Deuxième table ronde : des solutions d`atténuation et d

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Deuxième table ronde : des solutions d`atténuation et d
Deuxième table ronde : des solutions d’atténuation et d’adaptation, témoignage
d’entreprises et d’investisseurs
Intervenants :
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Otmane HAJJI, directeur général, GreenYellow
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Anjali SHANKER, présidente, IED Invest
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Lerionka TIAMPATI, directeur général, KTDA (Kenya)
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Claude TURBET, directeur général adjoint Stratégie et performance industrielle, ENGIE
Cette seconde table ronde a réuni des acteurs privés, entrepreneurs et investisseurs, qui contribuent à faire
émerger des projets « verts » au Sud. Leurs expériences sont d’autant plus précieuses que, si les besoins
énergétiques au Sud sont colossaux, les projets verts peinent à se multiplier et à se financer.
Les intervenants œuvrent dans différents domaines et à différentes échelles. GreenYellow (groupe Casino)
équipe en photovoltaïque les parkings et les toitures de ses magasins ; IDE Invest développe de petites unités
décentralisées et autonomes de production d’électricité à base d’énergies renouvelables en Afrique et en Asie ;
l’entreprise kenyane KTDA produit du thé dans une logique de gouvernance inclusive et de développement de
solutions énergétiques durables ; le groupe ENGIE est implanté dans 70 pays et développe des solutions
énergétiques pour les particuliers, les villes et les entreprises.
Les problématiques abordées par chacun ont marquées par leur similarité.
La question de l’efficacité énergétique est centrale. Comme le souligne Otmane Hajji (GreenYellow) : « Avant
de reproduire du kilowatt-heure, il faut se poser la question : sommes-nous efficients au niveau du processus de
production ? » Une réflexion sur le processus de production est elle aussi essentielle. Des solutions de
production décentralisée ou semi-centralisée sont souvent privilégiées. Hajji Otmane explique qu’au niveau
de leurs supermarchés au Sud, la production décentralisée a été une réponse aux problèmes de fracture
énergétique qui impactait fortement leur compétitivité.
Pour sa part, Anjali Shanker (IED Invest) insiste sur l’importance de connaître le contexte local et de s’adapter
aux besoins locaux : « Dans certains pays, africains par exemple, le réseau atteint 98% des villages mais, très
souvent, il ne fonctionne que 3 jours par semaine. » Dans ces cas, les projets off grid sont les plus adaptés. De
manière générale, l’ensemble des intervenants préconise des solutions énergétiques renouvelables, plus
efficientes et moins onéreuses.
Lerionka Tiampati (KTDA) explique qu’en préférant l’énergie hydraulique au réseau électrique national, son
entreprise va réduire ses coûts de moitié. L’innovation est, ici aussi, au cœur des discussions. Claude Turbet
(ENGIE) souligne l’efficacité de leurs programmes d’animations réunissant constructeurs, universitaires,
industriels, et de soutien des incubateurs. Il évoque les possibilités d’utilisation de drones pour recueillir les
informations dans des zones difficiles d’accès et de crowdfunding pour innover en matière de récolte de fonds.
La question des financements préoccupe d’ailleurs l’ensemble des intervenants. Comme l’explique Otmane
Hajji, lorsque le porteur du projet est une PME, la question des fonds propres est cruciale, et les retours sur
investissement requièrent une certaine patience pour l’investisseur, ce qui souvent pose problème. Il préconise
un effort conjoint public/privé et le développement de solutions de financement avec des banques locales.
Club des investisseurs – 10 novembre 2015
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Anjali Shanker ouvre la discussion sur les conditions d’un changement d’échelle des financements :
« Aujourd’hui on arrive à financer au cas par cas, projet par projet. Il faudrait dépasser ces projets pilotes. » De
belles initiatives privées existent, dont certaines encore trop jeunes pour que l’on puisse s’avancer sur des
enseignements, souligne Claude Turbet.
Un certain nombre de questions restent en suspens, et de chantiers restent ouverts. Mais une dynamique
vertueuse est bel et bien lancée et le chemin déjà parcouru loin d’être négligeable. Comme l’a rappelé Anne
Paugam en ouverture de cette journée, la légitimité des questions climatiques dans les problématiques des
institutions de développement est relativement récente (évolution depuis le début des années 2000) et
constitue aujourd’hui un pilier de leur action. Claude Periou a présenté le secteur privé comme un « vecteur
puissant » de la lutte contre le dérèglement climatique, qui a les moyens de forger ses propres solutions. Ce
club des investisseurs laisse de très bonnes raisons d’y croire.
Club des investisseurs – 10 novembre 2015
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