Francisco Rezek, un grand juriste à la stature internationale
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Francisco Rezek, un grand juriste à la stature internationale
Les Libanais dans le monde lundi 4 février 2013 Francisco Rezek, un grand juriste à la stature internationale Portrait Francesco Rezek, un éminent juriste et homme politique brésilien, se dit « fier de (ses) origines libanaises ». Voici la saga de sa famille, depuis l’émigration de ses parents au début du siècle dernier. Roberto KHATLAB En 1918, un jeune Libanais quitte son pays pour le Brésil. Elias Rezek, fils de Simon Rezek et Rose Nadur, né à Baalbeck en 1897, est alors âgé de 21 ans. Il débute son travail dans le commerce de gros à São Paulo et rencontre en 1926 la jeune Baget Baracat : celleci est née aussi à Baalbeck en 1908 et a émigré au Brésil en 1912 avec ses parents Assaad Baracat et Julias Kallás, alors qu’elle n’avait que 4 ans. Baget avait donc grandi au Brésil, étudiant à São Paulo au Collège oriental de direction libanaise, qui dispense un enseignement en trois langues : l’arabe, le français et le portugais. Elias et Baget se marient l’année de leur rencontre et partent s’établir dans la ville de Cristina, située au sud de l’État de Minas Gerais. Ils ont quatre enfants, deux filles et deux garçons. Elias était un homme respecté pour ses valeurs humaines. Lorsqu’il décède en 1962, le journal de la région, Correio do Sul, publie un article sous le titre : « Feu Elias Rezek, un homme d’affaires au grand cœur ». Il en était de même pour sa femme Baget, qui mourut en 2006, à l’âge de 97 ans. Elle était entre autres très active dans le domaine de la protection des enfants à déficience physique. Elle était aussi très attachée à sa nationalité libanaise et parlait parfaitement l’arabe. Les enfants d’Elias et de Baget suivirent tous des formations en médecine, sauf José Francisco Rezek, plus connu sous le nom de Francisco Rezek, qui opta pour des études de droit à l’Université de Minas Gerais (UFMG). Francisco Rezek, né en 1944, travaille également comme reporter auxiliaire au journal Diário de Minas. Il reçut en 1965 une bourse d’études de l’ « Inter-American University Foundation » pour un cours d’extension et un programme de recherches sur les institutions américaines et les problè- Francisco Rezek (au centre) siégeant à la Cour internationale de justice de La Haye en 2002. mes de développement économique à Harvard University, aux États-Unis. Diplômé en droit en 1966 à l’UFMG, il obtient son doctorat en 1970 à l’Université de Paris (Panthéon-Sorbonne), en France, en droit international public. Sa thèse s’intitule : « La conduite des relations internationales dans le droit constitutionnel latino-américain » (obtenue avec mention honorifique). Plus tard, il fait des recherches à l’Université d’Oxford où il est élu Honorary Fellow et obtient un diplôme. Avec une bourse d’études du gouvernement français, il intègre vers 1970, avec d’autres professeurs de plusieurs nationalités, le Centre d’études et de recherches de droit international et relations internationales de l’Académie de droit international de La Haye (Pays-Bas). Une carrière qui le mène loin De retour au Brésil en 1972, il entame une carrière de procureur de la République. Il est nommé, en 1979, sous-procureur général de la République. En 1983, à l’âge de 39 ans, il est nommé ministre du Tribunal fédéral suprême (STF), la plus haute instance du pouvoir judiciaire du Brésil. De 1989 à 1990, il préside le Tribunal Elias Rezek, père de Francisco, né à Baalbeck en 1897. supérieur électoral (TSE). De 1990 à 1992, il devient ministre des Affaires étrangères du Brésil (le premier d’origine libanaise à ce poste) au sein du gouvernement de Fernando Collor de Mello. Durant son mandat, il fait plusieurs voyages et participe à diverses missions en compagnie du président de la République, alors que le Brésil suivait une politique de non-alignement et s’ouvrait au commerce extérieur en tant que leader sur le plan régional. Il prépare aussi la conférence de Rio de Janeiro sur l’environnement et le développement (ECO-92). En 1992, Francisco Rezek Francisco Rezek, ministre des Affaires étrangères du Brésil de 1990 à 1992. est nommé pour la seconde fois ministre du STF. C’est un fait inédit. Il est désigné par le gouvernent brésilien comme membre permanent à l’arbitrage (1987-2004). En 1997, à sa demande, il prend sa retraite, au moment où il est élu par le Conseil de sécurité et par l’Assemblée générale des Nations unies, pour un mandat de neuf ans, comme juge à la Cour internationale de justice (CIJ), à La Haye (Pays-Bas). Durant cette période, il donne des cours spéciaux à l’Université de Paris (Panthéon-Sorbonne), portant entre autres sur le Marché commun du Sud : origines, actualité, perspectives... À la fin de son mandat à la cour de La Haye, Rezek revient à São Paulo pour exercer son métier d’avocat. Francisco Rezek, durant sa carrière, coordonna plusieurs cours sur l’intégration latinoaméricaine et publie plusieurs œuvres de droit. Il est marié, père de cinq enfants et grandpère de cinq petits-enfants. Il est invité, en décembre 2012, comme modérateur au Forum arabo-latino americain d’Abou Dhabi, organisé par l’Université des Émirats arabes unis et Fonglode (République dominicaine). Ce forum a réuni plus de 200 personnes : anciens présidents de la République, ministres, anciens ministres, hommes d’affaires, académiciens, directeurs de centres de recherches, dont le Centre des études et cultures de l’Amérique latine de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (Cecal-USEK). Rencontré à Abou Dhabi, il fait part de ses souvenirs du Liban, qu’il avait visité avec ses parents en 1968. Promettant de revenir un jour à son pays d’origine, il déclare : « Les Brésiliens d’origine libanaise sont aujourd’hui près de dix millions et sont profondément fiers de leurs racines. Le Liban fait l’objet du respect et de l’admiration de tous les Brésiliens, même ceux qui n’ont pas de lien de sang avec le pays du Cèdre. » 5 Moussa Ghanem, un Libanais à l’honneur à Paris Moussa Ghanem, président de l’association Puteaux Liban amitié (PLA), a reçu récemment la médaille d’honneur d’argent qui lui a été décernée par la maire de Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, dans les Hauts-de-Seine. M. Ghanem a reçu cette médaille en reconnaissance de son travail et de son investissement dans le domaine associatif. Ingénieur en informatique et gérant de « GMG Informatique », Moussa Ghanem est consultant et formateur spécialisé dans le domaine de la haute technologie. Il a quitté le Liban pour la France en 1990, où il s’est marié avec Guilda Maroun à Puteaux. Leurs enfants grandissent dans cette ville et ils y sont très attachés. En tant que français d’origine libanaise, il œuvre avec assiduité pour renforcer les liens entre son pays natal et son pays d’adoption. Dynamisme et investissement sont les mots-clés pour définir le caractère de cet homme. Car, en plus de son activité professionnelle qui lui a donné l’occasion de faire ses preuves auprès des entreprises françaises, Moussa Ghanem est actif dans le monde associatif depuis son arrivée en France. Ce sont plus de vingt ans de travail acharné sur le terrain qui viennent d’être récompensés par cette distinction. M. Ghanem est à l’origine de la création de plusieurs associations dont RALF (Regroupement des associations des Libanais de France) qu’il préside. Il est aussi vice-président au conseil de France de l’ULCM (Union libanaise culturelle mondiale). Son amour pour Puteaux, où il fait bon vivre, l’a incité à créer en 2009 l’association PLA avec une poignée d’amis : Artémis Kairouz (vice-présidente), Simon Farah (secrétaire général) et Robert Moussa Ghanem. Haddad (trésorier). Cette association renforce la cohésion entre les quelque deux mille Libanais habitant Puteaux et les amis du Liban. Depuis sa création, les activités de l’association de PLA sont très variées. En voici quelques exemples : - Plantation d’un cèdre du Liban à proximité du collège Maréchal Leclerc, avec l’aide de la mairie. - Organisation d’une conférence-débat autour des identités culturelles, donnée par l’écrivain Bahjat Rizk, attaché culturel de la délégation du Liban auprès de l’Unesco, à la médiathèque de Puteaux. Elle a été suivie de la signature de son livre Les Paramètres d’Hérodote. - Organisation de nombreux dîners au profit d’œuvres caritatives. - Participation à la distribution de plateaux « Repas de Noël » à certaines familles démunies de Puteaux, dans le cadre d’une action humanitaire initiée par le restaurant la Taverne de Puteaux, tenu par Roger Akl. - Organisation d’un dîner convivial, à l’occasion de la fête des Mères, en l’honneur des femmes. L’objectif de PLA en 2013 est de faire participer les jeunes à la vie de la commune par la création d’une section de jeunesse au printemps. Comble de l’ironie, alors qu’un compatriote était à l’honneur en région parisienne, c’est la maison d’enfance d’un autre compatriote illustre, Amin Maalouf, reçu en grande pompe il y a quelques mois à l’Académie française, qui était démolie à Beyrouth. La médaille décernée à Moussa Ghanem sonne, dans ce contexte, comme un message d’espoir et de renouveau. Car il faut que les Libanais résidents sachent qu’à l’étranger, leurs compatriotes œuvrent aussi pour la sauvegarde culturelle de l’identité libanaise et veillent sur elle avec fierté. Jinane CHAKERSULTANI MILELLI Brèves Cette baklawa bien de chez nous qui traverse les frontières... Culture Elle est bien plus qu’un dessert délicieux et la reine de la pâtisserie libanaise. La baklawa pour un migrant est un vrai marqueur identitaire comme le démontre une étude récente. ILLINOIS, de Pauline M. KARROUM Qu’ils aient quitté leur pays depuis des années ou récemment, les migrants emportent souvent dans leurs bagages la baklawa, ce dessert qui leur rappelle les saveurs du Liban. Dans une étude récente, la chercheuse Guita Hourani, directrice du Centre libanais d’études sur l’émigration (LERC) de l’Université Notre Dame de Louaizé (NDU), a étudié comment la baklawa est exportée du Liban vers les principaux pays d’émigration et comment se construit son commerce en ligne. acheter cette pâtisserie à Michigan où il réside, ce médecin libanais explique qu’il préfère en commander en ligne d’une pâtisserie libanaise ou l’acheter de son pays d’origine. « Symboliquement, j’ai l’impression de servir mon pays et son économie, dit-il. Voilà pourquoi il est important pour moi de conserver mes pratiques culinaires. Je commande la même boîte qu’on peut trouver chez ma mère. » Mohammad n’hésite pas d’ailleurs à faire découvrir cette pâtisserie à ses collègues de travail. Et souvent, lors des repas qu’il organise, il sert de la baklawa. « Ma femme est américaine, mais elle en raffole, soulignet-il. Elle en sert à toutes les occasions et rappelle qu’elles proviennent du Liban. » Dans son étude, Mme Hourani rapporte que les pâtisseries libanaises, qui font les baklawas les plus fameuses du Moyen-Orient, ont compris assez tôt à quel point la nostalgie d’un migrant pour ce dessert pouvait leur être profitable. Pour cela, elles n’ont pas hésité à lancer des activités de commerce électronique pour faire connaître leurs produits, augmenter leur profit et élargir leur marché. Dans son enquête, la chercheuse montre aussi que pour ces pâtisseries (Fouad Jer Doueihy, Doueihy, Refaat Hallab, Abdel Rahman Hallab), le commerce en ligne est destiné principalement aux émigrés libanais, même ceux qui n’ont jamais visité leur pays d’origine. Les migrants commandent la baklawa pour toutes les occasions, tels les vacances, les événements au travail, les rituels religieux ou sociaux, et lors de cérémonies comme les mariages, les anniversaires, etc. Cela ne se dément pas quel que soit leur pays de résidence. Mme Hou- Une valeur identitaire Mais pourquoi la baklawa libanaise en particulier ? « Parce qu’elle est l’une des meilleures au monde, que ce soit en termes de qualité ou de présentation », explique Mme Hourani. Demandez à Rita, étudiante en psychologie, pourquoi elle fait la queue devant une pâtisserie à l’aéroport de Beyrouth. « Une fois arrivée en Europe, la première chose que je fais, c’est de savourer une baklawa. Ce n’est pas seulement pour son goût, mais parce qu’elle me plonge de nouveau dans l’atmosphère du Liban. » Il est vrai que le premier réflexe d’un migrant est d’emporter avec lui la cuisine de son pays natal. Celle-ci constitue une partie très importante de son patrimoine. Les cultures culinaires dépassent la seule dimension pratique et possèdent une valeur symbolique et identitaire. Prenez Mohammad par exemple. Bien qu’il puisse La baklawa, une délicieuse douceur qui accompagne les émigrés dans leurs pérégrinations. rani dévoile ainsi que deux de ces pâtisseries effectuent la majeure partie de leur commerce en ligne avec les États-Unis, le Moyen-Orient et l’Europe. Pour les deux autres, le gros de leur e-commerce s’effectue avec le Brésil et l’Australie. Certes, même pour la baklawa, il y a une haute et une basse saison. Entre les mois d’octobre et d’avril, la vente de la baklawa vers l’étranger se porte le mieux. Préparées sur place Les émigrés ne se contentent pas seulement d’acheter ce dessert tout fait. Certains excellent dans sa préparation à la maison. Lamia, 35 ans, qui réside en Illinois, a emporté avec elle la recette de sa grand-mère. « Au sein de notre famille, le savoir-faire culinaire se transmet d’une génération à une autre, raconte-t-elle. Ma grand-mère, qui réside à Tripoli, est très stricte en ce qui concerne les ingrédients à utiliser pour préparer la baklawa. Mais ici, je suis obligée d’adapter un peu la recette aux contraintes locales. Je trouve la majorité des ingrédients, mais pas tous. » Même si elle ne suit pas la recette à la lettre, Lamia fait des heureux lorsqu’elle prépare ce dessert populaire pour sa famille. « Je la sers avec du thé à la menthe provenant du Maroc, et pour mon mari, avec un bon vin blanc », dit-elle avec une pointe d’humour. Il ne fait pas de doute que les migrations sont souvent l’occasion de rencontres culinaires et de métissages gastronomiques... Maha el-Khalil Chalabi le 17 décembre 2012 à Paris, lors du dîner en reconnaissance de son action, entourée (de gauche à droite) par Antoine Ménassa, Habib Chamoun, Edmond Abdel-Massih et Artémis Kairouz. Maha Chalabi, pionnière de la sauvegarde de Tyr Son combat dure depuis 30 ans. Inlassablement, la présidente de l’Association internationale pour la sauvegarde de Tyr, Maha elKhalil Chalabi, milite pour sa ville natale, pour le Liban et pour la cause phénicienne. Durant l’assemblée générale de son association fondée à Paris, elle explique la force de son action et de ses réalisations se concrétisant au fil des mois à travers son large réseau, s’étendant encore plus loin que le monde méditerranéen dans lequel elle a édifié la Ligue des cités cananéennes, phéniciennes et puniques. Réunis à son domicile du bord de mer à Beyrouth, le lundi 28 janvier, en présence d’un grand nombre de personnalités culturelles, les idées fusent de partout : la régate, la journée phénicienne, la prochaine assemblée générale à Paris le lundi 11 février, la loterie sur Internet avec vente d’un tableau de Picasso et, bien sûr, le dernier congrès de la Fondation Tyr qui s’est tenu à Cadix fin novembre 2012. Signalons aussi le dîner donné en son honneur le 17 décembre à Paris, au cours duquel le professeur libano-mexicain Habib Chamoun, qui dirige le Centre international de recherche phénicienne au sein de l’Union libanaise culturelle mondiale, lui a rendu un grand hommage en présence des représentants de l’ULCM-France. Pour plus d’informations, visitez les sites www.wlcu.org et www.aistyr.com. L’ambassadeur Assaker au dîner de RJLiban à Paris L’ambassadeur du Liban en France, Boutros Assaker, sera l’invité d’honneur au prochain dîner de l’association RJLiban, qui se tiendra le vendredi 8 février à 20h30 au restaurant Rimal, 94 bd Malesherbes, dans le 17e arrondissement de Paris. Il sera question des échanges culturels et économiques entre le Liban, la France et l’Amérique latine, en présence de représentants de la Chambre de commerce mexicanolibanaise (Camelib). Ce dîner fait suite à plusieurs entretiens, notamment avec l’ambassadeur du Mexique au Liban, Jorge Alvarez, à Mexico et à Beyrouth, pour dynamiser les relations avec les pays de l’émigration. Réservations sur le site : www.rjliban.com et par téléphone au : 0698201969. Agenda international libanais Le site RJLiban.com vous propose une nouvelle rubrique sur les divers événements culturels et économiques concernant les Libanais et leurs descendants dans les pays de l’émigration. Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban. E-mail : [email protected] – www.rjliban.com L’Agenda international libanais, en plusieurs langues, s’ajoute ainsi à L’Annuaire des amis du Liban et autres programmes en ligne sur www.rjliban.com, comme l’inscription au voyage annuel de retour aux sources au Liban, l’archivage des pages et articles des « Libanais dans le monde ». Il permet, grâce à une recherche simple employant comme paramètres la date, la nature, le lieu et l’organisateur de l’événement, de s’informer sur les multiples manifestations internationales se rapportant au Liban, comme les concerts et spectacles, foires et expositions, publications, conférences et autres. Présentation de RJLiban sur Télé-Liban Lors de l’émission « Bonjour le Liban » sur Télé-Liban diffusée en direct à partir de Beyrouth, le journaliste Joe Lahoud a reçu le mercredi 30 janvier durant une demi-heure Tala Farran, responsable des relations publiques de RJLiban, qui a détaillé les actions, publications et voyages de l’association. La discussion a porté en particulier sur les nouveaux développements quant au site Internet et au programme touristique spécial au Liban réservé aux jeunes descendants de Libanais, fruits d’une expérience de plusieurs années.