Chronique du mois de mars 2011
Transcription
Chronique du mois de mars 2011
François Gagné (1920-2010) Jacques Gagné J’ai écrit ce témoignage le soir de ton décès papa (19 décembre 2010). Il y a à peine 6 mois jour pour jour le 19 juin, nous nous sommes réunis pour célébrer votre 60e anniversaire de mariage. Quelle belle fête! Écrire deux hommages. Le premier fut facile, mais le deuxième est émotionnellement plus difficile. C’est un au revoir. Sois certain que l’on ne t’oubliera jamais. Homme de peu de mots, peu émotif, vous savez de qui certains de vos enfants retiennent. Je n’ai pas besoin de vous décrire les nombreuses qualités de papa, vous les connaissez toutes. Nous savions que tu nous aimais juste de la façon dont tu nous regardais. Toujours prêt à donner un coup de main à quiconque en avait besoin mais surtout à ses enfants. François avait une solution pour tout. Donnez-lui des pinces, un bout de broche et il pouvait réparer à peu près n’importe quoi. En plus, s' il pouvait y mettre une petite ligne de peinture rouge, il était bien heureux. On a fait des patentes dans le garage, son territoire bien à l’ordre dans son désordre, patentes que nous allions essayer dans la plantation où il s’est bien amusé. Toujours prêt à faire une blague, il en fait jusqu’à la fin. Il avait un excellent sens de l’humour. Je pense que nous avons tous été choyés de te côtoyer. Ton départ laisse un grand vide mais nous avons le coeur et la tête pleins de souvenirs et d’amour qui ne s’atténueront jamais. Je termine là-dessus car 90 ans de vie, on pourrait en discourir longtemps et noircir quelques cahiers d’anecdotes et de faits. Notes: François (Eugène) est né dans le 4e rang de Stoke le 9 septembre 1920. Il s'est marié à Laurette Jetté (Albert) qui est née aux États-Unis à Danbury (Connecticut). Ils eurent six enfants : Gérard, Micheline, Jacques, Réjean, Sylvie et Yves et habitèrent presque toute leur vie à l'entrée du village de Stoke. MARS 2011 __________________________________________________________________________________ par Laurent Guilmette La Société d’Histoire de Stoke veut honorer les nobles métiers de nos ancêtres qui étaient bûcherons l’hiver et cultivateurs l’été. Ceux-ci pourront raconter leur histoire ou l'histoire de leurs ancêtres pour que leurs traces ne s’effacent pas sous la machine du temps. Ceux qui ont vécu une telle expérience dans leur jeunesse ou qui ont eu dans leur parenté un père, un oncle, un frère ou un grand-père qui a gagné sa vie avec le bois ou encore une mère ou un grand-mère qui a été cuisinière dans les chantiers pourraient nous faire partager ces faits de vie. L'écrire ou encore mieux le dire pourrait permettre à la société d'histoire de préparer un document qui sera publié à l'été 2012. Je suis disponible pour recueillir vos récits écrits ou racontés par vous. N'hésitez pas à communiquer avec moi. Merci de votre collaboration Laurent Guilmette [email protected] ou 819-878-3338 Germain Côté raconte la vie de chantier Les chevaux étaient attelés de chaque coté d’une pôle en bois à un «nikiouk (neck-hook)» pour retenir la charge et un «bacul (back-haul: tirer à l'arrière)» pour la tirer. Malgré qu’on appelait nos chevaux des «moteurs-crottes» , on en prenait bien soin. Des clochettes et des grelots étaient fixés aux attelages pour indiquer leur passage et éviter les accidents. Il y avait deux sortes de bûcherons: les cultivateurs qui bûchaient sur leur terre à bois et ceux qui partaient bûcher, au loin, en Ontario, aux États-Unis, ou quelque part au Québec, loin de leur terre natale pendant des mois. Ils s’exilaient pour aller gagner leur vie, travaillaient pour une compagnie et devaient habiter dans des chantiers. J'ai travaillé à mon compte avec mon frère Charles sur les terres du 5 e rang à Stoke . C’était le rang des Côté où ont habité Donat, Jacob et Télesphore . Je vous chante la chanson des bûcherons: Une p'tite pause Quand je vois une monture, un pistolet et un lasso Je reconnais l’aventure du cow-boy au grand chapeau. Quand je vois une épinette, une hache et une « chainsaw» Je reconnais sous sa casquette le bûcheron du Canada De grand matin, il se lève. Un bon déjeuner, il prend Des crêpes ou des fèves, le vrai spécial du cuisinier. Dès 7 heures, il est au bois. Pour ça, ça prend du courage Et de ça, il en manque pas. Le soir durant la veillée, il jase avec ses copains. Il parle de sa bien-aimée Qui peut être l’épousera au printemps prochain. Refrain Ohé! Il est un gars capable, le Canadien, le bûcheron Ohé! il est infatigable, bon travailleur et gai luron Refrain Refrain Refrain L’hiver, il fallait bien s’habiller avec des combinaisons de laine de marque Stanfield. On les mettait au début de l’hiver et on les lavait à la fin de la saison. On gelait quand on s’habillait avec des combinaisons de coton. Les pantalons d’étoffe du pays tenaient debout tant ils étaient épais. Comme il n’y avait pas d’eau au camp, bien souvent, on allait se laver au lac par doux temps. Dans les chantiers on fumait beaucoup. Personnellement, je ne fumais pas, mais mon oncle Émilien était un gros fumeur. Il est décédé des conséquences du tabac. Les bûcherons de la 1re catégorie faisaient bouillir la cendre de leur bois franc pour en obtenir de la potasse, de la «peerless», qui servait à faire du savon et des produits pharmaceutiques. Souvent ces bûcherons transportaient sur leur dos, des fois, jusqu'à 75 Kg de potasse. Prière avant le repas de Noël Ces jeunes de 18 à 20 ans, qui voulaient se marier au printemps, quittaient leur famille pour aller travailler au loin dans les chantiers. On disait alors qu’ils allaient faire leur «run de noce ». Bien souvent ils avaient quitté l’école à 14 ou 15 ans. Ils n’avaient pas beaucoup d’instruction mais ce qui comptait pour le «jobber» qui les engageait, c’est qu’ils avaient une bonne paire de bras et de mains. Certains travailleurs refusaient d’aller dans un camp plutôt que dans un autre si le «cook», le cuisinier, n’était pas bon. Ce dernier était alors appelé «le bouilleux». Le cuisinier avait un assistant le «chore boy (Chore Boy: marque de laine d'acier pour récurer les chaudrons)» qui s’occupait de charrier le bois et l’eau, de balayer la salle à manger et d’aider le «cook» dans tous ses travaux. Des histoires comme celle-ci, il doit y en avoir des centaines que nous aimerions entendre raconter. Cette époque est révolue aujourd'hui et la mécanisation a remplacé la force des bras. Mais les souvenirs de ceux qui ont vécu l'époque d'avant la machinerie moderne devraient être conservés pour le plus grand bénéfice de tous les citoyens de notre municipalité. Comme nous aimerions à l'instar de Germain, vous entendre raconter la vôtre. Notes: 5 générations de la famille de Germain Côté Un bûcheron et son moteur-crottes 5e Rosaire Côté & Liliane Gagnon (4 enfants) 4e Germain Côté & Carmen Demers (6 enfants) 3e Gérard Côté & Alice Lacroix (4 enfants) 2e Jacob Côté & Célina Nadeau (11 enfants) 1e Ferdinand Côté & Edwidge Renaud (12 enfants)