amicalement, kelly

Transcription

amicalement, kelly
_________________________________________________________
126 680 visites - 1655 fans - 625 ''j'aime'' sur Facebook - 5000 commentaires
_________________________________________________________
Amicalement, Kelly
"Mon nom est Kelly.
Je suis née en 1991, génération des Minikeums, des Spice Girls, des Tamagochi, des cassettes vidéos,
et des francs."
J'ai décidé de retranscrire mon enfance et ma jeunesse pour vous transmettre un message. Celui de
garder toujours l'espoir que la vie est un long fleuve tranquille parsemé d'embûches, mais il faut savoir
avancer malgré tout et ne jamais se laisser abattre.
Amicalement, Kelly
QUI SUIS-JE ?
QUESTIONS
Est-ce que tout ce que tu racontes dans tes textes c'est vrai ?
Oui. Je n'ai peut être pas une vie très palpitante mais je la retranscris à travers ces pages, pour
m'évader, pour me libérer, pour vous la faire partager. J'ai tout simplement besoin d'en parler. Mais je
n'invente rien je retranscris simplement ce dont je me souviens. Seuls les prénoms des articles sont
fictifs (en réalité je ne m'appelle pas Kelly).
Qui connaît toutes ces histoires ?
Déjà vous :D sinon mes amies proches, ma sœur et mon copain sont au courant
de ces histoires.
Ton blog manque de photos de toi et de tes amis.
Je ne sais pas si tu as lu tous mes textes mais je dévoile des choses "intimes". Et
je ne suis pas là pour vous montrer des photos de mes amis mais pour vous
raconter ma vie. Et je pense qu'un blog bourré de photos de gens qu'on ne
connait pas ça n'intéresse personne.
Un journal intime n'est-il pas censé rester intime ?
Bien sûr, mais on peut faire des exceptions à la règle. Beaucoup de vrais journaux intimes ont déjà été
publiés, bien que la plupart soient à titre posthume. Mais à la base c'est quand même un journal intime
nan ? Et puis à la base les écrits publiés étaient vraiment mon journal intime et j'ai fini par les mettre en
ligne sans penser à ça au départ.
A 19ans ne sommes-nous pas plutôt adulte qu'ado ?
Selon un site : "L''adolescence commence avec l''apparition d''une puberté
physiologiquement normale et se termine lorsque l''identité et le comportement
adultes sont acceptés. Cette période de développement correspond
approximativement à la période entre 10 et 19 ans, ce qui est conforme à la
définition de l''adolescence établie par l''Organisation mondiale de la santé."
Donc ça peut varier. Certains livres vont même jusqu'à dire que l'adolescence
s'étend
jusqu'à
l'âge
de
21ans.
Moi personnellement, je ne me sens pas encore adulte je me sens toujours
adolescente dans ma peau, je ne fais pas vraiment face à mes responsabilités (je
vais simplement voter et je conduis toute seule mais ça ne fait pas de moi une
adulte), je n'ai pas d'appartement, je n'ai pas d'entrée d'argent régulière, mon père rempli mes papiers,
je vis avec mes parents, je suis toujours étudiante, ma puberté n'est pas terminée,... Personnellement
je ne me considère pas comme une adulte. Une autre personne de 19ans peut tout à fait se sentir plus
adulte qu'ado. Après tout dépend des personnes et de la définition qu'on veut donner au mot
"adolescence".
Ne trouves-tu pas ça un peu irresponsable de ta part, de rejoindre des gens dans un endroit inconnu,
que tu connais juste par le net ?
Oh que si ! Je trouve ça vraiment idiot en prenant du recul. C'était de la pure naïveté. Mais lorsque je
les voyais pour la première fois, je m'arrangeais pour que ça soit dans un lieu ouvert, où il y avait du
monde. Néanmoins c'est vrai que c'était irresponsable de ma part. Les jeunes filles ne faîtes pas la
même erreur que moi !
Pourquoi as-tu décidé d'étaler ta vie ainsi sur internet ?
J'ai décidé d'étaler ma vie sur internet pour aider certaines filles qui ont des
problèmes de cœur similaires aux miens, pour qu'elles se sentent moins seules.
Autrement quand j'ai commencé à écrire ces textes j'avais 15ans 1/2 c'était en
septembre 2007, un mois après l'histoire de David. J'avais besoin de soulager ma
conscience, de tout inscrire quelque part pour me libérer et pour me défouler.
C'est resté dans un coin de mon ordinateur puis j'ai eu l'idée de le mettre en ligne
pour ne pas que ça reste dans un coin et que ça devienne inutile.
Est-ce que c'est toi qui a dessiné les dessins de ton blog ?
Oui je les ai dessiné avec une tablette graphique (BAMBOO pen and touch), je ne suis pas une grande
dessinatrice, je suis simplement une amatrice avec mon propre style, je n'ai jamais pris de cours de
dessin mais j'aime bien griffonner depuis que je suis petite. Bon bien entendu il y a plein de choses que
je ne sais pas faire telles que les ombres, les mains, les pieds, ... Enfin bref =) J'utilise les logiciels
"Artweaver", "Photofiltre" et "Gimp". Pour ce qui est du gif animé j'ai utilisé "Unfreez". Tous ces logiciels
sont libres et gratuits.
N'as tu pas peur qu'on découvre qui se cache derrière ce pseudo x-smallstrawberry-x , et qu'on te juge ou te regarde différemment après avoir lu ton
histoire ?
Même si je suis reconnue, je n'ai rien à cacher et puis c'est mon passé. C'est déjà
arrivé qu'on me reconnaisse il y a 2 ans. Non pas par le pseudo "x-smallstrawberry-x" mais plutôt par mes écrits, par certaines anecdotes. Ils n'ont pas
changé leur regard sur moi (ou alors ils ne l'ont pas laissé voir), au contraire ils
ont l'impression de mieux me connaître et ils n'ont jamais fait d'allusions à mes
écrits. Sauf une fille que je connaissais de primaire qui est tombée sur mon blog
par hasard et qui me voyait comme "une fille normale sans histoire", lorsqu'elle a
lu mon blog et m'a reconnue à travers mes écrits, elle a trouvé mon image "salie". Autrement, avec
l'ancienne version du blog, j'avais certains commentaires privés sur mon blog de personnes que je
connaissais mais qui ne m'avaient pas reconnu.
Ton blog a été créé en 2007, tu as donc mis 4ans pour tout écrire ?
Non :)
La réponse est très longue, lisez la page suivante et vous comprendrez ;)
En août 2007 juste après l'incident avec David j'avais besoin de me libérer, de me confier. Je le faisais
auprès de mes amis mais ça ne me suffisait pas donc j'ai commencé à écrire toutes mes histoires sur
Word.
Je les aies faites lire à ma sœur car je ne voulais pas avoir écrit ça pour rien (à vrai dire je n'aime pas tenir
un "journal intime" dans le vrai sens du terme car il n'y a que nous pour le lire donc je ne trouve pas ça
très utile, je préfère partager même si ça a l'air stupide).
Puis j'ai commencé à me poser de sérieuses questions concernant l'histoire de David (cf article "Descente
aux enfers"), je voulais savoir ce qu'en pensaient des gens qui ne me connaissaient pas et j'avais besoin
de soutien donc j'ai publié mes écrits sur ce blog, au départ c'était très mal présenté et il n'y avait pas de
prénoms fictifs mais des initiales. Ce qui était très mal organisé.
J'ai donné le lien de l'article concernant David sur des forums. Les gens pouvaient lire le reste du blog s'ils
avaient envie. Au fur et à mesure du temps j'ai trouvé le soutien dont j'avais besoin et j'ai commencé à
oublier cette histoire.
J'ai vu que mon blog intéressait quelques personnes donc je l'ai mieux présenté. A l'époque on ne pouvait
pas laisser de commentaires (c'est seulement depuis 2011 qu'on peut) on pouvait simplement m'envoyer
des messages et les gens s'en donnaient la peine, ce qui me touchait.
Pendant ces 3années le blog a eu de nombreuses versions, j'ai fait plusieurs recorrections
orthographiques, syntaxiques, j'ai supprimé des passages trop intimes ou inintéressants, et j'ai rajouté
quelques anecdotes.
Pendant 3ans j'ai rempli une 100aine de formulaires afin de devenir "blog star" car je voyais que mon blog
pouvait aider certaines filles et intéresser pas mal de monde. J'ai pris une 30aine d'heures pour le réaliser,
pour le modifier et pour écrire le plus simplement possible afin que n'importe quel public puisse le lire
sans difficulté. C'est seulement le 9février qu'il est devenu blog star (après 3ans d'acharnement ^^). Je
ne comprend vraiment pas la sélection de skyrock car des blogs remplissent seulement 2-3 formulaires et
réussissent à devenir blog star alors qu'ils sont remplis de fautes d'orthographe, faits à la va-vite et
traitent des sujets souvent inintéressants ("photos de moi en maillot de bain", "photos de moi et mes
amis", "photos de moi qui fait la pouf devant mon miroir", "stars de disney", "comment avoir un look
comme les stars", "maquillage comme les stars", ...etc) et ces blogs ont la chance d'être blog star et ne
prennent même pas le temps de répondre à leurs lecteurs "Arrêtez de me poser des questions, je suis
over-bookée je n'ai pas le temps d'y répondre car je suis blog star donc n'attendez rien de moi" ... Ils
prennent simplement la grosse tête et utilisent le statut de blog star pour avoir + de visites et de
commentaires. Enfin bref je ne comprendrai jamais. Moi j'ai attendu 3ans et je me suis acharnée pour
devenir blog star donc je prends le temps de lire chaque commentaire attentivement et de répondre
quand il le faut.
Depuis le 21février 2011, mon blog n'est plus blog star.
Fin mars 2011 je me suis auto-publiée, j'ai retravaillé les textes en rajoutant des passages, en corrigeant
les dernières fautes d'orthographe qui m'avaient échappées, les fautes de syntaxe, les fautes de français,
en faisant une bonne mise en page, et en rajoutant 2chapitres supplémentaires (5 pour ceux qui
n'avaient pas lu le blog avant le mois de mars). Le livre peut se commander seulement sur internet.
Une maison d'édition "Edilivre" m'avait répondu positivement, mais il fallait que je paye 600euros de ma
poche pour personnaliser la couverture, payer des gens pour retravailler la syntaxe,...
Une deuxième maison d'édition "Baudelaire" s'est intéressée à mon ouvrage et m'a envoyé un courrier
postal, elle m'a demandé 2400euros pour financer la mise en route du livre, je n'ai pas donné suite à ce
courrier. Je préfère largement m'auto-publier (comme ça je paye rien du tout et je reçois rien), même si ça
ne sort pas en librairie tant pis.
Le site avait un groupe Facebook (fan club) qui comptait plus de 580 personnes, mais malheureusement
celui-ci a été supprimé sans raison en juillet 2011. Je remercie tous ceux qui en faisaient partie.
Une 3ème maison d'édition m'a contacté par mail en juin 2011, mais je n'y ai pas donné suite. Finalement
j'ai bien réfléchi et je ne veux pas que mes écrits sortent en librairie ou retravailler dessus. Mon but à la
base ce n'était pas de sortir un livre mais seulement de me libérer et de faire passer un message, d'aider
les jeunes filles. Et je pense avoir réussi donc je ne veux pas chercher plus loin. Ceci dit, je laisse mon
auto-publication en ligne sur Thebookedition et Lulu pour ceux qui souhaiteraient avoir mes écrits en
version papier.
Fin septembre 2011 mon site a déjà fait le tour de la toile du web (ou plutôt de Skyrock), beaucoup de
jeunes l'ont déjà visité ou lu, donc mes visiteurs ou lecteurs potentiels connaissent tous mon blog. Du
coup ça ne servait à rien d'y retourner pour eux (surtout que je ne le réactualisais plus) sauf pour ceux qui
ont besoin de se confier à moi. Mon site a fini par afficher seulement une 20aine de visites par jour. Mes
seuls commentaires étaient des pubs. Je me suis donc rendue compte que mon blog avait fait son temps.
Il fallait donc le fermer, surtout que je m'en occupais seulement pour répondre à mes commentaires mais
plus pour le mettre à jour.
Je laisse cette version .pdf pour ceux que ça intéresse, ceux qui n'ont pas eu le temps de lire mon
témoignage ou qui veulent le relire pour se rassurer, pour se comparer, pour voir qu'ils ne sont pas seuls
ou tout simplement pour se divertir.
Si aujourd'hui je ne reste plus vraiment anonyme c'est parce que j'en ai marre de me cacher et Skyrock
n'est plus fréquenté par les gens de mon âge donc ceux qui visitent mon blog ne me connaissent pas.
D'autant plus que les gens préfèrent s'associer à une personne réelle donc voir mon visage est plutôt
rassurant pour eux. Ceci dit les prénoms restent anonymes pour autant et certains lieux aussi car sur le
net on n'est jamais trop prévoyants et les faits que je décris dans mes textes sont assez personnels donc
par respect pour les autres personnes tout le reste sera anonyme.
Je reste néanmoins disponible pour vos questions ou vos commentaires que vous pouvez m'adresser par
mail : [email protected] ou bien par « commentaires blog » ou via « contactez-moi ».
Voilà où en est resté le blog 4ans après son ouverture :)
Merci à vous tous d'avoir fait vivre ce blog.
« Amicalement, Kelly » par Joy Kelly – Thebookedition
Version complète (avec + de chapitres et des dessins)
en livre à acheter sur http://bit.ly/nnXlus
IMPRESSIONS DES LECTEURS
Ton histoire m'a vraiment touché, et m'a donné les larmes aux yeux.
Je me retrouve dans certains de tes articles. Des blogs comme le tien il devrait y en
avoir plus.
Ton blog est bouleversant.
Bravo, un blog magnifique, très émouvant et surtout bien réalisé. C'est, je crois, le
premier blog bien fait que j'ai vu.
Ton histoire ma touchée et même si j'ai passé au moins deux heures à tout lire je
n'ai pas perdu mon temps !
Je trouve ton blog super, c'est un des blogs les plus humains que j'ai jamais vu, tes
textes sortent de la sincérité pure, en plus tu as un vrai talent d'écrivain.
Ton histoire pleine de souffrance est très émouvante, et la raconter ici prouve à
quel point tu es courageuse.
Ton blog est très intéressant et me fait beaucoup réfléchir chaque jour.
Je n'aime pas du tout lire les blogs longs comme ça. Mais ton blog, wahou ...
Magnifique !
Je pensais que ma vie était un calvaire, je n'avais pas conscience que certaines
filles comme toi vivent des choses beaucoup plus difficiles ... Je te remercie de
m'avoir ouvert les yeux sur certains points ...
J'ai d'abord lu ton histoire par simple curiosité, puis, au fil des articles, je me suis
prise à vouloir savoir la suite.
J'ai vraiment pleuré à certains moments. Tu es vraiment une fille courageuse, je
t'admire beaucoup et sache que je n'oublierai jamais ton histoire.
J'ai tout lu d'une traite. Ton récit est fort et puissant ... Ça touche beaucoup.
Ça m'a marqué. Je trouve que c'est vraiment bien ce que tu écris.
Wahou c'est dingue ... J'ai l'impression de lire ma propre vie. Je suis abasourdie !
C'est exactement ça, comme quoi, personne n'est si unique. Je salue la qualité de
l'écriture, j'apprécie beaucoup !
J'ai mis des semaines à lire tous tes écrits mais j'y tenais vraiment. Toute ton
histoire m'a énormément touché !
Je trouve cela vraiment magnifique et sincère ce que tu écris ... Tu as une une
façon de conter tes histoires qui est extraordinaire.
Tes histoires sont très touchantes. Il faut une certaine audace et de volonté pour
pouvoir étaler son vécu intime, de cette manière, à la vue de tous. Mais je trouve
ton blog intéressant et pourrait servir de leçon pour des jeunes filles de notre âge.
Je trouve ton blog très intéressant, et j'adore ta façon d'écrire :)
Quel blog ! J'ai tout lu en quasiment une soirée ... J'étais trop dedans . Quel blog
oui mais quelle histoire !!!
J'ai l'impression de me refléter dans tes paroles, tes textes ... Continue ce blog ça
fait du bien de voir qu'on est pas seul et que d'autres personnes ont été dans notre
situation.
J'adore ton blog il est incroyable. Ton histoire est comme si tu racontais un roman.
Normalement je n'aime pas lire des blogs où il y a plus de 5 pages mais le tien j'en
suis complètement sous le charme.
Tes textes sont magnifiques, moi je dis bravo tu n'as pas honte de dire ce qu'il
t'arrive. Tu as bien du courage.
J'ai lu tout ton blog en une soirée ça m'a vraiment plu et ça m'a surtout touchée !
J'avais mal pour toi, mais tu es si courageuse, tu dois être une fille super ! J'ai
vraiment adoré ce blog, tu devrais faire des livres ^^. En tout cas c'était vraiment
magnifique.
J'ai vécu la même enfance et adolescence que toi. Au fil des pages tu as réussi à
mettre des mots sur ce que je n'ai jamais avoué à personne. C'est vraiment
éprouvant ...
Tu es une fille unique ! Ton histoire est ... Hallucinante ! Bravo à toi ! Tu es
extraordinaire !
Je m'ennuyais, donc j'ai commencé à te lire. Et je n'ai pas pu lever mes yeux de
l'écran de mon ordi avant la fin de ton blog. Ça veut dire ce que ça veut dire ;)
Ton histoire est bouleversante et très sincèrement, elle m'a retournée.
Tu m'as redonné le sourire, tu m'as fait rêver.
J'ai été touché par tes écrits ! Touché par la poésie que l'on trouve, touché par la
justesse de tes mots, de ce mal être adolescent, à travers tes textes c'est un peu
de mon adolescence que j'ai lu. L'idée est originale, simple, mais pas banale, tout
en te préservant. J'aime beaucoup, j'admire même ! Je porte du respect à tes
écrits.
Les mots sont justes et pleins de maturité, tu retranscris ça avec le recul, la bonne
analyse. Je suis comblée par tes lignes.
Ton blog est vraiment différent des autres.
Quand j'ai lu les premières lignes, ça faisait comme dans une série TV où on ne
peut pas s'empêcher de vouloir regarder le prochain épisode tellement c'est
prenant.
Magnifique blog. Ça m'a remonté le moral. J'ai lu et relu. C'est de très beaux récits.
Tu parles de choses que tu connais, on perçoit aussi ta maturité par tes dires.
J'applaudis cette initiative de journal intime.
Ton style d'écriture est vraiment facile à lire. Bravo !
Bravo. Non mais sérieusement, bravo. De tous les blogs que j'ai parcouru à cette
date, tu possèdes un des quelques blogs qui possède une orthographe excellente,
et n'est pas «me, ma life, moi et encore moi». Ton blog n'est pas vide de sens.
Bravo encore, c'est très bien écrit.
J'adore ton blog. Il est sincère, il est différent des autres, dans le sens où ce que tu
dis c'est intéressant. Merci à toi.
J'ai adoré ton histoire. Je trouve que tu écris bien et que tu racontes les moments
de ta vie de façon à ce qu'on reste accroché jusqu'au bout , et c'est un don !
Ton écrit est magnifique quand je lis j'ai un profond respect qui s'installe, j'aime
beaucoup ton blog par son style.
Ton blog est vraiment génial. Quand je vois toutes ces filles qui mettent des articles
stupides sur leur blog ... C'est vraiment super d'avoir une petite histoire de vie, ça
change ...
Premier blog que je lis en entier. Tu m'as envoûté !
« AMICALEMENT, KELLY » par Joy Kelly (version incomplète)
_______________________________________________________________________________________________
Tous les prénoms sont inventés pour préserver un anonymat.
N.B : Je veux retranscrire les faits, écrire la vérité, ce qui se rapproche le plus de la réalité,
ce qui s'est échappé de mon esprit je ne l'ai pas retranscrit, rien ne sert d'inventer pour
combler.
Mon nom est Kelly. Je suis née en 1991, génération des Minikeums, des Spice Girls, des
Tamagochi, des cassettes vidéos, et des francs.
Deux ans après ma naissance, ma petite sœur Mélanie a vu le jour. Elle est la fille parfaite
qui n'a aucun défaut. Je l'ai toujours admirée.
En seconde année de maternelle, je me souviens qu'à toutes les recréations je me mettais
contre un mur, à attendre. J'attendais jusqu'à ce que des enfants de grande section se
mettent tous en rond autour de moi. Ils me faisaient peur. Ils voulaient savoir mon prénom
et je ne voulais pas leur répondre. Puis ils partaient en me disant : « T'as intérêt à revenir
ici à la prochaine récrée. »
C'était tout le temps pareil. Je revenais à chaque récréation. Pourquoi ? Aucune idée.
Ou bien je me souviens encore de toutes nos après-midi cassettes avec Mélanie, nous
regardions "Peau d'Âne", "Le livre de la Jungle", "Rox et Rouky", "Casper",... Quand ma
grand-mère se mettait devant "Derrick", nous ne pouvions plus regarder la télé donc on
avait inventé un jeu qu'on avait appelé "Pictibille" (qui était le personnage de nos livres de
mathématiques à l'époque) : je devais faire un pont avec mon corps et Mélanie devait
passer dessous le plus vite possible sans me toucher. Et enfin, le soir nous regardions "Le
Bigdil" jusqu'à ce que nos parents viennent nous chercher.
Le premier jour de CP la maîtresse avait appelé au tableau tous ceux dont la première
lettre de leur prénom était un "K", bien sûr j'avais été. Elle a ensuite épelé chacun de nos
prénoms puis nous a invité à rejoindre nos tables. J'ai commencé à revenir à ma place
jusqu'à ce qu'elle me gronde : « Non ! Sauf toi Kelly ! Toi tu vas au coin ! » C'était le
premier jour de classe. Je me sentais humiliée. Je n'ai jamais su pourquoi j'avais été
envoyée au coin. Pendant ma scolarité j'étais une petite fille modèle : la même robe que
Mélanie tous les weekends (tout le monde nous prenait pour des jumelles), je ne
connaissais rien aux gros mots je pensais que c'était des mots inventés qui n'avaient
aucun sens et j'avais de bonnes notes.
À l'école, quand un garçon m'aimait je me mettais à pleurer et j'allais le rapporter à la
maîtresse. En CM1, mon voisin de table me mettait des mots dans mon cartable pour me
dire qu'il était amoureux de moi. En classe, je n'osais plus le regarder, ni me retourner
pour regarder l'heure sur la pendule. J'ai fini par le dire à la maîtresse, et il s'est fait
gronder.
Quand j'avais 8ans, mon petit frère Sébastien est né.
Je me souviens encore, avec Élise ma meilleure amie, des parties de "colin-maillards" dans
l'élastique, les parties de billes, les jeux qu'on inventait dans la cour de recréation : nous
étions des chevaux et on devait marcher seulement sur les lignes tracées au sol, les
parties de cordes à sauter où je tombais parterre : j'étais la seule à ne pas savoir en faire.
Et je me souviens de ce qu'on s'était dit : « Plus tard on aura une grande maison dans la
campagne, on vivra que toutes les deux, parce qu'on est les meilleures amies du monde !
»
Élise me racontait souvent des absurdités que je croyais par exemple que dans le jardin de
son grand père il y poussait d'énormes fraises qui faisaient notre taille. Ou bien que chez
son grand-père il faisait -40°C.
Arrivées en CM2, Élise n'était plus dans ma classe, aux récréations elle s'éloignait de moi
et un jour elle est venue vers moi m'annonçant :
« T'es plus ma meilleure amie j'en ai une nouvelle. » puis elle est partie, me laissant
plantée là comme une abrutie.
En 6ème, pendant un cours de gymnastique Élise m'a avoué : « Si je t'ai laissé tomber en
CM2 c'est parce qu'on allait bientôt rentrer au collège et je ne voulais pas traîner avec une
petite fille modèle ça allait me faire la honte. »
Je suis restée bouche bée, je n'osais rien dire, j'ai fait comme si je la comprenais mais le
soir j'en ai pleuré.
Arrivée au collège j'étais toujours une petite fille modèle. Après qu'Élise ait coupé les ponts
en CM2, je me suis très vite nouée d'amitié avec Caroline. Nous avions fait une demande
pour être dans la même classe en 6ème (j'avais 11ans).
La mère de Caroline était gravement malade. Pour "décompenser" Caroline se servait de
moi comme bouc émissaire en me criant dessus, me parlant méchamment, un jour elle
m'avait étranglée pour rigoler mais de façon violente. J'avais l'impression parfois qu'elle
essayait de vouloir prendre ma place en voulant s'intégrer dans ma famille, elle faisait
comme si ma voiture était la sienne, elle me poussait pour pouvoir aller devant à coté de
ma mère quand elle venait nous chercher au collège. Quand nos mères se parlaient, celle
de Caroline ne faisait que de lui parler de nos notes « Votre fille a eu combien ? Ah la
mienne a battu la vôtre, oh la mienne est plus intelligente que la vôtre,... »
Un jour elle a même été jusqu'à appeler ma mère pour lui dire : « Oh le bulletin de ma fille
est excellent, elle a eu de très bonnes notes. »
Ma mère a commencé à en avoir marre à un moment donné. Quant à moi, très sensible, je
pleurais tous les soirs en rentrant chez moi, à cause des choses vexantes que Caroline me
disait. Et pourtant je la considérais comme ma nouvelle meilleure amie.
Mais du jour au lendemain, elle est devenue ma pire ennemie. Un soir, sa mère m'a
ramenée chez moi, elle en a profité pour demander à ma mère si j'avais reçu mon bulletin.
J'ai couru dans le jardin, impatiente d savoir quelle moyenne j'avais eu, toute joyeuse j'ai
pris le bulletin dans la boîte aux lettres et je suis revenue dans la maison. Des cris, des
engueulades, des larmes, et cette porte qui a claqué brusquement :
« Kelly ! Je te défends de reparler à Caroline ! »
Le lendemain et les jours qui ont suivi n'étaient plus des journées comme les autres, nous
n'allions plus chercher Caroline. Je ne savais pas quelles discussions nos mères s'étaient
échangées mais je n'adressais plus la parole à Caroline, je ne la regardais plus, elle en
faisait de même. Les années suivantes elle se moquait de moi quand je passais à coté
d'elle et de sa nouvelle amie.
Quelques années plus tard sa mère a rejoint le ciel. Caroline et moi nous nous sommes
pardonnées 4ans après mais nous ne sommes pas redevenues amies, et ma mère refuse
encore d'entendre parler d'elle.
Les jours qui ont suivi j'étais solitaire, je mangeais toute seule. Jusqu'à ce que Claire, une
fille de ma classe, a eu pitié de moi. Elle m'a rejoint à ma table. Nous sommes devenues
amies et en 5ème elle était encore dans ma classe, nos liens d'amitié se sont renforcés, en
4ème elle était toujours dans la même classe. Elle me comprenait, elle avait les même
goûts que moi. De la 6ème à la 4ème nous ne nous quittions plus, nous étions les deux
petites filles modèles du collège, les ringardes/intellos, celles qui ne parlaient jamais de
garçons, jamais de cul, celles qui s'habillaient mal selon les gens, celles qui ne disaient
jamais de gros mots, celles dont beaucoup se moquaient. Mais peu nous importait. Nous
étions bien dans notre peau, on s'assumait telles qu'on était, on se fichait du regard des
gens. Les critiques ne nous vexaient pas. On ne se prenait pas la tête, on avait la fierté de
s'amuser à "cache-cache", à "chat perché", aux "mimes" alors qu'on était au collège.
Je regrette ces temps-là : aujourd'hui quand on voit les petites filles de 6ème dans la rue,
elles sont déjà habillées avec des marques telles que "D&G", maquillées, portent des
talons aiguilles, ont déjà des téléphones portables, ne trouvent plus le temps de jouer
(trop ridicule voyons !) mais préfèrent draguer,... Plus les générations passent et les
bonnes choses se perdent.
Premier jour des règles 11 Août 2004, le jour de l'anniversaire de mon père. Au début je
pensais qu'il s'agissait de la diarrhée (j'espère que vous n'étiez pas en train de manger). Je
me souviens d'un jour en 4ème où la cloche a sonné, et j'étais restée collée à ma chaise,
mes règles avaient traversé et avaient durci sur la chaise, j'en ai pleuré et j'ai été obligée
de le dire à ma professeur une fois que tout le monde était parti. Les jours suivants j'étais
très gênée.
En fin de 4ème (j'avais 13ans), en SVT nous abordions un chapitre intitulé "La reproduction
sexuée des êtres vivants", je ne comprenais rien à ce cours et je me suis rendue compte
que je ne savais pas comment on faisait les enfants. C'est Claire qui m'a expliqué.
Personne ne m'avait jamais rien dit, je ne m'étais jamais posé la question. Je ne
connaissais vraiment rien à la vie. À partir de là, ma vision du monde a changé.
À la fin de l'année, avec Claire nous avions sympathisé avec deux filles : Ariane une fille de
notre classe, et Magalie qui allait déménager et changer de collège. Avec Magalie nous
nous sommes échangées nos adresses pour correspondre (eh oui pas de portable à
l'époque).
Après deux heures et demie de trajet en voiture nous apercevions la pancarte : "ChâteauGontier, ville fleurie". Mon cœur battait à mille à l'heure, à chaque fois que je découvrais
cette affiche. Mon père se garait dans la ruelle juste en face de leur maison. Une ruelle
étroite où mes parents déchargeaient les bagages. Mélanie, Sébastien et moi courrions au
premier étage leur dire bonjour, nous étions heureuses, souriantes. Ma grand-mère était
toujours dans la cuisine en train de bouquiner de vieux livres dégageant une vieille odeur
de bouquins restés dans un grenier poussiéreux pendant des années. « Bonjour mes petits
! Ohlala comme vous avez grandi ! » pour éviter d'endurer tout un discours de personne
âgée, ma sœur et moi nous empressions de nous rendre au salon, et là nous apercevions
notre grand- père avachi sur son fauteuil devant les informations.
Mon Papy, avait un cœur en or. Lorsque nous nous promenions dans la rue, tous les gens
qui passaient le saluaient. Je l'admirais. J'étais fière d'être sa petite-fille... Partout où nous
allions il nous offrait un cadeau. Il était l'incarnation de l'homme parfait, et un grand-père
généreux. Quelque chose en lui se dégageait je ne saurai pas l'expliquer clairement...
J'éprouvais pour Papy un mélange entre l'émerveillement et la fascination.
"Le bout du monde", cette locution raisonne encore dans ma tête, je pensais qu'il
s'agissait vraiment du bout du monde, c'était un parc rempli de jeux où Papy nous
regardait pendant des heures...
Quand nous passions à table, ma famille disait toujours : « Mets ta serviette autour du cou
comme Papy Claude ! ». Je me souviens aussi de ma grand-mère qui m'obligeait à assister
à la messe et je réprimais ma colère pour ne pas décevoir mon grand-père... je me
souviens très bien de ce jour... ce jour où nous sommes arrivés chez eux. Mon grand-père
n'était pas là. Je n'ai pas osé poser de question jusqu'au moment où nous nous sommes
retrouvés devant l'hôpital : « On va faire quoi ?
- On va rendre visite à Papy.
- À l'hôpital ?
- Bah oui... »
Je n'osais rien dire, je les suivais bêtement. J'ai toujours eu horreur des hôpitaux avec leurs
odeurs de renfermé, le brouhaha incessant des électrocardiogrammes. J'avais des frissons
en moi, comme si je n'étais pas à ma place. En arrivant dans la chambre de Papy j'avais eu
une stupeur. Je le découvrais avec une jambe en moins. Je n'osais pas le regarder, j'avais
peur. Mélanie devait ressentir la même sensation que moi tandis que Sébastien avait ses
yeux rivés sur la jambe amputée de Papy. J'avais peur, peur de le perdre.
Les jours se sont écoulés, puis les mois. Je m'étais habituée à voir Papy transféré d'hôpital
en hôpital. Je n'avais plus la même stupeur quand je le voyais, ni même quand j'ai
découvert qu'il avait été amputé de l'autre jambe, malgré un nœud qui se formait dans
mon ventre. Pendant les grandes vacances nous étions partis en Dordogne pendant deux
semaines. De merveilleuses vacances comme d'habitude, où je découvrais de nouveaux
paysages, de nouvelles têtes, ça me faisait plaisir. J'étais heureuse. La seconde semaine,
quatre jours avant qu'on retourne chez nous, je trouvais mes parents étranges. Pendant
que je profitais pleinement de ces derniers jours de vacances, mes parents ne semblaient
pas en faire autant. Un soir j'ai surpris ma mère et mon père en plein rangement : «
Pourquoi vous rangez ? Ça sert à rien on part dans quatre jours.
- Oui mais on fait un peu le tri. »
Je ne me posais pas de question, je trouvais ça normal, mais étrange... oui étrange malgré
tout.
Le lendemain dans la voiture je questionnais mes parents : « Maman, papa on va faire du
canoë demain ? » soudain ils se sont sentis gênés et m'ont répondu : « Oui peut être. »
Cinq minutes plus tard on arrive devant un magasin, j'ai tout de suite répliqué
méchamment: « Nan papa ! On va pas au magasin depuis qu'on est arrivés on y va tous
les jours ! »
Vu comment j'avais riposté, ils auraient dû me gronder mais à la place ils n'ont rien dit et
ils ont parlé tout doucement en regardant droit devant eux : « Oui mais là on est obligé on
a des courses à faire ! » puis j'ai crié : « Bah alors je reste dans la voiture !
- Non tu viens ! »
J'attendais que Mélanie leur dise qu'elle voulait aussi rester dans la voiture, d'habitude elle
avait la même colère que moi lorsque nous nous arrêtions devant un magasin, à la place
de participer à mon énervement elle a dit : « Allez Kelly ! Viens avec nous ! »
J'étais étonnée, je m'attendais à tout, sauf à ce qu'elle prononce ces mots. Je me suis dit
qu'il y avait quelque chose qui ne tournait vraiment pas rond. La voiture était arrêtée sur
le parking... un long silence, un silence qui me paraissait interminable, je n'osais plus
riposter. Puis... un son... mon père commençait à articuler difficilement des mots. Tout
doucement, d'une voix que je ne connaissais pas, qu'il n'avait jamais employée : « Kelly...
ce matin... Papy est décédé. »
J'ai tout de suite pensé qu'on me faisait une blague. J'ai faillit rire sur le moment. Pour moi
c'était impensable, je ne voulais pas me mettre dans la tête l'idée que Papy était au ciel,
c'était inimaginable. Je me pinçais la langue le plus fort possible pour éviter que mes
larmes coulent. Puis je les ai vu sortir de la voiture, sans parler et je les ai suivi.
Nous sommes ensuite allés à un magasin de vêtements chics. Dès que nous sommes
entrés la vendeuse nous a dit : « Bah dis donc ! Vous en faîtes des têtes d'enterrement ! »,
elle a ri, mes parents ont fait comme s'ils n'avaient rien entendu. J'avais une boule au
ventre, je m'imaginais que tout ceci soit un cauchemar. Je voulais partir le plus loin
possible, en n'y pensant plus,... en ne pensant plus à rien... sauf aux bons moments
passés avec Papy en m'imaginant qu'ils seraient sans fin, qu'il y en aurait encore des
milliers, et une infinité. Mon père demande alors à la vendeuse : « Auriez-vous des habits
noirs pour un enterrement ? » à ce moment précis, la vendeuse s'est aperçue qu'elle avait
fait une bourde.
Jusqu'à la fin de la journée je n'ai pas parlé, ni mes parents, ni moi. Seuls mon frère et ma
sœur se parlaient entre eux. Je me retenais encore de pleurer. J'étais mélancolique,
malheureuse. Je voulais évacuer ce chagrin, qu'il ne soit qu'une illusion... Le soir je ne
pouvais plus retenir toute cette déception qui s'accumulait au fil des heures. J'ai pleuré,
des larmes et des larmes encore, je ne pouvais plus m'arrêter de sangloter.
Le jour suivant, nous sommes partis du camping plus tôt que prévu. Nous avons été à
l'église où nous avons retrouvé toute la famille... cette famille si unie, toujours joyeuse,
toujours heureuse. Quand on se retrouvait d'habitude, tout le monde se racontait les
derniers potins, ou bien on riait tous ensemble. Mais ce jour là, c'est comme si le destin
c'était retourné contre nous, comme si on était passé de l'autre coté du miroir. Chacun
restait dans son coin, tout le monde pleurait. Moi et Mélanie nous étions les seules qui
essayaient de garder le sourire car nous imaginions que tout ceci était un affreux
cauchemar, que bientôt on se réveillerait. Papy était le centre du puzzle de notre famille,
sans lui la famille n'était plus ce qu'elle était. Nous espérions que cette pièce manquante
nous allions bientôt la retrouver intacte. Nous ne voulions pas nous mettre dans la tête
que le morceau de puzzle de Papy était perdu dans le néant. Pleurer aurait été la preuve
que nous avions perdu cet espoir... cet espoir de le retrouver, de penser qu'on était dans la
réalité. Or, ma sœur et moi, nous avions encore cet espoir. Mais durant la cérémonie de
l'enterrement, en voyant le prêtre, qui était le frère de Papy, récitant la biographie de mon
grand-père, en voyant toute la famille pleurer des larmes de tristesse, en voyant même les
femmes de ménage et les gens de la ville qui étaient en pleurs, jusqu'au moment où on
s'est rendu au cimetière et que le cercueil de Papy est descendu sous terre. C'est là, à cet
instant précis que je me suis rendue compte que c'était bel et bien la réalité. J'ai pleuré
des pleurs et des pleurs sans m'interrompre. Je n'ai jamais pleuré autant de toute mon
enfance. J'étais comme paralysée, je ne pouvais plus bouger, la seule action que je
pouvais concevoir était d'évacuer ma tristesse, cette affreuse tristesse. Nous n'étions pas
dans un cauchemar, je n'avais plus aucun espoir. Cet espoir qu'ont les enfants. Le seul
espoir qu'il m'est resté c'est que Papy continuerait de veiller sur moi là haut dans le ciel. Je
détestais prier le soir comme ma grand-mère nous avait appris, mais les seuls moments
où j'ai prié par la suite c'était pour Papy, pour qu'il soit en sûreté n'importe où, où qu'il
soit.
À la rentrée de 3ème (j'avais 14ans) j'ai pleuré en voyant que Claire n'était pas dans ma
classe. Heureusement il y avait Ariane la fille de ma classe de 4ème avec qui je m'étais
nouée d'amitié. Au fur et à mesure du temps j'ai commencé à la prendre comme "modèle",
je commençais à dire un minimum de gros mots pour me mettre à la page, je commençais
aussi à m'intéresser aux garçons. J'oubliais pratiquement Claire, j'allais quand même la
voir quelques fois aux récréations. Dorénavant j'étais un mouton parmi tant d'autres que je
voulais imiter.
Je correspondais toujours avec Magalie la fille qui avait déménagé et changé de collège. Je
faisais du badminton en UNSS, et un jour pendant une compétition j'ai revu Magalie,
jamais je n'aurai pensé être aussi contente de retrouver une "connaissance". Puis d'autres
compétitions ont suivi et je la revoyais, elle est par la suite devenue ma confidente. Au
Noël de mes 14ans j'ai eu un portable, à partir de ce moment là, ma mère m'a fait un peu
plus confiance et me laissait sortir en vélo. J'allais donc voir Magalie, nous parlions de tout
et de rien et elle est devenue ma meilleure amie.
*
J'ai commencé à m'intéresser à Carl, un garçon de ma classe. Beaucoup de monde se
moquait de lui car c'était une fausse racaille et il était très bête.
Sur MSN nous nous parlions de temps en temps mais jamais en classe. Carl était nouveau
dans l'établissement donc il ne connaissait pas celle que j'étais auparavant. J'ai voulu lui
donner une autre image de moi, donc je lui ai déclaré que je me masturbais tous les soirs,
il n'a pas arrêté de me poser des questions (alors qu'en fait je ne me masturbais pas, je
savais à peine ce que ça voulait dire), je ne sais pas ce qui m'a pris de lui dire ça mais je
voulais qu'il ne me prenne pas pour la fille ringarde dont tout le monde se moquait.
Un jour je lui ai marqué sur MSN :
« Tu sais quoi ? Au début de l'année j'étais en kiff' sur toi.
- Ah bon ? Bah... Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
- Bah je sais pas, j'avais pas envie que tu le saches.
- La prochaine fois que t'es à nouveau en kiff' sur moi préviens moi. »
C'est fou ce qu'on peut être débiles étant jeunes. En classe nous n'échangions même pas
un regard, ni un bonjour, ni un au revoir.
Un mois plus tard, sur MSN je voulais voir ce qu'il allait dire :
« Salut !
- Coucou ! Alors tu n'es toujours pas retombée en kiff' sur moi ?
- [...]
- Bah réponds.
- Si.
- Sérieux ?
- Oui...
- Tu veux sortir avec moi alors ?
- Euh... Oui. »
On avait décidé qu'on le dirait à personne dans le collège. Je sortais avec lui à présent.
Moi... la petite fille modèle j'avais un copain, et je me demandais comment est-ce qu'il
avait pu me demander alors que je n'avais aucun atout, ça devait être à cause des
discussions sur la masturbation. Comme toutes les semaines il m'envoyait un message
pour me demander :
« Tu l'as fait cette nuit ? Si tu veux un jour je te le ferai. », quand il me marquait ça, ça me
répugnait, je ne savais pas vraiment ce qu'il voulait dire au juste puisque je ne connaissais
rien aux préliminaires.
Le lendemain au collège, comme d'habitude : nous ne nous parlions pas. On ne s'est
même pas échangé un regard. Était-ce ça sortir avec un mec ? J'en avais aucune idée mais
j'étais contente. Pour moi, j'étais enfin rentrée dans "la cour des grands". Alors que ça
n'avait rien de fastidieux.
Il était très ridicule, je me souviens d'un jour sur MSN où il me disait : « Je t'aime » et je lui
ai répondu : « Me too » (même si je n'en pensais pas un mot), il m'a dès lors rétorqué :
« Bah non ce n'est pas un mitto... »
Un après-midi on s'était donné rendez-vous à vélo avec ma meilleure amie Magalie et une
autre copine (l'idée de me retrouver seule avec lui me terrorisait). On a parlé, puis on a
ramené mes amies chez elles et nous étions plus que tous les deux :
« Je te ramène.
- Nan c'est bon merci.
- Mais si je te ramène.
- Nan c'est bon je te dis, merci quand même. Chez toi c'est juste là en plus.
- Pas grave je ferai un détour.
- Nan mais j'habite loin.
- C'est pas grave je te suivrai. »
J'étais très anxieuse, je ne voulais pas qu'il sache où j'habite et je ne voulais pas que mes
parents me voient avec lui, j'ai donc fait exprès de faire un détour pour arriver derrière
chez moi. Je l'ai salué : « Bon bah salut ! », je lui ai fait la bise et je suis partie.
« Eh j'ai pas le droit à mon bisou ? » m'a-t-il dit.
Un bisou ? C'est quoi un bisou ? J'y connaissais rien moi. « Bon on va improviser » me
disais-je.
Je suis revenue vers lui je lui ai fait un petit bisou très vite qui durait une seconde à peine
et je suis partie. « C'est tout ? » s'est-il étonné. Je suis revenue sur mes pas, cette fois-ci
ça a duré 3secondes, il voulait continuer mais je suis partie.
Les jours suivants, comme d'habitude au collège nous ne nous parlions pas, toujours pas
de "bonjour". Un jour j'ai répété à une fille de classe que je sortais avec lui, grosse erreur
parce que par la suite tout le monde a été au courant de cette nouvelle. En cours, dés que
Carl venait vers moi, toutes les filles avaient les yeux rivés sur nous et faisaient des cœurs
avec leurs mains.
Au collège quand je passais dans les couloirs d'habitude les gens se moquaient de moi ou
me surnommaient "l'intello" ou la "ringarde" ou bien ils m'ignoraient en faisant comme si
je n'existais pas. Depuis que je sortais avec Carl des gens me regardaient : « Eh y'a
Madame MARTIN ! », « Regarde c'est elle qui sort avec Carl ! »
Je ne passais plus inaperçue alors que j'étais toujours la même. La seule chose qui avait
changé c'était que je sortais avec quelqu'un. Et encore, "sortir" était un grand mot. J'avais
plus confiance en moi juste pour ça. J'étais plus heureuse juste parce que les gens me
remarquaient dans les couloirs.
Un mois après Carl a cassé car on ne se voyait jamais en dehors des cours, ce n'était pas
une vraie relation et trop de rumeurs circulaient sur nous. Mais en fait il m'avait quitté
pour sortir avec une autre fille. Deux mois plus tard, il est sorti avec ma meilleure amie
Magalie ça ma fait beaucoup de peine. D'autant plus que c'est grâce à moi qu'elle l'avait
connu lorsque nous étions sortis à vélo. J'étais très jalouse et je ne l'ai jamais dit à Magalie,
pourtant je n'avais pas de sentiment pour Carl. Mais l'idée qu'elle sorte avec le même
garçon juste après moi et qu'elle me racontait ses rendez-vous, ça me dégoutait. Quand
Magalie a cassé avec Carl, lui et moi sommes devenus amis et je lui parlais encore plus
que lorsque je sortais avec lui.
J'ai commencé à mieux m'habiller, à parler comme les jeunes, à ne plus bosser en cours :
ma moyenne générale a chuté de deux points d'un trimestre à un autre, à faire attention à
mon apparence : me mettre de la mousse dans les cheveux, me maquiller, me mettre des
talons et des décolletés,... À l'époque je me faisais un grand trait au crayon khôl noir, qui
dépassait au coin de l'œil pour faire comme les yeux des chinoises. Je trouvais ça beau,
alors que c'était absolument affreux. Ma famille me disait toujours : « Tu verras quand tu
seras grande tu trouveras ça très moche et tu regretteras de t'être maquillée comme ça
étant jeune. » eh bien ça n'a pas manqué.
Du jour au lendemain les gens ne me reconnaissaient plus : « T'as trop changé t'étais
beaucoup plus mignonne avant maintenant tu ressembles à une pute ! », « Ohlala
comment tu te la pètes trop maintenant ! »
Un jour en arts plastiques, Ariane, la fille de ma classe que je prenais pour modèle, était
arrivée en retard. Je m'étais déjà installée à ma place et j'avais sorti toutes mes affaires
donc je ne voulais pas me décaler pour elle alors qu'elle aurait pu se mettre n'importe où
ailleurs. Ariane s'énervait contre moi pour que je lui donne ma place, jusqu'à ce qu'elle se
fasse gronder par la professeure.
À la sortie du cours Ariane me bloquait le passage de la porte de sortie. Elle m'a regardé
droit dans les yeux et m'a prononcé : « Kelly ne t'avises plus jamais de me faire ça ! », elle
a continué de me fixer, puis deux secondes après "PAF" elle m'a giflé en pleine joue.
J'étais choquée : « Mais, mais,... T'es folle ou quoi ? Ça va pas ! »
Elle attendait que je réagisse par la violence ou que je l'insulte. J'ai commencé à partir, elle
m'a prise par les épaules puis a commencé à se battre en me donnant des coups de pieds.
Toute notre classe nous regardait. Ils ne faisaient rien, ils applaudissaient comme des
abrutis. Puis elle m'a plaqué contre le mur et m'a étranglé, on aurait dit qu'elle voulait me
tuer. Je n'avais plus de souffle, je commençais à étouffer donc j'ai tiré sur son écharpe puis
je suis partie en pleurant. Je suis arrivée dans ma voiture en sanglots, ma mère m'a
demandé ce qui s'était passé. Je n'avais plus la force de parler j'ai simplement bredouillé:
« Ariane... ». Elle est tout de suite sortie de la voiture pour engueuler Ariane sans même
connaître l'histoire, puis elle a été voir la principale.
Les jours suivants, tout le monde m'a abandonné je n'avais plus d'amis, j'étais sans cesse
convoquée chez le CPE avec Ariane, nous devions nous expliquer, nous mettre d'accord
sur les faits. Ariane osait mentir en racontant que je m'étais battue moi aussi, dans le
rapport elle marquait que des mensonges. J'ai commencé à faire des dépressions et à
avoir des envies de suicide, le soir je prenais des coussins et j'essayais de m'étouffer avec,
ou bien je m'étranglais moi-même (j'aurai toujours pu essayer ça n'aurait jamais abouti).
Quand je passais dans les couloirs j'étais "la fille qui s'était faite larguée par la fausse
racaille", "la petite fille modèle qui se dévergondait en future pute", "la fille qui se croyait
belle alors qu'elle ne l'était pas" ou encore "la perdante de la baston avec Ariane".
Quand Claire était du même service de cantine que moi, je mangeais avec elle. Ou alors je
mangeais avec ma petite sœur Mélanie et ses amies qui étaient en 5ème ou alors je
mangeais toute seule.
Aujourd'hui, Ariane est la risée de tous, les gens ne l'aiment pas du tout. On ne s'est
jamais reparlées.
Carl avait très bien compris que je n'allais pas bien et que ma vie n'avait plus aucun sens.
Il a dû profiter de ce moment de faiblesse pour me demander de lui faire des photos de
moi nue.
J'ai hésité, mais comme une imbécile j'ai fini par céder. Je lui en ai envoyées par MSN et
par MMS. On ne sortait plus ensemble, et pourtant je lui ai fait ses foutues photos X.
Pourquoi ? Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête. Dans la vie parfois tu accomplis
des actes mais tu ne sais pas pourquoi, tu en a honte par la suite mais sur le moment tu
ne te rends pas compte de la gravité de ton acte. Je me disais tout simplement que la vie
ne servait à rien, je voulais simplement me faire apprécier de quelqu'un puisque j'avais
perdu tout le monde.
Tous les jours au collège il me demandait de lui en refaire. Je savais que je pouvais lui faire
confiance et qu'il ne passerait les photos à personne et qu'il n'en dirait pas un mot mais
pourtant c'était mal, très mal ce que je faisais mais je n'avais plus de cervelle pour
réfléchir à ce que j'étais en train de réaliser comme connerie.
Un jour Sonia, une fille de ma classe, a surpris notre conversation, elle m'a arraché mon
portable et a trouvé une photo de moi en sous-vêtements. Dès cet instant, Sonia a
commencé à me faire du chantage : « Si tu fais pas ça je vais répéter à tout le monde ce
que t'as fait et je vais te faire passer pour une pute ! » comme une idiote, je marchais à
son intimidation. J'ai tout de suite arrêté de faire des photos à Carl et je faisais tout ce que
Sonia me demandait de faire. J'en pleurais tellement je n'en pouvais plus. Je pleurais
même pendant les cours.
« Tu vas voir quand on va rentrer au lycée je vais te faire une réputation de pute... » me
disait Sonia.
Je me souviens d'un garçon de ma classe, quelques mois auparavant qui m'avait dit : « Hé
mais toi tu rigoles tout le temps pour rien, je ne t'ai jamais vu sans le sourire tu peux pas
essayer de pleurer un peu, voir ? », à présent, ce garçon là se moquait de moi avec ses
potes. Un jour pendant un cours d'EPS je m'étais mise dans un coin assise parterre à
pleurer et un groupe de cinq garçons de ma classe sont arrivés et m'ont donné des coups
de pied.
Pendant un mois j'ai marché au chantage de Sonia, un jour je me suis remise en question :
« Mais en fait si jamais elle me faisait passer pour une pute... les gens ne la croiront jamais
car ils savent que je ne suis pas comme ça et que je pourrais jamais faire des photos de ce
genre. »
J'ai donc fini par arrêter de marcher à son intimidation, j'ai osé lui dire "non", elle a répété
ce que j'avais fait à une fille de notre classe mais cette fille ne l'a pas cru. C'est comme ça
que tout s'est terminé.
À la fin de la 3ème, Natacha, une fille de ma classe, m'a proposé de manger avec elle et
ses amies le midi.
Aujourd'hui, Natacha est ma meilleure amie, Sonia est devenue mon "ennemie", et Carl un
"fantôme de mon passé" avec qui j'ai coupé les ponts depuis que le collège est terminé.
Aujourd'hui encore j'ai gardé contact avec Claire, on se voit trois fois par an pour se
donner des nouvelles et garder contact.
Sur un site de rencontres, j'ai fait connaissance avec un garçon. Il m'a demandé : « Tu
veux sortir avec moi ? », et je lui ai répondu : « Bah je ne te connais pas. », ce à quoi il m'a
répliqué : « J'ai 14ans, j'habite dans la même ville que toi, j'aime le rock et voilà tu connais
tout de moi alors tu veux bien ? », je n'ai même pas cherché à en savoir davantage, je me
disais : « Pff ! Je ne sais même plus à quoi sert ma vie je ne veux pas faire un malheureux,
je vais lui répondre oui pour lui faire plaisir de toute façon je ne le verrai jamais ! »
Je ne voulais pas le vexer même si je ne connaissais rien de lui, je ne savais même pas à
quoi il ressemblait. On a commencé à se parler par SMS et par MSN pendant deux mois, je
ne savais toujours pas à quoi il ressemblait et je sortais avec lui quand même.
À la rentrée du lycée je me suis retrouvée dans la classe de Natacha, celle avec qui je
mangeais le midi en fin de 3ème, pour la première fois de ma vie je me sentais assez à
l'aise avec les gens de ma classe, je me suis fait des amis très vite pour une fois alors
qu'auparavant j'avais beaucoup de mal à aller vers les gens. D'autant plus que Magalie,
ma meilleure amie était dans le même lycée que moi, nous pouvions nous voir aux
récréations et pour manger ensemble.
Un jour Mathéo, le garçon avec qui je sortais, a voulu qu'on se voie, on s'est donc donné
rendez-vous devant la mairie, un après-midi, il faisait beau, il m'avait dit quels vêtements
il allait porter. Je l'ai reconnu directement sans photo, il n'était pas très beau mais je ne
faisais pas attention au physique, pour moi du moment que j'avais un copain et surtout
que je le voyais en vrai, j'étais contente. Je me suis approchée de lui et je lui ai fait la bise.
Il a commencé à me parler de tout et de rien, je ne pouvais pas en placer une, il parlait
tout le temps, au moins j'étais sûre qu'il ne pouvait pas y avoir de moments de silence.
On s'est assis sur une pelouse. Mathéo a commencé à rapprocher discrètement sa main de
la mienne et m'a touché la main.
« Tu sais moi avec mes ex' c'était toujours elles qui m'embrassaient les premières. » s'estil exclamé, je lui ai simplement répondu : « Ah. »
« J'ai peur de t'embrasser... parce que je ne suis pas très bien expérimenté. » il faisait plein
de sous-entendus pour que ça soit moi qui fasse le premier pas.
« Tu veux que je t'embrasse la première ? » lui ai-je dit d'un ton las. À peine m'avait-il
répondu que ça y est, je l'embrassais. Il a continué. Nous nous faisions des smacks vite
fait. J'étais en retard chez moi et lui aussi, nous cachions à nos parents que nous sortions
ensemble. Nous avons couru et nous nous sommes séparés par un dernier baiser. Les jours
qui ont suivi, nous nous promenions au parc, on apprenait à se connaître. Il me paraissait
de plus en plus étrange. Il m'avouait qu'il se mutilait en se taillant les veines avec des
lames de taille-crayon, il me montrait ce qu'il avait fait, il avait gravé la première lettre de
mon prénom, on voyait encore les marques de sang sur son bras. Quand je racontais tout
ça à mes amis ils s'exclamaient : « Mais c'est un malade ! C'est un psychopathe ! »
3mois se sont écoulés, nous nous voyions seulement deux fois par mois. J'apprenais
souvent de nouvelles choses sur lui : « Tu sais à l'origine si je suis sorti avec toi c'est parce
que j'avais fait un pari avec mes potes. Je devais me trouver une copine avant la rentrée. »
m'avait-il déclaré. Le soir j'en ai pleuré, je me sentais humiliée. Mon entourage qui
connaissait Mathéo du collège me disait : « Haha ! Mathéo ! C'est un gros boulet, c'est
râteau'man, l'année dernière il se prenait des râteaux par toutes les filles du collège il
demandait à tout le monde de sortir avec lui tellement il était désespéré, c'était la victime
du collège, c'est un bâtard ce mec il s'invente une vie, c'est un gamin à la récrée il prenait
des branches d'arbre et il faisait des épées avec. », mais ces répliques ne me stoppaient
pas. L'amour que je pensais éprouver pour lui, me rendait aveugle.
Un jour Mathéo m'a déclaré : « Il y a quelques mois j'ai sauté par ma fenêtre j'ai voulu me
suicider mais j'ai rien eu. » encore un de ses films sans doute car il habite au 5ème étage.
Mais je le croyais sur le moment, tout comme une histoire d'une de ses ex' : « Ma première
ex' j'étais fou amoureux d'elle et un jour elle a cassé et s'est mise avec un autre mec je l'ai
défoncé je l'ai envoyé à l'hosto et maintenant il est déformé à vie et la fille elle m'en veut
à mort. » tellement j'étais niaise et naïve je le croyais alors que tout ceci était ridicule.
4mois, mes parents ne savaient toujours rien de mon histoire. Quand je voyais Mathéo
c'était simplement pour parler, se faire des bisous jusqu'au jour où il a voulu faire son
"deal" comme il appelait ça : « Viens on fait un deal t'enlève ton haut et j'enlève le mien.
- Nan, j'ai pas envie.
- Trop tard je l'ai enlevé t'es obligée de le retirer toi aussi ! »
Il m'a fait retirer mon haut et a commencé à me toucher la poitrine à travers mon soutiengorge, je ne lui disais rien, du moment qu'il allait pas plus loin, ça me faisait aucun effet,
j'étais mal à l'aise. Il m'a demandé si je voulais coucher avec lui, je lui ai dit non que je
voulais garder ma virginité pour l'instant jusqu'à être sûre de trouver l'homme que j'aime
vraiment et que ça dure longtemps. Un jour nous nous sommes disputés, nous nous
sommes séparés à cause d'une fille du net à qui il avait fait des avances il lui avait dit
qu'elle était belle, qu'il irait la voir bientôt,... Puis nous nous sommes remis ensemble deux
jours après.
5ème mois, ma mère à la caisse prenant ses achats sur le tapis roulant me racontait une
histoire et me demandait :
« Tu n'es pas dépressive à cause du fait que tu n'as pas de copain toi ?
- Mmh... nan
- À moins que tu aies un copain et que tu me le caches ? »
Silence... « Hum...
- Tu peux me le dire si tu veux ne t'inquiètes pas je ne te dirais rien !
- Oui j'en ai un.
- Ah bon ?! Depuis combien de temps ? Il est de quelle origine ? Il habite où ? Il est à quel
établissement ? Quel âge a-t-il ? Comment tu l'as connu ? » tout de suite, une foule de
questions fusait.
Par la suite j'ai entretenu de meilleures relations avec ma mère, elle m'a fait un peu plus
confiance et m'a laissé aller chez Mathéo. Je me souviens de chez lui c'était bizarre, je ne
me sentais pas à ma place, il y avait toujours personne, ses parents avaient vécu des
remariages donc il vivait avec sa mère et son beau père. Ses parents n'étaient pas au
courant que je sortais avec lui. Je ne les ai jamais vu.
La première fois que je suis allée chez Mathéo nous avions simplement parlé, regardé un
film mais je n'aimais pas voir les films avec lui, il me racontait toujours tout ce qui allait se
passer à l'avance : « Oh regarde ce moment ça fait trop flipper il y a la voiture qui va
débarquer d'un coup juste après que le mec ait fini de parler ! », ouais... tu parles, super
flippant de savoir ce qu'il va se passer !
6ème mois il a commencé à me demander de l'argent : « Dis tu peux me passer vingt
euros ? Je dois rembourser un pote demain et j'ai pas assez de tune et ça fait longtemps
que je lui dois. »
Sans réfléchir, je lui ai donné. Un autre jour je l'ai invité chez moi. Nous avions simplement
parlé. Puis un ouvrier est venu pour réparer le four j'ai donc laissé Mathéo cinq minutes
tout seul dans ma chambre. Quand je suis revenue il avait l'air pressé et m'a dit : « Bon je
dois y aller je t'ai pris dix euros je te les rembourserais. »
Je n'y croyais pas : il avait le toupet de fouiller dans mes affaires ! En plus ma tirelire était
dans un tiroir fermé à clef.
Un jour nous avons été dans un petit parc à coté de chez moi, il y avait un bois, Mathéo a
voulu qu'on s'y promène, au bout d'un moment il m'a dit qu'il allait mourir, il a commencé
à s'accroupir au pied d'un arbre, à pleurer, à gémir, à dire qu'il ne pouvait plus marcher,
qu'il avait à peine la force de parler. Au début je pensais que c'était pour rire j'ai failli
exploser de rire mais à force, naïve comme je suis j'ai fini par le croire, à avoir les larmes
aux yeux.
6ème mois et demi, on devait s'être vus à peine une vingtaine de fois depuis que je le
connaissais. Nous étions chez lui : « Viens on refait notre deal de la dernière fois !
- Hum m'ouais, j'ai pas trop envie.
- Allez s'il te plaît. »
Il m'a enlevé mon haut, je me suis laissée faire et il a enlevé le sien. Il m'a ensuite dit tel
un enfant : « Je parie que t'es pas capable d'enlever ton soutien-gorge !
- Bah si...
- Fais-le alors !
- Nan.
-Juste parce que t'es pas cap' ! »
Je l'ai enlevé pour lui montrer que ça ne me gênait pas.
« Dis tu veux bien qu'on couche ensemble ?
- Non je t'ai déjà dit plein de fois que je ne voulais pas coucher avec quelqu'un pour
l'instant à mon âge. »
Il a commencé à me toucher ma poitrine, à s'allonger sur moi, à m'embrasser. Il a
commencé à baisser ses mains vers le bas et s'est exclamé : « Viens on fait un autre
deal !
- Quoi ?
- On enlève nos jean.
- Nan pas ça.
- Allez s'il te plaît !
- Nan ! »
Il a commencé à retirer ma ceinture : « Nan je t'ai dit », il me regardait avec de grands
yeux comme s'il croyait que j'allais résister à la tentation. J'avais peur. Il a retiré ma
ceinture alors que je le repoussais puis il a commencé à détacher les boutons de mon
jean : « Nan ! » criais-je. Je ne pouvais pas bouger, il me bloquait, il était sur moi.
« Je t'ai dit nan que je ne voulais pas ! », je commençais à crier de plus belle et à me
débattre. Il a réussi à me l'enlever de force, alors que je lui criais de ne pas le faire. Il a
enlevé son jean à son tour. Il a commencé à faire une simulation de mouvements sur moi.
Il gémissait tout seul. Il commençait à baisser ses mains vers mon shorty : « Nan !
Arrête ! » lui ai-je répété. Je me mettais de façon à ce qu'il ne puisse pas le retirer. Il
continuait ses mouvements et à gémir.
« Désolée je dois partir je suis en retard chez moi !
- Nan reste encore un peu.
- Nan je suis en retard ! »
Je me suis rhabillée en vitesse. Je l'ai laissé. En arrivant dans ma chambre j'étais
déboussolée. J'avais la tête qui tournait. J'ai faillit tomber dans les pommes. Juste avant je
me suis laissée tomber dans mon lit.
Par amour peut-on vraiment tout pardonner ? Il m'a appelé le lendemain, il s'est excusé.
J'ai malgré tout, accepté ses excuses. C'est ça être une fille facile ? L'amour je crois que ça
rend les gens naïfs, faciles, et on pardonne tout trop facilement. Les gens de ma classe
étaient au courant de mes histoires, ils étaient comme mes confidents. Ils me prenaient
pour la pire des naïves qui pouvait exister. Ils essayaient de m'ouvrir les yeux, mais en
vain. En 2nde je faisais partie d'un groupe de cinq filles, nous étions soudées et nous
avions les mêmes délires bien que nous étions toutes différentes. Mais souvent, je me
mettais à l'écart toute seule. Des matins j'arrivais au lycée et je les boudais sans aucune
raison. J'avais besoin de rester seule, de m'isoler, pour réfléchir, pour penser, pour
imaginer une autre vie.
Un jour j'ai été sur MSN, je me suis connectée avec l'adresse de Mathéo. J'ai tapé sa date
de naissance comme mot de passe au hasard. Et là... surprise ! C'était le bon mot de
passe. On voit qu'il y en a qui ne cherchent pas très loin. J'ai fouillé dans ses mails et j'ai
découvert les messages qu'il envoyait à des filles qu'il n'avait jamais vu réellement et qu'il
connaissait simplement virtuellement : « Cette nuit j'ai rêvé de toi, j'ai rêvé qu'on couchait
ensemble. »
Il n'y avait pas que ça : un autre message m'a brisé mon cœur en mille morceaux, je ne
me souviens plus du début il avait écrit un long roman mais je me souviendrais toujours de
cette phrase : « C'est dommage que tu habites si loin, sinon j'irai te voir. Tu es trop
magnifique. Entre toi et ma copine c'est du 50/50 je ne peux pas faire un choix. JE T'AIME
EXTRÊMEMENT FOOOOOORT !!! », j'ai fondu en larmes. Je l'ai haïe. J'en ai pleuré toute la
nuit, j'en ai pleuré pendant les cours le lendemain, et le surlendemain. Je lui ai écrit une
longue lettre lui dévoilant ma haine, je ne me souviens plus vraiment de tous les détails
mais à la fin je lui avais marqué : « Quand on aime vraiment une personne on n'hésite pas,
on aime seulement cette personne et aucune autre sinon c'est qu'on ne l'aime pas
vraiment. » Je lui ai écrit que je voulais qu'on se sépare, que je le haïssais. Je ne lui ai
jamais dit que j'avais fouillé dans ses mails, et jamais dit pourquoi j'avais réellement
cassé. Je lui ai scannée et envoyée la lettre par mail. Notre histoire s'est ainsi terminée.
Il m'a fallut un mois pour tout oublier, mes amis m'aidaient à retrouver le moral et
confiance en moi. Ils étaient heureux que je ne sois plus avec lui tandis que moi j'étais
désorientée, il m'arrivait de pleurer quelques fois car je me rendais compte que j'avais
gâché plein de temps pour lui, que j'avais été naïve et je n'avais voulu écouter personne et
n'en faire qu'à ma tête, je me sentais idiote.
J'ai fini par définitivement tirer un trait sur lui, je ne pensais plus du tout à lui, je le
haïssais, il me dégoutait. Mais je n'avais pas oublié qu'il me devait dix euros (trente euros
plutôt mais les vingt premiers euros je ne lui avais pas dit de me les rembourser).
Par la suite j'ai appris qu'il avait fait croire à ses copains qu'il avait couché avec moi, qu'il
s'était moqué de moi en racontant l'histoire du bois où il s'était avachi parterre à ses
amis : « J'ai fait croire à ma copine que j'étais en train de mourir et elle m'a cru ! », et qu'il
se faisait racketter et c'est pour ça qu'il lui fallait plein d'argent.
Encore et toujours sur internet, j'ai connu Fred. Un matin il est venu me voir à mon arrêt de
bus il n'arrêtait pas de me faire des compliments : « T'es trop belle ! »
Lui, il avait une allure de racaille, c'était un délinquant, il fumait et buvait fréquemment,
bref tout le contraire de moi : je haie la cigarette ça me donne mal à la tête rien qu'en
passant à coté de gens qui fument et je ne supporte pas l'alcool.
Le soir il a voulu que je l'appelle sur son fixe, nous avons discuté une trentaine de minutes,
il m'a demandé si je voulais bien sortir avec lui. « Je ne sais pas. » lui ai-je répondu. Il m'a
rétorqué qu'il allait me laisser réfléchir, il essayait de me convaincre d'accepter : « Si tu dis
oui tu seras la plus heureuse des femmes. »
Pendant la nuit il m'envoyait des SMS : « Dis-moi où tu habites je vais venir devant chez
toi à ta fenêtre. » on aurait dit qu'il se croyait dans Roméo et Juliette, je ne lui ai pas donné
mon adresse pour autant.
Le lendemain matin il est revenu à mon arrêt de bus, il marchait une trentaine de minutes
(allé seulement) à sept heures du matin, pour me voir à peine dix minutes. On a parlé, je
lui ai dit que je n'avais toujours pas pris ma décision, ce à quoi il a répliqué : « Non mais
s'il te plaît dis moi oui ou non maintenant ! » je lui ai dit que je préférais ne pas sortir avec
lui pour ne pas regretter mon choix. Il s'est repris l'air de rien : « Bon en fait je vais
continuer de te laisser réfléchir. »
Nous nous sommes revus un après-midi il a voulu me faire visiter un bois où il n'y avait
personne. Je l'ai suivi et nous nous sommes posés sur un banc : « T'as réfléchi alors ?
- Hum nan mais en fait ça ne me tente pas tellement... » malgré ça, il ne perdait pas espoir
: « Ok. Eh dis-moi, si je t'embrassais là maintenant, tu me ferais quoi ?
- Bah je ne sais pas.
- Tu me foutrais une baffe, non ?
- Nan je ne suis pas violente, n'importe quoi ! » À ces mots, j'ai vu que ses yeux
commençaient à pétiller, il s'est approché de moi puis m'a embrassé à pleine bouche, ce
n'était même pas un smack c'était carrément "emballer", j'ai commencé à me reculer
légèrement puis il m'a dit : « Ah bah voilà maintenant tu sais... t'as rien fait ! » je ne savais
pas tellement quoi faire, je ne voulais pas être méchante avec lui. On a commencé à
marcher il m'a emmené dans une sorte de grotte et a continué de m'embrasser : « Alors
tu veux sortir avec moi ?
- Mmh... nan. », il a continué de m'embrasser, comme une idiote je ne disais rien, je le
laissais faire alors que je refusais de sortir avec lui.
Il m'a ensuite raccompagné vers la ville puis je lui ai dit que je devais rentrer chez moi, je
commençais à partir, il m'a bloqué le passage : « Avant, dis moi juste si tu veux bien sortir
avec moi ou pas ? Dis moi oui ! S'il te plaît !
- Je sais pas... bon désolée je suis vraiment en retard salut ! »
Il me re-bloquait le passage.
« Bon oui » Il avait réussi à me faire céder. Quelle naïve pouvais-je être ! J'étais incapable
d'assumer mes choix. En arrivant chez moi il me bombardait d'SMS : « Je t'aime trop ma
femme, tu ne seras pas déçue avec moi... » Le lendemain matin il est revenu à mon arrêt
de bus, il m'embrassait devant tout le monde. J'avais honte. Puis pendant la journée j'ai
raconté cette histoire à mon groupe d'amies : « Mais t'es trop bête ! Pourquoi tu lui as dit
oui ? Casse tout de suite avant qu'il s'attache trop à toi ! Après tu ne pourras plus t'en
débarrasser ! » Je ne voulais pas casser, je ne voulais pas lui faire du mal alors que je
venais juste de lui faire plaisir, mes amies m'ont donc pris mon portable et ont rédigé un
SMS à Fred pour dire que je cassais.
En fin de journée il a voulu que je l'appelle, il pleurait au téléphone et je pensais à mes
amies : « Ne ressors pas avec lui, il est trop collant ! » Le soir je n'ai pas réussi à dormir j'ai
pas arrêté de repenser à tout ça, à ce garçon qui souffrait par ma faute, je déteste faire du
mal aux gens et pourtant j'avais le droit de dire "non" mais je n'arrivais pas à affirmer mes
choix.
Un jour sur MSN, un nouveau contact m'ajoute : Jamel. Il me disait qu'un ami de Mathéo lui
avait envoyé des photos de moi et qu'il me trouvait trop belle et ne comprenait pas
comment j'avais pu sortir avec Mathéo. Nous n'avons pas arrêté de parler sur MSN, on
s'est très vite attachés l'un à l'autre. Jamel n'aimait pas vraiment Mathéo, il était dans le
même établissement que lui, il avait un frère jumeau Axel. La première fois que j'ai
entendu sa voix c'était le jour de l'an 2007, il m'avait appelé au téléphone.
Mathéo, je n'avais pas oublié qu'il me devait encore dix euros. Je l'ai contacté à nouveau
pour qu'il me les rembourse il m'a répondu : « Tes dix euros tu peux te les mettre là où je
pense, je te les rendrai jamais ! » Je l'ai alors menacé d'appeler ses parents, il avait peur
d'eux. « Ok je te les rends la semaine prochaine tu viens devant mon immeuble. » J'avais
réussi à toucher le point sensible.
J'ai préféré y aller avec Natacha, au cas où. Après trente minutes de marche nous arrivons,
au loin on voit quatre silhouettes : Mathéo, Thomas (le pote de Mathéo qui avait passé
mon MSN à Jamel), Axel un brun et son jumeau... Jamel, celui à qui je m'étais "attachée"...
CHOC ! Que faisait-il ici ? Je n'ai même pas dit bonjour, j'ai simplement récupéré mon
argent, je suis partie directement avec Natacha on a pas cherché à parler. En partant
j'entends : « Mais vas-y retourne-toi fais pas ton timide ! » Ils parlaient à Jamel (qui m'avait
tourné le dos et ne m'avait pas regardé une seule fois en face lorsque j'étais près de leur
groupe).
Un peu plus tard dans l'après-midi, Natacha m'a laissé toute seule et, suite à un SMS de
Jamel, j'ai été le rejoindre devant la mairie, il était avec Axel et Thomas. Nous avons parlé
vite fait. Jamel n'était pas beau du tout à mon goût et pourtant il était narcissique et se
trouvait magnifique. Il se considérait lui-même comme un métro-sexuel.
Les jours qui ont suivi j'ai fait des sorties avec Jamel et un soir par SMS, il m'a demandé si
je voulais bien sortir avec lui. J'ai accepté, c'était en février 2007. Pour la saint Valentin, il
m'a offert un énorme ours en peluche. Quand je voyais Jamel, rien avait changé depuis
que je sortais avec lui : on se faisait toujours la bise, on marchait écartés, nous étions
vraiment trop timides tous les deux. La seule chose qui avait changé c'est quand on
s'écrivait par SMS on rajoutait : "jtm" ou bien la seule grande différence était notre gêne,
nous étions plus gênés l'un envers l'autre depuis qu'on sortait ensemble. Sinon rien. Nous
nous voyions une fois par semaine, il ne parlait pas beaucoup, il écoutait simplement, et
moi je parlais beaucoup. Souvent, Axel s'incrustait dans nos conversations. Il cassait toute
l'ambiance. Nous avons commencé à nous faire un smack pour nous dire au revoir. Je ne
vais pas vous détailler chaque rendez-vous parce que ça ne sert à rien mais chaque
nouveau rendez-vous était aussi lassant que le précédent.
Je pensais être en kiff' sur Jamel, je me faisais des idées, je pensais être heureuse avec lui,
des idées aussi. Oui... J'avais une trop grande peur... Celle de me retrouver toute seule,
célibataire, sans petit ami. Pendant les vacances il avait l'ordinateur chez sa grand-mère.
Étant trop curieuse, je fouillais partout sur le net dans l'espoir de trouver des "trucs
croustillants" sur lui. Un jour je suis tombée sur une cinquantaine de messages qu'il avait
posté à des filles pendant qu'on sortait ensemble : « T'es trop belle », « T'es trop
mignonne », « Dommage que tu ne sois pas célibataire », « Tu veux bien qu'on fasse
connaissance ? », « T'as un numéro ? » j'ai même été jusqu'à fouiller tous les blogs qu'il
avait dans ses "amis" pour chercher tous les commentaires qu'il avait pu y laisser et ma
fouille donnait fruit : « J'aimerais trop sortir avec toi, ma copine à coté de toi c'est rien du
tout »,... J'étais peut-être fouineuse et naïve mais quand même il fallait bien que je
m'ouvre les yeux. Or j'ai fait comme si de rien était. Je me suis dit que je ferais comme si
je n'avais rien vu de ces commentaires et que je ne donnerai pas du mien pour faire
avancer notre relation.
Plus le temps passait et plus je trouvais Jamel étrange. Il me posait des questions, je me
demandais d'où il les sortait : « Ça veut dire quoi préliminaires ?
- C'est ce qu'on fait avant de passer à l'acte sexuel. C'est par exemple des câlins, des
caresses,...
- Ah oui bah je savais ce que ça voulait dire en fait. »
Quand on se voyait, à chaque fin de nos rendez-vous il me disait : « Bon à partir de
demain on va essayer d'avoir une relation normale, on va se prendre main dans la main
pour marcher dans la rue et on se fera un smack pour se dire bonjour et au revoir.»
Normalement ces choses là ne se disent pas, non ? Ça se fait tout seul en temps normal.
Et le lendemain, rien ne changeait, moi je ne voulais pas faire d'effort, et lui il était trop
timide. Quand j'allais chez lui, souvent on ne se parlait pas mais on s'écrivait sur des bouts
de papier alors qu'on était assis juste à coté. Des fois je voulais lui répondre à l'oral et il
me disait : « Non écris sur le papier » donc j'écrivais, on avait l'air de deux imbéciles. Sur
les papiers il me demandait si je portais des strings ou il me demandait mon opinion sur
certains sujets. Nous étions toujours assis l'un et l'autre à chaque bout du lit. Une fois, il
était parti un instant dans la cuisine et pendant ce temps je m'étais déplacée au milieu du
lit pour être un peu plus proche. Quand il est revenu il avait l'air très gêné et se collait au
mur comme si j'avais la peste « T'as changé de place, non ?
- Bah oui... Tu veux que je me remette là où j'étais avant ?
- Oui je veux bien s'il te plaît. »
Un jour, il m'a demandé : « Tu veux bien qu'on s'emballe ? » j'ai acquiescé, on a
commencé à s'approcher et d'un coup il s'est reculé et a bredouillé : « Euh en fait non plus
tard... » il a continué d'un air sérieux : « En fait, comment on fait pour s'emballer ? » Je
suis tombée de haut à ce moment là. Et pire encore il a continué de s'enfoncer : « Ok,
donc toi tu tournes à droite ou à gauche avec ta langue ? Et on fait combien de tours ?
Attends il faut pencher la tête non ? Sinon nos nez ils vont se toucher. » Il ne le faisait
même pas exprès en plus. J'étais sa première copine mais quand même ! Et pour
couronner le tout il a terminé par : « Euh... attends je desserre un peu ma ceinture parce
que là j'ai une bosse monstrueuse. »
J'allais toujours l'espionner sur les sites de rencontres et je voyais qu'il continuait à laisser
des "commentaires romantiques" à d'autres filles. Pff... Il était fier de se dire romantique
mais on aurait dit un pépé fleur bleue avec ses commentaires : « Tu es belle comme une
rose... Si je devais te faire un cadeau ce serait une rose mais qu'une seule pour te montrer
que tu es unique », j'avais l'impression qu'il avait tiré ses phrases d'un vieux film des
années 60 et il ne les sortait pas qu'à moi, mais à d'autres filles sur le net en plus ! Et puis
quand on est romantique et qu'on a une copine, on est romantique seulement avec sa
copine, non ? Sinon ça pousse à la drague et plus au romantique.
Un jour sur MSN je lui ai montré à quel point il était ridicule. Je lui ai envoyé tout un fichier
qui regroupait toutes les phrases que j'avais trouvées partout sur le net et qu'il avait
envoyé aux filles. Et j'ai rajouté : « Tiens je casse. » Depuis, nous ne nous parlions plus.
Nous n'étions plus ensemble malgré que je pensais éprouver encore du kiff' mais j'étais
trop dégoutée et écœurée de lui. Lui de son coté avait encore des sentiments, me disait-il.
La semaine suivante, un mercredi après-midi j'étais toute seule chez moi. Je ne pensais
plus à lui. Tout d'un coup j'entends sonner. Je regarde par la fenêtre. Je vois Axel, le frère
jumeau de Jamel. Il était avec deux potes. Je suis allée ouvrir parce qu'ils n'arrêtaient pas
de sonner. Les amis se sont cachés dans un creux, croyant que je ne les avais pas vu. Axel
a commencé à me parler : « Salut ! Hum... Ça va ? Ouais en fait je passais par là et c'était
pour savoir si tu allais bien et tout fin voilà quoi ! » il prenait un air ironique en disant ça.
Quand il parlait il enchaînait tous ces mots d'un seul trait, on aurait dit qu'il ne prenait pas
de temps pour respirer. Moi, je le regardais d'un air sarcastique. Je parlais le minimum. Il
continue : « Ah au fait fallait que je te dise aussi, Jamel s'est trouvé une autre copine
direct' après que tu aies cassé, elle est dans sa classe et il est super heureux avec elle, en
fait t'as pas du tout été une grande perte pour lui.
- Ah ok bah écoute c'est bien... » Quand il m'a dit ça j'avais les larmes aux yeux, je me
pinçais la langue en essayant d'éviter de pleurer devant lui, ça faisait mal d'entendre ces
mots. Je voulais faire comme si ça ne me touchait pas.
Il a enchaîné : « Et tu peux rendre la peluche qu'il t'avait offerte s'il te plaît ? Il voudrait
l'offrir à sa nouvelle copine, en fait c'est surtout pour ça que je suis venu. » j'étais
choquée. Je ne pouvais plus sortir un mot, je restais bouche bée. Un de ses amis a fini par
sortir de sa cachette et m'a balancé : « Lui passe pas c'est un gros con ! » il disait ça pour
rire. Axel me faisait les yeux de chien battu : « Allez s'il te plaît... » Je n'en revenais pas de
l'audace qu'ils avaient ! Du culot monstrueux ! J'ai fini par répondre : « Nan il n'avait qu'à
pas me l'offrir et réfléchir avant ! » Axel m'a répondu ironiquement : « Ok... comme tu
veux... mais tu me déçois là ! Je croyais que tu allais me la passer. Enfin bon si t'as
toujours des sentiments pour Jamel et que tu veux pas l'oublier c'est normal je
comprends. »
J'en avais marre, j'ai fini par lui claquer la porte au nez. La peluche, je l'avais rangée au
fond d'un placard. J'ai couru dans ma chambre et j'ai fondu en sanglots. Dans la rue je les
entendais crier, ils n'arrêtaient pas de sonner, de frapper à ma porte, à mes carreaux. Je
me suis dirigée vers l'entrée, et au même moment j'ai entendu deux d'entre eux crier dans
la rue : « T'aurais dû te faire violer par Mathéo ! » puis ils sont partis en courant. J'avais
raconté l'histoire seulement à Jamel, il m'avait promis de ne rien répéter, de ne rien dire,
de garder le silence. J'ai pleuré toute la fin d'après-midi. J'ai essayé d'appeler des amies
mais aucune ne répondait.
Plus tard j'ai appris que Jamel avait montré tous les bouts de papiers qu'on s'était écrits à
ses potes et à Axel.
Les jours passent, je fais connaissance avec plein de garçons. Je me rends compte au fur
et à mesure du temps que je ne peux vraiment pas rester seule. J'ai besoin de savoir que
quelqu'un m'aime. J'ai besoin d'avoir un copain. Ça devient une obsession. Je déçois de
plus en plus mes amis.
J'ai repris contact avec Fred (celui qui venait me voir à mon arrêt de bus). J'ai accepté de
ressortir avec lui. Il venait encore me voir à mon arrêt de bus. Je n'étais même pas en kiff'
sur lui, mais j'étais heureuse, heureuse parce qu'il m'aimait, parce qu'il me complimentait
sur mon physique. Je me souviens d'une fois il m'a demandé de l'appeler sur son fixe : "Allo ? - Allo bonjour est-ce que je pourrai parler à Fred s'il vous plaît ? Oui c'est moi" une
voix d'adulte m'avait répondu. " Nan nan à Fred. - Oui c'est moi je vous dit ! - Bon bah tant
pis c'est pas grave au revoir. " 5minutes plus tard Fred m'envoie un SMS : "alors tu
m'appelles quand ? - Bah j'ai appelé mais c'est quelqu'un d'autre qui m'a répondu et qui
m'a dit que c'était lui Fred - Ah oui c'était mon père il s'appelle Fred aussi c'est pour ça".
Quelle idée d'appeler son enfant pareil que nous ? Et puis il aurait pas pu me prévenir ?
Un après-midi il m'avait donné rendez-vous devant son immeuble. Il habitait à une
vingtaine de minutes de chez moi, à pieds. J'y suis allée. Je l'ai attendu. Il n'est pas venu.
Je l'ai appelé une dizaine de fois sur son fixe et une vingtaine de fois sur son portable. Pas
de réponse. J'ai attendu plus de trente minutes. Puis je suis partie. J'ai été jusqu'à un grand
parc à coté de chez moi. Je me suis allongée dans l'herbe. J'avais des larmes qui coulaient.
Le soir Fred m'a envoyé un message : "Désolé j'étais puni, ma mère m'avait retiré mon
portable et je pouvais pas te prévenir." N'importe quoi ... Mais j'ai laissé passer. Une
semaine est passée. Nous étions toujours ensemble mais nous ne nous donnions pas trop
de nouvelles.
Un weekend je suis allée chez un pote de collège qui avait un an de moins que moi, il
s'appelait Cody. Il m'avait proposé d'aller manger chez lui un midi. J'y suis allée. Au collège
avant, nous ne nous parlions pas beaucoup, c'est surtout par l'ordinateur que nous nous
sommes rapprochés. C'était la première fois que j'allais chez lui. Il savait que je sortais
avec Fred, je lui racontais mes histoires. Lui, il avait eu seulement une ou deux copines
mais ça n'avait pas duré longtemps. Après avoir mangé nous nous sommes installés dans
son canapé pour regarder "le spectacle de Gad Elmaleh". Il s'était mis vers le milieu du
canapé et moi dans le coin. Pendant tout le "film" je voyais qu'il se rapprochait de moi de
plus en plus. "Tu crains les guillis ?" m'a-t-il demandé. "Nan" lui ai-je menti. "Ok on va
voir !" et là il s'est mis à me chatouiller. Je bougeais dans tous les sens. Puis il s'est arrêté.
Et a repris de plus belle. Il a recommencé au moins 4fois. La 5ème fois je me suis rendue
compte que sa tête était proche de la mienne. Il continuait de me chatouiller tout en
rapprochant ses lèvres des miennes. D'un coup, j'ai esquivé en tournant ma tête d'un
geste brusque. J'ai fait comme si je ne m'étais aperçue de rien. Puis, on s'est remis à
regarder le DVD.
Le jour suivant je suis allée sur MSN. Fred et Cody étaient connectés. Je faisais des
copiés/collés à Cody de la conversation que j'avais avec Fred.
Fred : Tiens je vais t'inviter dans une conversation ma chérie ok ?
Kelly : Ok vas-y.
Fred : C'est une de mes amies.
Cindy vient de rejoindre votre conversation
Cindy : Salut !
Fred : Wesh bien ou quoi ?
Cindy : Ouais tranquille et vous ?
Kelly : Coucou oui.
Fred : Attendez les filles je vais faire ma douche je reviens.
Cindy : Ok @tout !
Cindy : Alors comme ça c'est toi qui sors avec Fred ?
Kelly : Oui.
Cindy : Ça fait longtemps que vous êtes ensemble ?
Kelly : Nan mais on était déjà sorti ensemble pas longtemps.
Cindy : Ah d'accord et vous faîtes quoi ?
Kelly : Comment ?
Cindy : Bah vous faîtes quoi quand vous vous voyez, vous vous smackez ? Emballez ?
Kelly : Euh... on s'emballe.
Cindy : Ah d'accord c'est bien parce que smacker c'est les tafiotes.
Cindy : Sinon t'as déjà baisé avec un mec ?
Cindy : ? ?
Wizz de Cindy
Cindy : Ouhouh t'es là ?
Kelly : Oui je suis là.
Cindy : Bah réponds à ma question t'es timide ou quoi ?
Kelly : Nan j'ai jamais couché avec un mec et j'ai pas envie pour l'instant.
Fred : Ah bah d'accord je ne vois pas ce que je fou avec toi alors !!!
Déconnexion de Fred
Un peu plus tard je le vois qui se reconnecte et qui me parle dans une nouvelle
conversation :
Fred : Désolé mon cousin avait pris l'ordi.
Il s'est passé quoi ? Parce que j'ai l'impression qu'il y a un truc louche là.
Kelly : {sarcastique}
Fred : Bah quoi explique moi ? J'étais pas là, c'est mon cousin qui a écrit. C'était quoi ?
À ce moment je me suis dit : « Tiens voilà une occasion idéale pour casser. Nan nan, c'est
pas moi qui allais casser. Mais c'est lui. Comment ? Puisqu'il ne semblait pas vouloir me
larguer. J'allais tout simplement lui faire croire que je pensais que c'est lui qui voulait le
faire...
Kelly : C'est cela... je sais que c'est toi qui avais marqué.
Fred : Mais nan putin ! Attends deux secondes je reviens je vais mettre une baffe à mon
cousin.
Kelly : Pas la peine de faire genre. Je sais que tu mens. Vas-y ne me parle même plus tu me
saoules à faire ton show, tu me fais croire que t'as rien dit alors que t'as marqué : "Ça sert
à rien que je sorte avec toi" parce que je venais de dire à ta pote que j'avais jamais couché
avec un gars. Pour moi ça veut tout dire, ne cherche pas à t'expliquer !
J'ai montré toute la conversation à Cody, il m'a dit qu'entre Fred et moi c'est sûr que c'était
fini. Pourtant je n'en étais pas encore certaine étant donné que Fred n'avait pas l'intention
de casser et je lui ai fait croire ce que j'avais voulu qu'il fasse.
Le lendemain j'ai été au marché. Comme par hasard j'ai croisé Fred et ses amis, j'ai essayé
de les éviter mais j'étais persuadée qu'ils m'avaient vu. L'après-midi je suis allée chercher
Cody chez lui... pas de bol qui avons-nous croisé ? Je vous le donne en mille... Fred ! Il était
avec son cousin. Affolée je me suis adressée à Cody : « Mince c'est Fred ! Attends je me
cache derrière toi ! Essaie de faire en sorte qu'il ne me reconnaisse pas ou qu'il ne voie
pas que je suis avec toi ! » et cet imbécile faisait exprès de regarder Fred avec un grand
sourire en le fixant. Nous sommes ensuite allés chez moi. Pour Cody, moi et Fred c'était
terminé, il en a profité pour faire des sous-entendus : « Dis moi, si un gars te demandait de
sortir avec lui aujourd'hui ou demain tu dirais oui ou non ? » je ne voulais pas lui répondre.
Puis il a dû partir, il a commencé à m'embrasser sauvagement sur mon lit puis il a terminé
par : « Je te laisse y réfléchir... » Je n'avais pas de sentiment d'amour pour lui, strictement
aucun. Pour moi c'était juste de l'amitié rien de plus et je ne voulais pas aller plus loin.
Le soir Fred m'a parlé sur MSN :
« Eh j'ai vu ta sœur au marché ce matin et aussi cet aprem' avec un gars.
- Euh... elle est pas sortie de la journée.
- Ah bon, t'es sûre ?
- Bah oui puisque je te le dis.
- Tu vas pas me dire que c'était toi ?
- Bah si... peut-être. »
Il n'était même pas capable de me reconnaître alors qu'il était censé sortir avec moi. Au
même moment je reçois un SMS de Jamel (celui qui a un frère jumeau) : « Kelly je pense
trop à toi tous les jours, je n'arrive pas à t'oublier tu veux bien qu'on se remette
ensemble ? », je ne lui ai pas répondu. Mais ça m'a fait un pincement au cœur.
Le lendemain je suis allée voir Romain, un garçon avec qui je parlais sur MSN, il avait
19ans, avait déjà son propre appartement et sa voiture. Je n'avais rien à faire donc j'avais
accepté de le rencontrer. Nous avons marché, parlé, il me racontait que dans sa vie il
n'avait aimé qu'une seule fille à laquelle il s'était accroché depuis le collège, qu'il n'avait
jamais aimé quelqu'un d'autre, il me disait que tous les garçons étaient pareils : ils
pensaient tous seulement au sexe, ne respectaient pas leur copine. Il me disait que lui il
était mûr dans sa tête qu'il n'avait pas cette mentalité. J'étais admirée par ses propos, par
ses phrases, je me disais qu'avec lui je ne risquais rien, je n'avais pas à craindre qu'il soit
comme les autres, à attendre quelque chose de moi. Je me disais que je pouvais envisager
une amitié avec lui et que je pouvais être sûre que ça n'irait jamais plus loin. Il avait des
propos adultes et intelligents. Il parlait avec de beaux et grands discours. En même temps
évidemment que je le trouvais mûr, j'avais seulement 15ans et lui 19ans.
En fin d'après-midi nous nous sommes posés sur une pelouse. On avait plus grand chose à
se dire. J'ai levé les yeux au ciel pour éviter de le regarder, je n'aime pas regarder les gens
fixement.
« J'aime bien quand t'as l'air pensive comme ça » m'a-t-il dit en souriant. J'ai baissé mon
regard pour qu'il arrête de me regarder. Je n'aime pas non plus qu'on me regarde, ou
plutôt que les garçons me regardent, j'ai peur de leurs arrières pensées. Il se lève. Pour
mieux s'asseoir sans doute. Non... il s'avance, vers moi... il se rapproche. Il se baisse... il
est à 10centimètres de moi. Que fait-il ? Il commence à me caresser le visage : « Tu as la
peau toute douce », puis les cheveux : « Tu as des cheveux trop beaux », je ne fais rien. Je
suis choquée. Il rapproche son visage du mien, puis ses lèvres, je commence à me pousser
en arrière pour ne pas qu'il fasse ce que je pense, mais il me retient avec sa main. Je ne
sais pas quoi faire je repense à ce qu'il s'est passé le jour précédent : Fred "mon copain"
qui ne me reconnaît pas dans la rue, Cody qui m'embrasse avant de partir pour que je
réfléchisse à sa proposition, Jamel qui m'envoie un SMS me demandant de ressortir avec
lui. Et là... Romain qui, je pense, est en train de m'embrasser. Je ne veux pas y penser, je
me dis que je suis dans un cauchemar.
Ce n'est pas possible, non pas possible ! Impossible ! Pas lui ! Pas celui qui avait gagné ma
confiance à 100% en si peu de temps. Non c'en est trop. Je m'abandonne, je ne fais plus
rien, je me laisse faire, je ne dis plus rien, je ne fais que penser penser et encore penser,
m'acharner sur mon sort. Je me lève. « Désolée je dois partir » voilà la seule chose que j'ai
trouvé à lui dire. Je n'ai pas trouvé d'autre échappatoire. « Ok je te ramène » Non, je ne
veux pas qu'il me ramène, non je ne veux pas... mais pourtant on est déjà partis. C'est
trop tard pour faire demi-tour. Il me prend par la taille, il me touche à travers mes
vêtements, je crois. Mais je n'y fais pas attention tellement je suis bouleversée. J'aurai
voulu ne pas être si naïve, si crétine. Mais c'est trop tard, oui trop tard. Il me laisse devant
chez moi en me disant : « Je te laisse un peu réfléchir pour savoir si tu veux continuer à
sortir avec moi ou non, prends ton temps. » Il me semble avoir déjà entendu quelque
chose de similaire à ces mots.
Je rentre chez moi, je m'allonge sur mon lit, me haïssant. J'ai tout de suite pensé qu'il
fallait que j'en choisisse un d'entre eux au plus vite. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je voulais
absolument me caser avec quelqu'un au plus vite, j'ai fini par choisir Cody. J'aurai pu
choisir aucun d'entre eux certes, mais j'avais besoin de savoir que je n'étais pas seule.
C'est une très mauvaise décision de vouloir toujours être casée. Déjà je ne pouvais pas
passer pour la "grosse pute qui collectionnait les mecs" parce que j'étais la pire des
coincées et tous mes ex' et garçons que je connaissais ne s'en privaient pas de me faire la
remarque, mais je passais pour une fille qui ne savait pas ce qu'elle voulait, la fille
désespérée.
Je suis donc sortie avec Cody, je lui ai raconté l'histoire de Romain en lui faisant croire que
je m'étais poussée en arrière pour ne pas qu'il m'embrasse, ce qui était faux car je n'avais
rien fait tellement j'étais déboussolée. Cody m'a demandé l'adresse MSN de Romain, je lui
ai donné et je me suis faite passée pour la pire des imbéciles : Cody a mis "les points sur
les i" à Romain en lui disant que dorénavant je sortais avec lui, il l'a insulté et il lui a fait
comprendre que je m'étais repoussée et qu'il m'avait quand même embrassée contre mon
gré. Comme ce n'était pas la vraie version, je me suis sentie vraiment stupide. Les
semaines suivantes j'ai revu Romain deux fois en ville, il me voyait, me souriait mais je
tournais la tête, faisant comme si je ne le connaissais pas. Malgré le fait que je n'éprouvais
pas d'amour pour Cody, nous avons commencé les préliminaires dès la première semaine.
Je ne me rappelle plus de grand chose mais j'aurai voulu ne rien faire avec lui, ni avec tous
ceux d'avant. Il m'a demandé plusieurs fois si je voulais bien coucher avec lui, je lui disais
"non".
La seconde semaine où nous sortions ensemble il avait fait une fête chez lui pour fêter la
fin du collège. Il ne m'avait pas invitée : « Tu comprends... j'invite que des gens du collège
du bahut. » Le lendemain j'ai attendu qu'il me donne de ses nouvelles. C'était son
anniversaire, je lui ai donc envoyé un SMS en lui fêtant et un mail avec un dessin où je
l'avais dessiné avec sa guitare. Il ne m'a jamais remercié. Le lendemain soir il se connecte
sur MSN. Il ne vient pas me parler, alors que d'habitude il me parle tout le temps. « Salut »
lui avais-je écrit. « Salut, euh... demain tu veux bien qu'on se voie faut que je te dise
quelque chose.
- Bah dis le moi maintenant.
- T'es sûre ? Parce que je peux te le dire en face si tu veux. »
Je savais qu'il n'aurait pas était capable de m'avouer ça en face, ça se voyait dans sa
façon décrire. D'autant plus que je me doutais du sujet qu'il voulait aborder, il n'y avait pas
à chercher midi à quatorze heures. « Comment dire... le soir de ma fête j'ai eu le coup de
foudre pour une fille, désolée je n'y peux rien. »
Même si je n'était pas amoureuse, j'étais déçue, déçue de sa part, déçue de voir qu'un
garçon qui voulait autant que je sorte avec lui et qui m'avait attendu et avait tout fait pour
me conquérir et avec qui j'avais fait les préliminaires, finisse par me dire : « J'ai eu le coup
de foudre pour une autre fille » à sa fête à lui, où il n'avait même pas invité sa petite amie.
Et il ne m'a même pas remercié pour le dessin que je lui avais fait. Je suis tombée de haut.
Les garçons me décevaient. Avec toutes ces anciennes relations, je ne me suis jamais dit
une seule fois : « C'est avec lui que je veux faire ma vie », ou bien en raccrochant le
combiné du téléphone je ne me suis jamais dit : « Ça y est ! Il me manque déjà ! » Dans
ma tête je me disais que tous les mecs étaient les mêmes, qu'il n'y avait pas d'exception.
Aucune exception. Je m'imaginais finir ma vie célibataire et vieille fille. Je haïssais les
couples dans la rue qui avaient l'air de faire semblant d'être heureux ensemble.
Tous ces mecs là, tous ces "ex" je me suis rendue compte qu'ils étaient tous pareils. Ils ne
pensaient qu'à "coucher" avec moi, ils ne cherchaient pas à me connaître davantage.
J'avais beau penser ça mais moi j'étais un peu pareille, enfin différemment... disons que
moi je n'éprouvais pas de vrais sentiments, c'était juste des "flirts", j'avais besoin de me
sentir appréciée.
Un an plus tard j'ai appris que Romain avait essayé de reprendre contact avec moi par
l'intermédiaire de Cody et de ma soeur. Quand ils lui ont demandé pourquoi, il a répondu :
" Parce que j'ai trop envie de me la faire " ... Comme quoi il avait vraiment caché son jeu.
Fred a essayé de reprendre contact avec moi, aussi par ma soeur. Mais sans suite.
Quand je croise Cody, il me regarde mais moi je fais comme si je ne le connaissais pas.
Un an après ma rupture avec Jamel il a essayé de reprendre contact par mon ancien blog
en me disant que j'étais devenue super belle, qu'il regrettait ce qu'il avait fait et qu'il
voulait me reparler. C'est mon copain qui lui a répondu en le remettant à sa place.
Aujourd'hui, j'ai coupé les ponts avec Fred, Jamel, Cody et Romain. Il m'arrive de les croiser
mais je fais comme si je ne les connaissais pas et je continue d'avancer.
Beaucoup de jours passent ...
Août 2007. Un jour sur MSN un garçon m'ajoute en contact, je l'accepte, il me dit qu'il a vu
une photo de moi sur l'ordinateur d'un de ses amis, il lui a demandé mon adresse MSN. Il
habitait près de chez moi.
On a parlé, on s'est vu en tant qu'amis 2-3fois et j'ai fini par accepter de sortir avec lui. Il
n'y a pas à en dire davantage voici mon témoignage . . .
C'était un samedi d'août. Depuis qu'on sortait ensemble avec David, on s'était vu juste
une fois dans un lieu public. On s'embrassait et on parlait. Puis ... Plus de nouvelles
pendant 3semaines, il m'avait juste bipé 2fois sur mon téléphone portable.
Un jour sur MSN (trois semaines passées sans nouvelle) il me dit brièvement :
"Pourquoi tu réponds pas quand je t'appelle ? Pas grave, rendez-vous demain devant
Degriff'. On ira chez moi y'a personne. Bye"
A peine le temps de lui dire "ok". Naïve comme j'étais, j'y suis allée. Second rendez-vous. Il
faisait chaud, je m'étais mise en robe (sans être provocante).
"Quoi ?! Tu sors avec David ?! Nan je ne te crois pas ! Casse tout de suite c'est un salaud
ce mec !"
"Ohlala ce gars il sort avec les filles juste parce qu'elles sont bonnes ou pour coucher
avec."
"A chaque fois à la récré il allait voir ses potes et il se vantait d'avoir couché avec une fille
et de l'avoir laissée tomber direct' après."
Combien de fois ai-je entendu les mêmes histoires. Je n'en faisais qu'à ma tête :
"Vous inquiétez pas pour moi, il ne parviendra pas à ses fins comme je suis vierge et il le
sait et je veux le rester."
Ils me prévenaient tous, mais je ne les croyais pas. Pourtant tout le monde me disait du
mal de lui. La pire des connes, la pire des crétines, la pire des naïves, oui c'est bel et bien
les prix qu'on aurait pu me décerner.
J'arrive au rendez-vous. Un smack pour se dire "bonjour" et on commence à partir. On ne
se prend pas par la main, on marche chacun de notre coté. On parle. De tout, de rien. Des
blancs. Puis : "Voilà c'est ici chez moi". Il me fait entrer. On dirait qu'il ne sourit jamais. On
s'installe sur le canapé. Il allume la télé, on regarde une émission de télé-réalité. Il me
propose à boire et à manger, je lui dit "non". Il va se servir un verre d'eau gazeuse, je
continue de regarder la télévision tel un zombie. Il revient : "Oh la meuf sa bouche c'est un
garage à bite", dit-il en parlant de quelqu'un à la télé. "Pff les meufs toutes les mêmes
c'est des grosses connasses !" Il me regarde, ne sourit pas, il ne semble pas gêné. Un
blanc, puis voyant que je faisais une tête bizarre : "Enfin ... Pas toi t'inquiètes".
On regarde ensuite une série. Puis c'est la pub. il m'embrasse puis se remet à fixer la
télévision et appuie sa tête contre mon épaule. J'ai comme un frisson en moi. Est-ce des
sentiments qui commencent à naître? Ou bien de la peur? "Les frères Scott" commence, on
regarde le début, puis il éteint la télévision et on continue à s'embrasser. Il m'emballe
sauvagement. Comme s'il n'avait pas roulé de pelles depuis plus d'un an.
Quand nous étions de simples potes je me rappelle de cette discussion :
"Moi j'ai une technique pour que les filles acceptent de coucher avec moi et ça marche
tout le temps.
-Ah bon c'est quoi ?
-Téma t'as cru que j'allais te le dire !
-Oh vas-y allez, t'inquiètes pas je le dirais à personne.
-Nan je ne te le dis pas, tu le sauras peut être un jour"
Ses mains essaient d'enlever ma robe par le haut. Je sais qu'il n'y arrivera pas, j'ai fait un
double nœud bien serré. Il retire ses mains. Je me dis : "ouf c'est bon il va continuer à
m'embrasser normalement", mais ses mains passent en dessous de ma robe et à peine aije eu le temps de m'apercevoir que ses doigts étaient déjà à l'intérieur de mon shorty, qu'il
a déjà commencé à me mettre un doigt. Il m'embrasse toujours sauvagement, j'ai à peine
la force de respirer, encore moins la force de parler. Je me laisse faire. Il me met un doigt
comme s'il s'acharnait à appuyer sur une sonnette qui ne marche pas. Ça fait mal ! Je suis
encore vierge et même moi je ne me suis jamais mis un doigt pour me masturber. Il
continue en m'embrassant encore plus comme un sauvage puis il s'arrête : "Viens on
monte". Je reprends mon souffle, je n'en peux plus, je le suis, je ne pense qu'à une chose
c'est reprendre ma respiration, j'ai la tête qui tourne, je me sens mal, je ne sais plus quoi
faire. Je voudrai partir. Je ne pensais à rien d'autre qu'à respirer, qu'à reprendre mon
souffle. Je ne voulais pas penser à la suite. J'avais peur.
Je ne pense pas au reste, sauf à cette phrase :
"Ce gars il va te sauter et une fois que ce sera fait il te laissera tomber comme une merde"
Il me fait m'allonger sur son lit puis continue là où il en était resté. Je n'ose rien lui dire. Je
suis comme pétrifiée, tétanisée. Je souffre. Le voit-il ? Pourtant ça doit se remarquer.
Chaque fois que son doigt sort de mon vagin je crains le suivant, qui est toujours plus
douloureux que le premier. Ma souffrance s'intensifie de plus en plus. Je veux lui dire, je
veux articuler que ça fait mal, mais je n'en ai plus la force, je n'arrive pas à parler, il
m'embrasse toujours comme un sauvage. J'ai voulu lui dire mais les mots ne sortent pas
de ma bouche. C'est comme si j'étais muette, je suis incapable de dire quoi que ce soit. J'ai
mal. J'ai horriblement mal ! Il s'arrête, sort quelque chose de sa poche : une capote. Il se la
met, se met au dessus de moi, prêt à l'acte, il commence à vouloir rentrer en moi, il me
fixe et voit que je suis gênée et pétrifiée. Je reprends mon souffle. Je ne pense qu'à une
chose, c'est rentrer chez moi. Il sait que je suis encore vierge. "Tu veux ou pas?"
J'ai peur. Peur de sa réaction. Peur de je ne sais quoi.
"Je sais pas
-Nan y'a pas de j'sais pas avec moi !!! C'est soit oui, soit non !" me dit-il d'un ton colérique.
"Bah alors ... nan" répondis-je timidement.
"Ok, j'comprends parce que c'est ta première fois, ok ... !" me dit-il énervé.
Puis il retire sa capote, s'installe à coté de moi allongé, regarde par la fenêtre. Silence. Je
suis contente. J'ai réussi à dire "non" même si c'était difficile. Je reprends mon souffle.
Je suis heureuse que le pire soit passé, que je ne souffre plus. Ma souffrance est terminée.
Je regarde le temps passer sur le réveil. Qu'importe. Dorénavant je n'ai plus rien à
craindre. Il prend ma main, croise ses doigts entre les miens, il continue de regarder par la
fenêtre. Le silence semble interminable. Jusqu'à ce que se fasse entendre un bruit. Il se
défait de sa position, puis brutalement, rapidement et sans que j'ai eu le temps de me
remettre de mes émotions, il recommence à me mettre un doigt. Encore plus rapide que
tous ceux qui ont précédé, une dizaine de minutes auparavant. Ma souffrance. Elle revient.
J'en peux plus. Je voudrais un flingue, pour me tirer une balle et ne plus avoir à supporter
ça. Je préférerais mourir plutôt que de continuer à endurer ça. J'ai du mal à respirer, je
pousse des cris. Non pas de jouissance, mais de souffrance. Il me rentre deux doigts puis
trois, ça fait horriblement mal. Je m'imagine chez moi le soir, mais je n'y arrive pas, nan je
ne peux pas m'imaginer chez moi, c'est comme si tout l'univers s'écroulait autour de moi,
qu'il n'y aurait pas de futur, que j'étais sur le point de mourir. Pourquoi? Pourquoi j'suis là?
Pourquoi j'peux plus sortir un son de ma bouche? Pourquoi? Pourquoi mon passé ne m'a-t-il
pas assez servi de leçon? Pourquoi il ne comprend pas que je n'ai pas envie?
J'ai l'impression qu'il m'a rentré sa main entière. J'en peux plus. Est-ce ça éprouver du
plaisir ? Avoir mal au point de vouloir mettre un terme à son existence? Avoir mal au point
de ne plus pouvoir penser, réfléchir, parler, sentir, écouter? C'est comme si j'avais perdu
tous mes sens. Je veux lui dire. Je ne peux plus parler, je ne peux plus dire un mot, sauf
crier, crier de douleur. Il me fait allonger sur lui. J'ai l'impression d'être déjà morte. Je suis
hors de moi-même. Je veux mourir. Il me pose une question tout en continuant à me
mettre des doigts. Je n'entends rien. Je ne peux plus respirer. Un seul mot sort de ma
bouche au tac-au-tac : "oui". Je n'ai rien entendu à la question et pourtant j'ai dit "oui",
c'est sorti tout seul. Sous l'effet de fatigue, d'impuissance.
Puis. C'est comme si j'avais perdu la mémoire. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé après. "On
continue?", quand j'ai réalisé quelle était la question qui m'avait été posée, il était déjà
trop tard. Je ne pouvais plus faire marche arrière. Ma souffrance était à son maximum si
bien que je n'ai même pas senti qu'on était en train de passer à l'acte. Je ne faisais rien, je
ne bougeais pas. Je n'étais plus vierge. J'ai perdu la notion du temps, je ne sais pas
combien de temps ça a duré mais je pense que c'était moins d'une minute. Je ne me
rappelle plus de comment ça s'est passé. Je me souviens simplement du moment où on
s'est relevé et il m'a dit :
"Par contre on l'a fait sans capote.
- Ah ok"
Je reprenais mon souffle, je n'avais pas regagné mes esprits. Je me sentais tellement mal,
je voulais mourir, j'avais l'impression d'avoir gâché ma vie. Je me suis redis, ce qu'il venait
de me dire, dans ma tête. Soudain j'eus conscience de ce qu'il m'arrivait, je venais de
vivre la plus grosse connerie de ma vie.
J'avais fait ma première fois avec un garçon pour qui je n'avais pas de sentiments et c'était
réciproque; que je connaissais à peine; qui avait une sale réputation; qui couchait avec
n'importe quelle fille, ... Il ne s'était même pas protégé, m'avait dépucelé brutalement,
avait éjaculé à l'intérieur de moi sans m'avoir demandé ou prévenu; n'avait même pas
retiré ma robe ou quoi que ce soit, ce qu'il voulait c'était simplement "le bas"...
"Tu sais prendre la pilule du lendemain ?
-Non"
On aurait dit qu'il était énervé, il voulait me laisser me débrouiller toute seule, mais il
voyait bien que j'étais désorientée, que je n'y connaissais rien. Il a donc sorti 10euros et
m'a dit : "Tiens va à la pharmacie d'à coté et prends la pilule du lendemain". J'avais peur. Il
m'a proposé de m'accompagner, j'ai accepté. Arrivés à la pharmacie nous avons demandé
la pilule du lendemain, c'était gratuit. Nous sommes sortis. Nous n'avons pas parlé. Juste
un dernier smack et on s'est quittés, j'étais en retard chez moi.
J'avais mal à la tête pendant tout le chemin, je lisais la notice de la pilule du lendemain. Je
saignais beaucoup (normal puisque c'était ma première fois) j'en avais partout sur les
jambes, dans mon shorty, partout vraiment partout, il l'avait vu certainement mais il ne
m'avait rien dit, il m'a laissé comme ça "baigner dans mon sang" et traverser la ville avec
du sang entre les jambes et sur mes vêtements. En allant aux toilettes j'avais mal,
beaucoup mal. Il voulait que je lui envoie un sms pour lui dire si j'avais bien pris la pilule
du lendemain. Je stressais. Je me suis dit : "Ça va c'est pas un connard quand même, il m'a
accompagné à la pharmacie".
Mais plus tard des amies m'ont dit :
"Si c'est un connard quand même, il est égoïste, c'est pas pour toi qu'il a accepté de
t'accompagner à la pharmacie, mais c'est pour lui, il a pensé qu'à sa gueule. Imagine tu
serais tombée enceinte, c'est lui qui aurait eu des emmerdes sur le dos et qui aurait été en
tort parce qu'il ne s'est pas protégé c'est simplement pour ça qu'il voulait absolument que
tu prennes la pilule du lendemain."
Ça m'a fait réfléchir. D'un coup j'ai mieux compris. Ça m'a fait changer d'avis sur lui. Je ne
l'aimais pas, il ne m'aimait pas, il m'avait "sali", il savait que c'était ma première fois et il
avait été brute avec moi comme si j'étais "une habituée de la baise" comme lui et ses ex,
alors que je n'y connaissais rien. Il ne s'était même pas protégé. Il m'avait considéré
comme "une pute" dès le second rendez-vous.
J'en ai parlé à une copine le soir même, elle m'a dit qu'il s'agissait d'un viol. Dans ma tête
tout s'embrouillait. Un viol ... Qu'est-ce que c'est au juste? J'en ai parlé longuement avec
Natacha un peu plus tard, pour elle c'était presque un viol mais ce n'était pas considéré
comme tel parce que David avait tout fait pour que ça n'en aie pas l'apparence. Le soir
même j'ai pris la pilule du lendemain, j'avais mal à la tête, je me suis couchée tôt, dans ma
famille personne s'est douté de quelque chose.
Ce jour terrible, c'était le jour de l'anniversaire de mon papa.
Une semaine est passée, sans nouvelle l'un de l'autre. Je me suis dit que j'allais jouer
l'ignorante. Je n'allais plus me préoccuper de lui. Ça marchait. Jusqu'au jour où .. Il
m'appelle :
"Salut c'est David tu peux me rappeler sur mon portable ?"
Je le rappelle :
"C'était juste pour te demander : t'es sûre que c'était ta première fois ?
-Bah oui je te l'avais déjà dit.
-Nan mais sérieux je rigole pas sur des trucs comme ça moi !
-Bah oui je te l'avais déjà dit quand on sortait pas ensemble en plus.
-Ouais mais tu peux me le dire si c'est du mitto t'inquiètes pas je vais rien te faire je veux
juste savoir !
-Je sais mais je ne mens pas.
-Bref sinon t'as déjà fait une transplantation sanguine ?
-Une quoi ?
-UNE TRANSPLANTATION SANGUINE OUI OU NON T'en as déjà faite une ??!!
-Bah ... Oui peut être ... Je sais pas moi. C'est quoi ça ?
-UNE TRANSPLANTATION SANGUINE ! C'est quand on t'injecte du sang t'en a déjà fait ou
pas ??!!
-Mais je sais pas, pourquoi tu me demandes ça ?
-Nan mais répond moi c'est serieux là !!!
-Oui mais je ne sais même pas ce que c'est je comprends pas, mais pourquoi tu poses ces
questions ?
-Pff.. Nan vas-y c'est bon ! C'est pour savoir parce que j'voudrais pas attraper une
saloperie par ta faute bref salut !"
Il me raccroche au nez. J'étais énervée. J'avais la rage. S'il ne m'aurait pas raccroché au
nez je me serais énervée comme pas possible. Il avait du culot, il voulait que je l'appelle
pour qu'il me dise que LUI il avait peur d'attraper une saloperie par ma faute alors que
c'est lui qui couchait à droite et à gauche et moi j'étais vierge et il osait me poser des
questions pareilles. J'ai halluciné.
Une semaine s'est encore écoulée on ne s'est encore plus donné de nouvelles depuis cet
appel. Pour moi, c'était fini. Il m'avait parlé comme si j'étais son chien, il n'avait pas
manqué de culot après ce qu'il m'avait fait et il m'avait gâché ma virginité de façon
brutale.
Un lundi. j'ai été à Auchan avec un pote. Lucas était au courant de l'histoire avec David.
Ce jour là, avec Lucas nous sortions du magasin et nous empruntions une allée de parking
pour revenir en ville. Au loin, deux silhouettes. On avance. Les silhouettes deviennent de
plus en plus
précises, il s'agit d'une mère avec un jeune ... David :
"Eh Lucas c'est pas David là-bas par hasard ?
-Ah ouais qu'est-ce qu'il fou là?
-Viens on change de chemin vite."
J'esquive, on emprunte l'allée d'à coté.
"Euh il t'a quand même vu j'crois là il est en train de me regarder trop mal" me dit Lucas
par-dessus son épaule.
"Pas grave on trace vite. [...] Oh j'ai reçu un SMS... C'est David : [ espèce de catin sale
conasse le mec il est mort ! ] "
David m'a insulté par SMS, je lui ai dit que Lucas était simplement un pote. Il m'a
répondu : "Pourquoi t'as changé de chemin alors ?"
J'ai fini par lui dire que je n'en pouvais plus, que là je ne savais plus du tout où est-ce que
j'en étais dans mes sentiments donc je préférais qu'on arrête tout. C'est par SMS que toute
cette histoire s'est enfin terminée.
Par la suite j'ai fait connaissance avec une des ex de David qui m'a ajouté sur MSN, je lui ai
tout raconté et elle avait la rage contre lui, à ce qu'il parait elle avait demandé à plein de
monde mon adresse MSN quand je sortais avec lui mais personne voulait lui donner, elle
voulait me prévenir que ce n'était pas un type net et que j'étais son "jouet" et qu'il parlait
derrière mon dos.
Mais c'était trop tard. Et si mes amis m'avaient déjà prévenu que ce n'était pas un type
net, pourquoi est-ce que je l'aurai cru elle ? Par la suite elle a parlé avec lui en lui disant
qu'il avait gâché ma "première fois" et n'avait pensé qu'à lui, et qu'il s'en foutait de ma
gueule, il niait. Il paraît qu'il sortait avec moi pour la rendre jalouse, pour oublier cette fille.
En fait j'étais seulement un objet qui servait à rendre jalouse son ex'.
A*W' [22:32:14] Il m'a juste dit que tu étais "coincée" et qu'il sortait avec toi parce qu'il
pensait que les nanas écartaient les cuisses à un moment ou à un autre. Mais bon... je
pense qu'il voulait surtout me rendre jalouse.
A*W' : [22:44:08] Ce mec essaie de te rattraper pour mieux te jeter... T'as bien vu il t'a
BAISÉE . . . lol dsl
A*W' : [22:44:31] Il m'a dit qu'il me dédicacerait votre partie de "jambes en l'air"
A*W' : [22:45:18] T'as pas de sentiments pour lui quand même ?!
Kelly : [22:45:26] Non
Les jours sont passés, je suis ressortie vite fait avec Jamel.
Il m'a demandé si j'avais des choses sur moi à lui raconter que je ne lui avais jamais dites.
Il avait remarqué que quelque chose n'allait pas, que j'étais préoccupée par quelque
chose. Je lui ai donc écrit une lettre lui racontant toute cette histoire en détails. Puis je lui
ai donné, je ne voulais pas lui raconter en face, pour moi c'était impossible de raconter
une histoire comme ça en face. Il l'a lue sous mes yeux.
Puis il m'a dit : "C'est un viol ...", je lui ai répondu : "Nan c'est pas un viol. Enfin je ne pense
pas...
-Ouais mais si c'est un viol.
-Bah nan puisque j'ai dit oui quand même, même si je ne voulais pas.
-Oui mais c'est quand même considéré comme un viol donc mets toi dans la tête qu'il
s'agissait d'un viol !"
Il n'a pas arrêté de me répéter ça. Il a voulu rapporter ma lettre au commissariat mais je
lui ai dit que je ne voulais pas. Je ne voulais pas avoir d'emmerdes et raconter encore mon
histoire. Puis nous sommes arrivés à la rentrée de 1ère. David allait dans le même lycée
que moi. Au début je l'évitais, puis j'ai arrêté de l'éviter, je me suis dit que ça ne servait à
rien. Quand je le croisais dans les couloirs il me regardait méchamment et parlait sur moi à
ses potes qui me dévisageaient. Je faisais comme si de rien était, comme si je n'avais pas
remarqué. Puis il a fini par être renvoyé du lycée à cause d'une bagarre. Je me suis donc
sentie plus en sécurité. Dorénavant je n'allais plus le croiser.
Par la suite j'ai stressé, j'avais peur d'avoir une MST. Deux amies m'ont donc accompagné
à un centre de dépistage gratuit et anonyme. Une médecin voulait que je lui raconte
l'histoire, je lui ai raconté brièvement, elle voulait que je lui raconte avec plus de détails
mais je n'en avais pas envie, elle m'a conseillé d'aller voir un psy' dans un centre de
planification familiale, mais je trouvais ça inutile. J'avais la conscience tranquille, j'avais
oublié toute cette histoire, je ne voulais pas replonger dedans en la racontant. Les
résultats du test étaient négatifs. Je n'avais pas le sida. J'étais heureuse.
Avec Jamel ça n'allait plus très bien je me suis rende compte que notre relation ne rimait à
rien que nous n'avions pas de vrais sentiments et je ne pouvais pas oublier ce qu'il c'était
passé lors de notre première histoire. Et j'étais amoureuse d'un autre garçon : Stanley, à
qui je pensais sans arrêt. J'ai connu Stanley à l'époque où je cherchais à avoir des
informations sur David, je voulais savoir les rumeurs qui circulaient sur lui et comme
Stanley avait été dans son collège je me suis tournée vers lui puis je lui ai raconté mon
histoire, il m'a soutenu et nous nous sommes très vite rapprochés. J'ai fini par casser avec
Jamel et en septembre 2007 je suis sortie avec Stanley (avec qui je suis toujours
aujourd'hui) pour qui j'ai eu des véritables sentiments dès le départ, c'était la première fois
que je me sentais bien avec un garçon en qui j'avais confiance et je n'éprouvais aucune
peur, je me sentais en sécurité avec lui, c'était le premier et le dernier pour qui je
ressentais ce sentiment intense qu'on peut ressentir pour une seule personne qui nous
manque terriblement à chaque fois qu'on est loin d'elle.
Stanley connaissait les amis de David, il connaissait mon histoire. Il était dans un lycée
différent. Au tout début de notre relation, Stanley me disait parfois que des gens allaient le
voir et lui disaient :
"C'est toi qui sors avec Kelly ? L'ex à David ? Tu l'as d'ja baisée ? Tu vas voir elle baise
comme une salope."
"Eh David il a pas violé ta meuf c'est elle qui l'a chauffé et qu'a voulu se faire baiser, ils
étaient en train de regarder la télé et elle a commencé à lui monter dessus."
Bref que des gars qui disaient tous la même chose. Je ne sais pas ce que David leur avait
raconté. Mais ce qui était sûr c'est qu'il racontait une histoire à tous ses amis me faisant
passer pour celle que je n'étais pas. Ils me prenaient tous pour une pute mis à part mes
amies et mon copain. Tout le monde croyait son histoire à lui (j'ai jamais su ce que c'était).
En même temps, les gens croient toujours les rumeurs. Imaginez-vous à leur place. Il y
avait deux histoires, deux versions différentes qui circulaient :
- la mienne : celle où je m'étais faite violer, et celle-ci se rapprochait le plus de la réalité
même si ce n'était pas un "viol " à part entière.
- et la sienne : où je l'avais chauffé, j'étais monté sur lui et j'étais une pute.
Je n'avais pas porté plainte donc les gens se disaient : "c'est pas un viol sinon elle aurait
porté plainte", donc il restait plus qu'une histoire, celle de David, tout le monde marchait
dedans comme des cons.
Un peu plus tard au lycée, dans la cour en passant à coté du meilleur ami de David il a crié
bien fort :
"C'est elle qui s'est faite baisée sans capote". Il y avait plein de monde autour, tout le
monde s'est retourné vers moi en rigolant ou en me suivant du regard. J'avais les larmes
aux yeux quand il a dit ça, comment peut-on humilier quelqu'un à ce point devant une
50aine de personnes ?
Dorénavant les gens peuvent penser ce qu'ils veulent de moi, ils ont cas chercher à me
connaître avant de croire tout ce qu'on leur dit.
Au début de mon année en 1ère, je parlais avec un gars de ma classe aux recréations, des
gens nous voyaient ensemble et un jour il m'a avoué : "Tu sais quoi ? Y'a plein de gens qui
m'ont dit: Un conseil arrête tout de suite de traîner avec cette fille, éloigne toi d'elle c'est
une grosse pute." Il n'a pas voulu me dire qui lui avait dit ça. C'est fou ce que les gens
peuvent être cruels au lycée ...
J'ai fini par oublier cette histoire et je ne voulais pas replonger dedans. La seule chose qui
me préoccupait à présent, c'était que j'avais menti à ma mère, je ne lui avais rien raconté.
J'ai donc écrit une lettre lui déballant tout ce que je lui avais caché à propos de mes
anciens copains (un qui voulait que je me suicide pour lui, un autre qui avait faillit me
violer il y a un an et qui me prenait de l'argent, un gars majeur que je ne connaissais pas
et qui m'avait embrassé, ...) bref je lui ai tout déballé. Puis je lui ai raconté l'histoire de
David brièvement en lui disant que j'avais fais un test et que je n'avais pas le sida. J'ai
terminé mon histoire en lui disant que je ne pensais plus à tout ça, j'avais tiré un trait sur
mon passé et avec mon copain j'étais enfin heureuse, épanouie et mes amies me
soutenaient.
Un soir je lui ai tendu la lettre :
"Tiens maman tu liras ça demain quand tu partiras au travail.
-Pourquoi demain ? c'est quoi ?
-Nan tu verras, enfin tu peux la lire maintenant si tu veux mais bon ..."
Elle m'a souri. Elle est partie. Dix minutes plus tard elle est revenue. Les larmes aux yeux.
Elle m'a embrassé :
"Pourquoi tu ne m'en avais pas parlé ? Tu aurais pu me le dire, ne t'inquiètes pas c'est
passé. Tu sais, il m'est arrivé une chose comme ça aussi quand j'étais jeune."
Elle m'a raconté son histoire, elle avait réussi à me faire pleurer. Dorénavant je comprenais
tout. Ma mère était une mère poule, elle m'avait toujours protégé toutes ces années, je la
trouvais trop étouffante à force, mais c'était pour mon bien. Elle ne voulait pas qu'il
m'arrive la même chose qu'elle. Mais le mal était déjà fait. Je m'en suis voulue, de ne pas
lui avoir dit avant, de l'avoir haït parce qu'elle ne me laissait pas assez de libertés, ...
Un peu plus tard j'ai été voir mon médecin. Ma mère voulait que je lui parle de ce qu'il
c'était passé avec David pour savoir s'il y avait d'autres tests (hormis le dépistage du sida
que j'avais déjà vérifié) à faire. Ma mère ne pouvait pas m'accompagner, donc j'y ai été
seule. Je ne voulais pas parler de mon histoire, je devais juste m'informer pour les tests.
J'arrive. Le médecin me prescrit des médicaments (pour autre chose) et tout d'un coup
avant de partir en bafouillant j'ai réussi à articuler : "Euh ... Par contre ... Au mois d'août
j'ai eu un rapport non protégé avec quelqu'un" elle hoche la tête " ... Mais euh .. C'était un
peu comme ... Un viol ... Et puis j'aimerais savoir s'il y a d'autres tests à faire à part le
dépistage du sida" quand j'ai dit le mot viol elle est restée bouche bée et s'est tout de
suite mise en colère en me posant plein de questions, je ne répondais qu'à la moitié. Elle
m'a dit quels étaient les autres tests à faire et a écrit une lettre qu'elle a insérée dans une
enveloppe pour que j'aille dans un centre de planification, elle voulait que je me confie à
un psy et que je leur donne la lettre. Puis je suis partie. Ma mère m'a demandé comment
ça c'était passé :
"Je parie que tu n'as pas eu le courage de lui dire ...
- Si je lui ai dit et elle m'a écrit une lettre pour que j'aille dans un centre de planification
voir un psy
- Un psy ? Mais pourquoi ? T'en a pas besoin !
- Oui je sais mais sinon je n'irai pas. Je ferai juste les tests.
- T'as la lettre ?
- Oui.
- Passe la moi pour voir ... "
Dedans il y avait écrit :
" Cher confrère. Je vous adresse Melle *** 16ans qui m'annonce
à la fin d'une consultation, qu'elle a été violée par un garçon au mois d'Août.
Elle n'en a parlé que récemment à sa mère. Il n'y a pas eu de plainte
déposée ... Je conseille à Kelly de venir en parler avec vous pour "évacuer"
les choses et pour décider d'une attitude sur le plan juridique ..."
Une fois lue, ma mère a commencé à me gronder :
"Pourquoi tu lui a dit que c'était un viol ça va pas ?!
- Bah ... Je ne sais pas c'était un peu comme un viol quand même.
- Nan Kelly fallait pas dire que c'était un viol ! J'fais quoi moi maintenant ? Tu vas porter
plainte ?
- Bah ... Nan.
- Oui bah faut mieux pas Kelly ! T'aurais jamais dû dire ça ! T'imagine après ton père s'il
est au courant ...
- Mais c'est toi qui m'avais dit de lui en parler.
- Oui mais pas de ça ! On va avoir plein de problèmes maintenant en plus c'est du passé
t'y pense plus, si ?
- ... Non"
Plus tard j'ai revu mon médecin, elle m'a demandé si j'ai été consulté un psy comme elle
m'avait dit de le faire, je lui ai dit que "non" et elle m'a refait une lettre pour que j'aille en
parler à un gynéco. Mon médecin a parlé avec ma mère et l'a convaincue que je devais
porter plainte. Elles essayaient de tout faire pour que j'aille porter plainte mais je ne
voulais pas replonger dans tout ça et elles ne connaissaient pas l'histoire en détails. Je leur
ai dit que pour moi il était hors de question que je porte plainte parce que je ne veux pas
revivre cette histoire et mon médecin m'a répondu : "Je ne sais pas si c'est légal comme tu
es mineure, nous sommes chargées de ta protection et normalement même si tu ne veux
pas, nous sommes en droit de porter plainte à ta place."
J'ai été voir une gynéco, elle a lue la lettre et a commencé à me poser des questions sur
cette histoire. Elle a tout de suite vu que j'étais gênée et que je n'avais pas envie d'en
parler. Elle a donc arrêté et m'a fait mon premier frottis.
Maintenant, je laisse couler. C'est fini. C'est du passé. Un passé qu'il faut oublier à jamais.
Un passé que j'ai enfoui au plus profond de moi pour l'éternité.
Aujourd'hui j'essaie de ne plus penses à tout ça, j'ai tiré un trait, je ne me préoccupe plus
de mes erreurs, je ne fais plus attention au regard que les autres portent sur moi à cause
de cette histoire, je me fiche de ce qu'on raconte à mon égard, j'ai fait un vide dans ma
tête et je suis plus heureuse.
Avec mon copain j'ai fait ma "vraie première fois", celle qui se passe dans l'amour, celle
qui n'est pas douloureuse. Maintenant je suis heureuse dans ma vie et je ne pense plus au
passé. J'ai évolué.
Je ne vais plus sur des sites de rencontres depuis mi-2007, j'ai effacé tous mes comptes et
mon adresse MSN, j'ai tiré un trait sur tous les garçons que j'avais rencontré.
Je pense avoir perdu ma naïveté, avoir mûri, avoir une autre philosophie de la vie, et je
recrois au véritable amour grâce à Stanley.
Cependant 4 ans après toute cette histoire, j'ai beau avoir oublié mais psychologiquement
ça m'a atteinte. Par exemple je n'ose pas explorer mon corps, j'en ai très peur. Je suis
incapable de mettre un tampon, quand je tente d'en insérer un je fais un malaise. Lors des
préliminaires quand mon copain veut me mettre un doigt, ou quand on doit me faire un
frottis ou un toucher vaginal je deviens crispée et je me mets sur la défensive. Lorsque j'ai
des rapports sexuels avec mon copain ça ne dure pas plus de 5 minutes car mon vagin "se
referme" sans que je puisse contrôler quoi que ce soit.
Ça a été très long à savoir ce dont je souffrais précisément. J'ai dû consulter mon médecin
plusieurs fois, consulter plusieurs gynécologues et une thérapeute. Au début on pensait
qu'il s'agissait d'un vaginisme mais il s'agit en fait d'une dyspareunie avec un léger
vaginisme.
Pour soigner ça je dois faire de la thérapie et faire des séances de kiné pour de la
rééducation du périnée.
J'ai l'impression que tout ce qu'il s'est passé avant septembre 2007 c'était une première
vie qui n'était pas la mienne, celle d'une autre personne. Maintenant ma vie n'est plus du
tout la même, ma philosophie de la vie non plus et mon caractère est totalement différent.
Je ne me reconnais pas du tout quand je pense à avant.
Avec toutes les leçons que j'ai apprises, j'ai fini par oublier tout mon passé, à être moins
naïve, j'ai réussi à surmonter ma gentillesse excessive et ma timidité. J'ai supprimé tous
les contacts de ma vie virtuelle, je n'en ai plus besoin j'ai trouvé l'homme de ma vie, celui
qui m'a ouvert les yeux, qui me protège et qui sera toujours là pour moi. Nous sortons
ensemble depuis septembre 2007. En dehors, j'ai coupé tout contact avec mes "anciens
amis masculins". J'ai seulement quatre vraies amies, je n'en ai pas d'autres et ça me suffit.
Je suis heureuse ainsi. Je n'échangerai ma vie pour rien au monde.
Maintenant, j'ai 20ans. Je suis avec mon copain depuis presque 4ans. Je suis dans une
grande université de langue française. J'ai obtenu mon bac en 2009, ainsi que mon BAFA
et mon permis de conduire en 2010. Donc tout va bien pour moi.
Chacun pensera ce qu'il veut de mon histoire, je vous laisse libre de vos opinions. Si j'ai
décidé de vous retranscrire une partie de mon enfance et adolescence c'était d'une part
pour libérer ma conscience, et d'autre part pour aider certaines filles qui n'ont plus
d'espoir, qui ont vécu des moments similaires, je veux leur donner de l'espoir. L'espoir que
la vie est un long fleuve tranquille parsemé d'embuches, mais il faut savoir avancer
malgré tout et ne pas se laisser abattre.
« Amicalement, Kelly » par Joy Kelly – Thebookedition
Version complète (avec + de chapitres et des dessins)
en livre à acheter sur http://bit.ly/nnXlus
Histoire tirée du blog :
x-small-strawberry-x.skyrock.com
Retrouvez-moi sur :
jcamal.online.fr
twitter.com/aurelielemon