Le système hyper intensif de l`olivier à huile en Tunisie après 10 ans
Transcription
Le système hyper intensif de l`olivier à huile en Tunisie après 10 ans
Revue Ezzaitouna 13 (1 et 2) 2012 LE SYSTEME HYPER INTENSIF DE L’OLIVIER A HUILE EN TUNISIE APRES 10 ANS: UNE EVALUATION TECHNICOECONOMIQUE Med Bechir Sai1, A. Larbi1, S. Mestaoui1,2, Ch. Bayoudh3 et M. Msallem1 Résumé L’objectif de ce travail de recherche est de procéder à une évaluation technico-économique d’un nouveau mode de conduite de l’olivier à huile introduit il ya 10 ans en Tunisie. Il s’agit du système hyper-intensif de l’olivier basé essentiellement sur une densité de plantation très élevée et imposé par la nécessité de la mécanisation de la cueillette et de la taille, de l’entrée rapide en production et de l’amélioration des résultats de l’olivier. L’analyse des résultats d’une enquête menée auprès de 27% des bénéficiaires de ce système a montré que le choix principal encourageant les agriculteurs à opter pour ce système de conduite est plutôt le rendement élevé, l’entrée rapide en production et la minimisation du coût. Ces mêmes résultats montrent que la faisabilité du système dépend largement de la superficie de l’oliveraie, les plus grandes en profitent le mieux, et que la variété la plus adaptée au système est l’Arbosana. Mots clés: Evaluation, hyper-intensif, coût d’installation, coût de production. ------------------------------------------------------------------------------------------Abstract This Technical-economic survey assesses grower practices in the high density planting system ten years after the plantation in 2000 in Tunisia. This new planting system, based on high density planting was justified by the need of mechanical harvesting and pruning. Furthermore, this new planting system allow for heavy cropping within a few years after planting and improving olive trees results. Results obtained from the survey analysis (26% of the totality of growers having high density orchards) showed that, the choice of growers for using this planting system was based mainly on heavy cropping, early bearing and minimal cost production. These results showed that the feasibility of this production system was mainly related to the orchard surface indicating that large surface orchard had better benefits. Furthermore, growers responded to the survey that ‘Arbosana’ variety was the most adapted cultivar to this planting system. Key words: Evaluation, high density planting, investment cost, production cost. ------------------------------------------------------------------------------------------1. Institut de l’Olivier, BP 208, 1082, Tunisie 2. Institut National Agronomique de Tunisie, 3. DGPA: Direction générale de la production Agricole, Ministère de l’Agriculture 1 1. Introduction La culture de l’olivier à travers le monde a connu au cours des dernières années une évolution très importante dans le choix des densités de plantation et des variétés. Cette évolution a été imposée par l’augmentation des coûts des opérations culturales et le recours à la mécanisation de la cueillette et de la taille vu la rareté et la cherté de la main d’œuvre. En 1994, nous avons assisté à l’apparition du système hyper-intensif de l’olivier qui se base sur l’emploi d’une densité de plantation très élevée qui peut atteindre 2500 arbres/ha. Ce système a connu une extension très importante aussi bien en Espagne qu’ailleurs dans le monde et la surface cultivée est actuellement estimée à plus de 100.000 ha (Olint, 2010). En Tunisie, ce système a été introduit en 2000 sur une initiative de promoteurs privés et a connu par la suite une extension très importante au cours des 10 dernières années où il couvre actuellement plus de 3500 ha (Larbi et al., 2011). Ce nouveau mode de culture vise à augmenter le rendement par unité de surface, permettre une entrée en production précoce, une mécanisation de la cueillette et la récupération assez rapide du capital investi (Msallem et al., 2004). Cependant, il faut reconnaître que ce mode de conduite constitue encore un sujet de débat autour du choix variétal, de la densité, de la productivité, de la durabilité de ce système, des frais d’installation et de la rentabilité en général. En outre, malgré la grande extension qu’a connue ce secteur, les études scientifiques sont restées limitées et axées particulièrement sur le comportement des variétés cultivées. Les aspects technico-économiques sont cependant peu étudiés. 10 ans après l’introduction de ce système en Tunisie, nous jugeons que son évaluation est devenue une nécessité. Elle permettra d’orienter son adoption dans le futur et ce, en dégageant ses avantages et ses limites. 2. Présentation du système hyper intensif en Tunisie En 1999, ce système a été introduit en Tunisie par des promoteurs privés sur une superficie de 50 ha à Mornag (SMVDA, SADIRA) et Grombalia (SMVDA- Elkatibia) avec une densité de plantation de 1250 arbres/ha. Le matériel végétal est composé de variétés étrangères (Arbequina, Arbosana et Koroneiki). Ce mode s’est propagé ensuite dans toute la Tunisie pour couvrir actuellement la surface de 3500 ha (figure 1) (DGPA, 2010). Les densités utilisées jusqu’à maintenant varient entre 1250 et 1666 arbres/ha. 2 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Fig. 1: Evolution de la surface plantée en Tunisie de 2000 à 2010 (DGPA, 2010) Pour avoir une idée plus claire sur ce nouveau système de conduite et sur l’adaptation de certaines variétés à huile, nouvellement introduites (Arbéquina, Arbosana et Koroneiki) nous avons opté pour une méthodologie basée sur l’évaluation technico-économique et la réaction des premiers promoteurs. 3. Méthodologie Dans notre méthodologie plus d’un instrument est utilisé pour traiter les différentes questions d’évaluation technico-économique du système hyper intensif en Tunisie: * Pour l’étude et l’analyse du fonctionnement, du comportement et de la gestion des plantations en hyper-intensif, des enquêtes ont été réalisées auprès d’un échantillon d’oléiculteurs ayant adopté ce nouveau système. * Pour étudier l’évolution du système depuis son apparition dans les différentes régions du pays nous avons eu recours à l’analyse des données statistiques et de la documentation officielle disponible auprès des instances de développement concernées. Nous avons procédé a l’analyse et au recoupement de données provenant de différentes sources d’informations particulières: les études antérieures réalisées par divers intervenants, essentiellement: - Les rapports annuels d’activités des CRDA - Les articles, études et rapports élaborés par les services de la recherche au sein de l’Institut de l’Olivier, - Les différentes études officielles portant sur ce système dans le pays La population d’agriculteurs disposant d’exploitations cultivées en mode hyper intensifs a été déterminée au préalable par la Direction Générale de la 3 Production Agricole (DGPA, 2010). Elle contient 112 exploitations sur lesquelles nous avons effectué un échantillonnage qui a permis de retenir un échantillon de 30 exploitations entre petite, moyenne et grande superficies. La taille de cet échantillon représente 27% du nombre total des exploitations recensées par la DGPA. Les exploitations retenues ont été divisées en trois catégories en se basant sur leur superficie afin d’examiner les différences qui peuvent exister entre ces groupes: - Grande exploitation : plus de 50 ha - Exploitation de taille moyenne : 10-50 ha - Petite exploitation : <10ha. 4. Les aspects globaux l’évolution des surfaces totales et par strates de superficie 4.1. Taille des plantations hyper intensives en Tunisie Les exploitations cultivées en hyper intensifs en Tunisie se caractérisent par leur faible superficie. En effet, l’analyse des données recueillies auprès de la DGPA montre que les parcelles de petites superficies (<10 ha) représentent 55% du nombre total d’exploitations suivie de la catégorie moyenne (10 à 50 ha) qui représente 26% et des grandes exploitations (>50 ha) qui représentent 19% (figure 2). Contrairement à la Tunisie, la majorité des exploitations conduites en hyper intensif en Californie aux Etats-Unis, par exemple, sont d’une superficie supérieure à 81 ha et représentent 71% du total (Struzenberger et al., 2009). 19% 0->10 10->50 55% >50 26% Fig. 2: Répartition par classe des superficies des oliviers conduits en hyper intensif (DGPA, 2010) 4 4.2. Densité de plantation Dans le monde, la densité de plantation en hyper-intensif varie de 1250 à 2500 plants/ha. En Tunisie elle varie de 1250 à 1666 plants/ha. Les résultats de l’enquête montrent que la variété Arbosana est plantée dans 66,7% des cas avec la densité de 1666 plants/ha. Les variétés Arbequina et Koroneiki sont majoritairement plantées à la densité 1250 plants/ha avec des pourcentages respectifs de 70,4% et 60% (Tableau 1). Tab. I: Densités de plantation employées en hyper intensif selon les agriculteurs interrogés Densité de plantation (arbres/ha) <1250 1250 1666 >1666 Arbequina 11,1 70,4 15,5 0 Arbosana 0 33,3 66,7 0 Koroneiki 20,0 60,0 20 0 4.3. Matériel végétal Les variétés d’oliviers plantées en hyper-intensif dans le monde sont Arbequina, Arbosana et Koroneiki. Les résultats de notre enquête montrent que la variété la plus plantée en Tunisie en hyper-intensif est la variété Arbequina (62,7%), suivie de la variété Arbosana (30,3%) et enfin la variété Koroneiki (7,05%) (figure 3). Des proportions similaires ont été rapportées par Strusenberger et al, (2009) indiquant que la variété Arbequina occupe 78% de la surface d’olivier plantée en hyper intensif en Californie (USA), suivie de la variété Arbosana (16%) et la variété Koroneiki (6%). 7,06 30,27 Koroneika Arbosana Arbequina 62,67 Fig. 3: Répartition des superficies selon les variétés plantées Bien que la variété Arbequina soit la plus utilisée pour ce mode de culture, la moitié des agriculteurs interrogés (52,6%) se prononcent peu satisfaits sur les plans agronomique et technologique (Tableau 2). Cette réaction est justifiée par ces agriculteurs par la forte sensibilité de cette 5 variété vis-à-vis de la maladie de l’œil de paon qui affecte sévèrement le rendement, la vigueur élevée de l’arbre ce qui demande des interventions régulières de taille pour permettre une meilleure luminosité et enfin sa qualité d’huile qu’ils jugent de faible stabilité. Tab. II: Degré de satisfaction des agriculteurs pour les variétés utilisées Satisfait (%) Non satisfait (%) Arbequina 47,4 52,6 Arbosana 66,7 33,3 Koroneiki 0 100 4.4. Raisons du choix de l’hyper-intensif Etant donné que les objectifs recherchés de l’utilisation du système hyper intensif pour la culture de l’olivier visent une entrée en production rapide, des rendements élevés, réguliers et à moindre coût en particulier en ce qui concerne la récolte, nous avons demandé aux agriculteurs les raisons de leur choix pour ce système de culture. Les résultats de l’enquête montrent que les principales raisons étaient l’entrée rapide en production (86%) et le rendement élevé (62%) c’est indirectement la récupération et la rentabilisation du capital investi. Toutefois, la diminution des coûts de la récolte et de la taille par l’utilisation de la machinerie agricole n’ont été cités que par 17% des argiculteurs. Ces deux dernières raisons ont été exprimées par la majortité des agriculteurs qui disposent de plus de 50 ha de surface. De même nous avons constaté que quelques agriculteurs (3 à 6%) ont opté pour ce système de conduite pour diminuer l’alternance de production et pour une meilleure qualité d’huile. En Calirornie (USA), les raisons citées par les agriculteurs pour l’adaptation de ce système de culture ont été le revenu élévé (62%) suivi par le faible coût de production (14%), puis l’economie de l’eau d’irrigation (8%) et enfin la diversité de la culture (8%) (Sturzenberger et al., 2009). 4.5. La récolte L’option du système de culture hyper-intensif a été imposée par la nécessité de la mécanisation de la cueillette et de la taille vue la rareté et la cherté de la main d’œuvre dans les pays de la rive Nord méditerranéenne. La cueillette mécanique est donc un facteur primordial pour assurer la rentabilité de ce système. Toutefois, les résultats de notre enquête montrent que 78% des agriculteurs interrogés ont recours à une récolte manuelle et que dans 90% des cas ils n’envisagent pas l’achat d’une machine. Le refus d’achat d’une machine est attribué dans 81% (petites et moyennes exploitations) des cas interrogés au prix très élevé de la machine avoisinant les 500 milles dinars (250.000 €). 6 La deuxième raison rapportée par 50% des agriculteurs interrogés est le fait que la main d’œuvre n’est pas aussi chère pour envisager un tel investissement et enfin 3% préfèrent éviter les dégâts produits par la machine. 5. Considérations économiques, coûts et rendements 5.1. Le coût d’installation d’un ha d’oliviers à huile en hyper intensif Le coût d’installation de l’olivier conduit en hyper intensif comporte toutes les charges durant les deux premières années. En d’autres termes, c’est l’investissement ou les dépenses totales avant l’entrée en production (voir tableau3) Tab. III: Coût d’installation d’un ha d’oliviers à huile en hyper intensif Opération Unité P.U DT Préparation du sol (L. prof) H 80 Fumier de ferme T 10 Sulfate de potasse Super 45 Epandage d’engrais Nivellement Recroisement Piquetage Achat plants Système goute à goute Plantation Tuteurage et palissage Eau d’irrigation Désherbage chimique Traitement c parasites Binage et pincement Taille de formation Fertil d’entretien (azotée) Ql Fertil phos) d’entretien Année 1 Qtité Val 6 480 20 180 2 35 2 H 15 1 H 20 4 H 15 2 J 15 1 Plant 2.5 1250 J 15 2 Piquet 0.5 1250 m 3 0.12 3300 L+H 30 3 L+H 30 5 J 15 10 J 20 4 Ql 36 3 Ql (acide Kg 2 30 Total Année 2 Qtité Val - Total DT Valeur 480 200 - - 200 360 70 15 80 30 15 3125 3000 30 625 363 90 150 150 80 108 2 25 4000 3 5 10 4 5 30 62.5 1625 480 90 150 150 80 180 360 70 15 80 60 15 3187.5 3000 30 2250 876 180 300 300 160 288 60 50 100 160 9071 2947 12018 Le coût d’installation d’un verger en hyper intensif s’élève à 12018 DT/ha. Selon l’enquête réalisée, l’achat des plants et l’opération de plantation représentent 30% du coût total d’installation qui s’étend sur deux ans. Le tuteurage et le palissage représentent 12,6% du coût d’installation alors que le système d’irrigation goutte-à-goutte représente 25% du coût total d’installation. La préparation du sol et les opérations d’entretien pendant les premières années jusqu’à l’entrée en production (taille de 7 formation, irrigation, fertilisation, traitements phytosanitaires et désherbage) représentent le reste du coût d’installation. En Espagne, a titre d’exemple le coût d’installation d’un verger en hyper intensif varie entre 9000 à 12000 €/ha, soit le double (Tous et al., 2006) de celui de la Tunisie. 5.2. Le coût de production d’un kg d’huile d’olives mené en hyper intensif Le coût de production d’un kg d’huile en tenant compte du coût d’entretien, de la récolte, de la trituration et du transport est à peu près de 2.036 DT/kg (tableau 4). Le coût d’entretien et de production des olives qui englobe la taille, l’irrigation, la fertilisation, le désherbage, les traitements phytosanitaires et la récolte représente les deux tiers du coût total alors que le coût de la trituration, du transport des olives et des huiles, du gardiennage et de la gestion représentent le reste (tableau 4). Tab. IV: Coût de production d’un kg d’huile d’olives en hyper intensif Opération Unité P.U DT Ql Sulfate de potasse Recroisement Eau d’irrigation Désherbage chimique Traitement phytosanitaire Binage et pincement Taille de production (mécanisée) Fertil d’entretien (azotée) Fertil d’entretien (acide phos) Récolte mécanisée Trituration Transport Gardiennage et gestion Total H m3 L+H L+H J J Ql Kg T T T T 180 15 0.15 30 40 15 20 36 2 70 80 10 20 Année 1 Qtité Val 2 360 4 60 3500 525 3 90 3 120 10 150 6 120 4 144 60 120 9 630 9 710 9 90 9 180 3299 D’après les producteurs, le taux moyen d’huile pour les variétés menées en hyper intensif est de 18%. Sur cette base, un hectare d’olivier produit une quantité de 1620 Kg, soit un coût de production de 2.036 dinars le kg. 5.3 La récupération du capital investi A travers la même enquête, nous avons essayé de déterminer le pourcentage d’investissement récupéré après trois années consécutives de production, c'est-à-dire à l’âge de 5ans. Les résultats obtenus montrent que les agriculteurs récupèrent entre 20 à 30% du capital investi après la deuxième récolte et entre 60 à 75% après la troisième récolte. La récupération totale de ce capital est vers la quatrième production (l’âge de 6 8 ans de l’oliveraie). Ces résultats sont en accord avec ceux de Msallem et al. 2004 qui ont rapporté que la récupération de 30 et 70% du capital investi se produit après la deuxième et la troisième récolte respectivement 6. Appréciation des taux de satisfaction des oléiculteurs. La dernière partie de l’enquête a porté sur les impressions des agriculteurs interrogés sur le système hyper-intensif et les difficultés rencontrées depuis l’installation de leurs plantations. Ainsi, 57% des agriculteurs interrogés sont satisfaits des résultats du système hyper-intensif alors que 21,4% déclarent qu’ils ne sont pas satisfaits et le reste (21,4%) déclarent qu’ils le sont moyennement (figure 3). L’analyse de la catégorie des agriculteurs qui jugent que la satisfaction de ce système est moyenne ou faible, a montré que la superficie exploitée par ces agriculteurs (66,7%) est inférieure à 25 ha. Degré de satisfaction bonne 57,1% moyenne 21,4% faible 21,4% Fig. 4: Estimation du niveau de satisfaction de l’agriculteur 9 De même nous avons demandé aux agriculteurs leurs intentions en cas de création de nouveaux vergers. Les résultats obtenus montrent que 56% des agriculteurs interrogés ont exprimé leur volonté de replanter l’olivier en hyper-intensif, 26% ne se sont pas prononcés alors que seulement 16,7% ont exprimé le désir d’arracher les oliviers pour planter d’autres espèces arboricoles (figure 5). Intention 56,7% replanter ne sont pas prononcés arracher 26,7% 16,7% Fig. 5: Intentions des agriculteurs Dans cette même partie de l’enquête nous avons demandé aux agriculteurs de nous citer les principales contraintes rencontrées au niveau de ce mode de conduite. La non maîtrise de la conduite culturale (37%) (photo 1) a été la principale contrainte rencontrée (avec 11% au niveau de la taille de formation). Par ailleurs, 14,8% des agriculteurs ont indiqué que le coût d’installation élevé constitue un obstacle à l’évolution de cette culture, alors que 18,5 % des agriculteurs rapportent que la sensibilité aux maladies, l’alternance de la production, l’adaptation des variétés et la récolte sont les contraintes rencontrées dans leurs exploitations. Enfin, 11,1% des agriculteurs indiquent que la disponibilité de d’eau est la contrainte principale. Il est à signaler, que 7,4% des agriculteurs interrogés indiquent qu’ils ne trouvent aucune difficulté dans la conduite de leurs vergers. 10 contraintes de la culture de l'olivier conduit en hyperintensif conduite culturale exigente 37,0% coût d'installation élevé 14,8% taille de formation difficile 11,1% disponiblité limitée en eau 11,1% pas de contraintes présence de maladies 7,4% 7,4% variétés peu adaptées 3,7% production non stable 3,7% problème de récolte 3,7% Fig. 6: Principales contraintes de la culture de l’olivier hyper-intensif 7. Recommandations techniques A la lumière de l’enquête réalisée et de la discussion des résultas avec les spécialistes, nous recommandons aux agriculteurs qui optent pour ce système de culture ce qui suit: * Orientation des lignes L’adoption d’une orientation Nord-Sud est primordiale pour la réussite de ce nouveau mode de conduite. En effet, cette orientation permet un meilleur ensoleillement, évitant ainsi l’ombrage qui peut se produire lorsque les arbres ont une vigueur élevée. * Taille de formation La taille de formation devrait être effectuée correctement pour permettre le bon développement des plants et pour éviter l’encombrement végétatif dès les premières années après la plantation. De même, nous recommandons aux agriculteurs n’ayant pas formé les arbres en axe de procéder à la correction de la forme des arbres au cours des premières années pour éviter les problèmes qui peuvent apparaître avec l’encombrement végétatif. * Fertilisation et irrigation La maîtrise de la fertigation permet à la fois d’améliorer le rendement et par conséquent la rentabilité, de contrôler la vigueur des arbres et d’allonger la durabilité du verger. Pour ceci, nous recommandons aux agriculteurs d’établir un plan d’irrigation et de fertilisation propre à leur parcelle et d’éviter l’utilisation des programmes établis dans d’autres exploitations complètement différentes par la localisation, la nature du sol, 11 la qualité d’eau et même l’état végétatif et l’âges des arbres. De même, nous recommandons aux agriculteurs l’utilisation de quelques outils qui peuvent faciliter l’établissement des ces programmes tels que le diagnostic foliaire pour le cas de fertilisation et les sondes pour l’irrigation. * Récolte Le prix excessif de l’enjambeur reste l’obstacle majeur à l’adoption de cette machine pour la récolte surtout dans le cas des parcelles de petites superficies. La création de coopératives qui se chargeront de l’achat et de l’entretien d’une machine de récolte en faveur de plusieurs agriculteurs associés dans les régions de grande concentration des plantations hyperintensives peut résoudre ce problème. D’autre part il est possible d’envisager l’utilisation de matériel porté à dos qui est beaucoup moins coûteux qui accélère le travail et permet une importante diminution de son coût. Conclusions Les résultats de cette évaluation diagnostic technico-économique du système hyper intensif en Tunisie nous ont permis de conclure que: - Le choix principal qui à encouragé les agriculteurs à opter pour ce système de conduite n’est pas la mécanisation des opérations de la récolte et de la taille mais plutôt le rendement élevé et l’entrée rapide en production. - La majorité des agriculteurs ayant des superficies moyennes à faibles n’accordent que peu d’importance à la taille de formation et à l’installation du système de palissage. Une partie d’entre eux ignore même les principes de la taille de formation. - Le profil variétal est caractérisé par la dominance de la variété Arbequina, mais la majorité des agriculteurs interrogés (52,6%) se prononce non satisfaite de cette variété en comparaison avec la variété Arbosana. - Malgré le niveau d’étude supérieur chez les propriétaires, seulement une minorité d’entre eux a bénéficié d’une formation agricole. De même la maîtrise des techniques culturales est assez faible dans les exploitations de petite superficie qui comptent souvent sur des ouvriers pour mener les différentes opérations d’entretien du verger, ceci rend très difficile l’assimilation des exigences de ce nouveau mode de conduite. - Entre 60-80% des agriculteurs interrogés ont indiqué que la planification de l’irrigation et de la fertilisation est arbitraire et ne recours à 12 aucune approche scientifique. Ces exploitations sont généralement de superficie moyenne à faible. Cependant, il est à signaler que dans les exploitations de grande dimension les agriculteurs font recours aux outils d’aide à la décision tels que les sondes pour l’irrigation et le diagnostic foliaire pour la fertilisation. - Seulement une minorité des agriculteurs interrogés (22%) reconnaissent l’importance des opérations de cueillette et de taille mécanique pour assurer la rentabilité de l’activité. Cette minorité dispose des exploitations d’une grande superficie. - La majorité des agriculteurs (57%) n’a pas de relation avec les vulgarisateurs. Ces derniers avouent leur manque d’information sur la conduite culturale de l’olivier en hyper-intensif. - La récupération rapide du capital investi est considérée comme un atout lorsqu’on opte pour le système hyper-intensif. Les agriculteurs interrogés indiquent qu’ils récupèrent 30 % et 70 % du capital investi après la deuxième et la troisième récolte, respectivement. Références bibliographiques - DGPA, 2010. Communication personnelle Mr.Chokri BAYOUDH. - Larbi, A., Ayadi, M., Ben Dhiab, A., Msallem, M., Caballero, J. M. 2011. Olive cultivars suitability for high-density olive orchards. Span J Agric Res 9, 1279-1286. - Msallem, M., Sai, M.B., Larbi, A. et N. Khereddine. 2004. Normes technico-économiques pour la création des parcelles hyper intensives d’olivier.7p.Institut de l’Olivier. Tunisie. - Olint, 2010.Système hyper intensif.Available from internet (www.olint.com) - Sturzenberger, N.D., Flyn, D.et E. Clow. 2009. Survey: Super-HighDensity olive production in California. UC Regents, Davis campus: 7 p. 13