Grenoble : plus tard
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Grenoble : plus tard
numéro °3 juillet-août- septembre 2011 actuPolice mag’ magazine de la nouvelle force syndicale majoritaire La brigade canine le numéro 24 Dossier spécial Grenoble : un an plus tard... MICHEL SERRES : POLICE ET Démocratie Blessure en service Mais aussi … 10 questions à la CNIL, réforme des CTP, la pension alimentaire, policier et écrivain s o t o ph s info ves brè les... c i t r a Faites-vous publier dans ce journal ! Vu et transmis à mon syndicat journal@ unitesgppolice.fr SOMMAIRE ÉDITO 4 Action syndicale Comprendre la RGPP 6 Scanner 8 REPORTAGE 10 questions à la CNIL 10 LA COlonne 14 Interview Michel Serres 16 GRAND PARIS Heures supplémentaires - COTEP 21 Dossier spécial Grenoble : un an plus tard 26 CRS 28 VOS DROITS La pension alimentaire 29 ANAS 37 Voie publique Le permis de conduire 30 PORTRAIT Claude Rey 32 VOIE PUBLIQUE Les «détecteurs» de radar 34REportage Réforme des CTP 36 Chroniques La brigade canine 38 VOS DROITS Blessure en service 40 PAUSE CAFé 41 COIN LECTURE 43 grille de traitement Directeur de Publication : Nicolas Comte, Rédacteurs en chef : Paul Le Guennic - Timothé Artale Comité de rédaction : Yannick Danio, Catherine Macaine, Franck Fievez, Frédéric Chauvin, Stéphane Battaglia Imprimerie : BLG TOUL, 2780 Route de Villey St Etienne, Pôle Industriel Toul Europe, 54200 TOUL UNITé sgp police, 75 boulevard Macdonald, 75019 PARIS http://unitesgppolice.fr “ Nicolas Comte Secrétaire Général Campagne présidentielle : notre syndicat doit créer un rapport de force contre la RGPP ! Le corps policier vit la rentrée de tous les dangers. La crise économique et sociale provoque à la fois une tension interne, au sein de notre profession, et externe car elle touche les citoyens que nous devons protéger. Cette crise provoque un stress social, cette crise produit de l’insécurité publique qu’il nous incombe de gérer au jour le jour. La montée en puissance des déficits publics, due en grande partie à l’effondrement du système financier et bancaire provoque une frénésie de coupes claires dans les services publics et de « sabrage » des effectifs de fonctionnaires. Or, nous policiers, atteignons l’extrême limite du possible. Combien de fois ai-je, au nom du syndicat majoritaire, alerté mes interlocuteurs de l’administration et du ministère de l’Intérieur ? …Cent fois, mille fois ? Constatons que l’autorité politique reste sourde et inflexible dans l’application de la trop célèbre Révision générale des politiques publiques (RGPP) dans notre institution. La RGPP, voilà l’ennemie ! Elle constitue la principale source de nos problèmes professionnels en réduisant dramatiquement les effectifs. C’est la véritable responsable de la dégradation massive de nos conditions de travail car on lui doit des millions d’heures supplémentaires impayables ! Elle est la cause de l’intense tension dans les services et les commissariats ! Elle est coupable de toujours plus de stress au travail ! Elle impose une quasi interruption des embauches et l’impossibilité d’entrer dans la carrière pour de nombreux ADS ! Bref, elle tue à petit feu le métier, en le dévalorisant, en le perturbant, en le limitant ! Tout a été dit et redit sur ce sujet : alors maintenant, passons à l’action. Aucun corps social, aussi utile que le nôtre pour la Nation, ne peut accepter de mourir sans réagir. Car si aujourd’hui on sabre 10% des effectifs, mais pourquoi pas 20 ou 40% demain ? Par demain, j’entends dans 9 ou 10 mois, en juillet, août ou septembre 2012. Ne nous y trompons pas, le gouvernement issu des scrutins de mai et juin prochains sera confronté aux mêmes immenses problèmes que l’actuel, et cela quelle que soit sa couleur politique. Je le déclare clairement : les plans d’austérité n’ont pas de tendance partisane et sont toujours anti sociaux qu’on soit à Paris, Madrid ou Athènes. En tant que syndicat majoritaire, UNITÉ SGP Police Force Ouvrière n’acceptera jamais de sacrifier les intérêts de notre métier sous prétexte de connivence politique, jamais ! C’est pour cette raison qu’il faut en venir à l’action et dès maintenant. Nous allons bien sûr affronter le gouvernement actuel sur la RGPP mais également prévenir les prochains locataires de l’Élysée, Matignon et Beauvau. Notre action débutera le 7 octobre à Créteil avec un meeting des policiers du Grand Paris contre la RGPP. C’est par l’action que UNITÉ SGP Police prendra toute sa dimension. C’est par des victoires syndicales, comme l’équivalence catégorie B l’année dernière, que notre organisation obtiendra la confiance et l’adhésion des collègues. Aujourd’hui, construire le rapport de force contre la RGPP, c’est renforcer le mouvement syndical indépendant et démocratique. Car c’est bien le rôle et la finalité de notre syndicat unifié. C’est avec ce signal fort de mobilisation de la base policière que nous irons voir les candidats républicains à l’élection présidentielle. Nous leur poserons la question suivante : « si vous arrivez aux affaires, êtes-vous, oui ou non, prêt à stopper la RGPP dans la police nationale… oui ou non ? » Voilà la mission politique -je dis bien politique au sens noble du termeque doit mener notre syndicat. Profitons de la campagne présidentielle pour imposer nos vues sur la RGPP. Tout le reste n’est que mascarade, agitation dérisoire et manipulation partisane. J’ai confiance car notre action est juste, pour notre institution bien sûr, mais aussi pour le peuple de France qui exige son droit à la sécurité. ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 3 Action SYNDICALE Comprendre la RGPP Aux origines de la RGPP (petit cours d’économie) La Révision Générale des Politiques Publiques est la volonté du gouvernement français de réduire les dépenses de l’Etat. Quelles en sont les raisons ? A cause de la crise ? Non, elle n’avait pas commencé quand la RGPP fut mise en place. Les raisons se situent dans le modèle économique que notre pays a embrassé, largement préconisé par des organismes tels le Fonds Monétaire International (FMI), l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), la Banque Mondiale ou l’Union Européenne. Ce modèle tire ses racines d’une théorie économiste : le néolibéralisme, originaire des Etats-Unis, qui privilégie un marché libre de toute entrave, dans lequel les Etats ne nationalisent plus leurs entreprises, ne fixent plus les prix et, surtout, réduisent les dépenses publiques à leur strict minimum afin de favoriser les entreprises privées, les profits qui vont avec, ainsi que la compétition. Le décor est planté. Inutile de rentrer dans le détail, car ce qui nous intéresse, nous, fonctionnaires, c’est bien évidemment le chapitre relatif aux dépenses publiques, condition sine qua non du néo-libéralisme : la fonction publique est considérée comme une perte d’argent, une entrave à l’économie. En tant que telle, il faut la diminuer au maximum, voire même externaliser le plus de missions vers des entreprises privées. De la théorie à la pratique Dans la police, nous avons assisté à la concrétisation de cette théorie de plusieurs manières. Premièrement, par la réduction des coûts : budgets de fonctionnement sacrifiés, dangereuse réduction de personnel. Très rapidement, dans la même optique, il fallait accroître la rentabilité des fonctionnaires ; un job sur mesure pour deux syndicats en particulier. Depuis la signature d’un protocole en 2007, les officiers ne comptent plus leurs heures supplémentaires et en 2008, même schéma pour le Corps d’Encadrement et d’Application, qui perd le bénéfice de l’heure non sécable «toute heure commencée est dûe dans son intégralité». Ainsi, en échange de quelques cacahuètes en plus sur le bulletin de salaire, l’Administration a réalisé des économies colossales sur les heures supplémentaires. Sans oublier que puisque les réserves d’heures supplémentaires ont fondu (et ne repousseront plus), les policiers sont plus souvent au travail. Rentabilité ! Rentablité maximum, jusque dans les missions de police : il faut faire du chiffre et ne surtout pas omettre les infractions qui rapportent. Alors que la délinquance est préocuppante, la priorité semble rester la sécurité routière, bien plus rentable que la course aux voyous. Tandis que les radars poussent comme des champignons, les policiers sont clairement orientés vers le contraventionnel (cf notre article Des fichiers illégaux ? dans le précédent numéro) et tout est mis en oeuvre pour maximiser les revenus. Vous souvenez-vous du projet de retirer les panneaux indicateurs de radar ? Du projet d’interdir les détecteurs embarqués ? Autre mesure, et non des moindres, la précarisation de la fonction publique policière. Qu’elles sont loin, les affiches de recrutement de gardien de la paix... Place aux ADS et à la réserve civile, moins chers, plus flexibles, peu importe si les services sont désorganisés ! Déjà, on entend parler d’un corps de Catégorie C pour les ADS, histoire de créer des Gardiens de la Paix moins chers, toujours avec l’approbation des mêmes syndicats, décidément très serviables. Dépenses publiques redirigées Que devient l’argent ainsi économisé ? Si on s’en réfère à la théorie néo-libérale, il devrait être injecté en bonne partie vers le secteur privé. Les plus enthousiastes diront que c’est pour créer de l’emploi et faire fructifier les capitaux. Les plus sceptiques feront remarquer que l’argent public ira dans les poches très personnelles de chefs d’entreprises et d’actionnaires. Derrière ces considérations, un constat s’impose : depuis la 4 RGPP, le secteur privé est très sollicité ! Citons l’achat de nouvelles cartes professionnelles (absolument indispensable) dont nos interlocuteurs n’ont pas la moindre idée du coût total (!!), mais que l’on peut estimer à cinq millions d’euros ! L’achat en masse de radars est un autre exemple, surtout lorsqu’on sait que ceux-ci sont gérés par une société privée, SSII Atos. N’oublions pas non plus la nébuleuse des «Tâches ACTUPOLICE Le mag’ - JUillet - août - septembre 2011 indues» et des «Missions régaliennes de l’Etat», proposée par l’Administration et soutenue par... toujours les mêmes syndicats. En l’occurence, il s’agit ni plus, ni moins, de confier des missions de police à des entreprises et donc de faire glisser de l’argent public vers le privé. Dans le néolibéralisme, c’est en effet l’attitude qu’on attend d’un Etat, au détriment de la fonction publique. Pour faire simple, rien de tel qu’un schéma ... La France a opté pour une économie «néo-libérale». Cette doctrine, d’origine outre-Atlantique, repose sur la suppression progressive de l’Etat-Providence au profit du secteur privé. Dans le néo-libéralisme, les dépenses publiques sont un gaspillage d’argent. Un des principaux objectifs est de réduire les dépenses publiques. Comment faire ? Coupes franches Le budget de la police est diminué : diminution drastique des effectifs et des moyens, clochardisation des services. Rentabilité max Précarisation Pour remplir les stats avec moins de policiers, il faut les faire bosser plus. C’est chose faite grâce à deux syndicats : depuis 2007, les officiers ne comptent plus leurs heures sup’ et en 2008, le principe «toute heure commencée est dûe» vole en éclat pour le CEA. Tout est fait pour payer moins cher : recrutement d’ADS et pioche dans la réserve civile pour remplacer spontanément du GPX à bas prix, volonté de créer un corps d’ADS... Impôt sur la sécurité Alors que la délinquance est un problème sérieux, la priorité reste les infractions routières. Les radars poussent comme des champignons, les policiers sont «invités» à ne plus laisser passer aucune contravention. L’argent public glisse vers les entreprises privées Les budgets ainsi économisés sont dépensés auprès d’entreprises privées, conformément à la doctrine néo-libérale. A présent, l’argent servira à faire du profit et de la rentabilité. ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 5 Scanner Courage et dévouement Le mercredi 17 août, le BrigadierChef Francis Guillot et le Gardien de la Paix David Bauer, de la CRS 49 à Montélimar, ont été décorés de la médaille de bronze, pour acte de courage et de dévouement. En mai, ces deux collègues avaient extrait le conducteur inconscient d’un semi-remorque en flamme. Le véhicule transportant des matières inflammables, ils avaient ensuite mis en place un Alcoolémie Peut-on être contrôlé positif en buvant du vin chercheurs norvégiens 50 à 60 ont remarqué un vendeurs à la sauvette marqueur biologique de sont interpellés chaque consommation aiguë jour autour de la Tour d’alcool dans l’urine de Eiffel, d’après la Préfecture buveurs de vin sans de Police. sans alcool ? Oui ! Des alcool. Si le phénomène a été remarqué, ses causes sont encore inconnues... périmètre de sécurité. Le stic bientot remplacé Le fichier de Traitement des Procédures Judiciaires (TPJ) , commun à la police et la gendarmerie, remplacera bientôt le STIC et le JUDEX. La mise en place est prévue début 2012, sans plus de précisions pour l’instant. 91 fois A Mérignac, dans la banlieue de Bordeaux, un homme de 47 ans a volontairement percuté un véhicule de police puis mordu au bras l’un de nos collègues. C’est la 91e fois que cet individu est interpellé... 3000 policiers en moins en 2012. Une situation inacceptable pour notre organisation syndicale, qui poursuit la lutte contre la RGPP. 6 ACTUPOLICE Le mag’ - JUillet - août - septembre 2011 Pas au point ! Le système de Lecture Automatisée des Plaques d’Immatriculation (LAPI) équipe certains véhicules de police. A Dunkerque, en scannant l’inscription «POLICE» dans le dos d’un collègue, le logiciel a signalé que ce blouson d’uniforme était en réalité... un véhicule volé ! Montbrison Le commissariat de Montbrison (Loire) devait fermer le 1er août pour céder la place aux gendarmes, mais restera finalement ouvert jusqu’à une date indéterminée, en raison d’un imbroglio juridique. Une catastrophe pour nos collègues qui ont déjà prévu leur déplacement. Le Bureau Régional UNITé SGP Police reste à leurs côtés. Mercedes d’intervention Les gendarmes de la brigade d’intervention rapide de Lorient roulent depuis peu en Mercedes CLS 350, qui Acte de bravoure VOTE EN CAPI ! En juin, le DGPN a reçu des collègues du Havre pour les féliciter d’un acte de bravoure. L’intervention remonte à 60.000 euros, la voiture a été confisquée à un chauffard. En effet, la LOPPSI adoptée il y a quelques mois prévoit que les biens saisis puissent être utilisés par le service intervenant. auront lieu en France-Comté, Pays-de-Loire, HauteNormandie et à Mayotte. cet hiver ; Céline Houssel, déléguée UNITé SGP Police, n’a pas hésité à sauter dans la Seine pour secourir un homme en train de se noyer, dans une eau à 5°. Félicitations à Céline Restons mobilisés ! En novembre, votez et faites voter UNITE SGP Police ! ainsi qu’aux autres collègues intervenants ! Journal en ligne 10.000.000 Plus de dix millions de Vous pouvez maintenant retrou- points de permis ont été ver un code QR sur votre maga- retirés en 2010, soit une zine ActuPolice Le mag’, lisible à hausse de 9,3%. partir de votre téléphone portable, ce qui vous mènera directement monte à 250 km/h en 14 secondes. Vendue à plus de De nouveaux votes en CAPI vers notre site Internet. Une évo- Braderie judiciaire lution qui vous permettra de pas- En juin, la cour d’appel de Besançon a requalifié les faits de «violences volontaires contre agent détenteur de la force publique» en simple «rébellion». Les peines, elles aussi, ont été diminuées. A quoi sert le Code Pénal s’il ne définit plus ni les infractions ni les peines ? ser d’une information écrite à une information Internet, plus réactive, d’un seul clic. Après avoir téléchargé une petite application gratuite sur votre téléphone, il vous suffira de prendre le code en photo pour vous retrouver directement sur notre site web. Bonne lecture ! Le secteur Com’. ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 7 Reportage P|V|e Cette caméra, dans le commissariat de Montélimar -26- sert à contrôler la ponctualité et les agissements des fonctionnaires de police. De quel droit ? Cette «note d’attention» (?) à Garges-les-Gonesse -95demande aux fonctionnaires de lister nominativement leur activité contraventionnelle. Est-ce légal ? 10 à la Demain, les PV électroniques. L’Administration peut-elle s’en servir pour la notation ? questions CNIL Créée en 1978, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) est chargée de veiller à ce que l’informatique soit au service du citoyen, et qu’elle ne porte atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuellles ou publiques. Elle exerce ses missions conformément à la loi relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés du 6 janvier 1978 modifiée en 2004, qui la qualifie d’autorité administrative indépendante. Elle est composée de 17 membres d’origines diverses (élus, hauts magistrats, personnalités qualifiées) et s’appuie sur 143 agents publics. UNIté sgp Police a saisi cette Commission pour statuer sur la prolifération de fichiers nominatifs d’activité contraventionnelle (voir ActuPolice le mag’ n°2). Devant les nombreuses questions que se posent nos collègues, nous avons interrogé Monsieur Xavier Delporte, du service des plaintes de la CNIL, afin d’obtenir un meilleur éclairage sur le traitement des fichiers, un domaine apparemment encore mal maîtrisé dans la police nationale. Frédéric Jung Départemental 95 8 ACTUPOLICE Le mag’ - JUillet - août - septembre 2011 Quelles sont les règles à respecter pour qu’un fichier soit légal ? Pour qu’un fichier soit légal, celui qui en est responsable doit : en prévoir un usage déterminé et légitime ; collecter des données personnelles pertinentes et nécessaires au regard de l’objectif poursuivi ; conserver ces données pendant une durée limitée ; prévoir des mesures de sécurité adaptées pour assurer la confidentialité des donnée ; informer les personnes de l’existence de ce traitement et de leurs droits. Enfin, un fichier informatisé doit faire l’objet de formalités auprès de la CNIL (déclaration, autorisation ou avis), sauf pour ceux qui relèvent de la procédure de déclaration, si un Correspondant «informatique et libertés» a été désigné par l’organisme responsable. Quels sont les éléments d’un fichier nominatif ? Un fichier qui porte sur des données dites personnelles -c’est-àdire toute information qui se rattache à une personne physique identifiée ou identifiable- est nominatif et soumis à la loi «informatique et libertés». Par exemple, le nom d’une personne, la plaque d’immatriculation d’un véhicule ou le matricule d’un agent de police, puisque ce numéro correspond à un agent déterminé. Une personne peut-elle refuser de figurer dans un fichier ? Une personne peut refuser, mais elle doit invoquer des motifs légitimes. Dans certains cas, le caractère légitime ne fait aucun doute (par exemple, si la personne figure dans le fichier adhérents d’un syndicat alors qu’elle n’a jamais adhéré). Dans d’autres cas complexes, il appartient au juge de se prononcer sur le caractère légitime. En revanche, une personne qui ne souhaite pas figurer dans des fichiers marketing ou recevoir des sollicitations commerciales, politiques ou syndicales n’aura pas à invoquer de motif pour exercer son droit d’opposition. Enfin, ce droit est écarté pour un certain nombre de fichiers mis en oeuvre par l’Etat (fichier des impôts, de police...) Et s’il s’agit de fichiers sur papier uniquement ? Cette loi s’applique aussi bien aux traitements informatisés qu’à ceux sous format papier, même s’il existe des règles dérogatoires concernant le formalisme d’un fichier papier. Donc, le dossier administratif papier d’un agent public constitue un fichier au sens de la loi «informatique et libertés». Et si des fichiers papiers sont échangés par e-mail ? Lorsqu’un fichier circule par voie de messagerie électronique, il constitue un traitement automatisé, soumis en tant que tel aux obligations de la loi «informatique et libertés». Les données du logiciel Winaf peuvent-elles servir à la notation des policiers ? Le fichier de gestion des contraventions, relevant de la procédure de l’amende forfaitaire, a été créé par deux arrêtés du ministère de la Justice, des 5 juin 1987 et 8 octobre 1992. Ces arrêtés ne prévoient pas le suivi ou le contrôle de l’activité des agents ou services verbalisateurs au titre des finalités du fichier. Qu’en est-il des données provenant des procès-verbaux électroniques ? Le fichier «Contrôle sanction automatisé», qui prévoit le suivi et l’habitation des agents aux procès-verbaux électroniques, a été déclaré à la CNIL par le ministère de l’Intérieur le 27 novembre 2008 (dossier n°1333307). Cette déclaration précise que le fichier a pour fonction «le suivi de l’activité des services verbalisateurs». Cette fonctionnalité permet aux responsables de services de visualiser l’activité, en présentant par agent le nombre de PV électroniques par jour/semaine/mois. Elle permet également de visualiser l’activité globale du service. Quels sont les recours contre un fichier illégal ? Si une personne considère qu’un fichier est illégal, elle peut, dans un premier temps, alerter le responsable de ce fichier afin qu’il régularise la situation. Si cette intervention n’est pas suffisante, la personne peut saisir la CNIL ou les autorités judiciaires. Quelles sont les sanctions contre un fichier illégal ? Outre les sanctions pénales prévues par les articles 226-16 et suivants du code pénal, la CNIL est susceptible de prononcer une sanction administrative à l’encontre du responsable du fichier : avertissement public, sanction pécuniaire. Pour vérifier si un organisme a accompli des formalités auprès de la CNIL, il suffit d’adresser une demande aux services de la Commission, par courrier ou par fax. Est-il légal d’installer des caméras pour contrôler les agissements des fonctionnaires ? Des caméras peuvent être mises en place dans les commissariats afin d’assurer la sécurité des biens et des personnes, notamment au niveau des armoires-fortes contenant les armes et les munitions. Si les images des caméras font l’objet d’un enregistrement sur support numérique, le dispositif doit être déclaré à la CNIL. Il appartient au responsable du commissariat qui fait installer les caméras de procéder à cette déclaration, en précisant une finalité de sécurité des biens et des personnes. En revanche, la CNIL considère que l’utilisation des caméras pour contrôler l’activité des agents n’est pas légitime. Une telle utilisation serait susceptible de poursuites pénales, pour détournement de finalité (art. 226-21 du Code Pénal). ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 9 La Colonne Picardie Les agresseurs remis en liberté ! Les policiers de Beauvais ont manifesté devant le palais de justice à la suite de la remise en liberté des agresseurs d’un collègue. Beauvais, le mardi 23 août. Alors qu’un collègue tentait de contrôler un jeune sur un scooter volé, un deuxième individu surgit et lui met un coup de poing à la tempe. Notre collègue tombe et reçoit multitude de coups à terre. Il s’en sortira avec deux dents cassées et une perte auditive de trente-cinq pour cent à une oreille. Ces jeunes sont interpellés et présentés au parquet. L’un d’eux était déjà en attente de procès pour des violences contre un autre policier. une attitude dangereuse pour la société... Une telle gestion laisse forcément un sentiment d’impunité, le message que frapper Sentiment d’impunité La gravité des faits ne ressort pourtant pas de la réponse judiciaire : le juge des libertés et de la détention décide de libérer les suspects et les placer sous contrôle judiciaire ! Ils seront jugés le 22 septembre. Apparemment, aux yeux de ce juge, un acharnement sauvage contre un policier n’est pas En Seine-et-Marne, un de nos collègues Brigadier-Chef de Melun a été écarté de la cérémonie et de la médaille sans motifs ! Son dossier ne comporte aucune sanction : son Commandant l’a tout bonnement écarté 10 Jacques Martin Départemental 60 Patrouilleurs Sanction sur l’honneur ! Nouvelle forme de sanction ? A l’appel de notre organisation syndicale -la seule à réagir- une cinquantaine de policiers ont manifesté devant le TGI de Beauvais, le 29 août. Notre action a été entendue par le procureur, qui nous a assuré de son soutien envers les policiers. Si la réponse de la justice est insensée, notre syndicat ne perd pas de vue que l’agression de notre collègue major est aussi une conséquence désastreuse de la RGPP. Comment protéger nos concitoyens alors que nous ne sommes plus assez pour nous protéger nous-mêmes ? un policier n’est pas un acte réprimandable, puisque non réprimandé. Un message que nous ne pouvons pas accepter ! Seine-et-marne Un peu d’histoire : la médaille d’honneur de la police nationale a été créée par le décret du 3 avril 1903 par le ministre de l’Intérieur Emile Combes. En 1972, sa remise a été étendue au personnel de la police nationale comptabilisant vingt ans de service irréprochables. Appel à manifestation de cette récompense, reniant ainsi le mérite d’avoir travaillé vingt ans au service de l’Etat Français et de ses concitoyens. Comment peut-on sanctionner quelqu’un de la sorte ? Notre syndicat dénonce ce type d’agissement indigne ! Unité sgp Police - FO interpelle l’Administration sur ce dossier et exige réparation du préjudice ! James Dutertre Départemental 77 ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 Un policier en cache un autre Créer des patrouilleurs alors que la police nationale perd des effectifs : un grand écart simplifié de manière embarrassante. Pour fabriquer des patrouilleurs, notre Administration ne s’embarasse pas d’un détail comme la crédibilité. Aussi voyons-nous fleurir télégrammes et notes de services avec pour consigne de rebaptiser les équipages déjà existants. Au final, il ne reste qu’une appellation générique à appliquer soigneusement à tous les flics qui arpentent le bitume. Et si certains ont cru que les patrouilleurs étaient des policiers spécifiques venus gonfler les rangs, tant mieux ! Alors que le moral de la police nationale ne cesse de baisser, nos collègues demandent des réponses, des gestes forts. Pour l’heure, voici ce qui nous a été accordé : un mot. «Patrouilleur» n’est au final qu’un mot de plus, sans profondeur, sans changement. Voici une belle leçon de cynisme comptable ! Le Bureau National Royaume-uni Ce que nous ont appris les émeutes en Angleterre Les images de villes en feu au Royaume-Uni ont fait la une des journaux durant l’été. Une situation qui nous rappelle des faits récents dans notre pays. Oui, mais... L’été fut marqué par des émeutes graves. Pas en France, cette fois ! C’est le voisin Royaume-Uni qui a fait les frais de son «péril jeune», un tsunami humain qui a démoli plusieurs grandes villes du pays. Un scénario que les policiers français ne connaissent que trop bien. Ce qui nous permet de faire une analyse comparative. Point de départ Tout commence par la mort d’un individu issu de l’immigration, ghéttoïsé, après sa rencontre avec les forces de l’ordre, comme en 2005, 2007 ou 2010 en France. S’ensuit une révolte qui déborde très vite sur des violences urbaines, la volonté d’en découdre avec les autorités, représentées sur le bitume par des policiers en tenue. En France, l’opinion publique a décrit des affrontements entre policiers et voyous, un peu comme des bandes rivales, alors qu’en Angleterre, il est clairement établi que les policiers ont fait leur devoir et que la contestation s’adresse au pouvoir... Car en France comme en Angleterre, la société souffre de problèmes similaires : la violence juvénile et la crise identitaire... deux expressions timides qui désignent en réalité que l’intégration est en panne, le chômage élevé, que l’évolution économique divise clairement les quartiers pauvres de ceux plus aisés. Alors, quand une personne issue des milieux défavorisés décède sur la voie publique, elle devient aussitôt le symbole d’une inégalité largement ressentie. Tellement ressentie qu’elle se propage ! La révolte qui naît à Clichy-Sous-Bois s’étend jusqu’à Rennes, celle qui vient de Londres s’exporte jusqu’à Manchester. Ces gens se connaissent-ils ? Non. Mais il se créé une colère collective, un facteur commun. Et tout cela devient un terrain propice aux casseurs et aux bandes. La colère engendre la violence, qui s’autoalimente. son. Le maintien de l’ordre a systématiquement été réactif, ordonné. Notre police s’est distinguée par son professionnalisme et le chiffre miraculeux de 0 morts. Peu de pays peuvent se vanter d’un tel niveau de maîtrise. Notez également que les hauts gradés de la police anglaise se sont distingués par leurs propos critiques à l’encontre du pouvoir, n’hésitant pas à multiplier les reproches sur la politique de baisse des effectifs, en effectuant le lien entre les difficultés à endiguer les violences urbaines et le nombre trop faible de policiers disponibles. En effet, le lien entre réduction d’effectifs et maintien de l’ordre existe, dans leur pays comme le nôtre. Une conclusion logique à retenir, surtout lorsque notre Administration propose de réduire le nombre de CRS, pourtant garants du maintien de l’ordre. Des réactions différentes Mention spéciale à la police française, qui sort glorieuse de cette lugubre comparai- Le secteur national Communication Medical Notre administration est un «mauvais payeur» Un phénomène de plus en plus récurrent se produit avec certains médecins, souvent des spécialistes, voire certaines pharmacies lorsque des fonctionnaires de police victimes d’un accident du travail (B.S.) présentent pour mode de paiement le triptyque couramment utilisé, remis par l’administration. En effet, en cas de blessure en service, c’est à l’employeur de prendre en charge les frais médicaux. Pourtant, dans la réalité, il en va parfois autrement. Entre théorie et pratique De plus en plus de practiciens et pharmaciens ont la même réaction : ils refusent le tryptique et renvoient les frais médicaux sur le régime général de la Sécurité Sociale. Pire, certains praticiens se débarrassent du cas en renvoyant le patient vers un collaborateur ou un hôpital. D’autres, enfin, demandent à être réglés de suite par le collègue blessé, qui doit donc payer de sa poche. A qui la faute ? Bien évidemment, cette méthode est inadmissible. Mais qui est responsable de ce fiasco ? Les praticiens sont désabusés par les lenteurs en matière de paiement. La faute à notre administration à qui il faut parfois jusqu’à deux ans pour payer les consultations, soins et prescriptions thérapeutiques. Ce qui, on peut le comprendre, engendre des réactions négatives des personnes qui attendent le paiement du travail qu’elles ont effectué. Résultat : ce sont nos collègues qui paient les pots cassés, qui se retrouvent pris en otages dans ce différend entre les prestataires de service et l’employeur. unité SGP Police - FO ne saurait accepter que cette situation perdure et réclame instamment que l’administration honore ses obligations plus rapidement. Le secteur médical et social ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 11 La Colonne Bretagne La précarisation de notre métier Notre organisation syndicale dénonce l’augmentation du nombre d’adjoints de sécurité et de réserviste. Le «low-cost» est très à la mode. Voyages, hi-fi, informatique, vêtements... Tout ou presque peut se trouver à bas prix. Le concept a été tiré jusqu’à la Police Nationale. La sécurité à bas prix, ou comment notre métier s’est précarisé. Démonstration. Aux origines du changement Le nerf de la guerre, comme toujours, est l’argent. Avec le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, l’Administration compte bien dépenser moins. Pour remplir les vides trop prononcés, nous assistons à un brassage de contractuels dans l’institution : ADS et réservistes. Des personnels en contrat à durée déterminée, mal payés. Les adjoints de sécurité Contrairement à ce qu’exigent les textes, les ADS sont bel et bien des personnels de substitution. A Saint-Brieuc comme à Dinan, on les utilise pour donner un sentiment de visibilité aux citoyens. Ils remplissent les patrouilles, prennent les mêmes risques que les policiers fonctionnaires et titularisés. Pour eux, le travail de nuit devrait être exceptionnel. Ici, c’est courant. Précarité, encore et toujours. On leur fait miroiter une carrière dans la police par la suite, mais il s’agit d’un leurre. Chaque année, environ deux cent places leur sont réservées pour le concours de Gardien de la Paix. Sauf qu’ils sont entre trois et cinq mille. Nous en avons croisé beaucoup à Saint-Brieux qui ont obtenu plus de quinze sur vingt au concours et ont tout de même été recalés. dix-huit ans avec un casier vierge, pour devenir APJ, c’est-à-dire avoir la possibilité de porter une arme et un uniforme, rédiger des contraventions. Peut-on encore parler de «métier» lorsque n’importe qui est embauché, sans compétence ni formation ? Là encore, la tentation de réaliser des économies est la plus forte. Tant que tout va bien, cela semble poser peu de problèmes. Rappelons-nous pourtant le cas des Etats-Unis. Le 10 septembre 2001, payer des vigiles d’aéroport à 6 $ de l’heure ne semblait pas poser de problèmes non plus. Le 12 septembre, une telle idée était soudain devenue grotesque, et il fallait tout remplacer par des policiers de métier. Tout est bon pour remplacer des policiers à bas prix. La réserve civile La réserve civile de la police nationale a été créée en 2003. Elle était ouverte pendant cinq ans aux policiers qui venaient de prendre leur retraite. Aujourd’hui, ce statut s’ouvre à toute personne âgée de plus de Claude Larmet Départemental 22 MIDI-Pyrénées Le recours a des milices privées Comment assainir les rues avec moins de policiers ? A Toulouse, une association de quartier met les pieds dans le plat en suggérant de déployer des vigiles privés afin d’assurer la sécurité sur la voie publique. Comment en arrive-t-on à ce genre de proposition ? Désengagement de l’Etat Privatisations des tâches, déconcentration des pouvoirs : des mots et des expressions qui désignent une même réalité. L’Etat n’assure plus toutes ses prestations obligatoires en matière de sécurité, créant un vide qu’il faut pallier. Ce désengagement se traduit par une compensation locale inévitable, et la tentation est grande pour certaines municipalités d’orienter leurs polices à des activi- 12 tés parallèles à celles de la police nationale. D’autres n’ont pas les moyens de combler le vide. La sécurité se fait donc en fonction de l’aisance des citoyens. Des solutions souvent inadaptées Faire peser le poids d’une mission régalienne sur des polices municipales n’est pas sans problèmes. Déjà parce qu’elles n’ont pas les mêmes compétences, mais aussi parce que la plupart de ces polices ne sont pas assez nombreuses, pas assez formées. Certaines cessent toute activité de voie publique durant la nuit. Dans ces conditions, elles ne sauraient remplacer la Police Nationale. D’ailleurs, ce millefeuille sécuritaire suscite de plus en plus de troubles et d’amalgames auprès d’une population qui ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 a de plus en plus de mal à comprendre qui fait quoi. Les Français ne peuvent se contenter de ces réponses inadaptées. Déjà se profile dans notre région la tentation de faire appel à des milices privées, financées par les commerçants pour assurer leur protection ! Un regard avisé ne manquera pas de noter que la population s’adapte : la nature a horreur du vide. Le recours à une milice privée répond au besoin d’être rassuré, protégé. Bien sûr, à Toulouse, l’idée a été rejetée. Pour l’instant... Didier Martinez Régional MidiPyrénées Seine-et-marne Il enregistre la discussion avec son supérieur A Coulommiers, la discussion entre un Brigadier-Chef et son chef de service restera gravée pour la postérité dans les micro-circuits d’un enregistreur de poche... L’affaire fait du bruit. Tout part du commissariat de Coulommiers, en Seine-et-Marne (77). Comme dans le reste de la France, les conditions de travail se sont dégradées, la pression du chiffre exaspère, pousse à bout. Mais à Coulommiers, le silence se brise de manière fracassante ! Comme beaucoup, un de nos collègues brigadier-chef exprime son mal-être devant son supérieur, le chef de service. Le ton monte. Le chef de service avoue « ne pas être fier » de certaines méthodes, qu’il faut parfois mettre « un pied à côté » — comprenez, à côté de la loi — sous peine de ne faire « aucune affaire ». Bref, notre collègue devra vivre avec son mal-être, étouffer sa conscience avec des statistiques, servir la loi sans la respecter. La bataille est engagée, et dans ture médiatique. Cette fois, le cette bataille, notre syndicat, scandale est lancé ! Ce qui indéfectible dans la lutte contre n’était qu’une scène de la la politique du chiffre, soutient vie courante pour beaucoup le collègue. A ce propos, il est de nos collègues devient un fait qui n’a pas été divulgué une révélation fracassante dans la presse: sur l’enregistresur ce qui se passe dans les ment pirate, il y a une troisième coulisses de la police. Bien personne, un délégué UNITé entendu, la méthode est disSGP Police, qui ignorait tout de cutable. Malheureusement, si notre collègue y a eu recours, L’objet par lequel le scandale l’enregistrement. Malgré tout, arrive sa présence et sa déterminales méthodes employées par certaines hiérarchies pour faire plier les «mau- tion à défendre ses adhérents sont désormais vaises volontés» n’y sont pas pour rien. Au des faits avérés pour la juge d’Instruction en final, qui est le plus à blâmer ? L’oppresseur charge de l’affaire, qui ne pourra que constater les valeurs qui fondent notre syndicalisme. ou l’oppressé ? Pour la postérité Ce qu’il faut savoir Ce que le chef de service ne sait pas, c’est que notre collègue s’est muni d’un enregistreur, dissimulé, qui capte l’entière conversation. L’enregistrement pirate se retrouve sur le bureau d’une juge d’Instruction ; Mediapart s’empare de l’affaire et lui donne une couver- De toutes évidence, ces révélations dérangent. C’est certainement la raison pour laquelle ce brigadier-chef est convoqué devant le Conseil de Discipline, même si la Direction Départementale s’en défend. De son côté, il a entamé des poursuites judiciaires pour harcèlement. James Dutertre Départemental 77 ROISSY CDG Mise au point lors du dernier CTPS Le comité technique paritaire spécifique (CTPS) aux aéroports de Paris et Le Bourget, fin juin, a été l’occasion de mettre à plat les difficultés de terrain pour trouver des solutions adaptées. En voici quelques exemples... Depuis 2004, les effectifs de la DPAF Roissy n’ont cessé de diminuer, à contrecourant du bon sens, mais surtout de l’évolution de l’aéroport, qui s’aggrandit toujours plus. Un paradoxe qui étonne, tant notre président de la République s’est présenté comme l’homme de la situation en matière de contrôle de l’immigration. Les ministres successifs se concentrent sur des statistiques de reconduite à la frontière, alors que nous savons que Roissy CDG représente la plus grande frontière de France, et qu’à ce titre, il est nécessaire de mettre les moyens d’un contrôle efficace de l’immigration. D’après des audits IGA et IGPN, il manquerait 250 Equivalents Temps Plein. Cette recherche d’efficacité est également compromise par les pressions commerciales de nos partenaires, avec en tête l’exploitant Aéroports de Paris (ADP) et la compagnie nationale Air France, qui tentent régulièrement de donner des ordres à nos collègues. Notez également que l’Administration paye la location des locaux, les cartes de parking ou encore les connexions intranet à ADP ! Il est quand même bon de rappeler que l’Etat est l’actionnaire majoritaire de cette société, que 35% de ses dividendes sont reversées à des actionnaires privés... Sur l’impulsion de notre organisation syndicale s’est mis en place un projet de réforme, au cours duquel nos propositions constructives ont majoritairement été reprises. Nous nous sommes entendus dès la première réunion pour la création des brigades de nuit. Surtout, nos revendications syndicales ont convaincu la direction de créer un cycle alliant intérêt de nos collègues et intérêts de service ; un cycle en 2/2/3 a donc permis de coordonner la présence policière avec les flux de passagers, tout en améliorant sensiblement la vie de nos collègues.Cependant, nous avons précisé que cette réforme ne suffirait pas : il faut avant tout modifier les méthodes de management, principalement sur le terminal 2EF. Cédric Castes Départemental Roissy [email protected] ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 13 “«LE RESPECT DE LA INterview de MICHEL SERRES COMMENCEMENT Parce que le regard des autres sur notre maison police est un indicateur de son «état de santé», pour le troisième numéro de cette revue, ActuPolice le mag’ a rencontré Michel Serres. Dans notre syndicalisme de progrès qui ne renonce jamais au débat, l’analyse d’un philosophe sur la police est un instant historique. Michel Serres 81 ans, académicien, homme de lettres, historien des sciences 14 ACTUPOLICE Le mag’ - JUillet - août - septembre 2011 POLICE EST LE DE LA DEMOCRATIE» Hep ! Vos papiers ! Michel Serres, 81 ans, académicien, homme de lettres, historien des sciences… gascon d’origine et breton de cœur. Vous avez défini la « théorie des trois guerres » et le rôle de la police nationale, pouvez vous nous en dire plus ? Il y a des guerres internationales : ce sont celles qui sont les mieux connues puisqu’elles sont dans les livres d’histoire et chaque Nation dispose de son armée pour assurer la défense de son territoire. Ces guerres existent depuis les grecs et les latins qui avaient défini un droit comprenant la déclaration de guerre, l’armistice et le traité de paix. La guerre était un droit et l’armée une institution de droit. Ensuite, il y a les guerres civiles où deux factions s’affrontent, comme en ce moment en Lybie. La plus épouvantable a été la guerre américaine du Nord contre le Sud où, là aussi, il y a eu des armées, mais temporaires. Les guerres de religions qui se sont achevées avec la royauté d’Henri IV, des guerres que l’on peut dire régionales que l’on a connues en Yougoslavie, en Afrique où on imagine une Nation en formation, une Nation qui se défait. Enfin, une troisième guerre dont on ne parle jamais, qui est beaucoup plus constante, beaucoup plus violente et peut-être beaucoup plus meurtrière qu’on ne le croit, c’est cette guerre qui est du domaine de la police. Définie autrefois par les philosophes comme « la guerre de tous contre tous » : c’est la guerre familiale, c’est la guerre privée, c’est la guerre vicinale. Elle est toujours larvée, toujours secrète mais toujours d’une violence extrême : c’est par exemple le mari qui tue sa femme, les drames de voisinage. Sur dix meurtres il y en a neuf où l’assassin connaît sa victime et sur ces dix meurtres il y en a sept qui se perpètrent en famille. La violence est permanente et votre métier est d’y mettre fin, cette guerre, c’est la vôtre. Il vous faut garder la paix. Vous disposez pour cela d’armes et de moyens de défense qui sont légitimes. Votre action est certes ligotée mais légitimée par le droit. La violence, si vous devez l’utiliser, est légitime. Votre mission est à la fois la répression des crimes et des délits mais aussi la protection des faibles et des vaincus dans cette bataille vicinale familiale et sociale d’une terrifiante sauvagerie. La police a une fonction sociale majeure du coup, une fonction politique. D’ailleurs police et politique sont le même mot. Le pouvoir politique se définit comme le détenteur de la violence légitime mais, ce pouvoir est généralement détenu par des «froussards» qui se défaussent de cette violence sur des «valets», c’est-àdire la police, qui se retrouve confrontée à la violence brute et presque originaire de la société. Je crois que le pouvoir, qu’il soit de gauche ou de droite, conservateur ou révolutionnaire s’appuiera toujours sur une police, c’est elle le fondement de la politique et c’est elle qui nous protège de cette troisième guerre. Quelle symbolique y a-til autour de la fonction de Gardien de la Paix ? Vaut-il mieux être Gardien de la Paix ou patrouilleur ? Par l’ambigüité de votre situation vous êtes les deux. Vous gardez la paix et détenez la violence légitime. Vous devez patrouiller, surveiller pour maintenir la paix, exercer vous-mêmes la violence pour laquelle vous êtes mandatés pour mettre fin à des actes violents. Vous détenez un double pouvoir: protéger et punir, mais il faut que les citoyens se reconnaissent réellement dans la fonction sociale et pacifiée de la police. L’histoire a connu des sociétés sans police. C’est le cas de la société grecque dont l’ordre était bâti sur la dénonciation, c’est- à-dire sur la haine des voisins contre les voisins. Ils exploitaient cette guerre de tous contre tous. Symboliquement on vous retrouve dans un triangle formé par la politique, la police et la justice où chacun entretien des relations très proches avec les autres. Ne craignez-vous pas la privatisation des missions de sécurité publique ? La privatisation des missions de police, c’est du non-droit. Aux Etats-Unis, l’armée est une entreprise privée tout comme les prisons. Je ne souhaite pas connaitre çà en France, le droit ce n’est pas le fric. Les polices privées risquent de devenir une mafia. Qu’est ce qu’une mafia ? C’est la violence privée organisée. Le mot de la fin ? J’ai enseigné pendant cinquante ans dans des amphithéâtres où j’ai dû parfois faire appelle à police secours, pour un étudiant malade, un fou, un suicidaire. Le professionnalisme, la rigueur des gardiens de la paix m’ont toujours impressionné, tout comme leur humanisme. Il faut bien rappeler que la valeur humaine ne dépend pas de la position sociale ; elle est souvent l’inverse du rang social. Enfin, le respect de la police est le commencement de la démocratie. L’équipe d’ActuPolice le mag’ remercie Michel Serres pour ces quelques moments accordés en plein été. ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 15 GRAND PARIS Imbroglio sur les heures supplémentaires 11 juillet 2011. Le ministre annonce que des heures supplémentaires rémunérées au taux de 12,32 € bruts de l’heure pourront être effectuées par les gradés et gardiens de la Police Nationale. Un budget de 9 millions d’euros est dégagé dont 1,9 million pour la Préfecture de Police. Une solution aux vrais problèmes de fonctionnement de la police ? 16 Du point de vue de l’administration, pourquoi stopper cette RGPP si demain de nombreux collègues répondent à cette proposition, ce qui permettra de ne pas remplacer les policiers partant en retraite ? Ce budget a été dégagé afin de faire « tourner » les services de police alors que nous avions annoncé en 2008 que le protocole signé par certains était néfaste, en partie pour ces mêmes faits. Ces 1,9 millions d’euros répartis sur le territoire national seraient mieux utilisés pour abonder la prime d’encadrement et d’application, et ainsi récompenser le travail de l’ensemble des policiers du Corps d’Encadrement et d’Application. Pourtant nos collègues se portent volontaires !!! Attention à l’appât du gain : les heures supplémentaires si elles ne sont pas imposables s’additionnent au Revenu Fiscal de Référence qui lui-même sert de base au calcul du quotient familial. En résumé quelques euros supplémentaires au cours de l’année 2011 pourraient voir le loyer, la crèche et autres augmenter pour l’année 2012. Pourquoi choisir la solution d’emploi d’heures supplémentaires alors que celle-ci aggrave largement les risques psychosociaux ? Ces risques professionnels mettent en jeu l’intégrité physique et la santé mentale des personnels et ont par conséquent un impact sur le bon fonctionnement des services. Nos collègues pendant ces six mois, vont accumuler les heures supplémentaires payées en travaillant plus. Ils ne pourront échapper aux heures supplémentaires « non payées » mais récupérées, dues aux missions exercées qui dépassent la durée de vacation. Celles dont ils ne maitrisent pas l’accumulation. A propos des heures supplémentaires... La vraie solution D’autre part, un important stock d’heures supplémentaires accumulé pendant des années a été figé par le ministère. L’administration ne peut y apporter un règlement et parallèlement elle institue des heures supplémentaires sur volontariat avec des objectifs précis. Le policier du SGAP de Paris déjà contraint par des vacations de plus en plus longues, ajoutées à des temps de transport importants et des obligations familiales inhérentes à tous, ne pourra soutenir ce rythme très longtemps. Recours à des heures supplémentaires payées, emploi d’ADS et de la réserve civile... L’exigence de performances et de résultats imposés par l’état nécessite des moyens supplémentaires en personnel. Toutes ces mesures sont faibles et ne répondent pas au vide policier. La police devra recruter à nouveau des fonctionnaires, parce que la mission de l’état en matière de sécurité est d’assurer celle de nos concitoyens. Seul l’état peut garantir en tous lieux le même niveau de sécurité. Pallier au vide policier créé depuis 2008 ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 Le Bureau Régional du SGAP de Paris La C.O.T.E.P. Le service La Compagnie des Transferts, Escortes et Protections (COTEP) est dirigée par la DOPC et basée sur le site de l’ENP à Paris 12e, à côté du Bois de Vincennes. Au 1er septembre 2011, on compte 117 effectifs : 1 Lieutenant, 4 Majors, 9 Brigadiers-Chef, 28 Brigadiers et 75 Gardiens de la Paix. Les missions En matière judiciaire, la COTEP procède majoritairement à des escortes de détenus, de deux types : les détenus particuliers signalés (DPS), de la maison d’arrêt au palais de justice ; les détenus juste signalés (DJS), lorsqu’ils présentent un risque pour les hôpitaux. Les fonctionnaires de la COTEP assistent la PJ pour des escortes ou transports de détenus sur réquisition du juge. Le saviez vous ? Les niveaux d’escorte Il existe 4 niveaux d’escorte, qui vont de «Sierra 1» à «Sierra renforcée». En matière administrative, les fonctionnaires de la COTEP escortent les retenus du CRA de Vincennes jusqu’à la salle d’attente des transferts, au dépôt du palais de justice. Ils font des reconduites frontières aux aéroports parisiens de Roissy et Orly, au Bourget sur des vols privés, lorsque les retenus ont des statuts particuliers, ce qui est rare. Ils conduisent les retenus administratifs aux ambassades pour vérification d’identité nationale. Ils escortent également des valeurs, de l’argent, des valeurs mortuaires... pour la banque de France, la Préfecture de Police, ainsi que de prestigieuses bijouteries, ou encore des objets de valeur, pour les musées (tableaux, statues...) Le Bureau Régional du SGAP de Paris ACTUPOLICE Le mag’ - JUILLET - AOÛT - septembre 2011 17 Grenoble, dimanche 18 juillet 2010. Une fusillade éclate entre un braqueur et un équipage BAC. C’est le point de départ d’un déferlement de violence «made in France»... 18 ACTUPOLICE Le mag’ - Avril - mai - juin 2011 Grenoble : un an plus tard « En juillet 2010, le feu qui couvait à Grenoble s’est déclaré. Les rues se sont embrasées. Surprise pour les uns, conséquence prévisible pour d’autres, les émeutes de Grenoble ont fait date. Des mesures étaient prises au sommet de l’Etat pour remédier à la crise. Un an plus tard, qu’en est-il ? Je vous propose de revenir sur les faits, puis de comparer plusieurs angles de vue. Celui de la police, tout d’abord, à travers divers services. Celui de personnes extérieures à la police, qui vivent et travaillent dans ces quartiers. Enfin, découvrez la manière dont ces événements ont été traités dans la presse étrangère. En gardant tout cela à l’esprit, nous ferons le comparatif entre les mesures annoncées et la réalité de terrain, aujourd’hui, un an plus tard. » Daniel Chomette Départemental 38 ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 19 Rappel des faits Grenoble chef-lieu du département de l’Isère, 156 659 habitants, 18.13 km2 Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2010, vers 1h30, deux individus braquent le casino Uriage et repartent avec 20.000 euros dans une Peugeot 307. Le véhicule est pris en charge par la BAC de Grenoble. Durant la course-poursuite, des coups de feu sont échangés. Le véhicule des braqueurs s’immobilise devant le 30, galerie de l’Arlequin, dans le quartier de La Villeneuve. Karim Boudouda sort de la voiture et fait feu sur les policiers, qui ripostent. Boudouda décède. L’arme utilisée Fusil d’assaut SIG 550 Munitions : 5,56mm Cadence : 600 à 900 coups/mn Portée maximale : 1000m Capacité : 30 coups La nouvelle de la mort de Boudouda se répand comme une traînée de poudre, qui s’enflamme aussitôt. S’ensuivent trois nuits d’émeutes à La Villeneuve, une violence si importante que le président de la République en personne se déplacera le 30 juillet. Après six semaines de cavale, Moncif Gabbour, le complice de Boudouda, est écroué. 20 ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 L’angle de vue Police Dans ces quartiers, des armes et des pare-balles « Ce qui s’est passé l’an dernier est la conséquence d’une série de réglements de comptes par des voyous de banlieue extrêment violents utilisant des moyens de grand banditisme. Avec la réforme de la garde à vue, on protège ces voyous ; or, on se rend compte de la facilité avec laquelle ils sortent les flingues, par ici. Fait intéressant : quelques minutes avant que Mehdi Chine se fasse tuer par ses propres lieutenants, il jouait aux jeux vidéo. Ces voyous sont jeunes, ils vivent dans un monde virtuel fait de came, d’argent et de pouvoir. Ils défendent leur territoire pour des histoires de gros sous. Quand la PJ Grenobloise interpelle puis perquisitionne, on trouve presque toujours des armes et des gilets pare-balle. » « Nos enquêtes n’ont pas prouvé qu’il y avait préparation d’une vengeance. Dans ces quartiers, tout le monde sait qui a tiré le premier. Derrière la colère, ils savent que les flics ont fait leur travail. Et ceux qui étaient susceptibles d’effectuer une vengeance sont soit morts, soit au ballon.» Christophe Gavat Commissaire de Police Chef antenne PJ de Grenoble Sur le terrain, la tension reste « J’ai pris l’UTEQ au 1er juin 2009, à son lancement, avec 16 effectifs. On a poussé les contrôles à l’extrême. Ca s’est mal passé : il y a eu un guetapens, auquel on a échappé, alors ils ont mis le feu à un gymnase. Nous nous sommes adaptés pour parcourir le quartier de la Villeneuve, qui nous était particulièrement hostile. Lors des événements de Grenoble, la DDSP nous a tenus à l’écart, au profit des renforts venus de l’extérieur, pour éviter que les policiers locaux soient pris pour cibles. En septembre 2010, nous avons réinvesti le secteur. Notre nom à changé d’UTEQ à BST. Nous sommes passés de 16 à 31, dont 11 ADS. Heureusement, Unité SGP Police a freiné des quatre fers : 11 ADS, ce n’était pas pratique ! Surtout que ces jeunes ne sont pas là pour prendre autant de risques ! On a repris le quartier doucement. Les mauvaises habitudes étaient revenues : deals devant les immeubles, menaces de mort... » « Sur le terrain, on sent bien qu’à tout moment, ça peut repartir. Les mecs en face font souvent le signe de nous tirer dessus, nous disent souvent que c’est 1-0 et qu’ils ont une revanche à prendre. La tension n’est pas redescendue. » Sébastien Marquet Brigadier-Chef BST de Grenoble Pourquoi les renseignements n’ont rien pu prévoir « Tout part de jeunes qui, sortis de prison en 2008, craignent les représailles de la mafia locale. Ces amateurs dangereux mettent le feu aux poudres : n’ayant plus rien à perdre, ils tuent ceux qui pourraient leur en vouloir. En deux ans et demi, ils sont à l’origine de dix-huit ou dix-neuf morts, tous dans le milieu. L’organigramme de la pègre locale en est complètement modifié. Avec tous ces morts, le travail est à refaire. C’est là qu’intervient la réforme du renseignement : le RI ne prend plus en compte l’économie souteraine, les SDIG sont composés de fonctionnaires qu’il faut former, et leur priorité, c’est l’ordre public. Tout ceci entraîne une perte de données, et donc d’emprise sur les événements. En 2010, un mort entraîne une émeute, qui devient une affaire politique avec de l’ultra-répression, des hélicoptères, une surmédiatisation... rendant notre gestion opérationnelle difficile ! » « Il y a eu une vraie crise, qui va laisser des traces durables. Les menaces de tuer du flic ont duré bien après les faits. Depuis, du nettoyage a été fait, notamment des saisies sur patrimoine par le GIR, ce qui a fait baisser le sentiment d’insécurité du quartier. » Ces déclarations ont été obtenues auprès de fonctionnaires des renseignements. Comptetenu des contraintes du métier, les identités restent dissimulées. Gérer l’après et adapter les moyens « En prenant le poste de DDSP 38, il a fallu gérer l’après : des policiers blessés, d’autres sérieusement menacés, du matériel dégradé... qu’il a fallu gérer de façon humaine mais aussi administrative. Il était compréhensible que certains collègues ne souhaitent pas rester ; l’Administration l’a pris en compte et réagi en conséquence. La solidarité locale s’est développée. Certains ont même regretté de ne pas être en service le premier soir. C’est un fait positif notable. Ces événements ont aussi permis de se doter de moyens pour éviter de se retrouver dans ces situations et sans avoir besoin d’aide extérieure. Impossible de se mettre à nouveau en position d’attente ! Je souhaite que le retour d’expérience Grenobloise puisse servir ailleurs. Dans l’intervalle, nous attendons encore que la justice légitime la riposte policière. » « Si les trafics n’ont pas tous cessés, la population a conscience que par la présence policière accrue, la situation s’est améliorée. La BST a parfaitement accompli ses missions, et j’ai toute confiance en la réactivité de l’UMIR. » Jean-Paul Pecquet Commissaire Divisionnaire D.D.S.P. de l’Isère ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 21 L’angle de vue Extérieur Le problème a été déplacé L’effet de meute « Le bureau de Poste dans lequel je travaille est classé en Zone Urbaine Sensible. Mais ces bureaux intégrés dans les immeubles, ce n’est pas bon : on est considéré comme une intrusion sur le territoire des délinquants. Il y a un an, l’un d’eux a braqué un Beretta sur ma tempe. Les mecs sont rentrés en scooter à l’intérieur du bureau de Poste, et le passager arrière a sauté sur moi. Je savais qu’un jour ou l’autre ça arriverait. Pourtant, n’importe quel crétin sait qu’il n’y a rien à prendre dans un bureau de Poste. Là, il s’agit de l’école de la rue : pour débuter, ils braquent des pharmacies, boulangeries... Sans oublier qu’il y a tout un tas de gens dans ces quartiers qui n’y sont pour rien. Vu du quartier, ce qui passait à la télé ne correspondait pas à la réalité. A la télé, c’était la guerre, on aurat dit que le jour d’avant tout était calme, et que soudain tout s’était embrasé. En réalité, ce n’était pas la première fois que ça brûlait. Des mecs qui dealent, qui bloquent les entrées, ça existait déjà. C’est pas à l’été 2010 que tout a commencé. » « Avec la pression policière, les voyous du quartier sévissent actuellement à Saint-Martin-d’Heres, une agglo au Sud-Est de Grenoble. Quand la police mettra des renforts là-bas, ils reviendront. C’est le problème : la police est trop centralisée. Il faudrait des bureaux de police plus proches. » « Le 16 juillet 2010 à 10h30, un collègue conducteur a dû arrêter le tram à cause d’un scooter en feu sur la voie. Une trentaine de jeunes cagoulés ont caillassé le véhicule, pété les vitres, et lancé un cocktail molotov à l’intérieur. A l’intérieur du tram, il y avait dix passagers dont un handicapé. Le quartier a été bouclé avec les CRS et le conducteur a réussi à faire évacuer les passagers. La réponse pénale a été en-dessous de tout : FO Transport a déposé plainte pour mise en danger de la vie d’autrui... L’affaire a été classée sans suite ! Le 17 juillet, les caillassages ont repris. Nous avons appliqué notre droit de retrait, qui n’a pas été reconnu par notre Direction. En conséquence, notre journée n’a pas été payée. » «Ca fait un petit moment qu’on n’a pas eu de problèmes. Mais on se rend compte que les voyous se fédèrent et sont capables de se regrouper rapidement, notamment grâce au téléphone portable. Les contrôleurs de billets sont souvent sous pression à cause de ça ; ils sont souvent pris à partie par des groupes nombreux. Si des émeutes de grande ampleur doivent reprendre, il faut admettre que ces voyous sont bien organisés pour créer l’effet de meute.» Georges Garcia Conducteur de tram Hervé Lorido Postier Unis dans le «business» « La Police Municipale n’a pas été associée lors des événements de Grenoble. Il y a eu un moment de flottement, pendant lequel on nous a demandé de ne sécuriser que les abords, sans intervenir directement. Nous aurions aimé avoir des consignes claires, mais la seule réponse a été : «si vous ne le sentez pas, n’y allez pas.» Depuis cette période, les GTPI ont été relancés pour se former sur les interventions, mais les moyens n’y sont pas, et au final ce n’est pas suffisant. Surtout dans la zone Sud de Grenoble, les équipages se font entre deux et quatre. A deux, pas d’intervention possible sans un équipage de renfort, car les regroupements de jeunes sont devenus systématiques. Avant l’année dernière, les jeunes se tenaient à l’écart entre différents quartiers. A présent, le business les rassemble, et grâce au portable ils sont rapidement plus nombreux.» « Lorsqu’on patrouille dans les quartiers, on remarque que rien qu’en s’approchant, les jeunes sont tout de suite agressifs, toujours à la recherche d’un élément déclencheur pour entrer en conflit. Il serait bon que les poursuites pénales soient effectives et que la justice soit plus réactive. Le sentiment d’impunité nous dessert... » Dominique Brun-Cosme Policier municipal 22 ACTUPOLICE Le mag’ - JUillet - août - septembre 2011 Un pugilat politicien « Nos bureaux FO sont juste à côté de ce quartier, donc nous le connaissons bien. Au fil des années, nous en avons constaté la dégradation, mais également la volonté des pouvoirs publics de le maintenir en état. L’embrasement du quartier a été une surprise : petite cause apparente, gros effets. Les forces de l’ordre étaient à la rue, le Préfet a manqué de réaction. Personne n’a vu l’ampleur de ce qui se passait. Par la suite, les forces de l’ordre ont été surmultipliées, hélicoptère toute la nuit... La télé en rajoutait tous les jours, décrivant ce qu’on voit dans les films américains. Dans le même temps, la cité protégeait ses individus. Ce désordre est devenu un pugilat politicien. On se souvient de la confrontation du maire avec le président de la République. Puis le feu s’est éteint, et tout le monde a redécouvert que les policiers sont indispensables pour l’ordre public. Certains évoquent aujourd’hui l’intervention de l’armée. Le mieux serait certainement de mettre en place davantage de policiers localement. Nous avons rencontré le nouveau Préfet pour réclamer l’arrêt du massacre de la RGPP. » « A force d’incivilités, ces quartiers sont devenus un ghetto. Un projet de requalification complète est en cours, pour faire tomber des tours et créer des habitations à dimension humaine. » Jean-Pierre Gilquin Secrétaire Général de l’Union Départementale Force Ouvrière L’angle de vue International La presse étrangère a couvert les événements sous des problématiques différentes. Un conflit e inter-ethnique Russi « Les sites d’information russes ont très largement relayé les incidents de juillet 2010 à Grenoble. Si certains médias importants sont restés assez neutres en évoquant des heurts entre forces de l’ordre et jeunes issus des quartiers défavorisés, précisant tout de même que ces derniers étaient en majorité « issus de l’immigration africaine », la plupart des gros titres n’ont pas hésité à parler d’affrontements ethniques, plutôt que d’insister sur la dimension sociale de ces évènements comme cela se fait traditionnellement en France. La Komsomolskaïa Pravda est allée jusqu’à titrer : « à Grenoble, on appelle à « casser du Blanc » ».Cette différence de ton entre médias français et russes peut s’expliquer de différentes façons. On peut d’abord supposer que la Russie est très marquée par les graves incidents interethniques qu’elle connaît ellemême. On peut penser aussi que les journaux cherchent à faire des gros titres en surfant sur la peur de l’immigration et de l’Islam. Mais beaucoup d’internautes, et pas seulement ceux issus de la “fachosphère“, ont préféré analyser cela comme une preuve de l’absence d’objectivité des médias français, englués dans le politiquement correct. En témoigne ce commentaire laissé par un lecteur : « quand il y a eu des émeutes en Californie dans les années 90, les journalistes TV français disaient clairement : « des violents affrontements entre la police et des noirs et des porto-ricains». En France, ils disent des «jeunes des banlieues»... » Dimitri Vivodtzev Journaliste à suite101.fr et “aujourd’hui la russie“ Un problème de bande MoyenOrient « J’ai couvert journalistiquement les émeutes de Grenoble en me rendant sur place. Les habitants nous ont parlé de leur calvaire, décrit comment les bandes utilisent les plus jeunes pour faire leurs affaires. Ils comprenaient l’intervention de la police, mais émettaient des réserves sur la mort de Boudouda, soutenaient qu’il aurait pû être arrété. Notre journal a mis en avant cette détresse : les voitures brûlées étaient celles des habitants de ces quartiers, terrorisés et victimes. De plus, il n’y a pas eu de problèmes entre la police française et la communauté arabe, car l’Etat français intervient dans ces quartiers difficiles. Nous avons mis l’accent sur le coeur du problème : les bandes, et non le quartier. A la différence de ce qui s’est passé en 2005, à Grenoble il n’y a pas eu de protestation sociale : il s’agissait de violences commises par une bande clairement définie. » Dr. Hussein Kneiber Grand Reporter pour la chaîne El Arabya Phénomène Royaume communautaire Uni La presse anglaise a abordé les événements de Grenoble en utilisant très clairement le terme «d’émeute», dont l’origine a été sobrement évoquée, à l’inverse des manifestations de violence, plus détaillées, s’arrêtant avec force détails sur le nombre de véhicules brûlés, les dégâts occasionés en ville, les affrontements en pleine rue. Mais surtout, l’aspect communautaire ressort pleinement des articles de journaux. Ainsi, la BBC News n’a pas manqué de faire remarquer que ces émeutes ressemblaient fortement à celles de 2005 en ce qu’elles avaient explosé «au milieu de communautés d’immigrés». Le Mail insiste également sur le caractère communautaire, sous l’éclairage religieux, en mentionnant que «des centaines de jeunes musulmans ont saccagé la ville de Grenoble», ou encore que «les parents du défunt se sont réunis dans le parc pour entendre des prières islamiques». Avec le recul des émeutes qui ont secoué le Royaume-Uni durant l’été 2011, le parti-pris des médias britanniques de mettre en avant le communautarisme peut s’expliquer par les craintes inhérentes au pays. En tiennent pour preuve ces commentaires de lecteurs sur les sites internet des journaux précités, durant les émeutes de Grenoble, qui redoutaient que des contestations sociales violentes gagnent leur pays... Revue de presse effectuée par le secteur communication ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 23 2010 2011 Grenoble : Une leçon apprise... Au lendemain des très médiatiques débordements de violence de l’agglomération Grenobloise, une série de mesures concrètes semblaient confirmer une volonté de rompre avec les errements du passé. 24 Des renforts d’effectifs Du matériel en plus Dans son communiqué de presse du jeudi 5 août 2010, la Préfecture de l’Isère confirmait l’obtention de 42 policiers supplémentaires : 38 policiers en sécurité publique dont 20 ADS et 4 policiers en judiciaire. Ce qui a été annoncé par Brice Hortefeux fut suivi d’effets : de nouveaux véhicules sont affectés à Grenoble, ainsi que du matériel neuf d’intervention et de protection. Création d’un GIR Création d’un UMIR Mis en place après les événements de l’an passé, le GIR est composé de deux policiers, deux gendarmes, un contrôleur des impôts, un inspecteur des douanes, ainsi que d’agents de l’URSAF, de la CAF et de la CPAM. Dès les débuts, ils obtiennent de très bons résultats, saisissent plusieurs milliers d’euros et des bien patrimoniaux liés aux stups. Leur action aide à porter un coup à la délinquance locale en matière de stups ou de fraudes aux prestations sociales, en asséchant leurs sources illégales de revenus. Le premier soir de violence, la situation a été sous-évaluée ; du coup, il y avait peu de fonctionnaires engagés. En arrivant, le Préfet a créé l’UMIR, unité mobile d’intervention rapide, pour éviter d’être débordé par la violence. Avec un délai de regroupement de une heure, les fonctionnaires de l’UMIR sont sur le terrain, prêts à maintenir la situation dans l’attente d’autres unités de maintien de l’ordre. Tous les fonctionnaires qui y travaillent sont déjà affectés dans d’autres services, tous sont volontaires pour accepter les missions supplémentaires UMIR. ACTUPOLICE Le mag’ - JUillet - août - septembre 2011 le bilan ...mais mal retenue ! Seulement un an après, une fois la pression médiatique retombée, les résolutions s’effritent, les solutions ne semblent plus aussi évidentes. Hold-up sur les renforts Difficile de parler de renforts, tout juste de «recomplètement». Certes des effectifs ont bien été affectés à Grenoble : 23 policiers seulement, le reste se compose d’ADS. Mais surtout, entre les départs en retraite, les mutations, on s’aperçoit que d’ici fin 2011, il y aura 25 policiers (dont 7 OPJ) de moins par rapport à novembre 2010. En définitive, il n’y a pas de suivi sur les renforts annoncés, et la présence policière ne cesse de diminuer à Grenoble et ses environs. Ainsi, la circonscription va se retrouver dans une situation pire qu’avant les événements (-4 policiers). Un comble !!! Classement en secteur difficile ? Vingt meurtres sur la voie publique, par armes de guerre, en deux ans, des viols, séquestrations, vols à main armée, agressions à coups de couteau, plusieurs jours d’émeute... Grenoble connaît une violence inégalée. Signe de la prise en compte de cette situation, la zone pourrait et devrait figurer dans la liste des postes difficiles et très difficiles, au regard du décret 99-1055 du 15 décembre 1999. C’est le cas, mais seulement pour certains commissaires (Arrêté du 16 août 2011 fixant la liste des postes prévue par le décret n° 2010-1102 du 21 septembre 2010). Pas de reconnaissance pour les autres, et donc un déni complet de la faille sécuritaire en Isère. Une injustice à réparer... Revus à la baisse Certes, des moyens supplémentaires ont été octroyés, puis se sont essouflés, avant de disparaître. Aujourd’hui, les budgets de fonctionnement sont revus à la baisse. Plus bas qu’en 2010 ! Ceci montre bien que les émeutes n’ont pas été prises au sérieux. Plus rien ne sera jamais comme avant... En conclusion, la ville de Grenoble a bien malgré elle défrayé la chronique et concentré une énorme médiatisation, à laquelle UNITé SGP Police a largement pris part pour porter les mots justes et faire entendre la parole des policiers. Souvenez-vous, Grenoble c’est aussi une hiérarchie police et préfectorale entièrement renouvelée mais également « le discours sécuritaire du Président de la République » qui fait encore débat aujourd’hui… Quoiqu’il en soit, ces événements ont marqué durablement la circonscription Grenobloise. Cette déferlante de violence a gravé les esprits des policiers et modifié leur comportement. Nul doute qu’il en reste aussi un goût amer, le sentiment d’être oublié sur les effectifs et les moyens financiers. Enfin, l’incompréhension demeure : comment la circo de Grenoble peut-elle être écartée de la liste des villes classée en zone difficile ? Aujourd’hui, les policiers , en grands professionnels qu’ils sont, exercent avec méthode et sang froid leur travail quotidien, tout en étant attentifs aux changements dévastateurs que connaît leur profession : effectifs et RGPP, réforme G.A.V, violences inouies dans certains quartiers, décisions de justice parfois très aléatoires, moyens inappropriés, conditions de travail dégardées etc, etc… Il reste tant à faire. Daniel Chomette ACTUPOLICE Le mag’ - Secrétaire juillet - aoûtDépartemental - septembre 2011Isère 25 C.R.S Indispensables M.N.S. Une nouvelle saison estivale vient de se terminer et, malgré de nouvelles règles imposées par l'administration, les M.N.S./N.S. des Compagnies Républicaines de Sécurité ont su répondre présent et effectuer leurs missions avec tout le professionnalisme et l'abnégation qu'on leur connait. Leurs qualités, leur disponibilité et leur engagement au quotidien ont été remarqués et soulignés par tous. Que ce soit les élus, les politiques de tous bords, les estivants et même les autres sauveteurs, TOUS reconnaissent le besoin indispensable d'avoir des "policiers sauveteurs" dans les postes de secours. La recrudescence des noyades par imprudence, des incivilités sur les plages et abords et la migration de la délinquance mettent en exergue la nécessité d’avoir des Maîtres Nageurs Sauveteurs issus des Compagnies Républicaines de Sécurité sur les plages. Au risque de nous répéter, les maires et différents élus l’ont bien compris, tout comme les estivants qui préfèrent fréquenter les plages où les M.N.S. des C.R.S. sont implantés. Outre leurs pouvoirs de police, leur expérience et connaissance 26 parfaite de la plage font des M.N.S./C.R.S. les acteurs incontournables de la sécurité des plages. Malgré cela, sous l’excuse de la fameuse R.G.P.P., le ministère de l’intérieur continue de réduire leurs effectifs et/ ou d'imposer de nouvelles règles de plus en plus drastiques. Les diminutions de fonctionnaires affectés, le raccourcissement de la durée de la mission sans tenir compte de l'étalage des vacances scolaires, la mise en place de "quotas" et les annonces tardives d'affectation sont autant d'éléments qui ne peuvent que démotiver les personnels. UNITé SGP Police a fait des propositions concrètes permettant de maintenir l’effectif des MNS/CRS sur les plages sans obérer la capacité opérationnelle des services. Si nous avons été entendus sur le maintien des effectifs, la Direction Centrale n'a pas souhaité "évoluer" sur les quotas et est restée sourde à notre revendication. Comment expliquer à des personnels qui s'entraînent quasi-quotidiennement, y compris lors de leur temps de repos, que le mérite, tant prôné par nos hauts responsables, n'a ACTUPOLICE Le mag’ - JUillet - août - septembre 2011 plus court lorsqu'il s'agit des affectations des M.N.S./N.S...? De plus, contrairement à d’autres « professionnels », partenaires de la sécurité des plages, qui jouent sur leur « image », sous le tee-shirt MNS/CRS, ce sont de véritables policiers et non des « recrutements saisonniers ». UNITé SGP Police continue comme il l'a toujours fait à défendre les M.N.S./N.S. des C.R.S. et a réitéré sa demande au Ministre de l’intérieur d'organiser une table ronde avec l’ensemble des acteurs concernés par ce dossier car de nombreuses revendications sont encore en souffrance (durée de mission, contractualisation pluriannuelle, statut, frais....). Les M.N.S./N.S. des C.R.S. sont de véritables spécialistes et ont montré, tout au long de cette saison, comme des précédentes, que leur présence sur les côtes françaises est indispensable. Le Secteur national CRS Blouson d’été motocycliste Des blousons inadaptés pour le climat estival ! En juin 2010, de nombreux motocyclistes nous faisaient remonter les difficultés qu’ils rencontraient avec le blouson motocycliste de la nouvelle tenue dit «blouson d’été». Notre organisation saisissait alors immédiatement Monsieur Hubert Weigel, Directeur Central des CRS, sur le port obligatoire de cet équipement. Ce nouvel effet vestimentaire, de par sa conception (imperméable), ses caractéristiques techniques (aérations inefficaces), superposé au port du Gilet Pare-balle, en plus de la chaleur excessive dégagée par la motorisation des motocyclettes, provoque des bouffées de chaleur, des malaises qui mettent en danger nos spécialistes dans la préhension et la conduite de leur motocyclette en période d’été. Réceptif à nos légitimes revendications, le DCCRS accordait à l’ensemble des motocyclistes placés sous son autorité le droit de déroger au port obligatoire de ce blouson dans le cas de fortes chaleurs. En juillet 2011, des remarques négatives identiques concernant le port obligatoire de ce blouson durant les mêmes périodes nous étaient rapportées par l’ensemble des fonctionnaires des formations motocyclistes de la Direction Centrale de la Sécurité Publique et de la Préfecture de Police. Nous saisissions alors directement Monsieur Jacques Fournier, Directeur Central de la Sécurité Publique pour lui faire part de nos remarques et réflexions tout en lui remettant un dossier avec plusieurs propositions Conscient de l’enjeu et du danger généré par l’obligation du port obligatoire et la pluralité des directions touchés, notre organisation saisit Monsieur Hervé Bouchaert, Directeur des Ressources et des Compétences de la Police Nationale, et lui remettions un dossier dans lequel nous lui proposions différentes solutions, notamment une étude ainsi que la maquette d’un nouveau modèle de blouson dit «d’été» correspondant cette fois ci en tout point aux remontées et attentes de l’ensemble des motocyclistes dans lequel la ventilation et l’aération seront les critères privilégiés retenus pour l’obtention et la validation de celui-ci. Notre organisation sera attentive et vigilante à la résolution rapide ce dossier, la défense de votre sécurité et de vos intérêts étant les premières de nos priorités. Michel Nowacki Délégué national motocyclistes CRS Notre proposition : un modèle style Bering Aero Aération : difficile de faire mieux, le moindre courant d’air est ressenti. La majorité de la surface laisse passer l’air dès les premiers km/h. Protection : les coques coude et épaules sont complétées par une dorsale homologuée livrée d’origine. Aspect pratique : les deux poches externes suffisantes en complètent une autre, interne. Le serra anti-flottement par pressions officient correctement sur les manches. Le serrage des poignets se fait par zip. Confort : les coudes et épaules s’oublient assez vite en roulant, par contre la dorsale beaucoup trop raide est ressentie en permanence ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 27 VOS DROITS Dans chaque numéro d’ActuPolice le mag’, à notre demande, Maître Ernart, avocate qui assure habituellement la défense des policiers, apporte des précisions sur des points de droit. LA pension alimentaire « Bonjour à tous. Afin de compléter les dispositions relatives aux enfants de couples séparés que nous avons précédemment examinées, il convient d’exposer quelques notions afférentes à la pension alimentaire.» Points-clés : Barême de référence Modalités Recours en cas de non-paiement Chacun des parents doit contribuer à l’entretien et à l’éducation de ses enfants, selon ses facultés. En cas de séparation, cette contribution est effectuée sous la forme d’une pension alimentaire versée entre les mains du parent chez lequel les enfants ont leur résidence habituelle, par l’autre parent. Depuis 2010, un barème de référence a été mis à la disposition des professionnels du droit, afin d’établir le montant de la pension alimentaire en fonction des revenus du débiteur, du nombre d’enfants à sa charge et de la modalité du droit de visite et d’hébergement. Par exemple, avec un droit d’hébergement classique, un parent dont les revenus s’élèvent à 2.000 euros par mois et qui a deux enfants à sa charge devra s’acquitter de 177 euros mensuels par enfant, selon les recommandations de ce barème. Cette pension est indexée chaque année et elle est due douze mois sur douze, même lorsque le parent débiteur héberge les enfants pour les vacances. Cela vaut jusqu’à ce que les enfants achèvent leurs études ou gagnent, notamment, l’équivalent du SMIC. La pension peut également être fixée sous la forme d’une prise en charge directe des frais afférents aux enfants ou sous la forme d’un droit d’usage et d’habitation. Mais il n’appartient pas au parent débiteur de substituer, de sa propre initiative, une forme de contribution à une autre, ni de la compenser par une dette due par le parent créancier de la pension, ni par une dépense impromptue effectuée pour les enfants. Dès qu’une échéance d’une pension alimentaire n’aura pas été payée à son terme, une action directe peut être exercée afin de se faire payer par l’employeur du parent débiteur. Et le non-paiement de la pension alimentaire peut constituer l’infraction «d’abandon de famille». Enfin, pour terminer sur une note plus optimiste, en cas de changement de situation, la pension alimentaire est révisable à tout moment. « Je souhaite une très bonne rentrée à vos bambins, ados et autres jeunes en devenir. En attendant le prochain numéro, prenez soin de vous et de vos intérêts. » Etincelle Ernart Avocate LOgement Le bureau logement Unité sgp Police cherche les meilleures opportunités immobilières aux prix les plus bas du marché. Célibataire ou en famille, du studio au pavillon, adressez-vous au syndicat majoritaire Pour obtenir des informations et demander un dossier, contactez- nous : 01.40.38.79.72 ou par mail : [email protected] 28 ACTUPOLICE Le mag’ - JUillet - août - septembre 2011 La lettre du président de l’ANAS En juin dernier s’est déroulée l’Assemblée générale de l’ANAS à la mairie de Joinvillele-Pont. Ces trois journées de travail ont fait ressortir lors de nos débats le partenariat essentiel qui existe entre notre association et les différents partenaires sociaux et syndicaux. En effet, qui mieux qu’un délégué syndical pour déceler les difficultés personnelles, familiales ou autres des collègues ? Qui mieux pour ressentir les atmosphères lourdes et complexes au travail ? Qui mieux pour s’apercevoir des grandes difficultés financières des gardiens et gradés dans les différents services ? Les délégués syndicaux sont témoins tous les jours des difficultés du métier de policier et des conséquences parfois dramatiques sur les fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur. C’est ce partenariat qui forme cette chaîne de solidarité si chère à l’ANAS et je tiens à tous vous en remercier et à ne pas hésiter à nous solliciter pour un conseil, une aide, un secours ou tout simplement pour discuter en toute amitié. Bien évidemment, si vous êtes délégué syndical et délégué ANAS ça serait l’idéal pour mieux répondre à l’amélioration sociale des collègues. Je vous invite à découvrir notre association à travers ses centres de vacances, ses réseaux, son établissement de santé, ses colonies de vacances ou à notre restaurant administratif de Joinville-le-Pont. Merci et très bonne rentrée à tous. Amitiés anasiennes, Joaquin MASANET Président National Association Nationale d‘Action Sociale ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 29 Portrait Claude Rey : Policier Policier parisien originaire du Sud de la France, Claude Rey allie son métier a sa passion d’écrire. A l’occasion de la parution de son roman In Eminenti, ActuPolice le mag’ est allé à sa rencontre. un policier. Et puis le cliché du « Pinot simple flic » me paraît dépassé. Les exigences intellectuelles pour obtenir le concours, ou des examens internes, sont aujourd’hui élevées. Beaucoup de collègues sont sousestimés et se sous-estiment eux-mêmes. Parle-nous de ton roman... Parle-nous de ton parcours... J’ai eu la chance, au cours de mes études en fac d’histoire, de côtoyer le monde du rugby professionnel en jouant au Sporting club albigeois durant trois saisons. J’ai ensuite intégré l’école de police de Toulouse en 2006, pour être affecté à la DOPC. Rapidement j’ai pu intégrer une équipe civile chargé de la sécurité du domicile de Carla Bruni. Très sensible au travail de renseignement, j’ai été ensuite affecté au sein de la BIVP ou j’exerce depuis 2008. Comment passe-t-on de la police à l’écriture d’un roman ? Le lien n’est pas forcément évident, je le conçois. Dans mon cas, je n’ai jamais laissé mon métier prendre le pas sur mes passions. Nous sommes des hommes au service du public, mais des hommes avant tout. Selon moi, l’épanouissement personnel me semble indispensable pour assurer l’équilibre de notre travail, souvent difficile au quotidien. Le travail de recherches historiques correspond parfaitement aux qualités que peut avoir un fonctionnaire de police. Axel, mon héros, est 30 Mon exil en région parisienne m’a fait prendre conscience de la richesse historique de ma région, autour d’Albi. S’en sont suivis deux ans de travail intensif, de recherches, d’écriture, de doutes, avec une équipe solide derrière moi, pour déceler quelques pépites et ainsi plonger mon lecteur au cœur des mystères des hérétiques cathares. Le lecteur qui ne connaît pas ta région ne se sentira pas perdu ? Absolument pas ! Nos héros vont jusqu’en Egypte, sur le mythique plateau de Gizeh, retrouver la trace du dernier témoin d’un secret cathare. Les adeptes d’ésotérisme réaliseront très vite que les Templiers et la discrète organisation des Francs-maçons trouvent leur place dans le paysage albigeois. J’ai tenu à me baser sur des faits historiques authentiques pour rendre la lecture encore plus passionnante. J’ai cru comprendre que ta démarche était plutôt philantropique. Au-delà d’avoir modestement réalisé un rêve, j’ai tenu à partager cette aventure avec d’autres. Mes amis d’abord, qui se sont engagés à mes cotés sans savoir où ils allaient. Et puis une rencontre extraordinaire, ACTUPOLICE Le mag’ - JUillet - août - septembre 2011 avec un artiste peintre, Casimir Ferrer, a tout changé. Président d’une association qui aide les enfants hospitalisés, il m’a soutenu dans ma difficile démarche avec une confiance aveugle. J’ai investi toutes mes économies dans ce projet, sans le soutien des éditeurs, et ma plus grande joie et de pouvoir offrir une partie de mes bénéfices à cette association. Quels sont les résultats de vente de ton roman ? Par rapport aux objectifs, le succès est largement au rendez-vous. Les ventes ont explosé en Midi-Pyrénées et nous nous sommes retrouvés en rupture un mois et demi après la sortie officielle. Tout le mois de septembre est consacré à la promo d’une réédition de 800 exemplaires, entre conférences et séances de dédicaces. Aujourd’hui 1500 livres écoulés sans éditeur officiel, c’est une véritable fierté pour moi. Je n’ose à peine imaginer jusqu’où cette aventure pourrait aller si elle s’étalait sur l’hexagone. Mais pour cela, il faudrait un éditeur national. Quels sont tes projets ? Allier le métier de policier, passion d’auteur et vie privée n’est pas évident au quotidien. Je tiens à maintenir un équilibre dans mon activité professionnelle. Mes lecteurs seront les premiers à décider de la suite des évènements. Mais ce serait vous mentir que de vous dire que je veux en rester là. Tout n’a pas encore été dévoilé dans cet ouvrage. En réalité, c’est une trilogie déjà bien établie que j’ai en tête. Mais ca, c’est encore un secret… et écrivain L’église du Carla, au coeur du roman, a été entièrement rénovée par les bénévoles, et est devenue aujourd’hui une oeuvre d’art à part entière, grace aux fresques réalisée par Casimir Ferrer, dont le talent est reconnu aux quatre coins du monde. Elle se visite sur la commune de Castelnau de Lévis, non loin de la cité épicopale d’Albi, classée à l’UNESCO en 2009. Une partie des bénéfices est reversée à l’association «Mille étoiles pour l’enfance», créée dans le but d’aider et de soutenir des enfants en milieu hospitalier. http://ineminenti.blogspot.com/ Facebook: ineminenti claude rey LIVRE EN VENTE SUR AMAZON.FR ACTUPOLICE Le mag’ - JUIN - JUILLET - AOÛT 2011 31 VOIE PUBLIQUE Les «détecteurs» « Pour échapper aux sanctions, beaucoup d’automobilistes ont recours aux fameux «détecteurs» de radar, qui sont régulièrement sujets à polémique. De quoi s’agit-il exactement ? » Le danger d’une vitesse excessive La sécurité routière est comme chacun le sait une grande cause nationale et l’accidentologie routière met en exergue la vitesse comme thématique. Rappelons que la notion d’excès de vitesse constitue effectivement un facteur aggravant lors d’un accident, alors que la vitesse inadaptée est un élément générateur de l’incident. Nous convenons qu’un excès de vitesse de 10km/h sur autoroute ou route départementale est envisageable alors que cette même mesure peut avoir des conséquences dramatiques en agglomération. Dans des conditions normales (chaussée sèche, pneumatiques en état d’usage), un usager circulant à 50 km/h arrête son véhicule en 28 mètres, alors que le même véhicule progressant à 60 km/h -«seulement» 10 km/h de plus- percuterait le piéton sis au même endroit à 40 km/h (voir graphique ci-contre). D’où l’a nécessité pour les autorités de développer des moyens de sanction - prévention. 32 (source: Sécurité Routière) Le contrôle radar se développe Les usagers tentent d’éviter les sanctions Les radars automatiques préviennent du dépassement de limites de vitesse réglementaires, d’une part, mais surtout de la prégnance de règles physiques (E=1/2MV2) dont le non respect est sanctionné de manière souvent plus radicale et sans voie de recours ! L’objectif de ces matériels étant de lutter efficacement contre l’insécurité routière, des radars discriminants (les limitations de vitesse étant différentes pour les véhicules particuliers ou les poids lourds et transports en commun de personnes) sont à l’essai, ainsi que des appareils permettant de constater les infractions aux distances inter-véhiculaires. Sanctionnées par des amendes, retraits de points, suspension de permis, immobilisation voire placement en fourrière en vue d’une éventuelle peine complémentaire de confiscation du véhicule, les usagers sont indisposés. Ces derniers ont dont naturellement communiqué de tout temps sur la présence des policiers, gendarmes et douaniers. Des appels de phares de manière générale et une communauté de «cibistes» transmettant des messages fameux indiquaient les «papa 22» ou les «boites à image». Les réseaux sociaux se développant, une modernisation des méthodes est apparue en même temps que les nouvelles technologies. Les «détecteurs de radars» ont ainsi fait couler beaucoup d’encre. Attention ! Cette qualification utilisée de manière générique voire abusive correspond à une notion technique -et surtout pénale- plus précise. ACTUPOLICE Le mag’ - JUillet - août - septembre 2011 de radar Interview du gérant de Coyote Rencontre au 19 avenue de la Grande Armée à Paris avec William Eldin, gérant de « Coyote Store ». Christophe Trebern : Bonjour William, pouvez-vous nous expliquer le fonctionnement de votre appareil ? William Eldin : Beaucoup connaissent déjà ce boitier placé sur les tableaux de bord des véhicules de tous types (particuliers, utilitaires et même les deux roues motorisés). L’appareil est équipé d’une carte SIM dédiée à la communication entre les utilisateurs et les mises à jour automatiques, d’une part, et d’une puce GPS permettant sa géolocalisation, d’autre part. L’écran affiche en permanence la vitesse de limitation et celle très fiable du véhicule en temps réel, ainsi que le nombre d’utilisateurs de Coyote circulant devant. CT : Quel en est l’objectif ? WE : Véritable assistant d’aide à la conduite, ce positionneur indique les radars fixes de vitesse et feux rouge dont les cartes d’implantation étaient diffusées par l’institutionnel (Sécurité routière). La mise à jour en plus ! En effet, particularité interactive, l’usager peut prévenir en temps réel les autres utilisateurs de la présence d’une zone à risque, quel qu’en soit le sens de circulation. CT : Qu’entendez-vous par zone à risques ? WE : Suite au protocole d’accord avec le Ministère de l’Intérieur, nous avons dû adapter notre sémantique à l’évolution de la réglementation. Ainsi, la mention «radars mobiles» devient «zone à risques», les radars fixes ou de feux rouges sont désormais des « zones de danger ». Le conducteur dispose de la faculté de signaler une perturbation (accident, véhicule en panne, patrouilleur autoroute en intervention, ralentissement brusque…). CT : Après votre premier Coyote Store à Paris le 15/12/2009 suit l’ouverture d’un deuxième établissement à Lyon, le 1er octobre 2011. Juste pour éclairer les chiffres de la police et les organisateurs, combien êtes vous ? WE : La communauté réunit environ 1 million 290 membres. Il s’agit bien d’une communauté de conducteurs responsables qui, en grande majorité, respectent les règles de conduite. Ces membres souhaitent simplement se prémunir des petites inattentions et participent activement à une conduite responsable et apaisée. D’ailleurs Coyote participe activement à la sécurité routière sur l’aspect préventif et confort de conduite, développant à ces effets un concept de signalements de circulation «en accordéon». Ainsi les membres de la communauté, en plus de respecter les limitations maximales de vitesse, adoptent une vitesse adaptée eu égard aux circonstances. William Eldin, gérant de «Coyote Store» « Il est suffisamment relayé pour la parfaite connaissance des usagers de la route, que les implantations de l’ensemble des dispositifs (contrôles, radars fixes ou mobiles de vitesse et de feux rouges, etc…) s’effectuent sur des sites accidentogènes et uniquement pour leur propre sécurité. La crédibilité des Forces de l’Ordre et la régularité des procédures passent nécessairement par la connaissance avérée des divers dispositifs utilisés par les conducteurs. Parfaitement légal, le dispositif Coyote est donc un positionneur indiquant des zones à risques. Il me semble judicieux que la distinction soit réalisée entre les divers appareils (positionneurs, détecteurs, brouilleurs,…). Tel est mon avis. » Christophe Trebern Expert Accidentologue [email protected] ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 33 Reportage Réforme des Comités Techniques Paritaires A compter du 1er novembre 2011, les comités techniques paritaires vont subir des changements... Il est de l’intérêt de chaque policier de le savoir, car ces comités ont une grande influence sur nos conditions de travail. La transparence sur le rôle du syndicat, la vision du métier que nous défendons, mais aussi les conditions dans lesquelles nous représentons la police fait partie de la culture UNITé SGP Police. A quoi servent ces comités ? Ce qui va changer au 1er novembre 2011 : Les comités techniques paritaires (C.T.P.) sont saisis pour des questions d’organisation et de fonctionnement des services : effectifs, matériel, locaux, équipements, règles statutaires, horaires, cycles de travail, règlement, hygiène et sécurité. Fin de la parité entre les représentants du personnel et l’administration Représentants du personnel élus au scrutin sur liste (en nom propre) et non sur sigle (au titre du syndicat) Seuls les représentants du personnel prennent part au vote Les comités techniques peuvent être créés à tous les niveaux d’administration Le décret du 15 février 2011 modifie la composition, les attributions et le fonctionnement des actuels Comités Techniques Paritaires. Les comités techniques ne seront plus paritaires à compter du 1er novembre 2011. A cette date ils ne devront plus comprendre autant de représentants de l’administration qu’il y a de représentants du personnel. Ils deviennent des comités techniques ministériels, de proximité, communs ou spéciaux. La représentation de l’administration sera finalement adaptée en fonction de l’ordre du jour. Des avantages incertains ! Seront membres du comité technique : l’autorité auprès de laquelle le comité est placé et le responsable ayant autorité en matière de gestion des ressources humaines. Y assisteront, pour l’administration, les interlocuteurs les plus concernés par les sujets à discuter au sein de ces instances, en fonction de l’ordre du jour. Seront également membres du comité : les représentants du personnel, élus au scrutin sur liste qui, seuls, prendront désormais part au vote. Supprimer la parité et laisser l’avantage numérique aux représentants du personnel peut apparaître comme une avancée en matière de dialogue social. En réalité c’est se couper et se priver d’une frange des échanges auxquels on pouvait prétendre entre les représentants du personnel et l’administration. En l’occurrence, lorsque le «libre-arbitre» des interlocuteurs permettait d’ouvrir le débat sur des points ne figurant pas à l’ordre du jour. Cet éventail qui engageait l’ensemble des directions se réduira comme peau de chagrin. Un débat exclusivement concentré et ramené à sa plus simple expression entamera de facto la qualité du dialogue social. CHRONIQUES 1845 e d a g i La br E N I N A C Depuis la nuit des temps... Le chien est vraisemblablement la première espèce domestiquée par l’homme. Ses capacités sensorielles supérieures en font très tôt dans l’histoire une aide efficace pour la chasse, la guerre, mais également la garde. Dès le Moyen-Age guet sont employés, des chiens de villes de France. dans certaines A la nuit tombé une protection e, ils assurent retranchée derriè à la population re les remparts. 1845 Brigade fluviale A l’initiative du Préfet Louis Lépine, la Préfecture de police de Paris utilise pour la première fois des chiens dressés pour le sauvetage en Seine. Après quelques années, l’idée est abandonnée : toutes les races de chiens ne font pas de bons sauveteurs. De manière générale, un chien ne saute à l’eau que s’il sait qu’il pourra revenir sur la terre ferme, ce qui n’est pas le cas sur certaines berges escarpées qui longent le fleuve. L’utilisation des chiens dans la police... tombe à l’eau ! 36 ACTUPOLICE Le mag’ - JUillet - août - septembre 2011 Retour en force Début du XXe siècle... Ils se font appeler les «Apaches», référence aux guerriers du Far-West. Ils terrorisent Paris et n’hésitent pas à tuer des policiers, débordés par leur sous-nombre et les explosions de violence. Pour leur faire face, la police parisienne se dote de chiens policiers, qui ont l’avantage d’être plus intimidants, plus rapides, plus endurants et moins chers que des gardes de nuit. L’opération est un succès ! Ces nouveaux adjoints sont particulièrement efficaces dans la lutte contre cette criminalité organisée. 1911 On compte 33 chiens à Paris, 45 en banlieue. 1912 Les Brigades du Tigre se dotent de chiens policiers. crédit photos : Préfecture de Police. Tous droits réservés. Les deux guerres mondiales mettent un coup d’arrêt à l’usage des chiens policiers. 1950 Nouvel essai érience, ouveau l’expur comn à te n te po Paris vec 5 chiens Paix qui s’y a t n e m e id m ti ardiens de la mencer et 5 Gn dressage. Les résultats connaissent e ront rapidement évoluer concluants fe volus. les moyens dé 1953 1965 Création du Centre national de formation des brigades canines, à Marseille. Des brigades canines se mettent en place partout en France. Rebaptisé Centre national de formation des unités cynophiles (CNFUC), le centre est transféré à Cannes-Ecluse, relayé par 13 centres régionaux. Aujourd’hui... La Police Nationale compte 650 chiens, 1000 maître-chiens, 120 unités cynophiles. ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 37 VOS DROITS Blessure Définition On parle de blessure en service quand un accident survient dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice des fonctions ; le trajet entre domicile et travail est donc également compris dans cette définition, à condition que ce parcours n’ait pas été interrompu ou détourné pour un motif personnel ou indépendant de l’emploi. Conditions de recevabilité Attention ! Tout accident survenu sur le lieu de travail ou durant les trajets domicile/travail ne présume pas de son imputabilité ! La blessure en service doit résulter de l’action violente et soudaine d’une cause extérieure provoquant une lésion sur le corps humain. C’est toujours au fonctionnaire d’apporter la preuve de l’accident et de sa relation avec son travail ou service. L’enquête menée par l’Administration devra caractériser la relation entre la blessure et le travail. Déclaration Afin de faire reconnaître une blessure en service, le fonctionnaire doit se rendre immédiatement à son service pour y faire une «déclaration de blessure en service». Si le déplacement au service est impossible, il faut l’aviser ou le faire aviser des faits rapidement. Le service délivre un tryptique qui assure la gratuité des soins. La déclaration doit impérativement être faite dans les 24 heures ! Dans les 48 heures, il faut un certificat médical initial ! 38 ACTUPOLICE Le mag’ - JUillet - août - septembre 2011 en service Circulaire FP4-N°1711 du 30 janvier 1989 relative à la protection sociale des fonctionnaires Preuve de l’accident Rapport circonstancié par le collègue blessé Rapport de témoignage Rapport de la hiérarchie Certificats médicaux établis suite aux soins et constatant les blessures Bon à savoir... « Mon supérieur m’impose de revenir au travail alors que je suis toujours en arrêt » Pour revenir au travail, il faut un certificat de reprise établi par la médecine du travail. A Paris, en-dessous de 15 jours, il est établi par le médecin divisionnaire. Au-délà de 15 jours, il est établi par le médecinchef. En Province, le bulletin de reprise est établi par un médecin départemental mandaté par le SGAP. PAS DE BULLETIN DE REPRISE = PAS DE REPRISE ! Pour obtenir des renseignements sur votre cas personnel, contactez un délégué UNIté SGP Police ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 39 PAUSE CAFé Comment faire des patrouilleurs avec moins de policiers ? 40 ACTUPOLICE Le mag’ - JUillet - août - septembre 2011 BOU QUIN ATAW ALPA COIN LECTURE Juger -Serge Portelli Editions de l’Atelier Au sortir de la barbarie nazie et du totalitarisme, les droits de l’Homme sont devenus une exigence à l’échelle du monde. Le juge, quittant ses lourds habits de servitude, a désormais la possibilité d’être l’allié de la démocratie, le gardien de nos libertés. Mais que pèse ce nouveau juge face à la doctrine sécuritaire qui s’étend de jour en jour ? A-t-on besoin de lui pour tenir la promesse d’une sécurité absolue, pour appliquer le principe de précaution aux hommes ? S’il faut repérer au plus vite les futurs « déviants «, contrôler et ficher tous les suspects, enfermer systématiquement et le plus longtemps possible les « hommes dangereux «, à quoi bon un juge indépendant ? La justice sécuritaire n’est alors qu’un simple maillon dans une « chaîne de sécurité » , allant de la police à la prison. Dans une société du risque zéro, le juge, à vouloir trop comprendre, devient un risque. Il est encore temps de résister à la peur et à la démagogie. Il est encore temps de revenir à l’homme, de redonner du temps à la justice pour remplir le rôle qui doit être le sien dans une démocratie. Juger, ce métier improbable, devient alors possible et même indispensable, pour que les droits de l’Homme deviennent une réalité et les libertés une exigence. Le 3e oeil -Jean Failler Editions du Palémon Pour sa 36e aventure, notre célèbre Capitaine de Police Mary Lester affectée au commissariat de Quimper, doit résoudre le meurtre d’un professeur de physique-chimie au sein du célèbre lycée La Fontaine. Assistée de son adjoint le Lieutenant Jean-Pierre Fortin alias Jipi, Mary va une fois encore devoir « marcher sur des œufs » car les élèves de cette institution scolaire sont tous nés de parents influents. Intuitive et perspicace, Mary résoudra, malgré quelques désagréments, cette affaire délicate avec habileté. Le sang des caïds -Frédéric Ploquin Editions Le Livre de Poche Voici le premier portrait du grand banditisme français par ses oeuvres - autrement dit par ses crimes. De la région parisienne à Marseille en passant par Grenoble, Lyon, Nice et la Corse, le lecteur y découvrira un univers où l’on tire plus vite que son ombre. Un monde où l’on élimine physiquement le concurrent plutôt que de négocier avec lui. Jamais la PJ n’accumule autant d’informations sur la vie des grands voyous que lorsqu’elle se penche sur leur mort violente. Au cœur de ce livre, ces enquêtes criminelles offrent un point de vue inédit sur les guerres qu’ils mènent, seuls ou en bande, pour le contrôle des territoires les plus juteux. Ce livre est l’anthologie de toutes les vengeances. On y trouvera les clefs des principales vendettas de ces trente dernières années, des frères Zemour à Francis «le Belge», en passant par Claude Genova, Paul Mondoloni, Richard Casanova, Robert Feliciaggi et les caïds des cités. Une investigation qui puise aux sources les plus fiables, avec, à l’appui, les confidences de quelques survivants. Histoires des polices en France -René Lévy, Jean-Marc Berlière Editions Nouveau Monde Combinant histoire longue et histoire immédiate, ce livre propose la première synthèse globale des polices sur trois siècles, couvrant leurs principales missions : l’ordre public, la police criminelle et la police politique. De la création de la lieutenance de police par Colbert et Louis XIV en 1667 au récent rattachement de la gendarmerie nationale au ministère de l’Intérieur, en passant par la création de la Police Nationale par Vichy au printemps 1941 et le rattachement de la préfecture de police à la Police Nationale par de Gaulle en 1966, tout montre l’attention extrême de tous les régimes pour un instrument qui semble inséparable du politique. ACTUPOLICE Le mag’ - juillet - août - septembre 2011 41 Le ClAsh Une charte de bonne conduite... 42 ACTUPOLICE Le mag’ - JUillet - août - septembre 2011 Grille de traitements au 1er juillet 2011