. Tout en en faisant le récit, Rousseau se persuade – et veut persuader le
lecteur – qu’il ne porte pas la responsabilité de ces fautes ; ce sont les adultes
qui l’ont contraint et leur mauvaise influence est seule cause de ces dérives. Il
le dit lui-même : « Mon premier vol fut une affaire de complaisance ; mais il
ouvrit la porte à d’autres qui n’avaient pas une si louable fin. » Se peindre
enfant, ce peut être aussi excuser l’adulte qu’on est devenu.
[3.3. Le rôle cathartique : un fardeau qu’on évacue]
Enfin, de même que le patient du psychanalyste raconte, et plus particulièrement son enfance, pour se guérir, pour retrouver des souvenirs
enfouis et se décharger de ce fardeau qui l’inhibe (on dit bien : « Il faut
que ça sorte », comme d’une maladie infantile), de même l’autobiographe
devient son propre analyste : Nathalie Sarraute déroule son autobiographie à deux voix, la deuxième jouant le rôle de la conscience qui aide la
narratrice à faire revenir à la surface des souvenirs parfois douloureux :
« c’est de toi que me vient l’impulsion, depuis un moment déjà tu me
pousses… » L’autobiographie joue alors un rôle cathartique, exorcise de
mauvais souvenirs, dont l’auteur se trouve désormais déchargé. Couchés
sur le papier, ils perdent de leur effet pernicieux et ne hantent plus
l’inconscient. Même si le souvenir est pénible, l’écrire permet d’être en
paix avec soi-même.
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[4. Quand l’enfance n’a rien à voir… avec le propos]
Les « raisons » de raconter son enfance sont donc multiples… Alors, comment
expliquer que certaines autobiographies la passent sous silence ?
[4.1. Le cas de l’enfance sans histoire, sans bonheur
ni blessure]
L’autobiographe, qui ne peut tout dire, doit choisir et cueillir ce qui émerge
dans sa vie ; et parfois, une enfance sans histoire, sans bonheur ni blessure,
ne mérite pas de longs développements et doit céder le pas à des épisodes
plus palpitants de la vie d’adulte. Montaigne parle très peu de son enfance et
ne l’évoque que lorsqu’elle lui fournit matière à réflexion sur l’éducation par
exemple, mais il se garde bien de la raconter in extenso.
[4.2. Le cas des mémoires et du journal]
Indépendamment de l’intérêt de l’enfance en elle-même, certaines formes de
l’autobiographique, par leur nature, peuvent faire l’économie du récit d’enfance.
C’est le cas des mémoires, où le personnage social et « historique » de
l’auteur importe plus que la personne privée et où l’Histoire se mêle à sa vie.
Panorama d’une époque plus que de l’être affectif né des expériences émotionnelles et sentimentales, témoignages qui dépassent la vie de l’auteur, ils ont
une perspective plus « haute », moins intimiste, et accordent à l’individu une
place plus réduite. Le général de Gaulle, dans ses Mémoires de guerre, parle
très peu de son enfance – il n’en fait pas à proprement parler le récit – : lorsqu’il
se présente, en quelques lignes, déjà « adolescent », c’est en fait déjà le futur
adulte qui va entrer dans l’histoire qu’il voit en lui et son enfance est pour lui
d’une importance dérisoire à côté du destin de la France auquel il allait participer.
De même, le journal, écrit au jour le jour, peut n’être commencé qu’à
l’âge adulte. Le retour en arrière y étant très rare, l’enfance y a rarement
sa place.
[4.3. Quand la vie a commencé… plus tard !]
Enfin, pour certains, la « vraie » vie – celle qui mérite d’être relatée –, n’a
commencé que plus tard. Ce sont les hommes d’une seule expérience
dont les traumatismes ont occulté ce que l’enfance pouvait avoir de doux
et qui seule doit être racontée : ainsi, le message autobiographique de
Primo Levi dans Si c’est un homme… se focalise sur sa vie dans les camps
de concentration et tout ce qu’il y a découvert de l’âme humaine : c’est là
toute sa vie.
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[Conclusion]
Mais, au total, l’enfance garde une place de choix dans l’autobiographie.
Elle est fascinante parce qu’elle porte en elle et les joies les plus intenses et
les blessures les plus douloureuses, bien plus que l’âge adulte, à tel point
que certains autobiographes arrêtent le récit de leur vie quand se termine
cette période mystérieuse.
« Rassure-toi, j’ai fini, je ne t’entraînerai pas plus loin…
– Pourquoi maintenant tout à coup, quand tu n’as pas craint de venir jusqu’ici ?
– Je ne sais pas très bien… je n’en ai plus envie… je voudrais aller ailleurs…
C’est peut-être qu’il me semble que là s’arrête pour moi l’enfance… »
Tel est le dernier « dialogue » entre Nathalie Sarraute et sa « conscience ».
Après l’enfance, sa conscience d’adulte, faisant corps désormais avec son
être, ne saurait sans doute plus se démarquer et faire « surgir quelques
moments, quelques mouvements qui [lui] semblent encore intacts » hors
de « cette couche protectrice qui les conserve, de ces épaisseurs blanchâtres, molles, ouatées qui se défont, qui disparaissent avec l’enfance »
(Enfance).
■ Écriture d’invention
PRÉPARATION
m Comprendre le sujet
• Analysez chacun des mots de la consigne ; cela permet de faire la
« définition » du texte à produire et de cerner les contraintes.
– Genre du texte à produire : « dialogue ». Le sujet ne précise pas s’il
s’agit d’un dialogue de théâtre. Vous pouvez choisir d’en faire une sorte de
scène de théâtre ou un dialogue qui pourrait venir s’insérer dans un récit,
mais la partie narrative doit être réduite au minimum.
– Le registre ne vous est pas indiqué, mais le contexte (voir le texte de
Rousseau) laisse entendre qu’il n’est pas comique.
– Sujet du texte : « aller voler les asperges ».
– Situation d’énonciation :
Qui ? M. Verrat : vous devez tenir compte de son identité et de ce que le
texte vous indique de lui.
Rousseau : vous devez tenir compte de la personnalité dont il fait preuve
dans le texte.
Quand ? avant le vol.
• Pensez à bien marquer les rapports qui unissent vos deux personnages.
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• « argumenté » : les deux personnages doivent donner des arguments qui
soutiennent leur position. Définissez bien leur « thèse », pour pouvoir trouver
des arguments :
– pour M. Verrat : « Il faut que tu ailles voler à ma mère les asperges. » Au
passage, vous remarquerez qu’on vous demande de légitimer… un vol, ce
qui n’est pas forcément recommandable ! ;
– pour Rousseau : « Je ne veux pas aller voler, ce n’est pas bien. »
m Chercher des idées
Le ton des personnages : des indications vous sont données par le texte.
– Les propos de M. Verrat : « cajoleries préliminaires » ; « il me la proposa
comme une idée qui lui venait sur-le-champ » (on ne doit pas sentir qu’il
avait prémédité la chose).
– La réaction de Rousseau : « je disputai » (une certaine vivacité).
Le déroulement du dialogue, sa progression : des indications sont fournies par le texte :
– « cajoleries préliminaires » / incompréhension de Rousseau (« je n’en
voyais pas le but ») ;
– « proposition subite (« sur-le-champ ») ;
– refus et arguments contre, de la part de Rousseau ;
– insistance de M. Verrat ; nouvelles cajoleries ? (« caresses ») ;
– acceptation de Rousseau.
Les arguments : certains des arguments de M. Verrat sont suggérés dans
le texte :
– il « n’avait pas beaucoup d’argent » ;
– il veut « les vendre pour faire quelques bons déjeuners » ;
– il ne veut pas « s’exposer lui-même » (sa mère le reconnaîtrait, alors
qu’elle ne connaît pas le jeune Rousseau).
Il pourra aussi minimiser la faute (objet du vol anodin) ; promettre (faussement) une récompense à Rousseau ; présenter l’aventure comme une
prouesse ; minimiser les risques (il ne sera pas puni, car c’est un enfant), etc.
Les arguments de Rousseau : aucune indication dans le texte, mais on
imagine qu’il tiendra un discours moral. Il pourra aussi suggérer à M. Verrat
d’y aller lui-même ; exprimer sa peur du châtiment (« dans ma frayeur »,
« que de coups, que d’injures, quels traitements cruels », « doublement
puni ») ; dire que le vol est un « péché » (penser au contexte et au poids de
la religion) ; demander quelque chose en « échange » (réaction enfantine
courante)…
• Donnez à votre dialogue de la dynamique, de la vivacité.
©HATIER