msf et la corée du nord

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msf et la corée du nord
MSF ET LA CORÉE
1995-1998
DU
NORD
Conditions d'utilisation de ce document
(membres de MSF et non membres)
Cette étude de cas sur les prises de parole publiques de MSF
est un document interne à MSF. Sa diffusion à l'extérieur est
soumise à l'autorisation d'un des membres du Conseil international de MSF, et aux conditions suivantes :
1) Pour citer à l'extérieur de MSF, oralement ou par écrit, les
personnes interviewées ou mentionnées dans ce document,
l'utilisateur doit leur demander leur autorisation.
2) Ce document doit être présenté comme un document interne
à MSF, pour lequel l'utilisateur a obtenu une autorisation
d'accès.
PRISES DE PAROLE PUBLIQUES
Prises de parole publiques
Document interne
Dans la même collection, Prises de Parole Publiques de MSF :
- Camps de réfugiés salvadoriens au Honduras 1988
Laurence Binet - Médecins Sans Frontières [octobre 2003 - avril 2004]
- Génocide des Rwandais tutsis 1994
Laurence Binet - Médecins Sans Frontières [octobre 2003 - avril 2004]
- Camps de réfugiés rwandais au Zaïre et en Tanzanie 1994-1995
Laurence Binet - Médecins Sans Frontières [octobre 2003 - avril 2004]
- Violences du nouveau régime rwandais
Laurence Binet - Médecins Sans Frontières [octobre 2003 - avril 2004]
- Traque et massacres des réfugiés rwandais au Zaïre - Congo 1996-1997
Laurence Binet - Médecins Sans Frontières [août 2004]
- Famine et transferts forcés de populations en Éthiopie 1984-1986
Laurence Binet - Médecins Sans Frontières [janvier 2005]
- Violence contre les Kosovars albanais, intervention de l’OTAN (1998-1999)
Laurence Binet - Médecins Sans Frontières [septembre 2006]
Recherches et interviews - Rédaction - Coordination du projet : Laurence Binet Comité éditorial : Françoise Bouchet-Saulnier, Marine Buissonnière, Katherine
Derderian, Rebecca Golden, Michiel Hofman, Christopher Stokes, Jacqui Tong Traduction : Laurence Binet, Nicolas Rainaud - Transcription des entretiens :
Laurence Binet, Françoise Courteville, Pascale Donati, Christelle Cabioch, Jonathan
Hull, Mary Sexton - Saisie des documents : Christelle Cabioch Correction : Valérie
Levêque - Graphisme et mise en page : Sophie Coudel, Sebastien Chappoton/TC
Graphite.
Remerciement à toute l’équipe de MSF Sydney pour son chaleureux soutien - merci à
Rony Brauman et Marc Le Pape pour leur conseil.
Projet du Conseil international de Médecins Sans Frontières, réalisé dans le cadre
du CRASH/Fondation MSF France
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© Médecins Sans Frontières. janvier 2008.
Les « Etudes de cas sur les prises de parole publiques de Médecins Sans
Frontières » ont pour origine le souhait exprimé par le Conseil international
de mettre à disposition des volontaires du mouvement, un document sur le
« témoignage », cette forme d’intervention que MSF revendique comme
essentielle.
MSF et la Corée du Nord – 1995-1998
AVANT-PROPOS
Le document souhaité devait être simple et accessible à tous et servir de
référence aux volontaires pour comprendre et se réapproprier la culture de
prise de parole de l’association. Il ne devait pas prendre la forme d’un
manuel idéologique ou technique (guide-line) le témoignage ne se limitant
pas à l’application mécanique de préceptes et de procédures mais impliquant
la compréhension des dilemmes inhérents à chaque action humanitaire.
Le projet a été confié par le Conseil international au Centre de réflexion sur
l’action et les savoirs humanitaires (CRASH) de la Fondation MSF France. Il
est réalisé par une chargée de recherche-auteure-coordinatrice du projet.
Cette personne travaille sous la supervision d’un comité éditorial, composé
de personnalités de MSF choisies par le Conseil international, pour leur expérience et leur compétence. Les membres du comité éditorial siègent à titre
indépendant et ne représentent pas leur section d’origine.
Confronté aux difficultés de définition du terme témoignage, le comité éditorial a privilégié l’étude des prises de parole publiques de MSF, comportant
un dilemme, donc une prise de risque. Il a choisi une vingtaine de cas
d’étude à partir des listes proposées par les différentes sections opérationnelles de MSF.
Source principale d’information, la mémoire écrite et orale de MSF, a été restituée par la mise à jour de documents et la conduite d’entretiens avec les
protagonistes des évènements.
Les personnes interviewées ont été choisies sur une liste proposée par les
sections opérationnelles impliquées dans le cas étudié. Ces acteurs ont présenté à la fois leur récit des événements et leur appréciation sur la manière
dont Médecins Sans Frontières a réagi. Ils se sont exprimés, selon leur choix,
en français ou en anglais. Les entretiens ont été enregistrés puis transcrits.
Les documents ont été recherchés dans les archives des différentes sections
opérationnelles, et dans la mesure du possible, celles des médias.
Ces travaux de recherche ont été soumis à des contraintes d’ordre pratique et
financier : localisation et volonté des interviewés, existence, qualité et quantité de documents d’archives.
En accord avec le cahier des charges initial, la rédaction a alors été entreprise sur la base d’un récit, complété d’éléments d’analyse, et illustré d’extraits d’interviews, auxquels s’ajoutaient, en annexe, un nombre limité de
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Prises de parole publiques
Document interne
documents. Cinq cas ont ainsi été rédigés, dont deux mis en page (deux en
version française, dont un également en version anglaise).
Après lecture de ces deux cas, des membres du Conseil international ont
contesté l’objectivité du récit. Les différences persistantes d’analyse et d’interprétation des évènements rendaient impossible la poursuite du projet sous
cette forme.
L’équipe a alors travaillé sur une nouvelle formule, qui permette d’établir les
faits et de présenter de façon chronologique les différentes argumentations
développées à l’époque. Ce compromis a permis de restituer les débats et
dilemmes rencontrés sans préjuger de conclusion sur la qualité des décisions
prises.
C’est cette nouvelle version, qui vous est proposée aujourd’hui. Le texte principal qui décrit les faits sur un mode chronologique, est composé d’extraits
de documents et d’entretiens, reliés entre eux par de courts textes. Les
extraits de documents ont été privilégiés pour établir les faits tels qu’ils
étaient décrits et perçus par MSF sur le moment.
A défaut, les entretiens ont parfois été amenés à jouer ce rôle. Ils apportent
également un éclairage humain sur le vécu des évènements et des éléments
d’analyse de la part des protagonistes.
Ce texte-montage principal est précédé d’une carte, de la liste des abréviations utilisées et d’une introduction qui présente le contexte des prises de
parole publiques concernées et les principaux dilemmes auxquels elles ont
tenté de répondre.
L’ensemble est complété par une chronologie détaillée, qui resitue les actions
et prises de paroles de MSF dans l’actualité régionale et internationale de
l’époque.
Cette étude de cas, rédigée à l’origine en anglais et traduite en français, est
disponible dans les deux langues1.
Bonne lecture !
Le comité éditorial Septembre 2003
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1. Les extraits de documents et d’entretiens ont été traduits dans ces deux langues.
MSF et la Corée du Nord – 1995-1998
SOMMAIRE
Personnes interviewées et leur fonction
au moment des évènements
page 6
Abréviations
page 7
Carte
page 8
Introduction
page 9
MSF et la Corée du Nord 1995-1998
page 11
Chronologie des évènements
page 191
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Prises de parole publiques
Document interne
Personnes interviewées et leur fonction au moment des évènements
Philippe Biberson
Marine Buissonnière
Samantha Bolton
William Claus
Sophie Delaunay
Antoine Gérard
Eric Goemaere
Pim De Graaf
Maarten Groot
Anne-Marie Huby
Dominique Lafontaine
Olivier Lesrel
Marie-Rose Pecchio
Jules Pieters
Pierre Salignon
Corien Swann
Dick van der Tak
Président MSF France (ITW en 2000)
Administratrice, MSF France en Chine, de décembre 1996 à janvier 1999 ; directrice des
programmes MSF Japon, d’avril 2000 à septembre 2001 ; co-chef de mission, MSF France en
Corée du Sud, de février 2002 à novembre 2003 ; Secrétaire générale MSF international
2004-2007 ; mission exploratoire MSF Suisse en Corée du Nord, avril 2007 (ITW en 2007)
Coordinatrice de la communication, MSF International (ITW en 2000)
Desk MSF Belgique (ITW en 2000)
Chargée de mission Fondation MSF France, de juin à août 1998 ; chef de mission, MSF France
en Chine, de janvier 1999 à décembre 2001; co-chef de mission, MSF France en Corée du Sud,
de janvier 2002 à octobre 2003 (ITW en 2007)
Responsable du département programmes, MSF (ITW en 2000)
Directeur général, MSF Belgique (ITW en 2000)
Directeur des opérations, MSF Hollande (ITW en 2000)
Médecin, programme MSF en Corée du Nord de septembre à décembre 1995,
puis janvier 1997 et juin 1997 (ITW en 2007)
Directrice générale MSF Royaume-Uni (ITW en 2000)
Médecin, MSF Corée du Nord août 1997 à Septembre 1998 (ITW en 2007)
Responsable de la cellule d’urgence alimentaire de MSF France (ITW en 2007)
Chef de mission, MSF Corée du Nord, novembre 1997 à septembre 1998 (ITW en 2000)
Desk urgence, MSF Hollande (ITW en 2000)
Desk MSF France, à partir d’octobre 1997 puis directeur général de MSF France
à partir de janvier 2004 (ITW en 2007)
Desk MSF France, à partir d’octobre 1997 puis directeur général de MSF France
à partir de janvier 2004 (ITW en 2007)
Chef de mission MSF Hollande en Chine, janvier 1999 à mai 2000, puis membre du département
des affaires humanitaires de MSF Hollande, juillet 2000 à juin 2003, puis directeur général de
MSF Hong Kong depuis juin 2003. (ITW en 2007)
François Jean et Marcel Roux, décédés avant que cette étude soit entreprise, auraient fait partie des personnes interviewées.
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MSF et la Corée du Nord – 1995-1998
ABRÉVIATIONS
ACF
AEDES
AP
BBC
BP5
CAD
CDC
CBS
CESVI
CIA
CICR/ICRC
CNN
DG 8
ECHO
EuronAid
FAO
FDRC
GAA
HCR
ICN
IDA
FIRC
KEDO
MDM
Action contre la faim
Agence européenne pour le développement
et la santé
Associated press
British broadcasting corporation (chaîne
audiovisuelle britannique)
biscuits protéinés
Comité d’aide au développement
Center for disease control and prevention
(Centre de contrôle et de prévention des
épidémies)
Columbia Broadcasting system (chaine
audiovisuelle étasunienne)
cooperazione e sviluppo (organisation de
coopération et de développement italienne
Central intelligence Agency (agence de
renseignement étasunienne)
Comité international de la Croix-Rouge
Cable news network (chaine audiovisuelle
étsaunienne)
Direction générale 8, chargée de l’action
humanitaire à l’Union européenne
Office humanitaire de l’Union européenne
Réseau européen d’ONG
Organisation des Nations unies pour
l’alimentation et l’agriculture
Comité de réparation des dommages causés
par les inondations
Global action on aging (Action mondiale
pour les personnes âgées)
Haut-commissariat des Nations unies aux
réfugiés
[Research]Institute for child nutrition
(Institut de recherche sur la nutrition de
l’enfant)
International dispensary association
(association internationale de distribution
de médicaments)
Fédération Internationale des Croix-Rouges
Korean Energy Development Organisation
(Organisation de développement
énergétique de la péninsule coréenne)
Médecins du Monde
MOU
MUAC
NBC
NRC
OCHA
OMS
ORS
Oxfam
PAM
PDS
RDPC
SCF
CNT
UDA
Unicef
UNDP
Unesco
USAID
WTN
Memorandum of understanding
(accord de collaboration)
Mid-upper arm circumference (méthode
d’évaluation de la malnutrition par la
mesure du périmètre brachial)
National broadcasting company – Chaîne de
télévision étasunienne
Nutritional rehabilitation Center (Centre de
réhabilitation nutritionnelle)
Office for the Coordination of the
Humanitarian Affairs (United Nations)
Bureau de coordination des affaires
humanitaires des Nations unies
Organisation mondiale de la santé
(Nations unies)
Oral Re hydration Salts
(Sels de réhydratation orale)
Oxford Commitee for famine relief (Comité
d’Oxford pour les secours aux affamés)
Programme alimentaire mondial
Public Distribution System (Système de
distribution publique (nord-coréen))
République démocratique et populaire de
Corée
Save the children fund (Fond de secours
aux enfants)
centre de nutrition thérapeutique
Unité de distribution alimentaire
Fonds des Nations unies pour l’enfance
Programme des Nations unies pour le
développement
United Nations for Science, Education and
Culture (Organisation des Nations unies
pour la science, l’éducation et la culture)
United States Agency for International
development (Agence étasunienne pour le
développement international)
Worldwide Television News (agence de
presse audiovisuelle internationale associée
à Associated Press TV (Royaume Uni)depuis
1998)
Extrait des archives de MSF ou d'articles de presse.
Extrait d'entretiens menés en 2000, 2007 avec des
acteurs et/ou témoins des évènements.
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Prises de parole publiques
Document interne
PRÉSENCE MSF EN CORÉE DU NORD 1995-1998
Nord Hamgyong : 1995,1997, 1998
Sud Pyongyan : 1995, 1997, 1998
Nord Hwanghae : 1995, 1997, 1998
Kangwon : 1995, 1997,1998
38ème parrallèle
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En août 1995, la Corée du Nord lance pour la première fois de son histoire, un appel à l’aide
internationale à la suite d’inondations qui auraient détruit toutes les récoltes. Depuis la disparition de l’Union Soviétique, son principal soutien, l’économie planifiée de ce pays fermé s’est
peu à peu effondrée. Les pénuries d’énergie, de nourriture, de médicaments sont générales. La
population est complètement dépendante de la gestion arbitraire des ressources par le régime.
Pour les pays impliqués dans la crise coréenne (puissances régionales et USA), soucieux
d’éviter un effondrement du régime de Pyong Yang qui menacerait la région, la priorité est au
processus de gel et démantèlement des armements nucléaires du régime nord-coréen et aux
négociations de paix entre les deux Corée. Les Nations unies ont répondu à cet appel par la
livraison de millions de tonnes d’aide, entrant ainsi pour plusieurs années dans un processus
permanent de marchandage qui lie l’avancement des négociations à l’octroi de l’aide.
MSF et la Corée du Nord – 1995-1998
INTRODUCTION
D’octobre à décembre 1995, une équipe internationale de MSF, composée de volontaires des
sections belge, française et hollandaise intervient en Corée du Nord pour assurer un suivi
épidémiologique des diarrhées et distribuer des médicaments et du matériel médical.
En janvier 1997, MSF est de nouveau autorisée à intervenir pour distribuer des semences d’orge
puis, à partir de juin 1997, pour mettre en œuvre, dans plusieurs provinces, pendant un an, un
programme de soutien à la prise en charge nutritionnelle des enfants malnutris, de formation
et de distribution de matériel médical et de médicaments essentiel et de formation à leur
utilisation et d’approvisionnement de plusieurs centres de santé en eau potable.
Pendant un an et demi, 13 expatriés des trois sections MSF, à l’instar de leurs collègues
intervenus en 1995, travaillent sous surveillance étroite, dans des conditions qui ne leur
permettent ni d’évaluer les besoins sur la base de critères objectifs, ni de contrôler la destination de leur aide. Toutefois, plusieurs d’entre eux considèrent certains signes ou évènements
comme encourageants. Ainsi, ils réussissent pendant un certain temps à organiser la prise en
charge d’un groupe d’enfants totalement mis à l’écart du système.
De son côté, l’équipe de MSF France en Chine, informée du sort des réfugiés nord-coréens en
Chine, entreprend deux visites (en avril et en août 1998) sur la frontière sino-nordcoréenne.
Les réfugiés lui décrivent une situation de famine à grande échelle dans un pays où règnent
l’arbitraire et la violence organisée. Ils rapportent aussi que le système de distribution de l’aide
internationale oriente les livraisons en priorité vers l’armée et les individus identifiés comme
« socialement utiles » et politiquement loyaux au régime. Cette situation est par ailleurs rapportée par des organisations sud-coréennes d’aide aux réfugiés et la presse internationale commence à se faire l’écho d’une situation de famine en Corée du Nord..
En août 1998, après plusieurs mois de négociations sur le renouvellement de l’accord de
collaboration, les autorités nord-coréennes proposent à MSF, comme unique alternative,
d’organiser un programme d’importation de matière première, afin de réhabiliter l’industrie
pharmaceutique. MSF refuse, considérant que ce type d’activité n’est pas du ressort d’une
organisation humanitaire médicale et se retire de Corée du Nord.
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Prises de parole publiques
Document interne
Pendant toute cette période, les prises de parole publiques de MSF, quoique réalisées au nom
de l’ensemble du mouvement, font l’objet de désaccords entre sections et/ou entre les sièges et
les équipes de terrain. Au final, certaines contradictions apparaissent dans leur contenu.
En décembre 1997, au cours d’une conférence de presse, MSF insiste publiquement sur la
nécessité d’une aide d’urgence au système de santé nord-coréen.
En avril 1998, dans la presse internationale, MSF décrit les entraves rencontrées par ses
équipes dans leurs activités auprès de la population nord-coréenne et leurs doutes sur la
destination de l’aide, mais affirme ne pas avoir d’éléments pour infirmer ou confirmer l’existence
d’une famine. Toutefois, au même moment, la presse internationale diffuse les récits des
réfugiés nord-coréens, qui lui ont été remis par l’équipe de MSF en Chine et font état d’une
situation de famine.
Le 1er octobre 1998, au cours d’une conférence de presse, MSF explique publiquement les
raisons de son retrait de Corée du Nord, fait part de son inquiétude sur le sort des enfants
socialement défavorisés mis à l’écart par le système et expose les récits de famine des réfugiés
nord-coréens. Elle appelle également la communauté internationale à cesser de déverser de
l’aide à la Corée du Nord sans être en mesure de vérifier que cette aide est bien distribuée aux
plus vulnérables.
Pendant toute cette période, MSF est confrontée aux dilemmes et questionnements suivants:
- Jusqu’où pouvons-nous accepter de travailler, pour approcher une population en détresse, sans
pouvoir appliquer les principes de base de l’action humanitaire: libres contacts avec les
populations, libre évaluation des besoins et supervision de la distribution des secours ?
- Pouvons-nous accepter de travailler auprès d’une population opprimée par un régime
totalitaire au risque que notre aide ne renforce cette oppression, ne cautionne ce régime ?
- En se contentant de réclamer publiquement une aide d’urgence pour le système de santé
nord-coréen , MSF ne participe-t-elle pas à renforcer le régime ?
Epilogue :
Dans les années qui suivent, la section française, avec l’appui de son centre de réflexion,
continue le travail de documentation sur les dérives de l’aide internationale à la Corée du Nord
et s’exprime à plusieurs reprises sur ce sujet dans la presse.
Parallèlement, à travers des programmes de faible envergure opérationnelle, car souvent
clandestins, elle s’efforce de porter assistance aux réfugiés nord-coréens en Chine, en transit dans
différents pays d’Asie et en Corée du Sud. De 2001 à 2003, à plusieurs reprises, elle prend la parole
publiquement pour dénoncer la répression et le rapatriement forcé dont ils sont victimes en Chine,
malgré la présence du Haut Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés. Progressivement,
toutes les activités de MSF envers les réfugiés nord-coréens sont mises en veilleuse.
Entre temps en 2004, une visite d’une délégation de MSF Hollande en Corée du Nord, dans le
but de préparer une mission exploratoire reste sans suite.
En 2007, des nouvelles alarmantes sur la situation alimentaire en Corée du Nord et un afflux
continu de réfugiés sur la frontière sino-coréenne incitent la section suisse à lancer une
mission exploratoire, puis un processus de réouverture d’un programme auprès des réfugiés
nord-coréens.
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