3ème homélie - Messe mardi 22 mai 2012
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3ème homélie - Messe mardi 22 mai 2012
PELERINAGE A LOURDES (Baptême: Mardi 22 mai: Ste Bernadette - 14.00) Ezéchiel 47,1-12 - Jn 19,25-37 Cher Monseigneur, Chers confrères, Chers pèlerins, C'était peu de temps après les fêtes de fin d'année. On venait de célébrer l'Epiphanie. Le lendemain, le 7 janvier 1844, un jeune couple de Lourdes, François et Louise Soubirous avaient le cœur en fête. Ils avaient eu leur premier enfant, une fille, Bernadette. Deux jours plus tard, dans l'église paroissiale, le 9 janvier, son baptême était célébré, "quam primum", cʼest-à-dire le plus tôt possible, comme le demandait l'Eglise. On ne trouve aucun commentaire sur le baptême de Bernadette, mais on peut facilement imaginer, combien cet événement a été vécu avec une foi et une joie profondes de la part des parents Soubirous. Pour vous, chers parents du petit Noah, vous vivez certainement ce même bonheur. L'église du baptême, ça compte! C'est bien ce que ressentait saint Louis, roi de France. On lui a demandé un jour: "Pourquoi, Sire, vous signez tous vos documents officiels avec votre prénom d'enfant: Louis de Poissy et vous ne signez jamais, Louis IX, roi". Saint Louis a eu cette merveilleuse réponse: "J'estime davantage la chapelle où j'ai été baptisé que la cathédrale de Reims où j'ai été couronné roi". Cet après-midi, chers pèlerins, nous nous trouvons dans cette église Ste Bernadette, à quelques dizaines de mètres du Gave. Il nous est donc facile d'évoquer la vision du prophète Ezéchiel qui voyait sous le seuil du temple, de l'eau qui jaillissait. Cette image de l'eau dans la Bible fait comprendre aux croyants que Dieu annonce des années d'abondance. Et d'ailleurs, cette vision s'est réalisée pour nous dans le Christ, parce que c'est Lui, la source d'eau vive. C'est de Lui toujours, que jaillit le grand fleuve qui dans le baptême, fait fructifier le monde. Aujourd'hui, on peut dire que ce grand fleuve, c'est l'évangile qui rend notre chrétienté féconde. Jésus a prophétisé une chose plus importante encore quand il dit : "celui qui croit en moi... eh bien, des fleuves d'eau vive jailliront de son cœur" Dans le Baptême, notre baptême, et le baptême du petit Noah, cet après-midi, nous devons affirmer que le Seigneur fait de nous non seulement des êtres de lumière, mais surtout des sources d'où jaillit l'eau vive. Le pape Benoît XVI a commenté lui-même ce beau passage d'Ezéchiel que nous venons d'entendre. Il nous rend attentif à la sainteté qui découle de notre baptême. Nous connaissons tous dans notre entourage des personnes lumineuses qui sont véritablement des sources d'eau vive et qui nous font même penser à l'eau pure des ruisseaux de nos montagnes. On ne doit pas nécessairement penser uniquement à des personnalités remarquables comme tous les saints, par exemple Augustin, François d'Assise, Thérèse d'Avila, Bernadette Soubirous, Jean-Paul II, Marguerite Bays, etc., par lesquels des fleuves d'eau vive, sont vraiment entrées dans l'histoire. Dieu merci, ces personnes sont une source, mais nous les trouvons aussi chez nous, dans la vie tous les jours. Vous-mêmes, vous pourriez citer des noms parmi vos connaissances. Pour ma part, je voudrais retenir le nom de Michel Simonet, un père de famille de sept enfants. Cet homme, après une solide formation intellectuelle et théologique, eh bien, il a choisi d'être balayeur en la ville de Fribourg. On le connaît bien dans nos quartiers. On aime le voir passer avec sa carriole, sur laquelle, il y a toujours une rose qui est fixée. Cet homme de foi est vraiment rayonnant. Il n'hésite pas à faire la causette aux passants, en ayant pour chacun d'eux, un mot fraternel. C'est sa manière à lui d'être un témoin de la foi. D'ailleurs, vous aussi, chers pèlerins Valaisans, Jurassiens, Genevois, Vaudois, et Neuchâtelois, vous avez certainement repéré de tels personnages, qui par leur simplicité et leur vérité, font chanter l'évangile. Et nous, chers amis, qu'avons-nous fait de notre baptême? Vous me répondrez, si nous sommes venus à Lourdes, c'est bien parce que nous avons le désir d'être meilleurs. Je vous répondrais: est-ce que cela suffit de vouloir être meilleur ? C'est à la portée de n'importe qui. Mais pour les baptisés que nous sommes, c'est plus, car ce qui est fondamental, c'est bien d'établir avec le Christ, une relation personnelle, une relation forte qui nourrit un dialogue d'amour. Et c'est bien Marie, Notre Dame de Lourdes qui nous soutient dans nos démarches. Pour Bernadette, nous le savons que trop, c'est la rencontre avec la Dame au chapelet, à la Grotte, qui a transformé sa vie, et qui lui a révélé qu'elle était aimée de Dieu. Pour nous aussi, pèlerins malades ou bien-portants, nous désirons faire la même expérience. Tout ce vécu, notre vécu, prouve bien que Dieu déverse en nous l'abondance de sa vie, la surabondance de ses grâces. C'est dans cet esprit que nous rejoignons tous les souffrants, ceux qui sont privés d'eau vive, les blessés de la société. Aller aux piscines, à Lourdes, se laver, c'est suivre l'invitation de Marie à Bernadette, le 25 février 1858: "Allez boire à la fontaine et vous y laver." Jean-Baptiste a choisi, lui, de commencer à prêcher sur les rives du Jourdain. C'était un baptême d'eau. Mais quand Jésus vient, il baptise dans l'Esprit Saint. Il fait surgir des flammes ardentes qui percent les ténèbres. Eh bien, précisément, les baptisés ne cessent de devenir ces flammes d'espérance, ce peuple de baptisés qui marche vers la lumière, vers Jésus, mort et ressuscité, au matin de Pâques. Au pied de la croix. Marie, la Mère des douleurs devient la Mère de ce peuple nouveau des baptisés que nous sommes. Aujourd'hui, frères malades et pèlerins, je vous invite à l'invoquer sous ce vocable bien de notre époque, Marie Courage, pourquoi ? Parce qu'elle est la 1ère de cordée de tous ceux qui dans l'histoire humaine, hier, comme aujourd'hui et demain, répondent aux appels de Dieu, comme l'a fait splendidement Bernadette. Marie, notre sœur aînée, Marie Courage, nous ouvre les chemins vers le Christ. Nous y retrouvons l'assemblée des saints, avec Bernadette. Amen.